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J Radiol 2006;87:936-40 © Éditions Françaises de Radiologie, Paris, 2006 état de l’art en imagerie applications techniques Médecine nucléaire : de la médecine nucléaire à l’imagerie moléculaire D Fabrega (1) et C Le Floc’h (2) Les grandes tendances Ce RSNA 2005 marque l’intégration, pressentie depuis 2003, de la Médecine Nucléaire dans une division plus large, l’imagerie moléculaire. Ce mouvement s’est déjà traduit en 2004 chez GE par le ra- chat d’Amersham ; en 2005, il se concrétise par le rachat de CTI par Siemens ; pour l’instant, aucune annonce n’est faite par Philips dans ce registre, la société entre- tenant plutôt des partenariats privilégiés avec les sociétés de biotraceurs. Ce RSNA 2005 souligne aussi la collabora- tion de plus en plus forte des radiologues et des médecins nucléaires comme l’a souligné le Président David H. Hussey à la séance d’ouverture. La volonté de rapprochement de ces deux communautés est au moins faci- litée par des outils communs proposés par les industriels que sont les machines hybri- des TEP-TDM et SPECT-TDM et leurs consoles de travail. L’année 2005 voit la disparition complète des TEP seuls au profit des TEP-TDM en France comme dans le Monde. Les trois majors se partagent de manière équitable le marché. Dans les prochaines années, l’activité médicale devrait s’étendre au-delà des indications traditionnelles d’oncologie ; la neurologie et la cardiolo- gie ont déjà fait l’objet d’adaptations par les industriels principalement au niveau des logiciels. Le couplage avec un scanner 64 coupes fait du TEP-TDM un outil spécifique à la cardiologie et déjà ciblé sur une clientèle de cardiologues aux États- Unis. La question ne se pose pas encore en France où le traceur Rubidium n’est pas encore autorisé. La même tendance se dessine pour le SPECT qui s’oriente vers le SPECT- TDM mais de façon moins radicale du fait du coût des machines hybrides et de l’apport du scanner qui n’est pas prouvé dans toutes les applications. On peut mal- gré tout supposer que chaque service de médecine nucléaire s’équipera d’ici à trois ans d’au moins un SPECT-TDM. Aujourd’hui, le marché s’établit à 50 % de machines hybrides dans le Monde pour atteindre 60 % en France. Cette forte évo- lution s’explique par la spécificité de la technique dans la recherche de foyers cancérigènes sur le squelette. Que ce soit en TEP ou en SPECT, la question n’est plus tant de savoir s’il faut lui associer un scanner mais de savoir quel scanner lui associer. En effet, aucun in- dustriel ne résiste aujourd’hui à la facilité de décliner sa gamme de scanner jusqu’au 64 coupes. Proposées seulement depuis 2005, ces machines haut de gamme n’ont pas encore trouvé leur place sur le marché en regard de l’intérêt clinique et de l’in- vestissement nécessaire. En tout cas, la France semble mal armée pour étoffer son plateau technique en machines hybri- des si les scanners associés ne peuvent être employés séparément comme scanners de diagnostic. Au plan technique, aucune annonce de nouveau détecteur ou de nouveau traceur tant en TEP qu’en SPECT n’a été faite, même si chaque fournisseur y travaille. Les industriels semblent avoir besoin de stabiliser les outils proposés avant de fran- chir de nouveaux paliers, comme le cou- plage de l’IRM au TEP par exemple. Les grandes nouveautés sont plus dans l’amélioration du Workflow, notamment par l’uniformisation des interfaces de tra- vail sur toutes la modalités et l’intégration sur une console unique des post-traite- ments spécifiques aux modalités TEP et scanner ou SPECT et scanner. Le marché des SPECT seuls ne connaît pas d’évolution importante cette année chez les industriels qui continuent à commercialiser les produits déjà connus. On notera toutefois le regain d’intérêt pour des SPECT dédiés cardiologie jus- qu’à présent commercialisés uniquement aux États-Unis et maintenant proposées en Europe par GE et SIEMENS. Le marché de la « médecine nucléaire » se porte bien et connaît globalement une progression annuelle de l’ordre de 2 à 3 %. L’offre industrielle Dilon (www.dilon.com) Cette société américaine propose cette année une caméra haute résolution, spéci- fique mammographie, la Dilon 6800, qui se présente comme une machine compac- te et mobile de la taille d’un échographe. Fin 2005, 20 machines ont été vendues aux États-Unis et une à Londres. Cette société n’est pas présente sur le marché français. Gamma Medica (www.gammamedica.com) L’activité principale de cette société amé- ricaine, non représentée sur le marché français, repose sur des outils d’imagerie moléculaire : TEP, SPECT, TDM et s’adresse à des structures de recherche (universités, laboratoires de recherche). Une machine dédiée au petit animal intègre les trois modalités TEP, TDM et SPECT permettant ainsi les acquisitions soit TEP-TDM, soit SPECT-TDM. Parallèlement, GAMMA MEDICA a in- tégré dans un mammographe HOLO- GIC des capteurs gamma permettant d’améliorer la résolution pour la détec- tion de lésions sur les seins denses. GE Healthcare (www.gehealthcare.com) GE présente sa division en tant qu’ima- gerie moléculaire et fonctionnelle qui inclut la division radiopharmacie (fabri- cation de cyclotrons et de modules de synthèse pour le FDG et autres traceurs), la médecine nucléaire et l’imagerie pré- clinique. TEP-TDM Sur les trois dernières années, GE annon- ce détenir 50 % du marché aux États- Unis et 40 % en Europe. Le parc installé GE en TEP-TDM est de 1 000 sites dans le Monde. Depuis trois ans, seules des machines hy- brides sont vendues. En France, deux TEP seuls ont été installés dont un a évo- (1) Hospices Civils de Lyon. (2) CHU de Montpellier.

Médecine nucléaire: de la médecine nucléaire à l’imagerie moléculaire

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Page 1: Médecine nucléaire: de la médecine nucléaire à l’imagerie moléculaire

J Radiol 2006;87:936-40© Éditions Françaises de Radiologie, Paris, 2006

état de l’art en imagerie

applications techniques

Médecine nucléaire : de la médecine nucléaire à l’imagerie moléculaire

D Fabrega (1) et C Le Floc’h (2)

Les grandes tendances

Ce RSNA 2005 marque l’intégration,pressentie depuis 2003, de la MédecineNucléaire dans une division plus large,l’imagerie moléculaire. Ce mouvements’est déjà traduit en 2004 chez GE par le ra-chat d’Amersham ; en 2005, il se concrétisepar le rachat de CTI par Siemens ; pourl’instant, aucune annonce n’est faite parPhilips dans ce registre, la société entre-tenant plutôt des partenariats privilégiésavec les sociétés de biotraceurs.Ce RSNA 2005 souligne aussi la collabora-tion de plus en plus forte des radiologues etdes médecins nucléaires comme l’a soulignéle Président David H. Hussey à la séanced’ouverture. La volonté de rapprochementde ces deux communautés est au moins faci-litée par des outils communs proposés parles industriels que sont les machines hybri-des TEP-TDM et SPECT-TDM et leursconsoles de travail.L’année 2005 voit la disparition complètedes TEP seuls au profit des TEP-TDMen France comme dans le Monde. Lestrois majors se partagent de manièreéquitable le marché. Dans les prochainesannées, l’activité médicale devrait s’étendreau-delà des indications traditionnellesd’oncologie ; la neurologie et la cardiolo-gie ont déjà fait l’objet d’adaptations parles industriels principalement au niveaudes logiciels. Le couplage avec un scanner64 coupes fait du TEP-TDM un outilspécifique à la cardiologie et déjà ciblé surune clientèle de cardiologues aux États-Unis. La question ne se pose pas encore enFrance où le traceur Rubidium n’est pasencore autorisé.La même tendance se dessine pour leSPECT qui s’oriente vers le SPECT-TDM mais de façon moins radicale dufait du coût des machines hybrides et del’apport du scanner qui n’est pas prouvédans toutes les applications. On peut mal-gré tout supposer que chaque service demédecine nucléaire s’équipera d’ici à

trois ans d’au moins un SPECT-TDM.Aujourd’hui, le marché s’établit à 50 % demachines hybrides dans le Monde pouratteindre 60 % en France. Cette forte évo-lution s’explique par la spécificité de latechnique dans la recherche de foyerscancérigènes sur le squelette.Que ce soit en TEP ou en SPECT, laquestion n’est plus tant de savoir s’il fautlui associer un scanner mais de savoir quelscanner lui associer. En effet, aucun in-dustriel ne résiste aujourd’hui à la facilitéde décliner sa gamme de scanner jusqu’au64 coupes. Proposées seulement depuis2005, ces machines haut de gamme n’ontpas encore trouvé leur place sur le marchéen regard de l’intérêt clinique et de l’in-vestissement nécessaire. En tout cas, laFrance semble mal armée pour étofferson plateau technique en machines hybri-des si les scanners associés ne peuvent êtreemployés séparément comme scanners dediagnostic.Au plan technique, aucune annonce denouveau détecteur ou de nouveau traceurtant en TEP qu’en SPECT n’a été faite,même si chaque fournisseur y travaille.Les industriels semblent avoir besoin destabiliser les outils proposés avant de fran-chir de nouveaux paliers, comme le cou-plage de l’IRM au TEP par exemple.Les grandes nouveautés sont plus dansl’amélioration du Workflow, notammentpar l’uniformisation des interfaces de tra-vail sur toutes la modalités et l’intégrationsur une console unique des post-traite-ments spécifiques aux modalités TEP etscanner ou SPECT et scanner.Le marché des SPECT seuls ne connaîtpas d’évolution importante cette annéechez les industriels qui continuent àcommercialiser les produits déjà connus.On notera toutefois le regain d’intérêtpour des SPECT dédiés cardiologie jus-qu’à présent commercialisés uniquementaux États-Unis et maintenant proposéesen Europe par GE et SIEMENS.Le marché de la « médecine nucléaire »se porte bien et connaît globalement uneprogression annuelle de l’ordre de 2 à3 %.

L’offre industrielle

Dilon (www.dilon.com)

Cette société américaine propose cetteannée une caméra haute résolution, spéci-fique mammographie, la Dilon 6800, quise présente comme une machine compac-te et mobile de la taille d’un échographe.Fin 2005, 20 machines ont été venduesaux États-Unis et une à Londres. Cettesociété n’est pas présente sur le marchéfrançais.

Gamma Medica (www.gammamedica.com)

L’activité principale de cette société amé-ricaine, non représentée sur le marchéfrançais, repose sur des outils d’imageriemoléculaire : TEP, SPECT, TDM ets’adresse à des structures de recherche(universités, laboratoires de recherche).Une machine dédiée au petit animalintègre les trois modalités TEP, TDM etSPECT permettant ainsi les acquisitionssoit TEP-TDM, soit SPECT-TDM.Parallèlement, GAMMA MEDICA a in-tégré dans un mammographe HOLO-GIC des capteurs gamma permettantd’améliorer la résolution pour la détec-tion de lésions sur les seins denses.

GE Healthcare (www.gehealthcare.com)

GE présente sa division en tant qu’ima-gerie moléculaire et fonctionnelle quiinclut la division radiopharmacie (fabri-cation de cyclotrons et de modules desynthèse pour le FDG et autres traceurs),la médecine nucléaire et l’imagerie pré-clinique.

TEP-TDM

Sur les trois dernières années, GE annon-ce détenir 50 % du marché aux États-Unis et 40 % en Europe. Le parc installéGE en TEP-TDM est de 1 000 sites dansle Monde.Depuis trois ans, seules des machines hy-brides sont vendues. En France, deuxTEP seuls ont été installés dont un a évo-(1) Hospices Civils de Lyon. (2) CHU de Montpellier.

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lué en TEP-TDM alors que le secondn’évoluera pas pour des raisons finan-cières. Une version d’upgrade, le Disco-very LS, est proposée uniquement auxÉtats-Unis.GE propose dans sa gamme une décli-naison du TEP-TDM Discovery Di-mension ST déjà existant avec commeobjectif de répondre spécifiquementaux besoins cliniques. Après le Disco-very ST orienté oncologie et cardio-logie, GE commercialise le DiscoveryVCT dédié cardiologie qui est associé àun scanner 64 coupes.Le Discovery STe, dernier né de la gamme,offre une résolution spatiale supérieuregrâce à des cristaux de plus petite tailleet complète les performances du ST en ré-pondant à des applications neurologiques.Les machines ST et STe se déclinent enversion scanner 4, 8 ou 16 coupes.En France, le marché s’oriente vers desTEP associés à des scanners 8 coupes,dont l’apport essentiel est dans la syn-chronisation respiratoire. Le scanner16 coupes reste marginal.À noter que toutes les machines disposentd’un tunnel de 100 cm de profondeur etde 70 cm de diamètre, champ utilisé entotalité pour l‘acquisition TEP et scanner.GE propose des acquisitions 3D enstandard. L’acquisition 2D abandonnéepar les autres constructeurs est propo-sée en option et défendue par GE pourl’obtention d’images moins bruitées(utilité pour certaines applications avancéesou pour les patients corpulents) et pourles nouvelles applications essentielle-ment hors champ FDG.La console Advantage Workstation faitpartie des outils communs au TEP et auscanner pour le post-traitement et la fu-sion des images.La plateforme d’acquisition et de traite-ment propose quatre nouveautés : Vue-Point une méthode de reconstructionFully 3D Iterative, 4Dx le mode d’ac-quisition simultané Dynamique et Stati-que permettant d’intégrer les acquisitionssynchronisées (Cardiaque ou respiratoire)dans le déroulement classique de l’acqui-sition, d’un zoom à l’acquisition permet-tant d’obtenir des images plus résolutiveset enfin le Rad-Rx une modulation desépaisseurs de coupes CT sur la longueurtotale d’exploration.GE estime que la progression d’activitédu TEP-TDM avoisinera les 50 % dansles trois ans à venir et s’interroge sur l’as-

sociation des modalités TEP et MR.L’apport du MR par rapport au CT estdiscutable, sauf peut être en imageriefonctionnelle.

SPECT et SPECT-TDM

À sa gamme, GE dispose de deux SPECTdouble tête, grand champ pour des appli-cations généralistes : l’Infinia (550 exem-plaires au Monde depuis sa sortie en 2003dont 220 depuis 18 mois) qui est le pro-duit phare, et la Millenium MG (5 000exemplaires installés dans le Monde de-puis 2000) proposée comme seconde ma-chine d’un service.L’Infinia dispose d’un statif ouvert. CeSPECT est disponible avec des cristauxépais (5/8

e

) ou fins (3/8

e

) en fonction desapplications envisagées. Elle est disponi-ble en version solo ou en association avecun scanner.Contrairement à l’Infinia, la Milleniumest une machine figée : une seule épaisseurde cristal disponible (3/8

e

), pas de collima-teur Fan Beam, pas d’évolution possiblevers une machine hybride.GE a pris la décision cette année decompléter sa gamme distribuée en Europed’un SPECT doté de deux têtes à angula-tion variable dédié cardiologie, la Mille-nium Myo Sight jusque-là réservée aumarché américain. Une version monotêteest toujours disponible, la MilleniumMPR (tête rectangulaire) ou MPS (têtecarrée), mais peu présente.L’ensemble des SPECT de la gamme tra-vaille avec une console de post-traitementXeleris introduite en 2003 et issue de lafusion des technologies de GE et de So-pha Médical.Pionnier dans le concept de la machinehybride SPECT-TDM, GE a jusque-làrésisté à la surenchère du nombre de cou-pes en scanner. Le SPECT-TDM appeléHawkeye constitué du SPECT Infinia etd’un scanner monocoupe passe cette an-née à la troisième génération de scanner(4 coupes) avec changement de généra-teur et de couronne de détecteurs à la clé.Cette nouvelle version, Hawkeye 4, de-vrait répondre à l’ensemble des applica-tions hormis les examens d’angio scannerou de cardiologie.Les améliorations, globalisées sous le ter-me générique « Evolution for Bone »concernent les scintigraphies osseuses. El-les tiennent au gain en résolution (de 2,5 à5 mm) et au temps d’acquisition scannerqui s’établit désormais entre 3 et 5 minu-

tes. Annoncée à la Society of Nuclear Me-dicine, cette évolution peut être installéesur les machines Hawkeye 1 en version 2.Compte tenu des performances des nou-velles machines, les modalités de travailchangent dans les services : là où on réalisaitun passage corps entier puis une tomogra-phie, on peut désormais programmer troisséquences tomographiques pour couvrirla même région anatomique avec un gainannoncé en résolution et en temps. De lamême façon, une procédure adaptée à lacardiologie appelée « Express Cardiac »existe ; d’autres applications sont atten-dues sur le même principe.Dans ses perspectives de travail, GE s’in-terroge sur la meilleure façon de répon-dre au besoin d’examens combinés, enparticulier s’agissant d’applications car-diologiques requérant des scanners hautde gamme. Faut-il une architecture inté-grée correspondant à la génération Haw-keye ou bien des modalités juxtaposéespermettant au scanner d’avoir une activi-té diagnostic séparée plus cadencée ? Dessites comme Zurich, Ramdam ou Ontarioont par exemple fait le choix d’un scannerdans une pièce adjacente à celle duSPECT.

Imagerie Pré-clinique

GE dispose d’une gamme complèted’outils pour l’imagerie du petit ani-mal : imageur optique (OPTIX), micro-TEP (VISTA), micro-TDM (LOCUSdécliné en trois versions) et micro-TEP-TDM.

Hitachi (www.hitachimed.com)

Hitachi commercialise toujours le TEP-TDM, Sceptre P3, constitué du TEP Sie-mens et d’un scanner 4 coupes Hitachi.L’originalité de cette machine hybridetient au fait qu’elle intègre une source deCésium 137 pour une double correctiond’atténuation, DAR (Dual AttenuationCorrection). Ceci permet d’améliorer lesimages notamment de patients porteursd’implants.Ce matériel n’est pas distribué en France.

MEDX (www.medx-inc.com)

Cette société, non présente sur le marchéfrançais, propose deux SPECT : le GEOptima, mono ou double tête anguléepour les applications cardiologiques et gé-nérales, et le GE InteCam dédié thyroïde(fabriquée en Chine).

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Naviscan (www.naviscanpet.com)

Cette société née en 2000 propose un TEPdédié mammographie : le PEM Flex.Cette machine se présente comme unmammographe. Les détecteurs sont inté-grés dans les palettes de compression (depart et d’autre du sein). La résolution ob-tenue est de 1,5 mm pour une acquisitionde 5 à 10 minutes. Le traceur utilisé est leFDG.Cette machine est également utilisée pourle suivi des patients atteints de polyarthri-te rhumatoïde.Le PEM Flex détient l’agrément FDA etest commercialisé à 60 exemplaires auxÉtats-Unis. Aucune représentation enEurope du fait de l’absence du marquageCE.

Philips (www.medical.philips.com)

Philips ne présente pas de nouvelle ma-chine cette année mais a porté ses effortssur les consoles. Ainsi, l’interface d’acqui-sition Jetstream devient unique pour l’en-semble de la gamme SPECT et SPECT-TDM, les consoles SUN basculent sur PCtravaillant sous Windows XP. Côté TEP-TDM, la console Extended BrillanceWorkspace commune aux deux modali-tés fait son apparition.PHILIPS favorise toujours les partena-riats avec les sociétés spécialisées dansl’imagerie moléculaire, comme SCHE-RING par exemple avec un projet de re-cherche sur le cancer du sein, plutôt quel’intégration complète de ce type de socié-tés. La médecine nucléaire est ainsi inté-grée dans la division Radiation Oncology.

TEP-TDM

Depuis deux ans, l’offre Philips basculecomplètement sur les machines hybridesTEP-TDM avec des propositions d’upgra-de de son parc installé. En France, PHI-LIPS annonce détenir 43 % du marché.Les machines Allegro (TEP-TDM) et C-PET (TEP sans scanner) sont abandon-nées pour ne conserver à la gamme que laGemini GXL.Cette dernière, annoncée au RSNA 2004et aujourd’hui installée sur 3 sites enFrance (3 machines sont en commande),est l’association d’un TEP Rapid Resolve(dernière version : tunnel de 70 cm dediamètre, cristaux GSO dopés au zirco-nium pour une meilleure efficacité et un

meilleur rendement lumineux) et duscanner Brillance en version 6, 10, 16 ou64 coupes. Elle se distingue de la concurren-ce par la constitution d’un statif composéde deux anneaux séparésLa version haut de gamme (64 coupes) estjusqu’à présent réservée au marché amé-ricain dans la mesure où le coût d’une tel-le machine est prohibitif en France si elleest réservée uniquement au repérage ana-tomique et à la correction d’atténuation(pas d’autorisation d’utilisation du scan-ner en diagnostic contrairement auxÉtats-Unis).En France, le marché se limite aux ma-chines 16 coupes et est constitué majori-tairement de scanners 6 coupes (50 %).Philips se distingue de la concurrence parun ensemble de processeurs de recons-truction dédiés, Rapid View, permettantles reconstructions 3D via le logicielRamla Lor (Line Of Response). Ce der-nier, basé sur un traitement exhaustif desdonnées plutôt qu’un échantillonnage,améliore la résolution spatiale. En 2006, lapuissance du reconstructeur sera encoreaugmentée pour un gain de temps estiméà 40 %.En 2005, Philips a adopté le concept d’unenouvelle console secondaire, ExtendedBrillance Workspace, intégrant les post-traitements des deux modalités (CTViewer et TEP Viewer) et le logiciel defusion Syntegra.

SPECT et SPECT-TDM

PHILIPS détient environ 25 % du mar-ché mondial et du marché français desSPECT et SPECT-TDM.Concernant les SPECT seuls, Philipsconserve à sa gamme deux modèlesdouble tête grand champ à angulationvariable, Skylight et Forte, et un modèlesimple tête, Meridian.La Skylight, héritée de la gamme Adac estle fleuron de la gamme. Elle a une configu-ration innovante avec ses deux têtes mon-tées sur une double suspension portée parun portique à quatre piliers. Cette archi-tecture la rend très ouverte et polyvalente.Le changement des collimateurs est auto-matique et robotisé (collimateurs dans unmur technique à l’arrière du portique,pouvant accueillir jusqu’à 6 collimateurs).La Forte, SPECT également d’origineAdac, a une configuration classique avecun statif circulaire, un lit raccourci et descapots redessinés aux couleurs Philips.En 2004, Philips a intégré les détecteursEpic AZ à ces deux SPECT. Ils utilisent

un algorithme combinant les signaux de17 photomultiplicateurs adjacents à lazone d’événements, avec rejet avant calculdes scintillations hors fenêtre d’énergie,alternative à la méthode de localisationhabituelle d’Anger.La Meridian, modèle mono tête de confi-guration classique est très peu présente surle marché français (une seule installée).Philips offre aussi un SPECT dédié à lacardiologie, la Cardio MD, dont plusieurscentaines d’exemplaires sont installésaux États Unis. Sa commercialisation enFrance est très limitée du fait des restric-tions liées à la carte sanitaire. La demandeest essentiellement orientée vers des équi-pements polyvalents.Philips aborde le marché des machineshybrides en associant les modalités exis-tantes dans sa gamme. La machine hy-bride appelée Precedence est ainsi consti-tuée du SPECT Skylight et du scannerBrillance en version 6, 16 ou 64 coupes.La version la plus évoluée annoncée auRSNA 2004 en version 64 coupes, se placedans les modèles haut de gamme pour lemarché français pour des raisons de coûtet d’encombrement. Sept machines onttoutefois été installées en Europe en 2005.Chacune des modalités peut être mise enœuvre indépendamment. En effet, il estpossible d’utiliser l’équipement pour desexamens SPECT seuls ou TDM seuls,sans restriction.Le SPECT-TDM et le TEP-TDM dispo-sent en commun du même lit, du mêmeenvironnement Jetstream et du mêmelogiciel de fusion Syntegra. Dans cetteconfiguration hybride, le mur de collima-teurs et le mouvement longitudinal nefont plus partie de la configuration de laSkylight.L’ensemble de la gamme SPECT etSPECT-TDM bénéficie de la console detraitement Jetstream Workspace (PCsous Windows NT), interface spécifiqueà la médecine nucléaire et distincte de laconsole TEP-TDM qui est plus orientéeimagerie (identique à celle du scanner).La Jetstream Workspace est conçue commeune solution de management du Work-flow.En 2005, Philips a mis l’accent sur l’opti-misation du Workflow de l’acquisition àla visualisation des images avec des trans-ferts d’images automatisés entre consoleset un affichage protocolisé pour chaqueutilisateur.De nouvelles applications sont introduites,comme l’imagerie parallèle (« Concurrent

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imaging ») qui permet d’obtenir plusieursjeux de données (avec des paramètres indi-viduels tels que matrice, coups, zoom,énergie) en une seule acquisition.De nouveaux traceurs basse énergie sontannoncés sans date précise de mise sur lemarché.

Imagerie Pré-clinique

Philips n’annonce pas de nouveauté dansce domaine.La signature de contrats avec des sociétéstelles que Cellpoint et Sytogene laissetoutefois présager la sortie de nouveauxagents biotraceurs.Un centre de recherche axé sur l’imageriedu petit animal ouvrira prochainement àEindhoven pour l’ensemble des modalitésdont le micro TEP Mosaïc, modèle réduitde l’Allegro ayant un tunnel de 18 cm dediamètre et une résolution de 2 mm. Lacorrection d’atténuation est réalisée viaune source de Césium 137.En France, sept TEP dédiés petit animalsont installés en milieu universitaire.

Positron (www.positron.com)

Cette société américaine propose toujoursle TEP mPower et travaille avec la sociétéchinoise Neusoft pour l’adjonction d’unscanner 2 coupes. Une machine hybridedevrait être annoncée à la Society of Nu-clear Medicine 2006.25 machines installées depuis 1981 uni-quement sur le continent nord américain.

Siemens (www.siemens.fr/medical)

En 2005, Siemens fidèle à sa stratégied’offrir une solution globale en ImagerieMoléculaire, a réalisé l’intégration de lasociété CTI. En conséquence l’offre Sie-mens comprend maintenant les solutionscliniques et les applications pré cliniques :imagerie du petit animal, les bio traceurset les cyclotrons. Pour les deux dernièresactivités, le champ d’application se limiteà ce jour essentiellement aux États-Unisavec le réseau PETNET de distributiondes biotraceurs (FDG et autres) et la fa-brication de la gamme de trois types decyclotrons à Knocksville.Depuis, la division Médecine Nucléaireest dénommée Imagerie moléculaire.

TEP-TDM

Au plan mondial comme en France, Sie-mens détient un tiers du marché du TEP-

TDM mais se présente par contre commele leader en Europe.Comme l’ensemble de la concurrence, Sie-mens abandonne la commercialisation duTEP seul, ACELL, et travaille à l’upgradedes TEP installés en TEP-TDM.La gamme de TEP-TDM, Biograph,commercialisée depuis 2000 continue àbénéficier d’évolutions. Après avoir amé-lioré la sensibilité en remplaçant les cris-taux BGO par des cristaux LSO, Siemensa augmenté en 2004 la rapidité de détec-tion en introduisant une nouvelle chaînede détection (PICO 3D) dont la fenêtre decoïncidence n’est que de 4,5ns et a amélio-ré la résolution spatiale grâce au détecteurHi-Rez (bloc de 13 x 13 éléments contre8

×

8 jusque-là).Comme annoncé au RSNA 2004, l’évolu-tion suivante a porté sur la résolutiontemporelle avec le couplage du TEP àun scanner haut de gamme SENSA-TION 64. La gamme est ainsi aujourd’huiconstituée du Biograph 2, 6, 16 et 64 selonson association avec un scanner Emotionou Sensation.À ce jour, aucune machine Biograph 64n’est installée en France où le marché estconstitué majoritairement de scanners6 coupes, la machine 16 coupes restantune exception.À noter que les Biograph disposent d’untunnel de 70 cm de diamètre, champ utili-sé en totalité pour l’acquisition TEP etscanner. Ce critère devient primordialpour les patients obèses.Cette année, SIEMENS présente deuxnouvelles applications orientées oncolo-gie et neurologie. Le logiciel True D pourla comparaison de l’examen en cours avecles antériorités du patient. Le logicielSyngo Scenium est quant à lui axé sur lamaladie d’Alzheimer.Siemens est le seul fournisseur à disposerd’un TEP/MR expérimental.

SPECT et SPECT-TDM

Siemens annonce une progression dumarché français de l’ordre de 5 à 10 %. En2005, les SPECT-TDM représentent en-viron un quart des dossiers traités enSPECT.La gamme de SPECT seul est toujoursconstituée de l’e.CAM mono ou doubletête, fabriqué par Siemens et vendu égale-ment par TOSHIBA sous le nom deT.CAM.La c.CAM, SPECT dédiée cardiologiejusqu’à présent réservée au marché améri-cain est proposée depuis un an en Europe.

Il s’agit d’un SPECT double tête à an-gulation variable, rectangulaire petitchamp. Les cristaux sont d’épaisseur8,5 mm. Le fauteuil d’examen inclina-ble (pour s’affranchir des mouvementsdu diaphragme dans certains examens),dispose également d’une découpe per-mettant d’amener les têtes en contact del’organe à explorer (limitant ainsi l’atté-nuation).SIEMENS commercialise depuis début2005, le Symbia T, SPECT-TDM annon-cé à la SNM 2004 et conçue dès le départcomme une machine hybride. En France,l’installation de cinq machines, et lescommandes en cours, positionnent Sie-mens en leader.La gamme de SPECT-TDM Symbia Test constituée d’un SPECT nouvelle gé-nération, double tête et d’un scannerEmotion totalement intégré, selon diffé-rentes versions. Le Symbia T ou T2 fonc-tionne avec un scanner Emotion 2 coupesqui peut être utilisé séparément unique-ment dans la version T2. Le Symbia T6est doté d’un scanner Emotion 6 coupespermettant une acquisition scanner de1,5 min.La gamme Symbia offre une gamme decollimateurs complète en basse, moyenneet haute énergie. Le choix entre les cris-taux fins ou épais est toujours possible.Malgré la compacité de la machine, l’ins-tallation devra prendre en compte unpoids de 3,5 tonnes.La console d’acquisition basée sur leconcept Syngo, permet d’aller de l’acqui-sition au traitement des images. La conso-le de traitement peut être déportée.Le Symbia T2 est le SPECT-TDM leplus vendu en France. Ce type d’investis-sement modifie la donne puisque le prixd’un SPECT-TDM est le double d’unSPECT seul. C’est pourquoi Siemenslance en 2005 le principe d’une opérationséquentielle avec l’acquisition d’un Sym-bia S prêt à recevoir un scanner dans unsecond temps. Même si une telle opéra-tion génère un surcoût de l’ordre de 25 %,elle permet de lisser les dépenses et delaisser la technique se stabiliser.Siemens estime que chaque service demédecine nucléaire disposera au moinsd’un SPECT-TDM d’ici 5 ans. En effet,malgré un faible recul sur le bénéfice decette technique, les sites installés voientdéjà une tendance à basculer les examensdu SPECT au SPECT-TDM avec ungain sur la localisation des tumeurs. Onpeut illustrer l’intérêt de cette technique

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par la substitution de la technique de dé-tection du ganglion sentinelle.

Imagerie Pré-clinique

Grâce au rachat de CTI (qui détenait lasociété Concorde fabricant de micro-TEP), Siemens dispose maintenant dedeux modèles de micro TEP pour la re-cherche pré-clinique sur l’animal : le Fo-cus 120 pour le petit animal et le Focus220 pour le primate.Parallèlement, Siemens possède égale-ment un micro-TDM et un microSPECT-TDM.

Spectrum dynamics (www.spectrum-dynamics.com)

Cette société émergente propose un SPECTdédié cardiologie doté de détecteursCZT. Ce système est composé d’un fau-teuil ergonomique permettant l’accès dela tête angulée au contact du patient afind’améliorer la résolution.

Un SPECT-TDM, le D Spect cardio CT,est également présenté pour les applica-tions cardiologiques.La commercialisation débute sur le conti-nent américain avec une volonté de diffu-sion jusqu’en Europe.

Terarecon (www.terarecon.com)

Cette société californienne a sorti en 2005une mini caméra, MGC 500, dédiée à larecherche du ganglion sentinelle.Cette caméra est utilisée soit sur un brasarticulé soit comme une sonde d’échogra-phie. Deux collimateurs sont disponibles :standard ou haute résolution.Aucune installation réalisée à fin 2005.

Toshiba (www.medical.toshiba.com)

Toshiba poursuit son accord de commercia-lisation du SPECT e.cam Siemens en Asie.

Conclusion

Le marché de la médecine nucléaire seporte plutôt bien avec une croissance an-nuelle de l’ordre de 2 à 3 %.Le rapprochement avec la radiologie est deplus en plus évident au travers des machineshybrides TEP-TDM désormais systémati-quement proposées ou des SPECT-TDMémergents aujourd’hui mais promis à une ex-plosion dans les prochaines années. On peutillustrer également ce rapprochement entremédecine nucléaire et radiologie par le déve-loppement d’une gamme complète d’outilspour l’imagerie pré-clinique du petit animalAu plan technique, les trois majors sontdans une phase de stabilisation technolo-gique (amélioration des interfaces homme-machine, uniformisation des consoles) sansnouveau détecteur ou traceur.Il est à souhaiter que les années futuressoient consacrées à l’adaptation des be-soins en terme de scanner.