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Medievales - Num 21 - Automne 1991

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IF

langue

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MIL

Rythmes et acteurs ['¿t

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MÉDIÉVALES

Langue

Textes Histoire

NUMÉROS PARUS

1

Mass-media t

Moyen

Age.

1982).

Épuisé

2

Gautier

de

Coinci

le

textedu

Miracle.

1982)

3

Trajectoire

du sens.

1983)

4

Ordres

et

désordres. Études dédiées à

Jacques

Le

Goff.

1983).

Épuisé.

5 Nourritures.1983). Épuisé.6 Au

pays

d'Arthur.

1984)

7

Moyen

Age,

mode

d'emploi.

1984)

8

Le souci du

corps.

1985).

Épuisé

9

Langues.

1985).

Épuisé

10

Moyen

Age

et histoire

politique.

Mots,

modes,

symboles,

truc-

tures.

Avant-propos

e

GeorgesDuby.

1986).

Épuisé

11 A

l'école de la lettre.

1986)

12 Tous les

chemins mènent

à

Byzance.

Études

dédiées à Michel

Mollat.

1987)

13

Apprendre

e

MoyenAge aujourd'hui.

Épuisé

14

La culture

ur

le

marché.

1988)

15 Le premierMoyenAge. 1988)

16/17

Plantes,

mets t mots

dialogues

vec

A.-G.

Haudricourt.

1989)

18

Espaces

du

Moyen

Age.

1990)

19

Liens

de

famille.

Vivreet choisir

a

parenté.

1990)

20

Sagas

et

chroniques

u Nord.

1991)

A

paraître

22/23Pour

l'image.

©

PUV,

Saint-Denis,

1991

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MÉDIÉVALES

Revue semestrielle

ubliée par

les Presses Universitaires

de Vincennes-Paris

VIII

avec

le

concours

du

Centre National des Lettres

DanîellePREGNIER-BOHLER

1

Bernard

ROSENBERGER

^

Simonn^ABRAHAM-THISSE

I

^

Geneviève

BÜHRER-THIERRY

BS/ II

Jj|KÍ||^^Í

François

JACQUESSON

V

Laurence

MOULINIER

CporptariQt PvrKMfnl ' r * I*

Lada HORDYNSKY-CAILLAT

-,

.

j

Les

manuscrits,

actylographiés

ux normes

habituelles,

insi

que

les

ouvrages pour comptes

rendus,

doivent être

envoyés

à :

MÉDIÉVALES

Presses Universitaires de

Vincennes

Université Paris

VIII

2,

rue de la

Liberté,

93526 Saint-Denis Cedex

02

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SOMMAIRE

21 AUTOMNE 1991

L'AN

MIL

:

RYTHMES

ET

ACTEURS

D'UNE CROISSANCE

L'an mil

continuité,

tournant ou révolution

Discussions

autour d'un livre controversé

Monique

BOURIN

5

Le lit de Procuste de

Guy

Bois

Barbara H. ROSENWEIN 11

Essor

démographique,

roissance

agraire

et

archéologie

Elisabeth

ZADORA-RIO 17

À la recherche e

personnesperdues...

Maria HILLEBRANDT et Franz NEISKE 21

Mutations

et

révolutions

ux

environs

de l'an mil

Chris WICKHAM 27

Méconnais,

terre féconde

Pierre BONNASSIE 39

Un

regard périphérique

ur La mutationde l'an

mil

Lluis

TO FIGUERAS

47

Europe carolingienne t Europe méridionale le point de vue

d'Adriaan VERHULST

Propos

recueillis

par Monique

BOURIN 55

Réflexionsd'un historien

aponais

sur le livre de

Guy

Bois

Yoshiki MORIMOTO

63

L'Antiquité

se

poursuit-elleusqu'à

l'an mil ?

Nancy

GAUTHIER

69

Réflexion ur

un

«

modèle

»

RobertFOSSIER 77

C'est arrivé

à Lournand

Bernard

LEPETIT

81

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4

Réponse

Guy

BOIS

91

Postface

109

Repères

bibliographiques

113

ESSAIS

ET

RECHERCHES

Réflexions ur l'aristocratie uédoise au MoyenAge : l'exemple

d'un

lignage

noble entre 1250 et 1350

Jean-Marie

MAILLEFER

115

Notes de lecture

133

Martin

Aurell,

La vielle

et

l'épée.

Troubadourset

politi-

que

en Provence au

xnie

siècle

(V.

Serverat)

;

Gloria

K.

Fiero,

Wendy

Pfeiffer,

Mathé

Allain,

Three Medie-

val Views

of

Women La contenance

des

fames

Le

bien

des

fames

Le

blasme

des

fames

(L.

Hordynsky-Caillat)

;

Roland Carron, Enfantet parentédans la France médié-

vale

xe-xnie

iècles

(D. Lett).

Livres

reçus

138

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Médiévales

1,

automne

991,

p.

5-10

Monique

BOURIN

L'AN MIL : CONTINUITÉ, TOURNANT OU RÉVOLUTION ?

DISCUSSIONS AUTOUR D'UN LIVRE

CONTROVERSÉ

Lorsque

l'hiver

dernier,

Guy

Bois

fit

paraître

on dernier

uvrage

sous

le

titre,

ttirant

our

tous

publics,

de

«

la

mutation e l'an

mil

»,

le succès de librairie utvite

acquis

;

les

premiers omptes

rendus

qui

n'étaient

pas

destinés

à la

corporation

des historiens niversitaires

furent latteurs. armi es médiévistes,es réactions 'embléemitigées.

Mais

on ne

peut

nier

qu'il

en fut

parlé.

Dans

un

second

temps,

cer-

tains

ugèrent ue

cet

ouvrage

ne

justifiait as qu'on

en

parlât.

Much

ado

about

nothing.

À

bien

des

égards,

l me

semble au contraire

ue

la vivacité des réactions

premières u'il

suscita mérite

que

le débat

soit

repris.

l me

paraît

incontestable

ue Guy

Bois a touché l'his-

toire médiévale n

un

point

sensible.

Reparlons

donc de

ce

livre,

une

fois

passée

l'irritation

remière u'il

a fait naître chez

quelques-uns

(dont je

suis,

je

l'avoue).

Ce numéro de Médiévales

a

plusieurs

buts,

reprendre

es

analy-

ses présentées ar Guy Bois, mais aussi permettre e rapprocheres

opinions,

plus

ou moins

divergentes,

e

spécialistes

u

thème,

ou des

thèmes,

qui

font

'objet

de la Mutation de l'an mil

Que

tous

ceux

qui

ont

accepté

de collaborer ce numéro rouvent ci mes remercie-

ments.Je voudrais associer à ces remerciements

'équipe

de la rédac-

tion de Médiévales et tout

particulièrement

idier Lett

qui

m'a sans

cesse

aidée au cours de la constitution e ce numéro.

Tous ont

admis

et

respecté

es

règles

du

jeu qui

les ont contraints

exprimer

es

opi-

nions

complexes

sur

un

problème

difficile n

un

petit

nombre de

pages.

J'ai conscience

de la frustration

ui peut

en

provenir our

le

lecteur.Du moins

ai-je l'espoir que

cetteforme

brève

ui rendra

plus

éclatants es pointsde rencontre t les oppositions.Aussi bien dans

la lecture

ue

ces divershistoriens nt faitede

l'ouvrage

de

Guy

Bois

que

dans l'énoncé

de leurs thèses

personnelles.

Je

tiensà

associer à ces remerciements

uy

Bois lui-même. our

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6

que

le fasciculene soit

pas

seulement a

juxtaposition

de

thèses,

ou-

vent ssez

différentes,

t

que

la discussion

uisse s'engager

plus

avant,

j'ai

demandé à

Guy

Bois de bien vouloir

répondre

ux

argumenta-

tions

présentées

ontre

es siennes

ou

à côté.

Ces

joutes

ne

sont

pas pour

lui

déplaire. Guy

Bois a visiblement

pris plaisir,

dans

son

livre,

à

jouer

les enfants

ageurs

t

mal

élevés

qui

lancent

un

pavé

dans une mare

pour

éclabousser es

«

grands

.

Mais

par

moments

e

pamphlétaire

aisse la

place

au

maître

qui

dis-

tribue ses

élèves les bons et les mauvais

points. Dépassons

ce

pro-

blème

de

forme t de ton et

reprenons

e débat. Le

problème

raité

dans la Mutationde l'an milestde ceuxqui méritent 'êtresans cesse

remis ur le métier t il a

suscitérécemment e

nouvelles

discussions.

Les

quelques

titres éunis

à

la

fin

de ce volume

sont le

signe

de ce

regain

d'intérêt et

des avancées récemment

cquises.

Le titre du

tome

X

des

Congrès

de Fiaran en

résume une

part

essentielle

«

la

croissance

gricole

u Haut

Moyen

Age

». C'est à cette

mmense

ues-

tion

que

Guy

Bois s'est

attaqué.

Le

Congrès

de

Fiaran,

en

1988,

fut

déjà

l'occasion

de

juxtaposer

es

points

de

vue. J'ai

souhaité

qu'ici,

le débat

soit

un

peu

différent t

qu'il

s'ordonne autour d'un

point

de

départ l'acceptation

ou la

réfutation es thèses

auxquelles Guy

Bois vient de donner une certaineampleuréditoriale.

C'est donc

essentiellement e la

signification

e l'an

mil

pour

l'économie et la

société

européenne

u'il

est débattudans ce numéro.

Ce

point

de

vue

est,

bien

entendu,

oin

d'épuiser

l'histoirede

cette

période.

Les

récents

uvragespubliés

à l'occasion du

millénaire

apé-

tien ont montré ombien

pouvaient

être

diverses es

approches

de

ce

temps pour

le seul

royaume

de

France.

Dans La mutation e l'an Mil

Guy

Bois a fait

une étude

mono-

graphique

d'un terroir

u

Mâconnais

et à

partir

de cette

monogra-

phie

a

construit n modèle

abstrait

yantpour objet

de rendre

ompte

de l'histoire e l'Europe entre a finde l'Empireromainet le XIIe iè-

cle. Cette

construction

envoie,

bien au-delà même du

cadre chrono-

logique qu'il

s'est

fixé,

à une

théorie de

l'histoire,

de ses

rythmes,

de ses

acteurs.

l

me

paraît

normal

qu'aucun

historien e

reste ndif-

férent un tel

programme.

Même

sans m'aventurer

ur le terrain e

plus

audacieux,

celui d'une

théorisation e

l'histoire,

e

crois

que

le

livre de

Guy

Bois introduit une

triple

discussion

l'une concerne

l'étude

monographique

lle-même,

elle

que

Guy

Bois l'a

conduite

partir

des documents

lunisiens la

seconde,

le

schéma

global

qu'il

construit

our

l'histoire

u Haut

Moyen

Age européen

la

troisième,

la méthode

par laquelle

il

est

ustifié

d'aller

du

particulier

u

global,de la monographie l'histoiregénérale.

A

priori

n

ne

peut qu'applaudir

la

démarche

ui prend

omme

point

de

départ

'étude

monographique

'un

finage

nous

savons tous

qu'après

les

études

régionales ui

ont fait a

gloire

des

historiens ran-

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8

aux abords

de

Cluny

sont universellement

pératoires,

l

y

a un

pas

que

tous les historiens

ui s'expriment

ans ce numéro de Médiéva-

les ont

vu franchi vec

effroi.Robert Fossier et Chris Wickham

ont

rappelé

dans

leur article es

règles

élémentaires e la

généralisation

des

modèles. Tous

les

historiens,

as

seulement es

médiévistes,

ont

confrontés

ces

problèmes

t nous avons choisi de l'aborder

égale-

ment,

partir

u livrede

Guy

Bois,

par

une réflexion

héorique,

ndé-

pendante

es

problèmes

e traitement

pécifiques

u Haut

Moyen Age.

Le

modernisteBernard

Lepetit

avait

présenté

es réflexions

ue

lui

suggérait

a méthode

de

Guy

Bois au cours de

journées

de

discussion

interdisciplinairee la Maison des Sciences de l'Homme. Il a accepté

de

reprendre

on

argumentation

our

ce numéro

de

Médiévales

Monographie

discutable,

généralisation

mprudente.

l

reste

que

l'ouvrage

de

Guy

Bois

propose

une

synthèse

onstruite e l'histoire

du

Haut

Moyen

Age

et

qu'il

faut

en

mesurer

'apport,

essentiel

our

certains,

banal

pour

d'autres,

très

partiel pour

d'autres encore.

Naturellement out

effort e

généralisation

mplique

un mouve-

ment de

retour vers la réalité d'autres

régions,

pour

vérification.

Autant

dire

qu'il

n'y

a

pas

d'histoire

ans

comparaison.

Truisme,

er-

tes,

mais

moins facile

à

appliquer qu'on

ne

pourrait 'espérer

déale-

ment. Aussi attentifue l'on soit aux résultats 'autrui,rien ne rem-

place

le contact

de

première

main avec

les sources. C'est

pourquoi

il

m'a

paru

essentiel

ue participent

ce fascicule e Médiévales

pour

présenter

eur

propre

vision

du Haut

Moyen Age,

des historiens

yant

fréquenté

es sources

de diverses

égions.

ur le versantméditerranéen

et

dans

l'espace

de

l'Europe

du

Nord. Les

«

polypticomaniaques

,

et les

autres. La

contribution e Chris

Wickham,

après

les

travaux

de

Pierre

Toubert,

nvited'ailleurs à ne

pas

considérer

e

monde

de

la Méditerranée

ccidentale

comme

parfaitement

omogène.

Autant

que

des sources

étudiées,

a

problématique

e l'historien

dépend

de sa culture

t de

sa

formation nitiale.

Je

souhaitais

donc

que des historiens e traditions t de nationalitésdifférentesxpri-

ment eur

opinion

devant

'ouvrage

de

Guy

Bois,

même si son auteur

ne

peut pas

passer pour

incarner l'école

historique

française

en

une

parfaite

rthodoxie.Les articlesdes

collègues

«

étranger

»

révè-

lent l'intérêt

qu'ils portent

ux travaux

historiquesqui

se font en

France,

mais aussi

leur irritation evant

notre

gnorance

de ce

qui

se

fait ailleurs. Est-ce

exact ?

Du

moins est-ce

'impression

ue

don-

nent les historiens

rançais

hors de France

et le livre de

Guy

Bois

ne

peut que l'aggraver

ant

il

passe

sous silence

des travaux

mpor-

tants écrits

dans une autre

langue que

le

français.

Manque

d'ouverture

des historiens

français,

du

moins sur les

ouvragesd'historiens trangers Le mal ne leur est pas particulier.

J'aurais

aimé

qu'un juriste

et

un

sociologue pussent oindre,

à celle

des

historiens,

eur réaction

devant e

type

de raisonnement

ue pré-

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9

sente

Guy

Bois.

Je n'ai

pas pu

obtenir eur concours.

En

revanche,

je

tiens

à remercier out

particulièrement ancy

Gauthier t Bernard

Lepetit qui

ont bien voulu franchir es bornes

habituellesdes

pério-

des dont ils sont

spécialistes our

venir

ur

le

terrain es

médiévistes

apporter

a richesse

de leur

réflexion.

Or,

à en

juger

par

le

portrait

que Guy

Bois fait du monde

romain,

et

pour reprendre

a

critique

de

Nancy

Gauthier ou de

Chris

Wickham,

l

serait souhaitable

que

les historiens assent

plus

souvent cet effort.

J'ai

essayé également ue

non seulement es

nationalités,

es

éco-

les

et

les

spécialités hronologiques

oient

différentes,

ais aussi les

générations. eut-être urais-jepu demander quelques étudiants e

réunir eurs

réflexions e lecture. Du

moins,

ont

pris

la

plume,

des

moins

eunes

et des

plus jeunes,

comme Lluis To

Figueras, exemple

de la brillante movida

»

ibérique.

Au-delà des réflexions

uelque peu scolastiques

ur la

persistance

de

l'Antiquité près

le Vème

sicle,

es discussions

ortent

videmment

sur les

rythmes

t

les

acteurs de la

croissance

et renvoient

'ailleurs

à une réflexion

lobale

sur le sens du mot

«

croissance

pour

cette

haute

époque.

J'ai eu le sentimentue la discussion 'était, l'origine, ropcon-

centrée ur

a

place

de

l'esclavage

dans

le

schéma

que propose

e livre

de

Guy

Bois. C'est en effet 'un des

aspects

provocants,

mais aussi

facilement iscutablesdu livre.

En

fait,

e débat ne

se

réduit

pas

à

évaluer a

part

de

l'esclavage

dans l'économie du Haut

Moyen

Age.

Chris Wickham

propose

la vision d'une économie dominée

par

une

exploitation aysanne

de subsistance u lendemain

des invasions

et

discute,

me

semble-t-il,

e

concept

de

croissance

our

ce

type

d'éco-

nomie.

À

quel

moment t

pourquoi l'impulsion

vers une intensifica-

tion de

la

mise

en valeur ?

À

l'époque carolingienne,

ans une stra-

tégie aristocratique

'accroissement es revenus

fonciers,

rchestrée

par le pouvoirroyal et les établissements eligieux Dans la longue

durée,

mais dans

le

dynamisme

'une

société

paysanne qui

se

dégage

d'un

esclavage

d'une absurde

nefficacité,

uivant e

que je

crois être

la

proposition

e

Pierre

Bonnassie

? Ou

bien aussi dans celui du

petit

domaine,

comme

'ajoute Guy

Bois

?

Dans

un

cas

la mutation féo-

dale

»

s'inscrit ans le

prolongement

e l'ordre

carolingien.

Dans les

autres,

elle est une

ruptureplus

ou

moins radicale.

Adriaan Verhulst ouhaitevivement

ue

les

«

Méridionaux cher-

chent es traces de

l'impulsion aristocratique

u

royale

autour de la

Méditerranée ccidentale.

l

faut

reprendre

outes es sortesde docu-

ments

et lui

répondre.

Mais le

dynamisme

de l'initiative

paysanneserait-ile propredes rivagesde la Méditerranéeu de ses historiens

Pourquoi

ne

pas proposer

aux

historiensdes

plaines

du

Nord de

reprendre'enquête

aussi en ces termes Pour en arriver

ans

doutq

à

proposer

deux ou trois modèles

(ou plus),

se combinentdans

Page 17: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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10

des

proportions

ariables et des

chronologies

différentes'action de

plusieurs

ynamiques

ociales. Même si

plusieurs hénomènes,

els

que

l'extinction

e

l'esclavage,

raversentoute

'Europe

occidentale n une

durée très

étirée,

l

me

paraît

peu plausible qu'un

seul

schéma

puisse

rendre

compte

de toute

son histoire ntre

e

Ve

et le

XIe

iècles.

Page 18: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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Médiévales

1,

automne

991,

p.

11-16

Barbara

H. ROSENWEIN

LE LIT DE PROCUSTE DE GUY BOIS

Dans

La Mutation de

l'an mil

Guy

Bois

présente

une thèse

d'ensemble

qui

a de

l'élégance

mais

il

l'appuie

sur le mince roseau

d'une

argumentation

iscutable.Dans

un

discourshardi et révolution-

naire,

il

rejette

a

plus grande

part

de l'érudition ntérieure

pour-

tant

il n'a

guère

pris

en considération es travaux

récents,

urtout

quand

ils

ne

sont

pas

écrits en

français1.

Cela donne un livre exu-

bérant, audacieux, séduisant,mais qui manque de substance.

La

thèse de La

Mutation est une variante du schéma

hégélo-

marxiste u

changement istorique,

ù les

contradictionsnternes

e

la société induisent

une

dialectique qui

engendre

un nouvel ordre

social.

En

bref,

Bois

prétendqu'un

monde

antique,

certes

décrépit,

mais

encore

intact,

s'est maintenu

usqu'aux

dernières écenniesdu

Xe

iècle. Dans

ce

monde,

«

emprisonnée

(c'est

une

métaphore

de

Bois),

une nouvelle société

féodale

s'est

développée, presque

invisi-

blement.Dans les

vingt

ou trente ernières nnées du

Xe

iècle,

sous

l'influence e dominations

eigneuriales,

ommecelle de

Cluny,

e nou-

vel ordre vu le jour, violemment,pectculair ment irrévocablement.Le trait

aractéristique

e

l'Antiquité ue

retient ois - « une société

esclavagiste

et une économie

qui

obéit aux

demandes de la ville

-

est

emprunté

Moses

Finley.

Mais c'est Bois lui-même

ui

définit

les

caractéristiques

u

«

féodalisme

,

en

invoquant

surtout a

rup-

1. Parmies

tudes

ue

n'a

apparemment

as

consultées

ois, oir,

ur 'histoire

sociale e

Cluny, ui,

dansune

arge

mesure,

st e

sujet

u livre J.

Wollasch,

«

Werwaren

ieMöncheon

Cluny

om 0.bis um 2.Jahrhundert

»,

dansMélan-

ges

J.Stiennon

Liège,

982,

p.

663-678sur 'économieR. Hodges

t D.

White-

house,

Mohammed

Charlemagne

nd he

OriginsfEurope

Ithaca, .Y.,

1983 sur

la Paixde Dieu

H.-W.

Goetz,

Kirchenschutz,

echtswahrung

nd

Reformzu den

Zielen nd umWesen erfrühenottesfriedensbewegungnFrankreich, Francia

11,1983,

p.

193-240sur a violence

W. Davies

t P.

Fouracre, ds.,

The

ettle-

ment

fDisputes

n

Early

Medieval

urope

Cambridge,

986 t

P.J.

Geary,

Vivre

en onflitans ne rance

ans tat

typologie

esmécanismese

règlement

es onflits

(1050-1200)»,

nnalesE.S.C.

XLI, 1986,

p.

1107-1133.

Page 19: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 19/144

12

turede

la

distinction

uridique

entre sclave et

libre,

'essor

d'une éco-

nomie de marché fondée sur

l'interdépendance

ntre

les secteurs

urbains et

ruraux,

a formation

'une classe

dominante

eigneuriale,

et le

développement

'une

paysannerieproductive.

Cette théorie st

claire,

même

passionnante,

mais elle

n'explique

ni

n'éclaire

a réalité.Elle

construit

n lit

de

Procuste

les données

du

Xe

iècle

doivent rouver eur

place.

Ceci

apparaît

clairement

ors-

que

Bois commenceà

éprouver

a théorie

par

la

«

micro-analyse

d'une

petite

région

du

Mâconnais

:

Lournand et

quelques

villae voi-

sinesde Vagerde Merzé. La documentation rovient rincipalement

des chartes

de

Cluny.

Bois

voudrait

nous

faire

dmettre

ue

ces

char-

tes constituente

gisement déquat

des données sur a

sociétéet l'éco-

nomie du

Xe

siècle.

Il

n'en

est

rien

ces

chartes,

quelques excep-

tions

près,

ne

sont

que

des documents ressés

par

et

pour

les moines

de

Cluny.

Elles

ne

représentent as

un

échantillonnage

léatoire des

transactions ffectuées ans

la

région.

Elles révèlent vant

tout ce

que

le monastère

t

les auteurs

de

donations

ou

de

ventes,

ou d'échan-

ges)

le concernant ouhaitaient

onnaître

t faire onnaître

leurscon-

temporains

u

sujet

des interactions ntreces

partenaires.

Beaucoup

de ces chartes ont datéesde façonpeu sûre certainsnomsde lieuxsont mal identifiés2.

Bois use

ingénument

e ces chartes.

Prenons,

par

exemple,

on

graphique

des

«

ventes,

échanges

et donations

»

(graphique 1).

Pour

Bois,

ce

diagramme

démontre

es

points

suivants

1)

Les

échanges, caractéristiques

'une économie ancienne

sans

marché,

onstituent

8

°7odes transactions ans la

région

considérée.

Puis leur

proportion

baisse extraordinairementurant la

période

920-950,

usqu'à

moins de

10

.

2)

En

même

temps,

es

ventes,

aractéristiques

'une société féo-

dale de marché, roissent apidement, assantde 20 °/o plusde 40 °7o

du

total des transactions.

3)

Par

conséquent,

cette orientation

ignale

une

rupture

rutale

de l'ordre ancien et la naissance oudaine d'un féodalisme

rienté ers

le marché.

2. Pour es noms e

lieux,

M.

Chaume,

es

Origines

u

duché e

Bourgogne

part.

I,

fase.

,

Dijon,

931

pour

es

dates,

d.,

«

Observationsur

a

chronologie

des hartese

'abbaye

e

Cluny

,

Revue

abillont.

16,

926,

p.

4-48

t.

29,1939,

pp.81-89, p.

133-142t.

31, 1941, p.14-19, p.42-45, p.

69-82

t.

32, 1942,pp.15-20, p.133-136t.38, 1948, p.1-6 t.39, 1949, p.41-43 t.42, 1952,

pp.

1-4. es ncertitudesbondent.ur

Lournand,

ar xemple

dans ne harteur

une

ropriété

ituée

in Rornanno

,

faut-ilire in

Lornanto

Lournand)

Voir

A.

Bernard t A. Bruel

sous

a direction

e),

Recueil es

chartes

e

l'abbaye

e

Cluny

6

vol.,Paris,

876-1903,

ol.

,

p.

141,

n° 1920.

Page 20: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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13

Graphique

Donations

50

-

'

40

-

'

✓' / Ventes

30

-

*

'i

20

-

4

'

'

Échanges

^

10

7o

V

I I I

920-50

950-80 980-1000

Diagramme

es ventes

échanges

t

donations

en

)

(dans

a

Mutation

p. 79)

Cependant

ce

graphique

est

trompeur,

ar

:

1)

Les intervalles e

temps

choisis sont

artificiels,

uisque

nom-

bre de chartesne peuvent tredatéesque par référence ux abbatiats.

2)

Bois

n'indique pas

le nombre des

chartes

qu'il

utilise

pour

le

Mâconnais,

on

trouve,

durant la

période

920-1000,

environ

1500 chartesde

Cluny.

Et nous

constatons

ue

Bois

n'utilise

qu'une

petite

fractionde ce lot3.

3)

Bois

n'indique

pas quels

lieux

il

a

pris

en

considération

our

construire on

diagramme.

l

a dû

inclure

Lournand,

son

point

de

référence

mais,

dans

sa

démonstration,

l

ajoute,

parfois,

certaines

villae

prises

dans

Yager

de Merzé

Chavagny,

Collonge,

Cotte, Merzé,

Varanges,

Cortambert

t

Sous-Lourdon

p. 28).

De

temps

à

autre,

l

ajoute

Mailly p.

71,

p. 162).

Or

nous ne

connaissons

pas

les

critères

3.

Sur e

point

t

pour

es alculs

uivants,

'ai

utilisée

programme

.A.

.

(Sta-

tistical

nalysisystem)

ù

j'ai

enregistré

es

donnéesssues es

chartese

Cluny

jusqu'en

'an 1049. ur e

programme,

oir .H.

Rosenwein,

o be the

Neighborf

Saint

eter the ocial

Meaningf

Cluny's

roperty

909-1049

Ithaca,

.Y.,

1989.

Page 21: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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15

On

peut

tirerdu

graphique

quelques

observations

mportantes

1)

Les

échanges

ont

oin d'avoir

amais

constitué

rès

de la moi-

tié

des transactions

ans

l'ensemble de

Yager6.

2)

La

proportion

des

échanges

a relativement

eu

décliné

pen-

dant

la

première

période

considérée.

3)

Les

ventes,

qui

se

sont

accrues

légèrement

urant es trente

premières

nnées,

ont

quelque peu

décliné durant a seconde

période.

4)

L'affaiblissement

lobal

de la

part

des

échanges

et

des

ven-

tes,

mis

en

regard

de

l'augmentation

e la

part

des

donations,

ren-

voie à

une modification es

relations

ntre

Cluny

et ses

voisins,

plu-

tôt qu'à une transformation'ordre économique. Le fait vraiment

important

st

constitué

par

les donations.

Après

l'an

mil,

ou à

peu

près,

le nombre

total des chartes

qui

concernaient

Vager

de

Merzé

diminua

nettement,

arce

que Cluny

avait alors consolidé

son assise

territoriale

ans la

région.

5)

Les

ventes,

es donations

et les

échanges

constituaient

es ins-

truments

ouples,

utiles

à la fois dans des économies

de marché et

dans des

économies sans

marché

mais

selon

des modes

différents)7.

La focalisation

de Bois sur

Lournand

et

sur

quelques

autres v/7-

lae prises dans le voisinage donne donc une vue trompeusede la

région.

Ce n'est

pas

le

lieu, ici,

de

procéder

une

critique

détaillée

de

la

méthodologie

e

Bois,

mais

il

faut

marquer

clairement

u'elle

le rend

nsensible

nombre

de

tendances,

e corrélations

éterminantes

et de

continuités.

En

fait,

'est son

insistance

ur a discontinuité

rutale

ui

donne

un air de

nouveauté

aux

propos

de

Bois.

Pourtant,

débarrassées

de

leur

apparence

révolutionnaire,

ien

des affirmations

e l'auteur sont

reçues

depuis

longtemps.

Aucun

historien,

ar exemple,

ne

nie

l'exis-

tence de

l'esclavage

au

Xe

siècle. Mais

rares sont ceux

qui

ont vu là

une

preuve

de la

persistance

e

l'Antiquité.

De

même,

a

plupart

des

historiens 'accordent sur les transformationsécisivesqui ont lieu

dans

les dernières

écennies

du

Xe

siècle,

lorsque

le

pouvoir

comtal

futréellement

emplacé ar

celui des

châtelains ocaux.

Certes,

e

pou-

voir

seigneurial

'un nouveau

genre

marqué

e début de ce

que

l'on

appelle,

dans

l'historiographie

rançaise

e

«

féodalisme 8.

Mais la

plupart

des historiens

nt

décritun lent

processus

de transformation

qui

conduit à ces

«

mutations

.

6.

Dans e

pagus

e Mâcon

ris

ans

on

nsemble,

es

échanges

e constituent

que

14

destransactions

our

a

période

20-949,

uis

hutent

10

(950-979)

puis

8

(980-1000).

esventesnt

écru

égèrement

ais onstammenturant

oute

la

période

20

, puis

19 et

17

du total estransactions.

7. Sur e point,npeutireRosenwein,p. cit. note ).

8. Les

historiens

méricains

raignent

arfois

e

parler

'un

oncept

ommeelui

de féodalisme

omme

'ilexistaitéellement

illeurs

ue

dans a tête es

historienslas-

siques

voir .A.R.

Brown,

The

Tyranny

f a Construct

Feudalismnd

Histo-

rians f Medieval

urope

,

American

istorical

eviewt.

79,

1974,

p.

1063-1088.

Page 23: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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16

Est-ce

que,

du

moins,

La Mutation susciteun débat

important

La

question que

le livre

pose

est

classique

:

à

quel

moment e monde

antique

a-t-il essé d'exister

t le

Moyen Age

a-t-il

ommencé Mais

le

problème

n'a

plus guère

d'intérêt

ujourd'hui,

alors

que

les histo-

riens es

plus

en

pointe

en ce domaine tentent e

comprendre

es

épo-

ques

non

plus par

leurs

rapports

des modèles réifiés e

l'Antiquité

ou

du

féodalisme,

mais

comme des moments

pécifiques.

Le livrede

R.I.

Moore,

La

Formation

d'une société

persécutrice

1987,

trad,

franç.

1991),

ne

dit rien

sur

le

féodalisme,

mais donne une vue iné-

dite de la nature de

la

société

du

XIIe

et du

xinc

siècle.

L'ouvrage

d'HeinrichFichtenau,Lebensordnungen es 10. Jahrhunderts1984),

nous

plonge

dans les mentalités

u

Xe

siècle

sans s'embarrasserde

démêler

1'«

antique

»

du

«

féodal

».

Comparés

à ces

synthèses

ar-

dies,

les modèles obsolètes

de Bois contribuent

eu

au

développement

de notre

compréhension

e la

réalité

historique.

Traduit de

l'anglais

par

Alain Boureau

Page 24: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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Médiévales

1,

automne

991,

p.

17-20

Elisabeth ZADORA-RIO

ESSOR DÉMOGRAPHIQUE, CROISSANCE AGRAIRE

ET

ARCHÉOLOGIE

Les données

rchéologiques

'occupent

uèreplus

d'une

quinzaine

de

pages

dans le

livre

de

Guy

Bois1 mais elles

jouent

un

rôle cen-

tral dans

l'argumentation

e l'auteur

c'est sur elles

-

et

sur elles

seules

-

que reposent

es deux

hypothèses

ui

sous-tendent

'ensem-

ble de la constructioncelle d'un doublement e la densité e la popu-

lation rurale entre e

VIe

et le

Xe

iècle

qui permet

l'auteur d'affir-

mer

que

«

le

gros

de la croissance

démographique

fut réalisé avant

l'an

mil,

alors

que

de 1000 à 1300

la

progression

erait de l'ordre

de 50 % seulement

(p. 165)

;

celle

d'une mise en

place

du

paysage

agraire

ntérieure

u

Xe

iècle,

qui

l'autorise à

«

balayer, pour

le

cas

qui

nous

occupe

ici,

l'idée selon

aquelle

a

croissance

graire

ut vant

tout

l'apanage

du

"Moyen Age"

central. Dès l'an

mil,

les terroirs

étaient

proches

de leur

point

d'achèvement

(p. 178).

La croissancedémographique

À

partir

de

l'analyse

des

chartes,

Guy

Bois conclut à

une den-

sité de

40

habitants u

km2

au début du

Xe

siècle

pour

la

période

du

VIe

au

Xe

iècle,

l

constate

ue

les sources

textuelles ont

d'un

fai-

ble secours et

que

«

seule

l'archéologie

est

susceptible

de

jeter

une

certaine umière ur

a

situation

émographique our

la

période

a

plus

reculée

»

(p. 163).

C'est dans

l'ouvrage

de H.

Gaillard de

Sémainville2

ue

Guy

Bois

va chercher

es données

archéologiques

1. La mutatione l'an mil.

ournand,

illage

âconnaise

l'Antiquité

u

féo-

dalismeParis, 989, p.161-175.espages ndiquéesntrearenthèsesans e texte

renvoientce livre.

2. H. Gaillard

de

Semainville,

es

cimetières

érovingiens

e la cote

halon-

naise

t de

a

côte

mâconnaiseRevue

rchéologique

e

'Est,

e

upplément,

ijon,

1980.

Page 25: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 25/144

18

dont

il

a besoin.

Nul doute

que

l'auteur

n'ait

été

le

premier

urpris

de la

manièredont son

travail a été détourné.

Son livreest consacré

presqu'entièrement,

n

effet,

une

typologie

es

plaques-boucles

méro-

vingiennes.

Ce n'est

qu'en

conclusion

qu'il

se hasarde à écrire

deux

pages

(sur

un total

de

250)

sur

a densité t la

répartition

e la

popu-

lation. Elles sont

bien

imprudentes

n

dépit

des

précautions

ratoires

dont

il

s'entoure

ainsi

lorsqu'il

évalue

à

150

habitants

a

population

desservie

par

le cimetière

e Curtil-sous-Burnand

ntre e début du

VIe

et

le milieu du

viie

siècle.

L'argumentation,

ue

Guy

Bois

juge

«

convaincante

,

se réduit

la note

340

3

que je

cite

intégralement

« ce chiffre quivautà la populationactuelle de toutela population

de Curtil.

Le

calcul,

discutable,

nous en

convenons,

st

fondé sur les

données

suivantes

700

tombes,

150

ans

d'utilisation,

0

ans

d'espé-

rance

de

vie,

avec correction

orrespondant

l'absence

de restes

d'enfants

de moins de

5-6 ans

».

Il

ne convient

ertainement

as

de

donner cette valuation

plus

de

poids que

ne

lui en accorde son

auteur.

Dans la notice

qu'il

con-

sacre

au

cimetière

e Curtil dans le

même

volume

pp. 26-27),

celui-

ci nous

indique

toutes es

raisons

de la mettre n

doute : la

fouille,

effectuée

ntre

1948 et

1959

par

le

Spéléo-Club

Archéologique

de

Bourgogne, 'a jamais étépubliée seulesdes notesde quelquespagesont

paru.

L'estimationde la duréed'utilisationdu cimetière st fon-

dée

uniquement

ur

les

159

sépultures ui

ont

pu

être datées

parce

qu'elles

contenaient

u mobilier

funéraire.

'étude

anthropologique

n'a

porté que

sur

quelques

squelettes

résentant

es

traces de

patho-

logie

osseuse

le reste

du

matérielosseux semble

avoir été

perdu4.

L'estimation

de

l'espérance

de

vie à

partir

e l'étude

exhaustive 'une

population

inhumée

représente

un

problème

délicat

pour

les

anthropologues

en raison

de la

sous-représentation

abituelle

des

jeunes

enfants.

Que

dire

orsqu'il

n'y

a même

pas

eu d'étude anthro-

pologique

?

Quant

au calcul

du nombre

d'habitants,

l

repose

entiè-

rementsur l'hypothèse nverseà celle que Guy Bois cherchera

démontrer

n

l'utilisant,

puisqu'il

est

fondé sur le

postulat

que

la

population

reste tationnaire6

dans

la

proposition

e H. Gaillard

de

Sémain

ille,

e nombre

de

150 habitants aut

pour

toute a durée

d'uti-

lisation

du

cimetière,

u début

du

VIe

au

milieu

du

VIIe

iècle.

3.

Ibid.,

p.

245.

4.

Ibid.,

p.

27.

5. Cf. C.

Masset,

La

démographie

es

populations

nhumées,ssai

de

paléo-

démographie

,

L'Homme

XIII

4),

1973,

p.

95-131 J.-P.

ocquet

t C.

Masset,

«

Estimateurs

n

paléodémographie

,

L'Homme

XVII

4),

1977,

p.

65-90 C.

Mas-

set,

B.

Parzysz, Démographie

es imetières

Incertitude

tatistique

es stimateurs

enpaléodémographie, L'HommeXXV 2),1985, p.147-154.esanthropologues

sont oinde

partager

es certitudes

e

Guy

Bois

pour

ui 'anthropologie

ermet

e

déterminer

vec

précision

'âge

u

décès

p.

161).

6. C'est

d'ailleurs,

emble-t-il,

n

postulat

névitablen

paléodémographie.

f.

C.

Masset,

La

démographie...

,

art.

it.,

pp.

95-96.

Page 26: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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19

En

dépit

de la

fragilité

vidente e

l'argumentation

t

du

peu

de

crédit

que

lui

accorde

son

auteur

lui-même,

Guy

Bois la

reprend

son

compte

et franchit n

degré supplémentaire

ans l'escalade : il

passe

insensiblement u nombre

qui

est censé

représenter

a

popula-

tion

desservie

ar

le cimetière e Curtil

une

densitéde

20

habitants

au

km2

p. 165)

sans

paraître oupçonner

Pénormité es deux

postu-

lats

sous-jacents

ce calcul

suppose

en

effet,

'une

part,

que

les limites

de la communede Curtil u

XIXe

iècle sont

directement

éritées 'une

circonscription

erritoriale u

VIe

iècle d'autre

part,

que

toute la

population

de celle-ci

a été inhumée

dans le seul

cimetière ouillé

H. Gaillard de Sémain ille précise pourtantque dans la régionétu-

diée,

comme

c'est le cas

fréquemment

illeurs,

la

plupart

des com-

munes ont

plusieursnécropoles

7.

L'extension des

terres ultivées

À

l'aide des

photographies

ériennes,

Guy

Bois a décelé

quatre

ensemblesde

parcelles

à Lournand.

L'ensemble serait

d'origine protohistorique.

rois

arguments

sont

invoqués

à

l'appui

de

cette

hypothèse

la

présence

de

topony-

mes

pré-romains

le

maillage

des

champs

constitué

de

parcelles

de

formes rrégulièresssembléessans lignesdirectrices ue Guy Bois

compare

aux

champs celtiques

les muretsd'«

âge protohistorique

qui

délimitent es

champs.

Le

premier rgument

e vaut

pas grand

chose. Même

si les

phi-

lologues

retrouvent

es

étymons ré-romains

ans les

toponymes

ités

par Guy

Bois

en boulemin

,

«

en

pertuis-sandon

,

«

en doua

»,

p. 169),

cela ne

signifie

ullement

ue

les

toponymes

ux-mêmes ont

aussi anciens

on

ignore

combiende

temps

un

mot

d'origine eltique

a

pu

être

conservédans la

langue

parlée,

et

donc

engendrer

e

nou-

veaux

toponymes

les

dictionnaires

e

patois

contemporains

ontien-

nentdes exemplesnombreux e tellessurvivances. n admettant ue

l'origine pré-romaine

e ces

toponymes uisse

être

prouvée,

l reste-

rait de toutes

façons

à

établir

eur lien

avec le

parcellaire.

Le second

argument

n'est

guère probant,

et

la

photographie

aérienne

ui

illustre

e

parcellaire

e

type

couvreune

superficie

eau-

coup trop

réduite

pour qu'on puisse

se

faire

une

idée. Contrairement

à ce

qu'écrit Guy

Bois,

les ensemblesde

champs

dits

celtiques qui

ont été

identifiés

nt le

plus

souvent une orientation

t une trame

orthogonale

ssez

régulières8.

uant

à

1'«

âge

protohistorique

des

muretsde

Lournand,

il

reste

à

démontrer.

7. Gaillardde Semainville,p. cit.,p. 174.

8. C.C.

Taylor,

ields n the

nglish

andscape

London,

975

J.

Brongers,

Air

hotography

nd eltic

ields

esearchn the

NetherlandsBerichten

OB,

Neder-

landse

udheden

, Amersfort,

976 F.

Audouze,

.

Buchsenschutz,illes,

illa-

ges

et

campagnes

e

I*

urope eltique

Paris,

988.

Page 27: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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20

L'ensemble

I,

constitué e

parcelles

rès

étendues,

ésulterait u

remembrement

édiévalréalisé

par

les moines.

L'absence

d'argument

évite tout

commentaire.

L'ensemble

II,

dans la vallée

de la

Grosne,

serait

gallo-romain

en

raison,

d'une

part,

de son tracé

orthogonal

«

on

y pressent

a main

de

l'arpenteur

omain

»,

p. 172)

et d'autre

part,

de la

présence,

ur

son

emprise,

de deux villae

gallo-romaines.

e

premier rgument

st

insuffisant9.

ans

le

cas

de

Lournand,

en l'absence de

recherches

archéologiques,

bien

d'autres

hypothèses

ont tout aussi

plausibles

les

parcellaires

ssus des

partages

de communaux

l'époque

moderne

sont également rthogonaux t Guy Bois signaleprécisément'exis-

tencede

pâturages

ommunaux

prairies nondables)

de

part

et d'autre

de la Grosne

(p. 73).

Quant

aux

villae

gallo-romaines,Guy

Bois

ne

nous

donne aucune indication ur

leur orientation

i

sur

la

manière

dont elle s'inscrivent

ans le

parcellaire,

eules informations

ui per-

mettraient

'étayer

on

hypothèse.

i la

présence

e villae ur

'emprise

d'un

parcellaire

suffisait

pour

faire remonter elui-ci à

l'époque

romaine,

l

faudrait dmettre

ne

fois

pour

toutes

ue

l'histoire

graire

s'est

arrêtée la

fin

de

l'Antiquité

et

jeter

l'œuvre de Marc Bloch

à la

poubelle.

L'ensemble V est constituéde « clairièresentamant a masseforestièreituéeà l'est de la voie

romaine,

mais il est hautement

ro-

bable

que

l'essentiel

de

l'aménagement sur

des terres

pécialement

lourdes)

soit

à mettre u

compte

des

nouveaux venus

d'origine ger-

manique

»

(p. 173).

Comme

pour

l'ensemble

I,

l'absence

d'argument

rend tout

commentaire nutile.

La seule chose

qui

paraisse

établie,

à

la

suite

de

l'analyse

de

Guy

Bois,

est

que

l'ensemble est antérieur l'ensemble

I,

puisque

es

tra-

ces fossiles

du

premier

ont

visibles

l'intérieur es

grandesparcelles

du second. Cela

ne nous donne aucune ndication

e

chronologie

bso-

lue

: on croit

avoir,

en

effet,

ue

la

pratique

des remembrements

'a

pas prisfin u Xesiècle. Il n'y a donc rien à qui permette e soutenir,

comme e fait

Guy

Bois,

que

«

pour

l'essentiel,

l'ouest

de la Grosne

du

moins,

ce

paysage

est construit

vant le

IIIe

siècle. De

Chevagny

Collonge,

c'est

Rome

que

nous avons sous

les

yeux,

et dans le vallon

qui

s'étire

du

bourg

de Lournand

usqu'à

la

Chaume,

c'est

la

campa-

gne

gauloise

telle

que

la vit César

»

(p. 174).

Rien non

plus qui per-

mette 'infirmer

ni, d'ailleurs,

de confirmer

«

le

modèle

général

(élaboré

e

plus

souvent

partir

e modèles

eptentrionaux)

selon

equel

les

grands

défrichements

t la construction

u

paysage agraire

eraient

l'affaire

de la

période

centraledu

Moyen Age

»

(p. 174).

9. Les recherches

enées

ar

V

quipe

e

Besançonepuis

n certain ombre

d'annéesntmontréue a mise n évidenceescadastresomainstaitmoins ne

affairee

pressentiment

ue

de

filtrageptique.

f. Cadastres

t

Espace

ural ous

la directione

M.

Clavel-Lévêque,aris,

983 G.

Chouquer,

Le

Finage

ntique

et médiéval

,

Gallia

46, 1989,

p.

261-297. oir ussiA.

Ferdiere,

es

campagnes

en Gaule omaine

Paris,

988.

Page 28: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 28/144

Médiévales

1,

automne

991,

p.

21-25

Maria HILLEBRANDT et Franz

NEISKE

À LA RECHERCHE DE PERSONNES PERDUES...*

L'an

mil

fascine 'humanité.

Raoul Glaber

voyait

en une baleine

un

présage pour

l'an mil

et au

temps

du

millénaire e la

passion

du

Christ

maginait

n tout

événement e

doigt

de Dieu

:

«

Anno

a

pas-

sione Domini millesimo

..

sedatis

nimborum

mbribus,

espectu

ivine

bonitatis

et

misericordie

cepit

leía

faciès

celi ciar

scere.

1

».

Aujourd'hui

es historiens emblent

e la même manière

voir les

yeuxfixés ur le changement e millénaireorsqu'ilsdécriventes rela-

tions sociales et les modèles

historiques.

i

l'on

pense

trouver a clef

des transformationsociales dans une

interprétation

hiliastique,

l

est

légitime

de chercher ne

démonstration

récise

de

la

«

mutationde

l'an

mil

»

dans une démarche

d'historiographie ritique.

Mais si la

preuve

fait

défaut,

a valeur

symbolique

u chiffre

st,

pour

des

pro-

cessus

complexes,

une

explication

ussi

peu

satisfaisante

u'une

apai-

sante

théorie

médiévalede

l'Histoire

qui repose

exclusivementur la

foi chrétienne.

Ainsi

qu'il

a

déjà

été montré

par

Alain

Guerreau2,

Guy

Bois

dans son livre urLournand, méconnu es nouvelles echerchesnter-nationales concernant

Cluny, apporté

des

interprétations

autives t

dénuées

de

preuves

ce

faisant,

l

a

demandé à la

communauté

des

historiens

médiévistes

e croire en

ses

affirmations t ne lui

a

pas

donné les

moyens

de les vérifier.

Les chartes

de

l'abbaye

de

Cluny

constituent

our

Bois une

«

mine d'informations

(p.

20)

dans

laquelle

il

a

choisi,

visiblement

au

hasard,

quelques

individus

et

quelques

familles,

pour

construire

*

Les

pages ndiquées

ntre

arenthèses

ans e texte

envoientu livre e

Guy

Bois, a mutatione l'an mil.

1.

Rodulfl

labri istoriarum

ibri

uinqué

édité t

traduit

ar

John rance

(Oxford

edieval

exts),

xford,989,

ib.

I, 2,

p.

50 . et

ib.

V, 14,

p.

194.

2. Alain

Guerreau,

Lournandu

Xe

iècle histoiret fiction

,

Le

Moyen

Age,

96, 1990,

p.

519-537.

Page 29: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 29/144

22

de nouvelles thèses concernant

e

développement

de la

société

en

Mâconnais. Ce

procédé

sélectif

e

prend pas

en

considération a

spé-

cificité

e la tradition es chartes.

Bois

n'entre

pas

dans les

problè-

mes

que pose

la rédaction es

cartulaires,

ans

lesquels

un mêmeacte

a été

copié

à

plusieurs eprises.

l

ne connaît

pparemment as

le

pro-

blème de la datation

de

ces

actes,

ni

des corrections

ue

M. Chaume

y

a

apportées3.

On doit donc

poser

la

question

ses tableaux et

ses

diagrammes

ont-ils

raiment

xacts Personnene

peut

e vérifier

uis-

que

Bois

ne donne aucune information ur

les bases

de

ses

«

résul-

tats ».

Sur

quoi repose, par exemple,

'affirmation

ue

les

«

éléments

hostilesà la poussée monastique sont plus forts près 980 qu'aux

autres

époques

(p.

228)

? Un

regard

sur

les

analyses

de l'édition de

Bernard et Bruel montre

u'au temps

de Maïeul

(28)

il

y

a à

peine

plus

d'actes de

werpitio

que pendant

l'abbatiat d'Odilon

(22)

ou

d'Hugues (21).

Si l'on

compare

ces chiffres

la

somme totale des

donations,

on ne constate

aux

environsde

980

aucune montée

des

contestations e

propriété4.

L'identification es individusest

plus compliquée que

Bois ne

semble

e

penser.

Certainesfamilles

nt

trèsconsciemment

ntretenu,

en même

temps,

des contacts troits ussi bien avec

l'évêque

de Mâcon

qu'avec l'abbaye de Cluny,alors que pour Bois ce sont des pouvoirs

opposés,

fondéschacunsurleur

propreentourage

il ne connaît

pas

la

bibliographie

ui

constate,

pour

cette

époque,

la bonne

qualité

des

relations ntre

Cluny

et les

évêques

de Mâcon5. Le

Sendelenus

que

mentionne

Guy

Bois

(p.

103)

n'était

pas

un

simple

clerc,

mais

à la

fois

chanoinedu

chapitre

e Mâcon et moine de

Cluny6

il

est ainsi

un bon

exemple

de la

coopération

entre

l'abbaye

et le

chapitre

cathédral.

Dans

la

partie

du livre

consacrée

à

l'étude

démographique,

ois

essaie d'évaluer le nombre de

«

propriétaires

ur

le territoire e

3. Mauricehaume, Observationsur a chronologieescharteseCluny,

RevueMabillon

t.29, 939,

p.

41-61, 1-89,

33-142

t.31, 941,

p.

14-19,2-45,

69-82

t.32, 942,

p.

15-20,

33-136

t.38,

948,

p.

1-6

t.39, 949,

p.

1-43 Maria

Hillebrandt,

Neudatierungen

on

Urkunden

er

Abtei

Cluny

Münstersche

Mittelalter-Schriften

sous

presse).

4. Barbara .

Rosenwein,

o be the

neighbor

f

Saint eter.

he

ocialmea-

ning f

Cluny

s

property

909-1049

Ithaca, ondres,989,

p.

68.

5.

Hermann

iener,

Das Verhältnis

lunys

u den

Bischöfen,

or llem

n

der

Zeit

eines

btes

ugo 1049-1109)

,

inNeue

orschungen

ber

luny

nd ieClu

niacenser

Joachim

ollasch,

Hans-Erich

ager,

Hermann

iener

coll.),

dité

ar

Gerd

ellenbach,

ribourg,

959,

p.

219-352

Joachim

ehne,

Cluniacenserbis-

chöfe

,

Frühmittelalterlichetudien

11,1977,

p.

241-287

Ulrich

Winzer,

Cluny

et Mâcon u

xe

iècle

,

Frühmittelalterlichetudien

23, 1989, p.

154-202.

6. FranzNeiske, DerKonventesKlosterslunyurZeit esAbtesMaiolus.

Die Namen erMönche

n

Urkunden

nd

Necrologien

in

Vinculumocietatis.

oa-

chimWollasch

um

0.

Geburtstag

edité

ar

Franz

eiske,

ietrich

oeck

t Mech-

tild

andmann,

igmaringendorf,

991,

p.

118-156,

.

150.

Page 30: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 30/144

23

l'actuellecommunede Lournand

»

(p.

161)

et

compte

u

total,

de

915

à

950,

77

«

noms ». Pour le lieu de

Lournand,

l

obtient 9

«

noms

»

ou

«

familles

(p.

162

;

le

sens de ce mot n'est

d'ailleurs

pas

pré-

cisé).

Comme les indications

manquaient

ur la méthodede

décompte

qu'il

a

utilisée,

nous

avons

essayé

de chercher

es bases de ce calcul

et de

vérifier es résultats. Ainsi se sont

dégagées

les

réflexions

suivantes

1) L'espace

chronologique

hoisi

est

arbitraire t

conduità faus-

ser les

résultats,

ar

les chartes

de

Cluny

sont souvent

datées

exclusi-

vement

d'après

le

nom des

abbés,

lesquels

ont exercé

ces fonctions

très longtemps.

2) Compte

tenu de la datation

mprécise

igurant

ans les char-

tes,

il

faut

corriger

a date de deux

chartes

de

cette

poque,

où Lour-

nand

est nommé

la

charte

226,

datée de

«

920

environ a

été

redatée des environs

de l'an mil

par

Chaume et la

charte

947,

datée,

par

Bernard et

Bruel,

de l'abbatiat de

Maïeul,

appartient

n

fait aux

environs

de 950

7

.

3)

Il

n'est

pas

toujours

sûr

que

les

individus

comptés

comme

«

propriétaires

e terres

voisines soient encore

vivants u moment

l'acte est

passé.

4) De nombreux ndividusn'apparaissentpas dans les chartes ntant

qu'auteurs,

mais seulement

pour

donner leur consentement.

Appartiennent-ils

ussi au

groupe

des

propriétaires

5)

Pour mieux

compter

e nombre

des

habitants

de

Lournand,

il

n'aurait

pas

fallu

se contenter es chartesde

Cluny,

mais utiliser

aussi les noms du cartulairede Saint-Vincent e

Mâcon.

6)

Qui

est

propriétaire

Lournand,

n'y

habite

pas

nécessairement.

D'ailleurs,

Bois ne

peut pas

établir i

«

maître

Arleiushabite Merzé

ou

Collonges (p. 97).

En

outre,

l

faudrait

prendre

n

considération

si leurs biens consistent n

terres ultivéesou

incultes8.

7)

Sur

la base des données

établies,

à

Münster t à

Dijon,

pour

l'index de l'éditiondes chartesde Cluny9,ont été analysées es char-

tes

suivantes,

ui

mentionnent

es biens sis

à

Lournand

166, 171,

193, 194, 220, 393, 477, 485, 506, 598,

762

et 947. Si

l'on fait le

décompte

des noms des

auteurs

qui

sont de

Lournand,

on

trouve

23

individus.

l

y

a

14

autres

ndividus,

ui apparaissent

omme con-

fronts Lournand d'eux on ne

peut pas

affirmer

u'ils

vivaient

encore entre 915 et 950.

Dans

7

cas,

des

couples

ou un

groupe

de

parents

ont

ndiqués

omme

propriétaires

ndivis Lournand

144,

7. Chaume

cf.

note

)

n° 226

et

947.

8. André

eléage,

La

vie

conomique

t

ociale

e

la

Bourgogne

ans e Haut

Moyen ge Mâcon, 941.

9.

Au

centre

eorges

hevner

our

histoire

u droit

Faculte

e

Droit,

niver-

sité e

Bourgogne,ijon)

t à l'Institut

ür

rühmittelalterforschung

Université

e

Münster),

n

prépare

n ndex

es

ieux,

es

matièrestdesnoms e

personnes

ités

dans

'édition

es chartese

Cluny.

Page 31: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 31/144

24

194,

393, 477, 485,

506, 598,

762).

Si Ton fait

e

compte

des

familles

(famille

tant

pris

dans

e sensde famille

troite),

n n'en trouve

ue

14.

Aucun

de ces chiffres

ne

correspond

à celui des

29

familles

décomptéespar

Bois.

Et

il

manque

encore une étude des

possibles

relations

de

parenté

ntre es

groupes

d'individus,

tude

qui

pourrait

réduire

u accroître

e nombre

de

«

feux ». De

nombreux

ropriétai-

res ont

des biens

dans d'autres

lieux

on ne

sait

pas

dans

lequel

ils

habitent

cf.

193, 194,

393 et

506).

Ces

réflexions

montrent

quel

point

Bois s'est

peu

soucié de

l'identificationes individus t des groupes.À cette« insouciance ,

il

faut

ajouter

des

erreurs

philologiques10.

ois

pense

ainsi

pouvoir

tenir

pour quantité

négligeable

es

possibles homonymiesp.

162)

;

en

revanche,

il

ne

s'aperçoit

pas

dans

le

décompte

des

«

maîtres

qu'Arleius

et Arleus

(p.

97)

sont

deux

personnes

différentes11.es

méthodes

de travail

révèlentune

totale confusion entre

ndividu et

famille.

D'où

l'impossibilité

our

lui

d'apprécier

es statuts

ociaux

et les

relations

de

parenté.

Ses résultats ont

donc bien

inférieursu

tableau de

la

société

du

Mâconnais,

dressé,

dès

1953,

par Duby12.

Encore un

exemple

pour plaider

la nécessité

d'employer

des

méthodesde travailappropriées la famillede Robertus,sa femmeElena et ses filsAcardus et

Eldeart,

n'a

pas,

comme Bois le

pense

(p.

95),

disparu

de la documentation

près

953 : on la retrouve

lus

tard dans

la même

«

constellation

,

ainsi

qu'on peut

'établir l'aide

des méthodes

développées

à

Münster

pour

la

recherche es mêmes

groupes

d'individus

à travers es

chartes13.

a famille

ppartient

n

effet un

groupe

de

voisins,

qui

habitent

bien dans les environs

de

Lournand

et

que

l'on rencontre

n des combinaisons

hangeantesus-

que

vers

975 14.C'est seulement

n tel contexte

de relations ociales

qui

permet

de

juger

des intentions

t des motivations

ui

inspirent,

lors

de donations

faites

à

l'abbaye

de

Cluny15,

elle

personne

ou tel

10.

Synopse

er luniacensischen

ecrologie/ ,

olf-Dieter

eim,

oachim

ehne,

Franz

Neiske t Dietrich

oeck

(coll.),

éd. Joachim

Wollasch,

Münstersche

Mittelalter-Schriften

9,

Munich,982,

vol Dieter

euenich,

Problemeiner

ro-

sopographie

ufgrund

rüh

undhochmittelalterlicher

uellen

,

in

nformatique

t

Prosopographie

edité

ar

Hélène

Millet,Paris,

985,

p.

76-84

du

même,

Fors-

chungsfelder

ufgrund

er

emmatisierung

,

in

nternational

orkshop

n the rea-

tion

linkage

nd

usage f

arge-scalenterdisciplinary

ourcebanks

nthe istoricalis-

ciplinesGöttingen,

985,

p.

153-161.

11.

Rosenwein,

cf.

note

) pp.

69-72

t

226-228.

12.

Georges

uby,

a sociétéux

xi*

t

xw

iècles ans

a

région

âconnaise

Paris,

971

2e

dition).

13. Cf. es

chartes

°

849,

1202,

286.

14. Cf. es chartes°477,1012, 217, 316.

15. Joachim

ollasch,

Prosopographie

t

nformatique.'exemple

es Clu-

nisiens

tde eur

ntourage

aïque

,

in

nformatique

t

prosopographie,

dité

ar

Hélène

Millet,Paris,

985,

p.

209-218Ulrich

Winzer,

Zum

Einzugsbereich

lunys

m

10.Jahrhundert.

ine allstudie

,

Frühmittelalterliche

tudien

22, 1988,

p.

241-265.

Page 32: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 32/144

25

groupe,

sans laisser

de

côté les

problèmes

de nature

uridique,

tels

que

ceux du droit à

disposer

de

ses biens16.

Revenons des

problèmes omplexes

de

la

recherche

rosopogra-

phique

à

l'historiographie

e Raoul

Glaber,

dont

'interprétation

'est

pas

sans susciter ussi

des difficultés Bois. Le célèbre

saint confes-

seur Ulrich n'est

pas

originaire

e

Bayeux

(p.

232),

mais de Bavière

(Ulrich,

vêque

d'Augsbourg,

mort n

973).

Le mouvement e la

Paix

de Dieu

peut

sans

doute être

considéré

comme une

«

révolution

quand

on

n'en

prend

connaissance

qu'à

travers

a

phrase

de

Raoul

Glaber citée

par

Bois

:

«

Par toute la

Bourgogne,

les

grands,

les

moyens, es petits s'y rendaient... a voici, la révolution (p. 233).

Pourtant

a

phrase

suivante,

dans le texte de

Raoul,

éclaire ce

que

Bois

appelle

un

«

paradoxe

banal

»

:

«

letanter diere

maximi,

medio-

cres ac

minimi,

arati

cuncti

bedire

uicquidpreceptum uisset

pas

-

toribusecclesie

»17. Ce n'était

pas

la révolution

ue

l'on

cherchait,

mais

l'aide de

l'Église.

Traduit de l'allemand

par

Monique

Bourin

16. MariaHillebrandt,Stiftungenum eelenheilurch rauenndenUrkun-

den esKlosters

luny

,

in

Vinculumocietatis.oachim ollasch

um

0.

Geburts-

tag,

dité

ar

Franz

Neiske,

ietrich

oeck

t Mechthild

andmann,

igmaringen-

dorf,

991,

p.

58-67.

17.

Raoul

Glaber,

Historiaédit. itée

note ),

ib.

V, 14,

p.

194.

Page 33: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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28

de

l'analyse

communément

aite de cette

période

la

dernière

artie

de cet article oncerne

e

problème

e l'économie

du Haut

Moyen Age

et,

à la lumièredes

propositions

vancées

par

Guy

Bois,

je

cherche-

rai à déterminer

uels

ont

été les

changements

éels à

la fin

du

pre-

mier millénairedans

l'Occident latin.

L'esclavage

Premièrement,

'esclavage.

Bois

indique que

les esclaves

qu'il

trouve Lournand au Xe iècle,bien que « casati », installés urune

terre n

groupes

familiaux,

ne sont

pas

des serfsmais

de

vrais escla-

ves

;

ils

étaiententièrement

oumis à la volonté

de leur maîtreet à

ce titre

ppartenaient

la

société

antique, pas

à la société féodale.

Il

ne faut

pas

les

ranger

dans

la même

catégorie conomique que

les

tenanciers

pp. 31-61).

Il tire cette

argumentation

e l'article bien

connu de

Pierre Bonnassie

à

propos

de

l'esclavage

du Haut

Moyen

Age, qui

a eu le

mérite ertaind'insister ur

l'effroyable

raitement

que

subissaient

es esclaves

de cette

poque

et d'en réaffirmer

'impor-

tance dans

leur condition.

Mais Pierre Bonnassie

ne traite

guère

de

leurrôle économique.Sans aucun doute, il y a trèspeu en communentre es

troupes

d'esclavesde l'Italie romaine t les

exploitations

ami-

liales

du Mâconnais

du

Xe

iècle.

Il

y

a eu

de nombreuxdébats entre

les

spécialistes

e

l'histoire

omaine,

es

dernières

nnées,

pour

déter-

miner

quelle époque

les

troupes

d'esclaves

(le

mode

de

production

esclavagiste)

ont cessé

d'être un élément

mportant

de l'économie

romaine. ls

tendent situer

e moment u

plus

tard dans le courant

du

IIIe

siècle.

Ensuite,

ce furent es servi casati

et

des colons

libres

qui

cultivèrent

a

plupart

des domaines de

l'empire

un

gouffre

co-

nomique

ne les

séparait

pas.

Au bout du

compte,après plusieurs

iè-

cles,

les distinctions

égales

entre

ux

s'étaient

encore affaiblies

t

ils

formaient ne vastecatégoriede tenanciers ssujettis, ui peuvent n

quelques

cas

être

appelés

serfs3.

Bien

sûr,

Bois connaît

cet

argument

ondamental

bien qu'il

ne

fasse

pas

allusion au

débat concernant

e monde

romain),

mais

pour

lui des servi

casati sont

essentiellement

ifférents es

tenanciers,

u

IIIe

siècle

comme

au

Xe,

parce qu'ils

n'ont aucun

droit,

du

moins

si

l'on en

juge d'après

les

textes

uridiques.

Je ne

partage

pas

son

point

3. P.

Bonnassie,

Survie

t extinctionu

régime

sclavagiste

ans 'Occident

u

Haut

Moyen

ge

ive-xie

iècles)

,

Cahiers

e

Civilisation

édiévale

XXVIII

1985),

pp.

307-43sur e

débat,

oir

a revueatalane

'Avenç

CXXXI

nov. 989), p.

32-49.

Pouresdiscussionsoncernant'esclavageomain,oir abibliographieans .Wick-

ham,

Marx,

herlockolmes

nd ate

Romanommerce

,

Journal

f

Roman tu-

dies

LXXVIII

1988), p.

183-93

t,

pour

es ervi t es

oloniL. Capogrossiolo-

gnesi

t D.

Vera,

dans

A. Giardina

éd.),

ocietà omana

impero

ardoantico,

,

Rome-Bari,986,

p.

325-447.

Page 35: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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29

de vue. Les coutumes ocales

et

les

rythmes

e travail

quotidien

ont

plus

de

sens

que

les normes

égales

abstraites,

out

particulièrement

dans

la relative

écentralisation u

Haut

Moyen

Age.

Bois

ne

prouve

ni

l'absence

de coutume

pour

les tenures

ni

de

facto

celle de

stabilité

pour

les esclaves.

Les

polyptiques arolingiens ndiquent

vec certi-

tude

que

sur les

grands

domaines du

IXe

iècle,

les

tenanciers ibres

et non-libres

vaient

des

types

d'obligations

assez voisins et

que

les

familles

e non-libres taient

ssez stables. Bois

ne

pense pas que

cette

similitude

eut

être

généralisée

ors du cas

spécifique

es terres

oyales

ou

(ex-fiscales)

cclésiastiques cf. pp.

22-3, 37,

41).

Il

en

est

peut-

être ainsi en Bourgogne,bien que ce soit assez difficile savoir. En

tous cas

en

Italie,

aussi bien sur es domainesde

l'Église que

sur ceux

des

laïcs,

y compris

ceux des

petits

notables,

es

plaids

et baux

des

viiic

et

IXe

iècles

montrent lairement

ue

souvent,

les tenanciers

libres

et non-libres

e

peuvent

être

différenciés

ar

leurs

obligations

économiques

la seule distinction enaitde ce

que

les

seconds

étaient

totalementoumis

à la

justice

de leur maître.La différence

ntre ibres

et non-libres

estait

mportante

n

termes la fois

d'idéologie

et de

condition

politique

du libre mais

il

me

paraît

dénué de

sens

de ne

pas

considérer es non-libres

taliens ommedes

tenanciers c'est

pour-

quoi j'ai quelque difficulté admettre 'argumentation e Bois con-cernant a

Bourgogne4.

Bois insiste bondamment ur

e caractère

antique

»

de la Bour-

gogne

du

Xe

iècle.

L'un des

aspects

est

précisément'importance

es

esclaves

par

opposition

aux tenanciers ibres

je

viens de mettre n

doute

que

ce fait

puisse

être

analysé

dans le sens où Bois le souhaite.

Mais

en tout état

de cause

l'importance

es esclaves ne

peut

êtreuti-

lisée comme

le

signe

d'une société

«

antique

»

:

la Gaule du

IVe

iè-

cle,

prise

dans son

ensemble,

comptait

certainement

lus

de tenan-

ciers ibres

coloni) que

le Lournand du

Xe

iècle

dans la

description

qu'en

fait

Guy

Bois,

sans cesser

pour

autant

d'appartenir

u monde

antique. Et que dire de l'Islande du Xe iècle, qui était entièrement

mise en

valeur

par

des

paysans

libres et leurs esclaves5?

Il

y

a là

des

problèmes

vidents

ue

Bois ne résoud

pas.

Les

autres éléments

de son modèle

antique

sont tout aussi

problématiques.

ls incluent

l'idée

de la

ville-parasite ui

se

contentede

prendre

la

campagne

sans

stimuler

e

moins

du monde l'économie rurale la

suprématie

du

système

iscal sur toute autre

relation

conomique

la

suprématie

du

politique,

ui produit

une éliteromaine

n'ayant

d'autre ntérêt

ue

les

gains qui

résultent

e

ses situations

publiques,

et

n'ayant

aucune

4. Voir es

référencesansC.

Wickham,

arly

Medieval

taly

Londres,981,

pp.110-11B. Andreolli t M.Montanari,'aziendaurtensen talia, ologne,

1983 voir ussi

A.

Verhulst,

rticleiténote

.

5. R.M.

Karras,

lavery

nd

ociety

nmedievalcandinaviaNew

Haven, 988,

pp.

80-3.

out

e ivre stunexcellent

xposé

e a

problématique

oncernant

'escla-

vage

médiéval.

Page 36: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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30

attention

pour

ses

propriétés

urales

pp.

65-6, 77-8, 126-8,

196-8).

C'est,

il

faut

le

dire,

une

parodie

du monde romain.

Rien

n'y

est

exact,

si ce n'est

l'importance

du

système

iscal ce n'est

même

pas

une

présentation

idèle

des théories e Moses

Finley,

pratiquement

a

seule

source

de

Guy

Bois à ce

sujet.

Rome était

pleine

de

propriétai-

res

fonciers

nthousiastes,

ui,

comme es aristocrates es

temps

féo-

daux,

ne

perdaientpas

tout intérêt

our

leurs

domaines

du

simple

fait

qu'ils

désiraient

ussi

les

avantages

du

pouvoir politique.

Sans

doute n'étaient-ils

as

tous

des

«

managers

très attentifs

e

leurs

domaines

bien

que

certains

'aient

été)

;

mais tous tiraient

rofit

de

leursrentes t certainsmettaient les vendre n réelesprit e système.

Le commerce

omain

était,

out à

la

fois,

complexe

t

ramifié,

'éten-

dant certainement

usqu'aux

paysans,

même

s'il

était

étroitementié

aux

exactions

fiscales,

et même si

peut-être

n définitive

l

en était

dépendant

. Bois

peut qualifier d'antique

le Lournand du

Xe

siècle

s'il

le

souhaite

nous

pouvons

tous

désigner

notre

déal-type

notre

gré.

Mais s'il le

fait,

il faut

appeler

le monde

méditerranéen

e

l'empire

romain

d'un

autre

qualificatif.

La

seconde

remarqueque je

voudrais faire concerne a relation

que Bois établit entre la prédominancede la propriétépaysanne,l'absence de tenanciers

libres)

et la faiblessede l'économied'échan-

ges

du Haut

Moyen

Age

d'une

part

et d'autre

part

a

rapidité

vec

laquelle

la

paysannerie

ibre cesse d'exister

près

l'an

mil.

Bois voit

dans

les libres de

Lournand essentiellement

e

petits

t

moyenspro-

priétaires.

n

général,

l

me semble

avoir

raison

et

les discussions

ui

concernent

ce

point

sont

parmi

les meilleures

pages

du livre

(pp.

63-114).

Elles

s'ajoutent

utilement u

groupe, qui

s'accroît len-

tement,

d'études

concernant

a

paysannerie

t

les notables

de

rang

modeste,

au Haut

Moyen Age.

Mais

il

va

trop

loin. Dans son désir

d'établir

eur

allodialité,

l

soutient

ue presque

aucun n'était tenan-

cier pp. 46-9) et que, d'ailleurs, enure t pouvoirpolitiquefort ont

de

pair,

lequel pouvoir

n'existait

pas

à Lournand au

Xe

iècle.

Inévi-

tablement,

ette

position

ui crée de

graves

difficultés

orsqu'il

cher-

che

à

expliquer

le mode

d'exploitation

des domaines de

Cluny

(pp.

86-9).

Mais

il

suffit

e

remarquer ue

l'exclusion

éciproque

ntre

alleutiers t

tenanciers

n'était

sans

doute

pas

aussi

marquée que

le

prétend

Bois. Dans

l'Italie du

IXe

au

XIIe

iècle,

les

paysans proprié-

taires

pouvaient

aussi

tenir des

terres

d'autrui et louer certainesde

leurs terres

de tierces

personnes

aussi bien

près

des villes

que

loin

6. Il yauraitrop e références

citerci. Pour es

bibliographies,

oir

Vera

etWickham,ote . Dans esthèseslassiques,nclure. GraccoRuggini,cono-

mia società

ell' Italia nnonaria

,

Milan,

961. a

quantité

e

céramique

e

grande

production

ont

ispose

haque

amille

ans ertaines

égions l'époque

u

Moyen

Empire

st nelle-même

e

signe

e a

capillarité

e ce commerce

voir,

ar xemple,

C.

Panella,

dans

Giardina,

ocietà omana

III,

pp.

431-539.

Page 37: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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31

à l'intérieur es

montagnes c'est-à-direplus

loin du

pouvoir public

qu'à Lournand)

e

mélange

des alleux

et

des tenures

ouvait

êtred'une

grande

complexité

ans affaiblir a

position

des

paysans

ibres n tant

que

classe7.

Le

lien

que

Bois

fait entre a

survie

de la

paysannerie

ibre et

l'absence

de marché

pp.

75-83,

142-3)

n'est

pas plus opératoire,

du

moins

comme

proposition

ondamentale e la

logique économique

du

Haut

Moyen Age

: encoreune

fois,

en

Italie,

e

«

marchéde la terre

pouvait

être extrêmement

omplexe,

au

XIe

iècle et

assurément

lus

tôt,

sans

conduire e moins

du

monde à

l'expropriation

es libres.

Il est important e reconnaître ue, dans un petitvillage,où que ce

soit dans

l'Europe

de l'an

mil,

l'existencede relationsfondéesexclu-

sivement ur

le

«

marché

,

que

ce soit

pour

les denrées

limentaires

ou sur le terrain rès

différent e la

propriété

oncière,

st

à

peu près

inconcevable.

Tout le monde connaîttout le monde toute vente

ou

échange

-

dans un

tel

cadre,

la différence ntre

es deux est

mince,

comme est

mince celle entre es ventes

en

argent

t en

nature)

com-

porte

un

élément ocial

autant

qu'une

valeur

économique.

Si

les libres

ne

sont

pas

menacés,

aucune ventene viendra ffaiblir eur

position,

car ils

n'ont aucune raison de

réduire,

contre eur

gré,

le fond de

terresdont ils disposent. ls peuventvendre un champ à un ami etutiliser e

l'argent ou

d'autres

ressources) our

en acheterun autre

en

Italie,

ils

le font visiblement vec désinvolture8.

Mais,

d'un

autre

côté,

s'ils sont sous

une

menace,

économique

ou

politique,

ls vont

finir

ar perdre

eur

terre,

de toutes

façons,

par

recommandation,

i

ce n'est

pas

par

vente. Les discussionsde Bois sur l'effet

dissolvant

de l'introduction

e la vente ne me

convainquent

ni

par

les

pièces

à conviction

u'il

apporte

ni

par

raisonnement les

ventes

ne

sont

probablement as

une nouveauté à la

fin

du

Xe

iècle et

elles

n'ont

pas

non

plus

affaiblir

es libres.

Par

l'effet

globalisant

de tout son

argumentairé propos

de

l'oppositionentre antique» et « féodal», Bois est conduit à affir-

mer

que

les environs

e l'an mil

constituente moment ù a

disparu

de toute

l'Europe

la

propriété

ibre

cf. pp.

64,

209-10,

244-6).

Sui-

vant es

arguments ue je

viens de

développer,

l

ne

peut pas

en avoir

été ainsi.

En

Toscane,

la

paysannerie

llodiale

survit rès

générale-

ment,

pendant

toute la

période

centraledu

Moyen Age,

à côté

des

domaines

de l'aristocratie

lesquels

sont eux-mêmes

éographiquement

très

morcelés).

Ce ne fut

pas

le

cas

partout,

bien

sûr ainsi

dans

la

majeure

partie

du Latium de

Toubert,

par exemple,

a cassure fut

beaucoup plus aiguë.

Dans les formesde

répartition

e la

propriété,

7. E. Conti, a formazioneella trutturagraria odernael ontadoioren-

tino

I, Rome,

965

C.J.

Wickham,

hemountainsnd the

ity

Oxford,988,

pp.

225-68.

8.

Conti,

ormazione

pp.

142-9,

12-7

Wickham,

Venditei

terra mercato

della erra

n

Toscana

el

ecolo

XI

»,

Quaderni

toriciXXII

1987),

p.

355-77.

Page 38: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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32

les différences

égionales

ont

immenses,

n

Italie comme en France.

L'introduction es taxes

banales,

exigées

de

tous les habitants

d'un

territoire autre

aspect

de

l'image

que

Bois donne de la

«

mutation

féodale

(sur

ce

point,

u

moins,

l

n'est

pas

iconoclaste)

fut

beau-

coup plus générale,

n France comme en Italie

ici,

elle

apparut

dans

la

plupart

des cas aux environs

de l'an mil

(bien

que

dans

certaines

zones,

comme a

Toscane,

il

faille retarder e

changementusqu'aux

alentoursde

1100).

Mais

il

s'agit

d'un

phénomène

out à fait dif-

férent

u destinde

la

petitepropriété

t

il

n'est

pas incompatible

vec

un réseau

complexe

du

mode

de détentiondu

sol9. Bois

glisse

trop

facilement e l'un à l'autre comme d'autres déjà l'ont remarqué,

si la

petitepropriété isparaît

Lournand,

ce

n'est

probablement

as

à

cause

de la mutationféodale et d'un

système

ocial

associé

à la

seigneurie

anale et à l'aristocratie

militaire,

mais

plutôtpar

suite

de

l'attraction

emarquable

t

atypique qu'exerçait

'un

des

plus presti-

gieux

monastères

e toute

l'Europe,

monastère

ui

se trouvait itué

à deux kilomètres.

On voit ci

apparaître

'une

des faiblesses

majeures

de la méthode

de Bois : l'absence de tout élément

de

comparaison.

l

ne cite

prati-

quement

rien

à

l'exception

de

quelques

travaux oncernant a

France,

et encore bien peu. Je m'étonneque l'auteur d'un livre aussi nuancé

que

celui

qu'il

a consacréà la Normandiedu Bas

Moyen

Age

ait

pu

être ussi insouciant

es différences

égionales.

l

est

parfaitement

égi-

time de vouloir

généraliser partir

d'un seul

exemple

étudié en

pro-

fondeur c'est

même

trop

rarement e

cas. Mais la seule voie

pour

le faire

demeure a

comparaison

vec d'autres

analyses, par exemple

celle de Fournier sur la

proche

Auvergne

ou celle de

Davies sur

la

marche

bretonne

l'une et l'autre eussent

été très

profitables

Bois

pour

la

généralisation

de ses

idées,

mais

il

ne cite ni

l'une

ni

l'autre10.

Cependant

la restriction es

perspectives

la France est

encore

plus grave

Bois

pousse

ici à l'extrême a

croyance

apparem-

ment)communeà de nombreuxhistoriens rançaisque l'histoirede

l'Europe

est

en

réalité

une histoirede la France et

que

rien d'autre

ne mérite

'être étudié.

À

la

page

270,

l'Angleterre

t la Flandre sont

simplement

itées

pour

être exclues

de l'une

des

propositions lobali-

santes,

à

titrede

contre-exemples

c'est l'une des

rares fois

quel-

que pays

extérieur

la France est mentionné.

ans

ce

domaine,

Bois

9.

Voir,

ar

exemple,

.

Tabacco,

Egemonie

ociali

struttureel

potere

el

medioevo

taliano

Turin, 979,

p.

196-204,

40-5

H.

Keller,

Adelsherrschaft

nd

städtische

esellschaft

n

Oberitalien

9-12

ahrhundert

Tübingen,

979,

p.

147-96

C.

Violante,

La

signoria

'territorialeome

uadro

elle trutture

rganizzative

el

contado ella ombardiael ecolo II», dansW. ParavicinitK.F.Wernereds),

Histoire

omparée

e l'administration

iv'-x

ili*

iècles)

Munich,980,

p.

333-44.

10.

W.

Davies,

mallworlds

Londres,

988 G.

Fournier,

e

peuplement

ural

en

Basse-Auvergne

urante Haut

Moyen-

ge,

Paris,

962 voir ussi esréférences

dans

Verhulst,

rt.

it.,

note .

Page 39: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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33

est du même bord

que

les

historiens

raditionnels u

régime

doma-

nial,

historiens

u'il

ne

cesse

de

critiquer

ils

font a

même erreur

celle de

prendre

eur

propre

space,

sans autre

discussion,

omme

typi-

que

de

la moitié du continent.

Le Haut

Moyen

Age

La

manière

dont Bois situe a fracture ux

environs

de

l'an

mil

me

semble

exagérée.

Plus

précisément,

e

besoin de

placer,

autour de

cettedate, une mutation, u une révolution, ui bouleverse ous les

aspects

des relations

conomiques,

sociales et

politiques,

me

semble

excessif.

Le Haut

Moyen Age

est difficile

caractériser à tous les

points

de vue

il

n'est évidemment

as

analogue

au monde

«

féodal

»

d'entre

le

XIe

et le

xnic

siècles.

Récemment,

iversestentatives nt

voulu

reconstruire

ne théoriede cette

période,

certaines

out

à fait

iconoclastes,

comme

celle

des théoriciens llemands des

Königsfreie

selon

lesquels

l

n'existait

as

de

paysan

libre ou bien

l'affirmation,

par

le

groupe

d'historiens

ui

gravite

utour de Durliat et

de

Magnou-

Nortier,

ue

le

système

iscal de

l'Empire

romain a

survécu la

fin

du mondecarolingien, omme 'esclavagisme elon la théoriede Bois.

Ces révisionsradicales

sont d'autant

plus

tentantes

ue

les

preuves

manquentpour

cette

période

à l'intérieur e

certaines

imites,

ha-

cun

peut

affirmere

qu'il

veut. Il

n'est

pas

sans

significationue

cer-

taines

de

ces

théories herchent étendre e monde

antique usqu'en

900

ou

mil cet incommodeHaut

Moyen

Age peut

ainsi tout à fait

cesser

d'exister. Je dois avouer

que lorsque j'observe

des iconoclas-

mes de

ce

type, e

me

sens,

à

l'

encontre e

mes

opinions

nstinctives,

de

plus

en

plus

convaincude la valeur des historiens

raditionnelsels

qu'Alfons Dopsch, qui,

somme

toute,

connaissait fort

bien

cette

période.

Je ne vois aucune raison

de

changer

mon

point

de vue :

pour

moi, le mondemédiéval, t notammente « mode de production éo-

dal

»,

a commencé dominer n

Europe

Occidentale

à

partir

de la

chute de

l'Empire

romain. Mais

que

le

Haut

Moyen

Age

soit diffé-

rent

et

qu'il

doive être

compris

dans

ses

propres

termes,

différents

de ceux du

XIe

ou du

xiiie

siècle,

ne fait aucun doute

et

je

suis sûr

que

sur ce

point Guy

Bois

a tout à fait

raison cette

période

a une

logique

économique

et

politique

différente e celle

qui

l'a

suivie. Ce

ne fut

pas

seulement

e

parent

pauvre

du

Moyen Age

central,

une

époque

où on aurait

essayé

de mettre u

point

le

féodalisme

ans

y

parvenirparfaitement.

ien

plutôt

cet

âge

s'est

développé pendant

longtemps,

uivant

ses

propres ignes

de force.

Il

ne faut ni

abolir

le Haut Moyen Age ni le redéfiniromme non médiéval mais il a

assurément esoin

que

soit

rebâtie une

théorie

qui

le

définissedans

des

termes

propres.

Peut-êtrea meilleure oie

d'approche

erait-elle e

séparer

e

poli-

Page 40: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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34

tique

de

l'économique.

Il

est évident

que

les deux

sont étroitement

liés mais

il

n'est

pas indispensable

e

les considérer omme

une seule

et même

chose. Dans

le domaine

politique,

s'est

produite

ncontesta-

blement

une transformation l'échelle de toute

'Europe

occidentale

au cours du

XIe

iècle, ou,

dans

quelques

cas,

un

peu auparavant

ou

un

peu plus

tard. Le

phénomène

été

largement

iscuté,

notamment

parmi

es historiens

rançais,

uivant es traces de Marc

Bloch.

C'est

peut-être

ans

l'articlede Pierre

Bonnassie

concernanta

France méri-

dionale et

l'Espagne qu'on

en

trouve

'analyse

a

plus

précise11.

our

l'essentiel,

cette transformationéside en la

fin

de

l'ordre universel

carolingien ui s'exprimait n un réseau de droitspublicset d'enga-

gements

ui

liaiententre

ux tous les niveaux de la

société

ibre,

des

paysans usqu'aux

aristocrates

et qui

était,

du

moins en ce

qui

con-

cerne

'idéologie,

en

partie

héritédu monde

antique,

non

sans avoir

des racines

tout

aussi fortesdans

l'idéologie germanique).

Cet ordre

universel

fut

remplacé par

un

réseau,

de

nature

beaucoup plus pri-

vée,

de liens de

dépendance

et des

pouvoirs

ocaux

dominés

par

une

strate

ristocratique

militarisée,

ui

était

désormaisnettement

éparée

de la classe

sujette

des rustici.

Ce

monde nouveau de

dominations

locales et

privées

tait,

bien

sûr,

celui des

relations

féodo-vassaliques

et de la seigneurie anale, ce qui expliquecomment ette ransforma-tion a été

transposée ar beaucoup

d'historiens n un début du « féo-

dalisme

». L'État dont

les

vestiges

en tant

qu'institution

ublique

avaient à

peu près disparu,

allait devoir être

reconstruit ur

la

base

de ces nouvelles relations

privées.

En

gros, j'accepte

volontiers

ce

modèle.

Il

provient

surtout

d'exemples

français,

mais on le rencontre

ussi en

Espagne

(comme

Bonnassie 'a

montré)

t en

Angleterre

bien

que

l'État,

malgré

a

pri-

vatisation,

soit

demeuré

ort)

t certainementussi en

Italie.

En

Ita-

lie,

la transformation été moins soudaine et

moins violente elle

a

pris

deux

siècles,

de 900 à

1100,

pour

s'accomplir

et,

comme

e

l'ai déjà dit plus haut, a rarement ntraînéune expropriation e la

paysannerie,

omme ce fut e

cas souvent de l'autre

côté des

Alpes

(la

discussion

emblématique

st,

sur ce

point,

celle de

Bonnassie

à

propos

de la

Catalogne).

En

Italie,

l'importance

e

la vie urbaine se

prolongeait,

t

elle

agit

comme un élément

médiat,

qui

contribua

maintenir

lus

d'éléments

de

continuité

peut-être ue

dans aucune

autre

région

de

l'Europe

à

l'exception

e

l'Angleterre.

n

fait,

n

Ita-

lie,

la relative

enteurde la transformation e

conduit à éviter

des

termes els

que

mutation,

t encore

plus

révolution,

our

décrire e

phénomène

il

n'a

pas

été aussi brutalet n'a

pas

entraîné es

mêmes

ruptures u'en

France. Il

y

a d'autre

part

un

autre élémentde conti-

nuité,qui, bienconnu,ne doitpourtant as être ous-estimé la poli-

li. P.

Bonnassie,

Du

Rhône la Galice

genèse

t

modalitésu

régime

éo-

dal

,

dans tructures

éodales

t

éodalisme

ans 'Occident

éditerranéen

x'-xiw

iè-

cles),

Rome, 980,

p.

17-44.

Page 41: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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36

IVe

iècle

(par

exemple).

La chute de

l'Empire

romain au

Ve

et au

VIe

iècles

mporta,

'ailleurs,

vec elle la forme a

plus

vaste d'extrac-

tion à

grande

échelle des excédents c'est-à-dire

'impôt

foncier.

De

nombreux

aysans

demeurèrent es

tenanciers,

épendants

du

maître

de la

terre,

et bien souvent

même

assujettis

à lui

;

mais

beaucoup

d'autres

réussirent,

ors des crises

politiques que

furent es invasions

germaniques,

quitter

eurs anciens maîtres

t à maintenir

ne cer-

taine

ndépendance

is-à-vis es nouveaux. ls conservèrenteursexcé-

dents,

au lieu

de

les abandonner

entre es mains des aristocrates u

de

l'État.

Mais

le

système

omplexe d'échanges

du

monde romain

dépendait n définitivee la demande de l'aristocratie t du fisc,non

de

celle des

paysans.

Les nouvelles

onditions

ui régnaient

irent is-

paraître

e

système

n de nombreuses

égions.

Habituellement,

es

pay-

sans,

bien

que

désormais

plus prospères,

ne

purentplus acquérir,

en

échange

de leurs

excédents,

des

produits

rtisanaux,

inon de fabri-

cation

très

ocale.

Que

pouvaient-ils

aire? Mieux

manger,

u

moins

travailler. ster

Boserup,

économiste

u

développement,

faitremar-

quer

en

1965

que

les rotations

iennale ou triennale

xigent

es

pay-

sans

beaucoup plus

de travail

qu'une

économie

extensive

longues

jachères c'est-à-dire

n

défrichement

ériodique

du boisement u du

maquis, souventpar le feu,suivi de deux ou trois saisons de culture

intensive,

uis

d'un

long abandon).

Elle

remarqua que lorsque

cesse

sur

une

paysannerie,

ù

que

ce

soit

dans le

monde,

le

poids

de la

pression

émographique,

l

peut

arriver

ue

soient

omplètement

ban-

données

es formes raditionnelles

e rotationdes cultures. es

argu-

ments

valent tout aussi bien

pour

la

pression

exercée

par

le maître.

Bien

que

l'on ne

puisse pas,

autant

que je

sache,

prouver

ue

les

pay-

sans

du Haut

Moyen Age

ont abandonné les rotationsde

culture,

l

n'en

est

pas

moins clair

-

il

y

a

longtemps

ue

des historiens 'ont

remarqué

-

que

le Haut

Moyen Age

a connu un lien

particulière-

ment

profond

et

organique

entre

'agriculture

t les

espaces

boisés

omniprésents des espaces boisés qui se sont étendus dans certaines

régions,

sinon dans

toutes,

depuis l'époque

de

l'Empire

romain13.

Cette bestiale

Arcadie était une

authentique

ivilisation

e

paysans,

bien

que probablement

euls les

propriétaires

ibres,

ou bien

les

pay-

sans ne connaissant

ue

des liens

de

dépendance

ssez limités

du type

de

ceux

qui

existaient ur certaines

erres

oyales)

aient

pu

en

profi-

ter les

tenanciers,

ibresou

serviles,

vaient été condamnés

la

sim-

plicité

matérielle e

l'économie du Haut

Moyen Age

et avaient dans

le même

temps

perdu

aussi leurs excédents.

13. E.

Boserup,

he onditions

fagriculturalrowth

Londres,

965. es

argu-

mentsece

paragraphe

ont

ris our artie

ans

European

orests

n

he

arly

iddle

ages landscapend and learance,SettimaneistudioXXXVII, 990,p.479-548.

Je iens

ompte

e la discussionvec

Miquel

arceló.

'affaiblissement

rès

marqué

desrelations

aître-tenanciereconstitue

as

une lternative

la

croyance

ommune

d'un croulement

émographique

ux alentoursu

vie

iècle mais

l

rend

eut-être

l'argument

émographique

oins

écessaire.

Page 43: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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37

J'essaie

de

construire ne

argumentationogique

mais,

bien

sûr,

en l'absence

de

preuve

solide et dans le court

espace

dont

e

dispose,

ce

qui

veut être

concision

peut apparaître

chématisme

u

lecteur,

n

particulier

u lecteur

qui

ne

partage

pas

mes axiomes.

(C'est

d'ail-

leurs

l'expérience

de

Bois

: on ne

peut apprécier

a

rigueur

de

son

analyse,

si on

n'accepte pas

ses

points

de

départ).

Mais

il

faut

qu'il

soit

clair au

moins,

que

même un monde

caractérisé

ar

une

appa-

rente

pauvreté

matérielle

eut

avoir

sa

propre ogique

économique

et le

plus

plausible

est

que

cette

ogique

soit

celle de l'autosubsistance

des familles

paysannesprises

ndividuellement,

u des

communautés

paysannes, ssezmal (ou peut-êtremêmepas du tout)reliées d'autres

groupes

ociaux dans leurs

échanges conomiques.

Ce schéma

est sou-

vent

nterprété

omme a

preuve

de la

décadence

économique

du Haut

Moyen Age

;

je préférerais

e

voir

comme

onctionnel

ans

un

monde

de

paysans

subsistant

n

(relative)

ndépendance

et ne

signifiant

n

aucun

cas nécessairement

une

condamnation de leurs

modes

d'existence.

Cette fonctionnalité

ose

cependant

n

problème que peut

signi-

fierdans une telle société a croissance

conomique

Nous nous heur-

tons ici à de plus grandesdifficultés. ois voit la croissanceagraire

comme le

produit

direct de cette société de

paysans indépendants

libérés

e leur

sujétion,

es

paysansproduisent

lus,

a

population

dou-

ble,

défriche

pp. 161-93).

Il

me semble

manquer

de

preuves pour

étayer

ussi bien l'accroissement

émographique ue

le défrichement

mais

-

c'est encore

plus important je

ne suis

pas

sûr

que

ce soit

ce

que

les

paysans

vont

penser

d'eux-mêmes omme la solution

qui

leur

apporte

es

plus

grands vantages.

l

faut

poser

a

question pour

qui

la

croissance

Après

une

période

nitiale

pionnière

,

le défri-

chementde la terre c'est-à-dire a réduction

permanente

es res-

sources

des bois

qu'implique

a

culture,

plus grande

chelle,

de

zones

arables ou de vignobles ne constituepas une croissancequi pro-

fite aux

paysans, qui

devront ravailler

lus

dur tout en

voyant

se

réduire 'éventail

de

leurs ressources limentaires c'est aux

seigneurs

qu'elle profite.

A

priori

on

pourra

arguerque

le

défrichement

ysté-

matique

est

le

signe

du

retour e la

pression eigneuriale

ur es famil-

les

paysannes

t

qu'il représente,

on

pas

tant une

croissance cono-

mique, qu'un

renforcemente l'insistance vec

laquelle

furent rra-

chés les

produits

des terroirs ultivés

il

était ainsi

plus

facile

de cal-

culer et

d'exproprier

es excédents.On

pourrait

outenir

ue

l'essor

économique

réél

qu'a

connu

le

Moyen

Age

central,

e ne fut

pas

le

mouvement

es

défrichements,

ais

l'étape qui

le

suivit,

e

retourde

l'échange interrégionales produits gricoles et ceci a constitué n

processus

ent et

hésitant,

ommençant

peine

à la

période

carolin-

gienne

et

qui

ne s'auto-entretint

as jusqu'au

xiie

siècle

et

même

au-delà.

Page 44: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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38

C'est au cours

de la

période

carolingienne,

me

semble-t-il,

ue

le

sort

se

retourna ontre a

paysannerie ndépendante.

lus

précisé-

ment,

a croissancedu

commercemontre

u'aux

environs e 800

des

excédents

ommencent

êtreentraînés

lus

loin et ce futcertainement

le faitdes

seigneurs, as

celui

des

paysans

la demande

royale

t aris-

tocratiquepermit

e

développement

e

grands

ports

tels

que

Dores-

tadt ou les industries

e la

poterie

dans les

pays

rhénans14. a

légis-

lation

royale

montre

ue

les libres taientdésormais ur

a

défensive

les rois cherchèrent

ainement les

protéger

e l'aristocratie. récisé-

ment,

a

stabilité

u

système olitique arolingien,

ien

que

«

public

»

etreposant ur es obligations es libres, utorisait'aristocratieycom-

pris,

naturellement,

'Église)

à accroître es

terres ux

dépens

de la

paysannerie

ans

granddanger.

l ne faut

pas

en avoir

une vision

po-

calyptique

il

ne

s'agit

que

des

prémices

d'un

processus,qui,

même

en

France,

n'atteint on

plein développement u'après

l'an mil.

Mais,

me semble-t-il

lausible,

c'est vers

800

au

plus

tard

que

l'on

peut

de

nouveau

parler

d'une

logique aristocratique

ans l'ensemble

de

l'éco-

nomie

européenne

ccidentale d'un

système

conomique ui

n'est

pas

dominé

par

la subsistancedes

paysans

mais

par

la

rentefournie

par

l'agriculture

t

par

un ensemblede relations

politiques

fondées ur

le

partage ntre es aristocrates e cetterente. Ce système évidemmentco-existé vec l'économie

paysanne

u vncsiècletoutaussi

bien,

mais

il

n'avait

pas

encore

l'hégémonie

ur

elle.)

À

la lumièrede la nou-

velle

logique

que je

viens

d'indiquer,

e

défrichemente terresdeve-

nait

avantageux

et

l'échange

commercial

onstituait ne croissance.

Résultat

de cette ente

transformation,

'aristocratie

ouvait

atteindre,

après

'an

mil,

une

position conomique

t

politique

elle

qu'elle

n'avait

plus

besoin

de l'ordre universel

arolingien.

Il

s'agit

naturellement

'hypothèses,

rièvement

xprimées

t

que

je

ne

puis développer

ci.

Malgré quelques points

ommuns,

lles diver-

gent

quelque

peu

de celles de

Bois,

même

si elles sont

exprimées

ous

la même forme bstraite. l faudra encorebeaucoup de travaux t de

nombreuses

ynthèses

microrégionales our

pouvoir

passer

du schéma

abstrait la situation oncrètedes années 500-1000.

Jusqu'alors,

es

généralisationsconomiques,

elles de Bois commecellesde tout

autre,

seront

rovisoires.

'est le réelmérite e Bois d'avoir

nsisté ur 'auto-

nomie

économique

de la

paysannerie

u Haut

Moyen

Age. Cependant

son besoin de

repousser

ous les

changements

ociaux de cette

poque

à la

période

de la

«

mutationféodale

»

l'a

laissé,

pour reprendre

a

proprephrase,

u

«

milieudu

gué

»

(p.

275).

Il

lui faudra

rompre lus

fermementvec

le

pouvoirglobalisant

e cettemutation

vant

qu'il

ne

réussisse tenir n maintoutes es

complexités

u

mondehaut médiéval.

Traduit de

l'anglais par

Monique

Bourin

14.

Voir,

par exemple,

.

Hodges,

Dark

age

economics

Londres, 982,

pp.

151-61J. .

Devroey,

Réflexions

ur 'économiees

premiersemps

arolingiens

(769-877)

, Francia, II, 1986,

p.

475-88.

Page 45: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 45/144

Médiévales

1,

automne

991,

p.

39-46

Pierre BONNASSIE

MÂCONNAIS,

TERRE

FÉCONDE

*

La

mutationde l'an

mil

Un livre

neuf,

mportant,onique.

Meurtrier

our

les idées

reçues,

fécond

pour

la recherche

raie. J'ai

déjà

dit à

Guy

Bois

tout le bien

que je pensais

de son travail

il

attend sans doute

aujourd'hui

de

moi autre chose

qu'une répétition

'éloges. Ayant

donc très claire-

ment affirmémon accord sur sa démarche, a méthode et - pour

l'essentiel

ses

conclusions,

e préfère

ci,

en

suivant

point par point

son

livre,

soulever

es

problèmes ui

méritent,

mon

sens,

une dis-

cussion

de fond.

L'observatoire

Lournand

Il est

excellent,

xceptionnel

même

par

certains

spects,

médio-

cre

par

d'autres.

Voici un terroir clairé

dès le

Xe

iècle

par

une

pro-

fusion

de chartes.

L'auteur a

pu apprendre

en connaître

presque

un à un les habitants s'ils se présentaient lui, il pourrait es saluer

de

leur

nom,

s'enquérir

des nouvelles

de

leurs

proches,

eur deman-

der

quel

champ

ils

vont

bêcher,

quelle vigne

vendanger.

Familiarité

rarissime.

Mais

voilà le hic

:

cette

extrême bondance de

la

documentation

ne

s'explique

que par

la

proximité

mmédiated'un monastère

t de

quel

monastère

Cluny

est

à

quatre

kilomètres. ournand n'est

donc

pas

«

un

village

presque

anonyme...

qu'aucune

particularité

e dis-

tingue

(p.

14).

La

présence

massive

de

Cluny

en a forcémentnflé-

chi l'histoire

Guy

Bois

en est conscient

p. 215),

mais

il

ne mesure

pas toujours combien,

au moins sur certains

points,

sa

documenta-

tion est biaisée. Un seul exemple celui du château de Lourdon qui

*

Les

pages

itées

ntre

arenthèses

envoient

u

livre e

Guy

Bois,

La muta-

tion e l'an

mil.

Page 46: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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40

domine

le terroir.On le

voit,

impressionnant,

ur

la

couverture u

livre,

mais

il

ne

réapparaît u'au chapitre

V,

et

seulement

our quel-

ques pages.

Ce silence a

une

raison c'est

que

le

rapport

château-

village

n'a

pas

été

ici,

comme

partout

ailleurs,

e

rapport premier,

brutal,

mmédiat.La forteresse

ppartient

ux moines et les milites

qu'ils

y

installent emblent

ens

bien corrects

semblent,

mais

qu'en

savons-nous

Cluny

éclaire

Lournand,

mais occulte Lourdon

pourquoi

?

Une société esclavagiste

Oui,

cent fois

oui,

les

servi de Lournand

sont

bien

des esclaves.

Guy

Bois a raison

d'enfoncer e clou :

il

ne faut

pas

tricher vec les

mots. Toutes les thèses

récentes

onfirment,

égion par

région,

cette

longue

survie

de

la servitude

ntique pendant

tout le Haut

Moyen

Age1.

Ceci

dit

-

et c'est

l'un

des

problèmes

fondamentaux est-on

pour

autant

encoreen

présence,

n l'an

mil,

d'un

régime sclavagiste

L'esclavage

est-il

oujours

cettedate le

«

pilier

du

système

ocial

»

?

Guy Bois croitpouvoir e démontrer,e suis beaucoup plus réservé.

Certes,

es esclaves

représentent

n

peu plus

de 15 % de la

popula-

tion active de

Lournand,

certes ls

jouent

sur certainsdomaines

sur-

tout les

propriétés

moyennes )

un rôle encore

important.

Malgré

tout,

le déclin de

l'institution,

ue

Bois semble

mettre n

doute,

me

paraît

au

Xe

siècle

bien avancé.

L'esclavagisme, depuis plusieurs

iè-

cles,

a subi de sérieux

coups

de boutoir des

crises

profondes je

crois l'avoir

dit d'ailleurs

-

l'ont

gravement

ffecté diverses

po-

ques

(aux

ive-ve

iècles,

au

vne

et au début du

vnie

et à nouveau à

partir

du dernier iers

du

IXe

iècle).

De

rafistolage

n

rafistolage,

l

a survécu

mais

il

n'est

plus

que

l'ombre

de lui-même.

À

partir

de

950, c'est l'agonie : si en l'an mil il se maintient ncoretant bienque

mal en

Mâconnais,

il

a

disparu,

totalement u

quasi

totalement,

u

Latium,

de la

Lombardie,

de

l'Auvergne,

u

Languedoc

et de

la

Cata-

logne.

Le fait

capital

me

paraît

être,

à

l'inverse,

'émergence com-

bien

fragile,

mais

spectaculaire)

'une société

paysanne

ibre ce

que

Giovanni Tabacco

appelle, pour

l'Italie,

un

«

mouvement e libéra-

tion

spontanée

. S'il

y

a 15

%

d'esclaves

à

Lournand,

'est

que

85

%

des

paysans

sont libres ils

le sont

presque

à

100 °/o

ur

les

rivesde

la Méditerranée.

On

s'achemine

à

grande

vitesse vers un

régime

de

liberté

paysanne généralisée.

Évolution

nacceptable,

candale intolé-

rable

pour

la classe dominante

Adalbéron

nous

parle

d'un

monde

à l'envers).Les grandsvont remettre e l'ordre et de quelle façon

1.

Il

faudrait

outeses iter. titre

'exemplearactéristique,

oir

elle e Chris-

tian

auranson-Rosaz,

'Auvergne

t ses

marges

u

vm

à

la

fin

du xi'

iècle la

fin

du

monde

ntique

Le

Puy-en-Velay,

987

en particulier,p.389-396).

Page 47: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 47/144

41

Il ne leur faudra

guère

plus

de

trente

ns

pour

inventer e

servage

et

y

soumettre

ne

grandepartie

de ceux

-

pauvres

nnocents

qui

avaient

pu

se

croire ibres. Un hiatus dans l'histoirede la servitude

peut

sembler

nvraisemblable

il

explique

seul à

mon

sens

mais Duby

l'a

déjà

dit mieux

que moi)

le déchaînementde la révolution

féodale2.

Mais

qu'on

ne se

méprenne as.

Même

si

on ne suit

pas

exacte-

ment

Guy

Bois dans sa

chronologie

e la

fin

de

l'esclavagisme,

l

faut

lire et relire

e

chapitre.

On

y

trouverabien des

éclairages

nouveaux

sur

ce

que

Marc

Bloch

appelait

«

l'essence

profonde

e la servitude .

Et aussi sur a place des esclavesdans le processusd'expansion graire

du

Haut

Moyen

Age.

Je

relève à

ce

sujet

(p.

40)

une

observation

importante.

u strict

ontrôle xercé

par

les maîtres ur les

familles

serviles

découle

qu'on

ne trouve

amais

qu'un

seul

couple

d'esclaves

par

tenure.

Or,

contrairement

une idée

courante,

ces

ménages

sont

féconds trois enfants

urvivants n

moyennepar

couple.

Si

un

seul

de ceux-ci reste sur

la

tenure,

que

deviennent es autres?

Vraisem-

blablement hassés

par

le

maître,

qui

n'a

que

faire de

bouches sur-

numéraires,

ls

vont

grossir

a

population

des miséreux

ue

décime

chaque

famine.

À

moins

que,

pour

survivre,

ls

n'aillent s'installer

ailleurs,en des espaces-refugesla forêtbressane toute proche, par

exemple),

y

aménageant

es

clairières,

créantdes

exploitations ion-

nières...

Il

y

a

longtemps

ue je

crois au rôle

joué

par

les esclaves

fugitifs

ans les

premières

manifestations

e

l'expansion

agricole j'y

ajoute

désormais

es exclus

de la tenure familiale.

La

charpente

ociale

Bien

sûr,

usqu'à

l'an

mil,

les vieux

schémas

demeurent t

Guy

Bois n'a

pas

tortde

définir,

la

romaine,

es hommes ibrescomme

des « citoyens : est juridiquementibre celui qui a la capacité de

participer

la vie

publique,

c'est-à-dire

'aller au

plaid

et de

porter

les

armes. Par

ailleurs,

'exercicede cette iberté

mplique

toujours

à la romaine

-

un minimum

e

propriété.

Or,

et

j'ai plaisir

à en

trouver

ci la

confirmation,

'alleu

paysan

existe à

Lournand,

tout

comme

l

existe

en

Catalogne,

en

Auvergne

u

dans les

pays

charen-

tais

:

il

y représente

même

-

proportion

out à fait vraisemblable

-

à

peu près

les deux tiers des terres

privées.

Cette

micro-propriété

2. G.

Duby,

a Sociétéux

xî<

t

xw

iècles ans a

région

âconnaise2e

dit.,

Paris, 971,

p.

127-128,

45-260

Id.,

L'économieurale

t

a

vie es

ampagnes

ans

l'Occident

édiéval

Paris, 962,

.

I,

pp.

403-404,

84-487. obert

outruche,

is-

cutantes dées eDuby st deux oigts 'admettreehiatus,uis inalemente

trouve

rop ênantour

'espritSeigneurie

t

éodalité

t.

I, Paris, 968,

p.75-76).

J'ai

repris

ansma

thèse e débat

uby-Boutruche,'exemple

atalan llant

leine-

ment ans e sens

es

propositions

e

Duby La

Catalogne

u milieu

u

Xe

la

fin

du xi'

siècle,

oulouse, 975-1976,

.

I,

pp.828-829).

Page 48: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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42

a-t-elle

une

origine

ussi ancienne

que

le

pense

l'auteur

?

J'en

doute,

mais

peu importe.

L'essentiel est de constater

que,

les

acquisitions

compensant

es

pertes,

ette

ssise

allodiale

est solide. Tout au

moins

jusqu'aux approches

de l'an

mil,

époque

à

laquelle

l'accélérationdes

échanges

déstabilise 'alleu

paysan

le marchéde la terre

'active,

es

prix

flambent. e

phénomène

'inflation vait

été décelé

dès

1953

par

Cinzio Violante en Milanais

(où

les

prix

de

la terre

quintuplent

u

cours

du

Xe

iècle) je

l'avais

moi-même

bservé utour de

Barcelone

(où

ils

quadruplent

ntre

980

et

1020)

et

Reyna

Pastor,

se

fondant,

elle,

sur les

prix

du

bétail

(qui triplent

u

quatruplent

ntre 950

et

1050 environ) 'avait décriten Castille3 Guy Bois apportedonc là

une nouvelle

pièce,

fort

mportante,

u

dossier.

Est-ce

à dire

que

cette ouverture u

marché,

conditionnée

ar

une

production

ccrue des

ateliers

monétaires,

st un

fait

radicale-

ment nouveau ? Peut-être Lournand.

Plus

au

sud,

il

y

a,

en l'an

mil,

beau

temps que

se

dessine,

à

travers

lle,

un

processus

de con-

centration oncière

ui

a

déjà

entraîné ien des

enrichissements

t

aussi

bien des détresses.Mais

il

est vrai

que, partout,

usqu'aux

années

980-1020, 'alleu,

dans

l'ensemble,

résiste

bien.

Si

les

petits ropriétaires

ommencent

pâtir

de

l'appétit

des

gros,

ceux-ci ont atteints 'une autrefaçon par l'effondrementes struc-tures

politiques.

ls ne

peuventplus compter

ur les

multiples

vanta-

ges

que

leur

procurait

a

fréquentation

u

comte,

ui-même

rès

ffai-

bli :

la

rupture

du lien ombilical

qui

les

unissait

à Mâcon est

pour

eux lourdede menaces.

Analysepertinente,

auf

peut-être

ur

un

point.

Ces

sept

riches familles

qui

dominent e terroir ont-ellesvraiment

représentatives

e la classe des

«

maîtres ? Je ne le crois

guère sauf

pour

les

Merzé).

Ce

sont

en

vérité

de

bien

piètres

maîtres : deux

d'entreeux ne

possèdent

guère que cinq

manses

au

temps

de Char-

lemagne

on

les

eût classés

parmi

es

pauperes

Je me demande

plutôt

s'il

ne

s'agit pas

de la

frange upérieure

e la

paysannerie

lleu-

tière celle-làmêmequi, capable de procurer ses fils des chevaux

et des

armes,

fournira

e

gros

de la

troupe

des milites autrement it

des

guerriers

montés

qui

iront se

placer

au

servicedes

grands.

Des

vrais

«

grands

:

je

veux

parler

des

illustrissimi

des ciar

ssimi,

des

magnats,

des barons

qui

dominentde très haut toute la masse dés

alleutiers.

l

s'agit,

on l'a

compris,

des maîtresdes châteaux.

Le nouveau

rapport

ville-campagne

Voici

arrivé

ans

doute le moment

écisifde la réflexion e

Bois.

3. C.

Violante,

a sociétà

milaneseeir tà

pre-comunale

Bari,

953

nou

.

édit.

1974),

oir h.

V P.

Bonnassie,

p.

cit.,

.

,

pp.

409-414

Reyna

astor,

«

Ganadería

precios

n León

y

Castilla

siglos

i-xiii)

,

Cuadernos

e

Historiae

España

1962,

p.

40-42,

8,

53-54.

Page 49: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 49/144

43

Que

faut-il

penser

de

«

l'étrange

destinéedu

phénomène

urbain

»

?

Au termede

cinq

ou

six siècles

de

déclin,

a ville

antique

est

quasi-

ment ombée n état de coma

dépassé.

Or soudainementa

vie urbaine

renaît t fait

preuve

out de suited'un

dynamisme

tonnant. es

piren-

nistes

ux

marxistes,

ien des

explications

nt été

tentées

t de

l'ago-

nie et du renouveau toutes sont

parcellaires,

ertaines

ndigentes.

C'est

qu'il

faut

repenser

e

problème

en

termes

de

système

t c'est

ce

que

fait Bois

magnifiquement.

La

primauté

de

la ville

antique

était d'ordre

politique

elle

était

le lieu où s'investissaientes revenus

drainés

par

l'État,

elle

prospé-

rait des ponctions péréespar l'impôtsur es campagnes.L'État affai-

bli,

la ville

décline. Certes

'Église, relayant

'État,

peut

la

maintenir

en état de

survie,

mais ceci ne fait

que

retarder

'échéance.

Alors

pour-

quoi

le

«

renouveau

(terme

vrai

dire

mpropre, uisqu'il

s'agit

de

la naissance d'une nouvelle

structure)

Il

tire

ses

origines

du

déclin

lui-même.La

fin

du

parasitisme

urbain

soulage

les

campagnes,

es

libère

elle

est

l'un

des facteurs

rincipaux

de l'essor de

l'économie

rurale. Et de celui-ci naît

la

ville nouvelle

qui

est

aux

antipodes

de

la ville

antique petite

mais

omniprésente,

lle

vit

en

symbiose

vec

sa

campagne

qui

l'enrichit

ertes,

mais

qu'en

retour lle

irrigue éné-

reusement es produitsde son artisanat t de ses ateliersmonétaires.Le

rapport

ville-campagne

cessé d'être à sens

unique

;

il est désor-

mais

un

rapport

de

couple,

fécond.

Non seulement e modèle

proposé par

Bois est

convaincant,

mais

il

pourrait

trouver une confirmation

contrario dans

les

régions

d'Europe

où s'est maintenue

'antique

relation

tributaire.On

pense

aux

campagnes

byzantines

t à leur

«

splendide

mmobilisme bien

décrit

par

Michel

Kaplan

:

«

nous

pouvons,

dit-il,

n

tracer e même

tableau au

vic,

au

IXe,

au

XIe

ou au

xivc

siècle

l'absence totale de

progrès

echnique

st une donnée fondamentale

e

l'agriculture yzan-

tine,

qui

demanderait

d'ailleurs une

explication

4. Elle

est

toute

trouvée.

La

croissance

agraire

Guy

Bois

prolonge

ci

une

réflexion morcée

-

par

lui-même t

par

d'autres

-

lors du

Xe

Colloque

de Fiaran5.

Je

passe

sur

quel-

ques prises

de

position

trèscontestables

sur

la

fixité e

l'habitat,

par

exemple,

ou sur

les

origines

mmémoriales

e la

communauté

e vil-

lage)

et

sur

quelques paradoxes

difficilement

outenables

p.

190

:

«

c'est l'instauration e la

seigneurie

anale ou

châtelaine...

qui

allait

4. Dans

Byzance

t le

monde rthodoxe

sous

a dir.

ďA.

Ducellier),

Paris,

1986,

.

186.

5.

La croissance

gricole

u

Haut

Moyen

ge

chronologie

modalités

géogra-

phie

Fiaran

0,Auch,

990.

es ctes ece

colloque

ont

ondamentauxur a

question.

Page 50: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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44

décloisonner

e monde rural

»).

J'en viens aux deux idées de

base,

énergiquement résentées 1)

la croissance s'inscrit dans la

longue

durée,

2) l'impulsion

vient

d'en

bas.

Comment

ne

pas y

souscrire

Il

m'a

toujours paru

très

clair

que

la

croissance

n'avait

pas

été décré-

tée,

mais

qu'elle

était e fruit e

plusieurs

iècles

trois, uatre,cinq ?)

de travail

et

d'initiatives

paysannes.

Son

point

de

départ Guy

Bois

opte

pour

une date

très

précoce,

situant

'étiage

dans le dernier

uart

du

IIIe

iècle,

époque

d'incursions

barbares,

de

graves

convulsions

ociales,

de destruction e nombreu-

ses

villae.

Dès

600,

pense-t-il,

es

plaies

sont cicatrisées t

l'expansionpeut démarrer.Je suis moinsoptimiste l'an 600 me sembleplutôt

marquer

e creux de

la

dépression avec

tout son

cortège

de

pestes,

guerres,

famines)

et

c'est

donc des

vnc-viiie

iècles

que j'aurais

ten-

dance

à dater es débuts

du

décollage.

Mais

ceci

reste ncorede l'ordre

de la

conjecture.

L'essentiel est de constater

que

dès l'an

mil,

en

Mâconnais

comme en

Catalogne,

«

la

plus grande partie

de

l'espace

cultivable

st

déjà

mise en

valeur ». Ici

comme

à,

«

les terroirs ont

proches

de leur

point

d'achèvement . La

croissance,

dans sa

phase

la

plus

intense,

st donc bien

antérieure la Révolutionféodale elle

la

conditionne,

oin d'être

provoquée par

elle. Ce

renversement

e

perspectivesme semblepersonnellementller de soi. Quant aux cadres

socio-économiques

dans

lesquels

s'est

déroulée cette

expansion,

ils

m'apparaissent

out aussi évidents

u'à Guy

Bois

: la famille

onju-

gale,

la

petite

exploitation,

a communauté de hameau.

Et,

avec

l'auteur

qui

apporte

sur

ce

point

de forts

rguments,e

suis

prêt

à

ajouter

le

«

petit

domaine

».

Une révolution

Oui,

la

mutation éodale est bien une révolution.

lle en

présente

tous les traits.Elle estgénérale du Milanais à la Galice, il n'est pas

de

région

qui

ne soit

touchée. Elle est soudaine tout se

passe

en

l'espace

d'une

génération,

ci

plus

tôt

en

Mâconnais,

Auvergne,

Aqui-

taine entre

90

et

1030),

plus

tard

en

Biterrois,

n

Catalogne

entre

1030

et

1060),

mais ces

décalages chronologiques

d'ailleurs aisé-

ment

explicables

-

ne

changent

rien au

phénomène.

Elle est enfin

d'une brutalité

ffrayante

à

lire

Guy

Bois

et en

dépit

des

sévices

u'il

cite,

'ai

même

'impression

ue

le

Mâconnais

a été relativement

par-

gné

;

on est

loin de la

sauvagerie ignalée

en d'autres lieux.

En

tout

cas,

comme

en

89,

ce sont bien

les

privilégiés

ui

ont commencé

«

le

signal

des hostilités

ut ancé

par

les tenantsdu

passé, par

cette

aristocratieocale, guerrièret esclavagiste, ui formait a base sociale

du

système arolingien,

mais

voyait

ses

positions

s'effriter.

On ne

saurait

mieux

dire.

Il

est sûr

en tout cas

que parfois

a

paysannerie courageuse-

Page 51: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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46

Ce

bouleversement,

ous avons

appris aujourd'hui

à le dater

pré-

cisément,

ous

pouvons

en décrire es

facteurs,

es

modalités,

es con-

séquences.

Dans ce

progrès

décisif

de la

connaissance

historique

e

Mâconnais

a

joué

un rôle

pionnier.

À lui

l'honneur d'avoir

donné

naissance

à

la

thèse

de

Georges Duby,

matricede

toutes es

œuvres

majeures

de

l'école

française

depuis

1953. Parti

du

Mâconnais,

un

voyage

au

long

cours

a

été

entrepris,

ont les

étapes

se sont situées

en

Latium,

en

Provence,

en

Biterrois,

n

Catalogne,

au

Portugal,

en

pays

charentais,

n

Auvergne.

Voici

qu'avec

le

retour Lournand a

boucle est

bouclée,

et de belle manière.Vraiment

ouclée

?

Sûrement

pas. Nous attendons a suite, et d'abord de Guy Bois.

Page 53: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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Médiévales

1,

automne

991,

p.

47-53

Lluis

TO FIGUERAS

UN

REGARD

PÉRIPHÉRIQUE

SUR

LA

MUTATION

DE L'AN MIL*

Guy

Bois est sans

doute un

des

plus remarquable

médiévistes ran-

çais

par

sa

capacité

à

combiner

la

fois recherche

mpirique,

igueur

méthodologique

t création

théorique.

Un

peu

de tout cela

apparaît

dans son dernier

uvrage

consacré

à

Lournand. Un

livre

plein

d'idées

nouvelles,

qui

sont

autant de

sujets

de réflexion

entrale dans la

recherche istorique ctuelle. Son mérite st d'autantplus grand que

comme lui-même e

rappelle,

ses sources avaient

déjà

été

exploitées

par

d'éminents

médiévistes.

e

souci de se

placer

dans

l'explication

globale

de la mutation

féodale,

rend souvent un

peu

étroit e cadre

local

et

par conséquent

ne

critique

e

l'ouvragepeut

êtrefaite

par-

tir d'autres

sources,

d'autres

régions,

dans une

sorte de vérification

périphérique.Périphériquepour

ceux

qui

verraient

luny

au

centre

d'une économie-monde

u

XIe

iècle.

Ce commentaire

ortera

ur

quelques

éléments

pars

du

raison-

nementde

Guy

Bois à la lumièrede sources

contemporaines

t com-

parables

des fonds d'archives de la

péninsule bérique qui

ont fait

l'objet d'étudesplus ou moins récentes. es sujetsenfin ui ont occa-

sionné

des débats

parmi

les médiévistes

spagnols1.

On

essayera

de

revoir

insi

: la

persistance

e

l'esclavage antique,

e

poids

de la

pay-

sannerie

ibre,

les

spécificités

amiliales,

a réalité du marché

de la

terre,

a croissance

agraire,

la

conceptualisation

de la

société

du

Xe

siècle.

*

Les

pages

itéesntre

arenthèses

envoientu livre e

Guy

ois,

a mutation

de

l'an mil.

1. Unétat e a rechercheistoriqueécentenEspagneeuttrepprochépartir

des rticles

u

volume

I

de Studia istóricaHistoriaedieval

publié ar

'Univer-

sité e

Salamanque

n 1988.

u encore ans

es ctes

u

colloque

n tornol

feuda-

lismo

ispánico.Congreso

e Estudios edievales

tenu l'Université

e

Léon,

t

publié

n

1989

ar

a Fundación

anchez-

lbornoz.

Page 54: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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48

1.

Sans

aucun doute

la forceavec

laquelle

Guy

Bois

revendique

la

persistance

e

l'esclavage antique

usqu'à

la

veille de l'an

mil

est

une nouveauté.

En

Catalogne,

es esclaves

ppparaissent armi

es

legs

testamentaires

es

puissants.

On a encore des

exemples

de

réduction

en servitude

n

933

ou

987 et même un

jugementpour

démontrera

conditon

serviled'un

homme en

874 avec un vocabulaire similaire

celui

employé

en

Mâconnais2.

Néanmoins,

n

Catalogne

ou en Castille es esclaves

n'étaient

pas

si nombreux

u seuil

du

XIe

iècle. Et les dernières

mentions ont

à

retrouver ans les

grands

domaines

ecclésiastiques,

omtaux

ou fis-

caux, parfoisen tantque domestiques.Peut-être a proximité e la

frontière

vec l'Islam

et

l'histoire

nterne

du

royaume wisigothique

expliqueraient-elles

ette

faiblesse

de

l'esclavage

autour

de l'an

mil,

et

l'esclavage

aurait-il

déjà

subi

une crise

profonde

la veille

de la

conquête

musulmane3.

Du

point

de vue

théorique,Guy

Bois

remarque

es

différences

entre

es esclaves

des

grands

et des

petits

domaines. Si le

premier

st

souvent

déjà

un

colon,

un

tenancier,

e second reste

en

général

un

esclave

non-tenancier.

Même si les esclaves

des

petits

domaines ont

été

installés

dans des

exploitations gricoles

en

remplaçant

l'escla-

vageen chiourme ratiqué ur es grandsdomaines par la petite ro-ductionde caractèrefamilial

p.

38).

Ce « chasement

d'après Guy

Bois

n'implique

pas

le féodalisme

u la

formation

'une

société

féo-

dale

(p.

39).

Or,

l'argument

entral

pour distinguer

es esclaves

cha-

sés

des

tenanciers

st l'absence

de

droits héréditaires

ur les

petites

exploitations

gricoles

ù ils

étaient

nstallés

p. 40).

Leur maître

ou-

vait les

marier

loisir,

es installer

illeurs

p.

41)

;

ils

n'avaient

pas

à

payer

une

redevance

fixe

»,

mais toute

eur

production

tait

con-

fisquée

par

leur

maître

pp.

33-34 et

37).

Malheureusement

es

preuves

ont

surtout

ndirectes.

n n'a

pas

d'exemples

d'expulsions

d'esclaves,

de

mariages

forcés,

et la non-

apparitionde nouveaux noyaux familiaux sur la terre des familles

esclaves

vant

a mortdes

parents p.

40) peut

être

due aussi au

«

néo-

localisme

»,

c'est-à-dire

la coutume

familiale

de s'installer

illeurs

lors

du

mariage.

l

faut

se demander

i le

comportement

es esclaves

était

mposé

par

les maîtres

t s'il

était

vraiment i différent

e celui

des libres.

D'ailleurs

Guy

Bois

avoue

que

certains sclaves

étaient ais-

sés sur

la terre

de leurs

parents

p.

42).

En

outre si

l'exclusion des

2.

Exemple

e

ugement

ar

Marca

Hispanica,p.

34,

. 874.La

persistance

e

Pesclavage

e

type

ntique

été

oulignéear

P.

Bonnassien

Catalogne

ans a

Catalogne

u

milieuu

x<

la

fin

du

xv

iècle.

roissance

tmutations

'une

ociété

Toulouse,

975-1976

tdans

on rticle

ur e

sujet

«

Surviet

extinctionu

régime

esclavagisteansPOccidentu hautMoyenge ive-xieiècle), CahierseCivilisa-

tion

Médiévale

1985,

,

pp.

307-343.

3.

P.

Bonnassie,

rt.

it. t

J.M.

Minguez

«

Ruptura

ocial

implantación

el

feudalismo

n

el nordeste

eninsular

siglos

III-X)

,

Studia istórica

vol.

II,

2,

1985,

p.

7-32.

Page 55: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 55/144

49

esclaves de

la vie

publique

est bien connue à

travers es sources

égis-

latives,

l

est moins

évidentde la

décrire

partir

des

preuves

offertes

par

les sources

de la

pratique.

2.

L'importance

de la

petite propriété paysanne

et des

petits

alleutiers

qui

assuraient

'exploitation

d'une

large partie

du terroir

(pp.

23,

45,

71,

91-92)

est encore une

caractéristique

majeure

de la

société catalane ou castillanedu

Xe

iècle. Dans

les sources

bériques

on

peut

même rencontrer

es

exemples

d'activité ollectivede la

part

des communautés

de

paysans

alleutiers,

omme vient de

le montrer

pour l'Aragon J.J. Larrea4. Ce qu'apparemmentne rencontre as

Guy

Bois

dans

les sources du

Mâconnais,

même

s'il

peut

supposer

des solidaritésnouées

par

les

pratiques

communautaires t la

posses-

sion

commune de bois et de

pâtures.

Par contre

l

est

plus problématique

'identifier

a stratification

sociale

décrite,

ui oppose

les maîtresd'esclaves aux

petits

lleutiers

(p.

96).

Les cas de différenciationociale à

travers 'accumulationde

terres

peuvent

être

retrouvés

n

Catalogne

au

Xe

siècle et

probable-

ment ailleurs

au nord de la

Péninsule

bérique.

En

Mâconnais,

mal-

gré

sa

faiblesse,

a tenureexiste

déjà

et elle fait

des

progrès

«

À

côté du vieux rapportservile,en concurrencemême avec lui, nous

voyons

ainsi

apparaître

t

grandir

e nouveau

rapport

de

production

fondé sur le

régime

de la

tenure,

prêt

à

s'élancer,

à

se

généraliser

(p.

87).

Les mécanismes ont comme d'habitude

l'endettement,

es

donations

p.

89).

Si,

comme

e

le

crois,

l'esclavage

était moins

pré-

sent dans les communautés urales de la Péninsule

bérique,

surtout

à

proximité

e la

frontière,

ans les

régions

de

«

re-peuplement

,

la

tenure

y

était souvent

plus développée.

Au niveau

plus

élémentaire

la différenciation

ntre

manouvriers t laboureurs est évidente

dans

les sources catalanes de la même

époque.

En

revanche l

est beau-

coup plus

difficile e

savoir s'il existait

du

travail aisonnier u

sala-

rié comme on l'affirmepour Lournand (pp. 90-91).

3.

Guy

Bois insiste ur les

spécificités

e

la

famille,

qui

consti-

tuaient

une

des clés

pour

distinguer

es esclaves des

petits

domaines

du reste. Car

chez

les esclaves

«

le

célibat

y

était

imité

par

l'absence

d'autres

perspectives

ociales,

'âge

au

mariage

ans doute modelé

par

les besoins

économiques

du

maître,

a fécondité

ébridée

par

l'absence

de frein d'ordre

patrimonial (p.

56

;

voir

aussi

p. 167).

Mais la

fécondité

devrait être

comptabiliséepar rapport

à

l'âge

au

mariage

et le taux de célibataires

pour

en

tirerdes conclusions

démographi-

ques

réelles

(la

mortalité tant

probablement

imilaire

pour tous).

Autrement it, si l'âge au mariage y étaitplus tardif, ela explique-

4. J.J.

arrea,

Moines

t

paysans

à

l'origine

e la croissance

graire

ans

le Haut

Aragon

ix-xeiècle)

,

Cahiers

e

Civilisation édiévale

1990,

3,

pp.

219-239.

Page 56: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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50

rait

un

nombre

de

fils

par couple plus

élevé dans

les

textesmais non

dans

la réalité.

Encore

une fois les

sources

du Xe

siècle

ne

permet-

tent

pas

d'avoir des

connaissances

précises

sur

l'âge

au

mariage).

La

forme

des unités familiales

tait

la

même

pour

les

paysans

libres

et

les esclaves la

famille

nucléaire

p. 56).

En

accord

avec ce

modèle,

les fils en se mariant

quittaient

e

foyer

familial ou atten-

daient la mort des

parentspour

se

marier.

La création

de

nouvelles

unités

était

toujours

conditionnée

ar

la

disponibilité

n

terre.Seule-

mentdans le cas où la

pression

émograpique

amiliale

tait rès

forte,

les

parents

pouvaient

détacher

une

partie

de leur

terroir

our

y

ins-

taller eurs fils mariés.Et encore fallait-il voir dans ce cas un large

surplus

de

terres u les

moyens

d'en

acquérir

pour

ne

pas compro-

mettre

e

développement

e

l'exploitation gricole.

En

tout

cas

cette

coutume familiale de

transmission e

la

terre ne

présupposait

pas

l'absence de droits

héréditaires.

Même si

les maîtres

parvenaient

forcerdes

mariages

ou

des

transferts,

a

logique

étaitaussi

d'adapter

a main

d'œuvre aux

exploi-

tations

disponibles.

Ainsi l'évolutionde tout

le

village,

esclaves com-

pris,

était liée au

stock

de

terres

disponibles

p. 168).

Seulement

i

par exemple

on

pouvait

démontrer

ue

les

paysans

alleutiers

taient

plus actifsque les maîtresdans les défrichementst dans la créationde nouvelles

exploitations,

n

pourrait xpliquer

un taux de

mariage

plus

élevé,

un

âge

au

mariage plus précoce

ou

encore une

croissance

démographique lus poussée5.

Surtout i

l'on

reste

toujours

dans

le

cadre du modèle de la famille nucléaire.

Une autre

question

concerne es

origines

t l'évolution de

cette

famille ucléaire. ci

Guy

Bois semble e

rapprocher

es thèsesde

Jack

Goody,

en

soulignant

e

rôle de

l'Église

dans la diffusionde

ce

modèle6

(p. 252).

Mais

apparemment

le

modèle

de

la famille

nucléaire est

déjà

bien établi en

Mâconnais

au Xe

iècle. Par

contre

les historiens

e la

Péninsule

bérique,

depuis

A. Barbero

et M.

Vigil,

ont cru retrouveres tracesd'anciens clans ou familles arges,soumis

à un

processus

de

désintégration

nterne7.José M.

Minguez

croit

que

la diffusion

du

modèle de la famille nucléaire

et la

disparition

des

anciennes structures amiliales sont

liées

à la

croissance

agraire8.

Il

rejoint

Guy

Bois

pour qui

«

la

cohésion

de

la cellule de

pro-

5. Les

34

célibatairescôtéde 135

ménages

ecensés

armi

es esclaves

p. 53),

s'ils

ne sont

as

en réalité

es

veufs,

onstitueraientn taux e

célibat

articulière-

ment levé.

6. Jack

oody,

he

developmentf

the

amily

nd

marriage

n

Europe

Cam-

bridge

niversity

ress,

983

traduction

rançaise

rmand

olin,

985).

7. A. Barbero M. Vigil La

formación

el

feudalismo

n

a Peninsulàbé-

ricaBarcelone,978.Voir ussiJ.A.GarciadeCortazar, a sociedadural n a

España

medieval

Madrid,

988.

8. J.M.

Minguez,

Antecedentes

primeras

anifestacioneselfeudalismo

stur-

leonés

,

dans

n torno

l

feudalismoispánico.Congreso

e

Estudios

edievales

pp.

87-120

spécial, p.95-97).

Page 57: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 57/144

51

duction

domestique

evient acteur e croissance

graire (pp.

191-192

et

252).

La dernière

pécificité

st

celle

des maîtres d'esclaves ou

gros

alleutiers

P

on retrouve es

«

prolongements

ardifs e la

Sippe ger-

manique

»

(pp. 99-100),

mais en fait

Guy

Bois ne

signale que

des cas

de

familles

comportantplusieurs noyaux conjugaux

et la

laudatio

parentorum

ans les transferts

e

propriété

p.

97).

De même

'argu-

mentde l'existence

des

rapports

de

parenté

dans les

villages p. 216)

reste

un

peu vague

si l'on ne

peut préciser

a

fonction

e

ces réseaux

de

parenté9.

4.

Si

en Mâconnais

il

n'y

a

pas trop d'exemples

d'achats

ou ven-

tes

de terres vant

950,

en

Catalogne

et en

Castille es

exemples

ont

nombreuxmême

avant cettedate. Par contre es sources utilisées

par

Guy

Bois montrent

'importance

e

la

mobilité

arcellaire.

Aux

trans-

ferts

des terres

par

la voie

des

héritages

vec

«

partibilité

,

dots et

douaires,

il

faut

ajouter

un

large

mouvement

d'échanges

mutuels

(pp.

76-78) qui, d'après

l'auteur,

auraient

pour

fonction e rationali-

ser

géographiquement

es

patrimoines

aits d'éléments

trop

épars.

Les différences

ntre a

Catalogne

et le

Mâconnais,

de ce

point

de vue, sont peut-être ues aux sources conservées.En outre il nefaut

pas

déduire

trop

vite des achats-ventes'existenced'un marché

de la terre omme c'était

le

cas sans

doute

pour

la

région proche

de

Barcelone

nalyséepar

P. Bonnassie. Ailleurs es achats-ventes e ter-

res

pouvaient

acherdes

adaptations

des familles

la taille des

exploi-

tations

agricoles

ou d'autres

stratégies

amiliales10.

5. La croissance

graire

st l'un

des

sujets

exceptionnellement

l'ouvrage

reste assez

proche

des idées

classiques. Après

avoir avoué

qu'il s'agit

d'un

phénomène

ans

«

réponse simple

ou

«

détermina-

tion unilatérale

,

Guy

Bois

reprend

es

références

lassiques

aux

pro-

grès techniques p. 154). Mais il accorde aussi un certain rôle à la

disparition

e

la fiscalité

d'État,

le

«

desserrement

e

l'étau fiscal

»

(pp. 187-252),

ou à la

diffusionde la

petite

exploitation

familiale.

Sur la

chronologie

e cette

croissance,

es données sont

plus

ava-

res. Les

progrès

echniques

ont

«

un

acquis

de la

période franque

(p. 182)

ou

«

s'étalent

dans

la

longue

durée

»

(p. 180).

Il

est assez

surprenant ue

cette croissance

lente

(avec

la création de

surplus)

9.

Les

anthropologues

nt émontré

ue

a

parenté

st

un

phénomène

ulturelt

non naturel. La

parenté

,

en

effet,

'importance

ue

ui accordea société. a

parenté

n soi n'a

pas

de

fonctionsociales u

économiques.10. Desstratégiesamilialeseréciprocitétaient'explicationesachats-ventes

de terre ans e cas étudié

ar

Giovanni

evi

dansL'ereditàmmateriale

Torino,

Einaudi

ditore,

985,

p.

83-121.

rgumentepris

ar

C.

Wickhamans

Vendite

di terra

mercatoella erra

n

Toscana

el

ecolo

I

»,

Quaderni

torici

5, 1987,

pp.

355-377t dans

Themountainsnd the

ity

Oxford,

987.

Page 58: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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52

n'entraîne

pas

un lent

développement

u

marché.

Par

contre,

Guy

Bois

retrouveune

brusque

irruption

u

marché dans

un

très court

espace

de

temps,

970-980

pp.

81 et

257-258)

et une

brusque

muta-

tion

du

rapport

ville/campagne

p.

141)

assez difficile vérifier

empiriquement.

Les acteurs

de la croissanceà

Lournand

sont

à la

fois les

pay-

sans

alleutiers t les maîtres

ossédant

des esclaves

«

Si,

du côté des

communautés,

'essentielrésida

sans doute dans l'intensification u

travail,

du

côté des

maîtres a dominante

fut

dans le

progrès

echni-

que

et

les

gains

en

productivité

u travail

(p.

194), par exemple

la

diffusion u moulin eau » (p. 204). Si P. Bonnassie vaitbienmon-

tré la

capacité

innovatricedes communautéscatalanes en matière

hydraulique,

J.J.

Larrea a

pu

établir e rôle actif des

paysans arago-

nais dans

la croissance

ntérieure l'an mil.

D'après

J.J. Larrea la

pression paysanne

sur le

terroirn'aurait

pas

été sans

conséquences

dans

la créationde

nouveaux

sites

de

peuplement,

e nouveaux

fina-

ges.

Paradoxalement n

Mâconnais la croissancene se traduit

as par

une altération

uelconque

du

peuplement

p.

174),

mais seulement

ne

«

densification es

terroirs,

nciennement

ccupés

sans en

créer

de

nouveaux

»

(p.

190).

6. Les conclusions

e

l'ouvrage

donnent 'idée d'un

système

nti-

que

cohérent une

société

esclavagiste

t

tributaire

la

fois,

dans

laquelle

les maîtres irent eur

forcede leur

domaines

esclavagistes

t

des ressources

de

l'État. Un État

qui

a été

remplacé par

l'Eglise

et

ses

ressources ù

la dîme

occupe

la

place

de l'ancien

impôt

romain

(pp.

102-103).

Si on se référé

la

Catalogne

il

est

difficile

e savoir

usqu'à

quel point

a dîme

étaitune ressource ssentielle e

l'Église.

En

général

les institutions

cclésiastiques,paroisses comprises,possédaient

des

domaines vec

en

particulier

es tenanciers

ui

fournissaientes

reve-

nus. Des débrisdes anciens mpôtsapparaissentun peu partoutmais

apparemment

ls sont

négligables.

Par

contre

a terre

fiscale,

et en

particulier

a terre

nculte,

tait une

source

de revenusdans

un con-

texte de

défrichements,

ans

la mesure où les

pouvoirs

de

l'époque

parvenaient

faire reconaîtrede tels droits

par

les communautés

paysannes.

Dans

le contexte u

nord de la Péninsule

bérique

n devrait

aire

une

plus

large place

aux

paysans

ibres e situant n dehors

du cadre

esclavagiste-tributaire.

a faible

capacité d'exploitation

de la

paysan-

nerie

p.

219)

décrite

par Guy

Bois

devait être

plus marquée

dans ces

territoires

roches

de

la frontière vec l'Islam.

Cette différencee structureociale au Xe iècledoit nuancerun

peu

le bilan de la

révolutionféodale dans cette

périphérie

méridio-

nale. Si à Lournand elle

a

pu

être

ibératrice

t

dirigée

par

une frac-

tion de l'aristocratie

vec l'intervention es masses

(pp.

233-235),

en

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Médiévales

1,

automne

991,

p.

55-61

EUROPE CAROLINGIENNE

ET

EUROPE

MÉRIDIONALE :

LE POINT DE VUE

D'ADRIAAN

VERHULST

Propos

recueillis

par

Monique

BOURIN

Pour

les

raisons

que j'ai déjà

indiquées

en

avant-propos,

nous

souhaitions

rèsvivement

u'

Adriaan

Verhulst

onfie

à

ce

numéro

de

Médiévales

ses

points

de vue sur la

«

mutationde l'an

Mil ». Diver-

ses revues ont eu la même

dée

que

nous,

notamment

ast and Pre-

sent et les Annales

Et Adriaan Verhulst

aussi

consacré

au

régime

domanial

à

l'époque carolingienne

n

rapport aru

dans le

volume

10

des

colloques

de Fiaran

Il

y

rejoint

naturellement

e thèmedes

for-

meset des rythmese la croissance vant 'an Mil Aussi ne souhaitait-

il

pas

exposer

lui-même

une nouvelle

fois

ses

arguments.

En

revanche,

l a

accepté

de

nous

confier

es

réactionsd'histo-

rien

des

pays carolingiens

evant es thèses

roposées

récemment

our

des

régions

méridionales

ar

Chris

Wickham,

ierreBonnassie et

Guy

Bois

et de les

confronter

sa

propre expérience

es

régions

epten-

trionale

. Nous

publions

donc avec son accord

une

synthèse

e ses

points

de vue

Adriaan Verhulst

ntroduit a réflexion

ritique

sur les travaux

de Wickham,Bonnassieet Bois en remarquant u'ils se situent ous

les trois

dans la tradition

marxiste

ui

définit e féodalisme

omme

le

mode de

production

où des

paysans

dépendants,

emi-libres

mais

non

plus

esclaves,

doivent

u

seigneur

une

renteen

travail,

en

pres-

tations

en nature

et en

argentpour

les terres

u'ils

tiennent

e lui.

Et

il

remarque

'intérêt

ue

l'historiographie

arxiste

toujours

porté

au

problème

de

la transition 'un mode

de

production

un

autre,

en l'occurrence

de

l'esclavagisme

au

féodalisme.

Il

lui semble

que

jusqu'à

ces

travaux,

ce

problème

été abordé

plutôt par

des

écono-

mistes

ravaillant e seconde

main

que

par

des historiensmédiévistes.

Selon

Verhulst,

'est

l'un des

points

communs

ces recherches isto-

riques proprementdites que d'offrirpour la premièrefois des

réflexions

ur

le Haut

Moyen Age

se réclamant

du marxisme.

Au-delà

de cette

perspective

héorique, globalement

ommune,

Chris

Wickham,

Pierre Bonnassie

et

Guy

Bois offrent

ourtant

rois

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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56

visions rèsdifférentes

u

passage

de

l'Antiquité

u

féodalisme,

otam-

ment dans leur

chronologie.

D'emblée,

apparaît

la

spécificité

e la

périodisation

doptée

par

Wickham,

la

foistrès

haute

puisque

'évolution

st

engagée

dès avant

la

fin

de

l'Empire

romain,

es esclaves devenant

très tôt

des tenan-

ciers

payant impôts

et

loyers

et

accélérée

à

l'époque

carolingienne

lorsque

sont

exigées

ces

nouveautés,

es

corvées de travail.

En

revanche,

pour Guy

Bois,

il

n'est

pas

légitime 'employer

e

termede

Moyen Age

avant la

mutationde l'an mil.

Jusqu'alors

es

permanences ntiques sont dominantes,notamment ans la réparti-tion de la

propriété,

onstituéede

petitesexploitations

lleutières t

de

domaines,

majoritairement

e

petite

taille

permanences

urtout

dans le mode

d'exploitation

de ces

petits

domaines,

exploitation ar-

tout assurée

par

des esclaves non chasés.

Des travaux de Pierre Bonnassie sur

l'esclavage,

il

faut

retenir

le

concept

de restauration

arolingienne

t

l'idée

que

la

seigneurie

banale est issue

d'une réaction

ristocratique

ontre

'extinction,

ar-

dive,

de

l'esclavage.

Avant

de discuter es

interprétations,

driaan

Verhulst

xprime

un premiernsemble e critiques proposd'affirmationsu'il lit,sous

la

plume

des trois

auteurs,

concernant

es

régions septentrionales.

Il

ne

peut

faire sienne 'idée de

Chris

Wickham,

que

le

système

des corvées se serait d'abord établi

en

Italie où

il

aurait été

organisé

dès le milieu du

vie

siècle,

pour gagner

ensuite

'Allemagne

méridio-

nale au début du

vme

siècle

et le

Nord de la

France à la

fin

du vme

et au début du

IXe

iècle. Cette

hypothèse

n'est nullement

ompati-

ble

avec les données des textesd'entre

Loire et Rhin. La

chronologie

de

l'apparition

des corvées

-

l'époque

carolingienne

est celle

que

reprend

A.

Verhulst,

mais

pas

sa

géographie.

L'hypothèse e PierreBonnassie elon aquelle es esclaves eraient

nombreux

n Germanie orientaleau

IXe

iècle

parce

que

l'esclavage

y

serait

plus

récent

qu'ailleurs

est fortement

uancée

par

Verhulst.

S'il

confirme

e

nombre

mportant,

l

y

voit

des raisons

toutes diffé-

rentes.

En

revanche,

l

s'accorde avec Bonnassie

sur

la

persistance

e

l'esclavage pendant

la

«

restauration

arolingienne

.

Les

caractéristiques

es

petits

omainesmâconnais

rappellent rop

celles de l'Est du

Rhin

à la même

époque pour accepter

'idée,

pro-

posée par Guy

Bois,

que

ce domaine

mâconnais du

Xe

siècle est une

survivance e

l'Antiquité.

S'ils sont

uridiquement

sclaves,

ces hom-

mes et

femmes

ui

le

cultivent,

mariés,

chasés même

très médiocre-

ment,n'ont pas le statutsocial des esclaves de l'Antiquité.

Si

Verhulst

ne

partage pas

les vues de

Guy

Bois concernant a

permanence, l'identique

u

presque,

de

l'esclavage ntique

au

Xe

iè-

cle,

il

discute

également

a

chronologie

de l'extinction e

l'esclavage

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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57

proposée par

C. Wickham comment

concevoir la

création du

domaine

biparti

si

Pesclavage

a

déjà

disparu

?

Les

remarques

es

plus

fondamentales

ortent

ur

les mécanismes

de la croissance

gricole

à

l'époque

«

franque

,

sur

laquelle

actuel-

lement

presque

tout le monde

s'accorde,

même si cette

période

est

définie

plus

ou

moins

précisément

t s'étend

plus

ou moins suivant

les

auteurs.

En

premier

ieu,

toute

l'interprétation, résentéepar Guy

Bois

commeexemplaire, e l'évolutionde la sociétémâconnaise ux appro-ches de l'an mil dans les environs e

Cluny paraît

tout à fait ncom-

patible

avec les résultats

des

recherches

e Barbara Rosenwein la

constitution

'une

seigneurie

e

grande

dimension

erturbe rop pro-

fondémentes mécanismes

normaux de l'évolution

conomique

et

sociale.

Si l'on met à

part

cette

critique

méthodologique

concernant

l'exemplarité

u

cas

«

Lournand

»,

P. Bonnassie est sans doute celui

dont les thèses

sont les

plus opposées,

dans

l'analyse

des formes t

des moteurs

e

la

croissance,

celles d'A. Verhulst.

.

Bonnassie

tig-

matise

a

rigidité

u

grand

domaine,

obstacle

ux

défrichements,

'iner-

tie des corvées, esponsables e la faiblesse es rendementst du man-

que

d'innovation

echnique

lors

qu'il

faut en faire e lieu même de

la croissance.

Mais Chris

Wickham et

Guy

Bois aussi

mettent

'accent sur un

développement

é au sein de la

petitepaysannerie

llodiale,

faitd'ini-

tiatives

ndividuelles,

e

solidarités

t de division du travail.

Certes,

Guy

Bois ne nie

pas, pour

les

régions

il

existe

-

pas

le Mâcon-

nais

-

la

participation

es

grands

domaines à l'accroissement

e la

production gricole,

notamment

ar

le biais de

la

créationdes

petites

tenures

our

les

paysans

ibres t

non-libres,

mais

il

n'én fait e méca-

nisme moteurni de la croissanceni de l'évolution sociale.

Verhulstne souscrit

donc

pas

à

l'interprétation,

onnée

par

ces

trois

auteurs,

de la

persistance

e

l'esclavage

dans les

régions

epten-

trionales

il

y

relève

également

ne insuffisante

ttention u

rôle

du

système

omanial dans les transformations

t la

disparition

inalede

l'esclavage.

En

effet,

'est au sein

du

grand

domaine et

par

la créa-

tion du

régime

domanial

qu'il

faut

comprendre

t la

disparition

e

l'esclavage

et la croissancede la

production.

Les domaines des Caro-

lingiens

t de

l'Église,

entre a Seine et le

Rhin

ont eu les

moyens

politiques

et

économiques

de

procéder,

en même

temps

et

dans

un

même

mouvement,

de

grands

défrichements

ui

accroissaient a

superficie e la réserve, la constitution e tenurespour les paysans

libres

et non-libres

t à

l'obligationpour

les uns

et les

autres

de tra-

vailler

par

corvées es

parcelles

de la réserve.A. Verhulst oit a crois-

sance

du Haut

Moyen

Age

suivantd'autres mécanismes

t le

passage

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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58

de

PAntiquité

u féodalisme

uivantune autre

chronologie ue Guy

Bois,

Pierre

Bonnassie et Chris

Wickham.

Divers

travaux récents oncernant es

régions

situées à l'Est du

Rhin

révèlent

e

poids

crucial,

au Haut

Moyen

Age,

des domaines

du

roi et de

l'Église,

pour

la condition ociale et

juridique

de

la

pay-

sannerie

vivant sur ces domaines

et

son évolution.

Il

est

bien

probable qu'au

Nord de la Loire et

des

Alpes,

40

%

au moins

de la

population

vivaient

ntégrés

des domaines. Deux

typesprincipauxde travailobligatoire, i l'on simplifie, esaientsurcette

paysannerie,

'un évalué en semaines

ar

année et l'autreen

jours

par

semaine.

Et en

général

chaque type correspondait

une

catégo-

rie de

tenanciers,

'un côté les libres

ou

demi-libres

coloni,

lidi et

de l'autre

es tenanciers on-libres

servi,

mancipio).

l

est donc

justi-

fié d'établir

un

lien

entre

e statut

uridique

des

tenanciers

u de

leur

tenure

et celles de leurs

obligations

de

travail.

La corrélation

ntre es deux

est

au

VIIIe

et au

IXe

iècles

parti-

culièrement

orte

l'Est

du Rhin. Dans nombrede

régions

l'Ouest

du

Rhin et au Nord de la Loire

elle

disparaît

rogressivement

u cours

du

IXe

iècle.

En mêmetemps,à l'Est du Rhin, se produitune autre évolu-

tion

l'aggravation

des servicesde travail

pour

les tenanciers

non-

libres.

À

côté

de la

corvée

de 3

jours

par

semaine,

aractéristique

es

non-libres,

a culturede toute une

pièce

de terrede la

réserve,

ui

était

usqu'alors

exclusivement

mposée

aux

libres,

eur

est

étendue.

Une

évolution

nalogue,

c'est-à-dire

ne

aggravation

es servicesde

travail,

e

produit

ussi à l'Ouest

du

Rhin,

notamment ur es domai-

nes

du monastère

e Prüm

dans

l'Eifel

ou,

près

de la côte de

la Man-

che,

sur les domaines

de Saint-Bertin.

Mais,

à

la différence e ce

qui

se

passe

à l'Est

du

Rhin,

ce sont es libreset les tenanciers ffranchis

à qui l'on imposedésormais e travail ervile, ypiquedes non-libres,

de deux

ou

trois

ours par

semaine.

Et

cette nouvelle

obligation

ne

pèse pas

sur

eux

seulement

ans le cas où

ils

tiennent n manse

ser-

vile,

pour

lequel

ce

type

de service

est

requis.

Il

s'agit

clairement

d'innovations,

u'on peut interpréter

omme es

signes

d'une restau-

ration

carolingienne,

omme

le font Pierre

Bonnassie,

à

propos

de

l'esclavage

et Chris Wickham

pour

tous les tenanciers.

Dans

un

premier emps

de telles

aggravations

nt

pu

conduire

à

un

abaissement

de la

paysannerie

ibre.

Dans

une

seconde

phase,

en

revanche,

'installationd'esclaves

comme

tenanciers,

arfois

même sur des manses

libres,

a contribué

à leurprogression conomiqueet sociale. L'acquisition qui en résulte

pour

eux,

d'outils,

de charrue t

de

bœufs

a

pu

inciter

eurs maîtres

à leur

demander es travaux

pécifiques,

els

que

la culture 'une

par-

celle

de la

réserve.

l

est

probable,

en

effet,

ue

ce

type

de travail

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60

diversesmanières

et en nombre croissantdans les

liens

du

système

domanial.

Pour les

régions

ù les sources

ne donnent

pas

de

renseignements

directsdatant

des

vinc

et

IXe

iècles,

la

validité de cette

hypothèse

émise

à

partir

es

régions

'entreSeine et Loire

est

appuyéepar

nom-

bre

d'exemples

d'une évolution

nalogue

un

peu

postérieure,

évélés

par

les sources écrites

du

IXe

iècle.

Exception

faite de

quelques

domaines situés

dans des

régions

forestières

t

pionnières

de l'Occi-

dent,

telles

que quelques-unes

des

propriétés

e

l'abbaye

de Montie-

renderdans les régionsde la Marne, il s'agit d'exemplesvenantdes

régions

situéesà l'Est du Rhin.

Là,

la

petite

dimension es terres rables

de la

plupart

des réser-

ves de l'aristocratie

quelques

douzaines

d'hectares

eulement) xploi-

tées la

plupart

du

temps par

un

petit

nombre de

familles serviles

signale

e

caractèremoins achevé

du

régime

omanial.

Les fiscs enus

dans

les mains

du roi ou les domaines

ecclésiastiques,

enus souvent

d'un

don

royal,

étaient

n revanche

beaucoup plus

vastes et

géogra-

phiquement

oncentrés.La taille

de

leur réserve tait

également,

n

comparaison

de

la

superficie

otale des

tenures,

lus

vaste

qu'il

n'en

allait sur les

domaines

plus petits

de l'aristocratie.

t

les services

de

travail sur ces domainesroyauxet ecclésiastiques taientplus lourds

et

pesaient

a

plupart

du

temps

sur des esclaves

qui

avaient été cha-

sés sur

des mansi

ou

hobae

serviles

n

bien

plus grand

nombre

que

sur les

petits

domaines

de

l'aristocratie.

Dans de

nombreux

as,

des

services

e travail

aractéristiques

es tenanciers

ibres,

els

que

la cul-

ture d'une

pièce

de terre

de la

réserve,

eur

étaient

mposés.

Ainsi,

de

part

et d'autre

du

Rhin,

la

comparaison

ne révèle

pas

de

différence

ssentielle ans

le

régime

omanial,

simplement

n déca-

lage

de

quelques

dizaines

d'années. Le sens de l'évolution est le

même le

passage

d'une

exploitation ar

travail

ervile

ur

des domai-

nes de petitetaille (certainsn'ont pas encore de structure ipartite)

à une

exploitation

e

grands

domaines

bipartispar

des esclaves

cha-

sés

ou des

paysans

ibres

ncorporés

u domaine.

Il

y

a derrière ette

évolution

'expansion

du

pouvoir

royal

francet de

l'Église,

d'abord

dans

la France du

Nord

(aujourd'hui

la

Belgique

et la rive

gauche

du

Rhin)

dès

le

viie

siècle,

et un

peu

plus

tard

-

à

partir

du

début

du

VIIIe

iècle

-

à l'Est du

Rhin.

Entrece

développement

u

pouvoirpolitique

t

ecclésiastique, ui

culmine

vec la

«

Restauration

carolingienne

'un côté et

l'expan-

sion

économique

t

démographique

e

l'Europe

du Nord-Ouest

epuis

la findu VIIe iècle, Adriaan Verhulst uppose une relation.

Dans cette

perspective,

'an

mil

n'est

pas,

dans ces

régions

du

Nord et de

l'Est,

comme

pour

Wickham,

Bonnassieou

Guy

Bois,

plus

au

Sud,

le

temps

d'une brutalerévolution

éodale,

mais d'une évolu-

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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61

tion

qui

naît dans la croissancede la restauration

arolingienne, ar

une

politique

conscientedes

milieux

dirigeants.

Entre

es thèses

des historiens méridionaux

que

sont Bonnas-

sie

et

Wickham,

insi

que,

occasionnellement

ette

fois,

Guy

Bois et

les

siennes,

l

est

évidemmententant

'opposer

terres

u Nord

et

espa-

ces

du Midi. Mais Adriaan Verhulst

fait

remarquer

a

convergence

entre es

analyses

t celles

de PierreToubert

pour

l'Italie,

qui

démon-

trent

galement

ne certaine orrélation ntre

a

progression

u

pou-

voir

franc et celle du

régime

domanial

classique.

Il

conclut donc en

appelant

de ses vœux une

étude de la France

méridionale u Haut

Moyen Age qui réexamine es documents la lumièredes thèses for-

mulées à

partir

des zones

plus septentrionales

en

reprenant

'idée

de

l'influence

oyale

ou

seigneuriale

ans la

disparition

e

l'esclavage

et

le

poids

de

son

absence.

Page 67: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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Médiévales

1,

automne

991,

p.

63-68

Yoshiki

MORIMOTO

RÉFLEXIONS

D'UN

HISTORIEN JAPONAIS

SUR

LE

LIVRE

DE

GUY BOIS

1.

Dans

son

ouvrage,

G.

Bois

propose

une

conceptionoriginale

et très

personnelle

du Haut

Moyen Age

occidental

qui

semble en

exclure

toute autre.

Il m'a

ainsi

obligé

à

réfléchir érieusement ux

concepts

dont

je

me

suis

servi

pour

mes études de l'histoire

graire

de

cette

époque,

d'autant

plus que

mon

estimeest

grande

à

l'égard

de son travail novateur ur la crisedu féodalisme.Ma contribution

se limitera

ci à la

caractérisation

u Haut

Moyen

Age

en tant

que

période,

et,

en

particulier,

celle de

l'époque carolingienne.

Je fais

ce

choix,

parce que

ce

problème

été

depuis

longtemps

n

des sou-

cis

majeurs

des historiens

aponais

:

j'avais

donc

l'envisager

ou-

vent et

m'y

voilà

engagé grâce

à mon

collègue

français.

Je

voudrais

expliquer

a raison

historiographique, our laquelle

je

ne

peux

pas

me rallier

à la

thèse

de

Bois,

tout en

présentant

ux

lecteurs uro-

péens

un

aspect

des recherches

aponaises

sur le

Moyen Age

occiden-

tal.

Malgré

les

critiques

dressées

par

l'auteur à la

polyptycoma-

nie

», je

continue soutenir 'utilité normede ces documents.

Faute

de place, ce volet de mon argumentationera publié ailleurs,proba-

blement dans

une

suite

à mon article

sur

les

polyptyques

arolin-

giens

.

2. G. Bois est

catégorique

quand

il

bannit e Haut

Moyen

Age

de

la

période

du

féodalisme.

ndépendamment

e

ses éléments ons-

titutifs

ue

l'on

peut déjà qualifier

e

féodaux,

e

système

ocial caro-

lingien

est

totalement

ntique, parce que

fondé sur

un

esclavage

et

dominé

par

un

État.

Il a

fallu une révolution

ui

s'est

passée

autour

de l'an

mil

pour qu'un système

ocial féodal

s'installe,

bolissant

défi-

nitivement'esclavage et mettant n place la seigneurie anale. Cette

façon

de

voir

apparaît

rès

française,

n ce

qu'elle prolonge

t

amplifie

1.

Y.

Morimoto,

État

t

perspectives

esrecherchesur es

polyptyques

aro-

lingiens

,

Annales

e

l'Est

5-40-2, 988,

p.

99-149.

Page 68: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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64

une

tendance,

marquée

chez

les médiévistes

français,

à

souligner

l'importance

u

changement pporté

vers

'an mil

par

l'avènement e

la

seigneurie

banale. Bois lui-mêmecite G.

Duby

et P.

Bonnassie

comme ses devanciers

R.

Fossier,

qu'il critique

à maintes

reprises,

s'intègre

ussi

parfaitement

ans cette

igne.

Naturellement ois ne

manque pas d'originalité,

urtout

orsqu'il

met en relief ne croissance

agraire

vant e

XIe

iècle,

la différencee

ses

prédécesseursui

vou-

laient réduire

e niveau du

développement ocio-économique

arolin-

gien.

Pour

lui,

la société

carolingienne,omportant

ne infra-structure

déjà largement

éodale,

est

antique parce que

sa

supra-structure

st

déterminée ar un étatisme rchaïque. Cette convictionde la survie

de

l'État

antique

à

l'époque carolingienne

mprime

son

ouvrage

une

autre llure

française

dans les étudesrécentes ur

es institutions

aro-

lingiennes,

ertainshistoriens

rançais,

notamment .

Magnou-Nortier

et

J. Durliat en font eur

point

de

départ2.

Or,

cette

pensée

française

très

tôt exercé une

grande

nfluence

auprès

des historiens

aponais

intéressés,

ans une

perspective

om-

parative,

par

la

périodisation

du

Moyen

Age européen.

Confrontés

avec la

périodisation

e leur

propre

histoire,

ans

laquelle

un

Moyen

Age

ou une

période

féodalene se

présente

as

commeune

unité

ppa-

rente, ls voulaient n effet hercher es jalons sûrsde rapprochementdans l'histoirede l'Occident. Le

point

de

départ, près

la

guerre,

es

études

japonaises

sur

le

Moyen

Age

européen

a été

donné

par

K. Takahashi sous

la forme d'une

périodisation ystématique,

ans

laquelle l'époque carolingienne

tait considérée omme

'âge classique

du féodalisme.Connu

pour

sa

participation

ctive

au débat interna-

tional sur

la transition u féodalismeau

capitalisme3

t

préoccupé

presque

exclusivement

e la

problématique

e

l'élimination u féoda-

lisme

par

les

forces

socio-économiques

de

petits

et

moyens

produc-

teurs,

Takahashi

a naturellement

ensé que

la

situation

ncore

très

précaire

des

paysans

et des artisans

pouvait

servirde

preuve

décisive

pour fixer cetteépoque la positionla plus stable du féodalisme.

Dès

la deuxièmemoitié des années

50,

cette

façon

de voir a été

fort

ritiquée,

n sorte

qu'une

idée totalement

pposée,

consistant

qualifier

a

société

carolingienne

e

pré-féodale

'est

répandue4.

C'est

ici

que

l'œuvredes médiévistes

rançais

été mise à contribution.our

exclure

'époque

carolingienne

u

temps

féodal,

mes

prédécesseurs

e

sont

servi de deux

arguments

majeurs présence

massive

d'esclaves,

2. Voir n dernier

ieu,

J.

Durliat,

Les

financesubliques

e

Dioclétienux

Carolingiens

284-889),igmaringen,

990.

3. Ses

principaux

crits

n

français

ont éunis ansK.

Takahashi,

u

féoda-

lisme u

capitalisme.

roblèmese la transitionParis 982.

4. Parmies travauxaponais e cettepoquementionnésci, e seul ccessible

dans ne

angue

uropéenne

st e résumé

nglais

«

Formationf feudal ominion

and he ural

ommunity

n

Dijonnais

ndMâconnaisde T. S

b t

,

Hokensihaio

seirituo

onrakukyodotaiTokyo,

962. our e

reste,

oir e

Japon

u

XIe

ongrès

des ciences

istoriques

Stockholm

Tokyo,

960,

II-3.

Page 69: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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65

d'une

part,

et absence

d'un

pouvoir seigneurial

ien

enraciné,

d'autre

part.

Certains

ont

essayé

de démontrer

ue

la

majorité

de la main-

d'œuvre

jusqu'à

la

fin

du

Xe

siècle était

composée

d'esclaves. Ils

se

sont certainement

nspirés

es efforts emblables

ui

se

faisaient lors

dans les

recherches ur l'histoire

graire

du

Japon

bien

que

l'escla-

vage

n'y

ait

jamais

été

patent, quelques spécialistes

nt

cru

pouvoir

établir

qu'un

esclavage

domestique

était une

composante

essentielle

de la

société

aponaise jusqu'à

la

fin

du

xvie

siècle. Mais

l'impact

des

travaux

français

été

plus

direct

ur les historiens

aponais qui

vou-

laient

mettre

n

relief

'importance

de

l'esclavage

au cours du

Haut

MoyenAge européen le célèbrearticlede M. Bloch sur l'esclavage

finissant

eur a servi de

point

de

départ5

l'ouvrage

de Ph.

Dollin-

ger

sur

les

classes

ruralesen

Bavière,

ayant

mis l'accent

sur

l'impor-

tance des

éléments

sclaves

usqu'à

la

décomposition

u

régime

oma-

nial,

es

a

convaincus

u'une

recherche

ur

es

esclaves

du

Haut

Moyen

Age

vaudrait a

peine

d'être tentée6 ils ont travaillé

ur

le

polypty-

que

d'Irminon,

renant

ci

exemple

ur

l'analyse

minutieuse e ce

célè-

bre document

par

Ch. Ed. Perrin7.Cette dernière émarche

abouti

à la

constatation

ue

la main-d'œuvre

ecensée

omme

attachée

une

tenurene

suffit

énéralement

as,

tant s'en

faut,

à sa mise en valeur

et, de là, à la conclusionqu'il existaitun nombre très important

d'esclaves,

remplissant

e vide sans être nscrits ans le

polyptyque.

D'autres médiévistes

aponais

ont

soutenu,

en

s

opposant

à

la

périodisationproposée par

Takahashi,

que

la

société

carolingienne,

les

institutions 'étaient

pas

du tout

ordonnées autour de la

féo-

dalité fondée sur un

pouvoir seigneurial

bien

constitué,

devait être

située en dehors de la

période

féodale. Pour

eux,

seul le

grand

mou-

vement ocial

de la fin du Xe

siècle,

provoqué

par

l'installation e la

seigneurie

anale,

marque

le

commencement e cette

période.

En,

se

servant

utilement u livre

de G.

Duby qui

venait

d'être

publié8,

ils

ont donné à

penser

qu'une

«

révolution

gricole

»

autour

de l'an

mil

a favorisé la concentration 'habitat qui, à son tour, a renforcé

l'arrangement

erritorial

t

l'intensification e la

domination

eigneu-

riale. Pour

souligner

e

contraste ntredeux

époques séparées

par

l'an

mil,

ces historiens nt

opposé

deux

institutions

espectivement

epré-

sentatives d'une

part,

e

régime

omanial,

disparate

omme

unité

de

domination t

très

peu

diffusé

géographiquement

t,

d'autre

part,

a

seigneurie

anale couvrant a

plus grandepartie

des

campagnes

omme

5. M.

Bloch,

Commentt

pourquoi

init

'esclavage

ntique

»,

Annales-ESC

1947,

p.

30-43,

61-170.

6.

Ph.

Dollinger,

'évolutiones classes uralesn

Bavière

epuis

a

fin

de

l'époque arolingienneusqu'aumilieu uxw iècle, aris, 949.

7.

Ch.

Ed.

Perrin,

Observationsur e

manse ans a

régionarisienne

u début

du

ixe

iècle

,

Annales-ESC

1945, p.

39-52.

8. G.

Duby,

a sociétéux

xie

t

xw

iècles ans a

région

âconnaise

Paris,

1953 2e

d.,

1971.

Page 70: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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66

entité

erritoriale.

ls

ont

été

aidés,

dans

ce

dernier

ropos, par

la lec-

ture de

l'ouvrage

de R. Latouche9.

3. La

critique

du

système

e

Takahashi a

beaucoup

contribué

établir u

Japon

des études

du

Moyen Age

occidental

part

entière.

Cette

opération

s'est

certesréalisée à

partir

d'une

lecture ssez

limi-

tée des

publications

françaises.L'analyse

des

documentsmédiévaux

était

encorerare. Mais les travauxmenésdans ce cadre

visaient met-

tre en

relief

des

aspects positifs

t

progressistes

u

féodalisme u du

Moyen Age,

ce

qui

les

éloignait

ensiblement

u

point

de

vue,

à

par-

tirduquelon avait usqu'alors regardée féodalou le médiéval omme

des obstacles

au

progrès.

La nouvelle

vision

plus

favorable u

Moyen

Age

a suscité chez nous

un intérêt

pour l'Europe

médiévale,

telle

qu'elle

était,

avec toutes ses lumières

t

toutes ses ombres.

Mais

cet

intérêt,

rienté ussi vers

e Haut

Moyen

Age,

a

conduit à

examiner,

d'une

façon

critique

ette

fois,

a nouvelle

position

consistant

faire

commencer

a société féodale

à l'an mil.

Curieusement,

ette

position

s'était

vue

encore

renforcée

ar

l'influence urable de H. Pirenne

ur

certains historiens

aponais

: en lisant

son Histoire

économique

du

Moyen Age

qui

débute

effectivement

ar

la

«

renaissance du com-

merce», on a été impressionné ar l'importancede la coupure quiaurait existévers l'an mil10.C'était avant tout une attitude

atégo-

riquementnégative

vis-à-vis

de

l'époque

carolingienne, ui

a

provo-

qué

une sorte

de

scrupule.

À

ce

propos

deux

conditions

propres

au

Japon

me semblent

voir

été

des facteursutiles dans ce travail de

révision.

D'une

part,

on

était

habitué à

envisager

ne

société,

où des

élé-

ments nciens

t nouveaux ont nextricablementêlés.

On devait

ussi

essayer,

dans un

deuxième

temps,

de caractériser

lobalement

ette

société.

Cela était

dû essentiellement

ux

études

sur a structureocio-

économique11

u

Japon après

la Restauration

de

Meiji

en

1868,

qui

obligeait envisager n largespectre 'institutions,llant de la grande

entreprise apitaliste

ux

paysans

presque

serviles.

l

était

important

de définir

ette tructure

fin d'orienter e mouvement

olitico-social

féodalisme

u

pouvoir

concentré, emi-féodalisme,

ociété

capitaliste

9. R.

Latouche,

es

origines

e 'économie

ccidentale

iv-xi'

iècle),

aris,

956.

10. Sur

historiographieaponaise

elative

l

influence

e

Pirenne,

oir

. Mori-

moto,

Towards new

onception

fthe rban

istory

f

theWesterniddle

ges.

Some

historiographical

emarks

,

dans

Urbanism

n

slam.The

roceedingsf

the

international

onference

n

urbanism

n

slam

ICUIT),

Oct.

2-28/1989

Tokyo,

989,

pp.

145-167.

11. Pour

es dées

rincipales

oncernanta structure

ocio-économique

u

Japonaprès 868, oir .Toyoda, Révolutionrançaiset RévolutioneMeiji. tude ri-

tique

es

nterprétations

e Kosa

t de Rono

,

Annales

istoriques

e a Révolution

française

1963-1,

p.

10-24 Y.

Yamanouchi,

Japan

,

dans G. G.

Iggers-

H.

T.

Parker

éd.),

International

andbook

f

historicaltudies.

ontemporary

research

nd

theory

New

York, 979,

p.

253-278

ch.

14).

Page 71: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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67

au

pouvoir

absolutiste,

ociété

capitaliste

vec des

survivances éoda-

les

etc.,

autant

de

formules llustrant a difficulté e la

tâche.

Il

est

intéressant e constater

ue

deux

approches opposées

se

sont

esquis-

sées

:

certains

'en

tenaient urtout la nature

du

pouvoir

en tant

que

facteurdéfinissant a société

entière,

t

d'autres voulaient

esti-

mer en

premier

ieu les réalisations

u

niveau du fondement

cono-

mique

de la

société.

l

était

visible

que

les

premiers

endaient

quali-

fier a société

aponaise d'après

1868

de

féodale,

alors

que

les

seconds

croyaient lutôt

à

sa nature essentiellement

apitaliste.

Èn

tout

cas,

de ce débat

presque

nterminable,

ous avons tiré a

leçorï

u'une

sou-

plesseesttoujours requisesi nous voulons caractériser ne société ou

une

époque

aux

composantes multiples,

voire

contradictoires.

D'autre

part,

es médiévistes

aponais

avaient

'avantage

de

pou-

voir

suivre

en même

temps

es résultats es

recherchesmenées dans

les différents

ays

d'Europe.

Certes

rares

parmi

mes

compatriotes

ont

ceux

qui s'occupent

du

Moyen

Age

italien

ou

espagnol,

t

encore

plus

scandinave

ou

slave-occidental.

Mais

quand

nous

envisageons

el ou

tel

problème

du

Moyen Age

occidental,

nous

pensons

habituellement

à des

publications

rançaises,

llemandesou

anglaises.

Probablement

la distance

nous

séparant

e

l'Europe

fait

que

l'unité

européenne

ous

paraît être une donnée plus naturelle u'aux Européens eux-mêmes.Il arrive

arfois ue

certains istoriens

aponais,

individuellementtta-

chés à

un

seul

pays européen,

présentent

n

peu

unilatéralementux

lecteurs

aponais

une idée

«

nationale

.

Même dans ce

cas nous

pou-

vons avoir accès

à

des idées

opposées

ou

complémentaires

enantdes

divers

pays européens.

Naturellement ela est

particulièrement

rai

dans les études

du Haut

Moyen

Age

où la France et

l'Allemagne

n'étaient

pas

encore

séparées.

Ainsi nous avons

pu tempérer

e

pessi-

misme

français

u

sujet

du

niveaude

développement

ocio-économique

à l'aide des données

procurées

par

des médiévistes

llemands,

chez

qui

un certain

optimisme

st

plutôt

de

règle.

4.

J'appartiens

la

génération

ui

s'est

proposée

de revoir a

sous-estimation

u

niveau

carolingien

2

et cela

explique,

au

moins

en

partie,

pourquoi je

ne

peux pas

maintenant

dhérer

à la

thèse de

G.

Bois.

Il

faudrait

un

long développement our

examiner

es

argu-

ments.

ci

je

devrai me contenter

e faire deux

remarques,

n

fonc-

tion des

deux

points

venant d'être

indiqués

sur

l'historiographie

japonaise.

Premièrement,

ans

sa

caractérisation e la société

carolingienne,

Bois

me semble

trop

attaché à définir

a naturedu

pouvoir,

tout en

négligeant

ans cette

âche

es

réalisationsmatérielles e

l'époque,

dont

il soulignepourtant ui-même 'importance.On a l'impression ue,

12.Pour

es

grandesignes

e

ce travaile

révision,

oire résumé

rançais

«

Pro-

blèmes

e a

formatione 'économie édiévale

n Occidentde Y.

Morimoto,

eio

Chusei

eizai

Keiseikateio

Shomondai,

okyo,

978.

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 72/144

68

en

se

séparant

du

déterminisme

conomique

dont

les défautsétaient

apparents,

l

tombe

dans

un

déterminisme

olitique.

Il

m'est difficile

de croire

que

l'État

carolingien

tait

totalement

ntique

et

esclava-

giste

pour

la

simple

raison

que

cet État était en

possession,

comme

le

reconnaîtnotre

collègue

français

ui-même,

de

grands

domaines,

basés

sur les

exploitations

amiliales

paysannes

de

type

féodal

et,

à

ce

titre,

représentant

l'époque

les entitésrurales es

plus

dévelop-

pées.

Si

une

croissance

graire

aussi

remarquable ue

celle

que

Bois

essaie

de décrire

été achevée sous

cet État et si les masses de

l'épo-

que

en ont

effectivement

énéficié,

pourquoi

vouloir à tout

prix

ui

appliquer une étiquette ussi archaïsante

Deuxièmement,

'ouvrage

de Bois aurait

gagné

à

tenir

ompte

vec

un

peu plus

d'attention

des études en cours dans les

pays

voisins.

Même si

les travaux

anglais

voulant montrer

n niveau

élevé écono-

mique pour

le Haut

Moyen Age,

en

particulier partir

des données

archéologiques

t

numismatiques, euvent

tre aissés de côté dans la

mesure

ù ils ne

concernent

as

directement

e

royaume

ranc,

es tra-

vaux

allemands

uraient

u

être rès

utilement iscutés. a

longue

érie

des études

sur le

manse,

culminant

avec

les

articles de

W.

Schlesinger13,

e montre-t-elle

as

que

le chasementd'esclaves

avait un effetbeaucoup plus important ue Bois ne le pense, parce

qu'un

attachement ffectif e non-libres ux

lopins qu'ils

cultivent

pouvait

être

uridiquement

econnu dans

le cadre du mansus servi-

lis ? Au

sujet

des nouveaux

rapports

villes/campagnes ue

Bois veut

fairedébuter

la fin du

Xe

iècle,

'œuvre de M.

Mitterauer,

W. Blei-

ber etc.

14,

ne réunit-elle

as

des

indices de

leur

propagation

dès

le

très

Haut

Moyen Age

? Plutôt

que

de lire ses

critiques

ur es anciens

marxistes

ui

n'auraient

pas

réussi

intégrer

a

question

urbaine

dans

le

système

éodal,

on

aimerait

mieux savoir ce

que

Bois

pense

du

tra-

vail récent

de E. Müller-Mertens

5

visant

à

définir

a formeurbaine

spécifique

au Haut

Moyen Age.

Les expériencesaponaisesme permettentonc de direque ce sera

dans une discussion

sereine,

où les

participants

e montreront ou-

ples

et ouverts

ue

la

grande

contribution

e G. Bois sera

pleinement

mise

en valeur.

13. Le dernier

t e

plus ynthétique

stW.

Schlesinger,

Die Hufe

m

Fran-

kenreich

,

dans

H. Beck- .

Denecke- . Jankuhn

éd.),Untersuchungen

ur

isen-

zeitlichen

nd

rühmittelalterlichen

lur n

Mitteleuropa

nd hre

utzung

I,

Göttin-

gen,

979,

p.

41-70.

14. M.

Mitterauer,

arkt

nd tadt

mMittelalter.

eiträge

ur

historischen

Zentralitätsforschungy

tuttgart,

980 W.

Bleiber,

Grundherrschaft

ndMarkt

wi-

schen oire

ndRhein

ährendes

9. Jahrhunderts.

ntersuchungen

u hrem ech-

selseitigenerhältnis, Jahrbuchür Wirtschaftsgeschichte1982-3,p.105-131.

15.

E.

Müller-Mertens,

Frühformen

ermittelalterlichen

tadt der tädte

eigener

rt

m

Frühmittelalter

Reflexionufdie

fränkische

eutsche

tadtentwick-

lung

or

derJahrtausend

ende

,

Zeitschriftür

Geschichtswissenschaft

1987, 5,

pp.

997-1008.

Page 73: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 73/144

Médiévales

1,

automne

991,

p.

69-76

Nancy

GAUTHIER

L'ANTIQUITÉ SE POURSUIT-ELLE JUSQU'À L'AN MIL ?

Une

spécialiste

de

l'Antiquité

et du Haut

Moyen Age qui

par-

court

les siècles

d'amont en

aval est

toujours

inquiète

de voir si sa

vision

globale

de

l'évolution

historique

e

raccorde à celle de ses

col-

lègues

médiévistes

orsqu'eux-mêmes

es remontent

'aval en amont.

À

ce

titre,

e livre de

Guy

Bois est

le bienvenu dans

la

mesure

il

essaie

moins de

décrire

ue

de

comprendre.

omme le dit l'auteur

(p. 14) le petitvillagede Lournand n'est qu'un « point d'appui au

service

d'une

réflexion

lus

large

»,

laquelle englobe

plusieurs

iècles

et une

bonne

partie

de la

France

actuelle,

au moins. Le

«

point

d'appui

»

est-il

udicieusement

hoisi ? D'autres sauront

e dire. Mais

puisque

l'exemple proposé

est

censé avoir valeur

de

modèle,

il

n'est

pas

nécessaire

d'être

spécialiste

de

Cluny

ni

du

Xe

siècle

pour

se

sen-

tir invitéà

la réflexion...

et,

pourquoi pas,

à la discussion

puisque

tel est

le but

explicitement

ssigné

ce livre-manifeste

ar

son auteur

G. Bois cherche n

renouvellement

e la

problématique

abituelle

dans un

renversementes

perspectives

t,

au lieu de

décrire

a

société

en partantdes classes dirigeantes arce qu'elles sont mieux- ou un

peu

moins mal

-

connues,

l tentede

l'appréhender

partir

du

bas,

en

commençant,

de manière

significative,

ar

l'étude des

esclaves.

Assurément,

'expérience

alait

d'être tentée ar c'est bien de la masse

paysanne

ue

l'infime ouche de notables

ire

a

forcevive.

À

ce

titre,

je

seraisassez

tentée

e croireG. Bois

lorsqu'il

dit

p.

233) que

«

l'élé-

ment décisif

du

triomphemonastique

,

qui impose

sa vision

tripar-

titede la

société,

ratores,

milites

labor

t r

s,

se trouvedans

«

l'inter-

ventiondes

masses ». Mais

peut-on

fairemieux

que

croire,

passer

de

la

simpleopinion

à

la démonstration Pour

cela,

il

faudrait es docu-

ments

que

cette sombre

époque

a

négligé

de nous laisser.

Là gît la principaleperplexité uscitéepar le livre.Les quelques

1. Les

pages

ndiquées

ntre

arenthèses

envoient

u

ivre e

Guy

ois,

a muta-

tion e l'an

mil

Page 74: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 74/144

70

dizaines

de chartesde

Cluny

utilisées

ar

G. Bois

constituent-ellesne

base de données suffisamment

arge pour

fournir

es clés

permettant

d'accéder

à

l'explicationglobale

de

«

la mutation e

l'an

mil

»,

pour

reprendre

e titrede

l'ouvrage

?

Certes,

l'auteur

multiplie

usqu'au

bout

les

précautions

e

langage

ses conclusions s'inscrivent

vant

tout sous

le

signe

du

questionnement.

n

sondage

effectué

si

petite

échelle

n'autorise de conclusion

définitive i

sur le

plan

local ni

sur

un

plan global

...

Il ne

peut

déboucher

que

sur

une démarche de

caractère

prospectif

indication de

pistes

à

explorer,

formulation

d'hypothèses

tester,

nvitation

une relecture e la

genèse

de la

société féodale» (p. 240). Et, par ailleurs,on sentbien tout ce que

sa lecture des

quelques

documents concernant

Lournand doit à

l'ensemble de sa

culture

historique.

Il

n'empêche.

Cette

prudence

st

parfois

oubliée

dans

le

feu de

l'exposé.

Prenons

'exemple

des

évaluations

démographiques.

l

s'agit

de savoir si

la

population

s'est accrue au cours des

périodes

méro-

vingienne

t

carolingienne.

e lecteur uit avec une

fascination

ngois-

sée l'édification

'un château de cartes

plusieurs

tages pp. 161-165).

Les fondations

e

l'édifice

reposent

ur

deux

terrains e naturetota-

lement

différente,

e

qui

n'est

déjà pas

une

garantie

de stabilité

les

chartesde Clunyd'un côté, les fouilles du cimetière e Curtil-sous-

Burnand de l'autre.

Sur le terrain

Cluny

»,

G.

Bois établitun

pre-

mier

étage d'hypothèses cf.

graphique ci-contre)

-

Il ne retiendra

ue

les chartesde

915

à 950

(rappelons que,

pp.

43-44,

il

a

justement isqualifié

es chartesde la

période

935-980

comme

non

représentatives

our

déterminera

proportion

'esclaves

dans l'ensemble

de la

population).

-

L'espérance

de vie est d'environ

35

ans,

ce

que

rien

par

ail-

leurs

ne lui a

permis

de déterminer.

-

Pratiquement

ous les

propriétaires

onciers

nt eu

l'occasion

d'être

nommés ans es chartes u cours

de leur ie

90

%,

dit-il

la

p. 43).

- Chacun de ces propriétairesorrespond une familleG. Bois

a

pourtant

dit ailleurs

que

les

noms ne se transmettaient

as

;

on

ne

saurait

donc exclure

que

la même famille

pparaisse

sous

deux

noms

différents

i,

dans

l'intervalle,

e

fils

a

succédé

au

père).

-

Au cours de la

période

980-1022

une coquille

lui

fait dire

930-1022),

il

y

avait au minimum

15 %

d'esclaves,

la

plupart

con-

centrés ur

le terroir e Merzé

(pp.

43-44).

-

À

la même

époque,

il

y

avait

plus

de

5 %

de

colons

;

cela

correspond-il

l'évaluation

de la

p.

47

:

«

le recours au

chasement

de

4

'libres"

(ou

"colons"

pour employer

e terme

générique

classi-

que)

reste

exceptionnel

un cas sur

dix,

tout au

plus

»

?

Sur cet ensemble

d'hypothèses,

désormais

tenu

pour

résultat

acquis malgré

la

fragilité

de chacune

d'elles,

G. Bois

dresse son

deuxième

étage

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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71

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72

-

Puisqu'il

a retenu

es chartes

orrespondant

une

période

de

trente-cinq

nnées,

ce

qui correspond

la

durée

moyenne

d'une

vie,

le nombre de

propriétaires

onnus

77)

donne le

nombrede

familles

occupant

simultanémente terroir.

-

En

ajoutant

20

à

25 %

pour

les esclaves et

les

colons,

on

obtient

plus

de 90

familles.

-

Dans

l'ignorance

de l'étendueexacte du

terroir

orrespondant

à celui

que

couvrent

es

chartes,

on

ne retiendra

ue

les 1150 ha

de

l'actuelle commune de

Lournand,

auxquels

on

affectera u

moins

85

familles

une

partie

du

finage

de

Merzé,

qui

fournissait lui seul

plus de la moitié des esclaves (p. 44), est exclue la proportionde

15 %

d'esclaves

peut-elle

ependant

être

encore retenue

Apparem-

ment

oui,

mais l'auteur ne dit

pas

pourquoi.

-

«

Rien ne nous

autorise

à avancer un

coefficient

u

"feu"

fondé sur

l'importance

moyenne

de la famille

(l'auteur

ne

précise

pas

comment

l

a contourné ette

difficulté).

Troisième

étage

de l'édifice

-

«

Sur les collines

calcaires

du

Clunisois,

nous sommes

pro-

ches,

en ce début du

Xe

iècle,

d'une

densité e

40

habitants u km2.

Passons maintenant l'autre

partie

de la

construction,

elle

qui

est bâtie sur e terrain

Curtil-sous-Burnand. G.

Bois l'étudié

par-

tir de la thèse d'Henri

Gaillard de

Sémainville,

es

cimetièresméro-

vingiens

e la

Côte

chalonnaise t de la

Côte

mâconnaise.

Mais,

depuis

qu'il

a

rédigé

cette

partie

de son

travail,

a fouille

de ce

cimetière,

déjà

ancienne

1948-1959) quoique

remarquablepour

son

époque,

a

été

publiée

avec

beaucoup

de soin

par

J.

Ajot (La

nécropole

méro-

vingienne

de la

Croix

de

Munot à

Curtil-sous-Burnand

Saône-et-

Loire).

Fouilles

du

docteur

Lafond

Mémoiresde

l'AFAM, 1,

1985).

Voici les hypothèses 'abord retenuespar G. Bois :

-

Il

y

avait

700

tombes et

elles s'échelonnaient u

début du

vic

au milieu du

VIIe

iècle

(J.

Ajot,

toutefois,

n'en a identifié

t étudié

que

402

qu'il

échelonne

ur les

deux

siècles

entiers

cf.

sa

prudence,

p.

2 :

«

Les

emprunts

es séries

ypologiques,

e

dangerqu'il y

a tou-

jours

de

généraliser

une

région

des

découvertes

faites

en un

seul

point

du territoire onnent cette

hronologie

n

caractère

rovisoire

qu'il

ne faudra

amais

utiliser

n

texto

mais vérifier ès

que

faire

e

peut »).

-

La fouilledu

cimetière été exhaustive

mais

J.

Ajot, p.

17,

se dit

«

certain

que

des

tombes

furent

étruites

et

signale qu'unebande de terrain ierge, u milieu de la nécropole,n'a pas été fouil-

lée,

pour

en faire une réserve

rchéologique).

-

On

peut distinguer

vec suffisamment e

précision

es tom-

bes du

vic

de celles du

vnc

siècle

J. Ajot, p.

54,

a

cependant

retenu

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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74

à la veille

de l'an

mil,

e

l'admets

donc au

moins

à titre

d'hypothèse

de travail.

Pour en faire

un facteur

xplicatif

e la

croissance

graire

à

l'époque

franque à supposer

que

celle-ci soit

confirmée),

l

fau-

drait être sûr

que

cettecellule

conjugale

et cet habitat

groupé

n'exis-

taient

pas

déjà

au

Bas-Empire.

Or la vérité

blige

à dire

qu'en

l'état

actuel

des

recherches,

ul n'en sait rien.

En

dehorsde

quelques

gran-

des

villae on

ne connaît

pratiquement as

l'habitat rural du

IVe

iè-

cle.

Ne

serait-ce

pas parce

qu'il

se trouvait

déjà

à

l'emplacement

e

nos

villages

actuels

qui

l'auraient occulté

?

C'est ce

que

certains e

sont

précisément

emandé.

Quant

à la structure amiliale es

paysansgallo-romainse l'Antiquité ardive,e ne voispas sur a base de quels

documents

n

pourrait

vancer

'ombre d'une

hypothèse. upposons

un instant

ue

le

Bas-Empire,

urant

equel

G.

Bois

(p.

174-175)

ma-

gine

une contraction

e

l'espace

cultivé,

it

déjà

connu 'habitat

groupé

et

la cellule

conjugale,

toute

son

argumentation

our

en faire

des

fac-

teurs

explicatifs

e croissance

agraire

tombe.

«

On ne

saurait

donc

surestimer

e rôle

des structures

'encadrement

spécialement

u cou-

ple

famille

conjugale/communauté)

omme levier de la croissance

agraire

çt

comme

déterminant 'un

certain

type

de croissance

(p.

194).

Peut-être

'a-t-il

as

tort

mais,

pour

l'instant,

e modèle

qu'il

a construit ttendsa vérificationxpérimentale.

On ne saurait

tenirG. Bois

pour

responsable

de la

pauvreté

de

ses

sources,

si bien

que j'ai

l'impression

'ouvrir

un

débat sans issue

quand

je

suis

tentée

d'opposer

à sa vision de

l'esclavage

ma

propre

vision

tout aussi

arbitraire.

On

ignore

quasiment

out du nombreet

du

statut

des esclaves

rurauxdans

la Gaule

du

Bas-Empire.

On doute

même

de

plus

en

plus qu'ait jamais

existé en Gaule

«

l'esclavage

de

chiourme

que

G. Bois

(p.

54) imagine

sur

«

les

domaines de

type

colonial

créés

par

Rome un

peu partout

. Dans ces

conditions,

om-

ment avoir

si celui

de l'an

mil

était

en continuité vec

celui de l'Anti-

quité

?

Après

Marc

Bloch,

P. Bonnassie

dans

Cahiers de civilisation

médiévale 1985, pp. 307-343) a insistésur le renouveau de l'escla-

vage

avec

les

grandes

nvasions

contrairement

ce

que pense

G.

Bois,

pp.

54-55)

et la

place

qu'il

tientdans les Codes

germaniques.

Peut-

être

y

a-t-il

eu,

comme

en tant d'autres

domaines,

des

changements

dus

à

l'influencebarbare

?

En

ce

qui

concerne

'an

mil,

je

ne

suis

pas

sûre

qu'il

y

ait eu

une

«

frontière ociale

majeure

»

entre

ervi

et

hommes ibres

G.

Bois,

p. 64).

Certes,

'esclave

«

ne

participe

n

rien à la

vie

publique

»

(p.

34),

mais

voit-ildans ses chartes

beau-

coup

de

petitspaysans

libres

y participer

«

Il

est exclu

de la

pro-

priété (p.

35)

mais

il

suffit

u'il

soit

servus

le

mot est

conservé)

de l'abbkye pour posséder

des biens

fonciers,

e cas échéant.

À

tra-

vers es exemples ités, l sembleque la cellule familialedes esclaves

soit

respectée

ar

on ne voit

amais

une terre

édée avec

une

partie

seulement

e

la famille

qui

y

est chasée

(l'auteur

le reconnaîtd'ail-

leurs,

p. 56).

Nulle

mention

non

plus

de

païens

ou de

convertis,

e

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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75

qui suppose qu'on

leur

reconnaisse 'accès aux

sacrements,

onc une

âme,

élémentfondamental e la nature

proprement

umaine.

Quant

à la

«

simplicité

nfantine

(p.

41)

de la solution

mise en

œuvre

pour

éviter

que

la

prolifération

es esclaves

aboutisse

à

des

«

groupes

humains

trop

nombreux ur de

trop petites xploitations

,

à savoir

«

le strict ontrôle exercé

par

le maître

sur la famille

servile

,

la

sophistication

es

moyens

laborés

pour

assurerde nos

jours

le con-

trôle des naissances est de natureà

nous rassurer ur

l'indépendance

de fait dont

jouissaient

les esclaves de l'an mil

en matière

de

pro-

création

cf.

p.

167

: du maître

dépendaient l'importance

du céli-

bat, l'âge au mariage et par conséquent a durée de la périodede

fécondité

;

G.

Bois

ignorerait-il u'on peut

avoir

des enfants

hors

mariage

?).

Enfin,

si

«

l'esclavage

restebien le

rapportd'exploitation

dominant

(p. 48), peut-on

raisonnablement outenir

u'une

société

85 % de la

population échappent

ce

rapport

d'exploitation

doit

être

cependant

aractérisée

ar

lui

(cf.

le

titrede ce

chapitre

«

une

société

¿fcclavagiste)

? Ne

serait-ce

as plutôt

'importance

e la

pay-

sannerie

ndépendante,

i vraiment lle

est aussi

indépendante ue

le

laisse

entendreG. Bois

(pp. 65-83), qui

serait a véritable

riginalité

de cette

période, parenthèse

ntre es formesde

servitude e l'Anti-

quité et du haut Moyen-Ageet celles de la féodalité

En

revanche,

e partagerais

volontiers on

analyse

sur

d'autres

points,

tels

que

celui-ci

pp.

185-186)

«

Dans

le

double

processus

de

décomposition/recomposition

aractérisant

e

passage

des structures

antiques

aux structures

éodales,

a

décomposition

'est

développée

du

haut vers

e

bas

(en

partant

de la crise de

l'État),

et la

recomposition

s'est

développée

du

bas vers

le

haut.

»

D'accord

aussi

pour

penser

que

la

disparition

e

l'impôt

a

été un facteur

mportant

e

dévelop-

pementpour

la

paysannerie p. 187),

tant

les

moralistesdu

vc

siècle

(Salvien, pour

la

Gaule,

et

bien d'autres

dans toutes les

régions

de

l'Empire)ontdénoncé e poidset l'iniquitédu fardeaufiscalqui pesait

sur les humiliores.Peut-être

outefois st-il

un

peu rapide

d'y

voir

la cause de la chute de

l'Empire

(p. 187),

de

même

que

cette

nsup-

portablepression

fiscale

propre

u

Bas-Empire

ne

sauraitêtre

assimi-

lée

(toujours p. 187)

à

«

un

transfertmassifde

revenusde la

campa-

gne

vers la ville

»

qui

est

plutôt

un

phénomène

caractéristique

u

Haut-Empire.

Si,

comme

'auteur,

e pense que

«

l'affaiblissementt

le fractionnement

rogressifs

e l'Etat

sont e

fil

directeur e

la décom-

position

du

système

ntique

»

(p. 205), je

ne

placerais

pas

le début

du

phénomène après

les invasions

germaniques

. Dès le

IVe

iècle,

l'État romain a souffert 'être

plus

ou

moins

confisquépar

la

classe

despotentiores t cela n'a rien à voir avec une quelconque « emprise

de la ville ».

Ce

livre se veut

percutant,

t

il

l'est. Cela

supposait

sans doute

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Médiévales

1,

automne

991,

p.

77-79

Robert FOSSIER

RÉFLEXION SUR UN « MODÈLE »

Invité à fournir n avis sur le

petit

ivre de

Guy

Bois,

autour

duquel

l'auteur

a

pris

soin

de

faire

grand

bruit,

e

ne

cacherai

pas

dès l'abord

que

cet

ouvrage,

xtrêmement

écevant t

fautif,

e

mérite

certainement

as

l'attention

u'on

veut ui

porter.

D'ailleurs une lec-

tureentre es

lignes

de la

préface

obtenue

de

Georges

Duby

montrera

les réserves e ce savant.

Pour faire

bonne

justice, e

diviseraimon

brefpropos en troispoints l'inspirationgénérale, a théorie avan-

cée,

l'habit du livre.

C'est

un

travers rès

actuel,

et

qui

me

paraît, paradoxalement,

une

preuved'impuissance

la

synthèse

ue

de

choisirun

cas

présumé

«

représentatif pour

en faireun

«

modèle

»

étendu

l'Europe

;

c'est

en

outre une

grave

faute

à

rencontrede tout ce

qui

est le

Moyen

Age,

nuances et variétés

qui

la commet ne voit

pas

loin. De

sur-

croît e

petit

village

maçonnais d'où

s'élève

ce

château de

cartes est

par

sa

position,

son

peuplement

t

son statut rien

moins

qu'exem-

plaire.

Le deuxièmedéfaut de

conception

st le recours la

théorie,

à la « problématique , ici plus ou moinsmarxisante, e qui est un

détail voir dans la mutationde l'an

mil

un

glissement

u

politique

à

l'économique

comme facteur ominant

boutit,

urieusement,

voir

des notions

abstraites,

u mieux

uridiques, gouverner

e monde

con-

cret,

parce que

le veut la théorie

fantasmes

Quant

au

troisième

vice du

livre,

l confine la

caricature enfin

Monsieur Bois vint

qui

le

premier

n France... découvrit

a

cassure du

Xe

siècle,

en

démonta

les

étapes

et

procéda

à une

«

rupture

adicale avec la

ou les

problé-

matiques

dominantes . S'étant ainsi

attribué es mérites

'autrui,

de

Boutruche,

de

Duby,

de

Toubert,

de Le

Goff,

de

Bonnassie,

et de

bien

d'autres,

croyez-moi,Guy

Bois,

tel un

guerrier ntique,

couvre

d'insultes t de mépris es victimes battues.Avec une arrogance uto-

satisfaite,

ui agace

un

peu,

il

enfonce la

hussarde

des

portes

dont

plusieurs

taient ouvertes

depuis cinquante

ans.

Ce

n'est

pas

une

attitude

d'historien.

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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78

Non

qu'il

n'y

ait rien

examiner

ui

soit

ntéressant

ans le

livre,

mais

à conditionde

faire

a

part majoritaire

ux

emprunts.

inq

pro-

positions

soutiennent

'argument,

xaminons-les.Avant

l'an mil la

société reste

sclavagiste Pierre

Bonnassie

le

seul

qui

échappe

d'ail-

leurs à

la

vindicte

e

l'auteur,

'heureux

homme

)

;

cette

proposition

peut

être

admise,

mais on ne voit

pas

très bien son

intérêt

uisque,

dit

l'auteur,

elle

se

dissoudra

après

l'an mil

-

ce

qui

est

d'ailleurs

faux en

Mâconnais

(Georges Duby).

Les autres

classes

sociales

sont

réparties

n

colons,

en

alleutiers évidents

,

en

maîtres les

libres

sont

propriétaires,

es

maîtres

ont

cavaliers

je

m'en

réjouis,

car

j'ai

lu cela en 1953 sous la plumede Georges Duby. Le neufseraitque

ces hommes sont

groupés

en

forteset

anciennes

communautésde

hameaux,

que

la

structure amiliale st

conjugale

Pierre

Toubert), ue

l'armature

politique

et fiscale tient

bon

(E.

Magnou-Nortier).

l

est

vrai

que

l'extraordinaire areté des

exemples,

la

confusion

entre

«

homme et

«

famille

,

l'inexistence

'un terme

pécifique

our

ces

«

hameaux

»,

sapent

quelque

peu

les

propositions.

Après

970

les maî-

tres

deviennent es

seigneurs

u milieu

d'une

«

flambée

des

prix

»,

et resserrenteur

emprise.

Pour

les

prix

c'est une

pure

vue de

l'esprit

en raison de la

quasi

nullité es

renseignements

e

cet ordre

Cluny

quant aux « seigneurs , négligeantes schémasde Duby, ne compre-nant

pas

les démonstrations e F.

Bange, ignorant

es travaux de

Münster u

de

Tours,

Guy

Bois commetde

piquantes

bévues.

Toute-

fois ces deux

premiers

oints

pourraient

outenir

'examen.

Les cho-

ses se

gâtent

ensuite.

En

effet,

a

troisième

proposition

de

l'auteur

sur

l'apparition

du

marché dès l'an

mil,

avec

tous les

effets

u'on

peut

en

attendre,

st une

notion certes

ntéressante

R.S.

Lopez

et

J. Le

Goff,

entre

utres),

mais

parfaitement

nadmissible vant 1100

en cette

région,

où la

«

circulation

apide

»

du

numéraire

st

pure

imagination,

toute

la

numismatique

et

tous

les

textes

prouvant

l'inverse.

Quant

à la

«

croissance

agraire

,

complète

dès le

Xe

iè-

cle, comme 'occupationhumaine d'ailleurs squissée antparnos voi-

sins

belges

et

allemands

que par

M.

Rouche,

P.

Riché,

P.

Bonnassie

ou P. Toubert chez

nous),

je

n'en

crois rien et

quand

bien même

me

tromperai-jeme

voici

d'ailleursdéchiré

belles

dents),

a

démons-

tration st vicieuse le chiffre e

population

repose

sur une

confu-

sion entrefamille t

individu,

es

nuances du

parcellaire

emblent

out

ignorer

de la

géologie,

et le

remodelage

des xiic-xnie

iècles est

soi-

gneusement ommé

reste a

conclusion,

a

«

Révolution

du

Xe

iè-

cle

;

Guy

Bois la découvre et

s'y complaît.

Sans excès de

modestie,

il

me

semblait

voir,

l

y

a

quelques

années,

employé

e mot

ui-même

et décrit a

chose

;

mais

je

m'illusionne ans

doute

?

On

accordera

à Bois qu'il place le mouvement ès 970-80,mais c'est ce qu'ont éta-

bli

tous les historiens u

sud

de

l'Europe,

et

qu'il y

voit

«

l'interven-

tion des masses ». Et

finalement

'est sur

ce

dernier,

ur ce seul

point,

que l'ouvrage

a

son

originalité.

Page 83: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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79

Malheureusement e

maigre

butin lui-même

est

altéré

par

un

détestable

mépris

de la

recherche rudite.

Pas

de

bibliographie,

es

titres ités à l'occasion

ayant

en

général

vieilli

Bois

ignore

K.F. Wer-

ner,

B.

Rosenwein,

P.

Grierson,

C.

Bouchard,

F.

Cogniot,

et

j'en

passe

;

il

n'use sérieusement

i

de la

géographie

qu'il

maltraite,

ni

de

la

géologie

qu'il

ignore,

ni

de

l'archéologie

u'il

dédaigne.

Les réfé-

rences

manquent

u moment

ù

il

faudrait

es

fournir

omme

preuve

les

individus

ne

sont

pas

toujours

identifiés,

es bourdes

abondent.

Tout cela ne

serait

pas grave,

voire

serait

excusable même

chez un

historien

éjà âgé,

si le livre ne se

prétendait

as

de

premier

plan.

Finalement n effet e travailme paraît secondaire.

Page 84: Medievales - Num 21 - Automne 1991

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Médiévales

1,

automne

991,

p.

81-89

Bernard

LEPETIT

C EST

ARRIVÉ

À

LOURNAND

«

Toute forme oit être

onçue

n vue de

dimensions

t

doit,

ntre

ertaines

imites,

or-

ter

témoignage

e l échelle

ui

convient son

exécution.

Léonce

Reynaud,

Traité

architecture

Paris,

1858

Dans sa

fraîcheur

nitiale,

a

Méthode sociale de Le

Play propo-

sait,

pour l analyse monographique,

ne

méthodologie

n

trois

par-

ties

d abord,

au cours

d un travail de

terrain,

bserver es faits

puis,

une

fois

achevée étude

ocale,

essayer

d en tirer es indications

générales

enfin,

oumettrees conclusions

u

jugement experts ua-

lifiés

pour

leur

expérience ratique1.

C est

à un

exercice

de

ce

type

que je

souhaiterais

me

livrer,

outes

proportions ardées,pour

cerner

la manièredontla questiondu cas se pose aux historiens. Trois rai-

sons

m ont conduit à choisir un

ouvrage

de

Guy

Bois

publié

il

y

a

peu3.

Le

livre d abord est

explicite

sur ses ambitions et sur ses

méthodes

utiliser n observatoire

articulier our

rendre

ompte

des

mutations

d un

système

e société.

Ensuite,

même si ses conclusions

ont été

discutées,

e livre été

reçu

les

premiers omptes

rendusdes-

tinéscomme

à l accoutumée un

public plus large

de

non-spécialistes

1. F.

Le

Play,

La méthodeociale.

brégé

es

Ouvriers

uropéens

. Présen-

tation Antoine

avoye, aris,

Méridiens,lincksieck,989, 1, XIV,

652

p.

2. Ce texte st

ssud un

xposé

ral,

résenté

ors e la Deuxième

ournée

e

discussionnterdisciplinairerganiséela Maison es ciencese Hommee23mars

1990

par

Vivi

Perraki

«

Le cas et

l exemple

ans a

méthodologie

es sciences

sociales.

3. G.

Bois,

a

mutation

e

anmil.

ournand,

illage

açonnaisde

Antiquité

au

féodalisme

Paris,

Arthème

ayard,

989,

84

p.

Page 85: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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83

grès

de la

production gricole,

un renouveau e

l échange,

de

l irrup-

tion

du

marché la base même de la société dès le

Xe

iècle. Le

pas-

sage

de l un à

l autre

des

deux

systèmes opère

selon deux

chronolo-

gies.

La

première

st

une

chronologie ongue

les fils

directeurs

u

processus

sont constitués

ar

des faits

de

longue

durée

qui

affectent

la totalitédes

sphères

l économique,

e

politique,

e

social,

l idéo-

logique.

Mais la transition est

pas progressive.

n

n a

pas

à

peser

à

chaque

moment a

part

du

système ntique

et celle du

système

éo-

dal

;

le

passage

de

l un à l autre

s opère

d une

manière

brusque,

bru-

tale,

dans un

laps

de

temps qui

ne

dépasse pas

la

durée d une

géné-ration.Dans l ordreéconomique,par exemple, toutse passe comme

si

l échange

et le marché

explosaient

brutalement

ans

la décennie

970-980

»

(p. 258).

De la méthode

Or,

comme le sous-titre

u livre

l indique,

ce

modèle macro-

analytique,

ont

ai

essayé

de

préciser

es

ambitions,

es articulations

et les

sphères

de

développement,

st

rapporté

à une

pointe

d épin-

gle : Lournand est un villagedu Mâconnais et si l on admet es éva-

luations

de l auteur fondées sur

l onomastique,

ce

village,

entre e

Ve

iècle

et le

Xe

iècle

comptait

u mieux350 habitants.

ourquoi Guy

Bois a-t-il fait ce

choix

méthodologique

«

de la

micro-histoire

(P.

16)

?

Le

livre le mérite être très

explicite

la fois sur sa méthodo-

logie

affichée t sur ses

conclusions,

t

plusieurs

rguments

ont avan-

cés.

Le

premier

st celui

de la

nécessité

de l observation

ntensive

«

s agissant

de

diagnostiquer

état

d un

tissu

social,

il

fallait

mpéra-

tivement

ousser investigation

ussi

loin

que possible,

et

par

consé-

quent

resserrer u

maximum e

champ

d observation. L historien st

en faitplacé devant es mêmes xigences ue le biologiste u le physi-

cien

l infiniment

etit

ou

la cellule

élémentaire

evient

oujours plus

indispensable

son

analyse

»

(p. 19).

La

métaphore ui

renvoie

ans

autre discussion

vers les

pratiques

des sciences

dures,

le discours de

l évidence

et la

rhétorique

e

l injonction

iennent ieu de

l argumen-

tation

qu elles

ne sont

pas.

Le deuxièmemotif st

le

souci d inverser

le

regard

porté

sur

une

société,

en orientant e

projecteur

u bas vers

le haut. La convenance

u

modèle

particulier xplique

e renversement

de

perspective

c est

par

le

bas

que

s opère

la construction u

système

féodal.

Mais

il

existeaussi

une raison

généralisable, u il

est intéres-

sant

de

souligner

«

le

général

n est

pas

saisissable

par simple

addi-

tion ou juxtaposition e situations articulières (p. 239). Le troisième

motif

de ce choix tient

dans le rôle

particulier

u terrain

le

mot

est

de

moi)

vis-à-vis

e la théorie.

L observation

ocale,

dit

Bois,

permet

«

d infirmer u de

confirmer es résultats

roduits

ntérieurement

Page 87: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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84

(p.

240)

et incite

à

recomposer

différemmenta matière

historique

le cas

oblige

à

un

déplacement

de la théorie. Mais en même

temps

l observation

ocale

joue

un rôle de

garde-fou

face aux

risques

de

«

schématisation

busive

»,

car

«

on ne s arrache

pas

à

l empirisme

sans

risque

de décoller du

réel

»

(p. 241).

On

aura noté

que

ces

motifs envoient des traditions t

à

des

pratiques

qui

ne s articulent

as

aisément.

Le local

apparaît

en même

temps

comme

le miroirdu

tout,

une

sorte

de modèle réduit d une

dynamiquegénérale,

t comme

la

part

constitutive,

fficiente t ori-

ginale,

d un

processus

d ensemble

il

a donc deux

statutsdifférents.

Du côté des méthodes, observationntensive laquelleBois faitréfé-

rence renvoieà

la

«

thick

description

et à la science

nterprétative

chère

à Clifford

Geertz et à

tout un courant de

l anthropologie

culturelle6.

Au

contraire,

a

mise

à

l épreuve

de l observation

mpi-

rique

des

hypothèses

héoriques

nous conduit dans une tout autre

direction,

u

côté du

positivismeogique7.

On

pourrait

jouter

à ces

traditions

ifférentes

e vieilles races

du

réalisme

historique

le local

est

assimilé

au réel et le

réel

est

un

garde-fou

ontretoute tentation

par

trop

théorisante.

en déduirai

deux

choses,

a

seconde

plus impor-

tante

que

la

première.

D abord,

il

n est

pas possible

de

préjuger,

la lecturede l exposé des motifs, e qu est la méthode effective e

Bois,

dans la mesureoù ces contradictions xistent.

urtout,

es his-

toriens

paraissent,

u moins

actuellement,

ans une situationd incer-

titudeforte

face à

l approche monographique

our pouvoir

entendre

-

et le livre a été

lu et entendu

à

peu

de

lignes

d intervalle es

propositions

i

peu

compatibles.

L analyse

des

raisons

du choix

particulier

e Lournand confirme

cette

première

nalyse. Guy

Bois avance troismotifs. e

premier,

las-

sique

-

vous le

retrouvez n introduction

e

toutes es

grandes

thè-

ses

d histoire

régionale

française

est un motifd utilité. Lournand

est à

4

kilomètres e

Cluny

et les moines

qui

s installent

n 909 ou

910 ont gardé la tracede toutes es chartesqui enregistrentes tran-

sactions

qui

leur

permettent

accroître

eur

patrimoine

oncier on

dispose

ainsi d une

source

exceptionnelle,

ailleurséditée au

xixe

siè-

cle et

déjà

abondamment tilisée

par

les médiévistes. es deux motifs

suivants

ont

contradictoires.

ois

plaide

d un côté

pour

la

représen-

tativité

de l échantillon

8

: la

situation

du

village

loin des

villes,

sa

position

imite nte

la France du Nord et

la

France du

Sud mar-

quées

par

des

traditions

ifférentes,

e fait

que

des traces de

peuple-

ments successifs

depuis

la

préhistoire

usqu aux

Germains

aient

été

6. C.

Geertz,

avoirocal

savoir

lobal.

es

lieux

u

savoir

1933),

rad,

r.,

Paris, .U.F., 1986, 93 .

7. K.

Popper,

a

logique

e la découverte

cientifique

1959),

rad,

r., aris,

1978.

8. G.

Bois,

op.

cit.,

p.

21

par

exemple.

e terme e

«

sondage

est utilisé

ailleurs.

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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85

retrouvées ur

le

terroir ont de Lournand

un

village représentatif

«

en

bref,

l

s agit

avant

tout d une illustration

e la France

centrale

(p.

25).

D un autre

côté,

et

deux

paragraphes lus

loin,

l auteur

plaide

pour l exceptionnalité

e Lournand.

Celle-ci tient au

rôle

joué par

Cluny

dans la mutation

féodale,

dont

les moines furent

es

protago-

nistes

rincipaux

ur

e double

plan

de l action et de

l idéologie

Geor-

ges Duby encourage

d ailleurs,

dans une

préface qui

est

un

bijou

d ambiguïté,

«

porter

un

regard

plus

aigu

à

l intérieur e

l énorme

organisme

tout

proche qu était

le

monastère

9. Il

est à

nouveau

impossible

de

préjuger

de la contribution e

l analyse

de la

situation

de Lournand à l élaboration du modèle de la genèsedu féodalisme.

Il

faut donc

juger

sur

pièces.

Je

m y

suis efforcé ur un

seul exem-

ple,

sur

lequel je

suis

un

peu

moins

incompétent ue

sur

tous les

autres le

brusque

éveil

du

marché entre 970 et

980.

De la

pratique

La

faiblessedes bases

empiriques

ur

lesquelles

a

démonstration

s appuie frappe

d abord,

moins

parce que

les sourcesn offrent

u une

maigreprovendede faits j imagine que les médiévistes onttoujours,

particulièrement

our

les

époques

anciennes,

confrontés de telles

situations

e rareté

documentaire) ue parce que

ceux-ci ont

très

peu

discutés.

Un

diagramme

es

ventes,

changes

et

donations

qui

ont

permis

au

monastère accroître on

patrimoine

ntre 20

et 1000

sertde

point

de

départ

(p.

79).

Neuf

points

y figurent ui

expriment our

trois

périodes

920-950

950-980

980-1000)

es

pourcentages espectifs

es

échanges,

des

donations

et

des ventes.

On

y

lit à la

fois

l augmenta-

tion du nombre

des donations

t

l inversion u

rapport

ntre

es échan-

ges

et les ventes.

L absence

de toute

ndication

oncernant e

nombre

de cas sur lequel repose le calcul empêchetoute appréciationde la

signification

es résultats. auteur conclut

ous forme

nterrogative

«

quant

à l inversion u

rapport changes/ventes,

est-elle

as

la

pré-

somption

d un éveil du marché de la terre

»

(p. 80).

On doit trouver ans la

cohérencedes

prix,

signe

d une rationa-

lité

économique,

la confirmation

une telle

présomption.

C est la

fonctiond un second

diagramme

p.

81) qui

représente

4

prix

de

vignes, xprimés ar

l auteur en

sous

par

unitéde 10

perches

arrées,

échelonnésdans le

temps

de

940

à

1010,

que

de

donner à

voir cette

cohérence.

L auteur

y

découvre

une

«

brusque

tension,

pour

ne

pas

dire flamblée

des

prix après

970,

alors

précisément

ue

les

ventesde

terre e multiplient. ommentne pas y voir l irruption un phéno-

mène de marché

»

(p.

81).

Je

soulignerai

ependant

rois

objections

9. G.

Duby n

G.

Bois,

op.

cit.,

p.

11.

Page 89: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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86

-

la

première

st

factuelle.

D autres

travaux d historiens

ndi-

quent

également,

our

à

peu près

a

même

période,

des

prix

de

vignes,

également

ssus

du

cartulaire

e

Cluny.

Aucune

tendance

n y

semble

perceptible

près

950.

Guy

Bois ne discute

pas

ces

données

contra-

dictoires

uxquelles

il

ne fait

pas

référence,

i

d ailleurs

les données

établies

par

Barbara Rosenwein

qui

ne confirment

as

la

dynamique

des

types

de

transaction

u il

avait

cru reconnaître10.

-

la seconde

est

d ordre

métrologique.

On

peut

supposer que

la

longueur

de

la

perche

varie dans

le

temps puisque

Guy

Bois

choi-

sit

dans

une note discrète

reportée

en

fin

d ouvrage,

d ignorer

a

question11.Peut-on le faire sans argumenter, t sans apprécier es

incidences

ur

le résultat

des

calculs

?

-

la dernière

ient au

fonctionnement

u

marché.

Quelle

peut

être

a

signification

conomique

du

prix

par

unité

de

surface

i,

aux

alentours

de

l an

mil une

pièce

de

vigne

de

dix

perches

carrées

est

vendue

2 deniers

quand

une

pièce

de cent

perches

est

vendue

48

deniers

La

question

n est

pas

simplement

e

proportion

elle tou-

che aux

principes

e fonctionnement

ême

du marché

et

plutôt que

de

tenter

de réduire es

différences,

l convenait

sans doute

davan-

tage

de

tenter e les

expliquer.

Une étude

historique

écente

vance,

pourrendre omptedu fonctionnementu marchéfoncier, roishypo-

thèses

iées

a)

les

équivalences

ntrebiens

que

traduisentes niveaux

des

prix

sont

partiellement

éterminées

ar

la

position

ociale des

co-

échangistes,

t contribuent

u maintien

e ces

positions

elatives

b)

au

sein

de

chaque

opération

d échange,

e

prix

prend

en

compte

a

situa-

tion sociale

concrète

dans

laquelle

s insère

échange

c)

les

équiva-

lences

entre

biens

n ont

pas

la

même

signification

our

tous

les mem-

bres

d une

même

société,

si bien

qu il

existe

dans un

même ieu

plu-

sieurs

circuits

ifférenciés.

es

hypothèses,

ui

remettent

n

cause la

logique

économique

des

marchés,

e

vérifient

ans

les

campagnes

pro-

ches

de

Turin au

xviie

siècle

12. Peut-on

croire

à

une

régression

e

l économiede marchédepuis le Xe iècle? Guy Bois aperçoit objec-

tion d ailleurs

-

«

il ne

s agit

évidemment

as

de

prix

du

marché

à l état

pur

»

-

,

admet

un facteur

ocial

-

«

très

perceptible

-,

l illustre

d un

exemple

-

«

voici

Arleins...

on

imagine

aisément

l âpreté

de

la

négociation

préalable

»

-

mais

il

conclut

en

reprenant

la

rhétorique

e

l injonction

laquelle

le

lecteur st

sommé

de se sou-

10.A.

Deléage,

a

vie urale

n

Bourgogne

usqu au

ébut

u

xi*

iècle,

âcon,

1942.B.

Rosenwein,

o be

the

Neighbor

f

Saint

eter.

heSocial

Meaningf

Cluny

s

Property

909-1049

Ithaca-

ondres,

ornell

niversity

ress, 989,

58

p.

Je

reprends

ci

A. Guerre

u,

«

Lournand

u

xe iècle

histoiret

fiction

,

Le

Moyen

Age 1990, -4,pp.519-539,

ont a

compétence

st

plus

vidente

ue

a

mienne.

11.« Je aisse olontairementecoté, our instant,irritantrooiemeose ar

la

longueur

e a

perche

(n.

13,

p. 267).

Le

«

pour

instant

nedoit

as

tromper

sauf

rreur

e ma

part

abandon

stdéfinitif.

12. G.

Levi,

Le

pouvoir

u

village.

istoire

un exorciste

ans

e Piémont

u

XVII

iècle

1985),

rad,

r.,

aris,

Gallimard,

989,

30

p.

Page 90: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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mettre

«

cela

dit,

le

fait

économique

demeure

patent

et

ses effets

sur a mobilité es

possessions

oncières e

peuvent

tre ous-estimés

(p. 81).

D autres

exemples

permettraiente

crois sans

risque

de

générali-

ser. Trois traits

me semblent aractériser

a

pratique

à

l œuvre dans

l ouvrage.

Le

premier

st

la

fréquence

de ce

qu on peut appeler

les

«

surbouclages

théoriques

. Une

grille

d analyse, exposée

à

titre

d hypothèse,

ommande

ce

qui

est

représenté

omme

une

description

de

la

situation

ocale,

dont sont

tiréesdes conclusions

nalytiques ui

viennent ien

évidemment onfirmeres

hypothèses

ui

présidaient

la constructione la grille, ui sont alorsprésentéesommedes acquis

à

l étape

suivante

du raisonnement.

On

lira

par exemple

dans ce sens

le

chapitre

sur les destinées

e

l échange).

Le deuxième rait

signa-

ler est

le faible soin

apporté

à l établissement

mpirique

des données

cruciales absence

de

référence,

e

qui pour

un

médiéviste st

au

moins une

surprise

absence

de

discussion

des données factuelles on-

tradictoires

absence

d examen des

hypothèses pposées qui

abouti-

raient remettre

n cause ou à nuancer

a lecture

proposée

des

don-

nées. On

notera,

plus

généralement,

absence de tentative

our

met-

tre en

difficulté,

u

pour

essayer

a

résistance,

es chaînons

explica-

tifs vancés à aucun stadede la démonstrationn ne trouvede don-née

empirique ui

vienne démentir et non

pas

confirmer l une

ou

l autre des

hypothèses

d abord avancées

par

l auteur. Celles-ci

apparaissent

insi

comme des

interprétations

xtraites

e

l examen des

données. Je

n en tirerai ucune conclusion ur

a

pertinence

u

modèle

proposé

par Guy

Bois

:

mon

projet

n est

pas

là. Je me contenterai

pour

l instant

e noter e trèsconsidérable

écalage

entre a

place

cen-

trale accordée

au cas dans

la

méthodologie,

t la

négligence pportée

à son traitement

ffectif.

Le modèle et le cas

Je renverrai

d abord

l interprétation

e ce

décalage pour

un

détour,

destiné

à

souligner

n

quoi

le livre de

Guy

Bois s inscrit

n

rupture

vec les

traditions istoriennesominantes oncernanta

ques-

tion

monographique.

l

s inscritd une

part

en

rupture

vec la

socio-

logie

durkheimienne.

oyez

la

phrase

bien connue de Simiandextraite

de

«

Méthode

historique

t

sciences ociales

»

:

«

Je

dis

que

resserrer

l étude

à une seule société

pour dégager

e

Zusammenhang

ocial est

justement

e condamner

d avance à ne

jamais

l établir.

Il

n y

a

rap-

port

causal

que

s il

y

a

régularité

e

liaison,

que

s il

y

a renouvelle-

mentidentiquede la relation constatée. Le cas unique n a pas de

cause,

n est

pas

scientifiquementxplicable13.

Contre la tradition

13. F.

Simiand,

Méthode

istorique

t scienceociale

,

Revue e

Synthèse

is-

torique,

903,

p.

1-22

t

129-157.

Page 91: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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88

durkheimienne,

ois

met en

œuvre un cas

unique.

Mais

il

s inscrit

aussi

d autre

part

en

rupture

vec la tradition

e la

géographie

ida-

lienne

reprisepar

toute l école

historique

des

monographies égiona-

les,

et

qu on

trouve

expriméepar

Lucien

Febvre

dès

1922

dans La

terre t

l évolution

humaine

qui imagine

e savoir

global progressant

par

simple

accumulation

de connaissances ocales

:

«

Lorsque

nous

posséderons

ncore

quelques

bonnes

monographies égionales

nouvel-

les, alors,

mais

alors

seulement,

n

groupant

eurs

données,

en les

comparant,

n les confrontant

minutieusement,

n

pourra

reprendre

la

question

d ensemble,

lui faire faire

un

pas

nouveau

et

décisif,

aboutir14. Contre a tradition idalienne,Bois proposeune synthèse

immédiate.

En

rapprochant

insi

un modèle

et un

cas,

le livre

oue

en fait

à la fois sur

l exemplarité

t sur

l exceptionnalité

u cas. Mais

il

se

heurte

ux

deux difficultés

ui

sont liées

à

ces

deux statuts.Dans

le

cadre

de la démarche

xpérimentale,

analyse monographique

emble

se

contenter

de

vérifier,

son échelle

propre,

des

règles

macro-

historiques ui

ont

été élaborées

par

ailleurs.

L exemple

n a

qu une

simple

vertu

llustrative,

e

statut

d une

vignette u on

va coller

ici

et là

dans

le livre. Dans

le cadre

de la démarche

nterprétative,

e

modèlevientachoppercontre insoutenable xcès de sens du singu-lier et contre a clôturecirculaire une

interprétationui

commande

la

description

t

qui

ne trouve ses critères

de

validité

qu en

elle-

même15.

De

cela,

Bois est

trop

fin

historien

pour qu on puisse

le

soupçonner

de ne

pas

s être

aperçu.

Mais

je

crois

que

le

souligner,

et

rapprocher

e fait

du traitement

ffectif éservé

Lournand,

per-

met

de

suggérer

u à

vrai dire dans

le

livre,

e modèle

et

l exemple

ne

communiquent

as,

le cas

et la théorie sont

sans relation.

À la

limite

on

pourrait,

ans

dommage pour

la construction

ntellectuelle

-

et sans

doute au

contraire

biffer

ystématiquement

outes es

références

u cas.

Alors, pourquoi lui avoir réservéune place ? J avanceraiune

hypothèse

nterprétative

our

finir.

Chacun se souvient

des

analyses

de

Roland

Barthesconsacrées

u discours

de

l histoire

t à

l effetde

réel

16. L histoire

narrative,

ouligne-t-il,

uise

sa

«

vérité

dans

le

soin

même de sa

narration,

dans l architecture

e ses

articulations,

dans

l abondance

des

détails

concrets

u elle

fournit.Oubliant

qu il

n y

a

pas

de

fait en

soi,

le discours

historique,

n ne cessant

de

répé-

ter

«

c est

arrivé

,

croit e

contenter

exprimer

e réel. C est ce

pro-

14. L.

Febvre,

a

terret évolution

umaine.ntroduction

éographique

l his-

toire

Paris,

Albin

Michel,

922.

15. J.-C. asseron, Biographie,lux,tinéraire,rajectoire, Revuerançaise

de

Sociologie

1990,

p.

3-22.G.

Levi,

Herméneutique

t

rationalité

,

Philosophie

et histoire

Paris,

p.

67-89.

16. R.

Barthes,

Le discourse

l histoire

(1967),

e bruissement

e

la lan-

gue.

Essais

ritiques

V

Paris,

e

Seuil,

984,

p.

153-166.

Page 92: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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89

cédé

que

Barthes

appelle

«

l effetde réel ».

Lournand,

dans le livre

que j analyse,

semble bien

produire

e même effetde réel.

«

C est

arrivé

Lournand

»,

nous

rappellepériodiquement uy

Bois

en reve-

nant au

village.

Masquant qu au

bout du livre e

modèle

interprétatif

hypothétique

ubsiste

à l état

d hypothèse,

l

nous

signifie

insi

que

son modèle

a

quelque

chose

à voir avec la

réalité.

L analyse

du

cas

risque

alors

d occuper

une

position symétrique

à celle de la

statistique escriptive

ans

une

histoire érielle

radition-

nelle. Comme les tableaux

et

graphiques,

a

présentation

es données

locales est

réduite

un

usage symbolique,

une

sorte de convention

dont le rapport vec l argumentairest faible,mais dont la fonction

est

d afficher a validité de la recherche.

e

risque

n est

pas

mince

à un

momentoù la

discipline

spère

trouverdans la

micro-histoire

une

solution

ux difficultés e

l analyse

des structurest des

conjonc-

tures

massives,

et où

l on croit

parfois qu il

suffit

e

choisir

un

épi-

sode minuscule

u un horizon borné

pour

se voir décerner n brevet

de micro-historien.

a

question

n est

pas

seulement échelle et

il

est

urgent

e

réfléchir, nsemble,

ux

types

de vérification t

d exempli-

fication

ue

nous

menons,

aux modalités

d interprétation

t de

géné-

ralisation

ue

nous mettons

n œuvre. Une

pratique plus productive

du métiernaîtra d une connaissanceplus explicitedes formes uoti-diennesdu raisonnement

istorique.

Page 93: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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Médiévales

1,

automne

991,

p.

91-108

Guy

BOIS

RÉPONSE

La

thèse défenduedans

ce

livre est celle d'une

mutationhistori-

que

décisive ux

alentours

de l'an mil.

De

quoi

s'agit-il

D'un

chan-

gement

de

système

ocial. Je

crois nécessaire

d'y

revenir n

instant

pour dissiper

d'évidents

et inutiles

malentendus.Une telle

mutation

n'implique pas que

du

jour

au lendemain

es

populations

concernées

vivent,

ensent

u

produisent

ifféremment,

ue

les

élites

dirigeantes

se renouvellent rusquement, ue l'habitat rural ou urbain soit bou-

leversé,

ue

l'économie de marché

nvahisse

out...

Bien au

contraire,

si l'on devait

se

placer

dans une

perspective urement

escriptive,

es

continuités,

e

part

et d'autre

de cette

charnière,

'emporteraient

e

beaucoup

sur les

changements.

ue

ceux-ci

soient

presque

impercep-

tibles

dans le court terme et

qu'ils

ne

prennent

orps qu'à

travers

l'accumulation e

phénomènes

éitératifs e semble ller de

soi.

Parler

d'un

changement

e

système

ocial

revient

donc à

souligner

e

pas-

sage

d'un

mode

d'organisation

de la

société

à un

autre mode

(phé-

nomène mmédiatement

isible)

et

à

rechercher

nsuite es

incidences

de ce passage sur le développement long terme de la société end'autres

termes,

déchiffrert

distinguer

es

logiques

de

développe-

ment

propres

à l'un et l'autre

système.

l

s'agissait par

conséquent

d'une

approche

résolument

héorique,

ma conviction

étant

qu'une

approche

théorique,

i

périlleuse

oit-elle,

st

indispensable

la

com-

préhension

e

l'émergence

e la

société

«

médiévale

.

Je

souhaitais,

sans

trop y

croire,

un débat sur la tentative

héorique.

Je le souhai-

tais d'autant

plus

vivement

ue

je

savais n'avoir

livré

qu'une

ébau-

che

incomplète, mparfaite

t certainement autive

bien

des

égards

et

que je

mesurais a distance norme

ui

nous reste

parcourir

ans

cette direction.

Malheureusement,

e

débat,

le vrai

débat,

n'est

pas

ouvert dans ce numérode Médiévales Pourquoi ?

La

première

aisonest

que

les

prémisses

noncées ci

étaient tran-

gères

à l'universmental de la

plupart

de mes

interlocuteurs.

'avais

pourtant ris

soin de

m'expliquer

ur

la

notion de

«

système

ocial

»,

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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92

à la confluence

'un certain

marxisme t

d'un certain tructuralisme

d'évoquer

le réseau

de cohérences

ui

le

fonde,

a

dynamique

ui

le

caractérise...

Mises

à

part

les

observations

de P. Bonnassie

et de

Ch. Wickham

tous

deux,

avec leursvues

propres, artageant

a même

exigence

ntellectuelle),

n cherchera

n vain le

moindreécho à ces

propositions,

e

serait-ce

ue pour

les

contester. .

Lepetit

ui-même,

qui

affecte

ependant

de

prendre

une certaine

hauteur

épistémologi-

que,

oublie

tout

simplementet,

de

sa

part,

l'omission

est

délibérée,

j'y

reviendrai)

e nous confier

on sentiment

ur la mise

en œuvre

de la

notion de

système

ocial.

Mais il y a plus : ce type d'approche dérange.Le mot est d'ail-

leurs

faible

pour

beaucoup,

l

est

insupportable.

nsupportable

ceux

qui

restent

es tenants

d'une

histoire

purement escriptive

t,

peut-

être

plus

encore,

à ceux

qui

ont

espéré échapper

à la

grisaille

de

l'empirisme

ar

le recours

systématique

une

lecture

nthropologi-

que.

Les uns

et les autres

voientdans

la démarche

héorique

ne

atti-

tude hautaine

qui

viserait

démonétiser

eurs travaux. Ils

se trom-

pent

comme

se

trompe

M. Bourin

quand

elle

me

prête

'intention

e

«

jeter

un

pavé

dans

la mare

»

pour

«

éclabousser es

grands

. Pour-

quoi

rapetisser

insi

les choses

en les

ramenant

u niveau

d'enjeux

médiocres elsque la défensefrileuse e la réputationcientifiquees

uns

ou des

autres

?

N'y

a-t-il

plus place

pour

une confrontation

d'idées

entre

hommes

de convictions

ans

y

mêler

des considérations

subalternes

Si tel

était e

cas

-

et,

pour

être

franc,

e

ne suis

pas

loin de

le

penser

quelle

débâcle

intellectuelle,

uel

déclin

du ratio-

nalisme

en

perspective

Voilà

pourquoi,

me

semble-t-il,

es

problèmes

de

fond,

à

quel-

ques

exceptions

rès,

ne

sont

pas

abordés.

Chez la

majorité

des con-

tributeurs

et

leur

choix

n'était

pas

innocent)

'intention

st claire

il

s'agit

de

démolir

e

livre

ou,

plutôt,

de

le

déconsidérer.

près

tout,

c'est

de bonne

guerre

quand

on

veut éluder

les

questions gênantes.

Ceci dit, je n'en remerciepas moins les animateursde Médiévales

d'avoir

organisé

cette

confrontation

uisqu'ils

m'accordent

un droit

de

réponse.

Je

m'efforcerai

'en user

en restant

ur

e terrain es

idées

à

l'exclusion

de toute

attaque personnelle,

l'égard

des

«

grands

ou des

«

petits

(ces

derniers

tant

d'ailleurs,

on

le

remarquera,

és

plus

venimeux).

l

me

faudra

aussi

-

réponse

oblige

-

être

parfois

très

terre

à terre.

Que

le lecteur

m'en

excuse.

Une

contribution

ignificative

À tout seigneur,tout honneur la contribution e R. Fossier

mérite

un sort

particulier,

ne

réplique

distincte.

L'homme

a

long-

temps

présidé

aux destinées

de la confrérie

es médiévistes

rançais

et

il la

représente

ncore

au

C.N.U. On

aurait

attendude son

inter-

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venton un

minimumde

qualité

intellectuelle. hacun

aura

pu

en

juger

ses nerfs

'ont

trahi.

Dès les

premiers

mots

ce

petit

ivre

autour

duquel

l'auteur a

pris

soin de

faire

grand

bruit

),

c'est

l'attaque

ad

hominem

Tradui-

sons : voici un

«

fils de

pub...

».

D'un bout à

l'autre

du texte

une

seule

stratégie attaquer

l'homme

pour

affaiblir e

livre

sans avoir

à en

débattre.

J'éprouve

uelque

nausée

à

devoir

répondre

cet indi-

vidu dans

lequel

M. Bourin

a sans doute

vu un

«

grand

»

que j'aurais

éclaboussé. Mais comment

ester ilencieux evant

de

tels

procédés

?

À

propos

de ce

«

grand

bruit

qu'il

sache

que

je n'appartiens

pasà ce réseau bien connuqui s'autocongratule ans quelques hebdoma-

daires et

quotidiens

sans parler

de la

télévision)

traversun

subtil

échange

de

services

destiné cultiver es

apparences.

Mon éditeur

simplement

ait on travail

ui

consiste faire

onnaître

n

livre.D'où

une

cinquantaine

de

comptes

rendus

presque

tous

favorables deux

prix

décernés ma

plus grande

surprise

un

prix

Sully

et un

prix

de

l'Académie

française) quatre

traductions

sans

le

financement

'aucun

organisme public).

Rien

de

plus.

L'émission sur

France

Culture

Aurais-je

refuser 'aimable invitation

e J. Le

Goff

dès

la

sortie

du livre La

préface

de G.

Duby,

sortede

bénédiction

ue

plus

d'un

supporte rèsmal ? Je ne l'ai pas sollicitée. G. Duby me l'a propo-

sée

quand

il

a

appris que

la

publication,

prévue primitivement

hez

un autre

éditeur,

tait remise n

question

et

je

l'ai

acceptée

avec

un

grand plaisir

en

raison

de

l'estime

que je porte

à un

historien

apa-

ble

de remettre

ur

le

chantier

es

propres

conclusions,

e

qui

est la

marque

véritable

du

savant.

Songez-y,

Monsieur Fossier. Et

sachez

que

votre

nterpellation

st d'autant

plus déplacée

que,

à

maintes

epri-

ses,

je

me

suis

exprimé

ur l'effet

orrupteur

xercé

par

l'environne-

ment

médiatique

sur les sciences

sociales

:

j'y

vois

le

danger

majeur

pour

ces

disciplines

ar

il

introduit n

pilotage

de la

science,

en

aval,

par

le

jeu

d'une sorte de

«

demande sociale ».

Que dire sur le fond ? Le reste des observationsde R. Fossier

étant

du

même

tonneau,

le

dialogue

est

difficile

nouer. Sa

colère

est telle

qu'il

en

perd

tout

entendement. e

résultat

st

ahurissant.

Un

exemple quand

j'évoque

des

processus

oncrets

raversante Haut

Moyen Age

(crise

des structures

'encadrement ur le

plan

politique,

renforcement e l'initiative

ndividuelle u

paysan

et

du maître

sur

le

plan

économique)

R.

Fossier

a

une lecture

ui

vaut

son

pesant

d'or

voir dans la mutation

e l'an

mil

un

glissement

u

politique

l'éco-

nomique

comme facteurdominant

boutit,

curieusement,

voir

des

notions

abstraites,

u

mieux

uridiques, gouverner

e monde

concret,

parce que

le veut a

théorie

fantasmes

»).

Me voici

donc,

fait

né-

dit,devenuplatonicien ar la grâcede R. Fossier un record stbattu.

Quant

à

l'interprétation

onnée de

la

rupture

du

Xe

siècle,

elle

n'est

pas

même

entrevue

par

mon

honorable

censeur.

Comment e

serait-elle

Il

n'a

pas

la

moindre dée de

ce

que

pourrait

être un

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94

système

ocial,

son

empirisme

aricatural t massif ui

interdisantout

effort

'abstraction

t

l'obligeant

se

cramponner

cette

pensée

dont

on mesurera

a

portée

et la

profondeur

«

tout est nuances et

varié-

tés

»

dans

la société médiévale

au

fait,

dans

quelle

société es faites-

vous

disparaître,

es nuances et ces variétés

). Ayant

ainsi

ignoré

e

contenu

systémique

e

la

thèse avancée

il

constate,

sans

sourciller,

que

l'emploi

des mots

«

rupture

,

«

mutation

,

«

révolution est

déjà

ancien

(qui

le contestera

)

pour

affirmer

ue

tout avait

été dit

depuis

longtemps

et

que

je

m'attribue

par conséquent

les

mérites

d'autrui. Admirable

eçon

de

rigueur

ntellectuelle

ont

je

sourirais

si je n'y voyais l'un des symptômes nquiétantsde la débâcle évo-

quée plus

haut. Un derniermot sur cette très

significative

nterven-

tion elle est

précieuse

ar elle

révèle

que

le

coup,

en matière

'idées,

a

porté

et

que

la

direction st bonne.

Merci

donc,

Robert

Fossier.

À

propos

de la

rigueur

Ce livre

manquerait

de

rigueur,

me dit-on

absence

de

critique

des

sources,

références

nsuffisantes,

acunes

bibliographiques...

Nous

voici devantl'angle d'attaque principal à quoi bon débattrede lathéoriesi celle-ci est construite ur du sable. C'est évidemment a

méthode a

plus expéditive

condition d'être en mesure

d'instruire

le

procès.

Or,

certains e sont

engagés

dans cette voie avec

quelque

imprudence,

me semble-t-il. n en

jugera.

Il

est bien vrai

que

la

Mutation

de l'an mil

ne se

présentepas

sous

la forme d'une thèse de doctorat

munie

de

l'appareil critique

répondant

ux

normes

anoniques

ou

académiques.

Je e

concède très

volontiers

ar

il

s'agissait

d'un choix

délibéré,

mûrement

éfléchi,

ont

je

dois

m'expliquer.

Ce choix

a été dicté

par

une

expérience

ntérieure.

n

1976,

'ai

publiéune thèsede doctorat,Criseduféodalisme muniede son appa-

reil

critique,

t

qui

avait en commun avec mon dernier ivre de

pro-

poser

une

interprétationystémique

e la

crise

agraire

du

XIVe

iècle.

Pour cette raison là

il

dérangeait

a nomenklatura niversitaire. n

lui

fitdonc le

sort

qu'il

est

aisé de faire un

ouvrage

de cette

nature,

à diffusion estreinte

l'étouffement

ar

le silence.

Fantasme

?

Que

le lecteur onsulte

e

rapport

onsacré

au bilan de

l'histoiredes

cam-

pagnes

médiévales

pour

les

vingt

dernières nnées

(dans

l'Histoire

médiévale

en France

*),

il

n'y

verra

pas

la moindre allusion à cette

interprétation

le

rapporteur,

otons-le n

passant,

a nom R.

Fossier).

Qu'il

se

reporte

nsuite la Nouvelle Clio consacréeaux

aspects

éco-

nomiqueset sociaux de l'Occident aux XIVe t XVe iècles collection

1. L'Histoiremédiévale

n

France Bilans

t

perspectives

textes

éunis

ar

M.

Balard,

Le

Seuil,

991.

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dont

la

fonction,

omme chacun

sait,

est

d'établirdes états des

ques-

tions

et des

bibliographies) parmi

environ

700

titres

d'ouvrages

ou

d'articles,

pas

la

moindre race de mon livre. Je

ne

commenterai

as

ces faits mais

j'en

ai tiré

une

conclusion

simple pour

briser

e

mur

du silence

il

fallait

viser

une diffusion

lus large, adopter

le mode

d'exposition

e

plus

clair

possible,

ne

pas

noyer

e raisonnement ous

une accumulation

de données

de

pure

érudition.Si

j'avais

choisi de

publier

toutes es

étapes préliminaires

e

la

recherche,

n

matière

de

toponymie,

d'onomastique

ou

de

métrologie,

a confidentialité e

l'ouvrage

eût été assurée

et ce

«

débat

»

lui-mêmen'aurait

pas

lieu.

Ceci dit, qui m'aura cru assez naïfpour ne pas avoir prévuce type

d'attaques

et ne

pas

avoir

«

bétonné

,

comme on le

dit,

de

façon

très

expressive,

ans le

langage

sportif.

Que

mes

collègues

de

Müns-

ter et

B.

Rosenwein

se rassurent

j'ai

passé

des années

à

résoudre,

dans

la

mesure

du

possible,

es

principales

ifficultés e la documen-

tation

chronologie

rronée

ou

imprécise

'un

grand

nombre

d'actes,

incertitudes ur

les limitesde certaines

villae flottements e l'ono-

mastique).

Ils

le savaient

d'ailleurs fort

bien

puisque

nous avions

échangé

une

correspondance

ce

sujet,

il

y

a

déjà cinq

ans,

et

que

je

leur

exprimai

lors

mon

scepticisme

ur

la

possibilité

de

les résou-

dre,même munid'un ordinateur, l'échelleglobale du cartulaire, t

ma

préférence

our

un

traitementminutieux

l'échelle d'un ou deux

villages.

Je les attends

donc d'un

pied

ferme.

Mais sans

attendre,

prenons

'exemple

du

diagramme

des

prix,

vivement ontesté

par plusieurs,

dont

R. Fossier et B.

Lepetit,

sous

prétexte

ue

les références

e sont

pas

produites.Remarquons

d'abord

qu'il

ne fallait

guère

plus

d'une heure

à un

étudiant

de maîtrise

a

fortiori

B.

Lepetit

ou ses

collaborateurs)

our

s'assurer

de

sa

vali-

dité en se

reportant

ux seules

analyses

des actes dans le

cartulaire

(elles

mentionnent vente

de

vigne

dans telle localité

»)

à

partir

des

dates

repérables

ur le

diagramme

t

qu'il

ne

s'agissait

donc

pas

de

donnéesdisperséest incontrôlables.uisquevous les voulez, es voici

actes

549,

954, 1202,

1273, 1282, 1436, 1631, 1699, 1730, 1737,

2297, 2614,

2681.

Cependant,

'attaque, significativement,

e

se

limite

pas

aux seules références

ocumentaires.

es

prix,

me

fait-on

docte-

ment observer

B.

Rosenwein

et

d'autres),

ne

concernent

u'une

fai-

ble

part

des transactions

ffectives

c'est

l'évidence

)

;

ils

portent

ussi

la

marque

des relations ociales

et des

rapports

e force ntre es inter-

venants

autre

évidence

que

l'on

pourrait

d'ailleurs aussi

bien

appli-

quer

au

prix

du

pétrole,

de nos

jours).

L'exercice

d'hypercritique

e

poursuit B.

Lepetit) par

la mise en doute

de la stabilité e la

perche

dans

la

période

considérée.

Bref,

on fait

flèchede tout

bois,

au ris-

que de mettre n évidence e caractère ystématique e la volontéde

dénigrement.

e

pouvant

fournir e mercuriale

our

le

Xe

iècle,

e

me limiterai

trois observations

1)

Il

était

difficile e s'entourer

e

plus

de

garanties,

otamment

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en matière

de

métrologie,

n ne relevant es

prix que

dans

une aire

restreinte,

oumise une même autorité t sans

rupture

olitique

dans

la

période

concernée.

2)

Je

persiste penserque

les données relevées

eflètent,

lus

ou

moins

grossièrement,

ne tendance de fond car la

pente

des

prix

est

très forte

un

quadruplement).

3)

Je constate enfin

sans

en

faire un

argument

'autorité) que

le

résultat

obtenu est en concordance

remarquable,

ant en

rythme

qu'en

chronologie,

vec ceux

obtenus

à

Barcelone et à Milan

par

P.

Bonnassie

et C. Violante

résultats

ui,

à ma

connaissance,

n'ont

nullement té contestés).Voilà qui devraitdonnermatière reflexion

à

ceux

qui

ne veulentvoir dans les

prix

du cartulaire

ue l'expres-

sion

du

rapport

particulier

ntre

'abbaye

et

«

ses voisins

»,

ou

à

R. Fossier

quand

il

a le front

'écrire

propos

de ma

«

flambée

des

prix

»

:

«

c'est

une

pure

vue de

l'esprit

en

raison

de

la

quasi

nullité

des

renseignements

e cet ordre à

Cluny

».

Voici donc un

premier xemple

de

mauvaise

querelle,

nourriede

toutes les ficelles

de

l'hypercritique

t,

au

demeurant,

gratuite

puisqu'elle

ne mettait

pas

en

cause un résultatbouleversant u iné-

dit. Le but recherché tait de

jeter

le trouble sur la

qualité

du tra-

vail. Muni des piècesdu dossier, e lecteur e feraaisémentune opi-

nion sur la

qualité

de la

critique

et la

bonne

foi

de ses auteurs.

Le deuxième

exemple

n'est

pas

moins

significatif.

l

s'agit

du

reproche ui

m'est

fait de confondre ndividu t famille t de

cons-

truire

'approche

démographique

ur cette

confusion.

Rien de

moins.

Le

reproche urprendra eut-être

eux

qui

ont lu

ma thèse et observé

la

place

donnéeà la

critique

e la

notionde

«

feu

»

à la

fin

du

Moyen

Age.

Mais

de

quoi s'agit-il

ci

?

Tout

simplement

u fait

que pour

avoir une idée

plus précise

du

nombredes habitantsde Lournand et

des hameaux voisins

'utilise

les

renseignements

ournis

par

les actes

relatifs ux transactions oncières,esquels précisent, our définir es

confins

d'une

parcelle

elle touche à

la

terrede

X,

Y

ou Z. Formel-

lement

X,

Y et Z

sont,

e

le reconnais

olontiers,

es

individus.

Aucun

de

ces actes

ne dit

que

telle

parcelle

ouche à la terre e

X,

sa femme

et

ses

trois enfants.

Cependant,

nous connaissons suffisammentes

structures amiliales

en Mâconnais au

Xe

iècle

pour

affirmer,

ans

l'ombre

d'un

doute,

que

la cellule

conjugale

est

la norme

absolue

et

pour

en déduire

que

derrière

X,

Y

et

Z

se

profilent

es

foyers,

e

dimensions

variables,

évidemment

des

célibataires,

des

couples

sans

enfant,

des

couples

avec

plus

ou moins

d'enfants...).

Il

va de soi

que

la

solution

déale

pour passer

de l'individu u

foyer

onsisterait

pro-céderà des reconstitutionse familles.Mais pointn'est besoin d'être

expert

n

démographie

médiévale

pour

savoir

que

cette méthode

est

rigoureusement

mpossible

vant

'apparition

des

registres

aroissiaux,

avant le milieu du

xvie

Lournand,

début

xvne).

On

est

donc con-

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100

l'une d'elles.

Le terme

désigne

dès

900

à la fois

un

habitat

hameau

ou

village)

et son

finage,

ux limites onnues

de tous. La

perception

de

l'espace

est encore

de caractère

rigoureusement

ublic.

Le contresens

erait

un détail s'il

n'entraînait

sa suite

une iné-

vitable

cascade

d'erreurs.

Tel

personnage

vend un

champ

dans

telle

villa

Avec

une

conception

domaniale

de la

villa,

il

devientnécessai-

rement

un

grand propriétaire

t

il

ne reste

plus qu'à

s'interroger

(comme

le fait d'ailleurs

M.

Bourin)

sur les raisons

qui

l'ont

poussé

à aliéner

une

si

modeste

part

de son

patrimoine.

Tout

est

brouillé

et la boucle

est bouclée.

Par

définition,

n ne

perçoit plus que

des

domaines, l'alleu s'évanouissantaux yeuxde l'historien,par le jeu

de cette

ecture. ur

le

plan

social,

on

multiplie

a

puissance

de l'aris-

tocratie,

andis

que

les alleutiers

assent

à la

trappe.

Quant

à

l'habi-

tat,

il

apparaît

alors

dispersé

aux

quatre

vents

du territoire t

il

ne

reste

plus

qu'à

théoriser

ur

son subit

regroupement.

Vérité à

Cluny,

erreur

u-delà ? L'ennui est

que

l'on a montré

récemment

ue

le même emboîtement

e

circonscriptions

e

retrou-

vait,

sous

des

formes

dentiques en

dépit

des

«

nuances

et

variétés

de

la

société

médiévale)

dans

de

grands

nsembles,

el

que

le

royaume

de Bourgogne.Voici, on le comprendramieuxmaintenant, ourquoi

j'ai

délibérément

carté es

comparaisonsrégionales

la

fréquence

u

contresens

uffit

invalider,

dans l'état

actuel

des

choses,

un

grand

nombrede ces

comparaisons,

auf à

passer

au crible hacune

des

étu-

des locales.

Mais dès

que

cette

question

sera

pleinement

larifiée,

a

confrontation

es situations

articulières

eviendra on seulement tile

mais

indispensable.

Regrettons,

our

terminer,

ue,

sur

ce

point

non

négligeable,

un

échange

de vues n'ait

pas pris place

dans

ce

débat.

C'est sans

doute

partie

remise...

L'acception

du terme

de

manse

mériterait es

développements

analogues.

C'est

à tort

que

l'on

y

a vu nécessairement

a tenure 'une

famille. l s'agitd'une exploitation omplète doncd'une catégorie co-

nomique)

mise en

valeur

par

une

famille,

ndépendamment

u statut

de

la terre

alleu

ou

tenure).

Sur ce

point

encore,

silence

de mes cri-

tiques.

Pourquoi

?

Ne voit-on

pas que

le

dérapage

sur

ce terme

brouille

un

peu plus

l'analyse

sociale

en faisant

disparaître

e nou-

veaux

contingents

'alleutiers

Quant

aux

termes e

servus,

ncilla

et

mancipio le

collectif

eu-

tre), 'en

ai suffisamment

arlé pour

ne

pas y

revenir

onguement.

Quelle

discrétion

ncore Une

non

médiéviste,

N.

Gauthier,

'aven-

ture

sur ce terrain

«

je

ne suis

pas

sûre,

nous

dit-elle,

u'il y

ait

une

frontièreociale

majeure

entre erviet hommes

ibres .

Mais

j'ai

proposé des critères récis double exclusion,de la vie publique et

de la

propriété)

les

accepte-t-on

Il

suffisait,

our

démolirmes con-

clusions,

de

produire

à

partir

des

milliersde transactions

oncières

dont nous

disposons

pour

le

Xe,

un

acte dans

lequel

un

servus

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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101

«

privé

donne,

vend

ou

échange

une

parcelle

ui

appartenant.

our-

quoi

ne

répond-on

pas

à cette

nvitation,

ormulée

plusieursrepri-

ses

déjà

?

Évidemment,

i

d'un côté

on fait

disparaître

es alleutiers

et de

l'autre on détourne

on

regard

de la condition

ervile,

a

fron-

tièresociale

a toute

chance d'être

estompée.

Sur ce

point,

on

devine

cependant

isément e

que

sera

l'échappatoire

elle consistera dénier

toute

valeur au vocabulaire

au

profit

d'une lecture

plus performante

et sous

couvert

d'une

plongée

d'avant-garde

ans les mentalités

ocia-

les.

Bref,

la fuite en

avant.

Sur tous ces

problèmes,

e lecteur

un

peu

distant

ttendrait ne

discussioncourtoise t sereine omme devrait 'être tout débat scien-

tifique.

Or

il ne voit

que blocages

et

exaspérations. ourquoi

? N'est-

ce

pas

une vraie

question

?

Elle met

en

jeu

non

pas

les hommes et

leur caractère

plus

ou

moins

facile,

mais

un mode de fonctionnement

universitaire.

e

petit

monde des

médiévistes

rançais

st structuré

ar

des

réseaux

de

pouvoir,

fortement

entralisés,

ont le C.N.U. consti-

tue le

noyau

central.

l

en résulte

une

logique

implacable.

Pour la

plupart,

es

perspectives

e carrière

mpliquent'allégeance

ce

noyau.

Inversement,

e

noyau,

à défaut

de

prestige

cientifiqueon

est

loin

du

despotisme

clairé

de E.

Perroy

ou

de

J.

Schneider),

ne doit sa

prééminence u'à un strict xercicede ce pouvoir. Dans ces condi-

tions,

la moindre

nterpellation

'ordre

scientifique

menace le fonc-

tionnement

u

microsystème,

n

risquant

de déchirer

es

apparences,

pour

les dominants

t les

dominés.La suite est

facile à

comprendre...

La seule

règle

de

comportement laquelle je

me

tiens,

a

seule

con-

forme

une

éthique

démocratique

t

scientifique,

st de ne

pas

entrer

dans

cette

ogique

génératrice

e

médiocrité

tous les

niveaux,

quoi

qu'il

en

coûte,

y compris

sur le

plan

financier.

Parlons maintenant es vrais

problèmes

Fort

heureusement,

e

dialogue

est

plus

facile en

règle générale,

avec les

collègues étrangers.

'est donc avec eux

et

avec P. Bonnas-

sie

qu'il

sera

repris,

en suivant

un ordre

thématique.

1)

Sur

la croissance

agraire

Le débat sur

la

réalité

de la croissance

du Haut

Moyen

Age

est

aujourd'hui

dépassé (Cf.

Colloque

de

Fiaran).

Deux mots suffiront

donc.

S'agissant

du

Mâconnais,

je

ne fonde

pas

le

diagnostic

ur tel

ou tel indicateur, achant 'inévitablefragilité 'une approche quan-

titative ur

laquelle

on

pourrait

débattre l'infini.Je la fonde essen-

tiellement ur

la

convergence

es

signes

le

maillage

serré des

com-

munautés

urales,

es

signes

manifestes

e

densités

levées,

'extension

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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102

des

cultures,

a

preuve

des

progrès

echniques

moulins,

otations).

e

telles

corrélations

n'ont de sens

que

dans un

climat de

croissance.

Plus ouverte

st la

question

des

origines

du

dynamisme graire

P.

Bonnassie

met en avant

le rôle des

paysans

libres tandis

que

A. Verhulst

et

P.

Toubert)

insiste

sur

le rôle moteur du

grand

domaine.

Je maintiendrai

ci

mon

point

de

vue,

à savoir

que

le take

off il

suppose

une

énergie

ociale

immense) 'explique

par

la

conju-

gaison

des efforts

es

différentes orces sociales

(maîtres,paysans,

esclaves),

une

conjugaison

de caractère

xceptionnel

ar elle s'inscrit

dans un état

donné de la

société,

dans

lequel pour

chacune de ces

forces l

y

a non seulement ntérêtmais obligationde produirecet

effort.

L'esclave

parce qu'il

est

proche

de

l'intégration

le

maître,

en raison

du

dépérissement

u

cordon ombilical

qui

le

liait

au

pou-

voir

le

paysan

parce que

libéré des

contraintes

tatiques.

Mais

il

se

pourrait

fort bien

que

la

part

des uns

et

des

autres soit différente

ici

et là et

que

Bonnassie

et Verhulst

ient

'un

et l'autre raison dans

leur domaine

respectif.

a

question

renvoiedonc au

diagnostic

ocial

et

à

l'opportunité

de

distinguer

es sous-ensembles ans

la

société

européenne

2) Sur le diagnostic ocial

«

Société

esclavagiste

? N. Gauthier

s'étonne

de la formule

quand

les esclaves

ne

représenteraient

ue

15 % de la

population

et

quand

les

paysans

sont

plus

nombreux.

Relisez,

chère

madame,

de

manière

plus

attentive

t vous

verrez

que j'exclus,

pour

cette

raison,

l'idée

d'un

«

mode

de

production

sclavagiste

,

lui

préférant

a notion

de

«

système

e

type

ntique

». Et

permettez-moi

e vous

faire

obser-

ver

(car

vous

semblez,

avec

d'autres,

ne

pas

l'avoir

compris) que

le

terme

antique

»

est

pris

ci dans un sens

structurelt non dans

une

acception purement

hronologique.

Vous

ne me ferez

pas

dire

que

l'Antiquité e prolonge usqu'en l'an mil, pour la raison trèssimple

que je

ne

sais

ce

qu'est

1'«

Antiquité (même

observation

pour

le

«

Moyen Age

»).

Par société

de

type

ntique,

entendez eulement ne

société

fondéesur

la

trilogie

ociale

suivante

aristocratie e

pouvoir

et de

fortune,

aysannerie

n

majorité

ibreet

alleutière,

sclaves.

Est-

ce

clair ?

Étant bien

entendu

ue

cettecombinaison

originalepeut

se

présenter

ous

les

formes es

plus

diverses t

que

le

puissant

Franc

du

IXe

est

loin d'avoir

le

profil

de

votre aristocratie

omaine du Bas

Empire.

Laissons

donc les

querelles

colastiquespour

en venir

la diffi-

cultéprincipale.

Elle

tient la

difficulté

ue

nous

éprouvons

ous

à

saisir à la fois l'unité et les diversités es sociétésconsidérées.Car

nous

avons sous

les

yeux,

es

uns et les

autres,

des sociétésconcrètes

dont

aucune n'est

identique

l'autre.

Le Mâconnais

n'est

ni la Lom-

bardie,

ni la

Catalogne,

ni

la

Germanie,

ela va de soi.

La

question,

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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103

dès

lors,

est

de savoir si

l'historien

oit se

satisfaire

u

seul constat

des

différences,

i

sa

tâche s'arrête

à,

avec des ambitions

ui paraî-

tront

tous,

ou

presque,

assez limitées ou

si,

au

contraire,

u-delà

des

diversités,

l

se donne

pour

tâche la recherche 'une éventuelle

unité structurelle.

n

d'autres

termes,

y-a-t-il

es cohérences

tructu-

relles

usceptibles

'avoir une

portéegénérale

On aura

peut-être

om-

pris que

dans la

monographie

ur

Lournand

'objectifprioritaire

tait

la recherche

e

ces

cohérences u de ces

ligatures

ociales sans

pour

autant

prétendre ue

les formes oncrètes e la société lunisoise ons-

tituent

un modèle

de

portée générale.Tentons d'avancer dans cettedirectionla recherche es cohéren-

ces).

La

pierre

ngulaire

du

débat,

me

semble-t-il,

st

la

question

de

la

paysannerie

ndépendante,

e

sa

place

voire de

son existence

même.

Mesurons

d'ailleurs cet

égard

e chemin

parcouru

il

y

a trente

ns,

on en

soupçonnait peine

l'existence.

l

est

clair,

cependant,

ue

ce

point

fait encore

'objet

d'appréciations

rès

divergentes.

'idée selon

laquelle

la masse des

paysans

a été

réduite

très tôt

(bien

avant le

XIe

iècle)

dans une

quasi

servitude st à l'évidence

présente

ans

beau-

coup d'esprits.

Quand

les historiens

e

Münster

évoquent

mes

pro-

priétaires,

ls

y

mettent

es

guillemets

ubitatifs. t l'on

devine aisé-

ment ue les contresensvoqués plushaut ne facilitentas une appré-

ciation correcte

u rôle centraldes

petits

lleutiers.

Pourtant,

'ai

le

sentiment

ue

nous

n'en

sommes

plus

très loin.

«

L'importance

de

la

petitepropriété

aysanne...

est

encore

une

caractéristique

majeure

de

la société catalane ou castillane du

Xe

siècle

»

nous dit Lluis To

Figueras.

P. Bonnassie va

même

beaucoup plus

loin

en

parlant

de

l'émergence

ur les

rives de la Méditerranée 'un

«

régime

de liberté

paysanne

généralisée

,

analogue

au

«

mouvement e libération

pon-

tanée

»

dont

parlait

G. Tabacco

à

propos

de l'Italie.

L'hypothèse,

assurément,

st du

plus

haut ntérêt

our

la

compréhension

e la révo-

lution

féodale. Avec

A.

Verhulst

a distance est moins

grande

qu'il

ne paraît ce qu'il voit au-delà du Rhin ne diffère uèredu Mâcon-

nais

;

et entre Seine

et

Rhin,

il

attribue

40

% de la

population

à

l'encadrement

omanial,

ce

qui

laisse 60

%

à la

paysannerie,

à où

sa

position

est

réputée

a

plus

faible

devant une aristocratie omina-

trice.

La société

anglo-saxonne

ne contredirait

as davantage

cette

hypothèse.

ar

conséquent,

nous serionsbien devant un socle social

de

première

mportance

l'échelle

de

l'Europe.

Le

basculementde

ce

socle dans

un

régime

e

dépendancegénéralisée le régime eigneu-

rial)

ne

peut

donc

pas

être saisi comme un

phénomène

mineur,

ou

un

simple

petit pas

dans le

cours

d'une évolution au

rythme

imperceptible.

C'est

ici

qu'interviennent

es

objections

de

Chris Wickham.

Elles

méritent

a

plus grande

ttention

ar

l'homme n'est

pas

seulement n

érudit

au-delà de toutes

contingences,

l

défend des

convictions,

n

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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104

véritable ntellectuel

u'il

est.

L'opposition

alleu/tenure,

ous

dit-il

d'abord,

n'était

pas

totale

avant la mutation.

l

a

raison et

nombre

d'alleutiers mâconnais devaient

aussi cultiver

quelques parcelles

en

«

précaire

ou

autre formede tenure.

l

relève

en outre

a

présence

de nombreux lleux

paysans

dans la Toscane

des

xie-xne

iècles,

bser-

vation

qui

se vérifie ans doute

ailleurs.

En

quoi

ceci contredit-ila

thèse

du

basculement Dans une

dialectique

de

l'ancien et

du nou-

veau,

l'émergence

du nouveau au

sein

de

l'ancien,

la

persistance

e

l'ancien au

sein

du

nouveau,

seraient-elles evenues

nconcevables

Et

ne

peut-on

dmettre

ue

la

cassure

ne

soit

pas partout

ussi fran-

che, sans nier a réalitéde cettecassure ? Il n'est pas surprenant ue

l'objection s'appuie

sur

e

cas

italien.

Nous voici en

effet,

ci,

au cœur

de l'ancien

système ntique,

en un lieu où

l'effondrement

es struc-

tures

publiques

a été fortementtténué

par

la

vigueur

de

l'héritage

urbain.

Que

le

passage

au

système

éodal

y

ait

pris

des

formes

arti-

culières,

et

à certains

égards incomplètes

n'a rien

pour

surprendre.

Je serai

plus

réservé ur a distinction

u'il

introduit ntre

e che-

minement conomico-social t le cheminement

olitique

césure

ociale

du

VIIIe

t

césure

politique

du

x-xie).

Le

raisonnement

e semble

pro-

longer

une dichotomie

eigneurie

oncière/seigneurie

anale

que

l'ensei-

gnementuniversitaire, ans un souci pédagogique, a accentuée àl'excès. En

outre,

derrière ette dée se

profile

celle

d'un

étagement

de

structures

structures,

uperstructures...)

ont le

caractère

opéra-

toire

pour l'analyse

des sociétés n'est

pas

évident. Enfin

et

surtout,

il

sous-estime

e rôle

décisif

de

l'effondrement es

structures

ubli-

ques

dans

la mise au monde de la

seigneurie tout

court).

Certes,

Ch. Wickham

conserve-t-il inalement on

point

de vue

initial

le mode de

production

féodal a

commencé à dominer

l'Europe

à

partir

e

la

chutede

l'Empire

romain

)

mais

quand,

quel-

ques

lignes

plus

loin,

parlant

du Haut

Moyen

Age,

il

écrit

«

je

suis

sûr

que

sur

ce

point Guy

Bois

à

tout à fait

raison

cette

période

a

une logique économique et politiquedifférente e celle qui l'a sui-

vie

»,

non

seulement

l

amorce un

mouvement,

mais

il

fait

'essentiel

du chemin

vers

a

reconnaissance

u

passage

d'un

«

système

ocial

»

à

un

autre

(ou

d'une

logique

à une

autre).

Il

est

un autre

point

du

diagnostic

ocial sur

lequel

des conver-

gences

e

précisent

le rôle

capital

d'une

petite

ristocratieocale

dont

la

cohésion

repose

sur un

réseau serré

d'alliances,

qui

vit du

pouvoir

autant

que

de la

terre,

ans constituer ncore une

classe

seigneuriale

malgré

a

tentation

randissante 'imposer

son autorité la

paysan-

nerie. Ch. Wickham me faisait observer

qu'il

m'avait

précédé

dans

l'identification e ce

groupe

à travers es

«

notables

»

toscans. Je lui

en donne volontiers cte, aussi bien qu'à Davies pour la marchebre-

tonne ou

qu'à

Claudie Amado

pour

les environs

de

Béziers. Même

similitude vec les détenteurs e ces

«

petits

domaines

»

décrits

par

Verhulst

pour l'époque mérovingienne.

out

se

passe

ici comme

si

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105

ce

groupe

avait été

bousculé,

à

l'époque carolingienne, ar l'expan-

sion des

Francs et

de

l'Église.

Voilà

qui

confirmerait'idée d'une

maturation ociale

plus précoce

entre

Loire et

Rhin,

surtout i

on

relie

ce

phénomène

à la faiblesse

relativede

l'esclavage

dans

cette aire.

Notons

cependant

une

divergence

vec mon ami

Bonfrassie

uand

il

voit dans ces

«

maîtres

«

une couche

supérieure

e la

paysannerie

.

Ne doit-on

pas

réserver trictement

e termede

«

paysan

»

à ceux

qui

travaillentux-mêmes

eurterre

Il met

cependant

e

doigt

ur e

genre

de vie très modeste

des maîtres

t

rejoint

insi les observations umi-

neuses

de Wickham

sur la

pauvreté

matérielle

de l'aristocratiedu

« Haut Moyen Age ». N'est-cepas là le problème entralposé, à des

degrés

divers,

par

le délabrement

e la machine fiscale et l'affaiblis-

sement

des structures

'encadrement On

y porte

remède,

grâce

au

pouvoir

franc

et

dans

une aire

géographique

imitée,

par

une

politi-

que d'expansion

et la créationvolontariste

e

grands

domaines. Mais

ailleurs

Quand

et comment

e

tissu social

ancien se serait-ilmodi-

fié

? La

petite

ristocratie

'est-elle

as

dans une sorte

d'impasse

dont

elle

tenterade sortir

n

se

rebellant Considérée sous

cet

angle,

la

géographie

de la

mutationféodale

pourrait

'éclairer

d'un

jour

nou-

veau. Elle serait

plus

graduelle

dans

un

espace septentrional

ù des

solutionsnouvelles e sontpeu à peu acclimatées si j'ose cette com-

paraison,

à la

manièrede

l'Angleterre

uand

elle

s'engagera

dans la

voie de la société

bourgeoise

-

ou

capitaliste).

Elle se ferait ussi

(mais

pour

une raison

inverse)

sans

rupture

clatante,

sans

guerre

civile,

dans un

espace

méridional

Italie

surtout)

sans

«

hiatus

»

(Wickham),

par compromis

uccessifs

u

sein

d'armatures

publiques

gardant

eur consistance.

La zone intermédiaire

erait celle des tem-

pêtes

ou

du

séisme

social,

la maturation

u

processus

social

y

étant

à la fois

trop

et

pas

assez

avancée

pour

que

la

mutation

oit

maîtri-

sée

;

celle aussi

où,

en raison

de la radicalisation es

conflits,

e

para-

chèvent

es formes

déologiques

et institutionnelles

u nouvel ordre

social. Simples conjectures, videmment, ue je n'aurais mêmepas

évoquées

ci si

certains e m'avaient

prêté

'intention

e

faire

de Lour-

nand un

modèle

applicable

en tous lieux.

Et

l'esclavage

? Ne

séparons pas davantage

'unité

et

les diversi-

tés.

L'unité réside

dans le

maintien

plus

ou moins

général, plus

ou

moins

ferme,

de

l'esclavage usqu'à

la

fin

du

Xe,

et

parfois

au-delà.

Ceci

dit,

la

chronologie

de son déclin

doit être

précisée

et P. Bon-

nassie

reste

e

pionnier

ur cette

voie. Sa

géographie

ussi,

rienn'inter-

disant

de

penser

d'ailleurs

qu'ici

ou

là,

à la faveur

d'une

crise,

l

n'ait

pas

disparu plus

tôt.

Enfin,

tout

en

persistant, 'esclavage

se trans-

forme.Wickham

a mille fois

raison d'insister ur

l'importance

e la

condition ociale réelle,au-delà du statut uridique. L'esclave tendà

devenir

un

tenancier,

l

se

rapproche

du

tenancier

ibre. Et

pourtant,

une frontière ubsiste

sur

laquelle

je

ne

reviens

pas.

Quant

au

marché,

onsidéré

ommeun mécanisme

ropre

u nou-

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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106

vel ordre

féodal,

que

de

malentendus

On confond

ommerce t mar-

ché,

on ne

s'interroge

as

sur les

dynamiques

de

l'échange,

fonda-

mentalement ifférentes

vant

et

après

l'an

mil,

même si les

signes

annonciateurs

u nouveau

marché

se

manifestent

ien

plus

tôt dans

l'espace septentrional.

'essentiel

ou

l'unité

de ce

marché

appelons-

le

«

marché féodal

»

pour

éviter oute

confusion)

tientà deux cho-

ses : l'entrée

en

scène,

sur une

large

échelle,

des

petits producteurs

individuels ans la

sphère

de

l'échange

la

large

autonomiede

déve-

loppement

cquise

par l'échange

ocal

(ville/campagne).

videmment,

le

phénomène

st

progressif

t

la

campagne

n'est

pas

aussitôt

non-

dée d'argent.Le processusse heurtemêmeà de multiples bstacles

qu'il

surmontera

ar étapes

successives.

Faute de

place

et

convaincu,

par

ailleurs,

que,

dans

une

perspective

e

synthèse,

a

difficulté

e

viendra

pas

de

là,

je

n'en

dirai

pas

davantage.

De ce

tour

d'horizon,

si

incomplet

oit-il,

e garde

le sentiment

que

les voies

d'une

synthèse

ont ouvertes

pour peu qu'on

le veuille

et

que

l'on ne confonde

as

débat

scientifique

t

règlement

e

compte.

Oui,

les

historiens e

l'espace

méridional oivent

prendre

n

compte

les

problématiques

eptentrionales,

omme

e recommande .

Verhulst

(et

réciproquement).

ui,

les

participants

oivent se montrer sou-

ples et ouverts selon la formulede Y. Morimoto,dans une inter-

vention

mpreinte

e

sagesse

et de courtoisie.

Oui,

il

faut savoir aussi

revenir ur

des erreurs

uand

elles sont devenues manifestes.

Réponse

à un

« observateur

xtérieur

Voici donc l'éminent

nimateurdes Annales entrant

n

lice.

En

«

non

spécialiste

,

en

«

observateur

xtérieur

et,

on le

devine,

en

toute

mpartialité.

vec une

grande

hauteurde vue

puisque

son

pro-

pos

sera,

pour

l'essentiel,

pistémologique.

Avec

aussi

un

regret

mal

dissimulé « ce livre a été reçu») et l'intention ort laired'y mettre

bon

ordre,

c'est-à-dire

de clore au

plus

vite

le débat. Y.

Morimoto

n'aura

donc

pas

faitécole du côté du boulevard

Raspail.

Peu

importe.

Attachons-nous

lutôt

à suivre

le commentet le

pourquoi

de son

intervention.

Pour Bernard

Lepetit,

a cause est

entendue le modèle et l'exem-

ple

ne

communiquent

as,

le

cas

et la

théorie

ont sans relation.

À

la limite

n

pourrait,

ans

dommagepour

la constructionntellectuelle

-

et sans doute

au contraire biffer

ystématiquement

outes es

références

u cas.

Et

d'ajouter

:

«

la

présentation

es données est

réduite un usage symbolique

dont la fonction

st d'« afficher a

validitéde la recherche . Autrement it rassurez-vous,a construc-

tion est

purement

péculative

t elle se dissimule ous les

pâles

ori-

peaux

de

Lournand.

Après

la

conclusion,

voyons

les

arguments

ui

la

justifient.

D'abord,

«

la faiblesse

des données

empiriques

et

il

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 109/144

107

en

prend

pour

exemple sur

plusieurs ages)

mon

diagramme

es

prix

et

le

problème

du

marché.

Non

pas qu'il

se soit

plongé

dans

le

car-

tulaire

ce

n'était

pas

de sa

compétence)

mais,

nous confie-t-il

n

note,

il

reprend

ci

les

résultats

Pun

de

ses

collaborateurs

ont

«

la

com-

pétence

est

plus

évidente

que

la

mienne

(sic).

Résultat

«

aucune

tendance

n'y (dans

le

prix

des

vignes)

emble

perceptible

près

950

».

J'ai

répondu

dans

la

première

artie

de

cet articleen

produisant

es

références

orrespondantes.

'attends es

vôtres

ou

celles

de votre ol-

laborateur)

ar,

à

défaut,

votre

ntégrité

ntellectuelle

isque

fortd'être

quelque peu

mise à mal

(ou,

dans

la meilleure

hypothèse,

n

excès

de confiance dans la compétencedu premiervenu). Pas d'ancrage,

dites-vous

ncore,

de la théoriedans

le réel

?

Autrement

it,

les

dif-

férentes

orrections

émantiques

villa,

servus,

mansus...)

sur

quoi

cha-

cun

peut

voir

que

le livreest

construit,

ous les

attribuez

mes

qua-

lités

spéculatives

Merci,

mais

l'hommage

serait mmérité.

n

fait,

vous

n'en soufflez

mot

car,

sans

doute,

n'était-ce

pas

de

votre

com-

pétence

ni

de celle

de votre

collaborateur

).

Et,

mal à l'aise sur ce

terrain,

ous

passez

au deuxième

volet

de

l'argumentation,

lus

abs-

trait mais

aussi

plus

personnel.

L'exemple

local aurait

deux statuts

ontradictoires

il

serait

la

foisexemplairet exceptionnel. ontradictionui renverrait une con-

tradiction

e méthode. J'userais

la

fois

d'une démarche

nterpréta-

tive

(observation

ntensive

d'un cas

pour

construire

n

modèle)

et

d'une démarche

xpérimentale

élaboration

'hypothèses ue

l'on véri-

fie ensuite

mpiriquement).

'usage

simultané

es

deux

méthodes

on-

duisant,

par

une sorte

de raisonnement

irculaire,

à

un

tour de

passe-passe.

Oui,

Monsieur

Lepetit,

ournand st à la fois

exemplaire

t

excep-

tionnel.

Et

j'en

dirais

autant de

tout autre échantillon ocal. Car

je

pars (et

c'est sans

doute

ce

qui

nous

sépare

fondamentalement)

'un

postulat

rationaliste

celui de la cohérence

profonde

du

tissu

social.

Cela signifie ue dans n'importe uel villagemédiéval,pour peu que

l'on

dispose

des

sources

suffisantes,

n doit

retrouver

es

principes

de fonctionnement

e la société

globale

à

partir

'une

«

tête

d'épin-

gle

»,

comme

vous

le

dites

si bien.

Le critère u

choix,

l'exemplarité

du

cas,

découlentdonc

en

premier

ieu

des conditions

'accès.

Quand

celles-ci

ont

réalisées,

'observation

ntensive

'impose pour

saisir

au

mieux es

articulations tructurelles.

e momentdécisifde la recher-

che s'inscritdans

cette

microanalyse ui

ne fonctionne

ue

dans un

sens,

du concret

vers l'abstrait.

Ceci

dit,

e

ne me

privepas pour

autant de

la

méthode

expéri-

mentale . Des hypothèses héoriques yant

été

esquissées, pourquoime

priver

is-e de la possibilité e les tester, lus ou moins sommai-

rement,

à

les

sources

ne

m'autorisent

as

une observation

nten-

sive

? Cette

dialectique

constante

ntre théorisation t

expérimenta-

tion,

entre

microanalyse

t

macroanalyse

n'a rien de circulaire.Elle

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 110/144

108

se

justifie

si,

et

seulement

i,

vous admettezau

départ que chaque

cellule sociale

de

base

(le village, par exemple)

est à la

fois exem-

plaire

et

unique.

Si au contraire ous

partez

d'un

principe

de

discon-

tinuité

ociale,

il

vous

faudra

étudier

haque

élément n

lui-même

t,

pour

cela,

choisir

ntre 'une et l'autre

méthode.Cette

alternative st

votre affaire elle ne me concerne

pas.

Sans

doute,

votre

question-

nement

pistémologique

méritait-il ne

réponseplus

ample

mais vous

la trouverez

rochainement

ans

une autre

publication ui

lui

est

entiè-

rement onsacrée.

Après

la

manière,

omme

toute bien

artificielle,

e

m'interroge-

rai sur le pourquoi de cette ntervention extérieure et détachée.

Précédemment,

ous avons

vu

réagir

e

vieil

establishment

voici,

avec

B.

Lepetit, l'expression

du nouvel

establishment La réaction

est

d'apparence

plus

élégante,

lus sophistiquée,

mais

l'irritation

st

égale.

Au

sujet

de la vision de l'an

mil ?

Ne

plaisantonspas.

L'irritant st

le

reproche

ait aux Annales et

explicite

ans mon

livre,

d'avoir

jeté

par

dessus bord l'histoire

sociale,

de s'être

éloigné, par

une

lente

dérive,

de la

grande

tradition

ationaliste e Marc Bloch à Fernand

Braudel et

Georges

Duby.

Ce

reproche

fait mal.

Il

est difficile e

répondre

ur le fond. Pas

un

mot sous la

plume

de

B.

Lepetit

sur

l'usage du conceptde système ocial ; n'est-cepas significatifansune interventione caractère

pistémologique

A-t-ondu mal à

accep-

ter le

principe

de

cohérence ociale sur

quoi

se

fonde

ce

concept

?

Ouvrir e débat sur ces

questions

comporte rop

de

risques

pour que

l'on ne veille

pas soigneusement

u

grain.

B.

Lepetit

remplit

a fonc-

tion en

essayant

de se

placer

en

amont,

pour

mieux

y couper

court.

J'ose

espérer que

ce

type

de

parade

sera couronné d'échec.

N.B.

Que

Madame Zadora-Rio veuillebien

m'excuser

e

pas

avoir

trouvé

place

dans ce

texte une

réponse

à

ces

observations,

mais

ni

le ton de

son

intervention,

i

son

contenu,

ne

m'ont ncité lui accor-

der

un

caractère

prioritaire.

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8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 111/144

Médiévales

1,

automne

991,

p.

109-112

POSTFACE

Comme

il

est

d'usage

et

plus

encore,

la rédaction aisse

aux auteurs

l'entière

responsabilité

e

leurs

propos.

Il

nous vient à

l'esprit

le

mot

d'Armando

Sapori,

cité ici

de

mémoire onc

approximativement

si

quelque

ingénupense que

la cul-

ture rend

aisées les

relations

humaines,

qu'il

assiste,

pour

prendre

a

mesure

de

son

illusion,

à une

réunion

universitaire

Avons-nous té

ingénus

n

imaginant u'un

débat

équilibré

pour-

rait

sortir

d'un livre

provocateur

Les

critiques

ont

dures les

louanges

sont suivant

es cas

mesu-

rées ou

chaleureuses.

La

réponse,

annoncée

«

sur le terrain

es

idées,

à

l'exclusion de

toute attaque personnelle , salue les laudateurs,envers les autresmanie

l'invective elle

dénature es

propos

de ceux

qui

ont

opposé

des

critiques,

ronque

es citationsde leur

texte u

point

d'en défor-

mer le

sens1,

renvoie à une

lecture

endancieusede

leurs

autres tra-

vaux.

Nous avons hésitéà la

publier,

mais

nous

avions

promis

droit

de

réponse.

Au

dernier

moment,

nous

avons

cependant

changer

a forme

de cette

réponse,

puisque Guy

Bois devait

pour

conclure

dialoguer

avec un

interviewer,

equel

s'est

in

extremis

écusé.

Attention

hamp

miné

Le lecteur

ugera.

Les auteurs voudrontpeut-être épondre.Médiévales ne saurait

évidemment evenir e lieu d'une

polémique prolongée

ur

«

la muta-

tion de l'an

mil

»

mais,

compte

tenu

du

caractère

exceptionnel

es

provocations,

a

revue donnera un

ultime

«

droit de

réponse

»

aux

auteurs

qui

souhaiteraient

réciser

eur

position...

dans

le

calme,

la

sérénité,

a

brièveté.D'ores

et

déjà

nous remercions

ous ceux

qui

ont

accepté

de

participer

ci au débat.

Nous

ne

regrettons as l'expérience

-

Il

est réaliste t

juste

de considérer

ue

l'écriture e

l'histoire

n'est

pas

indépendante

es

formes ariées

d'establishment

niversitaire,

ni

des

équilibres

nstables ntre es

exigences

de la

science,

es

soucis

de la diffusion t les nécessités conomiquesdes éditeurs.

1.

ExempleMonique

ourinans

on

ntroduction

arlait

es

grands

,

écla-

boussés

ar

es

petits

nfants

ui ettent

es

pavés

ans a

mare

Guy

Bois

reprend

l'expression

n traduisant

ar

«

grands

et

«

petits

de

l'Histoire.

Page 112: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 112/144

110

-

Mais le débat

scientifique

xiste,

u

delà des

querelles

de

per-

sonnes

et

des

intérêts

e carrière t de

prestige.

t

nous

considérons

que,

dans

ce

numéro,

a

critique

du

livrede

Guy

Bois a

fait aborder

à

plusieurs

hèmes

majeurs

de l'histoire

médiévale

et

de la

méthode

historique.

Elle nous

permet

de mesurer

'avancée

récentedes con-

naissances

ur le Xe

siècle,

d'évaluer certaines

ypothèses

ur ce

qu'on

appelle

«

le

Haut

Moyen

âge

»,

de

suggérer

es

lignes

d'approfon-

dissement.

Suggestions.Réalité, modes et tempsde la croissance

1)

Il

est

temps

maintenant

'établir

des

comparaisons

sémanti-

ques

entre

régions

et

entre

types

de source

sur

certains

mots.

Mansus,

déjà

depuis

longtemps

bjet

de

réinterprétation,

'a

pas

eu

dans

ce

débat

la

place

qu'il

faudrait ans doute lui faire.

Villa

on reconnaît

depuis

plus

de

quinze

ans,

au

moins

pour

la

partie

méridionale

de

l'Europe,

que

ce

terme

peut

avoir,

à

côté

du

sens

domanial

classique,

un

sens

territorial,

t

même

se limiter

ce

seul sens2.

L'ambiguïté,

déjà

évidente

u

IXe

siècle,

se

complique

encore d'une évolutiontardive,dans le sens d'habitat.Il faudra

repérer

a

fréquence

régionale

des différentsens.

A.

Verhulst

ppelle

à en confronter

'usage

entre

pays germaniques

et

pays

méditerranéens.

es

questions

sont

les suivantes

qui

exerce

l'autorité ur

la villa

en

tant

qu'espace),

dans

quelle

confusion ntre

autorité

publique

et

puissanceprivée

avant même

a

généralisation

de la

seigneurie

anale

?

Quelle

est

la

place

de l'alleu

dans la villa

?

la frontière

ntre

alleutiers

t

tenanciers

Ajoutons

qu'il

faudrait

codifier

es

termes

français domaine,

grande

propriété,

tc.)

dont

on

use

pour

traduire

illa afin

de

réduire

les

incompréhensions

t d'arrêter

a

petite guerre

des

contresens.

Servus Guy Bois, dans sa réponse,pose une bonne question

trouve-t-on

u

Xe

siècle

un servus

qui

vende une terre Autre

ques-

tion,

servus est-ilutilisé omme

mancipio

dans l'énumération es

élé-

ments

de

ventes

Une fois défini

e sens

dans une

région

donnée,

il

faut

compter

t

apprécier

our

chaque

génération

e

poids

de l'escla-

vage

et

du

servage

ans

le

système

conomique

t social

de

cette

égion

et

comparer

aux autres

régions.

Cette

enquête

est

indispensable

our répondre

la

question

cen-

trale de

la

dynamique

de la croissance. Croissance

carolingienne,

ar

la

substitution

u

régime

domanial

à

l'esclavage

ou

croissance

plus

tardive

avec

disparition

de

l'alleu,

au

temps

de

la

seigneurie

ou

encore croissancepar la libérationpaysanne

2.

Depuis

otamment

es ravaux

e

Pierre onnassie

ur a

Catalogne

td'Elisa-

beth

Magnou-Nortier

ur e

Languedoc,

ersonne

'a

remis

n

cause

'existencee ces

deux

ens.

Page 113: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 113/144

Ill

2)

Le débat sur

a

«

réalité e

la

croissance

u

Haut

Moyen

âge

»

n'est

pas

«

dépassé

».

Le

volume

du

colloque

de

Fiaran

montrait

ien

qu'entre

es historiens a

perception

es

rythmes

e

la

croissance

est

différente,

omme

est différente

'analyse

des

moyens

de

cette crois-

sance,

l'une et l'autre

renvoyant

des

schémas

explicatifs

eut-être

incompatibles.

À

ce

débat,

le

numéro de

Médiévales

ajoute

des éléments.

D'abord

méthodologiques.

our

ces

hautes

périodes,

'il est

indispen-

sable

de tenter

a

quantification

de

la croissance

démographique

d'après

les

résultats

e

l'anthropologie

unéraire

u le

décompte

pro-

sopographique, l est tout aussi indispensable 'évaluer,pour chaque

opération,

a

validité t

la

marge

d'incertitude. e même

pour

l'éva-

luation

de

l'espace

mis en culture de

même

aussi

pour

l'établisse-

ment

de courbes

des

prix

de la

terre,

puisque

ces

prix

étaient tablis

suivantdes mécanismes

omplexes

ù

l'économique

n'est

pas toujours

déterminant.

Surtout

a

discussion,

nourrie

par l'apport

des

disciplines

voisi-

nes,

conduit

à

réviser

e

concept

de

croissance

ppliqué

à

la

période

du

Haut

Moyen Age.

Un

exemple

les défrichements

xpriment-ils

la

liberté

paysanne

ou une

pression ristocratique

t la mainmise

ei-

gneuriale ur les espaces incultes Toutes les formesdu phénomènedoiventêtrediscutéessi l'on veut

comprendre

a

logique.

3)

La mutation

de

l'an

mil

est

reconnue,

même si

A.

Verhulst

et C. Wickham

soulignent

ue

la

dynamique

de croissance

est

anté-

rieure

l'an

mil.

Les

partisans

de la continuité

éajustée

n'affrontent

pas

directement

es tenantsde

la

révolution

et

les tenants

de la con-

tinuité

out-court,

ans doute minoritaires

ans la

profession,

e

sont

certainement

ans ce

numéro,

à cause

peut-être

e nos choix

mais

aussi

des refus et défections.

Retenons

ependant our

les débats

futurs,

a

suggestion

e

Chris

Wickham l'économiqueet le politiquene marchent as toujoursdu

même

pas.

Réflexions.

L'envol de la

pensée

et

le

labour du document

Il

y

aurait en Histoire es constructeurs

e modèles dans les hau-

teurs

umineuses

t en bas les

empiristes

ris.

Mais c'est

à

regarder

de

trop

haut

que

s'effacent

es couleurs et

la

pensée

se

met en

branle

dès

la lecturedu

premier

ocument. Le

problème

est de distance

et

d'échelle plus que de hiérarchie.

Le travailde

l'historien,

médiéviste n

particulier,

alance

de tou-

tes

façons

entre 'observation

du détail

et

l'organisation

de la con-

naissance,

dans un sens

et/ou dans

l'autre,

et

par l'interposition

Page 114: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 114/144

112

d'hypothèses

t/ou

de

systèmes.

'il faut

distinguer

ntre

es

histo-

riens

ystémiques

t

empiriques

comme entre e

peintre

mpression-

niste

qui

décomposait

la

vision

et le cubiste

qui

la

construisait

saluant

'audace

du

systémique,

econnaissons

l'empiriste

a couleur.

La Rédaction

Page 115: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 115/144

Médiévales

1,

automne

991,

p.

113-114

REPÈRES

BIBLIOGRAPHIQUES

Il

nous a

paru

utile de

rappeler

es

références

ibliographiques

de

quelques-uns

des

ouvrages parus

récemment

propos

des thèmes

auxquels est consacréce numérode Médiévales Certains uteurs em-

font

plus

ou moins

explicitement

éférence.C est seulement

parce

qu ils

constituent ésormaisdes

«

classiques

»

que

n ont

pas

été

ajou-

tés

à cette

iste

le

«

Guerriers

t

paysans

»

de

Georges

Duby

ou

le

recueil de travaux de

Charles

Parain

«

Outils,

ethnies t

développe-

ment

historique

.

Monique

BOURIN

Astma

H.

éd.,

La

Neustrie. Les

pays

au Nord de la

Loire

de

650

à 850 Beihefte

der

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16/1 et

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Barral

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sous

la direction

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Le

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Bonnassie P. :

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Survie et extinction u

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Médiévales

1,

automne

991,

p.

115-132

Jean-MarieMAILLEFER

RÉFLEXIONS SUR L'ARISTOCRATIE SUÉDOISE

AU MOYEN AGE :

L'EXEMPLE D'UN

LIGNAGE NOBLE ENTRE

125« ET

1350*

Le

problème

de

la noblesse

médiévale

-

ses

origines,

a défini-

tion,

sa

composition,

on évolution

reste,

malgré

es

avancées

igni-

ficatives,

ne

question

irritante

our

l'historien.

L'objectif

essentiel

de cet essai sur l'aristocratie uédoise aux xnic et xivesiècles est de

faire

progresser

es recherches

omparatives

ans ce

domaine,

car

il

reste confondantde

constater

que

la

plupart

des

synthèses,

même

récentes,

onsacrées au

Moyen

Age

font

une

impasse

parfois

totale

sur

les

royaumes

candinaves

qui

constituèrent

ourtant

la fin du

XIVe

iècle,

au

temps

de la reine

Marguerite,

e

plus

vaste ensemble

territorial

e

l'Europe

médiévale.

Une telle

recherche st d'autant

plus possible

que

l'aristocratie

laïque

est

la

catégorie

a

plus

facilement

ccessibledu

Moyen

Age

sué-

dois. La documentation notre

disposition

omporte

des milliers e

chartes,actes privéset royaux,donations,testaments, ransactionsmobilières t immobilières1.Grâce à ces

sources,

nous sommes au

premier

hef

renseignés

ur a

composition

es

patrimoines

t

les liens

de

parenté.

À

partir

de la seconde

moitié

du

xiiie

siècle,

il

est

per-

mis

de construire

es

généalogies

t

d'appréhender

es

stratégies

ami-

liales. La

période

retenue

1250-1350)

correspond

un net

accroisse-

ment

uantitatif

es sources

elle

marque

aussi

une

étape

cruciale

dans

l'histoire

e la

noblesse

uédoise,

étape

sur

aquelle

il

est utile

de faire

le

point

avant

d'étudier e cas concret d'un

lignage

noble.

En

effet,

'est avec le document

connu sous le

nom de

Statut

d'Alsnö,

édicté

par

le roi

Magnus Birgersson

adulâs

(1275-1290)

ntre

*

Nous vons

élibérémentimitées références

ibliographiques

n

suédois.

1.

Diplomatarium

uecanum

Svensktiplomatarium

, Stockholm,

829,

0

vol.,

couvrea

période

es

originesjuin

1374

vecune

acune ntre

uillet

368 t

1371

(cité

orénavant

S).

Page 118: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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116

mai 1279 et

septembre

1281

(vraisemblablement

la

fin

septembre

1280), que

l'aristocratie uédoise

apparaît

pour

la

première

fois

en

tant

que corps

constitué

privilégié.

Dans ce

texte2,

n constate

ue

la

première

aractéristique

e

la

noblesse est

l'exemption

iscale

pour

les hommesdu

roi,

des

évêques

et

pour

tous

ceux

qui

sont sur des domaines ibres de

toutes

charges

dues au souverain.

Ce

privilège

st motivé

par

la

nécessitéde recon-

naître à ceux

qui

suivent

t

assistent e roi une

plus

grande

dignité.

Le décretd'Alsnö

légitime

n

réalitéune situation ociale

acquise,

la

transforme

n

statut

uridique

mais

il

fait aussi

davantage

il

étend

ces prérogatives tous les hommesqui serventmedhörs c'est-à-dire

à

cheval,

«

quels que

soient ceux

qu'ils

servent .

Ce

qui

fait la

noblesse,

c'est donc

l'exemption

accordée en

(

échange

du coûteux servicemilitaire

cheval. Mais

il

faut

souligner

l'importance

du vocabulaire. Le mot

germanique pour

désigner

a

noblesse,

adel,

n'est

pas

utilisé au

Moyen

Age

en Suède.

Le terme

usuel est

frälse vieux

norrois

reisi qui

a la

signification énérale

de

«

liberté

.

Dans les codes

de

lois

et

les textes

slandais

et

norvégiens,

le

frelsingi

st l'homme ibre

par

opposition

l'esclave,

thraell. reisi

caractérise

l'origine

a conditionde l'homme

libre,

e contraire e

la servitude,naud. Ensuite e terme désigné 'exemptiond'impôtset de

charges

vis-à-visde la Couronne et finalementes

groupes

aï-

ques

ou

religieux ui jouissent

de ces

privilèges.

On

peut

lire

parfois que

le Statut

d'Alsnö est l'acte officielde

naissance

de la noblesse

suédoise. Étaient nobles ceux

qui remplis-

saient les critères noncés à Alsnö.

Il

faut

toutefois

remarquer ue

ce document un lien direct vec

les événements

ontemporains

n

Suède

:

transformations

e l'art de

la

guerre

et

luttes

pour

le

pou-

voir. Au cours du

XIIIe

iècle,

s'est

opéré

le

passage

de

l'ancien

ledung,

convocation saisonnièrede tous

les hommes ibres3

institu-

tion militaire evenue

nadaptée),

à une armée de

chevaliers,

onvo-

cables à tout moment.

L'expression

riddari

qui

sert à les

désigner

montre

l'évidence

l'influencede

l'Europe

continentale,

otamment

ar

l'intermédiaire

de

l'Allemagne

et du Danemark. Ce

terme

qui signifie

cavalier

»

a la connotationde métier

homme

d'armes à

cheval)

et

également

de service.

Il

traduit

e latin

médiéval miles4.

En

Suède,

le riddari

est

cependant

vant tout l'homme au

service

d'un

prince,

et

dans

le

Statutd'Alsnö

il

fautd'abord

comprendre

iddari

pl. riddarar)

omme

«

l'homme

du

roi ».

C'est d'ailleurs

e

sens

qu'il

faut en

général

don-

ner

à

miles dans les

plus

anciennes

hartes uédoises

rédigées

n

latin.

2. DS 1,p.650-654,° 799 la datationst rronée).

3.

Régis

oyer,

La notion e

leidangr

t

sonévolution

,

Inter-nord

°

12,

décembre

972,

p.

271-281.

4.

Exemple

ans lucidariusn oldNorse

ranslationéd.

Evelyn

cherabon

ir-

chow

t Kaaren

rimstad,

eykjavikStofnun

rna

Magnússonar),

989,

.

108.

Page 119: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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117

Ce

vocabulaire

nouveau

correspond-t-il

un

statut nouveau ?

Rien

n'est

moins

sûr

car les mots riddari/miles e

se sont

imposés

que

lentement. ans les

diplômes,

n continue

utiliser

e

terme omi-

nus

(vieux

suédois

haerra).

Le titre ert à

désigner

es membresde

la haute

aristocratie

andis

que

riddari

n'implique

pas

forcément ne

situation ociale

noble,

mais des

qualités

hevaleresques.

ans une

saga

de chevaliers n

rencontre ette formule

aractéristique

thessi karl

var bóndi at

nafnbot

n riddari t

tign,

cet hommeétait un

paysan

libre en titremais chevalier

en valeur5».

L'existence

'une

suite

guerrièreccompagnant

e roi est aussi une

réalité ancienne dans le Nord, attestéedepuis l'époque viking la

hird

ou

les

house-carles des rois

norvégiens

t danois. Le

Statut

d'Alsnö n'a donc

pas

créé

une

aristocratiemilitaire n

Suède,

sans

doute faut-il

plutôt

y

voir l'institutionnalisation'une aristocratie e

service.

Cependant

es

domini,

'est-à-direes

grandspropriétaires

on-

ciers,

eurent es

premiers

a

capacité

d'assurer

le service militaire

cheval

pour

le roi. Ainsi

la nouvelle

définition

e la

noblesse

s'appli-

quait

à eux en

premier

ieu.

Leur

prestige eposait

non

seulement ur

la

richessemais aussi

sur la

naissance,

d'autant

plus que

cette

aristocratie e

sang

est,

en

Suède, caractérisée ar les liens familiaux troits ui, de longuedate,la rattachent ux

dynasties égnantes.

Le Statut d'Alsnö aboutissait

donc à la reconnaissance

d'une

prépondérance

cquise

:

les Grands

du

Royaume,

iés

par

le

sang

à

la famille

oyale,

euls

capables

d'assu-

mer es

charges

nouvelles

mposéespar

l'évolution

militaire,

ecevaient

des

exemptions

iscales ce

privilège, ue l'Église

se

voyait

confirmer

parallèlement,

es

plaçait

définitivementu-dessusdes autreshommes.

Toutefois,

en

même

temps,

d'autres

se

voyaient

uvrir

a

possi-

bilité

d'intégrer

a noblesse ancienne en

échange

de

liens

spécifiques

de

service

vis-à-visdu

souverain,

à un

moment où le roi

Magnus

Ladulâs se trouvait ans

une situation

ifficile,

onfronté une révolte

aristocratique1278-1280)et à l'hostilitéde son frèreWaldemar. Le

roi

éprouvait

e besoin non seulement e consolider es anciennes

oli-

darités,

mais aussi de s'attacher

de

nouveaux fidèles. Plusieurs élé-

ments

viennent orroborer ette

nalyse.

D'une

part,

on

peut

consta-

ter 'installation

'une

première ague

de

lignages

nobles venus d'Alle-

magne

du nord

Holstein,

Mecklembourg,

oméranie).

Le cas est

par-

ticulièrement

et dans la

province

du

Smâland,

une marche

méridio-

nale face au Danemark6.

D'autre

part,

un

des traits

aractéristiques

de l'aristocratie uédoise

-

et le fait est d'autant

plus surprenant

quand

on

pense

à l'étendue du

pays

-

est

qu'un

nombre

mportant

de familles vait des

possessions

ans

plusieurs rovinces

u

Royaume.

5.

Cité

n

Johan

ritzner,

rdbog

ver

et

gamie

orské

prog,

rt.riddari

Kristiania

Oslo),

1886

2e d.).

6. LarsOlof

Larsson,

mâlândsk

edeltid,

tockholm,986,

.

123.

Page 120: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 120/144

118

L'existencede

tels

complexes,

dont

les divers

léments taient

parfois

distantsde

centaines

de

kilomètres,

peut-être

a

principale

xplica-

tion

dans

le fait

que

ces

lignages

ont

reçu

des terres n

échange

d'un

service erritorial e

garde

ou de défense. Le roi

y

trouvait n

outre

l'avantage

de

disperser

es centres

d'intérêts

e

l'aristocratie t d'évi-

ter la formation e

principautés

erritoriales.

À

l'époque

fut

rédigé

e Statut

d'Alsnö,

les

liens d'homme

à homme n'étaient

pas

une

nouveauté

en

Suède. Le texte

mentionne

explicitementu'ils

existaient is-à-vis u

roi,

mais aussi du frère u

roi et

des

dignitaires

e

l'Église.

Le document

ouligne également

a

présence 'autres iensde dépendance.L'expression quels que soient

ceux

qu'ils

servent atteste

ue

d'autres

disposaient

e

suites

de

guer-

riers. Dans les

sources,

on rencontre n effet

des termes connota-

tion de service t de

dépendance

armigersuédois väpnare), uer (sué-

dois

sven)

et

famulus ce

dernier

mot

toujours

bien distinct e

servus).

La loi

provinciale

de

l'Östergötland,

dont

la

rédaction est

contemporaine

u Statut

d'Alsnö,

stipule que

l'amende d'honneur

(thukkabot)

pour

le meurtre 'un homme du roi

est de

40

marks,

de

9

marks

pour

un hommedu comte ou de

l'évêque

et de 6

marks

pour

l'homme

d'un

seigneur

ntretenant

ses frais

palefrenier

stallare),

cuisinier stekare)et 40 rameurs7.Le même documentnous apprend

que

le montant e cette mende avait été

augmenté

e 12 à 40 marks

à

l'époque

du

régentBirger

Jarl

1250-1266).

Ceci

souligne 'aggrava-

tion

des différences ociales durant a seconde moitié du

xili<

siècle

au

profit

de ceux

qui

se

mettaient u

service

du roi. La

somme de

40

marks

correspond

d'ailleurs

à l'amende

payée

en

Norvègepour

le

meurtred'un hirâmaâr membre de la suite armée du souverain.

Tous

les hommes u servicede la

Royauté

virent insi leur sort assi-

milé à

celui des

proches compagnons

du roi.

On

peut

donc

dégager

uelques

grands

raits inon

originaux

out

au

moins

spécifiques

de la noblesse suédoise à la

fin du

xiii*

siècle.

En premier ieu, la situationprivilégiée e l'ancienne aristocratie e

sang

est devenue

permanente,

nstitutionnellentre 1250 et 1280,

Cependant,

comme

ailleurs,

l

n'y

a

pas

de définition

héorique

de

la noblesse. Celle-ci

repose

sur un faisceau d'éléments variés

le

lignage,

e service

militaire

cheval,

les

exemptions

iscales.

Ce

qili

compte

c'est

l'hérédité,

a

richesse,

es offices.

Sa

puissance dépend

de

son

prestige,

u

patrimoine,

e la

capacité

guerrière.

omme dans

d'autres

régions,

notamment

ermaniques,

n

peut distinguer

eux

strates

d'un

côté,

les

grandes

familles e la haute aristocratie

ossé-

dant de

vastes

domaines

répartis

dans tout le

Royaume, ouant

un

rôle

politique

de

premier lan,

rattachées

ar

le

sang

et les alliances

matrimoniales la dynastie oyale de l'autre,unepetitenoblessedont

7.

Svenska

andskapslagar,

d. Âke

Holmback

t

Elias

Wessén,

orst serien

Ostgötalagen

ch

Upplandslagen,

tockholm,979,

p.

62-63 t note

0,

p.

71.

Page 121: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 121/144

119

l'implantation

t la vocation

demeurent vant tout locales et subal-

ternes.

Enfin

'aristocratie este

directementoumise au

pouvoir

cen-

tral car elle est

très

argement

son service.

Ses

pouvoirs

dministra-

tifs et

judiciaires,

certaines

de

ses

terres,

ne sont

acquis que par

délégation.

La

connaissancedétailléedes

lignages

ristocratiques

st une con-

dition essentielle

pour

la

compréhension

u fait nobiliaire.

À

titre

d'illustration ous

prendrons

'exemple

d'une familledont

l'appari-

tion dans les sources

est

quasiment ontemporaine

u Statutd'Alsnö.

RörikBirgersson, itépour la première ois en 1276,est le représen-

tant

d'une famille

blason

tiercé n

bande)

que

l'on

peut

ranger

armi

la

haute aristocratie uédoise

puisqu'elle

est

proche

des

plus impor-

tants

ignages

du

Royaume

et

que

certainsde ses membres nt fait

partie

du

Conseil

du Roi.

Apparue

dans la seconde moitié

du

xinc

siè-

cle,

cette famille 'éteint

une centained'années

plus

tard.

Dans

notre

étude nous

laisseronsde côté

les

aspects politiques

de ses activités

ui

ont été examinés

par

ailleurs8

pour

nous

concentrer

ur les relations

familiales

t la

connaissance

du

patrimoine

foncier.

Le

21

septembre

276,

Rörik

Birgersson =

fils de

Birger)

ort

de l'ombre il est témoind'un acte du roi Magnus Ladulàs destinéaux monialesde Skokloster ans

l'Uppland.

D'emblée on

peut

e con-

sidérer

omme

un individude haut

rang

car non

seulement

l

appa-

raîtdans

l'entourage oyal

mais

il

est

qualifié

de

dominus t cité

parmi

les

majores regni9.

L'analyse

des titulatures onnées à Rörik dans

l'ensemble des

chartesoù

il

est

nommé montre a

prédominance

u

titre

dominus,

soit

simple

1276,

1291, 1310, 1313,

1320),

soit sous

la formediscretus ominus

1293)

ou

honorabilis

ir

dominus

1299)

;

il

est

considéré trois

reprises

omme nobīlis vir

1289,

1315,

1318)

ou classé

au

sein

ďaliorum

nobilium

1306,

1310).

Deux fois seule-

ment

l

est

appelé

miles

(1312, 1318)

dans des actes émanant de la

Chancellerieroyale.

Après

1276,

Rörik

disparaît

des sources

pendant

treize

années.

Paradoxalement

cette

longue éclipse

est sans doute

significative

e

l'importance

u

personnage.

En

effet n retrouve

a

trace en

décem-

bre

1289

dans un

documentoù le

pape

Nicolas

IV

accorde une

dis-

pense

pour

le

mariage

de Rörik et de

Helga

Anundadotter,

malgré

leur

parenté

au

4e

degré,

en

application

des décisions

du concile de

Latran

V

(1215)

sur es

empêchements

u

mariage

ntre

onsanguins.

Ce texte

est

intéressant

plusieurs

itres.D'une

part,

l

jette

un

éclairage

particulier

ur l'aristocratie

uédoise. Une

des raisons

avan-

8. Ceux-ciont éveloppésansJerkerosén, triden ellanirger agnusson

ochhans roder.tudier

nordisk

olitisk

istoria

302-1319,

und,

939,

t

Bjarne

Beckman,

atts ettilmundssonchhans

idt

-H

Kungl

Vitterhetshistoriech ntik-

vitetskademiens

andlingar

4-85),

tockholm,

953-1954.

9. DS

1,

pp.

512-513,

°

618.

Page 122: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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120

cées

pour

motiver

a demande

du

couple

est

la

rareté

des

partis

nobles

qui

s'offrent

Helga

10

:

«

dans

le

Royaume

de

Suède,

il

est

diffi-

cile

de trouver

acilement

uelqu'un

qui

soit

à la fois

digne

de

cette

union,

étant

donnée

a conditionnoble

de cette

femme,

t

qui

ne

soit

pas proche

d'elle

par quelque

degré

de

parenté

u

par

alliance ou

par

le

sang

». Un

tel

argument

llustre a conscience

aiguë

de caste

au

sein

de

l'aristocratie

t amène

à

s'interroger

ur son étroitesse

umé-

rique

en

Suède,

car

cette

dispense

n'en constitue

as

le

seul

exemple.

En

1284,

le

pape

Martin

V

avait autorisé

e

mariage

d'une

nièce

du

roi de

Suède avec

un

parent

au

4e

degré, Holmger

Ulfsson11.

Au

termede la périoderetenuepour notreenquête,en 1347,Elof Elofs-

son

reçoit

'autorisation

'épouser

Girda

Erlingsdotter

ar

«

sine scan-

dalo

sui

generis

non

possit

contrahere

n

toto

ipso Regno

secundum

natales

suos

nisi cum

hiis

que

sunt in

propinquiorigradu

consangui-

nitatisastricti

12

.

Il est d'autre

part

remarquable

de constater

'intervention

er-

sonnelle

du roi

Magnus

Ladulâs

auprès

des autorités

eligieuses

our

permettre

e

mariage

de

Helga

même

s'il

s'agit

d'une

parente

eius-

dem

Regis

consanguinea).

La

préoccupation

royale

s'explique parce

que

cette

union a

visiblement

u

pour objectif

de mettreun terme

à un climatde vengeanceet de scellerune réconciliation la suitede la

participation

e Rörik au soulèvement e 1278-1280contre e

roi,

comme

e montrent

es termes

u document

«

idem Roricus

qui-

busdam

capitalibus

nimicisdicti

Regis

adheret

...), gravia...

scan-

dalo et

guerrarum

ericula

suscitari

...), speretur uod

per

coniunc-

tionem

Rorici

et

Helghe

predictorum

omes

odii et rancoris

huiusmodi

extinguetur

t

pax

et

tranquillitas roveniet

psi Regno

»

Ainsi

Rörik

Birger

son

a

disparu

des

sources,

sans

doute

parti

en

exil,

parce

qu'il

s'était

rangé

dans le

camp

des

révoltés,

ppelés

Folkungar

dans

les textes

ontemporains

annalçs

suédoises

et danoi-

ses,

Hákonar

saga

Hákonarsónar,

Erikskrönika

. Aujourd'hui,

l'expressionFolkungar est malheureusementmbiguë car elle sert

depuis

le

xvic

siècle

à

qualifier

a famille

du

régentBirger

Jarl.

Or

les sources

médiévales

font

de celui-ci t

de

son

fils

Magnus

Ladulâs

des ennemis

charnés

des

«

vrais

Folkungar

au

xine

siècle,

e terme

désignait

n

effetun

clan

aristocratique egroupant

artisans

t des-

cendants

du duc

Folke mort

en

121013.

Rörik

Birgersson

ppartenait

probablement

la

parentèle

de

Folke.

Bien

que

nous ne

disposions

d'aucune

preuve

absolue,

trois

élé-

ments

orroborent

ette

hypothèse.

ne

longue

série

de

prénoms

om-

muns aux

deux

familles

ermet

e

postuler

'existence

d'un lien entre

10. DS 2, pp.87-88, ° 1009.

11.

DS

1,

pp.

641-642,

° 784.

12. DS

5,

p.

708,

n° 4226.

13.

Sten

arlsson,

Folkungarna,

n släktkonfederation

,

Personhistorisk

ids-

krift,

953,

p.

73-103.

Page 123: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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121

les

deux

lignages Birger,

Folke,

Holmger,

Benedicta/Benedictus

(= Bengt),

Brigitta,Margareta.

Une autre ndication e

parenté

nous

est fournie

par

l'intervention e Rörik

Birgersson

n 1313

dans une

querelle qui

opposa

les

paroissiens

de

Skrukeby

t

l'évêque

de Lin-

köping

à

propos

des revenus

d'un

chanoine14.

l

en

ressort

que

Rörik

partage

alors

le

patronage

de cette

église

avec des descendan-

tes du duc

Folke,

Ingrid

et

Ingegerd vantepolksdotter

insi

qu'avec

leur

sœur

Catherine,

bbesse de Vreta.

D'où Rörik tenait-il es droits ur

'église

de

Skrukeby

En

1300,

le testament 'un chanoinede Linköping uggère éjà l'existence 'une

relation

ntreRöriket cette

glise.Cependant

n

1275 c'étaitun

parent

de

Birger

Jarl,

e

legifer

'Östergötland

engtMagnusson, qui possé-

dait le

patronage

de

Skrukeby

il

en fit

don,

avec un

domaine,

à

la cathédrale e

Linköping

pour

la fondation 'un

canonicat15. our

expliquer

qu'on

le retrouve ntre es mains de Rörik en

1300/1313,

il faut

supposer que

ce

jus patronatusappartenait

l'origine

u duc

Folke et à ses

descendants,

t

qu'il

leur fut

confisqué

la

suite d'une

révolte,

par exemple

celle de

1251,

puis

restitué,

eut-être

l'occa-

sion

du

pardon

accordé

par

le roi à

Rörik en

1289

au

momentde

son

mariage.

Un document

plus

ancien

apporte

un indice

supplémentaire

e

cette

parenté.

Le

11

uin

1250,

a reine Catherine

unesdotter,

etite-

fille du duc Folke et tante des sœurs

Svantepolksdotter

itées

précé-

demment,

ange parmi

es bénéficiaires e son

testamentes

fils

d'un

certain Rörik

16

:

ils

reçoivent

e domaine de

Strand

qui,

au

siècle

suivant,

sera le manoir

principal

d'un

parent

de

Rörik

Birgersson,

Holmger

Jonsson

de

Strand.

Il

s'agit

donc de

l'ancêtre de

notre

lignage

celui-ciétait

un

personnage

mportant

e

l'entourage

de la

reine.

Il

porte

e titrede dominus

il

est nommé en tête

des

parents

de

Catherine.

Les historiens uédois

ont

avancé

qu'il

aurait

épousé

une des fillesdu duc Folke. Pour probablequ'il soit, ce lienmatri-

monial n'est toutefois

pas

suffisant

our

motiver

'importance

de

l'individu on voit mal en effet e duc

Folke,

dont la

mère était

fille

de roi

(Harald gilli

de

Norvège),

donner a main

de

sa

propre

fille

à un homme de

peu.

On

aborde ici un des

problèmes

majeurs que pose

l'aristocratie,

celui

des

origines.

n

Suède,

où les

documents crits

raditionnelsont

défaut

usqu'à

la

fin

du

XIIe

iècle a

question

st

particulièrement

éli-

cate.

Il

n'est

cependant

pas

interdit

d'estimer

que

l'aristocratie

anciennedescendde ces chefsdont 'existence

st attestée

ar

l'archéo-

logie au moinsdepuis l'époque viking.Les inscriptionsuniquespeu-

14. DS

3,

pp.

103-104,

° 1891

cf.

nos

912, 915,

917,

923).

15. DS

1,

p.

494,

592.

16. DS

1,

pp.

345-346,

° 377.

Page 124: Medievales - Num 21 - Automne 1991

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123

notre ttention st attirée

galement ar

la

pierre

de

Ramsundberget,

près

d'Eskilstuna,

ù Ton

peut

lire

«

Sigrid,

a mère

d'Alrik,

a fille

d'Orm,

fit

construire

e

pont pour

l'âme de son

mari

Holmger,

e

père

de

Sigröd.

»

On sait

que

le fonctionnemente

l'onomastiqueger-

manique repose

sur

la

transmission

éréditaire

es

prénoms

t

sur

le

jeu

des

préfixes

t des suffixes

uUes composent.

Une des combinai-

sons

possibles

à

partir

des noms

Al

rik et

Sig

öd

est

Rö(d)rik,

tandis

que Holmger

appartient

u

stock

anthroponymique

e la famille tu-

diée

: or cette

nscription

st située dans

la

paroisse

de

Sundby

les descendants

e

Rorik auront

des

terres.L'attention st donc foca-

lisée par l'onomastiqueancienne sur des zones où ce lignageeut des

intérêts

ux

XIIIeet XIVe

iècles.

Cette constatation st corroborée

ar

l'analyse

du cercle des relations de

parenté

et

par

l'étude du

patrimoine.

Grâce

à

son

mariage,

Rörik

Birgersson

vait

contracté ne

alliance

non seulement

vec la

dynastie égnante

mais

encore avec une

puis-

sante famille

de

Suède

centrale

Västmanland,

Södermanland).

l

est

possible

que

les

deux

lignages

ient

possédé

des liens de

longue

date.

Lorsqu'en

1276,

Rörik

apparaît pour

la

première

ois,

l

souscritune

charte aux côtés

d'Anund

Haraldsson,

son futur

beau-père.

Dans le

testamentnon daté) de la sœurd'Anund, celle-ci aisse un legs à uncertain

Birger

il n'est

pas

exclu

d'y

voir e

père

de Rörik

Birgersson

car

il

s'agit

d'un domaine

proche

d'une

propriété

endue

par Birger,

le fils de

Rörik,

en

1325

9.

Anund Haraldsson

futune

personnalitémportante

u

Royaume

conseillerdu

roi,

legifer

de la

province

du

Södermanland,

l

avait

épousé

une

parente

du

régent irger

Jarl. La lecture e

son testament

montre

u'il

fut de

ceux

auxquels s'appliquaient

à

l'époque

les dis-

positions

du

Statut d'Alsnö dont

il

fut d'ailleurs un des témoins.

l

disposait

de

plusieurs amuli,

ans

doute

des

milites

uisqu'il

eur

ègue

terres u chevaux ob

servicium

Il

est lui-même n

guerrier

cheval

comme 'atteste a mention,dans son testament, dextrariummeum

cum totali armatura

;

il

laisse en outre son

épée

à son neveu.

En

s'intégrant

cette

famille,

Rörik

devenait

aussi

parent par

alliance

d'un autre

lignage

mportant,

Hama,

dont

un membre vait

épousé

une des sœurs

d'Anund

(cf.

tableau

généalogique).

Rörik

Birgersson

ait

également

partie

du milieu au sein

duquel

furent assemblés es

miracles

ttribués

saint Éric. On a

pu

mon-

trer

par

ailleurs a

percée contemporaine

u culte de

saint

Éric,

un

saint

dynastique

mis en

avant à

l'époque

du roi

BirgerMagnusson

par

les

grandes

familles

qui

le

soutenaient

0

. Au début du

XIVe

iè-

19. DS

2,

p.

660,

n° 1722 DS

3,

p.

663,

2492.

20. Jean-Marie

aillefer,

Saint ricde Suède une

mythologieolitique

t

dynastique,

tude

ritique

'une

agiographie

oyale

,

Razo,

Cahiersu Centre'Étu-

des médiévales

e Nice

8, 1988,

p.

87-101.

Page 126: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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124

cle,

un recueilde miracles été

compilé pour

l'essentiel

ar

un

prieur

dominicainde

Sigtuna,

sraël

Erlendsson

famille

Finsta), qui occupa

le

siège épiscopal

de Vâsteràs

(1311-1328)

où l'un des

fils

de

Rörik,

Folke,

sera chanoine

ntre1322 et 1329. Rörik

apparaît

ui-même ans

les

Miracles de saint Éric

:

sa

femme

Helga,

«

uxor Domini Rorici

Byrgirsson

um

bis

..

conceptum

bortisset

,

a

pu

miraculeusement

donner naissance

à une fille21.

l

est

encore

plus frappant

de

cons-

tater

que

Rörik est

un

proche

de la

plupart

des

lignages

nobles cités

dans ces miracles.

Ainsi le miracle

17,

daté de

1305,

raconte comment ne fille

de Ragnborgrevint la vie grâce à l'intervention e saint Éric : en

1299 Rörik avait assisté

au

mariage

de

Ragnborg

vec Folke

Jonsson

de Fânô22

et en

1328

Ragnborg appelle

geņer

un fils de

Rörik,

Anund Röriksson23.

e

miracle

n° 28

daté de

1294,

concerne Léo-

nard Ödesson

(fam.

Örnfot)

t

sa

femme

Margareta

en

1312,

Rörik

agit expressément

n tant

que

représentant

e ce

dernier,

«

pro

Domino Leonardo bone

memorie

ubrogatus

24. Le miracle

52,

daté de

1310,

intéresse

Kristina,

fille de Harald

Älg qui

a

épousé

en

secondes

noces une

fille de

Rörik,

Margareta

Röriksdotter. e com-

pilateur

des

miracles,

sraël

Erlendsson,

est

présenté

omme

le

con

sobrinusde cetteKristina ainsi, par le jeu des alliances, Rörik setrouve-t-iln affinitévec la famille e

Finsta,

cellede sainte

Brigitte.

D'autres

éléments

ermettent 'élargir

encore e cercle des

rami-

fications

amiliales.

Le

23

février

293,

Rörik souscritune

charte

qui

règle

un

partage

successoral

ntredeux

parentes, ngeborg

t

Marga-

reta,

la mère et la

tante de sa

femme.

l

intervient

our représenter

les

intérêts es héritiers

uisqu'il

est

présent

ux côtés de son beau-

frère

ars et du

gendre

de

celui-ci,

Algot

Johansson

fam. Hjorthorn).

Au travers

e son

beau-frère,

örik était

parent

d'un des

lignages

es

plus

anciens

de

Suède,

les

Böberg,

dont l'essentieldes

domaines se

trouvait

dans les

régions

méridionales t occidentales

du

Royaume

(Östergötland t Västergötland).

L'étude

des

stratégies

matrimoniales

éveloppéespour

ses enfants

montre

'approfondissement

e ces liens

au

sein

de la haute aristo-

cratie

du

pays.

Après

avoir

épousé

un

membred'une

grande

famille

de

l'Uppland,

Harald

Älg,

Margareta

Röriksdotter

ontracta ne

unioh

avec

Tord

Petersson

Bonde

: l'un de ses descendants

montera au

xve

siècle

sur

le trône

de Suède.

De son

côté,

Birger

Röriksson

a

épousé

Ramfrid,

fille du

legifer

e

Västergötland engt

Hafridsson,

un

lignage

probablement

pparenté

à la famille

royale.

L'autre

fils

de

Rörik resté

à l'état

laïque,

Anund,

s'est marié

à deux

reprises

21.« Miracula. Ericis (n°27) nScriptoreserumuecicarumSRS) d.Fant,

Uppsala,

818-1876,

ome

I,

pp.

296-298.

22.

DS

2,

pp.

283-284,

° 1267.

23. DS

4,

p.

43,

n° 2649.

24. DS

3,

p.

47,

n° 1836.

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125

Carte2. Domaines

t lieuxoù

apparaissent olmger irgersson

t ses descendants

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126

Carte 3. Domaines

t lieuxoù

apparaissent

örik

Birgersson

et ses

descendants

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127

ce fut

à

chaque

fois l'occasion

de renforcer es intérêts nciens.

Autour

de

1325,

il

a

épousé

une fille

Brigitta )

de Folke

Jonsson

de Fânô dont son

père

était un

proche.

Devenu

veuf,

l

convole avec

Cecilia,

fille

d'Ingrid (fam.

Sparre

de

Tofta)

et

de

Magnus

Nilsson

(fam.

Ivar

Nilsson,

essentiellement

entrée ur

le

Södermanland).

Un autre

trait

caractéristique

e ce

lignage

est

qu'autour

de

lui

s'articule

un

des

principaux

groupes

de

donateurs

u couvent

cister-

cien de Julita

Södermanland)

sur les rives du

lac

Hjälmaren.

Ce

monastère

en outre

largement

onctionné omme

nécropole

fami-

liale.

La tradition n

remonte

pparemment

Anund Haraldsson.

En

1291, celui-ci faisaitsavoir qu'il voulait être enterré Julitaauprès

de ses

parents,

monasterio

e Saba

(=

Julita) uxta parentes

meos

sepulturam

ligo

»25. Le fait est

confirmédans le testament e sa

sœur

Helga

:

«

parentes

mei

ibi

plurimi

sunt humati

26

.

La dévotion

d'un

petit-fils

Anund,

Birger

Röriksson,

envers

Julita emble

avoir été

particulièrement

orte ses

dispositions

esta-

mentaires,

ù

il

appelle

'abbé

Henrik amicus meus dilectus

,

mon-

trent

u'il

a

fondé à

Julitaun autel consacré au

Saint-Esprit uprès

duquel

il

désire

être nhumé

ux côtés de ses

parents

«

monasterio

de

juluttum

ubi

uxta parentes

meos

ad altare

quod erigendum

ecre

veram epulturammeameligo »27. Bien que remariée Karl Tukae-son

(fam.

Lāma) qui

dispensa

ses

générosités

nversun autre cloître

cistercien

Nydala),

sa

veuve

Ramfrid mit aussi le vœu d'être

enter-

rée à Julita28.

uant

aux

autres enfantsde

Rörik,

on

peut supposer

que Margareta

qui

fut une bienfaitrice

e

Julita,

fit e même

choix,

d'autant

plus que

son

filsPeter

Bonde

prit

la

fin

de ses

jours

l'habit

monastique

à

Julita avec sa

femme29.

nfin

Anund

Röriksson,

en

épousant

une fille de

Magnus

Nilsson,

restaitfidèle

aux

Cisterciens

de Julita

puisque

Magnus

Nilsson,

sa femme

et au moins deux de

ses

fils,

Âbjôrn

et

Arnvid,

y

élirent

épulture

t

y

firent es donations.

La mise

en évidencede

cette

politiquereligieuse rivilégiant

ulita

permet e constater ue l'autrebranchede la famille, es descendants

de

HolmgerBirgersson,

ut un

comportement

ifférent.

e n'est

plus

vers Julita

que

se

porte

l'essentieldes donations

pieuses

ou

les

sou-

haits

d'inhumation,

mais

vers d'autres établissements

cclésiastiques

du Södermanland.

ls se

concentrentn

particulier

utour de la cathé-

drale de

Strängnäs

ù Jon

Holmgersson

e

fit nterrert avec

laquelle

il

existait

es

liens

privilégiés

ar

l'intermédiairee deux

parents

con-

sanguinei),

Nils

et

Ingevald

Magnusson

(fam. Magnus Marinason),

tous

deux chanoines

de

Strängnäs.

es libéralités e cettebranche

llè-

rent ussi

aux couvents

proches Fogdö,

Vârfruberga

t Eskilstuna

25. DS 2, p. 114,n° 1041.

26.

DS

2, D. 660,

n° 1722.

27. DS

4,

pp.

104-105,

°

2715.

28. DS

5,

pp.

537-539,

° 4039.

29. DS

8,

p.

113,

6568.

Page 130: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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128

Birgitta olmgersdotter

rit

e voile à

Riseberga,

ans la

province

oi-

sine de

Närke mais

toujours

dans le diocèse

de

Strängnäs.

Ce n'est

pas

seulement

ur le

plan

de la dévotion

que

se diffé-

rencient es

deux rameaux

de

ce

lignage.

Alors

que

le

titre ristocra-

tique

dominus

est

porté par

Rörik et ses

fils,

ni

Holmger

ni

ses des-

cendants

ne

sont

qualifiés

ainsi. Sans doute sont-ils

distingués

armi

les nobles

(Holmer Birgersson,

engt

Holmgersson

t

Birger

Holm-

gersson

ont

appelés

nobilis

vir)

mais ils

ne

semblent

as

avoir

compté

dans les

rangs

de

la haute

aristocratie,

malgré

es liens certainsde

consanguinité

vec les

grands

ignages

u

Royaume,

t bien

qu'ils

aient

utilisé e même blason que Rörik Birgersson tiercéen bande).

Autant

que

l'on

puisse

la

percer,

'assise

territoriale

araît

elle

aussi dissemblable.

e dossier st

fragmentaire

ais

il

permet,

notre

avis,

un

sondage significatif râce

notamment

plusieurs

estaments

(Birger

Röriksson,

Ramfrid

engtsdotter, argareta

Röriksdotter,

on

Holmgersson).

Dans le cas des descendants

de

Holmger Birgersson,

on

remarque

ne concentration

resque

exclusive e leurs ntérêts ans

le

Södermanland

d'une

façon

générale

eurs activités

y

sont circons-

crites.

En

effet,

orsqu'il

est

possible

de les

localiser,

eurs interven-

tionsconcernent

e diocèse de

Strängnäs

ù ils

résident,

ont

des

dona-

tionsou souscrivent es chartes, ormisHolmgerBirgersson ui appa-raît une fois à

Heisingborg

n 1310 0. C'est entre eurs mains

qu'est

passé

le domaine

de Strand

paroisse

Jäder,

Södermanland),premier

témoignage

de l'existence

du

lignage

en

1250

(cf.

carte

2).

En

revanche,

Rörik et

ses descendants

directs ont un

rayon

d'action

beaucoup plus

large,

même s'il reste axé sur

le

Söderman-

land. D'une

part,

ils

sillonnent

avantage

le

Royaume

Rörik

Bir-

gersson

éjourne

deux ou troisfois

au Danemark

1310,

1312,

1318)

on le

rencontre ans

l'Uppland (1276, 1299),

le Vastmanland

1291)

et

l'Östergötland

1312,

1313,

1315).

Cela est

au

plus grand

relief

de cette branche

dont certainsmembres

ppartiennent

u

Conseil

du

Roi, commeRörikBirgersson t AnundRöriksson.Ce dernier ppa-

raît à

plusieurs

reprises Uppsala

et à Stockholm. Son frèreFolke

Röriksson

est chanoine

de Västeräs

(Västmanland).

Leur richessefoncière

st

également

lus

étendueet

plus disper-

sée.

On

perçoit

cependantplusieurs

oncentrations omaniales. Une

première

érie se

trouvede

part

et d'autre du lac

Mälar,

à

l'intérieur

d'un

triangleArboga

-

Västeräs

-

Strängnäs.

Une

grande

partie

provient

e

l'héritage

'Anund

Haraldsson,

car un certainnombrede

ses

domaines

réapparaissent

n

rapport

vec

les descendants

e Rörik

ainsi Anund Haraldsson

avait une curia dans l'île de

Ridön où Folke

Röriksson st

présent

n

1316.

En

1331 Anund Röriksson chète des

terresdans les paroissesde Säterbo et de Västermodéjà citées dans

le testament

'Anund Haraldsson.

30.

Sveriges

raktater

ed

rämmande

akter

ST),

Stockholm,877,

.

,

p.

372.

Page 131: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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129

Un deuxième

groupe

est centré ur

la

partie

orientaledu

Söder-

manland entre

Julitaet

Nyköping

cet

ensembleest essentiellement

connu

grâce

au testament e

Birger

Röriksson.

l

représente roba-

blement

es contours

de

sa

part d'héritage.

Au cœur de

cette

région

se trouvait

e domaine

principal

de

Birger Sundby

dans la

paroisse

de

Forssa,

église

dont il

était

le

patron.

Nous savons

que

Rörik et

Anund

Röriksson

faisaientaussi

partie

des

grands propriétaires

u

Södermanland

en

1317,

Rörik fut menacé d'excommunication

our

avoir refusé

de verser a

part

de la dîme

qui

revenait

l'évêque31.

En 1327 Anund est cité

parmi

es Grands

qui possédaient

des terres

dans cetteprovince32.

Une troisième one est située dans

le nord de

l'Östergötland

e

part

et d'autre

de

Linköping.

Une

partie

de ces domaines

provient

vraisemblablement

e

l'héritage

de Tord Bonde :

l'époux

de

Marga-

reta Röriksdotter

vait dans cette

région

son manoir

principal

à

Orbäck

(paroisse

Klockrike).

À

l'est

de

Linköping,

sa femme vait

des terres Valstad

(paroisse

Klockrite)

t sa fille

Ingeborg

à

Sjö-

kumla

paroisse

Västra

Stenby)

ainsi

qu'à

Skrikstad

paroisse Varv).

Cependant,

ertains

iens relevaient

u

patrimoine

e Rörik

qui

exer-

çait

un

patronage

partiel

ur

l'église

toute

proche

d'Östra

Skrukeby.

Près de Linköping,Anund Rörikssonpossédaitun domaine à Linka-lösa

(paroisse

Västerlösa)

tandis

que

son frère

Birger

itdon de

Vrig-

stad,

non

identifiémais situé

in

osgocia.

Plus

caractéristique

ncore

est

la

série

de domaines sis

autour de

Söderköping.Birger

Röriksson

y

était

propriétaire

Restad

et

sa nièce

Ingeborg

y

avait une curia

à

Liljestad (paroisse Skönberga)

la

mère de

celle-ci,

Margareta

Röriksdotter,

mit

en 1330 une charte

depuis

a

paroisse

voisine,

käll-

vik,

avait

séjourné

Rörik en 1312 de

passage

à

la

forteresse

oyale

de

Stegeborg.

Autant de faits

que

l'on ne

peut manquer

de

rappro-

cherde la

présence,

une dizaine

de

kilomètres e

Söderköping,

'une

des rares

nscriptions

uniques

mentionnant

'existence

'un Rörik

dans

la régionvers le milieu du XIe iècle33.

Pour

clore le tour

d'horizon de ce

patrimoine,

orce

est

de cons-

tater a

faiblessedes indications

oncernant

'Uppland

: on sait

seule-

ment

qu'Anund

Röriksson

voulut

y

échanger

une terre

située

à

Sparrsätra34

t

que

son frère

Birger

souscrivit

une charte

à

Garn

dans cette

province.

Le

paradoxe

est

surprenant uisqu'en

1289 Rörik

était

signalé

comme

relevantdu diocèse

d'Uppsala, qu'il appartenait

aux milieux

aristocratiques

pplandais

à

l'origine

du

culte

de

saint

Éric,

et

qu'il

maria deux de ses enfantsdans deux illustres amilles

de la

région.

l

serait étonnantdans ces conditions

u'il

n'y

ait

pas

eu

quelques

domaines

Sans doute faut-il oir à soit une

volontédéli-

31. Ds

3,

pp.

328-329,

os2111 t

2112,

.

331,

2116.

32. DS

4,

p.

21,

n° 2624.

33.

SR,

op.

cit.,

note

8,

Ostergotland,

°

153

Styrstad).

34. DS

6,

pp.

177-178,

°

4549.

Page 132: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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130

bérée

d'épargner

le

noyau

dur

»

du

patrimoine,

n effectuant es

donations

à

partir

de domaines

périphériques,

oit le résultatd'une

confiscation

e ses biens

en

Uppland

après

sa

participation

la

révolte

de 1278-1280.

n

tous

cas,

on met ci en évidence

un

phénomène ar-

ticulièrement

ignificatif

e la haute noblesse suédoise la

dispersion

territoriale es

patrimoines

u

point qu'il

est trèsdifficile 'identifier

avec

certitude a

région d'origine

de

ces

lignages.

Tant sur le

plan

des institutions

ue

des

comportements,

'étude

du

Moyen Age

suédois

ne doit

pas

être laissée à l'écart des

recher-

chesqui désormais 'ontplusseulement our objet la Francedu Nord,

mais

englobent

a totalitéde

l'Europe

médiévaledans

sa

diversité t

ses contrastes.

La

composition

des

archives uédoises

qui

conservent

n

grand

nombre des actes

privés

ou à caractère

familial

nous

incite à nous

intéresser

la structure es

lignages

aristocratiques.

n

premier

ieu

il

faut

souligner

a diversité es relations

de

parenté.

La

complexité

des

cousinages

et des alliances reste

toujours

étonnante nos

yeux

en raison des

remariages

t de

l'importance

ue gardent

u

xiv*

siè-

cle les

liens

cognatiques.

Cependant

e

mariage

demeure

une affaire

qui se traite ntrepairs (et entrepères ) : une famillenoble ne peut

marier es

enfants

u'avec

ceux

issus

d'un

rang

égal.

Éviter

a con-

sanguinité

evient lors une

gageure

et cette tendance

l'endogamie

explique

en

partie

es

innombrables ontestations

t

les

épineux par-

tages d'héritage

ui

rebondissent

arfois

sur

plusieursgénérations

t

voient ntervenir e

multiples

cteurs souvent difficiles

identifier.

Derrière a sécheresse

es

sources,

on

sent

donc une

société

qui

palpite,

car,

bien

que

disposant

d'une situation

meilleure,

'aristocra-

tie

est

aussi

frappéepar

la

fragilité

es

conditionsde vie.

En

moins

d'un

siècle,

u sein des

familles

tudiées,

n relève

as

moinsde

quatre

veuves

qui

se sont

remariées,

ont au minimum eux ont survécu

deux époux successifs. l est également rappant e constater ue ce

lignage

'éteint

utour

de 1350. Au moment e la Grande

Peste,

trois

représentants

âles

de la

génération

ée vers

1325-1330

disparaissent

des

documents

Magnus

Anundasonn'est

plus

cité

après

1344,

Holm-

ger

Jonsson

près

le 30

juin

1350,

Rörik

I

Birgersson

st

mort vant

1359.

Sur

le

plan

de l'histoire ociale

enfin,

on

remarquequ'en

Suède

dominus

et même miles restent es titres

ssentiellementéservés

la

haute aristocratie

ncore au

milieudu

XIVe

iècle.

Il

est notable

qu'au

sein d'un

lignage,

deux branches

ont

pu

coexister,

'une

appartenant

à la

haute

noblesse,

l'autre

cantonnéeà un niveau visiblement

nfé-

rieur, lorsqu'elles possédaient es biens dans la mêmerégion t dans

des

paroisses

voisines

et

que

se maintenaient es

contacts entre ses

membres

Birger

Holmgersson

st

présent

la rédaction u testament

de

Birger

Röriksson

qui,

à son

tour,

a souscritune donation

de Jon

Page 133: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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131

Holmgersson). Quelle

est

l'origine

d'une telle

différence e statut

La richesse ans

doute,

notamment

râce

à de beaux

mariages

omme

celui

que

fit Rörik

Birgersson.

Ainsi,

lorsqu'on compare

deux

testa-

ments

ontemporains,

elui de

Birger

Röriksson

1329)

et celui de Jon

Holmgersson 1332),

on

remarqueque

les donations en

argent

t en

nature du

premier eprésentent lus

du double de celles du second.

L'explication

n'est certes

pas

suffisante ant

l

est vrai

qu'une

union

avantageuse

est d'autant

plus

facile à réaliser

que

le

rang

est élevé.

Il semble en

définitive

robable que

le facteur

prépondérant our

appartenir

la haute aristocratie oit

demeuré,

out au

long

de

cette

période, la faculté d'être considéréparmi les prochesdu monarque

grâce

aux liens de

parenté

et au service

royal.

Page 134: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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Page 135: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 135/144

Médiévales

1,

automne

991,

p.

133-137

NOTES

DE

LECTURE

Martin

Aurell,

La vielle t

l épée.

Troubadourst

politique

n

Provence

au

XIIIe

iècle,Paris, Aubier, 989,

379

p.

Périodiquement,

n vient

appeler urgence u il y

a à

rapprocher

es

disciplinesistoriques

t

littéraires.

i cela ne reste

as

un

vœu

pieux,

est

grâce

des chercheurs

ui,

comme et historien

e

la

Provence,

nt e

goût

et les

moyens onceptuels

e la double

ppartenance.

e

sujet,

l

est

vrai,

semblaitxigerette oubledémarche,uisqu il agissait étudieresirventes

politique.

L auteurnous offre n

premier

ieu un

ouvrage

e

synthèse

ans

un

domaine alisé

ar quelques

ares

monographies

Ch.

Camproux

t R. Lavaud

pour

Peire

Cardenal,

. de

Riquerpour

es troubadours

éfugiés

n

Catalo-

gne,

tc.

Certes,

a Provencee trouve

argement

avorisée,

ais

ela n exclut

pas quelques

xcursions

patiales

vers e

Languedoc

ar

e biaisdes

guerres

albigeoises

vers Italie t a

Catalogne

ans a mouvance e

l expansion

nge-

vine u détriment

e

l Empire.

e

champ

insidélimité

orrespond

unecen-

tainede

compositions

urun

corpus ui

en

compte inq-cents,

e

qui

consti-

tue un échantillonrès

représentatif

u

genre. ouvrageReut

e lireaussi

comme n nstrumente travail

ar

a

richesse e son

appareil

cientifique

cinquante agesde notes sources nédites cartes index e personnes,e

lieuxet de matières.

L éclairage

istorique

e révèle

récieux,

out

d abord,

pour

élucidere

sens

ittéral es

poèmes

l auteur

pporte

u rectifie

ci

de nombreusesndi-

cations ur

a

date,

e contexte

olitique,

e cadre

événementiel,

tc.

Cette

méthode evientussi à nous

présenter

es

poèmes

en situation

,

en

nous

restituant

e bruit t la

fureur,

a

chair,

e

leur

naissance

istorique.

ette

histoire e l événemente

prolonge ar

une

approche

outaussi

classique,

les

biographies

e troubadoursans a traditiones vidas la

rigueur

istori-

que

en

plus.

Tout en maîtrisanthistoire

vénementielle,

auteur

pplique

es

grilles

plusnovatricesl ethnologie,histoire esmentalités,a sociologie) uimet-tent

jour

des structurese civilisationle statut u chevalier

uvenis

dans

le

portrait

rès ttachante l infant

nrique,

e déclin es

seigneuries

u béné-

ficede la centralisation

rincière,

a monétarisationes

liens

féodaux,

tc.

Le mérite

rincipal

e cet

ouvrage

ous emble enir

un

équilibre

rès éussi

Page 136: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 136/144

134

entre événement

t

a

structure,

a

biographie

ndividuellet e

modèle ocial

où s insère

haque

troubadour.

ans le

domaine

e la

sociologie ittéraire,

l auteur

perçoit

ne

loi

de

déclassement

u

troubadour,

abord

seigneur

(Boniface

e

Castellane),

nsuite

ministériele

la cour

Bertran

e

Lamanon),

et

enfin

ongleur

gages

Paulet

de

Marseille),

e

qui

tendrait

relativiser

la

validité

es

thèses

E.

Koehler ur

extraction

ocialedes

troubadours,

les

limitantu seul xii«

iècle.

Au

filde son

texte,

auteur

e

dédaigne as

d établir

arfois

uelques

parallèles

vec

histoirea

plus

contemporaine

ces

notationsontribuent

donner

son

ouvrage

ne très

uggestive

mpression

e vie

et de

proximité

culturelle, ême i l on peutpenser u ellesnemanquerontas de déconte-nancer

uelques

puristes.

Du

point

e

vue

ittéraire,

n

peut

regretterue

l auteur

ait

pas

entre-

pris

une véritable

ypologie

u

genre

partir

es

analyses

parses

u il

pro-

digue

i

et

dans

ouvrage

le

sirventes

omme

ontrafactum

e la chan-

son,

es

fonctions

pposées

u senhal

t du

sobriquet,

es

formes

une voix

ou

parties

deux

voix,

tc. Cela

dit,

n est-il

as

fécond

e définir n

genre

par

une fonction

ociale

t

culturelleutant

ue

par

des

traits

tylistiques

ui

en

sontbien ouvente corollaireu

niveau

u

langage

Il

nous

emble

ue

les conditions

istoriques

euvent

tre

ussi

pertinentes

ue

les ois

de la créa-

tion

ittéraire

uand

l

s agit

d éclairer

es

processus

e

genèse

u d extinc-

tion

d un

genre.

Fort de sa double compétence,n histoire t en littératuresoc,

M. Aureli ient e surmonter

ette orte

«

hémiplégie

qui frappait

es étu-

des sur

a

poésie

des

troubadours,

n ce

sens

ue

la

place

d honneur

ui

était

réservée la

poétique

e l amour achaitmal une

certaine

ésestimeu volet

politique

t social.

Le

mérite e

l auteur

std avoir

ccompli

on

programme

d un seul

élan,

en assumant

es

difficultés,

ais

aussi les

richesses,

une

«

polyphonie

des

troubadours

rovençaux

u

xnie

iècle.

Vincent erverat

GloriaK. Fiero,Wendy feffer,MathéAllain, ThreeMedievalViews fWomen. a contenancees

fames

Le biendes

fames

Le blasme es

fames

New Haven and

London,

Yale

University

ress, 1989,

168

p.

ill.

Les trois

its

présentés

ci et dont e thème st

a

femme,

atent e la

fin

xiiie,

ébut ive iècle t sont

nclus ans douze

manuscritsu

total.Les

auteurs nt choiside

publier our

a

première

ois a version

u

«

Blasme

des fames contenue ans le

manuscrite

Cambridge.

La

première

artie

u livre st

consacrée la

traditioncrite e ces

poè-

mes

qui

ont

oui

d une

grande

opularité

u

xiiie

iècle.Tout en

présentant

des affinitésvec es fabliaux t la

poésie

ourtoise,

es

dits en

distinguent

essentiellement

ar

eurvocation l oralité. ls

étaient n effet estinés

être

racontés e vivevoix, être, n somme, its. L oralité st manifesteans

les trois its

proposés

ci on la

repère

la

langue, arlée

t

directe,

acile-

Page 137: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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135

ment ccessibleu

public

e

l époque

t

au

style, escriptif,épétitif

t

rythmé.

La deuxième

artie

itue

a femme

ans e

contexte

istorique

t

social,

surtout rbain. a

troisième

artie

nfin st édition es trois

its,

vec en

regard

a traduction

nglaise,omplétéear

des notes

xplicatives

t es varian-

tes

des

textes. a

présentation

st

d une

grande

larté t

rend

e

livre acile-

ment

tilisable.

Quant

à

la

teneur

t

à

l esprit

e ces

poèmes,

isons-le outde

suite,

deux d entre

ux s inscrivent

ans une

longue

radition

ittéraire

isogyne.

Même

Le

biendes

famés

renâcle n

peu

à énuméreres vertus émininest

ne

manque as

d exalter

elles,

masculines,

e la

courtoisie

t de la

généro-

sité,

ui

veulent

u on

ne

médise

as

de

la femme. n

passe

du ton amusé

etcondescendanteLa contenanceesfames la hargnetmême la haine

du

Blasme es

fames

Miroirs

éformants,

ù

la femme est

pas

sauvée

ar

la

Vierge,

modèle

oujours résent ui

la

protège

ertes

e

l infamiemais

qui

reste naccessible.

Cela

dit,

ces

trois

oèmes

nous

ivrent,

une

façon

ouvent

laisante,

maints

étails

ur

a vie

quotidienne,

es

habits,

es

coiffures,

es

atours

e

la

femme,

insi

que

sur a

perception,

aite

d amusement,

inquiétude

u

d exaspération,

u avaient

elle les hommes.

Il faut aluer

e

travail

e

traductionn

anglais

des trois uteurs

ui,

touten

suivant

e texte aussi

près

que

possible,

nt su

garder

e

rythme

et

la

fraîcheur

e ces

poèmes.

Ce

petit

ivre

oncis st une bonne ntroduc-

tion u

dit médiéval

t il

rend ccessible

un

public eu

formé la

languefrançaise,t moins ncore ses formesnciennes,ngenreittéraireui a

peut-être

trop

ouvent

égligé.

Lada

Hordynsky-Caillat

Roland

Carron,

Enfant

t

parenté

ans a Francemédiévalexe-xuie

iècles

Genève,

Droz, 1989,

189

p.

Le

caractère

ragmentaire

t très

ispersé

es sources elatives

l enfant

rend oute

ynthèse

ifficile.

ussi et

ouvrage,

ssu d une

thèse e

doctorat

de 3ecycle outenuen juin 1983,représente-t-iln travailminutieuxort

appréciable.

R.

Carron

lu

et

étudié

e

trèsnombreux ocumentse

nature

iplo-

matique,uridique,

ittéraire,

eligieuse,

tc.,

es

recoupant

anscesse finde

nous

permettre

e saisir

a

réalité

istorique

e l enfant t de

l adolescent.

Ces

sources,

épertoriées

la fin e

l étude,

roviennent

es

régions

e France

les

plus

diverses.ertaines

ont rès onnues els e

Registre

es visites

Études

Rigaud

u

les Coutumes e Beauvaisis e

Philippe

e

Beaumanoir,

autres

beaucoup

moins

coutumes

t chartes

ocales).

Selon

R.

Carron,

Pour bien connaître

enfant,

l

faut étudier a

parenté (introduction. 1).

Aussi on

objet

d étude e définit-ilomme n

êtreen état de

dépendance

arentale

acception

rès

arge qui permet

l auteur étudier utant es enfantsue des adolescentsux âges quelque-

foisfort

vancés,

t es relations

u ils

entretiennent

vec

eurfamille t

eur

lignage.

es deux derniers

ont,

pour

enfant,

out la

foiscontraintet

protection.

ls se

complètent

t

s opposent our

ncadreres

ndividus. est

pourquoi

R.

Carron

intéresse

articulièrement

ux communautésamiliales

Page 138: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-21-automne-1991 138/144

136

pour

esquelles

l dresse ne

typologie.

es

regroupements

rès

nombreux,

autant

par

souci

de

protection

ue pour

éviter e morcellement

es

terres,

prennent

es

formes

uridiques

ifférenteselon es

régions

simple

ommu-

nauté

egroupant

arents

t

enfants, rarêche,

arage, rérage...

ette

ypo-

logie

très

précise ermet

e saisir a

variété t la

complexité

es situations

du domaine

rançais.

L auteur

onsacre

nsuite eux

ongs

hapitres

ux statuts es

orphelins,

des

bâtards,

rop

ouvent

élaissés

ar

es médiévistes.ans es

grandes

amil-

les

aristocratiques,

l

existe u

xie

iècle ne

véritable

écupérationar

e sei-

gneur

es

orphelins

e vassaux

ux

dépens

de la

veuve/mère,

ar les liens

d homme

homme ont

i forts

ue

l éducation e l enfant

pparaît

u sei-

gneur omme neobligationmorale.Mais ce procédé e voitpeu dans e

Sud moins

éodalisé,

t

décline ettementans es

deux iècles uivants.

lors,

le bail

gestion

es biens

noblesd un mineur

oble)

ou la tutelle ont

arge-

ment onfiés

la

mère/veuve,

ar on estime

ue

c est elle

qui

est a mieux

placée

pour apporter

mour,

ducation

t aide à

son enfant. e

coutumier

d Artois

ar

exemplefin

xiiie

iècle)

déclare

«

... nus ne le

[l enfant]

oit

ni ne

peut

mieux

imer,

ne

garder

lus soigneusement

omme

i

pères

ou

li

mères...

C est a

faculté aimer

lusque

la

capacité gérer

ui importe.

La

tutelle,

ui

dure

resque

artout

n France

usqu à

a maturité

hysio-

logique 12

ans

pour

es

filles,

4

ans

pour

es

garçons)

st

quelquefois

ro-

longée

ar

a curatelle

ui permet

l adolescent

oblede bénéficierun con-

seiller

ui agit

à côté

de lui et non

plus,

comme e

tuteur,

sa

place.Entree Xe t le xiiie iècle, es bâtards assent e l intégrationans a

famille u

rejet

de

plus

en

plus

affirmé.

usqu au

dernier

uart

du

xie

iè-

cle,

es

bâtards

ivent,

emble-t-il,

e

façon

ssez

paisible.

Aucune

nterdic-

tion

particulière

e

pèse

sur

eux.

À

partir

e la réforme

régorienne

t avec

la lutte ontre

e

nicolaïsme,

a simonie

t e

concubinage

es

aïcs,

es bâtards

sont xclus

es

héritages

t des

charges

cclésiastiques.

. Carronnotefort

justement

ue

cette xclusion

est

pas

seulement

ue à la lutte

ue l Église

mène

pour

récupérer

t

imposer

e

mariage,

mais

également

ux

aspirations

de la société

aïque

qui,

dans

une

période

e forte

oussée

démographique,

a tendance

favoriser

e droit aînesse

t à exclure e

l héritage

e nom-

breux

nfants,

fin d éviter

e morcellementu

patrimoine.

Finalement,e que veut montrer . Carron c est l importanceuxine iècle ans a naissance e l individualisationt doncde l essor unsen-

timent

e la réalité

ropre

e

l enfant ans la famillemédiévale.

est un

siècle

ui

voitun souci

évident e

protéger

es enfantsur e

plan uridique.

Certes,

ertaines

ffirmations

ériteraient

uelquefoislus

de nuance. auteur

écrit

ar exemple

«

La lutte

ontree

concubinage

vu

commee

signe

une

volonté

e ne

pas

s engager

ans

des iens

urables]

ouvait pparaître

omme

une

lutte

pour

la

défense

e

l enfant,

our

son

droit l éducation t à

l amour

(p. 133).

On

sait,

grâce

n

particulier

ux travaux e J.

Goody,

que

la lutte

menée

ar

es

autorités

cclésiastiques

ontre e

concubinage

t

pour

indissolubilité

u

mariage

comme ouci

premier,

oins a

protec-

tionde l enfance

ue

la défense es intérêts

inancierse

l Église

t

la

pré-

servationunmonopole ans e domainematrimonial.ecrois ourmapart

que,

même i les

eunes

gens

peuvent

énéficier

à

et là de mesures

uridi-

ques qui permettent

améliorer

eur

ituation,

ls ne sont

ue

des

enjeux

ans

la lutte

ue

se livrentes

autorités

emporelles

t

spirituelles,

t

que

dans a

mentalité

édiévale u

xine

iècle,

ls

restent es êtres mineurs

.

Page 139: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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137

Il

n en demeure

as

moins

ue l ouvrage

e R.

Carron

ffre ne excel-

lente

ynthèse

e la

position

e l enfantt de

l adolescentu seinde

sa

parenté

et

permet

e

saisir,

traverses sources

uridiques,

a

plus

grande

ttention

apportée

l enfance

ntre e

Xe

et le

xine

iècle.

DidierLett

Page 140: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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LIVRES

REÇUS

Michel

BALARD,

Jean-Philippe

GENET,

Michel

ROUCHE,

Le

Moyen Age

en Occident. Des Barbares

à ¡a

Renaissance

Paris,

Hachette

(Histoire Université),

990.

Carla CASAGRANDE et Silvana

VECCHIO,

Les

péchés

de la lan-

gue.

Discipline

et

éthique

de

la

parole

dans la culture

médiévale,

préf.

de

Jacques

LE

GOFF,

Cerf

(Histoire),

1991.

Les contes de Cantorbéry ar Geoffroy HAUCER, sélect.,traduct.

et introd. de Juliette

DOR, Paris,

Christian

Bourgois (10/18,

Bibliothèque médiévale),

1991.

Francis

DUBOST,

Aspects

fantastiques

de

la littérature arrative

médiévale

(xil -xill

siècles).

L Autre, l Ailleurs,

l

Autrefois

2

vol., Paris,

Honoré

Champion Nouvelle

Bibliothèque

u

Moyen

Age),

1991.

Georges

DUBY et

Michelle PERROT

dir.,

Histoire

des

femmes

en

Occident,

t.

2,

Le

Moyen Age,

s dir.

ChristianeKLAPISCH-

ZUBER,

Paris,

Pion,

1991.

Jean-Philippe ENET, Le monde au Moyen Age. Espaces,pouvoirs,

civilisations,

aris,

Hachette

Carré

Histoire),

1991.

Hugues

de

Saint-Victor,

art de

lire,

«

Didascalicon

», intr.,

trad,

et notes

de

Michel

LEMOINE, Paris,

Cerf

(Sagesses

Chrétien-

nes),

1991.

Ivan

ILLICH,

Du lisible au

visible,

a naissance du

texte.

Un

com-

mentairedu

«

Didascalicon

»

de

Hugues

de

Saint-

Victor,

rad,

fr.,

Cerf,

1991.

Pierre

JONIN,

Anthologie hématique

e la

poésie française

u

Moyen

Age,

Paris,

Champion (Traductions

des

Classiques

Français

du

Moyen

Age,

XLIII),

1991.

Jourdainde Blaye, chanson de geste, nouv. édit. Peter F. DEM-

BOWSKI, Paris,

Champion

Classiques

Français

du

Moyen

Age,

112),

1990.

Le livrede l échellede

Mahomet,Paris,

Livre de Poche

(Lettres othi-

ques),

1991.

Raymond

LULLE,

L Art

bref,

trad.,

introd. et

notes

par

Armand

LLINARES, Paris,

Cerf

(Sagesses chrétiennes),

991.

Miri

RUBIN,

Corpus

Christi. The Eucharist n Late

Medieval Cul-

ture,

Cambridge

Univ.

Press,

1991.

Le roman de

Thèbes,

trad, en fr. moderne

par

Aimé

PETIT, Paris,

Champion

(Traductions

des

Classiques

Français

du

Moyen Age,

XLIV), 1991.

Rutebeuf

et les

frères

mendiants. Poèmes

satiriques,

trad,

en fr.

moderne

par

Jean

DUFOURNET, Paris,

Champion

Traductions

des

Classiques

Français

du

Moyen Age,

XL

VI),

1991.

Page 141: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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Les

XIIIe Journées d Histoire

du Droit médiéval

auront

lieu

à

Limoges

dans

la

semaine

du 23 au 27

mars

1992.

Les thèmes

retenus

pour

cette session

seront

:

-

La

superstition

-

Les

fondateurs d ordres

-

Les

aspects

institutionnels

des

règles

monastiques

(contenu, application, évolution...)- Le

Moyen Age

vu

par

les hommes du xviii* siècle

et de la Révolution

(suite)

Par

ailleurs,

sont

au

programme

chaque

année :

-

L histoire

du droit

pénal

-

Le

droit

et les institutions du

Limousin

-

L iconologie

juridique

Pour tous

renseignements,

adresser à Pierre

BRAUN,

professeurà la Faculté de Droit et des Sciences Économi-

ques,

87031

Limoges

Cedex.

Page 142: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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ESSAIS

ET

RECHERCHES

Réflexions ur aristocratieuédoise u

Moyen

Age

:

l exemple

un

lignage

noble ntre

250 et

1350

Jean-Marie

AILLEFER

115

Notesde lecture

133

Martin

AURELL,

La

vielle t

épée.

Troubadourst

politique

en

Provence au XIIIe

iècle

(V.

SERVERAT)

;

Gloria K.

FIERO,

Wendy

PFEIFFER,

Mathé

ALLAIN,

Three

Medieval

Views

f

Women.

a contenance

es

fames.

e

biendes

fames.

Le

blasmedes

fames

L.

HORD

YNSKY-C

AILLAT)

;

Roland

CARRON,

Enfant

t

parenté

dans la

France

médiévale

Xe-

xilfsiècles D. LETT).

Livres

eçus

138

Page 144: Medievales - Num 21 - Automne 1991

8/9/2019 Medievales - Num 21 - Automne 1991

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ISSN 0751-2708

SOMMAIRE

21

AUTOMNE 1991

L AN MIL

:

RYTHMES

ET ACTEURS D UNE CROISSANCE

L an

mil :

continuité,

ournant u révolution

Discussions autour

d un

ivre ontroversé

Monique

BOURIN

5

Le litde Procuste eGuyBoisBarbaraH. ROSENWEIN 11

Essor

démographique,

roissance

graire

t

achéologie

Elisabeth ADORA-RIO

17

Á

la recherche

e

personnes erdues...

MariaHILLEBRANDT et

FranzNEISKE

21

Mutations

t révolutionsux environs e

l an mil

ChrisWICKHAM

27

Mâconnais, erre éconde

Pierre

ONNASSIE

39

Un

regard ériphérique

urLa

mutatione l an mil

Lluis TO FIGUERAS

47