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Notes de lecture 475 relations mutuelles, on voit mieux se preciser les definitions et les champs d’action, voire les interpenetrations. Cela permet de reflechir aux phenomenes de transfert dans la relation psychopedagogique et aux effets pedagogiques, parfois rapport& a la suggestion dans la relation analytique. On voit aussi les enrichissements de la psychanalyse dans les necessaires &arts pris par rapport a la cure-type, ce qui est source de profit autant pour la psychanalyse classique que pour ce que l’on appelle ailleurs les therapies mbdiatisees. Notons au passage qu’il est rare de voir les refe- rences a Winnicott Ctre set-vies avec autant d’a-propos... L’esprit de liberte qui prevaut dans les communications presentees est assez rejouissant et alimente un enthousiasme dont notre discipline a bien besoin, et ce d’autant plus que coexis- tent ici differents rep&ages lies aux affiliations diverses des therapeutes, autant qu’a la liberte de leurs prises de position personnelles. Un livre d’histoire, inaugur- brillamment par notre collegue J. Arveiller, mais aussi un livre d’histoire en train de se faire, l’histoire dune institution, l’histoire d’une pensee theorique en perpe- tuelle elaboration, mais surtout l’histoire de patients, de ceux saris qui tout cela n’aurait pas de sens. Au-deli de la psychopedagogie et de la psychanalyse de l’en- fant et de l’adolescent, sont aussi presentees des recherches sur les therapies de groupe et les therapies familiales, tandis qu’une reflexion sur les modifications de l’esprit social et de l’esprit familial est entamee. Car ce qui est presente, c’est aussi l’evolution des relations avec les parents des enfants en difficult& avec les inevi- tables interrogations theoriques que justifient les souplesses clinicotherapeutiques. Un livre precieux, comme une source rafraichissante de savoir et de reflexion. D.A.C. r- Melchior T. Cr6er le rhel. Hypnose et thkrapie. Paris : Le Seuil, ~011. (<La Couleur des idees D ; 1998.552 p. Cent ans aprb son excommunication freudienne, l’hypnose se Porte toujours bien. En est une preuve de plus cet ouvrage que lui consacre un psychologue belge, psychotherapeute au service de Sante mentale de 1’Universitt libre de Bruxelles. Tres influence par la pensee ericksonienne (il a participe a la fondation de l’institut Milton H. Erickson de son pays), ce dernier nous montre avec brio combien l’hypnose peut etre une methode de psychotherapie particulierement efficace, specialement pour les techniques de psychotherapie breve qui tiennent une place predominante dans ce livre. Mais avant la description de ces techniques, de leurs indications, de leur utilisation, le lecteur trouvera dans cet ouvrage qui se veut exhaustif une histoire des differentes interpretations qui ont et6 donnees a l’hypnose et une theorie assez coherente de ce phenomene (bien entendu d’ins- piration ericksonienne). On aurait presque envie de se remettre a l’hypnotherapie

Melchior T, ,Créer le réel. Hypnose et thérapie (1998) Le Seuil,Paris 552 coll. « La Couleur des idées «

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Notes de lecture 475

relations mutuelles, on voit mieux se preciser les definitions et les champs d’action, voire les interpenetrations. Cela permet de reflechir aux phenomenes de transfert dans la relation psychopedagogique et aux effets pedagogiques, parfois rapport& a la suggestion dans la relation analytique. On voit aussi les enrichissements de la psychanalyse dans les necessaires &arts pris par rapport a la cure-type, ce qui est source de profit autant pour la psychanalyse classique que pour ce que l’on appelle ailleurs les therapies mbdiatisees. Notons au passage qu’il est rare de voir les refe- rences a Winnicott Ctre set-vies avec autant d’a-propos... L’esprit de liberte qui prevaut dans les communications presentees est assez rejouissant et alimente un enthousiasme dont notre discipline a bien besoin, et ce d’autant plus que coexis- tent ici differents rep&ages lies aux affiliations diverses des therapeutes, autant qu’a la liberte de leurs prises de position personnelles. Un livre d’histoire, inaugur- brillamment par notre collegue J. Arveiller, mais aussi un livre d’histoire en train de se faire, l’histoire dune institution, l’histoire d’une pensee theorique en perpe- tuelle elaboration, mais surtout l’histoire de patients, de ceux saris qui tout cela n’aurait pas de sens. Au-deli de la psychopedagogie et de la psychanalyse de l’en- fant et de l’adolescent, sont aussi presentees des recherches sur les therapies de groupe et les therapies familiales, tandis qu’une reflexion sur les modifications de l’esprit social et de l’esprit familial est entamee. Car ce qui est presente, c’est aussi l’evolution des relations avec les parents des enfants en difficult& avec les inevi- tables interrogations theoriques que justifient les souplesses clinicotherapeutiques. Un livre precieux, comme une source rafraichissante de savoir et de reflexion.

D.A.C.

r- Melchior T. Cr6er le rhel. Hypnose et thkrapie. Paris : Le Seuil, ~011. (< La Couleur des idees D ; 1998.552 p.

Cent ans aprb son excommunication freudienne, l’hypnose se Porte toujours bien. En est une preuve de plus cet ouvrage que lui consacre un psychologue belge, psychotherapeute au service de Sante mentale de 1’Universitt libre de Bruxelles. Tres influence par la pensee ericksonienne (il a participe a la fondation de l’institut Milton H. Erickson de son pays), ce dernier nous montre avec brio combien l’hypnose peut etre une methode de psychotherapie particulierement efficace, specialement pour les techniques de psychotherapie breve qui tiennent une place predominante dans ce livre. Mais avant la description de ces techniques, de leurs indications, de leur utilisation, le lecteur trouvera dans cet ouvrage qui se veut exhaustif une histoire des differentes interpretations qui ont et6 donnees a l’hypnose et une theorie assez coherente de ce phenomene (bien entendu d’ins- piration ericksonienne). On aurait presque envie de se remettre a l’hypnotherapie

476 Notes de lecture

lorsqu’on referme ce livre qui aurait bien plu a Leon Chertok, souvent cite. Pour faciliter la relation initiale, dommage qu’on n’ait pas, comme l’auteur, un patro- nyme de Roi mage.

J.l?

r- Nathan T, Hounkpatin L. La Guirison Yoruba. Paris : Odile Jacob ; 1998. 212 p.

Comme souvent avec les publications de Tobie Nathan, il est difficile de depasser la prise de position passionnelle : pour ou contre. Mais lorsqu’on y parvient, on peut alors constater que cette derniere livraison, comme ses differents travaux, questionne les statuts de la psychologie et la fonction du psychologue.

Cet ouvrage se presente comme un constant dialogue autour de la guerison, entre deux cultures, entre Tobie Nathan et Lucien Hounkpatin. Mais, trb rapide- ment, le lecteur se trouve entrain6 dans une multitude de dialogues, entre Ie visible et l’invisible, entre langage socialise et langage interieur (au sens de Vygotski). De fait, sans jamais le preciser, les deux auteurs demontrent combien le monde humain n’est jamais don& et se construit en permanence. Les histoires de cas (qu’il faut entendre ici davantage comme des renvois symboliques que comme des vignettes entomologiques), qui alternent avec les retours incessants des interpretations croisees des deux auteurs, nous renvoient saris cesse a une illustration des theories de la pensee complexe et du constructivisme. Au caeur de la reflexion sur la construction du monde : le langage en tant qu’activite. Au cceur de la reflexion sur la s construction >> du therapeute : l’interpretation et ses capa- cites a passer d’une langue a l’autre, en fonction de Yetat du monde interieur du sujet qui l’interroge. Ainsi, les deux auteurs retrouvent-ils a la fois une psycho- logie concrete (au sens de Politzer), c’est-a-dire une psychologie du drame humain, et une psychologie phenomenologique dans laquelle interne-externe et individuel-social sont indissociables.

Leur dialogue, comme leur clinique, demontre a quel point la guerison est un processus qui nous Cchappe, qui est multiforme et qui, somme toute le plus sou- vent, nous surprend. L’etude des modalites de guerison par modification du sens d’un monde par t< influence >>, par (( passage >> ou par (c decentration >> (pour rester davantage dans le champ de reference theorique europeen), presente toujours une grande actualite. Car qu’on s’y consacre par le biais de la comprehension d’autres cultures ou par le biais de l’examen de techniques therapeutiques occi- dentales (hypnose, effet placebo, relation soignant-soigne, etc.), les processus de guerison restent encore tnigmatiques (et seraient-ils efficaces s’ils ne rectlaient plus de mystbre ?).