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Mémoire d'Architecture

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Mémoire d'architecture intitulée: Reconversion d'une ancienne friche ferroviaire à Djibouti en Centre de la promotion des Arts et de la Culture

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    A mon papa.

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    Remerciement

    Je voudrais tout d'abord adresser toute ma gratitude la directrice de ce mmoire, Madame Hakima Trimche Mahfoudi, pour son soutien, l'aide et l'encadrement qu'elle m'a apporte tout au long de ce mmoire ainsi que pour sa patience, sa disponibilit et ses encouragements.

    Je dsire aussi remercier Madmoiselle Rim Sad, enseignante lEnau pour ses conseils.

    Merci tous mes amis particulirement Abdoulfatah, Radwan, Afef, Kas, Yesmine, Khalil, Noura et Firas pour leur aide et leur soutien.

    Un grand merci ma famille pour leur attention et leur confiance. Enfin j'exprime toute ma gratitude tous mes professeurs de l'cole nationale

    de l'architecture et d'urbanisme qui ont enrichi mes connaissances durant tout mon parcours universitaire.

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    SOMMAIRE

    Ddicace Remerciements Tables des matires Introduction Problmatique Objectifs et Enjeux Mthodologie PARTIE 1 : PROJET CULTUREL POUR UN PROJET URBAIN

    Chapitre 1 : La rhabilitation des friches

    1. Introduction 2. Dfinition 3. Evolutions de la perception friches 4. Causes 5. Interventions urbaines 6. Les acteurs impliqus

    Synthse

    Chapitre 2 : La Culture comme rgnratrice de Ville

    7. Introduction 8. Art et Culture 9. Le rle de la Culture dans le renouveau urbain 10. Contexte artistique djiboutien 11. Principales institutions culturelles 12. Spcificits architecturales des espaces culturels

    Synthse

    PARTIE 2 : LES DONNEES DU PROJET

    CHAPITRE 3 : DONNEES CONTEXTUELLES

    13. Prsentation de Djibouti 13.1. Histoire, 13.2. Cadres Physique 13.3. Cadres Socitales

    14. Ville et Architecture

    CHAPITRE 4 : LANCIENNE GARE DE DJIBOUTI

    15. Introduction 15.1. Choix du site 15.2. Fiche de prsentation & Emplacement

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    15.3. Aperu historique & Mmoire du lieu 16. spcificits urbaines de la zone

    16.1. Contexte urbain et Situation 16.2. Structure morphologique 16.3. Occupations et Activits 16.4. Les btiments environnants

    17. spcificits architecturales de la zone 17.1. Evolution de la gare 17.2. Dlimitation et relevs 17.3. accessibilit et diffrentes entres 17.4. Configuration spatiale

    18. Analyse sensible : vcu de lespace

    Synthse

    PARTIE 3 : LES DONNEES REFERENTIELLES

    19. Complexe minier Zollverein Essen - Allemagne 20. la Friche la Belle de Mai - Marseille 21. Centre des arts et de la culture de Changsha- Chine 22. Dream City Tunisie

    Synthse

    PARTIE 4 : RECOMMANDATIONS ET OPERATIONS A PROJETER

    23. Recommandations urbaines 24. Recommandations architecturales 25. Intentions programmatiques 26. Organigramme fonctionnel

    PARTIE 5 : LE PROJET

    27. Introduction 28. Parti architectural 29. Planche dintervention

    ANNEXE ET BIBLIOGRAPHIE

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    Introduction

    La culture, cest ce qui reste quand on a tout oubli.

    mile Henriot (1889-1961)

    L'ducation est l'art de faire passer le conscient dans l'inconscient.

    Gustave Le Bon

    Lmancipation dun peuple passe avant tout par le savoir. Connaissances des sciences et des arts doivent tre acquis depuis lenfance travers lducation pour dvelopper ces facults intellectuelles.

    Partant de mon exprience lcole, mon cursus universitaire ma permis de prendre conscience sur le rle majeur des arts dans la vie sociale travers les diffrentes expressions artistiques et culturelles en vogue.

    Et cest en faisant le parallle avec mon pays natal, Djibouti, a ma interpel au combien linvestissement sur les arts et la culture ou sur des quipements relatifs nest pas en uvre. Et nous payons tous trs chers.

    Conscients de ces valeurs, et face ce constat, cette recherche est un appel linformation, lveil de la sensibilit esthtique, de la crativit, et lacquisition de connaissances historiques et thoriques sur lart et la culture.

    En tant qutudiant Architecte prparant son projet de fin dtudes, contribuer la cration de ce centre de la promotion des arts et de la culture est un sujet que jestime militant et la fois une initiative citoyenne.

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    Problmatique

    Lart, est la plus simple sublime mission de lhomme, puisque cest lexercice de la pense qui cherche comprendre le monde et le faire comprendre . Auguste Rodin (1840-1917)

    La promotion des arts et de la culture au sein de la socit serait une volont fondamentale qui reste aux oubliettes et quasi-inexistant. A ce jour, Djibouti, il nexiste cependant aucune forme dducation relative que a soit dans les primaires, secondaires ou mme acadmiques. Sur le terrain politique, des structures institutionnelles sur la question manquent.

    Dans ce sujet la fois pdagogique, la question du patrimoine constitue un autre vecteur majeur. Le patrimoine linstar de la promotion artistique nest pas ancr dans la pense collective. Dans le but de les associer, de les valoriser, nous implanteront le centre de la promotion des arts et de la culture, dans le centre ancien de Djibouti et plus prcisment dans lancienne gare abandonne. La gare constitue un quipement important par sa valeur patrimoniale, lhistoire et limaginaire quelle vhicule et surtout par la mmoire collective. Dlaisse, dans un tat de friche et voue la destruction, la gare est encline disparaitre du paysage.

    Ce travail dveloppera donc cette rflexion sur la promotion des arts et la culture Djibouti en les envisageant comme un atout de dveloppement de la pense, de dveloppement de la dynamique urbaine, en engageant leurs potentiels et leurs rles possibles dans une nouvelle urbanit. Surtout, il tentera de rpondre la question suivante :

    - Quelles sont les spcificits architecturales et urbaines dun centre des Arts qui contribue la promotion culturelle et redonne vie un patrimoine abandonn ?

    - Comment revaloriser un patrimoine architectural et lintgrer dans une dynamique urbaine ?

    - Comment crer un projet la fois urbain, culturel, et a une valeur patrimoniale ?

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    Objectifs et Enjeux

    Pour ben saisir les enjeux et identifier les difficults et pour en tirer des enseignements pertinents, il est indispensable davoir une approche sur le type denseignement sur les arts et la culture et davoir une connaissance approfondie de ce plateau ferroviaire en friche ; comment justifier la transmission des savoirs artistiques ?; quels sont les moyens et les outils les plus adapts la transmission du savoir vers tous les publics ?quels lments structurants dans ce paysage, lesquels reprsentent un certain patrimoine conserver ? En une phrase, il sagira de comprendre leur structure pour en dduire leurs potentialits. Pourquoi est-il intressant de reconvertir ces terrains ? Peuvent- ils accueillir une part importante du dveloppement du centre-ville djiboutien ? Peut-on envisager la culture comme une alternative conomique? Quel rle peuvent-ils jouer dans le centre-ville : nouvelle centralit, centre de quartier priphrique, rayonnement sur les communes voisines ?

    Tout au long de ce travail, nous garderons en tte les enjeux majeurs que sont la promotion artistique et ltat de friche de la gare : en exploitant ces deux thmatiques, contribue-t-on la pense humaniste dans cette qute du savoir ? Contribue-t-on au dveloppement dune conscience autonome ? Quels sont les objectifs dune ducation lart et comment sarticulent-ils au projet de socit ? Quelle peut tre la responsabilit de lEtat dans cette transmission ? Peut-on envisager la cration dun portail interministriel conjointe ? Pourquoi lcole prouve-t-elle tant de difficults assurer lducation artistique et culturelle ?

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    Mthodologie

    Pour atteindre les objectifs tracs et dans lintention dapporter des rponses la problmatique dj annonce, nous structurerons notre recherche en 5 parties :

    Une premire dans laquelle nous voquerons le projet culturel et patrimonial pour un projet urbain. Nous nous interrogerons sur le cadre gnral des rhabilitations des friches avant dvoquer limportance de la culture dans la rgnration urbaine.

    Nous proposerons de prsenter dans la deuxime partie, le cadre contextuel, savoir la Rpublique de Djibouti. Nous essayerons dans lanalyse dapprofondir notre zone dintervention afin de mieux la cerner et dtablir un diagnostic de son tat des lieux.

    Une troisime, nous proposerons de dgager, via des projets similaires, les approches de reconversions utilises, afin danalyser et den slectionner les atouts qui pourront nous servir.

    Avant damorcer la dernire partie de notre recherche, nous passerons par une quatrime partie o on tablira les recommandations urbaines et architecturales, ainsi quun programme fonctionnel afin de mener bien un amnagement urbain et un projet darchitecture.

    Dans une cinquime partie, je tenterai selon ces recommandations, et les spcificits architecturales et urbaines, de projeter un plan damnagement traitant la dimension culturelle et la rgnration urbaine dans le cadre de la reconversion de la friche existante..

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    CHAPITRE 1 : LA REHABILITATION DES FRICHES

    1. Introduction

    Les friches industrielles rsultent d'une perte de cohrence entre contenant et contenu, c'est--dire entre cadre bti et activits (Chaline, 1999) 1 ; elles sont le reflet des volutions de l'conomie rgionale. Les friches constituent (...) un vritable indicateur du comportement conomique d'une ville ou d'une rgion puisque l'on sait que le chiffre annuel [d'hectares de friches] n'est que le bilan de deux mcanismes opposs: l'un qui produit les friches, l'autre qui les rsorbe par r affectations diverses2.

    Si la constitution des friches n'est pas un phnomne nouveau, l'ampleur du processus durant la fin de 20me sicle n'avait jamais t atteinte auparavant. A partir des annes 1950 en effet, on assiste dans le monde occidental une dsindustrialisation massive de l'conomie et des territoires, soit par obsolescence ou inadaptation technologique irrversible (charbon par exemple), soit cause de la concurrence internationale (industrie cotonnire, construction navale, sidrurgie), soit encore par dcision tatique (usines d'armements, arsenaux).

    Le dpart d'activits industrielles pour cause de dlocalisation ou de cessation d'activit n'est pourtant pas suffisant en soi pour constituer une friche: les entreprises sont en effet mobiles, et au dpart de l'une succde souvent l'arrive d'une autre. Lorsque ce cycle se brise, et que les dparts ne sont pas remplacs, alors une friche se constitue. Ce phnomne de rupture a pourtant lieu assez systmatiquement dans le cas d'activits industrielles en milieu urbain.

    Leur utilisation pour d'autres usages - logement, commerces, culture, tertiaire - semble donc se justifier: seulement la transformation d'un btiment ou d'un site d'un usage industriel un usage rsidentiel ou tertiaire ncessite une modification des plans d'amnagement locaux.

    Les problmes poss par la constitution et la prsence de friches dans le tissu urbain dpendent de la perception qu'en ont les collectivits locales un moment donn. Les proccupations dominantes des politiques urbaines ont fortement volu

    1 La reconstruction de la ville sur elle-mme a pris autant d'importance, sinon plus, que l'extension priphrique des agglomrations. Elle consiste pour une grande part en reconqute des friches urbaines. C'est ce processus de r-affectation et de rgnration qu'analyse Claude Chaline, partir d'exemples franais et trangers . Claude Chaline : La rgnration urbaine, PUF, Que sais-je ?, n 3496, 1999, 127 p.

    2 Les friches industrielles des secteurs de gare, centrales et bien accessibles en transports publics, reprsentent un potentiel pour un dveloppement de l'urbanisation autre que l'talement urbain. Grce l'tude de la reconversion de la friche du secteur Gare/Crt-Taconnet Neuchtel, ce travail montre qu'il est possible de concrtiser des amnagements denses et de qualit sur ces sites en dclin, participant ainsi un dveloppement urbain durable. Marianne Thomaan : Potentiel des friches industrielles des secteurs de gare pour un dveloppement urbain durable. Reconversion du secteur Gare/Crt-Taconnet Neuchtel. 26 p.

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    au cours de ces cinquante dernires annes, influenant la perception des friches urbaines et la manire d'intervenir sur ces terrains.

    2. Dfinition dune friche :

    Friche industrielle: Espace bti ou non, terrain ou local, autrefois occups par lindustrie et dsormais en voie de dgradation par suite de leur dsaffectation, cest--dire de leur abandon total ou partiel par lactivit industrielle.

    Pour Wikipdia, Une friche industrielle est un terrain laiss l'abandon la suite de l'arrt de l'activit industrielle qui s'y exerait.

    Friche industrielle Bordeaux

    Lorigine du terme friche remonte la gographie rurale et le vocabulaire de lagriculture. Traduisant une terre inculte, mal situe ou peu fertile, il revt premire vue une connotation ngative. Par contre, la dfinition de la friche en tant que rserve, stock, cest--dire une potentialit, apporte un sens beaucoup plus positif au terme.

    De manire gnrale, les friches sont dcrites comme tant des anciens sites industriels - usines ou terrains associs des usines, tels des entrepts ou des dcharges- qui sont maintenant abandonns ou sous-utiliss.

    Une friche est une zone, un terrain ou une proprit sans occupant humain actif, qui nest en consquence pas ou plus cultive, productive ni mme entretenue. (Dfinition du Wikipdia)

    Fig.1 : La friche de la raffinerie de Reichstett Strasbourg

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    La friche industrielle comme un espace vgtal particulier, voire un espace de voisinage reconqurir (Sncal et Saint-Laurent, 1999).3

    Les mots comme Abandon ou dsaffect revient sans cesse. Il faut dire que ces territoires sont avant tout une histoire, une mmoire, un pass industriel

    On constate que la majorit de ces sites se situent dans des zones souvent prs du centre- ville des grandes agglomrations des pays industrialiss.

    Les diffrents types de friches

    EMMANUEL REY mentionne que la nature et la qualit de la friche peuvent tre trs diverses, en fonction du types d'activits pratiques et du niveau de dgradations des infrastructures existantes 4 Ainsi il est possible de rpertorier diffrents types de friches en fonction de l'affectation initiale du sol et des constructions sy localisant. Les diffrents types de friches sont :

    Les friches agricoles : terres abandonnes par la culture depuis un an au moins et embroussailles 5.

    Les friches minires.

    3 Senecal G., Saint-Laurent D.(dir.), 2000, Les espaces dgrads. Contraintes et conqutes. 4 Rgnration des friches urbaines et dveloppement durable - Vers une valuation intgre la dynamique du projet EMMANUEL REY 5 LA PERCEPTION DE LA FRICHE : ETUDE METHODOLOGIQUE ROUAY-HENDRICKX, 1991, p. 27

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    Les friches industrielles : terrains abandonns par des industries, soit quelles se soient relocalises, soit quelles aient cess leurs activits. Cette expression est couramment tendue des terrains encore occups par des btiments industriels (usines, entrepts, etc.) non dmolis mais inutiliss 6.

    6 Choay et Merlin (dir.), 1996, article : Friches urbaines et industrielles

    Fig.2 : L'ancienne mine Wendel Forbach et Petite-Rosselle.

    Fig.3 : FRICHE INDUSTRIELLE COMMANDE LONGUEVILLE DEGON Le pupitre de commande du pont roulant dans l'atelier

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    Les friches infrastructurelles : abattoirs, stades, etc.

    Les friches militaires : casernes, terrains, etc.

    Les friches ferroviaires : voies, gares, dpts, voies de raccordement, entrepts, etc.

    Les friches portuaires : hangars, docks, jetes, entrepts, etc.

    Les friches touristiques : stations intgres, remontes mcaniques, etc.

    Etc. Les friches urbaines, quant elles, regroupent les terrains en friche que lon trouve en milieu urbain, quelle que soit leur affectation initiale.

    Il existe galement des terrains vagues ou des quartiers abandonns que lon peut dsigner comme tant ltat de friches. Mais RODRIGUES-MALTA met en garde : encore convient-il de prciser que la dfinition de ce qui doit tre recens comme friche varie considrablement en fonction de la taille, de la localisation plus ou moins stratgique en cur ou en priphrie dagglomration, de la nature de lactivit disparue mais galement en fonction des dynamiques urbaines plus ou moins aptes les absorber. Le phnomne de friches urbaines

    Fig.4 : Friche frroviaire : Gare de Djibouti

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    renvoie donc une grande diversit de btiments et de terrains multipliant de fait la nature des enjeux et des rponses souhaitables 7.

    Outre ces diffrents types de friches, dcoulant de l'affectation originale des terrains, on peut distinguer les friches suivant dautres critres qui peuvent se rvler dun grand intrt dans la problmatique du dveloppement urbain durable. BECKMANN et Al. relvent notamment :

    La surface dj btie

    La taille et le morcellement du terrain

    La position dans lagglomration et l'affectation des terrains alentours

    Laccessibilit (voitures et transports publics)

    La valeur foncire

    Etc.8

    Ces diffrents critres dpendent en partie les uns des autres et dterminent fortement les chances et les difficults de dveloppement.

    3. Evolution de la perception des friches

    La constitution et la perduration de friches urbaines constitue, entre autres, un problme conomique. Issue de dlocalisation et de faillites successives, la constitution de friches signifie en effet perte d'emplois et de richesse: c'est dans cette optique qu'elles sont considres dans un premier temps. Blanc (1991) montre que les premiers discours tenus sur la problmatique des friches en France taient centrs sur la conservation de l'emploi et la prservation de la vocation industrielle des lieux.

    C'est sans aucun doute la reconnaissance d'une impossibilit de raffecter les friches un usage industriel qui opre ce basculement: la friche comme opportunit pour le dveloppement urbain de la ville merge alors, et l'on passe de stratgies dfensives visant maintenir l'emploi industriel des stratgies plus audacieuses et imaginatives (Chaline, 1999: p.33).

    Les friches sont alors autant de possibilits pour entreprendre ou susciter des oprations propres diversifier, voire reconstruire les bases fonctionnelles [des villes], tout en les associant des actions urbanistiques gnratrices d'images alimentant le marketing urbain (idem: p.34).

    7 REGENERATION URBAINE : VARIATIONS SUD-EUROPEENNES - RODRIGUES - MALTA, 2001, p. 323 8 BECKMANN et Al., 1999, p. 43

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    Elles reprsentent d'autre part des surfaces de terrain importantes qui se librent pour d'autres usages, et ce d'autant plus que la substitution des emplois industriels (100m2 par unit) par des emplois tertiaires (25m2) dgage de grandes surfaces (Rumley, 1989: XVIII); une chance pour une ville de crer du logement et des emplois sur des terrains en plein centre, de redynamiser son conomie, voire, lorsque les terrains sont d'une certaine ampleur, de rorienter sa structure.

    4. Causes

    Peu dauteurs stendent sur les causes de la constitution de friches. Peut-tre que cela parat trop vident, ou que les questions conomiques, qui sont probablement la base de la cration des friches, nintressent que trop peu les urbanistes9.

    RAFFESTIN explique : ds les annes 50, sans quon sen rende vraiment compte ou plutt sans quon y attache une importance significative, le travail industriel a commenc reculer au profit du travail dans le secteur tertiaire. La plupart des industries sont ainsi passes entre 1945 et 1975 de l'innovation au dveloppement et enfin la maturit sans comprendre que cela allait provoquer des dplacements dentreprises et de main-duvre. Les dplacements ou fermetures dentreprises ont provoqu dabord le naissance dune friche industrielle relativement aux btiments et ensuite le chmage pour les ouvriers et les employs. La friche architecturale est dans lordre des choses car cela signifie que les entreprises sont arrives maturit et quelles nont plus leur place dans le paysage urbain 10. RAFFESTIN utilise alors le terme de friche de rgulation 11.

    Ainsi, dans la continuelle transformation de la ville sur elle-mme, les friches jouent un rle tampon entre les besoins et les capacits du milieu bti. Des rsidences et des tablissements sont construits pour une certaine dure et cela explique que la ville empile et stratifie des organisations de lespace successif qui gardent en mmoire ce que furent les activits mais aussi les possibilits de dplacements des socits urbaines antrieures. Ce dcalage contraint recycler en permanence les formes anciennes dorganisation. Lintensit du changement peut entraner le passage par une phase dobsolescence (les friches) 12 explique WIEL. RYTER et REY ajoutent que l'acclration des changements de localisations des activits humaines, notamment industrielles, tend multiplier depuis quelques dcennies les situations de dsquilibre entre le cadre bti et ses fonctions. Il en rsulte une part grandissante de btiments et de terrains dlaisss qui, ben que situs souvent proximit immdiate des centres villes, revtent le caractre de friches urbaines 13.

    Pour RAFFESTIN, il y a enfin [...] la friche cre de toutes pices cest--dire les m2

    9 II est intressant de noter ce propos que les services de l'amnagement du territoire ou de l'urbanisme n'ont pas pour mandat le dveloppement conomique - dont s'occupent d'autres services - bien que l'conomie soit au cur des proccupations de l'amnagement du territoire. 10 RAFFESTIN C., 1997, UNE SOCIETE DE LA FRICHE OU UNE SOCIETE EN FRICHE, COLLAGE, N4, P. 12-15 11 RAFFESTIN CLAUDE, 1997 idem

    12 WIEL, 2002, p.22 13 Emmanuel Rey : Regeneration des friches urbaines et de veloppement durable. Vers une evaluation integree a la dynamique du projet. Rsum p. 02

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    de bureaux construits par avance et qui nont jamais t utiliss et qui devront tre recycls pour dautres fonctions. Cest la consquence dune anticipation irrationnelle dsadaptant l'offre de la demande 14.

    ESTERMANN, dans sa dfinition de la friche, met laccent sur les causes conomiques de labandon de certains terrains. Rapport par SCHRETZENMAYR, il dfinit les friches comme des surfaces qui ne peuvent conomiquement plus tre utilises en raison de leur situation, de leurs caractristiques ou cause de leur ancienne affectation, parce que les cots par rapport un ventuel profit sont trop levs sur cette surface15.

    Les friches sont la consquence directe des nouvelles dynamiques conomiques mondiales, soutient RODRIGUES-MALTA16. Les mutations conomiques large chelle provoquent dans les villes un dsquilibre entre les terrains affects chaque fonction et les besoins en surface de ces fonctions. Certaines fonctions se dveloppent, recherchant de nouveaux espaces pour sinstaller. Paralllement, dautres fonctions rduisent leur activit. Les terrains qui leur sont affects sont alors trop importants.

    La raffectation des parcelles et des btiments tant un processus long et parfois compliqu, cette situation de dsquilibre conduit la fois une situation de pnurie et la constitution de friches (ce que RAFFESTIN appelle un phnomne contradictoire fait simultanment de sous-exploitation et de surexploitation 17).

    5. Interventions urbanistiques

    Il existe diffrentes pratiques d'intervention sur le tissu urbain, et donc sur les friches, qui se sont succd dans le temps. Ces pratiques sont reprsentatives de l'volution des politiques urbaines, notamment de la perception des friches et des problmes qu'elles posent. Rhabilitation, reconversion, restauration, rnovation, rgnration: ces termes ne sont pas neutres et recouvrent des motifs d'action diffrents.

    La restauration, la rhabilitation et la reconversion s'appliquent des btiments; la premire implique un retour l'tat d'origine, la seconde une modernisation sans changement de fonction, la dernire une modernisation avec changement de fonction (Kellerhals et Mathey, 1992: 11)18.

    Si la restauration concerne gnralement un seul btiment qui, par sa valeur historique ou architecturale, mrite d'tre conserv, la rhabilitation et la reconversion peuvent galement concerner un ensemble de btiments.

    14 CLAUDE RAFFESTIN, 1998, p. 51 15 SCHRETZENMAYR, 1998, p.19 16 REGENERATION URBAINE : VARIATIONS SUD-EUROPEENNES - RODRIGUES - MALTA, 2001, p. 323 17 CLAUDE RAFFESTIN, dans Permanence et changement en gographie 1998, p. 52 18 KELLERHALS Ch. et MATHEY J., De la rcupration des friches industrielles. Mmoire de licence en gographie, Universit de Genve, janvier 1992.

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    La rhabilitation est alors un ensemble de travaux visant transformer un local, un immeuble ou un quartier en leur rendant des caractristiques qui les rendent propres au logement d'un mnage dans des conditions satisfaisantes de confort et d'habitabilit (Merlin et Choay, 1996: 677) 19.

    Quant la reconversion des friches industrielles, expression courante, elle signifie l'amlioration et le changement d'affectation d'un btiment ou d'un ensemble de btiments usage industriel.

    Lorsque les btiments sont jugs sans valeur particulire et vous la destruction, on parle alors de rnovation; ce terme est aujourd'hui connot ngativement. Ce type d'intervention urbanistique, trs pratiqu dans les annes 1950-1960, consiste en l'limination de tissus habits, incontestablement vivants, mais jugs incompatibles avec les ides d'une certaine modernit et, de surcrot, gnrateurs d'apprciables profits financiers (Chaline, 199920). Le terme de rnovation est donc devenu un syllogisme pour des oprations chirugicales , bulldozer , de dmolition-reconstruction. Cette pratique a notamment t utilise dans certaines reprises de friches de vaste ampleur o les tissus industriels et rsidentiels taient imbriqus (docklands par exemple). Elle est

    lie une perception conomique et fonctionnelle du dveloppement urbain, dans un contexte de croissance conomique.

    Les tendances actuelles sont une rgnration urbaine concerte, lgitime par l'mergence du concept de dveloppement durable. De nouvelles proccupations lies la conservation du patrimoine et au paysage urbain sont apparues et orientent les pratiques urbanistiques vers une meilleure analyse des lieux, de leur histoire, de leurs caractristiques et de leur environnement.

    Cependant, malgr ce changement d'optique entre les annes 1960 et aujourd'hui, il reste trs dlicat d'intervenir sur des tissus urbains qui, bien que sous-utiliss, sont encore habits. La mise en valeur d'un site conduit une valeur foncire suprieure, et presque invitablement un changement, intentionnel ou non, de population, autrement dit sa gentrification21. Il peut d'ailleurs en tre de mme avec des tissus non-habits, le processus oprant alors sur le voisinage.

    Reconversion

    Le flou se dissipe quelque peu. En fait, les actions entreprises sur des friches prsentent tellement de caractristiques diffrentes (taille, localisation, activits, dynamiques urbaines) que les termes peuvent varier fortement dune situation lautre. Ainsi, on nutilisera probablement pas le mme terme pour dsigner la transformation dun ancien btiment industriel en logements, le dveloppement

    19 PIERRE MERLIN (dir.) et FRANOISE CHOAY (dir.), Article : Rhabilitation ; 1996. 20 CHALINE 1999 : La rgnration urbaine 21 La gentrification (anglicisme cr partir de gentry, petite noblesse ), ou embourgeoisement urbain, est un phnomne urbain par lequel des arrivants plus aiss s'approprient un espace initialement occup par des habitants ou usagers moins favoriss, transformant ainsi le profil conomique et social du quartier au profit exclusif d'une couche sociale suprieure. (Wikipedia)

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    dune nouvelle activit conomique dans un secteur labandon ou la construction dun nouveau morceau de ville sur des terrains vides. De plus, une friche prsentant souvent des visages multiples (btiments en bon tat et btiments dlabrs, terrains construits et terrains vides, ancienne mono fonctionnalit mais nouvelle mixit de fonctions, etc.), un seul terme ne suffit souvent pas pour dcrire lensemble des actions entreprises.

    Dans le cas des plateaux ferroviaires en friche, on utilise souvent donc le terme de reconversion, selon la dfinition de VALDA et WESTERMANN : la reconversion dsigne toute modification introduite par rapport l'affectation initiale. Jusque dans les annes 1960, il tait frquent de voir des installations industrielles converties dautres usages industriels, mais ce genre de conversion interne sest ensuite rarfi. Reconversion est le terme gnrique pour l'affectation transitoire (temporaire) et la nouvelle affectation (dfinitive) 22. En effet, les plateaux ferroviaires subiront prochainement une multitude dactions pouvant tre dsignes par les termes ci-dessus. Certains btiments seront certainement dmolis (rnovation), alors que dautres seront conservs mais rhabilits. Les terrains seront revaloriss alors que les cheminements seront restructurs. Enfin certains espaces seront requalifis. Toutes ces actions conduiront la reconversion de terrains destins lactivit ferroviaires et aux entrepts en un nouveau quartier urbain adapts aux conditions conomiques et sociales de lagglomration. Le terme de reconversion semble le plus appropri, car il englobe lensemble des processus qui peuvent tre mis en uvre dans une friche.

    Il faut encore mentionner quun processus de reconversion ne se met pas en route tout seul. Une prise de conscience de la situation de friche de la part des acteurs principaux du secteur est ncessaire pour que l'inaction qui caractrise les friches (faibles usages, investissements rduits voire nuls) soit suive dune transformation. Si des blocages empchent la reconversion, il est ncessaire que les acteurs se mettent daccord pour travailler ensemble dfinir un avenir la zone. Cest pourquoi le reconversion de friche est un processus qui ne se fait pas seul, mais qui implique de nombreux acteurs, lis par le fait que leurs intrts concernent la mme zone et quils nont pas la capacit de revaloriser seuls leurs terrains en friche (sinon ce serait dj fait).

    6. Les acteurs impliqus

    La reconversion des friches industrielles semble souvent venir dune volont locale et entrane, par la suite, des actions gouvernementales. Selon Sncal et Saint-Laurent (1999), les acteurs impliqus possdent tous des intrts, qui sont parfois divergents. Par exemple, les intrts des groupes communautaires rejoignent la reconversion des conomies locales, la relance industrielle ou la rorientation vers le rcro-tourisme. Ladministration municipale y voit plutt un objectif de mise en valeur de ses terrains et une augmentation de sa rente foncire, alors que les cologistes souhaitent rtablir les potentiels

    22 VALDA A., WESTERMANN R., 2004, LA SUISSE ET SES FRICHES INDUSTRIELLES. 2004, p. 9

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    cologiques et renaturaliser les sites. Quant aux promoteurs, cest le recyclage des fins rsidentielles qui les intresse, puisqu'il reprsente une avenue financirement rentable.

    Lintrt des acteurs les amne envisager diverses stratgies de rhabilitation et donc, une multitude de catgories dutilisation des friches. titre dexemple, le tableau 1 prsente une numration de quelques friches et la reconversion associe chacune delles.

    Aussi, on remarque que plusieurs reconversions se font au profit de projets rsidentiels, de loisirs et rcro-touristiques. Le remplacement de la fonction industrielle amne souvent la cration despaces verts publics ou semi-publics qui vise renforcer la mixit sociale des quartiers touchs.

    Selon Sncal et Saint-Laurent (1999), les friches possdent une trs grande importance sociale lorsquelles sinsrent lintrieur dun systme despaces libres qui agissent pour structurer la forme urbaine. Elles peuvent ressouder des quartiers coups en deux, recrer des liens ou, au contraire constituer des zones tampons entre des espaces sociaux ou fonctionnels diffrencis. Plus encore, lappropriation des friches engage la dfinition dune nouvelle urbanit23 .

    23 Sncal et Saint-Laurent, 1999, p. 41

    Tab. 1 : Exemple de friches industrielles et reconversions associes celles-ci

  • 21

    SYNTHESE

    La friche architecturale peut tre considre comme une chance dans une ville qui a des problmes durbanisme par manque de place car cest loccasion de repenser les amnagements 24

    La reconversion des friches industrielles sinscrit dans la tendance du renouvellement de la ville sur elle-mme. Ce principe correspond parfaitement au concept de dveloppement durable : il sagit de remettre en tat plutt que de dmolir, de rutiliser les friches plutt que de pousser la croissance urbaine en priphrie et de renforcer par tous les moyens possibles la cohsion sociale .

    Cependant, il ne faut pas se cacher que la volont politique possde un poids norme dans la finalit des projets et quelle doit tre porteuse de nouveaux modes de pense quant lamnagement du territoire.

    24 CLAUDE RAFFESTIN, 1998, p. 51

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    CHAPITRE 2 : LA CULTURE COMME REGENERATRICE DE VILLE

    Dans ce chapitre, nous voquerons lappropriation des friches par les artistes en revendiquant ces espaces dexpressions laisss pour mort. Les Arts et la Culture comme seul message, les artistes sengagent une lutte de reconqute de la ville afin dapprhender et sensibiliser un public plus large.

  • 23

    7. Introduction

    Rien ne se perd, rien ne se cre, tout se transforme. Antoine-Launent de Lavoisier (1743-1794)

    La prise en compte du rle potentiel de la culture dans le renouvellement urbain est une tendance actuelle forte. Elle dcoule du constat des drives de nombreuses politiques d'amnagement qui, faute d'avoir pris en compte la dimension culturelle, ont parfois contribu la dgradation du tissu urbain ou ont engendr des projets de rgnration dont la mise en uvre s'est avre problmatique. Ce bilan, trs mitig, est l'origine d'une conception nouvelle du rle que doit jouer la culture dans les politiques d'amnagement urbain. Loin d'tre accessoires, les questions culturelles doivent se situer au cur d'un dveloppement russi, intgr et durable.

    Aujourd'hui, l'interdpendance de la question culturelle et de celle du dveloppement urbain est devenue particulirement urgente, du fait de la dsindustrialisation. Il y a trente ans, les mines de charbon, les usines sidrurgiques et les grands chantiers de construction navale dominaient des pans entiers de l'activit conomique.

    Les entreprises intresses sont la recherche de sites pour s'tablir. Des btiments rnovs (par exemple, une ancienne usine reconvertie) ou construits avec un objectif culturel dans un quartier en rgnration, peuvent constituer une source d'inspiration.

    Certaines friches sont requalifies dans une perspective de dveloppement conomique (dmolition, dpollution, remise en tat) voire rhabilites dans une optique culturelle ou de loisirs. Charges dune valeur patrimoniale, quelques friches sont classes et transformes en muses.

    Dautres encore trouvent des occupations imprvues (lgales ou illgales) dans louverture de nouveaux territoires ddis lart.

  • 24

    8. Arts et Culture

    Cette partie constitue une approche sur la notion de lArt et de la Culture dune manire gnrale.

    8.1. Arts

    Quest-ce que lart ? Si je le savais, je me garderais de le rvler. Picasso

    Dans notre monde contemporain,

    rpondre par la question : Cest quoi ou quest-ce que lArt ?, laisse place un flou total. Si le terme laisse entendre une notion plus souvent subjective, il nexiste pas une dfinition prcise. Lappellation ART comme nous la

    concevons aujourdhui, est issue dun long processus

    historique. Cest grce aux travaux des philosophes (PLATON, KANT ou HEGEL), des potes et esthticiens25 (Etienne SOURIAU, Dominique CHATEAU) qui donnrent ce sens moderne du mot art.

    Le cheminement dans cet entonnoir lexical fut aussi un processus historique, une longue maturation socio-culturelle marque par le travail des notions de tekhn [], ars, art et Kunst, celui, transitoire, des termes de beaux-arts, fine arts, schnen Knsten, etc., et le retour, au dbut du XIXe sicle, du terme au singulier, dont la signification s'est entre-temps mtamorphose. 26

    a. Art : dfinitions

    25 L'esthtique est une discipline philosophique ayant pour objet les perceptions, les sens, le beau (dans la nature ou l'art), ou exclusivement ce qui se rapporte au concept de l'art. 26 Article : Art de Dominique CHATEAU, philosophe franais, dans http://robert.bvdep.com/, 2003.

    Fig.5 : Quest-ce-que lART ?

  • 25

    Lart, dfini par rapport au sentiment du beau, l'imitation de la nature, la nature, la vrit, l'expression, au sentiment, au jeu. (Dans la version lectronique du dictionnaire Le Grand Robert).

    Lart, est une activit humaine, le produit de cette activit ou l'ide que l'on s'en fait s'adressant dlibrment aux sens, aux motions, aux intuitions et l'intellect. (Dfinition du Wikipdia).

    Quant linternaute27, lart serait une Activit humaine faisant appel l'intellect et aux motions, qui aboutit la cration d'uvres ayant des caractristiques esthtiques.

    L'art, c'est la cration propre l'homme. L'art est le produit ncessaire et fatal d'une intelligence limite, comme la nature est le produit ncessaire et fatal d'une intelligence infinie. 28

    On peut dire que l'art est le propre de l'homme, et que cette activit n'a pas de fonction clairement dfinie.

    Au dbut du XIXe sicle, le signifi de beaux-arts passe progressivement dans les mots art (fr. et angl.), Kunst, arte, etc. Hegel signe philosophiquement ce transfert avec son fameux cours d'esthtique (1820-1829), bien mal nomm puisqu'il s'agit en fait, comme il le dit lui-mme, non pas d'une esthtique mais d'une philosophie de l'art (Philosophie der Kunst).

    La discipline qu'il fonde entrine le rejet kantien de la rduction de l'art un savoir-faire, mais s'carte de la thorie du got et spare l'art de la nature.29 Ce sens moderne du mot art, et de ses quivalents dans les diverses langues europennes, s'ajoute dsormais au

    27 Cr en 2000, le site Linternaute.com est dit par CCM Benchmark Group. Il traite de l'actualit, des loisirs, de la culture, des finances personnelles, du savoir, de l'univers high-tech... Linternaute.com propose aussi de multiples services interactifs. 28 Victor HUGO, Post-Scriptum de ma vie, I 29Article : Art de Dominique CHATEAU, philosophe franais, dans http://robert.bvdep.com/, 2003.

    Fig.6 : Peinture rupestre de la grotte de Lascaux

    Fig.7 : Bal du moulin de la Galette, de Pierre-Auguste Renoir (1876)

  • 26

    sens ancien (qui persiste videmment), mais aussi se dresse bientt contre lui.

    b. classifications des arts

    En consquence des divergences sur la dfinition de lart et aux difficults laborder dans sa globalit, les querelles sur la classification des arts ou sur la comparaison (le paragone italien) des arts1 sont une figure impose de lhistoire de lart et de lesthtique (comme la querelle des Anciens et des Modernes en littrature).

    Ds le XVIIIe sicle, on ne se contente plus de donner une liste des arts, mais on cherche laborer leur systme. En poursuivant ce but, la plupart des auteurs vont contre le sens commun, et selon leurs besoins amalgament, ignorent ou diffrencient.

    Au dbut du XIXe sicle, adoptant cette manire philosophique dans ses cours desthtique donns entre 1818 et 1829, Hegel distingue cinq arts. Il les classe en fonction de deux critres : lexpressivit et la matrialit. Ainsi il organise une double chelle allant de l'art le moins expressif mais plus matriel l'art le plus expressif mais le moins matriel. Cela donne :

    1. Larchitecture ; 2. La Sculpture ; 3. La Peinture ; 4. La Musique ; 5. La Posie. ;

    la fin du XXe sicle, la liste suivante se trouve bien tablie et stabilise neuf, limage du nombre des Muses antiques :30

    30 Ils permettent ainsi de transformer le systme conceptuel de Hegel en une simple liste, qui ouvre ainsi la porte toutes les possibilits. Celui qui va numroter la liste est Ricciotto Canudo (2 janvier 1877 Gioia del

    Fig.8 : Arts de temps et despace

  • 27

    1er art : larchitecture ;

    2e art : la sculpture ;

    3e art : les arts visuels , qui regroupent la peinture et le dessin ;

    4e art : la musique ;

    5e art : la littrature, qui inclut la posie et la dramaturgie ;

    6e art : les arts de la scne , qui regroupent le thtre, la danse, le mime et

    le cirque ;

    7e art : le cinma (dans lequel on inclut de manire gnrale le long-mtrage,

    le moyen-mtrage et le court-mtrage mais aussi d'autres uvres

    audiovisuelles comme les sries tlvises et tlfilms dont les exigences dans

    la mise en scne et le scnario se rapprochent de celles du cinma au sens

    strict ;

    8e art : les arts mdiatiques , qui regroupent la radio, la tlvision et la

    photographie.

    9e art : la bande dessine.

    tienne Souriau31 a propos sa classification la plus totale et gnrale dans son livre La Correspondance des arts, lments desthtique compare (1969), o il distingue sept classes dart daprs leurs caractristiques sensorielles (la saillie, la ligne, la couleur, la mlodie, le mouvement, la prononciation et la lumire). Chaque classe peut produire un art sur deux niveaux, reprsentatif/abstrait, cest--dire :

    sculpture/architecture ;

    dessin/arabesque ;

    peinture reprsentative/peinture pure ;

    musique dramatique ou descriptive/musique

    pantomime/danse ;

    littrature et posie/prosodie pure ;

    cinma et l'avis photo/clairage projections lumineuses.

    Colle - 10 novembre 1923 Paris), crivain franais d'origine italienne. Il a invent en 1919, le terme de 7me art pour dsigner le cinma. 31 tienne Souriau, n le 26 avril 1892 Lille, et, mort le 19 novembre 1979 dans le 6e arrondissement de Paris1, est un philosophe franais, spcialis en esthtique.

    Fig.9 : Schma de correspondance des arts (daprs Etienne Souriau)

  • 28

    c. Le rle de lArt dans la socit

    Que lart ? Cest lexpression par des formes, des couleurs et des sons des sentiments humains. Lartiste est un homme dou de sensibilit et capable de traduire par la peinture, la sculpture, la musique, la posie, les motions quil prouve devant la nature et les hommes.

    Lart est un moyen de communication de soi vers les autres, des autres vers soi. Cette communication est omniprsente dans la vie, dans nos socits ; notamment dans la publicit qui utilise la vido, limage, le message cratif. Lart est prsent dans lducation, les loisirs. Dans la socit actuelle, lexistence de lhomme reste en interdpendance avec lart.

    8.2. La culture

    a) Multitude de dfinitions :

    Ltymologie du mot culture, du mot latin colere ( habiter , cultiver , ou honorer ) suggre que la culture se rfre, en gnral, lactivit humaine. (Wikipdia)

    Diffrentes dfinitions, du mot Culture refltent les thories diverses pour comprendre ou valuer l'activit humaine.

    Dans un ouvrage clbre paru en 1952, deux anthropologues amricains Alfred L. Kroeber et Clyde Kluckhohn en rpertoriaient dj 163 dfinitions diffrentes du mot culture dans leur livre Culture: a critical review of concepts and dfinitions. Une nette impression de rptition se dgageait travers ces dfinitions.

    Fig.10 : Lart reflet de la socit

  • 29

    Guy Hocher, professeur, dpartement de sociologie et chercheur au Centre de

    recherche en droit public, Universit de Montral, a men une tude sur le sujet

    et signe que la culture est : un ensemble li de manires de penser, de sentir et

    d'agir plus ou moins formalises qui, tant apprises et partages par une pluralit

    de personnes, servent, d'une manire la fois objective et symbolique, constituer

    ces personnes en une collectivit particulire et distincte.

    En philosophie, le mot culture dsigne ce qui est diffrent de la nature, c'est--dire

    Fig.11 : Les lments constituants de la Culture

  • 30

    ce qui est de l'ordre de l'acquis et non de l'inn. La culture a longtemps t considre comme un trait caractristique de l'humanit, qui la distinguait des animaux.

    La culture c'est le dveloppement de certaines facults d'esprit par des exercices Intellectuels appropris. C'est l'ensemble des connaissances acquises qui permettent de dvelopper le sens critique, le gout, le jugement.32

    La culture, dans son sens le plus large, est considre comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matriels, intellectuels et affectifs, qui caractrisent une socit ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'tre humain, les systmes de valeurs, les traditions et les croyances. (Dfinition de la culture par l'UNESCO)33 Ces dfinitions soulignent que la culture n'est pas seulement inne mais aussi acquise grce des pratiques donnes. Ces dernires, permettant de dvelopper certaines facults chez l'tre humain, seront indispensables pour sa rflexion, sa comprhension de ce qu'il entoure et sa prise de position.

    b) La Culture et lEducation

    Il y avait de puis toujours un rapport fort entre Culture et Education, tellement fort que l'une ne peut pas exister en absence de l'autre. D'ailleurs, l'cole est connue, pour son rle essentiel d'enseignement, comme un lieu de culture et, rciproquement, la culture est considre comme une source minente de savoirs et d'apprentissages.

    Durant les annes d'enseignement de base, les activits culturelles sont programmes dans des cours sommaires souvent donns par des spcialistes mais dans des conditions parfois insuffisantes.

    32 Daprs le Dictionnaire Le Petit Robert 33 Dclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Confrence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet - 6 aot 1982.

    Fig.12 : Culture et ducation

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    Par contre, la vie estudiantine est souvent anime d'vnements culturels, Que ce soit dans le cadre de la ville ou dans l'tablissement d'tude.

    La culture s'avre indispensable pour l'tudiant. Elle conditionne son niveau de connaissance comme elle affecte sa vie professionnelle. Elle offre galement une opportunit de s'exprimer et de communiquer avec autrui. Mais comment accder la vie culturelle en absence d'espace culturel proche au regroupement d'tudiants, de difficult de dplacement, de manque de temps ou par dfaut de moyens ?

    9. Le rle de la Culture pour le renouveau urbain

    La prise en compte du rle potentiel de la culture dans le renouvellement urbain est une tendance actuelle forte. Elle dcoule du constat des drives de nombreuses politiques d'amnagement qui, faute d'avoir pris en compte la dimension culturelle, ont parfois contribu la dgradation du tissu urbain ou ont engendr des projets de rgnration dont la mise en uvre s'est avre problmatique.

    Mais cette rgnration ne peut atteindre son meilleur niveau de russite que lorsque les dimensions physique, conomique et sociale sont intgres : se concentrer sur un seul aspect risque en effet d'engendrer une rgnration dsquilibre. Le risque est d'autant plus fort que les liens entre culture et conomie apparaissent de plus en plus troits.

    Les projets culturels et artistiques ont un impact sur les citoyens, les institutions et la ville. Cette ide est dfendue de longue date par ceux qui travaillent dans le domaine de la culture au sein des villes du programme URBACT34, ses partisans ayant t confronts ces trente dernires annes un certain nombre de problmes. Principale difficult : la dfinition globalisante de la culture, trs dlicate grer en termes politiques puisqu'elle semble renvoyer tout et rien la fois ; d'o une tendance pour les villes oublier facilement son existence, ou tout au moins la percevoir comme une notion trs floue. Face cette volution, la communaut culturelle a entam un cheminement pour mettre en lumire son importance. On peut privilgier :

    La transformation des btiments :

    Le premier axe, considr aujourd'hui comme particulirement dterminant, est li au patrimoine architectural ou la rutilisation de btiments industriels dsaffects.

    34 Urbact est un programme dchange dexpriences entre villes europennes souhaitant partager leur savoir-faire et le diffuser auprs de tous les acteurs des politiques urbaines.

  • 32

    Le premier axe, considr aujourd'hui comme particulirement dterminant, est li au patrimoine architectural ou la rutilisation de btiments industriels dsaffects.

    Le patrimoine bti des villes tmoigne des besoins de l're industrielle. Mais aujourd'hui, les usines, entrepts ou infrastructures portuaires ont perdu cet usage. Paralllement, le dveloppement des villes et la modification de la structure des mnages ont amen les villes repenser leurs infrastructures.

    Dans ce contexte de modernisation, les zones industrielles en priphrie des centres villes se sont trouves au cur de nouvelles initiatives : la transformation d'an-ciens btiments industriels en quipements artistiques ou culturels (muses, galeries d'art, bibliothques, centres de cration artistique ou ppinires d'entreprises cratives) est ainsi devenue le catalyseur le plus visible de la rgnration.

    Une appropriation des espaces en friche Ce mouvement dappropriation spontan est apparu en Europe dans les annes 70 et en France, 10 ans plus tard35. Il sintresse des espaces oublis, presque en dehors du temps et souvent loin des enjeux socio-conomiques. Il revendique une singularit hors norme, en marge des politiques culturelles plus ou moins prsentes sur les territoires nationaux ou de politique de dcentralisation la Franaise. Ces lieux dcals nont cess de fleurir, nouvelle gnration de lieux culturels hors des schmas institutionnels, tous engags dans une lutte de sensibilisation. 35 TransEuropeHalles, Les fabriques : lieux imprvus, pp 4-5

    Fig.13: LA TATE MODERN ART GALLERY (LONDRES)

  • 33

    Lactivit des artistes L'activit des artistes, les industries cratives et les vnements (manifestations et festivals) comme rgnrateurs. Les initiatives de la communaut artistique elle-mme peuvent jouer un rle primordial dans la rgnration urbaine. C'est ainsi que les projets de construction lancs par les groupes communautaires, bien que moins spectaculaires, peuvent avoir autant d'impact que les grandes ralisations.

    Mdiatisation et lgitimit sociale

    Si les politiques culturelles ont une forte tendance sectoriser les pratiques culturelles, nous avons vu que la friche artistique offre une autre alternative dans lexprimentation de nouvelles formes artistiques, dans le mlange des genres et des cooprations interdisciplinaires. Lieu de production et dinventivit, la friche artistique nen demeure pas moins un lieu ouvert sur son quartier, sur sa ville voire sur sa rgion. Si son objectif premier est bien de faire de ce lieu un ple dattraction pour les habitants de la cit, il ressort de notre recherche que cette vocation sentend sous deux angles : proposer des exprimentations artistiques dans lesquelles le public est aussi un partenaire artistique, dvelopper des projets socioculturels avec les acteurs locaux.

    Les diffusions des uvres ouvrent de multiples endroits ferms la population. Elles permettent le mtissage des personnes lors de reprsentations, de journes portes ouvertes, laccs un public autre, jusque-l peu enclin la frquentation de lieux culturels.

    La mdiatisation joue un rle majeur dans la promotion artistique et culturelle car cest travers elle que les espaces en friche cre une dynamique culturelle de proximit, se rapprocher des publics que souvent les organisateurs nomment populations pour bien marquer leur engagement dans la vie de la cit.

    Les habitants et les citoyens peuvent, comme les organismes, tre des dclencheurs de rgnration.

    Si la prsence de structures artistiques ou d'industries cratives peut revtir une valeur inestimable pour une ville, la participation des citoyens au changement urbain est, de son ct, une vritable condition du succs des stratgies de rgnration. Rnover la ville avec l'appui de ses habitants passe par la construction d'une culture urbaine, c'est--dire des interactions sociales et des liens personnels que les habitants tissent entre eux dans leur vie quotidienne. C'est ce qui conforte le sentiment d'appartenance et permet l'identit de se constituer. Le dveloppement de la culture est un processus social, mais tout se passe encore comme s'il existait deux catgories de cultures :

  • 34

    la culture "amliorante" destine ceux auxquels il manque quelque chose ; une culture plus labore, pour les favoriss.

    La culture dans lducation

    Le cratif et les infrastructures. Les politiques mises en uvre par les villes d'Europe sont, d'une part, des politiques et programmes d'ducation et de formation visant gnrer une croissance endogne, et d'autre part des politiques qui souhaitent importer de l'innovation et attirer de la matire grise. Qu'elles soient moyennes ou grandes, les villes europennes mlangent, pour la plupart, ces deux types de politique.

    Le cas de la France est trs significatif et trs enrichissant :

    Dans un ditorial interministriel : lducation artistique et culturelle est une proposition conjointe du ministre de lducation nationale, de lenseignement suprieur et de la recherche et du ministre de la culture et de la communication pour accompagner le dveloppement de lducation artistique et culturelle et en faire un objectif de formation majeur lcole.36

    Lide est que, lducation des arts et de la culture est obligatoire et ce depuis la crche jusquau bac. Et ce conjointement avec la collaboration des plusieurs ministres relatifs (Culture, ducation nationale, enseignement suprieurs, et de la communication). Un enseignement fond sur une approche pluridisciplinaire et transversale :

    Education artistique et culturelle :

    - Arts visuels et arts plastiques

    - Cinma et Audiovisuel

    - Danse

    - Design, arts appliqus, mtiers dart

    - ducation musicale, musique

    36 La nouvelle loi dorientation et de programmation pour la refondation de lcole de la Rpublique, en son article 6, fait de lducation artistique et culturelle le principal vecteur de connaissance du patrimoine artistique culturel et de la cration contemporaine et de dveloppement de la crativit et des pratiques artistiques. Dcembre 2013, Portail interministriel de lducation artistique et culturelle : http://www.education.arts.culture.fr/

  • 35

    - Histoire des arts

    - Thtre

    En complment au ledit ditorial, un programme denseignement y est attach :

    [Aperu] : Programmes denseignements artistiques lcole

    Ds lcole maternelle, les activits artistiques sont loccasion de familiariser les

    enfants, par lcoute et lobservation, avec les formes dexpression artistique les plus

    varies ; ils prouvent des motions et acquirent des premiers repres dans

    lunivers de la cration. Le dessin et les compositions plastiques sont les moyens

    dexpression privilgis. La voix et lcoute sont trs tt des moyens de

    communication et dexpression que les enfants dcouvrent en jouant avec les sons,

    en chantant, en bougeant. Ces activits entretiennent de nombreux liens avec les

    autres domaines dapprentissage.

    A lcole lmentaire, les pratiques artistiques et lhistoire des arts dveloppent la

    sensibilit et les capacits dexpression des lves, lhistoire des arts permet de

    construire des rfrences culturelles.

    Les deux disciplines que sont les arts plastiques et lducation musicale sont

    principalement enseignes.37

    10. Contexte artistique djiboutien :

    Daprs louvrage Djibouti Contemporain dAmina Sad Chir38 o elle expose les Recompositions politiques et territoriales, la dcentralisation en Rpublique de Djibouti: un processus avort?, elle y tablie un constat sur la situation artistique et culturelle de la socit contemporaine djiboutienne.

    Dfinir une culture populaire est assez vague et laisse place un flou.

    La sdentarisation marque un tournant dans lvolution sociale des djiboutiens.

    La socit contemporaine djiboutienne est une socit aux rfrences culturels centrs sur les folklores, cultures et chants traditionnels pastoraux 39

    Les chansons populaires urbaines ainsi que le thtre sont une rfrence nationale. Elles taient un moyen de communication des ides et daspirations des

    37 Bulletin officiel hors-srie n 3 du 19 juin 2008 38 Enseignant-chercheur Matre de Confrences lUniversit de Djibouti 39 Amina Sad Chir, Djibouti Contemporain p.293

  • 36

    lendemains meilleurs 40 pendant la colonisation.

    La musique populaire

    La musique djiboutienne est un cocktail culturel : La musique est fortement imprgne de la musique arabo-indienne. Le luth arabe foud), les tambourins proviennent de cette culture orientale. Le violon, l'accordon ou la batterie, et plus tard la guitare lectrique ainsi que le piano sont, quant eux, de provenance occidentale. La flte est l'instrument traditionnel des bergers nomades 41

    Le thtre

    Hormis la musique, le thtre forme avec la musique la paire significative de lexpression visuelle et en vogue de la culture djiboutienne ; contrepoids de la domination et la propagande de ladministration coloniale 42, ces deux formes sont restes ancrs dans la pense collective. Le thtre local, est un mlange de dramaturgie et de composition musicale

    40 Ibid 41 Ibid : La musique djiboutienne est une parfaite illustration de la rencontre de trois univers culturels, africain, oriental et occidental, qui se croisent et s'interpntrent Djibouti. 42 Ibid

    Fig.14 : La troupe 4 Mars, figure emblmatique de la chanson djiboutienne

    Fig.15 : Feu Gafaneh, figure de la comdie thtrale

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    Littrature et posie orale Lexpression littraire djiboutienne est domine par les posies orales, contes, proverbes, devinettes, lgendes, mythes, etc... Cet hritage de la socit pastorale nomade est trs populaire et prsent dans la socit contemporaine djiboutienne.43 Ces contes sont tellement clbres que mme le nom de Djibouti proviendrait dune mythologie44. Les chants mystiques sont assez prsents aussi, hritage dun islam Soufi, et de raffirmation de la foi. La littrature crite est effrne et encore embryonnaire. Les Somalis, les Afars, les Oromos45 et bien dautres encore ont dcouvert lcrit il y a seulement quelques dcennies. Signalons titre dexemple que la langue somalie na t crite quen 1972 pour la premire fois sous la frule nationaliste, faut-il le prciser, du dictateur Mohammed Syad Barreh46. Lafar et loromo, deux autres langues smito-couchitiques de la sous- rgion, ntaient pas encore crites il y a peine deux dcennies. 47

    Nanmoins il merge une jeune gnration de littraire djiboutien dexpression franaise.

    La danse La danse est l'une des principales formes d'expression artistique Djibouti. Lors des clbrations commmorant l'indpendance, le 27 juin, on peut assister de trs beaux spectacles dans tout le pays. Hommes et femmes portent des costumes traditionnels richement dcors. Dans le nord, les femmes ont le visage partiellement recouvert de parures en or.

    Traditionnellement, la danse est intgre dans la culture des pasteurs afars et somalis. chaque grand vnement de la vie (naissance, circoncision, mariage, etc.) correspond un type de danse. L'accompagnement musical, plus sobre, se limite

    43 De ce fait la posie est-africaine est lie la vie de tous les jours et, ce titre, elle peut tre profre, tout moment par nimporte qui : une mre en train de chanter une berceuse pour endormir son bb, des bergers abreuvant leurs troupeaux aux puits, un guerrier chantant sa victoire ou clamant sa vengeance voire des enfants jouant aux devinettes ; de la thse doctorale de Moussa Souleiman Obsieh Loralit dans la littrature de la Corne de lAfrique : traditions orales, formes et mythologies de la littrature pastorale, marques de loralit dans la littrature ; p.10 44 Le nom mme de Djibouti se rattache la mythologie et signifie la dfaite de Bouti . Bouti, une ogresse qui aurait sem, jadis, la panique dans cette partie de lAfrique. 45 Principaux peuple de la rpublique de Djibouti, bien que les oromos-1% de la population djiboutienne- est un peuple dEthiopie. 46 Prsident de la Rpublique dmocratique somalie de 1969 1991. 47 De la thse doctorale de Moussa Souleiman Obsieh Loralit dans la littrature de la Corne de lAfrique : traditions orales, formes et mythologies de la littrature pastorale, marques de loralit dans la littrature ; p.7

    Fig.16 : Danse arabe

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    gnralement un tambour et un chur, rythm par les applaudissements.

    Lartisanat

    En effet, Djibouti, l'artisanat n'est plus rserv une classe de la socit. Il est plutt le reflet de l'volution de la socit djiboutienne. Et l'artisanat base de

    raphia est la fois une identit culturelle et gographique Djibouti car cette activit reste pratique dans tout l'arrire-pays.

    Lartisanat est galement un domaine dactivit o les femmes dorigine rurale excellent. Elles confectionnent comme elles le faisaient en brousse des ustensiles de cuisine traditionnels, de la vannerie, des nattes, des articles destins aux touristes.

    Fig.19 : Exposition artisanale

    Fig.17 : Danse somali Fig.18 : Danse afar

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    Les femmes travaillant dans la vannerie informelle se rencontrent surtout dans les endroits frquents par les touristes et les Europens : la Place du 27 juin 1977 o se trouvent la plupart des bars, cafs et des agences de voyage et devant les supermarchs.

    Des sandales de nomade, des bijoux, des poignards ainsi que la vannerie sont les principales productions artisanales dans le pays.

    La peinture et le cinma, des arts en gestation L'histoire de la peinture djiboutienne reste crire comme le reste. L'enseignement des Arts tels que la peinture, la sculpture ou le dessin est rduit quelques heures dans l'enseignement public. Ces arts sont considrs comme des arts profanes d'une socit imprgne des cultes d'un Islam assez conservateurs et o

    Fig.22 : Synthse dexpression culturelle : Poignards, bijoux, danse et chant

    Fig.21 : Exposition des vanneries

    Fig.20 : Tisseuses de vannerie dans les rgions rurales du pays

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    des quipements relatifs manquent. La dernire salle de Cinma, La Salle Odon, a ferm. Quant la bande dessine, cest le nant.

    11. Principales institutions culturelles Il nexiste pas encore un centre culturel djiboutien proprement dit ; nanmoins on pourra recenser jusqu 5 quipements :

    Le thtre des Salines

    Berceau et symbole de la comdie musicale, le thtre des Salines est lquipement culturel le plus populaire du pays. Petit amphithtre ciel ouvert, il abrite jusqu 1000 places. Amina Sad Chir crivait : Le Thtre des Salines demeurent de loin dans l'imaginaire des Djiboutiens le sanctuaire des arts, un espace-repre dans une socit urbanise rcemment en qute d'horizons identitaires. Grce au Thtre des Salines, des pans entiers de la chanson et du thtre Djiboutiens ont t prservs pour la postrit par le biais des enregistrements audiovisuels raliss par les techniciens de la RTD. De fait, la RTD s'appropriait l'uvre (chanson, pice, animation culturelle) en contrepartie dun droit de diffusion gratuit et illimit. 48

    Le Centre Culturel Franais Arthur Rimbaud : CCFAR

    On trouve une riche mdiathque, plus de 25 000 livres, 800 DVD, 500 CD et une centaines de titres de revues et magazines. Expos photos, confrences, cinma, thtre, concerts. Le CCFAR est un acteur incontournable et dynamique de la scne culturelle locale : projections de films (lundi soir), concerts de groupes locaux, franais ou africains, thtre (troupes locales notamment), expos...

    48 Amina Sad Chir : Djibouti Contemporain ; p.313

    Fig.22 : Centre Culturel Franais Arthur Rimbaud

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    Le palais du peuple

    Le Palais du Peuple inaugur le 02 Mars 1985 est lun des plus grands quipements culturels de la ville de Djibouti, officiant comme centre de confrence et salle de spectacle.

    Ce palais dune superficie de 9146 m2, comprend une grande salle des spectacles avec une capacit de 620 places et un auditorium de 200 places, il est aussi grce son esplanade extrieure le principale lieu des manifestations culturelles.

    Institut des Arts : I.D.A.

    Priorit prsidentiel, lI.D.A a vu le jour en 2005, sous lgide du ministre de la culture. Linstitut travaille en corrlation avec le C.C.F.A.R, linstitut allemand Goethe, le gouvernement, ainsi que lUniversit de Djibouti.

    Les infrastructures sont composes de 4 Salles de cours, 1 Salle de danse, 1 Salle de bibliothque et 1 Studio de rptition.

    LI.D.A est une petite institution qui compte nos jours 7 professeurs : 3 de Musique, 2 dArts plastiques, 2 dArts dramatiques.

    Institut de langue : Nadiga Pen

    LInstitut a t cr en 2002, et a pour mission de mener de promouvoir et de faire des recherches sur les langues nationales Afar et Somali dans une socit nomade ou la culture orale est prpondrante linstitut joue un rle essentiel dans la prservation et la diffusion des cultures Somali et Afar. Cest dans ce but que

    Fig.23 : Palais du peuple

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    des corpus de textes, discours et rcits, de littrature orale, contes, posie, proverbes ont commenc tre collects.

    12. Spcificits architecturales des espaces culturels

    Salle de spectacle

    Une salle de spectacle est une salle destine recevoir des reprsentations de spectacles vivants: (Wikipdia).

    Une salle de spectacle est une salle destine recevoir des reprsentations de spectacles vivants. La salle adopte diffrentes formes principalement en fonction des reprsentations qui y sont donnes. De nombreuses salles des ftes permettent d'accueillir des spectacles en installant une estrade pour la scne et des siges. La dfinition d'une salle de spectacle peut donc se limiter un espace ferm ou non, avec un espace surlev servant de scne et un espace accueillant les spectateurs. Mais la salle de spectacle ne se limite pas une scne et des siges, chacun des lments peut disparatre selon les besoins scniques et d'autres peuvent s'ajouter comme un espace de projection, des rideaux, des balcons, une fosse pour un orchestre ou des spectateurs debout, etc.

    Exemples de salles de spectacle :

    - cirque ;

    - salle de cinma ;

    - salle de concert ;

    - auditorium ;

    - salle de thtre ;

    - salle d'opra ;

    - salle accueillant un dfil de mode ;

    - les attractions rpondant la dfinition.

    Prenons lexemple de la salle de Cinma :

    Une salle de cinma ou un cinma est un lieu o est organise la projection de films cinmatographiques. Ce terme peut dsigner aussi le regroupement dans un mme endroit de plusieurs salles, qui projettent gnralement des films diffrents plusieurs horaires (dans ce cas le terme de multiplexe peut tre galement employ).

    En architecture le terme cinma dsigne aussi traditionnellement un btiment compos d'une ou plusieurs salles de projection, d'un espace d'accueil dans

  • 43

    lequel il est possible d'acheter les billets d'entre (et parfois, des confiseries et boissons) et des toilettes publiques. Certaines salles de spectacle peuvent tre amnages, de manire permanente ou temporaire, en salles de cinma en accueillant un cran et un projecteur.

    Le local de projection est donc situ derrire le mur oppos l'cran.

    De nombreuses salles possdent des mezzanines et balcons, demi-tages surplombant les siges du parterre de la salle.

    Le plan basique dune salle de Cinma ; contient :

    Fig.23 : Plan dune salle de spectacle

  • 44

    SYNTHESE

    La culture est le propre de lHomme. , elle est lessence de la vie , les expressions courantes ne manquent pas et tout le monde saccorde sur un point : La Culture est une question essentielle.

    Nanmoins, force de constater quelle ne constitue pas une relle politique publique et marginalise. On a vu dans ce chapitre comment indpendamment des politiques les artistes sengagent rcuprer les espaces abandonns et leur donne un nouveau souffle.

    Ainsi aprs avoir inventori les valeurs des Arts et de la Culture, on a dtaill comment la culture rcupre lespace urbain. On a privilgi :

    La transformation des btiments abandonns

    Lactivit des artistes

    La mdiatisation

    Les politiques et programmes dducation et de formation (le cadre juridique mit en place est un exemple pertinent))

    Par la suite, on a vu le contexte artistique djiboutien avec notamment le rle majeur que joue le thtre et la musique populaire dans le quotidien djiboutien. Quil serait prfrable de les promouvoir. Les peintures ainsi que le cinma sont encore en gestation et quil serait temps de les crire.

  • 46

    CHAPITRE 3 : DONNEES CONTEXTUELLES

    13. Prsentation de Djibouti

    Djibouti, en forme longue la Rpublique de Djibouti, est un pays de la Corne de l'Afrique, situ sur la cte ouest du dbouch mridional de la mer Rouge. Il est limitrophe de la Somalie, de l'thiopie, de l'rythre et du Ymen. Djibouti est aussi le nom de sa principale ville et capitale.

    Fig. 24 : Situation de la Rpublique de Djibouti

    Fig. 25 : Carte de la Rpublique de Djibouti

  • 47

    13.1. Histoire

    Djibouti, en forme longue la Rpublique de Djibouti, est un pays de la Corne de l'Afrique, limitrophe de la Somalie, de l'thiopie, de l'rythre et du Ymen. Selon les rsultats prliminaires du recensement de 2009, la Rpublique de Djibouti compte environ

    818 200 habitants. La ville de Djibouti mme concentrerait 475 350 habitants (soit environ 58 % de la population du pays). Situe dans la corne de l'Afrique, la jonction de la Mer Rouge et de lOcan Indien, la Rpublique de Djibouti tait connue des Egyptiens de la Haute Antiquit sous le nom de Pays de Pount. Ds louverture du Canal de Suez, la Mer Rouge devenait une voie deau d'importance mondiale sur la Route des Indes et de lExtrme Orient. Alors que les Britanniques sinstallaient Aden en 1839, la France jugea ncessaire de possder une base de ravitaillement pour sa marine, entre Suez et Saigon, sur la rive sud-ouest de la Mer Rouge. En 1862, la France sinstalla Obock. En 1892, elle abandonna Obock au profit de Djibouti qui avait une meilleur rade et qui possdait des sources deau potable. Les travaux de construction du chemin de fer Djibouti/Addis-Abeba commencrent en 1898. Le chemin de fer devint un outil important du

    commerce transfrontalier. En 1946, Djibouti recevait le statut de territoire doutre-mer franais et lappellation: "Cte Franaise des Somalis" avec la cration dune Assemble territoriale lue. En 1949, la Cte Franaise des Somalis abandonnait la zone franc pour une monnaie rattache ltalon or et directement convertible en dollar, le Franc de Djibouti.

    En 1967, lissue dun scrutin entach dirrgularit, la Cte Franaise des Somalis devint le Territoire Franais des Afars et des Issas.

    Fig 28 : 10 Francs Djibouti : quivalent de 100 millimes Dinar Tunisien.

    Fig. 27 : Armoiries de Djibouti

    Fig. 26 : Drapeau de Djibouti

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    A partir de 1975, le mouvement pour lindpendance samplifia et le 8 mai 1977, la population optait une crasante majorit pour lindpendance qui fut proclame le 27 juin 1977. Une rbellion arme se dclenche en 1991 dans le nord du pays peupl par les Afars qui accusent le gouvernement de favoriser les Issas. Le gouvernement de Hassan Gouled Aptidon se rsout faire des concessions. Une nouvelle Constitution est adopte en 1992 - qui introduit le multipartisme - et un accord de paix est sign en 1994 entre le gouvernement et le FRUD (Front pour la Restauration de lUnit et de la Dmocratie). Son Excellence Hassan Gouled Aptidon devient le premier prsident de la Rpublique de Djibouti et en 1992, le pays se dote dune constitution avec un multipartisme limit quatre partis politique pendant dix ans.

    En avril 1999, lors des lections prsidentielles, ISMAIL OMAR GUELLEH devient le deuxime prsident de la Rpublique de Djibouti, il sera rlu en 2005 et en 2011 aprs un changement de la constitution.

    Fig. 29. Le pre de la nation Hassan Gouled Aptidon la fin de son dernier mandat.

    Fig. 30. Ismal Omar Guelleh, lactuel prsident de la Rpublique.

  • 49

    13.2. Cadre Physique

    a) Gographie

    Fig. 31 : Carte gographique de Djibouti

  • 50

    La Rpublique de Djibouti occupe une position gostratgique exceptionnelle qui la place au carrefour de lEurope, lAfrique et la pninsule Arabique sur la deuxime route maritime la plus utilis pour le commerce international.

    La Rpublique de Djibouti se trouve mi-distance de l'quateur et du Tropique du Cancer. Sa situation, sur la cte orientale de l'Afrique, au dbouch mridional de la mer Rouge et l'ouest du golfe d'Aden, c'est--dire entre le canal de Suez et l'Extrme-Orient, est avec la proximit de l'thiopie l'origine de son importance stratgique.

    Djibouti possde une faade maritime de 314 km, allant de la mer Rouge l'ocan Indien, en passant par le dtroit de Bab el Mandeb.

    Largement ouverte sur le Golfe dAden la sortie de la Mer Rouge, la Rpublique de Djibouti est adosse des pays importants : lEthiopie (66 millions dhabitants), lErythre (4 millions dhabitants), la Somalie (10 millions dhabitants), auxquels sajoutent les relations avec certains pays enclavs dAfrique comme le Burundi, lOuganda, ou le Rwanda. Elle fait face la pninsule arabique et en particulier le Ymen (15 millions dhabitants).

    Nom en franais Djibouti Superficie 23 200 km2 Continent Afrique Population 810 179 habitants Capitale DJIBOUTI Gentil Djiboutiens, Djiboutiennes Densit au km2 34,92 hab. au km2 Naissances 24,08 pour 1.000 hab. Dcs 7,84 pour 1.000 hab. Accroissement naturel 16,24 pour 1.000 hab. Population urbaine 81,0 % Tendance urbanis./an 1,96 % PIB annuel/hab. 1 974 euros (est. 2013) Rg. politique Rpublique Monnaie Franc Fte nationale 27 juin

    Tab. 2: Tableau rcapitulatif de Djibouti

  • 51

    b) Climat Le climat de Djibouti est de type dsertique, aride avec des prcipitations faibles et des tempratures leves tout au long de lanne. Les tempratures leves et laridit sont les deux principales caractristiques du climat de Djibouti.

    Du point de vue climatique, il ya deux saisons, une saison trs chaude entre Mai

    Octobre, avec des tempratures moyennes maximales entre 33C et 42C et la moyenne des tempratures minimales comprises entre 26C et 31C, pendant cette priode peut aussi souffler la hamsin (khamsin), un vent chaud et poussireux qui souffle du nord, et provoque une lvation brusque, jusqu 10C, des tempratures.

    La deuxime saison, qui va de Novembre Avril, a toujours des tempratures leves, mais plus froid, en fait, dans cette priode, les tempratures maximales moyennes varient entre 28C et 31C et les tempratures minimales moyennes varient entre 21C et 25C, pendant cette priode, il ya un taux dhumidit lev que le fait paratre les tempratures plus leves quelles ne le sont.

    Fig. 32 : Le lac Assal, Le lac Assal est situ dans l'est de la dpression de l'Afar, une altitude de 153 mtres sous le niveau de la mer ce qui fait de lui le point le plus bas du continent africain, et le deuxime au monde aprs la mer morte (422 m)

  • 52

    Les rares pluies tombent juste entre Novembre et Mai, mais au total dans une anne, nous avons seulement 161 mm de prcipitations. Seules les zones les plus leves du pays ont des tempratures plus fraches, en particulier la rgion des montagnes de Arta est connue pour son climat doux.

    La temprature de leau de mer varie entre 28C en Janvier et 34C en Aot.

    Djibouti (Capitale de Djibouti)

    c) Les activits sismiques

    On observe en Rpublique de Djibouti une activit sismique

    quasiment permanente lie l'activit tectonique d'ouverture du Golfe de Tadjourah.

    Lactivit sismique permanente se traduit par des secousses (de

    Tab. 3 : Les donnes mto de Djibouti (tempratures et prcipitations) indiques ci-dessus sont issues de moyennes mensuelles tablies sur les vingt dernires annes.

    Fig. 34 : Le paysage du volcan Ardoukba : L'Ardoukba est un volcan de Djibouti n en 1978 et situ entre le Ghoubbet-el-Kharab et le lac Assal

    Fig. 33 : Carte des activits sismiques : Golfe de Tadjourah

  • 53

    20 30 par jour) imperceptibles pour lhomme.

    Certaines, plus importantes, ont form le volcan Ardoukoba (en 1978), entre Assal et le Goubet, ou encore le Kammourta, au nord-ouest du pays, en 1928. Lactivit sismique se peroit aussi grce la prsence dautres volcans (piles du Diable par exemple), des sources deau chaude et des fumerolles (Assal, Abb, Allols)...

    Au cours de l'ruption de lArdoukoba, la terre se fendit, les plaques scartrent de 1,20 m et une faille de 12 km se forma.

    Lcartement des deux plaques agit dans trois directions diffrentes :

    l'axe de la mer Rouge entre Arabie et Afrique : part de Djibouti et remonte jusqu'en Syrie :

    l'axe du golfe dAden : longe les ctes du Nord somalien et spare Somalie et

    Ymen ;

    l'axe le plus long, le plus connu, le plus spectaculaire (car terrestre et ponctu de nombreux volcans actifs), est celui du fameux rift ( fissure , scission en anglais) africain : va du Mozambique au lac Abb.

    Vous tes donc ici la jonction de trois axes de fracture. Et la dpression afar, terre triangulaire s'tendant entre Djibouti. Erythre et Ethiopie, est finalement le seul point d'attache demeurant entre les plaques arabique et africaine.

    Djibouti constitue une aubaine pour les passionns de gologie, puisque ici les consquences des mouvements sont visibles, terrestres. Quand ailleurs dans le monde le phnomne est sous-marin, ici. La faille sort de l'eau.

    Cest l que la fissure qui carte depuis trente millions dannes lArabie de lAfrique pntre dans le continent. Un volcanisme trs jeune ponctue le fond de cette dpression de cratres noirs et rouille. Il est lorigine du chaos impressionnant et infranchissable de dalles, de tunnels effondrs, de chenaux, dboulis,

    Fig. 35 : Faille d lruption dArdoukba

  • 54

    de champs de scories forms par dinnombrables coules de lave dchires, balafres de fissures bantes. Ici, le 8/11/ 1978, aprs plus de huit cents sismes annonciateurs, dnormes fractures se sont ouvertes, dilatant dun coup tout le rift dun mtre cinquante et provoquant un affaissement de son plancher de prs dun mtre.

    d) Gostratgie

    Dans le cadre de coopration militaire, Djibouti est devenu la plaque tournante de la lutte contre le terrorisme dAl-Qaida et aussi plus rcemment la lutte contre la piraterie sur les ctes somaliennes. En plus de la prsence historique de forces armes franaises (2100 militaires), Djibouti a su tirer profit de sa position stratgique en abritant des bases trangres des armes amricaines (1800 soldats) et japonaises (les seules en Afrique). Dautres contingents de forces allemandes, italiennes et espagnols sont stationns Djibouti pour participer la mission de lUnion Europenne Atalante dans le cadre de la lutte contre la piraterie. Fin 2015, un accord est sign conjointement pour la future base chinoise, la premire dans le continent, qui verra le jour en 2017.

    e) Economie

    L'conomie djiboutienne est trs largement dpendante de son secteur tertiaire (82 % du PIB). Le pays est pauvre en activits industrielles (15 % du PIB) et surtout agricoles (3 % du PIB). La principale activit industrielle est le port de Djibouti, et maintenant son extension Doraleh. La stratgie actuelle du gouvernement djiboutien est de tirer

    profit de la bonne position gostratgique du pays avec son ouverture sur le dtroit de Bab-el-Mandeb mais aussi des conflits arms qui opposent ses trois voisins, l'thiopie, l'rythre et la Somalie. Depuis son indpendance, Djibouti abrite la plus importante base militaire franaise au monde avec prs de 3000 soldats, et, depuis 2002, une importante base amricaine (environ 1800 soldats, dans le camp Lemonnier) due au nouveau contexte international de lutte contre le terrorisme.

    Fig. 36 : Le Port autonome de Djibouti

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    Les baux de ces bases rapportent respectivement, 30 millions d'euros et 30 millions de dollars la rpublique de Djibouti (ces loyers militaires reprsenteraient 12 % des recettes budgtaires de Djibouti.).

    13.3. Cadres socitales

    a) Dmographie Selon les rsultats prliminaires du recensement de 2009, la Rpublique de Djibouti compte environ 818 159 habitants.

    Le pays est divis en 6 divisions administratives rgionales (districts majeurs); la ville de Djibouti, capitale et administration principale bouffe les autres districts avec une maigre superficie de 630 km2 et une population de 567 000 habitants (soit plus des deux tiers de la population totale du pays)

    b) Culture et Traditions Les Djiboutiens sont des gens charmants, respectueux et trs hospitaliers, une caractristique qui trouve son origine dans la culture nomade traditionnelles des deux principaux groupes ethniques, les Afars et les Issas. Malgr un mode de vie de plus en plus sdentaire, la plupart des Djiboutiens vivant en ville restent troitement

    Fig. 37 : Organisation territoriale

    Fig. 37 : Un djiboutien, une djiboutienne

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    attachs leur pass nomade.

    Lun des lments les plus frappants de la vie Djibouti est

    lomniprsence du khat (une feuille que lon mche pour son pouvoir stimulant). Lexistence de la plupart des hommes adultes semble tourner presque entirement autour de la consommation de ce

    narcotique lger. Chaque jour, ils

    retrouvent leur cercle damis dans des lieux ddis, les mabraz, pour brouter. On estime que 10% seulement des femmes consomment rgulirement cette plante.

    Djibouti compte 900 000 habitants, dont 35% dAfars et 60% dIssas. Ces deux groupes sont musulmans. Le reste de la population est compos dArabes et dEuropens. Les Issas sont majoritaires dans le sud du pays et les Afars dans le nord. Les tensions ethniques entre les deux communauts ont atteint leur paroxysme en 1991, lorsque des rebelles afars ont dclench une guerre civile dans le nord. Un accord de paix a t ngoci en 1994 mais les rancurs ne sont pas totalement apaises.

    c) Coutumes Djibouti Si les Franais n'hsitent pas porter des shorts, les Djiboutiens, en revanche, portent des pantalons ou des fouta, la version djiboutienne du sarong. Les femmes portent des longues robes ou des jupes discrtes, et s'enroulent dans un tissu trs fin et trs color, appel shalma. Les Djiboutiens consomment du khat en quantit. Le khat est une plante cultive sur les hauts

    Fig. 38 : Lassaut du Khat midi

    Fig. 39 : Hommes en fouta

  • 57

    plateaux dEthiopie, aux effets lgrement euphorisants. Tous les jours 13h, le pays est en effervescence lorsqu'arrive l'avion en provenance d'thiopie, charg de sa prcieuse cargaison. Une heure plus tard, les feuilles de khat sont en vente dans les rues ou au march, caches sous des tissus humides.

    d) Langue de Djibouti L'arabe et le franais sont les deux langues officielles. Il existe deux langues maternelles (le somali pour la communaut Issa et lafari pour la communaut afar)

    e) Nourriture Djibouti La cuisine servie dans les restaurants est d'influence franaise, mais la nourriture que l'on trouve dans les rues est typique d'Afrique du Nord. Les ingrdients les plus couramment utiliss incluent les lentilles, le pain, ainsi que le poulet, le cabri et le poisson frit. Les poissons de la Mer Rouge, grills ou cuits dans

    une sauce pice, sont dlicieux. Comme dans la plupart des pays

    musulmans, l'alcool n'est pas en vente libre.

    f) Religion Djibouti Presque la totalit de la population est musulmane. Reste que la culture ancestrale afar ou somali, avec les pratiques qui lui sont propres, continue perdurer. La tolrance est la rgle ; le fondamentalisme est inconnu.

    14. Ville et Architecture Il nous est indispensable de passer par l. Dans cette partie, nous parlerons comment deux quipements(le port et la gare) ont structur ltablissement

    Fig. 40 : Spcialits du Ymen, base de poisson et galette, le tout cuit au feu de bois.

  • 58

    humain dans un premier temps avant dexposer lhritage architectural laiss par ces Hommes.

    14.1. Gense de la Ville En 1892, les colons franais abandonnent Obock, au profit de Djibouti pour ces eaux.

    Il faudra attendre 1890 pour voir un dveloppement urbain de la ville saccompagnant dun engouement conomique avec linstallation de nombreux commerants europens et ymnites, sur la cte Nord du Plateau de Djibouti.

    En 1895, la fonction portuaire de la ville prend un lan dcisif par le choix des Messageries Maritimes Djibouti devient lescale maritime.

    En 1896, Djibouti devient le chef-lieu de la colonie.

    Fig. 42 : La naissance de la ville-port

    (fin XIXe dbut XXe) a le Palais du Gouverneur ;

    b les installations portuaires ;

    c la Gare et les installations ferroviaires

    Fig. 41 : Le site du Centre-Ville

    (fin XIXe dbut XXe) 1 - Le plateau de Djibouti; 2 - Le plateau du Serpent; 3 Le Plateau du Marabout; 4 - Lle du Hron. En pointill, la ligne ctire actuelle

  • 59

    Au cours de la mme anne, la cration de la Compagnie Impriale des Chemins de Fer Ethiopiens consolide lmergence de ce ple urbain naissant. La gare est inaugure en 1900.

    Fig. 43 : La gare en 1901 Fig. 44 : Vu sur le port de Djibouti

    Fig. 45 : Lessor de la ville coloniale (Annes 20 et 30) a le Palais du Gouverneur ; b les installations portuaires, avec les nouvelles jetes; c la Gare et les installations ferroviaires d les salines

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    Le patrimoine du centre-ville ne consiste pas seulement en sites ou d'pisodes architecturaux d'une valeur exceptionnelle, mais plutt de lensemble des tissu- et des lments urbains qui tmoignent, dans leur articulation, l'essor de la ville- comptoir, comme consquence du dveloppement du port et de la construction du chemin de fer djibouto-ethiopien. Cette ville s'articulait selon les principes d'un urbanisme colonial qui distinguait nettement les diffrents quartiers en fonction des activits et de la population.

    Fig. 46 : La place Mnelik : premier tablissement et cur de la ville

    Fig. 47 : Trame urbaine du quartier colonial

  • 61

    14.2. Structure urbaine

    1 Place du 27 juin ;

    2 Place Lagarde ;

    3 Place Harbi

    a Palais Prsidentiel

    b District

    c March

    d - Mosque

    Un tissu lots trs compacte et continu Une trame de rues et places fort hirarchise et bien articule Des forts repres architecturaux

    Fig. 49 : Trame en damier du vieux quartier colonial

    Fig. 50 : Cadre bti du quartier colonial

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    Fig. 51 : Les grandes rues (en haut) et les petites rues de desserte (en bas) qui dfinissent la trame du damier du Plateau de Djibouti.

    Sans aucun doute, le tissu du Plateau de Djibouti est considrer comme l'lment patrimonial plus caractris du Centre-Ville de par son hritage historique urbain et architectural. Il est en mme temps le pivot qui rgle lensemble des relations fonctionnelles et morphologiques entre les diffrentes partie