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Université Paris 1 – Panthéon – Sorbonne Master Professionnel Économie de l'aménagement et du développement local (EADL) Mémoire de stage Vers un modèle de traitement durable de l’habitat insalubre en Turquie ? Ben u Sen à Diyarbakır Monsieur Ziya Murat ÜLKER Agence française de développement (AFD) Autorités locales et du développement urbain Monsieur Léo DAYAN, Directeur de stage Monsieur David WILLECOMME, Responsable de stage Décembre 2011 (Date de soutenance, le 5 janvier 2012) Crédit image: © Xavier Allard

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Vers un modèle durable de traitement de résorption de l'habitat insalubre en Turquie : Ben u Sen à Diyarbakir

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Université Paris 1 – Panthéon – Sorbonne

Master Professionnel Économie de l'aménagement et du développement local (EADL) Mémoire de stage

Vers un modèle de traitement durable de l’habitat insalubre en Turquie ? Ben u Sen à Diyarbakır

Monsieur Ziya Murat ÜLKER Agence française de développement (AFD)

Autorités locales et du développement urbain

Monsieur Léo DAYAN, Directeur de stage Monsieur David WILLECOMME, Responsable de stage

Décembre 2011

(Date de soutenance, le 5 janvier 2012)

Crédit image: © Xavier Allard

 

 

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« Quand je parle de complexité, je me réfère au sens latin élémentaire du mot

"complexus", "ce qui est tissé ensemble". Les constituants sont différents, mais il faut voir comme dans une tapisserie la figure d’ensemble. Le vrai problème (de réforme de pensée) c’est que nous avons trop bien appris à séparer. Il vaut mieux apprendre à relier. Relier, c’est-à-dire pas seulement établir bout à bout une connexion, mais établir une connexion qui se fasse en boucle. »

Edgar Morin

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Préambule Ce présent mémoire de stage porte sur mon poste de chargé de projet au bureau de liaison de

l’Agence française de développement (AFD) en Turquie à Istanbul dans le département des autorités locales et de développement urbain, effectué dans le cadre du Master professionnel à Paris 1 Panthéon Sorbonne en Economie d’aménagement et du développement local. Le poste occupé consistait essentiellement en un suivi de trois dossiers portant sur le financement des projets en développement urbain. Le travail exigeait une responsabilité et polyvalence :

- Analyse du risque du secteur public (notamment des municipalités), - Suivi des programmes d’assistance technique, - Préparation des analyses prospective des secteurs urbains ainsi que la possibilité de travailler

au niveau central pour le développement urbain local ; - Au-delà de ces missions, j’ai été amené à prendre la fonction de la représentation de l’AFD à

travers, d’une part, la prise de contact avec de nouveaux partenaires ainsi que, d’autre part, la coordination des missions d’évaluation sur le terrain.

Le premier dossier sur la Municipalité métropolitaine d’Istanbul (MMI) est encore au stade de l’instruction alors que le deuxième dossier sur la Municipalité métropolitaine de Gaziantep (MMG) consiste en la mise en place du premier plan climat territorial en Turquie à l’échelle d’une ville.1

Nous avons donc choisi de traiter le troisième dossier qui est assez controverse et présente un challenge. En effet, il s’agit d’un projet-pilote portant sur la résorption de l’habitat insalubre d’ un quartier informel dans une des régions relativement pauvre de Turquie. Ce dossier est porté en partenariat avec la Municipalité métropolitaine de Diyarbakır (MMD), la Ville de Rennes et la Ministère des Affaires étrangères française. Notre choix de ce projet tient principalement à trois raisons :

- Le caractère pionnier qu’il porte parmi les projets de l’AFD en Turquie, voire de tous les projets relatifs au traitement de la pauvreté urbaine à travers l’aménagement urbain;

- Sa place dans la stratégie de l’AFD au nom du développement durable en Turquie dans une région la plus touchée par la pauvreté ;

- Sa complexité qui met en lumière l’importance d’une démarche urbaine holistique s’inscrivant dans une vision inclusive du développement d’une ville.

Le stage en lui-même a débouché en un premier poste professionnel dans le cadre d’un CDD. Ce

mémoire est le trait d’union de mon stage et de mon poste actuel. C’est dans cette optique qu’il porte pour ambition de compléter le suivi du dossier par des recherches personnelles sur la question du traitement de la pauvreté urbaine dans l’habitat insalubre, non seulement en Turquie, mais également au niveau international, pour mettre en perspective ce projet dans son contexte thématique et celui du pays.

                                                                                                               1 Voir explications en annexes sur les deux dossiers  

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Remerciements Je voudrais remercier un certain nombre de personnes sans qui l´achèvement de ce mémoire

aurait été très difficile. Tout d´abord, je tiens à remercier mes tuteurs, à savoir M. Léo DAYAN, mon Directeur de mémoire, Mme. Patricia VORNETTI, la Directrice du Master 2, et M. Jean-Marie FUNEL, ancien enseignant de notre filière et membre du jury, qui m’ont permis d’obtenir un délai supplémentaire pour terminer mon mémoire en bon temps. Je dois tous mes remerciements à toute l’équipe projet constitué de M. Nicolas DIETRIE, M. Marc ERRERA, Mme. Marie MARIE-PIERRE, M. Albin LAZARE et Mlle. Zeynep Sıla AKINCI aux Ateliers de Cergy ; M. Murat ALÖKMEN et Mme. Ebru ÖKMEN de la MMD qui ont toutes et tous rendu la réalisation des Ateliers à Diyarbakir possible. Je dois tous mes remerciements pour la contribution de deux Chefs de projet à l’AFD ainsi que le Directeur de l’aménagement urbain de la ville Rennes qui suivent tous minitieusement ce projet, respectivement Mme. Gaelle HENRY et M. Jérémie DAUSSIN-CHARPENTIER; ainsi que M. Olivier SCHOENTJES. En outre, je voudrais exprimer ma gratitude à M. Stéphane LEROY pour sa réactivité. Je ne peux m´empêcher de remercier M. Gürol KONYALI, Directeur du département de Rénovation urbaine au TOKI, qui a eu la gentillesse de partager une étude très utile et critique sur les impacts de la politique du TOKI. Je dois également mes remerciements à Mme. Anne-Sophie HAINSSELIN et Mme. Türkan KEJANLI qui ne m’ont pas oublié pour partager leurs ressources tres précieuses. Je ne peux pas oublier de remercier mon cher ami M. Sebastian OBERBILLIG pour sa patience et pour ses recommondations méthodologiques. Je tiens tout particulièrement à remercier, en dernier lieu, Mlle. Elsen Ece TOKAT, qui m´a permis de pouvoir réaliser la rédaction de mon mémoire en ayant assuré un soutien psychologique et pédagogique. Je voudrais, enfin, m´excuser auprès des personnes que je n´ai pu citer ici et à qui je présente également tous mes remerciements pour leur contribution à mon mémoire, comme ma famille qui n´a pas oublié de me supporter de loin.

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Liste d’acronymes AFD ARD MMD MMG MMI OECD TOKI TUIK UNDP

Agence française de développement Agence régionale de développement Municipalité métropolitaine de Diyarbakır Municipalité métropolitaine de Gaziantep Municipalité métropolitaine d’Istanbul Organisaion pour la coopération économique et de développement Agence nationale de l’habitat collectif Institut national de statistiques en Turquie Programme des Nations Unies pour le Développement

Liste des figures et des illustrations Figure 1 Figure 2 Figure 3 Figure 4 Figure 5 et 6 Figure 7 Figure 8 Figure 9 Figure 10 et 11 Figure 12 Figure 13 Tableau 1 Tableau 2 Tableau 3 Tableau 4

Schéma de l’organisation administrative et des autorités locales La contribution des régions au PNB en Turquie entre 2004 et 2006 Le nombre des entreprises etrangeres en Turquie Cartes du GAP Exemple de rénovation urbaine d’un quartier de gecekondu a Mersin Erdemli L’image de l’ancien quartier au pied des murs Extrait des ateliers de Sulukule La carte en vue d’une visualisation de la distance entre le lieu de résidence de relogement et du quartier initial L’approche de l’urbanisme social en Colombie Le projet de favela painting Une carte satellite de Ben u Sen La répartition urbaine et rurale des revenus en Turquie La répartition des revenus en fonction du type de l’habitat La situation financiere du TOKI et les agences de notation Résultats d’une enquete de satisfaction sous direction du TOKI (mai 2011)

p.9 p.13 p.14 p.22 p.26 p.26 p.27 p.30 p.32 p.35 p.15 p.16 p.22 p.24

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Sommaire Préambule Remerciements Liste d’acronyme Liste des figures et des illustrations Sommaire Introduction Première partie : La croissance urbaine dans le contexte turc

1. L’organisation politique des autorités locales en Turquie 2. Un développement inégal à deux échelles territoriales 3. Le développement du gecekondu

Deuxième partie : Une politique de logement sans planification urbaine

1. La politique de l’habitat informel du TOKI 2. Les limites d’une politique sectorielle du logement

Troisième partie : Les pistes vers une politique intégrée de gecekondu

1. L’habitat insalubre est un système qui nécessite une approche intégrée 2. Accompagner une collectivité locale dans une maîtrise d’œuvre urbaine de gecekondu

Conclusion Bibliographie Table de matières

p.3 p.4 p.5 p.5 p.6 p.7 p.8 p.8 p.12 p.16 p.18 p.19 p.23 p.28 p.29 p.33 p.39 p.40 p.41 p.42

Annexes

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Introduction

L’éradication des bidonvilles est un des moyens inscrite dans le cadre des Objectifs millénaires des Nations Unies dans la politique de la diminution de la pauvreté. En effet, la pauvreté est de plus en plus urbaine et est notamment concentrée dans les quartiers informels d’habitats auto-construits qui sont appellés « gecekondu »2 en Turquie. Né dans un contexte de croissance urbaine rapide depuis 1950, ce type d’habitat précaire s’est tres vite répandu dans les principales villes en Turquie issu d’un exode rural massif. A cet égard, la résorbption de l’habitat informel est devenu une priorité en Turquie. En 2003, le Premier Ministre avait annoncé un plan d’action d’urgence dans le cadre du quel le TOKI devait transformer les quartiers insalubres en les détruisant et relogeant les habitants dans des nouveaux quartiers en tours situé en périphérie. Cette démarche suit une approche sectorielle réduction du problème de la pauvreté urbaine au seul facteur des difficultés de conditions du bati, ce qui n’est que partiellement vrai.

Pour faire évoluer la pratique, la ville de Diyarbakir porte pour ambition de promouvoir une démarche alternative de traitement d’habitat insalubre de son plus ancien quartier de gecekondu Ben u Sen grace a ses partenaires. La ville a acceuilli une association de maitrise d’oeuvre urbaine, Les Ateliers de Cergy, pour chercher les évolutions possibles de ce quartier auto-construit (Les Ateliers, 2011). L’acteur central, le TOKI, fut également y associé. Le souhait des tous les acteurs était de garder le plus d’habitants sur place. Mais cet objectif peut–il se mettre en place dans ce contexte défavorable où les collectivités locales turques sont pratiquement privée de toute initative en matière de logement social et donc impuissant face a une agence qui poursuit spéctaculairement a développer ses chantiers? Qu’est ce qui peut motiver le changement dans la prise en compte des pauvres dans l’habitat informel? Les collectivités locales turques sont-elles pretes pour une maitrise d’œuvre sociale ? Comment se traduit en pratique la vision intégrée d’une politique urbaine ?

Ce projet présente un potentiel plus important que l’on croit dans la confirmation de la réputation d’un bailleur de fonds qui défend une approche programme et promeut une vision inclusive de la ville. Dans le cadre de notre étude, nous nous intéresserons à savoir si le projet des Ateliers de Cergy peut constituer ou non un modèle pour une démarche urbaine intégrée en Turquie dans son contexte instititonnel. Pour répondre a cette question, nous constatons que la politique du logement social est une politique sectorielle et ne répond pas forcément a la question de la pauvreté qui devrait justifier l’intervention. Le projet des Ateliers étant encore très en amont, des recherches personnelles sur le thème de l’habitat insalubre ont été conduits pour compléter notre travail. A cet égard, le mémoire se tâche de demeurer un travail portant sur une activité professionnelle sans pour autant ignorer l’importance des recherches académiques et pratiques existantes.

Pour traiter la problématique posée le lecteur sera tout d’abord ammené a se placer dans le

contexte turc et de s’interroger comment les politiques publiques ont suivi la croissance urbaine (première partie). Cette analyse a l’echelle du pays nous guidera a la partie suivante ou nous porterons toute notre attention au sujet central du mémoire, à savoir la politique de logement (deuxième partie). La troisième et dernière partie nous permettra d’introduire sur la possibilité des pistes vers une politique intégrée des gecekondu a partir du projet pilote des Ateliers de Cergy (troisième partie).

                                                                                                               2 Posé la nuit en turc

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Première partie : La croissance urbaine dans le contexte turc

Cette partie est consacrée à la présentation du cadre général institutionnel et macro-économique dans lequel la politique de l’habitat insalubre s’inscrit en Turquie. Elle permettra de placer le débat dans le contexte du pays. Une brève introduction au système administratif de ce pays sera suivi par, dans un deuxième temps, une présentation de la situation macro-économique sur les inégalités territoriales et sur le phénomène de la pauvreté qui touche les villes turques. Cette dernière sera l’occasion de présenter l’apparition des habitats insalubres en Turquie. Une fois situé dans le cadre politique, économique et social, nous serons en mesure de pouvoir développer la question spécifique du traitement de la question de gecekondu plus loin.

Crédit  image  ©  A.  Tufan  Palalı  

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1. L’organisation politique des autorités locales en Turquie La Turquie est un Etat qui s’inscrit dans une culture centraliste. Néanmoins, le pays a fait

preuve d’une volonté de transfert d’un certain nombre de compétences de gestion urbaine vers ses métropoles. Mais il est clair que ce processus est encore inachevé à ce stade au regard des besoins en investissements municipaux et au niveau des incertitudes de l’organisation de la planification urbaine. a. Un processus de décentralisation inachevé ?

L’organisation institutionnelle de la Turquie La Turquie dispose d’un systeme démocratique a forte inspiration jacobine dans sa division

politique et s’exprime a deux echelles : le gouvernement central et les collectivités locales turques, à savoir les municipalités (ou les municipalités métropolitaines), qui font l’objet d’une éléction a suffrage universel a un tour, respectivement tous les quatre et cinq ans. Néanmoins, il existe d’autres institutions locales mais qui n’ont pas d’indépendance politique. A ce titre, la plus petite autorité locale est le village ou bien le chef lieu dans les quartiers des villes. L’autorité au dessus est la municipalité d’arrondissement, suivi par la municipalité. Si la ville compte un million d’habitants et dispose de trois municipalités d’arrondissement, elle acquiert une qualification de municipalité métropolitaine, ce qui se traduit par des prérogratives encore plus importantes pour les ressources, mais également pour les compétences dont elle dispose (Les Ateliers, 2011).

La Turquie dispose de 81 provinces qui sont sous-divisées en 923 départements (kazas ou ilçe). Les provinces sont gérées par la municipalité et par le préfet qui est directement nomé par le pouvoir central. Sous l’impulsion des réformes européennes, sept régions ont été créée pour arbitrer sept Agences régionales de développement (ARD) mais dont leur fonction est encore tres limitée a ce stade et qui dépend directement du Ministere du Développement (ancien Secréteriat pour la planificiation, apellée également le State Planning Organization, le SPO). L’objectif premier de cette création est statistique et consiste à diviser le pays en des unités de statistiques, les dits NUTS (Nomenclature of territorial units for statistics).

Figure 1 – Schéma de l’organisation administrative des autorités locales LEGENDE// TOKI = Agence nationale de l’habitat collectif, directement attaché au Premier Ministre. Récemment intégré dans le Ministere de l’Urbanisme et de l’Environnement ; ARD = Agence régionale de développement ; = Décisions soumises a la validation de l’organe supérieur

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Une vigilance malgré une volonté de réforme

Dans une perspective de développement durable d’une ville, le role des acteurs locaux devient de plus en plus important. A priori, le degré de déconcentration ou de décentralisation serait déterminant en ce sens qu’un transfert des compétences en gestion urbaine du niveau central a une échelle locale permettrait une meilleure prise en compte des problemes locaux par les autorités locales (Dafry, 2008). De ce fait, deux facteurs principaux peuvent etre cités :

- Sensible amélioration de la gestion des affaires publiques en faveur du développement

local (effet d’appropriation) : les autorités ayant le pouvoir sur leur budget peuvent faire un choix pertinent sur leur territoire (mais qui doit aller pair avec un développement des capacités des gestionnaires locaux pour pouvoir etre capable de mettre en place leurs responsabilités)

- Le principe de redevabilité (accountability) : il oblige les acteurs locaux à rendre des comptes aux citoyens (qui vont également voter pour ces dirigeant aux prochaines élections locales) et donc à les responsabiliser dans leurs missions.

Mais la décentralisation n’est toutefois pas fonction du développement urbaine. Certes, les

collectivités locales turques ne peuvent pas encore pleinement bénéficier d’un pouvoir local décisif. Cependant, un processus de décentralisation ne doit pas nécessairement etre synonyme de croissance économique et de réduction de la pauvreté (Dafry, 2008). En effet, le lien entre décentralisation et réduction de la pauvreté est un sujet récent. Les recherches sur cette relation de causalité ont été développées par les Objectifs du Millénaire pour le Développement et des Documents de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP), qui mettent l’accent sur les choix macro-économiques et les stratégies politiques opérés par les pays à faible revenu pour promouvoir leur développement. De plus, le degré de la décentralisation dans un pays ne peut que difficilement etre mesurée. Il s’agit d’un sujet tres spécifique et qui doit etre traité au cas par cas.

Qu’en est-il dans le transfert des compétences aux autorités locales ? La Turquie est encore aujourd’hui un pays disposant d’une forte culture centraliste. Celle-ci s’explique principalement par ce que l’on appelle le syndrome de Sèvres. En effet, vaincu à l’issue de la Première Guerre Mondiale, le traité de Sèvres imposait une divison politique entre plusieurs zones sous occupation des pays vainqueurs (Messicard et Bayraktar, 2011). Suite aux résurrections turques, la République turque était surtout fondé sur l’unité nationale du pays, inscrite dans la Constitution turque en 923. Depuis, les politiques en vertu de la décentralisation, terme absent dans le lexique politique turc, sont timides et sont soumis à des contrôles stricts de l’Etat central. En effet, en 2004, le gouvernement Turc a mis en place différentes réformes visant à renforcer les collectivités locales et relancer un processus de decentralisation. Depuis lors, plusieurs lois ont entérinées le transfert aux municipalités turques de la gestion des services publics les plus importants. Ainsi, exceptions faites du secteur de l’éducation et de la santé, les principaux investissements publics sont portés par les collectivités locales. En dépit de ces réformes législatives renforçant le processus de décentralisation, ce processus est beaucoup critiqués par les acteurs locaux eux-memes qui considerent ce transfert depuis l’epoque otommane (ou les premieres mairies ont été créées) comme la délégation des « sales services» dont le pouvoir central ne voulait plus s’en occuper. En effet, l’autonomie locale reste fragile ou incomplète sur plusieurs points :

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- Les collectivités disposent d’une faible autonomie financière: les ressources financières des municipalités procèdent au deux tiers des transferts fiscaux de l’Etat.3 Les collectivités n’ont donc pas la faculté de lever librement des nouveaux impôts.

- L’endettement des collectivités locales est limité (il ne doit pas excéder 150% des recettes totales pour les municipalités métropolitaines) et très encadré : tous les emprunts en devises doivent faire l’objet d’une autorisation technique et financière par, respectivement, l’organisme de planification le Ministere du développement (le SPO) et le Sous-secrétariat du Trésor.

- La nouveauté du cadre comptable et budgétaire local mis en place en 2007 a fragilisé la fiabilité du reporting financier des collectivités sur les premières années de sa mise en œuvre

De plus, les besoins d’investissements demeurent très importants. Les besoins en

infrastructures urbaines requis pour atteindre les seuils européens en termes de protection de l’environnement, sont évalués à plus de 70 Mds EUR sur la période 2007-2023 par l’Union européenne. Globalement, les collectivités locales sont privées des moyens suffisants pour répondre aux besoins de leur territoire et se trouvent incapables de porter un regard global sur les politiques locales en termes de planification urbaine.

b. Les différentes échelles de la planification urbaine en Turquie

Une répartition sectorielle entre compétences Sous l’impulsion de la vague de décentralisation, les villes sont en effet dorénavent dotées de

compétences plus accrues malgré le contrôle important du gouverenement central. Il est a observer que ces compétences s’expriment dans une vision tres sectorielle et ne permettent pas aux acteurs locaux de définir un posititonnement stratégique dans le développement de leur territoire a ce stade. A moins que les villes disposeraient d’une expertise reconnue en fonction des secteurs en question, ce qui n’est pas souvent le cas : le niveau d’éducation des personnels n’est pas toujours a la hateur de l’ampleur des enjeux territoriaux et se heurtent contre les décisions politiques des maires qui ne se fondent pas sur un plan prospectif (Messicard et Bayraktar, 2011). Faute d’expérience, les gestionnaires locaux restent peu préparés à conduire des projets d’investissements d’envergure. Deux difficultés demeurent : la formation des cadres du secteur public local, qui reste peu attractif notamment en termes de rémunération pour de jeunes diplômés et la faible maîtrise par les équipes locales des outils de programmation budgétaire et de pilotage des projets.

Le point qui attire le plus notre attention est la marginalisation de l’urbanisme, de l’infrastructure et de l’aménagement comme compétences distinctes de la ville en tant que compétence a part entiere alors que les secteurs comme le logement, l’aménagement, le transport etc. font également allusion a la gestion de la ville proprement dite (cf. tableau )

                                                                                                               3 Les transferts comprennent deux parts: le reversement aux municipalités de 6% des revenus fiscaux de l’Etat, redistribué sur le seul critère de la population et la perception de 5% de tous les revenus fiscaux provenant de leur territoire (TVA, impôt sur le revenu, droits de douanes…)

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Fonctions Municipalité métropolitaine Municipalité

Aménagement

§ Construction, répartition et maintenance des places, boulevard, rues et routes majeurs dans la zone métrpolitaine

§ Réglementation des façades des batiments § Nomination et numérotation des places, boulevards et rues, ainsi

que des batiments sur ceux-ci § Aménagement du lit des cours d’eau § Détermination des lieux de production et de stockage de matériel

explosif

Infrastructure

§ Construction des batiments ou d’établissement déstinés aux services liés a la santé, l’éducation et la culture ; réparation et maintenance des batiments et des etablissements similaires appartenant aux institutions et organisations publiques

§ Services publics relatifs aux eaux usées, construction et exploitation (ou sous-traitance de la construction et de l’exploitation) de barrages et établissements similaires

§ Fourniture ou sous-traitance de la fourniture de l’infrastructure urbaine dans les domaines de la construction, des eaux des canalisations et du transport urbaine

Urbanisme

§ Préparation et mise en œuvre de tous les plans d’aménagement urbain aux échelles comprises entre 1/5000 et 1/25000 en harnonie avec le plan envıronnemental national

§ Approbation des plans d’application des autres municipalités de la zone métropolitaine

Source : Messicard et Bayraktar, 2011

Les chevauchements au niveau des compétences Dans un contexte de décentralisation, les autorités centrales se trouvent face a des nombreux

problemes dans la mise en pratique. Un de ces problemes essentiels est celui des compétences qui se doublent entre le niveau central et local. En effet, il est parfois observable que des superstitions au niveau des collectivités se réalisent. Par exemple, la Municipalité métrpolitaine d’Istanbul (MMI) dispose des limites administratives que le département de la ville d’Istanbul. Il arrive meme que « les unités déconcentrées du gouvernement rechignent à abandonner » leurs pouvoirs en favers des collectivités et « continuent de faire valoir leurs prérogatives » (Messicard et Bayraktar, 2011). Mais une problématique essentielle est a noter au niveau des initatives en matiere de la rénovation urbaine. Alors que les villes sont désormais responsables des projets en matiere de l’absorption de l’habitat insalubre, le TOKI a été dotés depuis 2008 des compétences étendues et s’impose naturellement à la collectivité locale.

2. Un développement inégal à deux échelles territoriales L’importante hausse de l’inégalité territoriale entre l’oeust développé et l’est en voie de

développement ces 50 dernières années tient notamment à un problème de la grande proportion de l’urbanisation qui est issue à un exode rural et fait l’objet d’une réalité économique, sociale et politique qui marque en conséquence les villes. Mais les métropoles turques n’ont pas pu absorber cette population sous la forte pression de la croissance urbaine. La Turquie, marquée par une pauvreté davantage rurale, voit l’arrivée de cette pauvreté dans ses villes. a. Une répartition de richesse inégale entre les territoires Le fossé entre l’oeust et le désert turc

La Turquie est un pays marqué par une forte inégalité qui peut s’expliquer, dans une certaine mesure, par la migration des populations des régions de l’Anatolie et en l’occurrence de la région de l’Anatolie du Sud-est. Ainsi, La Turquie, qui comptait une population de 5.3 million d’habitants urbains (sur un total de 20.9 millions d’habitants), a connu une augmentation spéctaculaire de 528%

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pour arriver à une population urbaine de 33.3 million d’habitants (sur un total de 56.5 millions d’habitants). Sans chercher à entrer dans une analyse des facteurs explicatifs de cette évolution, nous pouvons avancer deux arguments qui ont contribué à ce phénomène unique. D’une part, une mécanisation des pratiques agricoles a remplacé la force du travail de l’agriculteur. D’autre part, les industries et des économies existantes qui se développaient dans les agglomérations d’Istanbul, Kocaeli, Bursa, Ankara et ainsi que Izmir ont attiré de plus en plus de main d’œuvre non-qualifiée. Par conséquent, l’agglomération d’istanbul constribue entre 20% à 100% au PNB alors que celles qui contribuent également au PNB mais seulement entre 5 et 10% viennent bien de loin. Il est ainsi à constater l’existence d’un grand fossé entre les agglomérations dans l’ouest et, ce que l’on peut appeler, le désert turc qui ne représente qu’entre 0% et 5% dans le PNB (cf. figure 2). Par ailleurs, La région de Marmara représente environ 37% du PIB du pays alors que l’Anatolie du Sud-est et de l’est représente respectivement 5% et 4% du PIB. Figure 2 – La contribution des régions au PNB en Turquie entre 2004 et 2006 Source : OECD, 2011

L’intérêt de la présentation de ce tableau des évolutions territoriales réside dans l’explication des problèmes qu’il engendre, qu’ils soient de nature économique, sociale ou encore politique, (comme par exemple en Anatolie du Sud-est qui fera l’objet d’étude pour introduire le projet de la résorpbtion d’habitat insalubre à Diyarbakir). En effet, cette région, qui est une des régions la moins développée en termes d’industrie, est également celle qui connaît encore aujourd’hui une croissance de population, certes, moins importante que dans l’agglomération d’Istanbul, mais ou la richesse est relativement moins élévée. Par exemple, la ville de Diyarbakır affiche un des taux le plus élevé de taux de chomage avec 17% (Ville de Rennes, 2010). Par conséquent, cette situation économique accentue la pauvreté à l’intérieur même des villes et contribue à un cercle vicieux où la précarité socio-économique nourrit des aspirations politiques d’indépendance dans une région à une forte population kurde. De facto, l’Anatolie du Sud-est perçue comme une région d’insécurité qui est assez ignoré par les affaires: l’Anatolie du Sud-est est une des régions qui acceuille le moins d’investissement direct à l’étranger (cf. figure 3). Cependant, il faut garder une certaine réserve : la région de l’Anatolie du Sud-est n’est pas la seule région qui soit un territoire qui attire peu d’acteurs économiques et la nature des investissements joue également un rôle considérable dans le développement. Toutefois, face à cette réalité criante de ces différences, les autorités centrales ne sont pas restées ingorants et ont cherché à réduire l’inégalité territoriale entre l’ouest et l’est.

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Figure 3 – Le nombre des entreprises étrangères en Turquie Source : Agence nationale de soutien et de promotion des investissements en Turquie, https://www.invest.gov.tr

Une volonté de réduction des inégalités territoriales

Depuis les années 1980, la Turquie a démarré un programme de développement régional

s’institulant GAP (Güneydoğu Anadolu Projesi, le Projet de l’Anatolie du Sud-est) qui comprend 8 départements et consiste en un projet de développement multisectoriel visant à améliorer le niveau de vie. Ce programme est très marqué par ses grands investissements dans la grande infrastructure d’énergie, à savoir les 22 barrages et les 19 centres d’énergie hydraulique pour une production de 27 milliards kw/h et l’irrigation de 1.82 million ha de terrain (cf. figure 4). D’autres projets dans les secteurs de l’infrastructure urbaine et de tourisme ont commencé à s’inscrire dans le portefeuille du GAP. Mais ce projet n’est pas sans contradictions. La construction d’un barrage près de Hasankeyf près d’une des plus anciennes installations civilisationelle menace ce patrimoine historique qui risque d’être inondée alors que ce site est un potentiel en tourisme.

Figure 4 - Cartes du GAP. En haut, en vert, les barages en place et en rose, les barrages en cours de construction Soruces : Setav et www.gap.gov.tr

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b. L’urbanisation de la pauvreté Au sujet de la prise en compte de la pauvreté à l’échelle urbaine, le mémoire doit se contenter de comprendre comment s’expriment les grands traits de la pauvreté sans entrer dans le débat sur la définition des critères de la pauvreté dans la littérature académique. Certes, un intérêt très important demeure concernant la réponse à la question comment la pauvreté est calculée et qui devrait servir de diagnostic pour la définition des politiques publiques sociales (notamment dans le cadre des politiques de résorption de l’habitat insalubre). De sucroit, il doit etre mentionné que nous disposons pas de données nationales différenciées entre les types d’habitat qui nous devrait nous permettre de mieux tenir compte de la dimension de la pauvreté au niveau local. Ceci est, dans une certaine mesue, révélateur du fait que la pauvreté urbaine n’est pas tres bien prise en compte.

Dans le cadre de notre étude, nous repronons la définition adoptée par les autorités turques et ne souhaitons pas discuter sur sa pertinence pour respecter l’objet et la taille de ce mémoire. Pour faciliter la lecture de ce phénomène dans le cadre de la vision en Turquie, il a été opté pour la classification qui a été retenue par le TUIK qui se limite a la dimension monétaire. Notre choix s’explique par deux principales raisons :

- Une prise en compte des résultats sur les conclusions facilite la lacture des études

turques ; - le principal critère étant monétaire est (dans une certaine mesure en le placant dans le

contexte macroéconomique) plus lisible avec les références internationales. Dans cette optique, nous disposons des chiffres qui mettent en lumère la situation de la pauvreté en Turquie. 16,9% de la population est dite être sous le seuil de pauvreté. Ce dernier est défini comme la médiane de tous les revenus nationaux confondus. Alors que ce même chiffre est de 14,3% dans les villes, il est de 16,6% dans le milieu rural. Le TUIK dispose d’un chiffre pour la pauvreté durable pour connaître la durée de la situation de pauvreté de la population. Ce dernier est calculé par rapport à 60% du revenu médian sur une période de quatre ans (2005-2009) et fait ressortir un chiffre de 18%. Autrement dit, 18% de la population est sous risque permanent d’être en pauvreté (TUIK, 2011). Au niveau national, nous pouvons tenir compte d’une inégalité de revenu entre les zones urbaines et rurales. Par rapport aux objectifs millénaires du développement des Nations Unies, l’objectif premier réside dans l’éradication de l’extrême pauvreté et le cible dans ce premier objectif porte comme critère la part dans la richesse nationale des différentes quintiles. Par rapport aux moyennes européennes, la Turquie affiche un profil bas dans la répartition des richesses où la quintile la plus riche quatre fois plus riche que la quintile la plus pauvre. Tableau 1 – La répartition urbaine et rurale des revenus en Turquie Source : TUIK, 2011 Les quintiles (20%)

Turquie

Urbain Rural

2009 2010 2009 2010 2009 2010 TOTAL 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Premier quintile (P20) 5,6 5,8 6,0 6,3 6,1 6,2 Deuxième quintile 10,3 10,6 10,7 11,0 10,9 11,0 Troisième quintile 15,1 15,3 15,0 15,3 15,9 15,7 Quatrième quintile 21,5 21,9 21,1 21,6 23,1 22,8 Dernier quintile (P80) 47,6 46,4 47,3 45,7 44,0 44,3 Coefficient de Gini 0,415 0,402 0,405 0,389 0,380 0,379 (P80/P20) 8,5 8,0 7,9 7,3 7,2 7,1

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Il est impotant de noter que nous ne disposons pas de chiffres publics officiels qui tiennent compte de la situation de la pauvreté des habitants dans les milieux d’habitat insalubre, sauf la répartition des revenus en cinq part de quintiles (en 20%) en fonction des types d’habitat (tableau 2). Ici, l’inégalité de revenu entre les natures des types de bâtiments saute clairement aux yeux. Quelque soit le groupe de quintile, les gecekondus recoivent moins que 5% des revenus totaux étant donnée que ces chiffres sont également rapportés aux populations respectives de chacun des groupes de populations dans ces différents habitats (cf. tableau 3).

Tableau 2 - La répartition du revenu en fonction du type de l’habitat Réalisation du tableau et la source : TUIK, 2004

Ce tableau est d’autant plus intéressant qu’il affiche clairement une difficulté économique des

habitants des gecekondu. Pourquoi les politiques de logement collectif du TOKI ne tiennent pas compte de cette réalité et mettent les nouveaux habitants non seulement en difficulté financière et sociale ? Nous devons alors d’abord comprendre ce qu’est un gecekondun, puis regarder de plus près la politique du TOKI en matière d’habitat insalubre.

3. Le développement du gecekondu a. Les premières définitions d’un habitat informel Une première définition du gecekondu

Comment se définit la notion de l’habitat insalubre de gecekondu par rapport à la définition générale ? Le concept général est défini par la Commission des Nations Unies pour les établissements humains (UN-HABITAT, 2003) pour qui un habitat est un bidonville qui respecte au moins une de ces quatre conditions suivantes :

- le non-consruction des habitats en matériaux durables susceptibles d’assurer une protection efficace

- la densité d’occupation qui est supérieure à trois personnes - les occupants n’ont pas accès à une eau de qualité, en quantité suffisante et à un prix

raisonnable - les habitats ne donnant pas une garantie pour la sécurité de ses habitants

Il faut noter que la vision d’un bidonville n’est pas sans critique et sans limite. D’abord, cette notion ne capte pas toute la réalité. Ensuite, la définition en Turquie n’entre pas forcément dans les normes internationalement reconnu pour les slums. Au regard du critique sur les critères, il est à noter que

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l’on ne parle en aucun cas de la pauvreté dans ses dimensions variables (Bartoli, 2011). Cette définition qui ne tient pas compte des aspects sociaux dont pourraient tenir compte d’autres critères, souvent regroupé sous le terme de « nouvelle pauvreté » en Turquie (Buğra et Keyder, 2003) :

- l’accès limité au revenu et à l’emploi - des conditions de vie inadéquates et peu sûres - une vulnérabilité aux risques - des enjeux spatiaux qui limitent la mobilité et le transport - des inégalités fortes - une exclusion sociale importante

Nous sommes en présence d’une tentative de prendre en compte la dimension complexe en ce sens que la pauvreté est un phénomène qui s’exprime en valeurs monétaires, mais également à travers d’autres critères. La définition meme a fait l’objet d’un politique similaire a celle du TOKI au Maroc dans le cadre du programme de la « Ville sans bidonville ». Ce terme sous-entend dans sa conception meme que les villes devraient etre exclues des bidonvilles. Mais le bidonville n’est pas juste le reflet de la réalité d’une pauvreté urbaine ?

La difficile définition à partir de l’acception générale

La premiere définition du gecekondu en Turquie est une définition qui ne tient globalement en compte que du caractere légal des batiments. L’année 1966 marque l’année où la loi no. 775 sur le gecekondu entre en vigueur. « Dans cette loi, le terme de gecekondu renvoie à des constructions non licites, faites sans tenir compte des règlements généraux et des directives fixant les conditions de réalisation des travaux de construction, sur des terrains, constructibles ou non, n’appartenant pas au constructeur, et sans l.’accord du propriétaire. » (Pérouse, 2004). Une autre défintion, proche de la loi, tient compte de la vittesse de la construction des gecekondu qui était essentiel dans la composition du terme « Hébergement construit rapidement sur un lieu n.’appartenant pas à celui qui construit, en violation des règlements sur la construction, sans aucun souci des normes hygiéniques et techniques. » (Pérouse, 2004). Les constructions disposent d’une certaine qualité d’architecture et ne peuvent nullement etre comparées a des exemples de slums, réalisés par de nombreux objets. Notons également qu’en parlant de gecekondu revient a parler d’un droit du batir individuel. Nous sommes encore loin d’une prise en compte au niveau du quartier. Encore aujourd’hui, le TOKI porte comme objectif de donner le droit a un logement décent et non pas de transformer la situation de la pauvreté urbaine. Mais le gecekondu est également un élément qui forge une image dans la société. b. Quelle reconnaissance pour « l’autre » ?

L’évolution du statut du gecekondu Les gecekondu ont connu des évolutions dans leurs statuts, ce qui a contribué a sa perception

dynamique dans son genre. Ainsi, un certain nombre d’amnestie entre 1948 et 1966 ont légalisées les habitats insalubres. C’est a partir de l’amnestie en 1980 « que les amnisties ont été systématisées : celles de mars 1983 (loi n° 2805) et de mai 1985 (n° 3194) sont restées dans les mémoires par leur ampleur » (Pérouse, 2004). Les conditions de cette loi prévoient un premier traitement des gecekondu. Le souci est donc de prendre sous le contrôle le développement ce type d’habitat en conférant des droits à construire.

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Un certain nombre de ces lieux de résidences avaient fait l’objet d’une légalisation et ne sont plus considérés juridiquement comme des gecekondu. Depuis, sur les terrains choisi qui n’ont pas été cédés à leurs occupants, par l’intérmédiaire d’une vente à un prix pas tres cher, avec échelonnement, voire crédits, des titres provisoires de location ont souvent été délivrés. Ces titres sont appelés « tapu tahsis belgesi ». Il s’agit des documents qui donnent une certaine « pseudo –légalité » (Pérouse, 2004) aux occupant et est confondu avec des titres de propriété ne donnant droit qu’a l’occupation, sans « préjuger du devenir des terrains investis ». La majorité des habitants de gecekondu disposent de ce titre de location. Par ce dernier, on a uniquement le droit de payer annuellement un loyer (confondu, avec un titre de propriété). Le terme se déplace donc dans le temps du statut du sol a celui de la construction. Malgré le caractere légal, le terme de gecekondu reste encore ancré dans l’imaginaire de la société comme une réalité sociale en ce sens que les personnes vivant dans les gecekondu sont considérées comme « les autres », comme des communautés ne faisant pas partie d’une intégrité urbaine, encore attachée a sa culture rurale. En effet, les habitants de gecekondu passent pour l’autre rural dans les années 1950 et 1960 ; pour l’exploité et le défavorisé dans les années 1970 ; pour l’autre en termes d’ethnie, de religion et de genre dans les années 1980 ; et pour l’autre dangereux dans les années 1980 (Erman, 2004).

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Deuxième partie :

Une politique de logement sans planification urbaine

Apres une présentation sur la situation macro socio-économique et politique de la Turquie, il sera présenté comment les politiques publiques en matiere d’habitat ont suivi la croissance urbaine. Il apparaît que l’Agence nationale de l’habitat collectif, le TOKI, est une institution tres puissante et répond de maniere efficace a une exigence d’excedent de logement. Mais sa politique s’opere sans planification urbaine et sa politiques strictement sectorielle risque de se heurter a des obstacles importants.

Crédit image © Cüneyt Paker

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1. La politique de l’habitat informel du TOKI Depuis l’apparition de la réalité du gecekondu en Turquie, les autorités turques ont cherché des solutions qui sont passées par la légalisation de ces quartiers. Le fait que cette amnestie visait surtout des objectifs clientelistes décrit peut-etre comment cette question a été traité. Ainsi, les premiers impacts des politiques du TOKI ont des signes de faiblesses assez importantes en termes de condition de vie. Malgré les nombre important de retours des familles relogées dans les nouveaux immeubles et des recherches alternatives plus durables, le développement du slum-upgrading vs. slum-clearance montre de faibles signes d’amélioration. a. L’histoire du logement social en Turquie L’intégration difficile de l’habitat insalubre dans les politiques de logement

La réponse à la question de gecekondu n’a essentiellement pas changé depuis les premières apparitions. Ce sont en général des textes qui répondent à la réalité mais ne réuississent pas de prévenir la formation de ces quartiers faute d’une planification à long terme au niveau régional et urbain. Ainsi, d’une part, des lois se superposent qui tendend à réglementer le sujet et, d’autre part, des textes d’amnesties sortent les gecekondus de leur situation illégale (Keleş, 2006). Il faut toutefois nuancer nos propos. L’exode rural vers les villes turques était un phénomène spéctaculaire et qui nécessitait des interventions tout aussi rapides. Puis, le contexte politique n’était pas favorable à une planification à l’échelle régionale jadis, particulièrement dans le contexte de la guerre froid. En effet, le projet de village urbain, prévoyant un développement équilibré territorial, a été enterrinée sous prétexte de favoriser la formation des communistes. Le développement des métropoles turques disposant déjà d’un socle économique intéressant avaient finalement été privilégié.

Contrairement à ce qui s’est plus tard développé par les politiques de résorption de l’habitat

insalubre, la première intervention directe donnait le pouvoir à la ville d’Ankara, une collectivité locale. La loi de juin 1948 (loi n°5218), « loi conférant à la municipalité d'Ankara l'autorisation d'allouer ou de céder. – dans des conditions déterminées et sans être tenu par les termes de la loi 2490 .– une partie définie du terrain et du sol, à ceux qui (y) auront construit leur logement » (Keleş, 2006). Cette loi exprime pour la première fois le souci de « légaliser » un habitat spontané dont on admet qu'il ne peut raisonnablement, c'est-à-dire sans graves conséquences sociales et politiques, être détruit. Les conditions de cette loi prévoient un premier traitement des gecekondu bien avant la loi de 1966 qui, quant a elle, donne la définition encore vrai jusqu'à présent. Le souci est donc de prendre sous le contrôle le développement ce type d’habitat en conférant des droits à construire.

La naissance du TOKI

Le TOKI a été fondé en 1984 en deux entités distinctes: l’Administration du logement social et de la participation publique ainsi que le Fonds du logement social. Par le biais de ce fonds, 950.000 individus avaient reçu des crédits pour construire des logements. En raison de la forte progression de l’inflation, l’activité du fonds a été supprimée en 2001 et l’administration est devenue une agence unique prenant le nom de TOKI (Bayraktar, 2007).

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b. Le TOKI de plus en plus comme seul acteur en termes de logement social

La place du TOKI est renforcée par le pouvoir central au détriment des compétences des collectivités locales

L’agence s’est vu accroître ses compétences avec une loi en 2003 pour suivre des objectifs élargis. dans un contexte où la décentralisation n’est pas assez avancée et où il existe un amalgame au niveau de la compétence de la planification urbaine, le rôle du TOKI est peut-être plus que justifié. La principale fonction est de fournir l’accession à des logements sociaux par des crédits accessibles à une population à revenu modeste (cf. figure 5 et 6). Comptant un personnel de 623 agents, présent dans 91 villes turques, l’agence se porte comme un modèle économique efficace auprès des autorités internationales. L’agence a obtenu le prix de « Best Practice » de UN Habitat en matière de renouvellement urbain à Erzincan (ville en Anatolie de l’est) en 2008 et il est de plus en plus sollicité par les PED, comme par exemple le Pakistan ou le Guinée. L’agence est présidée par Monsieur Ahmet Haluk KARABEL depuis mars 2011 et a été intégré au sein du nouveau Ministère de l’Urbanisation et de l’Environnement cette année. Les principaux objectifs depuisla loi no. 4966 de 2003 sont les suivantes

§ Créer des sociétés dans le secteur de l’habitat ou recourir à des appels d’offres § Octroyer des crédits pour les individus, pour la réhabilitation des quartiers de

gecekondu et pour la restauration des bâtiments constituant des patrimoines culturels en subventionnant les intérêts si nécessaire

§ Développer des projets par des concours nationaux et internationaux

§ Faire ou faire faire des bâtiments à valeur sociale et faire ou faire faire des projets rentables au profit du fonds de l’Agence

§ La construction de 600.000 logements jusqu’en 2013 et 1.000.000 en 2023

Répartition du parc de logement social par nature (2003-2010)

1,0%

48,0%

4,5%

13,4%

33,0%

Bas-revenu et pauvres

Réhabilitation urbaine("gecekondu")

Logement de secours

Revenu modeste etmoyen

Projets agricols et devillage

Dans le cadre du programme d’urbanisation planifiée et de construction de logement :

§ TOKI a réalisé 486.784 logements (2003-2010), respectivement ~ 69.541 logements par an

§ Sur 419.000 logements 382.000 ont été vendus § 3000 appels d’offres portant sur un investissement de

35 milliard TL Dans le cadre des infrastructures sociales et culturelles : § 687 écoles (tout confondu), 771 salons de sport, 37

bibliothèques § 420 centres commerciaux § 92 hôpitaux, 86 cliniques § 351 mosquées § Octroi de 23 m TL de crédit pour 303 projets de

patrimoine (157 terminés)

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Les projets TOKI à Diyarbakir

A l’échelle de la ville de Diyarbakir, des projets de réhabilitation urbaine des logements insalubres sont déjà en cours. Ces derniers se trouvent dans les quartiers d’Alipaşa-Lalebey et Suriçi (Cevatpaşa) au pied des anciens remparts de la ville (site de 30.372 m2). Dans la présentation du projet des Ateliers de Cergy à Ben u Sen plus loin dans le mémoire, le sujet de remparts occupera une place centrale dans les enjeux de l’évolution du quartier. Le paiement aux propriétaires (217 familles) des logements détruits (1.596 logement) et leur relogement ont été réalisé. L’objectif principal est de « nettoyer » l’environnement des murailles pour dégager la perspective sur la mosquée de Şemhane-Hz.Süleyman et le cimetière de Sahabe. Les zones libérées feront l’objet de construction de parcs et d’autres projets qui s’inscrivent dans une logique touristique. Figure 5 et 6 - Exemple de rénovation urbaine d’un quartier de gecekondu à Mersin-Erdemli

Source : www.toki.gov.tr

Tableau 3 - La situation financière de TOKI et les agences de notation en 2010 Source : www.toki.gov.tr

Total Actif (M TL) Marge d’exploitation (%) Surplus (déficit) de l’année/Revenu total (%) Total dettes/Total actif (%) Total dettes/Total fonds propres (%) Disponibilités/Total Dettes (%) Actif circulant/Passif circulant (X)

20,293

40.3 39.2

26.14 54.85

2.02 2.7

Fitch Devise à long terme (novembre 2010) Moody’s Devise locale et étrangère (octobre 2010)

BB+ Ba2

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2. Les limites d’une politique sectorielle du logement

Les impacts des projets TOKI sont assez nuancés. Alors que les nouveaux habitants issus des classes moyennes sont assez contents de leurs logements, ce sont surtout les projets de slum-clearance qui font le plus d’objet de critiques. Les résultats seront plus spécifiquement analysés à partir des enquêtes. Néanmoins, ces résultats, rarement partagés, n’ont pas influencé les programmes menés par le TOKI même si cette institution donne des faibles signes d’une certaine volonté d’évoluer. Un chose est certaine : le TOKI a un objectif quantitatif de construire le plus de logement possible sans déficit économique. a. Un premier diagnositc : des impacts nuancés L’évaluation des impacts est-elle suffisante pour remettre en cause la politique du TOKI ?

Depuis peu, force est de constater que l’on recourt de plus en plus à la réalisation des enquêtes de satisfaction ayant pour objectif d’interroger les nouveaux habitants, chassés sans ou avec consentement, de leurs lieux de résidence de gecekondu. En effet les critiques se manifestent dans le milieu académique, exclu de toute concertation concernant les politiques de relogement et se trouvant dans une position d’oppositon (alors qu’elles étaient associées aux politiques de rénovation urbaine avant). Dorénavant et après la mise en oeuvre de projets de transformation urbaine de 500.000 logements, on peut se référer à des données de terrain pour appréhender les problèmes, lorsqu’ils existent, dans les politiques de transformation urbaine. A part les académiciens qui travaillent de plus en plus sur des enquêtes des terrains sur place, possible suite à la destruction d’un bon nombre de quartiers de gecekondu et de construction de 500.000 logement, c’est également l’agence TOKI elle-même qui commence petit à petit à évaluer sa politique de “transformation urbaine”. Le fait que si son recours à une telle démarche consiste à s’interroger sur sa démarche n’est pas encore vraiement affichée. Il faut cependant préciser que ces enquêtes montrent bel et bien un certain nombre de problèmes qui ne suit pas forcément le mandat principal du TOKI.

A cet égard et encore très récemment, l’agence a sous traité la société de Conseil Varyans en

mai 2011 pour la conduite d’une “enquête de satisfaction de client” sur les principaux projets de TOKI à travers la Turquie en interrogant 2772 ménages. Le fait que le rapport ne se trouve pas sur le site internet du TOKI ni de la société prête à confusion4. Le rapport expose toutes les réponses aux questions concernant la satisfaction de la qualité des bâtiments, des l’environnement social, du voisinage etc au delà des questions liées à la satisfaction générale. Mais il s’intéresse notamment aux questions économiques, questions où les politiques du TOKI s’avèrent le moins efficace. Selon cette étude plus que 50% des nouveaux habitants ont clairement eu des problèmes à payer leurs loyers. Le souhait de rentrer éventuellement à leur ancien lieu de résidence est plutôt nuancé : alors que 40% des ménages voudraient rentrer s’ils avaient la possibilité, 47% semblent être satsifaits de leur nouvelle résidence. Alors que le problème de revenu s’avère un critère chiffré critique du niveau de précarité des habitants, c’est notamment sur ce point que les nouveaux habitants sont finalement mis à mal. C’est également le point économique qui devra attirer plus l’attention du TOKI parmi un certain nombre d’autres critères qui pourraient être améliorés (cf. tableau 4).

                                                                                                               4 Lors d’un forum portant sur la gestion financière locale le 27 novembre 2011 à Ankara, le Directeur de la Rénovation urbaine a indiqué l’existence de cette enquête sans pour autant présenter dans sa présentation. Le Directeur a eu la gentillesse de partager avec nous ce rapport.

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Force est d’observer que les quatre premiers postes, à savoir le financement, l’accès et l’aménagement du milieu, mettent bien en lumière la difficle mise en oeuvre d’un projet de rénovation urbaine intégrée pour limiter la situation de pauvreté des habitants. Toutefois, à ce stade, ces enquêtes ne consistent qu’en des analyses statistiques simples qui ne s’intéressent qu’à des questions générales sur la satisfaction. Néanmoins, il faudra présenter ces données sous réserve puisqu’une réponse à une question d’insatisfaction est a priori conditionné par sa question. Ce sont des enquêtes encore rudimentaires au niveau de leur méthdologie mais méritent d’exister dans un contexte de puissance incotestable du TOKI.

Tableau 5 - Résultats d’une enquête dite de satisfaction sous direction de TOKI (mai 2011)

Aviez-vous eu de problèmes à payer les loyers pour votre logement?

66%

34%

Oui Non

Si j'avais la possibilité, je retournerait à mon ancien logement

40%

47%

13%

Oui Non Ne sait pas

Points à améliorer dans les projets de rénovation urbaine

12%

7%

6%

6%

5%

5%

59%

Diminution des prix des loy ers

Faciliter les paiments

Transport

Aménagement du quartier

S'occuper des habitants

Résoudre les problèmes des habitants

Autres

Source : Directeur de la Rénovation urbaine au TOKI M. Gurol KONYALI İ : la variable autre comprend un grand nombre de variables-réponses des ménages. Ces variables, statistiquement non-significatives, peuvent être introduites dans les réponses citées ci-dessus

i

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b. Les faibles signes d’une amélioration

Les politiques du TOKI, objet des critiques

Le TOKI semble chercher à s’adapter face aux critiques des médias ou du milieu professionnel. Il participe à des conférences ou organise elle-même des évènements, comme le Congrès sur le logement (4-5 mars 2011) avec la participation des professionnels et des chercheurs, ce qui démontre une certaine volonté d’ouverture :

§ Selon les recommandations du Congrès, TOKI doit coopérer davantage avec les ONG et doit porter une attention sur la réhabilitation urbaine où « l’ADN de la ville doit être protégée »

§ TOKI donnera plus de poids sur la réhabilitation des « gecekondu » en coopération accrue avec les Municipalités selon le Président du Département du développement de stratégies de l’Agence Monsieur Mehmet Ali KAHRAMAN.

TOKI présente donc un potentiel d’évolution de ses pratiques comme l’avait déclaré son ancien Président, Monsieur Erdoğan BAYRAKTAR, que TOKI n’était pas très compétente ni efficace sur la dimension sociale ; et que les politiques de logement devraient « préserver les modes de vie traditionnelles et les caractéristiques territoriales »5.

La recherche d’une démarche alternative à confirmer A partir d’un seul exemple de rénovation urbaine intégrant toutes les problématiques à la

question de la tranformation urbaine et au projet des Ateliers de Cergy, à savoir :

- l’importance de la concertation des populations - la prise en compte des conditions socio-économiques - le choix de la planification du quartier - le relogement dans un quartier en périphérie - l’importance du patrimoine

La municipalité d’arrondissement a démarré son projet d’amélioration urbaine sur la péninsule

historique. Le but est d’améliorer les infrastructures sur son arrondissement qui porte un potentiel touristique et donc économique non négligeable. Dans cette optique, un plan de protection du site de la péninsule historique fut préparé en 2005 pour contrôler un développement urbain respectant l’environnement historique. Les exemples des interventions dans les transformations des quartiers sont par exemple la piétinisation des rues pour décongestioner l’arrondissement. Un autre projet qui s’inscrit dans cette stratégie politique est la rénovation urbaine. Les périmètres oeust de cet arrondissement sont définis par les anciens remparts de Constantinople au pied desquels sont installés une des plus anciennes communautés de Roms qui y vivent depuis le 11e siècle. La mairie d’arrondissement de Fatih, la MMI et le TOKI ont ainsi signé un protocole pour changer le quartier de Sulukule étant considéré comme un quartier de « gecekondu » dangereux peuplé de tsiganes et risquant la valeur des remparts historiques. A titre d’information, le quartier qui fait l’objet des Ateliers de Cergy se situent également au pied des remparts et où la question de la protection des anciennes murailles fut soulevée.

                                                                                                               5 23 février 2011, Hürriyet Daily News

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Figure 7 - L’image de l’ancien quartier au pied des murs Source : Petit, 2011

Conformément à la procédure de la rénovation urbaine, TOKI a très rapidement procédé à une destruction du quartier qui a même provoqué des évictions forcées. Le projet avait prévu le déplacement des familles romes à Tasoluk, un quartier urbain situé à 32 km de loin du lieu de résidence initale. Le rapport du Commissariat des Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe du 1er octobrer 2009 marque ainsi au point 145: « According to the Turkish authorities ‘one of the purposes of the project is to preserve the registered and qualified historical and

cultural properties in the area’ while as at early 2009 there were agreements reached between the authorities and 520 owners (out of 620) and with all the tenants (340 persons in total) in Sulukule. Consultative meetings between the Sulukule ‘right holders’ and the Fatih municipality were reportedly organized in June and July 2006 while contacts continued from September 2006 to September 2007. Roma expert NGOs have reported that as of September 2007 ‘only 7.5% of the local residents affirmed that their opinion was asked, while 56% of them said that they have had not been contacted by the municipality’. The Turkish authorities recently reported that the prices of the demolished houses have been paid to the owners while as regards tenants, contracts have been concluded with almost all of them for the allocation of apartments in Taşoluk(a district located about 40 kilometres away from Sulukule). » (Hammarberg, 2010)

Le rapport note également des problèmes liés à la mise en œuvre des procédures. Par exemple, des habitants ont dû voir leurs maisons détruire par des interventions précipitées alors qu’ils vivaient encore dans leurs lieux de résidence. Puis, les discussions sur les transferts des droits des habitants dans les noveaux logements n’auraient pas été menées avec tous les habitants. Sur ce, la société civile a créé l’association pour le sauvegarde du quartier de Sulukule en y associant le TOKI, la Mairie de Fatih et des responsables de l’UNESCO pour proposer un plan alternatif en concertation avec la population résidente (cf. figure 8).

Figure 8 – Extrait des ateliers de Sulukule Source : www.mimdap.org

En considérant que 334 familles de 337 sont rentrées de leurs nouveaux lieux de résidence dans les environs de leur ancien quartier, la question qui se pose est de savoir en quoi cette politique de TOKI peut vraiment être durable. Le projet a avancé malgré les préconisations du Conseil de l’Europe et de l’UNESCO de prendre en compte les propositions alternatives. Aujourd’hui, le projet

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est quasiment terminé, mais querelles juridiques entre la mairie d’arrondissement de Fatih et les sociétés civiles continuent au niveau de la Cour européenne des Droits de l’homme. Ce traitement problématique de la question des habitats considérés comme insalubre portant un caractère patrimonial n’a pas fait reculer les autorités politiques. Il faut noter que le projet a été porté par la mairie d’arrondissement que le TOKI a mis en place en profitant de la proximité politique avec un centre issu du même parti. La question de la volonté politique joue donc un rôle bien plus important que la capacité de la maîtrise d’œuvre du TOKI. Quelles sont les leçons à tirer de cette opération à Sulukule ? En quoi le projet de Ben u Sen à Diyarbakir peut-il apporter un autre regard sur le processus de rénovation urbaine ?

Figure 9 – La carte en vue d’une visualisation de la distance entre le lieu de résidence du relogement et du quartier initial Source : www.sektorel.zaman.com.tr

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Troisième partie :

Les pistes vers une politique intégrée de gecekondu

Les politiques du TOKI ne sont pas sans risques pour des populations fragiles concentrées dans les quartiers informels. Meme si cette institution répond a une demande en logement de maniere tres effiace, quel est le prix a payer pour cette démarche ? Cette approche n’est donc pas durable compte tenu les critiques et surtout les retours des familles des anciens gecekondu dans leur ancien quartier. Face a cette politique sectorielle de « ville sans bidonville » en Turquie, comment intégrer dans la politique générale une démarche inclusive de la ville ? Le projet initié dans la ville de Diyarbakır est-il un premier pas d’un processus de changement de paradigme ?

Crédit image © Xavier Allard

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1. L’habitat insalubre est un système qui nécessite une approche intégrée A partir de l’exemple du gecekondu, la notion du systeme peut prendre sens : il ne s’agit pas uniquement de prendre en compte la transformation urbaine a travers une transformation du bati et un relogement dans un autre quartier. Mais il est important de réfléchir a un développement multidimensionnel. En théorie, nous pouvons parler d’une vision inclusive des villes qui peut se traduire en pratique par ce que l’on appelle le slum-upgrading qui tient compte de l’importance du capital social de quartiers de gecekondu. a. Vers une vision inclusive des villes

La fin des politiques sectorielles ?

A l’heure actuelle, la pauvreté s’urbanise dans les pays en voie de développement. Le rythme de croissance des quartiers précaires et informels dépasse celui de l’urbanisation formelle (Dafry, 2008). La prise en compte des questions urbaines dans les politiques de développement est récente remontant en fin 1980. La thèse du « biais en faveur de l’urbain » (Michael Lipton) soutient l’idée que les villes encouragent la pauvreté étant donnée qu’elles privent les habitants marginalisés des besoins essentiels (Dafry, 2008). De ce fait, les premiers éléments de plans d’ajustement structurel avaient pour but de réduire le différentiel économique et territorial provoqué par la croissance urbaine qui était vu comme obstacle au développement.

Dans cette perspective, l’AFD a fait l’objet de la création de l’unite Autorités locales et développement local pour répondre a un défi mondial a travers les acteurs locaux au pouvoir. L’agence suit une approche globale et une vision stratégique des territoires urbains qui doivent assurer une cohérence, une efficacité et une durabilité dans le développement. Plus concretement, les objectifs opérationnels de l’AFD se traduisent par les actions suivantes (Dafry, 2008) :

- le renforcement des capacités des collectivités locales partenaires - l’amélioration des conditions de vie et de la productivité urbaines : l’accès de tous au

logement, aux services essentiels, à la mobilité et à l’emploi - la promotion d’un aménagement territorial qui préserve l’environnement et le biens publics

mondiaux en milieu urbain : lutte contre les dégradations de l’environnement local du fait de la concentration urbaine, préservation des biens publics mondiaux (climat, biodiversité, patrimoine urbain et culturel ou les domaines de la santé publique)

L’accompagnement des collectivités locales par l’AFD pour une démarche durable ? Les projets de développement urbain doivent donc chercher a répondre dans une perspective de programme et dans une vision a long terme pour la ville. En pratique, l’AFD s’est positionné dans cette stratégie et a accompagné les autorités locales directement dans leurs engangement dans le développement des villes durables. A titre d’exemple, l’ancien Maire de la ville de Curitiba donne son regard sur l’interprétation d’une ville durable a travers l’image d’un animal, la tortue :

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« Cet animal, reconnu pour sa longévité, regroupe sous un meme toit la vie, l’habitat, le travail, la mobilité. Et sa Et sa carapace ressemble au plan d’une cité avec ses différents quartiers. Tout est imbriqué, tout fonctionne ensemble de façon naturelle... et durable. » (Jaime Lerner, 2011).

Curitiba est une des villes ou des projets de développement urbain intégré ont été soutenu. Parmi ces villes apparaissent également les projets qui s’inscrivent directement dans les quartiers insalubres. Ces projets s’inscrivaient dans une approche programme portant comme objectif l’intégration sociale et économique des quartiers comme défavorisé. Par exemple, la ville de Medellin, en Colombie, est face a une bidonvillisation massive de son territoire. Alors que ses bidonvilles concentrent des taux important de criminalité, le maire de la ville a choisi une perspective d’urbanisme social.

Figure 10 et 11 - L’approche de l’urbanisme social en Colombie : l’inauguration le 26 décembre 2011 du plus grand escalator dans un quartier bidonville (à droite) et le projet du Métrocable (téléférique) à Medellin (ci-dessous). Source : https://www.kentucky.com, http://www.quimbayagold.com

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Situé dans une vallée, le quartier de bidonville est de facto exclu de son environnement économique et social. Au lieu de se protéger de ces quartiers en favorisant la création des villes enclavées (les gated-communities), le choix était de désenclaver directement le quartiers par des moyens de transport. Concrétement, l’Agence française de développement a contribué au financement d’un projet de métro-cable qui relie le quartier de favelas avec le centre-ville. Mais le projet ne se limite pas a sa dimension d’un transport par un seul moyen de transport tel que le téléférique. L’acces a cette station a été facilité et élargie par la connexion d’un escalator (cf. figure ). Ces investissement sont motivés par une conviction qu’une reconnaissance donnée a ces quartiers en donnat l’acces au reste économique urbaine est une moyen qui cherche les facteurs qui ont contribué a une marginalisation d’un quartier défavorisés a la place d’une politique de slum-clearance, contrairement a d’autres projets qui peuvent intérpreter ce type de quartier autrement.

En effet, en matière de développement des quartiers insalubres, l’AFD a accompagné un projet de slum-upgrading partiel. Elle s’est inscrite dans le financement d’un projet de rénovation urbaine dont un des projets le plus important est celui au Maroc. Le gouvernement marocain a décidé de lutter contre la formation des bidonvilles les « cités de la joie ». Afin de pallier la carence en terrains réglementaires, il a élaboré un projet englobant 13 opérations prioritaires d’aménagements de terrains sur 10 communes au total. Cette opération s’adresse à 70 000 personnes, dont 25 000 issues des bidonvilles. L’objectif de l’opération est de viabiliser les terrains par des travaux de voirie, d’assainissement et de réseaux (eau et électricité), puis de les vendre aux plus défavorisés afin qu’ils puissent y construire leurs nouvelles habitations. La moitié des opérations du projet mené par l’ANHI a pour objectif la réinstallation d’habitants de bidonvilles. Les lots viabilisés sont remis aux «bidonvillois» pour un prix très modeste, représentant un tiers du coût de revient et avec des règlements fortement échelonnés. Une seule condition est fixée : le terrain auparavant occupé en zone irrégulière doit être restitué. Par conséquent, ce projet soutenu ne concerne que partiellement une vision inclusive et ne peut constituer un modele pour la promotion d’un habitat durable pour ses habitants défavorisés. b. Les enjeux du « slum-upgrading » L’enjeu d’une stratégie d’amélioration de l’habitat insalubre est de porter l’échelle d’une vision sur l’habitat a une vision portant sur un quartier. Il s’avere que les projets qui portent sur la destruction des quartiers des habitats insalubres coutent 10 a 15 fois plus chers aux autorités. En effet, il peut etre interessant d’améliorer l’habitat sur le ledit lieu du quartier informel au lieu de déplacer le probleme comme nous le voyons avec l’exemple du TOKI.

Mais le slum-upgrading ne doit pas uniquement prendre en compte une tranformation urbaine. Cette transformation peut s’opérer par des interventions qui vont donner une reconnaissance au quartier pour traiter le probleme sur place au lieu de déplacer le probleme. Certaines opération pionnieres au Brésil peuvent bien etre pris comme exemple, a savoir le projet de « favela painting » qui est un programme tenu par une équipe formée par M. Jeroen Koolhas et Dre Urhan, respectivement professionnels dans le secteur du design et du mangment (cf. figure 11). Le projet consiste, simplement, en la peinture des façades des bidonvilles au Brésil. Il s’agissait d’associer les habitants au projet en les faisant peindre leurs habitats, ce qui leur a permis de développer des compétences en la matiere. Le résultat : un autre regard exterieur est porte sur les favelas, car il s’avere que le probleme de bidonville, de gecekondu etc. est bien plus un probleme de son propre rayonnement autour de lui.

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Figure 12 - Le projet de « Favela painting », Source : www.favelapainting.com

Les bénéfices économiques et sociales d’une amélioration d’habitat ne doivent pas etre négligées. Par exemple, pour une zone récemment rénovée au Guatemala dans la région de El Mezquital, la mortalité infantile a diminué de 90% et le taux de criminilisation de 43% (MIT, 200. La régularisation fonciere a connu des résultats tres importants et a contribué au développement des investissements privés.

Une gouvernance adaptée a un enjeu social : la maitrise d’œuvre urbaine sociale La question se pose au niveau de la gestion des programmes d’intégration de l’habitat insalubre dans le systeme urbain. En ce cens, la maitrise d’ouvrage sociale est une pratique forgée sur l’expérience de projets de résorption de quartiers insalubres dans de multiples villes du monde, dont les problématiques sont proches de celles de Diyarbakır. L’idée est, au fait, d’insérer une dimension sociale dans les projets urbains. Cela se traduit par un accompagnement des populations tout au long du processus d’élaboration des projets et par leur implication dans les phaes de programmation d’élaboration de projet et de réalisation concrete des chantiers (Ville de Rennes, 2010). Mener une politique de résorption des quartiers de gecekondu nécessite un véritable engangement des populations concernées :

- en amont des projets, afin de mieux appréhender leurs conditions sociales, économiques et culturelles, leur donner un role et eviter les resistances diverses

- en cours de projets, trouvant des formules participatives des populations, notamment dans la mise en place des projets (insertion économiques).

En vu d’un montage d’opération urbaine, des étapes sont donc a suivre pour la mise en place d’un projet dans cette ampleur, comme l’étude d’une faisabililité au niveau de l’état des propriétaires sur le terrain et les statuts des sols ou encore le diagnostic des batiments a rehabiliter et detruire. C’est apres la définition d’un programme de ce montage qu’une analyse sur la conception de l’architecture et du design sont a definir.

Cependant, la mise en place des Ateliers de Cergy ont vu le jour avant meme une analyse de

la faisabilite du projet. Le projet des ateliers a Diyarbakır n’est-il pas un projet qui s’inscrit en avance sur tout le montage préliminaire d’un tel projet ambitieux ? Les ateliers ont-ils été victimes d’une phantasie utopiste sous l’implulsion d’une approche en urbanisme culturaliste par rapport a un urbanisme progressiste du TOKI?

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2. Accompagner une collectivité locale dans une maîtrise d’œuvre urbaine de gecekondu a. La ville de Diyarbakir accueille les Ateliers de Cergy

La présentation de la ville de Diyarbakir

Diyarbakir est située dans une région à dominante culturelle kurde, qui s'étend dans le sud-est de la Turquie, le nord-est de l'Irak, le nord-ouest de l'Iran et sur deux petites régions au nord-est et nordouest de la Syrie. Loin des zones d’attraction touristique ou de développement industriel, la région de Diyarbakir possède des ressources en pétrole et surtout en eau. Diyarbakir, préfecture de la province turque qui porte son nom, arrosée par le Tigre, est située au coeur de la Mésopotamie, « berceau de l'humanité ». Tout comme l’ensemble de la Turquie, la région connaît une activité sismique importante, due au fonctionnement de la faille nord-anatolienne, responsable de tremblements de terre. Aujourd’hui, Diyarbakir se compose d'un urbanisme dual, opposant la modernité, le confort, et l’homogénéité des immeubles récents, à la pauvreté, l’intensité et l’ancrage culturel identitaire des gecekondu et du centre historique (Ateliers, 2011)

La ville originelle s'est construite sur un éperon basaltique à 650 mètres d'altitude, limite orientale d'un vaste plateau qui prolonge jusqu'au Tigre le massif montagneux du Karaca. Cet emplacement surplombe par son flanc Est de 100 mètres la vallée, formée par un méandre du fleuve qui entoure les jardins fertiles du Hevsel (Ateliers, 2011).Diyarbakir prend d'abord la forme d'une citadelle, encerclée par une enceinte qui atteint encore aujourd'hui plus de 5,5 km de longueur. L'intérêt historique et la valeur patrimoniale du centre ancien de Diyarbakir sont considérés par l'ensemble des acteurs publics comme un levier potentiel de développement économique. Cependant, l'intramuros est aujourd'hui extrêmement paupérisé, déserté par les populations aisées. Nombreux sont les monuments d'intérêt majeur, ou encore le bâti ordinaire, menaçant ruine.

Le projet des Ateliers de Cergy a Diyarbakır

Les Ateliers de Cergy sont une associaton de maitrise d’œuvre urbaine internationale (cf. annexe 3) qui consiste en un atelier de trois équipes réunies pour présenter des visions pluridisciplianres (paysagistes, urbanistes et architects) sur les aménagement urbaines. Cette association intervient dans le cadre de la coopération menée par la Ville de Rennes et la MMD. La collectivité locale turque a pu faire émerger un projet d’intervention sur le quartier d’habitat informel de Ben U Sen. Les objectifs sont ainsi précisément :

§ Amélioration de la qualité de vie des populations ; § Souhait de reloger le maximum de personnes sur place ; § Prise en compte des fragilités des habitants ; § Volonté à travers ces travaux de changer l’image de ce quartier sans changer la population

qui l’habite. Ces éléments font de l’opération Ben u Sen un véritable projetde transformation urbaine, mais aussi économique et social.

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b. Le quartier gecekondu de Ben u Sen : son identité et ses enjeux

Recherches et analyses pour la rénovation urbaine du quartier Ben u Sen Ben u Sen est un des plus anciens quartiers de gecekondu a Diyarbakır a l’issue d’une

migration forcée en raison des conflits armés dans les villages. Sa situation a pied des anciens remparts de la ville de Diyarbakır font de ce lieu un potentiel lieu de patrimoine. Regroupant une population de 28.000 habitant, Ben u Sen a conservé pendant 40 ans son identité rurale aupres de la ville.

Le rapport réalisé par la Faculté d’Architecture de l’Université de Dicle sous la direction de

Mme. Devrim Türkan KEJANLI, Mme. F. Demet AYKAL, Mme. Aysel YILMAZ et Mme. Mine BARAN définit les différents caractéristiques de ce quartier. Il s’agit d’un travail d’enquête tournée vers les habitants et portant sur la satisfaction de leur logement, du commerce, les lieux publics et les liens de solidarité. Il s’agit d’une première enquête de 87 questions. Elle porte sur 120 ménages en tenant compte de la situation familiale, des raisons du choix de leur logement, des caractéristiques de leur logement et de leur niveau de satisfaction. Apres une premiere enquete insignificative, le nombre d’observations a été augmenté de 120 à 264 lieux de résidences. Selon l’enquete, deux grandes populations occupent les habitats de Ben u Sen. Le grand nombre de migrants forcés entre les années 1980-1999, obligés de s’installer dans ce quartier, une bonne partie des habitants sont constitués par les citadins du centre-ville même de Diyarbakır qui ont du immigrer durant la crise économique en 2001. En effet, selon cette enquete, 31,8% des habitants vit depuis 20 ans a Ben u Sen. Dans chaque logement environ entre 1 à 27 personnes vivent dans un appartement, soit en moyenne 7 personnes par logement. 59,8% des chefs de familles sont analphabètes et 11,7% ont obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur. 30% des habitants sont des locataires (loyers entre 100 et 300 TRL). 66,3% des ménages ont un revenu en dessous de 500 TL, 56% des chefs de famille n’ont pas un travail régulier. Un nombre important de ces chefs de famille travaille dans les constructions en exposant la main d’œuvre a des risques importants de santé (en sachant que seul 66% détiennent une carte verte) 61% des habitants ont un proche dans le quartier. Les ménages fréquentent beaucoup avec leurs proches ainsi que leurs voisins. Des difficultés de transport étant donnée les routes étroites rend la desserte au centre ville difficile malgré leur proximité éminente : 2 ménages sur 3 expriment son insatisfaction de la distance a l’arrêt de bus. 60% des ménages font leurs courses d’alimentation en dehors de leur quartier, 76% pour les courses d’habits. 3% des ménages ont accès à internet Les appartements sont en général composés de trois chambres. La chambre qui est utilisée de manière la plus effective est la salle a séjour qui sert a : manger, se reposer, les révisions des enfants, l’accueil des invités et comme dortoir pour un certain nombre de ses habitants. 20% des logements sont toujours équipées ou presque inutilisable par au moins d’une cuisine, d’une salle de bain ou d’une toilette. Les résidents ont donc trouvé la solution en partageant ces lieux - 80% des habitants se plaignent de la petite taille de leurs maisons. 80% des lieux fermés dans les

appartements sont en moyenne 82m2 et de 30 à 300m2. - Seul 10% a opéré des changements dans la structure de son habitat. Si les habitants avaient

l’opportunité d’améliorer leur lieu de résidence compte 90% des enquêtés.

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- Un autre élément gênant pour les habitants est la condition sanitaire et le niveau élevé d’humidité.

- 65% des logements dispose au plus d’une chambre qui reçoit la lumière extérieure. - 72% des logements sont insatisfaits de vivre dans des appartements qui sont embriqués - 96% des habitants voudraient déménager, notamment dans le lieu ou les quartiers modernes de

Diyarbakır se construisent. Figure 13 - Une carte satellite du quartier de Ben u Sen au pied de la muraille de la vieille ville Source : Les Ateliers, 2011

A l’issue des ateliers de Cergy, les trois équipes ont présenté leurs projets et ont été jugées par un jury international, ce qui a donné lieu aux conclusion suivantes :

1. Le quartier présente une qualité générale des espaces urbains et des ambiances qui sont autant d'éléments fondateurs du vivre-ensemble. Les formes bâties existantes ont une pertinence du point de vue du climat, et beaucoup de petits espaces publics mériteraient d’être valorisés. Ces éléments paraissent devoir être maintenus ou sauvegardés. 2. Sans nier les difficultés qui caractérisent la vie sociale dans le quartier, il existe à Ben U Sen une certaine qualité du vivre-ensemble. 3- Il existe à Ben U Sen un riche « patrimoine de la spontanéité » : escaliers, fontaines, tandooris.. C'est ce patrimoine "qui fait lieu", qui constitue l'identité de ce quartier. 4. Il convient à travers l'intervention sur le quartier de Ben U Sen de redonner à la population la liberté de choisir son lieu de résidence, dans un parcours personnel ou familial présentant des possibilités diversifiées, qui ne soit plus contraint ou bloqué. 5- A des degrés divers, les différentes équipes ont montré qu'il existe un fort besoin de renouvellement du cadre bâti, pour des raisons d’hygiène, de structure et de qualité d'usage. Il faudra sans doute réhabiliter, mais surtout beaucoup détruire et reconstruire, dans un objectif de salubrité et de sécurité sismique, mais reconstruire sur le même « modèle » en termes de formes urbaines. 6- Le quartier de Ben U Sen est à replacer dans la ville, dans un réseau de relations à différentes échelles. Il convient de renforcer la perméabilité de la muraille, afin de penser le développement urbain de part et d'autre de façon coordonnée. A ce titre, il semble déterminant de prendre en compte Ali Pasa dans les projets de développement de Ben U Sen, et inversement. Il convient

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également de continuer à relier ce territoire avec la Vallée du Tigre, avec l’université, à l'échelle du grand paysage. Ce qui implique une reconnaissance et un respect de ce grand paysage, notamment face aux projets de construction qui se font jour. Car s’il y a une échelle pertinente pour une éventuelle inscription de Diyarbakir au titre du patrimoine mondial UNESCO, c’est celle de la muraille jusqu’à la Vallée du Tigre. Le vrai danger pour cette candidature UNESCO n’est pas la construction au pied des murailles, mais la construction des immeubles sur la colline de Kirklar, qui surplombe le vieux pont des dix yeux. 7- Enfin, il parait important de ne pas limiter la muraille à une fonction de patrimoine à contempler. Ainsi il ne parait pas forcément justifié de constituer une bande de 100 m vierge de toute activité le long de la muraille.

Il est important de noter que l’organisation des Ateliers n’était pas un premier en Turquie comme il était indiqué dans ce mémoire. Néanmoins, il s’agit d’un tout premier projet incluant un acteur bilateral disposant d’un moyen d’intervention financier et en expertise en projet urbain. En dépit des propositions méthodologiques du slum-upgrading, il s’agit d’un projet qui s’inscrit dans la derniere etape de tout un processus comme nous avons mentionné dans le montage du projet dans le cadre d’une maitrise d’œuvre sociale, c’est-a-dire la conception du gecekondu. En effet, quelle est la différence entre les Ateliers et le TOKI si ce n’est que les Ateliers ont une conception culturaliste alors que le TOKI une vision progressiste : les Ateliers préferent garder la conception du bati sur place et le TOKI voit sa propre vision dans des « machines a vivre ». C’est ainsi que les intervention du jury ont joué un role assez important en ce sens qu’elles permettaient d’attirer l’attention aux réalités institutionnelles et aux contraintes sur place. A partir de ce stade, comment peuvent se positionner les acteurs pour la mise en place d’un processus d’un projet ambitieux et quel peut etre la place d’un bailleur bilatéral, a savoir l’AFD ? c. Les scénarios pour l’évolution d’un quartier auto-construit consolidé

Les propositions des équipes recèlent une dimension méthodologique très forte, pour affronter les problèmes du quartier : une échelle d’intervention sur une ou deux générations, par un renouvellement progressif à travers des opérations successives, incluant une densification du nombre de logements (passage de 4000 à 5000 logements à terme). Cette démarche passe à court terme par une logique de relogement des familles (opérations "tiroirs"), à moyen terme par le développement de la décohabitation des ménages et à long terme par un schéma de mobilité résidentielle retrouvée. Deux conditions fortes paraissent à ce stade devoir être réunies pour avancer dans cette voie.

- Il convient avant tout de poser la question de la construction du pilotage de ce projet, se donner une définition précise de la responsabilité stratégique de la conduite du projet, dans sa dimension politique comme dans sa dimension technique. Préciser également sur quels outils opérationnels, quels opérateurs, cette maîtrise d'ouvrage pourra s’appuyer.

- Il est également nécessaire de s'équiper d'une compétence de conception urbaine (espace urbain, formes urbaines, accessibilité, bâti) capable de projeter ce quartier, avec suffisamment d’ambition pour tenir dans la durée. Car il s'agira d'un processus très long, à l’échelle d’une génération au moins. Il parait essentiel, pour le bénéfice de Diyarbakir et de ce quartier, de faire appel à des concepteurs urbains de haut niveau. Dans l'esprit qui a parcouru les Ateliers de Diyarbakir pendant quinze jours, il serait heureux d'arriver à organiser une consultation internationale, pour mobiliser sur ce site un certain nombre de savoir-faire largement reconnus.

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Les pré-requis opérationnels d’un projet de slum-upgrading

En premier lieur, la clarification préalable de la question foncière d’un point de vue social, légal et financier sont nécessaires. Des déplacements des occupants ou propriétaires (si percement de nouvelles voies, création de nouveaux équipement, ou nouvelle règle d’alignement le long des voies), des remembrements des parcelles et des processus de sécurisation de l’occupation du foncier, découleront inévitablement d’un projet de rénovation du quartier de Ben U Sen. Il convient donc que la Municipalité examine toutes les conditions légales et mette en œuvre les ressources humaines et techniques nécessaires pour comprendre, puis agir sur le foncier. En effet, la superposition de différents statuts fonciers (terrains publics ou privés), qui ne se superposent souvent pas avec la réalité des occupations foncières (occupants souvent locataires du terrain, et propriétaire de leur maison), va nécessiter dans le cadre de l’opération de rénovation urbaine un accompagnement social et un traitement du foncier et de son occupation au cas par cas. Il existe des risques important concernant ce sujet, car la Municipalité peut être confrontée à de multiples situations individuelles différentes, qui pourraient ralentir le processus en allongeant considérablement la phase de traitement de la question foncière si ces situations sont traitées de manière uniforme, ou de manière insuffisamment transparente.

En second temps, la question du travail avec les habitants est une phase difficile. Il faut que la MMD s’organise pour mettre en place une instance de concertation sociale autour du projet, dont l’objectif devrait être de faciliter l’information, l’accès et l’appropriation des projets par les habitants. Cette compétence qui pourra s’incarner dans un service spécifique ou un opérateur à créer devra à la fois être intégrée aux instances de projet pour en comprendre les objectifs et contraintes, mais avoir suffisamment d’autonomie pour être crédible aux yeux des habitants. Son rôle sera notamment de traduire les orientations techniques du projet dans le langage quotidien des habitants et inversement retraduire les attentes / inquiétudes de ces derniers dans un langage de technicien aux autres acteurs du projet. C’est ainsi que pourront s’opérer tout au long du projet les ajustements nécessaires à toute confrontation de la théorie à la pratique.

L’organisation du projet La conduite des travaux devra être confiée à une entité responsable des travaux. Cette entité

responsable des travaux est chargée par l’institution responsable de concevoir l’opération selon le programme fourni par l’institution responsable, de diriger l’exécution des marchés de travaux, de proposer le règlement des travaux et leur réception. Ses missions essentielles sont notamment : les études d’esquisse, les études d’avant projet, les études de conception, la passation des marchés de travaux, la réception des travaux. C'est le responsable des travaux qui répond au programme fonctionnel fixé par l’institution responsable. Véritable bras droit de la MMD, le responsable des travaux devra lui proposer une solution technique et esthétique qui permet de réaliser l’opération, dans l'enveloppe budgétaire et les délais qui lui sont assignés. Dans cette perspective, la MMD doit déterminer la place du TOKI qui peut etre les suivantes : Soit en tant qu’entité chargée de l’opération d’aménagement : dans ce cas, la MMD constaterait la trop grande difficulté pour elle à assumer seule son rôle d’institution responsable d’une opération complexe et laisserait au TOKI ce rôle.

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Soit en tant qu’entité responsable des travaux sur la totalité de l’opération : dans ce cas, il serait inutile de lancer un concours international d’urbanisme puisque la MMD chargerait le TOKI de traduire ou de faire traduire techniquement et esthétiquement son programme. Cette solution peut s’envisager. Mais il semble par rapport a l’expérience limitée du TOKI sur ce type d’interventions, le recours à une entité chargée des travaux avec une compétence de concepteur et une expérience internationale serait préférable. Soit en tant qu’entité responsable des travaux sur une partie de l’opération : dans ce dernier cas, TOKI interviendrait sur une fraction du programme comme un intervenant mandaté par la MMD (en tant qu’institution responsable) et sous le contrôle d’une entité responsable de la globalité des travaux. En l’occurrence, l’intervention du TOKI pourrait par exemple s’envisager d’une manière ciblée géographiquement sur un secteur de Ben u Sen (logique d’un ilôt test). Dans un second temps, d’autres secteurs pourraient être confiés au TOKI. Cette dernière option présente l’avantage de construire une nouvelle forme de partenariat entre la MMD et le Toki.

A ce stade, il est important de définir un positionnement de l’AFD dans sa stratégie de partenariat avec les autorités turques dans son approche de soutenir un développement urbain intégré dans ou des quartiers insalubres dans d’autres pays. L’AFD peut s’avérer comme force motrice dans le lien tripartite entre la Ville de Rennes, la MMD et l’acteur central qu’est le TOKI où les compétences de chacune de ces institutions pour la mise en œuvre de ce projet. A cet égard, un accent encore plus important doit être porté sur le caractère patrimonial du site de Ben u Sen et de mettre en perspective de projet spécifique dans un contexte international ou de nombreux projet de slum-upgrading contraiament au slum-clearance se développe de plus en plus. La question est de savoir comment ce projet peut être adossé à une vision sectorielle existante comme le patrimoine culturel comme levier.

Toujours est-il que l’Agence est très en amont dans un projet-pilote et s’est posé un challenge nécessitant l’acteur local pour une intervention dans la gestion du quartier insalubre avec le soutien de la volonté politique centrale. Mais comment faire le lien dans la pratique entre ces deux entités si l’un dispose d’un contrôle continu sur l’autre ? A ce titre, le projet ne doit pas apparaître comme une contestation du pouvoir central, mais comme un projet commun clé en main où TOKI jouera le rôle en dernier ressort dans la mise en place. Une prochaine étape est donc la préparation d’une phase de concours international pour un projet novateur dans le cadre des projets du TOKI.

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Conclusion Dans un contexte d’une inégalité territoriale encouragé par une forte urbanisation, le traitement de la question de l’habitat insalubre s’est placé au centre des politiques de « transformation urbaine » menée par l’acteur principal TOKI. Faute de moyens pour saisir au mieux de leurs compétences en gestion urbaine (notamment en aménagement urbain et en rénovation urbaine) récemment acquises, les collectivités locales, pourtant premieres autorités concernées par les problématiques locales, ne peuve pas développer une vision intégrée de leur ville. Bien que les actions du TOKI se justifient par une motivation a éradiquer les gecekondu etant comme les concentrations de la pauvreté urbaine, la relation de causalite entre pauvreté urbaine et bidonville ne va pas de soi. Les résultats des interventions sectorielles systematiques par le TOKI a construire des villes en « bulldozers » connaissent des impacts nuancés, voire a point que de nombreuses familles cherchent a rentrer dans leur quartiers d’origine comme a Sulukule.

C’est dans cette perspective que la Ville de Diyarbakır a choisi de travailler par le biais de la coopération décentralisée avec la Ville de Rennes sur un projet tres en amont pour chercher des démarches alternatives dans la mise au point d’un premier projet de slum-upgrading en Turquie. Mais la mise en pratique d’un tel projet a ce stade permettra-t-il de provoquer la premiere connexion pour un développement en boucle ? Il est clair que tous les acteurs sont dans une phase de bricolage institutionnelle pour arriver aux buts affichés. L’importance dans ce projet réside dans la présence des acteurs internationaux qui peuvent apporter leurs expertises. Toutefois, une agence comme l’AFD, déjà impliquée dans des projets de slum-clearance, peut-elle défendre une vision inclusive en Turquie ? Nous pouvons d’ores et deja identifier l’importance de la volonté de l’acteur central dans le cadre de projet qui sera déterminant pour la conrétisation du projet. A ce stade, il est crucial de porter notre attention sur les recherches de la faisabilité d’une nouvelle forme de gestion urbaine.

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Bibliographie ATELIERS DE CERGY (2011). Ben u Sen Analysis Document : Potential evolution of a self made district. BARTOLI, Sarah (2011). Eliminer les bidonvilles = éliminer la pauvreté, ou les charmes pervers d’une fausse

évidence. L’économie politique no.049

BAYRAKTAR, Erdoğan. (2007). Bir İnsanlık Hakkı Konut : TOKI’nin Planlı Kentleşme ve Konut Üretim Seferberliği. Boyut Yayın Grubu.

BUĞRA, Ayşe et KEYDER Çağlar (2003). New Poverty and the changing Welfare Regime of Turkey. Report preprared for the UNDP DARDY, Clémentine sous la direction de Guillaume Josse (2008). La gouvernance urbaine, de la théorie aux projets :

Analyse conceptuelle et lignes d’action pour l’AFD. ERMAN, Tahire (2004) ‘Gecekondu Çalışmalarında 'Öteki' Olarak Gecekondulu Kurguları’ European Journal

of Turkish Studies, Thematic Issue N°1 - Gecekondu, URL: http://www.ejts.org/document85.html

HAMMARBERG, Thomas (2010). Report of Commissioner for Human Rights of the Council of Europe KELEŞ, Ruşen. (2006). Kentleşme Politikası. İmge Kitabevi MESSICARD, Elise et BAYRAKTAR, Ulaş (2011). La décentralisation en Turquie. AFD Focales OECD (2011). OECD Regional outlook 2011 : Building resilient regions for stronger economies. PETIT, Clément. (2011). Engagement militant et politisation des mobilisations au sein des oppositions urbaines à

Istanbul EchoGéo. Numéro 16 http://echogeo.revues.org/12445, http://www.sulukuleatolyesi.blogspot.com/ PEROUSE, Jean-François (2004). Les tribulations du terme gecekondu (1947-2004) : une lente perte de substance. Pour

une clarification terminologique. European Journal of Turkish Studies, Thematic Issue N°1 - Gecekondu, URL: http://www.ejts.org/document117.html

TEKELI, İlhan. (2009) Konut Sorununu Konut Sunum Biçimleriyle Düşünmek. Tarih Vakfı Yurt Yayınları İlhan Toplu Eserleri -13

TÜIK (2004). Household Budget Survey : Income Distribution Turkey – Urban – Rural UN-HABITAT (2003). The Challenge of Slums : Global Report on Human Settlements 2003 UNDP (2011). Millenium Development Goals Report Turkey 2010 VARYANS (2011). Kentsel Dönüşüm Projelerinde Memnuniyet Araştırması. VILLE DE RENNES. (2010). Cahiers méthdologiques. Diyarbakır : d’une ville en crise vers une ville durable.

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Table de matières Préambule p.3

Remerciements p.4

Liste d’acronymes p.5

Liste de figures et des illustrations p.5

Sommaire p.6

Introduction p.7

Première partie : La croissance urbaine dans le contexte institutionnel en Turquie p.8

1. L’organisation politique des autorités locales en Turquie p.9 a. Un processus de décentralisation inachevé ? p.9 b. Les différentes échelles de la planification urbaine en Turquie

p.11

2. Un développement inégal à deux échelles territoriales p.12 a. Une répartition de richesses inégale entre les territoires p.12 b. Un phénomène de pauvreté encore rurale

p.15

3. Le développement du gecekondu p.16 a. Les premières définitions d’un habitat informel p.16 b. Quelle reconnaissance pour « l’autre » ?

p.17

Deuxième partie : Une politique de logement sans planification urbaine

p.18

1. La politique de l’habitat informel du TOKI p.19 a. L’histoire du logement social en Turquie p.19 b. Le TOKI de plus en plus comme seul acteur en matière de logement social

p.21

2. Les limites d’une politique sectorielle du logement p.23 a. Un premier diagnostic : des impacts nuancés p.24 b. Les faibles signes d’une amélioration

p.25

Troisième partie : Les pistes vers une politique intégrée de gecekondu

p.28

1. L’habitat insalubre est un système qui nécessite une approche intégrée p.29 a. Vers une vision inclusive des villes p.29 b. Les enjeux du « slum-upgrading »

p.31

2. Accompagner une collectivité locale dans une maîtrise d’œuvre urbaine de gecekondu p.33

a. La ville de Diyarbakir accueille les Ateliers de Cergy p.33 b. Le quartier gecekondu de Ben u sen : son identité et ses enjeux p.34 c. Les scénarios pour l’évolution d’un quartier auto-construit consolidé p.36

Conclusion p.39

Bibliographie p.40

Table de matières p.41

Annexes p.42

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Annexes Annexe 1 : Présentation de l’Agence française de développement (AFD) Annexe 2 : Les dossiers analysés lors du stage Annexe 3 : Présentation des Ateliers de Cergy Annexe 4 : Quelques résultats de l’enquete de satisfaction VARYANS/TOKI Annexe 1 - Présentation de l’Agence française de développement (AFD)

L’histoire : De la Caisse centrale de la France libre au Groupe de l’Agence française de développement 1941 : l’ordonnance du 2 décembre crée la Caisse centrale de la France Libre. Son rôle est essentiellement celui d’un institut d’émission monétaire et du Trésor public. En 1943, la Caisse centrale de la France libre s’installe à Alger. 1958-1981 : L’accession à l’Indépendance de la plupart des territoires d’Outre-mer marque une nouvelle étape. La Caisse centrale de l’Outre-mer devient la Caisse centrale de coopération économique. Elle contribue à la mise en place des nouveaux Etats et son champ géographique s’étend au-delà des pays de l’ancienne communauté française. 1989-1992 : Le monde connaît de profonds bouleversements politiques, économiques et sociaux. L’activité de la Caisse centrale n’est plus limitée aux prêts et aux participations, elle peut désormais consentir des subventions aux pays les plus pauvres. En 1992, elle devient la Caisse française de développement. 1992-2009 : La mondialisation crée de nouveaux enjeux. La Caisse française devient l’Agence française de développement (Décret du 17 avril 1998). Le gouvernement français lui assigne de nouvelles missions dans le cadre de la réforme du dispositif public de coopération. Elle réaffirme sa vocation de «banque de développement», tout en élargissant ses compétences en faveur des secteurs sociaux prioritaires. Les conclusions du Comité Interministériel de la Coopération Internationale et du Développement (CICID) du 5 juin 2009 autorisent l'AFD à intervenir dans une dizaine de nouveaux pays d'Asie et d'Amérique Latine (Mexique, Colombie, Bangladesh, Malaisie, Philippines, Sri Lanka, Kazakhstan, Ouzbékistan et Mongolie), pour des interventions ciblées sur un mandat de « croissance verte et solidaire ». Voir le Décret du 5 juin 2009 relatif à l'Agence Française de Développement

Source : Site internet de l’AFD (dernier accès le 21 décembre 2011)

Le statut et les missions du Groupe Agence française de développement (source : www.afd.fr)

Institution financière publique, l’Agence Française de Développement lutte contre la pauvreté, soutient la croissance économique et participe à la valorisation des biens publics mondiaux dans les pays en développement, les pays émergents et l’Outre-mer. Elle agit sous le contrôle et en étroite collaboration avec ses ministères de tutelle : ministère des Affaires étrangères et européennes ; ministère de l’Economie, de l'Industrie et de l’Emploi ; ministère de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités territoriales et de l’Immigration. Grâce à la large gamme d’instruments financiers qu’elle a su développer et enrichir, l’AFD soutient les pouvoirs publics, le secteur privé et les réseaux associatifs locaux pour la mise en œuvre de projets économiques et sociaux très divers. Elle intervient ainsi dans cinq continents et dans l'Outre-mer. Ses actions en faveur de la croissance économique et de la préservation de l’environnement s’inscrivent directement dans le cadre des Objectifs du Millénaire (OMD). Ces objectifs de développement prioritaires ont été définis en 2000 par les Nations unies, visant à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici à 2015. L’AFD contribue également à la préservation des biens publics mondiaux et peut répondre à des situations de crise. Elle développe aussi des partenariats financiers et intellectuels avec d’autres bailleurs de fonds et s’attache à défendre l’influence française dans la sphère du développement. Elle met en œuvre les orientations définies dans le cadre du Comité interministériel pour la coopération internationale et le développement (Cicid), présidé par le Premier ministre.

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Répartition des autorisations de financement par instrument en 2005, 2009 et 2010 (en M€)

1535

4786 5334

35

104 158

33

195 202

55

142 190

531

471 507305

502 450

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2005 2009 2010

Garanties et financement des PME dansl'outre-mer

Prêts et dotations dans l'outre-mer

Aides budgétaires dans les paysd'intervention

Participations dans les pays d'intervention

Garanties dans les pays d'intervention

Prêts et subventions dans les paysd'intervention

Répartition des autorisations de financement par secteur (en 2010)

35%

25%

18%

9%

7%3% 3%

Infrastructures et dév eloppement urbain

Secteur productif

Env ironnement et ressources naturelles

Eau et assainissement

Autres Multisecteurs

Agriculture et sécurité alimentaire

Secteurs sociaux (éducation, santé et luttecontre le SIDA)

Répartition des autorisations de financement par zone géographique (en 2010)

2160

1353

1307

924Afrique subsaharrienne

Méditérranée et Moy en-Orient

Amérique latine etCaraibes

Asie et Pacifique

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Les principales orientations du Projet d’orientation stratégique 2007-2011 sont les suivantes :

§ Déployer une offre diversifiée intégrant conseil, renforcement des capacités et financement et consacrer 10 % du produit net bancaire à la production de connaissances, à la formation et au conseil

§ Consacrer au moins 40 % des opérations à la promotion de la croissance, 40 % à la lutte contre la pauvreté et 40 % aux Biens publics mondiaux (certaines opérations contribuent simultanément à plusieurs objectifs);

§ Consacrer au moins 80% des subventions et 60% des ressources budgétaires totales de l’Agence à l’Afrique subsaharienne, et élargir son activité de prêts à l’ensemble de ce continent.

Le positionnement stratégique de l’AFD en Turquie La Turquie est un pays émergent qui, à l’heure des négociations avec l’Union européenne, connaît une expansion importante de son économie. C’est dans la lignée de cette expansion que deux problèmes doivent attirer l’attention des autorités publiques et privées pour un développement durable : une expansion économique sobre en carbone pour limiter les effets du changement climatique et un développement territorial équilibré. Annexe 2 : Les dossiers suivis lors du stage - (A) Soutien à la municipalité de Gaziantep pour sa politique environnementale - (B) Instruction d’un projet de transport public et d’aménagement urbain à Istanbul (A) Soutien à la municipalité de Gaziantep pour sa politique environnementale Face à l’ampleur des besoins financiers liés au phénomène d’urbanisation, l’Etat Turc met en œuvre une politique de renforcement des collectivités locales. Le Parlement turc a ainsi adopté une série de lois visant à la décentralisation et distribuant les compétences entre les services de l’Etat et les municipalités. La ville de Gaziantep qui compte environ 1,2 millions d’habitants et connaît une urbanisation galopante due à une croissance démographique élevée du fait de son attrait économique. Située à 135 km d’Alep en Syrie, à proximité des rives de l’Euphrate, la ville joue le rôle de capitale régionale pour le grand sud de la Turquie et la partie septentrionale du Moyen-Orient. Son influence s’appuie sur un fort dynamisme économique qui hisse Gaziantep au 4ème rang des villes turques en termes de développement industriel. Objectifs Afin de faire face au double enjeu de l’urbanisation et de la protection de l’environnement, la Municipalité Métropolitaine de Gaziantep (MMG) a décidé de s’engager dans une démarche volontaire d’élaboration d’une politique urbaine soucieuse de l’environnement et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Descriptif du projet La MMG et l’AFD ont signé en juillet 2010 un accord de partenariat sur le thème de la planification environnementale. Dans le cadre de ce partenariat, une étude de préparation d’un Plan Climat Territorial (PCT) à été cofinancée et confiée à un consortium composé de consultants français et turcs. La première phase de l’étude qui consiste en un diagnostic des facteurs d’émission de gaz à effet de serre de la ville a donné lieu à la rédaction d’un profil climat de Gaziantep. La seconde phase de l’étude, en cours de réalisation, devra permettre de préparer les actions d’un PCT pour la ville.

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La réalisation de cette étude devrait permettre d’identifier des projets d’investissements qui pourraient faire l’objet d’un soutien de la part de l’AFD. Impacts Gaziantep est la première municipalité métropolitaine de Turquie à prendre l’initiative de réaliser un plan climat sur son territoire. A l’issue de la première phase de l’étude, la ville a présenté sa politique environnementale au sommet international sur le changement climatique de Cancun en novembre 2010. Les résultats finaux de l’étude seront l’occasion pour la ville de définir ses priorités en termes de lutte contre le changement climatique pour les années à venir. La MMG souhaite également servir d’exemple pour que d’autres villes de Turquie et de la région mettent en place une politique planifiée de lutte contre le changement climatique à l’échelle locale. (B) Instruction d’un projet de transport public et d’aménagement urbain à Istanbul Conformément à son mandat d’accompagner la Turquie dans sa politique de lutte contre le changement climatique, l’AFD a participé avec la Banque européenne d’investissement (BEI) au financement du transport public sobre en carbone en 2006 et en 2008, à savoir la deuxième ligne de métro à la hauteur de 120 millions d’euros. Ayant connu des impacts considérables sur la gestion des déplacements d’une ville à 15 millions d’habitants, la MMI a encore sollicité l’AFD pour participer au financement de l’extension de la même ligne vers le sud de la ville à la péninsule historique où elle rejoindra une station multimodale. Cette future station multimodale présente aujourd’hui la particularité d’être le plus grand chantier archéologique naval du monde. A cet égard, dans le souci de promouvoir une approche globale de la planification urbaine, l’enjeu dans ce projet est double. D’abord, l’AFD souhaite accompagner la MMI dans sa politique de transport en finançant l’extension d’une ligne de transport public ferroviaire. Certes, la connexion à une station multimodale au sud est critique pour les déplacements quotidiens. Mais, l’AFD cherche à s’inscrire dans un processus de maitrise d’œuvre urbaine en amont pour accompagner la ville dans sa programmation de l’aménagement de ce site multimodal unique a l’échelle urbaine mais aussi régionale qui arbitrera également un archéoparc. Le challenge est de provoquer le lien entre un projet de transport et un programme d’aménagement urbain. A ce stade, nous sommes encore au début d’un processus lent et qui ne s’est pas encore traduit par une action concrète. Il faut dernièrement noter qu’un projet de coopération technique avec la MMI sera peut-être gelée en raison des dernières évolutions diplomatiques entre la Turquie et la France.

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Annexe 3 : Présentation des Ateliers de Cergy

Association à but non lucratif créée en 1982 à l’initiative des urbanistes de la Ville Nouvelle de Cergy-Pontoise, les Ateliers sont un réseau international de professionnels, d'universitaires et de décideurs en matière d'aménagement urbain. Centrée sur la pratique de la maîtrise d'œuvre urbaine, l'association organise des ateliers envisagés comme un lieu de conception et de créativité collective. En France ou dans d'autres pays, ces ateliers apportent aux maîtres d'ouvrage un regard international et des propositions illustrées sur la stratégie territoriale et les projets d’aménagement urbain. Ils sont aussi, par la confrontation des métiers et des cultures, un lieu de remise en question des apprentissages et d'échange de haut niveau. Les Ateliers proposent chaque année trois ateliers pour étudiants et jeunes professionnels, à Irkoutsk, Porto-Novo et Cergy-Pontoise, sur des sujets d’aménagement local ou métropolitain. Sont également organisés de manière ponctuelle, à la demande d’autorités locales et de leurs partenaires, des ateliers internationaux de professionnels, en France, en Asie, en Méditerranée, et plus récemment en Afrique de l’Ouest et en Amérique du Sud.

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Annexe 4 : Quelques résultats de l’enquete de satisfaction VARYANS/TOKI

Ma relation avec le voisinage s'est améliorée

44%

33%

23%

oui non ne sait pas

Mon nouveau logement présente

plus de sécurité

57%27%

16%

oui non ne sait pas

Pendant la construction de votre logement actuel, avez-vous bénéficié d'une aide

financière?15%

85%

Oui Non

Je me sens chez moi ici

57%25%

18%

oui non ne sait pas

Les services sociaux sont plus présents par

rapport à l'ancien logement

41%

38%

21%

Oui Non Ne sait pas

Aviez-vous eu de problèmes à payer les loyers pour votre logement?

66%

34%

Oui Non

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Selon vous le diagnostic des propriétés s'est-il fait correctement?

29%

69%

2%

Oui Non Ne sait pas