Mémoires sur les sciences occultes

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Nous avons l'honneur de présenter enfrançais au public, réunis ensemble, troisopuscules de Schopenhauer figurant dansdés œuvres diverses. Ces opuscules ont traità des sujets que l'on considère généralementcomme rentrant dans le domaine desSciences Occultes. Est-ce donc un occul-tiste que Schopenhauer?

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Rappel de votre demande: - Format de tlchargement: Texte - Vues 1 330 sur 330 - Nombre de pages: 1 - Notice complte: Titre : Mmoires sur les sciences occultes : magntisme animal et magie, le destin d e l'individu, essai sur l'apparition des esprits et ce qui s'y rattache / Schope nhauer ; traduit de l'allemand par G. Platon, avec prface Auteur : Schopenhauer, Arthur (1788-1860) diteur : P. Leymarie (Paris) Date d'dition : 1912 Contributeur : Platon, Georges (1859-1917). Traducteur. Prfacier Sujet : Occultisme Type : monographie imprime Langue : Franais Format : 1 vol. (XXXV-292 p.) ; in-12 Format : application/pdf Droits : domaine public Identifiant : ark:/12148/bpt6k81634t Source : Bibliothque nationale de France, dpartement Philosophie, histoire, scienc es de l'homme, 8-R-25095 Relation : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb313283335 Provenance : bnf.fr Le texte affich comporte un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a t gnr de faon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractres (OCR). Le taux de reconnaissance obtenu pour ce document est de 93 %. downloadModeText.vue.download 1 sur 330 SCHOPENHAUHR Mmoires sur les Sciences Occultes Magntisme animal et Magie

Le Destin de l'Individu Essai sur l'apparition des esprits et ce qui s'y rattache Traduit de l'Allemand par G. PLATON Avec Prface 396 PARIS LIBRAIRIE DES SCIENCES PSYCHIQUES PAUL LEYMARIE, DITEUR 42, RUE SAINT-JACQUES, 42 1912 Tous droits rservs downloadModeText.vue.download 2 sur 330 SCHOPENHAUER Mmoires sur les Sciences Occultes Magntisme animal et Magie Le Destin de l'Individu Essai sur l'apparition des esprits et ce qui s'y rattache Traduit de l'Allemand par G. PLATON Avec Prface PARIS LIBRAIRIE DES SCIENCES PSYCHIQUES PAUL LEYMARIE, DITEUR 42, RUE SAINT-JACQUES, 42 1912 Tous droits rservs downloadModeText.vue.download 3 sur 330 Mmoires sur les Sciences Occultes, 8R 25095 downloadModeText.vue.download 4 sur 330 downloadModeText.vue.download 5 sur 330

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES Trois Mmoires de Schopenhauer traduits ici. Le premier mmoire Magntisme animal et Magie , Animalischer Magnetismus und Magie est un chapitre de l'ouvrage qui a pour titre Ueber den Willen in der Natur, et pour sous-titre Eine Errterung der Besttigungen welche die Philosophie des Verfassers, seit ihrem Auftretem, durch die empirischen Wissinschaften erhalten hat . La premire dition dit livre est de l'anne 1836; il parat Francfort-sur-le-Mein, chez l'diteur Siegmund Schmerber, Deuxime dition, galement Francfort, chez Hermann, en 1854. Cette nouvelle dition est refondue Et augmente et reoit une longue prface pleine d'intrt. On doit une troisime dition de l'uvre Frauenstdt, l'admirateur et l'ami de Schopenhauer, institu par lui son excuteur testarnentaire littraire. Cette dernire dition est de downloadModeText.vue.download 6 sur 330 VI NOTE BIBLIOGRAPHIQUE 1867. L'dition de Grisebach utilise, en les rectifiant et les compltant d'aprs les indications, des manuscrits de Schopenhauer, dposs la Bibliothque de Berlin, et un exemplaire interfoli et annot par Schopenhauer lui-mme, les ditions prcdentes. Le mmoire sur le Magntisme animal et la Magie figure au tome III de l'dition Grisebach, p. 295-323.

Le second et le troisime mmoire sont deux chapitres qui se suivent de l'ouvrage intitul Parerga und Paralipomena, t. IV de l'dition Grisebach, p. 231-255 et 259-349. Le premier a pour titre exact Transcendente Speculation ber die anscheinende Absichtlichkeit im Schicksale des Einzelnen. Le seconda pour titre Versuch ber Geisterselin und was damit zusammenhngt. Les Parerga und Paralipomena, que Schopenhauer, dans une lettre Frauenstdt, dsigne lui-mme comme Opera mixta, paraissent en deux tomes la librairie Hahn, Berlin, en. 1851. L'auteur les avait vainement prsents antrieurement trois diteurs de province, bien que renonant tous droits d'auteur. Frauenstdt en a donn une deuxime dition, amliore et considrablement augmente, en 1862 Parerga und Paralipomena. Zweite, verbesserte und betrchtlich, vermehrte Auflage, 1862. downloadModeText.vue.download 7 sur 330 NOTE BIBLIOGRAPHIQUE VII De cet ouvrage l'auteur dit lui-mme, dans sa prface, que le premier des deux volumes qui le composent et auquel convient proprement le titre de Parerga, est plutt un recueil de dissertations se suffisant la rigueur chacune elle-mme, sans qu'il soit ncessaire de les rapporter sa philosophie; tandis que le second ne contient gure que des complments et des explications son principal ouvrage ,le Monde comme volont et comme reprsentation. downloadModeText.vue.download 8 sur 330 downloadModeText.vue.download 9 sur 330 PRFACE Nous avons l'honneur de prsenter en franais au public, runis ensemble, trois opuscules de Schopenhauer figurant dans ds uvres diverses. Ces opuscules ont trait des sujets que l'on considre gnralement comme rentrant dans le domaine des Sciences Occultes. Est-ce donc un occultiste que Schopenhauer? Non. Schopenhauer n'est pas un occultiste. Schopenhauer est un philosophe, un homme d'tude, un critique, un de ces

hommes qui aiment mieux voir agir les autres qu'agir eux-mmes un de ces esprits sincres et curieux qui ne se scandalisent pas, ne se troublent pas des manifestations rares et extrmes de la vie, sachant que tout a une raison d'tre et qu'il downloadModeText.vue.download 10 sur 330 X PRFACE n'est pas de trop de toute notre intrpidit pour nous faire tant bien que mal une ide bien insuffisante du mystre des choses. Schopenhauer n'a pas t un occultiste. Il n'a t mage ni sorcier; il n'est pas all au sabbat, il n'a envot personne moins que ce ne soit, quand il tait jeune, cette actrice de je ne sais quel thtre de Berlin, qu'on voit figurer dans son testament. Voici ce qui est arriv s cet homme, en faisant sa construction du monde, en btissant sa philosophie, s'est tout naturellement trouv port par le courant de sa pense comme au seuil des redoutables questions, auxquelles l'occultisme a eu de tout temps la prtention de rpondre. Que faire? Il lui a bien fallu, bon gr, mal gr, porter son attention sur ces questions et prendre parti. Quand je dis bon gr mal gr, je fais tort Schopenhauer. Tous ceux qui le connaissent savent que ce philosophe, auquel on ferait volontiers une rputation d'humour fantasque et de caprice, a t un des penseurs les plus consciendownloadModeText.vue.download 11 sur 330 PRFACE XI cieux de notre temps, incapable de aeserter peur n'importe quelle raison, peur ou respect humain, un devoir intellectuel quelconque et de ne pas pousser la sincrit jusqu'au bout. La devise de sa vie a t celle de son principal ouvrage Vitam impendere Vero; et on sait aussi comment il n'a pas eu assez de ddain pour ces philosophastres qui ne voient dans la philosophie qu'une faon de prendre le vent et de faire au mieux leur chemin dans le monde. Notre philosophe ne devait donc pas reculer devant l'obligation d'envisager ces questions en face et d'y rpondre. Et il y a rpondu, en effet. A la question la magie, la sorcellerie

est-elle possible? il a rpondu sans ambages oui; la magie, la sorcellerie est possible. Oui, on peut se rendre coupable de meurtres invisibles. Il est bien vrai que la volont agit meurtrirement distance; le mauvais il est une ralit; l'envotement une ralit c'est avec justice que le downloadModeText.vue.download 12 sur 330 XII PRFACE sorcier, le. sorcier que la lgret moderne, Schopenhauer dirait la sottise, a tent de rhabiliter tout comme le bandit, a t poursuivi par des gnrations, au fond plus claires que nous, et parfois cruellement frapp. A la question qui nous touche non moins de prs qu'est-ce qui fait notre destine? qu'est-ce que cette fatalit qui dispose notre insu des vnements de toutes sortes travers lesquels notre vie se droule pour nous conduire vers des' buts qui semblent voulus par une intelligence suprieure, pleine de pr voyance ? Schopenhauer rpond c'est le dieu qui habite en nous, qui est nous-mmes; c'est notre volont profonde et subconsciente dont l'instinct s'efforce de nous faire une destine conforme nos aspirations les plus secrtes et les plus vraies. C'est le dmon de Socrate; ce sont les voix de Jeanne, la bonne Lorraine, ce sont les voix profondes qui nous hlent comme elles hlaient Hamlet. Ce sont ces avertisdownloadModeText.vue.download 13 sur 330 PRFACE XIII sements, ces instincts mystrieux que certains avouent avoir jou un rle dcisif, un certain moment, dans leur vie. Hasard, fatalit disent les uns providence, dmon, gnie familier qui est notre moi le plus intime, disent les autres, et qui sait mieux que nous-mmes ce qui nous convient et ce qu'il nous faut. On verra de quelle manire curieuse, pntrante, Schopenhauer sait dfinir ce gnie qui veille sur nous et qui sait si bien parfois carter les suggestions trompeuses de la raison raisonnante. C'est dans le 3e mmoire que Schopenhauer traite le plus fond les questions peut-tre les plus importantes au point de

vue gnral. Nous avons vu que pour lui, il ne fait pas doute que la volont individuelle puisse agir distance. Le magntisme, la magie, la sorcellerie sont une ralit. Mais la Connaissance, peut-elle, elle aussi, comme la volont, sous certaines conditions, s'affranchir de l'Espace et du' Temps? Peut-il se faire que, pour elle, downloadModeText.vue.download 14 sur 330 XIV PRFACE il n'y ait ni prs, ni loin, ni avant, ni aprs? L'Intelligence peut-elle voir directementle pass et l'avenir ou, en d'autres termes, est-il possible que pour elle le Pass et l'Avenir soient comme le Prsent ? soient un vritable Prsent? Et Schopenhauer encore de rpondre oui. Oui, les'faits de vue distance oui, les faits de tlpathie; oui, ceux de divination. L'il intrieur de la connaissance ne connat pas plus d'obstacle que la vo. lont. L'absent apparat donc l'absent; l'ami mourant des milliers de lieues se montre son ami. Le Pass agit sur l'organe spcial de cette connaissance, tout comme le Prsent peut le faire sur l'organe de la connaissance ordinaire et de mme l'Avenir. Et voil que dans ce troisime mmoire, le disciple de Kant fait un- pas de plus et ose dclarer possible, au nom de la saine mthode et de la spculation srieuse, cette chose formidable, les apparitions d'esprits, une certaine communion des vivants et des morts. Le vieil Hamlet downloadModeText.vue.download 15 sur 330 PRFACE xv a pu apparatre son fils, et c'est bien l'ombre de Banquo, Banquo lui-mme, qui oppresse son meurtrier, Macbeth. Tout cela est grave et n'est pas sans consquences, tant au point de vue individuel qu'au point de vue social, pour nous aider mieux comprendre et la vie de l'individu et celle du groupe. C'est tout d'abord certains faits tranges, certaines manifestations extraordinaires de la vie de l'individu, dont la ralit nous est cependant atteste de la manire la plus certaine, qui gagnent, pour ainsi dire, du coup, droit de cit dans le monde de la pense. A ct de la vie nor-

male, la vie normale de l'espce, il y a pour l'individu une vie anormale possible, une vie exorbitante des cadres de l'exprience ordinaire, dont les artistes, les potes, les romanciers, ont eu, toutes les poques, plus ou moins le sentiment, et qui fait de ceux qui en sont le thtre des tres, en un certain sens, surhumains. Il y a ceux qui peuvent plus que les autres hommes par downloadModeText.vue.download 16 sur 330 XVI PRFACE la Magie; il y a ceux dont le sens intrieur, dbarrass des liens de l'Espace et du Temps, voit le distant, voit l'avenir et le pass il y a ceux qui ont accs auprs des morts et auprs des dieux il y a le sorcier, le ncromancien, l'illumin, le voyant, la sybille, la Pythie, Phbus Apollon, dont la trane lumineuse remplit tout le ciel antique en attendant que se lve cet autre Astre plus clatant encore, venu d'un Ciel plus lointain, notre Astre, le Christ. Tout devient alors, dans l'his.' toire, comprhensible au lieu qu'auparavant tout tait incertitude et tnbres. Ce fait d'une importance capitale: le rle si considrable de la Divination et de l'Oracle dans l'histoire antique, ce rle auquel ont t consacrs tant et de si volumineux ouvrages que tous les historiens, je dis les plus grands, ont bien d reconnaltre sans pouvoir l'expliquer; qui a fait verser des flots d'encre et suscit tant d'hypothses et d'explications aussi ingnieuses qu'phmres ce rle, dis-je, de la downloadModeText.vue.download 17 sur 330 PRFACE XVII Divination et de l'Oracle Antiques se comprend alors et c'est, du coup, un grand lambeau du voile, qui nous drobe le mystre des choses, qui tombe comme par enchantement. Considrez, je vous prie, l'impuissance de la critique religieuse rationaliste expliquer le rle si important qu'a jou la religion dans toutes les socits humaines. Inventions, supercheries des prtrs, cupidit. Les philologues ajoutent vie mythologique du mot. Sans doute tout cela a pu jouer, a jou un grand

rle. Mais le point de dpart, le germe, le noyau initial de cette floraison, c'est ce qu'on n'explique pas. Faire quelque chose de rien, cela dpasse la puissance de l'homme. La nouvelle Science des religions, ne d'hier, ce qui ne lui enlve rien de sa confiance en elle-mme, la Science nouvelle s'attaque, son tour, au problme. Cette fois-ci, c'est bien le germe, le noyau initial dont elle essaie de rendre compte par downloadModeText.vue.download 18 sur 330 XVIII PRFACE les procds qui lui sont propres. Du personnage du magicien et de l'origine des pouvoirs magiques dans les socits australiennes, tel est le titre d'un opuscule de M. Mauss, sur ce point capital de critique religieuse qui nous occupe'. Quelles sont les conclusions deM. Mauss ? En somme, dit-il, p. 50, tout se passe ici sur un terrain mouvant o le mythe et le rite, les sensations, les illusions et les hallucinations se mlent, non sans harmonie, pour former une image traditionnelle du magicien, image grossie chez les autres membres de la tribu, attnue, chez lui, mais laquelle s'attache, en son esprit, une croyance ferme et relativement peu feinte . Et ailleurs, p. 54 Les pouvoirs qui le rendent aptes sa profession et qu'il est cens avoir puiss dans le monde des forces surnaturelles, dans le monde du mana lui-mme, ces pouvoirs, ces es1. V. rapport sommaire sur les confrences de la section des sciences religieuses de l'Ecole des Hautes-Etudes de l'exercice 1903-1904. downloadModeText.vue.download 19 sur 330 PRFACE XIX prits, n'ont d'existence que par le consensus social, l'opinion publique de la tribu. C'est l'opinion publique que le magicien suit et dont il est la fois l'exploiteur et l'esclave. Donc mythe, rite, image .traditionnelle, forme et impose au sorciertoutle premier par le consensus social, l'opinion publique de la tribu pouvoirs prtendus qui n'ont d'existence que par ce mme consensus social voil dans la pense de M. Mauss l'origine du pou voir du sorcier, l'explication du germe, du noyau, d'o doit sortir toute la floraison religieuse.

Les faits ne cadrent pas avec son parti pris. Il est un certain moment oblig de parler des sensations, des illusions, des hallucinations propres au sorcier; il est forc de constater que c'est par la rvlation que la vertu magique s'acquiert dans la plupart des tribus australiennes; que c'est normalement au cours d'un rve ou d'un tat extatique ou demi-extatique que cette rvlation se produit . N'importe le prjug est le plus fort. Ayant laiss chapper que downloadModeText.vue.download 20 sur 330 XX PRFACE les initiations par les magiciens sont quelque degr des rvlations, il corrige aussitt en disant (p. 49) que la rvlation [qui se fait en l'individu de ses pouvoirs] ne fait que donner accs la corporation des magiciens . Mythe, illusion et mensonge collectif, supercherie, truc M. Mauss et la nouvelle cole se trouvent en tre rests tout juste au mme point que la critique voltairienne 1. Il est vrai que nos contemporains aiment s'intituler de prfrence Sociologues qu'ils ne connaissent que la psychologie des masses et que l'individuel, qui est pourtant le premier dans l'ordre de la connaissance, ils n'en ont cure. Dcidment les vues de Schopenhauer gardent toute leur importance et il y a l comme un poste d observation des plus levs o l'on puisse se tenir pour envisager la suite de l'histoire humaine.. 1. Cela est vrai de l'Orpheus de REINACH, livre de propagande libre-penseuse sans valeur scientifique. downloadModeText.vue.download 21 sur 330 PRFACE XXI Pourquoi donc cette philosophie occultiste de Schopenhauer n'est-elle pas connue ? On a fait connattre au public son sentimeut sur les femmes on avait besoin de savoir comment elles l'avaient trait. On lui a livr ses Maximes et aphorismes de sagesse pratique; tous ses grands ouvrages didactiques ont t traduits, il y a longtemps. Seuls nos trois courts mmoires sont rests longtemps attendre leur traduction. Pour-

quoi? C'est qu'ils s'occupent de questions qui sont le point brlant de la philosophie, les vrits qui gnent. Nous sommes une poque qui n'aime pas qu'on la drange. Ce que nous voulons, c'est, chacun, poursuivre silencieusement, sournoisement, son but de lucre ou de plaisir. Il est entendu que l'intelligence ne doit pas tre un moyen de spculation dsintresse, mais tout juste un instrument de ruse pour arriver le plus rapidement possible au but immdiat. Il ferait beau la voir se cabrer gnreusement devant les besognes petites, sordides ou downloadModeText.vue.download 22 sur 330 XXII PRFACE XXII PRFACE quelquefois criminelles qu'on lui demande On voulait autrefois qu'avant de partir la recherche du vrai, elle se purifit, elle se dbarrasst des fanges du calcul intress, en qute du profit. On rclame d'elle aujourd'hui de voir tout juste ce qui peut tre utile l'individu et rien que cela. Les opuscules que nous donnons au public ne sont pas faits pour les intelligences qui ont peur de voir. Je demande la permission de terminer ces quelques mots de prface par un souvenir personnel. C'tait dans une runion publique provoque par un groupement quelconque, une Jeunesse quelconque. L'orateur tait un politicien qui, aprs avoir t assez longtemps l'Eliacin alangui de la Revue Blanche, a prfr la rputation plus bruyante d'une politique tous crins. Il y avait pour patroner la runion des hommes graves et considrables juristes, mdedownloadModeText.vue.download 23 sur 330 PRFACE XXIII cins, universitaires. Le sujet tait un de ces lieux communs qui font l'effet d'affiche criarde quelque chose comme LibrePense, Progrs et Religion . Ce fut lamentable. A cette jeunesse

commis de magasins, jeunes bureaucrates, tudiants, tudiantes, laquelle, semblet-il, l'orateur, sans doute pre de famille, tait moralement tenu de faire entendre de graves paroles sur un sujet grave, on dbita l'histoire de la Vierge et du soldat Penthra, les plaisanteries les plus douteuses sur la Virginit et la Trinit, que sais-je? Tout le bric--brac des penses les plus plates fut exhib pour la circonstance.Ce fut lamentable pour l'orateur plaindre; lamentable pour les organisateurs, pour les hommes graves patronant l'oeuvre. Evidemment, les prsents mmoires ne sont pas faits pour une bonne partie du public qui assistait l et qui avait le triste courage d'applaudir aux grossires inconvenances de l'orateur. Ils s'adressent aux downloadModeText.vue.download 24 sur 330 XXIV PRFACE XXIV PRFACE esprits srieux, cultivs, aux intelligences de bonne volont. Ils s'adressent aussi et, avant tout, aux chrtiens. J'oserai dire, qu' notre poque, Schopenhauer doit tre le meilleur auxiliaire du christianisme. Il n'est que trop vrai que ce qui manque le plus aux chrtiens de nos jours, c'est le sens, le sentiment profond des vrits fondamentales de la foi. Il est bien certain que notre christianisme est un christianisme dulcor, un christianisme pour messieurs qui aiment leurs aises et pour dames qui prtendent tout prixconcilier Dieu et Satan. Un dogme comme celui du pch originel le fait de notre misre morale et de notre gosme fondamental; celui de l'immutabilit du caractre sous les changements apparents de l'attitude et les dguisements sans fin de l'amour-propre; la difficult et pourtant la ncessit de la transformation complte de notre moi naturel enun autre moi dont laloi downloadModeText.vue.download 25 sur 330 PRFACE XXV est toute diffrente de celle du premier la ncessit de passer du royaume de la nature

au royaume de la grce; tout cela ne dit pas grand'chose la plupart des chrtiens les plus fervents et les plus pieux. On trouvera chez Schopenhauer une vue directe et profonde de ces vrits. Son pessimisme est la base mme du christianisme. Requiem ternam dona eis, Domine, dit la Liturgie. donne-leur jamais le calme, le repos des passions, le renoncement la vie. L'abolition de la volont de vivre voil la dlivrance, le salut pour Schopenhauer. Qu'est-ce que ce repos ternel de l'Eglise? qu'est-ce que cette abolition de l'tre phnomnal qui est, pour Schopenhauer, le salut? Ni l'une ni l'autre ne s'attachent dfinir d'une manire positive cet tat qui est pour chacun d'eux respectivement la dlivrance et la terre promise. Mais on trouve ici et l les traits essentiels de la mme conception. C'est un tat d'o la notion positive de temps se trouve compldownloadModeText.vue.download 26 sur 330 XXVI PRFACE tement exclue. L'lu, le rachet aura chapp au Temps et l'Espace. Comment s'accomplira cette dlivrance? C'est ici que se marquent les oppositions. Le christianisme fait intervenir, comme acteur jouant le rle principal dans le grand drame du salut final, le Dieu rdempteur, le Dieu qui remet les pchs, qui au lieu de les tenir devant lui pour irriter sa colre les met derrire lui pour les oublier: Tu autem eruisti animam meam, ut non periret projecisti post tergum tuum omnia peccata mea le Dieu qui a dit cette pa-

role grave et profonde qui rsonne comme une solennelle parole d'appel travers les espaces et les mondes. Je suis la rsurrection et la vi; celui qui croit en moi sera sauv; le Dieu qui s'insinue dans l'me pcheresse, qui remplit l'office d'un levain pour faire lever la pte qui la tire d la mort o elle tait, qui la ressuscite pour l'ternit. L'homme est sauv de la downloadModeText.vue.download 27 sur 330 PRFACE XXVII mort, c'est--dire de la vie par l'action de Dieu, par la Grce. Comment se fait pour Schopenhauer ce mme rachat de la vie? Le philosophe ne se fait pas d'illusion sur la difficult de l'uvre. Le fait de la rgnration, dit-il', suppose cette opposition, cette contradiction relle l'action de la libert en soi, suprieure toute ncessit, dans le monde des phnomnes soumis la ncessit. Et encore, un peu plus haut2 La ngation de la volont de vivre est le seul acte par lequel la volont intervienne comme libre dans le domaine des phnomnes et cette intervention est ce que Asmus qualifiede changement transcendant. Dans le mme ouvrage, page 506, on lit encore D'une manire gnrale la ngation de la volont, rsultat de la souf-

france, ne sort pas de sa cause ncessaire1. Le monde comme reprsentation et comme volont, p. 516. J'avertis une fois pour toutes que je me suis servi pour la traduction des mmoires et pour les citations que je puis avoir faire, de l'dition d'Eduard Grisebach, dans la bibliothque Reclam. 2. Op. cit. p. 511. downloadModeText.vue.download 28 sur 330 XXVIII PRFACE ment; la volont reste libre. C'est mme le seul point, o la volont intervient immdiatement dans le phnomne. Il faut se reprsenter que toutes les fois qu'il y a souffrance, la volont peut lui tre suprieure en force et rester libre. Comment peut se faire cette intervention de la volont en soi dans le monde des phnomnes soumis la ncessit? Par la connaissance, explique notre auteur. Op. cit., p.517. Ce que les mystiques chrtiens appellent action de la Grce et rgnration, dit-il, est, pour nous, la seule manifestation immdiate de la libert de la volont. Parvenue, en effet, la connaissance de son essence, la volont, alors seulement, est libre elle reoit de cette connaissance une vertu d'apaisement et elle est par l justement soustraite l'action des motifs. Il ne dpend pas de nous, de nos efforts de volont de raliser en nous cette ngation de la volont de vivre. Ce fait du vouloir vivre se niant lui-mme downloadModeText.vue.download 29 sur 330 PRFACE XXIX provient de la Connaissance et toute connaissance et comprhension, comme telle, est indpendante de la volont. La

ngation du vouloir vivre, l'entre dans le royaume de la libert n'est pas un but qu'on puisse violemment se proposer d'atteindre c'est le rsultat du plus intime rapport qui puisse exister dans l'homme entre la connaissance et la volont. C'est pour cela qu'il se produit soudain et se prcipite comme du dehors. P. 516 l'tat dans lequel le caractre est soustrait au pouvoir des motifs ne vient pas immdiatement de la volont mais d'un mode nouveau de connaissance. Quand le principe d'individuation a t perc jour, l'ide, j'entends l'essence mme des choses en soi, en tant qu'elle est la mme Volont en tout, est connue immdiatement et de cette connaissance sort la pacification de la volont. Tout cela est bientt dit. Cela suffit-il pour se tirer d'affaire? Cette volont en soi, qui, aprs le premier acte de libert downloadModeText.vue.download 30 sur 330 XXX PRFACE qui fond le caractre empirique et phnomnal peut ainsi, l'occasion de la souffrance, intervenir nouveau compltement libre et changer tout d'un coup le cours du moi phnomnal cela m'a tout l'air d'un deus ex machin apparaissant in extremis. D'autre part, si ce n'est pas la connais. sance ordinaire, la connaissance par le principe de raison, la connaissance simple expression de la volont de vivre, qui peut' ainsi sauver cette volont d'elle-mme, qu'est-ce donc que cette connaissance particulire, immdiate, intuitive, p. 472, qui nous fait reconnatre dans l'individu tranger la mme essence qu'en nous-mme? qui nous fait admettre que notre semblable et nous-mme nous ne formons qu'un? qui fait croire au mchant qu'il n'est pas seulement le bourreau mais qu'il est ussi la victime, la victime dont les souffrances ne lui sont trangres que parce qu'il en est spar par ce rve changeant et phmre, dont la forme est l'esdownloadModeText.vue.download 31 sur 330 PRFACE XXXI pace et le temps et qu'il lui faut en ralit payer le plaisir par la souffrance, toute souffrance qu'il reconnait seulement comme

possible le touchant rellement comme volont de vivre ? Ce n'est que pour l'individu connaissant et grce au principium individuationis que possibilit et ralit, proximit et loignement dans l'espace et le temps sont choses diverses, ne l'tant pas en soi. ? Cette connaissance est intuitive , et cependant il semble qu'elle soit force de calculer qu'il lui faut en ralit payer le plaisir par la souffrance, toute souffrance que l'individu connat seulement comme possible le touchant rellement comme volont de vivre. N'est-ce pas l, connaissance mdiate, discursive? morale fonde sur un certain intrt du moi, cette morale qui pour Schopenhauer n'en est pas une? Y a-til vraiment le changement transcendant dans lequel Schopenhauer voit le caractre essentiel de la vraie moralit? Avons-nous vraiment un fait de libert de la chose en downloadModeText.vue.download 32 sur 330 XXXII PRFACE soi: ou ne serions-nous pas encore dans le phnomne? Une autre objection c'est celle qui se tire du monisme de Schopenhauer. La chose en soi, d'aprs ce que dit Schopenhauer, est unique; tous les individus sont indistinctement elle-mme; elle est la mme en tous et elle est toute en tous. P. 486 quand le principe d'individuation est perc jour, il y a reconnaissance immdiate de l'identit de la volont dans toutes ses manifestations. Identit, unit peut-on vraiment parler ainsi? Identit, unit, ces choses ne relvent-elles pas de l'intelligence? de nos concepts personnels? Et si nous avons le droit ou s'il y a ncessit pour nous de parler d'identit, ou de diffrence, d'un, d'autre, ne sommes-nous pas autoriss parler de multiple, de divers, puisque la chose en soi ne se manifeste nous que sous les espces de la diversit phnomnale? Et alors, tout en admettant que ces

downloadModeText.vue.download 33 sur 330 PAFACE XXXIII choses en soi existent en dehors de l'espace etdu temps, qu'elles sont tout autres qu'elles ne paraissent dans le monde physique, on pourrait admettre qu'elles sont multiples, admettre, comme fait Schopenhauer, admettant la magie, qu'elles peuvent agir les unes sur les autres en dehors 'de l'espace et du temps d'une manire mystrieuse. Alors peut-tre ce changement complet que suppose la saintet, la moralit vraie et la substitution en l'homme de l'homme nouveau au vieil homme, se comprendrait un peu. Il y aurait place pour Dieu et pour sa grce. Ego sum resurrectio et vita. Qui credit in me vivet. L'homme tomb ne peut pas se relever par ses propres forces. Comment tomb se relverait-il? Comment s'vaderait-il de la prison de la vie o il s'est volontairement prcipit une premire fois? Mais pourquoi grce un secours tranger ne serait-il pas restaur en son premier tat? Ce secours tranger, ce mdiateur c'est downloadModeText.vue.download 34 sur 330 XXXIV PRFACE le fils de Dieu, Dieu lui-mme. Comment agit-il sur nous? Il agit par, l'intermdiaire de la connaissance. Il se rvle nous comme l'essence idale de l'homme, comme l'homme avant sa chute; et du coup il juge et condamne l'homme dchu, l'homme rel, l'Adam corrompu qu'il est, mais en mme temps, par un charme indfinissable et profond il l'attire et le soulve lui. Quelle est la seule condition remplir du ct de l'homme? de laisser oprer en lui la grce, la sollicitation? de croire en l'idal qui se rvle, l'idal vivant qui travaille la volont mauvaise et, en l'homme naturel, fait lever l'homme nouveau. Comment la volont ensoipeut-ellerevenir sur sa dcision premire, sur son pch qui l'a si malheureusement introduite dans le monde des phnomnes? Par la magie secourable de ce Magicien prodigieux que les chrtiens appellent Jsus. Le mot est de

Caldron, de ce prtre, le plus grand dramaturge de l'Espagne, qui a crit cette downloadModeText.vue.download 35 sur 330 PRFACE XXXV pice, tonnante par la profondeur et la libert d'esprit, o Jsus figure comme el Magico prodigioso G. PLATON. downloadModeText.vue.download 36 sur 330 theorie 1 Mmoires sur les Sciences occultes 1 Magntisme animal et Magie. Un chapitre de l'uvre intitule: DE LA VOLONT DANS LA NATURE Ou comment les sciences exactes sont venues confirmer la philosophie de l'auteur depuis le moment de son apparition. Lorsque, en 1818, parut mon grand ouvrage, il n'y avait pas longtemps que le magntisme animal avait conquis pour la premire fois son droit l'existence. Mais pour ce qui est de l'explication en donner, pour le ct passif, en ce qui concerne le rle du patient, un tout petit peu de lumire seulement s'tait faite avec la thorie downloadModeText.vue.download 37 sur 330 2 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES de Reil et l'opposition signale par lui entre le systme crbral et le systme ganglionnaire dont'il faisait le principe d'explica-

tion. Le ct actif, la nature de l'agent particulier, par lequel le magntiseur provoquait ces phnomnes, restait encore en pleine obscurit. On tait encore ttonner, choisir entre les principes d'explication matriels de toutes sortes depuis l'ther mondial pntrant tout, comme le voulait Mesmer, jusqu'aux manations de peau du magntiseur dans lesquels Stieglitz voyait la cause du phnomne, et tant d'autres encore. Puis on en vint un fluide nerveux (Nervengeist) mais ce n'est qu'un mot pour une cause inconnue. A peine quelques-uns, adonns plus profondment la pratique, pou. vaient-ils commencer entrevoir la vrit. Mais j'tais encore bien loin d'attendre du magntisme une confirmation 'directe de ma doctrine. Dies dim docet: depuis ce temps, l'exprience, ce grand maitre, a mis en lumire que cet agent, si puissant, qui, partant du magntiseur, provoque des phnomnes si contraires, en apparence, au cours normal de la nature qu'il faut pleinement excuser le doute qu'ils ont suscit si longtemps, l'indownloadModeText.vue.download 38 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 3 crdulit obstine, la condamnation porte contre'eux par une commission comptant parmi ses membres Franklin et Lavoisier, tout en un mot ce qui s'est pass dans la premire et seconde priodes d'hostilit contre le magntisme (tout sauf les prjugs grossiers et stupides, excluant toute recherche qui ont domin presque jusqu' maintenant

en Angleterre) depuis ce temps l'exprience, dis-je, a mis en lumire que cet agent n'est pas autre que la volont du magntiseur. Je ne crois pas qu'actuellement, parmi ceux qui joignent la pratique quelque thorie, il subsist le moindre doute sur ce point, et j'estime par suite superflu de citer les nombreuses dclarations de magntiseurs qui sont dans ce sens1. Et c'est ainsi que la devise de Puysgur et des anciens magntiseurs franais veuillez et croyez c'est-dire veuillez avec confiance a t non seulement confirme par le temps mais est devenue une juste conception du cours des choses2. Du livre de Kieser le Tellurisme 1. Je ne veux citer qu'un crit tout rcent qui a manifestement la prtention de dmontrer que la volont du magntiseur est proprement ce qui agit Qu'est-ce que te magntisme? parB. Gromier, Lyon, 4850 (Addition la 3e dition). 2. Mais dj ds 1784, Puysgur dit Lorsque vous downloadModeText.vue.download 39 sur 330 4 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES qui est bien encore le Manuel de Magntisme animal le plus fondamental et le plus complet, il ressort suttisance qu'aucun acte de magntisme n'est eflicace sans la volont, qu'au contraire il suffit de la simple volont, sans acte extrieur, pour provoquer l'action magntique. La manipulation ne parat tre qu'un moyen de fixer l'acte de la volont, d'arrter sa direction et comme de l'incorporer. C'est dans ce sens que Kieser dit (Tellurismus, vol. I, p. 379) Il y a manipulation magntique toutes les fois que le magntiseur se sert, pour agir, de ses mains considres comme les organes qui traduisent le plus nettement l'activit agissante de l'homme, c'est--dire la volont. Un magntiseur franais, de Lausanne, dit encore bien plus nettement sur ce point, dans les Annales du Magntisme animal, 18148116, fascicule IV L'action du magntisme dpend de la seule volont, il est vrai, mais l'homme ayant une forme extrieure. et sensible, tout ce qui est son usage, tout ce qui doit agir sur lui, doit ncessairement en avez magntis le malade, votre but tait de l'endormir, et vous y avez russi par le seul acte de votre volont; c'est de mme par un autre acte de volont que vous le rveillez (Puysgur, magntisme animal, 2e dition, 1820; Catchisme magntique, page 150-171). downloadModeText.vue.download 40 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 5

avoir une, et, pour que la volont agisse, il faut qu'elle emploie un mode d'action. Comme, d'aprs ma doctrine, l'organisme est la simple manifestation de la volont, la volont rendue visible, objective, ou mme que ce n'est proprement que la volont ellemme existant comme reprsentation dans le cerveau, il s'ensuit que l'acte extrieur, la manipulation, concide tout fait avec l'acte/ intrieur de volont. Quand l'acte extrieur fait dfaut, il y a bien action; mais l'action est alors jusqu' un certain point artificielle, indirecte l'imagination remplace l'acte extrieur, parfois la prsence relle, mais par suite aussi elle est beaucoup plus difficile; le succs est moins frquent. Aussi Kieser prtend-il que le mot dors , il faut que tu dormes prononc haute voix par le magntiseur, agit bien plus que son acte de volont simplement intrieur. Au contraire, l'acte extrieur, la manipulation sont proprement d'une manire gnrale un moyen immanquable de fixer la volont du magntiseur, de la mettre en activit, prcisment parce qu'on ne peut agir extrieurement qu'autant qu'on veut, puisque le corps et ses organes ne sont rien que la volont mme devenue visible. On comprend par l downloadModeText.vue.download 41 sur 330 6 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES que des magntiseurs, parfois, magntisent sans tension consciente de la volont et presque sans pense, et cependant agissent. D'une manire gnrale, ce n'est pas la conscience que la volont a d'elle-mme, le travail de rflexion dont elle est l'objet, qui agit magntiquement; c'est la volont elle-mme, la volont pure, la volont le plus possible spare de toute reprsentation. C'est pour cela que dans les instructions que donne aux magntiseurs Kieser (Tellur., t. I, p. 400 et suivantes), nous trouvons rigoureusement interdit tout ce qui est pense et

rflexion du mdecin et du patient, action et raction mutuelle de l'un sur l'autre, toute impression extrieure ayant pour ffet d'veiller la pense, toute conversation ntre eux, toute prsence trangre, jusqu' la lumire du jour il faut que tout, autant que possible, se passe inconsciemment; tout comme lorsqu'il s'agit de cures sympathiques. La vritable raison de tout cela c'est qu'ici la volont agit comme chose en soi, dans son essence premire ce qui demande que la reprsentation, domaine distinct de la volont, phnomne secondaire, soit le plus possible exclue. Les preuves de cette Vrit, que, ce qui agit rellement dans le magndownloadModeText.vue.download 42 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 7 tisme, c'est la volont et que tout acte extrieur n'est qu'un vhicule, on les trouve dans tous les crits les plus rcents et les meilleurs sur le magntisme, et ce serait une superfluit bien inutile de les reproduire ici. Je veux cependant en placer une, non qu'elle soit particulirement frappante, mais parce qu'elle vient d'un homme extraordinaire et qu'elle a l'intrt particulier qui s'attache un tel tmoignage. C'est Jean Paul qui dit dans une lettre (qu'on trouve dans l'ouvrage Wahreit aus Jean Pauls Leben, t. VIII, p. 120): J'ai, dans une socit nombreuse, par deux fois, mis presque en tat de sommeil, par de simples regards chargs de volont, dont personne ne se doutait, une dame de K., aprs lui avoir occasionn des coups au cur et l'avoir fait plir, au point que S. dt lui venir en aide. Mme aujourd'hui encore, souvent, on trouve substitue avec un plein succs, la manipulation ordinaire, le simple contact des mains du patient prises dans les mains du magntiseur, condition que ce dernier regarde le magntis fixement; et tout sim plement parce que cet acte extrieur est

propre donner la volont une certaine direction. Ce pouvoir immdiat, que notre downloadModeText.vue.download 43 sur 330 8 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES volont peut exercer sur autrui, est mis en lumire, mieux que par toute autre chose, par les merveilleuses expriences de Du Potet et de ses disciples; expriences faites Paris publiquement et dans lesquelles M. Du Potet, par sa seule volont, accompagne du moins de gestes possible conduit sa fantaisie les pas et dmarches d'une personne trangre, la contraint aux contorsions les plus inoues. Un court rcit de ces faits nous est donn dans un petit crit qui porte toutes les marques extrieures du plus grand srieux ce livre s'appelle Erster Blick in die Wunderwelt des Magnetismus von Karl Scholl, 18531. 1. En l'anne 1854, j'ai eu le bonheur de voir ici les faits extraordinaires que produisait dans cet ordre M. Regazzoni de Bergame, dans lesquels on ne saurait mconnatre le pouvoir immdiat, donc magique, de sa volont sur autrui, et dont l'authenticit ne saurait tre mise en doute que par une personne laquelle on aurait refus toute facult de comprhension des tats pathologiques. Je sais qu'il existe des sujets de cette sorte il faut en faire des juristes, des hommes d'Eglise, des marchands ou des soldats; mais, au nom du ciel, pas de mdecins, le rsultat serait funeste, vu que, en mdecine, c'est le diagnostic qui est le principal. La somnambule en rapport avec lui, il pouvait volont la mettre en tat de catalepsie, par son simple vouloir sans geste, il pouvait, quand elle s'loignait de lui, lui tant derrire elle, la faire tomber en arrire sur le dos. Il pouvait la paralyser, la jeter dans des crises spasmodiques, avec les pupilles agrandies, une insensibilit complte, les signes les plus manifestes d'un tat de downloadModeText.vue.download 44 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 9 1. Une preuve dune autre nature de la vcrit, dont il s'agit ici, nous est fournie par les Mittheilungen ber die Somnanbule catalepsie complte. Il fora une dame qui tait dans l'assemble jouer du piano et, ensuite, se tenant quinze pas derrire elle, par la volont accompagne du geste, il la paralysa au point qu'elle ne put plus jouer. Il la mit ensuite contre une colonne et le sortilge fut tel qu'en dpit de tous ses efforts, elle ne pt quitter la place. Tous ces faits mon avis peuvent s'expliquer de cette faon eu bien il isole le cerveau de la moelle

pinire compltement et alors tous les nerfs sensitifs et tous les nerfs moteurs sont paralyss et il y a catalepsie complte; ou la paralysie touche simplement les aerfs moteurs, la sensibilit subsistant, et on a alors un cerveau, o la conscience subsiste, sur un corps qui a toutes les apparences de la mort. C'est ainsi qu'agit la strychnine elle paralyse les nerfs moteurs seuls jusqu' provoquer le ttanos, lequel amne la mort par touffement au contraire, elle laisse intacts les nerfs sensitifs, donc aussi la conscience. Regazzoni provoque les mmes effets par l'influence magique de sa volont. Le moment o se produit cet isolement des nerfs est nettement marqu par une certaine commotion particulire qu'prouve le patient. Sur les phnomnes obtenus par Regazzoni et leur authenticit que peut seul mconnatre quelqu'un auquel manquerait tout sens de la vie organique, je conseille de lire un petit crit franais de L.-A.-V. DUBOURG Antoine Regazzoni de Bergame Francfort-sur-Mein. Frankfurt, novembre 1854, 31 pages, in-8. u Dans le journal du Magntisme qu'dite Du Potet, n du 25 aot 1856, un rdacteur, Morin, rendant compte d'un mmoire couronn sur la Catalepsie, 1856, in-4, crit La plupart des caractres qui distinguent la catalepsie peuvent tre obtenus artificiellement et sans danger sur les sujets magntiques, et c'est mme l une des expriences les plus ordinaires des sances magntiques. Addition de la 3* dition. downloadModeText.vue.download 45 sur 330 10 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES Auguste K. ln Dresden, 1843, o cette somnambule nous dit elle-mme. Je me trouvais dans un tat de demi-sommeil; mon frre voulait jouer un morceau de lui bien connu. Je le priai, le morceau ne me plaisant pas, de ne pas le jouer. Il essaya cependant mais je fis si bien en tendant contre lui toutes les forces de ma volont, que malgr tous ses efforts il ne put plus se rappeler le morceau. Mais la chose est porte au comble quand ce pouvoir immdiat de la volont va jusqu' s'exercer sur des corps sans vie. Si incroyable que cela paraisse, nous avons cependant sur ce point deux tmoignages qui nous viennent de cts tout fait opposs. Dans le livre que nous venonsde citer, il est notamment rapport p. 115 et 116, avec indication des tmoins, que cette somnambule, sans faire usage de ses mains, par sa seule volont, par la seule fixa-

tion de son regard sur l'objet, fit mouvoir, une fois de 7, une autre fois de 4, et cela en rptant l'exprience 4 fois, l'aiguille d'une boussole. -C'est ensuite le Galignani's Messenger du 23 octobre 1851, qui nous rapporte, d'aprs le journal anglais Brittania, que la somnambule Prudence Bernard de Paris, en sance publique Londres, en downloadModeText.vue.download 46 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 11 tournant alternativement la tte droite et gauche, forait l'aiguille d'une boussole suivre ce mouvement. Dans cette circonstance c'tait M. Brewster, le fils du physicien et deux autres messieurs, pris parmi le public, qui formaient le jury (acted as jurors). Si donc nous voyons la volont que j'ai' montre tre la chose en soi, la seule ralit de l'tre, le cur de la nature, produire par l'individu, dans le magntisme animal et ailleurs, des choses qu'on ne saurait expliquer par les lois de la liaison causale, c'est--dire par les lois ordinaires de la nature; qui mme jusqu' un certain point sont la ngation de ces lois qui nous la montrent exerant une relle actio in distans; qui donc mettent jour la ralit d'une domination surnaturelle c'est--dire mtaphysique sur la nature; s'il en est ainsi, je ne sais plus quelle autre confirmation par les faits il faudrait exiger de ma doctrine. Je trouve pourtant qu'un magntiseur, le comte Szapary, qui ne savait certainement rien de ma philosophie, a t amen, par son exprience, ajouter comme explication au titre de son livre Ein Wort ber animalischen Magnetismus, Seelenkorper und Lebenessenz , 1840, les mots suivants bien dignes d'attention oder downloadModeText.vue.download 47 sur 330 12 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES physiche Beweise, dasz der animalisch-mxgnetische Strom das Element, und der Wille das Princip alles geistigen und Krperlichen Lebens sei , c'est--dire preuve physique que la volont est le principe de toute vie spirituelle et corporelle. Le magntisme animal se prsente donc, d'aprs cela,

comme la mtaphysique pratique, comme celle que dj Bacon de Vrulam, dans sa classification des sciences (Instaur. magna, livre HI) appelait la magie c'est--dire la mtaphysique empirique ou exprimentale. Dans le magntisme animal la volont apparait comme chose en soi c'est aussitt le principium individuationis (temps et espace) qui s'vanouit comme appartenant au simple monde des phnomnes les sparations qu'il lve entre les individus tombent entre le magntiseur et le somnambule plus de sparations rsultant des lieux; communaut complte des penses et des mouvements de volont. Par l'tat de clairvoyance on se trouve en dehors de ces conditions qui sont du monde des phnomnes, qui rsultent du temps et de l'espace et qui s'appellent proximit et loignement, prsent et avenir. C'est pour cela qu'en dpit des nombreuses raisons et des prjugs opposs, l'opinion s'est downloadModeText.vue.download 48 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 13 rpandue peu peu et est mme devenue une certitude, que le magntisme animal et ses phnomnes sont les mmes partiellement que l'ancienne magie, cet art occulte et maudit, de la ralit duquel ont t si convaincus non seulement peut tre les sicles chrtiens qui l'ont si durement poursuivi, mais toute poque tous les peuples du monde entier, y compris les peuples sauvages et dont l'emploi, dans un ge dj recul, est puni de la peine de mort par la loi des 12 tables', les Livres de Mose et mme le onzime livre des Lois de Platon. Mais avec quel srieux on

traitait la chose, mme l'poque la plus claire de Rome, sous les Antonins, on peut le voir par la belle dfense, devant le tribunal, d'Apule accus de sorcellerie et courant de ce chef le risque de la vie (oratio de magi, p. 104, Bip.). Dans cette dfense, on voit qu'il s'efforce uniquement de dtourner de lui l'accusation de magie, sans songer un instant nier la possibilit de la magie; et il entre dans tout plein de dtails, comme on a coutume d'en rencontrer dans les procs de sorcellerie du moyen ge. Seul, en Europe, le XVIIIe sicle fait exception en ce 1. Pline, hist. nat. L. 30, cap. 3. Addition la 3e dition. downloadModeText.vue.download 49 sur 330 14 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES qui a trait cette croyance, la suite de Baltazar Becker, Thomasius et quelques autres, et cela dans la bonne intention de proscrire tout jamais les cruels procs de sorcellerie en proclamant l'impossibilit de la magie. Cette opinion, favorise par la philosophie du sicle, prit alors le dessus, mais dans les classes savantes et cultives seulement. Le peuple n'a jamais cess de croire la magie, pas en Angleterre, il est vrai, ce pays dont les classes cultives au contraire savent joindre une foi de charbonnier dans les choses de religion, qui les rabaisse, un scepticisme inbranlable quand il s'agit des faits, qui dpassent les lois de l'action et de la raction des acides et des alcalis, et qui voudraient bien que leur grand compatriote (Shakespeare) n'ait pas dit qu'il y a dans le ciel et sur la terre beaucoup plus de choses que leur philosophie ne se l'imagine. Une branche de l'ancienne magie est reste publiquement d'un usage quotidien parmi le peuple, ce qu'elle a pu faire tant donn son but bienfaisant je veux parler des cures sympathiques dont on peut diflicilement mettre en doute la ralit. Parmi les faits les plus habituels est la cure sympathique de la verrue, dont Bacon de Verulam, si positif et si prudent, nous condownloadModeText.vue.download 50 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 15 firm dj la ralit en invoquant sa propre exprience (Silva Silvarum, 997). Il y a ensuite la gurison par les paroles magiques de l'rsyple facial, si frquente qu'il est facile de se rendre compte de la ralit du fait. Souvent encore c'est la fivre qu'on conjure avec succs1! Que ce qui agit l, ce ne soit pas proprement les paroles sans significa-

tion, qui sont prononces, et les crmonies, mais bien, comme dans le magntisme, la volont de celui qui fait la cure, je n'ai pas besoin, aprs ce qui vient d'tre dit sur l magntisme, de m'expliquer autrement. Des exemples de cures sympathiques, ceux qui n'ont encore aucune connaissance du sujet 1. Dans le Times du 12 juin 1855, p. 10, on trouve le rcit suivant [Je traduis] Un charmeur de chevaux. Se rendant en Angleterre, le vaisseau anglais Simla prouva dans le golfe de Biscaye, un gros temps dont les chevaux souffrirent beaucoup, entre autres un cheval de guerre du gnral Scarlett, qui n'tait plus bon rien. La prcieuse jument tait en si mauvais tat qu'on se mit en mesure de mettre fin sa misre d'un coup de pistolet. Un officier russe recommanda alors qu'on envoyt chercher un cosaque galement prisonnier, jongleur de profession (juggler) et capable par ses charmes et conjurations de gurir la maladie des chevaux. On l'envoya chercher et il dit qu'il pourrait gurir le cheval tout d'abord. On l'observa le plus attentivement possible la seule chose qu'on put constater, c'est qu'il sortit sa ceinture, et y fit un nud trois fois. Cependant la jument en quelques minutes fut sur pieds, commena manger avec plaisir et rapidement recouvra la sant. Addition la 3e dition. downloadModeText.vue.download 51 sur 330 16 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES en trouveront dans l'Archiv fr den l'hierischen Magnetismus, t. V, IIIe fase., p. 106; t. VIII, fasc. 111, p. 145; t. IX, fasc. II, p. 172 et t. IX, fasc. I, p. 128. Il y a encore le livre du Docteur Most, Uber sympathetische Mittel und Kuren, 1842, qu'on peut utiliser pour se mettre au courant de la chose1. Ces deux faits, le magntisme animal et les cures sympathiques, tablissent donc empiriquement la possibilit d'une action magique, s'opposant l'action physique cette action magique que le XVIIIe sicle avait rejete si premptoirement, ne voulant absolument admettre comme possible que l'action physique, ralise par l'enchanement des causes et des effets, la seule qu'il conut. Une circonstance heureuse, c'est que de nos jours, c'est la science mdicale, ellemme, qui a eu l'initiative de cette faon nouvelle d'envisager les choses. C'est une garantie que le pendule de l'opinion n'ira pas trop maintenant en sens contraire et que nous ne serons pas rejets dans les superstitions des poques grossires. Mme, comme nous l'avons dit, ce n'est qu'une partie 1. Dj Pline donne dans le livre XXVIII, chapitres VI

XVII, une multitude de cures sympathiques. Addition la 3e dition. downloadModeText.vue.download 52 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 17 de la magie qui reoit du magntisme animal et des cures sympathiques une confirmation qui la sauve elle embrassait beaucoup plus encore une grande partie doit, jusqu' nouvel ordre, rester sous le coup des condamnations antrieures, ou tout au moins rester frappe de suspicion, tandis qu'une autre, par suite des analogies qu'elle prsente avec le magntisme animal, doit tout au moins tre considre comme possible. Le magntisme animal et les cures sympathiques ne nous prsentent que des effets bienfaisants, ayant pour but la gurison des malades, semblables ceux que l'histoire de la magie nous montre comme l'uvre de ces personnages qu'on appelle en Espagne les Saludadores (Delrio, Disquisitiones Magic, livre III. P.2. 4. s. 7. et Bodinus, Mag. daemon III, 2) et qui ont galement subi la condamnation de l'Eglise.' La magie, au contraire, a t bien plus souvent employe dans des intentions mauvaises. Si l'on en juge par analogie, il est cependant plus que vraisemblable que la force intrieure qui, agissant immdiatement sur un individu tranger, peut exercer sur lui une influence salutaire, pourra tout aussi bien porter le trouble en lui et lui faire' du mal. Si donc toute une downloadModeText.vue.download 53 sur 330 18 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES partie de l'ancienne magie outre celle qui correspond au magntisme animal et aux cures sympathiques se trouve reprsenter quelque chose de rel, il faut dire que c'est ce qu'on dsigne par les termes de maleficium et de fascinatio et, qui a donn lieu au plus grand nombre des procs de sorcellerie. Dans le livre, dont nous avons parl plus haut, de Most, on trouve quelques faits qu'il faut dcidment attribuer au maleficium (notamment p. 40, 41, et nos 89, 91 et 97). Dans l'histoire des maladies de Bende Bensen, parue dans l'Archiv de Kieser (du t. IX au t. XII), on trouve galement des cas de maladies donnes, particulirement sur des chiens, qui en sont morts. Que la fascinatio ft dj connue de Dmocrite comme un fait qu'il fallait chercher expliquer, c'est ce que nous voyons par les symposiacae quaestiones de Plutarque; question v. 7. 6. Si

on tient ces rcits pour vrais, on a alors la cl pour comprendre ce crime de sorcellerie, qu'on n'aurait pas ainsi poursuivi avec cette passion extrme absolument sans raison. S'il faut admettre que, dans la plupart des cas, ces poursuites n'ont eu d'autre fondement que l'erreur et l'abus, nous ne pouvons pourtant pas croire que nos anctres ont t aveugls downloadModeText.vue.download 54 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 19 au point de poursuivre, pendant tant de sicles, avec une cruaut si grande, un crime qu'il aurait t rellement impossible de commettre. C'est en nous plaant ce point de vue, que nous pouvons encore comprendre pourquoi jusqu' aujourd'hui, dans tous les pays, le peuple s'obstine attribuer certains cas de maladies un maleficium, et ne veut pas en dmordre. Mais si nous nous sentons ports par les progrs du temps ne pas traiter comme chose vaine, comme le faisait le XVIIIe sicle, une partie de cet art maudit, nous devons nous dire que nulle part, plus qu'ici, la circonspection n'est ncessaire pour pcher dans cette mer de mensonges, de tromperies, d'absurdits que sont les crits d'Agrippa von Nettesheim, de '-Wierus,, de Bodin, de Delrio, de Bindsfeldt et autres, quelques rares vrits. Le mensonge et la tromperie, partout frquents dans le monde, n'ont nulle part si beau jeu que l o, de l'aveu de tous, il y a infraction aux lois de la nature ou mme absence de toute loi. On le voit, sur la base fragile du peu de vrai qu'il peut y avoir eu dans la magie, c'est un amas, haut comme le ciel, de lgendes les plus extravagantes, de sornettes les plus grossires, qui s'est difi et qui a eu pour consquences, pendant des downloadModeText.vue.download 55 sur 330 20 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES sicles, les cruauts les plus sanglantes. Quand on rflchit cela, le sentiment qui vient l'esprit, c'est celui de la capacit de l'intelligence humaine admettre toutes sortes d'absurdits incroyables et sans fond, et de la tendance naturelle du cur humain mettre le sceau ces extravagances par des cruauts. Ce qui a modifi aujourd'hui, en Allemagne, le sentiment des classes cultives sur la magie, ce n'est cependant pas tout fait uniquement le magntisme animal. Ce changement tait prpar tout fait au fond par la transforma-

tion opre par Kant dans la philosophie, transformation qui, sur ce point comme sur les autres, tablit une diffrence fondamentale entre la culture allemande et celle des autres Etats europens. Pour se moquer d'avance de toute sympathie occulte ou de toute action magique, il faut trouver que le monde se comprend bien, se comprend trs bien. Mais cela n'est possible que si on jette sur le monde ce coup d'il tout fait superficiel qui ne laisse pas pressentir que nous sommes plongs dans une mer d'nigmes et de choses incomprhensibles et qu'au fond nous ne connaissons et ne comprenons directement ni les choses ni nous-mmes. C'est justement downloadModeText.vue.download 56 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 21 la faon de sentir, oppose celle-ci, qui fait que presque tous les grands hommes, peu importe l'poque et le pays, ont montr une certaine dose de superstition. Si le mode de connaissance qui nous est naturel, tait tel que nous fussions capables de percevoir immdiatement les choses en soi, consquemment les rapports et les relations absolument vraies des choses, nous serions alors absolument autoriss rejeter a priori et consquemment d'une manire absolue, tout pressentiment de l'avenir, tout fait relatif l'apparition d'absents ou de mourants, ou mme d'individus morts. Mais si, comme le veut Kant, ce que nous connaissons ce sont de simples apparences, dont les formes et les lois ne s'tendent pas aux choses en soi, il est alors manifestement tmraire de rejeter ainsi ces faits; puisque, pour cela, on ne s'appuie que sur des lois dont l'apriorit ne dpasse pas le monde

des phnomnes et n'a absolument rien de commun avec les choses en soi, parmi lesquelles il faut compter notre propre moi intrieur. Justement ces choses en soi peuvent avoir avec nous des rapports dont pourraient procder les faits en question, faits pour lesquels la dcision a posteriori est seule recevable et qu'on ne saurait prjuger d'adownloadModeText.vue.download 57 sur 330 22 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES vance. Que des Anglais et des Franais persistent obstinment rejeter a priori de tels faits, la cause en est au fond qu'ils en restent essentiellement la philosophie de Locke, d'aprs laquelle, abstraction faite de la sensation, ce sont les choses en soi qui nous sont connues. Les lois du monde matriel sont tenues pour des lois absolues alors, et rien d'autre que l'influxus physicus n'est admis. Ils croient donc une physique, pas une mtaphysique et ils dcrtent en consquence qu'il n'existe rien d'autre que ce qu'ils appellent la Magie naturelle une expression qui renferme la mme contradictio in adjecto que l'expression Physique surnaturelle et qui cependant est employe srieusement un nombre incalculable de fois; tandis qu'au contraire cette dernire de Physique surnaturelle n'a t employe qu'une seule fois par manire de plaisanterie par Lichtenberg. Le peuple au contraire, avec sa crdulit inne pour toutes les influences surnaturelles en gnral, exprime sa faon moins intellectuelle que sentimentale la conviction que ce que nous percevons et embrassons, ce sont de simples phnomnes, nullement des choses en soi. Que cela ne soit pas trop dire, nous pouvons le prouver par downloadModeText.vue.download 58 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 23 un passage de Kant que nous empruntons son livre Grundlegung zur Metaphysik der Sitten. C'est une remarque, qui ne veut pas une bien grande subtilit de pense,

et. dont on peut admettre qu'elle est la porte de l'intelligence la plus commune procdant, il est vrai, sa faon par cette obscure distinction de notre capacit de juger (Urtheilskraft) que l'intelligence appelle sentiment c'est une remarque, dis-je, qui ne veut pas une grande subtilit de pense, que toutes les reprsentations qui nous viennent indpendamment de notre volont (comme les reprsentations des sens) ne nous donnent connatre les objets que comme ils nous affectent ce qu'ils sont en eux-mmes nous restant parfaitement inconnu; que donc, en ce qui touche cette sorte de reprsentations, nous ne pouvons, mme en prtant l'attention la plus grande et en ralisant ce degr de clart qu'il dpend toujours de notre raison d'atteindre, nous ne pouvons arriver qu' la connaissance des phnomnes, jamais de la chose en soi. Ds qu'on a compris cela, on est forcment oblig d'admettre et de placer derrire les phnomnes quelque chose d'autre que le phnomne, diffrent de lui, savoir la chose en soi (3e dit,, p. 105). downloadModeText.vue.download 59 sur 330 24 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES Quand on lit, sous le titre de Disputatio de quaestione qu fuerit artium magicarum origo, M. rb. 1787, l'histoire de la magie de Tiedemann, un crit couronn par la socit de Gttingue, on s'tonne de l'obstination, qu'en dpit de tant d'checs, l'humanit

a mise, en tous temps et en tous lieux, poursuivre l'ide'de la magie; et on conclura de l que cette ide doit avoir un fondement profond dans la nature de l'homme tout au moins, sinon dans la nature des choses, et que ce ne peut tre nullement une lubie en l'air de son imagination. Quoique la dfinition de la magie se prsente, chez les diffrents crivains, tout fait diverse, on ne saurait mconnaitre partout une mme pense fondamentale. A-toutes les poques et dans tous les lieux on a nourri la croyance qu'en dehors de la manire normale dont les changements se produisent dans le monde par le moyen des relations causales des corps entre eux, il doit y en avoir une autre tout fait diffrente, ne reposant nullement sur ces relations causales. Les moyens employs dans cette dernire paraissaient donc manifestement absurdes, envisags du point d vue qui caractrise le premier mode d'action; puisque la disproportion existante des causes en downloadModeText.vue.download 60 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 25 2 jeu aux buts poursuivis sautait d'abord aux yeux, et que toute relation causale entre les unes et les autres tait impossible. Il fallait supposer seulement qu'outre la liaison extrieure tablissant un nexus physicus entre les phnomnes de ce monde, il pt y en avoir une autre ayant son principe dans l'tre en soi de toutes choses: une liaison, pour ainsi dire, souterraine, par laquelle un nexus metaphysicus ft tabli d'un point l'autre, une action immdiate pt se produire. 11 fallait supposer ensuite et admettre qu'on pt agir sur les choses par le dedans, au lieu comme d'habitude, d'agir par le dehors; il fallait admettre que le phnomne pt agir sur le phnomne par le moyen de la chose

en soi, qui est dans tous les phnomnes une seule et mme chose. Il fallait encore admettre que, de mme que, dans le domaine de la causalit, nous agissons comme natura naturata, nous sommes tout aussi capables d'agir comme natura naturans et que le microcosme peut tre, pour un moment pour nous, comme un vritable macrocosme. Il faudrait admettre que. le mur de sparation, qui constitue le principe d'individuation et d'isolement, quelque rel qu'il soit, pourrait cependant permettre l'occasion une commudownloadModeText.vue.download 61 sur 330 26 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES nication entre les tres comme derrire les coulisses ou sous la table titre de jeu secret. Il faudrait admettre enfin que, comme dans la clairvoyance somnambulique il se produit une vritable suspension de l'activit individuelle isole de la connaissance, on a ici la suspension de l'activit individuelle isole de la volont. Une telle ide ne saurait avoir une origine empirique. Elle ne saurait non plus trouver sa confirmation dans l'exprience qui aurait su, s'il en tait ainsi, la maintenir en tous temps, dans tous les pays. L'exprience, dans la plupart des cas, devrait lui tre oppose. Je suis par suite d'avis que l'origine de cette, pense, si gnrale dans l'humanit, indra-

cinable en dpit de tant d'expriences opposes et du sens commun, doit tre cherche dans le sentiment intrieur de la toute-puissance de la volont en elle-mme, cette volont qui fait l'essence intime de l'homme et de toute la nature, et dans la supposition qui s'y rattache qu'il se pourrait bien que cette toute-puissance ft mise en jeu de quelque manire par l'individu lui-mme. On n'tait pas capable de rechercher et de bien voir en particulier ce qui pouvait revenir cette volont considre comme chose en soi, et ce downloadModeText.vue.download 62 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 27 qui pouvait lui revenir comme phnomnes particuliers; mais on admettait, sans s'inquiter autrement, que cette volont peut. dans certaines circonstances, renverser les limites rsultant pour elle du principe d'individuation. Et ce sentiment luttait obstinment contre la constatation impose par l'exprience que le Dieu qui habite en mon sein peut me troubler profondment au dedans de moi, lui qui domine du haut de son trne toutes les forces de mon tre, mais qu'il ne peut rien remuer au dehors. Der Gott, der mit' in Busen wohnt, Kann tief mein Innerstes erregen, Der ber allen meinen krften thront, Er Kann nach Auszen nichts bewegen. Nous trouvons, comme nous venons de l'exposer, que toujours, quand il s'est agi de pra-

tiquer la magie, le moyen physique employ n'a t pris que comme le vhicule d'un moyen mtaphysique; puisque, dureste, il pouvait manifestement n'avoir aucun rapport avec le but poursuivi tels, par exemple, les mots trangers, les actes symboliques, les figures dessines, les images de cire, etc. Et, conformment cette faon primitive de sentir, nous voyons que ce que le vhicule porte avec lui, downloadModeText.vue.download 63 sur 330 28 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES c'est toujours finalement un acte de la volont, qu'on lui attache. L'occasion naturelle de tout cela, c'tait le sentiment qu'en ce qui concerne les mouvements propres du corps on avait tout instant conscience d'une action de la volont tout fait inexplicable, donc manifestement mtaphysique. Pourquoi, se disait-on, cette action ne pourrait-elle pas s'tendre aussi sur d'autres corps? Trouver le moyen de faire cesser cet isolement de la volont, qui existe pour tout individu, agrandir cette sphre d'action immdiate de la volont, de manire la faire dpasser le corps propre de l'individu voulant, voil la tche de l magie. Il s'en faut cependant beaucoup que cette pense fondamentale, dont parait tre ne proprement la magie, ait t aussitt clairement connue, qu'on en ait reconnu le caractre abstrait, in abstracto, et que la magie ait ainsi pris pleine connaissance d'elle-mme. Ce n'est, dans les sicles passs, que chez quelques penseurs et savants que nous trouvons, comme je le montrerai bientt par des citations, nettement exprime la pense que c'est dans la Volont mme que gt le pouvoir magique, et que les signes et les actes extraordinaires, tout comme les mots sans significa. downloadModeText.vue.download 64 sur 330 MAGNETISME ANIMAL ET MAGIE 29 2. tion qui les accompagnent, qui tous sont censs

les moyens par lesquels on conjure les dmons et on leur commande, ne sont que le vhicule de la volont, le moyen de la fixer: vhicule et moyen par lesquels l'acte de volont qui doit agir, magiquement cesse d'tre un simple dsir pour devenir un acte, revt un corpus (comme dit Paracelse) par lesquels la volont individuelle, jusqu' un certain point, dclare expressment vouloir agir comme volont gnrale, comme volont en soi. Dans tout acte magique, cure sympathique ou tout autre chose de mme nature, l'acte extrieur (le moyen sacramentel) est en effet, justement, ce qu'est la passe dans le magntisme, donc en ralit non pas l'essentiel, mais le vhicule, ce par quoi la volont, qui seule est l'agent proprement dit, se trouve, dans le monde des corps, dirige et fixe et arrive se faire sa place dans la Ralit; -et c'est ce qui fait qu'il est, dans la rgle, indispensable. Pour les autres crivains de ce temps le but de la magie, et ils ne s'cartent pas en cela de la pense qui lui sert de fondement le but de la magie, c'est simplement d'exercer volont une domination absolue sur la nature. Mais quant la pense, que cette domination put tre immdiate, ils ne purent 0 downloadModeText.vue.download 65 sur 330 30 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES pas s'y lever; ils se la figurerent comme ne pouvant exclusivement tre qu'une domination mdiate. Partout, en effet, les religions des diffrents peuples avaient mis la nature sous la domination des dieux et des dmons. Diriger ces derniers sa volont, les mettre son service, les contraindre lui obir, tel tait le but des efforts du magicien; et c'tait aux dmons qu'il attribuait !es succs qu'il pouvait obtenir parfois; exactement comme Mesmer, en commenant, attribuait les succs de ses magntisations la baguette magntique qu'il tenait dans les mains, au lieu de l'attribuer sa volont, qui tait le vri-

table agent. C'est ainsi que tous les peuples polythistes prenaient la chose et que comprennent la magie Plotin' et Jamblique pour lesquels la magie est Thurgie, pour employer une expression dont Porphyre aus le premier. A cette explication tait favorable le polythisme, cette aristocratie divine, qui partag la domination sur les diverses forces de la nature entre autant de dieux et de dmons, qui, pour la plupart, ne sont que des forces de la nature personnifies et dont le magicin sait 1. Chez Plotin se fait jour ici 5t l une vue plus juste de la chose par exemple, Enn. II, livre III, c. 7. Enu. IV, livre III, c. 12, et livre IV, et, 40, 43, et livre IX, c. 3. downloadModeText.vue.download 66 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 31 se concilier les bonnes grces, les bonnes grces tantt de celui-ci, tantt de celui-l, ou qu'il saitfaire servir ses volonts. Ce n'est que dans la monarchie divine, o toute la nature obit un seul, qu'il et t tmraire de penser pouvoir conclure avec le souverain matre un pacte priv ou de prtendre exercer sur lui une domination. L, donc, o dominaient le Judasme, le Christianisme ou l'Islam, la toutepuissance du Dieu unique s'opposait cette explication, le magicien ne pouvant gure se risquer avec ce dieu tout-puissant. Il ne lui restait plus alors que d'avoir recours au diable; avec lequel alors, en qualit de prince des rebelles, de descendant immdiat d'Ahriman, auquel est rest toujours quelque pouvoir sur la nature, il conclut alliance pour s'assurer son aide c'est l Magie noire. La Magie blanche , son contraire, tait caractrise par ce fait que le sorcier ne faisait pas un pacte d'amiti avec le diable c'tait la permission ou la collaboration du Dieu unique lui-mme qu'il sollicitait par l'intermdiaire des anges. Ou plus souvent encore, par l'emploi des noms et qualifications rares, hbraques de Dieu1, comme celle d'A1. Delrio, disqus. mag. livre II, q. 2. Agrippa a

Nettesheym, de vanitate soient, c. 45, downloadModeText.vue.download 67 sur 330 32 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES dona, etc., il voquait le diable et le contraignait lui obir, sans lui promettre lui-mme en retour quoi que ce soit, ce qu'on appelait contraindre l'enfer. Mais tout cela, simples explications et voiles sous lesquels se drobe la chose, tait tellement pris pour la chose elle mme, pour sa ralit objective que tous les crivains, qui ont connaissance de la magie non par la pratique mme, mais de seconde main, comme Bodin, Delrio, Bindsfeldt, etc., tous ceux-l estiment qu'elle consiste essentiellement agir, non par les forces de la nature ni par la voie naturelle, mais avec l'aide du diable Telle tait et res tait partout l'opinion gnrale dominante, modifie selon les lieux et les religions du pays; et cette opinion servait de base aux lois contre la sorcellerie, aux procs de sorcellerie. C'tait d'ordinaire galement contre elle qu'taient diriges les objections faites contre l'ide de la possibilit de la magie. Cette conception et cette explication objective de la chose devait ncessairement se produire dj pour la raison seule du ralisme dcid qui, au moyen ge, comme dans l'antiquit, dominait en Europe et fut pour la premire fois branl par Descartes. Jusqu'alors l'homme n'avait pas encore appris diriger sa spi downloadModeText.vue.download 68 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 33 culation sur les profondeurs mystrieuses de son propre tre intrieur c'tait en dehors de lui qu'il cherchait. Et faire, de la volont qu'il trouvait en lui la matresse de la nature tait une pense si audacieuse qu'on reculait effray devant. Du reste, les dmons et les dieux de toute sorte sont toujours des hypostases par lesquelles les croyants d toute couleur et de toute secte s'expliquent euxmmes le mtaphysique, ce qui se cache derrire la nature, ce qui lui confre l'existence et la lui maintient et qui, par suite, la domine. Quand donc on dit que la magie agit par le moyen des dmons, le sens profond de cette pense c'est toujours qu'elle est un mode d'action qui se produit non par la voie physique, mais par la voie mtaphysique, un mode d'action non pas naturel, mais surnaturel. Si maintenant dans les quelques faits certains qui parlent pour la ralit de la magie magntisme animal, cures sympathiques,

nous ne reconnaissons rien d'autre que l'action immdiate de la volont, manifestant ici sa force en dehors de l'individu voulant, comme ailleurs seulement au dedans de ce mme individu; si nous voyons,.d'autre part, comme je le montrerai bientt et comme je le prouverai par des citations dcisives qui n'ont downloadModeText.vue.download 69 sur 330 34 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES rien d'quivoque, que les anciens les plus profondment verss dans la magie attribuent tous ses effets uniquement la volont du magicien; c'est l, pour ma doctrine, une preuve empirique trs forte que, d'une manire gnrale, le mtaphysique. ce qui seul existe en dehors de la reprsentation, la chose en soi qui remplit le monde, n'est rien autre que la Volont que nous connaissons en nous. Peu importe que les magiciens se soient reprsent cette domination immdiate, que la volont peut exercer parfois sur la nature, comme une domination simplement mdiate, se ralisant l'aide des dmons. Cela ne saurait en rien lui enlever de son efficacit, quand et o il y a lieu, pour elle, de se manifester. Parce qu'en effet, dans les choses de cette sorte, c'est la volont en soi, la volont sous sa forme originaire, la volont, par suite spare de la reprsentation, qui agit; les fausses conceptions de l'intelligence ne sauraient en rien compromettre son action. La thorie et la pratique sont tout fait spares la fausset de l'une ne gne en rien l'autre et la rectitude de la thorie ne rend pas apte la pratique. Mesmer, au commencement, attribuait les effets produits par downloadModeText.vue.download 70 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 35 lui aux baguettes magntiques qu'il avait en mains; il expliquait les merveilles du magntisme animal d'un point de vue matrialiste par un fluide subtil, pntrant tout, et il n'en agissait pas moins d'une manire tonnante. J'ai connu un grand propritaire dont les paysans de tout temps taient habitus faire

soigner et gurir leurs attaques de fivre par leur matre, grce quelques formules conjuratoires prononces par lui. Bien que le propritaire actuel soit convaincu de l'impossibilit d'une telle action, il fait cependant encore, par bont d'me et pour obir l'usage, ce que lui demandent ses paysans, et souvent avec succs un succs qu'il attribue la confiance des paysans, sans considrer que cette mme confiance des malades devrait alors assurer le succs du traitement dans beaucoup de cas o le succs ne rpond pas leur attente. La thurgie et la dmonomagie ne sont donc, dans la mesure o nous venons de le dire, qu'une simple explication et une sorte d'enveloppement de la chose, auxquels la plupart sont rests. Il ne manque pourtant pas de gens dont le regard plus aigu a su reconnatre que ce qui agissait, toutes les fois qu'il tait question d'influences magiques, downloadModeText.vue.download 71 sur 330 36 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES ce n'tait rien d'autre que la volont. Mais ces penseurs profonds, il ne faut pas les chercher parmi ceux qui sont venus s'occuper de la magie en trangers ou mme en ennemis; or c'est ces derniers qu'on doit la plupart des livres sur l magie ce sont des gens qui ne connaissent la magie que par les salles d'audience et par ou-dire; ils n'en dcrivent par suite que le ct extrieur ou mme ils en taisent prudemment les procds propres, si d'aventure ils sont arrivs les connaitre par certains aveux, de peur de contribuer rpandre le crime irrmissible de sorcellerie. Parmi eux figurent Bodin, Delrio, Bindsfeldt

et d'autres. C'est au contraire aux philosophes et aux savants de ces temps de superstition qu'il nous faut demander des conclusions sur la nature propre de la magie. Mais ce qui ressort de plus clair de leurs dclarations, c'est que dans la magie, tout comme dans le magntisme animal, ce qui agit proprement ce n'est pas autre chose que la volont. Pour l'tablir, je demande faire quelques citations. Dj Roger Bacon au XIIIe sicle, dit Quod si ulterius aliqua anima maligna cogitat fortiter de infectione alterius, atque ardenter desideret et certitudinaliter intendat, atque vehementer consideret se posse nocere, non est dubium downloadModeText.vue.download 72 sur 330 3 MAGNETISME ANIMAL ET MAGIE 37 quinnatura nbediet cogitationibus animae (S. Rogeri Bacon Opus Majus, Londini, 1733, p. 252) Que si de plus quelqu'un qui a l'me mauvaise songe fortement nuire autrui, le dsire avec violence, en ait l'intention certaine, et croit fermement pouvoir lui nuire, il n'est pas douteux que la nature n'obisse aux penses de son me. Mais c'est surtout Thophraste Paracelse qui, plus que tout autre, nous renseigne sur la nature propre de la magie et ne craint pas de nous en dcrire exactement les procds (v. l'dition de Strasbourg de ses uvres, 2 vol. in fol., 1603) t. I, p. 91, 353 et suiv. et 789. T. II, p. 362, 496. Il nous dit t. I, p. 19 Des effigies de cire notez ceci j'en veux quelqu'un; ma haine, pour se manifester, a besoin d'un medium, d'un corpus. Il est possible que mon esprit, sans l'aide de mon corps et de mon pe, perce cet autre ou le blesse par mon dsir passionn. Il est possible aussi que par ma volont je transporte l'esprit de mon ennemi dans l'effigie et qu'alors je l'envote, je le paralyse, ma volont. Vous devez savoir que l'act tion de la volont est un grand point dans la mdecine. Quand quelqu'un ne veut pas de bien un autre, qu'il le hait, il se peut downloadModeText.vue.download 73 sur 330 38 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES qu'il arrive ce dernier le mal que le premier lui souhaite. La maldiction c'est l'esprit lch. Il est donc possible, dans les maladies, que l'effigie du malade ait t ensorcele, etc. Toutes ces choses sont galement possibles, en ce qui concerne le btail;

et cela bien'plus facilement, parce que l'esprit de l'homme se- dfend mieux que l'esprit d'une bte. P. 375. Il suit de l qu'un individu ensorcelle un autre en effigie non pas grce tels ou tels caractres, ou autres choses de cette sorte, comme de la cire vierge; mais l'imagination surmonte sa propre constellation de manire devenir un moyen de raliser la volont de son ciel c'est--dire de son homme . Page 334. Tout ce que l'homme imagine vient du cur le cur est le soleil du petit microscome qu'il est. Et tout ce que l'homme imagine et qui vient du petit soleil du microscome va se perdre dans le soleil du grand monde, dans le cur du macrocosme. Ainsi l'imagination du microcosme est une semence qui est matrialise, etc. Page 364. Vous savez assez ce que fait une imagination puissante qui est le commencement de toutes les uvres magiques. Page 789. Penser une chose c'est porter downloadModeText.vue.download 74 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 39 son attention sur un but.. Et je n'ai pas besoin alors d'employer mes mains pour tourner mes regards sur'ce point; mon imagination suflit les tourner l o je dsire. Il en est de mme de l'action de marcher je veux une chose; je me la propose: et mon corps se meut aussitt; et plus je dsire fermement, plus les mouvements sont rapides. C'est donc mon imagination seule qui me meut, qui est le principe du mouvement. Page 837. L'imagination d'autrui dont les ressources sont diriges contre moi peut donc tre assez forte pour que je puisse succomber ses atteintes. Tome II, page 274. L'imagination procde du plaisir et de la convoitise le plaisir engendre l'envie, la haine ces derniers fontils dfaut, tu te complais cela. Et si tu prouves du plaisir, alors entre en jeu ton imagination. Le plaisir sera alors forcment aussi prompt, aussi passionn, aussi vif que celui d'une femme enceinte, etc. Une maldiction quelconque est ordinairement ralise pourquoi? elle sort du cur et dans ce fait qu'elle vient du cur gt le secret de sa croissance future. La maldiction du pre et de la mre va aussi du cur. La maldiction des pauvres gens est aussi imagina-

downloadModeText.vue.download 75 sur 330 40 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES tion. La maldiction des prisonniers qui est aussi pure imagination part aussi du cur. Egalement donc si quelqu'un veut poignarder autrui par l'imagination, ou le paralyser, etc., il lui faut commener par attirer en soi la chose, l'instrument, pour pouvoir l'imprimer ensuite dans l'individu par la pense conme on ferait avec les mains. Les femmes dpassent les hommes en force d'imagination, aussi sont-elles plus excessives dans leur vengeance. Page 298. La magie est une grande sagesse cache; la raison une grande folie publique. Aucune cuirasse ne protge contre le sorcier; car c'est l'homme intrieur qu'il blesse, l'esprit de la vie. Quelques sorciers font une effigie reprsentant l'homme qu'ils hassent et lui plantent un clou dans la sole du pied l'homme se trouve invisiblement atteint et paralys, jusqu' l'enlvement du clou. Page 307. Il nous faut savoir ceci c'est seulement par la foi et notre force d'imagination que nous pouvons porter dans une image l'esprit d'un autre homme. On n'a pas besoin de conjuration; les crmonies, les cercles magiques, les parfums, les signes caballistiques, etc., ne sont que singeries peur downloadModeText.vue.download 76 sur 330 'MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 41 donner le change. Des Homunculi, des statuettes sont faites. dans lesquelles se trouvent transportes toutes les manifestations de vie, toutes les forces et la volont de l'homme. C'est une grande chose que l'esprit de l'homme, une chose telle que personne ne saurait l'exprimer comme Dieu lui mme est ternel et imprissable ainsi en est-il de l'esprit de l'homme. Si nous, hommes, nous connaissions bien notre esprit,

rien ne nous serait impossible sur la terre. L'imagination parfaite, celte qui vient des astres surgit dans notre cur. Page 513. Il faut, pour confirmer l'imagination et la parfaire croire fermement la ralit des choses car le moindre doute dtruit aussitt son uvre. La foi doit confirmer l'imagination, puisque la foi endigue la volont. Mais parce que l'homme ne peut jamais imaginer d'une faon parfaite, ou croire parfaitement, il s'ensuit que les arts humains doivent toujours tre rputs incertains dans leurs rsultats, quelque certains et parfaits qu'ils puissent tre. Un passage de Campanella, dans son livre de sensu rerum et magia peut servir expliquer cette dernire proposition Efficiunt alii ne homo possit futuere, si tantum credat non enim downloadModeText.vue.download 77 sur 330 42 MMOIRES SUR LES SCIENCES. OCCULTES potest facere quod non credit posse facere (Livre IV, c. 18). Agrippa von Nettesheim, de occulta philosophia, livre I, c., 66, s'exprime dans le mme sens. Je commence par donner une traduction du passage, je donnerai le texte ensuite L'esprit d'autrui ne peut pas moins sur notre corps que son propre corps et page 67 Tout ce qu'une haine violente peut inspirer quelqu'un a la force de

nuire, d'exercer un effet destructeur; et de mme pour toutes les choses que l'me poursuit d'un dsir violent. Tout ce qu'elle fait et dit alors caractres gravs, figures, paroles, gestes et choses semblables, tout cela n'est que pour aider la passion de l'me et acquiert alors des vertus singulires tant du fait de l'me s'efforant au moment o la passion la saisit le plus, que du fait de l'influx cleste qui porte alors l'me dans cette direction. C. 68. Il y a alors dans l'esprit de l'homme une certaine capacit de changer les choses et les hommes, de les attacher ce qu'il dsire tous lui obissent quand il est emport par l'excs de quelque grande passion ou de quelque grande vertu, et il se montre alors suprieur ceux qu'il contraint faire ses vodownloadModeText.vue.download 78 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 43 lonts. Le principe de ce pouvoir de contraindre les autres c'est la passion de l'me eUe-mme, la passion violente et sans frein. Voici le texte Non minus subjicitur corpus alieno animo quam alieno corpori et c. 67 Quidquid dictat animus fortissime odientis habet efficaciam nocendi et destruendi similiter in ceteris quae affectat animus fortissimo desiderio. Omnia enim quae tune agit et dictat ex characteribus, figuris, verbis, gestibus et ejusmodi, omnia sunt ad-

juvantia appetitum animae et acquirunt mirabiles quasdam virtutes, tum ab anima laborantis in ill hor, quando ipsam appetitus ejusmodi maxim invadit, tum ab influxu caelesti animum tune taliter movente. C. 68 Inest hominum animis virtus quaedam immutandi et ligandi res et homines ad id quod desiderat, et ommes res obediunt illi, quando fertur in magnum excessum alicujus passionis, vel virtutis, in tntum ut superet eos quos ligat. Radix ejusmodi ligationis ipsa est affectio animae vehemens et. exterminata. J. Caes. Vannini dit de mme, de admirabilibus natur arcanis, livre IV, dialogue 5, p. 434 qu'une imagination vhmente laquelle l'esprit et le sang obissent peut downloadModeText.vue.download 79 sur 330 44 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES faire d'une chose simplement conue par l'esprit une ralit, et cela non seulement en dedans de nous, mais au dehors Vehementem imaginationem cui spiritus et sanguis obediunt, rem mente conceptam realiter efficere, non solum intra, sed et extra1. 1. Ibid., 440, on ajoute cette parole d'Avicenne Il suffit que quelqu'un le veuille fortement, pour que le chameau tombe ad validam alicujus imaginationem cadit camelus. Ibid., p. 478. Vannini parle des aiguillettes qu'on noue, ne quis cum muliere coeat et il dit en Allemagne, je me suis entretenu plusieurs fois avec de ces gens qu'on nomme vulgairement des ncromanciens qui m'ont avou ingnuement qu'ils croient assez que ce qu'on raconte ordinairement des dmons ce sont de pures fables, et que cependant ils obtiennent eux-mmes des rsultats, soit en agissant sur l'imagination par la vertu de certaines herbes, soit par la seule force naturelle de l'imagination et de la foi trs grande qu'ils

savent susciter par leurs incantations prtendues et ridicules dans l'me de femmes ignorantes, auxquelles ils persuadent qu' la condition de rciter trs dvotement quelques petites prires, le charme oprera aussitt. Toutes crdules, et du fond de l'me, elles rptent alors ces incantations et il arrive ainsi qu'elles fascinent effectivement les gens du voisinage, non qu'il faille attribuer cela la vertu des mots dits, ou des caractres tracs mais aux esprits (esprits vitaux et animaux) qu'elles mettent dans le but de raliser le charme. Il arrive par l que les Ncromanciens eux-mmes, quand il s'agit d'eux-mmes, ou mme d'autrui, et qu'ils sont oprer seuls, m'accomplissent parfois rien de remarquable Ils manquent, en. effet, de la foi, l'agent qui fait tout aliquid tamen ipsos operari, vel vi herbarum commovendo phantasiam, vel vi imaginationis et fidei vehementissim, quam ipsorum nugacissimis downloadModeText.vue.download 80 sur 330 MAGNTISME ANIMAL ET MAGIE 45 3. dition. On trouve encore, parmi ceux qui ont parl de la magie, Joh. Bapt. van Helmont qui s'est donn beaucoup de peine pour rduire le plus possible le rle du diable dans la magie, au profit de la volont. Du grand recueil de ses uvres, Ortus medicin, j'extrais quelques passages en les rapportant chacun l'crit particulier o ils se rencontrent. Recepta injuria, 12. Lorsque l'ennemi de la nature (le diable) ne peut pas par luimme venir bout de ses fins, il suscite dans l'me de la sorcire l'ide d'un violent dsir, d'une forte haine, de manire, en recourant ces moyens spirituels et libres, transporter en elle son propre vouloir, ce vouloir par lequel, il prtend nuire1. Dans ce but, contictis excantationibus adhibent ignares mulieres, quibus persuadent, recitatis magn cum devotione aliquibus preculis, statira effici fascinam, quare credul ex intimo cordis effundunt excantationes, atque ita, non vi verborum, neque caracterum, ut ipsae existimant, sed spiritibus (sc. vitalibus et animalibus) fascini inferendi percupidis exsufflatis proximos effascinant. Hine fit ut ipsi Necromantici, in causa propria, vel alien, si soli sint operarii, nihil unquam mirabile prstiterint carent enim fide qu cnncta operatur. Addition la dition. 1. Der Tenfel hat sie's Zwar gelehrt Allein der Teufel Kann's nicht machen. Fanst, v. 121. Le diable l'a instruite sur ce point; mais le diable ne

peut pas faire lui-meme. Addition la 3e dition. 3. downloadModeText.vue.download 81 sur 330 46 MMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES c'est surtout aussi les excrations, qu'en faisant naitre l'ide du dsir et de la terreur, il suggre ses truies les plus odieuses. 13. Ce dsir, en effet, qui est une passion du sujet imaginant, cre en mme temps l'ide et non pas une ide vaine, mais une ide-force, une ide qui ralise l'incantation. 19. J'ai dj dmontr que la force du charme dpend surtout de l'ide telle qu'elle existe naturellement chez la sorcire. De injectis materialibus, 15. L'ordre de la nature veut que l'ide que la sorcire con. oit dans son imagination soit libre, naturelle, et puisse nuire. C'est la force de la nature que les sorcires mettent enjeu pour agir. L'homme, en effet, dgage un autre fluide qui mane de lui, propre excuter, commander, ensorceler l'homme. Ce fluide, ce moyen d'agir, est l'ide, le violent dsir. Et, en effet, il est insparable du dsir de se porter vers son objet. De sympatheticis mediis, 2. Les ides de