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Mes exercices spirituels, par Pierre Hadot le philosophe Pierre Hadot, professeur au Collège de France, explore la pensée antique depuis quarante ans et publie cette année un essai inspiré sur Goethe Cette première rencontre avec un maître «à penser et à créer» inaugure la série d'été des Débats de l'Obs . Pendant six semaines, nous interrogerons six artistes dans leur genre, six intellectuels qui réfléchissent sur leur art. Des penseurs et des passeurs originaux qui ont fait l'actualité en 2008. Du philosophe français Pierre Hadot au génie de la BD américain Robert Crumb , de l'architecte français Jean Nouvel à l'écrivain-voyageur britannique Colin Thubron, du paléontologue français Michel Brunet au poète et critique anglais Michael Edwards. Sentiment océanique En 1939, en terminale, la première idée que je me suis faite de la philosophie a été profondément marquée par Bergson et les existentialistes. C'est qu'ils invitaient, en philosophes, à vivre des expériences affectives. La joie, l'émerveillement, l'angoisse même comme celle qu'éprouve lors d'une extase demeurée célèbre, Roquentin, face à un arbre, dans «la Nausée» deSartre . Je me rappelais alors de l'expérience bouleversante que je fis, deux fois de suite, à l'âge de 12 ou 13 ans; je me souviens surtout de celle qui se produisit un soir d'hiver en voyant le ciel étoilé. Brusquement, j'eus une impression d'étrangeté et je fus envahi par une angoisse à la fois terrifiante et délicieuse. Je m'étonnais d'être moi, d'être là dans ce monde immense et inconnu, dont j'étais une partie. Romain Rolland a appelé cela le «sentiment océanique». Ai- je été prédisposé à la philosophie par cette expérience? A lire les existentialistes, je compris qu'un des actes les plus importants du philosophe consistait dans cette prise de conscience de l'existence-dans-le- monde. Le Rousseau des «Rêveries d'un promeneur solitaire» qui s'attache à décrire ce sentiment d'existence m'apparaît comme un des précurseurs de cette introduction de l'affectivité dans la philosophie. Suivi, dans cette voie, par Schelling, Schopenhauer et Nietzsche. Quoi qu'il en soit, ces expériences

Mes Exercices Spirituels

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Mes exercices spirituels, par Pierre Hadot

le philosophe Pierre Hadot, professeur au Collège de France, explore la pensée antique depuis quarante ans et publie cette année un essai inspiré sur Goethe

Cette première rencontre avec un maître «à penser et à créer» inaugurela série d'été des Débats de l'Obs. Pendant six semaines, nous interrogeronssix artistes dans leur genre, six intellectuels qui réfléchissent sur leur art. Despenseurs et des passeurs originaux qui ont fait l'actualité en 2008. Duphilosophe français Pierre Hadot au génie de la BD américain Robert Crumb,de l'architecte français Jean Nouvel à l'écrivain-voyageur britannique ColinThubron, du paléontologue français Michel Brunet au poète et critique anglaisMichael Edwards.Sentiment océanique

En 1939, en terminale, la première idée que je me suis faite de la philosophiea été profondément marquée par Bergson et les existentialistes. C'est qu'ilsinvitaient, en philosophes, à vivre des expériences affectives. La joie,l'émerveillement, l'angoisse même comme celle qu'éprouve lors d'une extasedemeurée célèbre, Roquentin, face à un arbre, dans «la Nausée» deSartre. Jeme rappelais alors de l'expérience bouleversante que je fis, deux fois de suite,à l'âge de 12 ou 13 ans; je me souviens surtout de celle qui se produisit un soird'hiver en voyant le ciel étoilé. Brusquement, j'eus une impression d'étrangetéet je fus envahi par une angoisse à la fois terrifiante et délicieuse. Jem'étonnais d'être moi, d'être là dans ce monde immense et inconnu, dontj'étais une partie. Romain Rolland a appelé cela le «sentiment océanique». Ai-je été prédisposé à la philosophie par cette expérience?A lire les existentialistes, je compris qu'un des actes les plus importants duphilosophe consistait dans cette prise de conscience de l'existence-dans-le-monde. Le Rousseau des «Rêveries d'un promeneur solitaire» qui s'attache àdécrire ce sentiment d'existence m'apparaît comme un des précurseurs decette introduction de l'affectivité dans la philosophie. Suivi, dans cette voie,par Schelling, Schopenhauer et Nietzsche. Quoi qu'il en soit, ces expériences

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d'adolescent m'ont conduit à penser qu'une chose est essentielle auphilosophe: replacer son individualité dans le Tout du cosmos dont elle estune partie. Nietzsche disait: «Aller par-delà moi-même et toi-même. Eprouverd'une manière cosmique.»

Ce long détourJ'ai raconté souvent l'histoire de ma dissertation de philo au bac 1939, etl'enthousiasme avec lequel je commentais alors cette phrase de Bergson:«Laphilosophie n'est pas une construction de système, mais la résolution unefois prise de regarder naïvement en soi et autour de soi.» Définition de laphilosophie et du philosopher, à mes yeux, toujours valable! C'est que laphilosophie n'est pas avant tout une activité théorique et abstraite, mais unnouveau mode de perception, que Bergson qualifie de «naïf», au sens oùl'artiste regarde sans a priori la nature, en se libérant des habitudes et desintérêts égoïstes qui nous empêchent de voir la réalité telle qu'elle est.

D'enthousiasme en enthousiasme, il faut que j'évoque, dans mon parcours, ladécouverte, en licence de philosophie, de Heidegger, sa distinction del'authentique, lié à la conscience de l'être et de l'inauthentique, sa distinctionaussi entre l'être et l'étant, ses analyses de l'angoisse et du souci... Je songeaisà une thèse sur Rilke - mon bréviaire à cette époque - et Heidegger avec JeanWahl, grand maître alors des études heideggériennes. Mais le destin a vouluque je devienne historien et philologue, éditeur, traducteur et exégète detextes antiques - tout en restant philosophe. Je me suis donc acharné desannées durant à rédiger une thèse sur un obscur écrivain latin du IVe siècle denotre ère, Marius Victorinus, qui d'ailleurs demeure toujours très mystérieux!Mais comment regretterais-je ce long détour?Comme beaucoup de philosophes, je n'avais aucun sens historique etphilologique. En travaillant sur ce rhéteur de la ville de Rome, traducteur destraités de Plotin et qui s'était finalement converti au christianisme, j'aidécouvert alors la difficulté d'établir les textes - rendus parfois inintelligiblesà cause des fautes de copie des manuscrits -, mais aussi de les comprendre:j'ai souvent passé une journée entière pour m'assurer du sens d'un mot. D'unecertaine manière, j'ai consumé des années à élucider le sens de cet aphorismed'Héraclite, à l'origine d'une réflexion qui a occupé quarante années de mavie, et que j'ai publiée dans «le Voile d'Isis»: «La nature aime à secacher.» J'ai étudié de très près cette phrase et j'ai suivi la longue chaîne decontresens que les philosophes ont faits sur sa traduction - de Philon

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d'Alexandrie à Heidegger. A cet égard, il est troublant de penser que la raisonait opéré, pour produire des concepts nouveaux, avec des méthodes aussiirrationnelles en se laissant dériver au gré de fantaisies exégétiques.

Intuition

Dans ma jeunesse, en pensant à Platon, à Aristote, ou à Plotin, j'avaistendance à me représenter que ce qui caractérisait la pensée grecque, c'étaitl'abstraction et la théorie; mais alors un problème surgissait: pourquoitrouvait-on dans ces textes tant et de si manifestes incohérences? Lescritiques et les historiens disaient à propos de tel ou tel texte antique que leurauteur se contredisait ou qu'il composait mal. C'était vrai, si l'on croyait quel'intention de l'auteur antique était d'«informer», d'exposer une doctrine, deconstruire un système. Mais si l'on admettait qu'il voulait «former», qu'ilavait une intention pédagogique ou thérapeutique, en un mot qu'il voulaitexercer un certain effet sur des personnes déterminées et non sur des lecteursinconnus, on pouvait comprendre les digressions, les dissymétries, leslongueurs... Victor Goldschmidt a eu, à propos des dialogues platoniciens, uneformule extraordinaire: «Ces dialogues visent, non pas à informer, mais àformer.» Cette intuition vaut pour toute la philosophie antique.Conscience joyeuseJ'ai rédigé, en 1977, dans l'Annuaire de la 5e Section de l'Ecole pratique desHautes Etudes, un article intitulé «Exercices spirituels» dont les différentschapitres avaient pour titre: apprendre à vivre, apprendre à dialoguer,apprendre à mourir, apprendre à lire. J'ai plaisir à penser du reste que cetexte influença beaucoup, en son temps, Foucault, comme il l'a reconnu lui-même dans «l'Usage des plaisirs». Personnellement, je définirais l'exercicespirituel comme une pratique volontaire, personnelle, conçue pourdéclencher une transformation de soi. Comme, par exemple, chez les stoïciensqui pensaient que, pour être en mesure de supporter les coups du sort, lamaladie, la pauvreté, l'exil, il fallait se préparer par la pensée à leuréventualité et que c'était une des tâches de la philosophie.Les épicuriens aussi ont élaboré un «corpus» d'exercices spirituels: l'aveu desfautes, par exemple; la limitation des désirs ou, s'accordant en cela avec lesstoïciens, l'examen de conscience déjà en honneur chez les pythagoriciens, quipermet de prendre conscience de son état moral; la lecture méditative; laconcentration de l'attention sur l'instant présent ; l'effort pour voir les chosesd'un point de vue supérieur. Certains de ces exercices n'ont pas cessé d'êtrepratiqués au cours des siècles. Par exemple, le regard d'en haut porté sur les

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choses humaines, pratiqué par Pascal, Voltaire, Leopardi, ou encore HubertBeuve-Méry, dans des chroniques du «Monde» qu'il avait intitulées «Le pointde vue de Sirius»; ou la concentration sur l'instant présent, que Goethe ouSchopenhauer ont recommandée, tout comme André Gide qui écrivait, dansses «Nourritures terrestres»: «Chaque instant de notre vie estessentiellement irremplaçable; sache parfois t'y concentrer uniquement.»Nietzsche comparait les exercices pratiqués dans les différentes écolesphilosophiques antiques à des modèles d'action qui pouvaient nous inspirer.Je ne peux évidemment exposer ici ces différents choix de vie qui supposaientd'ailleurs une vie commune entre maître et disciples. Je m'en tiendrai auprogramme proposé par Marc Aurèle qui distingue les trois rapportsdéterminants pour tout individu: celui que nous avons avec notre proprepensée, celui que nous entretenons avec les autres hommes et enfin celui quenous cultivons avec la nature. Il s'agissait, pour Marc Aurèle, d'abord, deveiller à ne pas se laisser égarer par de fausses représentations, d'avoir lecourage de voir la réalité telle qu'elle est; ensuite, de toujours agir au servicede la communauté humaine et dans un esprit de justice; enfin, de vivre dansla conscience joyeuse que l'on est une partie du monde. Ces trois disciplines àl'œuvre dans nos existences correspondaient bien, d'une part, à un matérielconceptuel: une théorie du jugement, de l'action et de la nature; mais ellesdonnaient corps aussi, d'autre part, à une pratique s'exerçant dans ces troisdomaines. L'essentiel, à mes yeux, c'est que l'action et le sentiment soientconsidérés, au fond, comme une partie intégrante de la philosophie.Tentation

De nos jours, l'enseignement de la philosophie dans les lycées et à l'universitéa perdu le caractère personnel et communautaire qu'il avait dans l'Antiquité.Par ailleurs, certains philosophes contemporains ont considéré l'activitéphilosophique comme la construction d'un échafaudage conceptuel qui seraitune fin en soi. Mais ce n'est pas un phénomène nouveau. Car la philosophiedoit toujours commencer par le discours, qu'il s'agisse de rapporter uneexpérience, de poser des questions ou de proposer un mode de vie. Ensuitedevraient succéder à cette première phase l'engagement existentiel et l'actionconcrète. Mais la grande tentation, pour tout philosophe, consiste à s'en tenirau discours. C'est pourquoi, d'un bout à l'autre de l'histoire de la philosophie,deux types de philosophes se sont constamment opposés: ceux qui limitent laphilosophie à un discours et ceux qui mettent l'accent sur sa dimensionexistentielle et vitale.

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Dans l'Antiquité, par exemple chez Epictète, Plutarque, ou encore Platon, ontrouve une critique virulente de ceux qui se veulent exclusivement«professeurs», qui veulent briller par leurs argumentations et leur style et quise distinguent ainsi de ceux qui vivent leur philosophie. Cette mêmeopposition se perpétue dans la philosophie moderne. Kant oppose à laphilosophie scolaire la philosophie du monde qui intéresse tout homme;Schopenhauer se moque de la philosophie universitaire qui n'est que del'escrime devant un miroir. Thoreau déclare: «De nos jours, il y a desprofesseurs de philosophie, mais pas dephilosophes», et Nietzsche écrit:«Avons-nous appris la moindre des chosesque les Anciens enseignaient à leur jeunesse? Avons-nous appris le moindretrait de l'ascétisme pratique de tous les philosophes grecs?» Bergson et lesexistentialistes défendent la même conception, celle d'une philosophie qui neserait pas un échafaudage de concepts, mais un engagement de et dansl'existence.La santé du momentGoethe a une représentation idyllique et erronée de la vie quotidienne dansl'Antiquité. Les hommes étaient heureux de vivre leur vie terrestre, dans cequ'il appelait la «santé du moment». Ce que veut dire Goethe, c'est que lechristianisme a détruit cette belle harmonie en obligeant les hommes à penserà la mort et en leur interdisant les plaisirs de la vie. Par ailleurs, il admire lesphilosophes grecs, tout spécialement les stoïciens et les épicuriens. Pour lui, lepeuple grec et ses philosophes disaient «oui» à l'existence et au monde.Comme Marc Aurèle qui écrivait: «Le propre de l'homme de bien, c'estd'aimer et d'accueillir avec joie tous les événements.» Goethe ne dit pas autrechose, mais plus brièvement: «La vie, quelle qu'elle soit, elle est bonne.» J'aiété étonné, à cet égard, de constater la grande parenté qui existe entre Goetheet Nietzsche.Cette parenté est d'ailleurs revendiquée par Nietzsche qui parle du«fatalismejoyeux» de Goethe. Accepter la vie et le monde, même dans leurs aspects lesplus terribles! Pour ma part, je comprends cette position dans la perspectivedu caractère merveilleux de l'existence. Mais comment accepter l'atrocesouffrance de milliards d'être humains? C'est le mérite du stoïcisme d'avoirintégré l'action au service de la communauté humaine dans la philosophie.Dans ce sens, je dirais que sont des philosophes, probablement desphilosophes «sans le savoir», tous ceux qui combattent pour la défense desdroits de l'homme ou pour l'avenir de la planète! Sénèque le stoïcien avaitdéjà imaginé pour eux un beau slogan: «L'homme, chose sacrée pour

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l'homme.» Vous me permettrez de faire une citation un peu plus longue de cemême Sénèque, faisant l'éloge de l'école stoïcienne: «La fin qu'elle nousprescrit, c'est d'être utile aux autres et d'avoir le souci, non seulement de soi-même, mais de tous en général et de chacun en particulier.» On se demandeen lisant ce texte par quel défaut de lecture on a pu prétendre que le stoïcienne se souciait que de son propre bonheur!

Extase

J'ai quitté l'Eglise depuis longtemps. C'est aujourd'hui, pour moi, une vieantérieure. J'ai eu une enfance à l'eau bénite. Petit séminaire. Grandséminaire. Prêtrise. En pleine Occupation, j'ai lu les textes des grandsmystiques. J'étais passionné par la monumentale «Histoire littéraire dusentiment religieux»de l'abbé Bremond. Mon intérêt pour la mystique prendnaissance dans ces lectures des poèmes de saint Jean de la Croix et des textesde Thérèse d'Avila ou de Thérèse de Lisieux. Ce qui m'a conduit à Plotin et àWittgenstein. J'éprouvais alors ardemment le désir de l'union mystique.L'idée d'un contact direct avec Dieu me fascinait. Mais j'ai été déçu. Mesdirecteurs de conscience ne paraissaient pas faire grand cas des trois voies -d'ailleurs héritées de Plotin et du néo-platonisme - qui devaient conduire àl'extase: la voie purgative, la voie illuminative et la voie unitive.A la fin des années 1940, je me suis retrouvé dans la paroisse Saint-Séverin.J'habitais le presbytère et je participais à la vie de la communauté paroissiale.En même temps, j'allais suivre les cours de Jean Hyppolite sur Hegel à laSorbonne! Période décisive de ma vie. C'est à ce moment que j'ai commencé àadopter une attitude critique à l'égard de l'Eglise. Beaucoup de choses mecontrariaient dans la vie quotidienne - le fait, par exemple, de ne pas vivrevraiment selon le modèle évangélique (comme de ne pas accueillir dansl'église les SDF de l'époque...). Mais il y eut un choc. L'encyclique«Humanigeneris» du 12 août 1950 qui condamnait l'évolutionnisme de Teilhard deChardin, et aussi l'œcuménisme - pour un lecteur de la revue protestante«Réforme» que j'étais, ce fut un autre choc! La proclamation du dogme del'Assomption ajouta encore à ma déception. En juin 1952, j'ai donc quittéSaint-Séverin et me suis marié un an après!RuptureLe drame du catholicisme, c'est de s'être rapidement éloigné du messageévangélique (sans doute depuis Constantin) avec l'installation du pouvoirtemporel des papes, avec les fastes de la liturgie, l'Inquisition... Le dernierconcile avait apporté quelques corrections à cet état de fait, mais le pape

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actuel (comme son prédécesseur) paraît bien vouloir liquider cet héritage. Enfait, le problème n'est pas celui du catholicisme, mais celui des religions. Ellessemblent toutes avoir déformé le message de leurs fondateurs. Elles ont été etdemeurent encore pour l'humanité, notamment les religions du Livre, lasource de guerres horribles, de persécutions impitoyables, de souffrancespour des millions d'hommes et de femmes. Je ne sais si l'humanité parviendraà se délivrer de ce besoin religieux. Pour ma part, je dirais avec Einstein: «Jesuis un non-croyant profondément religieux.» Si l'on entend par religionl'émerveillement devant le mystère du monde et de la nature.

Propos recueillis par Thierry GrilletNé en 1922, Pierre Hadot, philosophe et historien de la philosophie, estprofesseur honoraire au Collège de France pour la chaire d'histoire de lapensée hellénistique et romaine. Il a publié de nombreux ouvrages, dont«Qu'est-ce que la philosophie antique?» (Folio Essais) et cette année uneréédition «le Voile d'Isis» (Folio Essais) et «N'oublie pas de vivre. Goethe et latradition des exercices spirituels» chez Albin Michel.