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Mésaventures en Auvergne André Berrand

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Mésaventures en Auvergne

André Berrand

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 158 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 13.06 ----------------------------------------------------------------------------

Mésaventures en Auvergne

André Berrand

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1 Introduction

L’histoire qui suit a été tirée de faits réels qui se sont déroulés par le passé, la plupart du temps, dans ces campagnes auvergnates si accueillantes et si pittoresques qu’on ne peut se lasser d’y résider, sinon même de les visiter en tous sens.

Une seule vie en ces lieux ne peut pas suffire pour cela et malgré le temps qui passe, on peut toujours y découvrir constamment de nouveaux paysages et de nouveaux sites touristiques.

Ce n’est cependant qu’un des multiples aspects de cette magnifique région dont la beauté et l’originalité des paysages des montagnes du centre de la France, avec ses campagnes aux vues si diverses, ses forêts de résineux ou d’arbres caducs, ses plateaux rocailleux balayés par les vents, ses gorges abruptes creusées par ses torrents, ses lacs, ses maars, ses tourbières et ses volcans éteints qui font toute son originalité.

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Ses habitants ne sont pas moins en reste pour représenter également la grande diversité de cette région unique en son genre.

Il faut cependant préciser au lecteur que toute ressemblance ici, avec des personnes ou des lieux existants ou ayant existés serait purement fortuite.

C’est dans ces conditions que je lui offre avant tout ce :

PRÉSENT

Au cours de ma jeunesse comme chacun j’ai appris, Qu’on peut tout désirer, amour, santé, argent. Mais plus tard j’ai compris qu’il faut toute une vie, Pour avoir l’un ou l’autre sans croupir sur le banc.

Aussi fort du principe, et sans nul compromis, J’ai quêté l’un et l’autre, parfois des mois, des ans, Parcourant de la sorte le long fleuve de la vie, Evitant les écueils, luttant dans le courant.

Pour découvrir enfin aux abords du rivage, Qu’il est vain d’ignorer la détresse d’autrui, Qu’à vivre sur un mont d’or au milieu des nuages, N’assure aucun repos et n’attire que mépris.

Nulle richesse sur terre ne procure le bonheur, Si l’on veut tout garder sans voir autour de soi, La détresse qui entoure et n’apporte que malheur, En ôtant parfois même la protection d’un toit.

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Aussi sans offusquer je requiers humblement, De quitter tout orgueil car nul ne doit douter, Qu’un présent qui est fait, qu’il soit petit ou grand, Se donne avec plaisir, joie et sincérité.

Peu importe dans ce cas, sa beauté ou son prix, Seul l’acte qu’il représente doit être évalué. Tout refus est souvent synonyme de mépris, Mépris pour le plaisir qu’offrir peut procurer.

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2 Retour de vacances

En ce temps-là, pardonnez l’expression mais les faits se situent au cours des années mil neuf cent soixante-dix.

Nous sommes au tout début du mois d’août, à l’occasion d’un retour de l’une des vacances de Colette et Gérard qu’ils ont, en ces années-là, l’habitude d’aller passer en Italie.

Cette année-là donc, comme à chacune d’elles à cette époque, ils sont allés passer leurs congés d’été en camping avec les jumeaux sur les bords de la mer Adriatique.

De la même manière que les années précédentes, ils ont donc effectué leur voyage aller en voiture avec armes et bagages soigneusement entassés dans une remorque attelée à l’arrière de leur véhicule, ceci afin de se rendre, comme chaque année avant celle-ci, à CESENATICO, petite bourgade du bord de mer

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située sur la côte de l’EMILIA ROMAGNA. Leur séjour à camper sous la tente en bordure de

mer se déroule ainsi chaque été durant tout le mois de juillet, au grand bonheur des enfants, et il faut bien le dire, également des parents.

Ce lieu de villégiature est situé pas très loin de RAVENNE et de RIMINI mais surtout de SAINT-MARIN, par contre, assez éloigné de la mère patrie, ce qui nécessite de leur part, lors de chaque déplacement pour s’y rendre ou en revenir, un voyage de deux jours au minimum.

Pour accéder à ce lieu idyllique, peu importe cependant la peine qu’ils ont pour y parvenir.

Rien ne pourrait les en dissuader d’y aller, et donc, nul d’entre eux, pour rien au monde n’envisagerait d’en changer.

En effet, que désirer de mieux pour eux sous le soleil.

Ici la mer leur est offerte dans toute sa splendeur et sa douceur s’étale tout au long d’un écrin de sable blond et d’un jardin de verdure exotique.

Les environs regorgent également de sites touristiques à visiter, et les « trattorie » nichées dans l’arrière pays ou les « pizzerie » des bords de mer qu’ils fréquentent souvent le soir après leurs dures journées passées à lézarder au bord de l’eau sous un soleil ardent, les récompensent toujours de tous les efforts déployés chaque soirée afin de parvenir en ces lieux de festins.

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Et puis, il y a surtout, tout à côté de ce lieu paradisiaque, la République de SAN-MARINO.

C’est un éden en Italie pour les commerçants qui y travaillent, à l’égal de ce qu’est celle d’ANDORRA pour notre beau pays et l’Espagne.

Là, par comparaison avec notre monnaie de l’époque, la lire italienne faisait des Français, si l’on peut dire, des rois du pétrole.

Comment s’étonner dans ces conditions si en ces années-là, nos concitoyens désertaient souvent, tout comme eux, les plages de la Côte d’Azur pour celles de l’Adriatique.

Cette année donc, ils sont allés une fois encore se promener et faire le plein en ce beau pays de cocagne qu’était la République de SAINT-MARIN.

Ils ont accumulé dans leur coffre, autant de bouteilles de : « Vermouth », « Crema di Marsala al uovo », « Liquore di zabaglione », « Amaretto di Saronno » et j’en passe, qu’il peut contenir.

De quoi finir paisiblement l’année, pour toute la famille, à s’abreuver copieusement de tous ces alcools qui ne se trouvent pas dans notre beau pays de France, pourtant réputé lui-même pour tous ces breuvages euphorisants.

Seulement voilà, les emplettes terminées, à un moment ou un autre il va leur falloir retourner au bercail avec la douane au passage.

Le jour décidé pour le voyage du retour vers la métropole, il leur faudra inventer un stratagème ou

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découvrir une solution miracle qui devra permettre à coup sûr de franchir l’obstacle sans le moindre dommage.

Là ils devront faire preuve de beaucoup d’imagination !

Ils ont donc décidé cette année-là, pour améliorer les chances de passer au travers des mailles du filet, d’emprunter le plus long trajet possible qui puisse exister pour regagner l’Auvergne et de franchir la frontière à Vintimille.

Quel douanier si perspicace soit-il, pourrait supposer un seul instant, qu’ils passent en ce lieu pour regagner le centre de la France après être allés se promener et surtout, faire leurs emplettes à SAINT-MARIN.

Pour corser encore un peu plus la difficulté à effectuer d’éventuelles recherches de la part de ces fonctionnaires parfois un peu trop zélés, ils ont réparti leur cargaison dans la remorque, le coffre, et bien sûr, l’habitacle de la voiture.

Ils ont même imaginé d’augmenter un peu plus la difficulté en passant la frontière en fin de soirée, à une heure de pointe, lorsque les frontaliers rentrent chez eux le soir après le travail.

Au jour-dit, ils prennent donc la route du retour tôt le matin, ainsi parés à toutes les éventualités.

Le soleil ce jour-là et en cette saison, après quelques heures de route, est une fois encore parvenu à son zénith.

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La chaleur sur la route est étouffante et dans la voiture, torride !

Malgré la ventilation, ils ont transpiré tout le jour sur leurs sièges et baignent à présent dans leurs vêtements humides.

Il n’y avait pas encore de climatisation dans les véhicules de l’époque.

Aussi, pour accentuer un peu le refroidissement à l’intérieur de la voiture, ils ont voyagé avec toutes les fenêtres entrouvertes et Gérard a appuyé un peu plus fort que d’habitude sur l’accélérateur, afin d’augmenter un tant soit peu la circulation de l’air à l’intérieur.

En définitif, le voyage a été assez supportable mais en contrepartie, ils approchent à présent de la frontière en plein milieu de la journée.

Que faire ? Ils ne peuvent stopper là leur voyage en bordure de route pour attendre la fin de l’après-midi.

Advienne que pourra, ils décident de poursuivre ! Soudain, alors qu’ils sont encore à distance

respectable de la frontière, ils sont brusquement ralentis puis stoppés sur la route derrière une file importante de véhicules également à l’arrêt devant eux.

Pourtant, pas de France en vue donc, pas de douane en perspective dans l’immédiat.

A coup sûr elle n’est plus très loin, mais pourquoi cette queue interminable ?

En attendant d’y parvenir et afin de tuer le temps qui passe dans l’attente de la grande épreuve du passage

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en douane devant un des fonctionnaires de service, Gérard commence à réviser sa leçon en énumérant consciencieusement toutes les bouteilles qui ont été placées bien en évidence à l’arrière de leur véhicule.

Il y a là quelques bouteilles de Marsala, de Vermouth et de liqueurs diverses.

A leur avis, pas de quoi attirer les foudres de qui que ce soit avec un contrôle rapide et succinct lors du passage de la frontière.

L’énumération répétée de la sorte durera ainsi près d’une heure sous un soleil ardent et avec les fenêtres grandes ouvertes pour ne pas suffoquer dans le véhicule.

Malgré cela, tous transpirent sang et eau sur leurs sièges.

Leur teint a viré au cramoisi lorsqu’ils arrivent enfin sur les lieux de leur représentation.

Par chance, à présent Gérard connaît sa leçon par cœur.

Plus qu’un seul véhicule devant eux et ce sera leur tour !

A la demande du fonctionnaire, son conducteur en descend et ouvre le coffre afin de faciliter les recherches du douanier.

Celui-ci regarde méticuleusement à l’intérieur, écarte quelques bagages, inspecte les moindres recoins et finalement, après plusieurs minutes passées en vaines recherches, indique à celui-là qu’il peut partir.

A présent c’est à eux ! Le fonctionnaire

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s’approche lentement, salue Gérard en se penchant vers lui pour mieux scruter l’intérieur de la voiture et y découvrir les enfants en sueur, sagement assis sur leurs sièges, à l’arrière du véhicule.

Maintenant tout le monde est trempé de la tête aux pieds et tous ont pris désormais une couleur écarlate.

Maintenant, à avoir pu regarder précédemment son ardeur pour exécuter sa mission, Gérard redoute le pire !

« Qu’avez-vous à déclarer ? » s’enquiert-il brusquement.

De la main Gérard lui indique l’arrière du véhicule et dans un bégaiement incompréhensible pour quiconque, tente de commencer son énumération.

Mais au fait, qu’a-t-il à déclarer ? Ses souvenirs s’entrechoquent dans sa mémoire

sous l’effet de l’émoi. Il reprend son souffle et se lance enfin dans sa

tirade : « Une bouteille de…, une bouteille de…, de !…, une bouteille !…, de…, de Marsala, une bouteille de !…, une bouteille de…, de !…

Près de lui il devine son épouse qui tente vainement de dissimuler son hilarité devant son bégaiement subit, en tournant la tête vers les enfants assis à l’arrière pendant que le douanier, les yeux exorbités, le contemple comme s’il découvrait subitement qu’il avait devant lui un extraterrestre.

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Face à cette situation, les idées s’entremêlent à présent en tous sens dans la boîte crânienne de Gérard.

Aucun son cohérent et audible ne sort plus maintenant d’entre ses lèvres.

Soudain le fonctionnaire, sans doute désorienté par cette énumération incompréhensible pour lui et par l’infirmité supposée de son langage, se dirige sans mot dire vers l’avant du véhicule, regarde rapidement la plaque minéralogique qui s’y trouve et, de retour près du conducteur lui dit : « C’est bon ! Allez-y et bonne route ! »

Sans plus attendre, Gérard démarre en trombe. Après cela, il n’a plus jamais été aussi rapide par

la suite pour quitter avec sa voiture un autre site de villégiature.

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3 Les vacances au terroir

« Ouf ! Enfin, la journée est terminée ! » Cette année Gérard arrive du bureau exténué. L’après-midi a été éprouvant, non par la difficulté

du labeur, n’exagérons rien, mais en cette mi-juin, avec le réveil matinal, les encombrements de la route, la chaleur moite du bureau trop bien situé plein-sud, et l’ardeur au travail de l’ensemble de ses collègues, entendons-nous bien, à rechercher comme lui la pénombre avec un semblant de fraîcheur au milieu de cette canicule, l’ont complètement exténué.

Enfin, il est en sécurité dans son havre de paix et de calme. Il est chez lui !

Sauvé, il va enfin pouvoir à présent se relaxer. Il entre dans la cuisine. Colette est là, les cheveux

en bataille, le visage rubicond devant la cuisinière, un tablier posé sur sa robe.

Elle est affairée au milieu de ses casseroles à préparer le repas du soir.

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Il boit un verre d’eau pour se désaltérer après un trajet de retour du bureau passé dans la chaleur de ce début d’été, puis il s’assied sur la banquette de la cuisine histoire de souffler un peu.

Pas bien longtemps. Soudain, la sempiternelle question revient comme

chaque jour à présent : « Tu n’as rien à faire ! Au fait, as-tu pensé à ce que nous allons faire cet été durant les vacances ? »

Du coup, un ressort qui se trouvait sur son siège se détend brutalement et le propulse debout sur ses deux pieds.

Il élude la question et part sans plus attendre vers la chambre des jumeaux.

« Bon, il faut que je regarde les devoirs des enfants. »

Pendant une bonne heure il va réviser en leur compagnie ses maths, son anglais, sa grammaire, sa géographie,… Mon dieu, que c’est loin déjà le collège !

Enfin, l’heure du repas arrive. Chacun s’installe à sa place. Les garçons côte à côte sur la banquette, lui se met

en bout de table, Colette conservant sa place face aux jumeaux pour mieux pouvoir effectuer le service et surtout, les couver du regard.

Aussitôt la conversation reprend mais cette fois, elle concerne avant tout la vie scolaire des enfants.

Pour l’un c’est le professeur de Français qui est resté endormi malgré la sonnerie de son réveille-