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écrit par Sunwalker d'après une histoire et des personnages crées par Hideo Kojima Texte distribué gratuitement sur www.suniverse.fr Metal Gear Solid : Rise Of Outer Heaven est une oeuvre relevant de la fanfiction réalisée bénévolement. Ce texte est sous lisence Creative Commons by-nc-nd . Merci d'en respecter les règles. Metal Gear Solid et les noms qui lui sont affiliés sont des marques déposées par Konami Digital Entertainment. Aucune exploitation commerciale n’est permise sans leur autorisation. Le site www.suniverse.fr et les textes qui y sont proposés ne sont en aucun cas associés avec Konami Digital Entertainment. 1

Metal Gear Solid - Rise Of Outer Heaven - 15. Saladin + Epilogue

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Gray Fox, le meilleur agent de l’unité FOX-HOUND est porté disparu au cours d’une mission derrière les lignes ennemies. Son dernier message fait mention d’une arme de destruction massive portant le nom de code METAL GEAR. Solid Snake, jeune recrue intégré provisoirement dans l’unité, est envoyé sur place pour secourir Fox et enquêter sur la menace supposée de cette arme.

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écrit par Sunwalkerd'après une histoire et des personnages crées par Hideo Kojima

Texte distribué gratuitement sur www.suniverse.fr

Metal Gear Solid : Rise Of Outer Heaven est une oeuvre relevant de la fanfiction réalisée bénévolement. Ce texte est sous lisence Creative Commons by-nc-nd. Merci d'en respecter les règles.

Metal Gear Solid et les noms qui lui sont affiliés sont des marques déposées par Konami Digital Entertainment. Aucune exploitation commerciale n’est permise sans leur autorisation. Le site www.suniverse.fr et les textes qui y sont proposés ne sont en aucun cas associés avec Konami Digital Entertainment.

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Le convoi roula un peu plus de cinq minutes avant que la petite tour de contrôle fasse son apparition. Les jeeps circulèrent entre les différents bâtiments qui constituaient l'aéroport puis finirent par s'arrêter devant un hangar aux façades en tôle ondulée. Les mercenaires armés firent descendre Snake, dont les mains étaient attachées dans le dos, puis ils le poussèrent vers la porte du hangar.

― Saladin t'attends à l'intérieur, dit celui qui lui ouvrit la porte.Voyant que Snake hésitait à passer le seuil, l'homme le poussa franchement et entra à sa suite en

compagnie de deux autres mercenaires. On referma sèchement la porte dans leur dos. Le hangar était faiblement éclairé par la lumière extérieure qui filtrait à travers de petites fenêtres, mais l'agent secret y voyait suffisamment pour pouvoir s'avancer entre les étagères et les tas de matériel entreposés là.

― Avance, ordonna le mercenaire en lui donnant une nouvelle pression entre les omoplates.Ils finirent par déboucher au centre du hangar où avait été installé un véritable quartier général de

campagne avec tout un tas d'équipement radio, de cartes, d'écrans affichant des vues satellites. Il y avait un homme, seul, assis devant un bureau à manipuler des documents. Il était dos aux nouveaux arrivants, avait des cheveux gris et portait un treillis camouflage. Un brassard noir entourait son bras gauche.

En les entendant arriver, Saladin reposa le dossier qu'il était en train de consulter, se leva et fit volte-face. La surprise fut totale, lorsque Snake découvrit son visage. Saladin était grand, la soixantaine, le regard perçant, un fin collier de barbe grise entourant sa mâchoire carrée. Et il portait un bandeau pour protéger son œil droit.

― Big Boss, s'écria Snake. Je vous croyais mort !― Pas encore, répondit-il d'un air malicieux. J'avais hâte de te voir, Snake. Il écarta ses bras dans un geste chaleureux, sourit en faisant passer son cigare d'une commissure de

ses lèvres à l'autre.― Bienvenue à Zanzibar, mon garçon.Encore sous le coup de la surprise, Snake resta silencieux.― J'imagine que tu es sous le choc, reprit Big Boss. Campbell t'as forcément montré la vidéo de

surveillance de l'avion.― Je ne comprends pas, dit Snake. Qu'est-ce que vous faites là ? Pourquoi avoir mis votre mort en

scène ?Big Boss caressa sa barbe quelques secondes, le temps de trouver ses mots, puis il répondit :― Je devais disparaître. Pour mettre mon plan à exécution, il fallait que l'on me croie mort, afin que

je puisse diriger Outer Heaven. Voilà plus de vingt ans que je prépare tout ça. Outer Heaven, Metal Gear, Zanzibar. Et je t'ai cherché aussi.

― Pourquoi moi ?― Je ne suis plus tout jeune, mon garçon. J'ai encore de la ressource, c'est vrai, mais je sais bien que

cette guerre, que j'envisage de mener, durera si longtemps que je n'en verrais sans doute pas la fin. J'ai besoin de quelqu'un pour prendre le relais. Et qui mieux que toi pour continuer le combat ?

― Je ne saisis vraiment pas, avoua Snake. Je ne suis qu'un soldat parmi tant d'autres.Big Boss sourit, passa quelques secondes à tourner autour de Snake pour l'étudier de son œil valide.― Je suis toujours frappé par la ressemblance. Chaque fois que je te regardes, j'ai l'impression de voir

mon reflet dans une glace qui me renvoie une image du passé. Quand je te vois bouger, parler te battre, je me retrouve à mes débuts. Jeune, insouciant, casse-cou. Tu apprends vite, aussi. Encore quelques années de combats et tu seras sûrement meilleur que je ne l'ai jamais été. Cipher doit être fier de toi.

― Je ne connais pas ce Cipher dont vous me parlez tous !― Pourtant lui te connais. Sans lui tu n'existerais pas. Cipher t'as créé pour que tu puisses me

remplacer le moment venu. Quand j'avais ton âge, lui et moi étions amis. Mais il s'est servis de moi. A ses yeux je n'étais qu'un pion sur l'échiquier. Un soldat sans âme, qui obéissait aveuglément aux ordres qu'on lui donnait. Il a trahit ma confiance. Et maintenant il est en train de t'utiliser de la même manière. Mais je veux empêcher ça.

― En déclenchant une guerre ?

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― Il y a toujours une guerre quelque part. Depuis toujours notre espèce n'a jamais cessé de se battre, pour des motivations aussi diverses que discutables. C'est la guerre qui fait des gens comme nous. Des guerriers. Et une fois que le guerrier qui sommeille en chacun de nous est réveillé, il ne s'endort jamais. Toi et moi, nous sommes pareils. Nous n'avons rien à faire du pouvoir ou de l'argent. La seule chose dont nous avons besoin c'est de la guerre.

― C'est faux ! S'emporta Snake. Je ne suis pas comme vous !― Et pourtant, tu es là aujourd'hui. Tu as passé ta vie sur le champ de bataille. Ne va pas me faire

croire que tu n'éprouve pas du plaisir à ressentir l'ivresse du combat. C'est pour te battre que tu as été créé. Tu as la guerre dans le sang et tu n'y peux rien. Tel père, tel fils, comme on dit. J'ai créé Outer Heaven dans l'optique d'offrir la guerre à tout ceux qui en ont besoin pour vivre. Un besoin vital.

― Comme une drogue ?― Précisément, acquiesça Big Boss. La guerre est une drogue pour les guerriers comme nous. Il n'y a

que sur le champ de bataille que l'on se sent vraiment exister, que l'on a vraiment de la valeur. Bien sûr on peut nous mentir, se servir de nous comme de la chair à canon, nous sacrifier, mais au moins on a un minimum d'estime pour nous en tant que combattant. Et ça nous suffit. C'est avec des guerres et des soldats que le monde tel que nous le connaissons s'est construit. Dans ce cas, pourquoi est-ce qu'on nous traite comme des moins que rien, comme des monstres, lorsque nous rentrons chez nous ? Ces gens pour lesquels on s'est battus, pour lesquels on a souffert nous évitent comme des pestiférés, nous crachent au visage.

Big Boss passa dans le dos de Snake et le libéra ses menottes qu'il jeta sur la table couverte de documents. Snake massa ses poignets pour y rétablir la circulation sanguine.

― Et que viennent faire dans votre plan les enfants que j'ai vu ici ?― Ils sont comme toi et moi. Des enfants de la guerre bercés par les explosions et la mort. La

plupart deviendront les soldats des guerres de demain.― C'est pour eux que vous voulez déclencher cette guerre ?― Cipher veut nous imposer à tous le contrôle absolu, pour mieux se servir de nous. Il veut nous

priver de nos droits fondamentaux, de notre liberté. Il veut manipuler le destin de chacun, soi-disant pour rendre le monde meilleur. Je veux offrir aux soldats le droit d'être traités en égaux par leurs semblables. Je veux rendre sa liberté au monde. Existe-t-il plus grand espace de liberté que le chaos généré par un champ de bataille ?

― Une guerre permanente, c'est ça le rêve du légendaire Big Boss ?― La liberté absolue, corrigea Big Boss. Sans contrôle, ni frontières. Que chacun aie le choix de

mener sa vie comme il l'entend et pas comme on attend de lui qu'il la mène. Je sais que ça semble être une vision égoïste, alors que l'on vit dans une société fondée sur le partage et la collaboration. Mais, finalement, cette vie que tu mènes n'appartient qu'à toi. C'est à toi de décider ce que tu veux en faire, ce que tu veux léguer aux générations futures. Tu dois avoir le choix.

― Metal Gear est détruit, le coupa Snake. Vous pouvez dire adieu à votre guerre et à votre liberté par le chaos !

Le leader de Fox-Hound secoua la tête en tirant sur son cigare.― Je n'avais pas prévu que tu irais aussi loin, c'est vrai. Mais Metal Gear n'était rien de plus qu'une

arme de dissuasion. L'arme ultime, censée empêcher Cipher de riposter afin de nous laisser le champ libre. L'utiliser contre lui reviendrait à s'exposer à des représailles, même si je doute que mon vieil ami oserait répliquer. Il tient trop à son monde propre et ordonné et n'est pas intéressé par le chaos que provoquerait une Guerre Nucléaire. Il y aurait trop à reconstruire quand tout serait terminé. Metal Gear n'était qu'un moyen de pression militaire.

Big Boss fit glisser ses doigts sur le dessus de la mallette posée sur la table.― Qui plus est, avec l'OILIX en notre possession, nous avons un contrôle total sur l'économie

énergétique de la planète. Cipher t'a envoyé ici pour nous mettre des bâtons dans les roues. Tu as réussi à détruire Metal Gear, je te l'accorde, mais la partie n'est pas terminée. J'ai encore des pions de valeur

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sur mon échiquier.― Frank Jaeger est mort, lâcha Snake.Big Boss sembla à peine affecté par la nouvelle.― Alors il est libre, dit-il d'un air rêveur. Libéré de ce combat perpétuel imposé par la vie.― Et je vais devoir vous tuer, aussi.Big Boss eut un sourire amusé.― Vraiment ?― J'ai reçu pour ordre d'éliminer Saladin, le chef d'Outer Heaven. Je n'imaginais pas devoir affronter

le leader, présumé mort, de mon unité.Sentant grimper la tension entre les deux hommes, les mercenaires prirent leurs distances,

resserrèrent leur prise sur leurs fusils d'assaut. Snake s'avança vers la table, jeta un œil aux plans et aux notes qui en jonchaient la surface.

― Ça ne vous effraie pas plus que ça, que je vous dise qu'on m'a demandé de vous tuer ?― A vrai dire, ça ne me surprend pas. Cipher est si... prévisible. J'espérais te faire changer d'avis en te

racontant tout ça, mais visiblement, tu es aussi têtu que je l'étais à ton âge. Tout ça n'a plus d'importance. On ne peut pas dire que je ne m'y soit pas préparé toutes ces années. C'est ici que tout a commencé, autrefois, et c'est ici que tout va se jouer, aujourd'hui.

Snake entreprit de faire lentement le tour de la table, cherchant du regard une arme de fortune. Les mercenaires se déployèrent silencieusement aux alentours, plus tendus que jamais.

― Vous vous êtes préparé à mourir ? Demanda Snake.― Peu importe lequel de nous deux va l'emporter, mon garçon. Le combat continuera. Alors que le

perdant sera libéré du champ de bataille, le survivant sera condamné à y errer et à se battre pour le restant de ses jours.

L'explosion venant de l'extérieur les prit tous par surprise. Le mur du hangar fut éventré par la jeep enflammée qui vint s'écraser dans les étagères toute proche. Ils entendirent alors le bruit tout proche des rotors d'un hélicoptère. Profitant de la confusion, Snake bondit vers le mercenaire armé le plus proche, saisit l'homme à la gorge et le jeta violemment au sol. Il se baissa pour récupérer son fusil d'assaut, attrapa la mallette et pris la fuite vers l'autre extrémité du hangar.

Tout s'était passé tellement vite que les mercenaires n'avaient pas eu le temps de faire quoi que ce soit pour l'arrêter. Big Boss tendit la main vers la sortie.

― Allez voir ce qui se passe, là-dehors. Je m'occupe de lui.Les soldats obéirent et disparurent derrière l'épave en feu. Big Boss s'élança à la poursuite de de

l'agent secret.

Snake ouvrit la porte arrière d'un puissant coup d'épaule. Le battant alla cogner contre le mur de tôle. Aveuglé par la lumière du soleil, il dût plisser des yeux pendant quelques secondes le temps de s’accommoder à l'éclairage.

L'ombre de l'hélicoptère passa sur lui. Snake regarda en direction de l'appareil qui s'éloignait rapidement. C'était le Havoc. Et sans doute lui qui avait détruit la jeep. Par chance, le pilote ne l'avait pas vu. Snake courut à découvert en direction du bâtiment voisin.

Alors qu'il allait tourner au coin du mur, il sentit la chaleur d'une balle frôler son visage. Il se retourna vers le hangar pour voir Big Boss qui se rapprochait en courant, un pistolet pointé dans sa direction. Snake reprit sa course, profitant des quelques secondes de couverture offertes par le bâtiment pour mettre le plus de distance possible entre lui et son poursuivant.

Pas facile de courir vite quand on a les mains prises. Deux autres coups de feu claquèrent dans son dos. Instinctivement, Snake roula sur le sol. Il sentit une brulure à sa cuisse droite au moment où il se relevait. La balle avait éraflé la chair et du sang imprégnait déjà le tissus de son pantalon, mais la blessure ne semblait pas être grave.

Il faut que je mette la mallette en lieu sûr le temps de me débarrasser de Big Boss, songea-t-il en tournant à

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l'angle suivant.Il déboucha sur un parking. Les mercenaires qui s'y trouvaient le virent aussitôt et ouvrirent

immédiatement le feu dans sa direction. Snake se jeta à l'abri derrière une jeep. Les balles ricochèrent sur la carrosserie du véhicule. Il posa la mallette à ses pieds, épaula son fusil. Lorsque les tirs diminuèrent, il se releva brusquement et fit feu. Un homme s'écroula après avoir reçu une balle dans l'abdomen. Les autres s'égaillèrent dans toutes les direction pour trouver une couverture.

Big Boss apparut à l'angle du mur. Snake poussa la mallette du pied pour la faire glisser de l'autre côté de la jeep, puis roula sur le capot du véhicule pour se mettre à couvert sur l'autre flanc. Big Boss recommença à faire feu juste au moment où il baissait la tête.

Sa situation était précaire. En restant ici il s'exposait à un feu croisé entre les mercenaires et le leader de Fox-Hound. Il fallait bouger. Et vite, parce que Big Boss serait sur lui dans moins de dix secondes.

Un mercenaire d'Outer Heaven jeta un coup d’œil par-dessus son couvert, vit que Snake était vulnérable. Au moment il allait lui tirer dessus, le Havoc surgit en faisant rugir ses moteurs et tira un missile. Le camion derrière lequel se trouvait le tireur explosa dans une gerbe de flammes. Les autres mercenaires quittèrent leur planque en courant et commencèrent à ouvrir le feu sur l'hélicoptère qui volait dangereusement bas.

Snake récupéra la mallette et se remit sur ses pieds. Big Boss apparut en glissant sur le capot de la jeep et percuta violemment l'agent secret qui s'écrasa par terre. Le vieil homme se réceptionna en douceur sur le sol. Allongé dans la poussière, Snake pointa son fusil d'assaut vers lui.

Ce dernier envoya valser l'arme d'un rapide coup de pied. Snake roula sur le sol pour éviter le coup que lui expédia Big Boss, puis il se releva d'un bond. Il parvint à esquiver le premier coup de poing mais réceptionna le coup de coude suivant dans l'estomac.

Big Boss le saisit au niveau de la taille et l'envoya voler par-dessus la jeep avec une facilité déconcertante. Dans leurs dos, les mercenaires avaient pris la fuite, traqués par l'hélicoptère de combat qui ouvrait le feu avec sa mitrailleuse.

Sentant la douleur de sa fracture se réveiller dans son bras, Snake dût serrer les dents pour ne pas crier. La semelle d'une botte apparut dans son champ de vision. D'un geste assuré, l'agent secret saisit la botte de Big Boss et la vrilla de toutes ses forces. Déstabilise, son propriétaire tomba par terre.

Snake en profita pour se remettre sur pieds. Il fit rapidement le tour du véhicule, récupéra la mallette qu'il avait laissé tomber puis s'élança en courant à travers le parking, en direction du bâtiment voisin.

Il se jeta de tout son poids sur la porte et poussa un hurlement de douleur. Le battant refusait de bouger. L'accès devait être verrouillé. Se massant l'épaule de sa main libre, il fonça vers la fenêtre toute proche, expédia la mallette à travers la vitre, puis se jeta à l'intérieur en prenant garde de ne pas se couper aux tessons de verre éparpillés sur le plancher.

Avisant un escalier droit devant lui, Snake grimpa les marches quatre-à-quatre. Lorsqu'il arriva au palier supérieur, il tomba nez-à-nez avec un mercenaire. Sans hésiter il fit décrire à sa valise un arc de cercle dont la course se termina sur le côté de la tête de l'ennemi. L'homme s'écrasa contre le mur et glissa vers le sol.

Snake ramassa le pistolet que le mercenaire avait laissé tomber et s'élança vers la fenêtre au bout du couloir. Une porte latérale s'ouvrit juste au moment où il passait devant. Big Boss se jeta sur lui et lui cogna la nuque contre le mur d'en face. Légèrement sonné par le choc, Snake fonça, malgré tout, tête baissé sur le vieil homme, le repoussant dans la pièce d'où il venait de surgir.

Big Boss lui donnait vainement des coups dans les côtes pour le faire lâcher prise. Le dos de Big Boss émit un craquement sec quand il heurta le mur de la pièce. Il en eut le souffle coupé. Snake saisit la mallette à deux mains et s'en servit pour lui donner un coup vertical sous la mâchoire.

Puis il repartit en courant à travers la pièce. Débouchant dans le couloir, il se baissa pour récupérer le pistolet, le glissa dans son holster, puis fit voler la vitre en éclat en se jetant à travers tout en protégeant son visage derrière la mallette.

Il se réceptionna douloureusement sur le toit du niveau inférieur, continua sa course. Quand il jeta

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un œil par-dessus son épaule, il vit Big Boss atterrir sur le toit et reprendre la poursuite. Lorsqu'il arriva au bout du toit, découvrant qu'il n'y avait rien pour amortir sa chute de ce côté, Snake obliqua brusquement sur la gauche pour foncer droit vers le balcon du bâtiment voisin. Big Boss profita de ce changement tardif de direction pour couper directement en diagonale à travers le toit.

Au moment où Snake sautait vers le balcon, il l'attrapa à la taille, le déviant de sa trajectoire. Les deux combattants dégringolèrent dans une benne à ordure rouillée qui amortis leur chute. Ébranlée par la violente collision, l'une des façades abimée du container se déchira, déversant son contenu dans l'allée entre les deux bâtiments.

La lutte se poursuivit néanmoins au milieu des déchets. Snake finit par se rendre compte qu'il avait perdu quelque chose. Donnant un coup de pied pour repousser Big Boss à l'autre bout du container, il commença à fouiller dans la masse de déchets. Par chance il ne lui fallut pas longtemps pour retrouver la valise argentée.

Big Boss se jeta de nouveau sur lui, bottes en avant. Snake fut projeté au milieu de l'allée. Il tenta de se relever, mais ses forces l'abandonnèrent subitement et il s'affala lamentablement. Le leader de Fox-Hound arriva à son niveau, récupéra la valise, puis saisit le col de son uniforme et traina Snake dans la poussière.

Ne parvenant pas à faire lâcher prise à son adversaire, Snake chercha à tâtons quelque chose le long de sa cuisse. Sentant le métal froid au bout de ses doigts, il dégaina le pistolet, tira sans hésiter.

Big Boss hurla de douleur lorsque la balle lui traversa l'épaule de part en part. Il lâcha tout ce qu'il transportait, tituba pour aller prendre appui sur la façade en béton. Snake se releva difficilement, s'approcha du vieil homme qui appuyait sur sa blessure pour contenir le sang qui s'en déversait.

L'agent secret pointa son pistolet sur le front de Big Boss, glissa son index dans le pontet de l'arme... et hésita. A cet instant, il ne savait plus s'il devait tirer ou non, ni pour quelles raisons ce duel à mort avait commencé. Seules lui revinrent à l'esprit des souvenirs épars des nombreuses et difficiles heures d'entrainements effectuées en compagnie du leader de l'unité. Cet homme l'avait pris sous son aile, lui avait appris les ficelles du métier de soldat, l'avait traité comme un fils... Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Comment avaient-ils bien pu se retrouver dans une telle situation ?

Big Boss profita de ces quelques instants d'incertitude pour se relever d'un bond refermer sa main sur le pistolet. D'un même mouvement, il pressa le bouton d'éjection du chargeur et poussa la culasse en arrière pour éjecter la balle engagée. Snake se retrouva en une seconde avec une arme inutilisable.

Big Boss tira ensuite le pistolet et son propriétaire vers lui et expédia à ce dernier un coup de genou dans l'entre-jambe. La douleur fut si intense que Snake en tomba à genou, sa vision se brouilla. Un deuxième coup de genou l'envoya au tapis.

― Tu te défends bien, mon garçon, dit Big Boss visiblement essoufflé. Je vois que tu as retenu ce que je t'ai appris. Malheureusement, j'ai bien peur que ça ne suffise pas.

Sur ces mots, Big Boss dégaina son pistolet, le braqua sur le front de Snake. Le missile passa en sifflant au-dessus de leurs têtes, percuta la façade du bâtiment voisin. Ils sentirent la chaleur des flammes sur leur peau et durent détourner le visage pour ne pas prendre de morceau de béton dans la figure. Le Havoc apparut. Big Boss le regarda tourner autour d'eux à basse altitude.

Snake profita de cette diversion momentanée. Il repoussa sur le côté le pistolet, frappa d'un coup de bottes dans le tibia du vieil homme, puis lui fit sauter l'arme des mains d'une rotation du poignet, avant de le pousser par terre d'un coup d'épaule.

L'agent secret fila vers la valise, referma sa main sur la poignée, pour la énième fois en quelques minutes puis traversa la voie en direction du hangar. Il ouvrit la porte, pénétra à l'intérieur. Dans son dos, Big Boss le regarda disparaître, alors qu'il était en train de se remettre sur pieds. Le leader de Fox-Hound chassa la poussière qui s'était accumulée sur son uniforme, puis il récupéra le pistolet de Snake. Avec des gestes précis et rapides, il glissa le chargeur dans son logement, fit jouer le mécanisme pour engager une balle, puis s'avança vers le hangar.

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Le hangar contenait tout un tas d'outils et de pièces détachées appartenant à divers types de véhicules. Snake ne s'y connaissait pas assez en mécanique pour en être tout à fait certain, mais il y avait ici de quoi réparer aussi bien des avions de chasse que des motos. Un MiG-21 partiellement démonté était stationné au milieu de l'atelier. Une partie du mur du fond était dissimulée par un réservoir cylindrique de stockage de carburant. Des vapeurs d'hydrocarbure mêlées à celle de l'huile de moteur flottaient dans l'air.

Snake s'approcha d'une étagère chargée de pièces détachées et déposa la valise sur la tablette la plus basse. Les gonds de la porte grincèrent dans son dos, lorsque celle-ci s'ouvrit. Snake se faufila à travers la pièce, dépassa l'avion de chasse et alla se dissimuler derrière un réacteur qui lui arrivait au niveau des hanches.

L'agent secret éjecta le chargeur du M9 subtilisé à Big Boss, compta les balles. Huit. Son équipement lui ayant été confisqué lorsqu'il avait été capturé en sortant du champ de mines, il ne lui restait plus que huit balles pour abattre celui que les membres des forces spéciales connaissaient comme étant le plus grand soldat du vingtième siècle.

Snake respira profondément afin de ralentir son rythme cardiaque qui était encore tout emballé. Il se concentra autant que possible pour essayer de détecter la présence de son ennemi. Jeter un œil par-dessus le réacteur risquait de l'exposer immédiatement à l'angle de tir de Big Boss. Snake préféra attendre, écouter.

Le silence régnait dans le hangar. Au loin, le bruit des rotors de l'hélicoptère de combat, qui patrouillait dans la zone, était à peine audible. Une ombre s'étira lentement sur la droite. Celle d'un homme qui s'approchait prudemment, silencieusement. Snake se faufila à quatre pattes vers la face latérales du réacteur.

Après quelques instants d'hésitation, il risqua un rapide coup d’œil derrière son couvert. Il eut juste le temps de voir disparaître le treillis camouflage de Big Boss derrière une étagère de pièces détachées.

Snake ramassa un tournevis qui trainait par terre puis le lança vers le mur du fond. L'outil rebondit bruyamment à une dizaine de mètres de là. Immédiatement des bruits de pas précipités, tout juste audibles, lui parvinrent.

Snake se releva légèrement, passa sous le nez du MiG et trottina vers la première moitié de l'atelier qu'il avait traversé à son arrivée. Un coup de feu claqua sèchement dans son dos. L'agent secret se jeta par terre. La balle rebondit juste au-dessus de sa tête. Puis le silence retomba.

Snake rampa en direction d'un établis, se pencha de l'autre côté pour voir au-delà de l'avion de chasse. Nouveau coup de feu. La balle ripa sur la partie latérale de l'établis juste au moment où Snake se remettait à l’abri. Big Boss avait vu où il se trouvait. Il allait devoir bouger.

L'agent secret bondit sur ses pieds, scanna l'ensemble de l'atelier d'un bref coup d’œil. Big Boss se tenait à l'autre bout du hangar, son pistolet pointé dans sa direction. Snake ouvrit le feu, manqua sa cible, s'élança en direction d'une caisse de matériel. Le vieil homme répliqua aussitôt. Son arme eut deux reculs. La première balle siffla aux oreilles de Snake, la deuxième lui griffa le flanc, lui arrachant une grimace de douleur, alors qu'il se jetait derrière la caisse.

Merde, pensa Snake en serrant les dents.Après avoir pris une profonde inspiration, Snake roula hors de sa cachette, s'orienta dans la direction

supposée de son ennemi. Il dut légèrement corriger son angle de tir avant de presser la détente.Big Boss prit la balle dans la cuisse. Il tomba à genou en grognant, visa Snake, tira. L'agent secret

avait bondit sur ses pieds. Le projectile lui traversa le flanc. Sous l'impact, emporté par la douleur, Snake tomba à la renverse. Dans sa chute, il pressa la détente par accident. La balle éjectée par le canon de son arme manqua largement Big Boss, traversa la pièce, produisit une étincelle en perçant la coque de métal du réservoir de carburant. L'essence s'enflamma aussitôt. Et laa citerne explosa en une formidable boule de feu.

Snake sursauta, lorsqu'il reprit connaissance. Il vit l'éclat incandescent des flammes qui illuminait

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l'atelier, sentit la chaleur qui lui léchait le visage. L'agent secret se releva difficilement et dû prendre appui sur quelque chose pour éviter de chuter. Le haut de son uniforme lui collait à la peau. Quand il baissa les yeux, il vit le sang qui coulait de la blessure par balle qu'il avait reçu.

La fumée lui irrita les poumons ; il toussa fortement. Pas de temps à perdre, il fallait sortir d'ici au plus vite. Le hangar avait été ravagé par l'explosion du réservoir. Vu son état d'épave, le MiG aurait tout aussi bien pu se crasher directement dans le hangar et avoir provoqué lui-même toute cette désolation.

Les poutres maitresses du hangar s'était abattue au sol, le plafond s'était effondré, une partie du mur du fond était déchirée. Et le sol était jonché de débris mécaniques divers. Snake jeta un œil vers la sortie. La porte était à moins de dix mètres, mais il était hors de question de partir avant d'avoir récupéré la mallette contenant l'OILIX.

Snake se faufila parmi la ferraille et les flammes. Il lui fallut quelques minutes avant de parvenir à retrouver l'étagère au bas de laquelle il avait dissimulé la valise. Le meuble s'était renversé, répandant son contenu sur le sol. Snake retrouva la mallette sous un amoncellement de ferrailles. Il tourna l'objet dans ses mains. Elle était juste un peu cabossée sur un côté, mais son précieux contenu devait être préservé.

Snake fit demi-tour et repartit en sens inverse. Quelqu'un toussa à s'en arracher les poumons. C'était tout près. L'agent secret hésita, ne sachant pas s'il devait aller venir en aide à son instructeur ou le laisser là. La réponse qui lui vint à l'esprit fut tout autre.

Je dois terminer ma mission. Il faut qu'il meure.Snake découvrit Big Boss allongé sur le sol et qui se démenait de toutes ses forces pour libérer ses

jambes coincées sous un enchevêtrement de tôles et de poutres en métal. Le vieil homme sentit la présence de son élève, leva les yeux sur lui.

― Tu vas bien, mon garçon ? Demanda-t-il, ses traits tirés par l'inquiétude.― Je survivrais, répliqua Snake en pressant davantage sa main sur sa blessure.― Dans ce cas, fiche le camp de là ! (il toussa.) Avec toute cette essence, l'incendie gagne en intensité

de minutes en minutes.Snake continua d'observer Big Boss qui donnait tout ce qu'il avait pour tenter de déplacer les débris

qui le retenaient prisonnier.― Qu'est-ce que tu attends, fils ! S'énerva-t-il en remarquant que le jeune homme n'avait pas bougé.

Tu ne peux... rien faire pour moi. Je n'arriverais jamais à sortir de là-dessous. (il indiqua la mallette d'un geste.) Tu as l'OILIX, il ne me reste plus que quelques minutes avant de finir dévoré par les flammes. Tu as gagné ce combat et celui qui l'emporte est... libre de continuer à se battre.

Pris d'une nouvelle quinte de toux, Big Boss défit le brassard enroulé autour de son biceps gauche. Il serra fortement la bande de tissus noire, puis la jeta à Snake qui la rattrapa au vol.

― Gardes-le, s'il-te-plait... J'ai reçu ce bandana d'un meilleur soldat que moi. Un vrai patriote. Tu m'as battu. Il me semble logique qu'il te revienne. Portes le fièrement. Avec honneur !

Un grincement métallique les fit lever les yeux vers le haut.― Le toit va définitivement s'écrouler, fils ! Laisse-moi et rentre chez toi en vie !Leurs regards se croisèrent une dernière fois, puis l'agent secret fit volte-face et s'élança vers la sortie.

Le métal se tordit et le toit du hangar s'écrasa bruyamment, ravivant fortement l'incendie. Snake poussa le battant de la porte et se jeta littéralement à l'extérieur. Après s'être suffisamment éloigné du bâtiment en flamme, il tomba à genoux dans la poussière et fut pris d'une violente quinte de toux causée par la fumée qu'il avait inhalé.

Quand l'air pur eut chassé le dioxyde de carbone de ses poumons, il s'allongea, complétement éreinté. La chaleur produite par les rayons du soleil qui lui caressaient la peau n'avait rien à voir avec celle de l'enfer qu'il venait de quitter. Snake profita quelques instants de ce moment de détente pour récupérer un peu d'énergie avant de continuer son périple.

Une ombre lui cacha le soleil. Il ouvrit brusquement les yeux. La silhouette lui tendit une main amicale. Snake la prit et l'homme l'aida à se relever. Les verres à miroirs de ses lunettes reflétèrent les

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rayons du soleil.― Maitre Miller ! S'écria Snake. J'ai entendu dire que vous aviez été tué !― J'ai fini par me lasser de ce jeu du chat et de la souris. J'ai fait comme toi. J'ai sauté du camion et

l'ai laissé se faire descendre par le Havoc. Tu ne croyais quand même pas que j'allais me laisser avoir aussi facilement !

Miller sourit à pleine dents. Il pointa son pouce par-dessus son épaule.― Si tu en as terminé ici, on peut rentrer chez nous.Snake se retourna vers le hangar qui continuait de se consumer, puis acquiesça. Il baissa les yeux sur

son uniforme déchiré.― Je suis blessé.― Je vois. Viens, on va s'occuper de ça.Snake emboita le pas de Miller. Quand ils arrivèrent en vue de l'hélicoptère de combat posé au

milieu du parking, l'agent secret ne put cacher sa surprise.― Le Havoc ? Alors c'était vous qui nous avez attaqué tout à l'heure ?― J'attaquais les mercenaires, rectifia Miller. J'essayais de te filer un coup de main.Miller récupéra une trousse de premiers secours dans l'habitacle de l'appareil et entrepris de panser

les blessures de son élève. Les deux hommes restèrent silencieux pendant quelques minutes, avant que Snake prenne la parole :

― Saladin est mort, dit-il.Miller s'arrêta un instant, leva les yeux vers lui, eut un sourire triste puis se concentra à nouveau sur

sa tâche.― Vous saviez qui il était vraiment ? Saladin, je veux dire ?― Évidement. Je l'ai toujours su. Comment crois-tu que j'ai pu infiltrer Outer Heaven aussi

facilement ? C'est justement pour mes liens avec Big Boss que la CIA m'a renvoyé sur le terrain, après toutes ces années derrière un bureau. (il referma la trousse de premier secours et la rangea à bord de l'hélicoptère.) Voilà, ça devrait tenir, le temps qu'on passe la frontière et qu'on trouve une base alliée.

Miller s'installa à la place du pilote et Snake prit place sur le siège situé derrière. Lorsque ses pâles eurent atteint la vitesse appropriée, l'hélicoptère quitta le sol en soulevant un nuage de poussière et prit rapidement de l'altitude. Snake jeta un œil à travers la vitre du cockpit et vit s'éloigner les ruines du hangar.

Quelques minutes plus tard, le Havoc survolait la forêt et les deux hommes passèrent, sans s'en apercevoir, la frontière qui séparait Zanzibar du Kazakhstan. Snake fit tourner la petite valise sur ses genoux et l'ouvrit. Le cube de confinement n'avait pas l'air d'avoir été endommagé. L'agent secret le remit en place dans son calage en mousse et re-verrouilla la valise à l'aide de la broche de Vanessa.

Puis il manipula le bandana que lui avait légué Big Boss. Il le plia, en caressa la surface élimée. La bande de tissus portait des traces de brulures et était déchirée à ses extrémités. Il semblait avoir vécu de nombreuses batailles aux côtés de ses propriétaires respectifs.

― Maitre, dit Snake, en plaçant le micro de son casque devant sa bouche. Vous connaissiez bien Big Boss, n'est-ce pas ?

― Nous avons fait la guerre ensemble, répondit Miller. Nous étions amis. Pourquoi tu me demandes ça ?

― Il y a quelque chose que j'aurais dû lui demander, mais je crois que j'avais peur d'entendre la réponse.

― Tu peux toujours me demander. Peut-être que je peux t'éclairer.Songeant aux dernières paroles de Big Boss, Snake réfléchit plusieurs secondes à la façon de tourner

la question qui lui brûlait les lèvres, puis il se lança :― Vous savez s'il a eu une femme dans sa vie ? Quelqu'un à qui il tenait ? Une femme qu'il aimait

peut-être ?Miller ne répondit pas tout de suite, comme s'il fouillait les moindres recoins de sa mémoire pour

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fournir une réponse acceptable.― C'est compliqué, dit-il. Il y a eu une femme qui a beaucoup compté dans sa vie. Je dirais qu'elle a

fait de lui l'homme qu'il est devenu. Mais leur relation n'avait rien à voir avec l'amour. C'était autre chose. Pourquoi cette question ?

― Rien, répondit Snake. Une idée stupide. C'est terminé de toute façon. Rentrons chez nous.Sur ces mots, il froissa le bandana dans son poing, tâchant de chasser définitivement cette idée de

son esprit. Le Havoc vira vers l'est, prit de l'altitude et disparut à travers les nuages.

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Le SUV s'arrêta au niveau du poste de contrôle. Un soldat s'approcha de la vitre conducteur, contrôla les papiers qu'on lui présentait, puis demanda d'un geste l'ouverture de la barrière. Le véhicule pénétra dans l'enceinte de la base puis finit par s'arrêter devant un bâtiment.

Le chauffeur descendit, fit le tour de la voiture et ouvrit la portière passager. Il aida le vieil homme à mettre pied à terre. Le nonagénaire au visage ravagé par les rides portait un costume beige et s'appuya sur sa canne pour se diriger vers la porte.

Un scientifique en blouse blanche l’accueillit dès qu'il pénétra à l'intérieur et le guida à travers le laboratoire rempli d'équipements high-tech.

― Nous l'avons mis dans le caisson cryogénique, comme vous l'avez demandé, monsieur.― Comment va-t-il ? Balbutia le vieillard.― Il est vivant. Ses blessures étaient très graves, mais nous sommes parvenu à le stabiliser.― Bien, conduisez-moi auprès de lui, s'il-vous-plait. Des nouvelles du Dr Clark ?― Toujours en phase de test, mais les premiers résultats son concluants.― Je n'aurais pas la force de me rendre à son laboratoire. J'ai bien peur de ne plus supporter la

chaleur du Nevada aussi bien qu'autrefois. Vous lui demanderez de m'envoyer un rapport hebdomadaire détaillé. Je veux être tenu au courant de l'évolution du projet.

― Compris, monsieur. Et pour l'OILIX ?― Pour l'instant, on le garde à l'abri. Pour le jour où on aura vraiment plus d'autre alternative.Les deux hommes arrivèrent devant une porte métallique munie d'un hublot. Le vieil homme se

hissa sur la pointe des pieds pour jeter un œil à l'intérieur.― Il est là ? Demanda-t-il.Pour toute réponse, le scientifique passa sa carte magnétique dans le lecteur et la porte s'ouvrit dans

un chuintement discret.― Je vous attend ici. Vous n'aurez qu'à frapper pour que je vous ouvre.Le vieux monsieur acquiesça, puis entra dans la salle, les jambes tremblantes. La porte se referma en

coulissant derrière lui. Il s'avança vers le caisson cryogénique placé au centre de la pièce. L'appareil ressemblait à un réfrigérateur placé à l'horizontale et muni d'une vitre permettant d'en voir l'intérieur. Il était relié à des systèmes de survie, des écrans et des appareils de diagnostique, par le biais de tout un tas de fils et de tuyaux.

Le vieil homme fit glisser sa main décharnée sur la vitre du caisson, contemplant le visage brûlé de son occupant.

― Bonjour, Jack, dit-il. Je suis désolé de te voir dans cet état. Désolé qu'on en soit arrivé là toi et moi. Il faut avouer que tu ne m'as pas vraiment laissé le choix, non plus. Mais tu n'as plus rien à craindre de moi, désormais. (il marqua une pause.) Tout comme je n'ai plus rien à craindre de toi. Cela dit, tu peux te réjouir : toute ta famille s'est évanouie dans la nature et j'imagine qu'ils réfléchissent déjà à un plan pour te libérer. Ils ne parviendrons jamais à te retrouver. J'y veillerais.

Le vieil homme secoua la tête d'un air navré, puis il tourna le dos au caisson et se dirigea lentement vers la porte, à laquelle il donna un coup sec à l'aide du pommeau de sa canne. La porte s'ouvrit. Avant d'en franchir le seuil, il se retourna vers le caisson et lança :

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― La partie est terminée, Jack. Adieu.La porte se referma sur son passage, laissant seul l'occupant de la machine qui le maintenait en vie. Il

avait été placé dans un comas artificiel et n'était capable ni de bouger, ni d'articuler le moindre mot, mais il entendait et voyait tout et son cerveau fonctionnait parfaitement. Malgré sa condition, s'il avait pu parler, Big Boss aurait sans doute répliqué ceci à son vieil ami :

― La partie ne fait que commencer...

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