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[email protected] notes et réflexions autour deMétamémoire et schizophrénie Dimension cognitive des troubles psychiatriques Impact du vieillissement Journée Universitaire d'Auvergne de Psychiatrie 16 octobre 2012, Clermont-Ferrand Pr I. Jalenques Pr P. Vidailhet (Strasbourg)Cognitivisme et territoire cybernétique, dessein intelligent et déterminisme évolutif, un environnement qui est norme d'un côté, une direction programmée de l'autre, ne serionsnous pas dans un même espace-temps pré-dép
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notes et réflexions autour de
Métamémoire et schizophrénie
Dimension cognitive des troubles psychiatriques
Impact du vieillissement
Journée Universitaire d'Auvergne de Psychiatrie
16 octobre 2012, Clermont-Ferrand
Pr I. Jalenques
Pr P. Vidailhet (Strasbourg)
Cognitivisme et territoire cybernétique, dessein intelligent et déterminisme évolutif, un
environnement qui est norme d'un côté, une direction programmée de l'autre, ne serions-
nous pas dans un même espace-temps pré-déployé ? On veut nous emmener loin du réel
pour que l'on baisse les bras, envoie le Doyen. L'efficacité des neuroleptiques
(chlorpromazine, 1952), qui a sonné la fin de la psycho-chirurgie, peut-elle faire preuve
d'une organicité de la psychiatrie, s'interroge maintenant le neurologue, annonçant ainsi
que la discussion resterait ouverte ?
Métamémoire
Flavell (1928 - , psychologue spécialisé dans le développement cognitif de l'enfant, inspiré
des travaux de Piaget) définit en 1971 la métamémoire comme l'ensemble des
connaissances et des croyances sur la mémoire. Pour Wikipedia (02/11/12), il est
nécessaire de faire appel au concept de méta-mémoire, ou méta-mnèse, c’est-à-dire une
mémoire de la mémoire, caractérisée par le souvenir des variations de celle-ci, pour
expliquer la production du concept de l'écoulement temporel. La mémoire, souvenir d'un
état antérieur de l'organisme (Masson), n'introduirait donc pas cette continuité du Chronos,
tandis que la méta-mnèse permet à l'esprit, s'abstrayant du présent, d'imaginer un cours du
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temps en considérant la succession des souvenirs de ses états de mémoire, ou plus
précisément encore le souvenir des variations de sa mémoire; cette propriété serait
nécessaire à la construction de la conscience de soi. Sans métamémoire, on peut dire citant
V. Jankélévitch que nous nous réincarnerions d'instant en instant, franchissant à chaque fois
le fleuve d'oubli du Lethe; la société cartésienne dans laquelle nous sommes immergés
considère l'individu en tant que soi linéaire, tandis que d'autres approches,
psychanalytiques par exemple, et particulièrement celle d'A. Green, cherchent à libérer le
Soi de son asservissement au Chronos. Pour les psychologues cognitivistes, la
métamémoire est la capacité d'évaluation et de connaissance des opérations de stockage et
de récupération, la métacognition consistant dans les connaissances du sujet sur sa propre
cognition. On distingue une conscience métacognitive, à l'oeuvre lors de l'exécution d'une
tache ("ce poème est difficile à apprendre"), cruciale pour l'évaluation des apprentissages,
et les connaissances métacognitives, exprimées en dehors d'une tache ("j'ai une bonne
mémoire des chiffres").
Nelson et Narens (1990) proposent un modèle cybernétique (monitoring et contrôle):
L'évaluation de la métamémoire peut utiliser le questionnaire MCQ sur le contrôle de la
pensée. On distingue des indices intrinsèques concernant le matériel, des indices
extrinsèques relatés à l'apprentissage, et des indices mnésiques.
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Quelle peut être la validité des jugements de la métamémoire ? Comment sait-on que l'on
sait ? L'information contextuelle lors d'une tâche précise est-elle libre des informations
déjà en mémoire ? Le sentiment de savoir n'a-t-il pas plutôt une raison bayésienne,
conditionné par les contextes antérieurs, P jugement / contexte ?
La connaissance du réel est bayésienne et incrémentielle, P conscience / ε réel,
et corrélée au vieillissement des sens
Il y aurait anatomiquement un chevauchement des zones de la métamémoire et de celles
des fonctions exécutives.
Métamémoire et schizophrénie
La schizophrénie est une pathologie des états de conscience, aurait déclaré H. Ey (1900 -
1977, qui fit oeuvre de réinscription de la psychiatrie dans l'organique). Ey, se basant sur le
modèle de Bleuler (qui introduit le terme de schizophrénie en 1908), parle en fait d'une
psychose chronique qui altère profondément la personnalité et qui se manifeste par une
tendance à cesser de construire son monde en communication avec autrui pour se perdre
dans une pensée autistique, c'est-à-dire dans un chaos imaginaire, ce qui inclut certes des
troubles de la conscience du savoir... La dissociation ou désorganisation, approche de la
psychiatrie française et allemande, tend à "disparaître" dans les traités psychiatriques
récents, tandis que les troubles cognitifs apparaissent en force au DSM américain; les
symptômes positifs et négatifs sont eux "pris en charge" par l'industrie pharmaceutique...
La dissociation est intellectuelle, affective, comportementale. La désorganisation
intellectuelle se manifeste en particulier par l'alogie (difficulté à exprimer la pensée par le
discours, et qui fait partie des symptômes négatifs) et la diffluence (pensée désorganisée,
avec nombreux coq-à-l'âne). La schizophrénie comporte en outre classiquement des
symptômes positifs (éléments délirants) et des symptômes négatifs (repli autistique), mais
aussi... des troubles cognitifs (troubles de la mémoire, du langage, etc...) qui sont
revendiqués ici comme sa "quatrième dimension clinique". Son traitement comprend les
neuroleptiques, la psychothérapie et la prise en charge psycho-sociale. Malgré l'absence de
guérison, la vie est souvent possible hors établissement, mais depuis la reconnaissance de
la schizophrénie comme entité nosologique en 1911, le handicap qu'elle entraîne n'a pu
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être modifié, peu de patients occupent un emploi ou il est souvent précaire, le réseau social
s'altère, la qualité de vie est diminuée. L'objet des recherches physiopathologiques
actuelles, ici dans le champ de la psychologie cognitive, est de proposer un traitement
réduisant ce handicap.
démences vésaniques ou versets sataniques ?
La dissociation de la pensée et de l'action peut être analysée en termes de dissociation
métacognitive / cognitive; chez le schizophrène, on constate par exemple une corrélation
au test MCQ entre la présence de croyances négatives sur la contrôlabilité de sa pensée, et
la survenue de productions positives, ce qui semble témoigner d'une préservation partielle
de la conscience métacognitive, et de l'ouverture des patients à la remédiation cognitive
face à leur perte de stratégies: un nouvel apprentissage est possible, mais, le jugement
pouvant ne pas évoluer, cette stratégie risque de ne pas être plus appliquée, par défaut
d'auto-initiation en particulier (première étape de l'apragmatisme des patients).
La schizophrénie appréhendée en pathologie des stratégies, ne permettant plus l'invention
du quotidien; mais n'est-ce pas notre monde programmé qui est schizogène pour l'être,
obligé à ruser, à braconner ?
Chez le patient schizophrène, en termes métacognitifs, un contrôle est instauré d'emblée,
avant l'évaluation, perturbant les adaptations, mais ne les gelant pas totalement; les
remédiations cognitives semblent favoriser la réinsertion.
Modèle neuro-développemental de la schizophrénie
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La psychologie cognitive se propose d'approcher la physiopathologie par les troubles
cognitifs, dont la place est peut-être centrale. Une relecture de l'esprit humain à l'aune de
la cognition, avance l'orateur. La mémoire épisodique (celle des événements
personnellement vécus) dépend de l'encodage de ces derniers, de leur stockage (qui peut se
réaliser de nombreuses façons, un peu comme l'on tente de ranger une bibliothèque, mais
ici le livre stocké subit une transformation au cours de l'opération), puis de leur
récupération.
La mémoire épisodique
(E. Tulving, 1927 - ), s'explore facilement par le test des 5 mots (encodage, rappel,
reconnaissance au sein d'une liste) (?? immédiate ??). Elle est altérée chez le schizophrène
de façon intrinsèque, et son atteinte est d'ailleurs un facteur de risque de schizophrénie.
L'atteinte s'accentue au premier épisode, puis reste stable jusqu'à 60 ans environ. Le
premier épisode de la maladie serait d'ailleurs favorisé par les difficultés cognitives
rencontrées par le patient, et non par des difficultés exécutives, les difficultés cognitives
seraient prépondérantes en effet dans les difficultés d'insertion sociale des patients, la
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résolution de situations complexes en milieu professionnel, etc... La remédiation cognitive
permettrait, sur ordinateur ou en groupe, l'entraînement de la mémoire, mais aussi des
interventions ciblées sur des activités spécifiques de la vie quotidienne, "sur mesure", dans
un objectif d'autonomie (amélioration des stratégies, utilisation de stratégies alternatives
plus aisément mises en oeuvre, en parallèle avec l'aménagement de l'environnement du
patient).
Tulving distingue deux types de remémoration, une remémoration consciente,
reconstruction graduelle du passé impliquant la projection dans le futur (écriture de
l'histoire et immunisation contre la mort...), et le sentiment de familiarité, circuit court,
"éclair", assimilable à la "madeleine" de Proust, comme face à un visage déjà vu, situation
dans laquelle on ressent que l'événement s'est passé, sans pouvoir le revivre, le percevoir,
avec ses erreurs et ses imprécisions; ou encore des procédures "je me rappelle" (conscient)
versus "je sais" (familiarité), approche de la conscience "en première personne", dans
laquelle la conscience est une expérience subjective. Or il peut exister des dissociations
entre ces deux mécanismes: dans la schizophrénie, le "je me rappelle", plus procédural,
celui du développement d'une écriture, est altéré (comme un apragmatisme, par défaut
d'initiation de la stratégie, dans la procédure mnésique). Le patient ne met pas en place de
stratégie de liens entre les différents items. Il s'agit alors... d'orienter le patient dans une
stratégie qui lui est plus adaptée, pour améliorer ses performances. Le danger potentiel de
ces "remédiations" est dans la greffe possible de stratégies qui ne seront pas plus
adaptées... subtotal recall...
A l'IRM fonctionnelle, l'hippocampe semble la structure cruciale dans le chemin de la
remémoration consciente, le lobe préfrontal gauche dans celui du circuit court de la
familiarité.
Ce circuit de la familiarité rappelle celui des souvenirs post-traumatiques, pathologie où
des lésions hippocampiques sont rapportées, ici il y a eu du fait du clivage traumatique un
défaut initial d'encodage classique, relayé cependant par un encodage associé non pas aux
événements précis du trauma mais aux affects qui les entourent. L'affect étant émoussé
chez le schizophrène, cet encodage "de secours" pourrait ne pas survenir chez lui, mais
sous une autre forme, "affect-free": par des images sensorielles (cf. autisme) ? Une
synesthésie incluant les affects chez le traumatisé, hors affect chez le schizophrène ?
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Cas clinique
Une femme de 26 ans, dont la pathologie a débuté à 18 ans, a des difficultés de
mémorisation d'un récit, par difficulté d'organisation à l'encodage. Cela a une répercussion
sur l'estime de soi. La remédiation proposée, lourde, est d'organiser une analyse du récit, à
l'aide d'une grille de lecture du livre, d'un fractionnement des tâches. Elle aboutit à une
amélioration clinique générale (l'écueil à éviter est d'apprendre ses erreurs).
Schizophrénie et vieillissement
La schizophrénie peut évoluer vers la rémission (environ 1 cas / 2 à 10-20 ans ?) ou vers la
chronicisation, ce qui nécessite une prise en charge lourde, le plus souvent possible en
ambulatoire. De nombreux schizophrènes sont perdus de vue, mais toutefois l'espérance de
vie des patients augmente. Cependant une démence survient avec l'âge dans environ 15%
des cas.
Le vieillissement n'est pas un processus linéaire. Le vieillissement du schizophrène ne
représente pas une ramification sur un arbre, mais un point de cascade supplémentaire
dans un processus complexe. Les cognitivo-cybernéticiens ne sont pas en mesure
d'appréhender le chaos qui sous-tend les comportements "normaux et pathologiques".
Dans le vieillissement normal, c'est la mémoire épisodique qui est la plus touchée: cela
nécessite un temps accru pour le traitement de l'information, c'est une stratégie
métacognitive propre à la personne âgée, chez qui les indices intrinsèques sont préservés,
mais les indices extrinsèques (traitement de l'information) altérés. Chez le patient
schizophrène, qui présente une atteinte au premier plan de la mémoire verbale (c'est-à-dire
à long terme), de la mémoire sémantique et aussi de l'attention, il y a dysfonction de
l'encodage, d'où une atteinte accrue de la mémoire déclarative, épisodique. Il semble que
ces troubles cognitifs se stabilisent chez les patients en ambulatoire, tandis qu'ils
s'aggraveraient en institution, dès cinquante ans, et surtout après 65 ans. Une "remédiation
cognitive", apprentissage (possible) de stratégies alternatives propres à ces patients, est-elle
bénéfique ? Une utilisation autre d'un autre programme (une ruse, une subversion, une
tactique, au sein d'une procédure rendue inadéquate) ?
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Dépression et maladie d'Alzheimer
La dépression peut appartenir aux prodromes d'une maladie d'Alzheimer, mais elle fait
également partie des facteurs de risque de cette maladie; par ailleurs la maladie dépressive
comporte des atteintes cognitives. Des travaux indiquent que la dépression précoce est
corrélée avec l'atrophie hippocampique (facteur de confusion possible: le traumatisme, qui
peut favoriser et la dépression et, plus tardivement, l'Alzheimer). Enfin, il ne faut pas
ignorer les dépressions tardives au cours de l'Alzheimer. Classiquement, dans la
dépression, la plainte cognitive est au premier plan, tandis qu'irritabilité et retrait social le
sont dans la maladie d'Alzheimer. Le bilan cognitif a sa place dans la dépression tardive
(celle du sujet âgé), en particulier le rappel indicé en mémoire épisodique a alors un rôle
discriminant.
Plus d'un tiers des patients atteint d'Alzheimer ont des symptômes dépressifs, qui altèrent
la qualité de vie des patients et de leurs aidants. Il importe de rechercher une tristesse
permanente, des idées noires, et de recueillir l'avis d'un aidant. Attention à l'agitation qui
accompagne souvent la dépression aux stades sévères de l'Alzheimer. Il n'existe pas de
critères diagnostiques établis de dépression lors de la maladie d'Alzheimer; en sus de
l'entretien, l'échelle NPI peut être utile.
Le traitement de la dépression tardive doit comprendre, comme chez le sujet jeune,
antidépresseurs et psychothérapie; on peut envisager des sismothérapies. Les anti-
dépresseurs sont moins efficaces que chez les personnes âgées non atteintes d'Alzheimer;
on utilise classiquement les IRS en première intention (le citalopram, avec avis
cardiologique quant aux troubles du rythme; mais pas la sertraline ? débat en cours), les
tricycliques en cas de résistance ou chez les sujets algiques; on débute à la demi-dose
adulte puis on augmente progressivement jusqu'à la dose efficace, en parallèle avec une
éducation thérapeutique adaptée. Le traitement est maintenu un an s'il s'agit d'un premier
épisode, à vie s'il s'agit de plus du troisième épisode dépressif. Les thymorégulateurs
(dépakine, dépakote) ne sont pas indiqués dans la dépression du sujet âgé. Les TCC
doivent concerner les patients et leurs conjoints (cf. les "pensées dysfonctionnelles des
donneurs de soins").
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Troubles cognitifs chez le "patient bipolaire" devenu âgé
Même si la terminologie de "démence précoce" est utilisée pour décrire des troubles
psychiatriques comme chez Bleuler (1857 - 1939), le distinguo est bien fait, et E.
Kraepelin (1856 - 1926) décrit l'évolution démentielle des troubles psychiatriques. Ici est
rapportée l'évolution fréquente vers le syndrome démentiel avec le vieillissement des
patients bipolaires, la plus fréquente avant les patients schizophrènes et ceux ensuite
souffrant de troubles névrotiques.
Les atteintes cognitives des syndromes bipolaires comprennent un syndrome dysexécutif
(concernant la logique, les stratégies, l'adaptation à de nouvelles situations), une
diminution de la vitesse de traitement des informations, corrélée aux difficultés de
fonctionnement social, une diminution de l'attention, une atteinte de la mémoire épisodique
et de la mémoire de travail, mais pas de déficit intellectuel global. Les comorbidités
anxieuses et dépressives sont fréquentes. Lors du vieillissement, l'évolution des troubles
cognitifs est surtout marquée (et évaluable) dans les périodes euthymiques.
De l'éducation libre au bipolaire, en passant par le club des haschichin;
la "bipolarité" du DSM, celle des marges de la psychose maniaco-dépressive,
est-elle un "total construct" sociétal ? "Pathologies des stratégies acceptables"...
Neurotoxicité des épisodes thymiques, vers la pathologie de l'extase...
Quant à bipolarité et vieillesse, le système d'emblée y colle l'étiquette "démence"...
Réductionnistes: des hypersignaux de la substance blanche sont présents dans les troubles
bipolaires.
Cognitivo-cybernéticiens: sur l'échelle de Mattis (qui comporte 144 points), on considère
qu'il y a début de déclin cognitif en dessous de 135.
Militaires: le Trail Making Test (où l'on relie au crayon des chiffres) évalue la vitesse de
traitement de l'information.
L'addiction, présente dans 17% des cas, est un facteur de confusion à prendre en compte
dans l'évolution vers la démence chez le patient bipolaire. La prescription unique de
lithium est également un facteur de risque de démence, malgré son effet neuroprotecteur
par stabilisation de l'humeur (biais statistique probable).
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Hortithérapie ou musicothérapie en psychogériatrie au CHU:
hors les murs les vivants parlent aux vivants !
Relation émotionnelle, communauté d'êtres, végétaux aussi:
un jardin est un lieu où l'on se sent heureux, dit P. Vellas.
On pensait que les patients étaient incapables de...
Mais, rassurez-vous, le jardin est clôturé ! dit la "cadre", restée ailleurs, elle...
Troubles cognitifs: vécu du patient (T. Monat, Vichy)
"Alzheimer" ne veut pas dire grand chose pour moi, ose enfin un homme de la
psychanalyse. L'anosognosie protégerait la personne de ses troubles, mais en fait ses
messages sont bien là, infraverbaux, et le patient a conscience d'une transformation de son
fonctionnement psychique, et de l'attitude de son entourage, peu compréhensible pour lui
(arrivé dans un premier bardo...). Il peut y avoir désir d'oubli d'antécédents traumatiques,
mais même dans les atteintes cognitives sévères, il y a le plus souvent conscience des
troubles. L'augmentation nécessaire de l'étayage familial entraîne une dévalorisation
narcissique. Il y a souffrance, qu'il faut laisser émerger, toute perte est traumatique, le
patient fait l'expérience effrayante du discontinu de son fonctionnement antérieur, "comme
un fil qui se coupe en permanence, j'essaie de faire des noeuds", dit une patiente; le moi est
de moins en moins opérant lors de la maladie d'Alzheimer, y aurait-il apparition, sans plus
d'instance de contrôle, du réel du sujet ? Le rôle de la personnalité pré-existante est
actuellement en débat. L'appareil psychique altéré n'est en tout cas pas un appareil éteint, et
le sujet reste pensant dans son environnement. Il s'agit avec le patient de ne pas rechercher
la performance, mais de communiquer sous différentes formes, empathie, gestuelle,
renarcissisation, reconstitution de l'histoire de vie, en laissant émerger le questionnement.
Il y a, dans le "trouble du comportement", une quête de sens.
Paroles de patients (Le Monde, 2007): je pars en lambeaux de pensée..si je m'arrête je
n'arrive plus à reprendre..dans un arbre où toutes les branches cassent..ce n'est pas moi que
je perds mais ce qui est autour de moi, le temps, l'environnement..nous avons des
sentiments..même si je ne reconnais plus mes filles un jour, restera l'amour pur..
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Peut-être la personne âgée tente-t-elle de franchir sa barrière hémato-encéphalique, un
retour au tissu océanique, par son eau endogène, et comme par un cri ("Grimm !")
Psychotropes et sujet âgé: iatrogénie (analyse des pratiques professionnelles)
(R. Tourtauchaux)
La démence contre-indique les ACE et les BZD ! L'Atarax (chlorhydrate d’hydroxyzine,
dérivé de la pipérazine à activité anxiolytique et anti-histaminique) entraine une sédation
néfaste chez la personne âgée. L'automédication contribue à la iatrogénie chez les "frail
elderly" (sujets âgés vulnérables), ce "terrain" instable, dynamique mais stabilisable, en
particulier par une compensation adaptée. Dans ce "système" métastable, tout stress (dont
l'institutionnalisation !) peut perturber l'équilibre et contribuer au développement d'une
maladie sévère.
Démarche qualité (EPP, APP):
roue de Deming
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