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MÈTIS Anthropologie des mondes grecs anciens N. S. 11 2013 Dossier : Mères et maternités en Grèce ancienne MÈTIS Anthropologie des mondes grecs anciens Dossier : Mères et maternités en Grèce ancienne Éditions de l’ehess Daedalus Paris Athènes N. S. 11 2013 MÈTIS 2013 DAEDALUS Prix : 40 € ISBN 978-2-7132-2412-6 ISSN 1105-2201 Sodis 7545797 Dossier : mères et maternités, médecine, aspects religieux, cité et filiation. Varia : histoire et anthropologie (généalogie divine, sacrifice et patriarcat; construction mythique de l’espace ; langue des dieux) ; texte et pragmatique dans l’Iliade (individu et société) ; les langages de la statuaire (le remploi de statues sous l’empire romain) ; histoire et politique (Delphes et les oracles). SOMMAIRE Dossier Mères et maternités en Grèce ancienne Florence Gherchanoc, Jean-Baptiste Bonnard : Mères et maternités en Grèce ancienne. Quelques éléments historiographiques et pistes de réflexion Lydie Bodiou et Pierre Brulé : La maternité, désirée ou refusée. Quelle stratégie pour elle et lui, l’oikos, la cité ? Helen King : Motherhood and Health in the Hippocratic Corpus : Does Maternity Protect Against Disease ? Gabriella Pironti et Vinciane Pirenne- Delforge : Ilithyie au travail : de la mère à l’enfant Louise Bruit Zaidman : Déméter- Mère et les figures de la maternité Irini-Despina Papaikonomou : La jeune fille morte en couches. Un cas de maternité précoce, souhaitée ou avortée, d’après les témoignages des sépultures. Varia Manon Brouillet : Que disent les mots des dieux ? Charles Heiko Stocking : Genealogy, Gender, and Sacrifice in Hesiod’s eogony Deborah Steiner : e Priority of Pots : Pandora’s pithos re-viewed Rachel Gottesman : e Wanderings of Io : Spatial Readings into Greek Mythology Luca Pucci : Oreste, Ifigenia dalla Tauride e la statua di Artemide Orthia Pierre Bonnechere : Oracles et grande poli- tique en Grèce ancienne. Le cas de l’orgas sacrée et de la consultation de Delphes en 352/351 avant J.-C. (2 e  partie) Anne Gangloff : Le langage des statues : remploi et resémantisation des statues grecques sous le Haut-Empire (Dion de Pruse, Or. XII et XXXI) Pierre Judet de La Combe : La crise selon l’Iliade. HISTOIRE  •  PHILOLOGIE  •  ARCHÉOLOGIE

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  • MTISAnthropologie des mondes grecs anciensN. S. 11 2013

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    MTISAnthropologie

    des mondes grecs anciens

    Dossier :

    Mres et maternits en Grce ancienne

    ditions de lehess DaedalusParis Athnes

    N. S. 11 2013MTIS

    2013

    DAEDALUSPrix : 40

    ISBN 978-2-7132-2412-6 ISSN 1105-2201 Sodis 7545797

    Dossier : mres et maternits, mdecine, aspects religieux, cit et filiation. Varia : histoire et anthropologie (gnalogie divine, sacrifice et patriarcat; construction mythique de lespace ; langue des dieux) ; texte et pragmatique dans lIliade (individu et socit) ; les langages de la statuaire (le remploi de statues sous lempire romain) ; histoire et politique (Delphes et les oracles).

    S O M M A I R E

    Dossier Mres et maternits en Grce ancienneFlorence Gherchanoc, Jean-Baptiste Bonnard : Mres et maternits en Grce ancienne. Quelques lments historiographiques et pistes de rflexion Lydie Bodiou et Pierre Brul : La maternit, dsire ou refuse. Quelle stratgie pour elle et lui, loikos, la cit ? Helen King : Motherhood and Health in the Hippocratic Corpus : Does Maternity Protect Against Disease ? Gabriella Pironti et Vinciane Pirenne-Delforge : Ilithyie au travail : de la mre lenfant Louise Bruit Zaidman : Dmter-Mre et les figures de la maternit Irini-Despina Papaikonomou : La jeune fille morte en couches. Un cas de maternit prcoce, souhaite ou avorte, daprs les tmoignages des spultures.

    Varia Manon Brouillet : Que disent les mots des dieux ? Charles Heiko Stocking : Genealogy, Gender, and Sacrifice in Hesiods Theogony Deborah Steiner : The Priority of Pots : Pandoras pithos re-viewed Rachel Gottesman : The Wanderings of Io : Spatial Readings into Greek Mythology Luca Pucci : Oreste, Ifigenia dalla Tauride e la statua di Artemide Orthia Pierre Bonnechere : Oracles et grande poli-tique en Grce ancienne. Le cas de lorgas sacre et de la consultation de Delphes en352/351 avant J.-C. (2epartie) Anne Gangloff : Le langage des statues : remploi et resmantisation des statues grecques sous le Haut-Empire (Dion de Pruse, Or. XII et XXXI) Pierre Judet de La Combe : La crise selon lIliade.

    H I STO IRE PH I LOLOG I E ARCHOLOG I E

  • Mtis, N. S. 11, 2013, p. 71-91.

    Gabriella PirontiUniversit de Naples Federico II

    Vinciane Pirenne-DelforGe F.R.S.-FNRS Universit de Lige

    IlIthyIe au travaIl : de la mre lenfant

    la question de la maternit en Grce est un vaste domaine dinvestiga-tion, dont laccouchement est une tape. dans la reprsentation du monde et des socits que le polythisme grec permet dentrevoir, ce moment fondateur de lexistence humaine sinscrit au cur des prrogatives de la desse Ilithyie. lanalyse du rle que la tradition grecque a assign cette desse sera ds lors au centre du prsent propos, et tout particulirement le moment crucial o la vie de la mre et celle de lenfant natre sont en jeu.

    Cest aux cts des parturientes que se place Ilithyie. dcline tantt au singulier, tantt au pluriel, cette puissance divine se retrouve associe lenfantement et aux douleurs qui laccompagnent. Son action est essentielle afin qu lissue du travail survienne lenfantement proprement dit, le tokos. premire vue, cest donc la parturition qui est lergon dIlithyie, la fonction particulire quelle remplit parmi les nombreuses divinits entourant les mres en Grce ancienne. dans le domaine large et extensible de la maternit, nous avons choisi de suivre une divinit prcise, apparemment facile circonscrire, afin de cerner certains aspects de la manire dont les Grecs se reprsentaient laccouchement et la naissance dune nouvelle vie. toutefois, comme souvent quand il sagit du polythisme, les choses ne sont pas aussi simples quelles en ont lair, et mme une puissance divine premire vue aussi spcialise quIlithyie nchappe pas compltement la polyvalence qui caractrise largement laction des divinits majeures .

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    dans son ouvrage intitul Polytheism and Society at Athens, robert Parker tudie notamment ce quil appelle the gods at work, les dieux au travail , cest--dire en les envisageant dans les aspects concrets de leurs interventions1. dans ce cadre, il se penche notamment sur Ilithyie, dont il met en lumire des fonctions qui vont de laccouchement la croissance des enfants2. le spectre dintervention semble donc bien plus large que les prrogatives gnralement reconnues la desse. faut-il, ds lors, la qualifier de divinit courotrophe 3 ? la catgorie est devenue un tel fourre-tout quelle finit par faire cran linterprtation si lon ne sen tient pas strictement lusage proprement grec du mot4. Choisir le titre d Ilithyie au travail est une manire dchapper au pige des catgories figes, tout en faisant un clin dil lhistorien dOxford et son questionnement sur la possibilit, ou non, de concilier polyvalence et spcificit dans lanalyse des dieux du polythisme5. Sans avoir la prtention dapporter ici une rponse dfinitive aux questions dordre gnral que de telles rflexions soulvent, il sagira plus simplement de repartir de cette Ilithyie at work, en essayant de faire dialoguer bonne distance les sources littraires et les donnes des cultes, afin de mieux comprendre comment, dans lventail de comptences attribues la desse, les prrogatives en matire daccouchement sarticulent au rle quelle joue auprs des enfants.

    EntrE Artmis Et HrA : lArrivE dilitHyiE Et lA pArturitiOn

    dans la partie dlienne de lhymne homrique en lhonneur dapollon, la desse lto enceinte, aprs avoir en vain cherch un endroit dispos accueillir la venue au monde de son fils, obtient enfin laccord de la petite

    1. Parker 2005a, p. 387-451 : ce sont spcifiquement les dieux dAthnes qui font lobjet de cette analyse.

    2. Parker 2005, p. 428. 3. voir, ce propos, louvrage classique de HaDzisteliou Price 1978. Cest encore

    le cas pour Petrucci 2007, qui reconnait en Ilithyie tutti i caratteri tipici della divinit kourotrophos (p. 189), mais aussi lhritire dune ancienne et toute-puissante desse prhellnique dchue au rang de divinit de deuxime rang (p. 212) ; cest dans une toute autre perspective que nous entendons questionner les comptences de cette desse.

    4. Sur ce point, voir olmos 1986 et leitao 2007. Pour lusage grec du mot, voir Pirenne-DelforGe 2004.

    5. voir encore son dernier ouvrage et les dveloppements sur ce point : Parker 2011, p. 84-98.

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    le de dlos. elle nen est pas pour autant au bout de ses peines : le travail se poursuit, en effet, pendant neuf jours et neuf nuits, sans aboutir. Si lto ne parvient pas enfanter, cest quil manque, parmi les nombreuses desses prsentes cette occasion, la puissance divine ad hoc, savoir Ilithyie, quhra tient dans lignorance de ce qui se passe dlos. Ilithyie reste donc lcart, sur lOlympe. pendant ce temps, le travail de lto est comme suspendu, bloqu. ensuite, Iris va la chercher et, trompant la surveillance dhra, la met au courant et la persuade dintervenir sur la promesse dun beau cadeau6. ds quIlithyie apparat sur la scne de la parturition, le travail de lto arrive son terme : le tokos, lenfantement, saisit la desse et apollon surgit la lumire.

    , , .

    Quand Ilithyie qui prside lenfantement douloureux eut foul le sol de dlos, lto fut linstant saisie par lenfantement et eut le dsir denfanter.

    Qui est cette Ilithyie dont la prsence est indispensable pour que laccouchement de lto puisse saccomplir ? Sur un plan gnalogique, selon la tradition la plus rpandue, elle est lun des enfants de Zeus et dhra7. le contrle quhra exerce sur Ilithyie dans lhymne homrique trouve une forme de correspondance dans le lien de parent tabli entre ces deux divinits au sein de la famille olympienne. mais il est une autre divinit dont Ilithyie est particulirement proche dans les panthons des Grecs : il sagit dArtmis, la desse larc, fille de lto et sur dapollon, concerne elle aussi, et de trs prs, par laccouchement des femmes. En effet, ses flches sont comparables aux pres douleurs qui traversent le corps des parturientes. un lion pour les femmes , cest ainsi que lhra de lIliade dfinit Artmis, la desse larc qui peut tuer de ses traits toutes les femmes quelle veut8. dans les cultes des cits, artmis reoit souvent lhommage de femmes ayant survcu la dure

    6. Hymnes homriques III, 95-101. la traduction utilise est celle de J. humbert ( CuF ), lgrement modifie.

    7. hsiode, Thogonie 921-923. voir aussi Ps.-apollodore, Bibliothque I, 3, 1.8. homre, Iliade XXI, 481-484. Cf. Pausanias, Iv, 30, 5 o il associe lartmis de

    lpope aux douleurs de laccouchement, tout comme il le fait ailleurs avec lIlithyie homrique (vIII, 32, 4).

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    preuve de laccouchement9. elle prend alors lpiclse de Lochia, qui oriente ses prrogatives du ct de laccouchement , tandis que dautres titres cultuels la relient aux dines10, les douleurs qui accompagnent le lochos. Sous cet aspect, artmis est trs proche dIlithyie, au point que des cultes taient vous, dans le monde grec et notamment en Botie, une desse nomme artmis Ilithyie11. Il ne faut probablement pas interprter cette dnomination comme un thonyme majeur quaccompagnerait un thonyme mineur en fonction dpiclse car Ilithyie ne sefface pas derrire Artmis. On a plutt affaire lassociation des deux divinits les plus efficaces en matire daccouchement qui sont sollicites en une invocation unique pour quelles exercent ensemble leur action en faveur des femmes en couches12.

    le constat dune telle association ne suffit pourtant pas comprendre la part respective de ces deux desses autour des enfants. en ce qui concerne plus particulirement Ilithyie, la desse se voit associe non seulement au processus de lenfantement dans son ensemble, mais aussi aux moments les plus marquants de la parturition, savoir, selon le contexte, les douleurs de lenfantement ou lexpulsion du nouveau-n. dautre part, toujours selon le contexte, Ilithyie peut tre rapproche dautres divinits quartmis : cest le cas argos, o, daprs une glose dhsychius, hra tait notamment appele Ilithyie13. Ce pourrait tre le cas aussi Chios o une inscription de la fin du Ve sicle avant notre re rglant certains aspects

    9. Pour lartmis de Brauron, voir Parker 2005a, p. 242, mais aussi brul 1987, p. 232-236 ; pour lartmis Chitn de milet, voir ellinGer 2012, part. p. 234. Pour lartmis de dlos, voir les donnes recueillies par bruneau 1970, p. 191-195. voir aussi la note suivante.

    10. Guettel cole 2004, p. 212-213. 11. E.g. IG vII 546, 555, 1871, 3214, 3410-3411, 4174-4175, 4176 ; roescH 2007,

    nos 236-252 (ces inscriptions datent majoritairement de la priode hellnistique). voir PinGiatoGlou 1981, p. 99-106 ; scHacHter 1981, p. 94, 98, 101, 103-106. toujours en Botie, Chrone, artmis Ilithyie apparat en outre comme une des divinits garantes des affranchissements, un point sur lequel nous reviendrons plus loin (p. 87).

    12. Cest dans cette direction que sorientent les judicieuses remarques de Parker 2005b, part. p. 225. lexemple du culte dune aphrodite hra ou hra aphrodite Sparte, en contexte matrimonial, montre bien les potentialits dune dnomination qui ne hirarchise pas les divinits mais les fait collaborer (Pausanias, III, 13, 9).

    13. hsychius, s.v. (latte, ii, p. 28) ( 270) ( 119) ( 187) ... . une telle piclse tait postule pour hra thorikos, mais le cas est douteux : voir PinGiatoGlou 1981, p. 162, e60 (IG II 2612, qui offre une toute autre restitution).

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    du sacrifice et de la fte en lhonneur dilithyie prvoit laffichage de la stle dans lhraion du lieu14.

    lassociation entre ces deux desses nest pas surprenante, quand on considre leur lien gnalogique et le rcit de lhymne homrique Apollon qui joue sur leur interaction ft-ce en ngatif. Ce lien entre Hra et Ilithyie est manifestement bien tabli aux yeux des Grecs. en revanche, une telle relation est loin dtre vidente pour les observateurs modernes. Quel est le recoupement de comptences qui permet de justifier un tel rapprochement, analogue celui quopre la dnomination dartmis Ilithyie ? autrement dit, comment comprendre quhra, une desse peu concerne a priori par laccouchement au sens strict ou par la maternit au sens large, puisse tre ressentie par les Grecs comme une puissance divine tout aussi proche dilithyie que lest Artmis ? On pourrait dailleurs formuler un questionnement analogue propos de cette dernire : voue une virginit quelle revendique, quels mcanismes subtils ont-ils associ artmis la parturition15 ?

    les relations qui se nouent entre artmis et Ilithyie, entre hra et Ilithyie sont de bons ractifs, des sortes de pierres de touche qui permettent daffronter le questionnement plus gnral voqu demble, savoir la problmatique de la polyvalence et de la spcificit des figures divines en rgime polythiste. en loccurrence, en quoi peuvent bien consister, prcisment, les travaux dilithyie ? par un effet de retour car le monde des dieux articule sa manire la complexit du rel ce questionnement devrait permettre de mieux comprendre la reprsentation que les Grecs se donnaient de laccouchement et de la naissance.

    dans un passage de lIliade maintes fois tudi, la douleur aigu ressen-tie par le guerrier bless, quand le sang sarrte de couler, est compare aux douleurs de lenfantement provoques par les Ilithyies, ces douleurs aigus que les desses dcochent telles des flches qui traversent le corps de la femme en gsine16 :

    , , . , .

    14. NGSL n 20, l. 25 (p. 303-315).15. Selon nicole loraux 1989, p. 46, cest laccouchement comme guerre fminine

    que prsiderait la redoutable artmis. 16. homre, Iliade XI, 267-272 (trad. P. mazon, Cuf ). Cf. loraux 1989, p. 49-54.

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    mais, ds que la plaie sche, que le sang cesse de couler, en dpit de son ardeur, des peines lancinantes pntrent latride. elles sont semblables au trait lancinant, cruel, qui frappe une femme en travail, le trait dcoch par les Ilithyies, les desses des enfantements douloureux, les filles dHr, qui font le travail si amer.

    dans cette image, qui confirme la relation avec larchre Artmis, laction dilithyie ici au pluriel est trs prcisment assimile aux douleurs de lenfantement. faut-il, ds lors, sarrter la stricte quivalence entre les Ilithyies et les douleurs telle que la propose une scholie de lIliade17 ? Selon cette logique, et en suivant la lettre le commentateur du pome, le dieu ars ne serait que le fer et le dieu hphastos ne serait que le feu. en fait, la mtonymie luvre dans ce commentaire npuise pas le travail dIlithyie en tant que desse, pas plus que le fer ou le feu ne disent tout dars et dhphastos. dire dune femme quelle est aneileithuia, et donc quelle na pas connu Ilithyie ni subi les douleurs de lenfantement, revient dire quelle est atokos, quelle na pas engendr denfant, et signaler quelle na pas fait lexprience de la maternit dans sa globalit18. Pour le pote de lIliade, ces mmes Ilithyies qui dcochent les douleurs perant le corps des futures mres sont appeles les mogostokoi filles dHra . Cette dernire formule livre de manire synthtique deux renseignements essentiels. dune part, en tant que mogostokoi, les desses sont associes au tokos et aux peines qui laccompagnent : cest donc la totalit du processus de lenfantement quelles prennent en charge, et pas seulement les douleurs du travail (dines). dautre part, dans ce passage o se manifeste clairement leur affinit avec Artmis, les desses archres sont aussi prsentes comme les filles dHra. Cette articulation gnalogique, dj voque, est reprise par toute la tradition ancienne, depuis hsiode, qui fait dilithyie la fille dHra et de Zeus, jusqu lEtymologicum Magnum. Plus prcisment, la glose de ce lexique qui attribue de tels parents aux Ilithyies, les desses qui supervisent les femmes en train daccoucher , explique en outre le thonyme en le rattachant au verbe eleuth19. Eileithuia/

    17. Scholia in Iliadem XiX, 119 : , , .

    18. euripide, Ion 452-455 : , , . Cf. hsychius, s.v. (latte, i, p. 167) . (453) ; Eustathe, Comm. Od. ii, 119 (25-27) : . voir aussi Etymologicum Magnum, 298, 41, s.v. , .

    19. Etymologicum Magnum, 298, 38, s.v. , . , , .

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    Eleuthuia serait donc celle qui vient , la puissance divine dont larrive est essentielle pendant laccouchement pour que le tokos proprement dit ait lieu, savoir lenfantement20. Comme le rcit de lhymne homrique Apollon le laissait entrevoir, et comme le confirme un autre passage de lIliade quil faut analyser de plus prs, Ilithyie nest pas seulement la desse qui dclenche les douleurs denfantement, mais aussi la puissance divine dont dpend lachvement de lensemble du processus : elle prside, ds lors, la naissance des enfants. Cest prcisment sur ce terrain que laction dIlithyie et celle dhra se croisent, offrant ainsi un prcieux rvlateur des fonctions respectives de la mre et de la fille.

    au chant XIX du pome, il est question de la naissance dhracls, un vnement que Zeus annonce avant quil ne se produise, en proclamant que aujourdhui mme, Ilithyie, qui prside lenfantement douloureux (mogostokos), fera venir au jour un enfant destin rgner sur tous ses voisins et qui appartient la race des mortels sortis de mon sang 21. le travail qui est ici reconnu explicitement par le roi des dieux Ilithyie, la desse qui prside au tokos, est bien celui de faire venir les enfants la lumire. Hra tend un pige juratoire son poux, profitant de lanonymat dans lequel Zeus a imprudemment laiss cet enfant quil destine rgner sur les peuples voisins : dfiant son mari, la desse le pousse valider son annonce par un serment, quelle reformule lgrement son intention sans quil sen aperoive. elle ouvre ainsi la possibilit quun descendant de Zeus, et pas seulement un fils, se voie attribuer la destine dexception dcrte par le roi des dieux, condition dtre n ce jour l. les tapes ncessaires lexcution de ce plan sont ensuite nonces :

    , , . , , , .

    Hr, alors, dun bond quitte la cime de lOlympe. Bien vite, elle gagne Argos dAchae, o elle sait que se trouve la fire pouse de sthnlos, le perside. Celle-ci est grosse dun fils ; dj vient pour lui le septime mois. Hr lamne au jour, en dpit

    20. Cf. hrodote, Iv, 35, 1-3 : selon les dliens, les hyperborens envoyaient des offrandes dlos lintention dIlithyie en change de lkutokon, lenfantement rapide.

    21. homre, Iliade XIX, 101-105.

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    des mois qui restent encore, tandis quelle suspend les couches (tokos) dalcmne et retient les Ilithyies22.

    Sappropriant en quelque sorte lergon dIlithyie, et mme si lpouse de Sthnlos ntait quau septime mois de sa grossesse, hra en personne conduit la lumire eurysthe, un descendant de Perse et donc de Zeus. Cest toujours elle qui interrompt le tokos dalcmne, pourtant sur le point de mettre au monde Hracls, le fils dont Zeus attendait la naissance. dans cet pisode, hra se voit reconnatre la capacit dacclrer et de retarder la naissance des enfants, ce quelle fait en agissant prcisment sur les Ilithyies quelle retient. lintrigue est comparable au rcit de la naissance dapollon, une naissance qui tarde du fait quhra retient ilithyie sur lOlympe, loin de lle de dlos. par le contrle quelle exerce sur Ilithyie ou sur les Ilithyies, lpouse de Zeus est en prise directe avec le temps de la naissance. ds lors, lorsquelle est associe hra, laction dIlithyie touche davantage la naissance de lenfant quaux douleurs du travail. Sous cet aspect, elle est troitement associe la dernire phase de laccouchement, au tokos proprement dit, cest--dire aux contractions expulsives qui dclenchent la venue de lenfant la lumire.

    Cest en ce double sens que Pausanias comprend liconographie dIlithyie lors de sa visite de la cit achaenne daigion 23. dans un sanctuaire ancien de la desse, sa statue de bois acrolithe sculpte par damophon au iiie sicle avant notre re est recouverte dun voile de la tte aux pieds et porte des torches. le visiteur en livre deux explications. la premire renvoie aux douleurs de feu de la parturition, et donc aux dines. cette rfrence au

    22. homre, Iliade XIX, 114-119 (trad. P. mazon, Cuf ). Pour un commentaire de cet pisode, voir lVy 2007.

    23. pausanias, vii, 23, 5-6 (trad. daprs y. lafond, CuF ). , , , , . , , . . Aigion se trouve un sanctuaire ancien dilithyie. ilithyie est voile dun fin tissu du sommet de la tte jusquaux pieds, et il sagit dune statue de bois, hormis le visage et les extrmits des mains et des pieds qui sont en marbre pentlique. lune de ses mains est tendue en avant, de lautre elle soulve une torche. On peut supposer que les torches sont un attribut dilithyie parce que les douleurs de laccouchement, pour les femmes, sont cuisantes comme le feu ; les torches pourraient trouver une justification aussi dans le fait quilithyie est celle qui amne les enfants la lumire. la statue est luvre du messnien damophon .

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    feu, la seconde explication substitue la lumire quatteint le nouveau-n expuls de la matrice par la grce dilithyie. linterprtation des images de divinits dadophores, porteuses de torches , est certes complexe et dpasse la thmatique de la naissance. toutefois, il est intressant de constater que le voyageur-interprte, qui participe encore de la culture dont il tmoigne en pleine poque romaine, associe notamment la torche dIlithyie ce moment prcis du processus quest la venue au jour de lenfant.

    FAirE vEnir lEs EnFAnts lA lumirE : dnOuEr lEs liEns, drOulEr lE Fil

    regardons de plus prs cet enfant natre, car il va jouer un rle ac-tif pendant laccouchement24. en effet, aux yeux des Grecs, y compris certains auteurs du corpus hippocratique25, ce nest pas tant la mre qui pousse pour faire sortir lenfant que lenfant lui-mme qui pousse pour sortir, se librant des membranes qui lenveloppent dans le ventre mater-nel. ainsi, selon le mdecin rufus dphse, Ilithyie aurait t appele Amnias en rfrence prcisment lamnion, lune des membranes enve-loppant le ftus26. Cornutus, pour sa part, reconnat Ilithyie la fonction de luein, de dlier les nuds du ventre, afin que le ftus puisse sortir plus facilement27.

    24. voir ce propos boDiou et brul 2011.25. voir, par exemple, hippocrate, Des maladies des femmes 1, 1 (littr, vIII, 10) ; De

    la nature de lenfant 30, 1 (littr, vII, 530).26. rufus dphse, 229, en commentant une expression dempdocle (= 31 B 70 diels-

    Kranz6). Cf. kinG 1998, p. 94-95. le mdecin dphse rinterprte en un sens technique lassociation traditionnelle dIlithyie avec la localit crtoise damnisos : le port du lieu et la grotte dIlithyie qui sy trouvait sont dj connus dans lpope (homre, Odysse XIX, 188-189 ; cf. Strabon, X, 4, 8). voir sPorn 2002, p. 130-131. Selon une tradition crtoise, reprise par pausanias (i, 18, 5), la fille dHra serait mme ne Amnisos.

    27. Cornutus, Abrg de thologie grecque 34 : , . laction de dlier attribue Ilithyie peut concerner aussi la parturiente et ses douleurs : bettini 1994, p. 100. voir encore euripide, Tlphe, fr. 1 Jouan van looy : , , , le mont Parthnion, o Ilithyie dlivra ma mre de ses douleurs et o je suis n .

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    lassociation de la desse aux membranes, et plus largement aux nuds, a t bien tudie par maurizio Bettini28. nous nous distanons de son analyse sur un seul point, qui touche prcisment la porte des prrogatives dIlithyie. Selon Bettini, elles ne seraient pas tournes vers lexpulsion du nouveau-n mais vers la phase du travail, la desse des membranes prsidant tout particulirement aux douleurs de la parturition. de notre point de vue, il ny a pas lieu de sparer ces deux aspects de laccouchement : Ilithyie est tout aussi prsente dans la phase conclusive du processus. de plus, dans certains contextes, et significativement lorsquelle est associe Hra, la desse est spcifiquement concerne par cette phase finale. cette occasion prcise, elle est appele exercer son action divine non seulement en relation avec la mre, mais aussi et parfois surtout avec lenfant natre. lexpression employe par le pote de lIliade doit prendre sa pleine mesure : pour dire lenfant qui natra aujourdhui , Zeus annonce en effet lenfant quaujourdhui Ilithyie mnera la lumire 29. un lecteur attentif des pomes homriques tel queustathe ne manquera pas de souligner que quand il ne peut plus rester dans la matrice, cest alors que le ftus vient (eleuthei) la lumire, ce qui est prcisment le travail dIlithyie, comme le montre aussi lIliade 30. Ilithyie nest donc pas seulement la desse qui vient , et dont la venue correspond la fin de laccouchement, mais plus prcisment encore celle qui fait venir les enfants la lumire.

    les comptences de la desse en matire de naissance sont encore signales par une glose dhsychius, faisant dEpilusamen la fois un synonyme deleutheria et le nom de lune des Ilithyies, la dlieuse 31. Si laction libratrice dIlithyie concerne bien lenfant autant que la mre, alors le nom dEpilusamen voque non seulement la mre dlivre de son fardeau, mais aussi la libration de lenfant des liens qui le retiennent lintrieur du ventre maternel. Cest galement dans cette direction que

    28. bettini 1994, p. 97-101.29. homre, Iliade XIX, 103-105 ; voir aussi Iliade XvI, 187-188. 30. eustathe, Comm. Od. ii, 198 (21-22) : ,

    , , . voir aussi Etymologicum Gudianum, s.v. ... , , . . Cf. aussi, ibid., s.v. .

    31. hsychius, s.v. (latte, ii, p. 162) . . . Cf. bruGnone 2011, part. p. 78-81 pour une attestation pigraphique dEpilusamen de la fin du Ve sicle avant notre re.

  • IlIthyIe au travaIl 81

    pointe une pigramme attribue au pote thbain Perss (iVe s. avant notre re), o lon voit une femme remercier Ilithyie aprs laccouchement en lappelant Potnia kourosoos, un hapax qui fait delle la matresse qui sauve les enfants 32.

    en tudiant ailleurs le rle attribu aux moires lors de la naissance des enfants, nous avons pu remarquer lassociation significative entre ilithyie et ces desses qui sanctionnent et filent la part de vie assigne au nouveau-n33. Chez Pindare, par exemple, les moires et Ilithyie prsident ensemble la naissance de iamos, le fils dApollon34. toujours selon Pindare, lors de la naissance dapollon et de sa sur artmis, Ilithyie et lachsis, lune des moires, lancrent ensemble le cri rituel clbrant la naissance des jumeaux divins35. lassociation entre les moires et Ilithyie est bien prsente dans la tradition grecque, mme au-del de Pindare, comme le montre un ancien hymne dlien en lhonneur dIlithyie, voqu par Callimaque et mentionn trois reprises par Pausanias36. lhymne est attribu lantique pote lycien Olen et fut probablement chant dlos lors de la fte annuelle dIlithyie pendant de longs sicles. Il na pas t conserv, mais Pausanias en retient que la desse y apparat comme une divinit primordiale, antrieure Kronos et mre dros. Surtout, lhymne la qualifie deulinos, une pithte qui lassocie laction de drouler le fil, un motif propre aux moires. Cest dailleurs pour cette raison que Pausanias

    32. Anthologie Palatine vI, 274.33. Pirenne-DelforGe et Pironti 2011, part. p. 95-103, 106-108.34. Pindare, Olympiques vi, 41-44 : / -/

    / -/ . le dieu aux cheveux dor mit prs delle [vadne, fille de posidon et de pitan] ilithyie et les moires bienveillantes ; et de ses flancs, par un doux travail, iamos vint au monde, aussitt (trad. a. Puech, Cuf ).

    35. Pindare, Pans Xii, 14-18 : naissance dApollon et Artmis dlos, [ , [] [ ] [] [ ][].

    36. Callimaque, Hymne Dlos 255-257 ; pausanias, i, 18, 5 ; viii, 21, 3-4 : , [], , le lycien Olen, en un temps assez ancien, composa des hymnes pour les dliens, entre autres un hymne ilithyie ; il la qualifie dEulinos (Bonne fileuse), en lidentifiant videmment avec larrt du destin et il dit quelle est plus vieille que Kronos (trad. m. Jost, CuF ) ; pausanias, iX, 27, 2 : , , . . Cf. bruneau 1970, p. 215-216 ; pour le culte dlien de la desse, p. 212-219.

  • Gabriella Pironti et Vinciane Pirenne-DelforGe82

    finit par identifier lilithyie de cet hymne une figure de la destine. Cette identification, tout comme lassociation traditionnelle entre ilithyie et les moires qui en constitue larrire-plan, permet de mieux comprendre lpisode de lIliade sur le basculement du destin dhracls. dun ct, hra se conduit elle-mme en Ilithyie dans le passage voqu plus haut et, de lautre, elle contrle les ilithyies afin dattribuer Eurysthe le sort prvu pour hracls. en manipulant le temps de la naissance, hra sapproprie cet aspect de laction dIlithyie qui a des implications directes sur le sort de ces nouveau-ns, et donc sur le statut qui sera ou non le leur dans la communaut o ils voient le jour.

    un autre rcit daccouchement associe troitement les moires et Ilithyie, et il y est nouveau question de nouer et de dnouer, de lier et de dlier. le sujet de ce rcit, que nous reprenons dans la version transmise par antoninus liberalis37, est une fois de plus la naissance dhracls, que la desse hra veut retarder tout prix. le tokos dhracls est dj enclench et Alcmne en subit la pousse ( ). les moires et ilithyie sont assises proximit de la chambre dalcmne et cest en tenant leurs mains enlaces quelles bloquent laccouchement de la malheureuse. Cette posture est hautement significative : tout se passe comme si les moires, au lieu de drouler le fil de la vie, le nouaient, et quilithyie, au lieu de dlier lenfant (et avec lui la mre) et de le faire venir la lumire, continuait de le maintenir lintrieur de la matrice. en outre, ce geste semble sopposer prcisment celui par lequel les mmes Ilithyies saluent la naissance dun nouveau-n dans liconographie, car elles soulvent alors leurs bras ouverts38. Galinthias, une amie dalcmne, par un mensonge, arrive dnouer le blocage : elle proclame que lenfant est n malgr tout, et voici que les

    37. antoninus liberalis, Mtamorphoses 29. Cf. dj Ovide, Mtamorphoses IX, 273-323, o la protagoniste principale sappelle Galanthis, et o alternent les noms dIlithyie (283) et de lucine (294). les moires (ou Parques) en sont absentes. Pour les diffrentes versions du rcit et ses protagonistes, voir bettini 1994, part. p. 47-66.

    38. olmos 1986, nos 7b, 10, 14, 18, 27, 50, etc. Il se pourrait en effet que le geste des Ilithyies ne se limite pas saluer la naissance de lenfant, mais quil voque galement louverture de la matrice, referme dabord pour retenir lenfant pendant la gestation, puis progressivement dilate et ouverte enfin pour lui permettre de venir la lumire. dans le rcit dantoninus liberalis, Ilithyie en tenant ses mains enlaces refuserait ds lors de mettre en uvre ces mmes comptences en matire de dilatation et douverture. nous remercions franoise frontisi-ducroux pour cette suggestion qui mriterait dtre poursuivie plus attentivement afin de cerner dautres aspects encore du travail dilithyie et de la reprsentation que se faisaient les Grecs du processus de la naissance.

  • IlIthyIe au travaIl 83

    desses, se croyant bafoues dans leurs prrogatives, desserrent les mains en une raction de surprise et de mcontentement. leurs prrogatives sont bien entendu intactes, mais ce geste provoque la dlivrance immdiate dAlcmne. leur action est la condition ncessaire et suffisante pour quHracls voit enfin le jour, aprs stre libr des liens qui le retenaient encore lintrieur de la matrice39.

    lassociation dIlithyie et des moires va mme plus loin. en effet, elle suggre que, si Ilithyie est bien implique dans la venue au jour du nouveau-n, elle peut aussi intervenir aprs la naissance, assistant lenfant tout au long du parcours qui lui permettra daccomplir son destin, ou plus prcisment la moira qui lui a t assigne. Cest ce que confirment les premiers vers de la septime Nmenne, o Pindare sadresse ainsi Ilithyie40 :

    , , , - , , , .

    ilithyie, assistante des moires aux penses profondes, fille dHra la puissante, coute, gnitrice des enfants ! Sans toi nous ne verrions pas le jour, ni lobscurit apaisante ; sans toi nous ne possderions pas ta sur, hb aux membres splendides.

    en croire le pote, Ilithyie accompagne ltre humain de la naissance jusqu lhb, cest--dire jusquau plein panouissement de sa force vitale, puis mme jusqu la mort. Ces vers sont dautant plus intressants quils ne se limitent pas souligner la complicit entre Ilithyie et les moires. Ils replacent aussi la desse lintrieur dune articulation gnalogique trs significative o ilithyie est prsente comme fille dHra

    39. Selon antoninus liberalis (Mtamorphoses 29), hracls rige une statue de Galinthias auprs de sa maison et lui offre des sacrifices en signe de reconnaissance, et les thbains ensuite auraient gard la coutume de lhonorer par une thusia avant la fte dhracls. Il est intressant de signaler que cest hracls, et non alcmne, qui remercie rituellement Galinthias pour laide quelle lui a prte au moment de sa naissance : on pourrait y voir une confirmation du fait que, dans ce cas, lenfant natre est concern au premier chef par laction bienveillante ou malveillante de desses telles que les moires ou ilithyie lors de laccouchement, tout comme par celle dune figure dauxiliaire telle que Galinthias dans cette version de la naissance dhracls.

    40. Pindare, Nmennes vII, 1-4 (trad. a. Puech, Cuf ).

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    et sur dhb. resurgit ds lors lassociation entre la desse qui conduit les enfants la lumire et hra.

    la tradition antique tablit entre ces deux puissances divines un lien troit qui demande tre interrog de plus prs. la puissante pouse de Zeus, qui ne semble gure concerne ni par la maternit, ni par la gestation, ni par lengendrement, intervient pourtant, travers Ilithyie, au moment de laccouchement, en acclrant ou en retardant, comme on la vu, la venue au monde de lenfant. une approche superficielle serait de rduire cette intervention au thme de la jalousie dhra envers les enfants illgitimes de son poux volage. mais une autre explication mrite dtre vrifie41 : hra semble, en effet, concerne au premier chef par des questions de filiation, de lgitimit et dintgration, et cest ce titre quelle pourrait intervenir lors de la naissance dun enfant, en dterminant le moment exact qui le voit venir au monde. associe Ilithyie, elle sanctionnerait ainsi le dbut du processus complexe faisant ou non dun nouveau-n le fils de quelquun et le membre part entire dun oikos, voire dune communaut plus large42.

    en aval de la naISSanCe

    Cest probablement en rfrence aux relations parentales quil faut com-prendre, dans un discours dIse, linvocation dIlithyie de la part dune mre que son fils a bafoue43 : en loccurrence, la femme sassied au vu de tous dans le sanctuaire athnien de la desse. ainsi appele tmoigner du manquement des enfants envers les parents, ilithyie est associe la filia-tion, y compris au respect de ses rgles : un travail digne de la fille dHra.

    41. nous faisons cette hypothse dans une tude conjointe sur la reine de lOlympe.42. dans les panthons des cits, ce sont le plus souvent Zeus, apollon et athna qui

    prsident lintgration du jeune garon dans la famille, la phratrie, la cit. un tel rle est loin dtre une prrogative spcifique dHra ou dilithyie, mais des indices existent bel et bien qui, associant la premire la sphre de loikos et la seconde ce moment crucial quest la venue au monde dun enfant, inflchissent en direction de la filiation lintervention de ces desses au moment de la naissance dun individu. Sur la faon dont Zeus sert dire le parental dans la culture grecque, voir brul 2007, p. 429-442 : nous ne disposons malheureusement pas de telles tudes pour chaque divinit implique dans ce vaste domaine. Sur le lien troit entre langage de la parent et idologie politique, voir WilGaux 2011, qui souligne, ct de la filiation, le rle important dvolu au mariage. de cette alliance, hra pourrait tre un bon tmoin sur le plan des reprsentations religieuses.

    43. Ise, v, 39.

  • IlIthyIe au travaIl 85

    un culte de Paros atteste tout autant une telle ouverture des prrogatives dIlithyie en aval de la naissance. honore dans une grotte o fut mis au jour un important matriel iconographique et pigraphique allant de la priode archaque lempire, la desse compte une large majorit de fidles fminines qui la remercient, sans autre explication, ou lui font une ddicace pour un enfant dsign par son nom44. Il est probable que ces deux groupes de documents sont mettre en relation avec des naissances. une inscription du ier sicle avant notre re tranche quelque peu dans cet ensemble. Il sagit de la ddicace Ilithyie dun garon par sa mre et son pre adoptifs, le pre physiologique tant galement identifi dans le texte45. david leitao, qui a repris ce dossier, a soulign que lutilisation du terme maioi pour dsigner les parents, cest--dire le masculin pluriel form sur maia, la nourrice , tait une curiosit sans parallle46. Selon lui, la mre et le pre adoptifs seraient ainsi naturaliss dans le sanctuaire dIlithyie, celle-ci consacrant, dune certaine manire, la naissance symbolique de leur fils. Quoi quil en soit de cette interprtation la porte biologique , il ne faudrait pas ngliger la dimension sociale de la dmarche : cest tout autant la naissance sociale de lenfant qui est ainsi mise en vidence, la lgitimit de son statut de fils, et peut tre aussi le statut de parents acquis par ces ddicants nourriciers . le cas est assurment exceptionnel, mais il atteste que les potentialits du rseau fonctionnel de la fille dHra peuvent aller de laccouchement la lgitimit dun enfant.

    la prsence dIlithyie dans la vie des jeunes gens peut encore adopter dautres formes. en outre, mme les recoupements de prrogatives entre cette desse et artmis, signals plus haut en relation avec laccouchement, se situent parfois en aval de la naissance. le panthon de Sparte garde tout particulirement la trace des relations qui se nouent entre ces deux puissances divines. cet gard, Pausanias offre un faisceau dinformations, certes tardives, mais dont une inscription archaque atteste la longvit.

    44. IG XII 5, 185-209. voir PinGiatoGlou 1981, p. 52-53, 120-134, pour la totalit du dossier des inscriptions et objets mis au jour en ce lieu.

    45. IG Xii 5, 199 : [ ] | [] | , | , | .

    46. leitao 2007 part. p. 263-264. le fils adoptif de ce couple nourricier est dsign quant lui par le terme threptos : sur les diffrents emplois du terme, qui pourrait impliquer dans le cas prsent une adoption en bas ge, voir ricl 2009, p. 93-104, part. p. 105. nous remercions Jrme Wilgaux et Pierre Brul des conseils quils nous ont gnreusement prodigus sur ce dossier dlicat.

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    ainsi, sortant du dromos, savoir la piste dentranement des jeunes gens situe prs dun gymnase, le visiteur numre un sanctuaire des dioscures et des Charites, et un autre vou Ilithyie, apollon Karneios et artmis hgmon47. Plus loin, dans un autre quartier de la cit, il mentionne limportant sanctuaire dArtmis Orthia et le rituel de flagellation qui sy droule de son temps. non loin de l, se trouve un sanctuaire dIlithyie ; on raconte quun oracle delphique est lorigine de sa construction et du culte dIlithyie chez eux 48. une pingle date du haut archasme mise au jour dans le sanctuaire dOrthia et portant le nom dilithyie atteste que linteraction entre ces deux desses nest pas une nouveaut du temps de Pausanias49, mme si lorigine des sanctuaires en question nous chappe.

    Si lon se penche sur ces cultes spartiates, on constate que lassociation avec Artmis, dans le cas dOrthia, et avec Artmis Hgmon et Apollon Karneios, dans le quartier du dromos, prend tout son sens la lumire de la Nmenne de Pindare. Cest moins par le redoublement dune rfrence la naissance quilithyie et Artmis sont associes que par lidentification des phases du processus qui mne de la naissance lhb. lducation des jeunes Spartiates, dont le dromos est lun des symboles, est cultuellement traduite par lassociation entre Ilithyie et les enfants de lto. angelo Brelich voyait dans cette association une vocation de la mort et de la renaissance du jeune dans son parcours initiatique50. Sans aller aussi loin que lui, on peut faire lhypothse que des liens de diffrente nature doivent encore se dlier de faon rcurrente tout au long de lenfance. ce titre, ilithyie reste un recours efficace, au-del du temps de la naissance. Elle peut ds lors accompagner artmis et apollon dans la protection des jeunes gens dans leurs diverses mtamorphoses.

    On peut se demander si certains cultes botiens ne peuvent tre convoqus dans ce mme contexte. en divers lieux de la rgion, des

    47. pausanias, iii, 14, 6 : , .

    48. pausanias, iii, 17, 1 : .

    49. kilian 1978, p. 220-222 et pl. vI. PinGiatoGlou 1981, p. 53-54.50. brelicH 1969, p. 191-192, note 222 ; p. 203. le savant italien signalait la fonction

    politique quIlithyie peut parfois assumer, par exemple dans la cit crtoise de lato, et sa prsence parmi les dieux pris tmoin dans les serments de la Crte hellnistique, o elle apparat aux cts des ltodes. Sur les listes de dieux dans les serments crtois, voir brul 2007, p. 349-363. des liens se nouent, sous le signe dIlithyie, entre protection de lenfance et protection de la cit : voir, par exemple, lhistoire de la fondation du culte conjoint de sosipolis et dilithyie Olympie transmise par pausanias (vi, 20, 2-5).

  • IlIthyIe au travaIl 87

    affranchissements par conscration sont attests. Chrone, o une centaine dinscriptions de ce type ont t mises au jour, une petite quinzaine dentre elles sadressent artmis Ilithyie que lon a voque prcdemment. Ces textes consacrent la desse des esclaves fminines dsignes comme servantes ou comme threptai, recueillies et leves la maison51. diffrentes divinits peuvent accueillir des affranchissements par conscration dans le monde grec. Chrone mme, il ny a pas dexclusivit en cette matire52. nanmoins, le fait de choisir artmis ilithyie cette fin pourrait entrer en rsonance avec les capacits libratoires que la fille dHra exerce sur les parturientes et les ftus. En outre, ilithyie spcialise en cette circonstance une comptence de sa mre : Crotone, lhra lacinia accueillait des affranchissements par conscration53 ; Cos, les esclaves ne pouvaient participer aux sacrifices en lhonneur dHra, sans que lon puisse toutefois spcifier ni de quel culte il sagissait ni quelle poque54 ; argos, les esclaves sur le point dtre affranchis ou les nouveaux affranchis semblent avoir bu leau dun ruisseau appel Eleutherion galement utilis pour des sacrifices en lhonneur dHra55 ; phlionte, enfin, Ganymda-Hb, elle aussi fille dHra, recevait en offrande les chanes de prisonniers librs56.

    Quoi quil en soit de ce dernier point, dont on ne mconnat pas le carac-tre hypothtique, les cultes dilithyie prsentent des facettes diversifies auxquelles ne rendent justice ni lpithte vague de courotrophe ni ltiquette de divinit de la naissance . Quand on est mme de saisir les motivations de ceux qui lhonorent, le spectre de ses interventions peut manifestement se prolonger au-del du moment de la naissance. le caractre laconique ou fragmentaire de la documentation sur ses diffrents lieux de culte, pourtant abondante57, ne permet pas daffiner lanalyse chaque fois, mais certaines ddicaces attestent la complexit de ses

    51. IG vII 3385, 3386, 3391, 3412, 3430; roescH et fossey 1978. voir Darmezin 1999, p. 64-72, nos 88-100. thisb : IG vII 2228 = Darmezin 1999, p. 105, n 140.

    52. Darmezin 1999, p. 31-76.53. GianGiulio 1989, p. 58-60, part. n. 24. 54. athne, vI, 262c (cf. XIv, 639d).55. Athne, iii, 123c (sans spcification de lieu) ; Hsychius, s.v.

    (latte, II, p. 65) ; Pausanias, II, 17, 1 (qui ne parle pas explicitement daffranchissements). Sur ce dossier, notamment dans son volet pigraphique, voir billot 1997, p. 49-50.

    56. Pausanias, II, 13, 3-5.57. une revue exhaustive des cultes dIlithyie dpassant le cadre de cette tude, nous

    renvoyons la synthse de PinGiatoGlou 1981. voir aussi les donnes rassembles par Petrucci 2007 et, pour le dossier crtois, sPorn 2002, p. 329, 385 (tableau 8).

  • Gabriella Pironti et Vinciane Pirenne-DelforGe88

    prrogatives. Par exemple, une inscription de thespies, mise au jour prs dune fontaine et date des iiie-iie sicle avant notre re, est libelle comme suit58 :

    [ ][][] [

    []

    On pourrait en dduire, avec le dernier diteur de linscription, quun certain eudamos a ddi artmis Ilithyie trois statues, deux masculines damphinikos et dhageisixenos, et lune fminine dhageisixena. trois trous de scellement sont en effet reprables sur la face horizontale59. Sils ont bien reu le portrait des enfants du ddicant ce qui est lhypothse la plus plausible , on constate que lassociation dArtmis et dilithyie dpasse nouveau, dans le geste pos cette fois par un pre, la sphre trs maternelle des douleurs de laccouchement et de la dlivrance. Placer trois enfants, fussent-ils encore trs jeunes, sous la protection dartmis ilithyie devait signifier bien davantage quune action de grce pour trois heureuses naissances.

    entre artmis et hra, la desse qui conduit les enfants la lumire peut tre appele leur ct aussi pour en assurer un heureux dveloppement, et sa bienveillance est requise non seulement au moment de la parturition, mais aussi en vue de protger les enfants et, avec eux, la famille quils ont intgre.

    *

    montrer Ilithyie au travail tait lambition de cette tude, en autant de coups de projecteur sur des traditions mythiques et des cultes qui per-mettent de saisir quelque chose du profil de cette divinit. Au cur du rseau fonctionnel qui la caractrise se situe laccouchement, dans toute sa complexit, du ct de la mre, mais aussi du ct de lenfant : ce dernier, en effet, se libre des nuds de la matrice, en nouant du mme coup des liens de filiation et devenant membre dun oikos, puis dune communaut, en un parcours qui le voit spanouir jusqu la fleur de la jeunesse. de ce rseau relve alors toute une srie dlments (y compris la libration au sens large du terme, la lgitimit et lintgration) qui tous ensemble, et chacun sa manire, permettent de saisir quelque chose de la spcificit dIlithyie.

    58. roescH 2007, p. 20, n 236.59. Jamot 1902, p. 296, n 13.

  • IlIthyIe au travaIl 89

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