18
ïr\ AuVA ÏS

Mg14 0997

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Mauvaise graine issue 14 -- September 1997

Citation preview

ïr\

AuVA ÏS

EDITO- PAR MORGANE

Tiens, tiens tiens ! La mainéditorial-e serait-elle différente ce mis-ci? Ne cherchezpas Ie viking, il n'est pas 1à. La chair est faible diton, l-'homme I'est encore plus. Votre valeureux guerrierest captif, entravé par Ie charme de mes riresmaléfiques. II ne s'exprimera quà travers les notes;ainsi en ai-je décidé.

Ce numéro est consacré à Julien Burri, auteurfamil-ier et apprécié de notre grimoire. Il est présentépar Laurence Burri, exercice de funambul-e dans lequel lamère préserve le fils et expose Ie poète. L'auteur nous

convie en ces temps de fin de vacances à un souvenirsans existence, une attente jamais comblée, cefle de

L'AUBE D'ETE.

L'aube.Comme une dél-ivrance.

L'AUBE D'ETE, oeuvre liée, fraternel-le ou

fratricide, à L'ETREINTE DES SABLES pour laquelle Julienrecevra un prix prochainement. Je laisse Ie viking vousen parler plus longuement. Sa rêcompense...

L'équipe de MG refuse généralement de hurleravec Ia meute, el-Ie se réjouit néamoins cette fois-ci de

faire chorus aux fêlicitations adressées à Jul-ien Burri.

Et si, comme après l-'amour, on ne remerciepas I'autre pour le plaisir prouvé, alors, que ceslignes soient simplement un sourire de satisfaction.

Bonne lecture.MORGANE

-2-PORTRAI T

PAR LAURENCE BURRI

PourJulien, j'aimerais que mes mots en disent

encore un peu plus.

Parce que c'est une histoire solaire.

C'est un jeune homme de rayonnement.

Qui chauffe et colore ce qui I'approche.

C'est une histoire de couleur. Qui se méIange.

C'est l-e connu et I'inconnu qu'on porte en

soi.

C'est I'inséparable.

A soi.

C'est une histoire d'amour.

Passion fixe.

C'est une histoire de vie.

Par cette passion de vivre. Qui donne envie.

Secoue, agite, j-nterpell-e mais ne dérange.

Inutilement.

C'est une histoire d'ordre et de justice.

C'est une histoire qui revient chaque matj-n,

quand son regard bl-eu

s'accroche à mon visage.

Ce regard si l-ucide sur l-es bêtises du monde.

Cette force qu'iI puise on ne sait où pour

résonner.

I

-3-

Pour la raison des choses. Et de I'hi_stoire.Pour un bonheur contradictoire et doul-oureux.

Julj-en c'est l-e métissage de l_'art en général

et de I'écrj-ture en particulier.

C'est Ie plaisir de rencontrer la créationdes autres.

C'est I'amitié pour des "vieilles dames" qui

sont jeunes irrémêdiablement.

C'est celuj- qui est un peu moqueur mais

toujours tendre et qui fait rire les fillesde sa classe.

Quand elles se sentent un peu tristes.

Jul-ien c'est l-e contact de lui-même dans une

l-iberté qui coincide à 1ui.

*****

-4-LE COIN DE CAL IOPPE

- JULIEN BURRI

* L'AUBE D'ETE *

(petit hommage à SAMUEL BECKETT)

Il-s attendent -

D'abord immobiles-Comme pétrifiés.Le ciel-,La mer

- il-s sont dehorsDurablement,IndéfinimentFigés.Le ciel- au-dessus de l_eurs têtesLa mer sous leurs pieds,PerpétuementImmobi-1es

Arrêtés,Comme photographiés,EssentialisésInanimésMais expressifsTrès expressifs dans leur immobilité justement.

Sans qu'on puisse les freiner,Sans qu'on puisse les en empêcher,Tout sur cette image a continué sans ell_e.

La mer ne reviendra plus jamais comme maintenant.Le ciel- sera toujours autre.Eux non plus ne seront plusPareif lement accoudés,Travaill-és par l_es mêmes tensions.IIs auront toujoursD'autres sourires,D'autres yeux.

-5-

IIs ne seront plus côte à côteAccoudês côte à côteSur d'autres images,En d'autres moments

Que celui-ci.

IIs attendent-On doit sentir peu à peuComme une caresse sous l-eurs pieds "

Un frottement, un glissement.I l-s crissent , ils grincent ,

Lentement, s'éIoignentDans une gondole de nuitEt de mystère.S'éIoignent et nous dépassent.

La mer al-ors reprend vieLentementEIle accompagne I' embarcationD'un doux remousD'une vague toujours égaleQui Ia porte.

Dans l-eurs tempes,A leurs poignets-Les bruitsDu ci-el, de I'eau,De leurs battements à tousSe font entendre à nouveau.

Ils s'assouplissent,S'étirent.IIs sont repartis,Ils continuent d'attendre.

-6-

La mer est ca1me, Ie froid mordant. Rien àsignaler, pas de lune, ciel sans nuage.

On pourrait presque voirLe fond des eauxLes épaves, les corps,Et les coraux par dessus.

IIs attendentEn parlant pour passer Ie temps,Ou peut-être en siLence,ILs veulent voirUne fois dans Leur vie.L'aube se l-ever sur Ia mer immense et limitée,Par cet horizon où justement la l_umière doit naître.

II parle, il croit qu'il parle-Et si le jour ne se levait pas,Si l-a nuit refusait tout à coupDe l-ui laisser sa place?

Et après, iI se demande si réell_ement 1I a parlé.

L'aubeComme une dél-ivrance.

rI

I

I

II

I

I

-7-

A-t-il parl-é?Ou a-t-on Lu dans ses pensées, ce qu' j-l al_Iait dire?A-t-iI renoncé à le dire,Parce que cela était trop fatiguant,Ou parce que déjà, cela était passé?

Peut-être simplement parce qu'il était de mauvaisgoût d'en parler-

IIs sont en route vers New yorkEt sur Ia mer

Il-s ont comme Ia nostalgie de I'aube.

Qui arrivera le premierDes deux?

La rattraper,La dépasserPuis I'attendre et l-'aimerSe fondre en ell-e,Devenir l- 'aube.

I l-s attendent .

IIs ont la nostal-gieD'une plage,Encore vide de monde.De Ia chal-eur.

-B-

Leurs gestes s'imprégnentD'une certaine lenteur,Leurs démarches et l-eurs voix se voilent.

Sans qu'ils s'enLa pesanteur quiLes quitte peu à

aperçoivent,les habitepeu.

L'image est figée.

Mais dans Ie regard du premi-er,L'eau semble indiquerUne inclinaison légère.

"Comme si eIIe penchait vers I'avant"El-l-e déborde sur sa joue.

.9-- TlLe Summat, Daun -

(thôi,t tnAwte to SAMUEL BE9KETT)

- anwylatzd 69 WALTER RUHLMANN -

Tlwy'nc wai,ùi,ng.

Sùi/tt aft, &1tv5t.

An nb theg wete ttawt&ind.The thg,

The aen,

- tlwy'ne outùidz -On a ,tong ùim,e &aaia,

Innofii,wif,oly

Fônen.

The tky o6ove tfpi/L h"e,anA

Tlæ. tea &eneath tlwih kpt,PatpetuûtU

Sùi/U,

Stopped

Aa t6 they wale plwtoganphpÀ,

Eavntinùized

lnawi,matz,

Bui, oxqtpwive

So enptct*ti,oe'in tlwih *tirlrlnetyl d,n forn,

ThaA canwt, &ufr, 6e pull*l up,

Tleg cannot, &ttt te *tnppd,Eoaryth,irq on tlvùt pi^"tfu/tp lwn entv,i,eÀ on witthout, ,irt.

Tlæ. tæ wom't eeei @wr& lar,h Li,kz rww.

Thn thy wi'll afunagt b di,[pttent.

Tlemaelvel wi'ûL rnmo4p bEqua,ltly Leant,

WonlæÀ &y the aame tetwi,ontl.

Th.eg'ûL afunayt hove

Sotne othp,L 5miipySome di,fr$etent, eAùt.

-1-0-

Theg won't, &e ùiÀe 6U uinp arwno4e

LeAnrt uine, bA *iÀe()n tome oth,elu pi,e'tuneù

ln tomz otlu tim,el

Thnn th,i,t one.

Tlwy'nn w@i,ùi.ng.

One mtnt gaafua,tllA kz/tAt a u,tevt k)1PAth thp'ih kz't.A ,utb&i*tg, a otpaki*w,

They tate*tlt and, M,Move *lowha uDaU

ln a wigtvt gondoln

OI nWttPA.

Mooe auraA and parvl urs.

Then ttp tu gett aùioe agadn

S,lnw4,a

It, goel otnrW wdrth tlp arla'tt

ln a tofit &a,eh, warth

In a ati,bL waee

That, utttti.el ,i,t.

In thein ternplptt,

At, th".,ih wqri*ttl.

Tlp rwilet- O& ttùe +hA, and tltc. warte)t,

of etl o$ ûtern't tent;nOt -a^e læanl, again.

They to$ten,

SÙtetr)t out,

Thzg've gone again,

Tley hnzp woituing.

The. su,'i't u,Lm, the enU ,irt tlntp. Nottui,tW tn iery4t,nroon, olâunlelJ \hA.

Vou æu,td wa/ùLA 6ez

Ttve ôottom o[ the wat*tr.

Ttùe pi,æ^ o$ wnethnge, the lod,iet,

And thte, æaarl a,bve.

Tlwy'ne wai,ùing

Ta,lhi.ng to patvt t]æ. ùinre,

O+ mayk, ,in ai,tpnæ.,

Th.ey wanfr, to 6æ

Ottæ ôn tlwi't I'i,fu

Th.e datpn anine on t;he bwdLe'yl ten,

LinifeÀ eA thit lrotlizon whete tlle l,tgtt rut^t, 6e bnn in kctt.

He tnl,htt, he th,i,nht Le. ta,th^

-And whafr, d,t tlre day d,idn't, a,riue,

l& tte tuiglrt, rpfu^ed ludnpwlA

To lwnd oeùL tn ,i,t?

Arrd, tjærl, te rea,l/LA woytdp/rA i lïe ta,lked,.

Daun

At a tæ'l,ene.

-L2-

D,in h.e tatk?O+ d,iÀ we nend ltirt t*wug&vtA" wk&t he wa,a gtông to bayT

Dôd h.e g,ioe up a.{,,1 iÀc,a to tag 'i.t,Becauae that wan tno bîni,n.l,g,

On Seca*se th,a,t, wtuJ al/vea"dg aoid'l

Mayle kÆ,awse 'irt waa iuryt, ta*te,lætyt to talh abuft, ,in"

Tlwy'ne an tttwilt, wag to Neuuu Vaqh

And on ûhe. ûwnet

Ttpu kei rw*ta,ta'ia bn th.e d,awru"

Uham o& th,em two ut'i,,11 wvtive

wt?

Ca/teh up w,ûth ,i..t.

Pa,at ,irt.

Th.en woi,t, ani, 4,ove ,i,tt,

Ta menge 'iwto ùt

Bemwæ. dsam.

Theg'ne wafuùi,ng.

TheA &e,1, nottoLe,în

Fon a 6enr,h,

St/i,lrt en&A o& penp4"e.."

And hpÂlt"

-l-3-

Ttpih gottu/Ie, toah w,iih

Some ùLowtwlt,

Tlrp/ih gailtl and voiptt ge vei,lzÀ.

W,iilwut, ttæ.y rwti,æ. 'itt,

Thz gaa,v'irty th"at, irrhahût tternCqaAua,Ota,lmve th.en.

Th"e pintut"e ,iA ,tinen.

But, in ttùe &iMt, orrp'6 |nok,

The watel yez)n^ to i,nni,uteA ,rLi.ght inoLi,nz..

'At i,[ ,i.t waa i,nnLining ahend,'

It, ovetltowt on lùi^ cheek,

-L4-NOTES

LIBELLE. JUILLET-AOUT 1997. N" 67 & 68. 7, RUE JULES

DUMIEN, F-75020 PARIS.

Toujours de bons textes et de bonnes chroniques pour ce

double numêro estival-.***

LES PETITS OUINTILS DE ROLAND NADAUS. LETTRE DE JUILLET

].997. BP 46 F-781-85 ST OUENTIN EN YVELINES.

L' avant dernière je croj,s. Oui, décidément, c' estvraiment dommage de perdre ces quintils, mais comme Iedit Nadaus lui-même: "rieR ne se perd de fraternel" -

***CHIEN VELU N.2. LIRE, C'EST VIVRE" 4, RES. LES CHENES"..

F-64600 ANGLET.

Vraiment tordante cette revue pour les enfants de B à 74

ans: c'est I'imperti-nence et Ie fou rire, la fol-ie toutcourt. Emotion et sensibilité n'en sont pas exclues-Bravo à I'équipe toute entière! Je rappelle au Capt.

Achab que les moutons du Lancashire manquent de tenue- - -

***AN AI{ZER N. 20. 70, RUE V. HUGO, F-29200 BREST.

Dé couvrir une revue est un évènement; s'en est un pour

moi en tout cas qui suis souvent déçu. An Amzer a su me

l-aisser une bonne impression lorsque je I'eus entre Iesmains. C'est d'abord une revue bien présentêe et trèsagréable à lire" Et puis Ies diverses chronj'ques sontégalement d'un intérêt particulier. Ce n' nous présenteIa poêsie chinoise classique, et ceci aussi doit êtrepour beaucoup une grande découverte. Enfin l-es textes,avec un coup de chapeau à Matthieu Baumier pour sa

nouvelle "La fête des cendres", ainsi qu'à ChrystelleRoger et Emmanuelle Matthj-eu.

***SOL. AIR N.]-4. 1- RUE AGRIPFA D'AUBIGNE, F-44300 NANTES.

Encore un excellent n". Bravo au l-auréat du prix découverte.

4--t_3--COMMUNIQUE DE PRESSE-

Julien Burri, jeune auteur suisse à paris

Iauréat du prix international- des jeunes auteurs 1,997

"Pour transcrire fidèlement sesvisions personnell-es, et qui lui font plus de mal quede bien, Jul-ien Burri doit appréhender le cap de 1'âgeadul-te avec ces armes terrifiantes que sont celles deIa poêsie vraie. Non" il- n'est pas un écrivain précoce,comme tant d'autres: le voil_à embarqué pour des voyagesbeaux, cruels, sans retour-"

C' est ainsi que Gil_bert Sal-em,chroni-queur à "24 heures", auteur de A Ia place d'unmort parJ-e de Julien Burri

Après avoj_r publ_ié Ce temps d' été qui teressembLe (photo de Suzi Pillet et postface de FrédêricMaire) puis A propos de l-a tête ouverte, petit hommageà Jacques Chessex (photo de Suzi Pillet et prêface deGil-bert Sal-ern) par un petit éditeur passionné,travail-lant à Eysines, près de Bordeaux (récompensé àdeux reprises par l-'Académie française pour son travailéditorial), Julien Burri va publier son premier "l-ivre"en septembre 1,997: "Ces deux premières plaquettes sontpour moi des laboratoires. Je ne prétends pas par Iàque I'ouvrage à venir soit achevé: c'est une nouvelleexpèrience d'écriture, mais à plus grande échel-l_e." Celivre, La punition, est publié aux éditions Caractères,à Paris. ( . . . ) Le l-3 septembre L997 à Liège, enBelgique, il se verra remettre Ie premier prixinternational- des jeunes auteurs pour sa pièce dethéâtre L'étreinte des sables publ-iée pour I'occas j_onaux éditions de I'Hèbe, à GroIIey (canton de Fribourg,Suisse).

A dix-sept ans, ayant publié quatre ouvragedont un coll-ectif, chez trois éditeurs différents,Julien Burri est aussi un familier des revues "Axolotl"en Suisse, "Mauvaise Graine'n al,ors en Grande-Bretagne,"Inédit" en Belgique et "Lj-belle" à Paris.

"Ceci n'est rien dans Ia diarrhée Littéraireà laqueJ.Ie je participe, Ies l_ivres eux-mêmes ne sontque des mots, c'est à dire moins que rien, pourtantj'écris pour être l-u, même s'il- ne s'agit que de 300personnes, c'est beaucoup déjà, et dans une certainemesure, suf f isant . L ' édj-tion est pour moiI 'aboutissement l-ogique de I ' écriture, puisqu' el_lepermet La l-ecture par autrui, aussi ai-je attrappé Ia"fièvre de faire des lj-vres", parce que c'est l-a seulechose qui me rassure face à la mort."

Lausanne, août L997.

-1-6-LA PAROLE A

Morgane a bien voulu me laisseraller, me libérer du joug de ses ombres; famélique, jen'ose rien ajouter cependant- Bravo à Jul-ien, et pulis-jevous livrer ce texte déjà publier dans MG comme pour rappelerI'am1tié qui nous lie lui et moi.

ÀU GARCON DE CHANVRE

Tu regardes fes ombresdes hommes rêvéssur les murs de Ia chambre.

Sur les quatre murs bleuscomme l-a mer sal-éemoi j'avais vu Zelda...aujourd'hui je TE vois- ..

Et tu sentiras f'ombred'un homme-enfantlorsque l-es monts hélvèteset Ie plateau d'Al-bionun jourse rencontr€ront...

trlalter Ruhl-mann.

MG 4. NOVEMBRE 1.996 .

A PAR..A I TR.E AIJ>< ED T T I OI\[S. PR.ESS _ STAIVCES EIV SEPTETVIBR.E1_9 9'7

TROUBADOURNONCHALANT

POUR TOUT RENSEIGNEMENT CONTACTER LES ED' PRESS-STANCES:

40, RUE GABRIEL FAURE

33320 EYSINES

FRANCE

TEL/FAX: 05 . 56 . 28 . 1-7 . 01-.

LE MOIS PROCHAIN DANS MAUVAISE GRAINE:

SPECIAL POESIE BELGE, N' PRESENTE PAR PAUL VAN MELLE

(sous RESERVE).

MAUVAISE GRAINE. REVUE MENSUELLE DE LITTERATURE N' L4.SEPTEMBRE L997. I.S.S.N.: EN COURS. DEPOT LEGAL:SEPTEMBRE 1-997. IMPRIMERIE SPECIALE. DIRECTEUR DE LA

PUBLICATION: hIALTER RUHLMANN. ASSISTE DE MORGANE.

(C) MAUVAISE GRAINE, AOUT 1997, B, RUE DE LA MARE, 14860AMFREVILLE. FRANCE.