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Discours du 20 janvier 2012, Michel Larive Le monde craque de toutes parts, l’histoire s’emballe. Après l'éclatement de la bulle financière, l'économie mondiale est au bord d'une dépression historique. Les périls environnementaux s'emballent. En même temps, de l'autre côté de la Méditerranée, des tyrannies vieilles de plusieurs décennies vacillent et tombent. De quel côté les événements vont-ils aller ? Tout dépend des choix de société que nous ferons. Nous somme dans une de ces périodes où un ordre en place vacille tandis que le suivant cherche son chemin. Le monde sort groggy des décennies de la grande régression du néo-libéralisme triomphant. En quelques semaines, le tissu s’est déchiré en deux points essentiels, avec les révolutions dans le monde arabe et la catastrophe de Fukushima. Ces bouleversements historiques continuent leur course sous nos yeux. Nul ne sait où ira l’histoire. Elle s’écrit en majuscules en ce moment même. Les peuples y jouent le premier rôle. Ils cherchent une alternative et sont conduits à reprendre leur destin en main. La domination des oligarchies est devenue plus usée, plus étroite, plus visible, plus intolérable. L’humanité marche sur le bord du toit, entre la catastrophe à laquelle conduit ce système finissant et la révolution citoyenne qui élève pour en sortir. En quelques mois se sont déclenchées des mobilisations sociales d’ampleur extraordinaire dans plusieurs pays d’Europe, France, Portugal, Grèce, Grande- Bretagne, Italie… Mais ces gouvernements européens sont incapables d’arrêter le désastre car ils s’inclinent devant les appétits des spéculateurs et des banquiers. La seule réponse de la droite à la crise, c’est l’austérité pour les peuples, la destruction des droits collectifs et des progrès sociaux. Mais les coupes féroces dans les budgets publics réduisent l’activité, font baisser les rentrées fiscales et au final augmentent le poids de la dette! C’est ce qui est arrivé aux Grecs. Les peuples sont face à un choix incontournable : se soumettre aux diktats des marchés financiers et des agences de notation ou résister et donner la priorité aux besoins humains. Le Front de gauche a choisi : c’est l’Humain d’abord ! L’humain d’abord propose d’en finir avec le dogme central de la mondialisation financière : la libre circulation des capitaux. Ce dogme libéral nous enferme dans une logique assassine. Nous détestons les dogmes et particulièrement celui là. Ce dogme a été construit à partir de décisions humaines qu’il est tout à fait possible de révoquer avec d’autres décisions encore plus humaines ! Cette rupture politique est considérable et apparaît sans doute pour beaucoup comme très difficile. Au plan technique, elle est en fait extrêmement simple. La Banque de France connaît les mouvements de capitaux dans notre pays et de notre pays avec le reste du monde. Toute l’expertise technique est ici, dans notre pays. Seule la définition des orientations stratégiques a été délocalisée à Francfort au siège de la BCE. Il suffit donc de reprendre le contrôle de la Banque de France pour pouvoir immédiatement contrôler les mouvements de capitaux, afin par exemple d’en taxer certains voire interdire les plus nocifs. Si nous voulons une révolution citoyenne, c’est parce que nous savons qu’il ne suffira pas de changer de majorité parlementaire pour inverser le rapport de forces aujourd’hui favorable à la finance. Il faut que les travailleurs aient des droits sur la gestion de leur entreprise car ils sont les mieux placés pour repérer les projets de délocalisation et bloquer les décisions guidées par le seul intérêt des actionnaires. Ils savent comment on pourrait produire autrement des produits plus durables et moins consommateurs de ressources non renouvelables et seront donc des acteurs

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Discours du 20 janvier 2012, au cours de L'assemblée départementale.

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Discours du 20 janvier 2012, Michel Larive Le monde craque de toutes parts, l’histoire s’emballe. Après l'éclatement de la bulle financière, l'économie mondiale est au bord d'une dépression historique. Les périls environnementaux s'emballent. En même temps, de l'autre côté de la Méditerranée, des tyrannies vieilles de plusieurs décennies vacillent et tombent. De quel côté les événements vont-ils aller ? Tout dépend des choix de société que nous ferons. Nous somme dans une de ces périodes où un ordre en place vacille tandis que le suivant cherche son chemin. Le monde sort groggy des décennies de la grande régression du néo-libéralisme triomphant. En quelques semaines, le tissu s’est déchiré en deux points essentiels, avec les révolutions dans le monde arabe et la catastrophe de Fukushima. Ces bouleversements historiques continuent leur course sous nos yeux. Nul ne sait où ira l’histoire. Elle s’écrit en majuscules en ce moment même. Les peuples y jouent le premier rôle. Ils cherchent une alternative et sont conduits à reprendre leur destin en main. La domination des oligarchies est devenue plus usée, plus étroite, plus visible, plus intolérable. L’humanité marche sur le bord du toit, entre la catastrophe à laquelle conduit ce système finissant et la révolution citoyenne qui élève pour en sortir. En quelques mois se sont déclenchées des mobilisations sociales d’ampleur extraordinaire dans plusieurs pays d’Europe, France, Portugal, Grèce, Grande-Bretagne, Italie… Mais ces gouvernements européens sont incapables d’arrêter le désastre car ils s’inclinent devant les appétits des spéculateurs et des banquiers. La seule réponse de la droite à la crise, c’est l’austérité pour les peuples, la destruction des droits collectifs et des progrès sociaux. Mais les coupes féroces dans les budgets publics réduisent l’activité, font baisser les rentrées fiscales et au final augmentent le poids de la dette! C’est ce qui est arrivé aux Grecs. Les peuples sont face à un choix incontournable : se soumettre aux diktats des marchés financiers et des agences de notation ou résister et donner la priorité aux besoins humains. Le Front de gauche a choisi : c’est l’Humain d’abord ! L’humain d’abord propose d’en finir avec le dogme central de la mondialisation financière : la libre circulation des capitaux. Ce dogme libéral nous enferme dans une logique assassine. Nous détestons les dogmes et particulièrement celui là. Ce dogme a été construit à partir de décisions humaines qu’il est tout à fait possible de révoquer avec d’autres décisions encore plus humaines ! Cette rupture politique est considérable et apparaît sans doute pour beaucoup comme très difficile. Au plan technique, elle est en fait extrêmement simple. La Banque de France connaît les mouvements de capitaux dans notre pays et de notre pays avec le reste du monde. Toute l’expertise technique est ici, dans notre pays. Seule la définition des orientations stratégiques a été délocalisée à Francfort au siège de la BCE. Il suffit donc de reprendre le contrôle de la Banque de France pour pouvoir immédiatement contrôler les mouvements de capitaux, afin par exemple d’en taxer certains voire interdire les plus nocifs. Si nous voulons une révolution citoyenne, c’est parce que nous savons qu’il ne suffira pas de changer de majorité parlementaire pour inverser le rapport de forces aujourd’hui favorable à la finance. Il faut que les travailleurs aient des droits sur la gestion de leur entreprise car ils sont les mieux placés pour repérer les projets de délocalisation et bloquer les décisions guidées par le seul intérêt des actionnaires. Ils savent comment on pourrait produire autrement des produits plus durables et moins consommateurs de ressources non renouvelables et seront donc des acteurs

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incontournables de la planification écologique. C’est pourquoi la question des droits des travailleurs dans l’entreprise n’est pas une question à côté des autres, mais un moyen indispensable de notre combat global. On ne remettra pas la finance à sa place sans desserrer aussi l’étau des actionnaires sur les entreprises. Autre condition de la révolution citoyenne, balayer le traité de Lisbonne. Celui-ci interdit les points essentiels de notre programme. Avec le traité de Lisbonne, on ne peut refuser la libéralisation des services publics, limiter les mouvements de capitaux, demander à la Banque Centrale Européenne de financer directement les Etats européens. Nous voulons la Sixième République pour établir la souveraineté effective du peuple. Celle-ci n’existe pas quand, comme sous la Cinquième, l’élection qui domine la vie politique se réduit à un choc de personnalités, évacuant les grands choix politiques qui sont ainsi soustraits à la décision des citoyens. Celle-ci n’existe pas quand l’intérêt général cède le pas aux intérêts privés qui colonisent sous nos yeux l’Etat et font leur nid dans les services publics. Celle-ci n’existe pas quand la souveraineté populaire s’exerce par éclipses, tous les cinq ans, laissant tout le reste du temps la possibilité au président et à la majorité parlementaire élue dans son sillage de gouverner contre l’avis du peuple. Comment à la fois débarrasser le pays d’un Président de la République qui s’accroche au pouvoir contre l’avis du peuple et le libérer de la tutelle de l’oligarchie qui n’a cessé de s’aggraver ? Il faut une Assemblée Constituante débouchant sur une Sixième République. C’est dans cette perspective que nous envisageons l’élection présidentielle. Nous ne voulons pas faire élire un président qui concentre tout le pouvoir, mais qui dès son élection le restitue au contraire au peuple souverain. Il ne suffira donc pas de chasser Nicolas Sarkozy. Nous avons besoin d’une gauche qui ne déçoive pas cette fois-ci. Quand on est de gauche, on ne donne pas du «sens à la rigueur». Nous avons besoin d’une gauche d’alternative. Il faut une politique de gauche qui ne se laisse pas écraser par les financiers. Faute d’être à la hauteur, cela nourrirait la droite et le Front National de Marine Le Pen. Ne laissons pas la droite et l’extrême droite nous diviser. Ils veulent casser nos solidarités et défigurent la République par leur chasse aux migrants aussi inhumaine qu’absurde. On n’a pas besoin de boucs émissaires, les responsables de la crise, on les connaît ! Il faut des mesures immédiates pour toutes et tous : le SMIC à 1 700 euros, la retraite à 60 ans, la titularisation de tous les précaires de la fonction publique. Nous pouvons sortir de la crise : en répartissant les richesses, en rétablissant le pouvoir des Etats face aux banques, en désobéissant aux dispositions destructrices des traités européens. C’est les spéculateurs qu’il faut traquer, et pas les immigrés ! Sarkozy et sa bande du Fouquet’s ne cessent de courir après les thèses du FN. Ils veulent détourner l’attention de leur plan d’austérité et nous diviser. Mais de plus en plus de gens ne marchent plus dans la combine. Leur politique utilitariste, sécuritaire et raciste sur l’immigration, ça suffit ! Le problème ce n’est pas les immigrés ni la liberté́ de circulation des femmes et des hommes, mais la liberté de circulation des capitaux et la domination de la finance. L'impasse écologique du système actuel nous impose des changements en profondeur de nos modes de production et de consommation. Cela ne peut être géré qu'en prenant en compte le long terme car le changement ne se fera pas du jour au lendemain et nécessite que l'intérêt général prime sur les intérêts capitalistes. C'est l'implication du peuple qui garantira cette communauté d'intérêts.

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Les prix de l’électricité, du gaz, de l’eau augmentent au point que certains ne peuvent plus payer leurs factures. Il est inadmissible qu'il faille choisir à la fin du mois entre se loger, se soigner, s'éclairer ou se chauffer ! Il est inadmissible que l'eau qui sert à laver sa voiture ou à remplir sa piscine soit facturée au même tarif que l'eau qui sert à boire et à se laver ! L’énergie et l’eau sont des biens universels et non des marchandises. Nous disons haut et fort que l’accès à ces biens est un droit fondamental et que personne ne doit en être privé. Bien se nourrir est trop souvent devenu un luxe et, à l’autre bout de la chaîne, les cas de faillite, de maladies et de suicides chez les agriculteurs explosent. Entre les deux, la grande distribution et les multinationales font d’énormes bénéfices. Il faut que cela cesse ! Il est aujourd’hui nécessaire de revoir entièrement la politique d’aménagement du territoire, qui est responsable de la désertification rurale et de l’accroissement permanent des villes, et de freiner l’étalement urbain, qui fait disparaître les terres agricoles et augmente les déplacements individuels. Nous vivrons tous mieux en rapprochant les lieux de domicile, de travail et de loisirs, en créant des emplois locaux et en développant les services publics de proximité. «Vivre et travailler au pays», c'est possible ! La planification écologique, c’est aussi sortir du tout voiture et du tout-camion. C’est dire non à la casse du service public et à l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de marchandises (depuis 2003) et de voyageurs (depuis 2010) décidée par l’Union Européenne et acceptée par les gouvernements de droite successifs. La crise n'est pas qu'environnementale, c'est celle de tout un système. Pour multiplier leurs profits, les multinationales ont besoin de croissance, de ventes, donc de consommation. La publicité et la mode instrumentalisent nos enfants et créent des besoins artificiels. Puis, pour que nous soyons contraints de consommer toujours plus, on nous fait passer à l’ère du jetable et de l'obsolescence programmée, en mettant en œuvre des stratégies pour que ces produits soient rapidement inutiles, ringards ou en panne. Depuis les vêtements jusqu’à l’électroménager, la durée de vie des produits que nous achetons est de plus en plus courte Les capitaines d’industries amassent des profits mais nous laissent supporter, à nous, la pollution qu’ils créent. Il nous faut inverser cette logique et au contraire construire une société de partage, avec davantage de liens sociaux et moins de ces biens superflus qu'on nous impose. Il existe des points de vue différents à gauche. Des politiques d'accompagnement du système, et des politiques de rupture. Contrairement à certains dirigeants du PS et d'Europe Ecologie, nous n'avons pas soutenu le Traité de Lisbonne qui dicte aujourd'hui la casse des services publics et des acquis sociaux en France. Eux croient que l'on peut composer avec le capitalisme. Pas nous ! Mais on ne fera pas la révolution citoyenne uniquement par des changements matériels. Il faudra aussi s’émanciper intellectuellement des puissants et des schémas de pensée qui servent leurs intérêts, comme le consumérisme ou la culture de la guerre de tous contre tous. Cela implique de développer les moyens de l’autonomie de pensée et de la liberté de conscience : l’école laïque, une presse d’information pluraliste permettant à chacun de se faire une opinion. Cela appelle aussi à un combat résolu contre l’invasion publicitaire et pour le combat féministe. Ces luttes appellent à des changements profonds dans les mentalités collectives aujourd’hui dominantes.

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Les mesures proposées par le Front de Gauche permettent de sortir réellement de la crise dans laquelle le libéralisme nous a plongés. Dans son programme, l’Humain D’abord, le Front de Gauche propose de rompre avec les logiques libérales prônées par la finance, la Commission européenne, le FMI et d’ouvrir une nouvelle ère sociale, démocratique et écologique. Les élections de 2012 sont une chance pour imposer démocratiquement non pas un simple changement de tête mais un changement profond de politique. Autour de la politique de gauche que nous proposons, on peut rassembler une majorité pour battre la droite et affronter efficacement la crise. Le Front de Gauche vous invite, si ce n’est déjà fait, à rejoindre les collectifs de Front de Gauche qui se mettent en place dans les villes, les villages et les entreprises. Tous ensemble, nous pourrons y discuter du programme du Front de Gauche, nous organiser pour lutter face aux mauvais coups, mener une campagne citoyenne pour contribuer au réveil de notre peuple. Agissons donc pour que notre point de vue passe en tête de la gauche, en militant pour une véritable alternative, et non une alternance du pouvoir. C’est la méthode du Front de Gauche qui rassemble le PG, le PCF, Gauche Unitaire ou encore la FASE, aux côtés de nombreux autres mouvements politiques de la gauche radicale, de syndicalistes et d'associatifs toujours plus nombreux. Un Front de Gauche ouvert à toutes celles et ceux qui partagent ces combats essentiels et veulent que la Gauche retrouve ses valeurs. Le Front de gauche, ce sont des militants et des sympathisants qui donnent de leur temps, de leur énergie, de leur expérience et de leur talent pour faire vivre la campagne, pour faire connaître notre programme et faire partager notre vision du monde avec tout ce que la créativité humaine peut apporter! . En un mot se résume tout un état d’esprit, un engagement, une façon de vivre : militer. Que ce mot nous parle à tous !