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J'ai besoin que le f ilm vienne jusqu'à moi, me pénètre, et que tout à coup, naturellement, coulent de moi des partitions à l'inf ini. Michel Legrand Tarifs habituels des cinémas Cinéma l’Odyssée / Fos-sur-Mer : 04 42 11 02 10 Espace Robert Hossein / Grans : 04 90 55 71 53 Espace Gérard Philipe / Port-Saint-Louis-du-Rhône : 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr Cette 10 e sélection des intemporels témoigne de plus de cinquante films du répertoire proposés à vos regards depuis trois ans. Au travers de ces sélections, nous faisons le pari de vous placer, semaines après semaines, devant des films qui ne s’exposent plus à l’actualité médiatique. Un pari auquel nous croyons, car si ces films sont les témoins d’une histoire passée, ils en sont aujourd’hui détachés pour venir éclairer, toujours à propos, nos vies. Il est d’ailleurs assez plaisant de constater que l’arrivée du numérique, qui a fait basculer le cinéma dans une nouvelle ère, facilite aussi le retour du cinéma de répertoire sur les écrans ! Tantôt joyeux ou plus graves, français ou étrangers, ces films constituent une mosaïque dont on ne prend conscience de l’unité qu’après un peu de temps. Le temps fait sont œuvre dit-on, le cinéma aussi. Sélection 10 avril mai juin juillet 2019

Michel Legrand - Scènes & Cinés · 2019-04-29 · J'ai besoin que le film vienne jusqu'à moi, me pénètre, et que tout à coup, naturellement, coulent de moi des partitions à

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J'ai besoin que le film vienne jusqu'à moi, me pénètre, et que tout à coup, naturellement, coulent de moi des partitions à l'infini.

Michel Legrand

Tarifs habituels des cinémasCinéma l’Odyssée / Fos-sur-Mer : 04 42 11 02 10Espace Robert Hossein / Grans : 04 90 55 71 53Espace Gérard Philipe / Port-Saint-Louis-du-Rhône : 04 42 48 52 31

www.scenesetcines.fr

Cette 10e sélection des intemporels témoigne de plus de cinquante films du répertoire proposés à vos regards depuis trois ans. Au travers de ces sélections, nous faisons le pari de vous placer, semaines après semaines, devant des films qui ne s’exposent plus à l’actualité médiatique. Un pari auquel nous croyons, car si ces films sont les témoins d’une histoire passée, ils en sont aujourd’hui détachés pour venir éclairer, toujours à propos, nos vies. Il est d’ailleurs assez plaisant de constater que l’arrivée du numérique, qui a fait basculer le cinéma dans une nouvelle ère, facilite aussi le retour du cinéma de répertoire sur les écrans ! Tantôt joyeux ou plus graves, français ou étrangers, ces films constituent une mosaïque dont on ne prend conscience de l’unité qu’après un peu de temps. Le temps fait sont œuvre dit-on, le cinéma aussi.

Sélection 10 avrilmaijuin

juillet2019

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RIO GRANDEDe John Ford États-Unis – 1950 – 1h45 – VO Avec John Wayne, Maureen O’Hara, Ben Jonhson

L’œuvre de John Ford est immense, foisonnante, inépuisable. Né dans une famille très pauvre d’immigrés Irlandais en 1895, et dernier né d’une fratrie de 11 enfants, John Ford a réalisé environ 90 films en cinquante ans de carrière entre 1917 et 1967. Il a traversé le cinéma muet, le parlant, la couleur ; remporté 4 Oscars du meilleur réalisateur (record mondial encore inégalé à ce jour – mais ironie de l’histoire jamais pour un western !), et fait partie de cette minorité de réalisa-teurs dont l’œuvre est un monde cinématographique en soi. Une œuvre puissante qui raconte, pense, et fabrique l’Histoire, une œuvre que l’on (re)découvre sans cesse, qui nous questionne autant qu’elle nous divertie, qui nous écoute autant qu’elle nous regarde.

Rio Grande nous transporte en 1868. Le colonel Yorke commande un petit fort au Texas non loin de la frontière mexicaine représentée à cet endroit par le Rio Grande. Son régiment doit faire face aux raids incessants des Apaches qui, après leurs attaques se réfugient de l’autre côté du fleuve, au Mexique. La cavalerie nordiste ne pouvant intervenir par suite des traités intergouvernementaux qui interdisent toute poursuite au-delà des frontières, le colonel se trouve dans une impasse. D’autres complications d’ordre familiales et sentimentales vont lui tomber en même temps sur les épaules : l’arrivée de son fils Jeff décidé à s’enrôler dans son régiment et de son épouse Kathleen avec qui il s’est brouillé durant la guerre de Sécession…

Dernier volet de la tri logie des « westerns militaires » après Le Massacre de Fort Apache en 1948 et La charge héroïque en 1949, le film s’ouvre sur l’une des plus grandes scènes du cinéma de Ford : le retour des soldats fourbus ou blessés au camp, lente colonne qui nous fait ressentir tout à la fois le sentiment de fierté du devoir accompli et la dureté de la vie militaire. Réunissant pour la première fois le couple mythique Mauren O’Hara / John Wayne – Ford les fera tourner ensemble à trois autres reprises – ce film est à (re)découvrir sans bouder son plaisir d’autant que pour les curieux ou passionnés de chansons militaires, la bande son écrite et travaillée par le compositeur Victor Young reste l’un des plus beaux témoignages de sonneries, hymnes et balades de l’époque.

ESPACE ROBERT HOSSEINMARDI 11 JUIN À 19HMARDI 18 JUIN À 19H

CINÉMA L’ODYSSÉEMERCREDI 5 JUIN À 18H30DIMANCHE 9 JUIN À 16H30MERCREDI 12 JUIN À 18H30DIMANCHE 16 JUIN À 16H30

ESPACE GÉRARD PHILIPELUNDI 10 JUIN À 18H30LUNDI 17 JUIN À 21H

AN AFFAIR TO REMEMBERELLE ET LUIDe Léo McCarrey États-Unis – 1957 – 1h55 – VO Avec Cary Grant, Deborah Kerr, Richard Denning

Nickie Ferrante (Cary Grant), play-boy d’origine italienne, part retrouver sa future épouse, une riche héritière américaine. Sur le paquebot, il rencontre Terry McKay (Deborah Kerr), une ex-chanteuse de cabaret, promise elle aussi à un riche parti. Durant le voyage, ils tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Pour mettre à l’épreuve leur amour soudain, ils décident de se séparer et se donnent rendez-vous six mois plus tard au sommet de l’Empire State Building.

En 1957, la carrière de Léo McCarey, qui a connu le sommet plus d’une dizaine d’années auparavant avec le multi oscarisé Going My Way (La Route semée d’étoiles), marque un peu le pas. Il a alors pour idée de faire un remake de son propre film, tourné dix-huit ans plus tôt intitulé Love Affair, estimant que cette histoire d’amour est non seulement intemporelle mais universelle : « La mutation de la société n’a tout de même pas supprimé radicalement le rêve, ni le besoin d’émotions amoureuses ». L’idée fut excellente puisque An Affair to remember relancera la carrière du réalisateur.

Dans ce remake, en couleur et en cinémascope, le couple formé par Cary Grant et Deborah Kerr a remplacé Irene Dunne et Charles Boyer. Le chic irrésistible de Cary Grant et le talent d’actrice de Deborah Kerr, mélange de sophistication british et de naturel, font mouche. Si la trame de l’histoire reste la même, le ton a changé, il est d’emblée plus posé, plus feutré. Il évolue aussi, passant de la comédie, où le couple se livre à des joutes verbales pleines de sous-entendus et des réparties plus spirituelles les unes que les autres, à une douce et poignante mélancolie. Leur escale sur la Côte d’Azur, petite bulle hors du temps, constitue un des moments forts (et clé) du film. McCarey opère son crescendo affectif et émotionnel avec maîtrise et subtilité et ce jusqu’au dénouement qui ne sera dévoilé qu’à la toute dernière minute du film.

Indémodable classique, ce mélodrame tout en élégance et finesse, s’est imposé au fil des années comme une des grandes comédies romantiques américaines (en 1990, la réalisatrice Nora Ephron le prendra comme modèle pour son film Nuits Blanches à Seattle). Pourtant McCarey avouera préférer « la première version pour sa beauté, même si la seconde a été financièrement un succès beaucoup plus grand. ».

ESPACE ROBERT HOSSEINMARDI 14 MAI À 19HMARDI 21 MAI À 19H

CINÉMA L’ODYSSÉEMERCREDI 8 MAI À 18H30DIMANCHE 12 MAI À 16H30MERCREDI 15 MAI À 18H30DIMANCHE 19 MAI À 16H30

ESPACE GÉRARD PHILIPELUNDI 13 MAI À 18H30LUNDI 20 MAI À 21H

YENTLDe Barbra Streisand Grande-Bretagne, États-Unis – 1983 – 2h15 – VO Avec Barbra Streisand, Mandy Patinkin, Amy Irving

En 1904 dans un village d'Europe de l'est, Yentl, jeune femme juive, étudie secrètement le Talmud avec son père. Lorsque ce dernier meurt, elle décide de quitter le village, déguisée en garçon, pour aller étudier les textes sacrés dans une école rabbinique.

Barbra Streisand a mis plus d’une dizaine d’années à monter cette adaptation d’une nouvelle d’Isaac Bashevis Singer, qui questionne la place des femmes dans une communauté yiddish au début du 20ème siècle. Devant la froideur des producteurs à accorder du crédit à une femme, elle prendra finalement les choses en main en devenant scénariste, réalisatrice, productrice et comédienne. Hollywood lui en voudra, le film fut spectaculairement boudé aux Oscars alors qu’il venait de remporter deux Golden Globes (prix remis par la presse étrangères).

De l’œuvre littéraire, Barbra Streisand en tire un film très personnel. Elle en modifiera notamment la conclusion, où les valeurs de liberté et d’émancipation de Yentl l’emportent sur la fin plus sombre et tragique de la nouvelle. Ce fut d’ailleurs l’un des principaux reproches que l’auteur adressa publiquement à la réali-satrice, il condamna aussi le fait qu'elle ait chosi d’en faire un film musical. Pourtant l’un des principaux atouts de Yentl, au-delà du sujet, est la faculté qu’a eu Barbra Streisand, qui a fait ses gammes avec Gene Kelly et William Wyler, à prendre le risque de renouveler le genre musical. Ici, point de grandes chorégraphies ou de dialogues amoureux, les chansons sont utilisées comme des monologues intérieurs en contrepoint de l’intrigue et sont toutes portées par la voix sublime de Barbra Streisand. Elle eut d’ailleurs l’excellente idée de faire appel au célèbre duo de paroliers Alan et Marilyn Bergman, mais surtout à Michel Legrand. Il signe plusieurs classiques oscarisés (dont Papa can you hear me) qui participèrent allègrement à la postérité du film.

ESPACE ROBERT HOSSEINMARDI 30 AVRIL À 19HMARDI 7 MAI À 19H

CINÉMA L’ODYSSÉEDIMANCHE 5 MAI À 16H30

ESPACE GÉRARD PHILIPELUNDI 29 AVRIL À 18H30LUNDI 6 MAI À 21H

L’ENCLOSDe Armand Gatti Avec Hans Christian Blech, Jean Négroni et la voix de Jean Vilar France – 1961 – 1h45

Premier film réalisé par Armand Gatti en 1961 et premier film français de fiction sur l’univers concentrationnaire, L’Enclos raconte le camp de concentration vécu de l’intérieur. Sous la contrainte d’un officier SS, deux hommes, Karl, détenu politique allemand et David, modeste horloger de Belleville arrêté parce que juif, sont enfermés ensemble pour une nuit dans un enclos construit spécialement en fils de fer barbelés ; l’officier promettant sadiquement la vie à celui des deux qui tuera l’autre… Primé à Cannes par un prix de la Critique, L’Enclos est une œuvre de fiction inspirée directement de faits réels et vécus par le cinéaste, qui a lui-même été déporté dans un camp de travail en Allemagne dont il s’échappera à la fin de l’année 1943 pour rejoindre la Résistance.

Journaliste puis Grand Reporter, écrivain, Gatti fait, avec ce film, une première incursion dans le cinéma pour se tourner, un peu plus tard, vers le théâtre. Poète et penseur libertaire, il construit son film sur une expérience fondatrice qui traversera toute son œuvre, celle de l’écriture envisagée dans sa capacité ou non à témoigner et dépasser l’horreur de la déportation. Si les premières minutes du film montrent toute la cruauté dont ont été victimes les prisonniers, il fait ensuite une large place à la solidarité et la fraternité qui existaient qui existait entre détenus dans ces camps. Armand Gatti déclarera en 2003 à propos de L’Enclos qu’il en a écrit le scénario « (…) pour porter témoignage, raconter comment cela se passait et aussi comment j’aurais voulu que cela se passe. Il me fallait témoigner de ce combat, de cette horreur, mais aussi de cette solidarité et fraternité. J’ai essayé d’imaginer une écriture et le cinéma m’a permis de traduire ce que je voulais ».

L’Enclos apparaît ainsi comme une tentative de mettre en scène cette idée de « l’homme plus grand que l’homme », qui fonde l’esthétique d’Armand Gatti. Son cinéma tente ainsi de dépasser le réalisme documentaire qui consisterait uniquement à témoigner de l’horreur et des injustices. Pour Gatti, l’art doit intervenir contre la résignation, et pour relayer l’homme en lutte. La réplique de Karl, le communiste allemand, à David : « Ici, ce n’est pas l’homme qui compte, c’est sa lutte », résume bien le propos du film.

Le critique et historien du cinéma Jean Douchet déclarera à propos de ce film : « Ce qui est intéressant dans L’Enclos, c’est que, pour la première fois, le camp de concentration est pris comme un objet de réflexion sur le monde. L’aspect allégorique l’emporte sur l’aspect réaliste, et paradoxalement, ce film se trouve être plus réaliste sur le détail de la vie dans les camps que les précédents films qui n’en montraient que le côté apocalyptique. »

ESPACE ROBERT HOSSEINMARDI 25 JUIN À 19HMARDI 2 JUILLET À 19H

CINÉMA L’ODYSSÉEMERCREDI 19 JUIN À 18H30DIMANCHE 23 JUIN À 16H30MERCREDI 26 JUIN À 18H30DIMANCHE 30 JUIN À 16H30

ESPACE GÉRARD PHILIPELUNDI 24 JUIN 18H30LUNDI 1ER JUILLET À 21H

Sélection 10 avril mai juin juillet 2019

CRIS ET CHUCHOTEMENTSDe Ingmar Bergman Suède – 1973 – 1h30 – VO Avec Liv Ullmann, Ingrid Thulin, Harriet Andersson, Anders Ek, Inga Gill

Dans un château suédois à la fin du siècle dernier. Agnès (Harriet Andersson) agonise, rongée par un cancer de l’utérus. Ses deux sœurs, Maria (Liv Ullmann) et Karin (Ingrid Thulin) tentent de la soutenir, mais finissent par ne plus supporter cette déchéance. Seule la servante, Anna (Kari Sylwan) trouve la force d’accompagner Agnès vers la mort, mais chacune de ces trois femmes, à sa manière, subit la contagion de la douleur.

Le film s’ouvre par une lente succession d’images fixes du parc à l’aube, dont seul le léger frétillement des feuilles vient troubler le repos, un fondu en rouge laisse place au décor intérieur de la demeure où la malade git, entourée de pendules d’où le tic-tac mécanique s’obstine à briser le silence.

Adepte du noir et blanc, Ingmar Bergman se résout à contre-cœur à adopter la couleur en 1964 avec le film Toutes ses femmes. Pour Cris et chuchotements, cette réticence a fait place à un parti pris esthétique éblouissant. Le film est tourné dans sa quasi-totalité en lumière naturelle, nécessitant deux semaines de méticuleux réglages. Il en résulte pour chaque plan une beauté hautaine de l ’image, un mélange unique de crudité et d’onirisme*.

Agnès et ses compagnes baignent dans un rouge carmin. Tentures, murs, sols, tout évoque le sang ou, peut-être, une immense matrice qui enserre les personnages et

leurs tourments. Ingmar Bergman parvient à installer une atmosphère impressionnante dès les premières minutes, où la violence de l’agonie va déchirer le rideau des apparences. Agnès se meurt, mais ses râles auront longuement raisonnés là où tout se tait.

Huis clos somptueusement funèbre, le film s’attarde tour à tour sur chaque personnage, entre souvenirs et cauchemars. Jamais Bergman n’aura aussi finement ciselé ses thèmes de prédilection : le carcan des conventions sociales, le poison des liens familiaux et, surtout, la fuite du temps, la souffrance et la mort.

*Ces qualités valurent au film un Grand Prix technique au festival de cannes de 1973, bien que Cris et chuchotements y fût présenté hors compétition.

Yentl

Rio Grande

Cris et chuchotements

ESPACE ROBERT HOSSEINMARDI 28 MAI À 19HMARDI 4 JUIN À 19H

CINÉMA L’ODYSSÉEMERCREDI 22 MAI À 18H30DIMANCHE 26 MAI À 16H30MERCREDI 29 MAI À 18H30DIMANCHE 2 JUIN À 16H30

ESPACE GÉRARD PHILIPELUNDI 27 MAI À 18H30LUNDI 3 JUIN À 21H

An affair to remember

L'Enclos