Michelet,Jules - Histoire de France - Tome 7 Renaissance (Uqac)

7/23/2019 Michelet,Jules - Histoire de France - Tome 7 Renaissance (Uqac)

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Jules Michelet(1798-1894)

Histoire de FranceTome septimeRenaissance

dition d!"initi#e$ re#ue et corri%!e&rnest Flammarion$ !diteur$ 'aris 189

n document produit en #ersion num!ri*ue par Jean-Marc +imonet$ ,!n!#ole$pro"esseur retrait! de lensei%nement de lni#ersit! de 'aris ./-0rsa2ourriel3msimonet56anadoo"r

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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance B

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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance C

2ette !dition !lectroni*ue a !t! r!alis!e par Jean-Marc +imonet$ ancienpro"esseur des ni#ersit!s$ ,!n!#ole 2ourriel3msimonet56anadoo"r

D partir du li#re de

Jules Michelet(1798-1874)

Histoire de FranceMoyen ge

Tome septime

Renaissance

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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance 4

Table des matires

'r!"ace

/ntroduction

/ +ens et port!e de la Renaissance&lle est essentiellement cr!atrice$ or%anisatrice

// :re de la Renaissance:e Moen-K%e "init plusieurs "ois a#ant de "inir/l perdit au treiLime sicle la "acult! den%endrer:e seiLime sicle "ut trs peu et trs mal pr!par!

/// :or%anisation de lordre et l!ner#ation de lindi#idu$ du douLime au*uinLime sicleMsticisme reli%ieu et politi*ueM uiLot et M Eu%ustin Thierr

/A Go,les ori%ines du Moen-K%e @ E,aissement au treiLime sicleEu neu#ime sicle$ les n!cessit!s de la d!"ense "a#orisrent la li,ert!:a 2hanson de Roland2hute litt!raire du treiLime sicle

A es a,dications successi#es de lind!pendance humainetat ,Ktard et !*ui#o*ue du ser"Tristes %aiet!s du Moen-K%e:a commune se donne au roi:es %ens du roi$ la ,our%eoisieGi Marcel ni :ouis ./ ne trou#rent dhommes pour les soutenir

A/ e la cr!ation du peuple des sots:e sot est une cr!ation moderne$ n!e surtout de la su""isance scolasti*ue et

du culte des mots'etit cercle l!%al oN tourna le raisonnement:es demi-msti*ues et lart de d!lirer a#ec m!thode:es scolasti*ues acceptent un Eristote ara,e:eur ensei%nement h,ride


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance

:a machine > penser:a %mnasti*ue du n!ant

A// 'roscription de la nature

2i#ilisation des Era,es:e Moen-K%e n!%li%e ieu-le-'re:e pre est nul dans la "amille id!ale du Moen-K%eEn!antissement des sciences:es moines ont-ils conser#! les manuscrits O+alerne et MontpellierRo%er ;acon emprisonn!:a proscription de la science cr!e la "ausse science$ les diseurs de riens

A/// 'roph!tie de la Renaissance @ #an%ile !ternel:a,,ae du 'araclet ou du +aint-&sprit

:es Aaudois$ l#an%ile !ternelJoachim de Flore:K%e du li,re esprit$ de science et den"ance

/. :#an%ile h!roP*ue @ Jean et Jeanne @ /mpuissance de ante /mpuissance de ante$ de '!trar*ue et de nos l!%istes:a lan%ue et la patrieJean Huss Jeanne arci#orce permanent des deu Frances

. :architecture rationnelle et math!mati*ue @ :a d!route du %othi*ue

+olidit! des monuments romains$ "ra%ilit! du %othi*ue;runelleschi > Rome14B @ 2on%rs des architectes > Florencerection de +anta-Maria del Fiore

./ lans et rechutes @ Ainci @ :imprimerie @ :a ;i,leFai,le in"luence de ;runelleschi$ de :!onard de Ainci:e ;acchus$ le +aint-Jean et la Joconde:imprimerie "ut da,ord peu utile:a ;i,le em,arrassa par la di#ersit! in"inie de ses doctrines et de ses tpes

.// :a "arce de 'athelin @ :a ,our%eoisie @ :ennui'athelin et le petit Jehan de +aintr!;assesse du no,le$ laideur du ,our%eoisEu *uinLime sicle la plaisanterie est us!e:e serpent2ulte de iane et du ia,le


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance Q

./// :a sorcellerie:a #ieilleTerreur *uinspire la sorcire

Marteau des sorcires:auteur du Marteau$ +pren%erAaudoiserie dErras en 14QR!#olutions allemandes #ers la "in du sicle/ntr!pidit! do%mati*ue de +pren%erEr%uments de la sorcire+ensi,ilit! de lin*uisiteur:e ia,le %a%ne du terrainTerreur et "ureur:a machine prier

./A R!sum! de lintroduction

Gotes de lintroduction

+ur E,ailard&n *uoi il eut pro%rs de 1C > 1Terrorisme de lan 1B+ur les murs du treiLime et du *uatorLime sicle=ui a a,oli lescla#a%e

u li#re de M Haur!au sur la scolasti*ueu li#re de M idron2i#ilisation ara,ee la "amille au Moen-K%eante ne "ut amais populaire:a coupe au peupleHistoire du %othi*ue au di-neu#ime sicle+orcellerie des #illes et des campa%nes


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H/+T0/R& +&/S/M& +/2:&

2hapitre /er @ :a France$ r!unie sous 2harles A///$ en#ahit l/talie:es tats %!n!rau de 1481 "urent une r!action "!odaleuerre "olle et administration dEnne de ;eaueu$ la ;reta%ne r!unie1494 /n#asion de l/talie par les FranUais2elle des &spa%nols !tait ,ien plus > craindre:in*uisition$ lepulsion des ui"s

2hapitre // @ !cou#erte de l/talieMort morale de l/talie2harles A/// a""ranchit 'ise$ irrite Florence

2hapitre /// @ :a d!cou#erte de Rome Fornoue (149)2aractre dEleandre A/ et de ses pr!d!cesseurs+on %!nie "inancier:es ministres du roi sau#ent le pape:e roi > Gaples Retour et #ictoire

2hapitre /A @ R!sultats %!n!rau :a France se caract!rise:arm!e "ranUaise adopte et d!"end 'ise mal%r! le roi

2hapitre A @ Aie et mort de +a#onarole (1494-1498)

+on imprudente %!n!rosit!Tous les partis sunissent contre lui+a mort et celle de 2harles A/// (1498)

2hapitre A/ @ E#nement de 2!sar ;or%ia :ouis .// Elliance de ;or%ia et deeor%es dEm,oise (1498-14):e ournal dEleandre A/ par ;urchard'ortraits de eor%es dEm,oise et de :ouis .//;elles r!"ormes de :ouis .//:e %ou#ernement de "amille$ Enne de ;reta%ne2on*uVte du Milanais$ appui donn! au ;or%ia

:ouis .// et Ferdinand en#ahissent Gaples

2hapitre A// @ :a chute de 2!sar ;or%ia :a d!con"iture dEm,oise et de :ouis.// (11-1C):es :!%ations et le 'rince de Machia#elTerreur *uinspirait ;or%ia$ les noces de :ucrceMort dEleandre A/ et chute de ;or%ia (1C)


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2hapitre A/// @ :a France porte le dernier coup > l/talie (14-19) :i%ue de2am,raiGaissance de 2harles-=uint et dan%er dont il menace l&uropeEnne #eut lui donner la France (14)

:ouis .// !crase nes et li%ue l&urope contre Aenise (17):e Maimilien dEl,ert WrerMar%uerite dEutriche tient le "il des a""aires de l&urope2e *u!tait Aenise;ataille dE%nadel$ un peuple ,rXl! #i"0n rel#e le drapeau #!nitien

2hapitre /. @ :a punition de la France :i%ue sainte contre elle (11-11B) Aiolence de Jules //'er"idie de Mar%uerite et de Maimilien$ *ui rappelle les Ellemands le our

de la ,ataille

aston de Foi:arm!e "ranUaise est sau#!e par la loaut! dun Ellemand

2hapitre . @ ;ataille de Ra#enne an%er de la France (11B-114) 'remire apparition de lin"anterie "ranUaise:arm!e #ictorieuse est licenci!e:es M!dicis$ mort de Florencean%er de la France$ d!"aites de Go#are et de uine%ateMaria%e et mort de :ouis .//

2hapitre ./ @ :a situation s!claircit :anti*uit! rasme :es &stienne:es m!rites de :ouis .//$ pre du peuple:a %rande en*uVte pour la r!daction des 2outumes0n imprime les !cr!tales$ le 2orpus uris$ Air%ile$ Homre$ Eristote et

'laton:es ada%es drasmeloire de limprimerie$ les &stienne

2hapitre .// @ :a situation reste o,scure encore e Michel-En%e commeprophteMstres du %ou#ernement roal :art sindi#idualiseMichel-En%e et la chapelle +itine:es prophtes et les si,lles

2hapitre ./// @ 2harles-=uint:es tom,eau de ;ru%es$ lar,re de %uerre2harles-=uint a#ait dans sa race trois "olies$ trois discordes+on monstrueu &mpire:a cour de Mar%uerite dEutriche


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:!ducation de 2harles-=uint+on in%ratitude

2hapitre ./A @ FranUois /er

+on portrait par sa sur+es #ers$ son !ducation:a Mar%uerite des Mar%ueritesFranUois /erappel! par l/talie

2hapitre .A @ Mari%nan (11)Gos passa%es des Elpes ont touours !t! impr!#us'assa%e de lEr%entireMau#aise position et discordes de notre a#in!eR!cits di#ers de la ,ataille'remier et second our de la ,ataille CQ1 ;elle retraite des +uisses

2hapitre .A/ @ &sp!rances de l&urope FranUois /er repousse l/talie etlEllema%ne:e roi pou#ait ce *uil #oulaitGi lEn%leterre$ ni l&spa%ne$ ni l&mpire ne leut arrVt!R!#olution imminente de lEllema%ne'rise *ue le roi a#ait sur lEllema%neFranUois /er$ %ou#ern! par sa mre et uprat$ immole l/talie$ d!coura%e

lEllema%ne et sallie au pape

2hapitre .A// @ 2aractre de ce premier K%e de la Renaissance:a Renaissance h!sitait encore$ mais un peuple nou#eau !tait n!:e %rand duel des deu Enti*uit!s u%! par la Gature2olom,$ :uther et 2operniYRome %randit par ses d!"aites:a Renaissance se""rae delle-mVme&lle est une re de ,ont! et dhumanit!


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E''&G/2&

e la m!thode et des sourcesForce des arm!es de 2harles A/// et de ;onaparteu procs d0li#ier-le-aim$ etces tats %!n!rau de 1484es archi#es du Aaticane Tri#ulcee la maladie du seiLime siclee +a#onarole$ de Mar%uerite dEutrichee l!po*ue oN commence lin-8o

es pices de lhistoire de :ouis .//

e Michel-En%e et de la sculpture > #enire la %ourmandise et de lin%ratitude de 2harles-=uintes traductions d&6er,ecYes Jui"s$ de 2operniYe lornementation$ de la :!da$ etc:a ,ont!$ source nou#elle de lartEddition > la note sur les sources


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Prface

Retour la Table des Matires

i ans d!tudes donn!s au Moyen-ge$ di ans > laRvolution$ ilnous reste$ pour relier ce %rand ensem,le$ de placer entre ces deuhistoires celle de laRenaissanceet de lK%e moderne

2e #olume est laRenaissanceproprement$ dite Z le sui#ant$ *ui #apara[tre$ sappellera laRforme

Gous supprimons %!n!ralement les citations de li#res imprim!s *uetout le monde a dans les mains Gous ne citerons %ure *ue lesmanuscrits

Eant mar*u! le point de d!part et le ,ut$ en deu lon%ueshistoires$ nous marcherons dun pas dautant plus sXr et plus rapidedans lespace interm!diaire

Gous ne pou#ions retourner de la R!#olution > la Renaissance pBsans re#oir nos tra#au sur le Moen-K%e$ sans conna[tre et appr!cierles pu,lications *ui se sont "aites depuis leur ach#ement

&lles nont modi"i! en rien ce *ue nous a#ons !crit sur le*uatorLime et le *uinLime sicle (tomes ///$ /A$ A$ A/) :es diann!es *ui se sont !coul!es depuis nont en rien !,ranl! ce tra#ail$ le

premier oN les tetes imprim!s aient !t! contr\l!s par les actesmanuscrits

=uant > nos ori%ines dont le premier volumedonne lhistoire$ desa#antes recherches ont aout!$ peu chan%! toute"ois Telle nous


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance 1B

a#ons pos! la ,ase de cette construction$ telles nos estima,lesconcurrents lont adopt!e$ et ils ont ,Kti dessus a#ec con"iance

2est au Moen-K%e proprement dit (deuxime volume$ de lan1 > lan 1C) *ue se rapportent %!n!ralement les nom,reusespu,lications de tetes in!dits *uon a "aites dans cet inter#alle &llesnous ont "ort !clair!s sur les murs de ces temps$ sur lart %othi*ue$etc /l nest point de notre "ranchise de""acer rien de ce *ui est !crit

Gous aimons mieu donner$ dans l/ntroduction *uon #a lire$ lapens!e plus eacte *ui sort des tetes 2e *ue nous !cri#[mes alors est#rai comme lid!al *ue se posa le Moen-K%e &t ce *ue nous pCdonnons ici$ cest sa r!alit!$ accus!e par lui-mVme

:e r!sultat$ au total$ di""re peu Elors (en 18CC)$ *uandlentra[nement pour lart du Moen-K%e nous rendit moins s!#re pource sstme en %!n!ral$ nous d!clarKmes pourtant *ue son principe!tait suet > la loi uni#erselle de toute #ie$ *uil de#ait passer$ commenous tous$ hommes$ peuples et reli%ions$ par lutile !puration de lamort &st-ce un si %rand mal de mourir O E ce pri$ on rena[t en ce*uon eut de meilleur

2e li#re$ au reste$ nest pas !crit pour "aire peine au mourants

2est un appel au "orces #i#es2elle de lEnti*uit! tenait$ e pense$ > ce *uelle crut *ue lhomme

"ait son destin lui-mVme (fabrum su quemque esse fortun) 2etemps-ci$ au contraire$ "rapp! des %randes puissances collecti#es *uila cr!!es$ sima%ine *ue lindi#idu est trop "ai,le contre elles 2estemps-l> crurent > lhommeZ nous croons > lindividu

/l en r!sulte cette chose "Kcheuse 3 nos pro%rs tournent contrenous :!normit! mVme de notre u#re$ > mesure *ue nous

lehaussons$ nous ra#ale et nous d!coura%e e#ant cette pramidenous nous trou#ons impercepti,les$ nous ne nous #oons plus nous-mVmes &t *ui la ,Ktie$ sinon nous O

p4:industrie *ue nous a#ons cr!!e hier$ elle nous sem,le d!>notre em,arras$ notre "atalit! :histoire$ *ui nest pas moins$ *uelintelli%ence de la #ie$ elle de#ait nous #i#i"ier$ elle nous a alan%uis


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance 1C

au contraire$ nous "aisant croire *ue le temps est tout$ et la #olont! peude chose

Gous a#ons !#o*u! lhistoire$ et la #oici partout Z nous en sommesassi!%!s$ !tou""!s$ !cras!s Z nous marchons tout cour,!s sous ce,a%a%e$ nous ne respirons plus$ nin#entons plus :e pass! tuela#enir oN #ient *ue lart est mort (sau" de si rares eceptions) Ocest *ue lhistoire la tu!

Eu nom de lhistoire mVme$ au nom de la #ie$ nous protestons:histoire na rien > #oir a#ec ces tas de pierres :histoire est celle delKme et de la pens!e ori%inale$ de linitiati#e "!conde$ de lh!roPsme$h!roPsme daction$ h!roPsme de cr!ation

&lle ensei%ne *uune Kme pse in"iniment plus *uun roaume$ unempire$ un sstme dtats$ par"ois plus *ue le %enre humain

e *uel droit O du droit de :uther$ *ui$ dun Gon dit au pape$ >l%lise$ > l&mpire$ enl#e la moiti! de l&urope

u droit de 2hristophe 2olom,$ *ui d!ment et Rome et les sicles$les conciles$ la tradition

pu droit de 2operniY$ *ui$ contre les doctes et les peuples$m!prisant > la "ois linstinct et la science$ les sens mVme et let!moi%na%e des eu$ su,ordonna lo,ser#ation > la Raison$ et seul#ain*uit lhumanit!

2est la solide pierre oN sassoit le seiLime sicle

'aris$ 1 an#ier 18



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Introduction

. ! "ens et #orte de la $enaissance.


:aima,le mot de Renaissance ne rappelle au amis du ,eau *uela#nement dun art nou#eau et le li,re essor de la "antaisie 'ourl!rudit$ cest la r!no#ation des !tudes de lanti*uit! Z pour les l!%istes$le our *ui commence > luire sur le discordant chaos de nos #ieillescoutumes

&st-ce tout O D tra#ers les "um!es dune th!olo%ie ,atailleuselOrlando$ les ara,es*ues de Rapha]l$ les ondines de Jean ouon$amusent le caprice du monde Trois esprits trop di""!rents$ lartiste$ le

prVtre et le scepti*ue$ saccorderaient #olontiers > croire *ue tel est ler!sultat d!"initi" de ce %rand sicle :e que sais-e ! de Montai%ne$cest tout ce *u #oait 'ascal Z et ;ossuet$ dans cette pens!e$ !cri#itses "ariations

Einsi ce colossal e""ort dune r!#olution$ si complee$ p8si #aste$si la,orieuse$ neXt en"ant! *ue le n!ant ne si immense #olont! "Xtrest!e sans r!sultat =uoi de plus d!coura%eant pour la pens!ehumaine O

2es esprits trop pr!#enus ont seulement ou,li! deu choses$ petitesen e""et$ *ui appartiennent > cet K%e plus *u> tous ses pr!d!cesseurs 3la d!cou#erte du monde$ la d!cou#erte de lhomme


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:e seiLime sicle$ dans sa %rande et l!%itime etension$ #a de2olom, > 2operniY$ de 2operniY > alil!e$ de la d!cou#erte de laterre > celle du ciel

:homme s est retrou#! lui-mVme 'endant *ue Aesale et +er#etlui ont r!#!l! la #ie$ par :uther et par 2al#in$ par umoulin et 2uas$

par Ra,elais$ Montai%ne$ +haYespeare$ 2er#ants$ il sest p!n!tr! dansson mstre moral /l a sond! les ,ases pro"ondes de sa nature /l acommenc! > sasseoir dans la Justice et la Raison :es douteurs ontaid! la "oi$ et le plus hardi de tous a pu !crire au porti*ue de son#emple de la "olont3 ^ &ntreL$ *uon "onde ici la "oi pro"onde _

'ro"onde en e""et est la ,ase oN sappuie la nou#elle "oi$ *uand

lanti*uit! retrou#!e se reconna[t identi*ue de cur > lK%e moderne$lors*ue l0rient entre#u tend la main > notre 0ccident$ et *ue$ dans lelieu$ dans le temps commence lheureuse r!conciliation des mem,resde la "amille humaine

II. ! L%re de la $enaissance.


p9:!tat ,iLarre et monstrueu$ prodi%ieusement arti"iciel$ *ui "utcelui du Moen-K%e$ na dar%ument en sa "a#eur *ue son etrVmedur!e$ sa r!sistance o,stin!e au retour de la nature

Mais nest-elle pas naturelle$ dira-t-on$ une chose *ui$ !,ranl!e$arrach!e$ re#ient touours O :a "!odalit!$ #oeL comme elle tient dansla terre &lle sem,le mourir au treiLime sicle$ pour re"leurir au*uatorLime MVme au seiLime sicle encore$ la :i%ue nous en re"aitune om,re$ *ue continuera la no,lesse us*u> la R!#olution &t le

cler%!$ cest ,ien pis Gul coup n sert$ nulle atta*ue ne peut en #enir> ,out Frapp! par le temps$ la criti*ue et le pro%rs des id!es$ ilrepousse touours en dessous par la "orce de l!ducation et desha,itudes Einsi dure le Moen-K%e$ dautant plus di""icile > tuer *uilest mort depuis lon%temps 'our Vtre tu!$ il "aut #i#re

=ue de "ois il a "ini `


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance 1Q

/l "inissait ds le douLime sicle$ lors*ue la po!sie laP*ue opposa >la l!%ende une trentaine d!pop!es Z lors*ue E,ailard$ ou#rant les

!coles de 'aris$ hasarda le premier essai de criti*ue et de ,on sens/l "init au treiLime sicle$ *uand un hardi msticisme$ d!passant la

criti*ue mVme$ d!clare *u> l#an%ile histori*ue succde l#an%ile!ternel et le +aint-&sprit > J!sus

p1/l "init au *uatorLime$ *uand un laP*ue$ semparant des troismondes$ les enclot dans sa $omdie$ humanise$ trans"i%ure et "erme leroaume de la #ision

&t d!"initi#ement$ le Moen-K%e a%onise au *uinLime etseiLime sicles$ *uand limprimerie$ lanti*uit!$ lEm!ri*ue$l0rient$ le #rai sstme du monde$ ces "oudroantes lumires$con#er%ent leurs raons sur lui

=ue conclure de cette dur!e O Toute %rande institution$ toutsstme une "ois r!%nant et mVl! > la #ie du monde$ dure$ r!siste$meurt trs lon%temps :e pa%anisme d!"aillait ds le temps de2ic!ron$ et il tra[ne encore au temps de Julien et au del> de Th!odose

=ue le %re""ier date la mort du our oN les pompes "un,resmettront le corps dans la terre$ lhistorien date la mort du our oN le#ieillard perd lacti#it! producti#e

&ntreL dans une ,i,lioth*ue$ demandeL les %cta &anctorum deMa,illon$ le %rand recueil *ui a reUu sicle par sicle$ couche parcouche$ lallu#ion successi#e de lin#ention populaire$ lhistoire deces milliers de saints *ui$ selon le temps$ les nuances en"antines de la

pi!t! ,ar,are$ ont donn! > cha*ue pas le dieu du lieu$ le 2hrist local

Tout "init au douLime sicle Z le li#re se "erme Z cette "!condee""lorescence$ *ui sem,lait intarissa,le$ tarit tout > coup

^ :es !suites ont continu!$ dira-t-on Z les saints sura,ondent dansle recueil des ;ollandistes _


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autres saints$ les saints du com,at$ ecentri*ues et pol!mi*ues$dont le #iolent msticisme$ *ui #ient p11secourir J!sus$ l!pou#ante etlui "ait peur /l recula en pr!sence du d!lire de saint FranUois$ #raie

,acchante de lamour de ieu$ et la Aier%e recula en pr!sence de sonche#alier$ l&spa%nol saint omini*ue$ *ui$ pour elle$ dressait les,Xchers$ or%anisait lin*uisition$ commenUait ici les "eu !ternels

2es #!h!mentes "i%ures contrastent$ > "aire "r!mir$ a#ec les #ieilles"i%ures ,!n!dictines ans cette "r!*uence des %estes$ dans cette"ureur de paroles$ dans la #ultuosit! du #isa%e ,oule#ers!$ celles-ci$ enre%ardant le ciel$ ont *uel*ue chose de ce *uelles maudissent$ delen"er et de lh!r!sie

0u#reL les conciles$ #ous trou#ereL mVme chan%ement *ue dans lal!%ende :es anciens conciles sont %!n!ralement dinstitutions$ del!%islation 2eu *ui sui#ent$ > partir du %rand concile de :atran$ sontde menaces et de terreurs$ de "arouches p!nalit!s /ls or%anisent une

police :e terrorisme entre dans l%lise$ et la "!condit! en sort +esderniers e""orts ont cela$ *uen lui donnant des #ictoires$ ils lui cr!entde nou#eau p!rils +aint ;ernard$ son d!"enseur #ictorieu contreE,ailard$ lui donne un triomphe apparent sur la raison et la criti*ue'ar *uelle "orce O par le msticisme *ui$ ds la "in du sicle$ cr!e les

"ormida,les proph!ties de Joachim de Flore$ lensei%nement de Jeande 'arme$ le docteur de l#an%ile !ternel

:art$ eccl!siasti*ue us*ue-l>$ sous la cle" des prVtres maUons$de#ient alors chose laP*ue Z il passe au mains des "rancs-maUons$ser#iteurs mari!s de l%lise$ dont les hum,les colonies$ a,rit!es deson p1B patrona%e$ nen !l#ent pas moins dans des "ormesind!pendantes ces !di"ices %randioses$ oN la poitrine de lhommetrou#e en"in la respiration$ a#ec le #a%ue du rV#e et la li,ert! dessoupirs

&st-ce tout O Gon e la cr!ation du %othi*ue$ *ui ne soutientencore le temple *ue sur un p!ni,le appareil d!tais et de contre"orts$la Renaissance marche > la cr!ation de larchitecture rationnelle etmath!mati*ue$ *ui sappuie sur elle-mVme$ et dont ;runelleschi donnale premier eemple dans +ainte-Marie de Florence


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:art "init$ et lart recommence Z il n a pas dinterruption Moins#i#ace est la scolasti*ue &lle meurt pour ne pas rena[tre 0ccamlach#e en la replaUant au point oN la#ait laiss!e E,ailard Z sa

suprVme et dernire #ictoire est de rentrer > son ,erceau=ue dire du Moen-K%e scienti"i*ue O /l nest *ue par ses ennemis$

par les Era,es et les Jui"s :e reste est pis *ue le n!ant Z cest unehonteuse reculade :es math!mati*ues$ s!rieuses au douLime sicle$de#iennent une #aine astrolo%ie$ le commerce des carr!s ma%i*ues :achimie$ sens!e encore dans Ro%er ;acon$ de#ient une alchimie "olle$un d!lire :a sorcellerie !paissit au *uinLime sicle ses "antasti*uest!n,res :e our ,aisse horri,lement &t il ne "aut pas croire *uilrenaisse a#ec limprimerie Z elle a%it lentement$ nous le prou#erons Z

cette %rande et impartiale puissance aida da,ord tous les partis$ lesennemis de la lumire aussi ,ien *ue ses amis

isons nettement une chose *ue lon na pas asseL dite :aR!#olution "ranUaise trou#a ses "ormules p1C prVtes$ !crites par la

philosophie :a r!#olution du seiLime sicle$ arri#!e plus de cent ansaprs le d!cs de la philosophie dalors$ rencontra une mortincroa,le$ un n!ant$ et partit de rien

&lle "ut le et h!roP*ue dune immense #olont!!n!rations trop con"iantes dans les "orces collecti#es *ui "ont la

%randeur du di-neu#ime sicle$ #eneL #oir la source #i#e oN le %enrehumain se retrempe$ la source de lKme$ *ui sent *ue seule elle est

plus *ue le monde et nattend pas du #oisin le secours emprunt! deson salut

:e seiLime sicle est un h!ros


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III. ! L%organisation de l%ordre et l%nervation de l%individu&

du douime au quinime sicle.


!minents historiens ont par"aitement d!crit comment le%ou#ernement eccl!siasti*ue et laP*ue sor%anise ou sach#e en ces*uatre sicles$ comment se constituent lordre et la pai pu,li*ue

+eulement ils ont laiss! dans lom,re le mou#ement r!tro%rade *uisaccomplit alors dans la reli%ion$ dans la litt!rature$ la d!"aillance ducaractre et des "orces #i#es de lKme

es trente pomes !pi*ues du douLime sicle$ imit!s de toutel&urope$ us*u> la platitude du Roman de la Rose$ us*uau tristes%aiet!s de Aillon$ *uel pas r!tro%rade `

:es auteurs de l'istoire littraire$ sp!cialement p14M Fauriel$ onttrs ,ien dit 3 ^ :e douLime sicle est une aurore :e *uatorLime estun couchant _ &t *ue dire$ h!las ` du *uinLime O

:e "ait mVme *ue les historiens politi*ues ont "ait le plus #aloir$ lamultiplication immense des a""ranchissements$ lau%mentation et larichesse de la ,our%eoisie$ la "acilit! croissante de monter dune classe> lautre$ tout cela de#ait$ ce sem,le$ produire un r!sultat moral$"orti"ier le ner" de lKme$ d!#elopper$ par le sens tout nou#eau de sadi%nit!$ le ieu *ui est en elle$ la rendre cr!atrice et lui donnerlaspiration

:a li,ert! ci#ile$ *ui se r!pand alors$ na pourtant %ure de""et#isi,le e chose *uil !tait$ lhomme de#ient personne$ de#ienthomme =u %a%ne-t-il O +il %a%ne$ il n para[t pas /l tarit etde#ient st!rile

=ue sest-il pass! pendant ce temps dans le monde sup!rieur dontil su,it les in"luences O


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:%lise est de#enue une monarchie$ un %ou#ernement$ arm! dunepolice terri,le$ la plus "orte *ui "ut amais

:a monarchie est de#enue une espce d%lise$ ,Ktie sur la chutedes "ie"s$ comme la papaut! sur la,aissement de l!piscopat$ une%lise *ui a ses conciles laP*ues$ son ponti"icat de urisprudence

eu %ou#ernements par la %rKce de ieu$ deu espces de dieumortels$ dont lin"ailli,ilit! impli*ue le caractre di#in :e peuple deleurs d!#ots sent en eu une incarnation :a loi #i#ante$ la sa%esse dep1chair$ dans un indi#idu in"irme$ un ieu dans un rien$ cest le cultenou#eau de ce monde

:e monarchi*ue autel des deu idoles se ,Ktit sur la ruine de ce *uele Moen-K%e a#ait pu essaer de %ou#ernements collecti"s$ sur laruine des conciles$ des communes et des municipes$ des %randes"!d!rations$ li%ues lom,ardes$ dites de l&mpire$ !tats %!n!rau deFrance Tout cela au *uinLime sicle est couch! dans le tom,eau:incarnation sous ses deu "ormes (pape et roi) a #aincu partout :emsticisme a tout rempli =uelle place a la raison O Eucune

:op!ration *u0ri%ne prati*ua$ dit-on$ sur lui$ est celle *uelesprit humain a su,ie dans cette p!riode$ us*u> ce *ue la nature$ la#ie productrice$ *ui ne peut amais s!teindre$ se "Xt r!#eill!e etr!#olt!e au seiLime sicle a#ec une sau#a%e !ner%ie

M uiLot soupUonne *ue nous a#ons perdu quelque chose > lachute des communes Rien *ue lKme$ la "iert! personnelle$ lespritdes "ortes r!sistances$ la "oi en soi$ *ui "it la commune du douLimesicle plus "orte *ue Fr!d!ric-;ar,erousse$ et *ui a si par"aitementdisparu dans la ,our%eoisie du *uinLime

M Eu%ustin Thierr$ en admirant la r!"orme administrati#e*uessaa en 141C le 'aris des 2a,ochiens$ #oit un pro%rs sur lar!#olution de Marcel$ ant!rieure de soiante ann!es /l ne para[t pasremar*uer cette !norme chute de lesprit pu,lic$ tellement ,aiss!$ *uilcroit pou#oir am!liorer ladministration sans chan%er le cadre

politi*ue *ui lenserre et l!tou""e =uelle r!"orme s!rieuse sous la


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance B1

%irouette dun %ou#ernement p1Q capricieusement #ia%er$ entrel!tourderie de Jean et la "olie de 2harles A/ O :e *uatorLime siclesent encore oN est le mal et cherche oN est le remde :e *uinLime

n son%e mVme plus2ette im,!cillit! du pau#re Fr!d!%aire *ui$ en tVte de sa chroni*ue$

sa#oue > moiti! idiot$ elle sem,le repara[tre dans tels monuments du*uinLime sicle Z et e ne sais si aucun des moines m!ro#in%iens eXtatteint la platitude des rimes de Molinet

I(. ! )obles origines au *o+en,-ge.

! baissement au treiime sicle.


:a trannie du Moen-K%e commenUa par la li,ert! Rien necommence *ue par elle 2est #ers le diime sicle$ dans ce momento,scur$ dont les r!sultats immenses ont asseL dit la %randeur$ *uand&udes d!"endait 'aris$ *uand Ro,ert-le-Fort "ut tu!$ *uand Ellan;ar,etorte eta les Gormands dans la mer Z cest alors *ue$ sans nuldoute$ commencrent les chants de Roland 2es chants$ d!> anti*ues

sous uillaume-le-2on*u!rant$ en 1QQ$ ne sont pas$ comme on lecroit$ lu#re du pesant K%e "!odal$ *ui na "ait *ue les d!laer etelles choses ne datent pas dun K%e de ser#itude$ mais dun K%e#i#ant$ li,re encore$ de lK%e de la d!"ense$ de lK%e *ui r!sista$ ,Ktitles asiles de la r!sistance$ et sau#a l&urope de lin#asion normande$hon%roise et sarrasine

0n ne sin"ormait %ure alors de no,lesse en ces %rands p!rils2elui *ui a#ait hasard! d!le#er un p17"ort sur les Marches ra#a%!esou > lem,ouchure dun "leu#e ne demandait pas lori%ine des ,ra#es*ui #enaient le d!"endre :es races$ les di""!rences de aulois$ Francsou Romains$ *ui nous "ont "aire tant de sstmes$ lui !taient "ortindi""!rentes =uelle !tait lassociation O e toutes "ormes 3 encertains pas$ dadoption mutuelle$ cest la "orme la plus anti*ue Zailleurs$ dhomma%e mutuel (par eemple en Franche-2omt!) MVmelin"!odation !tait sous *uel*ue rapport un contrat > titre !%al 2e *uil


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance BB

a#ait de plus rare$ c!tait lhomme (lhomme de com,at) 2e n!taitrien da#oir une tour Z il "allait mettre des hommes :homme de latour appelait le passant$ le "u%iti" et lui disait 3 ^ Reste$ et d!"endons-

nous ensem,le Tu partiras *uand tu #oudras$ et e taiderai > partir Z ete conduirai$ sil le "aut$ etc (#oir les "ormules primiti#es dans mesOrigines du (roit) onc$ e te con"ie ds ce our ce pont$ ce pas de la#all!e$ ma porte$ mon "oer$ ma #ie$ moi-mVme$ ma "emme et mesen"ants _ E *uoi lautre r!pondait 3

&t moi$ e me donne > #ous$ > la #ie et > la mort$ par del> _ /lssem,rassaient et man%eaient > la mVme ta,le 2e lien !tait le plus"ort Z tout autre #enait aprs @ ^ Je donnerais deu imp!ratrices$ ditFr!d!ric-;ar,erousse$ pour un che#alier comme toi _

Tels !taient les contrats anti*ues =ue la li,ert! est "!conde ` Aoil>*ue les pierres se "ont hommes Z les en"ants multiplient sans nom,re Zles peuples %rouillent de la terre &t ce nest pas seulement le nom,re*ui cro[t$ mais le cur au%mente$ la #ie "orte et linspiration p180n ne#eut pas seulement "aire de %randes choses$ on #eut les dire :e%uerrier chante ses %uerres 2est ce *ue dit encore trs epress!mentle chroni*ueur 3 ^ :es preu chantaient _ =uon nespre pas me "aireaccroire *ue le on%leur mercenaire *ui chante au douLime sicle$*ue le chapelain domesti*ue *ui !crit au treiLime sicle$ soient les

auteurs de pareils chants ans le plus ancien *ui nous reste$ lasu,lime $hanson de Roland$ *uoi*ue nous ne laons encore *ue danssa "orme "!odale$ entends la "orte #oi du peuple et le %ra#e accentdes h!ros

Jai dit lon%uement dans mes cours$ et e dirai mieu plus tard$comment p!rit le sstme des li,ert!s du Moen-K%e$ par *uelleinterpr!tation "atale et per"ide$ par *uel encha[nement d!*ui#o*uesles mots de vassal(ou #aillant)$ de servus(ser#iteur O ou ser" O)$ etc$de#inrent les "ormules ma%i*ues *ui enchantrent lhomme li,re et le

lirent > la terre Z l!*ui#o*ue$ lou,li$ li%norance$ t!n!,reuses et%lissantes #oies *ui permirent > ces mots "unestes de passer dun sens> lautre Jai dit les r!sistances d!sesp!r!es de la propri!t! li,re$ lemortel com,at des alleu assi!%!s et !tou""!s dans la %rande mer"!odale$ la "ureur de lhomme *ui sest couch! li,re$ se l#e ser"$apprend *uil nest plus homme$ *uil est pierre$ %l,e$ animal :iseLla terri,le histoire du pr!#\t de ;ru%es$ lhistoire de lhomme du


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance BC

Hainaut$ *ui$ dans les ris!es des cours "!odales$ entend *ue sa terrenest plus li,re$ et tom,e "oudro! de "ureur$ p19 cr#e sa #eine$laissant !chapper son san% li,re encore

:a no,le 2hanson de Roland est ant!rieure$ on le sent partout$ >cette mau#aise !po*ue :a p!n!trante criti*ue de l!diteur 1a d!mVl!*uelle est ant!rieure au croisades$ ant!rieure > lK%e des pomescompos!s dans les chKteau pour lamusement du ,aron :e caractrede ceu-ci$ tels *ue les )uatre *ils %ymon$ est la haine de la roaut! etdu %ou#ernement central Z ils portent tout lint!rVt sur le #assalr!#olt! 2harlema%ne est un sot Z il est le ouet dun sorcier Tristemaest! *ui dort sur son tr\ne$ la tVte couronn!e dun torchon$ ets!#eille$ au rires de la cour$ pour #oir en sa main une ,Xche !teinte

au lieu de l!p!e de l&mpire 2e sont l> des choses trou#!es en pleine"!odalit! pendant le sommeil de la roaut! Eu contraire$ dans lediime sicle$ le %rand com,at contre les ;ar,ares$ on re%rette$ onadmire et ,!nit lancienne unit! imp!riale Rien entre lempereur et le

peuple :es Roland$ les 0li#ier$ nen sont nullement s!par!s Z ils nesont *ue le peuple arm! 2est ce *ui "ait la %randeur !tonnante de ce

pome$ mVme sous cette "orme relati#ement moderne$ *ui peut-Vtreest de 11

/l "aut #oir l!norme chute *ui se "ait entre cette !po*ue et le tempsde saint :ouis &n un sicle ou un sicle et demi$ mille ans sem,lenta#oir pass! :un des plus essentiels ser#ices *uon ait rendus > lacriti*ue$ cest da#oir mar*u! ce passa%e :!diteur du pBRoland la"ait dune manire admira,le$ notant a#ec une etrVme "inesse et une!tonnante #er#e de criti*ue et de ,on sens les raeunissements!tran%es *uon a "ait su,ir au pome$ de manuscrit en manuscrit :e

premier est parent dHomre Z le dernier$ de la 'enriade

&t pourtant court est linter#alle du douLime au treiLime sicle

!> dans ce temps$ le temps de saint :ouis$ les raeunisseurs du #ieupome sont des %ens de lettres modernes *ui pou#aient #i#re aussi,ien au sicle de :ouis .A

:e treiLime sicle est un sicle litt!raire &t #ous croirieL *u> cetitre un sentiment de so,ri!t! !l!%ante lui "era resserrer le d!tail et1 1 FranUois !nin


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condenser les id!es 2est tout le contraire :a pens!e mai%re est!tou""!e sous les rimes accumul!es :epansion immod!r!e$ l!tala%edes mots$ lampli"ication$ sentent partout le coll%e Eu douLime$ les

pomes !taient courts et se chantaient Z c!taient des chants$ deschansons$ comme dit leur titre Eu treiLime$ on ne son%e plus >loreille$ mais plut\t au eu 0n !crit pour le ca,inet :a rh!tori*ue"leurit Z une rh!tori*ue #er,euse$ intarissa,le$ *ui$ de deu ou troismille #ers *ua#ait le pome ori%inal$ #ous en "ait #in%t ou trentemille 2omment sen !tonner O 2es auteurs sont des chapelains$ desscri,es$ assis dans la tour dun chKteau Z ou ,ien ce sont les on%leurs$*ui de#iennent d!> des marchands$ une espce de li,raires *ui#endent les #ers au nom,re et les manuscrits au poids

/nutile de dire *ue ces %ens ne comprennent d!> pB1plus rien > la"orte et croante !po*ue dont ils d!laent les ou#ra%es /ls sont plus!tran%ers *ue nous > la #ie des temps h!roP*ues /ls nont ni le tempsni le %oXt de conna[tre et d!tudier ces murs dun K%e #oisin$ maiscompltement ou,li! /ls prennent sans di""icult! des noms de lieu

pour des noms dhommes$ etc$ etc

tran%e illusion ` laur!ole de saint :ouis su""it pour illuminer laFrance dalors de saintet! et ette sur ce temps$ d!> moderne$ un "au

re"let du Moen-K%eJai dit (tome ///) > *uel point le monde s!tait ou,li! 0u,li!

naturellement$ de lui-mVme et par le temps$ par la n!%li%ence O 0h `non 0n ne dira amais$ dans la #!rit!$ la p!n!trante ,lessure *ui "enditle cur de lhomme #ers 1B$ lui rompit sa tradition$ ,risa sa

personnalit! et le s!para si ,ien de lui-mVme *ue$ si lon par#ient > luiretrou#er *uel*ue ima%e de ce *uil "ut$ il a ,eau re%arder$ il dit^ =uel est cet homme-l> O _


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(. ! /es abdications successives de l%ind#endance

humaine& du douime au quinime sicle.


:escla#a%e Z dit lanti*uit! dans sa simplicit! tra%i*ue$ cest une"orme de la mort _ Aoil> une position nette$ *ui ne donne rien >l!*ui#o*ue ni > la mo*uerie Z lescla#e nest point un Vtre ridicule nim!prisa,le Z cest la #ictime du destin$ *ui a perdu ses dieu et sa cit!$*ui nest plus comme citoen /l est mort$ mais peut rester %rand etsappeler lescla#e pictte

:e ser#a%e est un !tat a,surde et contradictoire pBB Aoil> unchr!tien$ une Kme rachet!e de tout le san% dun ieu$ une Kme !%ale >toute Kme$ *ui ne tra[ne pas moins ici-,as dans un escla#a%e r!el dontle nom seul est chan%! Z *ue dis-e O dans un !tat pro"ond!ment anti-chr!tien$ tout > la "ois responsa,le et irresponsa,le$ *ui le soumet$lassocie au p!ch!s du ma[tre$ et *ui$ le mne tout droit > parta%er sadamnation

&st-il li,re O ne lest-il pas O /l lest$ il a une "amille %arantie par lesacrement &t il ne lest pas Z sa "emme$ en prati*ue$ nest pas plussienne *ue la "emme de lescla#e anti*ue +es en"ants sont-ils sesen"ants O 0ui et non /l est tel #illa%e oN la race entire reproduitencore auourdhui les traits des anciens sei%neurs (e parle desMira,eau)

:e ser"$ ni li,re ni non-li,re$ est un Vtre ,Ktard$ !*ui#o*ue$ n! pourla d!rision

2est l> la plaie du Moen-K%e 2est *ue tous s mo*uent detous Tout est louche et rien nest net Z tout peut sem,ler ridicule:es "ormes ,Ktardes a,ondent$ et du plus haut au plus ,as :a cr!ationtardi#e *ui "erme le Moen-K%e$ le ,our%eois$ mi-parti de lhommein"!rieur des #illes et ouant le petit no,le$ a#ec des mains de pasan$


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance BQ

des !paules de "or%eron$ est de#ant lhomme de cour ce *uest loiede#ant le c%ne

RieL donc$ ,ons #ieu temps oeu Z rieL$ "ac!tieu no]ls Z rieL$plaisants "a,liau Z amuseL-#ous de #otre honte

:a %aiet! dEristophane nest point ,asse Z elle !l#e encore:ors*ue$ par-de#ant le peuple sou#erain$ le pBCpeuple u%e$ *ui tousles ours u%e > mort$ lintr!pide satiri*ue met en scne le +onhomme

,euple$ dont ses "a#oris se mo*uent$ cela est hardi et %rand :a "arcedu Moen-K%e attriste plut\t Z e ne lui #ois *ue trois %aiet!s 3 la

potence$ la ,astonnade et le cocu Z mais celui-ci$ cocu par "orce$ esttrop malheureu pour "aire rire

Jou,liais lo,et principal des ris!es de ces temps$ cest le peu *ui reste dind!pendance et de li,ert! :esfrancs-alleuxsont cheL nousl!ternelle plaisanterie :es fiefs du soleil$ r!clamant uneind!pendance ancienne comme le soleil et nette comme la lumire$sont lamusement de lEllema%ne 2ette touchante r!clamation de lali,ert! anti*ue est la d!rision des escla#es 'laisante sei%neurie *ui nani #assal ni suLerain$ rien au-dessous$ rien au-dessus ` 2est uneanomalie$ un monstre 0n ne sait *uel nom donner > cette chose

ridicule Z on lappelle une roaut! =ui na ri du roi d.vetot !2ette!tran%re$ la :i,ert!$ inconnue dans un monde ser"$ elle eststupidement mo*u!e$ honnie$ conspu!e Z on lui met un diadme de

papier a#ec un sceptre de roseau

e mVme *ue da,ord lhomme li,re$ cruellement pers!cut!$ a !t!"orc! de sa,di*uer$ de se donner$ lui et sa terre$ au sei%neur$ prVtre ou

,aron Z la li,re #ille$ la commune$ ne na[t au onLime sicle *ue pourse donner au treiLime$ se mettre au mains du sei%neur roi

E leur naissance$ K%e de "orce$ de %randeur et dacti#it!$ lescommunes du midi de la France ont pB4commenc! le mou#ement dumonde Z celles d/talie$ dEllema%ne$ des 'as-;as$ ont sui#i$ cr!antdun seul coup tous les arts$ toutes les "ormes de ci#ilisation *uaural&urope us*uau seiLime sicle


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Mais la ruine !pou#anta,le de notre Midi$ *ui sest a""aiss! dansles "lammes$ sous la torche des papes et des rois$ instruit asseL noscommunes du Gord E loppression locale dun sei%neur du #oisina%e$

on croait pou#oir r!sister :e sei%neur uni#ersel$ lointain$mst!rieu$ le roi$ *ui para[t au treiLime sicle arm! de la dou,lepuissance de ltat et de l%lise$ est-il *uel*uun dasseL "ou pour#ouloir lutter contre lui O :e cur na#ait pas ,aiss! dans les luttes"!odales Mais ici il ,aisse Z on se""rae Z on commence > se re%arder$dans cha*ue #ille$ a#ec d!"iance /l a les hommes de la #ille$ mais il a les hommes du roi E la premire discussion$ croeL ,ien *ue cesderniers$ contre les ma%istrats du lieu$ ^ *ui oppriment le pau#re

peuple _$ #ont appeler ce ma[tre lointain$ et personne n contredira:es #illes italiennes in#o*uent le podestat !tran%er$ le capitaine

!tran%er Z les #illes "ranUaises appellent ce podestat sup!rieur le pr!#\tou u%e du roi ans ses mains$ a%enouill!s$ ils r!si%nent la commune$l!lection$ le %ou#ernement de soi par soi$ tous leurs droits de r!%lerleur propre sort :!p!e de ustice passe au mains dun homme!tran%er > la coutume et *ui nen sait pas la ustice :a #ieille #oi dela cit!$ le ,e""roi descend de sa tour :a #ille rentre dans le silence$ etsi la cloche sonne encore$ cest la cloche monasti*ue *ui sonne au

pro"it pBdes sei%neurs$ du sei%neur roi$ du sei%neur prVtre =ue dit-elle O HumilieL-#ous$ o,!isseL$ dormeL$ en"ants +ous sa monotonie

pesante$ lKme$ assourdie$ dun mVme son$ sh!,te dennui et se,aille Z elle a la naus!e delle-mVme

2eu *ui priment dans cette commune de#enue une #ille muette$o,scur petit trou de pro#ince$ ce sont sans nul doute les hommes duroi$ les %ens de la ustice roale et des "inances roales$ monsieur lelieutenant du ,ailli$ du s!n!chal$ etc Aoil> les co*s de ce "umier$ ceu*ui marchent la tVte haute et *ui tiennent le haut du pa#! dans les

,oueuses petites rues Tout se "era > leur eemple =uel est lesprit$*uelles sont les murs de cette ,our%eoisie O Timides$ honnVtes$

r!pondent nos modernes historiens &""ront!es et d!,rid!es$ r!pondentles #ieilles histoires et les monuments uridi*ues 2onsulteL un deceu-ci$ cent "ois plus riche et plus "!cond *ue toutes nos %aLettes destri,unau 3 e parle des trois cents re%istres du #rsor des $hartes$sp!cialement les lettres de %rKce Aous trou#ereL l> les murs *ue les"a,liau indi*uaient$ et les Aillon$ et les ;asselin$ et les R!%nier$ et

us*ue sous :ouis ./A les curieu Mmoiresde Fl!chier 2es naP#es


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archi#es de la ,our%eoisie nous la montrent sans chemise$ sanspudeur$ et par le dos 0n #oit toute la ,assesse dune soci!t! "ond!esur limitation "idle de 'athelin$ de rippeminaud$ du procureur$ du

ma%istrat$ *ui le soir man%e a#ec les "illes les !pices du matin et lespro"its de la potence Madame$ pendant$ ce temps$ la pBQpr!sidente ouconseillre$ l!lue$ *ui ne peut sou""rir *ue les %ens d!p!e$ ou#re la

porte de derrire > son %alant en plumet *uelle pae et *ui le matinconte sa nuit > tous les passants

=uel d!domma%ement > cet a,aissement des murs et ducaractre O une ustice impartiale peut-Vtre$ parce *uelle !mane ducentre O Mais ce u%e$ cet homme du roi$ en#elopp!$ domin! par lacoterie locale$ en prononce au tri,unal les sentences int!ress!es &t

*ue #ouleL-#ous *uil re"use$ ce ma%istrat %alantin$ au d!esses des,elles ruelles$ pour *ui$ ce matin$ entre deu arrVts de mort$ il rimaitdes madri%au O Toute inustice locale$ par les "emmes ou par lar%ent$

par le co""re ou par lalc\#e$ "rappera$ de haut et plus pesante$ au nomde la roaut!

:a triste lumire se "ait au *uatorLime et *uinLime sicles :acentralisation$ *ui sans doute doit Vtre un our la "orce et le salut de laFrance$ "ait pro#isoirement sa ruine &lle est centralis!e pour rendre le

d!sordre %!n!ral$ centralis!e pour tourner densem,le au #erti%e dun"ou$ pour uni#ersaliser le d!sastre et la ,an*ueroute$ pour Vtreprisonnire a#ec Jean$ idiote a#ec 2harles A/

&t la roaut!$ mVme ha,ile et hardie$ :ouis ./$ n pourrarem!dier$ pas plus *ue na "ait Marcel E la premire tentati#e der!"orme$ tout la,andonne Z comme le tri,un "ut seul$ seul reste le roi(en 14Q4) 'our*uoi O 'our la mVme cause E lun comme > lautre$les hommes man*urent 0n a#ait mis!ra,lement aplati les caractres$

,ris! le ressort moral$ pB7an!anti l!ner%ie =uand le roi #oulut Vtre un

roi Z il se trou#a le roi du #ide

&n sorte *ue cette lon%ue a,dication au pro"it de la roaut!na,outissait *u> la rendre impuissante elle-mVme

'ar *uels circuits in"iniment lon%s$ tortueu$ o,scurs$ de#ait-on$ dece d!sert dhommes$ re#enir > la #ie nou#elle *ui recommencerait un


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monde O 'ersonne ne pou#ait le pr!#oir &t$ en attendant$ lesmeilleurs$ les plus "iers se d!coura%eaient u r%ne de la platitude$ de

eunes et #i%oureu esprits se reetaient sur limpossi,le$ sur la no,le$

lh!roP*ue$ lirr!alisa,le anti*uit! :e c!l,re ami de Montai%ne$ :a;o!tie$ ma%istrat$ homme du roi$ !crit le $ontr un Aiolent$douloureu petit li#re$ *ui$ densem,le$ e""ace tout le Moen-K%e$ led!dai%ne plut\t$ lou,lie$ disant en su,stance le mot de +aint-Just 3^ :e monde est #ide depuis les Romains _

(I. ! /e la cration du #eu#le des sots.


:anti*uit!$ dans lescla#e et le ma[tre$ eut le stupide et linsens!:e Moen-K%e monasti*ue eut un monde didiots Mais le sot est unecr!ature essentiellement moderne$ n!e des !coles du #ide et de lasu""isance scolasti*ue Z il a "leuri$ multipli! dans les classes sinom,reuses oN la #anit! pr!tentieuse se %on"le de mots$ se nourrit de#ent

:acad!mie$ le ,arreau$ la litt!rature$ le %ou#ernement pB8

parlementaire$ ont donn! > ce %rand peuple de nota,lesaccroissements Mais$ si lon #eut en mar*uer le #!n!ra,le ,erceau$lhistoire aussi ,ien *ue la lo%i*ue ne peut en donner lhonneur *u>un K%e essentiellement #er,al$ > lK%e *ui adora les mots$ *ui imposa >lesprit le culte des entit!s creuses$ des a,stractions r!alis!es$ *ui

partit de ce principe que toute ide (la plus "antas*ue$ la plusar,itraire) a ncessairement un obet correspondant dans la nature$imposant au 2r!ateur cette !tran%e condition de cr!er des r!alit!s pourdonner corps et "ondement > toutes les id!es des "ous

^ Tout mot r!pond > une id!e$ et toute id!e est un Vtre onc la%rammaire est la lo%i*ue$ et la lo%i*ue est la science Z 'our*uoi!tudier la nature O pour*uoi o,ser#er$ sin"ormer O /l "aut re%arder lemonde dans sa pens!e creuse Z on #erra le #rai$ le r!el$ au miroir de la"antaisie _


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2ette doctrine a su""i > lhumanit! pendant trois ou *uatre centsans E#ec *uel "ruit O 0n le #it lors*ue le dernier scolasti*ue$ 0ccam$nou#eau +amson$ secoua les colonnes du temple et *ue tout s!croula

dun coup 0N !taient les ruines O 0n chercha en #ain 'as une id!en!tait rest!e 2e *ue pro"essait le dernier scolasti*ue$ c!tait dere#enir au premier$ au point de d!part du ,on sens$ > lensei%nementdE,ailard$ autrement dit$ da#ouer *uon a#ait perdu trois sicles

:a di""icult! !tait %rande +i lon na#ait pas cr!! une philosophie$on a#ait cr!! un peuple$ une race nou#elle$ *ui na#ait aucune en#iede "inir Tant pB9d!coles$ tant de chaires$ tant de docteurs$ tant desottises ` Eh ` supprimer tout cela$ *uel coup > lautorit! ` 0N trou#erune cr!ation plus solide et plus massi#e$ une plus !paisse muraille

pour intercepter les raons du our O

/nterdire la philosophie$ le raisonnement$ ceXt !t! les stimulerda#anta%e Z mais placer la philosophie dans un petit cercle l!%al oN$sans a#ancer$ elle pourrait tourner !ternellement Z permettre deraisonner un peu$ et$ us*u> un certain point$ nautorisant la raison*u> com,attre la raison$ c!tait plus ha,ile et plus sa%e 0n a#aittrou#! la #accine de cette maladie dan%ereuse *ui sappelle le ,onsens

Eu moment oN E,ailard hasarda ce petit mot *ue des id!esn!taient pas des Vtres$ *ue les a,stractions *uon appelait lesuni#ersau n!taient pas des r!alit!s$ mais des conceptions de lesprit$toute l!cole se si%na dhorreur :insurrection r!%ulire commenUacontre la raison E,ailard "it pour elle amende honora,le$ comme "era

plus tard alil!e +eulement il a#ertit ses ineptes ad#ersaires *uensen"onUant !tourdiment dans ce r!alisme *uils croaient plusorthodoe$ ils marchaient droit > un a,[me oN leur orthodoie$ leurdo%me$ irait sa,[mant sans remde u "ond du douLime sicle il

montre d!> +pinoLa

:a raison !tant prohi,!e$ lintuition restait peut-Vtre :esprit$au*uel on d!"endait de marcher$ se mit a #oler /l sappua des

puissances damour et de seconde #ue *ui permettent au %!niedatteindre la #!rit! lointaine et danticiper la#enir :es msti*ues$ pC

par les*uels le pape a#ait acca,l! E,ailard$ #inrent dans leur par"aite


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance CB

estropi! par E#icenne$ d!"i%ur!$ us*u> dire le contraire de sa pens!e$par le panth!iste E#erros et les ca,alistes ui"s

Aoici un curieu spectacle 2es %ens *ui$ dans la croisade$ dans les%uerres des Maures d&spa%ne$ dans letermination des h!r!ti*ues duMidi$ dans lKpre poursuite des ui"s$ croient mettre le "il du %lai#eentre eu et les in"idles$ ils les admettent et les su,issent au cur deleur th!olo%ie$ les ensei%nent dans leurs !coles$ le plus sou#ent$ il est#rai$ en dissimulant leur nom :!clecti*ue ara,e E#icenne impose sesclassi"ications et ,on nom,re de ses id!es > l!clectisme chr!tiendEl,ert-le-rand et de saint Thomas ^ E#icenne$ dit nettement;rucYer dans sa %rande pCB'istoire$ a !t! le roi de l!cole ara,e etchr!tienne _ /n"luence peu orthodoe :e "au Eristote d0rient$

parmi son p!ripat!tisme$ mVle le %erme spinoListe de a#id le ui"$dE#erros et dElYindi

Remercions le dernier historien de la philosophie$ M Haur!au$ ce"erme et coura%eu criti*ue *ui a rompu la ,arrire$ disant nettementce *ue nos amis mVmes$ par un respect "ilial pour les docteurs duMoen-K%e$ s!taient a,stenus de dire /l a !ta,li 3 1 *uils s!taientsou#ent tromp!s$ attri,uant > Eristote les opinions de ses %lossateursara,es Z B *uils ont sou#ent tromp! les autres$ su,stituant > Eristote

ce *uils appellent lespripatticienset dissimulant sous ce nom lesEra,es$ trs in"idles disciples du p!ripat!tisme Z C *ue$ dans leurd!sir passionn! de concilier Eristote *uils connaissent mal$ et 'laton*uils ne connaissent point$ a#ec la doctrine orthodoe$ ils "ont par"oisdire > ces ma[tres le contraire de ce *uils ont dit 'our ne prendre*uun eemple$ El,ert-le-rand$ saint Thomas et uns +cotsaccordent pour attri,uer > Eristote une d!"inition de la cause *uinest point dans ses !crits$ et *ui ne peut Vtre$ !tant ustementoppos!e > lesprit de ses doctrines

2ette tentati#e pour "aire un Eristote orthodoe$ un pa%anismechr!tien$ en mVlant > cette ,ase "ausse *uel*ue peu de doctrine ara,e$tra#estie du manteau %rec et du capuchon dominicain$ donna$ *uelle*ue "Xt la det!rit! de ces %rands docteurs$ un ensei%nement h,ride$trois "ois ,Ktard$ trois "ois "au :eur loua,le intention de r!concilierle monde au sein dune mVme pCCdoctrine$ leur !tonnante #i%ueurda,straction et de su,tilit!$ nen a pas moins produit des monstres


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance CC

dincoh!rence :a di#ision etrVme des *uestions en poudreimpalpa,le$ *ui sem,le #ouloir !claircir et r!ellement o,scurcit$trompe la #ue et la rend "lottante Z #ous resteL em,arrass!$ mais

nullement con#aincu$ au contraire plein de d!"iance Z mille raisons$ etpoint d!#idence Z mille eu > la "ois pour mieu #oir$ tous trou,leset tous louches

:e mulet nen%endre point 2ette !cole est rest!e st!rile &n #ain$aprs saint Thomas$ prit-elle une nou#elle audace *uon crut unmoment cr!atrice n eune cer#eau hi,ernois$ le plus !tonnantdisputeur *ui ait eist!$ uns +cot$ lanUa la scolasti*ue dans leschamps de la "antaisie +aint Thomas$ dans les choses les plusecentri*ues$ par eemple dans ses recherches sur la pscholo%ie des

an%es$ se""orce de %arder encore un peu de raison et de sens Maislintr!pide /rlandais a *uitt! tous les ri#a%es$ certain *uil est *ue toutechose pens!e et *ui peut eisterse classe lgitimement dans les entitsde la substance /l #o%ue au pas inconnus$ au nu!es$ %rossesdVtres !tran%es Z il est "amilier a#ec tous les monstres$ che#auchehardiment la chimre$ lhircocer" et le ,ucentaure

+i le rV#e !*ui#aut > lVtre$ le mot !*ui#aut > la chose$ toutecom,inaison de mots est une com,inaison de choses et de r!alit!s

&ncha[ner des mots$ cest conna[tre 2et encha[nement$ pr!#u$ trac!dans un sstme de "ormules$ nous donne la machine / penser pC4ni*ue et super,e recette pour parler sans u%ement des choses *uonna pas apprises 'enser m!cani*uement$ penser sans penser ` *uelcoup de %!nie ` et *uelle pro"ondeur ` :es sots se "rapprent le "rontd!tonnement et dadmiration Ramond :ulle a #aincu uns +cot$comme +cot a #aincu saint Thomas

Tout cela est ,eau en soi$ mais plus ,eau pour l!ducation et lesha,itudes intellectuelles 2omme d!"ormation de lintelli%ence$

comme %mnasti*ue sp!ciale pour "aire des ,ossus$ des ,oiteu$ des,or%nes$ on ne trou#era rien de sem,la,le /l a ce miracle mVme *uedinconcilia,les d!"auts !taient pourtant concili!s dans cetensei%nement uni*ue /l !tait l!%er$ dinsi%ni"iance$ de "utilit!$ et

pourtant il !tait lourd$ appesanti par les tetes &centri*ue etchim!ri*ue$ il nen tra[nait pas moins > terre par sa lente$ minutieuse$"ati%ante d!duction


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance C4

0n proc!dait prudemment 0n ne se mettait en route *ua#ec unma[tre$ un docteur$ un %uide *ui #ous %ardait > #ue$ r!pondait de #ous

2e ma[tre !tait un manuscrit$ plus ou moins "alsi"i!$ mau#aisetraduction latine dune mau#aise #ersion ara,e ou,le o,scurit!$ etd!> complte a,sence de criti*ue$ ha,itude de con"usion

2ette nuit s!paississait par le commentaire de l!cole :!tudiantprenait l> une pr!cieuse "acult!$ celle de se paer de mot =ue sipourtant il so,stinait > %arder *uel*ue u%ement$ la dispute en #enait> ,out Heureu e""ets de concurrence$ d!mulation$ de #anit! ` Mis en

pr!sence$ dress!s sur leurs er%ots$ pCces eunes co*s prenaient l> uncur h!roP*ue pour ar%umenter > mort$ em,rouiller les *uestions$

stup!"ier les auditeurs$ et eu-mVmes sh!,!ter au #erti%e de leurpropre escrime :a %loire !tait de "errailler si heures$ di heures sansreculer$ et de trou#er des mots encore Tournois su,limes$ miri"i*ues

,atailles *ue la nuit seule pou#ait "inir Ju%es et com,attants$ tous seretiraient pleins dadmiration pour eu-mVmes$ %on"l!s$ #ides et

pres*ue idiots

Errire les com,ats dHomre :a uerre des rats et des%renouilles$ la &ecchia rapita$ doi#ent c!der le pas ici s le

douLime sicle$ la ,oue de la rue du Fouarre$ le ruisseau de la rue+aint-Jac*ues$ #irent$ "ront > "ront$ se heurter les "actions descorni"iciens et des nihilistes :e eu %ra#e de ceu-ci consistait >calculer rapidement$ sans ,roncher$ com,ien de n!%ations il "aut pour"aire une a""irmation eu n!%ations a""irment$ trois nient$ *uatrea""irment encore$ etc$ etc :es corni"iciens (ou "aiseurs dar%umentscornus) a%itaient des pro,lmes detrVme importance$ par eemple 3^ :e porc *uon mne au march! est-il tenu par le porcher ou ,ien parla corde O _ 0n sait lKne de ;uridan Z entre les deu mo,iles !%au$deu tentations !%ales$ deu ,oisseau da#oine$ *ue "era le pau#re

;runeau (cest le nom scolasti*ue de lKne) O :!cole %arantissait *uilresterait immo,ile$ et partant mourrait de "aim

es tVtes nourries de telles pens!es$ sans aucune !tude de "aits$par"aitement pr!ser#!es des lumires de lep!rience$ %rossissaient!tonnamment$ sou""l!es pCQ de #ent et de #ide 0n les #oaitmaestueu$ dans la ro,e adis noire et touours crott!e des 2apets$


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roulant sous leur som,re sourcil et leurs %ros eu menaUants desora%es de sllo%ismes Respecta,les !tudiants *ui er%otaient *uinLeans$ #in%t ans$ sans a#oir amais le cha%rin de c!der > l!#idence

Ethltes #aillants de la sottise et ses champions !m!rites$ sXrs dena#oir point de ri#al$ et dVtre par-dessus tous les hommes$doctement$ lo%i*uement sots

:es sstmes pou#aient passer Z mais la sottise est immortelle=uand tous les "ant\mes de la scolasti*ue disparurent$ sou""l!s par0ccam$ la scolasti*ue su,sista$ comme institution %mnasti*ue$immua,le !cole du Rien

eu historiens illustres ont honor! son tom,eau Hutten$ dune

plume naP#e$ !crit les e""usions touchantes de la momerie i%nare et dela ,Vtise Ra,elais$ dune haute "ormule$ r!sume la sottise sa#ante et le%!nie de l!cole$ posant lhorri"i*ue *uestion 3 ^ 0n demande si la2himre$ ,ourdonnant dans le #ide$ ne pourrait pas d!#orer lessecondes intentions =uestion d!,attue > "ond pendant douLe ou*uinLe semaines au concile _$ etc

(II. ! Proscri#tion de la nature.


0n a#ait asseL adroitement$ ce sem,le$ ,ouch! et cal"eutr! les trouspar oN aurait pu passer la lumire 0n a#ait$ chose in%!nieuse$ au lieude "aire des pC7a#eu%les *ui eussent eu la "ureur de #oir$ on a#ait "aitdes mopes$ des oiseau de nuit$ *ui naimaient point du tout > #oir$au*uels on disait hardiment 3 ^ Re%ardeL Z #ous a#eL des eu _

0n a#ait !%alement d!coura%! les deu puissances$ la raison et la

d!raison$ la lo%i*ue et la proph!tie$ de sorte *ue lesprit humain$ > *uilon interdisait son proc!d! r!%ulier$ na#ait plus mVme la ressourcede ces h!roP*ues "olies par les*uelles il atteint dun ,ond ce *uon luid!"end de toucher &ntre la marche et le #ol$ !%alement prohi,!s$

permis de ramper sur le #entre Z lautorit! satis"aite instituait descourses au clocher pour la chenille et la limace$ et leur proposait des

pri


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance CQ

Tout cela$ cest le lendemain du $onnais-toi dE,ailard et del0vangile ternel$ !%alement !tou""!s Z cest la "lorissante !po*ue du

:om,ard$ ou son manuel de sottise out deu cents commentateursMais #oeL ` :esprit humain a un tel "onds de r!#olte et de per#ersit!nati#e$ *ueclu de l!tude de lKme et des li,ert!s du monde int!rieur$il commenUa > re%arder sournoisement du c\t! de la nature 'lus deli,re raison$ daccord Z plus de po!sie$ > la ,onne heure Mais dumoins$ si lon o,ser#ait ` &st-ce donc une %rande h!r!sie *ue derecueillir les her,es des champs$ dassister lhomme malade$ de tirerdes simples la #ie *u mit ieu et *ui peut r!parer la n\tre O

'reneL %arde$ mon "ils$ preneL %arde /l n a pas en e""et de plus

monstrueuse h!r!sie &h ` cest ustement pC8pour cela *ue les Jui"s etles Era,es sont maudits de ieu Mis!ra,les ` ils nont pu comprendre*ue la maladie est un don$ un a#ertissement du ciel$ un l!%er

pur%atoire de ce monde en d!duction des supplices de lautre ieuaussi$ pour punition$ a multipli! autour deu toutes les tentations dela terre A!rita,les paradis du dia,le$ la huertade Aalence et la vegade renade ont accumul! sur un point tous les tr!sors des troismondes$ &urope$ E"ri*ue et Esie +oie$ riL$ sa"ran$ canne > sucre$dattier$ ,ananier$ mrrhe$ %in%em,re$ al-,ricot et al-coton$ leur

tranni*ue industrie a #iolent! les climats$ em,rouill! lu#re deieu 2es ;ar,ares *ui ont trou#! la poudre$ le papier et la ,oussole$ont eu la t!m!rit! d!le#er des o,ser#atoires pour #eiller de plus prsle ciel$ espionner les !toiles$ *ue dis-e O ils les "ont descendre aumoen dun #erre con#ee$ les o,li%ent de d!poser leur ima%e au "onddune lunette o,scure$ da#ouer tous leurs mou#ements$ dhumiliersous lil de lhomme ces triomphants luminaires *ue lcriture et les'res a#aient sa%ement clou!s au cristal immo,ile des cieu

&n un mot$ les m!cr!ants$ renou#elant le p!ch! dEdam$ se sont

remis > man%er les "ruits de lar,re de science /ls ont cherch! le salut$non dans le miracle$ mais dans la nature Z non dans la l!%ende du Fils$mais dans la cr!ation du 're

2ompreneL donc ce monde-ci$ compreneL le Moen-K%eRemar*ueL *ue pendant *uinLe sicles$ ieu-le-'re$ ieu-le-2r!ateur$ na pas eu un temple$ et pC9 pas un autel +on ima%e$


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us*uau douLime sicle$ est a,solument a,sente (idron$ histoirede (ieu1 approuve par larchev2que de ,aris) Eu treiLime$ il sehasarde de para[tre > c\t! du Fils Mais il reste touours in"!rieur =ui

sest a#is! de lui "aire "aire la moindre o""rande$ de lui "aire dire unemesse O /l reste a#ec sa lon%ue ,ar,e$ n!%li%! et solitaire :a "oule estailleurs 0n le sou""re Z le Fils et la Aier%e$ ma[tres de c!ans$ nelepulsent pas de l!%lise 2est ,eaucoup =uil se tienne heureu*uon ne lui %arde pas rancune 2ar en"in il a !t! ui" &t *ui sait si ceJ!ho#ah est autre *ue lEllah de la Mec*ue O Era,es et Jui"ssoutiennent *uils sont croants de ieu-le-'re$ et *uen r!compenseil leur #erse les dons de sa cr!ation

2r!ation$ production$ industrie de ieu$ industrie de lhomme$ tous

mots de sens peu "a#ora,le et mal sonnants au Moen-K%e :a Force%!n!ratrice$ naP#ement mise sur lautel dans les anciennes reli%ions$"ait scandale dans celle-ci$ pKle et ,lVme reli%ieuse de#ant *ui on ose >

peine parler de maternit! +i la mre est sur lautel$ cest comme#ier%e :a mre nest pas mre Z le "ils nest pas "ils ^ =uoi decommun entre #ous et moi O _ :e pre est-il pre O non pas Znourricier$ et rien de plus :es no]ls du Moen-K%e$ implaca,les pourla modeste et sou""rante ima%e de Joseph$ en "ont leur ris!e

:0rmuLd cr!ateur de la 'erse$ le "!cond J!ho#ah des Jui"s$lh!roP*ue Jupiter de rce$ sont tous des dieu > "orte ,ar,e$ amantsardents de la nature$ ou p4promoteurs !ner%i*ues des acti#it!s delhomme :e dou et m!lancoli*ue ieu du Moen-K%e est im,er,e$et reste tel dans les #rais sicles chr!tiens :es monuments pres*ue

amais ne lui ont prVt! la ,ar,e us*uau rude K%e "!odal :a ,ar,e%!n!ratrice ` > *uoi ,on pour annoncer la "in prochaine du monde O=ue sert den%endrer pour mourir demain O Toute acti#it! producti#edoit cesser ^ AoeL les lis$ ils ne sa#ent pas "iler$ et ils sont mieu#Vtus *ue #ous _ Einsi "init le tra#ail ^ E 2!sar ce *ui est > 2!sar _

Toute patrie "init dans l&mpire ^ Gi rec$ ni Romain$ ni ;ar,are _:&mpire s!croule$ le ;ar,are entre +aint 'aul mVme$ d!mentanthardiment la loi Julia$ tolre > peine le maria%e Z la "amille aussi "init$et de la manire la plus "roide$ les !pou se s!parant dun communaccord$ lui moine$ elle reli%ieuse$ ,ons amis$ par"aitement uns danslid!e de s!paration


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Aoil> la #raie tradition +i lordre de +aint-;eno[t culti#e unmoment la terre$ dans la disette *ui suit lin#asion$ cest uned!ro%ation "orc!e > linertie l!%itime Tout ,ient\t rentre en son repos

2omment la cha[ne des temps allait-elle continuer O :a course!ternelle du monde oN$ comme au "Vtes dEthnes$ ^ tous se passentle "lam,eau de #ie _$ (3t quasi currentes vital lampada tradunt)$n!tait-elle pas "inie O G!tait-ce pas "ait de ce su,lime chur O :esdieu de la ,eaut!$ ,ris!s$ !taient en"ouis dans la terre :esmanuscrits ,rXl!s$ perdus 2onstantinople$ elle-mVme$ sous l/saurieniconoclaste$ "aisait p41au muses la mVme %uerre *ue "aisait r!%oire-le-rand :e our s!tait #u oN lhumanit! ruin!e$ pau#re #eu#e$ eutson dernier patrimoine r!duit > une phrase de 'orphre dans la

traduction de ;o]ce ` :occasion !tait ,elle pour renoncer > toutescience$ pour em,rasser une ,onne "ois lim,!cillit! 'ascal neut eu*ue "aire de dire son mot pieu 3 ^ E,VtisseL-#ous _

/ci #ient la %rande "ormule$ *uon ne man*ue amais de dire 3^ Heureusement les moines !taient l>$ reli%ieu conser#ateurs delanti*uit!$ ses sau#eurs cri#ains in"ati%a,les$ ces ,ons ,!n!dictinscopiaient$ multipliaient les li#res _ &t #oil> ustement oN !tait le mal'lXt au ciel *ue les ,!n!dictins neussent su ni lire ni !crire ` Mais ils

eurent la ra%e d!crire et de %ratter les !crits +ans eu$ la "ureur des;ar,ares$ des d!#ots$ neXt pas r!ussi :a "atale patience des moines"it plus *ue lincendie d0mar$ plus *ue celui des cent ,i,lioth*uesd&spa%ne et tous les ,Xchers de lin*uisition :es cou#ents oN lon#isite a#ec tant de #!n!ration les manuscrits palimpsestes (cest->-dire%ratt!s et re%ratt!s)$ ce sont ceu oN saccomplirent ces idiotes +aint-;arth!lemi des che"s-du#re de lanti*uit!

^ Me trou#ant au mont 2assin$ e demandai hum,lement la %rKcede #isiter la "ameuse ,i,lioth*ue n moine me dit schement

^ MonteL$ la porte est ou#erte _ /l n a#ait ni porte ni cle" :her,epoussait sur la "enVtre Z les li#res dormaient sur les ,ancs dans une!paisse poussire Jou#ris "orce p4B li#res anciens$ mais pas uncomplet Z au uns$ il man*uait des cahiers Z > dautres on a#ait coup!des "euillets pour pro"iter des mar%es ,lanches Je descendis leslarmes au eu$ et e demandai pour*uoi cette mutilation ,ar,are nmoine me dit *ue ses "rres$ pour %a%ner *uatre ou cin* sous$


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l#e d0"ord et de 'aris$ aant !puis! da,ord la creuseth!olo%ie du temps$ il apprit lh!,reu$ le %rec et lara,e$ tranchant les#ieilles *uestions par cette simplicit! hardie 3 ^ /l n a de chr!tien

*ue celui *ui lit lcriture _Eant centralis! > %rands "rais la science dalors$ tout ce *uon

pou#ait a#oir d!crits ara,es et %recs$ il sui#ait la #oie des Era,es$poussait #i%oureusement p44au sein de la nature !nonc!$ comme deuste$ par les moines ses con"rres *ui le croaient ma%icien$ il en#oaau pape pour usti"ication son colossal Opus maus$ se prou#antin"iniment plus coupa,le *uon na#ait cru ^ :a ma%ie nest rien _$disait-il ^ ;ien$ dit l%lise Z mais pour*uoi O _ /l aoutait 3 ^ 'arce*ue lesprit humain peut touten se ser#ant de la nature _

&""raante assertion *ui supprimait la ma%ie$ mais en ren#ersant lama%ie sacr!e$ et laissant pour tout miracle la toute-puissance delhomme

&ncore sil neXt en#o! *uun li#re ` mais il oi%nit un li#re#i#ant$ un homme impro#is! par lui$ se d!nonUant ainsi pour le plusrapide$ le plus terri,le !ducateur *ui eXt eist! ^ AoeL ,ien$ disait-ilau pape$ ce eune homme *ui porte mon li#re Z il sappelle Jean de

'aris Z il a appris en une ann!e ce *ui men a coXt! *uarante _Foudroante rapidit! de l!ducation du ,on sens ` 'uissance

!tran%e de tirer$ a#ec l!tincelle !lectri*ue$ la science pr!eistante aucer#eau de lhomme$ et den "aire aillir la Miner#e arm!e `

:es moines a#aient trs ,ien dit *ue ce dan%ereu ;acon "or%eaitune tVte dairain *ui de#ait rendre des oracles

:e pape$ *ui reUut ce messa%e$ "ut stup!"ait$ nosa toucher au

ma%icien +on successeur lemprisonna 2om,ien udicieusement `+on li#re$ plein de lueurs terri,les$ pr!parait pour un nou#eau mondela "orce et la #!rit!

p4:a "orce$ l!%alit! des "orces$ la poudre et lartillerie$ sontensei%n!es Z lEm!ri*ue indi*u!e$ pr!dite$ et cest sur ce mot *uest

parti 2hristophe 2olom, :e t!lescope$ connu des Era,es$ est pour la


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premire "ois ici entre#u par un chr!tien :a haute loi des sciences etde lhomme$ la per"ecti,ilit! ind!"inie$ se lit dans lOpus mauscin*cents ans a#ant 2ondorcet =ue de#ient le tpe immua,le de

l4mitationet le $onsummatum estO0n leXt ,rXl! certainement Mais il lui ad#int ustement ce *ui

arri#a plus tard > son con"rre Ernauld de Ailleneu#e$ lin#enteur deleau-de-#ie :e pape le poursuit comme pape$ le m!na%e commem!decin ;acon a !crit un li#re sur les moens d!#iter les in"irmit!sde la #ieillesse +i ce m!cr!ant a#ait lart d!terniser la #ie delhomme O 'endant *ue le pape rumine cette *uestion et ce doute$;acon$ *ui a *uatre-#in%ts ans$ se tire da""aire en mourant et #ole sesennemis le ,onheur de lui #oir "aire le d!sa#eu de alil!e

Aoil> la perpleit! de lautorit! de ce temps :homme de lespritest !,ranl! par les craintes du corps$ le d!sir de #i#re$ de sau#er lachair :es papes approu#ent la m!decine$ sentourent de m!decins

ui"s$ mais d!"endent lanatomie$ la chimie$ les moens de lam!decine :es o,ser#ateurs sont d!coura%!s :!tude des "aits est tropdan%ereuse 0n sa,rite derrire les li#res$ on se m!na%e de #ieutetes pour appuer la science #aine$ "antas*ue$ dima%ination :echamp de la #!rit! se st!rilise Z nulle d!cou#erte au *uatorLime

sicle

p4Q &n re#anche$ lerreur est "!conde :e peuple des hommesderreur$ des ,a#ards et des "ripons$ astrolo%ues et alchimistes$ #amultipliant :es math!maticiens$ s!rieu au douLime sicle$ du tempsde Fi,onacci et de l!cole de 'ise$ sont des sorciers au *uatorLime$des "aiseurs de carr!s ma%i*ues 2harlema%ne a#ait une horlo%e *uila#ait reUue du cali"e Z mais saint :ouis$ *ui re#ient d0rient$ nen a

pas et mesure ses nuits par la dur!e dun cier%e :a chimie$ "!condecheL les Era,es d&spa%ne et prudente encore cheL Ro%er ;acon$

de#ient lart de perdre lor$ de lenterrer au creuset pour en tirer de la"um!e :a reculade *ue nous notions en philosophie$ en litt!rature$ se"ait plus ma%ni"i*ue encore et plus triomphante dans les sciences2operniY$ Har#e$ alil!e$ sont aourn!s pour trois cents ans nenou#elle porte solide "erme le passa%e au pro%rs$ porte !paisse$ portemassi#e Z la cr!ation dun monde de ,a#ards *ui asent de la naturesans sen occuper amais


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance 4B

;onne l!%ion de ren"ort pour larm!e immense des sots


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance 4C

(III. ! Pro#htie de la $enaissance. ! 0vangile ternel.


:a Renaissance s!tait pr!sent!e au douLime sicle comme lasi,lle > cet ancien roi de Rome$ les mains toutes pleines da#enir$char%!es des li#res du destin Z il h!site de cin* #olumes$ elle en ,rXledeu$ et pour trois demande le mVme pri *ue pour cin* /l p47h!site Zdeu #olumes disparaissent encore dans les "lammes /l lui arrache ce*ui reste$ et il lachte > tout pri

2est ainsi *ue la Renaissance$ en son premier essor$ o""rit toutda,ord > lhomme les #oies rapides et directes de linitiationmoderne Z si ,ien *ue les raisonneurs et les msti*ues mVme de ce

premier K%e se "ont entendre de nous ,ien mieu *ue tous leurssuccesseurs 'uis$ ce moment solennel !tant pass! et man*u!$ les#oies de la Renaissance de#iennent o,li*ues$ incertaines Z elle nesachemine au ,ut *ue par des circuits immenses Z ,ien plus$ par destKtonnements$ ds impasses oN elle se heurte :esprit humain"our#o!$ las de ces am,a%es in"inis$ sassoit plus dune "ois au

pierres du chemin$ et l>$ comme un en"ant *ui pleure$ ne #eut plus!couter personne$ ni marcher$ sinon peut-Vtre pour "aire des pasr!tro%rades *ui dou,leront sa "ati%ue$ et l!loi%neront du ,ut

Rappelons le point de d!part$ le premier criti*ue$ le premierprophte$ lauteur du $onnais-toi toi-m2me$ et la r!#!lation del0vangile ternel

:ors*ue E,ailard$ proscrit de l!cole de la Monta%ne$ proscrit deson asile mVme$ la,,ae de +aint-enis$ alla se cacher au d!sert$ il

dressa lautel nou#eau du 'araclet$ du +aint-&sprit$ de l&sprit descience et damour ne telle lumire ne put se d!ro,er :es !coles lesui#irent a#ec toutes leurs nations$ camprent autour de lui commeelles purent$ ,Ktirent des ca,anes$ une #ille s!le#a dans le d!sert$ p48>la science$ > la li,ert! 2e monde indi%ent d!coliers se trou#a riche enun moment pour ,Ktir le nou#eau temple$ *ue de#ait %arder H!loPse


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+on a,,ae du 'araclet$ "ond!e de laum\ne du peuple$ "ut lapremire et la dernire !%lise *uon !le#a au +aint-&sprit

:&sprit-+aint$ mis!ra,lement ou,li! ou pau#rement repr!sent!sous une "i%ure ,estiale$ E,ailard la#ait r!ta,li dans son droit parcette statue c!l,re oN les trois personnes de la Trinit! parurent dansleur !%alit!$ toutes trois sous #isa%es dhomme tran%e trinit! us*ue-l>$ dans la*uelle ne paraissaient ni le 're ni le +aint-&sprit `

&t il ensei%na que l3sprit tait identique / l%mour$ *ue le Fils!tait$ non lamour$ comme le disait le Moen-K%e$ mais lintelli%enceet la parole octrine anti*ue con"orme au ori%ines platoniciennes duchristianisme octrine de %rande port!e moderne$ *ui ou#rait

linterpr!tation$ #oulait sau#er lancienne "oi en lui m!na%eant lepro%rs$ de sorte *uelle allKt s!tendant > la mesure du nou#eaumonde

0n sait a#ec *uelle "ureur sau#a%e cette #oi "ut !tou""!e par ceu*ui #oulaient p!rir Tous les sstmes$ ds lors$ dinterpr!tation hardie$destructi#e$ paraissent au douLime sicle :es Aaudois$ d!%a%eantl#an%ile du lieu et du temps$ ensei%nent *uil se renou#elle tous les

ours$ *ue lincarnation de ieu en lhomme recommence sans cesse

et *uelle est sa 'assion onc l#an%ile ne date plus de telle ann!ede Ti,re Z il est de toutes les ann!es et de p49tous les temps$ hors dutemps Z il est l0vangile ternel

Redouta,le simpli"ication$ *ui apparut comme la mort duchristianisme :a plupart "r!mirent et "ermrent les eu de#ant cettecuisante lumire Mais elle ,rillait ineora,le$ et du dedans au dehors$du "ond mVme de leur esprit

/l a#ait en 2ala,re un simple$ le portier dun cou#ent$ nomm!

Joachim n our *uil rV#ait au ardin$ une "i%ure dhommemer#eilleusement ,elle lui appara[t$ un #ase en main$ le lui met aul#res Joachim$ discrtement$ ,oit une %outte 3 ^ &h ` pau#re homme$dit linconnu$ si tu a#ais ,u us*uau "ond$ tu aurais ,u toutla#enir ` _


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Mais$ naant pris *uune %outte$ moins !clair! *ue tourment!$!pou#ant! des a,[mes *ui sou#raient au christianisme$ Joachim *uittason pas et chercha au tom,eau du 2hrist lapaisement de ses

tentations Eu retour$ dit son disciple$ il sarrVta en +icile dans uncou#ent au pied de l&tna$ et il "ut saisi dune si !tran%e pens!e$*uil eut trois ours dune sorte da%onie$ sans pouls$ sans #oi etcomme mort =ua#ait-il rV#! O on nen sut rien *ue lon%temps aprs$lors*uil se d!cida > en "aire !crire *uel*ue chose 3 ^ J!tais > ses

pieds$ !cri#ais$ et deu autres a#ec moi Z il dictait nuit et our 3 son#isa%e !tait pKle comme la "euille sche des ,ois _

2ette uni*ue %outte deau$ ,ue dans lamour et la simplicit! delurne > la#enir$ cest une mer$ #ous alleL le #oir

2hose !tonnante ` le christianisme naissant sem,lait p sVtrecompris lui-mVme comme un simple K%e du monde$ une de ses "ormeshistori*ues Tertullien dit au deuime sicle 3 ^ Tout mXrit$ et laJustice aussi &n son ,erceau$ elle ne "ut *ue 5ature et crainte deieu :a 6oi et les prophtes ont !t! son en"ance$ l0vangile sa

eunesse 3 le &aint-3spritlui donnera sa maturit!

:homme de lan 1B en sait plus /l sait *ue le +aint-&sprit$ cest

le li,re esprit$ lK%e de science 3^ /l eut trois K%es$ trois ordres de personnes parmi les croants

:es premiers ont !t! appel!s au tra#ail de laccomplissement de la:oi Z les seconds$ au tra#ail de la 'assion Z les derniers$ *ui procdentdes uns et des autres$ ont !t! !lus pour la li,ert! de la contemplation2est ce *uatteste lcriture lors*uelle dit 3 ^ 0N est l&sprit du+ei%neur$ l> est la :i,ert! _ :e 're a impos! le tra#ail de la :oi$ *uiest la crainte et la ser#itude Z le Fils$ le tra#ail de la iscipline$ *ui estla sa%esse Z le +aint-&sprit o""re la :i,ert!$ *ui est lamour :e

deuime K%e$ sous l#an%ile$ a !t!$ est li,re$ en comparaison decelui *ui pr!c!da$ mais non relati#ement > lK%e > #enir

^ Eu peuple ui" a !t! commise la lettre de lEncien Testament Z aupeuple romain$ la lettre du Gou#eau Z au hommes spirituels a !t!r!ser#!e lintelli%ence spirituelle$ *ui procde de lun et de lautre _


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance 4Q

:e mstre de roaume de ieu apparut da,ord comme dans unenuit pro"onde$ puis il est #enu > poindre comme laurore Z un our ilraonnera dans son plein midi Z car$ > cha*ue K%e du monde$$ la

science cro[t et de#ient multiple /l est !crit 3 ^ ;eaucoup p1passeront$et la science ira se multipliant _

:e premier K%e est un K%e descla#es Z le deuime$ dhommesli,res Z le troisime$ damis :e premier K%e$ de #ieillards Z ledeuime$ dhommes Z le troisime$ den"ants Eu premier$ les orties Zau deuime$ les roses Z au dernier$ les lis _ ($oncordia$ p 9$ B$ 9Q$11B)

Aoil> ce *ue Tertullien na point #u$ et *ui est %rand$ #raiment

inspir! de l&sprit$ de la lumire des c7urs :ancien docteur menait la"oi de len"ance > lK%e mXr Z et Joachim la montre *ui de#ient eunedK%e en a%e Z pour "ruit de la maturit!$ pour couronne de la sa%esse$ ilnous promet len"ance 0h su,lime parole :a sainte en"anceh!roP*ue du cur$ cest par elle$ en e""et$ *ue toute #ie recommence `

R%ne du li,re esprit$ K%e de science et den"ance > la "ois `octrine attendrissante *ui em,ar*ue le %enre humain dans ce#aisseau damis oN ante aurait d!sir! de #o%uer pour touours$ oN

nous-mVmes demandons > ieu de na#i%uer de monde en monde `2e %rand ensei%nement !tait lalpha de la Renaissance /l circula

ds lors comme un #an%ile !ternel 'lusieurs lensei%nrent dans les"lammes &t Jean de 'arme$ au 2ordeliers$ pro"essa hardiment 3^ )uod doctrina 8oachimi excellit doctrinam $hristi _

I1. ! L%0vangile hro2que. ! 3ean et 3eanne. !

Im#uissance de /ante.


:e premier mot de la Renaissance !tait dit$ et le plus "ort Toutesses tentati#es ult!rieures$ celles pB mVme du seiLime sicle$ sontrelati#ement r!tro%rades :ori%inalit! de %!nie et din#ention$ la


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attest! contre les papes$ lest ,ient\t contre les rois :es Marcel et lesErte#eld croient "onder la R!pu,li*ue sur la ,ase de la ,our%eoisie2elle-ci se d!ro,e et se""ace$ saplatit$ et tout s!croule

G!e hier > peine du peuple$ elle le #oit a#ec !pou#ante dans sapremire apparition :a r!#olution de 'aris ne #eut a#oir rien decommun a#ec la Jac*uerie des campa%nes &lle en "r!mit$ en ahorreur 2e :aLare ressuscit! est tellement d!"i%ur! *ue tout "uit > sonapproche Z est-ce un homme encore O on en doute$ on se dispense dena#oir compassion

&t pourtant$ > ce moment$ une r!#olution commenUait$ o,scure$mais %rande et sainte$ pr!lude p4 dunit! "raternelle :e %!nie de

cha*ue nation$ *ui est surtout dans sa lan%ue$ r!#!lait$ par de timidestentati#es$ par un premier ,!%aement$ ce mstre dunit! 3,atrie 9

:/talie commenUait > parler le mVme idiome Z au dialectes e""ac!ssucc!dait la lan%ue dusi :a France d!nouait la sienne dans Froissart$son charmant conteur &n attendant *ue :uther rend[t son Aer,e >lEllema%ne$ un simple$ un h!ros$ un prophte$ Jean Huss$ a#ait"ormul! celui de la ;ohVme$ !#o*u! le %!nie sla#e$ cr!! sa patrie et salan%ue

'atrie ` mot saint ` pour*uoi "aut-il *uen t!cri#ant la #ue setrou,le et so,scurcissent les eu O &st-ce ta lon%ue et tra%i*uehistoire$ lacca,lant sou#enir de tant de %loire$ de tant de chutes$ *ui

pse trop sur notre cur O 0u ,ien ton point de d!part$ la 'assiondouloureuse *ui commence ton /ncarnation$ lhistoire de cette "emmeen *ui tu apparus$ et *ui$ cont!e cent "ois$ cent "ois renou#elle leslarmes O

:e monde$ a,reu#! de l!%endes et de "au miracles$ #it le #rai et le

r!el$ un miracle sXr$ ne le sentit pas

=uelle l!%ende pourtant$ *uelle "a,le se soutient de#ant cettehistoire O es trente mille incarnations de l0rient$ des dieu mortelsde l0ccident$ h!ros$ sa%es ou martrs$ *ui osera lutter ici O


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+on%eL- ,ien /ci$ ce nest pas un docteur$ un sa%e !prou#! par la#ie et "ort de ses doctrines 2e nest point un martre passi"$ repouss!$accept! 2est un martre acti"$ #oulu$ pr!m!dit!$ une mort

pers!#!rante p de ,lessure en ,lessure$ sans *ue le "er d!coura%eamais$ us*u> la""reu ,Xcher

:#an%ile monasti*ue$ renou#el! alors par le li#re de l4mitation$nous dit 3 ^ FueL ce m!chant monde _ :#an%ile h!roP*ue (unli#re O non$ une Kme) nous dit 3 ^ +au#eL ce monde$ com,atteL etmoureL pour lui _

&t *uel est ce r!#!lateur$ cet !tonnant martr *ui prVche de sonsan% > tra#ers les !p!es O 2est cette "ille *ui "ilait hier prs de sa

mre$ une "ille des champs$ i%norante$ une en"ant Mais sa "orce estson cur$ et dans son cur est sa lumire

&lle cou#re la patrie de son sein de "emme et de sa pi!t! /l auraune patrie &lle seule dit et sentit ce mot 3 ^ :e san% de la France ` _:a France na[tra de cette larme

&t$ la patrie "ond!e$ elle "onde sur le ,Xcher$ dans son i%norancesu,lime *ui con"ond les docteurs$ lautorit! de la #oi int!rieure$ le

droit de la conscience:e monde #a tom,er > %enou O #ous le croeL O lui dresser un

autel O !trompeL-#ous =uand le ,Xcher sallume$ *uand lanti*uel!%ende$ *ue tous ont > la ,ouche$ repara[t$ r!elle$ a%randie$ personnene la reconna[t$ personne n prend %arde &t cest nous$ criti*uesmodernes$ *ui trou#ons si tard la sainte reli*ue$ pour lassocier aun\tres$ au %rands morts de la li,ert!

0 %!n!ration malheureuse ` E%e d!sesp!r! *ui #it sans #oir ` &st-

ce donc lecs des mau$ la torpeur des misres$ la "aim$ la #oi du#entre$ *ui "erma pQ#otre oreille$ ,oucha #os eu et #otre esprit O

Gon$ mVme a#ant ces mau$ un pesant prosaPsme$ une l!thar%ie deplom,$ a#aient en#ahi le sicle$ disons mieu$ un n!ant ` Ma[tresalou du peuple$ ses pr!tendus !ducateurs na#aient "orm! *uunpeuple dom,res :a st!rilit!$ tant prVch!e$ a#ait trop r!ussi :eMoen-K%e$ en sen allant$ laissait derrire lui un d!sert


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Jules Michelet @ Histoire de France Tome A// 3 Renaissance

=ui restait pour entendre ante O 'ersonne &t pour comprendre0ccam$ *uand il ,risa la scolasti*ue O 'ersonne Tout "ut an!anti

2om,ien moins restait-il des hommes pour comprendre Jeanne arc$l#an%ile h!roP*ue du peuple$ la proph!tie #i#ante de la R!#olution O

/l s!tait "ait plus *ue le #ide$ plus *ue le d!sert et la mort 2ar unechose #i#ait$ la discorde$ le %erme du "atal di#orce dont nous %oXtonstouours les "ruits$ et *ui est le malheur dura,le de ce peuple 3 deux

*rances en une$ deu peuple

Documents

Michelet,Jules - Histoire de France - Tome 7 Renaissance (Uqac)