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Initiation à la science économique Cycle des ingénieurs Enseignant : Mohammed BENAYAD Année universitaire : 2011-2012

Microéconomie Ch1 V 14-02-12 (1)

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Microeconomy

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Initiation à la science économique Cycle des ingénieurs Enseignant : Mohammed BENAYAD

Année universitaire : 2011-2012

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Table des matières

Introduction ....................................................................................Erreur ! Signet non défini. 1. Les lois fondamentales de l’économie du marché ......................................................... 7

1.1. Les lois régissant la demande et leurs implications .................................... 7 1.2. Les lois régissant l’offre et leurs implications ........................................... 14 1.3. L’équilibre du marché et la loi de l’offre et de la demande ............................ 18 Exercices du chapitre 1 .................................................................................. 32

2. Optimisation de la production dans un marché de concurrence parfaite ......................

2.1. Technologie et contraintes techniques ......................................................... 2.2. Les fonctions de coûts ................................................................................. 2.3. Minimisation des coûts ................................................................................ 2.4. Maximisation du profit ................................................................................. Exercices chapitre 2............................................................................................

3. Optimisation de la production dans un marché monopolistique ...................................

3.1. Principales raisons de l’existence des monopoles ........................................ 3.2. Fonction de demande et équilibre du monopole ........................................... 3.3. Monopole et bien être social ......................................................................... Exercices du chapitre 2 ......................................................................................

4. Optimisation de la production dans un marché de concurrence imparfaite ................. 4.1. Les raisons de l’oligopole et stratégies des concurrents ................................ 4.2. Le duopole de Cournot : Concurrence par les quantités ................................. 4.3. Le duopole de Bertrand : Concurrence par les prix ..................................... 4.4. Le duopole de Stackelberg ........................................................................... 4.5. La concurrence monopolistique ................................................................... Exercices du chapitre 5 ......................................................................................

5. Optimisation du choix du consommateur ...................................................................... 5.1. Ensemble de consommation et contrainte budgétaire .................................. 5.2. Préférences et fonction d'utilité .................................................................... 5.3. L’optimisation du choix du consommateur ..................................................

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Abstract

Ce support pédagogique est le fruit de quatre années d’enseignement de la microéconomie aux étudiants de l’Ecole Supérieure des Industries du Textile et de l’Habillement (ESITH). Il présente les principales lois régissant le

marché avant de s’intéresser à la spécification du comportement du producteur respectivement dans les contextes de concurrence pure et

parfaite, de monopole et de concurrence monopolistique. Le manuel est clôturé par un chapitre réservé à l’analyse du comportement du consommateur et son programme d’optimisation.

L’élaboration du support s’est inspirée de l’ouvrage de Hal R. Varian «Introduction à la microéconomie»1. Des explications ou des détails ont été

puisés dans diverses autres sources. Des exercices pratiques sont suggérés à la fin de chaque section et chaque fois que c’est opportun, des exemples se référant à la réalité économique marocaine ont été cités à titre d’illustration.

1 Hal R. Varian « Introduction à la microéconomie », traduction de la 6ème édition américaine

par Bernard Thiry, édition Nouveaux Horizons, 2005.

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1. Les lois fondamentales de l’économie du marché

Quelles sont les éléments qui animent les marchés des biens et services ? Existent-ils des lois qui régissent ces marchés ? Quelles sont leurs caractéristiques fondamentales et leurs principaux déterminants ? Convergent-ils vers un équilibre ou faut-il qu’il y ait des interventions des gouvernements pour les réguler à travers l’élaboration et la mise en œuvre des politiques économiques ? Quelles sont les incidences de ces politiques sur l’équilibre du marché et sur ses opérateurs ?

Ce premier chapitre, présentera des éléments de réponse à ces questions tels que élaborés au fil des années par les fondateurs de la pensée économique et par les économistes en général. On analysera les lois fondamentales de l’économie du marché en présentant, dans une première section, les lois régissant la demande. La deuxième section examinera les lois régissant l’offre et leurs implications. La dernière section analysera la notion d’équilibre du marché sous différentes facettes.

1.1. Les lois régissant la demande et leurs implications

Comme mentionnée ci-dessus, cette section sera consacrée à la présentation des lois fondamentales régissant la demande et leurs implications. On procèdera, dans un premier temps, à la présentation des facteurs déterminant la quantité demandée et à la spécification de la courbe de demande avant de présenter les autres facteurs qui l’influencent. Le dernier paragraphe sera consacré à la présentation du concept du surplus du consommateur comme outil permettant de mesurer l’impact des variations de la demande sur le bien-être du consommateur.

1.1.1. Les lois fondamentales de la demande

La quantité demandée d’un bien ou d’un service est la quantité de ce bien ou service que les consommateurs souhaitent acheter et sont capables de la payer. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à la détermination de la quantité demandée d’un bien ou d’un service. Il s’agit, entre autres, du prix du bien ou service, du revenu de l’acheteur, de l’existence de biens ou services substituables ou complémentaires sur le marché, de la nature du bien ou service concerné (normal, inférieur ou de luxe) des préférences, des anticipations, du nombre d’acheteurs, etc.

Parmi ces facteurs, le prix figure comme l’une des variables les plus déterminantes de la quantité demandée. En effet, si l’on considère toutes les autres variables influençant la quantité demandée comme fixes, on peut conclure que cette quantité est une fonction décroissante du prix du fait qu’elle tend, en général, à baisser quand le prix augmente et à augmenter quant le prix diminue.

Cette relation générale présente, cependant, des exceptions. En effet, pour certains biens et services de luxe (les œuvres d'art, le recrutement des grands chefs d'entreprises, les biens de snobisme, etc.), lorsque les prix augmentent, les vendeurs sont moins disposés à vendre et les acheteurs plus désireux d'acheter. Ainsi, contrairement à la loi de la demande, la hausse des prix de ces biens engendre une augmentation de la quantité demandée. Ce phénomène est nommé effet Veblen (économiste ayant étudié ce phénomène), de snobisme ou d'ostentation. Le comportement des prix de ces biens demeure donc une exception à la règle générale régissant la demande.

20

0

10

30

40

P

Quantité

demandée

Graphique 1.1. Courbe de demande

0 2 4 6 8

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Le graphique 1.1 illustre cette loi générale de la demande stipulant que, toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité demandée est une fonctionne décroissante du prix. C.à.d. le prix et la quantité demandée varient dans le sens inverse : quand le prix augmente la quantité demandée diminue et inversement quand le prix diminue la quantité demandée augmente.

Ainsi, sur la courbe de demande du graphique 1.1, en supposant que les autres facteurs influençant la demande sont constants, on peut lire que quand le prix est égal à 40, la quantité demandée est de 2 unités. Si le prix baisse à 20, la quantité demandée augmente à 6. Le sens inverse de variation permet de conclure que si le prix augmente de 20 à 40 la demande baissera à 2. La variation du prix conduit,

ainsi, à un mouvement le long de la courbe de demande. Ceci nous amène à se poser la question suivante : les autres facteurs influençant la quantité demandée permettent-ils d’opérer le même déplacement ?

Examinons dans un premier temps l’effet d’un changement du revenu de l’acheteur sur la quantité demandée. Supposons que l’acheteur a subit une baisse de son revenu. Il aura donc moins à dépenser pour certains biens et fort probablement pour la plupart des biens. Quand la demande d’un bien diminue suite à une baisse de revenu, ce bien est qualifié de bien normal.

Le graphique 2.2 illustre l’effet de la variation du revenu sur la demande d’un bien normal. Si le revenu baisse, la quantité demandée, pour le même prix, baisse de Q1 à Q2. On assiste à une translation à gauche de la courbe de demande. Inversement, si le revenu s’améliore, la courbe de demande se déplace à droite et la quantité demandée passe de Q1 à Q3. Ainsi, l’on peut conclure que la quantité demandée d’un bien normal est fonction positive du revenu. Cette relation générale présente, cependant, certaines exceptions.

En effet, tous les biens ne sont pas normaux. Quand la demande d’un bien augmente suite à une baisse du revenu ce bien est qualifié de bien inférieur (bien Giffen). Le service de transport en commun est un exemple de ce type de biens. En effet, lorsque le revenu d’un consommateur moyen diminue, il préfère délaisser sa voiture au profit du transport en commun. Inversement, si son revenu augmente,

il utilise moins le service de transport en commun. Ainsi, la quantité demandée d’un bien inférieur est fonction négative du

revenu : quand le revenu augmente elle baisse et s’il diminue elle augmente. Les deux variables varient dans les sens inverses.

La quantité demandée subit, également l’effet des prix des autres biens sur le marché. Quand la baisse (la hausse) du prix d’un bien conduit à la baisse (la hausse) de la quantité demandée d’un autre bien, ces deux biens sont qualifiés de biens substituables.

P

0

D1

Quantité

demandée

Prix

Graphique 1.2. Effet du revenu sur la

demande

D2

D3

Q2 Q1 Q3

Question 2 à méditer Comment se déplacerait la courbe de demande du graphique 1.2 si l’on

fait face à un bien inférieur ?

Question 1 à méditer Pourquoi on représente le prix dans l’axe vertical et la quantité demandée dans l’axe horizontal lorsqu’on trace une courbe de demande ?

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C’est le cas de la viande du bœuf et du poulet, du cinéma et des DVD, des vestes et blousons, des slips et des calçons, etc. Dans ce contexte, la quantité demandée

est fonction positive des prix des biens substituables. Ceci implique que les deux variables varient dans le même sens.

D’un autre côté, quand la baisse (la hausse) du prix d’un bien conduit à l’augmentation (la baisse) de la quantité demandée d’un autre, les deux biens sont qualifiés de biens

complémentaires. C’est le cas de l’essence et la voiture, le pain et la levure, les chaussettes et les chaussures, etc. L’on peut conclure donc que la quantité demandée est fonction négative des prix des biens complémentaires. Les deux variables varient dans des sens opposés.

Les goûts et les préférences figurent parmi les déterminants les plus importants de la demande. Si l’on aime un bien ou un service on est plus disposé à en consommer plus que les autres et à y consacrer une partie plus importante de notre revenu. Ainsi, la quantité demandée est fonction positive des préférences. Plus on préfère un bien plus on en consomme.

Il convient de mentionner, à cet égard, que les économistes s’intéressent plutôt à l’explication de l’effet des préférences sur le demande qu’à l’explication des préférences elles-mêmes. En effet, cette explication relève plutôt de domaine du marketing et s’explique par des considérations historiques et psychologiques qui vont au-delà du champ de l’économie.

Les anticipations du futur exercent, également, un effet sur la quantité demandée aujourd’hui. Ainsi, si l’on s’attend à une augmentation du revenu dans le futur on peut être enclin à dépenser une partie de l’épargne actuelle ou s’offrir un crédit aujourd’hui en vu d’augmenter la consommation présente. De même, si l’on s’attend à une augmentation de l’inflation (hausse des prix) dans le futur, on préférerait consommer plus aujourd’hui.

Cependant, l’effet des anticipations sur la quantité demandée dépend de la nature des anticipations et des variables anticipées et il serait difficile de déduire une règle générale liant les anticipations à la quantité demandée. Mais l’on peut conclure que les anticipations conduisent à une translation de la courbe de demande. Le sens de cette translation dépend de la nature des anticipations et des variables anticipées.

Enfin, le nombre d’acheteurs exerce un effet positif sur la quantité demandée. Plus le nombre d’acheteurs augmente plus la quantité demandée augmente. Cet effet, découle du fait que la demande du marché est une agrégation des demandes individuelles. Elle dépend donc de tous les facteurs, examinés ci-dessus, qui déterminent la demande individuelle. Le tableau ci-dessous récapitule la nature des effets de ces facteurs sur la quantité demandée et sur le déplacement de la courbe de demande.

Il ressort de ce tableau que mis à part le prix dont les variations induisent un déplacement le long de la courbe de demande, les variations des autres variables déterminant la demande provoquent une translation de la courbe de demande. Le sens de cette translation dépend de la nature positive ou négative de l’effet de la variable concernée.

Il convient de relever, enfin, que le tableau ne fait ressortir que la nature (positive ou négative) de la relation de la quantité demandée aux variables qui la déterminent sans en mesurer l’ampleur. Comment peut-on donc quantifier ces effets ? C’est l’objet de la prochaine section.

Question 3 à méditer Comment se déplacerait la courbe de demande du graphique 1.2 si l’on fait face à des biens substituables ou complémentaires ?

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Tableau 1.1. Tableau synthétique des effets des variables déterminant la quantité demandée

Variables Nature de l’effet sur la

quantité demandée Mouvement de la courbe

de demande

Prix : o Prix d’un bien o Prix d’un bien de luxe

Négatif Positif

Le long de la courbe Le long de la courbe

Revenu : o Bien normal o Bien inférieur

Positif Négatif

Translation Translation

Prix des autres biens : o Biens substituables

o Biens complémentaires

Positif

Négatif

Translation

Translation

Préférences Positif Translation

Anticipations Positif/Négatif Translation

Nombre d’acheteurs Positif Translation

1.1.2. L’élasticité de la demande

L’élasticité mesure le rapport des variations de deux variables liées par une relation de cause à effet. Plus précisément, elle meure la réaction d’une variable expliquée (la quantité demandée) suite à une variation de l’une des variables explicatives (prix, revenu, prix des autres biens, etc.) toutes choses étant supposées égales par ailleurs. Elle est souvent exprimée par la variation induite d’une augmentation de 1% de la variable explicative.

En termes formels, supposons que ε exprime l'élasticité, x la variable explicative et y la variable expliquée. L’élasticité est mesurée par le rapport des variations proportionnelles (en pourcentage) de x et de y soit :

continues Variablesdiscrètes Variables

),( et ),(x

y

y

x

x

x

y

y

xyx

y

y

x

x

x

y

y

xy

A titre d’exemple supposons que la variable explicative "x" varie de 5% et que suite à cette variation, la variable expliquée "y" a connu

une évolution de 15%, l’élasticité "ε" de y par rapport à x serait : ε =15%/5% = 3. Le chiffre 3 indique que le changement de y induit par la variation de x est proportionnellement trois fois plus important.

Le calcul de l’élasticité soulève, cependant, certains problèmes. En effet, si l’on se réfère au graphique 1.3, l’élasticité en allant du point A au point B (εA/B) est différente de l’élasticité du point B au point A (εB/A). Ainsi :

1

40

402080

80120

et 33,0

20

2040120

12080

//

ABBA

P

20

30

40 B

A

Q 80 100 120 400 440 Q

Graphique 1.3. Calcul de l’élasticité par la

méthode du point milieu

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Afin d’éviter ce problème, les économistes utilisent la méthode du point milieu pour calculer l’élasticité. Ainsi, le point milieu des prix serait égal à 30 = 40+20/2 et le point milieu des quantités serait 100 = 120+80/2. La méthode du point milieu consiste à calculer la variation en pourcentage en divisant l’écart entre la valeur finale et la valeur initiale par le point milieu au lieu de la valeur initiale comme il se fait dans le calcul habituel des pourcentages. L’application de cette méthode à l’exemple ci-dessus donne les résultats suivants :

66,0

30

4020100

80120

et 66,0

30

2040100

12080

//

ABBA

Il est à remarquer que la méthode du point milieu permet d’aboutir au même résultat quelque soit le sens du calcul de l’élasticité entre deux points. Cette méthode peut être formulée d’une façon générique entre deux points A(QA,PA) et B(QB,PB) de la façon suivante :

BA

BA

BA

BA

BA

BA

AB

AB

AB

AB

QQ

PP

P

Q

PP

PP

QQ

QQ

PP

PP

QQ

QQ

]2/)[(

)(

]2/)[(

)(

]2/)[(

)(

]2/)[(

)(

Ces précisions de calcul étant faites, l’élasticité-prix de la demande mesure comment la quantité demandée d’un bien ou d’un service réagit au changement de prix de ce bien. Elle est définie comme le rapport entre la variation relative de la quantité demandée d'un bien et la variation relative du prix de ce bien. Ainsi, si Q est la quantité demandée et P est le prix, l’élasticité-prix de la demande est définie par :

0),( et 0),(

continues Variablesdiscrètes Variables

P

Q

Q

P

P

PQ

Q

pQP

Q

Q

P

P

PQ

Q

pQ

Les courbes de demande sont classées généralement en fonction de leur élasticité-prix. Les économistes considèrent qu’une demande est élastique si l’élasticité-prix est supérieur à 1 c.à.d. la quantité demandée varie plus proportionnellement que la variation du prix : si le prix varie de 1%, la quantité demandée varie de plus de 1%. La demande est jugée inélastique au prix si l’élasticité est inférieure à 1 c.à.d. la quantité demandée varie moins

proportionnellement que la variation du prix : si le prix varie de 1%, la quantité demandée varie de moins de 1%.

Le graphique 1.4 synthétise les différents cas d’élasticité. Ainsi, la courbe de demande D1 présente une courbe de demande parfaitement inélastique (pente infinie) : la quantité demandée n’est pas sensible au prix. Quelque soit la variation du prix, la quantité demandée demeure fixe. Par contre, la courbe D2 présente une courbe parfaitement élastique (pente nulle) impliquant qu’une petite variation des prix engendre une très grande variation de la quantité demandée. Entre ces deux cas extrêmes, la courbe D3 présente une courbe de demande à élasticité variable. L’élasticité au point A est plus faible que celle au point B.

P

Q

B

A

Graphique 1.4. Courbes de demande et élasticité-prix

D1 (ε = 0)

Inélastique

D2 (ε = ∞)

Parfaitement

élastique

D3 (0 < ε < ∞)

Imparfaitement

élastique

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L’élasticité-prix de la demande est, généralement, négative car, comme on l’a vu dans la section précédente la quantité demandée est fonction négative du prix : lorsque le prix augmente, la quantité demandée diminue et inversement. Les biens Veblen constituent, cependant, une exception à cette règle en présentant une élasticité positive. La valeur de l’élasticité dépend, ainsi, de la nature des biens et de plusieurs autres facteurs.

Ainsi, l’élasticité-prix d’un bien normal est plutôt variable. Sa courbe de demande ressemble à D3 du graphique 1.4. Par contre l’élasticité d’un

bien ou un service de première nécessité (pain, énergie, soin de santé, etc.) est assez faible. La forme de la courbe de demande de ce genre de bien se rapproche plutôt de la courbe D1 du graphique 1.4. A l’autre extrême, l’élasticité d’un bien de luxe est

quasiment infinie. La courbe de demande ressemble, dans ce cas à D2 du graphique 1.4.

Le niveau de l’élasticité-prix de la demande est influencé par plusieurs facteurs dont notamment l’existence de substituts proches, de biens complémentaires et la variation du comportement dans le temps.

En effet, les biens qui ont des substituts proches tendent à avoir une demande plus élastique du fait que les consommateurs peuvent se tourner facilement vers les biens substituables. C’est le cas à titre d’exemple du beurre et de la margarine. Une petite hausse du prix du beurre, toutes choses étant égales par ailleurs dont notamment le prix de la margarine, peut conduire à une forte baisse de sa quantité demandée.

Le niveau de substituabilité ou de complémentarité entre deux biens est mesuré par l'élasticité-prix croisée. Elle se définit comme le rapport entre le pourcentage de variation de la quantité demandée du bien A et le pourcentage de variation du prix d'un bien B, soit en termes formels :

continues Variablesdiscrètes Variables

),( et ),(B

A

A

B

B

B

A

A

BA

B

A

A

B

B

B

A

A

BAP

Q

Q

P

P

P

Q

Q

PQP

Q

Q

P

P

P

Q

Q

PQ

Les biens A et B peuvent être des biens substituables, complémentaires ou indépendants. Une élasticité-prix croisée positive signifie que l'augmentation du prix d'un bien entraîne l'augmentation de la demande d'un autre bien. Les deux biens sont donc substituables. Par exemple, l'augmentation du prix du ticket de cinéma engendre une hausse la demande des lecteurs DVD.

Une élasticité-prix croisée négative signifie que l'augmentation du prix d'un bien

entraîne la diminution de la demande d'un autre bien. Les deux biens sont alors dits complémentaires. Par exemple, l'augmentation des prix des lecteurs DVD entraîne une diminution de la demande des DVD.

Enfin, quand l’augmentation du prix d’un bien n’a aucun effet sur la demande d’un autre, l’élasticité-prix croisée est nulle. Cela signifie que les deux biens sont indépendants.

Il est à mentionner que la notion d'élasticité-prix croisée est particulièrement utile en matière d’analyse de la concurrence. Pour déterminer l'étendue d'un marché et déterminer si une entreprise est en situation d'abus de position dominante, il est, en effet, nécessaire de voir jusqu'à quel point différents produits sont substituables (ex. Coca et Pepsi). La notion d'élasticité prix croisée est alors utile pour déterminer si deux biens appartiennent au même marché et si les autorités de la concurrence doivent déclencher une action.

Question 4 à méditer Quelle est la différence entre la pente, une variation en pourcentage et l’élasticité ?

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Par ailleurs, les biens tendent à avoir une demande plus élastique à long terme. En effet, une élasticité nulle à court terme peut, toutefois, s'avérer non nulle à long terme, car l'augmentation des prix peut pousser à la recherche de nouveaux produits de substitution. Le pétrole, par exemple, est un bien non substituable à court terme mais, sur le long terme, l'augmentation de son prix peut favoriser l'exploitation de nouvelles sources d'énergie.

De même, la spéculation se généralise en situation de déflation ou d'inflation : la hausse de l’inflation (ou une hausse générale des prix) peut être interprétée comme un signe d'une rareté future et conduit le consommateur à acheter maintenant et le plus possible, car plus tard le bien ne sera plus disponible ou il sera plus cher. Ainsi, la hausse de l’inflation conduit à une augmentation de la demande. Inversement, une baisse de l’inflation peut s'interpréter comme le signal qu'il est avantageux d'attendre pour acheter, car le bien sera disponible encore moins cher plus tard. La baisse de

l’inflation conduit, ainsi, à une baisse de la demande.

Par ailleurs, l'élasticité-revenu de la demande est définie comme le rapport entre le pourcentage de variation de la demande d'un bien et le pourcentage de variation du revenu. Elle mesure l'impact d'une variation du revenu d'un consommateur sur sa demande pour un bien particulier soit en termes formels :

continues Variablesdiscrètes Variables

),( et ),(R

Q

Q

R

R

R

Q

Q

RQR

Q

Q

R

R

R

Q

Q

RQ

L'élasticité de la demande par rapport au revenu n'est pas forcément positive. L'augmentation du revenu change la structure de la consommation. On peut distinguer trois catégories de biens : - les biens inférieurs ou de première nécessité (Giffen): la demande de ces biens

diminue quand le revenu augmente (élasticité-revenu négative), et augmente quand le revenu baisse. Il s'agit de biens nécessaires auxquels les consommateurs préfèrent substituer de nouveaux biens lorsque leur revenu le permet ;

- les biens normaux : la demande augmente quand le revenu augmente dans une proportion inférieure ou égale à 1 (élasticité-revenu comprise entre 0 et 1). On parle également de biens nécessaires. C'est le cas de la nourriture (prise dans son ensemble) ;

- les biens supérieurs ou biens de luxe : la demande de ces biens augmente de façon plus rapide que le revenu (élasticité-revenu strictement supérieure à 1).

1.1.3. Demande et bien-être du consommateur

Comme mentionné dans la section 1.1.1, les préférences constituent l’un des facteurs déterminant la quantité demandée. Un consommateur qui a une préférence pour un bien ou un service peut payer un prix supérieur pour consommer ce bien relativement à un autre consommateur qui le désire moins. Ces différences des préférences se révèlent généralement par la volonté de payer qui est définie comme le montant maximum qu’un acheteur est prêt à payer pour un bien.

On se référant à cette notion de volonté de payer on défini le surplus du consommateur comme la différence entre le montant qu’un acheteur a la volonté de payer pour acquérir un bien et le montant qu’il paie effectivement pour l’ acheter.

Le surplus du consommateur est étroitement lié à la courbe de demande du fait qu’elle représente la volonté de payer des acheteurs. C’est pour cette raison qu’elle est utilisée pour mesurer le surplus du consommateur.

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Ainsi, le graphique 1.5 décrit une courbe de demande décroissante suggérant que si le prix dépasse le point A aucun consommateur n’aura la volonté de payer pour acheter le bien concerné. Si le prix s’établit entre le prix du marché P1 et le point A, il y aurait des consommateurs qui auront la volonté de payer un prix supérieur au prix du marché mais ils ne payeront que ce dernier. Ces consommateurs réaliseront un surplus équivalent au triangle ABC.

L’idée sous-jacente au calcul du surplus

du consommateur et que les acheteurs désirent toujours payer moins cher les biens qu’ils achètent. De ce fait un prix plus bas améliore leur situation. Le concept de surplus du consommateur permet donc de calculer la variation du bien-être des consommateurs suite à une variation des prix. Ainsi, dans le graphique 1.5, si le prix baisse de P1 à P2, le surplus du consommateur correspondra au triangle ADF. Le bien être des consommateurs se trouve ainsi amélioré d’une quantité équivalente à la surface BCDF.

Cette surface peut être décomposée en deux parties. En effet, les acheteurs qui achetaient la quantité Q1 au prix P1 voient leur situation s’améliorer car ils paient moins cher chaque quantité achetée. L’amélioration de leur bien-être engendrée par la baisse des prix correspondrait au rectangle BCED. Les nouveaux acheteurs, quant à eux bénéficieront d’un surplus correspondant au triangle CEF.

En définitif, le concept du surplus du consommateur reflète le bien-être économique du fait qu’il suppose que les individus sont rationnels lorsqu’ils prennent leurs décisions et que les consommateurs sont les meilleurs jugent des avantages qu’ils retirent des biens qu’ils achètent. Il respecte, ainsi, les préférences des consommateurs en les utilisant comme moyen d’évaluation de leur bien-être suite à des variations de la demande.

1.2. Les lois régissant l’offre et leurs implications

Cette section sera consacrée à la présentation de la loi fondamentale de l’offre et ses implications. On procèdera, dans un premier temps, à la présentation des facteurs déterminant la quantité offerte et à la spécification de la courbe d’offre avant de présenter les facteurs influençant l’offre. Le dernier paragraphe sera consacré à la présentation du concept du surplus du producteur comme outil permettant de mesurer l’impact des variations des prix sur le bien-être du producteur.

1.2.1. Les lois fondamentales régissant l’offre La quantité offerte d’un bien, communément connu par l’offre tout court, correspond à la quantité qu’un vendeur souhaite et capable de vendre. A l’instar de la quantité demandée, la quantité offerte est fonction de plusieurs variables dont le prix est le plus important. La relation entre le prix et la quantité offerte est appelé la loi de l’offre qui stipule, toutes choses étant égales par ailleurs, que la

quantité offerte est une fonction positive du prix : si le prix augmente la quantité offerte augmente s’il diminue elle diminue.

Q

P

F E D

C

A

Q1 Q2 400 440 Q

P1

P2

Graphique 1.5. Courbe de demande et surplus du

consommateur

B

Problèmes et applications à faire Répondre aux questions à méditer 1 à 4 et solutionner les exercices 1 à 11 du chapitre 1

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Le graphique 1.6 présente une courbe illustrant la loi de l’offre. Ainsi pour un prix inférieur à 10, l’offre est nulle et aucun vendeur ne sera capable de vendre. Lorsque le prix augmente, la quantité offerte augmente au fur et à mesure. De ce fait la courbe d’offre est croissante : plus le prix augmente plus la quantité offerte augmente. Une variation du

prix induit, ainsi, un déplacement de le long de la courbe d’offre. Quid alors des autres variables impactant l’offre comme les prix des facteurs de production, la technologie, les anticipations et le nombre de vendeurs, etc.

Afin de produire les quantités de biens qu’ils offriront sur le marché, les vendeurs utilisent des facteurs de production comme les bâtiments, les équipements, les matières premières, les travailleurs, etc. Lorsque le prix de l’un ou de plusieurs facteurs de production augmente, la production devient moins profitable et certains producteurs décident d’arrêter de produire. Ceci constitue un choc d’offre qui induit un déplacement vers la gauche de la courbe d’offre. Inversement, une baisse des prix des facteurs de production génère une augmentation de l’offre et une translation à droite de la courbe d’offre. L’on peut conclure donc que la quantité offerte est

fonction négative des prix des facteurs de

production. Le graphique 1.7 illustre cette relation.

La quantité offerte est, par contre, une fonction positive de la technologie. En effet, les inventions permettent, généralement, de réduire les coûts de production. Toutes choses étant égales par ailleurs, elles permettent d’avoir des niveaux de production plus élevés avec les mêmes quantités de facteurs de production. Une amélioration de la technologie induit une translation à droite de la courbe d’offre alors qu’une défaillance technologique conduit un déplacement à gauche.

La quantité offerte aujourd’hui dépend, également, des anticipations relatives au futur.

Plus on s’attend à ce que les prix du bien que l’on vend augmentent, toutes choses étant égales par ailleurs, plus on produira pour stocker une partie de la production courante et on mettra une quantité moindre sur le marché. Le raisonnement inverse est tout aussi valide. La quantité offerte est une fonction négative des anticipations des prix. Selon leur nature positive ou négative elles provoquent donc une translation de la courbe de demande.

Convient-il de préciser qu’à l’instar de la demande, l’effet des anticipations sur la quantité offerte dépend de la nature des anticipations et des variables anticipées et il serait difficile de déduire une règle générale liant les anticipations à la quantité offerte. Mais l’on peut conclure que les anticipations conduisent à une translation de la courbe d’offre. Le sens de cette translation dépend de la nature des anticipations et des variables anticipées.

Enfin, dans un marché concurrentiel, l’entrée et la sortie de nouveaux vendeurs sur le marché sont libres. Toute nouvelle entrée provoque un déplacement à droite de la courbe d’offre. En effet, pour le même prix, il y aurait plus de quantités offertes sur le marché. Le nombre de vendeurs est une fonction positive de la quantité offerte.

P

O2

O3

P

0

O1

Q

Graphique 1. 7. Effet des prix des facteurs sur

l’offre revenu sur la de mande

Q2 Q1 Q3

50

40

30

20

10

Q 0 5 10 15 20

P Graphique 1.6 . Courbe d ’offre

Page 16: Microéconomie Ch1 V 14-02-12 (1)

16

Tableau 1.2. Tableau synthétique des effets de variables déterminant la quantité offerte

Variables Nature de l’effet sur la

quantité offerte Mouvement de la courbe

d’offre

Prix Positif Le long de la courbe

Prix des facteurs Négatif Translation

Technologie : Positif Translation

Anticipations Positif/Négatif Translation

Nombre de vendeurs Positif Translation

Le tableau ci-dessus récapitule les variables impactant la quantité offerte et leurs effets sur la courbe d’offre. Il en ressort que mis à part le prix dont les variations induisent un déplacement le long de la courbe d’offre, les variations des autres variables déterminant la quantité offerte provoquent une translation de la courbe d’offre. Le sens de cette translation dépend de la nature positive ou négative de l’effet de la variable concernée.

1.2.2. L’élasticité de l’offre

A l’instar de l’élasticité-prix de la demande, l’élasticité-prix de l’offre mesure la réaction de la quantité offerte aux variations des prix. Elle est, généralement, positive et peut être mesurée soit par la méthode du point-milieu soit par le rapport des variations en pourcentage de la quantité offerte et du prix. Dans ce dernier cas, elle s’exprime par les équations suivantes :

continues Variablesdiscrètes Variables

),( et ),(P

Q

Q

P

P

P

Q

Q

PQP

Q

Q

P

P

P

Q

Q

pQ o

o

o

o

oo

o

o

o

o

Plusieurs déterminants influencent le niveau de l’élasticité de l’offre dont notamment la nature des produits et services et l’horizon temporel (court terme et long terme). Ainsi, l’offre de certains produits et par nature inélastique. Par exemple, l’offre de logement est quasiment inélastique dans certaines villes caractérisées par un manque du terrain constructible. Par contre, l’offre de certains produits manufacturés est relativement élastique.

Il convient de noter, également, que l'offre est, généralement, inélastique à très court

terme, (on ne peut pas augmenter subitement la production). À long terme, elle devient plus élastique. Par contre, l’existence de biens substituables induit une offre plus élastique.

De même, il est à rappeler le principe d'asymétrie de l'élasticité de l'offre (Cortés) qui stipule que la production est à même de réagir plus facilement à une baisse de prix (ou de demande) par une baisse de la production que d'augmenter de manière indéfinie la production en cas d'augmentation du prix ou de la demande (Cas du pétrole).

P

ΔPB

ΔPA

B

A

Graphique 1.8. Courbes d’offre et élasticité-prix

O1 (ε = 0)

Inélastique

O2 (ε = ∞)

Parfaitement

élastique

O3 (0 < ε < ∞)

Imparfaitement

élastique

Q ΔQAA ΔQBA

Page 17: Microéconomie Ch1 V 14-02-12 (1)

17

Le graphique 1.8 synthétise différentes courbes d’offre en fonction de leur degré d’élasticité. Ainsi, la courbe d’offre O1 est parfaitement inélastique : la quantité offerte n’est pas sensible au prix. Par contre, la courbe d’offre O2 présente une courbe parfaitement élastique impliquant qu’une petite variation des prix engendre une très grande variation de la quantité offerte.

Entre ces deux cas extrêmes, la courbe d’offre O3 présente une élasticité variable. L’offre au voisinage du point A est inélastique (élasticité inférieure à 1). Par contre elle est élastique au voisinage du point B (élasticité supérieure à 1).

Ce cas se présente, généralement, pour des d’industries disposant d’importante capacité de production. A un niveau de production faible, l’entreprise réagit substantiellement aux variations des prix (c’est le cas au voisinage du point A). A

meure que la quantité offerte augmente, l’entreprise atteint ces pleines capacités de production et l’offre devient inélastique au prix (voisinage du point B).

1.2.3. Le surplus du producteur

Le surplus du producteur est lié à la notion du coût d’opportunité et la volonté de vendre. On entend par coût d’opportunité, ce à quoi il faut renoncer pour obtenir quelque chose (C’est ce qu’exprime l’adage : à chaque chose un prix !). Pour illustrer cette notion, supposons un producteur qui dispose de 100 000 dhs et qui a le choix entre déposer cette somme dans une banque et gagner un revenu de 5000 dhs par an (si l’on suppose que le taux d’intérêt est de 5%) ou investir cette somme dans une industrie qui lui rapporte 10 000 dhs par an (soit une rentabilité de 10%). Dans ce contexte, si le producteur décide d’investir, il doit renoncer à 5000 dhs de revenu d’intérêt bancaire. Ce montant est donc le coût d’opportunité de l’investissement dans une industrie.

La volonté de vendre ou d’investir est corrélée à la notion de coût d’opportunité. Si on

reprend l’exemple ci-dessous et l’on suppose que le producteur concerné a la possibilité de travailler comme conseiller et gagner 70 000 dhs par an, investira-t-il dans l’industrie ? La rationalité voudrait qu’il ne renonce pas à 12 000 dhs par an (5000 dhs d’intérêt plus 70 000 dhs de revenu de conseil) contre 10 000 dhs de revenu d’investissement. Dans ce contexte, le producteur n’investira pas et n’aura la volonté de vendre ses produits que si l’investissement et la vente des produits lui rapportent un revenu supérieur à 12 000 dhs.

Ces notions étant clarifiées, le concept du surplus du producteur correspond au montant auquel le producteur est payé moins le coût de production. Comme la courbe d’offre reflète le coût des producteurs, elle est utilisée pour calculer le surplus du producteur.

Questions 5 à méditer Le rendement de l’investissement dans le logement social est de l’ordre de 35% et celui industriel est de 5%. Quel est le coût d’opportunité d’investir dans l’industrie ? Faut-il investir dans l’industrie ?

Quel est le coût d’opportunité d’étudier ou de ne pas étudier à l’ESITH ?

E

F

C

D

A

Q 0 Q1 Q2

P2

P1

P Graphique 1.9. Courbe d’offre et

surplus du producteur

B

Page 18: Microéconomie Ch1 V 14-02-12 (1)

18

Le graphique 1.9 suggère que si le prix est inférieur à A aucun producteur ne sera capable de produire. Par conséquent, la production sera nulle. A un prix légèrement supérieur à A, des producteurs peuvent produire à un coût au moins égale à A et pourront ainsi réaliser un léger profit. Plus le prix augmente, plus des producteurs entrent sur le marché et vendent à des prix supérieurs à leurs coûts. Si le prix s’établit à P1, le cumul des surplus des producteurs correspondra au triangle ABC.

Si le prix augmente de p1 à p2 la quantité offerte augmente de Q1 à Q2 et le surplus s’accroit pour atteindre le triangle ADF. A l’instar du surplus du consommateur, cette surface peut être décomposée en deux parties. En effet, les producteurs qui vendaient la quantité Q1 au prix P1 voient leur situation s’améliorer car ils vendent plus cher chaque quantité produite. L’amélioration de leur bien-être engendrée par la hausse du prix correspondrait au rectangle BCED. Les nouveaux producteurs, quant à eux, bénéficieront d’un surplus correspondant au triangle CEF.

1.3. L’équilibre du marché et la loi de l’offre et de la demande

Après avoir analysé la demande et l’offre séparément, il est temps d’entamer l’étude de leur interaction dans le marché à travers la définition de la notion d’équilibre du marché. Cette notion une fois définie, on procédera à l’analyse des effets des caractéristiques de l’offre et la demande sur le marché et on examinera l’impact de certaines politiques économiques sur l’équilibre du marché et sur les opérateurs. Avant de ce faire, il serait utile d’introduire cette section en différentiant les types des marchés afin de mieux cerner les limites des analyses qui seront introduites.

1.3.1. Typologie des marchés

Le marché est l’espace de rencontre des vendeurs et des acheteurs d’un produit ou un service. Cet espace peut être concentré dans un lieu défini ou dispersé sur plusieurs lieux où s’échange le produit ou le service concerné. Il peut être, également, un espace virtuel si le produit ou le service fait objet du commerce électronique.

Parfois les marchés sont très organisés. C’est le cas, à titre d’exemple, des marchés de gros des fruits et légumes, des marchés de poissons, de la bourse (marché des actions et des obligations), etc. Dans ces marchés, les acheteurs et les vendeurs se rencontrent en lieu et heure précis et un commissaire-priseur " " contribue à déterminer les prix et à organiser les ventes.

Cependant, les marchés organisés sont relativement rares. Les vendeurs et acheteurs opèrent souvent dans des marchés moins organisés comme ceux des fruits et légumes en détail, des services de voyages, des services de coiffure, etc. Dans ces marchés, il n’y a pas de commissaire-priseur ni de lieu désigné de manière institutionnelle (la bourse est une institution comme les marchés de gros des fruits et légumes).

Sur un autre registre, les marchés peuvent être caractérisés par le nombre des vendeurs et acheteurs qui interagissent en leur sein. Le tableau 1.1 récapitule différents types de marchés selon le nombre d’acheteurs et de vendeurs qui y opèrent.

Ainsi, le marché est qualifié de monopole bilatéral si un seul acheteur et un seul vendeur y opèrent. Ce type de marché est assez rare. Le marché du service du transport ferroviaire du phosphate en est un exemple. En effet, ce service n’est demandé que par le Groupe OCP qui produit le phosphate au Maroc et il n’est offert que par l’ONCF qui a le monopole du service de transport ferroviaire au Maroc.

Problèmes et applications à faire

Répondre à la question 5 à méditer et solutionner les exercices 12 à 15 du chapitre 1

Page 19: Microéconomie Ch1 V 14-02-12 (1)

19

Ce type de marché est caractérisé par l’absence totale de la concurrence tant au niveau de l’offre que de la demande. Les deux opérateurs disposent, ainsi, de pouvoirs absolus mais quasi-équilibrés en matière de négociations des prix et des quantités à échanger.

Tableau 1.3. Typologie des marchés

Vendeurs

Un acheteur Quelques acheteurs

Plusieurs acheteurs Acheteurs

Un vendeur Monopole bilatéral

Monopole contrarié

Monopole

Quelques

vendeurs

Monopsone

contrarié

Oligopole

bilatéral Oligopole

Plusieurs vendeurs

Monopsone Oligopsone Concurrence

parfaite

A l’opposé du monopole bilatéral, le marché concurrentiel est caractérisé par l’existence d’un nombre important de vendeurs et d’acheteurs de sorte qu’aucun opérateur n’a un pouvoir déterminant sur les prix du marché. En effet, dans ce type de marché, qualifié de concurrence parfaite, chaque vendeur exerce un contrôle limité sur le prix parce que les autres vendeurs offrent des produits similaires.

Ainsi, dans le contexte de concurrence parfaite, un vendeur a peu de raison de fixer un prix au-dessus du prix courant car les acheteurs iront ailleurs. De même, aucun acheteur ne peut influencer le prix car il ne peut acheter qu’une quantité limitée. Du fait que ni les vendeurs et ni les acheteurs ne sont capable d’influencer le prix déterminé par le marché, ils sont qualifiés de preneurs de prix ( Price-taker ).

Les marchés de concurrence parfaite sont assez fréquents. Il s’agit, à titre d’exemples, des marchés de détails des fruits et légumes, des services standards de coiffure, du marché du blé qui est produit par des millions de producteurs et consommé par au moins autant de consommateurs.

Entre le monopole bilatéral (un acheteur et un vendeur) et la concurrence parfaite (n acheteurs et n vendeurs), les marchés peuvent être caractérisés par une

concentration relative soit de l’offre (monopole, duopole, oligopole, etc.) ou de la demande (monopsone, monopsone contrarié) ou des deux (monopole contrarié, oligopole bilatérale et oligopsone).

Le marché de concurrence parfaite demeure l’un des plus étudiés en microéconomie car il sert souvent comme référence pour l’analyse des comportements des consommateurs et des producteurs dans des marchés de concurrence imparfaite ou de monopole. Cependant, il est souvent critiqué comme étant "irréaliste" surtout en matière de comportement des producteurs.

En effet, en première approximation, l’hypothèse que le consommateur individuel n’ait pas de prise sur le prix des biens qu’il achète apparaît raisonnable. Par contre, il est à priori peu satisfaisant de supposer qu’une firme comme Peugeot ou Toyota décide du nombre de voitures qu’elle mette sur le marché en prenant le prix de vente de ses voitures comme une donnée indépendante de son contrôle.

Question 6 à méditer Un vendeur de fruits et légumes dans un quartier isolé opère-t-il dans un marché de concurrence parfaite

ou dans un marché de monopole ?

Page 20: Microéconomie Ch1 V 14-02-12 (1)

20

On verra, dans les chapitres 3 et 4 des réponses à ce genre de critiques qui justifient l’intérêt que des spécialistes peuvent avoir à étudier ce cas d’école limite qu’est l’environnement de concurrence parfaite.

Abstraction faite de ces remarques, dans cette section on admettra que le contexte du marché de concurrence parfaite demeure un référentiel incontournable pour l’analyse des comportements des acheteurs et des vendeurs dans des marchés caractérisés par une concurrence imparfaite. On s’intéressera essentiellement à la caractérisation des forces qui animent le marché à savoir : l’offre et la demande avant de s’attaquer à la présentation de l’équilibre du marché concurrentiel et ses caractéristiques.

Il convient, cependant de préciser que la théorie de l'offre et de la demande est importante pour l’analyse du fonctionnement des économies de marché car elle explique le mécanisme par lequel les agents économiques prennent les décisions

d'allocation des ressources. Les recherches en matière d'économie comportementale ont toutefois montré des phénomènes "irrationnels" dans la réaction aux prix de l'offre et de la demande. De ce fait l'explication par l'offre et la demande demeure imparfaite mais elle reste adaptée à la très grande majorité des cas.

1.3.2. L’équilibre du marché

Le graphique 1.10 illustre des courbes d’offre et de demande du marché. Ces deux courbes se rencontrent dans un point unique appelé point d’équilibre du marché. Le prix à ce point P* est appelé prix d’équilibre et la quantité à ce point Q* est appelée quantité d’équilibre.

On peut alors définir l’équilibre du

marché comme la situation dans laquelle le prix atteint un niveau tel que l’offre est égale à la demande. Le prix d’équilibre est le prix qui égalise l’offre à la demande et la quantité d’équilibre se définie comme la quantité offerte et demandée au prix d’équilibre. Donc à l’équilibre la quantité que désirent et sont capables d’acheter les consommateurs et exactement égale à celle que désirent et sont capables de vendre les producteurs.

L’offre et la demande interagissent dans le marché. Si le prix du marché est inférieur au prix d’équilibre soit le niveau P1, les consommateurs souhaiteront bien consommer une quantité égale à D1 mais les producteurs ne seront pas capables de produire cette quantité à ce prix. A ce prix (relativement bas) seules certaines entreprises seront capables de produire pour le marché. La quantité qui sera mise sur le marché ne dépassera pas O1. Au prix P1 on a alors une quantité offerte inférieure à la quantité demandée. On est alors face à une pénurie, appelée également, une situation de demande excédentaire. Malgré qu’ils désirent consommer une quantité égale à D1, les consommateurs ne pourront pas l’acheter car la quantité offerte ne dépasse pas O1. Cette situation créera une compétition entre les acheteurs qui conduirait à une augmentation du prix jusqu’à ce qu’il atteint le prix d’équilibre P*.

Supposons maintenant que le prix du marché est supérieur au prix d’équilibre soit P2. A ce prix les producteurs voudront bien vendre une quantité égale à O2 mais à ce prix les acheteurs ce contenteront de demander une quantité inférieure ou égale à D2. La quantité offerte serait supérieure à la quantité demandée et on fera alors face à un excédent appelé offre excédentaire.

P

P1

Excédent

Pénurie

P2

P*

Q

Graphique 1.10. Equilibre du marché

Demande

Offre

Equilibre du

marché

0 D2 O1 Q* O2 D1

Page 21: Microéconomie Ch1 V 14-02-12 (1)

21

Dans ce contexte, les vendeurs ne seront pas capables de vendre tout ce qu’ils désirent et seront obligés de réduire les prix ce qui permettrait d’augmenter la quantité demandée et réduirait l’offre des entreprises qui ont des coûts supérieurs au prix d’équilibre. La situation reviendrait, ainsi, à l’équilibre avec un prix P* et une quantité Q*.

Le mécanisme décrit ci-dessus est qualifié de la loi de l’offre et de la demande qui stipule que le prix d’un bien s’ajuste en vue d’équilibrer les quantités offertes et demandées. La rapidité d’ajustement des prix dépend de la nature des marchés. Dans la plupart des marchés libres qui ne sont pas réglementés par des politiques publiques ou par des entraves institutionnels, les excédents et les pénuries ne sont que temporaires car les prix s’ajustent rapidement pour retrouver le niveau d’équilibre. Dans les marchés réglementés, la vitesse d’ajustement est relativement lente. C’est le cas à titre d’exemple du marché du travail qui est soumis à l’exigence d’un salaire

minimum ou à des conventions collectives qui limitent la variation du salaire.

Il est, par ailleurs, important de relever que le prix d’équilibre et la quantité d’équilibre dépendent de la position des courbes d’offre et de demande. Un choc d’offre (sécheresse ou bonne pluviométrie pour la production agricole, troubles politiques ou grèves, etc.) ou de demande (risque sanitaire pour certains produits agricoles, changement d’habitudes de consommation, changement des préférences, etc.) sont à même de déplacer les courbes d’offre et de demande et par conséquent les quantités et les prix d’équilibre. L’analyse de ces changements s’appelle la statique comparative car elle consiste en la comparaison de deux situations : un équilibre initiale et un nouvel équilibre. Comment précède-t-on pour réaliser une analyse de statique comparative.

E1

E2

D1

O

P2

P1

Q

P Graphique 1.11.a. Choc positif de

demande

0 Q1 Q2

D2

P

E1

E2

O1

O2

P2

P1

Q

Graphique 1.11.b. Choc négatif d’offre

0 O2 Q1

D

P Graphique 1.12.a. Chocs simultanés biaisés à la

demande

O1

E1

E2

D1

O2

P2

P1

Q 0 Q1 Q2

D2

P Graphique 1.12.b. Chocs simultanés

biaisés à l’offre

O1

E1

E2

D1

O2

P2

P1

Q 0 Q2 Q1

D2

Page 22: Microéconomie Ch1 V 14-02-12 (1)

22

Généralement, il faudrait précéder en trois étapes. La première consiste à déterminer si le choc impacte l’offre, la demande ou les deux. Une fois la nature de l’impact est identifiée, il faudrait en second lieu, déterminer le sens de la translation des courbes d’offre, de demande ou des deux. Généralement, un choc positif induit une translation à droite des courbes et un choc négatif engendre une translation à gauche. En dernier lieu, il faudrait tracer les courbes et comparer le nouvel équilibre avec l’équilibre initial.

En matière d’analyse du choc et de son impact sur les courbes d’offre et de demande, il faudrait distinguer entre les déplacements des courbes et les

déplacements le long des courbes. Ainsi, le graphique 1.11.a suppose un choc positif de la demande d’un bien normal : soit une augmentation du revenu. Cet évènement conduirait à un déplacement à droite de la courbe de demande et n’impacterait pas directement l’offre car l’offre est indépendante du revenu des consommateurs. L’excès de demande induirait une augmentation du prix qui

stimulerait une augmentation de la quantité offerte. On aura alors, un déplacement le long de la courbe d’offre vers la nouvelle quantité d’équilibre. Le choc d’augmentation du revenu conduirait à un nouvel équilibre (E2) caractérisé par un prix et une quantité d’équilibre supérieurs à ceux de l’équilibre initial (E1).

Le graphique 1.11.b suppose, quant à lui, un choc négatif d’offre soit, à titre d’exemple une sécheresse qui affecte la production agricole. Cet événement induirait une translation à gauche de la courbe d’offre et engendrerait une hausse des prix. Cette dernière ne manquerait pas d’affecter la quantité demandée et on assisterait à un déplacement le long de la courbe de demande vers le nouvel équilibre (E2) caractérisé par une quantité inférieure et un prix supérieur à ceux de l’équilibre initial (E1).

Le graphique 1.12.a illustre, par ailleurs, les effets de chocs simultanés biaisés à la demande c.à.d. le choc de la demande est plus important que celui de l’offre soit, à titre d’exemple, une légère sécheresse combinée à une augmentation du revenu des consommateurs. Ces chocs conduiraient à une légère augmentation de la quantité d’équilibre et à un important accroissement des prix.

Inversement le graphique le 1.12.b simule l’effet de chocs simultanés biaisés à l’offre soit, à titre d’exemple, une forte sécheresse combinée à une légère augmentation du revenu des consommateurs. Ces chocs conduiraient à une légère réduction de la quantité d’équilibre et à un important accroissement des prix.

Tableau 1.3. Effet des variations simultanées de l’offre et de la demande sur les prix et les quantités d’équilibre

Offre Offre fixe Offre augmente Offre diminue

Demande P Q P Q P Q

Demande fixe

Demande augmente ?? ??

Demande diminue ?? ??

Le tableau 1.3 récapitule les différents cas des effets des variations de l’offre et de la demande sur la quantité et les prix d’équilibre. Il ressort, cependant de la statique comparative que dans un marché libre les prix assurent une fonction d’allocation des ressources. En effet, dans tout système économique, les ressources rares doivent être allouées à des activités concurrentes. L’offre et la demande déterminent ensemble les prix des différents biens et services de l’économie et, en retour, ces prix sont des signaux qui guident l’allocation des ressources.

Page 23: Microéconomie Ch1 V 14-02-12 (1)

23

1.3.3. Elasticité et équilibre du marché

En plus des déplacements dus aux chocs d’offre et de demande, l’équilibre du marché est affecté par l’évolution des caractéristiques de l’offre et de la demande. Ainsi, comme on l’a vu dans les sections relatives à l’analyse des élasticités de l’offre et de la demande, certains produits et services présentent des rigidités d’offre ou de demande notamment à court terme ? Quel est l’impact de ces rigidités sur l’équilibre du marché ainsi que sur les acheteurs et les vendeurs ?

Afin d’illustrer ces effets, analysons deux cas à travers l’usage de la statique comparative : cas d’un marché caractérisé par une rigidité de la demande (demande inélastique) et un autre présentant une rigidité à l’offre (offre inélastique).

Dans le premier cas supposons que l’on fait face à un marché de blé. Dans ce contexte une bonne année pluviométrique est-elle une bonne affaire pour les agriculteurs ? En vue d’entamer l’analyse, il convient de rappeler que la demande du blé est généralement inélastique du fait que les habitudes de consommation sont quasi constantes.

Cette caractéristique fait que la courbe de demande et quasiment verticale comme l’illustre le graphique 1.13.a. Le déplacement à droite de la courbe d’offre induit par la bonne pluviométrie conduit, ainsi, à une forte baisse des prix et une faible augmentation des quantités vendues relativement à l’équilibre initial.

Quel est l’impact de ces variations sur le revenu des producteurs du blé. On sait que la recette totale des ces producteurs (RT) est égale au prix (P2) multiplié par la quantité (Q2). Du fait que la baisse des prix a été beaucoup plus importante que la hausse des quantités vendues, la recette totale des producteurs diminue et la bonne pluviométrie conduit ainsi à une baisse des revenus des agriculteurs. D’où la raison de l’adage marocain « جوع Une bonne .« عام عام الannée agricole n’est pas nécessairement une bonne année pour les agriculteurs.

Analysons à présent les effets d’une rigidité à l’offre. Comme l’illustre le graphique 1.13.b un déplacement à droite de la demande induit une forte progression des prix du fait que l’offre est rigide et incapable de répondre instantanément à la variation positive de la demande. Cette situation conduit à aggraver les dépenses des consommateurs et améliore substantiellement les revenus des producteurs. Ce cas se présente généralement pour les industries produisant à pleines capacités.

P

E2

O1

E1

D

O2

P1

P2

Q

Graphique 1.13.a. Elasticité de la demande

et équilibre du marché

0 Q1 Q2

E1

O

E2

D1

D2

P2

P1

Q

P Graphique 1.13.b. Elasticité de l’offre et

équilibre du marché

0 Q1 Q2

Questions 7 à méditer

Pourquoi l’Etat marocain garantie un prix minimum aux producteurs des céréales et développe des silos de stockage des céréales ?

Pourquoi l’Union Européenne paye des subventions aux agriculteurs pour ne pas cultiver leurs terres ?

Pourquoi les prix du pétrole varient substantiellement suite à des vagues de froid ?

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24

1.3.4. Equilibre du marché et politiques publiques

Pour faire face aux aléas du marché les gouvernements élaborent et mettent en œuvre des politiques économiques dans la perspective de réduire les fluctuations des prix ou de limiter la baisse des revenus des producteurs et des consommateurs. Ce faisant, ces politiques impactent l’équilibre du marché et l’empêchent de fonctionner librement. Ces politiques prennent, généralement, la forme soit d’un contrôle des prix à travers la mise en place des prix plafonds ou des prix planchers soit d’une taxation à la consommation ou à la production.

La politique du contrôle des prix est monnaie courante dans plusieurs pays. Cette politique a été toujours contestée par les libéraux qui militent en faveur de la politique de la vérité des prix et invitent les gouvernements à s’abstenir des interventions dans les marchés et les laisser fonctionner uniquement selon la loi de l’offre et de la demande.

Graphiques 1.14. Effets des politiques du contrôle des prix sur l’équilibre du marché

P

P

P*

Q

Graphique 1.14.a Equilibre du marché

et prix plafond non contraignant

Demande

Offre

Prix plafond

0 O*

P

P*

Q

P

Graphique 1.14.b Equilibre du marché

et prix plafond contraignant

Demande

Offre

Prix plafond

Pénurie

0 Qo O* Qd

P*

Q

P

Graphique 1.14.c Equilibre du marché

et prix-plancher non contraignant

Demande

Offre

Prix-plancher

0 O*

P

P*

Q

P

Graphique 1.14.d. Equilibre du marché

et prix-plancher contraignant

Demande

Offre

Prix-Plancher

Excédent

0 Qd O* QO

Page 25: Microéconomie Ch1 V 14-02-12 (1)

25

Au Maroc la politique de réglementation des prix est pratiquée dans plusieurs secteurs dont notamment le secteur agricole, à travers la réglementation des prix du blé et de certaines céréales, le secteur énergétique, à travers la fixation des prix des hydrocarbures et de l’électricité, dans le marché de travail moyennant la mise en place du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et salaire minimum agricole garanti (SMAG), etc.

La politique de contrôle des prix est, généralement, mise en œuvre moyennant l’instauration d’un prix-plafond ou d’un prix-plancher. Le prix plafond est un outil de protection des consommateurs contre la hausse des prix. Il est pratiqué au Maroc, à titre d’exemple dans le secteur des hydrocarbures. Il consiste à mettre en place un prix maximum légal au dessus duquel un bien ou un service ne peut être vendu. Ses effets sur les consommateurs, les producteurs et l’équilibre du marché sont différente selon que le prix est contraignant ou non contraignant.

Le graphique 1.14a illustre le cas d’un prix-plafond non contraignant dans le sens ou le plafond est fixé par l’Etat à un niveau supérieur au prix d’équilibre du marché. Dans ce contexte la politique du contrôle des prix n’a pas d’effet sur le marché. Par contre, le prix-plafond devient contraignant lorsque l’Etat le fixe à un niveau inférieur au prix d’équilibre du marché.

Comme l’illustre le graphique 1.14.b, un prix-plafond contraignant conduit, généralement, à une pénurie sur le marché car il déséquilibre l’offre et la demande. En effet, comme le prix-plafond est inférieur au prix d’équilibre, les forces de l’offre et de la demande n’arrivent pas à faire évoluer le prix vers son niveau d’équilibre car elles se heurtent au prix-plafond qui est imposé comme prix du marché. A ce prix-plafond la quantité demandée est supérieure à la quantité offerte car certains producteurs ne peuvent pas produire au prix-plafond qui demeure inférieur à leurs coûts.

Quand les prix-plafond conduisent à une pénurie, des mécanismes de rationnement se mettent en place par les vendeurs ou par l’Etat (les bons d’achat de produits). Les deux mécanismes conduisent à la formation de longues files d’attente génératrices de perte de temps (et d’argent) pour les consommateurs ou à des pratiques de clientélisme et de corruption. Les consommateurs supporteront les coûts de ces pratiques et l’instauration du prix-plafond qui a comme objectif d’aider les consommateurs se transforme rapidement à des coûts supplémentaires pour ces derniers. Cette politique devient, ainsi, complètement inefficace quand les coûts induits par le rationnement dépassent la différence entre le prix de l’équilibre et le prix-plafond.

Un autre instrument de politique du contrôle des prix est la mise en place d’un prix-plancher. L’objectif principal d’une telle politique est de garantir un prix minimum pour les producteurs afin de les prémunir des chutes brutales des prix. Au Maroc cette politique est pratiquée notamment dans le secteur agricole où l’Etat fixe chaque année le prix-plancher d’achat du blé et de certains produits agricoles en vue de protéger le revenu des petits agriculteurs.

Egalement, le prix-plancher peut être contraignant comme il peut ne pas l’être. Le graphique 1.14.c illustre le cas d’un prix-plancher non contraignant. Dans ce contexte le prix d’équilibre du marché se situe au dessus du prix-plancher et n’exerce aucun effet sur le marché. C’est le cas à titre d’exemple pour un prix-plancher fixé à 260 dhs pour le blé dans une année de sécheresse ou le blé se vend à un prix de marché de 350 dhs.

Questions 8 à méditer Pourquoi les prix-plafond des produits énergétiques (essence, gasoil, gaz butane etc.) n’ont pas conduit à une pénurie au Maroc ? Quelle est le rôle de la Caisse de Compensation dans ce domaine ? Cette politique est-elle efficace de point de vue protection des

consommateurs les plus démunis ?

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26

Le graphique 1.14.d présente, par contre, le cas d’un prix-plancher contraignant. En effet, son niveau est supérieur au prix d’équilibre du marché ce qui inciterait même les producteurs ayant des coûts supérieurs à ce prix à produire pour le marché. Par contre les consommateurs sont découragés et obligés de réduire leur consommation du fait que le prix-plancher dépasse celui d’équilibre du marché. Ces distorsions au comportement de l’offre et de la demande conduisent à l’émergence d’un excédent d’offre qui devait normalement conduire à une baisse des prix mais cet ajustement ne peut être opéré du fait que la

réglementation impose un prix-plancher.

Les excédents induits par les politiques des prix-planchers conduisent, généralement, à l’émergence de marchés parallèles ou les prix sont inférieurs aux prix-planchers. En effet, certain producteurs ne trouvant pas preneur de leur production, ils préfèrent trouver un acheteur sur ces marchés que de garder leur production entre les mains sans pouvoir la vendre au prix-plancher. L’objectif recherché par l’instauration d’un prix-plancher se trouve contourner et les bénéfices attendus au profit des producteurs se trouvent amoindris si non anéantis du fait que les marchés parallèles sont des marchés non transparents et les prix qui y sont pratiqués peuvent atteindre des niveaux inférieurs au prix d’équilibre du marché.

Il découle de l’analyse de la politique du contrôle des prix que cette politique n’affecte le marché que dans le cas d’imposition de prix contraignants. Que ce soit un prix-plafond ou un prix-plancher cette politique conduit à obscurcir les signaux du marché et engendre à une allocation non optimale des ressources. En effet, un prix-plancher conduit à produire des excédents qui dépassent, dans certains cas, les besoins de la société et mène à un gaspillage des ressources.

Il convient, également, de relever que ces politiques génèrent souvent une déviation par rapport aux objectifs assignés et au lieu d’aider les personnes concernées ils aboutissent, dans plusieurs cas, à détériorer leur situation et créent d’autres charges découlant des exigences de gestion des rationnements et de lute contre les marchés parallèles. Devant de telles défaillances de ces politiques les taxes seraient-elles une alternative meilleure ? Examinons cette alternative de plus près.

Les graphiques 1.15 synthétisent les effets de la taxe sur le comportement des producteurs, des consommateurs et in finie sur l’équilibre du marché. Il convient de rappeler, à cet égard, qu’une politique de taxation peut prendre la forme d’une taxe soit sur les producteurs ou sur les consommateurs. Ses incidences sur ces deux catégories d’opérateurs dépendent, cependant, des élasticités de l’offre et de la demande. Les graphiques 1.15 illustrent ces différents cas.

Ainsi, le graphique 1.15.a présente le cas d’une taxe prélevée sur les acheteurs d’un montant équivalent à T pour chaque unité achetée (taxe spécifique). Dans ce contexte, l’offre n’est pas concernée par cette taxe et le rôle des producteurs se limiterait à la collecte du prix augmenté des revenus de la taxe pour les remettre au Trésor Publique. Le prix que reçoivent effectivement les producteurs serait alors PRV.

Questions 9 à méditer

Si l’on fait face à une bonne année agricole, le prix-plancher instauré par l’Etat permet-il dans le contexte de l’économie marocaine de bénéficier aux petits agriculteurs de blé. Citez certaines pratiques des intermédiaires du marché qui détourne cette politique de ses objectifs.

Questions 10 à méditer Comment une politique de salaire minimum affecte-t-elle le marché du travail ? Permet-elle d’aider les

chômeurs à trouver un travail ?

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27

Du fait que la taxe porte sur la demande, le prix que doivent payer les acheteurs (PPA) serait supérieur au prix d’équilibre du marché d’un montant égal à T. Puisque les acheteurs raisonnent en termes de prix toutes taxes comprises (TTC), l’augmentation du prix induite par la taxe provoquerait une diminution de la demande d’où le déplacement à gauche de courbe de demande avec une distance équivalente au niveau de la taxe soit T.

Suite à ce choc, le point d’équilibre sans taxe (EST) se déplacerait à un point d’équilibre avec taxe (EAT). A ce point la quantité demandée et vendue est inférieure à la quantité d’équilibre sans taxe. Cependant le prix est supérieur mais d’un niveau inférieur au montant de la taxe. La taille du marché se trouve ainsi réduite et le prix a connu une augmentation qui demeure inférieure au montant de la taxe. Cette différence découle de l’incidence de la taxe sur les acheteurs et les vendeurs.

En effet, bien que les acheteurs paient la totalité de la taxe au Gouvernement, ils se partagent la charge de la taxe avec les vendeurs. Ces derniers, étant obligés de réagir à la baisse de la quantité demandée en réduisant légèrement leur prix pour compenser l’effet de la taxe.

Graphiques 1.15. Effets de la taxation sur l’équilibre du marché et sur les opérateurs

T PST

EAT

O

EST

D2

D1

PPA

PRV

Q

P

0 QAT QST

Graphique 1.15.a. Taxe sur les acheteurs et

équilibre du marché

O1

EST

T

PST

EAT

D

O2

PPA

PRV

Q

P

0 QAT QST

Graphique 1.15.b. Taxe sur les vendeurs et

équilibre du marché

T

PST

D

O

PPA

PRV

Q

P Graphique 1.15.c. Effet d’une taxe avec une offre élastique

et une demande inélastique

Part de la taxe

supportée par les

consommateurs

Part de la taxe

supportée par les

producteurs

D

T

PST

O

PPA

PRV

Q

P Graphique 1.15.d. Effet d’une taxe avec une offre

inélastique et une demande élastique

Part de la taxe

supportée par les

producteurs

Part de la taxe

supportée par les

consommateurs

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28

Au final l’instauration d’une taxe sur les acheteurs induit une baisse de la quantité demandée. Au nouvel équilibre les acheteurs paient plus et les vendeurs reçoivent un prix hors taxe inférieur au prix sans taxe. La différence entre le prix payé par les acheteurs et le prix reçus par les vendeurs correspond à la taxe. La charge de la taxe sur les acheteurs se trouve ainsi partagée entre les vendeurs et les acheteurs.

Quid alors d’une taxe sur les vendeurs ? Le graphique 1.15.b illustre ce cas de figure. Ainsi, puisque la taxe est payée par les vendeurs, la quantité demandée par les acheteurs devrait rester la même. De ce fait, la courbe de demande ne change pas. Par contre, la taxe affectent les vendeurs et diminue leur profit ce qui provoquerait une sortie des producteurs les moins compétitifs et déplacerait la courbe d’offre à gauche.

L’introduction de la taxe induit une augmentation des coûts de production et réduit la quantité offerte quelque soit le prix. Le nouvel équilibre avec taxe sera caractérisé par une baisse de la quantité demandée et vendue. La baisse de l’offre générerait une augmentation des prix de sorte que les acheteurs payeront un prix supérieur et les vendeurs percevront un prix inférieur à celui de l’équilibre sans taxes. La charge de la taxe se trouve, également, payée par les acheteurs et les vendeurs

Il ressort de l’étude des effets de la taxe sur les acheteurs et sur les vendeurs qu’ils aboutissent au même résultat et sont équivalentes et la seule différence concerne qui des deux agents enverra l’argent collecté au titre de la taxe au Gouvernement. En effet, on peut récapituler ces effets en ce qui suit :

la taille du marché est réduite (baisse de la quantité demandée et vendue) ;

le prix d’équilibre augmente mais d’un niveau inférieur au montant de la taxe ;

les acheteurs payent plus que le prix d’équilibre sans taxes et les vendeurs perçoivent moins que ce prix et la différence entre ces deux prix (appelé coin

fiscal) étant égale au montant de la taxe ;

la charge de la taxe se trouve partagée entre les vendeurs et les acheteurs. Mais comment s’opère ce partage ?

Les graphiques 1.15.c et 1.15.d livrent des éléments de réponse à cette question. Le graphique 1.15.c suppose que le marché est caractérisé par une offre élastique et

une demande inélastique. Cela signifie que les vendeurs sont très sensibles au changement des prix alors que les acheteurs sont très peu réactifs au prix.

Dans ce contexte, du fait que l’offre est élastique l’ajustement se fera essentiellement par les quantités offertes : une faible augmentation du prix conduirait à une forte

augmentation de la quantité offerte. Ainsi, la baisse des prix perçus par les vendeurs sera minime. Par contre, pour les acheteurs du fait que leur demande est inélastique, l’ajustement se fera essentiellement par le prix. Ainsi, le prix qu’ils auront à payer varierait d’une manière plus importante. Ces variations disproportionnées du prix perçu par les vendeurs et celui payé par les acheteurs font que l’essentiel de la taxe sera supporté par les acheteurs.

Le graphique 1.15.d présente le cas inverse d’une offre inélastique et une demande élastique. Dans ce contexte, du fait que l’offre est inélastique l’ajustement se fera essentiellement par les prix : le prix perçu par les vendeurs diminuera d’une manière importante pour compenser l’invariabilité des quantités. Par contre, pour les acheteurs, du fait que leur demande est dans ce contexte élastique, l’ajustement se fera essentiellement par les quantités. Ainsi, le prix qu’ils auront à payer varierait peu. Ces variations disproportionnées du prix perçu par les vendeurs et celui payé par les acheteurs font que l’essentiel de la taxe sera supporté par les vendeurs.

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29

Il découle des études des deux cas susmentionnés que la charge de la taxe est supportée, essentiellement, par la partie la moins élastique. En effet, l’élasticité mesure la volonté des vendeurs et des acheteurs de quitter le marché lorsque les conditions deviennent moins favorables. Une faible élasticité de la demande indique que les consommateurs ne peuvent pas se passer de la consommation du bien ou service objet de la taxe. De même, une offre inélastique signifie que les producteurs ne peuvent pas changer d’activité et arrêter la production du bien ou service objet de la taxe.

1.3.5. Efficacité du marché et bien-être économique

Les quatre dernières sections se sont intéressées à l’équilibre du marché et ses caractéristiques : comment est-il affecté par la sensibilité des acheteurs et des vendeurs

et comment est-il impacté par les politiques publiques ? Mais on s’est jamais interrogé est ce que la marché assure le bien-être économique d’une société en permettant une allocation efficace et équitable des ressources. Cette section présentera quelques éléments de réponse à cette interrogation. Pour ce faire, il serait indispensable de définir quelques notions de base comme le bien-être économique d’une société et une allocation efficace et équitable des ressources.

Comment peut-on quantifier le bien-être économique d’une société ? Une mesure pratiquée par les économistes consiste à sommer les surplus des consommateurs et des producteurs. Cette somme est qualifiée de surplus total (ST). Pour mieux comprendre cette notion, rappelons les définitions de base des surplus des consommateurs (SC) et des producteurs (SP). Ainsi on a :

SC = Valeur accordée au bien par les acheteurs – Prix payé par les acheteurs ;

SP = Prix perçu par les vendeurs – Coût du bien pour les vendeurs ;

ST = SC + SP = Valeur accordée au bien par les acheteurs - Coût du bien pour les vendeurs

En effet, à l’équilibre d’un marché libre sans intervention de l’Etat, le prix payé par l’acheteur est égal au prix perçu par le vendeur. D’où la définition du surplus total comme la valeur (mesurée par la volonté de payer) qu’accordent les acheteurs aux biens amoindrie des coûts que supportent les producteurs pour produire ces biens.

Les économistes utilisent la notion du surplus total en vue d’évaluer le bien être économique d’une société. Ainsi, on peut considérer que le bien-être économique d’une société augmente lorsque le surplus total augmente et inversement. Pour augmenter le surplus total, il faudrait réduire les coûts des biens produits par les producteurs ou pouvoir produire des biens auxquels les consommateurs accordent

une valeur importante.

Pour ce faire, on doit allouer les ressources, dont dispose une société (capital humain et matériel, main-d’œuvre, ressources naturelles, etc.), aux productions auxquelles les consommateurs accordent une valeur élevée et que les producteur peuvent produire à moindre coût. De cette façon on peut maximiser le surplus total d’une société. Cette façon d’allouer les ressources est appelée une allocation efficace des ressources car elle permet de maximiser le surplus total.

Par opposition, si un bien est produit par des producteurs qui ont les coûts les plus élevés, l’allocation des ressources à ces producteurs est qualifiée de non efficace. Dans ce contexte transférer les ressources d’un producteur couteux à un producteur moins couteux augmenterait le surplus total. De même, si un bien est consommé par les acheteurs qui lui accordent peu de valeur, l’allocation des ressources serait inefficace car si ce bien est consommé par d’autres consommateurs qui lui accordent une valeur importante le surplus total augmenterait. En somme une allocation des ressources est efficace si elle permet de maximiser le surplus total.

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30

Mais le surplus total est composé du surplus des consommateurs et de celui des producteurs. Maximiser le surplus total n’est pas synonyme que les producteurs et les consommateurs profitent d’une manière équitable des bienfaits de cette augmentation. Ainsi, l’efficacité qui peut être quantifiée par le surplus total et qui renseigne sur l’évolution de la prospérité économique d’un pays ne permet pas de répondre à la question : est ce que la répartition de la prospérité se fait d’une manière juste entre les producteurs et les consommateurs ?

A cet égard, on dira qu’une distribution est équitable si elle permet de répartir la prospérité économique d’une manière juste entre les membres de la société. Ainsi, la notion de l’équité s’intéresse à savoir si les parts de la prospérité sont distribuées d’une manière juste entre les membres d’une société alors que la notion de l’efficacité permet de quantifier cette prospérité sans se soucier des problèmes de sa distribution.

Or s’il est facile d’évaluer l’efficacité d’un marché à travers l’usage de la notion du surplus total que l’on peut aisément quantifier en utilisant les éléments d’analyse économique, la notion de l’équité demeure difficilement quantifiable car elle se réfère au principe de justice qui relève plutôt des jugements normatifs faisant partie des domaines de la philosophie ou des sciences juridiques. Donc, dans le cadre des sciences économiques on se limite, généralement2, à répondre à la question : le fonctionnement libre du marché peut-il permettre une allocation efficace des ressources ?

Le graphique 1.16 illustre les surplus des consommateurs et des producteurs d’un marché qui atteint l’équilibre entre l’offre et la demande. La surface ACE correspond au surplus total. On ne peut confirmer que l’allocation des ressources générée par l’équilibre entre l’offre et la demande est efficace que si l’on s’assure que le surplus est au maximum.

Rappelons, à cet égard, que lorsqu’un marché est à l’équilibre le prix décide qui sont les acheteurs et les vendeurs qui participeront à l’échange des biens et services produits et mis sur le marché pour être consommés. Les acheteurs qui accordent une valeur au bien supérieure au prix (représentés par le segment AE) participent à l’échange et achètent le bien et ceux qui lui accordent une valeur inférieure au prix (représentés par le segment EB) n’achètent pas le bien.

De même, les producteurs capables de produire le bien à un coût inférieur au prix (représentés par le segment CE) produisent le bien et le vendent sur le marché et ceux incapables de le produire à un coût inférieur au prix de marché (représentés par le segment ED) choisissent de ne pas produire et sorte du marché comme offreur car leurs coûts sont supérieurs au prix du marché.

Ces observations mènent à conclure que le fonctionnement libre du marché permet à l’équilibre aux consommateurs qui attribuent le plus de valeur aux biens de les consommer et aux producteurs qui peuvent les produire au coût le plus bas de les produire. L’on peut conclure aisément que le fonctionnement libre du marché permet

2 Plus précisément, les écoles économiques, notamment d’obédience classique et marxiste ont développé des théories de la répartition qui ont fait objet de débats durant le 19è et le début du 20è siècles sans aboutir à l’élaboration d’outils permettant une quantification de la notion de l’équité.

E

B

C

A

P*

Q

P Graphique 1.16. Surplus du producteur et du

consommateur et équilibre du marché

0 Q*

D

Demande

Offre

SC

SP

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31

une allocation efficace des ressources car il maximise l’utilité des consommateurs et minimise les coûts des producteurs. Cette conclusion explique pourquoi les économistes considèrent que les marchés libre sont les meilleurs outils d’organiser l’activité économique car ils permettent une allocation efficace des ressources.

Cette conclusion est-elle toujours vraie ? Les économistes formulent d’une manière quasi-unanime une réponse négative à cette question pour deux raisons principales. La première a trait aux caractéristiques des marchés. En effet, il est démontré que seuls les marchés de concurrence parfaite permettent une allocation efficace des ressources.

Or les marchés dans l’économie réelle sont loin d’être caractérisés par une concurrence parfaite car ils sont souvent dominés par un nombre limité de vendeurs ou d’acheteurs qui contrôlent les prix et les quantités et empêchent les

marchés de fonctionner librement.

En second lieu, il est à relever que dans l’économie réelle les activités des consommateurs et des producteurs peuvent affecter les individus qui ne participent pas à l’échange de certains marchés et n’en tirent pas un gain. La pollution en est un exemple édifiant. Ainsi, un individu qui n’a pas de voiture se trouve affecté négativement par les activités des participants au marché des voitures. Ce genre de dommages collatéraux du marché s’appelle des externalités négatives (d’autres externalités sont qualifiées de positives).

En effet, les voitures génèrent de la pollution et un individu qui ne participe pas au marché des voitures se trouve obligé de consommer la pollution bien qu’il lui accorde une valeur négative (personne n’aime la pollution). Du fait que cet individu accorde une valeur négative à la pollution et qu’il est obligé de la consommer sont surplus se trouve amoindri ce qui conduit à réduire le surplus total.

Quand les marchés sont dominés par les pouvoirs d’un nombre restreint de consommateurs ou de producteurs ou quant-ils génèrent des externalités négatives on parle alors d’échec du marché à assurer une allocation efficace des ressources. Les politiques publiques doivent prendre le relais dans ces marchés pour les réguler et augmenter l’efficacité économique. C’est là l’un des champs les plus utiles de la microéconomie et des microéconomistes.

Problèmes et applications à faire

Répondre aux questions à méditer de 6 à 10 et solutionner les exercices 16 à 22 du chapitre 1

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Exercices du chapitre 1

Exercice 1.

Répondre brièvement aux questions suivantes :

1. Quels sont les facteurs déterminant la quantité demandée ? 2. Pourquoi la courbe de demande est-elle décroissante ? 3. Un changement dans les préférences des consommateurs provoque-t-il un

mouvement le long de la courbe de demande ou une translation de cette dernière ? Une variation du prix provoque-t-elle un mouvement le long de la courbe de demande ou une translation de cette dernière ?

4. Le revenu d’un consommateur diminue et par conséquent il achète moins de pomme de terre. Les pommes de terre sont-elles un bien inférieur ou un bien normal ? Qu’arrive-t-il à la courbe de demande de ce consommateur ?

5. Définissez l’élasticité-prix et l’élasticité-revenu de la demande 6. Une élasticité supérieure à 1 implique-t-elle que la demande est élastique ou

inélastique ? Une élasticité nulle implique-t-elle que la demande est parfaitement élastique ou parfaitement inélastique ?

7. Comment appelle-t-on un bien dont l’élasticité-revenu est inférieur à 0 ? 8. Expliquez comment sont liés la volonté à payer des acheteurs, le surplus du

consommateur et la courbe de demande.

Exercice 2.

Le marché d’un bien est composé de deux consommateurs : Khalid et Samia. Les données du tableau ci-dessous retracent leurs plans de demandes individuelles en fonction du prix du marché.

Prix Quantité demandée

par Khalid Quantité demandée

par Samia Demande du

marché

0 18 9 ?

1 16 8 ?

2 14 7 ?

3 12 6 ?

4 10 5 ?

5 8 4 ?

6 6 3 ?

7 4 2 ?

8 2 1 ?

9 0 0 ?

1. Déduire la demande du marché et tracez les courbes de demande individuelles de Khalid et Samia ainsi que la courbe de demande du marché.

2. En utilisant la méthode du point milieu calculez l’élasticité-prix de la demande de Khalid, Samia et du marché quand ce le prix varie entre 4 et 6 ? Interpréter vos résultats.

Exercice 3

Le marché d’un bien est très spécialisé. Il en résulte que seulement trois personnes achètent ce bien. Quelle est la demande de ce marché sachant que les demandes inverses des trois acheteurs sont caractérisées par les fonctions suivantes :

- Acheteur 1 : P = 200 – 20Q - Acheteur 2 : P = 20 – 4Q - Acheteur 3 : P = 20 – 5Q

Page 33: Microéconomie Ch1 V 14-02-12 (1)

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Exercice 4

La demande mondiale d’un tissu est composée de la demande domestique et de la demande étrangère :

- Demande domestique : Pd = 5 – 0,005 QR - Demande étrangère : PE = 3 – 0,00075 Qe

Pd et Pe sont en dhs par mètre et Qd et Qe sont en mètres par jour. Si le prix du tissu est de 3,10 dhs le mètre, la quantité achetée mondialement est donc de 246,7 mètres. Vrai ou faux ? Justifiez votre réponse.

Exercice 5

La demande d’un bien est représentée par l’équation suivante Qd = -0,3Px + 0,2PY + 0,05R.

Qd est la quantité demandée du bien X, PX est le prix du bien X, PY est le prix du bien

Y et R est le revenu disponible. Interprétez les coefficients des variables PY et R.

Exercice 6

Vous êtes un employé d’un fabricant de pantalons nord-américain. Il existe deux modèles de pantalons, chinois et égyptien, concurrents à l’un des modèles que vous fabriquez. La fonction de demande mensuelle pour votre modèle peut être définie de la façon suivante :

Qd

NA = 40 000 – P

NA+ 0,3P

CH + 0,25P

EG + 0,026R

Qd

NA est la quantité demandée de votre pantalon, P

NA est le prix de votre pantalon, P

CH

est le prix du modèle chinois, PEG est le prix du modèle égyptien et R est le revenu des

consommateurs. Actuellement, le modèle chinois se vend 24 000 dhs (PCH ) pour

10 000 pièces, le modèle égyptien se vend 26 000 dhs (PEG) et le revenu moyen des consommateurs est de 50 000 dhs (R) :

1. Quelle est l’élasticité-prix de la demande pour votre modèle s’il se vend 25 000 dhs ? Interprétez votre résultat.

2. Lequel des deux modèles concurrents est un meilleur substitut à votre modèle ? Expliquez en vous référant aux coefficients d’élasticité pertinents.

3. Si, au cours d’un mois donné, votre compétiteur égyptien fait une campagne de promotion et réduit le prix de son modèle de 5%, quel sera l’impact sur vos ventes en pourcentage ? (Supposez que vous et votre compétiteur chinois ne modifiez pas vos prix.) Expliquez.

4. En supposant que la demande pour tous les modèles dans le monde se comporte d’une manière semblable à votre demande, dites si une augmentation des revenus des consommateurs serait de nature à stimuler la demande de pantalons.

Exercice 7

Répondre par Vrai ou faux aux énoncés suivants :

1. Les statistiques indiquent que l'élasticité-prix de la demande de cigarettes est de l'ordre de -0.4. Si le prix du paquet de cigarettes augmente de 50 % alors la quantité consommée va diminuer de 40 %. Vrai ou faux ?

2. Lors d’une récession, on s’attend à ce que la demande d’un bien diminue lorsque son élasticité revenu est de -10. Vrai ou faux ?

3. Les biens substituables ont une élasticité croisée positive.

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Exercice 8

La fonction de demande individuelle d’un bien A est spécifiée comme suit :

5,0169 RPPQ BAA

1. Calculez l’élasticité-prix, l’élasticité-prix croisée et l’élasticité revenu ;

2. Si le prix du bien A augmente de 20% comment ca évoluer sa demande ?

3. Même question si le revenu diminue de 10%.

Exercice 9

La fonction de demande d’un consommateur est exprimée par Qd = 6 - p : Calculez le surplus du consommateur si P = 6 et si P = 2.

Exercice 10

Soit la fonction de demande Qd = 4 – P. Il est supposé que l’économie est composée de 10 consommateurs. Calculez le surplus des consommateurs et le bénéfice social si P = 2,5.

Exercice 11

Soit le plan de demande suivant :

P Q P×Q ΔP% ΔQ% εp Niv ε

7 0

6 2

5 4

4 6

3 8

2 10

1 12

0 14

1. Compléter le tableau en vue de calculer l’élasticité-prix en utilisant la méthode du point milieu et précisez son niveau (élastique ou non) ;

2. Peut-on dire qu’à l’instar de la pente, l’élasticité, le long d’une courbe de demande linéaire, est constante ?

3. Serait-il opportun, du point de vue recette totale, d’augmenter le prix de 1 à 2 et de 5 à 6. Justifiez votre réponse.

Exercice 12

Répondre brièvement aux questions suivantes :

1. Quels sont les déterminants de la quantité offerte sur le marché d’un bien.

2. Qu’est ce qu’une courbe d’offre et pourquoi est-elle croissante ?

3. Un changement dans la technologie de production provoque-t-il un mouvement le long de la courbe d’offre ou une translation de cette dernière ?

4. Une variation du prix provoque-t-elle un mouvement le long de la courbe ou une translation de cette dernière ?

5. Définissez l’élasticité-prix de l’offre et dites si elle est généralement plus importante à long terme ou à court terme. Pourquoi ?

6. Expliquez comment sont liés le coût du vendeur, le surplus des producteurs et la courbe d’offre.

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Exercice 13

Une entreprise offre un bien sur un marché. Le nombre d’unité du bien que l’entreprise est prête à offrir est fonction du prix du bien et ce selon la relation spécifiée dans le tableau qui suit :

Prix 1 2 3 4 5

Quantité 100 200 250 300 325

1. Représentez la courbe d’offre et précisez ses caractéristiques.

2. Calculez et représenter de deux manières différentes les recettes totales liées à la courbe d’offre de l’entreprise ?

Exercice 14

Dix entreprises ayant la même courbe d’offre assurent l’offre dans un marché. Les

données du tableau qui suit précisent les quantités offertes d’une entreprise type en fonction du prix.

Prix 1 2 3 4 5 6 7

Quantité 2 8 12 16 20 22 22

Représentez graphiquement la courbe d’offre globale, calculez les élasticités de l’offre par rapport au prix en utilisant la méthode du point milieu des différentes partie de la courbe et interpréter les résultats.

Exercice 15

Une entreprise a une courbe d’offre caractérisée par la relation suivante : Q = (3/5)P + 5. Calculez le surplus du producteur si P = 5.

Exercice 16

Répondre brièvement aux questions suivantes :

1. Qu’est ce qu’un marché concurrentiel ? Décrivez brièvement les types de marchés autres que parfaitement concurrentiels.

2. Définissez l’équilibre du marché et décrivez les forces qui le conduisent vers son équilibre.

3. Une pénurie sur le marché peut être causée par un prix-plafond ou par un prix-plancher. Qu’est ce qui causerait un excédent sur un marché un prix-plafond ou par un prix-plancher ?

4. Quelle est la différence entre une taxe payée par les acheteurs et celle payée par les vendeurs ?

5. Qu’est ce qui détermine le répartition de la charge fiscale entre les acheteurs et les vendeurs et pourquoi ?

6. L’efficacité est-elle le but unique que recherche un décideur politique ?

7. Citez deux types d’échec de marché qui exige l’intervention de l’Etat dans le fonctionnement des marchés

Exercice 17

1. Le marché de la pierre d’ornement est décrit par les fonctions suivantes : Offre : P = 10 + 0,01Q

Demande : P = 100 – 0,01Q P est le prix par unité en dhs et Q représente les ventes par semaine en tonnes. Les prix et quantités d’équilibre sont : P = 50 dhs/tonne et Q = 6 000 tonnes/semaine. Vrai ou faux ? Justifiez votre réponse.

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36

2. D’après les données de la question a), si le prix est fixé par le Gouvernement à 40 dhs/tonne, la pénurie sur le marché sera alors 3 000 tonnes/semaine. Vrai ou faux ? Justifiez votre réponse et l’illustrer en utilisant un graphique.

Exercice 18

L’offre de main-d’œuvre pour les emballeurs de supermarché est la suivante : QO = 2 + 2P. De plus, la demande de main-d’œuvre pour cette catégorie de travailleurs est donnée par l’équation QD = 30 – 2P. Un salaire minimum à 8 dhs l’heure va nécessairement aider ces travailleurs. Vrai ou faux ? Justifiez votre réponse.

Exercice 19

Soit un bien X est acheté par trois personnes selon les fonctions de demande suivantes : - Acheteur 1 : P = 200 – 20Q - Acheteur 2 : P = 20 – 4Q

- Acheteur 3 : P = 20 – 5Q

Par ailleurs, on sait que l’offre sur ce marché est caractérisée par la fonction P = –7 + 0,5Q : 1. Quelle est la demande de ce marché ? 2. Calculez le prix et la quantité à l’équilibre. 3. Quel sera l’effet d’une baisse du prix d’un produit Y substitut sur le prix et la

quantité d’équilibre du marché du bine X ? 4. Par rapport à la situation en b), si le gouvernement décide d’intervenir sur le

marché et de fixer le prix du bien X à 3 dhs, serait-on dans une situation de pénurie ou d’excédent d’offre ? De quelle ampleur serait cette pénurie ou cet excédent ? Illustrez graphiquement.

Exercice 20

Supposons que les élasticités de la demande et de l’offre de long terme du pétrole brut sont de –0,906 et de 0,515 respectivement. Le prix actuel d’équilibre du pétrole est de 30 dollars le baril, et la quantité d’équilibre est de 16,88 milliards de barils par année : 1. Calculez les équations de la demande et de l’offre de long terme en supposant

qu’elles sont linéaires. 2. Supposons maintenant que l’offre de long terme que vous avez calculée en 1)

est constituée à la fois de l’offre concurrentielle et de l’offre de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole). Si l’équation de l’offre concurrentielle de long terme est : QC = 7,78 + 0,29 P, quel doit être le niveau de production de l’OPEP dans cet équilibre de long terme ?

Exercice 21

La demande d’un bien est représentée par l’équation suivante QD = -0,3Px + 0,2PY + 0,05R.

QD est la quantité demandée du bien X, PX est le prix du bien X, PY est le prix

du bien Y et R est le revenu disponible. 1. Interprétez les coefficients des variables PY et R. 2. L’offre de ce même bien X est donnée par l’équation suivante :

805,0 x

o

x PQ

Quels sont la quantité et le prix d’équilibre du bien X, si PY = 100 dhs et R = 2000 dhs ? 3. Calculez l’élasticité-prix de l’offre au point d’équilibre. 4. Si le revenu disponible augmente à 2400 dhs, quels sont le nouveau prix et la

nouvelle quantité d’équilibre? Sur un même graphique, représentez ce nouvel équilibre ainsi que celui calculé en b).

5. Suite à l’augmentation du revenu, le gouvernement maintient le prix à son niveau calculé en b). Une telle politique engendre une pénurie ou un surplus ? Calculez et représentez sur le graphique précédent cette pénurie ou ce surplus.

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Exercice 22

L’Association des fabricants de pneus estime que la demande du marché pour son

produit est égale à QD = 3600 – 2P – 0,04PA+ 0,02R. QD est le nombre de

pneus demandés durant l’année, P est le prix d’un pneu, PA est le prix d’une auto, et R est le revenu annuel moyen des consommateurs. L’offre de pneus est donnée par la relation suivante : QO = 3000 + 3P. QO est la

quantité offerte de pneus et P est le prix d’un pneu. 1. Estimez la fonction de demande si PA= 20 000 dhs et R = 50 000 dhs. 2. Quels sont le prix et la quantité à l’équilibre ? 3. Calculez l’élasticité-prix de la demande à l’équilibre. Interprétez votre résultat. 4. Sachant que le marché comporte 40 acheteurs dont les demandes individuelles

sont identiques, trouvez l’équation qui décrit la demande d’un de ces acheteurs. 5. En partant de la situation d’équilibre du marché, expliquez, en vous aidant

d’un graphique, l’impact des événements suivants sur le prix et la quantité d’équilibre des pneus :

i. une hausse du coût de production des autos ; ii. un plus grand souci des consommateurs de réduire la pollution générée par

les automobiles. 6. Imaginons que l’État fixe le prix des pneus à 55 dhs/l’unité, y aura-t-il

pénurie ou surplus ? Chiffrez votre réponse.

Exercice 23

Le directeur régional de la RAM, a recueilli des données suivantes sur une période de 5 mois successifs, concernant le vol régional Casa-Agadir offert par sa compagnie et son principal concurrent :

Mois PA PC R QA QC

1 110 112 2 000 65 60 2 109 110 1 900 62 63 3 110 112 2 100 70 66 4 109 111 1 900 70 61 5 108 110 1 900 68 59

PA est le tarif (en 10 dhs) économique de la RAM pour un aller simple sur le vol Casa – Agadir. PC est le tarif économique du concurrent pour un aller simple sur le vol Casa – Agadir. R est le revenu mensuel moyen des utilisateurs du vol Casa – Agadir. QA est la quantité moyenne de sièges vendus par la RAM pour un aller

simple Casa – Agadir. QC est la quantité moyenne de sièges vendus par le concurrent pour un aller simple Casa – Agadir : 1. Calculez l’élasticité-prix de la demande pour la RAM et interprétez votre résultat. 2. Le vol Casa - Agadir offert par la RAM est-il un substitut ou un complément

au même vol offert par le concurrent? Justifiez votre réponse. 3. Le vol Casa - Agadir est-il inférieur ou normal? Justifiez votre réponse. 4. Si vous aviez laissé plus de temps aux consommateurs pour réagir à un

changement de tarif (disons une année plutôt qu’un mois), cela aurait-il affecté la valeur obtenue pour l’élasticité-prix de la demande pour le vol Casa – Agadir assurer par la RAM? Expliquez brièvement.

5. La demande pour le vol Casa - Agadir (quelle que soit la compagnie qui fournit le vol) est-elle plus élastique que la demande pour le vol de la RAM (i.e., lorsque le service est fourni par la RAM)? Expliquez brièvement.