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RÉPUBLIQUE TUNISIENNE
MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DES RESSOURCES HYDRAULIQUES
ETUDE DE FAISABILITE
DE LA MISE EN PLACE DE SIGNES
DISTINCTIFS DE LA QUALITE ET/OU
D’ORIGINE POUR LE MIEL TUNISIEN
NOVEMBRE 2008
AUTEUR : Mokhtar MAHOUACHI
2
REMERCIEMENTS
L’auteur de la présente étude remercie tous les organismes et
les personnes qui ont très largement contribué à la
réalisation de cette étude. Leur aide et concours ont été d’une
grande efficacité pour mener à terme le travail qui concerne
une éventuelle mise en place d’un signe de qualité qui
caractérise le miel produit dans diverses régions en Tunisie.
Qu’ils trouvent tous dans le présent document la
concrétisation de leur effort et leur dévouement à
promouvoir ce secteur.
Cette étude traitera la faisabilité de construire des signes de
qualité pour le miel des zones suivantes :
Sejnane,
Cap Bon,
Kasserine,
Zaghouan ,
Ousselatia
3
SOMMAIRE
Introduction 06
Contexte de l’étude 08
Objectifs de l’étude 10
Démarche adoptée 11
PREMIERE PARTIE : 14
Situation actuelle du secteur apicole en Tunisie
Evolution du nombre de ruches (moderne et traditionnelles)
Evolution de la production du miel
Place de la production du miel dans les pays arabe et dans le mondiale
Bilan commercial du secteur apicole
Caractérisation et organisation du secteur apicole en Tunisie
DEUXIEME PARTIE : 28
Etude de la qualité du miel (analyse bibliographique)
Signes de qualité
Signes d'identification de la qualité et d'origine au niveau international
Analyse de la qualification des produits agricoles en Tunisie
Eléments comparatifs des indications géographiques
L'organisation professionnelle
Composition du miel
4
TROISIEME PARTIE : 52
Etude des caractéristiques de production de miel dans les régions
concernées
Etude de faisabilité de signe de qualité pour la miel produit dans la
région de Sejnen
Etude de faisabilité de signe de qualité pour la miel produit dans la
région du Capbon
Etude de faisabilité de signe de qualité pour la miel produit dans la
région de Kasserine
Etude de faisabilité de signe de qualité pour la miel produit dans la
région de Zaghouan
Etude de faisabilité de signe de qualité pour la miel produit dans la
région de Oueslatia
QUATRIEME PARTIE : 91
Démarche à suivre pour la mise en place des signes distinctif de qualité
(AOCetIP )
ANNEXES 101
5
1. I. INTRODUCTION
A l’instar des autres pays de la rive sud de la méditerranée, l’agriculture en
Tunisie est confrontée à une concurrence de plus en plus rude suite à son
adhésion à l’organisation mondiale du commerce. Outre les prix des denrées
alimentaires, cette concurrence est également régie par la qualité des produits
agricoles et agro-alimentaires mis sur le marché mondial par des pays qui ont
depuis fort longtemps accordé une importance à cet aspect qualitatif.
Pour préserver les marchés traditionnels et accroître les exportations des
produits agricoles vers d’autres pays potentiels, la Tunisie est appelée à
s’inscrire obligatoirement dans cette démarche qualitative. Les particularités
édapho-climatiques, les spécificités des itinéraires techniques et le savoir faire
des agriculteurs et des éleveurs sont autant d’atouts qui sont susceptibles
d’aider à atteindre cet objectif « qualité ». Il est par ailleurs important de
souligner que le consommateur tunisien, lui-même, est devenu de plus en plus
exigent en matière de qualité des produits agricoles et agro-alimentaires. Cette
exigence de la part du tunisien vis-à-vis de la qualité est le résultat de
l’amélioration de son niveau de vie et de la prise de conscience des méfaits
environnementaux et sanitaires de l’agriculture intensive actuellement pratiquée.
Consciente de l’importance de la démarche « Qualité », la Tunisie a initié
de nombreuses études dans le but de déceler les produits agricoles et agro-
alimentaires pouvant présenter un potentiel à cet égard. Dans le cas des
produits animaux, les études se sont intéressées à la viande de mouton issue de
certaines régions anciennement réputées (agneaux d’El Ouara, de Sidi Bouzid)
ou provenant d’une race (la race Noire de Thibar). Les produits issus de la
transformation du lait de brebis font aussi l’objet de telles investigations.
Le miel, mais aussi les autres produits de la ruche, présenterait un secteur
potentiel qui pourrait être compétitif à l’égard des productions des pays
traditionnellement connus par leur niveau de production (Chine, Espagne,
France…). Seulement, ce miel tunisien doit impérativement répondre aux
normes de production, de conservation et d’exportation exigées par les
réglementations internationales en vigueur. Il doit en outre présenter certaines
caractéristiques qui lui sont spécifiques pour être mieux valorisé à l’intérieur du
pays et à l’étranger. Pour ce faire, il est indispensable d’étudier les éventuelles
possibilités de mettre en place au préalable des signes distinctifs de qualité qui
6
permettraient d’identifier et de spécifier les miels produits dans certaines zones
potentielles. Ces signes de qualité différent (AOC, IGP ou IP, STG, marque
collective, Label, AB…) et se basent sur plusieurs critères, entre autres
qualitatifs.
C’est dans ce cadre que l’Office de l’Elevage et des Pâturages envisage de
mener une étude de réflexion stratégique qui a pour objectifs d’identifier des
signes de qualité du miel produit dans cinq zones en Tunisie potentiellement
réputées pour leurs traditions dans la production de miel et la nature des
sources mellifères disponibles.
7
II - Contexte de l’étude
En dépit de son importance sociale mais aussi économique, le secteur
apicole n’a pas fait l’objet d’études mettant en valeur ses potentialités à l’instar
des autres secteurs qui ont bénéficié d’une attention particulière. En effet, les
rares études qui lui ont été consacrées ont surtout ciblé quelques aspects
techniques ou relatant les contraintes qui entravent son développement. Ainsi,
les études de prospection réalisées ont souvent négligé une vision globale
intégrant tous les maillons de la filière apicole.
Les résultats de ces rares études mais surtout les observations émanant du
terrain montrent d’une façon irréfutable que le secteur apicole se heurte encore
à de nombreuses contraintes qui s’opposent à son essor. Ces contraintes sont
de diverses natures : technique, organisationnelle, commerciale…
Ces constations ont, en même temps, mis en exergue le grand potentiel que
présente ce secteur comme générateur de sources de revenus pour les familles
rurales et comme moyen de développement durable de certaines régions
caractérisées par une richesse floristique. En terme d’exportation, le secteur
apicole est aussi appelé à jouer un rôle de grande importance.
Les moyens qui peuvent être utilisés pour permettre à ce secteur de jouer
pleinement son rôle socio-économique sont multiples. L’amélioration du niveau
de production par ruche est une voie prometteuse qu’il faut explorer. La qualité
du miel est une autre voie qui peut être mise à profit pour mieux valoriser cette
activité apicole. En effet, en Tunisie, le miel est produit dans diverses zones
caractérisées par des ressources mellifères très différentes et selon des
traditions propres aux apiculteurs tunisiens qui font recours à un savoir faire
particulier.
Les ressources naturelles et les itinéraires techniques utilisés en Tunisie
sont donc très différents de ceux qui existent dans les pays potentiellement
producteurs de miel. Ainsi, le miel produit dans certaines zones tunisiennes peut
éventuellement présenter des caractéristiques qualitatives très intéressantes
pouvant conduire à la mise en place de certains signes distinctifs de qualité.
Dans certains pays (France, Espagne…), les spécificités de certaines régions
ont déjà permis de mettre en place des appellations qui sont de plus en plus
connues et donc plus fortement demandées à travers le monde. Les miels de
8
corse et de sont des exemples, parmi d’autres, qui illustrent très bien les
avantages économiques et sociaux d’une telle démarche qualitative. De la
même façon, la création de signe de qualité du miel tunisien doit permettre de
mieux valoriser cette production et de diversifier les produits agricoles en
Tunisie.
C’est dans ce contexte que l’Office de l’Elevage et des Pâturages (OEP) a
proposé une étude visant la prospection d’une éventuelle instauration de signes
de qualité pour le miel produit dans cinq zones réputées pour leur potentiel de
production de miel. Cette étude s’inscrit dans le cadre de projet de renforcement
des services d’appui à l’agriculture et l’amélioration de la qualité.
9
III - Objectifs de l’étude
L’objectif global et ceux qui sont spécifiques assignés à cette étude sont les
suivants :
3.1. Objectif global
L’objectif global de cette étude consiste à définir, avec tous les opérateurs
de la filière apicole, un « objectif commun : motivations » et d’identifier ensuite
un « projet commun ». La finalité de cette démarche étant de promouvoir le miel
produit à travers un choix d’un signe de qualité qui conviendrait le mieux à
chaque zone choisie dans cette étude.
3.2. Objectifs spécifiques
Cet objectif global se décline en plusieurs objectifs spécifiques qui peuvent
être résumés comme suit :
Etablir un état de lieu de la filière apicole en Tunisie
Déterminer les caractéristiques physico-chimiques, botaniques et sensorielles
du miel ainsi que les facteurs qui les affectent aussi bien la qualité
Proposer des éléments de choix de signe de qualité le plus approprié pour les
zones qui se prêtent à cette qualification en tenant compte des spécificités
régionales
Proposer des scénarios d’actions regroupant les différents opérateurs intéressés
par cette démarche de qualité
10
IV - Démarche adoptée
Comme il a été mentionné dans la proposition émanant des organismes demandeurs, la présente étude est réalisée en trois étapes :
une première étape qui consiste à :
a) Description de la situation actuelle de la filière apicole en Tunisie
b) Analyse des cinq filières de qualité susceptibles de faire l’objet d’une
démarche de qualification
c) Proposition des plans d’actions pour octroyer un signe de qualité aux
différents miels
4.1. Situation actuelle de la filière apicole en Tunisie
Il s’agit dans ce premier temps, de faire un travail de collecte des
informations et de synthèse relative au secteur apicole. Les informations se
rapportent aux aspects suivants :
Ø Evolution de la production
Ø Evolution de la consommation et comparaison avec les niveaux étrangers
Ø Evolution des importations et exportations
Ø Caractérisation de la production : caractéristiques physiques des
exploitations, données relatives aux apiculteurs, régions potentielles,
techniques et niveau de production, facteurs de variation, saisons de
production, importance des différents produits de la ruche…
Ø Commercialisation actuelle du miel
Ø Synthèse des principales contraintes de développement de la filière
apicole en Tunisie
Pour accomplir le travail prévu dans cette première étape, les moyens suivants
seront utilisés :
Ø Synthèse des rapports et des études concernant la filière apicole
Ø Collecte et recoupement des statistiques disponibles (production,
consommation, commerce extérieur….)
Ø Conduite des entretiens avec des apiculteurs et responsables
intervenants à différents stades de la filière (éleveurs, Administrations,
GDA, Fédération Nationale des Apiculteurs....).
11
Cette première étape, les données relatives à la filière apicole seront
actualisées et caractérisées. Les entretiens avec les opérateurs, notamment les
producteurs, permettront en outre, d’initier des réflexions relatives aux attentes,
aux prédispositions des uns et des autres à s’engager dans cette démarche de
qualification du miel.
4.2. Analyse de cinq filières susceptibles de faire l’objet d’une démarche
de qualification
Pour chaque zone, cette étape consiste à mettre en place des référentiels
de qualité qui permettrait d’identifier aisément les miels produits dans les régions
étudiées. Elle se base sur un diagnostic technico-qualitatif d’une part et un autre
de nature technico-commerciale d’autre part.
En ce qui concerne le diagnostic technico-qualitatif, on procédera
Ø A la détermination des caractéristiques qualitatives (physico-chimiques,
polliniques et sensorielles) de miel produit dans cinq zones choisies selon
la source mellifère dominante. Les miels retenus sont les suivants : miel
d’Eucalyptus Camaldulensis à Sejnane; miel de Thym à Zaghouan, miel
de Romarin à Kasserine, miel d’Agrumes au Cap Bon et le miel de
Marrube à Ouesslatia.
Ø A la recherche, à partir des résultats d’analyses, de spécificités des
caractéristiques de qualité en vue de différencier certains miels en les
comparant aux autres miels.
Ø A l’hiérarchisation des facteurs qui déterminent la spécificité de chaque
miel. Ces facteurs concernent divers stades de la filière : techniques de
production, sources mellifères, savoir faire, conditionnement,
conservation...
Ø Enfin, à la délimitation de l’aire géographique de chaque miel
Dans le cas du diagnostic technico-commercial, il s’agit :
Ø D’estimer les potentialités réelles de production de chaque type de miel
caractérisé pendant la phase de diagnostic technico-qualitatif, notamment
ceux qui sont susceptibles de présenter des spécificités qualitatives
intéressantes et répondant aux normes internationales.
12
Ø D’étudier les conséquences en termes commerciales de ces signes de
qualité préconisés en précisant la clientèle potentielle
Ø De déterminer une typologie des opérateurs et de l’organisation de la
profession en analysant leurs objectifs et leurs motivations.
Les analyses concernent les paramètres suivants :
Ø la teneur en eau
Ø les teneurs en sucres totaux et en sucres réducteurs
Ø la teneur en saccharose (calculée par différence entre les deux
précédentes)
Ø l’acidité
Ø teneur en cendres
Ø l’activité diastasique (enzymatique)
Ø teneur en hydrométhylfurfural (HMF)
Ø conductivité électrique
La reconnaissance du miel peut se faire grâce à certaines propriétés physiques
et sensorielles :
Ø le poids spécifique, la viscosité et la cristallisation
Ø la couleur
Ø l’odeur
Ø et à degré moindre, la saveur
Des échantillons (n = 30) de miel produit dans les cinq zones seront prélevés
pour subir les analyses citées précédemment dans les laboratoires et en faisant
appel à des personnes ressources en terme de dégustation du miel.
Par ailleurs, quelques exploitations sont visitées en vue de noter les conditions
de production, les itinéraires techniques et leurs spécificités en vue de dégager
les facteurs susceptibles qui peuvent différencier les miels.
Pour réaliser la deuxième phase du diagnostic, des rencontres avec les
différents opérateurs qui interviennent dans la filière apicole sont réalisées. Ces
rencontres sont utiles pour déceler les motivations et l’intérêt des uns et des
autres pour mettre en place cette démarche de la qualité.
13
4.3. Proposition de plan d’actions
Cette étape vise la finalisation du « projet commun » en ce sens qu’elle sert
à définir et décrire les étapes à suivre pour la mise en place d’un signe de
qualité. Le travail a consisté à :
Ø Présenter les signes de qualité adoptée au niveau international
Ø Faire une analyse des textes réglementaires en vigueur en Tunisie pour
les signes de qualité (AOC, IP, marque collective, produit Biologique…) et
qui sont appliqués pour le moment pour d’autres spéculations
Ø Essayer d’étudier les possibilités de leur application dans le cas du miel
en tenant compte des particularités de chaque secteur.
Il faut savoir que certains signes de qualité de miel existent en
Europe (Miel de Corse ou mele de corsica, Appellation d’Origine
Contrôlée -AOC- décret du 30 janvier 1998 paru au journal officiel
Français du 3 février, produit à partir de la végétation spontanée de
la corse, voir références en annexes)
Ø Comparer les différents signes de qualité en mettant en exergue les
points forts et faibles de chacun d’entre eux. Cette comparaison servira
comme base pour un choix approprié de signe de qualité à attribuer à
chaque type de miel
Ø Le choix de signe de qualité étant fait, il importe de proposer un cahier de
charges qui résume les étapes de production, de conditionnement, du
stockage pour ce miel
Ø Enfin, établir des scénarios d’actions (référentiel, procédure, cahier de
charge,…) pour la promotion des produits choisis
14
PREMIÈRE PARTIE :
SITUATION ACTUELLE DU SECTEUR
APICOLE EN TUNISIE
15
L’objectif global de la présente étude étant de chercher d’éventuels signes
de qualité du miel produit dans certaines zones de la Tunisie, les
caractéristiques du secteur apicole dans le pays seront donc brièvement
passées en revue. D’autres rapports et études ont décrit, avec beaucoup de
détails, l’évolution du secteur apicole en Tunisie. On insistera dans cette partie,
en revanche, sur le potentiel du secteur apicole en Tunisie par rapport aux
autres pays producteurs dans le monde en vue de dégager quelques
recommandations ayant pour but d’améliorer son potentiel de concurrence.
1) Evolution du nombre de ruches
L’évolution du nombre de ruches traditionnelles et modernes est illustrée dans la
figure 1.
Figure 1. Evolution du nombre de ruches (en milliers) traditionnelles et
modernes en Tunisie (INS, 2005)
L’examen des données disponibles indique que l’activité apicole est
ancienne en Tunisie dans la mesure où le nombre de ruches traditionnelles était
important au début des années 1970, période qui a juste précédé la
modernisation du secteur. Depuis, un changement de grande envergure s’est
opéré en ce qui concerne le nombre et la nature des ruches utilisées pour
produire du miel en Tunisie. En effet, le nombre total de ruches a doublé en
passant de 126000 à 265 000 unités au cours de ces trois dernières décennies.
Le changement le plus significatif a affecté le remplacement d’une grande
16
proportion de ruches traditionnelles par d’autres qui sont modernes. Ces
dernières constituent, de ce fait, plus de 95 % de l’ensemble des ruches
actuellement utilisées par les apiculteurs. L’évolution importante du nombre de
ruches, notamment celles qui sont modernes, est le résultat d’une politique
d’encouragement qui a été initiée dans le but de promouvoir ce secteur surtout
dans les zones potentiellement riches en ressources mellifères. Cette
augmentation du nombre de ruches cache néanmoins des différences notables
dans la distribution régionale mais aussi la répartition de leur nombre en fonction
de la taille des exploitations.
Les données émanant du terrain indiquent cependant un ralentissement à cet
égard ces dernières années.
2) Evolution de la production du miel
L’évolution de la production de miel en Tunisie est présentée dans la figure 2.
Figure 2. Evolution de la production de miel (en tonnes) issu des ruches
traditionnelles et modernes (INS, 2005)
La production de miel en Tunisie a connu une évolution strictement
similaire à celle du nombre de ruches modernes. En effet, elle passe ainsi de
457 à 3000 tonnes de miel durant trois décennies, ce qui constitue une
augmentation de 500 %. En réalité, perçue de cette façon, l’augmentation de la
production paraît considérable mais si elle est rapportée à un rythme annuel,
17
elle devient beaucoup moins nette. En effet, l’accroissement annuel reste à un
niveau de 80 tonnes de miel par an.
Cette augmentation de la production provient essentiellement de
l’accroissement du nombre des ruches modernes comme nous l’avons
mentionné précédemment. Il est intéressant donc de souligner que
l’augmentation de la production par ruche n’est pas conséquente puisqu’elle
avoisine 10 kg en moyenne avec une grande disparité entre les régions et les
exploitations. Cette production reste très faible par rapport au potentiel de
production que possèdent les régions. Les facteurs qui expliquent ces niveaux
faibles de production sont divers et multiples. Les défaillances techniques
constituent sans doute les causes les plus significatives qui conduisent à une
telle situation. Les conditions matérielles et l’utilisation irrationnelle des
ressources mellifères sont aussi des facteurs qui sont impliqués à cet égard.
3) Place de la production tunisienne dans les pays arabes et
dans le monde
Il est important de situer le niveau de production obtenu en Tunisie par
rapport à celui réalisé par d’autres pays arabes et dans le monde. Ainsi, dans
les pays arabes, la structure de l’élevage apicole est pratiquement identique à
celle qui existe en Tunisie dans le sens que plus de trois quarts des ruches sont
modernes et le reste est de type traditionnel. Cependant, le nombre des ruches
varie très largement d’un pays à un autre. L’Egypte, avec plus de 2 000 000
ruches et l’Algérie, ayant un peu moins de 1 300 000 ruches (Apiservices, 2008)
constituent les deux pays qui présentent un grand potentiel de production. Leur
production est donc conséquente puisqu’elle est estimée (sur la base de 75 %
de ruches modernes et une production moyenne de 8 kg/ruche) à environ
13 000 et 7500 tonnes respectivement. L’Algérie reste cependant un importateur
potentiel (550 tonnes/an) avec un prix de miel très élevé. Il est aussi important
de souligner à cet égard, l’importance que commence à acquérir le secteur
apicole en Syrie compte tenu de l’intérêt que lui accordent les autorités et la
population en terme de consommation. Deux autres pays arabes, en
l’occurrence l’Arabie Saoudite et le Maroc, représentent un grand potentiel de
production mais le secteur apicole reste handicapé par la nature des ruches qui
18
sont primordialement de type traditionnel. Ces derniers constituent en effet 86 et
80 % de la totalité des ruches dans les deux pays respectivement. Ainsi, même
si elle occupe la 6ème place en termes du nombre de ruches, la Tunisie devance
probablement ces deux derniers pays en termes de production.
Par ailleurs, l’Arabie Saoudite ne produit que 2 à 4 % de sa consommation
(environ 90 tonnes/an). Elle importe donc une grande quantité de miel chaque
année en s’approvisionnant de deux types de marché. Les pays connus par leur
niveau de production constituent la part prépondérante dans
l’approvisionnement de ce pays (Figure 3). Cependant, des importations sont
aussi faites à partir des pays asiatiques avec le plus souvent des prix bas et une
faible qualité du miel (Jassim M. Al- Maghrebi, Apiservices, 2008). Ce même
auteur indique en outre que le pays importe du miel à partir des pays voisins
(Yemen) ; miel qui présente une excellente qualité, préféré par les
consommateurs saoudiens et dont le prix atteint 190 US$ /kg. L’extrême
variation du prix du miel au sein d’un même pays montre l’importance de la
qualité du miel à produire en vue de son exportation. C’est la voie que doit
explorer le secteur apicole en Tunisie pour conquérir de tels marchés potentiels.
Figure 3. Principaux pays approvisionnant le marché Saoudien
(Apiservices, 2008)
19
Dans le monde, la production est très fortement dominée par certains pays
qui possèdent dorés et déjà une grande tradition dans ce type de production.
Ainsi, la Chine est le premier producteur mondial de miel avec plus de 20 %
(plus de environ 300 000 tonnes par an selon le calcul en utilisant les données
récentes d’Apiservices) du volume total produit dans le monde. Outre
l’accroissement annuel de la production qui reste à un niveau de 4 %, la chine
se distingue également par les avancées enregistrées dans le domaine de
l’industrialisation et la commercialisation du miel. Le prix du miel (estimé à 1.2 –
1.9 US$ /kg en ce temps ci) est sans doute un élément fondamental qui explique
le nombre de pays qui font recours à l’importation du miel chinois (25 pays avec
plus de 330 d’importateurs). Les nouvelles données disponibles indiquent
cependant une baisse d’intérêt international à l’égard du miel chinois, à l’instar
des autres produits agricoles et agro-alimentaires, compte tenu de leur qualité.
En effet, certaines études relatent des cas de « falsifications » de miel chinois en
Allemagne et en France (Bogdanov et al., 1998). En réalité, cette constatation
ne se limite pas au miel mais s’étend à d’autres produits provenant de ce pays :
le lait, le tourteau de soja…
Les pays faisant partie de l’ex-URSS viennent en second lieu en ce sens
qu’ils contribuent à une part substantielle (environ 11 % soit plus de 140 000
tonnes/an) dans la production mondiale de miel. La diversité des produits et
l’échelonnage de la production constituent d’autres atouts de la production
apicole dans ces régions. Le cas de l’Argentine est très particulier car le
nombre de ruchers a connu un accroissement annuel spectaculaire (plus de 20
%) qui a très largement dépassé celui de tous les autres pays du monde. Il
atteint à l’heure actuelle 1 800 000 -2 000 000 ruches. Il s’en est suivi une
importante augmentation de la production (environ 70 000 tonnes actuellement)
qui lui a permis d’occuper des rangs de plus en plus avancés dans l’hiérarchie
mondiale. Par ailleurs, le niveau de productivité est très élevé puisqu’il est
compris entre 35 et 40 kg/ruche. La L’exportation concerne environ 97 % de la
production nationale. Cette grande exportation est entièrement réalisée par
uniquement 10 compagnies, ce qui dénote une parfaite organisation de ce
secteur dans ce pays.
Ces avantages s’ajoutent à un prix de miel qui reste très concurrentiel comme le
montre la figure 4.
20
Figure 4. Evolution du prix de miel en Argentine (Apiservices, 2008).
La Turquie constitue un autre pays potentiel dans la production de miel
dont le niveau atteint actuellement 70 000 tonnes /an. Ce pays est aussi doté
d’un potentiel mellifère très diversifié ce qui constitue un atout très
important pour la commercialisation du miel produit dans ce pays.
En Europe, l’Espagne, la France et l’Allemagne, sont les pays qui
produisent le plus de miel avec des quantités estimées à 30 000 -35 000
tonnes/an.
Contrairement à tous ces pays dans lesquels la production de miel est en
hausse, le cas des Etats unis d’Amérique est tout autre puisqu’en dépit de leur
potentiel indéniable, le nombre de ruches et donc la production baissent ces
dernières années en raison des maladies qui sévissent dans certaines régions
du pays mais aussi à cause de l’abandon de cette activité par un bon nombre
d’apiculteurs.
En conclusion à cette partie, les données récentes présentées
précédemment montrent clairement que de nombreux pays du monde sont très
performants en termes de production quantitative. Ils devancent ainsi de très loin
notre pays qui ne peut à l’heure actuelle, et vraisemblablement dans le proche
avenir, les concurrencer à cet égard. Ces productions de « masse » sont
néanmoins sujettes à des variations importantes en termes de qualité du miel
21
produit, ce qui laisse une grande opportunité pour les pays qui envisagent de
développer la démarche qualitative de leur miel, comme la Tunisie.
4) Bilan commercial du secteur apicole
L’évolution des quantités exportées et importées du miel présentée dans la
figure 5 ci après, même si elles ne concernent qu’une très courte période (10
ans), les données rapportées dans la figure 5 sont révélatrices de la situation
dans laquelle se trouve le secteur apicole en Tunisie. Ces données indiquent
des situations qui peuvent changer radicalement d’une année à une autre,
notamment pour les quantités de miel importées. En effet, ces dernières sont
sujettes à des variations annuelles très importantes. Elles varient ainsi de 0.6 à
35 tonnes/an sans qu’il y ait une tendance très claire. On assiste cependant à
une augmentation des quantités de miel importées ces deux dernières années. Il
est important de noter qu’en dépit de cette augmentation, les quantités
importées ne constituent à l’heure actuelle qu’une très faible part (2 à 3 %)
de la consommation nationale.
Figure 5. Evolution des quantités importées et exportées (en tonnes) de
miel de et vers la Tunisie
En réalité, les données présentées précédemment proviennent du circuit de
l’importation contrôlée par les services douaniers et sanitaires. D’autres
22
quantités seraient ainsi introduites en Tunisie en provenance de certains pays
dont principalement l’Espagne et par le biais de laquelle les productions
chinoises ont fait leur entrée en Tunisie. Les quantités ainsi importées semblent
être très importantes et dépassent largement celles qui sont contrôlées. Elles
atteindraient quelques centaines de tonnes. Il est prévisible que ces quantités
importées (totales) connaîtraient une tendance vers la hausse au cours des
années à venir compte tenu des prix du miel importé. En effet, et comme nous
l’avons souligné avec le cas de l’Argentine figure 4), le prix du miel produit dans
les pays à partir desquels l’importation est opérée, est très bas. Deux raisons
sont à l’origine de ce faible coût de production (i) le rendement qui est très élevé
(30 – 50 kg/ruche) dans la majorité de ces pays (ii) associé parfois (cas de la
Chine) à une main d’œuvre peu coûteuse.
Les données relatives à l’exportation du miel tunisien sont plus précises.
Elles mettent en exergue deux aspects de cette exportation. D’abord,
l’importante fluctuation des importations puisqu’elles varient, au cours de cette
même période, de 0.16 (en 1994) à 10 tonnes (juste l’année précédente). Nous
avons choisi ces deux exemples pour montrer le caractère conjoncturel
des exportations du miel tunisien. Ces fluctuations enregistrées indiquent en
outre l’absence totale de stratégie qui vise la recherche de marchés stables vers
lesquels le miel tunisien peut être régulièrement acheminé. En réalité, la mise en
place d’une telle stratégie se heurte à l’état actuel à de nombreux obstacles
parmi lesquels on peut citer :
Ø La fluctuation de la production elle-même, qui en dépit du développement
du secteur, reste tributaire de plusieurs autres facteurs non encore
maîtrisés
Ø En absence de signe de qualité qui le distingue des autres miels
commercialisés, les prix pratiqués ailleurs sont très compétitifs par
rapport au coût de production en Tunisie
Ø Une méconnaissance des demandes émanant de certains pays qui
cherchent du miel garanti et de bonne qualité.
Ø L’investissement à réaliser pour fidéliser une clientèle internationale est
très lourd et peut s’avérer peu rentable compte tenu de la faible et la
variation quantité de miel disponible
23
Ces constations expliquent les raisons pour lesquelles le miel tunisien ne
contribue pratiquement pas aux échanges commerciaux qui s’établissent
chaque année. Ces échanges sont pourtant en net accroissement et permettent
à de nombreux pays de profiter pleinement de leurs potentialités mellifères. Le
suivi des prix à l’exportation montre des opportunités économiques peuvent être
parfois saisies en ce sens que le miel tunisien a été commercialisé à certaines
occasions à des prix très intéressants. Il fallait conserver ces marchés en
adoptant une démarche de marketing adéquate. Enfin, il est important de
souligner que dans le cadre de l’Accord signé avec l’Union Européenne (EU), la
Tunisie bénéficie d’un contingent de 50 tonnes/an pouvant être exporté aux pays
de ce continent. Les quantités actuellement exportées sont largement inférieures
à ce quota.
L’évolution du bilan des échanges commerciaux du miel en Tunisie est
consignée dans la figure 6.
Figure 6. Evolution du bilan des échanges commerciaux (en tonnes/an) de
miel en Tunisie
Les chiffres présentés montrent qu’à l’exception de l’année 1993, le bilan
commercial est toujours négatif. L’année 1993 a été en effet une année
relativement exceptionnelle en termes d’exportation de miel tunisien qui a
dépassé 10 tonnes. Les raisons qui expliquent la baisse des exportations après
24
cette année exceptionnelle restent méconnues. Elles seraient
vraisemblablement liées à des demandes conjoncturelles. Il est important de
mettre en place une stratégie pour rendre ce bilan positif. Quelques suggestions,
visant d’atteindre cet objectif, seront présentées ultérieurement.
5) Caractérisation et organisation du secteur apicole en Tunisie
5.1- Systèmes de production apicole
Même si l’objectif assigné à cette étude ne vise pas la caractérisation de ce
secteur, il est important de donner quelques éléments qui sont en relation avec
la thématique développée dans cette étude, en l’occurrence la qualité du miel.
Comme l’étaye la nature des ruches, l’apiculture est caractérisée par la
coexistence de deux secteurs en Tunisie (CNEA, 2003). Le premier concerne le
secteur traditionnel composé par des unités de petite taille utilisant des ruches
traditionnelles. Il se caractérise essentiellement par un faible investissement,
des techniques de production peu maîtrisées et une faible productivité (une
seule récolte par an). Ce secteur a connu, compte tenu de ces faiblesses, une
importante régression. Il devient en ce moment très marginalisé.
Le second secteur est moderne ; il est le plus prépondérant car il intéresse de
plus en plus les apiculteurs en raison de multiples avantages qu’il présente par
rapport au premier secteur. En effet, le secteur moderne se caractérise par une
production plus élevée que celle du secteur traditionnel. Cette différence est
expliquée par une grande mobilité (transhumance) des ruches pour profiter des
potentialités mellifères qu’offrent les diverses régions du pays.
Cependant, cette classification n’est en réalité pas précise car elle ne prend pas
en considération les possibilités d’utilisation réelle de la technique de
transhumance. En utilisant, pour le secteur moderne, ce critère, on peut
distinguer deux types de sous secteurs modernes :
Ø Le premier est constitué par l’apiculture sédentaire ne profitant pas de la
mobilité en vue d’utiliser les ressources mellifères. Il est essentiellement
pratiqué par les petits apiculteurs et les amateurs qui ne sont pas
organisés. Pour ces derniers, l’apiculture représente une activité
secondaire
Ø Le second est composé par des apiculteurs au sens vrai du terme dans
la mesure où l’apiculture constitue leur principale activité économique et
25
ce en dépit d’une différence de temps alloué à cette activité.
Contrairement à la première, cette apiculture, professionnelle ou semi
professionnelle, utilise pleinement les différentes ressources mellifères
disponibles à travers le pays compte tenu des moyens financiers dont elle
dispose. Ces apiculteurs pratiquent relativement les techniques
appropriées qui sont susceptibles d’améliorer la productivité. Par rapport
au premier type, celui-ci fait recours à des unités plus grandes puisque la
taille dépasse souvent 20 ruches et peut même atteindre 500 ruches.
Cette taille est en mesure de rentabiliser les grands investissements que
nécessite ce type d’activité.
5.2- Encadrement du secteur apicole
En dépit d’une importance économique et sociale de plus en plus visible, le
secteur apicole ne fait pas encore l’objet d’une attention particulière qui lui
permettrait de jouer son rôle. Sur le plan théorique, de nombreux organismes
ont pour mission la promotion de ce secteur. Mais, sur le terrain, seuls quelques
d’entre eux contribuent efficacement à l’encadrement réel de ce secteur.
Les missions de ces divers organismes couvrent, en principe, tous les aspects
de la filière en commençant par la mise en place des stratégies de
développement jusqu’à la promotion de la commercialisation. Ces activités
peuvent se résumer comme suit :
Ø Elaboration des stratégies et planification et contrôle du secteur. Ces
missions sont assurées par trois organismes (Direction de la Production
Animale, Direction Générale de la Santé Animale & Direction Générale
des Etudes et du Développement Agricole)
Ø Mise en œuvre et exécution des programmes de développement apicole.
Cette mission, qui est mieux réalisée que la première, est assurée par
l’Office des Elevages et des Pâturages (OEP), l’Office de Développement
Sylvo-Pastorale du Nord-Ouest (ODESYPANO), l’Agence de Promotion
des Investissements agricoles (APIA), l’Agence de Vulgarisation et de
Formation Agricoles (AVFA) et les organisations professionnelles (la
Fédération des Apiculteurs, les coopératives agricoles…).
26
Mais, ce nombre important d’organismes impliqués dans ce secteur n’entraîne
pas pour autant un encadrement efficace du secteur. Il est évident que les
défaillances concernent surtout les stratégies, les planifications et les
organisations professionnelles. Les actions relatives aux étapes de
l’investissement des projets (APIA), l’encadrement technique (OEP et
ODESYPANO) et la commercialisation (Coopératives ZAHRA et NAHHALA)
sont relativement bien ancrées.
5.3- Commercialisation du miel
Comme l’encadrement du secteur, la commercialisation du miel à l’intérieur
du pays, mais aussi son exportation, reste caractérisée par un manque
d’organisation qui aboutit à des prix à la production et à la consommation très
variable même pour des miels de même qualité. Une telle situation est
extrêmement défavorable pour le secteur car elle ne permet pas de valoriser les
efforts considérables que sont entrain de faire certains apiculteurs en matière de
qualité ne serait ce qu’une garantie de « pureté ».
La situation actuelle de la commercialisation se caractérise par l’intervention de
très nombreux opérateurs à tous les niveaux de la filière. Il s’en suit des circuits
de commercialisation du miel très difficiles à suivre avec une faible efficacité de
programmation des ventes et d’approvisionnement. Les valeurs.
Les données de l’étude réalisée par le CNEA (2003), illustrent la complexité
des circuits de commercialisation du miel dans notre pays. Il en résulte sept
modes de vente de miel parmi lesquels deux sont particulièrement importants (i)
la vente directe et (ii) par le biais des intermédiaires non professionnels. Ces
constations montrent l’importance de la confiance, qui doit être de mise, dans
les opérations de vente de ce produit de grande importance. Il est possible que
ces voies de commercialisation restent, du moins pour quelque temps, les
principaux circuits de vente du miel en Tunisie. La mise en place des structures
(coopératives, groupements…) garantissant une qualité du produit pourrait
améliorer sa commercialisation.
Comme conséquences, le niveau de consommation du miel par le tunisien
reste méconnu. Cependant, les estimations, à partir de la production et du bilan
(exportation – importation), indiquent un niveau extrêmement faible (250
g/habitant/an) par rapport à la consommation rapportée à l’étranger.
27
Les prix de vente (à la production ou à la consommation) varient
énormément selon le miel (origine et authenticité), sa disponibilité et sa
destination (consommateur ou détaillant). La variation est importante puisque le
prix peut osciller entre 7 et 25 dinars/kg. Les plus bas prix sont rapportés pour
du miel produit en grande quantité sans marque spécifique comme celui issu
des agrumes. En revanche, les prix élevés concernent des miels produits en
faibles quantités et, selon les consommateurs, ayant des valeurs
thérapeutiques.
28
DEUXIEME PARTIE :
ÉTUDE DE LA QUALITÉ DU MIEL
(ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE)
29
1. SIGNES DE QUALITE
La recherche des signes de qualité pour les produits agricoles et agro-
alimentaires émane d’un groupe de producteurs et/ou opérateurs pour valoriser
leur production et prouver que leur produit est de qualité supérieure. Ainsi, la
mise en place de tels signes de qualité répond à divers enjeux de nature
distincte :
v Des enjeux économiques :
Dans la mesure où les produits agricoles sont soumis à une concurrence
économique de plus en plus farouche suite à la libération des marchés ainsi qu'à
la suppression des barrières tarifaires et du soutien des prix. L’agriculture est
amenée à mettre en place des stratégies visant la mise en valeur et la
commercialisation de produits compétitifs. Ces produits peuvent ainsi constituer
une opportunité économique pour les régions qui disposent de tels produits. Les
prix de ces produits, qui sont de plus en plus recherchés par les
consommateurs, sont en effet plus élevés que les produits conventionnels. Pour
mettre en exergue cette dimension économique, certains slogans mettent en
relation le développement durable d’une région et les produits de qualité qui y
sont obtenus
v Des enjeux pour les consommateurs :
Comme il a été mentionné auparavant, les consommateurs sont de plus en
plus attentifs à la qualité des produits commercialisés. Les produits répondant
aux normes qualitatives permettent de satisfaire les attentes des
consommateurs en certifiant l'origine des produits et/ou des procédés de
fabrication. Ces qualités offrent en outre des produits typiques et de terroir.
v Des enjeux environnementaux :
Les produits de terroir sont élaborés dans diverses régions ayant des
caractéristiques édapho-climatiques différentes y compris celles qui sont
considérées comme étant défavorisées. La valorisation de telles régions permet
le maintien des paysages cultivés et l'entretien des zones difficiles. Le respect
des méthodes de production selon le cahier des charges contrôlé permet en
outre de s'assurer du respect de l'environnement naturel et des animaux.
30
v Des enjeux culturels :
Puisque les produits traditionnels sont souvent liés à des coutumes et des us
perpétuant de savoir-faire des opérateurs dans une région donnée. Très
souvent, du moins dans un certain nombre de pays méditerranéens, les
festivités constituent des occasions pour mettre en valeur les produits
spécifiques à leurs régions. Ces produits contribuent donc à sauvegarder un
patrimoine culturel et gastronomique des régions.
Dans le domaine agricole, il existe plusieurs signes de qualité dont
principalement l’Indication Géographique Protégée (IGP), l’Appellation d’Origine
Contrôlée (AOC), les marques collectives ou de garantie et les produits
biologiques.
Ces signes de qualité répondent à des conditions de production, de
transformations et de conservations différentes. C’est la raison pour laquelle il
est important de faire un rappel succinct de leur définition.
Aspect réglementaire
L’instauration d’un signe distinctif pour le miel Tunisien s’inscrit en fait dans
une démarche de valorisation de la qualité du produit. Un tel objectif tel
qu’exprimé par les professionnels d’élevage apicole est à la fois légitime et
pertinent car il permettrait sans nul doute de distinguer ce produit du reste des
productions similaires et à lui donner un avantage sur le plan commercial et
économique.
Cependant, pour avoir un caractère durable dans le temps et s’imposer sur
le marché, l’instauration d’un signe distinctif doit se référer à un certain nombre
de conditions de mise en œuvre dont au moins cinq semblent pour le moins
incontournables :
v Une volonté manifeste, de préférence de nature collective (associative ou
mutuelle), de la part des producteurs ou de l’organisation professionnelle à
laquelle ils appartiennent, pour exprimer leur désir d’instaurer un signe
distinctif pour leur produit.
v Une demande dans ce sens doit être déposée selon la procédure prévue
par la réglementation tunisienne.
31
v La spécification d’une manière claire et sans ambiguïté des données qui
caractérisent la qualité physicochimique, organoleptique et sensorielle du
miel, son système d’élevage et son environnement naturel, ...
v La spécification des procédures de traitement et de présentation du produit
en question ainsi que les modalités de sa mise sur le marché.
v La promulgation d’une réglementation spécifique devant régir le
fonctionnement du système signe distinctif du miel en fonction de ses
différents aspects qualitatifs lies à son origine
v L’instauration d’un dispositif de certification, de contrôle et d’évaluation de
ce signe distinctif à tous les niveaux de la filière.
Dans cette partie traitera les aspects réglementaires et juridiques tandis que les
autres aspects sont analysés dans les autres parties.
32
2 - Signes d’identification de la qualité et d’origine au niveau
international
Une présentation des différents cadres institutionnels et réglementaires
existants en Europe et en France et concernant la mise en place de signes
spécifiques de qualité aux produits agricoles et agroalimentaires entre autre le
miel, serait intéressante pour qu’on puisse se positionner par rapport à notre
législation en Tunisie
2. 1- Au niveau européen
Quatre principaux signes officiels de qualité :
a) Appellation d’origine protégée (AOP)
Ce signe garantit, pour un produit donné, que sa production, sa
transformation et son élaboration ont lieu dans une aire géographique ou un
terroir déterminé avec un savoir-faire reconnu et constaté. Cette garantie est
assurée par un organisme agréé par les pouvoirs publics, indépendant, dans le
cadre des démarches européennes de qualité. Ce signe peut s’appliquer au
miel
b) Indication géographique protégée (IGP)
Ce signe garantit un lien suffisant entre le produit et son origine, à l’un des
trois stades au moins celui de la production, de la transformation ou de
l’élaboration du produit. Il peut concerner le miel. Ce sigle est soumis au contrôle
d’un organisme certificateur indépendant agréé par les pouvoirs publics, dans le
cadre des démarches européennes de qualité.
33
c) Spécialité traditionnelle garantie (STG)
Ce signe met en valeur une composition traditionnelle du produit ou un
mode de production traditionnelle. Cette mention permet de protéger un nom
caractérisant une recette ou un savoir-faire traditionnel. Il peut concerner le miel
. De la même manière que les signes précédents, ce signe est soumis au
contrôle d’un organisme certificateur indépendant agréé par les pouvoirs publics,
dans le cadre des démarches européennes de qualité.
d) Agriculture biologique (AB)
C’est un ensemble de pratiques agricoles respectueuses des équilibres
écologiques et de l’autonomie des agriculteurs. L'Agriculture Biologique se
distingue par son mode de production fondé sur la non utilisation de produits
chimiques de synthèse, le recyclage des matières organiques, la lutte
biologique. C’est l’équivalent français du signe de qualité européen AB. Il est
soumis au contrôle d’un organisme certificateur indépendant agréé par les
pouvoirs publics, dans le cadre des démarches officielles de qualité.
Ce sigle indique que le produit est issu de pratiques agricoles
respectueuses des équilibres écologiques. Il concerner également le miel, et il
est soumis aux mêmes conditions de contrôle.
34
2.2- Au niveau français
Trois principaux signes reconnus:
a) Label rouge (LR)
Ce signe garantit la qualité gustative supérieure du produit, avec des critères
qualitatifs de l’élevage au distributeur. Cette qualité gustative est déterminée
par des analyses sensorielles effectuées chaque année auprès des
consommateurs.
Elle est assurée par des contrôles d’un organisme certificateur indépendant
agréé par les pouvoirs publics, dans le cadre des démarches officielles de
qualité.
b) Appellation d'origine contrôlée (AOC)
C’est l'équivalent français de l'Appellation d'Origine Protégée européen (AOP).
Ce signe implique un lien étroit entre le produit, le terroir et le savoir-faire de
l’homme.
c) Autres démarches officielles françaises
Parmi les autres démarches officielles de qualité, on distingue les mentions
valorisantes (Produit de montagne et Fermier) et la certification de produits
(CQC).
d) Produit de Montagne.
cette mention garantit que les matières premières, les produits agricoles ou
agroalimentaires sont obtenus et élaborés dans une zone de montagne.
35
e) Fermier.
cette mention garantit que les matières premières principales et fondant la
particularité du produit ont été obtenues et élaborées sur une exploitation
agricole.
d) Critères Qualité Certifiée (CQC) :
cette mention prouve que le produit possède des qualités spécifiques ou se
conforme à des règles de fabrication particulières. Ces critères sont soumis au
contrôle d’un organisme certificateur indépendant agréé par les pouvoirs publics,
dans le cadre des démarches officielles de qualité.
2.3 - En Tunisie
Les principaux textes actuellement disponibles en Tunisie en relation avec la
qualité pacifique des produits agricoles, se présentent comme suit :
Les Lois
v Loi n° 99-57 du 28 juin 1999 relative aux appellations d’origine
contrôlées et aux indications de provenances des produits agricoles
v Loi n° 99-30 du 5 Avril 1999 relative à l’agriculture biologique
v Loi n° 2005-95 du 18 octobre 2005, relative à l’élevage et aux produits
animaux
v La loi 2001-36 du 17 avril 2007 relative à la protection des marques de
fabrique, de commerce et de service
Les Décrets
v Décret n° 2000-2389 du 17 Octobre 2000 fixant la composition et les
modalités de fonctionnement de la commission technique consultative
des appellations d’origine contrôlées et aux indications de provenances
des produits agricoles
36
v Décret n° 2000-409 du 14 février 2000, fixant les conditions d’agrément
des organismes de contrôle et de certification dans le domaine de
l’agriculture biologique
v Décret n° 2001-2406 du 8 octobre 2001, modifiant le décret n°99-1142
du 24 mai 1999, fixant la composition et les modalités de fonctionnement
de commission nationale de l’agriculture biologique
v Décret n° 2005-981 du 25 mars 2005, portant modification du décret
n°2000-2389 du 17 Octobre 2000, fixant la composition et les modalités
de fonctionnement de la commission technique consultative des
appellations d’origine contrôlée et des indications de provenance des
produits agricoles
v Décret n° 2008-827 du 24 mars 2008 sur la perception et l’utilisation de
la contribution pour bénéficier d’une AOC/IP,
v Décret n° 2008-1003 du 7 avril 2008 sur le registre
v Décret n° 2008-1859 du 13 mai 2008 sur « l’organisme de contrôle et de
certification »
37
3. Analyse de la qualification des produits agricoles en Tunisie
(AOC et IP)
Loi n°99-57 du 28 juin 1999 relative aux appellations d’origine contrôlée et
aux indications de provenances des produits agricoles (voir annexe)
Cette loi vise selon son article 1, la protection des particularités et des
spécificités des produits agricoles (animaux ou végétaux) et leur valorisation par
l’octroi d’une appellation d’origine contrôlée et indication de provenance. Elle
comprend 7 chapitres répartis comme suit :
Chapitre 1, des dispositions générales et définitions
Chapitre 2, la délimitation des appellations d’origine
Chapitre 3, le bénéfice des appellations d’origine contrôlée (AOC) et indications
de provenance (IP)
Chapitre 4, la protection des produits bénéficiant d’une appellation d’origine
contrôlée et d’une indication de provenance
Chapitre 5, le contrôle des appellations d’origine contrôlée et indications de
provenance Chapitre 6, la constatation des crimes et sanctions
Chapitre 7, des dispositions transitoires et divers (3 articles)
Pour bénéficier de ces appellations, les produits agricoles doivent répondre aux
conditions fixées par la présente loi notamment les conditions contenues dans
les chapitres 1 et 2.
On désigne par AOC, le nom du pays, d’une région naturelle ou parties
de régions d’où provient tout produit et qui puise sa valeur et ses particularités
par référence à son environnement géographique constitué d’éléments naturels
et humains.
Les facteurs naturels comprennent le milieu géographique de provenance
du produit et ses particularités se rapportant au sol, à l’eau, à la couverture
végétale et au climat.
Les facteurs humains comprennent notamment les méthodes de
production, de fabrication ou de transformation et les techniques spécifiques
acquises par les producteurs ou les fabricants dans une région donnée. Ces
38
méthodes de production doivent découler de traditions anciennes stables et
notoires.
L’indication de provenance désigne le nom du pays, d’une région naturelle ou
parties de régions dont le produit tire sa particularité et sa renommé où il est
produit, transformé ou fabriqué, Le bénéfice d’une appellation d’origine contrôlée
ou d’une indication de provenance est conditionné par le respect d’un cahier des
charges type approuvé par arrêté du Ministre chargé de l’agriculture Parmi les
éléments qui doivent figurer dans ce cahier des charges on cite principalement :
Le nom du produit et ses principales caractéristiques naturelles,
chimiques, microbiologiques et organoleptiques
La délimitation de son aire de production,
La description de la méthode de production, de transformation ou
de fabrication du produit et notamment les méthodes et traditions
locales adoptées
L’autorité compétente doit émettre son avis sur la demande de délimitation d’une
appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance dans un délai
de 6 mois à partir de la date de réception de la demande. Passé ce délai, le
silence vaut acceptation du principe de la demande (article 8).
En cas d’un avis favorable de la commission nationale technique consultative, le
Ministre chargé de l’agriculture publie un avis au JORT qui en cas de non
opposition dans un délai de 6 mois attribue le bénéfice de l’AOC au produit objet
de la demande et ordonne son enregistrement au registre officiel des
appellations d’origine contrôlées et aux indications de provenances (article 14).
la procédure à suivre et des délais pour l’obtention d’une AOC ou IP
39
Avis favorable
Avis au JORT 6 mois
Non opposition
Attribution AOC/IP
au produit
Enregistrement Registre officiel
AOC et IP
Non réponse = acceptation
Publication au JORTde l’AOC ou
IP
Demandeur/s du signe
Demande AOC, IP
Etude Commission nationale technique consultative des
AOC et des IP 6 mois max
Refus
40
Loi La loi 2001-36 du 17 avril 2007 relative à la protection des marques de
fabrique, de commerce et de service a pour objectif de fixer les règles relatives à la
protection des marques de fabrique, de commerce et de services (chapitre premier,
article 1). L'article 2 définit marques de fabrique, de commerce et de services comme
un signe visible permettant de distinguer les produits offerts à la vente ou les services
rendus par une personne physique ou morale. D'après le paragraphe (a) du même
article, les dénominations sous toutes les formes telles que les mots, les assemblages
de mots, les noms patronymiques, les noms géographiques, les pseudonymes, les
lettres, les chiffres et les sigles peuvent constituer un signe distinctif des produits.
Toutefois, l'article 3 (paragraphe b) stipule que sont dépourvus de caractère distinctif
les signes ou dénominations pouvant servir à désigner une caractéristique du produit
ou de service, et notamment l'espèce, la qualité, la destination, la valeur, la
provenance géographique, l'époque de la production du bien ou de la prestation de
service. Ceci pourrait constituer une contrainte à la labellisation du miel
Le chapitre 8 de cette loi est réservé aux marques collectives. La marque est dite
collective lorsqu'elle peut être exploitée par toute personne respectant un règlement
d'usage établi par le titulaire de l'enregistrement. La marque collective est accordée
par une licence non exclusive. Les dispositions de cette loi s'appliquent aux marques
collectives. La propriété de la marque s'acquiert par l'enregistrement (article 6). La
demande d'enregistrement d'une marque est déposée auprès de l'organisme chargé
de la propriété industrielle (actuellement l'INNORPI), moyennant le paiement des
redevances dont le montant est fixé par décret (article 7).
41
4. Eléments comparatifs des Indications Géographiques
D’après les accords « TRIPS ou ADPIC » de l’organisation mondiale du
commerce l’AOC ou l’AOP et l’IGP ou l’IP et marque s collectives sont définis
comme Indications Géographiques
Et dans le tableau suivant on a fait une comparaison des caractéristiques entre les
deux signes de qualité : AOP/AOC et IGP/IP
Appellation
d'Origine Contrôlée
Indication
Géographique Protégée
Le produit porte le nom d'une région X X
Le produit est entièrement issu de la zone
géographique désignée par le nom du
produit
X
La qualité du produit est essentiellement
liée au milieu géographique
X
La qualité du produit est en partie liée à
son aire de production
X
Le produit a un lien avec son terroir
(savoir-faire et/ou environnement naturel
propre à la région)
X
X
c'est un signe officiel de qualité
X X
Le produit et ses conditions de production
sont régulièrement contrôlés
X
X
l'organisme de contrôle est neutre et
indépendant
X X
Les dénominations sont protégées et
enregistrées dans un registre
X
X
Le produit a une histoire, il est traditionnel X X
42
Et dans le tableau suivant on indique les principales différences entre les signes
AOC et IGP d’une part et les marques collectives et individuelles d’autre part.
Comparaison entre les appellations (AOC et IGP) et les marques collectives
AOC-IGP Marques
Nature de la protection Protection publique valable tant
que les dénominations restent
inscrites au Registre
Enregistrement pour des
périodes de 10 ans, doit être
régulièrement renouvelé
Propriété Pas de titulaire direct, droit
d'usage
Personne (morale ou physique)
Conditions d'usage Respecter le cahier des charges Etre membre du groupement
propriétaire
4.1) Analyse de législation tunisienne relative aux AOC et IP
Les différents textes régissant les AOC et les IP en tunisie nécessitent
que de nouveaux textes réglementaires viennent combler les lacunes des textes
existants à ce jour et qui sont presque inapplicable pour le moment et
nécessitent une révision afin qu’il y est une adaptation du registre aux produits
autres que le vin et une désignation de l’autorité compétente et un financement
des organismes de certification et de contrôle.
Il est à préciser qu’il s’agit des trois décrets de la loi de 1999 sur les AOC
et IP et relatifs à la redevance, le registre et l’autorité compétente de contrôle et
de certification.
§ Le décret n° 2008-827 du 24 mars 2008 sur la perception et l’utilisation de la
contribution pour bénéficier d’une AOC/IP,
Ne précise pas quelle est « l’autorité compétente » du ministère de l’agriculture
et des ressources hydrauliques. et ne précise pas également comment sera
l’utilisation précise de ces fonds (prise en charge ou non même en partie du
coût du contrôle et de certification), et ne précise pas qui doit payer cette
contribution. En outre les montants sont fixés en DT/tonne dans le décret, alors
43
que chaque produit, voire chaque AOC/IP, aura certainement ses propres
contraintes et besoins.
§ Le décret n° 2008-1003 du 7 avril 2008 sur le registre Comporte des rubriques
plus que détaillées, et ne s’appliquer qu’aux vins ( l’indication de la teneur en
sel des eaux d’irrigation, de la rentabilité en tonnes/ha, du degré alcoolique, du
numéro du visa, ne sont pas toujours valables au miel et quelques autre
produits (viandes, fromages, des produits à base de céréales, des fruits ou des
légumes frais ou transformés…)
§ Le décret n° 2008-1859 du 13 mai 2008 sur « l’organisme de contrôle et de
certification »
Ne mentionne pas les modalités d’accréditation des organismes de contrôle et
de certification. Il stipule que l’OCC, pour chacune des appellations, sera
« désigné » par le ministre de l’agriculture, sans définir quelle sera l’autorité
compétente auprès de laquelle il devra rendre compte. Rien n’est indiqué dans
ce texte sur le mode de financement des activités de ces OCC.
44
5. L’organisation professionnelle
Outre le strict respect des bonnes pratiques de production notamment les
aspects sanitaires et environnementaux, qui sont confirmés comme fondement de
la qualité, les professionnels, doivent s’engagent à se concerter et respecter une
charte qualité bien détaillée dans un cahier de charges fixant les modalités de la
gestion du signe de qualité étant donnée que toutes les démarches de qualification de
produit, sont volontaires et collectives, et doivent être demandée par les opérateurs
dans un cadre collectifs , et ce niveau on peut recueillir les textes en vigueur ayant un
rapport avec la question.
- La loi N° 59-154 du 07 Novembre 1959 relative à la création et au
fonctionnement des Associations amendées par la loi N° 92-25 du 02 Avril 1992.
Cette loi, dans sa première version, définit l’Association comme étant la
convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d’une façon
permanente leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que de partager
des bénéfices.
Amendée en 1992, elle introduit en plus une classification des Associations selon
la nature de leurs missions. On y trouve, entre autres, la catégorie des Associations
de développement.
L’Association peut aussi revêtir un intérêt national à la demande de ses
adhérents ou de leurs représentants ; et après autorisation des autorités compétentes.
La demande à formuler dans ce cas doit être accompagnée d’un argumentaire
expliquant et justifiant cette démarche.
- La loi N° 99-43 du 10 Mai 1999 relative aux groupements de développement
dans le secteur de l’Agriculture et de la Pêche.
Cette loi définit les missions, les conditions de création et les modalités de
fonctionnement (statut-type approuvé par Décret) des groupements de
développement intervenant dans le secteur de l’Agriculture et de la Pêche. Le but
recherché à travers cette forme de coopération collective est d’assurer les besoins
des adhérents (exploitants agricoles et pêcheurs) en moyens de production et de
services liés à toutes les étapes de production, de transformation, de fabrication et de
commercialisation et de les aider à valoriser au mieux leurs produits. Ils sont dotés de
la personnalité civile.
45
Les missions d’un groupement de développement telles qu’arrêtées par la loi en
question s’articulent notamment autour :
· La protection des ressources naturelles, la nationalisation de leur utilisation et
leur sauvegarde.
· L’équipement de leur périmètre d’intervention en infrastructure de base agricole
et rurale.
· La participation à l’encadrement de leurs adhérents et leur orientation vers les
techniques agricoles et d’élevage les plus appropriées dans le but d’améliorer la
productivité de leur exploitation agricole et de leur système d’élevage.
· L’établissement de relations de coopération et d’échange des expériences dans
le domaine de l’Agriculture avec des organismes agricoles locaux et étrangers.
· L’accomplissement d’une manière plus globale de toute mission de nature à
appuyer les intérêts collectifs de leurs adhérents.
· L’organisation et le fonctionnement des groupements de développement dans le
secteur agricole sont fixés dans leur statut par référence aux statuts-types qui
sont arrêtés par Décret.
Ces statuts-types ont été approuvés par le Décret N° 99-1819 du 23 Août 1999 puis
modifiés respectivement par le Décret N° 2005-978 du 24 Mars 2005 et le Décret N°
2006-2559 du 25 Septembre 2006.
Par ailleurs, le groupement de développement est administré par un Conseil
d’Administration constitué de 3 à 6 membres élus parmi les adhérents par l’Assemblée
Générale.
- La loi N° 2005-94 du 18 Octobre 2005 relative aux Sociétés mutuelles de
services agricoles.
Les Sociétés mutuelles objet de cette loi sont des Sociétés à capital et
actionnaires variables ayant pour mission d’encadrer et de fournir des services
agricoles à leurs adhérents en amont et en aval de la production.
Le but recherché à travers cette forme de coopération c’est d’aider à la mise à
niveau des exploitations agricoles en innovant et en améliorant leur système de
production afin qu’elles puissent optimiser et valoriser au mieux leur système de
production et la qualité de leurs produits agricoles et éventuellement agro-
alimentaires. D’une façon plus générale elles sont appelées à :
46
· Orienter et encadrer leurs adhérents dans le but de les appuyer à améliorer leur
système d’exploitation agricole et d’améliorer la qualité de leurs produits.
· Fournir à leurs adhérents les intrants et autres services nécessaires à l’exercice
de l’activité agricole.
· Commercialiser les produits agricoles en passant en cas de besoin par la
collecte, le stockage, la transformation, le conditionnement dans le but de
valoriser au mieux la qualité de ces produits sur le marché.
La Société mutuelle peut être constituée de personnes physiques ou de personnes
morales ou encore les deux à la fois conformément à un statut-type qui fixe entre
autres l’organisation administrative et financière ainsi que les règles de son
fonctionnement.
Elle couvre généralement un espace géographique donné délimité
administrativement. Ce critère peut lui conférer le statut de Société mutuelle de base
ou le statut de Société mutuelle centrale selon des règles qui sont définies par la
présente loi.
- La loi N° 91-44 du 1er Juillet 1991 portant organisation du commerce de
distribution.
Au sens de la présente loi, est réputée activité de distribution, toute activité à but
lucratif exercée habituellement ou a titre professionnel et ayant pour objet l’achat sur
le marché local ou extérieur de produits ou marchandises en vue de leur revente en
l’état sur le marché intérieur.
L’exercice de l’activité de commerce de distribution est libre et n’est pas soumis à
agrément préalable.
Le producteur de part les stipulations de cette loi, peut au niveau de son
entreprise de production et en sa qualité de producteur, exercer l’activité de
commerce de distribution en gros ou au détail. A ce titre le producteur procède à des
ventes directes au consommateur selon des conditions et modalités qui sont définies
par Décret.
Par ailleurs le commerçant distributeur est tenu d’assurer au consommateur les
services de garantie et d’après-vente nécessaire pour les produits qu’il commercialise.
47
- La loi N° 92-117 du 07 Décembre 1992 relative à la protection du
consommateur.
La présente loi fixe les règles générales afférentes à la sécurité des produits
agricoles entre autres, à la loyauté des transactions économiques et à la protection du
consommateur. Elle préconise notamment que :
Dès la première mise sur le marché, les produits doivent être conformes aux
spécifications légales et réglementaires en vigueur les concernant.
Le responsable de la première mise sur le marché d’un produit (agricole entre autres)
est tenu de vérifier sa conformité aux spécifications légales et réglementaires les
concernant.
La garantie de sécurité à laquelle tout consommateur peut légitimement s’attendre,
concerne notamment la nature, l’espèce, les qualités substantielles, la composition et
les principes utiles du produit mis sur le marché.
La même garantie de sécurité du produit proposé à la vente couvre aussi l’emballage
et le conditionnement qui doivent comporter particulièrement les éléments
d’identification du produit, l’origine, la provenance, la date de fabrication de
production, …
Les éléments constituant la garantie de sécurité sont fixés par arrêté du Ministre
chargé du commerce après avis des organismes professionnels concernés par le
produit.
48
6. Composition du miel :
La composition du miel est très riche car elle est diversifiée. En effet, le miel est
constitué de diverses substances organiques comme la dextrine, le glucose, le fructose,
le saccharose, les diverses substances aromatiques, les vitamines, les levures ainsi que
des traces de pollen. Il est également riche en éléments minéraux divers comme le fer,
le calcium, le potassium et le phosphore. Les autres caractéristiques du miel, en
l’occurrence, sa couleur et sa saveur peuvent grandement varier en fonction de son
origine botanique.
La composition du miel varie en fonction de nombreux facteurs tels que la variété du
miel, les espèces butinées, la nature du sol, la race des abeilles, l'état physiologique de
la colonie. Entre autres, elle dépend des matières mises à la disposition des abeilles et
leur transformation dans l'appareil digestif de l'abeille.
6.1. Composition chimique du miel
Le miel comprend deux principaux sucres à savoir le fructose (35-38 %)et le glucose
(31 -33 %). Le saccharose ne doit pas être présent en quantité dépassant un seuil fixé
par les normes (voir annexes, et paragraphes décrivant la qualité des miels étudiés
dans ce travail). Une teneur élevée en saccharose indique une qualité de nourissement
exogène. Le miel contient en outre une faible teneur en maltose qui peut varier
largement d’un mile à un autre (1 à 4 %). Enfin, d’autres sucres se trouvent à l’état de
traces.
Le mile contient de nombreux acides aminés et des protéines dont la teneur reste faible
par rapport aux sucres. Les principaux acides aminés trouvés dans le miel
Sont la proline, l’acide aspartique, glutanique et l’asparagine. Le miel contient divers
éléments minéraux dont principalement le fer, le calcium, le potassium et le phosphore.
Il contient aussi des vitamines, notamment les vitamines B et C. Enfin, ce produit
renferme des enzymes et des pigments.
49
6.2. Propriétés du miel:
Le miel présente des propriétés permettant de déterminer son origine, les conditions de
sa récolte, de son stockage, sa composition chimique, la nature et l'origine des
éléments butinés.
6.2.1. Propriétés physiques:
Le miel présente des propriétés physiques sur lesquelles on se base dans les analyses
physico-chimiques pour déceler les différentes possibilités de fraude. Ces propriétés
étudiées sont les suivantes:
è La densité è La réfractométrie è La viscosité è L'hygroscopicité è La cristallisation è La conductibilité électrique è La conductibilité thermique è La chaleur spécifique è Le Pouvoir rotatoire 6.2.2. Propriétés Organoleptiques : a) Couleur La couleur du miel dépend du nectar dont il est issu car les plantes mellifères butinées
par les abeilles sont diversifiées et plus ou moins concentrées dans un même espace.
La couleur du miel varie ainsi du blanc (miel de trèfle, colza, luzerne) au noir (miel de
sapin). Plusieurs autres couleurs intermédiaires existent dans les miles produits en
Tunisie. Les couleurs brune (sulla, bruyère), ambrée (lavande), dorée (thym), orangée
(agrumes), très claire (Eucalyptus) existent aussi en Tunisie et ailleurs.
50
b) Aspect: Le miel peut être plus ou moins fluide ou au contraire solide, voire dure, suivant la
provenance, le mode de stockage et le degré de cristallisation.
c) Odeur:
L’odeur du miel est fortement influencée par les essences aromatiques communiquées
aux nectars initiaux par les fleurs butinées. En général, le miel a une odeur très
appréciée par les consommateurs à l’exception de quelques uns qui dégagent une
odeur peu appréciable (miel amer ou naturellement acide). La plante mellifère
dominante confère au miel une odeur qui lui est spécifique. En principe, cette odeur
permettrait de reconnaître l’origine botanique du miel. Cependant, lorsque les abeilles
butinent diverses sources, cette reconnaissance devient difficile. De plus, les
compétences dans ce type d’analyses restent peu nombreuses en Tunisie.
d) Saveur :
La saveur du miel est fortement sucrée. Le goût spécifique à chaque variété lui est
donné par les caractères aromatiques de la fleur dominante butinée.
6.2.3. Propriétés chimiques :
La propriété chimique est due, entre autre, à la présence d'acides dans le miel,
notamment l'acide gluconique.
Le pH du miel varie entre 3.2 et 5.5avec des valeurs inférieures à 4 pour les
miels de nectar et supérieures à 5 dans ceux du miellat. Les miels à pH bas (3.14 et
3.6) se dégradent facilement.
6.2.4. Propriétés thérapeutiques :
Le miel a toujours été considéré comme étant une source ayant des vertus
thérapeutiques. En effet, les glucides qui sont une source énergique immédiatement
assimilables après leur absorption favorisent de nombreux mécanismes liés au
métabolisme énergétique de l’organisme. La digestibilité du miel est bonne puisqu'il est
pauvre en saccharose c’est pourquoi il est indiqué dans le régime de l'ulcère gastrique.
Le miel favorise aussi la fixation des sels minéraux tels que le calcium et le magnésium
qui sont essentiels pour de nombreuses fonctions digestives, métaboliques,
enzymatiques et même hormonales.
Compte tenu de toutes ces particularités, le miel est utilisé par les consommateurs pour
traiter de nombreux cas thérapeutiques comme le diabète, l’ulcère.
51
TROISIÈME PARTIE :
ÉTUDE DES CARACTÉRISTIQUES DE
PRODUCTION DE MIEL DANS LES REGIONS
CONCERNEES
52
ÉTUDE DE FAISABILITÉ DE SIGNE DE QUALITÉ POUR LE MIEL PRODUIT
DANS LA RÉGION DE SEJNANE
1. Description du potentiel de la zone de Sejnane
La zone de Sejnane fait partie de l'unité structurale khroumerie Mogoods et
appartient à l'étage bioclimatique humide de type méditerranéen.
Elle se caractérise par des hivers pluvieux et froids et des étés secs et chauds.
La pluviométrie et la température sont parmi les facteurs climatiques qui influent d'une
façon remarquable la production apicole et toute autre activité agricole. Elle est sise à
un étage bioclimatique humide avec une précipitation dépassant 800 mm/an
permettant ainsi le développement de ressources forestières et semi-forestières à la
fois abondante et diversifiée. L’espèce d’Eucalyptus appartenant à la famille des
myrtacées, constitue la principale source mellifère rencontrée dans cette zone. En
effet, l’Eucalyptus est un arbre se caractérisant par sa grande taille, témoin d’une
croissance rapide, est considéré par de nombreux spécialistes comme étant un arbre
à miel car la quantité produite est souvent importante, surtout si son utilisation est
raisonnée.
En Tunisie, il existe deux principales espèces d’Eucalyptus à savoir : Eucalyptus
camaldulensis et Eucalyptus gomphocephala qui représentent plus de 80 % de la
superficie totale de cet arbre. Cette superficie est estimée en Tunisie à 29 000 ha. La
part de la zone de Sejnane est estimée à environ 38 %.
Arbre adulte d’eucalyptus camaldulensis
Les principales espèces d’Eucalyptus avec les saisons de leur floraison sont
présentées dans le tableau suivant
53
Principales espèces d’eucalyptus à Sejnane
source : I.N.G.R.E.F
Floraison moyenne
Floraison faible
Floraison abondante
Les espèces revêtent un grand intérêt mellifère vu l’abondance de leur floraison
et son étalement sur plusieurs mois de l’année. De l’ensemble de cette population,
l’espèce la plus importante est l’Eucalyptus camaldulensis qui représente la source
Espéces J F M A M J J A S O N D
Accedens
Alba
Astringens
Camaldensis
Cinerea
Citriodera
Diversicolor
Gompho
Maculata
Maideni
Paniculata
Punctata
Robusta
Rudis
Soligna
Sideroxillon
Tereticornis
54
nectarifère la plus importante (80 %) dans la région de Sejnane. Les superficies des
principales espèces d’eucalyptus dans la zone étudiée sont présentées dans le
tableau suivant
Superficies (ha) de principales espèces d’eucalyptus à Sejnen
2. Qualité du miel produit dans la zone
Les analyses du miel produit dans la zone étudiée ont été réalisées dans le
centre apicole de Mraissa (OEP) car ce centre dispose d’équipement d’analyses
permettant d’étudier plusieurs paramètres physico-chimiques exigés par la
réglementation européenne. Le nombre d’échantillons analysés dans le cadre de cette
étude est supérieur à celui initialement prévu (6 échantillons par zone). Cependant,
des résultats d’analyses issues d’autres prélèvements effectués dans le cadre des
actions menées par l’ODESYPANO lors de suivi des apiculteurs de la région ont été
disponibles. Nous avons donc compilé toutes les données existantes pour mieux
affiner les analyses de la qualité du miel produit dans la zone d’autant plus qu’il s’agit
des mêmes micro-zones utilisées. Au total, plus de 15 échantillons ont été ainsi
étudiés pour caractériser la qualité physico-chimique du miel d’Eucalyptus
Camaldulensis produit dans la région de Sejnane. Le nombre d’échantillons peut
donner une idée presque fiable sur ces caractéristiques qualitatives, mais les résultats
obtenus constituent une tentative, qui s’ajoute à celles déjà initiées par d’autres
opportunités, pour asseoir une démarche qualitative de ce miel qui constitue un
produit jouant un rôle social et économique de première importante dans cette région.
Le tableau suivant résume les résultats de ces analyses qualitatives du miel
d’Eucalyptus Camaldulensis dans la région de Sejnane.
Superficie (ha) %
Cameldulensis 8922 80
Astringens 1338 12
Gompho 334 3
Autres arboretum 557 5
55
Tableau 5 - les Caractéristiques qualitatives du miel d’Eucalyptus Camaldensis
de Sejnane
Moyenne Ecart type Max Min
Humidité (%)
17.25
0.98
19
16
Invertase 132.13 26.08 171.2 98.86
HMF (mg/kg) 15.1 3.87 20.79 11.63
Acidité
(meq/kg)
36.47 2.86 9.98 31.96
Fructose
(g/100g)
39.6 2.12 42.34 36.44
Glucose
(g/100g)
31.9 2.79 34.55 26.85
Fructose +
glucose(g/100
g)
1.5 2.89 75.47 66.83
Saccharose
(g/100 g)
0.57 0.43 1.16 0.06
Maltose
(g/100 g)
2.21 1.29 3.98 0.79
Conductivité
(mS/cm)
0.43 0.13 0.73 0.24
Les valeurs que nous avons présentées sont constituées par les moyennes, les
écarts types, les valeurs maximales et minimales. Les moyennes sont utilisées pour
comparer les résultats obtenus dans le cas de ce miel avec les normes admises.
L’écart type est inclus pour avoir une idée sur la variation de chaque paramètre
56
mesuré. Les valeurs maximales et minimales ont été volontairement introduites pour
essayer de déterminer d’une part l’écart par rapport aux normes mais aussi, et surtout,
pour l’importance des échantillons qui s’écartent (en baisse ou en hausse) de ces
normes. D’abord, la comparaison des moyennes obtenues pour le miel d’Eucalyptus
Camaldulensis et celles exigées par les normes (tunisiennes et européennes) montre
que la qualité du miel produit par les apiculteurs de Sejnane est en général de très
bonne qualité à cet égard. La comparaison est consignée dans le tableau suivant.
Tableau 6. Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel d’Eucalyptus
Camaldulensis produit dans la région de Sejnane
Moyenne
Normes
Tunisienne
s
Normes
européenne
s
Observations
Humidité
(%)
17.25 21 21 Répondant
aux normes
Invertase
(Unités/kg)
132.13 >50 Très
largement
favorable
HMF (mg/kg) 15.1 <80 <40 Répondant
aux normes
Acidité
(meq/kg)
36.47 <40 <40 Répondant
aux normes
Fructose +
glucose
(g/100g)
71.5 >60 Répondant
aux normes
Saccharose
(g/100 g)
0.57 <5 <5 Répondant
aux normes
Conductivité
électrique
0.43
<0.8 Répondant
aux normes
57
(mS/cm)
Il est évident, d’après les valeurs rapportées, que tous les paramètres de la
qualité physico-chimiques mesurés dans le cas de ce miel, sans exception, répondent
très favorablement aux exigences tunisiennes et européennes. Plus encore, certaines
caractéristiques qualitatives présentent des niveaux de loin meilleurs que les
exigences des marchés internationaux. C’est le cas de la majorité des paramètres
étudiés comme l’invertase, la teneur en HMF, le fructose + glucose, le saccharose et
la conductivité électrique.
Ces critères constituent les éléments sur lesquels se basent les échanges
du miel entre les pays. Le cas de la teneur en HMF illustre cette importance. En
effet, ce paramètre est un indicateur de la fraîcheur et de la surchauffe du miel. Le
miel brut contient une très faible teneur en HMF. Cette teneur augmente avec le
stockage en fonction de la température et le pH du miel. Dans certains pays
européens, certaines associations commercialisent leur miel en tant que « miel de
qualité » avec une teneur maximale en HMF de 15 mg/kg càd comme celle u miel
d’Eucalyptus Camaldulensis produit à Sejnane.
Ces paramètres représentent donc un avantage considérable pour ce type
miel tunisien.
Les valeurs obtenues doivent être utilisées pour mettre en valeur la qualité du
miel d’Eucalyptus produit dans la région de Sejnane. Elles peuvent aussi constituer
des outils de marketing de ce miel.
Par ailleurs, l’examen des valeurs maximales et minimales obtenues avec
tous les échantillons décèlent un résultat de grande importance. En effet, pour
tous les paramètres mesurés, aucun échantillon n’a présenté une valeur qui soit
hors normes. Ces constations mettent clairement en exergue la très bonne qualité
physico-chimique du miel produit par la majorité des apiculteurs de la région. Il est à
rappeler que les échantillons ont été prélevés directement auprès des apiculteurs.
Pour montrer la différence entre ce miel et celui commercialisé avec le même
nom, on eu recours à des analyses des échantillons issus du marché (magasins et
marchés locaux). Les résultats décèlent des différences notables en HMF et invertase.
58
En effet, le miel d’Eucalyptus Camaldulensis acheté présente une teneur en HMF très
élevée (64.85 mg/kg) par rapport à celui prélevé directement auprès des apiculteurs
(tableau 5). Il en est de même pour l’invertase avec une valeur de 13.62 unités qui
reste très faible par rapport aux normes admises (>50 unités) et encore plus de
valeurs du tableau 5.
Le miel commercialisé est donc soit mal conservé pendant longtemps et/ou
mélangé avec d’autres miels qui présentent initialement une qualité médiocre.
Seules l’humidité et l’acidité constituent des paramètres dont les valeurs sont très
proches des limites autorisées par les normes sans qu’elles soient, pour le moment,
contraignantes. Cependant, dans certains pays européens, comme la Suisse, la
norme pour une teneur en eau de 20 % a été appliquée pendant deux décennies. De
plus, des associations et des organisations apicoles dans des pays de plus en plus
nombreux (Allemagne, Belgique, Autriche, Italie, Suisse, Espagne) rapportent des
valeurs maximales comprises entre 17.5 et 18.5 % (comme celles trouvées pour le
miel de Sejnane) pour les catégories spéciales du miel de qualité. Il est fort probable
que ces pays imposeront, dans un futur vraisemblablement proche, ces teneurs en
eau comme normes. Le miel produit dans la région de Sejnane présente une acidité
assez élevée mais reste dans les normes. L’acidité est un critère de qualité important
car elle donne une idée sur la fermentation du miel qui augmente ce paramètre. Cette
fermentation est davantage accélérée par les fortes de chaleur.
Les analyses réalisées n’ont pas inclues l’activité de diastase, qui est aussi un
important facteur de la qualité du miel. Cette activité est fortement influencée par le
stockage et le chauffage du miel et constitue donc un indicateur de la fraîcheur de ce
produit. C’est pour cette raison que nous avons cherché à consulter quelques
données disponibles, notamment au centre de développement du secteur apicole
Mraissa pour un miel d’Eucalyptus Camaldulensis. Même si le nombre d’analyses est
faible, les valeurs de l’activité de diastase obtenues pour ce miel sont en moyenne
égales à 14.8 unités de Shade, ce qui est de loin meilleure que la norme admise
(indice diastasique minimal de 8). Il est donc fort probable qu’à cet égard, le miel
d’Eucalyptus Camaldulensis ne présente pas de contrainte.
Enfin, une analyse pollinique (ou mélissopalynologie) a été réalisée en vue de
préparer une lame de référence pour le pollen d’Eucalyptus camaldulensis. La photo 1
fait état du type de pollen émis qui est à l’état de tétrade. La vue polaire triangulaire, la
59
vue équatoriale : prolate. Le grain avec des sillons formant un système continu (grain
synocolpé) à 3 sillons (grain tricolpé).
En conclusion, la qualité physico-chimique du miel d’Eucalyptus Camaldulensis
produit dans la région de Sejnane est conforme aux normes appliquées en Tunisie et
exigées par l’Union Européenne et des autres pays. Plus encore, la majorité des
paramètres qualitatifs de ce miel sont de loin meilleurs que les exigences mondiales.
Ces résultats montrent les grandes opportunités que présente ce miel en vue de son
exportation vers ces pays qui sont très exigeants en matière de qualité. Cependant, il
faut mettre en place une démarche de marketing appropriée.
60
3. Miel d’Eucalyptus Camaldulensis de Sejnane
3.1. Historique
La production de miel est ancrée dans la région de Sejnane depuis très
longtemps. Les apiculteurs avaient l’habitude d’utiliser des ruches traditionnelles et
acquis dés lors des traditions et savoir-faire qui ont été à l’origine du développement
de ce secteur dans la région. Les apiculteurs ont été ensuite appuyés dans leurs
efforts par de multiples projets réalisés par plusieurs organismes dont principalement
l’OEP et l’ODESYPANO. Ces projets ont largement aidé les apiculteurs à améliorer
les techniques de production sans toutefois perdre les traditions qui caractérisent leur
activité apicole. L’augmentation du nombre de ruches qu’elle que soit la catégorie
d’apiculteur illustre cette évolution.
3.2.Techniques de production du miel d’Eucalyptus Camaldulensis
Les techniques de production de miel dans la région de Sejnane comprennent de
nombreux éléments communs avec celles pratiquées dans les autres régions.
Cependant, elles se distinguent par certaines particularités qui concernent les aspects
suivants :
Même si elle est pratiquée par un grand nombre d’apiculteurs, la transhumance
reste limitée dans l’espace en ce sens qu’elle est souvent réalisée dans la même aire
géographique (intra-région). Ce comportement est sans doute attribué à la richesse de
la région en ressources mellifères, ce qui fait d’elle une zone potentiellement sollicitée
par les apiculteurs des autres régions. Ce constat constitue donc une différence
notable qui peut être valorisé lors de la démarche qualitative que nous allons
développer ultérieurement.
Contrairement au nourissement complémentaire qui est souvent pratiqué, très rares
sont les éleveurs qui font recours au nourissement spéculatif.
Les rayons sont operculés à plus de 85 %, avec une principale récolte en été après
une bonne maturité. Les cadres ne contiennent pas de couvain.
L’extraction est faite par centrifugation avec une filtration et décantation.
61
Le conditionnement est très souvent réalisé dans la zone, avec cependant des
emballages non appropriés pour mettre en valeur ce produit de qualité
Le miel produit présente une couleur ocre jaune foncé, avec une consistance assez
épaisse et une cristalinisation assez fine et une odeur forte et piquante
3.3.Choix d’un signe de qualité pour le miel d’Eucalyptus Camaldulensis de
Sejnane
Le choix d’un signe de qualité est dicté par plusieurs critères et dépend beaucoup
de l’opportunité qu’offre chaque signe. Compte tenu de ce que nous avons présenté
précédemment, la région de Sejnane est une zone qui constitue un grand potentiel de
production de miel issu d’Eucalyptus Camaldulensis pouvant faire l’objet d’une
démarche qualitative. En effet, le type de miel produit, que nous avons caractérisé,
présente de nombreuses caractéristiques qualitatives très intéressantes, mai aussi
d’autres particularités qui peuvent lui conférer une typicité et une authenticité. Ces
différentes caractéristiques (qualité, couleur, arôme, odeur), les conditions naturelles,
les techniques de sa production et à un degré moindre les conditions d’extraction, de
filtration et de conditionnement permettent de distinguer ce produit.
Si on récapitule les différents éléments qui ont été mis en exergue pour ce miel,
on peut par la suite aisément lui attribuer le signe de qualité qui le mettrait le plus en
valeur. Le tableau 7 résume ces principaux aspects.
Tableau 7. Principales Caractéristiques de la production de miel d’Eucalyptus
Camaldulensis dans la région de Sejnane
Désignation Pertinence
Le produit est entièrement issu de la zone géographique désignée
par le produit (production, extraction, filtration, conditionnement)
X
La qualité du produit est essentiellement liée au milieu
géographique (principale ressource mellifère est composée
d’Eucalyptus Camaldulensis)
X
Le produit a un lien avec son terroir (savoir-faire et/ou
environnement naturel propre à la région : analyse pollinique)
X
62
Qualité répondant aux exigences du marché interne et externe X
Particularités des techniques de production (transhumance dans le
même espace, nourissement)
X
Le produit a une histoire, il est traditionnel X
Il faut ajouter à toutes ces caractéristiques, il est important de prendre en
considération que l’aire géographique d’Eucalyptus Camaldulensis est très étendue
avec un nombre important de ruches. Le potentiel de production de miel de ce type
est donc important qui, s’il est mieux valorisé, permettrait à la population rurale de
cette zone de mieux tirer profit de cette activité apicole.
Le signe de qualité qui correspond à ces caractéristiques et valorise le mieux ce miel
est l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). En effet, ce signe AOC permettrait de
protéger définitivement le miel par les apiculteurs de la région de Sejnane. Il ne serait
impossible de commercialiser d’autres produits en utilisant ce nom. L’AOC, constitue
avec l’IP, les deux signes qui permettent d’établir un lien entre un produit et son lieu
d’origine.
63
ETUDE DE FAISABILITE DE SIGNE DE QUALITE POUR LE MIEL PRODUIT DANS
LA REGION DU CAP BON
1. Potentiel mellifère de la région
La région du Cap Bon est caractérisée par un potentiel de production de miel très
important permettant à cette zone d’occuper une place de premier rang. En effet, les
données statistiques disponibles indiquent une production équivalente à environ 300
tonnes/an, qui avec trois autres gouvernorats (Kairouan, Bizerte et Sidi Bouzid)
représentent plus de 60 % de la production nationale.
Ce niveau de production est attribué à divers facteurs qui s’interagissent pour
aboutir à la production d’un miel de qualité fortement appréciée par les consommateurs
come il sera explicité plus loin.
D’abord, la superficie cultivée en agrumes est à la fois importante et concentrée
dans une aire géographique bien limitée. Le tableau 8 illustre l’importance de cette
superficie et du nombre des pieds en 1986 et 1999.
Tableau 8. Importance des vergers des agrumes dans la région de Nabeul
Superficie (ha) % Nombre de pieds %
Nabeul
12692
78.6 3 472 215 75.1
Total 16138 100 4 625 616 100
Source (GIAF, 1999 dans le rapport Phase I, CNEA, 2003)
Les données rapportées dans ce tableau mettent en évidence, d’une façon irréfutable,
l’importance des agrumes dans la région du Cap Bon. En effet, la superficie des
agrumes cultivés dans cette région constitue plus des trois quarts de celle qui existe en
64
Tunisie. La même importance (75.1 %) est observée lorsqu’on s’intéresse au nombre
d’arbres.
Il est important de souligner que la superficie des agrumes augmente, d’une
façon spectaculaire, dans deux régions non connues par cette activité : il s’agit du
gouvernorat de Kairouan et de Jendouba. Dans ces régions, il y aurait entre 1986 et
1999, un accroissement de la superficie de 270 et de 130 % respectivement. Pour le
nombre de pieds, la tendance est renversée puisque l’augmentation est estimée à 156
et 197 % pour la région de Kairouan et Jendouba respectivement. Ces deux régions
peuvent être donc potentielles pour développer l’apiculture intensive en vue de produire
un miel d’agrumes.
Ensuite, dans la région de Cap Bon, les agrumes (famille des rutacées et Genre
Citrus) sont particulièrement concentrés dans les zones de Menzel Bouzelfa, Béni
Khalled et Slimane. Les agrumes comprennent principalement les orangers (Citrus
senersis L.), les mandariniers (Citrus reticulata L.) et les citronniers (Citrus limonum L.).
La diversification de ces ressources mellifères, outre leur concentration dans des zones
limitées, constitue un avantage de grande importance pour la région du Cap Bon.
Enfin, certaines de ces ressources sont caractérisées par un niveau de production
particulièrement élevé qui dépasse souvent les moyennes obtenues avec d’autres
ressources mellifères disponibles dans d’autres régions. En effet, la floraison des
orangers est quantitativement importante et permet des niveaux de productions très
élevés. De plus, le miel qui en est issu présente un parfum très apprécié par les
consommateurs. Ces niveaux de productions sont notées en dépit d’une courte (30
jours) durée de pleine floraison dans le cas des agrumes par rapport aux autres
ressources mellifères (Eucalyptus Camaldulensis, Romarin…).
2. Qualité du miel d’agrumes
Comme nous l’avons réalisé avec la première région, les analyses relatives à la
qualité du miel issu de la région du Cap Bon ont été effectuées sur un nombre
d’échantillons provenant de plusieurs sites. Cependant, et en raison de la saison de
production et des conditions particulières de cette année, le nombre d’échantillons de
miel d’agrumes issu de la production de cette année est faible (6 échantillons). De la
même façon que précédemment, nous avons compilé les résultats provenant des
analyses des autres années réalisés dans le centre de développement du secteur
65
apicole Mraissa (OEP). Au total, 24 échantillons ont été ainsi utilisés dans cette analyse
qualitative.
Le tableau 9 résume les résultats des analyses qualitatives du miel d’agrumes dans la
région du Cap Bon
Tableau 9. Caractéristiques qualitatives du miel d’agrumes produit dans la région
du Cap Bon
Moyenne Ecart type Max Min
Humidité (%)
17.3
0.7
18.6
16.2
Invertase
78.2
49.6
148.9
27.8
HMF(mg/kg) 9.5 6.1 28.4 1.4
pH 3.9 0.24 4.3 3.6
Fructose (g/100 g) 37.3 1.6 38.8 32.8
Glucose (g/100 g) 33.3 2.17 39.4 31.1
Fructose + glucose
(g/100 g)
70.6 0.9 72.2 69.3
Saccharose (g/100 g) 2.9 1.7 4.4 0.9
Maltose (g/100 g) 3.6 0.04 3.6 3.5
Conductivité (mS/cm) 0.2 0.05 0.3 0.1
Activité de la Diastase
11.2 0.9 12.1 10.2
66
Les résultats des analyses des caractéristiques physico-chimiques du miel d’agrumes
sont présentés de la même façon que ceux du premier miel (d’Eucalyptus
Camaldulsensis). Cependant, l’acidité est présentée dans ce cas ci par les valeurs de
pH qui donnent déjà une idée précise sur l’intensité de la fermentation du miel.
Si on compare les valeurs obtenues dans le cas des deux miels (Eucalyptus
Camaldulsensis et agrumes), on note quelques différences notables qui sont rapportées
dans le tableau 10.
Tableau 10. Comparaison des caractéristiques physico-chimiques du miel
d’Eucalyptus camaldulsensis (Sejnane) et d’agrumes (Cap Bon)
Miel d’agrumes Miel d’Eucalyptus
Cmaldulsensis
Observations
Humidité (%) 17.3 17.25 Moyenne similaire
Invertase 78.2 132.13 Différence notable
HMF(mg/kg) 9.5 15.1 Légère différence
Fructose (g/100 g) 37.3 39.6 Moyenne similaire
Glucose (g/100 g) 33.3 31.9 Moyenne similaire
Fructose + glucose (g/100 g) 70.6 71.5 Moyenne similaire
Saccharose (g/100 g) 2.9 0.57 Pas de différence
Maltose (g/100 g) 3.6 2.21 Pas de différence
Conductivité (mS/cm) 0.2 0.43 Légère différence
Les différences constatées entre les deux types de miel sont surtout liées à l’invertase
et à un degré moindre à la teneur en HMF et à la conductivité électrique. Ces
différences concernent donc et d’une façon générale la fraîcheur du miel et les
conditions de stockage. Il est fort probable que les échantillons sont issus des
exploitations où les conditions de production, de conditionnement, de conservation et
même de nature climatique sont différentes qui entraînent à leur tour de telles variations
de la qualité du miel.
67
Comme dans le cas du miel d’Eucalyptus Camaldulsensis, les caractéristiques du
miel d’agrumes répondent à toutes les normes tunisiennes et européennes comme
l’étayent les données rapportées dans le tableau 11.
Tableau 11. Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel d’agrumes
produit dans la région du Cap Bon aux normes tunisiennes et européennes
Moyenne
Normes
Tunisiennes
Normes
européennes
Observations
Humidité (%) 17.3 21 21 Répondant aux normes
Invertase (Unités/kg) 78.2 >50 Répondant aux normes
HMF (mg/kg) 9.5 <80 <40 Répondant aux normes
Acidité (pH) 3.9 <5 Répondant aux normes
Fructose + glucose (g/100 g) 70.6
>60 Répondant aux normes
Saccharose (g/100 g) 2.9 <5 <5 Répondant aux normes
Conductivité électrique
(mS/cm)
0.2 <0.8 Répondant aux normes
En dépit des différences que nous avons soulignées avec le premier miel, les
caractéristiques du miel d’agrumes répondent en moyenne à toutes les exigences
tunisiennes et européennes. Il faut néanmoins noter que la fréquence des
échantillons qui ne répondent pas à ces normes atteint parfois 40 %. Le critère le plus
68
affecté étant l’invertase qui indique la fraîcheur du miel. Par ailleurs, quelques
échantillons présentent des teneurs en saccharose (4.4 %) très proches du seuil toléré
(5 %) par les normes européennes. De plus, ces caractéristiques varient, parfois
énormément, d’une année à une autre, c qui constitue une autre contrainte. Compte
tenu de ce qui précède, il est impératif d’améliorer et de rendre plus stables ces
caractéristiques qualitatives pour pouvoir rendre ce miel plus compétitif à l’égard des
miels produits à l’étranger ou même à l’intérieur du pays. Il faut savoir que les textes
réglementaires relatifs aux normes sont en perpétuelle révision pour tenir compte de
nouvelles exigences des citoyens.
De nombreuses lames de référence ont été préparées par le Centre de Développement
du secteur apicole M’raissa et ce dans le but de mettre en place des outils qui
permettraient de spécifier le miel produit à partir diverses ressources mellifères.
Les photos 2 ; 3 ; 4 et 5 illustrent les différentes formes des grains de pollen de divers
agrumes exploités dans la région du Cap Bon.
69
Photo 2. Lame de référence du grain de pollen de Maltaise
70
Photo 3. Lame de référence du grain de pollen Meski
71
Photo 4. Lame de référence du grain de pollen du citronnier
72
Photo 5. Lame de référence du grain de pollen de clémentine
Les lames montrent que les grains de pollen présentent une forme circulaire ou
subcirculaire. L’exine de ces grains est réticulée, irrégulière et discontinue avec 4
dépressions symétriques.
Par ailleurs, Il faut rappeler que les agrumes ne constituent pas les seules
ressources mellifères disponibles dans la région du Cap Bon. Dans certaines zones de
cette vaste région, des superficies assez variables sont réservées pour des ressources
comme l’Eucalyptus (1000 ha), l’acacia (3200 ha), d’Elycrisum et tant d’autres. Letaïef
(2006) a pu procéder à une analyse pollinique des échantillons de miel. Le résultat de
cette analyse est présenté dans la figure 5.
73
Figure 5. Répartition des grains de pollen en fonction de leur origine botanique
dans le miel d’agrumes (Letaïef, 2006)
Les données rapportées montrent qu’en dépit de cette diversité de ressources
mellifères disponibles dans la région, le pollen des agrumes est prépondérant dans
le mélange. En effet, cette proportion dépasse 71 % ce qui constitue un bon
critère pour attribuer une origine botanique à ce miel.
3. Démarche de signe de qualité du miel d’agrumes
Si on récapitule les différents éléments qui ont été mis en exergue pour ce miel,
on peut par la suite aisément lui attribuer le signe de qualité qui le mettrait le plus en
valeur.
Le tableau 12 résume ces principaux aspects.
74
Tableau 12. Principales Caractéristiques de la production de miel
d’agrumes dans la région du Cap Bon
Désignation Pertinence
Le produit est entièrement issu de la zone géographique désignée par le produit (production, extraction, filtration, conditionnement)
X
La qualité du produit est essentiellement liée au milieu géographique)
X
les agrumes lui confèrent une couleur oranger ayant une intensité très clair, une arôme de fleur d’oranger et un goût fin et
particulièrement apprécié
Le produit a un lien avec son terroir (savoir-faire et/ou environnement naturel propre à la région : analyse pollinique)
X
Qualité répondant aux exigences du marché interne et externe
X
Particularités des techniques de production (transhumance dans le même espace, nourissement)
X
Le produit a une histoire, il est traditionnel
X
Par ailleurs, l’aire géographique d’agrumes est très étendue avec un nombre
important de ruches. Le potentiel de production de miel de ce type est donc
75
important qui, s’il est mieux valorisé, permettrait à la population rurale de cette
zone de mieux tirer profit de cette activité apicole.
Le signe de qualité qui correspond à ces caractéristiques et valorise le mieux ce
miel est l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). En effet, ce signe AOC
permettrait de protéger définitivement le miel produit par les apiculteurs de la
région du Cap Bon.
76
ETUDE DE FAISABILITE DE SIGNE DE QUALITE POUR LE MIEL PRODUIT DANS
LA REGION DE KASSERINE
1. Potentiel mellifère de la région
Le romarin (Rosmarinus officinalis) fait partie de la famille des Labiées. En termes
de la superficie, cette ressource constitue la deuxième plante forestière et semi-
forestière ayant des propriétés mellifères en Tunisie. En effet, sa superficie totale atteint
39 000 ha, qui reste inférieure à celle occupée par le jujubier dont la surface dépasse
54 000 ha (principalement dans les régions de Kairouan, Gafsa et Gabès).
La répartition des superficies de romarin, issue de l’inventaire forestier réalisé en
1995, est illustrée dans la figure 8.
Figure 8. Répartition de la superficie de romarin selon les gouvernorats
Il ressort de cette figure que cette plante couvre de nombreuses zones du pays
puisqu’elle se trouve dans 9 gouvernorats répartis du nord au sud du pays. Le romarin
couvre principalement les régions de Gabès (40 %), Kairouan (31 %), Kasserine (10 %)
et Siliana (8 %). Ces quatre gouvernorats constituent environ 90 % de la superficie
totale de romarin. En réalité, le romarin est une plante qui peuple les montagnes
boisées dont essentiellement celles de la Dorsale. Il s’adapte ainsi à diverses conditions
climatiques dans la mesure où elle est disponible dans les divers bioclimats.
77
Cependant, dans plusieurs régions, le romarin se trouve en association avec d’autres
espèces végétales, mellifères ou non. Néanmoins, dans les étages bioclimatiques semi
aride et aride supérieur, le romarin peut être une plante dominante.
La région de Kasserine ne représente que 10 % de la superficie totale nationale
couverte en romarin. Cette plante est très appréciée par les apiculteurs pour diverses
raisons essentielles : d’abord, à cause de son potentiel de production qui est très
important. Ensuite, le romarin est une source qui produit un miel ayant un arôme
parfumé et un goût délicieux, fin et peu prononcé. Enfin, cette plante présente une
période de floraison relativement longue qui est à l’origine de grands mouvements de
transhumance.
Malheureusement, cette plante est très utilisée pour de nombreuses fins : source
mellifère, industrie de distillation et culinaires. Ces fortes pressions exercées par les
divers utilisateurs entraînent son surexploitation et la diminution de sa superficie.
2. Qualité du miel de romarin produit dans la région de Kasserine
Il est important de souligner que les conditions climatiques très défavorables qui ont
sévi cette année dans la région ont été à l’origine de faibles productions. Ces conditions
ont entraîné des difficultés de prélèvements des échantillons de miel de romarin. Seuls
quelques échantillons (n =4) ont été ainsi pu récupérer auprès des apiculteurs. Pour
pallier à ces difficultés, la même démarche a été conçue pour étudier les
caractéristiques qualitatives du miel.
Les résultats issus de ces analyses sont consignés dans le tableau 13.
78
Tableau 13. Caractéristiques qualitatives du miel de romarin produit dans la
région de Kasserine
Moyenne Ecart type Max Min
Humidité (%)
17.8
2.3
22.6
15
Invertase
131.7
45.8
220.9
68.3
HMF(mg/kg)
11.59
4.17
18.77
5.87
pH
4.12
0.23
4.45
3.88
Fructose (g/100 g)
36.39
1.20
37.7
34.08
Glucose (g/100 g)
32.57
2.0
35.6
29.9
Fructose + glucose (g/100 g)
67.29
1.82
69.7
65.3
Saccharose (g/100 g)
0.98
0.32
1.43
0.69
Maltose (g/100 g)
3.51
0.34
3.99
3.18
Conductivité (mS/cm)
0.36
0.25
0.85
0.16
Activité de la Diastase
15.1
3.34
18.75
9.09
L’examen des données rapportées dans le tableau ci-dessus montre que la qualité
physico-chimique du miel de romarin peut être classée comme étant une qualité
intermédiaire entre les deux premiers miels concernés par cette étude.
Ainsi, ce miel produit dans cette région répond à toutes les normes tunisiennes et
européennes comme l’illustre la comparaison consignée dans le tableau 14.
79
Tableau 14. Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de romarin
produit dans la région de Kasserine aux normes tunisiennes et européennes
Moyenne
Normes
Tunisiennes
Normes
européennes
Observations
Humidité (%)
17.8
21
21
Répondant aux
normes
Invertase (Unités/kg)
131.7
>50
Répondant aux
normes
HMF (mg/kg)
11.59
<80
<40
Répondant aux
normes
Acidité (pH)
4.12
<5
Répondant aux
normes
Fructose + glucose
(g/100 g)
67.29
>60
Répondant aux
normes
Saccharose (g/100 g)
2.9
<5
<5
Répondant aux
normes
Conductivité électrique
(mS/cm)
0.36
<0.8
Répondant aux
normes
Le miel de romarin est également apprécié par ses qualités organoleptiques car il
présente une odeur très parfumée et un goût peu prononcé. Ces qualités sont
certainement à l’origine de la demande très importante émanant des consommateurs.
Les lames de référence relatives aux grains de pollen de romarin sont présentées dans
la photo 6.
80
Photo 6. Lame de référence de grains de pollen de romarin
3. Démarche de signe de qualité pour le miel de romarin dans la région de
Kasserine
La production de miel dans la zone de Kasserine est caractérisée par des
différences notables par rapport à celles qui ont été observées dans les deux
premières zones. Ces différences contribuent grandement à l’élaboration de
stratégie d’une démarche de qualité. En effet, le miel de romarin peut être produit
dans diverses zones du pays, vraisemblablement avec la même qualité. Par ailleurs,
la transhumance intra et interrégionale est souvent pratiquée ce qui indique que
l’influence de la région sur ce miel peut ne pas être totale.
Le tableau 15 synthétise les principales informations issues de ce diagnostic.
81
Tableau 15. Principales Caractéristiques de la production de miel de
romarin dans la région de Kasserine
Désignation Pertinence
Le produit est entièrement issu de la zone géographique désignée par le produit (production, extraction, filtration, conditionnement)
la transhumance inter régionale contribue à l’élaboration de ce produit surtout en année défavorable
La qualité du produit est essentiellement liée au milieu géographique)
X
Le produit a un lien avec son terroir (savoir-faire et/ou environnement naturel propre à la région : analyse pollinique)
X
Qualité répondant aux exigences du marché interne et externe
X
Particularités des techniques de production (transhumance dans le même espace, nourissement)
X Le produit a une histoire, il est traditionnel
X
Il ressort que le signe de qualité qui pourrait être attribué à ce produit est différent de
celui qui a été octroyé aux deux premiers miels. La différence vient du fait que
l’Eucalyptus Camaldulsensis et les agrumes sont particulièrement concentrés dans
leurs zones originales. L’analyse pollinique de ces miels est en quelque sorte une
garantie de l’origine botanique et donc territoriale du produit. Le miel de romarin produit
dans la région de Kasserine reste, néanmoins, lié à la zone.
Compte tenu de ce qui précède, le signe d’indication géographique protégée (IP)
peut être attribué au miel de romarin produit dans cette zone. En effet,
contrairement à l’AOC, la transhumance peut être autorisée dans le cas de ce
signe.
82
ETUDE DE FAISABILITE DE SIGNE DE QUALITE POUR LE MIEL PRODUIT DANS
LA REGION DE ZAGHOUAN
2. Potentiel mellifère de la région
Comme le romarin, le thym (Thymus vulgaris) fait partie de la famille des Labiées. Il
couvre de larges superficies sur le territoire tunisien avec une surface totale estimée à
16 400 ha. Sa répartition est cependant très inégale d’une région à une autre. Cette
plante est surtout concentrée dans les régions du sud et à un moindre degré dans celles
du Nord (Kef, Siliana et Zaghouan).
Le thym est rarement dominant dans une région se trouvant le plus souvent en
association avec d’autres espèces mellifères. Son aire géographique est
malheureusement très fortement menacée compte tenu de son surexploitation par
l’homme. En effet, et à l’instar du romarin, le thym est sollicité pour diverses utilisations.
Outre son utilisation comme ressource mellifère, le thym est une excellente plante
aromatique fortement utilisée dans la distillerie. Le thym contient une essence riche en
thymol utilisé dans la lutte contre la varroase en production biologique. Son odeur est
très prononcée ce qui donne au miel, qui en est issu, un goût très fort lui conférant une
spécificité particulière. Le miel de thym est enfin très demandé par le consommateur en
raison de son vertu thérapeutique.
3. Qualité du miel de thym dans la région de Zaghouan
Les résultats des analyses réalisées pour ce miel de thym sont rapportés dans le
tableau 16.
83
Tableau 16. Caractéristiques physico-chimiques du miel de thym produit dans la
région de Zaghouan
Moyenne Ecart type Max Min
Humidité (%)
17.1
0.9
18.6
16.0
Invertase
93.41
66.42
168.3
31.63
HMF (mg/kg)
28.56
32.23
105.98
6.93
pH
3.7
0.29
3.93
3.52
Fructose (g/100 g)
38.5
1.57
40.65
37.1
Glucose (g/100 g)
32.9
1.21
34.18
31.29
Fructose + glucose (g/100 g)
71.46
2.43
74.0
68.91
Saccharose (g/100 g)
0.2
0.01
0.25
0.16
Conductivité (mS/cm) 0.44 0.16 0.90 0.22
Activité de la Diastase
13.62
7.87
25.0
7.89
Les données consignées dans le tableau mettent en évidence une variation des
caractéristiques physico-chimiques très importantes et ce en dépit d’un nombre
d’échantillons analysés plus faible par rapport aux autres types de miel. Cette
constatation met en exergue la différence dans la conduite de la production, du
conditionnement et de la conservation menée par les apiculteurs de la région.
Ces variations concernent plusieurs critères de qualité physico-chimiques. Les
paramètres les plus affectés concernent la teneur en HMF, l’invertase et l’activité de la
diastase. Ces caractéristiques sont importantes et très sélectifs dans les normes
tunisiennes et européennes.
84
Ces constations montrent clairement que l’analyse des résultats doit considérer les
valeurs individuelles plus que la moyenne surtout si celle-ci est sujette à des variations
importantes. En effet, lors de la commercialisation du miel, comme tout autre produit, la
proportion des échantillons non conformes ne doit dépasser un seuil.
La comparaison des caractéristiques moyennes aux normes tunisiennes et
européennes est illustrée dans le tableau 17.
Tableau 17. Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de thym produit dans
la région de Zaghouan aux normes tunisiennes et européennes
Moyenne
Normes
Tunisiennes
Normes
européennes
Observations
Humidité (%)
17.1
21
21
Répondant aux
normes
Invertase (Unités/kg)
93.45
>50
Répondant aux
normes
HMF (mg/kg)
28.5
<80
<40
Répondant aux
normes
Acidité (pH)
3.7
<5
Répondant aux
normes
Fructose + glucose
(g/100 g)
71.46
>60
Répondant aux
normes
Saccharose (g/100
g)
0.2
<5
<5
Répondant aux
normes
Conductivité
électrique (mS/cm)
0.44
<0.8
Répondant aux
normes
85
Exprimées en moyennes, les caractéristiques physico-chimiques répondent aux deux
normes alors, comme nous l’avons indiqué, certains échantillons s’écartent, parfois
d’une façon importante, de ces exigences.
Comme dans le cas des autres miels, une préparation des lames de référence de grains
de pollen de thym a été mise en place (photo 7).
Photo 7. Lame de référence de grains de pollen de thym
4. Démarche de signe de qualité pour le miel de thym dans la région de
Zaghouan
La production de miel dans la zone de Zaghouan est caractérisée par des éléments
semblables à ceux qui ont régi la production du miel de romarin dans la région de
Kasserine. En effet, le thym est souvent associé à d’autres espèces mellifères. De
plus, la transhumance intra et interrégionale est souvent pratiquée ce qui indique
que l’influence de la région sur ce miel peut ne pas être totale. Mais, et comme dans
le cas du miel de romarin, dans certaines zones de la région, le thym constitue une
plante dominante et constitue ainsi un avantage dans cette démarche de la qualité.
Le tableau 18 synthétise les principales informations issues de ce diagnostic.
86
Tableau 18. Principales Caractéristiques de la production de miel de thym dans la
région de Zaghouan
Désignation Pertinence Le produit est entièrement issu de la zone géographique désignée par le produit (production, extraction, filtration, conditionnement)
la transhumance inter régionale contribue à l’élaboration de ce produit surtout en année défavorable
La qualité du produit est essentiellement liée au milieu géographique)
X
Le produit a un lien avec son terroir (savoir-faire et/ou environnement naturel propre à la région : analyse pollinique)
X
Qualité répondant aux exigences du marché interne et externe
X
Pararités des techniques de production (transhumance dans le même espace, nourissement)
X Le produit a une histoire, il est traditionnel
X
Compte tenu de ce qui précède, le signe d’indication géographique protégée (IGP)
peut être attribué au miel de romarin produit dans cette zone.
87
ETUDE DE FAISABILITE DE SIGNE DE QUALITE POUR LE MIEL PRODUIT DANS
LA REGION D’OUESLATIA
1. Potentiel mellifère de la région
Contrairement aux autres types de miel qui ont fait l’objet de cette étude, la
production de miel de marrube se distingue par divers points qui concernent à la fois la
quantité produite, l’étendue de son aire géographique et la disponibilité des informations
qui lui sont inhérentes.
En effet, les statistiques relatives à ce type de production sont rares, voire même
quasiment absentes. A notre connaissance, les études qui se sont intéressées à cette
plante sont extrêmement rares. La présente étude constitue, à cet égard, une
opportunité pour mettre à la disposition des personnes qui s’y intéressent, des résultats
préliminaires qui peuvent être actualisés au fur et à mesure de nouvelles données.
La plante de marrube (marrubium) fait partie de la famille de labiées. Son aire
géographique semble être limitée et concentrée dans la région d’Oueslatia. La floraison
de cette plante s’étend sur une période allant du mois d’Avril au mois de Juin. Il est
important de souligner que les observations du terrain, réalisées au cours de cette
étude, décèlent un état de végétation très affecté par les conditions climatiques qu’a
connu la zone d’Oueslatia. Le niveau de production a été très largement influencé par
ces conditions ce qui a entraîné une baisse notable de la production.
2. Etude de la qualité du miel de marrube
Les caractéristiques qualitatives du miel de marrube sont présentées dans le tableau 19.
Tableau 19. Caractéristiques physico-chimiques du miel de thym produit dans la région
Moyenne Ecart type Max Min
Humidité (%) 17.3 0.68 18.2 16.6
Invertase (unités/kg) 74.1 54.4 122.9 15.5
HMF(mg/kg) 19.1 9.13 32.7 14.9
pH 36.5 0.11 3.73 3.5
Fructose (g/100 g) 37.93 2.7 41.0 35.9
Glucose (g/100 g) 32.8 0.78 33.6 32.03
Fructose + glucose (g/100 g) 0.7 1.96 73.01 69.53
Conductivité (mS/cm) 0.27 0.06 0.34 0.17
Activité de la Diastase 18.31 2.38 20.1 16.6
88
Le miel issu de la région étudiée présente une qualité sujette à des variations
moins importantes que celles obtenues dans le cas du miel de thym. La variation la plus
accentuée est notée avec l’invertase dont les valeurs oscillent entre 15 et 123 unités/kg.
Les valeurs minimales s’écartent en effet beaucoup des normes exigées.
L’analyse des données montre une autre caractéristique très importante qui concerne la
conformité des échantillons du miel. En effet, la fréquence des miels de marrube non
conformes aux exigences, reste faible et ne dépasse pas 5 %. Même si le nombre
d’analyses est faible, cette constatation constitue un avantage considérable car elle
indique que les techniques de production, de conservation et de conditionnement sont
relativement maîtrisées par les apiculteurs de cette zone. Il est vrai que l’apiculture est
historiquement ancrée dans cette région, à l’instar des autres zones étudiées.
La comparaison des caractéristiques moyennes (mais aussi de la majorité des
échantillons) aux normes tunisiennes et européennes est rapportée dans le tableau 20.
Tableau 20. Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de marrube produit
dans la région d’Oueslatia aux normes tunisiennes et européennes
Moyenne
Normes
Tunisiennes
Normes
européennes
Observations
Humidité (%) 17.3 21 21 Répondant aux
normes
Invertase (Unités/kg) 74.1
>50 Répondant aux
normes
HMF (mg/kg) 19.1 <80 <40 Répondant aux
normes
Acidité (pH) 3.65
<5 Répondant aux
normes
Fructose + glucose
(g/100 g)
70.7
>60 Répondant aux
normes
Saccharose (g/100 g) - <5 <5 Répondant aux
normes
Conductivité électrique
(mS/cm)
0.27
<0.8
Répondant aux
normes
89
La comparaison met en évidence une conformité des caractéristiques qualitatives du
miel de marrube aux deux normes. Ce miel ne présente donc à cet égard aucune
contrainte qui pourrait entraver sa promotion.
Outre ces caractéristiques qualitatives mentionnées, le miel de marrube jouit d’une
réputation très favorable. En effet, ce miel est très apprécié par les consommateurs qui
sont, apparemment, prêts de payer cher ce type de miel même s’il présente un arrière
goût amer. Les croyances attribuent une qualité antidiabétique.
La lame de référence de grain de pollen de marrube est illustrée dans la photo 8.
Photo 8. Lame de référence de grain de pollen de marrube.
3. Démarche de qualité du miel de marrube
Comme il a été montré, le miel de marrube se caractérise par une bonne qualité
physico-chimique et une image, auprès des consommateurs, favorable. Il représente
également un produit typique de la zone d’Oueslatia, rarement issu d’une autre région.
Par ailleurs, les caractéristiques relatives au goût et à l’arôme lui confèrent une
spécificité particulière susceptible de le reconnaître aisément. La production de miel
reste cependant limitée car son aire géographique est restreinte. De plus, les
90
apiculteurs font recours à la transhumance, notamment en années défavorables comme
c’était le cas de l’année dernière.
Tous ces éléments indiquent que le miel de marrube pourrait être produit sous un signe
de qualité car il répond parfaitement aux critères qu’impose un tel choix. Compte tenu
de ses qualités décrites précédemment, il nous semble que le signe d’Indication
(Indentification) géographique protégée (IGP) est le choix approprié qui répond le
mieux à ce type de miel. De plus, certains apiculteurs de la zone étudiée,
notamment celle de Djebel Serj, pratiquent une apiculture qui peut très facilement
convertie en mode biologique. D’ailleurs, le projet initié par l’OEP en collaboration
avec d’autres organismes (CTAB, DGPA, DG Forêts) est entrain d’étudier les
possibilités de conversion de certaines exploitations apicoles en mode
biologique dans diverses régions du pays dont notamment celles auxquelles
nous nous sommes intéressés dans cette étude.
91
DEMARCHE DE MISE EN PLACE DES SIGNES
DE QUALITE (AOC et IP)
92
DEMARCHE DE MISE EN PLACE DES SIGNES DE QUALITE (AOC et IP)
1. Contexte et opportunité
Les données présentées dans la troisième partie de ce rapport ont montré d’une
façon indéniable que le miel produit dans les 5 zones concernées par cette étude
répond aux critères d’une démarche de signe de qualité. Les signes de qualité qui ont
été retenus sont l’AOC (pour le miel d’Euclyptus Camldulensis et d’agrumes) et l’IP
(pour le miel de romarin, de thym et de marrube).
La mise en place de tels signes, dans chaque zone étudiée, a pour objectif principale,
rappelons le, de valoriser une notoriété régionale qui est, parfois, ancrée dans son
histoire. Cette démarche demande à tous les intervenants dans la filière (producteurs,
structures professionnelles, commerçants, administration, consommateurs..) de se
fédérer pour mettre en place un cahier de charges qui intègre l’origine, la pureté du
produit et sa traçabilité.
Il convient de souligner que le miel, plus que tout autre produit agricole et agro-
alimentaire, est un produit qui se prête le plus à une telle démarche qualitative. En
effet, le consommateur, tunisien et étranger, a toujours exprimé son besoin de
s’approvisionner en miel dont il connaît l’origine, la pureté et la qualité. Il est prêt
pour cela à payer plus cher un tel produit « connu » compte tenu des vertus
thérapeutiques du miel.
Cependant, l’examen des circuits actuels montre que les différents intervenants dans
cette filière ne sont pas organisés pour profiter de cette image favorable de ce produit. Il
est impératif donc d’initier un travail de fond, qui implique tous les opérateurs de la
filière, en vue de mettre en place des mécanismes institutionnels, organisationnels et
professionnels en vue de valoriser, à juste titre, le miel de chaque zone étudiée.
Notre proposition tient compte des efforts qui ont été déployés par certains
organismes (tels que l’OEP, l’ODESYPANO…) pour encadrer cette filière apicole
et promouvoir cette activité dans certaines régions du pays. Cette stratégie a
abouti, récemment, à la mise en place de structures (coopératives, groupements…) qui
ont grandement contribué d’une part à l’encadrement des apiculteurs et à leur
93
organisation d’autre part. Il est cependant vrai qu’une telle démarche, qui est récente,
reste encore largement insuffisante pour assoire une démarche de qualité efficiente.
2. Schéma global de mise en place de la démarche
Dans le cas du miel, la démarche qualité doit impliquer les partenaires suivants :
· les apiculteurs qui sont actuellement partiellement sensibilisés à cette
démarche qualitative, doivent s’inscrire irréversiblement dans cette voie.
· les organismes d’encadrement technique (OEP, ODESYPANO, CRDA,
DGSA, AVFA, IRESA, APIA…) sont appelés, outre leurs missions
administratives, à continuer leurs efforts pour mettre à la disposition des
producteurs de nouvelles techniques qui visent à la fois l’augmentation de la
production et l’amélioration de sa qualité pour être répondre, à chaque instant,
aux normes du marché interne et externe
· Les organismes professionnels (coopératives agricoles, groupements de
développement, fédération nationale des apiculteurs…) dont le rôle est
actuellement reste limité même si on constate un regain d’intérêt à cet égard
de la part de certains opérateurs pour dynamiser ces structures.
· Les opérateurs commerciaux (opérateurs privés, détenteurs de marques,
sociétés de distribution, magasins grande surface…) qui doivent jouer un rôle
plus déterminant dans la promotion des échanges commerciaux (internes et
externes) du miel de qualité tunisien
· L’agence de défense des consommateurs qui doit informer ses adhérents
de la pertinence de la démarche qualité en plus de son rôle dans le contrôle
régulier de toute opération relative à la production de miel
3. Analyse critique de la situation actuelle de l’implication des partenaires
Par rapport aux différentes missions que doit accomplir chaque intervenant dans la
filière apicole, l’analyse de la situation actuelle décèle plusieurs anomalies qui peuvent
être succinctement résumées par les points suivants :
· Malgré un vrai potentiel économique et une importance sociale indéniable,
l’apiculture reste un secteur qui n’a pas, jusqu’à maintenant, bénéficié de l’intérêt
qu’elle mérite.
94
· en dépit d’un nombre important d’institutions qui sont censées intervenir dans le
secteur, l’activité apicole en Tunisie se caractérise par un faible encadrement.
Seuls quelques organismes oeuvrent réellement pour promouvoir la production
(quantitative et qualitative) du miel
· Il en découle, une absence de stratégie, à moyen et long terme, ayant pour
objectifs le développement de ce secteur, notamment dans les régions
potentielles en quantité mais en qualité. L’approche « qualité » du miel n’est que
récemment initiée. Le rôle de quelques organismes, comme l’OEP,
l’ODESYPANO et l’APIA, dans la promotion de cette démarche est indéniable
· les organisations professionnelles sont peu nombreuses, par rapport à d’autres
secteurs économiquement et socialement moins importants, et peu efficaces
dans la mise en place de stratégie pour promouvoir aussi bien la production que
la qualité du miel pour qu’il soit valorisé à sa juste valeur.
· Le commerce du miel est assuré par une multitude d’opérateurs dont les objectifs
différent énormément. Ces circuits font intervenir les apiculteurs eux-mêmes, les
coopératives de services, les nombreux intermédiaires, les commerçants fixes et
ambulants et les grandes surfaces. Les prix de vente sont de ce fait très
aléatoires et ne répondent à aucune règle de qualité
· Le consommateur, tenté de chercher un miel de qualité, ne dispose pas d’outils
ni d’informations (étiquettes, signe, origine…) qui lui permettent de bien satisfaire
sa demande
Eu égard à ces lacunes, la mise en place de structures oeuvrant en synergie s’avère
nécessaire pour mettre en place les signes de qualité que nous avons proposés
antérieurement.
4. Nécessité d’un « Groupement Qualité de miel»
La mise en place d’une démarche qualité est à l’heure actuelle, nous l’avons
montré, difficile compte tenu de nombreuses contraintes auxquelles elle se heurte. Pour
permettre aux différents intervenants d’initier, dans de bonnes conditions, cette
démarche qualité, nous proposons de mettre en place d’abord, une instance qui a pour
objectif principal de mettre en œuvre et de gérer ensuite le signe de qualité proposé.
Cette instance doit nécessairement émaner des professionnels qui doivent jouer le
premier rôle pendant cette phase de mise en place. Elle peut dans un premier temps
impliquer des personnes, autres que les professionnels, pour bénéficier de leur
expérience dans le domaine de la qualité du miel. Cette instance peut être désignée
95
sous le nom de « Groupement Qualité de miel ». Nous suggérons de mettre en place
deux groupements d e ce type :
· un « Groupement Qualité Miel AOC » qui s’occupera des deux types de miel
d’Eucalyptus Camaldulensis et d’agrumes dans les régions de Sejnane et du
Cap Bon respectivement
· un « Groupement Qualité Miel IP » qui s’occupera des trois autres signes de
miel à savoir celui de romarin (à Kasserine), Marrube (à Oueslatia) et de thym
(à Zaghouan)
Ces deux « Groupements Qualité » s’intéresseront, chacun, ainsi à des régions
géographiquement proches : Sejnane et Cap Bon d’une part (Nord) et Oueslatia,
Zaghouan et Kasserine (centre du pays) d’autre part. Les travaux, les rencontres et les
visites seront ainsi facilités par ce rapprochement territorial.
La constitution de ce groupement est importante. C’est pourquoi le choix des
membres qui le composeront est primordial. De toute évidence, les différentes fractions
qui interviennent dans la démarche doivent être représentées dans cette instance. Nous
proposons la composition suivante (pour les deux types de groupements) :
· les apiculteurs eux-mêmes, exclusivement ceux qui sont motivés par cette
démarche qualité. Leur part dans ce « Groupement Qualité » doit être
prépondérante en vue de garantir une réussite de cette première phase qui, sans
l’adhésion volontaire et massive de ces producteurs, serait inachevée
· les organismes professionnels qui, par le biais de leur implication dans le
développement, ont acquis une certaine expérience en matière de l’organisation
des filières. Ces organismes, rappelons le, comprennent des acteurs de diverses
spécialités
· les opérateurs commerciaux, notamment ceux qui possèdent une large
expérience dans la vente des produits de la ruche et ayant un potentiel de
promouvoir davantage les échanges commerciaux internes et avec l’étranger.
· L’adhésion, à ce « Groupement Qualité », de quelques personnes ressources
ayant une compétence dans ce domaine peut améliorer grandement l’efficacité
de travail dudit groupement et accélérer le processus de mise en place de cette
démarche qualité du miel tunisien.
Le nombre des membres et la représentativité de chaque groupe dans ce
« Groupement Qualité » peuvent être débattus dans une première réunion impliquant
tous les intervenants qui ont été énumérés précédemment. Mais, dores et déjà, nous
pouvons avancer les parts suivantes :
96
· une part prépondérante octroyée aux apiculteurs, soit 50 % de l’ensemble des
membres
· 20 % pour les représentants des organismes professionnels. Le rôle de la
Fédération Nationale des Apiculteurs est de premier ordre durant cette phase
initiale. Elle doit fédérer toutes les autres structures oeuvrant dans ce
domaine pour s’assurer de leur implication totale dans cette démarche
· 25 % pour les opérateurs commerciaux
· 5 % pour les personnes ressources ayant une expérience dans ce domaine
Le choix des différents membres de ce groupement est important car il affecterait
grandement l’efficience de travail par la suite. Les critères de choix les plus
importants doivent être la motivation et l’a volonté de faire réussir cette démarche
en s’y impliquant totalement.
5. Prérogatives du « Groupement Qualité
Plusieurs missions peuvent être attribuées à ce groupement lors de la mise en place
de la démarche qualité. Comme nous l’avons mentionné auparavant, il sera chargé de
la mise en œuvre et la gestion de chaque type de signe proposé. Pour ce faire, le
« Groupement Qualité » est appelé à agir autour de trois principaux axes de la
démarche :
· Eclaircir, aux différents intervenants, les concepts de la qualité du miel ainsi que
leur impact sur la valorisation de leur produit. Elle proposerait ensuite un cahier
de charges qui régit la production (appellation, aire géographique, mode de
production, savoir faire des apiculteurs, période …), d’extraction et de
conditionnement. Ce cahier de charges comprend aussi les caractéristiques
physico-chimiques du miel considéré dans chaque zone de production. D’autres
informations, non moins importantes, doivent figurer dans ce cahier de charges
· Préciser les outils qui permettent de suivre la mise en place de cette démarche
(organisations des interventions, l’élaboration d’un plan d’actions, la
responsabilité des différents membres, timing, évaluation des actions…)
· Mettre en place une stratégie pour sensibiliser tous les maillons de la filière,
notamment les consommateurs, de l’intérêt de la démarche initiée et de son
impact sue le développement de la filière. Ces actions visent la promotion de
l’appellation via de nombreux outils comme l’animation, la télévision, les journées
d’information…
97
6. Conditions requises pour la réussite du « Groupement Qualité
Il est évident que les rôles joués par ledit groupement sont primordiaux durant la
mise en place de la démarche qualité. Il va de soi que certaines précautions doivent
être prises au préalable pour doter cette instance des moyens humains et matériels lui
permettant de jouer pleinement les missions que nous avons décrites dans le
paragraphe 5. Ces conditions sont de différentes natures et s’articulent autour de la
formation des apiculteurs et des différents autres partenaires, le recrutement des
compétences, le renforcement des laboratoires d’analyses du miel, la mise en
place des compétences nationales en matière d’analyses sensorielles, l’appui
institutionnel et financier.
En ce qui concerne le premier point (la formation), et contrairement aux autres
spéculations animales, les compétences nationales en matière de production apicole, et
encore en termes de qualité, sont peu nombreuses. Il est indispensable de commencer
des sessions de formation au profit des apiculteurs, désirant intégrer cette démarche
mais n’ayant pas une formation dans ce domaine. Les sessions de formation doivent
être réalisées dans chaque zone dans les lieux de production pour motiver davantage
les apiculteurs en tenant compte des propres conditions des producteurs. En effet, la
mise en place d’un signe de qualité est très exigent à plusieurs niveaux. Des
spécialistes matières nationaux et/ou internationaux seront chargés de cette formation.
Toutes les étapes de la démarche nécessitent une organisation infaillible pour
réaliser toutes les actions à temps. C’est la raison pour laquelle, le recrutement d’une
personne est indispensable pour assurer le bon déroulement de la mise en place. Le
profil de cette personne doit répondre parfaitement aux exigences des tâches qu’elle a à
réaliser durant cette période. Certains diplômés des instituts et écoles supérieurs
agronomiques ont acquis une telle démarche en s’intéressant dans le cadre de leurs
Projets de Fin d’Etudes (PFE) à cette thématique. Ils peuvent constituer un noyau à
partir duquel, ce recrutement sera effectué. Il ne faut pas exclure les autres possibilités
de recrutement.
La démarche qualité envisagée ne peut pas être réellement mise en place
sans que les capacités d’analyses des échantillons de miel ne soient renforcées.
A l’heure actuelle, seul l’Institut National de Nutrition (INN) est habilité à faire ces
analyses. Or, il n’est pas doté de moyens pour pouvoir effectuer toutes les analyses
nécessaires, même si ses moyens s’améliorent. Par ailleurs, le Centre de
Développement du secteur apicole de Mraissa (OEP) est doté de moyens plus
98
performants qui permettent de réaliser les analyses actuellement exigées par les
normes nationales et internationales. Il est nécessaire de profiter de ces capacités
d’analyses, et de les renforces par des équipements plus performants en vue de réaliser
les analyses rapidement et en série. Il est à rappeler à cet égard que les méthodes
d’analyses sont très régulièrement révisées dans le but de les rendre encore plus
fiables et plus sensibles aux fraudes. Un autre point très important relatif aux analyses
et qui mérite d’être soulevé. Il concerne le coût des analyses de la qualité du miel qui
reste encore très élevé. Ceci est principalement dû aux prix très élevés des produits
utilisés dans les analyses. A ce coût d’analyses s’ajoutent les frais de transport des
échantillons. Les apiculteurs, dans leur majorité, ne peuvent pas supporter de telles
charges. Deux solutions peuvent être préconisées pour atténuer ces charges pour les
apiculteurs. La première consiste à réaliser, pour les analyses qui se prêtent, en série
pour diminuer les frais d’analyses. La seconde consiste à appuyer (subvention) une part
de ces analyses uniquement dans un premier temps pour accompagner les apiculteurs
au début de cette démarche. La perception des valeurs ajoutées de la qualité
permettrait aux apiculteurs de supporter ces frais d’analyses. Enfin, les analyses des
grains de pollen des différentes ressources mellifères, travail qui est initié dans ledit
centre, doit être davantage affiné pour pouvoir renforcer les capacités de
reconnaissance de l’origine du miel..
La reconnaissance des caractéristiques qualitatives du miel fait appel, certes aux
différentes analyses que nous avons décrites, mais aussi sur les qualités sensorielles
qui jouent un rôle de grande importance. Malheureusement, dans le cas du miel, les
personnes spécialisées dans ces types d’analyses ne sont pas nombreuses. Il est
important, pour donner plus de valeur aux miels étudiés, de commencer des sessions
de formation dans ce sens pour former des gens capables de différencier parfaitement
les miels en se basant sur ces critères. Bien évidemment, en aucun cas, ces analyses
sensorielles ne seront utilisées comme critères de base pour l’étude de la qualité du
miel, mais elles seront un moyen supplémentaire pour mieux asseoir la démarche
qualité.
Enfin, comme dans le cas des autres produits agricoles et agro-alimentaires, la
démarche qualité est coûteuse (recrutement, analyses, sessions de formation…). De
plus, et pour ne pas priver les petits apiculteurs de cette démarche faute de moyens
financiers, il est souhaitable qu’un appui financier soit, au début, apporté pour permettre
à une grande majorité des producteurs d’intégrer cette démarche. L’appui financier peut
être de différentes natures. Il peut concerner la contribution aux différentes analyses,
99
comme nous l’avons suggéré précédemment. Il est aussi possible de les prendre en
charges lors des sessions de formation ou durant les autres manifestations.
Enfin, la mise en place de cette démarche qualité fait recours à un tissu
institutionnel performant qui doit œuvrer en étroite collaboration avec la profession.
L’OEP, qui dispose de compétences en la matière mais aussi une représentativité dans
les 5 régions étudiées, l’ODESYPANO, qui a acquis une expérience, sont les deux
organismes qui sont actuellement capables de jouer ce rôle important. Ces deux
organismes doivent, en même temps, impliquer les autres institutions dans la démarche
pour mieux encadrer les apiculteurs. La Direction Générale de la Santé Animale a un
rôle non moins important dans cette démarche qualité. Les textes réglementaires, qui
régissent la qualité du miel, doivent être réactualisés régulièrement à chaque fois que
cela est nécessaire pour tenir compte de l’évolution des exigences du marché interne et
des normes étrangères.
7. Etapes de la mise en place de la démarche qualité
Le tableau 21 présente une suggestion des différentes étapes qui peuvent être
préconisées pour mettre en place cette démarche qualité pour chaque type de miel
étudié.
Tableau 21. Etapes de mise en place de signes de qualité pour le miel produit
dans les 5 régions étudiées
Etape
Organismes responsables
Actions
1. Mise en place
du Groupement Qualité
Partenaires de la filière
(apiculteurs, organisations
professionnelles,
commerçants…)
· Mise en place, choix des
membres, représentativité des
partenaires
2. Mise en place de plan
d’actions
Groupement Qualité
· Définir les actions à réaliser,
· établir un programme avec timing,
· responsabiliser les partenaires
pour les différentes actions à
mettre en œuvre
· Montage juridique des différents
signes de qualité proposés
· Recruter les compétences requises
100
3. Choix des noms des
différents signes
Groupement Qualité
· Proposer des noms tirant leur
originalité des zones, ou des
ressources mellifères
prépondérantes (ou associant les
deux) Dépôt des signes
4. Diffusion des noms &
formation des apiculteurs et
différents partenaires
Groupement Qualité
Tous les partenaires
· Réunir les partenaires
· Décrire les signes
· Adopter des noms proposés par
les intervenants
· Former les apiculteurs et autre
spartenaires
5. Echange d’expériences
avec l’étranger
Groupement qualité
& responsables
techniques (FNA)
· Prendre connaissance des
expériences étrangères (AOC miel
Corses, ou Portugal, Espagne
6. Elaboration du cahier de
charge relatif à chaque
signe
Groupement Qualité
· Désigner une personne compétente
· Elaborer ensemble les différentes parties de ce cahier de charges
· Rédiger le cahier de charges · Discuter le rapport
7. Mise en marché de l’offre
Groupement Qualité
· Informer les partenaires
· Diffuser les informations
8. Organisation des
partenaires
Groupement Qualité &
organisations
professionnelles (FNA)
· Sensibiliser les partenaires
· Mettre en place les outils
nécessaires
· Proposer un schéma à suivre
9. Promotion des signes de
qualité
Groupement Qualité &
FNA & commerçants &
apiculteurs avisés
· Faire des journées de
sensibilisation (magasin de grande
surface, télévision, radio, journaux,
liens avec les autres organisations
(médecine, environnement,
femmes…)
10. Assistance technique à
l’initiative de mise en
marche des signes de
qualité
Groupement Qualité &
différents partenaires
· Présenter les capacités
développées à cet égard dans
d’autres pays
· Echanger les expériences
11. Mise en place des
systèmes de contrôle de la
démarche qualité
Organisations
professionnelles (FNA &
GDA) Groupement Qualité
· Définir les paramètres et les étapes
de contrôle
· Mettre à la disposition des
compétences
101
LES ANNEXES
102
ANNEXE. 1
DECRET DU 30 JANVIER 1998 RELATIF A L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE « MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA »
LE PREMIER MINISTRE,
SUR LE RAPPORT DU MINISTRE DE L'ECONOMIE, DES FINANCES ET DE
L'INDUSTRIE ET DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE,
VU LE REGLEMENT (CEE) NO 2081/92 DU CONSEIL DU 14 JUILLET 1992 RELATIF A
LA PROTECTION DES INDICATIONS GEOGRAPHIQUES ET DES APPELLATIONS
D'ORIGINE DES PRODUITS AGRICOLES ET DES DENREES ALIMENTAIRES ;
VU LE CODE DE LA CONSOMMATION, ET NOTAMMENT SES ARTICLES L. 115-6 ET L.
115-20 ;
VU LE DECRET NO 91-368 DU 15 AVRIL 1991 PORTANT ORGANISATION ET
FONCTIONNEMENT DE L'INSTITUT NATIONAL DES APPELLATIONS D'ORIGINE ;
VU LES DELIBERATIONS DU COMITE NATIONAL DES PRODUITS
AGROALIMENTAIRES DE L'INSTITUT NATIONAL DES APPELLATIONS D'ORIGINE EN
DATE DU 21 OCTOBRE 1997,
DECRETE :
ART. 1ER. - SEULS ONT DROIT A L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE « MIEL DE
CORSE - MELE DI CORSICA » LES MIELS QUI REPONDENT AUX DISPOSITIONS DU
PRESENT DECRET.
ART. 2. - LE MIEL DOIT ETRE EXCLUSIVEMENT RECOLTE ET DECANTE EN REGION
CORSE (DEPARTEMENTS DE LA HAUTE-CORSE ET DE LA CORSE-DU-SUD).
ART. 3. - LES MIELS DOIVENT PROVENIR DE NECTARS ET (OU) MIELLATS BUTINES
PAR LES ABEILLES APIS MELLIFERA MELLIFERA L. ECOTYPE CORSE SUR LES
ASSOCIATIONS VEGETALES SPONTANEES ET NATURELLES DE LA CORSE. A
L'EXCEPTION DES PLANTATIONS D'AGRUMES, SONT EXCLUS TOUS LES MIELS
ISSUS D'ESPECES CULTIVEES (NOTAMMENT LES MIELS DE COLZA, DE TOURNESOL,
DE SAINFOIN D'ESPAGNE, DE SARRASIN, DE SAINFOIN).
ART. 4. - LA GAMME VARIETALE DE L'APPELLATION CORRESPOND A LA
SUCCESSION DES PRODUCTIONS APICOLES INSULAIRES QUI S'ECHELONNENT
TOUT AU LONG DE L'ANNEE ET PORTENT LES DENOMINATIONS SUIVANTES :
PRINTEMPS ;
MAQUIS DE PRINTEMPS ;
MIELLATS DU MAQUIS ;
103
CHATAIGNERAIE ;
MAQUIS D'ETE ;
MAQUIS D'AUTOMNE.
LA GAMME VARIETALE EST DEFINIE DANS LE REGLEMENT TECHNIQUE DE
L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE « MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA »,
PREVU A L'ARTICLE 10 DU PRESENT DECRET.
ART. 5. - LES RUCHES DOIVENT ETRE INSTALLEES, ORGANISEES ET ENTRETENUES
SELON LES USAGES LOCAUX, LOYAUX ET CONSTANTS.
ELLES DOIVENT ETRE MAINTENUES EN BON ETAT ET LES CIRES RENOUVELEES
REGULIEREMENT. LA CIRE UTILISEE POUR LES CADRES EST DE LA CIRE PURE
D'ABEILLES. L'ENFUMAGE DES RUCHES SE FAIT AVEC DES COMBUSTIBLES
NATURELS (AIGUILLES DE PINS, FEUILLES D'EUCALYPTUS, ROMARIN, ETC.). LES
REPULSIFS CHIMIQUES SONT INTERDITS.
LES PERIODES DE RECOLTE ONT LIEU TOUTE L'ANNEE. LA RECOLTE DOIT SE FAIRE
SUR DES RAYONS PARFAITEMENT OPERCULES. LE MIEL DOIT AVOIR UNE BONNE
MATURITE POUR PROCEDER A LA RECOLTE. LES CADRES RECOLTES SONT
EXEMPTS DE COUVAIN.
L'EXTRACTION DOIT SE FAIRE PAR CENTRIFUGATION A FROID. LA FILTRATION ET LA
DECANTATION SONT OBLIGATOIRES. POUR LA FILTRATION, LES MAILLES DU FILTRE
DOIVENT ETRE PERMEABLES AUX ELEMENTS FIGURES DU MIEL SELON LA NORME
EN VIGUEUR. LA REFONTE DU MIEL EST AUTORISEE UNE SEULE FOIS. LA PRATIQUE
DE LA CRISTALLISATION DIRIGEE EST AUTORISEE ET DOIT ETRE REALISEE
CONFORMEMENT AUX BONNES PRATIQUES APICOLES. LA PASTEURISATION EST
INTERDITE.
ART. 6. - LE MIEL DOIT REPONDRE AUX CARACTERISTIQUES SUIVANTES :
- SPECTRE POLLINIQUE CONFORME A L'ORIGINE CORSE ;
- TENEUR EN EAU INFERIEURE OU EGALE A 18 % ;
- TENEUR EN HYDROXY-METHYL-FURFURAL (HMF) INFERIEURE OU EGALE A 10
MG/KG AU CONDITIONNEMENT.
TOUTEFOIS, APRES AVIS DE LA COMMISSION « AGREMENT PRODUIT » PREVU PAR
LE DECRET RELATIF A L'AGREMENT DE L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE «
MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA », LES SERVICES DE L'INSTITUT NATIONAL DES
APPELLATIONS D'ORIGINE PEUVENT AUTORISER POUR LES MIELS DE
CHATAIGNERAIE ET MIELLEES TARDIVES DE MAQUIS D'AUTOMNE DES TENEURS EN
EAU ALLANT JUSQU'A 19 %, AINSI QUE POUR LES MIELS DE MAQUIS DE PRINTEMPS
A BASE DE BRUYERE (ERICA ARBOREA) UNE TENEUR EN HMF DE 12 MG/KG AU
104
CONDITIONNEMENT.
ODEURS, AROMES ET SAVEURS PEUVENT ETRE DIFFERENTS COMPTE TENU DE LA
DIVERSITE DE LA GAMME VARIETALE ; LES MIELS DOIVENT ETRE EXEMPTS
D'ODEURS, AROMES OU GOUTS ETRANGERS.
ART. 7. - POUR AVOIR DROIT A L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE « MIEL DE
CORSE - MELE DI CORSICA », TOUT OPERATEUR INTERVENANT DANS LES
CONDITIONS DE PRODUCTION DU MIEL DOIT RESPECTER LES REGLES FIXEES PAR
LE DECRET RELATIF A L'AGREMENT DES MIELS BENEFICIANT DE L'AOC « MIEL DE
CORSE - MELE DI CORSICA » PRIS EN APPLICATION DES ARTICLES L. 115-6 ET L.
115-20 DU CODE DE LA CONSOMMATION.
ART. 8. - OUTRE LES MENTIONS OBLIGATOIRES PREVUES PAR LES ARTICLES R.
112-1 A R. 112-32 DU CODE DE LA CONSOMMATION, L'ETIQUETAGE DE MIELS
BENEFICIANT DE L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE « MIEL DE CORSE - MELE
DI CORSICA » COMPORTE :
- LA MENTION « MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA » ;
- LA MENTION « APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE » OU « AOC ».
LA MENTION « MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA » DOIT AVOIR DES CARACTERES
DE DIMENSION AU MOINS EGALE A LA MOITIE DES CARACTERES LES PLUS GRANDS
FIGURANT SUR L'ETIQUETTE, ELLE DOIT ETRE IMMEDIATEMENT PRECEDEE OU
SUIVIE DE LA MENTION « APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE » OU « AOC », SANS
AUCUNE MENTION INTERMEDIAIRE.
CES MENTIONS SONT PRESENTEES EN CARACTERES APPARENTS, LISIBLES ET
INDELEBILES. ELLES SONT REGROUPEES DANS LE MEME CHAMP VISUEL DANS
LEQUEL PEUVENT EGALEMENT FIGURER, EN CARACTERES SECONDAIRES, LES
MENTIONS FAISANT REFERENCE A LA GAMME VARIETALE TELLES QUE DEFINIES A
L'ARTICLE 4.
UNE INDICATION AYANT TRAIT A L'ORIGINE FLORALE OU VEGETALE N'EST
AUTORISEE QU'EN COMPLEMENT DE LA GAMME VARIETALE, SI LE PRODUIT
PROVIENT DE FAÇON PREPONDERANTE DE L'ORIGINE INDIQUEE.
ART. 9. - L'EMPLOI DE TOUTE INDICATION OU DE TOUT SIGNE SUSCEPTIBLE DE
FAIRE CROIRE A L'ACHETEUR QU'UN MIEL A DROIT A L'APPELLATION D'ORIGINE
CONTROLEE « MIEL DE CORSE - MEL DI CORSICA », ALORS QU'IL NE REPOND PAS A
TOUTES LES CONDITIONS FIXEES PAR LE PRESENT DECRET, SERA POURSUIVI
CONFORMEMENT A LA LEGISLATION GENERALE SUR LA REPRESSION DES
FRAUDES ET LA PROTECTION DES APPELLATIONS D'ORIGINE.
105
ART. 10. - UN REGLEMENT TECHNIQUE DE L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE
« MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA » PRECISE LES MODALITES DE DETAIL
RELATIVES AUX DIFFERENTES OBLIGATIONS PREVUES AU PRESENT DECRET.
CE REGLEMENT TECHNIQUE EST HOMOLOGUE PAR ARRETE DES MINISTRES
CHARGES RESPECTIVEMENT DE LA CONSOMMATION ET DE L'AGRICULTURE, SUR
PROPOSITION DU COMITE NATIONAL DES PRODUITS AGROALIMENTAIRES DE
L'INSTITUT NATIONAL DES APPELLATIONS D'ORIGINE.
ART. 11. - LE MINISTRE DE L'ECONOMIE, DES FINANCES ET DE L'INDUSTRIE, LE
MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE ET LA SECRETAIRE D'ETAT AUX
PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES, AU COMMERCE ET A L'ARTISANAT SONT
CHARGES, CHACUN EN CE QUI LE CONCERNE, DE L'EXECUTION DU PRESENT
DECRET, QUI SERA PUBLIE AU JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE.
FAIT A PARIS, LE 30 JANVIER 1998.
LIONEL JOSPIN
PAR LE PREMIER MINISTRE :
LE MINISTRE DE L'ECONOMIE,DES FINANCES ET DE L'INDUSTRIE,
DOMINIQUE STRAUSS-KAHN
LE MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE,
LOUIS LE PENSEC
LA SECRETAIRE D'ETAT
AUX PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES, AU COMMERCE ET A L'ARTISANAT,
MARYLISE LEBRANCHU
106
ANNEXE .2.
ARRETE DU 20 MAI 1998 RELATIF A L'AGREMENT DES MIELS BENEFICIANT DE L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE
« MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA »
Le ministre de l'agriculture et de la pêche et la secrétaire d'Etat aux petites et moyennes
entreprises, au commerce et à l'artisanat,
Vu le règlement (CEE) no 2081/92 du Conseil du 14 juillet 1992 relatif à la protection
des indications géographiques et des appellations d'origine des produits agricoles et
des denrées alimentaires ;
Vu le code de la consommation, et notamment ses articles L. 115-6 et L. 115-20 ;
Vu le décret no 91-368 du 15 avril 1991 portant organisation et fonctionnement de
l'Institut national es appellations d'origine ;
Vu le décret du 30 janvier 1998 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Miel de Corse
- Mele di Corsica » ;
Vu le décret du 30 janvier 1998 relatif à l'agrément des miels bénéficiant de
l'appellation d'origine contrôlée « Miel de Corse - Mele di Corsica » ;
Vu la proposition du comité national des produits agroalimentaires de l'Institut national
des appellations d'origine en date du 21 octobre 1997, Arrêtent :
Art. 1er. - Les différentes déclarations prévues à l'article 1er du décret du 30 janvier
1998 susvisé relatif à l'agrément des miels bénéficiant de l'appellation d'origine
contrôlée « Miel de Corse - Mele di Corsica » doivent être effectuées sur des imprimés
établis suivant les modèles agréés par l'Institut national des appellations d'origine.
Art. 2.- La déclaration d'aptitude comporte notamment les éléments suivants :
L'identification de l'opérateur (nom, prénom, adresse, raison sociale) ;
L'adresse de la miellerie ;
Le numéro d'agrément sanitaire délivré par la direction des services vétérinaires.
Le syndicat de défense de l'appellation en est tenu informé selon les modalités de la
convention prévues à l'article 3 du décret du 30 janvier 1998 susvisé relatif à l'agrément
des miels bénéficiant de l'appellation d'origine contrôlée « Miel de Corse - Mele di
Corsica ».
Art. 3. - La déclaration annuelle de production et de stocks concernant la campagne
précédente qui se déroule du 1er avril au 31 mars doit être adressée aux services de
107
l'Institut national des appellations d'origine au plus tard le 15 avril de chaque année.
Cette déclaration comporte notamment :
Le nombre de ruches ;
La production totale de miels de l'exploitation ;
La production totale de miels de l'exploitation revendiquée en appellation et leur
répartition en fonction de la gamme variétale.
Art. 4. - Pour les récoltants, le registre d'entrées et de sorties comporte, en ce qui
concerne les entrées, la date de récolte et le volume des lots. Un lot correspond au
volume de miel récolté par l'apiculteur et qui constitue un tout homogène.
Il comporte, en ce qui concerne les sorties, le volume des productions par gamme
variétale ainsi que la date d'enlèvement. En cas de commercialisation en vrac, devront
en outre figurer le nom et l'adresse des acheteurs.
Le registre d'entrées et de sorties de tout autre opérateur intervenant dans les
conditions de production de l'appellation « Miel de Corse - Mele di Corsica » doit
permettre un suivi du produit d'appellation et comporter le nom et l'adresse des
différents intervenants (producteur, acheteur, revendeur, tout opérateur) ; la date
d'enlèvement et les volumes de miel sont détaillés selon la gamme variétale.
Art. 5. - Le syndicat de défense de l'appellation propose une commission
« agrément conditions de production » composée exclusivement de producteurs d'AOC
nommés par le comité national des produits agroalimentaires de l'Institut national des
appellations d'origine.
Peuvent être associés à cette commission des membres de l'administration à titre
d'experts.
La convention prévue à l'article 3 du décret du 30 janvier 1998 susvisé relatif à
l'agrément du « Miel de Corse - Mele di Corsica » fixe les modalités de fonctionnement
de cette commission, dont le secrétariat est assuré par l'Institut national des
appellations d'origine. Cette convention est consultable dans les locaux de l'Institut
national des appellations d'origine ou au siège du syndicat de défense de l'appellation.
Art. 6. - L'invalidation de la déclaration d'aptitude prévue à l'article 3 du décret du 30
janvier 1998 susvisé relatif à l'agrément du « Miel de Corse - Mele di Corsica » est
prononcée par les services de l'Institut national des appellations d'origine, après avis de
la commission « agrément conditions de production » selon des modalités fixées par la
108
convention précitée. L'opérateur concerné en est avisé par lettre recommandée avec
accusé de réception, dont une copie est adressée au syndicat de défense de
l'appellation.
Afin de retrouver la capacité de commercialiser sous le nom de l'appellation
d'origine contrôlée considérée, l'apiculteur concerné doit présenter un plan de
redressement qualitatif qui doit être approuvé par le responsable du centre de l'Institut
national des appellations d'origine après avis de la commission « agrément conditions
de production ».
Avant d'adresser une nouvelle déclaration d'aptitude aux services de l'institut, il doit
apporter la preuve que les conditions de production de l'appellation sont respectées.
Art. 7. - Les prélèvements nécessaires aux analyses physico-chimiques,
polliniques et sensorielles prévues à l'article 4 du décret du 30 janvier 1998 susvisé
relatif à l'agrément des miels bénéficiant de l'appellation d'origine contrôlée « Miel de
Corse - Mele di Corsica » sont effectués par des agents de l'Institut national des
appellations d'origine ou des agents agréés par cet institut.
L'anonymat est assuré par les services de l'Institut national des appellations d'origine.
En tant que de besoin, les modalités de prélèvements sont précisées dans le règlement
Agrément produit prévu à l'article 10 du présent arrêté.
Art. 8. - Une analyse physico-chimique du miel contrôle le respect des critères
de l'appellation définis dans le décret du 30 janvier 1998 susvisé relatif à l'appellation
d'origine contrôlée « Miel de Corse - Mele di Corsica ».
Une analyse pollinique certifie l'origine du produit et l'adéquation avec la gamme
variétale revendiquée.
Art. 9. - L'examen organoleptique est effectué par une commission « agrément produit
», proposée par le syndicat de défense de l'appellation, nommée par le Comité national
des produits agroalimentaires de l'institut.
La commission est composée d'un minimum de trois personnes.
La commission doit toujours être composée d'un nombre impair de dégustateurs.
Cette commission vérifie les qualités organoleptiques des miels et l'adéquation à la
gamme variétale revendiquée par l'opérateur.
La dégustation porte sur l'aspect, l'odeur et la saveur des miels. Les échantillons sont
évalués à part et individuellement, selon une grille d'appréciation établie par l'organisme
agréé et approuvée par l'Institut national des appellations d'origine.
109
Les décisions de la commission « agrément produit » font suite à une synthèse des
différentes analyses physico-chimiques, polliniques et sensorielles et peuvent être de
deux ordres :
- conforme ;
- non conforme.
Dans le cas de non-conformité du produit, la commission prononce un avertissement
accompagné d'un déclassement du lot concerné.
Les décisions motivées de la commission ainsi que les résultats des analyses sont
notifiés aux intéressés par les services de l'institut.
L'invalidation de la déclaration d'aptitude et prononcée par les services de l'Institut
national des appellations d'origine après trois avertissements intervenus pendant la
même campagne.
L'opérateur retrouve la capacité de commercialiser sous le nom de l'appellation dans les
conditions prévues à l'article 6 du présent arrêté.
Art. 10. - Un règlement agrément produit fixe notamment :
Les règles relatives aux méthodes d'analyses ;
Les critères polliniques, physico-chimiques ;
Les règles relatives au fonctionnement de la commission « agrément produit »
L'organisation des procédures de sanctions.
Art. 11. - Le directeur général de la concurrence, de la consommation et de la
répression des fraudes au ministère de l'économie, des finances et de l'industrie et le
directeur de la production et des échanges au ministère de l'agriculture et de la pêche
sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui sera
publié au Journal officiel de la République française.
Fait à Paris, le 20 mai 1998.
Le ministre de l'agriculture et de la pêche,
Pour le ministre et par délégation :
Le directeur de la production et des échanges,
R. Toussain
La secrétaire d'Etat
aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat,
Pour la secrétaire d'Etat et par délégation :
Le directeur général de la concurrence, de la consommation et de la répression des
fraudes,
J. Gallot
110
Annexe .3.
Loi Tunisienne n° 99—57 du 28 juin 1999, Relative aux appellations d’origine contrôlée et
Aux indications de provenance des produits agricoles Chapitre premier Dispositions générales et définitions 1er. La présente loi vise la protection des particularités et des spécificités des produits
agricoles et leur valorisation en leur octroyant une appellation d’origine contrôlée et une
indication de provenance. Elle s’applique aux produits agricoles et alimentaires naturels
ou transformés, qu’ils soient végétaux ou animaux et répondant aux conditions fixées
par la présente loi
2. L’appellation d’origine contrôlée est le nom du pays, d’une région naturelle ou parties
de régions d’où provient tout produit et qui puise sa valeur et ses particularités par
référence à son environnement géographique constitué d’éléments naturels et humains.
Les éléments naturels comprennent d’une façon générale le milieu géographique de
provenance du produit avec ses particularités se rapportant au sol, à l’eau, à la
couverture végétale et au climat
Les éléments humains comprennent notamment les méthodes de production,
fabrication ou de transformation et les techniques spécifiques acquises par les
producteurs ou les fabricants dans la région concernée.
Les méthodes de production doivent découler de traditions locales anciennes,
stables et notoires
3. L’indication de provenance désigne le nom du pays, d’une région naturelle ou parties
de régions dont le produit tire sa particularité et sa renommée et où il est produit,
transformé ou fabriqué.
4. L’autorité compétente désigne les services de la production agricole et animale
Relevant du ministère de l’agriculture.
111
Chapitre II
De la délimitation des appellations d’origine contrôlée et des indications de
provenance
5. La délimitation du pays, des régions et des parties de régions conférant l’octroi d’une
appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance aux produits qui en
sont originaires est effectuée par arrêté du ministre chargé de l’agriculture.
L’arrêté fixe particulièrement l’aire géographique de production et ses méthodes.
Il fixe également la nature du produit et les caractéristiques qu’il doit comporter pour
bénéficier de l’appellation d’origine contrôlée ou de l’indication de provenance
6. La délimitation est effectuée sur demande du ou des producteurs concernés ou des organismes dont ils dépendent et après avis de la commission technique consultative des appellations d’origine contrôlée et des indications de provenance prévue à l’article 7 de la présente loi. 7. Il est créé une commission technique consultative des appellations d’origine contrôlée
et des indications de provenance chargée du suivi de ces appellations et indications.
Elle est appelée notamment à :
– examiner les demandes de délimitation du pays, des régions ou parties de régions
susceptibles de conférer une appellation d’origine contrôlée ou une indication de
provenance et de leur utilisation.
– avancer les propositions susceptibles de valoriser les produits agricoles par la
sauvegarde de leurs particularités.
– émettre l’avis sur la création des aires des appellations d’origine contrôlée et des
indications de provenance.
– émettre l’avis sur la désignation des organismes de contrôle et de certification prévues
à l’article 23 de la présente loi.
La composition de la commission technique consultative et les modalités de son
fonctionnement sont fixées par décret sur proposition du ministre chargé de l’agriculture.
Ses membres sont désignés par décision du ministre chargé de l’agriculture.
8. L’autorité compétente doit émettre son avis sur la demande de délimitation d’une
appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance dans un délai de six
mois à compter de la date de sa réception.
Passé ce délai, son silence vaut acceptation du principe de délimitation de l’aire de
l’appellation ou de l’indication demandées. Le refus doit être motivé.
112
Chapitre III Du bénéfice des appellations d’origine contrôlée et des indications de provenance 9. Dès la parution de l’arrêté prévu à l’article 5 de la présente loi, chaque producteur,
transformateur ou fabricant d’un produit exerçant son activité dans l’aire géographique
de l’appellation d’origine contrôlée ou de l’indication de provenance et désirant
bénéficier de cette appellation ou indication doit se soumettre aux conditions de
production, de transformation et de fabrication fixées par le cahier des charges prévu à
l’article 10 de la présente loi.
10. Nul producteur, transformateur ou fabricant ne peut bénéficier d’une appellation
d’origine contrôlée ou d’une indication géographique que s’il remplit les conditions fixées
par un cahier des charges type approuvé par arrêté du ministre chargé de l’agriculture.
Ce cahier des charges type doit comprendre les éléments suivants :
– le nom du produit provenant de l’aire de l’appellation d’origine contrôlée ou de
l’indication de provenance.
– la définition du produit avec indication de ses matières premières et ses principales
caractéristiques naturelles, chimiques, microbiologiques et organoleptiques.
– la délimitation de son aire de production.
– les éléments prouvant la provenance du produit de l’aire de l’appellation d’origine
contrôlée ou de l’indication de provenance.
– la description de la méthode de production, de transformation ou de fabrication du
produit et notamment les méthodes et traditions locales adoptées dans le domaine le
cas échéant.
– la possibilité de fixer des quantités annuelles pour certains produits bénéficiant d’une
appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance.
11. Le bénéfice d’une appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance
est subordonné à la présentation d’une demande, à cet effet, au ministre chargé de
l’agriculture comprenant notamment le cahier des charges prévu à l’article 10 de la
présente loi dûment signé par le demandeur ou son représentant légal.
12. Le ministre chargé de l’agriculture soumet la demande visée à l’article 11 de la
présente loi à l’avis de la commission technique consultative des appellations d’origine
contrôlée et des indications de provenance. Cette commission procède à :
113
– la vérification de la conformité des informations contenues dans le cahier des charges
présenté à celles contenues dans le cahier des charges type.
– la vérification de l’application de toutes les conditions relatives à l’appellation d’origine
contrôlée ou à l’indication de provenance au produit concerné.
13. Le ministre chargé de l’agriculture publie un avis relatif à ladite demande au journal
officiel de la République Tunisienne dans le cas où le rapport de la commission est
concluant.
Cet avis comprend le nom du demandeur et son adresse, le nom du produit, son aire de
provenance et les méthodes de sa production, transformation ou fabrication.
14. En cas de non opposition à l’avis prévu à l’article 13 de la présente loi dans un délai
de 6 mois à partir de sa publication, le ministre chargé de l’agriculture attribue le
bénéfice de l’appellation d’origine contrôlée ou l’indication de provenance au produit
objet de la demande et ordonne l’enregistrement au registre officiel des appellations
d’origine contrôlée et des indications de provenance.
La forme du registre et les modalités d’inscription sont fixées par décret sur proposition
du ministre chargé de l’agriculture.
15. Le ministre chargé de l’agriculture publie les appellations d’origine contrôlée et les
indications de provenance au journal officiel de la République Tunisienne.
Chapitre IV
De la protection des produits bénéficiant d’une appellation d’origine contrôlée ou
d’une indication de provenance
16. Est interdit, à partir de la date d’acceptation de l’appellation d’origine contrôlée ou de
l’indication de provenance :
– l’usage commercial de cette appellation ou indication sur tout produit similaire
provenant du dehors de l’aire géographique de l’appellation ou l’indication de
provenance.
– l’imitation de l’appellation ou de l’indication et la référence à elles-mêmes dans le cas
où il est indiqué que le produit concerné n’appartient pas à l’aire géographique de
l’appellation et de l’indication.
114
– la référence à l’appellation ou à l’indication sur les enveloppes, les récipients et les
emballages, les documents ou la publicité d’un produit n’appartenant pas à l’aire
géographique de l’appellation ou de l’indication. yh – l’usage de récipients pour la transformation du produit ou sa mise à la vente
susceptibles de créer la confusion quant à son origine.
– l’usage de tout signe susceptible d’induire le consommateur en erreur ou de créer la
confusion chez lui.
17. L’appellation d’origine contrôlée et l’indication de provenance sont des droits pour
tous les exploitants agricoles au pays, à la région ou parties de régions à condition de
se conformer aux règles de production exigées par cette appellation ou indication et qui
sont fixées par le cahier des charges type prévu à l’article 10 de la présente loi.
18. La prescription n’a pas d’effets sur l’appellation d’origine contrôlée ni sur l’indication
de provenance.
À ce titre, nul ne peut les utiliser pour cause de domanialité publique.
19. Les appellations dont l’usage est devenu public ne peuvent être enregistrées
comme appellations d’origine contrôlée ou comme indications de provenance.
Elles ne peuvent, également, être utilisées à une origine ou indication fausses des
produits.
20. Les organismes de normalisation ne peuvent pas attribuer aucune marque de
fabrique ou de commerce similaire à une appellation d’origine contrôlée ou à une
indication de provenance lorsque la demande de la marque est introduite après la
publication de la délimitation de l’appellation d’origine contrôlée ou de l’indication de
provenance conformément aux procédures fixées à l’article 15 de la présente loi.
21. Toute personne dont l’usage d’une appellation d’origine contrôlée ou d’une
indication de provenance contrairement aux exigences qui leurs sont propres porte
atteinte à ses droits, directement ou indirectement, peut introduire une action devant le
tribunal territorialement compétent pour interdire l’usage de cette appellation ou
indication.
115
Chapitre V
Du contrôle technique des appellations d’origine contrôlée et des indications de
provenance
22. Les appellations d’origine contrôlée et les indications de provenance sont soumises
au contrôle technique de l’autorité compétente.
Ce contrôle vise à s’assurer que les produits portant l’appellation d’origine contrôlée ou
l’indication de provenance répondent aux conditions prévues par le cahier des charges
visé à l’article 10 de la présente loi.
23. Sous réserve des dispositions particulières à l’établissement d’un système national
d’accréditation des organismes de conformité, il est désigné, pour chaque appellation
d’origine contrôlée ou indication de provenance dûment approuvées, un organisme de
contrôle technique et de certification.
La composition de l’organisme de contrôle et de certification ainsi que les conditions de
sa désignation sont fixées par décret sur proposition du ministre chargé de l’agriculture.
24. L’organisme de contrôle et de certification garantit, par déclaration qu’il remet au
producteur, fabricant, transformateur ou commerçant du produit concerné par
l’appellation d’origine contrôlée ou l’indication de provenance, que le produit en question
est conforme aux stipulations du cahier des charges visé à l’article 10 de la présente loi.
25. L’organisme de contrôle et de certification doit disposer de tous les moyens
techniques nécessaires au contrôle des produits objet de l’appellation d’origine
contrôlée ou de l’indication de provenance
L’inobservation de cette obligation entraîne le retrait de compétences de contrôle et de
certification après son audition; les droits des bénéficiaires de l’appellation ou de
l’indication demeurant préservés en matière de dédommagement de préjudices subis.
26. Les producteurs, fabricants et transformateurs de produits objets d’appellation
d’origine contrôlée ou d’indication de provenance doivent permettre à l’organisme de
contrôle et de certification dont ils relèvent de visionner, pour inspection, les lieux de
production, de stockage, de transformation et de fabrication et les éléments prouvant
l’origine du produit et les méthodes de sa production.
27. L’organisme de contrôle et de certification qui constate la non conformité du
116
produit concerné par l’appellation d’origine contrôlée ou par l’indication de provenance
aux exigences fixées par le cahier des charges prévu à l’article 10 de la présente loi,
doit en informer l’autorité compétente immédiatement.
Chapitre VI
De la constatation des crimes et des sanctions
Section première
De la constatation
28. Le ministre chargé de l’agriculture désigne les agents chargés de contrôler les
appellations d’origine contrôlée et les indications de provenance.
Ces agents doivent être assermentés.
29. Les agents visés à l’article 28 de la présente loi sont habilités, pour l’exercice de
leurs missions, à accéder à toutes les exploitations, locaux et lieux renfermant des
produits provenant d’aires de production bénéficiant d’appellations d’origine contrôlée et
d’indications de provenance.
Toutefois, l’accès aux locaux d’habitation en vue d’effectuer le contrôle visé à l’article 28
de la présente loi, s’effectue conformément aux procédures prévues au code de
procédure pénale en matière de perquisition.
Sont considérés des locaux d’habitation, les locaux réservés effectivement à l’habitation
même s’ils se trouvent dans les exploitations agricoles.
30. Les agents visés à l’article 28 de la présente loi peuvent saisir les produits mis en
vente sous le titre d’appellations d’origine contrôlée ou d’indications de provenance et
présumés ne pas provenir de l’aire géographique de l’appellation ou de l’indication. Ils
peuvent également saisir les produits provenant de l’aire géographique de l’appellation
ou de l’indication mais ne répondant pas aux conditions techniques de production fixées
au cahier des charges prévu à l’article 10 de la présente loi.
La saisie s’effectue conformément aux procédures prévues par la législation en vigueur
en matière de protection du consommateur.
31. Les agents de l’ordre public doivent, en cas de besoin, prêter main forte aux agents
visés à l’article 28 de la présente loi lors de l’exercice de leurs missions.
117
32. Les crimes relatifs aux appellations d’origine contrôlée et aux indications de
provenance sont constatés dans des procès-verbaux établis par les officiers de la police
judiciaire visés à l’article 10 du code de procédures pénales, par les agents de l’autorité
compétente visés à l’article 28 de la présente loi et par les agents du contrôle
économique
33. Tous les procès-verbaux, établis et signés par les agents visés à l’article 32 de la
présente loi, sont adressés au ministre chargé de l’agriculture qui les transmet au
ministère public.
Section II
Des sanctions
34. Nonobstant les peines prévues par le décret du 10 octobre 1919 sur la répression
des fraudes dans le commerce des marchandises et des falsifications des denrées
alimentaires ou des produits agricoles ou naturels, par la loi n° 91—44 du 1er juillet 1991
relative à l’organisation du commerce de distribution telle que modifiée par la loi n° 94—
38 du 24 février 1994, par la loi n° 92—117 du 7 décembre 1992 relative à la protection
du consommateur et de la saisie prévue à l’article 30 de la présente loi, tout
contrevenant aux dispositions des articles 9, 16, 19 (paragraphe 2), 26 et 27 de la
présente loi est puni d’une amende allant de 1 000 à 20 000 dinars.
En cas de récidive, cette peine est portée au double.
Chapitre VII
Dispositions transitoires et diverses
35. À partir de l’entrée en vigueur de la présente loi et pendant un délai n’excédant pas
trois ans, la commercialisation de produits portant des références à des régions
géographiques particulières et susceptibles de faire allusion à une appellation d’origine
contrôlée ou à une indication de provenance peut être autorisée à condition que ces
produits aient été commercialisés sous ces références durant 3 ans au moins et que
leurs étiquettes prouvent clairement leur origine réelle.
Passé ce délai, les concernés doivent se conformer aux dispositions de la présente loi.
36. Le bénéfice d’une appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance
est soumis au paiement d’une contribution dont le montant et les modalités de
118
perception et d’utilisation sont fixés par décret sur proposition du ministre chargé de
l’agriculture.
En outre, tout producteur, transformateur ou fabricant ayant bénéficié d’une appellation
d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance doit payer une redevance à
l’organisme de contrôle et de certification au titre des services rendus et prévus à
l’article 24 de la présente loi. Cette redevance sera fixée d’un commun accord entre
l’organisme de contrôle et de certification et le bénéficiaire de ses services.
37. Le décret du 10 janvier 1957 portant réglementation des appellations d’origine pour
les vins, vins liqueurs et eaux de vie est abrogé.
Toutefois, les textes pris pour son application restent en vigueur jusqu’à leur
remplacement par les dispositions prévues par la présente loi.
La présente loi sera publiée au Journal Officiel de la République Tunisienne et exécutée
comme loi de l’État.
Tunis, le 28 juin 1999.
Zine El Abidine Ben Ali
119
Annexe 4
LISTE DES PERSONNES CONTACTEES
(autres que les apiculteurs)
1. OFFICE DE L’ELEVAGE ET DES PATURAGES (OEP)
· Mrs les Directeurs régionaux de l’OEP à Kairouan, Kasserine, Sejnane,
Zaghouan et Nabeul
· Mrs les Techniciens responsables chargés suivis de l’apiculture, au niveau de
chaque région,
· Monsieur Directeur du Centre de Développement du secteur apicole de Mraissa
· Monsieur BEN KHELIFA, Direction centrale - Tunis
· Monsieur SMITI N, Direction centrale – Tunis
2. OFFICE DE DEVELOPPEMENT SYLVO-PASTORALE DU NORD OUEST
(ODESYPANO)
· Monsieur le Président Directeur Général
· Monsieur le Directeur Technique
· Monsieur le Directeur responsable de la production animale
· Monsieur le Directeur régional de l’ODESYPANO
· Mrs les Animateurs apiculteurs
3. AGENCE DE PROMOTION DES INVESTISSEMENTS AGRIOCLES
· Monsieur Abderahmene Mami Secrétaire Général
· Monsieur Toukabri Abdelmoumen Administrateur en Chef
· la Direction régionale du Kef
4. FEDERATION NATIONALE DES APICULTEURS
· Monsieur SAIDANI F, membre
· Monsieur NEFZI T, membre
5. GROUPEMENT SEJNANE CHOUCHA
· Monsieur le Président du groupement
6. COOPERATIVE AMDOUN
· Tous les membres de la coopérative
· En présence de Monsieur & Mme Emile et Chantal MOLES (Musée du miel-
Gramond France)
7. COMMERCANTS DU MIEL
· Monsieur Rahim – Royaume de l’abeille. SIAT 2008
· Vendeurs particuliers
120
Annexe 5
REFERNCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. SITES WEB (par ordre de fréquence de consultations)
· www.Apiservices.net
· www.apiculture.com
· www.bekeeping.com
· www.Apiculteur.com
· www.apisite.online.fr
· www.agrireseau.qc.ca
· www.bee-hexagon.net
· www.sante-labeille.com
· www.umproa.undp.org
· www.publish.edpsciences.org
2. ETUDES RELATIVES AU SECTEUR
CNEA, 2003. Etude monographique –Phase I. 141 pages
3. MEMOIRES ET PROJETS DE FIN D’ETUDES
· HRIZI T. 2005. Mise en place de différentes analyses du miel. Faculté des Sciences de
Tunis. 55 pages
· LETAÏEF S. 2006. Analyses physico-chimiques du miel et mélissopalynologie. Projet de
Fin d’Etudes- INAT.82 pages
4. ARTICLES (références les plus pertinentes)
· BOGDANOV S, BAUMON SE. 1997. Méthodes harmonisées de la commission européenne
de miel. Apidologie. Volume 28,
· BOGDANOV S et al., 1999. Honig and international regulatory standards. Review of the
work of the Internatonal Honey Commisssion
· BOGDANOV S et al., 1999. Qualité du miel et normes internationales relatives au miel.
Rapport de la commission internationale du miel. www.Apiservices.com (12 pages).
· BOGDANOV., et al. 2004. Physico-chemical methods for characterisation of unifloral
honeys : a review. Apidologie, 35- S4 –S7.
121
· HUCHET .E & CONSTE., L.GB.2008. Les constituants chimiques du miel. E.N.S.I.
Agricoles et Alimentaires. Massy. France. www.beekeeping.com
· LOUVEAUX J. PESSON P. 1984. Pollinisation et production végétale. INRA- Paris
(France). 289 p
· MARCEAU., J. NOREAU., J. HOULE., E. 2008. les HMF et la qualité du miel.
www.agrireseau.qc.ca
· ODDO., L. BOGDANOV., S. 2004. Determination of honey botanical origin : problems and
issues. Apidologie, 35 – S36S4.
· REGARD A. 1988. Le manuel de l’apiculteur néophyte. Lavoisier (ED). France. 453 pages
· SOBOT J. 1995. 150 plantes mellifères. France Agricole. P 16-19.
· TLILI T., NAFTI A., BACCAR., M., AYED., N. 1993. Fiches comparatives de différents
types de miels commercialisés en Tunisie. Annales de l’INRAT, vol 66, N° 1 et 2.
122
Annexe 6
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 - une comparaison des caractéristiques entre les deux signes de
qualité : AOP/AOC et IGP/IP………………………………………………………………..42
Tableau 2 - Comparaison entre les appellations (AOC et IGP) et les marques
collectives………………………………………………….…………………..……………43
Tableau 3 - Principales espèces d’eucalyptus à Sejnane…………………...…....55
Tableau 4 - Superficies (ha) de principales espèces d’eucalyptus à
Sejnen……………………………….………………………………………………………48
Tableau 5 - les Caractéristiques qualitatives du miel d’Eucalyptus Camaldensis
de Sejnane……………………………………………………………………………….…56
Tableau 6 - Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel d’Eucalyptus
Camaldensis produit dans la région de Sejnane…………….....…………………….57
Tableau 7 - Principales Caractéristiques de la production de miel d’Eucalyptus
Camaldensis dans la région de Sejnane…………………………………..….….……62
Tableau 8-Importance des vergers des agrumes dans la région de Nabeul…….64
Tableau 9- Caractéristiques qualitatives du miel d’agrumes produit dans la région
du Cap Bon………………………………………………………………………….……. 66
Tableau 10- Comparaison des caractéristiques physico-chimiques du miel
d’Eucalyptus camaldulsensis (Sejnane) et d’agrumes (Cap Bon)………….….…67
Tableau 11- Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel d’agrumes
produit dans la région du Cap Bon aux normes tunisiennes et européennes…...68
Tableau 12- Principales Caractéristiques de la production de miel d’agrumes dans
la région du Cap Bon…………………………………………………………..…………..74
Tableau 13- Caractéristiques qualitatives du miel de romarin produit dans la
région de Kasserine ………………………………………………………………..............78
Tableau 14- Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de romarin
produit dans la région de Kasserine aux normes tunisiennes et européennes….79
123
Tableau 15- Principales Caractéristiques de la production de miel de romarin dans
la région de Kasserine……………………………………………………………..………81
Tableau 16- Caractéristiques physico-chimiques du miel de thym produit dans la
région de Zaghouan …………………………………………………………………………83
Tableau 17- Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de thym
produit dans la région de Zaghouan aux normes tunisiennes et européennes
Tableau 18- Principales Caractéristiques de la production de miel de thym dans la
région de Zaghouan…………………………………………………………………..……..86
Tableau 19- Caractéristiques physico-chimiques du miel de thym produit dans la
région ………………………………………………………………………………………….87
Tableau 20- Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de marrube
produit dans la région d’Oueslatia aux normes tunisiennes et européennes…….88
Tableau 21- Etapes de mise en place de signes de qualité pour le miel produit
dans les 5 régions étudiées…………………………………………………………..99-100
124
Annexe 7
LISTE DES FIGURES
Figure 1. Evolution du nombre de ruches (en milliers) traditionnelles et modernes
en Tunisie (INS, 2005) ……………………………………………………….……………16
Figure 2. Evolution de la production de miel (en tonnes) issu des ruches
traditionnelles et modernes (INS, 2005)………………..…………………………..…….17
Figure 3. Principaux pays approvisionnant le marché Saoudien (Apiservices,
2008)…………………………………………………………………………………………..19
Figure 4. Evolution du prix de miel en Argentine (Apiservices, 2008)…………….21
Figure 5. Evolution des quantités importées et exportées (en tonnes) de miel de et
vers la Tunisie…………….……………………………………………….…………..……22
Figure 6. Evolution du bilan des échanges commerciaux (en tonnes/an) de miel en
Tunisie…………………………………………………………………..………….………….24
Figure 7. La procédure à suivre et des délais pour l’obtention d’une AOC ou IP.40
Figure 8. Répartition des grains de pollen en fonction de leur origine botanique
dans le miel d’agrumes (Letaïef, 2006)………………………………………………...…73
Figure 9. Répartition de la superficie de romarin selon les gouvernorats…….…76
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Annexe 8
LISTE DES PHOTOS
Arbre adulte d’eucalyptus camaldulensis…………………………………….……..….53
Eucalyptus/MRAISSA, Photo: OEP/LCQM/MRAISSA-LCAE 14-06-2008……..……60
Lame de référence du grain de pollen de Maltaise……………………………….……69
Lame de référence du grain de pollen Meski………………………………..…………71
Lame de référence du grain de pollen de clémentine……...…………………….….72
Lame de référence de grains de pollen de romarin……………………………………80
Lame de référence de grains de pollen de thym……………………………………….85
Lame de référence de grain de pollen de marrube…………………………………….89