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1 RÉPUBLIQUE TUNISIENNE MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DES RESSOURCES HYDRAULIQUES ETUDE DE FAISABILITE DE LA MISE EN PLACE DE SIGNES DISTINCTIFS DE LA QUALITE ET/OU D’ORIGINE POUR LE MIEL TUNISIEN NOVEMBRE 2008 AUTEUR : Mokhtar MAHOUACHI

Miel

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RÉPUBLIQUE TUNISIENNE

MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DES RESSOURCES HYDRAULIQUES

ETUDE DE FAISABILITE

DE LA MISE EN PLACE DE SIGNES

DISTINCTIFS DE LA QUALITE ET/OU

D’ORIGINE POUR LE MIEL TUNISIEN

NOVEMBRE 2008

AUTEUR : Mokhtar MAHOUACHI

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REMERCIEMENTS

L’auteur de la présente étude remercie tous les organismes et

les personnes qui ont très largement contribué à la

réalisation de cette étude. Leur aide et concours ont été d’une

grande efficacité pour mener à terme le travail qui concerne

une éventuelle mise en place d’un signe de qualité qui

caractérise le miel produit dans diverses régions en Tunisie.

Qu’ils trouvent tous dans le présent document la

concrétisation de leur effort et leur dévouement à

promouvoir ce secteur.

Cette étude traitera la faisabilité de construire des signes de

qualité pour le miel des zones suivantes :

Sejnane,

Cap Bon,

Kasserine,

Zaghouan ,

Ousselatia

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3

SOMMAIRE

Introduction 06

Contexte de l’étude 08

Objectifs de l’étude 10

Démarche adoptée 11

PREMIERE PARTIE : 14

Situation actuelle du secteur apicole en Tunisie

Evolution du nombre de ruches (moderne et traditionnelles)

Evolution de la production du miel

Place de la production du miel dans les pays arabe et dans le mondiale

Bilan commercial du secteur apicole

Caractérisation et organisation du secteur apicole en Tunisie

DEUXIEME PARTIE : 28

Etude de la qualité du miel (analyse bibliographique)

Signes de qualité

Signes d'identification de la qualité et d'origine au niveau international

Analyse de la qualification des produits agricoles en Tunisie

Eléments comparatifs des indications géographiques

L'organisation professionnelle

Composition du miel

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4

TROISIEME PARTIE : 52

Etude des caractéristiques de production de miel dans les régions

concernées

Etude de faisabilité de signe de qualité pour la miel produit dans la

région de Sejnen

Etude de faisabilité de signe de qualité pour la miel produit dans la

région du Capbon

Etude de faisabilité de signe de qualité pour la miel produit dans la

région de Kasserine

Etude de faisabilité de signe de qualité pour la miel produit dans la

région de Zaghouan

Etude de faisabilité de signe de qualité pour la miel produit dans la

région de Oueslatia

QUATRIEME PARTIE : 91

Démarche à suivre pour la mise en place des signes distinctif de qualité

(AOCetIP )

ANNEXES 101

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1. I. INTRODUCTION

A l’instar des autres pays de la rive sud de la méditerranée, l’agriculture en

Tunisie est confrontée à une concurrence de plus en plus rude suite à son

adhésion à l’organisation mondiale du commerce. Outre les prix des denrées

alimentaires, cette concurrence est également régie par la qualité des produits

agricoles et agro-alimentaires mis sur le marché mondial par des pays qui ont

depuis fort longtemps accordé une importance à cet aspect qualitatif.

Pour préserver les marchés traditionnels et accroître les exportations des

produits agricoles vers d’autres pays potentiels, la Tunisie est appelée à

s’inscrire obligatoirement dans cette démarche qualitative. Les particularités

édapho-climatiques, les spécificités des itinéraires techniques et le savoir faire

des agriculteurs et des éleveurs sont autant d’atouts qui sont susceptibles

d’aider à atteindre cet objectif « qualité ». Il est par ailleurs important de

souligner que le consommateur tunisien, lui-même, est devenu de plus en plus

exigent en matière de qualité des produits agricoles et agro-alimentaires. Cette

exigence de la part du tunisien vis-à-vis de la qualité est le résultat de

l’amélioration de son niveau de vie et de la prise de conscience des méfaits

environnementaux et sanitaires de l’agriculture intensive actuellement pratiquée.

Consciente de l’importance de la démarche « Qualité », la Tunisie a initié

de nombreuses études dans le but de déceler les produits agricoles et agro-

alimentaires pouvant présenter un potentiel à cet égard. Dans le cas des

produits animaux, les études se sont intéressées à la viande de mouton issue de

certaines régions anciennement réputées (agneaux d’El Ouara, de Sidi Bouzid)

ou provenant d’une race (la race Noire de Thibar). Les produits issus de la

transformation du lait de brebis font aussi l’objet de telles investigations.

Le miel, mais aussi les autres produits de la ruche, présenterait un secteur

potentiel qui pourrait être compétitif à l’égard des productions des pays

traditionnellement connus par leur niveau de production (Chine, Espagne,

France…). Seulement, ce miel tunisien doit impérativement répondre aux

normes de production, de conservation et d’exportation exigées par les

réglementations internationales en vigueur. Il doit en outre présenter certaines

caractéristiques qui lui sont spécifiques pour être mieux valorisé à l’intérieur du

pays et à l’étranger. Pour ce faire, il est indispensable d’étudier les éventuelles

possibilités de mettre en place au préalable des signes distinctifs de qualité qui

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permettraient d’identifier et de spécifier les miels produits dans certaines zones

potentielles. Ces signes de qualité différent (AOC, IGP ou IP, STG, marque

collective, Label, AB…) et se basent sur plusieurs critères, entre autres

qualitatifs.

C’est dans ce cadre que l’Office de l’Elevage et des Pâturages envisage de

mener une étude de réflexion stratégique qui a pour objectifs d’identifier des

signes de qualité du miel produit dans cinq zones en Tunisie potentiellement

réputées pour leurs traditions dans la production de miel et la nature des

sources mellifères disponibles.

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II - Contexte de l’étude

En dépit de son importance sociale mais aussi économique, le secteur

apicole n’a pas fait l’objet d’études mettant en valeur ses potentialités à l’instar

des autres secteurs qui ont bénéficié d’une attention particulière. En effet, les

rares études qui lui ont été consacrées ont surtout ciblé quelques aspects

techniques ou relatant les contraintes qui entravent son développement. Ainsi,

les études de prospection réalisées ont souvent négligé une vision globale

intégrant tous les maillons de la filière apicole.

Les résultats de ces rares études mais surtout les observations émanant du

terrain montrent d’une façon irréfutable que le secteur apicole se heurte encore

à de nombreuses contraintes qui s’opposent à son essor. Ces contraintes sont

de diverses natures : technique, organisationnelle, commerciale…

Ces constations ont, en même temps, mis en exergue le grand potentiel que

présente ce secteur comme générateur de sources de revenus pour les familles

rurales et comme moyen de développement durable de certaines régions

caractérisées par une richesse floristique. En terme d’exportation, le secteur

apicole est aussi appelé à jouer un rôle de grande importance.

Les moyens qui peuvent être utilisés pour permettre à ce secteur de jouer

pleinement son rôle socio-économique sont multiples. L’amélioration du niveau

de production par ruche est une voie prometteuse qu’il faut explorer. La qualité

du miel est une autre voie qui peut être mise à profit pour mieux valoriser cette

activité apicole. En effet, en Tunisie, le miel est produit dans diverses zones

caractérisées par des ressources mellifères très différentes et selon des

traditions propres aux apiculteurs tunisiens qui font recours à un savoir faire

particulier.

Les ressources naturelles et les itinéraires techniques utilisés en Tunisie

sont donc très différents de ceux qui existent dans les pays potentiellement

producteurs de miel. Ainsi, le miel produit dans certaines zones tunisiennes peut

éventuellement présenter des caractéristiques qualitatives très intéressantes

pouvant conduire à la mise en place de certains signes distinctifs de qualité.

Dans certains pays (France, Espagne…), les spécificités de certaines régions

ont déjà permis de mettre en place des appellations qui sont de plus en plus

connues et donc plus fortement demandées à travers le monde. Les miels de

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corse et de sont des exemples, parmi d’autres, qui illustrent très bien les

avantages économiques et sociaux d’une telle démarche qualitative. De la

même façon, la création de signe de qualité du miel tunisien doit permettre de

mieux valoriser cette production et de diversifier les produits agricoles en

Tunisie.

C’est dans ce contexte que l’Office de l’Elevage et des Pâturages (OEP) a

proposé une étude visant la prospection d’une éventuelle instauration de signes

de qualité pour le miel produit dans cinq zones réputées pour leur potentiel de

production de miel. Cette étude s’inscrit dans le cadre de projet de renforcement

des services d’appui à l’agriculture et l’amélioration de la qualité.

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9

III - Objectifs de l’étude

L’objectif global et ceux qui sont spécifiques assignés à cette étude sont les

suivants :

3.1. Objectif global

L’objectif global de cette étude consiste à définir, avec tous les opérateurs

de la filière apicole, un « objectif commun : motivations » et d’identifier ensuite

un « projet commun ». La finalité de cette démarche étant de promouvoir le miel

produit à travers un choix d’un signe de qualité qui conviendrait le mieux à

chaque zone choisie dans cette étude.

3.2. Objectifs spécifiques

Cet objectif global se décline en plusieurs objectifs spécifiques qui peuvent

être résumés comme suit :

Etablir un état de lieu de la filière apicole en Tunisie

Déterminer les caractéristiques physico-chimiques, botaniques et sensorielles

du miel ainsi que les facteurs qui les affectent aussi bien la qualité

Proposer des éléments de choix de signe de qualité le plus approprié pour les

zones qui se prêtent à cette qualification en tenant compte des spécificités

régionales

Proposer des scénarios d’actions regroupant les différents opérateurs intéressés

par cette démarche de qualité

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IV - Démarche adoptée

Comme il a été mentionné dans la proposition émanant des organismes demandeurs, la présente étude est réalisée en trois étapes :

une première étape qui consiste à :

a) Description de la situation actuelle de la filière apicole en Tunisie

b) Analyse des cinq filières de qualité susceptibles de faire l’objet d’une

démarche de qualification

c) Proposition des plans d’actions pour octroyer un signe de qualité aux

différents miels

4.1. Situation actuelle de la filière apicole en Tunisie

Il s’agit dans ce premier temps, de faire un travail de collecte des

informations et de synthèse relative au secteur apicole. Les informations se

rapportent aux aspects suivants :

Ø Evolution de la production

Ø Evolution de la consommation et comparaison avec les niveaux étrangers

Ø Evolution des importations et exportations

Ø Caractérisation de la production : caractéristiques physiques des

exploitations, données relatives aux apiculteurs, régions potentielles,

techniques et niveau de production, facteurs de variation, saisons de

production, importance des différents produits de la ruche…

Ø Commercialisation actuelle du miel

Ø Synthèse des principales contraintes de développement de la filière

apicole en Tunisie

Pour accomplir le travail prévu dans cette première étape, les moyens suivants

seront utilisés :

Ø Synthèse des rapports et des études concernant la filière apicole

Ø Collecte et recoupement des statistiques disponibles (production,

consommation, commerce extérieur….)

Ø Conduite des entretiens avec des apiculteurs et responsables

intervenants à différents stades de la filière (éleveurs, Administrations,

GDA, Fédération Nationale des Apiculteurs....).

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11

Cette première étape, les données relatives à la filière apicole seront

actualisées et caractérisées. Les entretiens avec les opérateurs, notamment les

producteurs, permettront en outre, d’initier des réflexions relatives aux attentes,

aux prédispositions des uns et des autres à s’engager dans cette démarche de

qualification du miel.

4.2. Analyse de cinq filières susceptibles de faire l’objet d’une démarche

de qualification

Pour chaque zone, cette étape consiste à mettre en place des référentiels

de qualité qui permettrait d’identifier aisément les miels produits dans les régions

étudiées. Elle se base sur un diagnostic technico-qualitatif d’une part et un autre

de nature technico-commerciale d’autre part.

En ce qui concerne le diagnostic technico-qualitatif, on procédera

Ø A la détermination des caractéristiques qualitatives (physico-chimiques,

polliniques et sensorielles) de miel produit dans cinq zones choisies selon

la source mellifère dominante. Les miels retenus sont les suivants : miel

d’Eucalyptus Camaldulensis à Sejnane; miel de Thym à Zaghouan, miel

de Romarin à Kasserine, miel d’Agrumes au Cap Bon et le miel de

Marrube à Ouesslatia.

Ø A la recherche, à partir des résultats d’analyses, de spécificités des

caractéristiques de qualité en vue de différencier certains miels en les

comparant aux autres miels.

Ø A l’hiérarchisation des facteurs qui déterminent la spécificité de chaque

miel. Ces facteurs concernent divers stades de la filière : techniques de

production, sources mellifères, savoir faire, conditionnement,

conservation...

Ø Enfin, à la délimitation de l’aire géographique de chaque miel

Dans le cas du diagnostic technico-commercial, il s’agit :

Ø D’estimer les potentialités réelles de production de chaque type de miel

caractérisé pendant la phase de diagnostic technico-qualitatif, notamment

ceux qui sont susceptibles de présenter des spécificités qualitatives

intéressantes et répondant aux normes internationales.

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Ø D’étudier les conséquences en termes commerciales de ces signes de

qualité préconisés en précisant la clientèle potentielle

Ø De déterminer une typologie des opérateurs et de l’organisation de la

profession en analysant leurs objectifs et leurs motivations.

Les analyses concernent les paramètres suivants :

Ø la teneur en eau

Ø les teneurs en sucres totaux et en sucres réducteurs

Ø la teneur en saccharose (calculée par différence entre les deux

précédentes)

Ø l’acidité

Ø teneur en cendres

Ø l’activité diastasique (enzymatique)

Ø teneur en hydrométhylfurfural (HMF)

Ø conductivité électrique

La reconnaissance du miel peut se faire grâce à certaines propriétés physiques

et sensorielles :

Ø le poids spécifique, la viscosité et la cristallisation

Ø la couleur

Ø l’odeur

Ø et à degré moindre, la saveur

Des échantillons (n = 30) de miel produit dans les cinq zones seront prélevés

pour subir les analyses citées précédemment dans les laboratoires et en faisant

appel à des personnes ressources en terme de dégustation du miel.

Par ailleurs, quelques exploitations sont visitées en vue de noter les conditions

de production, les itinéraires techniques et leurs spécificités en vue de dégager

les facteurs susceptibles qui peuvent différencier les miels.

Pour réaliser la deuxième phase du diagnostic, des rencontres avec les

différents opérateurs qui interviennent dans la filière apicole sont réalisées. Ces

rencontres sont utiles pour déceler les motivations et l’intérêt des uns et des

autres pour mettre en place cette démarche de la qualité.

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4.3. Proposition de plan d’actions

Cette étape vise la finalisation du « projet commun » en ce sens qu’elle sert

à définir et décrire les étapes à suivre pour la mise en place d’un signe de

qualité. Le travail a consisté à :

Ø Présenter les signes de qualité adoptée au niveau international

Ø Faire une analyse des textes réglementaires en vigueur en Tunisie pour

les signes de qualité (AOC, IP, marque collective, produit Biologique…) et

qui sont appliqués pour le moment pour d’autres spéculations

Ø Essayer d’étudier les possibilités de leur application dans le cas du miel

en tenant compte des particularités de chaque secteur.

Il faut savoir que certains signes de qualité de miel existent en

Europe (Miel de Corse ou mele de corsica, Appellation d’Origine

Contrôlée -AOC- décret du 30 janvier 1998 paru au journal officiel

Français du 3 février, produit à partir de la végétation spontanée de

la corse, voir références en annexes)

Ø Comparer les différents signes de qualité en mettant en exergue les

points forts et faibles de chacun d’entre eux. Cette comparaison servira

comme base pour un choix approprié de signe de qualité à attribuer à

chaque type de miel

Ø Le choix de signe de qualité étant fait, il importe de proposer un cahier de

charges qui résume les étapes de production, de conditionnement, du

stockage pour ce miel

Ø Enfin, établir des scénarios d’actions (référentiel, procédure, cahier de

charge,…) pour la promotion des produits choisis

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14

PREMIÈRE PARTIE :

SITUATION ACTUELLE DU SECTEUR

APICOLE EN TUNISIE

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L’objectif global de la présente étude étant de chercher d’éventuels signes

de qualité du miel produit dans certaines zones de la Tunisie, les

caractéristiques du secteur apicole dans le pays seront donc brièvement

passées en revue. D’autres rapports et études ont décrit, avec beaucoup de

détails, l’évolution du secteur apicole en Tunisie. On insistera dans cette partie,

en revanche, sur le potentiel du secteur apicole en Tunisie par rapport aux

autres pays producteurs dans le monde en vue de dégager quelques

recommandations ayant pour but d’améliorer son potentiel de concurrence.

1) Evolution du nombre de ruches

L’évolution du nombre de ruches traditionnelles et modernes est illustrée dans la

figure 1.

Figure 1. Evolution du nombre de ruches (en milliers) traditionnelles et

modernes en Tunisie (INS, 2005)

L’examen des données disponibles indique que l’activité apicole est

ancienne en Tunisie dans la mesure où le nombre de ruches traditionnelles était

important au début des années 1970, période qui a juste précédé la

modernisation du secteur. Depuis, un changement de grande envergure s’est

opéré en ce qui concerne le nombre et la nature des ruches utilisées pour

produire du miel en Tunisie. En effet, le nombre total de ruches a doublé en

passant de 126000 à 265 000 unités au cours de ces trois dernières décennies.

Le changement le plus significatif a affecté le remplacement d’une grande

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proportion de ruches traditionnelles par d’autres qui sont modernes. Ces

dernières constituent, de ce fait, plus de 95 % de l’ensemble des ruches

actuellement utilisées par les apiculteurs. L’évolution importante du nombre de

ruches, notamment celles qui sont modernes, est le résultat d’une politique

d’encouragement qui a été initiée dans le but de promouvoir ce secteur surtout

dans les zones potentiellement riches en ressources mellifères. Cette

augmentation du nombre de ruches cache néanmoins des différences notables

dans la distribution régionale mais aussi la répartition de leur nombre en fonction

de la taille des exploitations.

Les données émanant du terrain indiquent cependant un ralentissement à cet

égard ces dernières années.

2) Evolution de la production du miel

L’évolution de la production de miel en Tunisie est présentée dans la figure 2.

Figure 2. Evolution de la production de miel (en tonnes) issu des ruches

traditionnelles et modernes (INS, 2005)

La production de miel en Tunisie a connu une évolution strictement

similaire à celle du nombre de ruches modernes. En effet, elle passe ainsi de

457 à 3000 tonnes de miel durant trois décennies, ce qui constitue une

augmentation de 500 %. En réalité, perçue de cette façon, l’augmentation de la

production paraît considérable mais si elle est rapportée à un rythme annuel,

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elle devient beaucoup moins nette. En effet, l’accroissement annuel reste à un

niveau de 80 tonnes de miel par an.

Cette augmentation de la production provient essentiellement de

l’accroissement du nombre des ruches modernes comme nous l’avons

mentionné précédemment. Il est intéressant donc de souligner que

l’augmentation de la production par ruche n’est pas conséquente puisqu’elle

avoisine 10 kg en moyenne avec une grande disparité entre les régions et les

exploitations. Cette production reste très faible par rapport au potentiel de

production que possèdent les régions. Les facteurs qui expliquent ces niveaux

faibles de production sont divers et multiples. Les défaillances techniques

constituent sans doute les causes les plus significatives qui conduisent à une

telle situation. Les conditions matérielles et l’utilisation irrationnelle des

ressources mellifères sont aussi des facteurs qui sont impliqués à cet égard.

3) Place de la production tunisienne dans les pays arabes et

dans le monde

Il est important de situer le niveau de production obtenu en Tunisie par

rapport à celui réalisé par d’autres pays arabes et dans le monde. Ainsi, dans

les pays arabes, la structure de l’élevage apicole est pratiquement identique à

celle qui existe en Tunisie dans le sens que plus de trois quarts des ruches sont

modernes et le reste est de type traditionnel. Cependant, le nombre des ruches

varie très largement d’un pays à un autre. L’Egypte, avec plus de 2 000 000

ruches et l’Algérie, ayant un peu moins de 1 300 000 ruches (Apiservices, 2008)

constituent les deux pays qui présentent un grand potentiel de production. Leur

production est donc conséquente puisqu’elle est estimée (sur la base de 75 %

de ruches modernes et une production moyenne de 8 kg/ruche) à environ

13 000 et 7500 tonnes respectivement. L’Algérie reste cependant un importateur

potentiel (550 tonnes/an) avec un prix de miel très élevé. Il est aussi important

de souligner à cet égard, l’importance que commence à acquérir le secteur

apicole en Syrie compte tenu de l’intérêt que lui accordent les autorités et la

population en terme de consommation. Deux autres pays arabes, en

l’occurrence l’Arabie Saoudite et le Maroc, représentent un grand potentiel de

production mais le secteur apicole reste handicapé par la nature des ruches qui

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18

sont primordialement de type traditionnel. Ces derniers constituent en effet 86 et

80 % de la totalité des ruches dans les deux pays respectivement. Ainsi, même

si elle occupe la 6ème place en termes du nombre de ruches, la Tunisie devance

probablement ces deux derniers pays en termes de production.

Par ailleurs, l’Arabie Saoudite ne produit que 2 à 4 % de sa consommation

(environ 90 tonnes/an). Elle importe donc une grande quantité de miel chaque

année en s’approvisionnant de deux types de marché. Les pays connus par leur

niveau de production constituent la part prépondérante dans

l’approvisionnement de ce pays (Figure 3). Cependant, des importations sont

aussi faites à partir des pays asiatiques avec le plus souvent des prix bas et une

faible qualité du miel (Jassim M. Al- Maghrebi, Apiservices, 2008). Ce même

auteur indique en outre que le pays importe du miel à partir des pays voisins

(Yemen) ; miel qui présente une excellente qualité, préféré par les

consommateurs saoudiens et dont le prix atteint 190 US$ /kg. L’extrême

variation du prix du miel au sein d’un même pays montre l’importance de la

qualité du miel à produire en vue de son exportation. C’est la voie que doit

explorer le secteur apicole en Tunisie pour conquérir de tels marchés potentiels.

Figure 3. Principaux pays approvisionnant le marché Saoudien

(Apiservices, 2008)

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19

Dans le monde, la production est très fortement dominée par certains pays

qui possèdent dorés et déjà une grande tradition dans ce type de production.

Ainsi, la Chine est le premier producteur mondial de miel avec plus de 20 %

(plus de environ 300 000 tonnes par an selon le calcul en utilisant les données

récentes d’Apiservices) du volume total produit dans le monde. Outre

l’accroissement annuel de la production qui reste à un niveau de 4 %, la chine

se distingue également par les avancées enregistrées dans le domaine de

l’industrialisation et la commercialisation du miel. Le prix du miel (estimé à 1.2 –

1.9 US$ /kg en ce temps ci) est sans doute un élément fondamental qui explique

le nombre de pays qui font recours à l’importation du miel chinois (25 pays avec

plus de 330 d’importateurs). Les nouvelles données disponibles indiquent

cependant une baisse d’intérêt international à l’égard du miel chinois, à l’instar

des autres produits agricoles et agro-alimentaires, compte tenu de leur qualité.

En effet, certaines études relatent des cas de « falsifications » de miel chinois en

Allemagne et en France (Bogdanov et al., 1998). En réalité, cette constatation

ne se limite pas au miel mais s’étend à d’autres produits provenant de ce pays :

le lait, le tourteau de soja…

Les pays faisant partie de l’ex-URSS viennent en second lieu en ce sens

qu’ils contribuent à une part substantielle (environ 11 % soit plus de 140 000

tonnes/an) dans la production mondiale de miel. La diversité des produits et

l’échelonnage de la production constituent d’autres atouts de la production

apicole dans ces régions. Le cas de l’Argentine est très particulier car le

nombre de ruchers a connu un accroissement annuel spectaculaire (plus de 20

%) qui a très largement dépassé celui de tous les autres pays du monde. Il

atteint à l’heure actuelle 1 800 000 -2 000 000 ruches. Il s’en est suivi une

importante augmentation de la production (environ 70 000 tonnes actuellement)

qui lui a permis d’occuper des rangs de plus en plus avancés dans l’hiérarchie

mondiale. Par ailleurs, le niveau de productivité est très élevé puisqu’il est

compris entre 35 et 40 kg/ruche. La L’exportation concerne environ 97 % de la

production nationale. Cette grande exportation est entièrement réalisée par

uniquement 10 compagnies, ce qui dénote une parfaite organisation de ce

secteur dans ce pays.

Ces avantages s’ajoutent à un prix de miel qui reste très concurrentiel comme le

montre la figure 4.

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Figure 4. Evolution du prix de miel en Argentine (Apiservices, 2008).

La Turquie constitue un autre pays potentiel dans la production de miel

dont le niveau atteint actuellement 70 000 tonnes /an. Ce pays est aussi doté

d’un potentiel mellifère très diversifié ce qui constitue un atout très

important pour la commercialisation du miel produit dans ce pays.

En Europe, l’Espagne, la France et l’Allemagne, sont les pays qui

produisent le plus de miel avec des quantités estimées à 30 000 -35 000

tonnes/an.

Contrairement à tous ces pays dans lesquels la production de miel est en

hausse, le cas des Etats unis d’Amérique est tout autre puisqu’en dépit de leur

potentiel indéniable, le nombre de ruches et donc la production baissent ces

dernières années en raison des maladies qui sévissent dans certaines régions

du pays mais aussi à cause de l’abandon de cette activité par un bon nombre

d’apiculteurs.

En conclusion à cette partie, les données récentes présentées

précédemment montrent clairement que de nombreux pays du monde sont très

performants en termes de production quantitative. Ils devancent ainsi de très loin

notre pays qui ne peut à l’heure actuelle, et vraisemblablement dans le proche

avenir, les concurrencer à cet égard. Ces productions de « masse » sont

néanmoins sujettes à des variations importantes en termes de qualité du miel

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21

produit, ce qui laisse une grande opportunité pour les pays qui envisagent de

développer la démarche qualitative de leur miel, comme la Tunisie.

4) Bilan commercial du secteur apicole

L’évolution des quantités exportées et importées du miel présentée dans la

figure 5 ci après, même si elles ne concernent qu’une très courte période (10

ans), les données rapportées dans la figure 5 sont révélatrices de la situation

dans laquelle se trouve le secteur apicole en Tunisie. Ces données indiquent

des situations qui peuvent changer radicalement d’une année à une autre,

notamment pour les quantités de miel importées. En effet, ces dernières sont

sujettes à des variations annuelles très importantes. Elles varient ainsi de 0.6 à

35 tonnes/an sans qu’il y ait une tendance très claire. On assiste cependant à

une augmentation des quantités de miel importées ces deux dernières années. Il

est important de noter qu’en dépit de cette augmentation, les quantités

importées ne constituent à l’heure actuelle qu’une très faible part (2 à 3 %)

de la consommation nationale.

Figure 5. Evolution des quantités importées et exportées (en tonnes) de

miel de et vers la Tunisie

En réalité, les données présentées précédemment proviennent du circuit de

l’importation contrôlée par les services douaniers et sanitaires. D’autres

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quantités seraient ainsi introduites en Tunisie en provenance de certains pays

dont principalement l’Espagne et par le biais de laquelle les productions

chinoises ont fait leur entrée en Tunisie. Les quantités ainsi importées semblent

être très importantes et dépassent largement celles qui sont contrôlées. Elles

atteindraient quelques centaines de tonnes. Il est prévisible que ces quantités

importées (totales) connaîtraient une tendance vers la hausse au cours des

années à venir compte tenu des prix du miel importé. En effet, et comme nous

l’avons souligné avec le cas de l’Argentine figure 4), le prix du miel produit dans

les pays à partir desquels l’importation est opérée, est très bas. Deux raisons

sont à l’origine de ce faible coût de production (i) le rendement qui est très élevé

(30 – 50 kg/ruche) dans la majorité de ces pays (ii) associé parfois (cas de la

Chine) à une main d’œuvre peu coûteuse.

Les données relatives à l’exportation du miel tunisien sont plus précises.

Elles mettent en exergue deux aspects de cette exportation. D’abord,

l’importante fluctuation des importations puisqu’elles varient, au cours de cette

même période, de 0.16 (en 1994) à 10 tonnes (juste l’année précédente). Nous

avons choisi ces deux exemples pour montrer le caractère conjoncturel

des exportations du miel tunisien. Ces fluctuations enregistrées indiquent en

outre l’absence totale de stratégie qui vise la recherche de marchés stables vers

lesquels le miel tunisien peut être régulièrement acheminé. En réalité, la mise en

place d’une telle stratégie se heurte à l’état actuel à de nombreux obstacles

parmi lesquels on peut citer :

Ø La fluctuation de la production elle-même, qui en dépit du développement

du secteur, reste tributaire de plusieurs autres facteurs non encore

maîtrisés

Ø En absence de signe de qualité qui le distingue des autres miels

commercialisés, les prix pratiqués ailleurs sont très compétitifs par

rapport au coût de production en Tunisie

Ø Une méconnaissance des demandes émanant de certains pays qui

cherchent du miel garanti et de bonne qualité.

Ø L’investissement à réaliser pour fidéliser une clientèle internationale est

très lourd et peut s’avérer peu rentable compte tenu de la faible et la

variation quantité de miel disponible

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23

Ces constations expliquent les raisons pour lesquelles le miel tunisien ne

contribue pratiquement pas aux échanges commerciaux qui s’établissent

chaque année. Ces échanges sont pourtant en net accroissement et permettent

à de nombreux pays de profiter pleinement de leurs potentialités mellifères. Le

suivi des prix à l’exportation montre des opportunités économiques peuvent être

parfois saisies en ce sens que le miel tunisien a été commercialisé à certaines

occasions à des prix très intéressants. Il fallait conserver ces marchés en

adoptant une démarche de marketing adéquate. Enfin, il est important de

souligner que dans le cadre de l’Accord signé avec l’Union Européenne (EU), la

Tunisie bénéficie d’un contingent de 50 tonnes/an pouvant être exporté aux pays

de ce continent. Les quantités actuellement exportées sont largement inférieures

à ce quota.

L’évolution du bilan des échanges commerciaux du miel en Tunisie est

consignée dans la figure 6.

Figure 6. Evolution du bilan des échanges commerciaux (en tonnes/an) de

miel en Tunisie

Les chiffres présentés montrent qu’à l’exception de l’année 1993, le bilan

commercial est toujours négatif. L’année 1993 a été en effet une année

relativement exceptionnelle en termes d’exportation de miel tunisien qui a

dépassé 10 tonnes. Les raisons qui expliquent la baisse des exportations après

Page 24: Miel

24

cette année exceptionnelle restent méconnues. Elles seraient

vraisemblablement liées à des demandes conjoncturelles. Il est important de

mettre en place une stratégie pour rendre ce bilan positif. Quelques suggestions,

visant d’atteindre cet objectif, seront présentées ultérieurement.

5) Caractérisation et organisation du secteur apicole en Tunisie

5.1- Systèmes de production apicole

Même si l’objectif assigné à cette étude ne vise pas la caractérisation de ce

secteur, il est important de donner quelques éléments qui sont en relation avec

la thématique développée dans cette étude, en l’occurrence la qualité du miel.

Comme l’étaye la nature des ruches, l’apiculture est caractérisée par la

coexistence de deux secteurs en Tunisie (CNEA, 2003). Le premier concerne le

secteur traditionnel composé par des unités de petite taille utilisant des ruches

traditionnelles. Il se caractérise essentiellement par un faible investissement,

des techniques de production peu maîtrisées et une faible productivité (une

seule récolte par an). Ce secteur a connu, compte tenu de ces faiblesses, une

importante régression. Il devient en ce moment très marginalisé.

Le second secteur est moderne ; il est le plus prépondérant car il intéresse de

plus en plus les apiculteurs en raison de multiples avantages qu’il présente par

rapport au premier secteur. En effet, le secteur moderne se caractérise par une

production plus élevée que celle du secteur traditionnel. Cette différence est

expliquée par une grande mobilité (transhumance) des ruches pour profiter des

potentialités mellifères qu’offrent les diverses régions du pays.

Cependant, cette classification n’est en réalité pas précise car elle ne prend pas

en considération les possibilités d’utilisation réelle de la technique de

transhumance. En utilisant, pour le secteur moderne, ce critère, on peut

distinguer deux types de sous secteurs modernes :

Ø Le premier est constitué par l’apiculture sédentaire ne profitant pas de la

mobilité en vue d’utiliser les ressources mellifères. Il est essentiellement

pratiqué par les petits apiculteurs et les amateurs qui ne sont pas

organisés. Pour ces derniers, l’apiculture représente une activité

secondaire

Ø Le second est composé par des apiculteurs au sens vrai du terme dans

la mesure où l’apiculture constitue leur principale activité économique et

Page 25: Miel

25

ce en dépit d’une différence de temps alloué à cette activité.

Contrairement à la première, cette apiculture, professionnelle ou semi

professionnelle, utilise pleinement les différentes ressources mellifères

disponibles à travers le pays compte tenu des moyens financiers dont elle

dispose. Ces apiculteurs pratiquent relativement les techniques

appropriées qui sont susceptibles d’améliorer la productivité. Par rapport

au premier type, celui-ci fait recours à des unités plus grandes puisque la

taille dépasse souvent 20 ruches et peut même atteindre 500 ruches.

Cette taille est en mesure de rentabiliser les grands investissements que

nécessite ce type d’activité.

5.2- Encadrement du secteur apicole

En dépit d’une importance économique et sociale de plus en plus visible, le

secteur apicole ne fait pas encore l’objet d’une attention particulière qui lui

permettrait de jouer son rôle. Sur le plan théorique, de nombreux organismes

ont pour mission la promotion de ce secteur. Mais, sur le terrain, seuls quelques

d’entre eux contribuent efficacement à l’encadrement réel de ce secteur.

Les missions de ces divers organismes couvrent, en principe, tous les aspects

de la filière en commençant par la mise en place des stratégies de

développement jusqu’à la promotion de la commercialisation. Ces activités

peuvent se résumer comme suit :

Ø Elaboration des stratégies et planification et contrôle du secteur. Ces

missions sont assurées par trois organismes (Direction de la Production

Animale, Direction Générale de la Santé Animale & Direction Générale

des Etudes et du Développement Agricole)

Ø Mise en œuvre et exécution des programmes de développement apicole.

Cette mission, qui est mieux réalisée que la première, est assurée par

l’Office des Elevages et des Pâturages (OEP), l’Office de Développement

Sylvo-Pastorale du Nord-Ouest (ODESYPANO), l’Agence de Promotion

des Investissements agricoles (APIA), l’Agence de Vulgarisation et de

Formation Agricoles (AVFA) et les organisations professionnelles (la

Fédération des Apiculteurs, les coopératives agricoles…).

Page 26: Miel

26

Mais, ce nombre important d’organismes impliqués dans ce secteur n’entraîne

pas pour autant un encadrement efficace du secteur. Il est évident que les

défaillances concernent surtout les stratégies, les planifications et les

organisations professionnelles. Les actions relatives aux étapes de

l’investissement des projets (APIA), l’encadrement technique (OEP et

ODESYPANO) et la commercialisation (Coopératives ZAHRA et NAHHALA)

sont relativement bien ancrées.

5.3- Commercialisation du miel

Comme l’encadrement du secteur, la commercialisation du miel à l’intérieur

du pays, mais aussi son exportation, reste caractérisée par un manque

d’organisation qui aboutit à des prix à la production et à la consommation très

variable même pour des miels de même qualité. Une telle situation est

extrêmement défavorable pour le secteur car elle ne permet pas de valoriser les

efforts considérables que sont entrain de faire certains apiculteurs en matière de

qualité ne serait ce qu’une garantie de « pureté ».

La situation actuelle de la commercialisation se caractérise par l’intervention de

très nombreux opérateurs à tous les niveaux de la filière. Il s’en suit des circuits

de commercialisation du miel très difficiles à suivre avec une faible efficacité de

programmation des ventes et d’approvisionnement. Les valeurs.

Les données de l’étude réalisée par le CNEA (2003), illustrent la complexité

des circuits de commercialisation du miel dans notre pays. Il en résulte sept

modes de vente de miel parmi lesquels deux sont particulièrement importants (i)

la vente directe et (ii) par le biais des intermédiaires non professionnels. Ces

constations montrent l’importance de la confiance, qui doit être de mise, dans

les opérations de vente de ce produit de grande importance. Il est possible que

ces voies de commercialisation restent, du moins pour quelque temps, les

principaux circuits de vente du miel en Tunisie. La mise en place des structures

(coopératives, groupements…) garantissant une qualité du produit pourrait

améliorer sa commercialisation.

Comme conséquences, le niveau de consommation du miel par le tunisien

reste méconnu. Cependant, les estimations, à partir de la production et du bilan

(exportation – importation), indiquent un niveau extrêmement faible (250

g/habitant/an) par rapport à la consommation rapportée à l’étranger.

Page 27: Miel

27

Les prix de vente (à la production ou à la consommation) varient

énormément selon le miel (origine et authenticité), sa disponibilité et sa

destination (consommateur ou détaillant). La variation est importante puisque le

prix peut osciller entre 7 et 25 dinars/kg. Les plus bas prix sont rapportés pour

du miel produit en grande quantité sans marque spécifique comme celui issu

des agrumes. En revanche, les prix élevés concernent des miels produits en

faibles quantités et, selon les consommateurs, ayant des valeurs

thérapeutiques.

Page 28: Miel

28

DEUXIEME PARTIE :

ÉTUDE DE LA QUALITÉ DU MIEL

(ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE)

Page 29: Miel

29

1. SIGNES DE QUALITE

La recherche des signes de qualité pour les produits agricoles et agro-

alimentaires émane d’un groupe de producteurs et/ou opérateurs pour valoriser

leur production et prouver que leur produit est de qualité supérieure. Ainsi, la

mise en place de tels signes de qualité répond à divers enjeux de nature

distincte :

v Des enjeux économiques :

Dans la mesure où les produits agricoles sont soumis à une concurrence

économique de plus en plus farouche suite à la libération des marchés ainsi qu'à

la suppression des barrières tarifaires et du soutien des prix. L’agriculture est

amenée à mettre en place des stratégies visant la mise en valeur et la

commercialisation de produits compétitifs. Ces produits peuvent ainsi constituer

une opportunité économique pour les régions qui disposent de tels produits. Les

prix de ces produits, qui sont de plus en plus recherchés par les

consommateurs, sont en effet plus élevés que les produits conventionnels. Pour

mettre en exergue cette dimension économique, certains slogans mettent en

relation le développement durable d’une région et les produits de qualité qui y

sont obtenus

v Des enjeux pour les consommateurs :

Comme il a été mentionné auparavant, les consommateurs sont de plus en

plus attentifs à la qualité des produits commercialisés. Les produits répondant

aux normes qualitatives permettent de satisfaire les attentes des

consommateurs en certifiant l'origine des produits et/ou des procédés de

fabrication. Ces qualités offrent en outre des produits typiques et de terroir.

v Des enjeux environnementaux :

Les produits de terroir sont élaborés dans diverses régions ayant des

caractéristiques édapho-climatiques différentes y compris celles qui sont

considérées comme étant défavorisées. La valorisation de telles régions permet

le maintien des paysages cultivés et l'entretien des zones difficiles. Le respect

des méthodes de production selon le cahier des charges contrôlé permet en

outre de s'assurer du respect de l'environnement naturel et des animaux.

Page 30: Miel

30

v Des enjeux culturels :

Puisque les produits traditionnels sont souvent liés à des coutumes et des us

perpétuant de savoir-faire des opérateurs dans une région donnée. Très

souvent, du moins dans un certain nombre de pays méditerranéens, les

festivités constituent des occasions pour mettre en valeur les produits

spécifiques à leurs régions. Ces produits contribuent donc à sauvegarder un

patrimoine culturel et gastronomique des régions.

Dans le domaine agricole, il existe plusieurs signes de qualité dont

principalement l’Indication Géographique Protégée (IGP), l’Appellation d’Origine

Contrôlée (AOC), les marques collectives ou de garantie et les produits

biologiques.

Ces signes de qualité répondent à des conditions de production, de

transformations et de conservations différentes. C’est la raison pour laquelle il

est important de faire un rappel succinct de leur définition.

Aspect réglementaire

L’instauration d’un signe distinctif pour le miel Tunisien s’inscrit en fait dans

une démarche de valorisation de la qualité du produit. Un tel objectif tel

qu’exprimé par les professionnels d’élevage apicole est à la fois légitime et

pertinent car il permettrait sans nul doute de distinguer ce produit du reste des

productions similaires et à lui donner un avantage sur le plan commercial et

économique.

Cependant, pour avoir un caractère durable dans le temps et s’imposer sur

le marché, l’instauration d’un signe distinctif doit se référer à un certain nombre

de conditions de mise en œuvre dont au moins cinq semblent pour le moins

incontournables :

v Une volonté manifeste, de préférence de nature collective (associative ou

mutuelle), de la part des producteurs ou de l’organisation professionnelle à

laquelle ils appartiennent, pour exprimer leur désir d’instaurer un signe

distinctif pour leur produit.

v Une demande dans ce sens doit être déposée selon la procédure prévue

par la réglementation tunisienne.

Page 31: Miel

31

v La spécification d’une manière claire et sans ambiguïté des données qui

caractérisent la qualité physicochimique, organoleptique et sensorielle du

miel, son système d’élevage et son environnement naturel, ...

v La spécification des procédures de traitement et de présentation du produit

en question ainsi que les modalités de sa mise sur le marché.

v La promulgation d’une réglementation spécifique devant régir le

fonctionnement du système signe distinctif du miel en fonction de ses

différents aspects qualitatifs lies à son origine

v L’instauration d’un dispositif de certification, de contrôle et d’évaluation de

ce signe distinctif à tous les niveaux de la filière.

Dans cette partie traitera les aspects réglementaires et juridiques tandis que les

autres aspects sont analysés dans les autres parties.

Page 32: Miel

32

2 - Signes d’identification de la qualité et d’origine au niveau

international

Une présentation des différents cadres institutionnels et réglementaires

existants en Europe et en France et concernant la mise en place de signes

spécifiques de qualité aux produits agricoles et agroalimentaires entre autre le

miel, serait intéressante pour qu’on puisse se positionner par rapport à notre

législation en Tunisie

2. 1- Au niveau européen

Quatre principaux signes officiels de qualité :

a) Appellation d’origine protégée (AOP)

Ce signe garantit, pour un produit donné, que sa production, sa

transformation et son élaboration ont lieu dans une aire géographique ou un

terroir déterminé avec un savoir-faire reconnu et constaté. Cette garantie est

assurée par un organisme agréé par les pouvoirs publics, indépendant, dans le

cadre des démarches européennes de qualité. Ce signe peut s’appliquer au

miel

b) Indication géographique protégée (IGP)

Ce signe garantit un lien suffisant entre le produit et son origine, à l’un des

trois stades au moins celui de la production, de la transformation ou de

l’élaboration du produit. Il peut concerner le miel. Ce sigle est soumis au contrôle

d’un organisme certificateur indépendant agréé par les pouvoirs publics, dans le

cadre des démarches européennes de qualité.

Page 33: Miel

33

c) Spécialité traditionnelle garantie (STG)

Ce signe met en valeur une composition traditionnelle du produit ou un

mode de production traditionnelle. Cette mention permet de protéger un nom

caractérisant une recette ou un savoir-faire traditionnel. Il peut concerner le miel

. De la même manière que les signes précédents, ce signe est soumis au

contrôle d’un organisme certificateur indépendant agréé par les pouvoirs publics,

dans le cadre des démarches européennes de qualité.

d) Agriculture biologique (AB)

C’est un ensemble de pratiques agricoles respectueuses des équilibres

écologiques et de l’autonomie des agriculteurs. L'Agriculture Biologique se

distingue par son mode de production fondé sur la non utilisation de produits

chimiques de synthèse, le recyclage des matières organiques, la lutte

biologique. C’est l’équivalent français du signe de qualité européen AB. Il est

soumis au contrôle d’un organisme certificateur indépendant agréé par les

pouvoirs publics, dans le cadre des démarches officielles de qualité.

Ce sigle indique que le produit est issu de pratiques agricoles

respectueuses des équilibres écologiques. Il concerner également le miel, et il

est soumis aux mêmes conditions de contrôle.

Page 34: Miel

34

2.2- Au niveau français

Trois principaux signes reconnus:

a) Label rouge (LR)

Ce signe garantit la qualité gustative supérieure du produit, avec des critères

qualitatifs de l’élevage au distributeur. Cette qualité gustative est déterminée

par des analyses sensorielles effectuées chaque année auprès des

consommateurs.

Elle est assurée par des contrôles d’un organisme certificateur indépendant

agréé par les pouvoirs publics, dans le cadre des démarches officielles de

qualité.

b) Appellation d'origine contrôlée (AOC)

C’est l'équivalent français de l'Appellation d'Origine Protégée européen (AOP).

Ce signe implique un lien étroit entre le produit, le terroir et le savoir-faire de

l’homme.

c) Autres démarches officielles françaises

Parmi les autres démarches officielles de qualité, on distingue les mentions

valorisantes (Produit de montagne et Fermier) et la certification de produits

(CQC).

d) Produit de Montagne.

cette mention garantit que les matières premières, les produits agricoles ou

agroalimentaires sont obtenus et élaborés dans une zone de montagne.

Page 35: Miel

35

e) Fermier.

cette mention garantit que les matières premières principales et fondant la

particularité du produit ont été obtenues et élaborées sur une exploitation

agricole.

d) Critères Qualité Certifiée (CQC) :

cette mention prouve que le produit possède des qualités spécifiques ou se

conforme à des règles de fabrication particulières. Ces critères sont soumis au

contrôle d’un organisme certificateur indépendant agréé par les pouvoirs publics,

dans le cadre des démarches officielles de qualité.

2.3 - En Tunisie

Les principaux textes actuellement disponibles en Tunisie en relation avec la

qualité pacifique des produits agricoles, se présentent comme suit :

Les Lois

v Loi n° 99-57 du 28 juin 1999 relative aux appellations d’origine

contrôlées et aux indications de provenances des produits agricoles

v Loi n° 99-30 du 5 Avril 1999 relative à l’agriculture biologique

v Loi n° 2005-95 du 18 octobre 2005, relative à l’élevage et aux produits

animaux

v La loi 2001-36 du 17 avril 2007 relative à la protection des marques de

fabrique, de commerce et de service

Les Décrets

v Décret n° 2000-2389 du 17 Octobre 2000 fixant la composition et les

modalités de fonctionnement de la commission technique consultative

des appellations d’origine contrôlées et aux indications de provenances

des produits agricoles

Page 36: Miel

36

v Décret n° 2000-409 du 14 février 2000, fixant les conditions d’agrément

des organismes de contrôle et de certification dans le domaine de

l’agriculture biologique

v Décret n° 2001-2406 du 8 octobre 2001, modifiant le décret n°99-1142

du 24 mai 1999, fixant la composition et les modalités de fonctionnement

de commission nationale de l’agriculture biologique

v Décret n° 2005-981 du 25 mars 2005, portant modification du décret

n°2000-2389 du 17 Octobre 2000, fixant la composition et les modalités

de fonctionnement de la commission technique consultative des

appellations d’origine contrôlée et des indications de provenance des

produits agricoles

v Décret n° 2008-827 du 24 mars 2008 sur la perception et l’utilisation de

la contribution pour bénéficier d’une AOC/IP,

v Décret n° 2008-1003 du 7 avril 2008 sur le registre

v Décret n° 2008-1859 du 13 mai 2008 sur « l’organisme de contrôle et de

certification »

Page 37: Miel

37

3. Analyse de la qualification des produits agricoles en Tunisie

(AOC et IP)

Loi n°99-57 du 28 juin 1999 relative aux appellations d’origine contrôlée et

aux indications de provenances des produits agricoles (voir annexe)

Cette loi vise selon son article 1, la protection des particularités et des

spécificités des produits agricoles (animaux ou végétaux) et leur valorisation par

l’octroi d’une appellation d’origine contrôlée et indication de provenance. Elle

comprend 7 chapitres répartis comme suit :

Chapitre 1, des dispositions générales et définitions

Chapitre 2, la délimitation des appellations d’origine

Chapitre 3, le bénéfice des appellations d’origine contrôlée (AOC) et indications

de provenance (IP)

Chapitre 4, la protection des produits bénéficiant d’une appellation d’origine

contrôlée et d’une indication de provenance

Chapitre 5, le contrôle des appellations d’origine contrôlée et indications de

provenance Chapitre 6, la constatation des crimes et sanctions

Chapitre 7, des dispositions transitoires et divers (3 articles)

Pour bénéficier de ces appellations, les produits agricoles doivent répondre aux

conditions fixées par la présente loi notamment les conditions contenues dans

les chapitres 1 et 2.

On désigne par AOC, le nom du pays, d’une région naturelle ou parties

de régions d’où provient tout produit et qui puise sa valeur et ses particularités

par référence à son environnement géographique constitué d’éléments naturels

et humains.

Les facteurs naturels comprennent le milieu géographique de provenance

du produit et ses particularités se rapportant au sol, à l’eau, à la couverture

végétale et au climat.

Les facteurs humains comprennent notamment les méthodes de

production, de fabrication ou de transformation et les techniques spécifiques

acquises par les producteurs ou les fabricants dans une région donnée. Ces

Page 38: Miel

38

méthodes de production doivent découler de traditions anciennes stables et

notoires.

L’indication de provenance désigne le nom du pays, d’une région naturelle ou

parties de régions dont le produit tire sa particularité et sa renommé où il est

produit, transformé ou fabriqué, Le bénéfice d’une appellation d’origine contrôlée

ou d’une indication de provenance est conditionné par le respect d’un cahier des

charges type approuvé par arrêté du Ministre chargé de l’agriculture Parmi les

éléments qui doivent figurer dans ce cahier des charges on cite principalement :

Le nom du produit et ses principales caractéristiques naturelles,

chimiques, microbiologiques et organoleptiques

La délimitation de son aire de production,

La description de la méthode de production, de transformation ou

de fabrication du produit et notamment les méthodes et traditions

locales adoptées

L’autorité compétente doit émettre son avis sur la demande de délimitation d’une

appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance dans un délai

de 6 mois à partir de la date de réception de la demande. Passé ce délai, le

silence vaut acceptation du principe de la demande (article 8).

En cas d’un avis favorable de la commission nationale technique consultative, le

Ministre chargé de l’agriculture publie un avis au JORT qui en cas de non

opposition dans un délai de 6 mois attribue le bénéfice de l’AOC au produit objet

de la demande et ordonne son enregistrement au registre officiel des

appellations d’origine contrôlées et aux indications de provenances (article 14).

la procédure à suivre et des délais pour l’obtention d’une AOC ou IP

Page 39: Miel

39

Avis favorable

Avis au JORT 6 mois

Non opposition

Attribution AOC/IP

au produit

Enregistrement Registre officiel

AOC et IP

Non réponse = acceptation

Publication au JORTde l’AOC ou

IP

Demandeur/s du signe

Demande AOC, IP

Etude Commission nationale technique consultative des

AOC et des IP 6 mois max

Refus

Page 40: Miel

40

Loi La loi 2001-36 du 17 avril 2007 relative à la protection des marques de

fabrique, de commerce et de service a pour objectif de fixer les règles relatives à la

protection des marques de fabrique, de commerce et de services (chapitre premier,

article 1). L'article 2 définit marques de fabrique, de commerce et de services comme

un signe visible permettant de distinguer les produits offerts à la vente ou les services

rendus par une personne physique ou morale. D'après le paragraphe (a) du même

article, les dénominations sous toutes les formes telles que les mots, les assemblages

de mots, les noms patronymiques, les noms géographiques, les pseudonymes, les

lettres, les chiffres et les sigles peuvent constituer un signe distinctif des produits.

Toutefois, l'article 3 (paragraphe b) stipule que sont dépourvus de caractère distinctif

les signes ou dénominations pouvant servir à désigner une caractéristique du produit

ou de service, et notamment l'espèce, la qualité, la destination, la valeur, la

provenance géographique, l'époque de la production du bien ou de la prestation de

service. Ceci pourrait constituer une contrainte à la labellisation du miel

Le chapitre 8 de cette loi est réservé aux marques collectives. La marque est dite

collective lorsqu'elle peut être exploitée par toute personne respectant un règlement

d'usage établi par le titulaire de l'enregistrement. La marque collective est accordée

par une licence non exclusive. Les dispositions de cette loi s'appliquent aux marques

collectives. La propriété de la marque s'acquiert par l'enregistrement (article 6). La

demande d'enregistrement d'une marque est déposée auprès de l'organisme chargé

de la propriété industrielle (actuellement l'INNORPI), moyennant le paiement des

redevances dont le montant est fixé par décret (article 7).

Page 41: Miel

41

4. Eléments comparatifs des Indications Géographiques

D’après les accords « TRIPS ou ADPIC » de l’organisation mondiale du

commerce l’AOC ou l’AOP et l’IGP ou l’IP et marque s collectives sont définis

comme Indications Géographiques

Et dans le tableau suivant on a fait une comparaison des caractéristiques entre les

deux signes de qualité : AOP/AOC et IGP/IP

Appellation

d'Origine Contrôlée

Indication

Géographique Protégée

Le produit porte le nom d'une région X X

Le produit est entièrement issu de la zone

géographique désignée par le nom du

produit

X

La qualité du produit est essentiellement

liée au milieu géographique

X

La qualité du produit est en partie liée à

son aire de production

X

Le produit a un lien avec son terroir

(savoir-faire et/ou environnement naturel

propre à la région)

X

X

c'est un signe officiel de qualité

X X

Le produit et ses conditions de production

sont régulièrement contrôlés

X

X

l'organisme de contrôle est neutre et

indépendant

X X

Les dénominations sont protégées et

enregistrées dans un registre

X

X

Le produit a une histoire, il est traditionnel X X

Page 42: Miel

42

Et dans le tableau suivant on indique les principales différences entre les signes

AOC et IGP d’une part et les marques collectives et individuelles d’autre part.

Comparaison entre les appellations (AOC et IGP) et les marques collectives

AOC-IGP Marques

Nature de la protection Protection publique valable tant

que les dénominations restent

inscrites au Registre

Enregistrement pour des

périodes de 10 ans, doit être

régulièrement renouvelé

Propriété Pas de titulaire direct, droit

d'usage

Personne (morale ou physique)

Conditions d'usage Respecter le cahier des charges Etre membre du groupement

propriétaire

4.1) Analyse de législation tunisienne relative aux AOC et IP

Les différents textes régissant les AOC et les IP en tunisie nécessitent

que de nouveaux textes réglementaires viennent combler les lacunes des textes

existants à ce jour et qui sont presque inapplicable pour le moment et

nécessitent une révision afin qu’il y est une adaptation du registre aux produits

autres que le vin et une désignation de l’autorité compétente et un financement

des organismes de certification et de contrôle.

Il est à préciser qu’il s’agit des trois décrets de la loi de 1999 sur les AOC

et IP et relatifs à la redevance, le registre et l’autorité compétente de contrôle et

de certification.

§ Le décret n° 2008-827 du 24 mars 2008 sur la perception et l’utilisation de la

contribution pour bénéficier d’une AOC/IP,

Ne précise pas quelle est « l’autorité compétente » du ministère de l’agriculture

et des ressources hydrauliques. et ne précise pas également comment sera

l’utilisation précise de ces fonds (prise en charge ou non même en partie du

coût du contrôle et de certification), et ne précise pas qui doit payer cette

contribution. En outre les montants sont fixés en DT/tonne dans le décret, alors

Page 43: Miel

43

que chaque produit, voire chaque AOC/IP, aura certainement ses propres

contraintes et besoins.

§ Le décret n° 2008-1003 du 7 avril 2008 sur le registre Comporte des rubriques

plus que détaillées, et ne s’appliquer qu’aux vins ( l’indication de la teneur en

sel des eaux d’irrigation, de la rentabilité en tonnes/ha, du degré alcoolique, du

numéro du visa, ne sont pas toujours valables au miel et quelques autre

produits (viandes, fromages, des produits à base de céréales, des fruits ou des

légumes frais ou transformés…)

§ Le décret n° 2008-1859 du 13 mai 2008 sur « l’organisme de contrôle et de

certification »

Ne mentionne pas les modalités d’accréditation des organismes de contrôle et

de certification. Il stipule que l’OCC, pour chacune des appellations, sera

« désigné » par le ministre de l’agriculture, sans définir quelle sera l’autorité

compétente auprès de laquelle il devra rendre compte. Rien n’est indiqué dans

ce texte sur le mode de financement des activités de ces OCC.

Page 44: Miel

44

5. L’organisation professionnelle

Outre le strict respect des bonnes pratiques de production notamment les

aspects sanitaires et environnementaux, qui sont confirmés comme fondement de

la qualité, les professionnels, doivent s’engagent à se concerter et respecter une

charte qualité bien détaillée dans un cahier de charges fixant les modalités de la

gestion du signe de qualité étant donnée que toutes les démarches de qualification de

produit, sont volontaires et collectives, et doivent être demandée par les opérateurs

dans un cadre collectifs , et ce niveau on peut recueillir les textes en vigueur ayant un

rapport avec la question.

- La loi N° 59-154 du 07 Novembre 1959 relative à la création et au

fonctionnement des Associations amendées par la loi N° 92-25 du 02 Avril 1992.

Cette loi, dans sa première version, définit l’Association comme étant la

convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d’une façon

permanente leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que de partager

des bénéfices.

Amendée en 1992, elle introduit en plus une classification des Associations selon

la nature de leurs missions. On y trouve, entre autres, la catégorie des Associations

de développement.

L’Association peut aussi revêtir un intérêt national à la demande de ses

adhérents ou de leurs représentants ; et après autorisation des autorités compétentes.

La demande à formuler dans ce cas doit être accompagnée d’un argumentaire

expliquant et justifiant cette démarche.

- La loi N° 99-43 du 10 Mai 1999 relative aux groupements de développement

dans le secteur de l’Agriculture et de la Pêche.

Cette loi définit les missions, les conditions de création et les modalités de

fonctionnement (statut-type approuvé par Décret) des groupements de

développement intervenant dans le secteur de l’Agriculture et de la Pêche. Le but

recherché à travers cette forme de coopération collective est d’assurer les besoins

des adhérents (exploitants agricoles et pêcheurs) en moyens de production et de

services liés à toutes les étapes de production, de transformation, de fabrication et de

commercialisation et de les aider à valoriser au mieux leurs produits. Ils sont dotés de

la personnalité civile.

Page 45: Miel

45

Les missions d’un groupement de développement telles qu’arrêtées par la loi en

question s’articulent notamment autour :

· La protection des ressources naturelles, la nationalisation de leur utilisation et

leur sauvegarde.

· L’équipement de leur périmètre d’intervention en infrastructure de base agricole

et rurale.

· La participation à l’encadrement de leurs adhérents et leur orientation vers les

techniques agricoles et d’élevage les plus appropriées dans le but d’améliorer la

productivité de leur exploitation agricole et de leur système d’élevage.

· L’établissement de relations de coopération et d’échange des expériences dans

le domaine de l’Agriculture avec des organismes agricoles locaux et étrangers.

· L’accomplissement d’une manière plus globale de toute mission de nature à

appuyer les intérêts collectifs de leurs adhérents.

· L’organisation et le fonctionnement des groupements de développement dans le

secteur agricole sont fixés dans leur statut par référence aux statuts-types qui

sont arrêtés par Décret.

Ces statuts-types ont été approuvés par le Décret N° 99-1819 du 23 Août 1999 puis

modifiés respectivement par le Décret N° 2005-978 du 24 Mars 2005 et le Décret N°

2006-2559 du 25 Septembre 2006.

Par ailleurs, le groupement de développement est administré par un Conseil

d’Administration constitué de 3 à 6 membres élus parmi les adhérents par l’Assemblée

Générale.

- La loi N° 2005-94 du 18 Octobre 2005 relative aux Sociétés mutuelles de

services agricoles.

Les Sociétés mutuelles objet de cette loi sont des Sociétés à capital et

actionnaires variables ayant pour mission d’encadrer et de fournir des services

agricoles à leurs adhérents en amont et en aval de la production.

Le but recherché à travers cette forme de coopération c’est d’aider à la mise à

niveau des exploitations agricoles en innovant et en améliorant leur système de

production afin qu’elles puissent optimiser et valoriser au mieux leur système de

production et la qualité de leurs produits agricoles et éventuellement agro-

alimentaires. D’une façon plus générale elles sont appelées à :

Page 46: Miel

46

· Orienter et encadrer leurs adhérents dans le but de les appuyer à améliorer leur

système d’exploitation agricole et d’améliorer la qualité de leurs produits.

· Fournir à leurs adhérents les intrants et autres services nécessaires à l’exercice

de l’activité agricole.

· Commercialiser les produits agricoles en passant en cas de besoin par la

collecte, le stockage, la transformation, le conditionnement dans le but de

valoriser au mieux la qualité de ces produits sur le marché.

La Société mutuelle peut être constituée de personnes physiques ou de personnes

morales ou encore les deux à la fois conformément à un statut-type qui fixe entre

autres l’organisation administrative et financière ainsi que les règles de son

fonctionnement.

Elle couvre généralement un espace géographique donné délimité

administrativement. Ce critère peut lui conférer le statut de Société mutuelle de base

ou le statut de Société mutuelle centrale selon des règles qui sont définies par la

présente loi.

- La loi N° 91-44 du 1er Juillet 1991 portant organisation du commerce de

distribution.

Au sens de la présente loi, est réputée activité de distribution, toute activité à but

lucratif exercée habituellement ou a titre professionnel et ayant pour objet l’achat sur

le marché local ou extérieur de produits ou marchandises en vue de leur revente en

l’état sur le marché intérieur.

L’exercice de l’activité de commerce de distribution est libre et n’est pas soumis à

agrément préalable.

Le producteur de part les stipulations de cette loi, peut au niveau de son

entreprise de production et en sa qualité de producteur, exercer l’activité de

commerce de distribution en gros ou au détail. A ce titre le producteur procède à des

ventes directes au consommateur selon des conditions et modalités qui sont définies

par Décret.

Par ailleurs le commerçant distributeur est tenu d’assurer au consommateur les

services de garantie et d’après-vente nécessaire pour les produits qu’il commercialise.

Page 47: Miel

47

- La loi N° 92-117 du 07 Décembre 1992 relative à la protection du

consommateur.

La présente loi fixe les règles générales afférentes à la sécurité des produits

agricoles entre autres, à la loyauté des transactions économiques et à la protection du

consommateur. Elle préconise notamment que :

Dès la première mise sur le marché, les produits doivent être conformes aux

spécifications légales et réglementaires en vigueur les concernant.

Le responsable de la première mise sur le marché d’un produit (agricole entre autres)

est tenu de vérifier sa conformité aux spécifications légales et réglementaires les

concernant.

La garantie de sécurité à laquelle tout consommateur peut légitimement s’attendre,

concerne notamment la nature, l’espèce, les qualités substantielles, la composition et

les principes utiles du produit mis sur le marché.

La même garantie de sécurité du produit proposé à la vente couvre aussi l’emballage

et le conditionnement qui doivent comporter particulièrement les éléments

d’identification du produit, l’origine, la provenance, la date de fabrication de

production, …

Les éléments constituant la garantie de sécurité sont fixés par arrêté du Ministre

chargé du commerce après avis des organismes professionnels concernés par le

produit.

Page 48: Miel

48

6. Composition du miel :

La composition du miel est très riche car elle est diversifiée. En effet, le miel est

constitué de diverses substances organiques comme la dextrine, le glucose, le fructose,

le saccharose, les diverses substances aromatiques, les vitamines, les levures ainsi que

des traces de pollen. Il est également riche en éléments minéraux divers comme le fer,

le calcium, le potassium et le phosphore. Les autres caractéristiques du miel, en

l’occurrence, sa couleur et sa saveur peuvent grandement varier en fonction de son

origine botanique.

La composition du miel varie en fonction de nombreux facteurs tels que la variété du

miel, les espèces butinées, la nature du sol, la race des abeilles, l'état physiologique de

la colonie. Entre autres, elle dépend des matières mises à la disposition des abeilles et

leur transformation dans l'appareil digestif de l'abeille.

6.1. Composition chimique du miel

Le miel comprend deux principaux sucres à savoir le fructose (35-38 %)et le glucose

(31 -33 %). Le saccharose ne doit pas être présent en quantité dépassant un seuil fixé

par les normes (voir annexes, et paragraphes décrivant la qualité des miels étudiés

dans ce travail). Une teneur élevée en saccharose indique une qualité de nourissement

exogène. Le miel contient en outre une faible teneur en maltose qui peut varier

largement d’un mile à un autre (1 à 4 %). Enfin, d’autres sucres se trouvent à l’état de

traces.

Le mile contient de nombreux acides aminés et des protéines dont la teneur reste faible

par rapport aux sucres. Les principaux acides aminés trouvés dans le miel

Sont la proline, l’acide aspartique, glutanique et l’asparagine. Le miel contient divers

éléments minéraux dont principalement le fer, le calcium, le potassium et le phosphore.

Il contient aussi des vitamines, notamment les vitamines B et C. Enfin, ce produit

renferme des enzymes et des pigments.

Page 49: Miel

49

6.2. Propriétés du miel:

Le miel présente des propriétés permettant de déterminer son origine, les conditions de

sa récolte, de son stockage, sa composition chimique, la nature et l'origine des

éléments butinés.

6.2.1. Propriétés physiques:

Le miel présente des propriétés physiques sur lesquelles on se base dans les analyses

physico-chimiques pour déceler les différentes possibilités de fraude. Ces propriétés

étudiées sont les suivantes:

è La densité è La réfractométrie è La viscosité è L'hygroscopicité è La cristallisation è La conductibilité électrique è La conductibilité thermique è La chaleur spécifique è Le Pouvoir rotatoire 6.2.2. Propriétés Organoleptiques : a) Couleur La couleur du miel dépend du nectar dont il est issu car les plantes mellifères butinées

par les abeilles sont diversifiées et plus ou moins concentrées dans un même espace.

La couleur du miel varie ainsi du blanc (miel de trèfle, colza, luzerne) au noir (miel de

sapin). Plusieurs autres couleurs intermédiaires existent dans les miles produits en

Tunisie. Les couleurs brune (sulla, bruyère), ambrée (lavande), dorée (thym), orangée

(agrumes), très claire (Eucalyptus) existent aussi en Tunisie et ailleurs.

Page 50: Miel

50

b) Aspect: Le miel peut être plus ou moins fluide ou au contraire solide, voire dure, suivant la

provenance, le mode de stockage et le degré de cristallisation.

c) Odeur:

L’odeur du miel est fortement influencée par les essences aromatiques communiquées

aux nectars initiaux par les fleurs butinées. En général, le miel a une odeur très

appréciée par les consommateurs à l’exception de quelques uns qui dégagent une

odeur peu appréciable (miel amer ou naturellement acide). La plante mellifère

dominante confère au miel une odeur qui lui est spécifique. En principe, cette odeur

permettrait de reconnaître l’origine botanique du miel. Cependant, lorsque les abeilles

butinent diverses sources, cette reconnaissance devient difficile. De plus, les

compétences dans ce type d’analyses restent peu nombreuses en Tunisie.

d) Saveur :

La saveur du miel est fortement sucrée. Le goût spécifique à chaque variété lui est

donné par les caractères aromatiques de la fleur dominante butinée.

6.2.3. Propriétés chimiques :

La propriété chimique est due, entre autre, à la présence d'acides dans le miel,

notamment l'acide gluconique.

Le pH du miel varie entre 3.2 et 5.5avec des valeurs inférieures à 4 pour les

miels de nectar et supérieures à 5 dans ceux du miellat. Les miels à pH bas (3.14 et

3.6) se dégradent facilement.

6.2.4. Propriétés thérapeutiques :

Le miel a toujours été considéré comme étant une source ayant des vertus

thérapeutiques. En effet, les glucides qui sont une source énergique immédiatement

assimilables après leur absorption favorisent de nombreux mécanismes liés au

métabolisme énergétique de l’organisme. La digestibilité du miel est bonne puisqu'il est

pauvre en saccharose c’est pourquoi il est indiqué dans le régime de l'ulcère gastrique.

Le miel favorise aussi la fixation des sels minéraux tels que le calcium et le magnésium

qui sont essentiels pour de nombreuses fonctions digestives, métaboliques,

enzymatiques et même hormonales.

Compte tenu de toutes ces particularités, le miel est utilisé par les consommateurs pour

traiter de nombreux cas thérapeutiques comme le diabète, l’ulcère.

Page 51: Miel

51

TROISIÈME PARTIE :

ÉTUDE DES CARACTÉRISTIQUES DE

PRODUCTION DE MIEL DANS LES REGIONS

CONCERNEES

Page 52: Miel

52

ÉTUDE DE FAISABILITÉ DE SIGNE DE QUALITÉ POUR LE MIEL PRODUIT

DANS LA RÉGION DE SEJNANE

1. Description du potentiel de la zone de Sejnane

La zone de Sejnane fait partie de l'unité structurale khroumerie Mogoods et

appartient à l'étage bioclimatique humide de type méditerranéen.

Elle se caractérise par des hivers pluvieux et froids et des étés secs et chauds.

La pluviométrie et la température sont parmi les facteurs climatiques qui influent d'une

façon remarquable la production apicole et toute autre activité agricole. Elle est sise à

un étage bioclimatique humide avec une précipitation dépassant 800 mm/an

permettant ainsi le développement de ressources forestières et semi-forestières à la

fois abondante et diversifiée. L’espèce d’Eucalyptus appartenant à la famille des

myrtacées, constitue la principale source mellifère rencontrée dans cette zone. En

effet, l’Eucalyptus est un arbre se caractérisant par sa grande taille, témoin d’une

croissance rapide, est considéré par de nombreux spécialistes comme étant un arbre

à miel car la quantité produite est souvent importante, surtout si son utilisation est

raisonnée.

En Tunisie, il existe deux principales espèces d’Eucalyptus à savoir : Eucalyptus

camaldulensis et Eucalyptus gomphocephala qui représentent plus de 80 % de la

superficie totale de cet arbre. Cette superficie est estimée en Tunisie à 29 000 ha. La

part de la zone de Sejnane est estimée à environ 38 %.

Arbre adulte d’eucalyptus camaldulensis

Les principales espèces d’Eucalyptus avec les saisons de leur floraison sont

présentées dans le tableau suivant

Page 53: Miel

53

Principales espèces d’eucalyptus à Sejnane

source : I.N.G.R.E.F

Floraison moyenne

Floraison faible

Floraison abondante

Les espèces revêtent un grand intérêt mellifère vu l’abondance de leur floraison

et son étalement sur plusieurs mois de l’année. De l’ensemble de cette population,

l’espèce la plus importante est l’Eucalyptus camaldulensis qui représente la source

Espéces J F M A M J J A S O N D

Accedens

Alba

Astringens

Camaldensis

Cinerea

Citriodera

Diversicolor

Gompho

Maculata

Maideni

Paniculata

Punctata

Robusta

Rudis

Soligna

Sideroxillon

Tereticornis

Page 54: Miel

54

nectarifère la plus importante (80 %) dans la région de Sejnane. Les superficies des

principales espèces d’eucalyptus dans la zone étudiée sont présentées dans le

tableau suivant

Superficies (ha) de principales espèces d’eucalyptus à Sejnen

2. Qualité du miel produit dans la zone

Les analyses du miel produit dans la zone étudiée ont été réalisées dans le

centre apicole de Mraissa (OEP) car ce centre dispose d’équipement d’analyses

permettant d’étudier plusieurs paramètres physico-chimiques exigés par la

réglementation européenne. Le nombre d’échantillons analysés dans le cadre de cette

étude est supérieur à celui initialement prévu (6 échantillons par zone). Cependant,

des résultats d’analyses issues d’autres prélèvements effectués dans le cadre des

actions menées par l’ODESYPANO lors de suivi des apiculteurs de la région ont été

disponibles. Nous avons donc compilé toutes les données existantes pour mieux

affiner les analyses de la qualité du miel produit dans la zone d’autant plus qu’il s’agit

des mêmes micro-zones utilisées. Au total, plus de 15 échantillons ont été ainsi

étudiés pour caractériser la qualité physico-chimique du miel d’Eucalyptus

Camaldulensis produit dans la région de Sejnane. Le nombre d’échantillons peut

donner une idée presque fiable sur ces caractéristiques qualitatives, mais les résultats

obtenus constituent une tentative, qui s’ajoute à celles déjà initiées par d’autres

opportunités, pour asseoir une démarche qualitative de ce miel qui constitue un

produit jouant un rôle social et économique de première importante dans cette région.

Le tableau suivant résume les résultats de ces analyses qualitatives du miel

d’Eucalyptus Camaldulensis dans la région de Sejnane.

Superficie (ha) %

Cameldulensis 8922 80

Astringens 1338 12

Gompho 334 3

Autres arboretum 557 5

Page 55: Miel

55

Tableau 5 - les Caractéristiques qualitatives du miel d’Eucalyptus Camaldensis

de Sejnane

Moyenne Ecart type Max Min

Humidité (%)

17.25

0.98

19

16

Invertase 132.13 26.08 171.2 98.86

HMF (mg/kg) 15.1 3.87 20.79 11.63

Acidité

(meq/kg)

36.47 2.86 9.98 31.96

Fructose

(g/100g)

39.6 2.12 42.34 36.44

Glucose

(g/100g)

31.9 2.79 34.55 26.85

Fructose +

glucose(g/100

g)

1.5 2.89 75.47 66.83

Saccharose

(g/100 g)

0.57 0.43 1.16 0.06

Maltose

(g/100 g)

2.21 1.29 3.98 0.79

Conductivité

(mS/cm)

0.43 0.13 0.73 0.24

Les valeurs que nous avons présentées sont constituées par les moyennes, les

écarts types, les valeurs maximales et minimales. Les moyennes sont utilisées pour

comparer les résultats obtenus dans le cas de ce miel avec les normes admises.

L’écart type est inclus pour avoir une idée sur la variation de chaque paramètre

Page 56: Miel

56

mesuré. Les valeurs maximales et minimales ont été volontairement introduites pour

essayer de déterminer d’une part l’écart par rapport aux normes mais aussi, et surtout,

pour l’importance des échantillons qui s’écartent (en baisse ou en hausse) de ces

normes. D’abord, la comparaison des moyennes obtenues pour le miel d’Eucalyptus

Camaldulensis et celles exigées par les normes (tunisiennes et européennes) montre

que la qualité du miel produit par les apiculteurs de Sejnane est en général de très

bonne qualité à cet égard. La comparaison est consignée dans le tableau suivant.

Tableau 6. Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel d’Eucalyptus

Camaldulensis produit dans la région de Sejnane

Moyenne

Normes

Tunisienne

s

Normes

européenne

s

Observations

Humidité

(%)

17.25 21 21 Répondant

aux normes

Invertase

(Unités/kg)

132.13 >50 Très

largement

favorable

HMF (mg/kg) 15.1 <80 <40 Répondant

aux normes

Acidité

(meq/kg)

36.47 <40 <40 Répondant

aux normes

Fructose +

glucose

(g/100g)

71.5 >60 Répondant

aux normes

Saccharose

(g/100 g)

0.57 <5 <5 Répondant

aux normes

Conductivité

électrique

0.43

<0.8 Répondant

aux normes

Page 57: Miel

57

(mS/cm)

Il est évident, d’après les valeurs rapportées, que tous les paramètres de la

qualité physico-chimiques mesurés dans le cas de ce miel, sans exception, répondent

très favorablement aux exigences tunisiennes et européennes. Plus encore, certaines

caractéristiques qualitatives présentent des niveaux de loin meilleurs que les

exigences des marchés internationaux. C’est le cas de la majorité des paramètres

étudiés comme l’invertase, la teneur en HMF, le fructose + glucose, le saccharose et

la conductivité électrique.

Ces critères constituent les éléments sur lesquels se basent les échanges

du miel entre les pays. Le cas de la teneur en HMF illustre cette importance. En

effet, ce paramètre est un indicateur de la fraîcheur et de la surchauffe du miel. Le

miel brut contient une très faible teneur en HMF. Cette teneur augmente avec le

stockage en fonction de la température et le pH du miel. Dans certains pays

européens, certaines associations commercialisent leur miel en tant que « miel de

qualité » avec une teneur maximale en HMF de 15 mg/kg càd comme celle u miel

d’Eucalyptus Camaldulensis produit à Sejnane.

Ces paramètres représentent donc un avantage considérable pour ce type

miel tunisien.

Les valeurs obtenues doivent être utilisées pour mettre en valeur la qualité du

miel d’Eucalyptus produit dans la région de Sejnane. Elles peuvent aussi constituer

des outils de marketing de ce miel.

Par ailleurs, l’examen des valeurs maximales et minimales obtenues avec

tous les échantillons décèlent un résultat de grande importance. En effet, pour

tous les paramètres mesurés, aucun échantillon n’a présenté une valeur qui soit

hors normes. Ces constations mettent clairement en exergue la très bonne qualité

physico-chimique du miel produit par la majorité des apiculteurs de la région. Il est à

rappeler que les échantillons ont été prélevés directement auprès des apiculteurs.

Pour montrer la différence entre ce miel et celui commercialisé avec le même

nom, on eu recours à des analyses des échantillons issus du marché (magasins et

marchés locaux). Les résultats décèlent des différences notables en HMF et invertase.

Page 58: Miel

58

En effet, le miel d’Eucalyptus Camaldulensis acheté présente une teneur en HMF très

élevée (64.85 mg/kg) par rapport à celui prélevé directement auprès des apiculteurs

(tableau 5). Il en est de même pour l’invertase avec une valeur de 13.62 unités qui

reste très faible par rapport aux normes admises (>50 unités) et encore plus de

valeurs du tableau 5.

Le miel commercialisé est donc soit mal conservé pendant longtemps et/ou

mélangé avec d’autres miels qui présentent initialement une qualité médiocre.

Seules l’humidité et l’acidité constituent des paramètres dont les valeurs sont très

proches des limites autorisées par les normes sans qu’elles soient, pour le moment,

contraignantes. Cependant, dans certains pays européens, comme la Suisse, la

norme pour une teneur en eau de 20 % a été appliquée pendant deux décennies. De

plus, des associations et des organisations apicoles dans des pays de plus en plus

nombreux (Allemagne, Belgique, Autriche, Italie, Suisse, Espagne) rapportent des

valeurs maximales comprises entre 17.5 et 18.5 % (comme celles trouvées pour le

miel de Sejnane) pour les catégories spéciales du miel de qualité. Il est fort probable

que ces pays imposeront, dans un futur vraisemblablement proche, ces teneurs en

eau comme normes. Le miel produit dans la région de Sejnane présente une acidité

assez élevée mais reste dans les normes. L’acidité est un critère de qualité important

car elle donne une idée sur la fermentation du miel qui augmente ce paramètre. Cette

fermentation est davantage accélérée par les fortes de chaleur.

Les analyses réalisées n’ont pas inclues l’activité de diastase, qui est aussi un

important facteur de la qualité du miel. Cette activité est fortement influencée par le

stockage et le chauffage du miel et constitue donc un indicateur de la fraîcheur de ce

produit. C’est pour cette raison que nous avons cherché à consulter quelques

données disponibles, notamment au centre de développement du secteur apicole

Mraissa pour un miel d’Eucalyptus Camaldulensis. Même si le nombre d’analyses est

faible, les valeurs de l’activité de diastase obtenues pour ce miel sont en moyenne

égales à 14.8 unités de Shade, ce qui est de loin meilleure que la norme admise

(indice diastasique minimal de 8). Il est donc fort probable qu’à cet égard, le miel

d’Eucalyptus Camaldulensis ne présente pas de contrainte.

Enfin, une analyse pollinique (ou mélissopalynologie) a été réalisée en vue de

préparer une lame de référence pour le pollen d’Eucalyptus camaldulensis. La photo 1

fait état du type de pollen émis qui est à l’état de tétrade. La vue polaire triangulaire, la

Page 59: Miel

59

vue équatoriale : prolate. Le grain avec des sillons formant un système continu (grain

synocolpé) à 3 sillons (grain tricolpé).

En conclusion, la qualité physico-chimique du miel d’Eucalyptus Camaldulensis

produit dans la région de Sejnane est conforme aux normes appliquées en Tunisie et

exigées par l’Union Européenne et des autres pays. Plus encore, la majorité des

paramètres qualitatifs de ce miel sont de loin meilleurs que les exigences mondiales.

Ces résultats montrent les grandes opportunités que présente ce miel en vue de son

exportation vers ces pays qui sont très exigeants en matière de qualité. Cependant, il

faut mettre en place une démarche de marketing appropriée.

Page 60: Miel

60

3. Miel d’Eucalyptus Camaldulensis de Sejnane

3.1. Historique

La production de miel est ancrée dans la région de Sejnane depuis très

longtemps. Les apiculteurs avaient l’habitude d’utiliser des ruches traditionnelles et

acquis dés lors des traditions et savoir-faire qui ont été à l’origine du développement

de ce secteur dans la région. Les apiculteurs ont été ensuite appuyés dans leurs

efforts par de multiples projets réalisés par plusieurs organismes dont principalement

l’OEP et l’ODESYPANO. Ces projets ont largement aidé les apiculteurs à améliorer

les techniques de production sans toutefois perdre les traditions qui caractérisent leur

activité apicole. L’augmentation du nombre de ruches qu’elle que soit la catégorie

d’apiculteur illustre cette évolution.

3.2.Techniques de production du miel d’Eucalyptus Camaldulensis

Les techniques de production de miel dans la région de Sejnane comprennent de

nombreux éléments communs avec celles pratiquées dans les autres régions.

Cependant, elles se distinguent par certaines particularités qui concernent les aspects

suivants :

Même si elle est pratiquée par un grand nombre d’apiculteurs, la transhumance

reste limitée dans l’espace en ce sens qu’elle est souvent réalisée dans la même aire

géographique (intra-région). Ce comportement est sans doute attribué à la richesse de

la région en ressources mellifères, ce qui fait d’elle une zone potentiellement sollicitée

par les apiculteurs des autres régions. Ce constat constitue donc une différence

notable qui peut être valorisé lors de la démarche qualitative que nous allons

développer ultérieurement.

Contrairement au nourissement complémentaire qui est souvent pratiqué, très rares

sont les éleveurs qui font recours au nourissement spéculatif.

Les rayons sont operculés à plus de 85 %, avec une principale récolte en été après

une bonne maturité. Les cadres ne contiennent pas de couvain.

L’extraction est faite par centrifugation avec une filtration et décantation.

Page 61: Miel

61

Le conditionnement est très souvent réalisé dans la zone, avec cependant des

emballages non appropriés pour mettre en valeur ce produit de qualité

Le miel produit présente une couleur ocre jaune foncé, avec une consistance assez

épaisse et une cristalinisation assez fine et une odeur forte et piquante

3.3.Choix d’un signe de qualité pour le miel d’Eucalyptus Camaldulensis de

Sejnane

Le choix d’un signe de qualité est dicté par plusieurs critères et dépend beaucoup

de l’opportunité qu’offre chaque signe. Compte tenu de ce que nous avons présenté

précédemment, la région de Sejnane est une zone qui constitue un grand potentiel de

production de miel issu d’Eucalyptus Camaldulensis pouvant faire l’objet d’une

démarche qualitative. En effet, le type de miel produit, que nous avons caractérisé,

présente de nombreuses caractéristiques qualitatives très intéressantes, mai aussi

d’autres particularités qui peuvent lui conférer une typicité et une authenticité. Ces

différentes caractéristiques (qualité, couleur, arôme, odeur), les conditions naturelles,

les techniques de sa production et à un degré moindre les conditions d’extraction, de

filtration et de conditionnement permettent de distinguer ce produit.

Si on récapitule les différents éléments qui ont été mis en exergue pour ce miel,

on peut par la suite aisément lui attribuer le signe de qualité qui le mettrait le plus en

valeur. Le tableau 7 résume ces principaux aspects.

Tableau 7. Principales Caractéristiques de la production de miel d’Eucalyptus

Camaldulensis dans la région de Sejnane

Désignation Pertinence

Le produit est entièrement issu de la zone géographique désignée

par le produit (production, extraction, filtration, conditionnement)

X

La qualité du produit est essentiellement liée au milieu

géographique (principale ressource mellifère est composée

d’Eucalyptus Camaldulensis)

X

Le produit a un lien avec son terroir (savoir-faire et/ou

environnement naturel propre à la région : analyse pollinique)

X

Page 62: Miel

62

Qualité répondant aux exigences du marché interne et externe X

Particularités des techniques de production (transhumance dans le

même espace, nourissement)

X

Le produit a une histoire, il est traditionnel X

Il faut ajouter à toutes ces caractéristiques, il est important de prendre en

considération que l’aire géographique d’Eucalyptus Camaldulensis est très étendue

avec un nombre important de ruches. Le potentiel de production de miel de ce type

est donc important qui, s’il est mieux valorisé, permettrait à la population rurale de

cette zone de mieux tirer profit de cette activité apicole.

Le signe de qualité qui correspond à ces caractéristiques et valorise le mieux ce miel

est l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). En effet, ce signe AOC permettrait de

protéger définitivement le miel par les apiculteurs de la région de Sejnane. Il ne serait

impossible de commercialiser d’autres produits en utilisant ce nom. L’AOC, constitue

avec l’IP, les deux signes qui permettent d’établir un lien entre un produit et son lieu

d’origine.

Page 63: Miel

63

ETUDE DE FAISABILITE DE SIGNE DE QUALITE POUR LE MIEL PRODUIT DANS

LA REGION DU CAP BON

1. Potentiel mellifère de la région

La région du Cap Bon est caractérisée par un potentiel de production de miel très

important permettant à cette zone d’occuper une place de premier rang. En effet, les

données statistiques disponibles indiquent une production équivalente à environ 300

tonnes/an, qui avec trois autres gouvernorats (Kairouan, Bizerte et Sidi Bouzid)

représentent plus de 60 % de la production nationale.

Ce niveau de production est attribué à divers facteurs qui s’interagissent pour

aboutir à la production d’un miel de qualité fortement appréciée par les consommateurs

come il sera explicité plus loin.

D’abord, la superficie cultivée en agrumes est à la fois importante et concentrée

dans une aire géographique bien limitée. Le tableau 8 illustre l’importance de cette

superficie et du nombre des pieds en 1986 et 1999.

Tableau 8. Importance des vergers des agrumes dans la région de Nabeul

Superficie (ha) % Nombre de pieds %

Nabeul

12692

78.6 3 472 215 75.1

Total 16138 100 4 625 616 100

Source (GIAF, 1999 dans le rapport Phase I, CNEA, 2003)

Les données rapportées dans ce tableau mettent en évidence, d’une façon irréfutable,

l’importance des agrumes dans la région du Cap Bon. En effet, la superficie des

agrumes cultivés dans cette région constitue plus des trois quarts de celle qui existe en

Page 64: Miel

64

Tunisie. La même importance (75.1 %) est observée lorsqu’on s’intéresse au nombre

d’arbres.

Il est important de souligner que la superficie des agrumes augmente, d’une

façon spectaculaire, dans deux régions non connues par cette activité : il s’agit du

gouvernorat de Kairouan et de Jendouba. Dans ces régions, il y aurait entre 1986 et

1999, un accroissement de la superficie de 270 et de 130 % respectivement. Pour le

nombre de pieds, la tendance est renversée puisque l’augmentation est estimée à 156

et 197 % pour la région de Kairouan et Jendouba respectivement. Ces deux régions

peuvent être donc potentielles pour développer l’apiculture intensive en vue de produire

un miel d’agrumes.

Ensuite, dans la région de Cap Bon, les agrumes (famille des rutacées et Genre

Citrus) sont particulièrement concentrés dans les zones de Menzel Bouzelfa, Béni

Khalled et Slimane. Les agrumes comprennent principalement les orangers (Citrus

senersis L.), les mandariniers (Citrus reticulata L.) et les citronniers (Citrus limonum L.).

La diversification de ces ressources mellifères, outre leur concentration dans des zones

limitées, constitue un avantage de grande importance pour la région du Cap Bon.

Enfin, certaines de ces ressources sont caractérisées par un niveau de production

particulièrement élevé qui dépasse souvent les moyennes obtenues avec d’autres

ressources mellifères disponibles dans d’autres régions. En effet, la floraison des

orangers est quantitativement importante et permet des niveaux de productions très

élevés. De plus, le miel qui en est issu présente un parfum très apprécié par les

consommateurs. Ces niveaux de productions sont notées en dépit d’une courte (30

jours) durée de pleine floraison dans le cas des agrumes par rapport aux autres

ressources mellifères (Eucalyptus Camaldulensis, Romarin…).

2. Qualité du miel d’agrumes

Comme nous l’avons réalisé avec la première région, les analyses relatives à la

qualité du miel issu de la région du Cap Bon ont été effectuées sur un nombre

d’échantillons provenant de plusieurs sites. Cependant, et en raison de la saison de

production et des conditions particulières de cette année, le nombre d’échantillons de

miel d’agrumes issu de la production de cette année est faible (6 échantillons). De la

même façon que précédemment, nous avons compilé les résultats provenant des

analyses des autres années réalisés dans le centre de développement du secteur

Page 65: Miel

65

apicole Mraissa (OEP). Au total, 24 échantillons ont été ainsi utilisés dans cette analyse

qualitative.

Le tableau 9 résume les résultats des analyses qualitatives du miel d’agrumes dans la

région du Cap Bon

Tableau 9. Caractéristiques qualitatives du miel d’agrumes produit dans la région

du Cap Bon

Moyenne Ecart type Max Min

Humidité (%)

17.3

0.7

18.6

16.2

Invertase

78.2

49.6

148.9

27.8

HMF(mg/kg) 9.5 6.1 28.4 1.4

pH 3.9 0.24 4.3 3.6

Fructose (g/100 g) 37.3 1.6 38.8 32.8

Glucose (g/100 g) 33.3 2.17 39.4 31.1

Fructose + glucose

(g/100 g)

70.6 0.9 72.2 69.3

Saccharose (g/100 g) 2.9 1.7 4.4 0.9

Maltose (g/100 g) 3.6 0.04 3.6 3.5

Conductivité (mS/cm) 0.2 0.05 0.3 0.1

Activité de la Diastase

11.2 0.9 12.1 10.2

Page 66: Miel

66

Les résultats des analyses des caractéristiques physico-chimiques du miel d’agrumes

sont présentés de la même façon que ceux du premier miel (d’Eucalyptus

Camaldulsensis). Cependant, l’acidité est présentée dans ce cas ci par les valeurs de

pH qui donnent déjà une idée précise sur l’intensité de la fermentation du miel.

Si on compare les valeurs obtenues dans le cas des deux miels (Eucalyptus

Camaldulsensis et agrumes), on note quelques différences notables qui sont rapportées

dans le tableau 10.

Tableau 10. Comparaison des caractéristiques physico-chimiques du miel

d’Eucalyptus camaldulsensis (Sejnane) et d’agrumes (Cap Bon)

Miel d’agrumes Miel d’Eucalyptus

Cmaldulsensis

Observations

Humidité (%) 17.3 17.25 Moyenne similaire

Invertase 78.2 132.13 Différence notable

HMF(mg/kg) 9.5 15.1 Légère différence

Fructose (g/100 g) 37.3 39.6 Moyenne similaire

Glucose (g/100 g) 33.3 31.9 Moyenne similaire

Fructose + glucose (g/100 g) 70.6 71.5 Moyenne similaire

Saccharose (g/100 g) 2.9 0.57 Pas de différence

Maltose (g/100 g) 3.6 2.21 Pas de différence

Conductivité (mS/cm) 0.2 0.43 Légère différence

Les différences constatées entre les deux types de miel sont surtout liées à l’invertase

et à un degré moindre à la teneur en HMF et à la conductivité électrique. Ces

différences concernent donc et d’une façon générale la fraîcheur du miel et les

conditions de stockage. Il est fort probable que les échantillons sont issus des

exploitations où les conditions de production, de conditionnement, de conservation et

même de nature climatique sont différentes qui entraînent à leur tour de telles variations

de la qualité du miel.

Page 67: Miel

67

Comme dans le cas du miel d’Eucalyptus Camaldulsensis, les caractéristiques du

miel d’agrumes répondent à toutes les normes tunisiennes et européennes comme

l’étayent les données rapportées dans le tableau 11.

Tableau 11. Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel d’agrumes

produit dans la région du Cap Bon aux normes tunisiennes et européennes

Moyenne

Normes

Tunisiennes

Normes

européennes

Observations

Humidité (%) 17.3 21 21 Répondant aux normes

Invertase (Unités/kg) 78.2 >50 Répondant aux normes

HMF (mg/kg) 9.5 <80 <40 Répondant aux normes

Acidité (pH) 3.9 <5 Répondant aux normes

Fructose + glucose (g/100 g) 70.6

>60 Répondant aux normes

Saccharose (g/100 g) 2.9 <5 <5 Répondant aux normes

Conductivité électrique

(mS/cm)

0.2 <0.8 Répondant aux normes

En dépit des différences que nous avons soulignées avec le premier miel, les

caractéristiques du miel d’agrumes répondent en moyenne à toutes les exigences

tunisiennes et européennes. Il faut néanmoins noter que la fréquence des

échantillons qui ne répondent pas à ces normes atteint parfois 40 %. Le critère le plus

Page 68: Miel

68

affecté étant l’invertase qui indique la fraîcheur du miel. Par ailleurs, quelques

échantillons présentent des teneurs en saccharose (4.4 %) très proches du seuil toléré

(5 %) par les normes européennes. De plus, ces caractéristiques varient, parfois

énormément, d’une année à une autre, c qui constitue une autre contrainte. Compte

tenu de ce qui précède, il est impératif d’améliorer et de rendre plus stables ces

caractéristiques qualitatives pour pouvoir rendre ce miel plus compétitif à l’égard des

miels produits à l’étranger ou même à l’intérieur du pays. Il faut savoir que les textes

réglementaires relatifs aux normes sont en perpétuelle révision pour tenir compte de

nouvelles exigences des citoyens.

De nombreuses lames de référence ont été préparées par le Centre de Développement

du secteur apicole M’raissa et ce dans le but de mettre en place des outils qui

permettraient de spécifier le miel produit à partir diverses ressources mellifères.

Les photos 2 ; 3 ; 4 et 5 illustrent les différentes formes des grains de pollen de divers

agrumes exploités dans la région du Cap Bon.

Page 69: Miel

69

Photo 2. Lame de référence du grain de pollen de Maltaise

Page 70: Miel

70

Photo 3. Lame de référence du grain de pollen Meski

Page 71: Miel

71

Photo 4. Lame de référence du grain de pollen du citronnier

Page 72: Miel

72

Photo 5. Lame de référence du grain de pollen de clémentine

Les lames montrent que les grains de pollen présentent une forme circulaire ou

subcirculaire. L’exine de ces grains est réticulée, irrégulière et discontinue avec 4

dépressions symétriques.

Par ailleurs, Il faut rappeler que les agrumes ne constituent pas les seules

ressources mellifères disponibles dans la région du Cap Bon. Dans certaines zones de

cette vaste région, des superficies assez variables sont réservées pour des ressources

comme l’Eucalyptus (1000 ha), l’acacia (3200 ha), d’Elycrisum et tant d’autres. Letaïef

(2006) a pu procéder à une analyse pollinique des échantillons de miel. Le résultat de

cette analyse est présenté dans la figure 5.

Page 73: Miel

73

Figure 5. Répartition des grains de pollen en fonction de leur origine botanique

dans le miel d’agrumes (Letaïef, 2006)

Les données rapportées montrent qu’en dépit de cette diversité de ressources

mellifères disponibles dans la région, le pollen des agrumes est prépondérant dans

le mélange. En effet, cette proportion dépasse 71 % ce qui constitue un bon

critère pour attribuer une origine botanique à ce miel.

3. Démarche de signe de qualité du miel d’agrumes

Si on récapitule les différents éléments qui ont été mis en exergue pour ce miel,

on peut par la suite aisément lui attribuer le signe de qualité qui le mettrait le plus en

valeur.

Le tableau 12 résume ces principaux aspects.

Page 74: Miel

74

Tableau 12. Principales Caractéristiques de la production de miel

d’agrumes dans la région du Cap Bon

Désignation Pertinence

Le produit est entièrement issu de la zone géographique désignée par le produit (production, extraction, filtration, conditionnement)

X

La qualité du produit est essentiellement liée au milieu géographique)

X

les agrumes lui confèrent une couleur oranger ayant une intensité très clair, une arôme de fleur d’oranger et un goût fin et

particulièrement apprécié

Le produit a un lien avec son terroir (savoir-faire et/ou environnement naturel propre à la région : analyse pollinique)

X

Qualité répondant aux exigences du marché interne et externe

X

Particularités des techniques de production (transhumance dans le même espace, nourissement)

X

Le produit a une histoire, il est traditionnel

X

Par ailleurs, l’aire géographique d’agrumes est très étendue avec un nombre

important de ruches. Le potentiel de production de miel de ce type est donc

Page 75: Miel

75

important qui, s’il est mieux valorisé, permettrait à la population rurale de cette

zone de mieux tirer profit de cette activité apicole.

Le signe de qualité qui correspond à ces caractéristiques et valorise le mieux ce

miel est l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). En effet, ce signe AOC

permettrait de protéger définitivement le miel produit par les apiculteurs de la

région du Cap Bon.

Page 76: Miel

76

ETUDE DE FAISABILITE DE SIGNE DE QUALITE POUR LE MIEL PRODUIT DANS

LA REGION DE KASSERINE

1. Potentiel mellifère de la région

Le romarin (Rosmarinus officinalis) fait partie de la famille des Labiées. En termes

de la superficie, cette ressource constitue la deuxième plante forestière et semi-

forestière ayant des propriétés mellifères en Tunisie. En effet, sa superficie totale atteint

39 000 ha, qui reste inférieure à celle occupée par le jujubier dont la surface dépasse

54 000 ha (principalement dans les régions de Kairouan, Gafsa et Gabès).

La répartition des superficies de romarin, issue de l’inventaire forestier réalisé en

1995, est illustrée dans la figure 8.

Figure 8. Répartition de la superficie de romarin selon les gouvernorats

Il ressort de cette figure que cette plante couvre de nombreuses zones du pays

puisqu’elle se trouve dans 9 gouvernorats répartis du nord au sud du pays. Le romarin

couvre principalement les régions de Gabès (40 %), Kairouan (31 %), Kasserine (10 %)

et Siliana (8 %). Ces quatre gouvernorats constituent environ 90 % de la superficie

totale de romarin. En réalité, le romarin est une plante qui peuple les montagnes

boisées dont essentiellement celles de la Dorsale. Il s’adapte ainsi à diverses conditions

climatiques dans la mesure où elle est disponible dans les divers bioclimats.

Page 77: Miel

77

Cependant, dans plusieurs régions, le romarin se trouve en association avec d’autres

espèces végétales, mellifères ou non. Néanmoins, dans les étages bioclimatiques semi

aride et aride supérieur, le romarin peut être une plante dominante.

La région de Kasserine ne représente que 10 % de la superficie totale nationale

couverte en romarin. Cette plante est très appréciée par les apiculteurs pour diverses

raisons essentielles : d’abord, à cause de son potentiel de production qui est très

important. Ensuite, le romarin est une source qui produit un miel ayant un arôme

parfumé et un goût délicieux, fin et peu prononcé. Enfin, cette plante présente une

période de floraison relativement longue qui est à l’origine de grands mouvements de

transhumance.

Malheureusement, cette plante est très utilisée pour de nombreuses fins : source

mellifère, industrie de distillation et culinaires. Ces fortes pressions exercées par les

divers utilisateurs entraînent son surexploitation et la diminution de sa superficie.

2. Qualité du miel de romarin produit dans la région de Kasserine

Il est important de souligner que les conditions climatiques très défavorables qui ont

sévi cette année dans la région ont été à l’origine de faibles productions. Ces conditions

ont entraîné des difficultés de prélèvements des échantillons de miel de romarin. Seuls

quelques échantillons (n =4) ont été ainsi pu récupérer auprès des apiculteurs. Pour

pallier à ces difficultés, la même démarche a été conçue pour étudier les

caractéristiques qualitatives du miel.

Les résultats issus de ces analyses sont consignés dans le tableau 13.

Page 78: Miel

78

Tableau 13. Caractéristiques qualitatives du miel de romarin produit dans la

région de Kasserine

Moyenne Ecart type Max Min

Humidité (%)

17.8

2.3

22.6

15

Invertase

131.7

45.8

220.9

68.3

HMF(mg/kg)

11.59

4.17

18.77

5.87

pH

4.12

0.23

4.45

3.88

Fructose (g/100 g)

36.39

1.20

37.7

34.08

Glucose (g/100 g)

32.57

2.0

35.6

29.9

Fructose + glucose (g/100 g)

67.29

1.82

69.7

65.3

Saccharose (g/100 g)

0.98

0.32

1.43

0.69

Maltose (g/100 g)

3.51

0.34

3.99

3.18

Conductivité (mS/cm)

0.36

0.25

0.85

0.16

Activité de la Diastase

15.1

3.34

18.75

9.09

L’examen des données rapportées dans le tableau ci-dessus montre que la qualité

physico-chimique du miel de romarin peut être classée comme étant une qualité

intermédiaire entre les deux premiers miels concernés par cette étude.

Ainsi, ce miel produit dans cette région répond à toutes les normes tunisiennes et

européennes comme l’illustre la comparaison consignée dans le tableau 14.

Page 79: Miel

79

Tableau 14. Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de romarin

produit dans la région de Kasserine aux normes tunisiennes et européennes

Moyenne

Normes

Tunisiennes

Normes

européennes

Observations

Humidité (%)

17.8

21

21

Répondant aux

normes

Invertase (Unités/kg)

131.7

>50

Répondant aux

normes

HMF (mg/kg)

11.59

<80

<40

Répondant aux

normes

Acidité (pH)

4.12

<5

Répondant aux

normes

Fructose + glucose

(g/100 g)

67.29

>60

Répondant aux

normes

Saccharose (g/100 g)

2.9

<5

<5

Répondant aux

normes

Conductivité électrique

(mS/cm)

0.36

<0.8

Répondant aux

normes

Le miel de romarin est également apprécié par ses qualités organoleptiques car il

présente une odeur très parfumée et un goût peu prononcé. Ces qualités sont

certainement à l’origine de la demande très importante émanant des consommateurs.

Les lames de référence relatives aux grains de pollen de romarin sont présentées dans

la photo 6.

Page 80: Miel

80

Photo 6. Lame de référence de grains de pollen de romarin

3. Démarche de signe de qualité pour le miel de romarin dans la région de

Kasserine

La production de miel dans la zone de Kasserine est caractérisée par des

différences notables par rapport à celles qui ont été observées dans les deux

premières zones. Ces différences contribuent grandement à l’élaboration de

stratégie d’une démarche de qualité. En effet, le miel de romarin peut être produit

dans diverses zones du pays, vraisemblablement avec la même qualité. Par ailleurs,

la transhumance intra et interrégionale est souvent pratiquée ce qui indique que

l’influence de la région sur ce miel peut ne pas être totale.

Le tableau 15 synthétise les principales informations issues de ce diagnostic.

Page 81: Miel

81

Tableau 15. Principales Caractéristiques de la production de miel de

romarin dans la région de Kasserine

Désignation Pertinence

Le produit est entièrement issu de la zone géographique désignée par le produit (production, extraction, filtration, conditionnement)

la transhumance inter régionale contribue à l’élaboration de ce produit surtout en année défavorable

La qualité du produit est essentiellement liée au milieu géographique)

X

Le produit a un lien avec son terroir (savoir-faire et/ou environnement naturel propre à la région : analyse pollinique)

X

Qualité répondant aux exigences du marché interne et externe

X

Particularités des techniques de production (transhumance dans le même espace, nourissement)

X Le produit a une histoire, il est traditionnel

X

Il ressort que le signe de qualité qui pourrait être attribué à ce produit est différent de

celui qui a été octroyé aux deux premiers miels. La différence vient du fait que

l’Eucalyptus Camaldulsensis et les agrumes sont particulièrement concentrés dans

leurs zones originales. L’analyse pollinique de ces miels est en quelque sorte une

garantie de l’origine botanique et donc territoriale du produit. Le miel de romarin produit

dans la région de Kasserine reste, néanmoins, lié à la zone.

Compte tenu de ce qui précède, le signe d’indication géographique protégée (IP)

peut être attribué au miel de romarin produit dans cette zone. En effet,

contrairement à l’AOC, la transhumance peut être autorisée dans le cas de ce

signe.

Page 82: Miel

82

ETUDE DE FAISABILITE DE SIGNE DE QUALITE POUR LE MIEL PRODUIT DANS

LA REGION DE ZAGHOUAN

2. Potentiel mellifère de la région

Comme le romarin, le thym (Thymus vulgaris) fait partie de la famille des Labiées. Il

couvre de larges superficies sur le territoire tunisien avec une surface totale estimée à

16 400 ha. Sa répartition est cependant très inégale d’une région à une autre. Cette

plante est surtout concentrée dans les régions du sud et à un moindre degré dans celles

du Nord (Kef, Siliana et Zaghouan).

Le thym est rarement dominant dans une région se trouvant le plus souvent en

association avec d’autres espèces mellifères. Son aire géographique est

malheureusement très fortement menacée compte tenu de son surexploitation par

l’homme. En effet, et à l’instar du romarin, le thym est sollicité pour diverses utilisations.

Outre son utilisation comme ressource mellifère, le thym est une excellente plante

aromatique fortement utilisée dans la distillerie. Le thym contient une essence riche en

thymol utilisé dans la lutte contre la varroase en production biologique. Son odeur est

très prononcée ce qui donne au miel, qui en est issu, un goût très fort lui conférant une

spécificité particulière. Le miel de thym est enfin très demandé par le consommateur en

raison de son vertu thérapeutique.

3. Qualité du miel de thym dans la région de Zaghouan

Les résultats des analyses réalisées pour ce miel de thym sont rapportés dans le

tableau 16.

Page 83: Miel

83

Tableau 16. Caractéristiques physico-chimiques du miel de thym produit dans la

région de Zaghouan

Moyenne Ecart type Max Min

Humidité (%)

17.1

0.9

18.6

16.0

Invertase

93.41

66.42

168.3

31.63

HMF (mg/kg)

28.56

32.23

105.98

6.93

pH

3.7

0.29

3.93

3.52

Fructose (g/100 g)

38.5

1.57

40.65

37.1

Glucose (g/100 g)

32.9

1.21

34.18

31.29

Fructose + glucose (g/100 g)

71.46

2.43

74.0

68.91

Saccharose (g/100 g)

0.2

0.01

0.25

0.16

Conductivité (mS/cm) 0.44 0.16 0.90 0.22

Activité de la Diastase

13.62

7.87

25.0

7.89

Les données consignées dans le tableau mettent en évidence une variation des

caractéristiques physico-chimiques très importantes et ce en dépit d’un nombre

d’échantillons analysés plus faible par rapport aux autres types de miel. Cette

constatation met en exergue la différence dans la conduite de la production, du

conditionnement et de la conservation menée par les apiculteurs de la région.

Ces variations concernent plusieurs critères de qualité physico-chimiques. Les

paramètres les plus affectés concernent la teneur en HMF, l’invertase et l’activité de la

diastase. Ces caractéristiques sont importantes et très sélectifs dans les normes

tunisiennes et européennes.

Page 84: Miel

84

Ces constations montrent clairement que l’analyse des résultats doit considérer les

valeurs individuelles plus que la moyenne surtout si celle-ci est sujette à des variations

importantes. En effet, lors de la commercialisation du miel, comme tout autre produit, la

proportion des échantillons non conformes ne doit dépasser un seuil.

La comparaison des caractéristiques moyennes aux normes tunisiennes et

européennes est illustrée dans le tableau 17.

Tableau 17. Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de thym produit dans

la région de Zaghouan aux normes tunisiennes et européennes

Moyenne

Normes

Tunisiennes

Normes

européennes

Observations

Humidité (%)

17.1

21

21

Répondant aux

normes

Invertase (Unités/kg)

93.45

>50

Répondant aux

normes

HMF (mg/kg)

28.5

<80

<40

Répondant aux

normes

Acidité (pH)

3.7

<5

Répondant aux

normes

Fructose + glucose

(g/100 g)

71.46

>60

Répondant aux

normes

Saccharose (g/100

g)

0.2

<5

<5

Répondant aux

normes

Conductivité

électrique (mS/cm)

0.44

<0.8

Répondant aux

normes

Page 85: Miel

85

Exprimées en moyennes, les caractéristiques physico-chimiques répondent aux deux

normes alors, comme nous l’avons indiqué, certains échantillons s’écartent, parfois

d’une façon importante, de ces exigences.

Comme dans le cas des autres miels, une préparation des lames de référence de grains

de pollen de thym a été mise en place (photo 7).

Photo 7. Lame de référence de grains de pollen de thym

4. Démarche de signe de qualité pour le miel de thym dans la région de

Zaghouan

La production de miel dans la zone de Zaghouan est caractérisée par des éléments

semblables à ceux qui ont régi la production du miel de romarin dans la région de

Kasserine. En effet, le thym est souvent associé à d’autres espèces mellifères. De

plus, la transhumance intra et interrégionale est souvent pratiquée ce qui indique

que l’influence de la région sur ce miel peut ne pas être totale. Mais, et comme dans

le cas du miel de romarin, dans certaines zones de la région, le thym constitue une

plante dominante et constitue ainsi un avantage dans cette démarche de la qualité.

Le tableau 18 synthétise les principales informations issues de ce diagnostic.

Page 86: Miel

86

Tableau 18. Principales Caractéristiques de la production de miel de thym dans la

région de Zaghouan

Désignation Pertinence Le produit est entièrement issu de la zone géographique désignée par le produit (production, extraction, filtration, conditionnement)

la transhumance inter régionale contribue à l’élaboration de ce produit surtout en année défavorable

La qualité du produit est essentiellement liée au milieu géographique)

X

Le produit a un lien avec son terroir (savoir-faire et/ou environnement naturel propre à la région : analyse pollinique)

X

Qualité répondant aux exigences du marché interne et externe

X

Pararités des techniques de production (transhumance dans le même espace, nourissement)

X Le produit a une histoire, il est traditionnel

X

Compte tenu de ce qui précède, le signe d’indication géographique protégée (IGP)

peut être attribué au miel de romarin produit dans cette zone.

Page 87: Miel

87

ETUDE DE FAISABILITE DE SIGNE DE QUALITE POUR LE MIEL PRODUIT DANS

LA REGION D’OUESLATIA

1. Potentiel mellifère de la région

Contrairement aux autres types de miel qui ont fait l’objet de cette étude, la

production de miel de marrube se distingue par divers points qui concernent à la fois la

quantité produite, l’étendue de son aire géographique et la disponibilité des informations

qui lui sont inhérentes.

En effet, les statistiques relatives à ce type de production sont rares, voire même

quasiment absentes. A notre connaissance, les études qui se sont intéressées à cette

plante sont extrêmement rares. La présente étude constitue, à cet égard, une

opportunité pour mettre à la disposition des personnes qui s’y intéressent, des résultats

préliminaires qui peuvent être actualisés au fur et à mesure de nouvelles données.

La plante de marrube (marrubium) fait partie de la famille de labiées. Son aire

géographique semble être limitée et concentrée dans la région d’Oueslatia. La floraison

de cette plante s’étend sur une période allant du mois d’Avril au mois de Juin. Il est

important de souligner que les observations du terrain, réalisées au cours de cette

étude, décèlent un état de végétation très affecté par les conditions climatiques qu’a

connu la zone d’Oueslatia. Le niveau de production a été très largement influencé par

ces conditions ce qui a entraîné une baisse notable de la production.

2. Etude de la qualité du miel de marrube

Les caractéristiques qualitatives du miel de marrube sont présentées dans le tableau 19.

Tableau 19. Caractéristiques physico-chimiques du miel de thym produit dans la région

Moyenne Ecart type Max Min

Humidité (%) 17.3 0.68 18.2 16.6

Invertase (unités/kg) 74.1 54.4 122.9 15.5

HMF(mg/kg) 19.1 9.13 32.7 14.9

pH 36.5 0.11 3.73 3.5

Fructose (g/100 g) 37.93 2.7 41.0 35.9

Glucose (g/100 g) 32.8 0.78 33.6 32.03

Fructose + glucose (g/100 g) 0.7 1.96 73.01 69.53

Conductivité (mS/cm) 0.27 0.06 0.34 0.17

Activité de la Diastase 18.31 2.38 20.1 16.6

Page 88: Miel

88

Le miel issu de la région étudiée présente une qualité sujette à des variations

moins importantes que celles obtenues dans le cas du miel de thym. La variation la plus

accentuée est notée avec l’invertase dont les valeurs oscillent entre 15 et 123 unités/kg.

Les valeurs minimales s’écartent en effet beaucoup des normes exigées.

L’analyse des données montre une autre caractéristique très importante qui concerne la

conformité des échantillons du miel. En effet, la fréquence des miels de marrube non

conformes aux exigences, reste faible et ne dépasse pas 5 %. Même si le nombre

d’analyses est faible, cette constatation constitue un avantage considérable car elle

indique que les techniques de production, de conservation et de conditionnement sont

relativement maîtrisées par les apiculteurs de cette zone. Il est vrai que l’apiculture est

historiquement ancrée dans cette région, à l’instar des autres zones étudiées.

La comparaison des caractéristiques moyennes (mais aussi de la majorité des

échantillons) aux normes tunisiennes et européennes est rapportée dans le tableau 20.

Tableau 20. Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de marrube produit

dans la région d’Oueslatia aux normes tunisiennes et européennes

Moyenne

Normes

Tunisiennes

Normes

européennes

Observations

Humidité (%) 17.3 21 21 Répondant aux

normes

Invertase (Unités/kg) 74.1

>50 Répondant aux

normes

HMF (mg/kg) 19.1 <80 <40 Répondant aux

normes

Acidité (pH) 3.65

<5 Répondant aux

normes

Fructose + glucose

(g/100 g)

70.7

>60 Répondant aux

normes

Saccharose (g/100 g) - <5 <5 Répondant aux

normes

Conductivité électrique

(mS/cm)

0.27

<0.8

Répondant aux

normes

Page 89: Miel

89

La comparaison met en évidence une conformité des caractéristiques qualitatives du

miel de marrube aux deux normes. Ce miel ne présente donc à cet égard aucune

contrainte qui pourrait entraver sa promotion.

Outre ces caractéristiques qualitatives mentionnées, le miel de marrube jouit d’une

réputation très favorable. En effet, ce miel est très apprécié par les consommateurs qui

sont, apparemment, prêts de payer cher ce type de miel même s’il présente un arrière

goût amer. Les croyances attribuent une qualité antidiabétique.

La lame de référence de grain de pollen de marrube est illustrée dans la photo 8.

Photo 8. Lame de référence de grain de pollen de marrube.

3. Démarche de qualité du miel de marrube

Comme il a été montré, le miel de marrube se caractérise par une bonne qualité

physico-chimique et une image, auprès des consommateurs, favorable. Il représente

également un produit typique de la zone d’Oueslatia, rarement issu d’une autre région.

Par ailleurs, les caractéristiques relatives au goût et à l’arôme lui confèrent une

spécificité particulière susceptible de le reconnaître aisément. La production de miel

reste cependant limitée car son aire géographique est restreinte. De plus, les

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90

apiculteurs font recours à la transhumance, notamment en années défavorables comme

c’était le cas de l’année dernière.

Tous ces éléments indiquent que le miel de marrube pourrait être produit sous un signe

de qualité car il répond parfaitement aux critères qu’impose un tel choix. Compte tenu

de ses qualités décrites précédemment, il nous semble que le signe d’Indication

(Indentification) géographique protégée (IGP) est le choix approprié qui répond le

mieux à ce type de miel. De plus, certains apiculteurs de la zone étudiée,

notamment celle de Djebel Serj, pratiquent une apiculture qui peut très facilement

convertie en mode biologique. D’ailleurs, le projet initié par l’OEP en collaboration

avec d’autres organismes (CTAB, DGPA, DG Forêts) est entrain d’étudier les

possibilités de conversion de certaines exploitations apicoles en mode

biologique dans diverses régions du pays dont notamment celles auxquelles

nous nous sommes intéressés dans cette étude.

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91

DEMARCHE DE MISE EN PLACE DES SIGNES

DE QUALITE (AOC et IP)

Page 92: Miel

92

DEMARCHE DE MISE EN PLACE DES SIGNES DE QUALITE (AOC et IP)

1. Contexte et opportunité

Les données présentées dans la troisième partie de ce rapport ont montré d’une

façon indéniable que le miel produit dans les 5 zones concernées par cette étude

répond aux critères d’une démarche de signe de qualité. Les signes de qualité qui ont

été retenus sont l’AOC (pour le miel d’Euclyptus Camldulensis et d’agrumes) et l’IP

(pour le miel de romarin, de thym et de marrube).

La mise en place de tels signes, dans chaque zone étudiée, a pour objectif principale,

rappelons le, de valoriser une notoriété régionale qui est, parfois, ancrée dans son

histoire. Cette démarche demande à tous les intervenants dans la filière (producteurs,

structures professionnelles, commerçants, administration, consommateurs..) de se

fédérer pour mettre en place un cahier de charges qui intègre l’origine, la pureté du

produit et sa traçabilité.

Il convient de souligner que le miel, plus que tout autre produit agricole et agro-

alimentaire, est un produit qui se prête le plus à une telle démarche qualitative. En

effet, le consommateur, tunisien et étranger, a toujours exprimé son besoin de

s’approvisionner en miel dont il connaît l’origine, la pureté et la qualité. Il est prêt

pour cela à payer plus cher un tel produit « connu » compte tenu des vertus

thérapeutiques du miel.

Cependant, l’examen des circuits actuels montre que les différents intervenants dans

cette filière ne sont pas organisés pour profiter de cette image favorable de ce produit. Il

est impératif donc d’initier un travail de fond, qui implique tous les opérateurs de la

filière, en vue de mettre en place des mécanismes institutionnels, organisationnels et

professionnels en vue de valoriser, à juste titre, le miel de chaque zone étudiée.

Notre proposition tient compte des efforts qui ont été déployés par certains

organismes (tels que l’OEP, l’ODESYPANO…) pour encadrer cette filière apicole

et promouvoir cette activité dans certaines régions du pays. Cette stratégie a

abouti, récemment, à la mise en place de structures (coopératives, groupements…) qui

ont grandement contribué d’une part à l’encadrement des apiculteurs et à leur

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93

organisation d’autre part. Il est cependant vrai qu’une telle démarche, qui est récente,

reste encore largement insuffisante pour assoire une démarche de qualité efficiente.

2. Schéma global de mise en place de la démarche

Dans le cas du miel, la démarche qualité doit impliquer les partenaires suivants :

· les apiculteurs qui sont actuellement partiellement sensibilisés à cette

démarche qualitative, doivent s’inscrire irréversiblement dans cette voie.

· les organismes d’encadrement technique (OEP, ODESYPANO, CRDA,

DGSA, AVFA, IRESA, APIA…) sont appelés, outre leurs missions

administratives, à continuer leurs efforts pour mettre à la disposition des

producteurs de nouvelles techniques qui visent à la fois l’augmentation de la

production et l’amélioration de sa qualité pour être répondre, à chaque instant,

aux normes du marché interne et externe

· Les organismes professionnels (coopératives agricoles, groupements de

développement, fédération nationale des apiculteurs…) dont le rôle est

actuellement reste limité même si on constate un regain d’intérêt à cet égard

de la part de certains opérateurs pour dynamiser ces structures.

· Les opérateurs commerciaux (opérateurs privés, détenteurs de marques,

sociétés de distribution, magasins grande surface…) qui doivent jouer un rôle

plus déterminant dans la promotion des échanges commerciaux (internes et

externes) du miel de qualité tunisien

· L’agence de défense des consommateurs qui doit informer ses adhérents

de la pertinence de la démarche qualité en plus de son rôle dans le contrôle

régulier de toute opération relative à la production de miel

3. Analyse critique de la situation actuelle de l’implication des partenaires

Par rapport aux différentes missions que doit accomplir chaque intervenant dans la

filière apicole, l’analyse de la situation actuelle décèle plusieurs anomalies qui peuvent

être succinctement résumées par les points suivants :

· Malgré un vrai potentiel économique et une importance sociale indéniable,

l’apiculture reste un secteur qui n’a pas, jusqu’à maintenant, bénéficié de l’intérêt

qu’elle mérite.

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94

· en dépit d’un nombre important d’institutions qui sont censées intervenir dans le

secteur, l’activité apicole en Tunisie se caractérise par un faible encadrement.

Seuls quelques organismes oeuvrent réellement pour promouvoir la production

(quantitative et qualitative) du miel

· Il en découle, une absence de stratégie, à moyen et long terme, ayant pour

objectifs le développement de ce secteur, notamment dans les régions

potentielles en quantité mais en qualité. L’approche « qualité » du miel n’est que

récemment initiée. Le rôle de quelques organismes, comme l’OEP,

l’ODESYPANO et l’APIA, dans la promotion de cette démarche est indéniable

· les organisations professionnelles sont peu nombreuses, par rapport à d’autres

secteurs économiquement et socialement moins importants, et peu efficaces

dans la mise en place de stratégie pour promouvoir aussi bien la production que

la qualité du miel pour qu’il soit valorisé à sa juste valeur.

· Le commerce du miel est assuré par une multitude d’opérateurs dont les objectifs

différent énormément. Ces circuits font intervenir les apiculteurs eux-mêmes, les

coopératives de services, les nombreux intermédiaires, les commerçants fixes et

ambulants et les grandes surfaces. Les prix de vente sont de ce fait très

aléatoires et ne répondent à aucune règle de qualité

· Le consommateur, tenté de chercher un miel de qualité, ne dispose pas d’outils

ni d’informations (étiquettes, signe, origine…) qui lui permettent de bien satisfaire

sa demande

Eu égard à ces lacunes, la mise en place de structures oeuvrant en synergie s’avère

nécessaire pour mettre en place les signes de qualité que nous avons proposés

antérieurement.

4. Nécessité d’un « Groupement Qualité de miel»

La mise en place d’une démarche qualité est à l’heure actuelle, nous l’avons

montré, difficile compte tenu de nombreuses contraintes auxquelles elle se heurte. Pour

permettre aux différents intervenants d’initier, dans de bonnes conditions, cette

démarche qualité, nous proposons de mettre en place d’abord, une instance qui a pour

objectif principal de mettre en œuvre et de gérer ensuite le signe de qualité proposé.

Cette instance doit nécessairement émaner des professionnels qui doivent jouer le

premier rôle pendant cette phase de mise en place. Elle peut dans un premier temps

impliquer des personnes, autres que les professionnels, pour bénéficier de leur

expérience dans le domaine de la qualité du miel. Cette instance peut être désignée

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95

sous le nom de « Groupement Qualité de miel ». Nous suggérons de mettre en place

deux groupements d e ce type :

· un « Groupement Qualité Miel AOC » qui s’occupera des deux types de miel

d’Eucalyptus Camaldulensis et d’agrumes dans les régions de Sejnane et du

Cap Bon respectivement

· un « Groupement Qualité Miel IP » qui s’occupera des trois autres signes de

miel à savoir celui de romarin (à Kasserine), Marrube (à Oueslatia) et de thym

(à Zaghouan)

Ces deux « Groupements Qualité » s’intéresseront, chacun, ainsi à des régions

géographiquement proches : Sejnane et Cap Bon d’une part (Nord) et Oueslatia,

Zaghouan et Kasserine (centre du pays) d’autre part. Les travaux, les rencontres et les

visites seront ainsi facilités par ce rapprochement territorial.

La constitution de ce groupement est importante. C’est pourquoi le choix des

membres qui le composeront est primordial. De toute évidence, les différentes fractions

qui interviennent dans la démarche doivent être représentées dans cette instance. Nous

proposons la composition suivante (pour les deux types de groupements) :

· les apiculteurs eux-mêmes, exclusivement ceux qui sont motivés par cette

démarche qualité. Leur part dans ce « Groupement Qualité » doit être

prépondérante en vue de garantir une réussite de cette première phase qui, sans

l’adhésion volontaire et massive de ces producteurs, serait inachevée

· les organismes professionnels qui, par le biais de leur implication dans le

développement, ont acquis une certaine expérience en matière de l’organisation

des filières. Ces organismes, rappelons le, comprennent des acteurs de diverses

spécialités

· les opérateurs commerciaux, notamment ceux qui possèdent une large

expérience dans la vente des produits de la ruche et ayant un potentiel de

promouvoir davantage les échanges commerciaux internes et avec l’étranger.

· L’adhésion, à ce « Groupement Qualité », de quelques personnes ressources

ayant une compétence dans ce domaine peut améliorer grandement l’efficacité

de travail dudit groupement et accélérer le processus de mise en place de cette

démarche qualité du miel tunisien.

Le nombre des membres et la représentativité de chaque groupe dans ce

« Groupement Qualité » peuvent être débattus dans une première réunion impliquant

tous les intervenants qui ont été énumérés précédemment. Mais, dores et déjà, nous

pouvons avancer les parts suivantes :

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96

· une part prépondérante octroyée aux apiculteurs, soit 50 % de l’ensemble des

membres

· 20 % pour les représentants des organismes professionnels. Le rôle de la

Fédération Nationale des Apiculteurs est de premier ordre durant cette phase

initiale. Elle doit fédérer toutes les autres structures oeuvrant dans ce

domaine pour s’assurer de leur implication totale dans cette démarche

· 25 % pour les opérateurs commerciaux

· 5 % pour les personnes ressources ayant une expérience dans ce domaine

Le choix des différents membres de ce groupement est important car il affecterait

grandement l’efficience de travail par la suite. Les critères de choix les plus

importants doivent être la motivation et l’a volonté de faire réussir cette démarche

en s’y impliquant totalement.

5. Prérogatives du « Groupement Qualité

Plusieurs missions peuvent être attribuées à ce groupement lors de la mise en place

de la démarche qualité. Comme nous l’avons mentionné auparavant, il sera chargé de

la mise en œuvre et la gestion de chaque type de signe proposé. Pour ce faire, le

« Groupement Qualité » est appelé à agir autour de trois principaux axes de la

démarche :

· Eclaircir, aux différents intervenants, les concepts de la qualité du miel ainsi que

leur impact sur la valorisation de leur produit. Elle proposerait ensuite un cahier

de charges qui régit la production (appellation, aire géographique, mode de

production, savoir faire des apiculteurs, période …), d’extraction et de

conditionnement. Ce cahier de charges comprend aussi les caractéristiques

physico-chimiques du miel considéré dans chaque zone de production. D’autres

informations, non moins importantes, doivent figurer dans ce cahier de charges

· Préciser les outils qui permettent de suivre la mise en place de cette démarche

(organisations des interventions, l’élaboration d’un plan d’actions, la

responsabilité des différents membres, timing, évaluation des actions…)

· Mettre en place une stratégie pour sensibiliser tous les maillons de la filière,

notamment les consommateurs, de l’intérêt de la démarche initiée et de son

impact sue le développement de la filière. Ces actions visent la promotion de

l’appellation via de nombreux outils comme l’animation, la télévision, les journées

d’information…

Page 97: Miel

97

6. Conditions requises pour la réussite du « Groupement Qualité

Il est évident que les rôles joués par ledit groupement sont primordiaux durant la

mise en place de la démarche qualité. Il va de soi que certaines précautions doivent

être prises au préalable pour doter cette instance des moyens humains et matériels lui

permettant de jouer pleinement les missions que nous avons décrites dans le

paragraphe 5. Ces conditions sont de différentes natures et s’articulent autour de la

formation des apiculteurs et des différents autres partenaires, le recrutement des

compétences, le renforcement des laboratoires d’analyses du miel, la mise en

place des compétences nationales en matière d’analyses sensorielles, l’appui

institutionnel et financier.

En ce qui concerne le premier point (la formation), et contrairement aux autres

spéculations animales, les compétences nationales en matière de production apicole, et

encore en termes de qualité, sont peu nombreuses. Il est indispensable de commencer

des sessions de formation au profit des apiculteurs, désirant intégrer cette démarche

mais n’ayant pas une formation dans ce domaine. Les sessions de formation doivent

être réalisées dans chaque zone dans les lieux de production pour motiver davantage

les apiculteurs en tenant compte des propres conditions des producteurs. En effet, la

mise en place d’un signe de qualité est très exigent à plusieurs niveaux. Des

spécialistes matières nationaux et/ou internationaux seront chargés de cette formation.

Toutes les étapes de la démarche nécessitent une organisation infaillible pour

réaliser toutes les actions à temps. C’est la raison pour laquelle, le recrutement d’une

personne est indispensable pour assurer le bon déroulement de la mise en place. Le

profil de cette personne doit répondre parfaitement aux exigences des tâches qu’elle a à

réaliser durant cette période. Certains diplômés des instituts et écoles supérieurs

agronomiques ont acquis une telle démarche en s’intéressant dans le cadre de leurs

Projets de Fin d’Etudes (PFE) à cette thématique. Ils peuvent constituer un noyau à

partir duquel, ce recrutement sera effectué. Il ne faut pas exclure les autres possibilités

de recrutement.

La démarche qualité envisagée ne peut pas être réellement mise en place

sans que les capacités d’analyses des échantillons de miel ne soient renforcées.

A l’heure actuelle, seul l’Institut National de Nutrition (INN) est habilité à faire ces

analyses. Or, il n’est pas doté de moyens pour pouvoir effectuer toutes les analyses

nécessaires, même si ses moyens s’améliorent. Par ailleurs, le Centre de

Développement du secteur apicole de Mraissa (OEP) est doté de moyens plus

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98

performants qui permettent de réaliser les analyses actuellement exigées par les

normes nationales et internationales. Il est nécessaire de profiter de ces capacités

d’analyses, et de les renforces par des équipements plus performants en vue de réaliser

les analyses rapidement et en série. Il est à rappeler à cet égard que les méthodes

d’analyses sont très régulièrement révisées dans le but de les rendre encore plus

fiables et plus sensibles aux fraudes. Un autre point très important relatif aux analyses

et qui mérite d’être soulevé. Il concerne le coût des analyses de la qualité du miel qui

reste encore très élevé. Ceci est principalement dû aux prix très élevés des produits

utilisés dans les analyses. A ce coût d’analyses s’ajoutent les frais de transport des

échantillons. Les apiculteurs, dans leur majorité, ne peuvent pas supporter de telles

charges. Deux solutions peuvent être préconisées pour atténuer ces charges pour les

apiculteurs. La première consiste à réaliser, pour les analyses qui se prêtent, en série

pour diminuer les frais d’analyses. La seconde consiste à appuyer (subvention) une part

de ces analyses uniquement dans un premier temps pour accompagner les apiculteurs

au début de cette démarche. La perception des valeurs ajoutées de la qualité

permettrait aux apiculteurs de supporter ces frais d’analyses. Enfin, les analyses des

grains de pollen des différentes ressources mellifères, travail qui est initié dans ledit

centre, doit être davantage affiné pour pouvoir renforcer les capacités de

reconnaissance de l’origine du miel..

La reconnaissance des caractéristiques qualitatives du miel fait appel, certes aux

différentes analyses que nous avons décrites, mais aussi sur les qualités sensorielles

qui jouent un rôle de grande importance. Malheureusement, dans le cas du miel, les

personnes spécialisées dans ces types d’analyses ne sont pas nombreuses. Il est

important, pour donner plus de valeur aux miels étudiés, de commencer des sessions

de formation dans ce sens pour former des gens capables de différencier parfaitement

les miels en se basant sur ces critères. Bien évidemment, en aucun cas, ces analyses

sensorielles ne seront utilisées comme critères de base pour l’étude de la qualité du

miel, mais elles seront un moyen supplémentaire pour mieux asseoir la démarche

qualité.

Enfin, comme dans le cas des autres produits agricoles et agro-alimentaires, la

démarche qualité est coûteuse (recrutement, analyses, sessions de formation…). De

plus, et pour ne pas priver les petits apiculteurs de cette démarche faute de moyens

financiers, il est souhaitable qu’un appui financier soit, au début, apporté pour permettre

à une grande majorité des producteurs d’intégrer cette démarche. L’appui financier peut

être de différentes natures. Il peut concerner la contribution aux différentes analyses,

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99

comme nous l’avons suggéré précédemment. Il est aussi possible de les prendre en

charges lors des sessions de formation ou durant les autres manifestations.

Enfin, la mise en place de cette démarche qualité fait recours à un tissu

institutionnel performant qui doit œuvrer en étroite collaboration avec la profession.

L’OEP, qui dispose de compétences en la matière mais aussi une représentativité dans

les 5 régions étudiées, l’ODESYPANO, qui a acquis une expérience, sont les deux

organismes qui sont actuellement capables de jouer ce rôle important. Ces deux

organismes doivent, en même temps, impliquer les autres institutions dans la démarche

pour mieux encadrer les apiculteurs. La Direction Générale de la Santé Animale a un

rôle non moins important dans cette démarche qualité. Les textes réglementaires, qui

régissent la qualité du miel, doivent être réactualisés régulièrement à chaque fois que

cela est nécessaire pour tenir compte de l’évolution des exigences du marché interne et

des normes étrangères.

7. Etapes de la mise en place de la démarche qualité

Le tableau 21 présente une suggestion des différentes étapes qui peuvent être

préconisées pour mettre en place cette démarche qualité pour chaque type de miel

étudié.

Tableau 21. Etapes de mise en place de signes de qualité pour le miel produit

dans les 5 régions étudiées

Etape

Organismes responsables

Actions

1. Mise en place

du Groupement Qualité

Partenaires de la filière

(apiculteurs, organisations

professionnelles,

commerçants…)

· Mise en place, choix des

membres, représentativité des

partenaires

2. Mise en place de plan

d’actions

Groupement Qualité

· Définir les actions à réaliser,

· établir un programme avec timing,

· responsabiliser les partenaires

pour les différentes actions à

mettre en œuvre

· Montage juridique des différents

signes de qualité proposés

· Recruter les compétences requises

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3. Choix des noms des

différents signes

Groupement Qualité

· Proposer des noms tirant leur

originalité des zones, ou des

ressources mellifères

prépondérantes (ou associant les

deux) Dépôt des signes

4. Diffusion des noms &

formation des apiculteurs et

différents partenaires

Groupement Qualité

Tous les partenaires

· Réunir les partenaires

· Décrire les signes

· Adopter des noms proposés par

les intervenants

· Former les apiculteurs et autre

spartenaires

5. Echange d’expériences

avec l’étranger

Groupement qualité

& responsables

techniques (FNA)

· Prendre connaissance des

expériences étrangères (AOC miel

Corses, ou Portugal, Espagne

6. Elaboration du cahier de

charge relatif à chaque

signe

Groupement Qualité

· Désigner une personne compétente

· Elaborer ensemble les différentes parties de ce cahier de charges

· Rédiger le cahier de charges · Discuter le rapport

7. Mise en marché de l’offre

Groupement Qualité

· Informer les partenaires

· Diffuser les informations

8. Organisation des

partenaires

Groupement Qualité &

organisations

professionnelles (FNA)

· Sensibiliser les partenaires

· Mettre en place les outils

nécessaires

· Proposer un schéma à suivre

9. Promotion des signes de

qualité

Groupement Qualité &

FNA & commerçants &

apiculteurs avisés

· Faire des journées de

sensibilisation (magasin de grande

surface, télévision, radio, journaux,

liens avec les autres organisations

(médecine, environnement,

femmes…)

10. Assistance technique à

l’initiative de mise en

marche des signes de

qualité

Groupement Qualité &

différents partenaires

· Présenter les capacités

développées à cet égard dans

d’autres pays

· Echanger les expériences

11. Mise en place des

systèmes de contrôle de la

démarche qualité

Organisations

professionnelles (FNA &

GDA) Groupement Qualité

· Définir les paramètres et les étapes

de contrôle

· Mettre à la disposition des

compétences

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101

LES ANNEXES

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ANNEXE. 1

DECRET DU 30 JANVIER 1998 RELATIF A L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE « MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA »

LE PREMIER MINISTRE,

SUR LE RAPPORT DU MINISTRE DE L'ECONOMIE, DES FINANCES ET DE

L'INDUSTRIE ET DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE,

VU LE REGLEMENT (CEE) NO 2081/92 DU CONSEIL DU 14 JUILLET 1992 RELATIF A

LA PROTECTION DES INDICATIONS GEOGRAPHIQUES ET DES APPELLATIONS

D'ORIGINE DES PRODUITS AGRICOLES ET DES DENREES ALIMENTAIRES ;

VU LE CODE DE LA CONSOMMATION, ET NOTAMMENT SES ARTICLES L. 115-6 ET L.

115-20 ;

VU LE DECRET NO 91-368 DU 15 AVRIL 1991 PORTANT ORGANISATION ET

FONCTIONNEMENT DE L'INSTITUT NATIONAL DES APPELLATIONS D'ORIGINE ;

VU LES DELIBERATIONS DU COMITE NATIONAL DES PRODUITS

AGROALIMENTAIRES DE L'INSTITUT NATIONAL DES APPELLATIONS D'ORIGINE EN

DATE DU 21 OCTOBRE 1997,

DECRETE :

ART. 1ER. - SEULS ONT DROIT A L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE « MIEL DE

CORSE - MELE DI CORSICA » LES MIELS QUI REPONDENT AUX DISPOSITIONS DU

PRESENT DECRET.

ART. 2. - LE MIEL DOIT ETRE EXCLUSIVEMENT RECOLTE ET DECANTE EN REGION

CORSE (DEPARTEMENTS DE LA HAUTE-CORSE ET DE LA CORSE-DU-SUD).

ART. 3. - LES MIELS DOIVENT PROVENIR DE NECTARS ET (OU) MIELLATS BUTINES

PAR LES ABEILLES APIS MELLIFERA MELLIFERA L. ECOTYPE CORSE SUR LES

ASSOCIATIONS VEGETALES SPONTANEES ET NATURELLES DE LA CORSE. A

L'EXCEPTION DES PLANTATIONS D'AGRUMES, SONT EXCLUS TOUS LES MIELS

ISSUS D'ESPECES CULTIVEES (NOTAMMENT LES MIELS DE COLZA, DE TOURNESOL,

DE SAINFOIN D'ESPAGNE, DE SARRASIN, DE SAINFOIN).

ART. 4. - LA GAMME VARIETALE DE L'APPELLATION CORRESPOND A LA

SUCCESSION DES PRODUCTIONS APICOLES INSULAIRES QUI S'ECHELONNENT

TOUT AU LONG DE L'ANNEE ET PORTENT LES DENOMINATIONS SUIVANTES :

PRINTEMPS ;

MAQUIS DE PRINTEMPS ;

MIELLATS DU MAQUIS ;

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103

CHATAIGNERAIE ;

MAQUIS D'ETE ;

MAQUIS D'AUTOMNE.

LA GAMME VARIETALE EST DEFINIE DANS LE REGLEMENT TECHNIQUE DE

L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE « MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA »,

PREVU A L'ARTICLE 10 DU PRESENT DECRET.

ART. 5. - LES RUCHES DOIVENT ETRE INSTALLEES, ORGANISEES ET ENTRETENUES

SELON LES USAGES LOCAUX, LOYAUX ET CONSTANTS.

ELLES DOIVENT ETRE MAINTENUES EN BON ETAT ET LES CIRES RENOUVELEES

REGULIEREMENT. LA CIRE UTILISEE POUR LES CADRES EST DE LA CIRE PURE

D'ABEILLES. L'ENFUMAGE DES RUCHES SE FAIT AVEC DES COMBUSTIBLES

NATURELS (AIGUILLES DE PINS, FEUILLES D'EUCALYPTUS, ROMARIN, ETC.). LES

REPULSIFS CHIMIQUES SONT INTERDITS.

LES PERIODES DE RECOLTE ONT LIEU TOUTE L'ANNEE. LA RECOLTE DOIT SE FAIRE

SUR DES RAYONS PARFAITEMENT OPERCULES. LE MIEL DOIT AVOIR UNE BONNE

MATURITE POUR PROCEDER A LA RECOLTE. LES CADRES RECOLTES SONT

EXEMPTS DE COUVAIN.

L'EXTRACTION DOIT SE FAIRE PAR CENTRIFUGATION A FROID. LA FILTRATION ET LA

DECANTATION SONT OBLIGATOIRES. POUR LA FILTRATION, LES MAILLES DU FILTRE

DOIVENT ETRE PERMEABLES AUX ELEMENTS FIGURES DU MIEL SELON LA NORME

EN VIGUEUR. LA REFONTE DU MIEL EST AUTORISEE UNE SEULE FOIS. LA PRATIQUE

DE LA CRISTALLISATION DIRIGEE EST AUTORISEE ET DOIT ETRE REALISEE

CONFORMEMENT AUX BONNES PRATIQUES APICOLES. LA PASTEURISATION EST

INTERDITE.

ART. 6. - LE MIEL DOIT REPONDRE AUX CARACTERISTIQUES SUIVANTES :

- SPECTRE POLLINIQUE CONFORME A L'ORIGINE CORSE ;

- TENEUR EN EAU INFERIEURE OU EGALE A 18 % ;

- TENEUR EN HYDROXY-METHYL-FURFURAL (HMF) INFERIEURE OU EGALE A 10

MG/KG AU CONDITIONNEMENT.

TOUTEFOIS, APRES AVIS DE LA COMMISSION « AGREMENT PRODUIT » PREVU PAR

LE DECRET RELATIF A L'AGREMENT DE L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE «

MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA », LES SERVICES DE L'INSTITUT NATIONAL DES

APPELLATIONS D'ORIGINE PEUVENT AUTORISER POUR LES MIELS DE

CHATAIGNERAIE ET MIELLEES TARDIVES DE MAQUIS D'AUTOMNE DES TENEURS EN

EAU ALLANT JUSQU'A 19 %, AINSI QUE POUR LES MIELS DE MAQUIS DE PRINTEMPS

A BASE DE BRUYERE (ERICA ARBOREA) UNE TENEUR EN HMF DE 12 MG/KG AU

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104

CONDITIONNEMENT.

ODEURS, AROMES ET SAVEURS PEUVENT ETRE DIFFERENTS COMPTE TENU DE LA

DIVERSITE DE LA GAMME VARIETALE ; LES MIELS DOIVENT ETRE EXEMPTS

D'ODEURS, AROMES OU GOUTS ETRANGERS.

ART. 7. - POUR AVOIR DROIT A L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE « MIEL DE

CORSE - MELE DI CORSICA », TOUT OPERATEUR INTERVENANT DANS LES

CONDITIONS DE PRODUCTION DU MIEL DOIT RESPECTER LES REGLES FIXEES PAR

LE DECRET RELATIF A L'AGREMENT DES MIELS BENEFICIANT DE L'AOC « MIEL DE

CORSE - MELE DI CORSICA » PRIS EN APPLICATION DES ARTICLES L. 115-6 ET L.

115-20 DU CODE DE LA CONSOMMATION.

ART. 8. - OUTRE LES MENTIONS OBLIGATOIRES PREVUES PAR LES ARTICLES R.

112-1 A R. 112-32 DU CODE DE LA CONSOMMATION, L'ETIQUETAGE DE MIELS

BENEFICIANT DE L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE « MIEL DE CORSE - MELE

DI CORSICA » COMPORTE :

- LA MENTION « MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA » ;

- LA MENTION « APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE » OU « AOC ».

LA MENTION « MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA » DOIT AVOIR DES CARACTERES

DE DIMENSION AU MOINS EGALE A LA MOITIE DES CARACTERES LES PLUS GRANDS

FIGURANT SUR L'ETIQUETTE, ELLE DOIT ETRE IMMEDIATEMENT PRECEDEE OU

SUIVIE DE LA MENTION « APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE » OU « AOC », SANS

AUCUNE MENTION INTERMEDIAIRE.

CES MENTIONS SONT PRESENTEES EN CARACTERES APPARENTS, LISIBLES ET

INDELEBILES. ELLES SONT REGROUPEES DANS LE MEME CHAMP VISUEL DANS

LEQUEL PEUVENT EGALEMENT FIGURER, EN CARACTERES SECONDAIRES, LES

MENTIONS FAISANT REFERENCE A LA GAMME VARIETALE TELLES QUE DEFINIES A

L'ARTICLE 4.

UNE INDICATION AYANT TRAIT A L'ORIGINE FLORALE OU VEGETALE N'EST

AUTORISEE QU'EN COMPLEMENT DE LA GAMME VARIETALE, SI LE PRODUIT

PROVIENT DE FAÇON PREPONDERANTE DE L'ORIGINE INDIQUEE.

ART. 9. - L'EMPLOI DE TOUTE INDICATION OU DE TOUT SIGNE SUSCEPTIBLE DE

FAIRE CROIRE A L'ACHETEUR QU'UN MIEL A DROIT A L'APPELLATION D'ORIGINE

CONTROLEE « MIEL DE CORSE - MEL DI CORSICA », ALORS QU'IL NE REPOND PAS A

TOUTES LES CONDITIONS FIXEES PAR LE PRESENT DECRET, SERA POURSUIVI

CONFORMEMENT A LA LEGISLATION GENERALE SUR LA REPRESSION DES

FRAUDES ET LA PROTECTION DES APPELLATIONS D'ORIGINE.

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105

ART. 10. - UN REGLEMENT TECHNIQUE DE L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE

« MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA » PRECISE LES MODALITES DE DETAIL

RELATIVES AUX DIFFERENTES OBLIGATIONS PREVUES AU PRESENT DECRET.

CE REGLEMENT TECHNIQUE EST HOMOLOGUE PAR ARRETE DES MINISTRES

CHARGES RESPECTIVEMENT DE LA CONSOMMATION ET DE L'AGRICULTURE, SUR

PROPOSITION DU COMITE NATIONAL DES PRODUITS AGROALIMENTAIRES DE

L'INSTITUT NATIONAL DES APPELLATIONS D'ORIGINE.

ART. 11. - LE MINISTRE DE L'ECONOMIE, DES FINANCES ET DE L'INDUSTRIE, LE

MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE ET LA SECRETAIRE D'ETAT AUX

PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES, AU COMMERCE ET A L'ARTISANAT SONT

CHARGES, CHACUN EN CE QUI LE CONCERNE, DE L'EXECUTION DU PRESENT

DECRET, QUI SERA PUBLIE AU JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE.

FAIT A PARIS, LE 30 JANVIER 1998.

LIONEL JOSPIN

PAR LE PREMIER MINISTRE :

LE MINISTRE DE L'ECONOMIE,DES FINANCES ET DE L'INDUSTRIE,

DOMINIQUE STRAUSS-KAHN

LE MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE,

LOUIS LE PENSEC

LA SECRETAIRE D'ETAT

AUX PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES, AU COMMERCE ET A L'ARTISANAT,

MARYLISE LEBRANCHU

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ANNEXE .2.

ARRETE DU 20 MAI 1998 RELATIF A L'AGREMENT DES MIELS BENEFICIANT DE L'APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE

« MIEL DE CORSE - MELE DI CORSICA »

Le ministre de l'agriculture et de la pêche et la secrétaire d'Etat aux petites et moyennes

entreprises, au commerce et à l'artisanat,

Vu le règlement (CEE) no 2081/92 du Conseil du 14 juillet 1992 relatif à la protection

des indications géographiques et des appellations d'origine des produits agricoles et

des denrées alimentaires ;

Vu le code de la consommation, et notamment ses articles L. 115-6 et L. 115-20 ;

Vu le décret no 91-368 du 15 avril 1991 portant organisation et fonctionnement de

l'Institut national es appellations d'origine ;

Vu le décret du 30 janvier 1998 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Miel de Corse

- Mele di Corsica » ;

Vu le décret du 30 janvier 1998 relatif à l'agrément des miels bénéficiant de

l'appellation d'origine contrôlée « Miel de Corse - Mele di Corsica » ;

Vu la proposition du comité national des produits agroalimentaires de l'Institut national

des appellations d'origine en date du 21 octobre 1997, Arrêtent :

Art. 1er. - Les différentes déclarations prévues à l'article 1er du décret du 30 janvier

1998 susvisé relatif à l'agrément des miels bénéficiant de l'appellation d'origine

contrôlée « Miel de Corse - Mele di Corsica » doivent être effectuées sur des imprimés

établis suivant les modèles agréés par l'Institut national des appellations d'origine.

Art. 2.- La déclaration d'aptitude comporte notamment les éléments suivants :

L'identification de l'opérateur (nom, prénom, adresse, raison sociale) ;

L'adresse de la miellerie ;

Le numéro d'agrément sanitaire délivré par la direction des services vétérinaires.

Le syndicat de défense de l'appellation en est tenu informé selon les modalités de la

convention prévues à l'article 3 du décret du 30 janvier 1998 susvisé relatif à l'agrément

des miels bénéficiant de l'appellation d'origine contrôlée « Miel de Corse - Mele di

Corsica ».

Art. 3. - La déclaration annuelle de production et de stocks concernant la campagne

précédente qui se déroule du 1er avril au 31 mars doit être adressée aux services de

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l'Institut national des appellations d'origine au plus tard le 15 avril de chaque année.

Cette déclaration comporte notamment :

Le nombre de ruches ;

La production totale de miels de l'exploitation ;

La production totale de miels de l'exploitation revendiquée en appellation et leur

répartition en fonction de la gamme variétale.

Art. 4. - Pour les récoltants, le registre d'entrées et de sorties comporte, en ce qui

concerne les entrées, la date de récolte et le volume des lots. Un lot correspond au

volume de miel récolté par l'apiculteur et qui constitue un tout homogène.

Il comporte, en ce qui concerne les sorties, le volume des productions par gamme

variétale ainsi que la date d'enlèvement. En cas de commercialisation en vrac, devront

en outre figurer le nom et l'adresse des acheteurs.

Le registre d'entrées et de sorties de tout autre opérateur intervenant dans les

conditions de production de l'appellation « Miel de Corse - Mele di Corsica » doit

permettre un suivi du produit d'appellation et comporter le nom et l'adresse des

différents intervenants (producteur, acheteur, revendeur, tout opérateur) ; la date

d'enlèvement et les volumes de miel sont détaillés selon la gamme variétale.

Art. 5. - Le syndicat de défense de l'appellation propose une commission

« agrément conditions de production » composée exclusivement de producteurs d'AOC

nommés par le comité national des produits agroalimentaires de l'Institut national des

appellations d'origine.

Peuvent être associés à cette commission des membres de l'administration à titre

d'experts.

La convention prévue à l'article 3 du décret du 30 janvier 1998 susvisé relatif à

l'agrément du « Miel de Corse - Mele di Corsica » fixe les modalités de fonctionnement

de cette commission, dont le secrétariat est assuré par l'Institut national des

appellations d'origine. Cette convention est consultable dans les locaux de l'Institut

national des appellations d'origine ou au siège du syndicat de défense de l'appellation.

Art. 6. - L'invalidation de la déclaration d'aptitude prévue à l'article 3 du décret du 30

janvier 1998 susvisé relatif à l'agrément du « Miel de Corse - Mele di Corsica » est

prononcée par les services de l'Institut national des appellations d'origine, après avis de

la commission « agrément conditions de production » selon des modalités fixées par la

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convention précitée. L'opérateur concerné en est avisé par lettre recommandée avec

accusé de réception, dont une copie est adressée au syndicat de défense de

l'appellation.

Afin de retrouver la capacité de commercialiser sous le nom de l'appellation

d'origine contrôlée considérée, l'apiculteur concerné doit présenter un plan de

redressement qualitatif qui doit être approuvé par le responsable du centre de l'Institut

national des appellations d'origine après avis de la commission « agrément conditions

de production ».

Avant d'adresser une nouvelle déclaration d'aptitude aux services de l'institut, il doit

apporter la preuve que les conditions de production de l'appellation sont respectées.

Art. 7. - Les prélèvements nécessaires aux analyses physico-chimiques,

polliniques et sensorielles prévues à l'article 4 du décret du 30 janvier 1998 susvisé

relatif à l'agrément des miels bénéficiant de l'appellation d'origine contrôlée « Miel de

Corse - Mele di Corsica » sont effectués par des agents de l'Institut national des

appellations d'origine ou des agents agréés par cet institut.

L'anonymat est assuré par les services de l'Institut national des appellations d'origine.

En tant que de besoin, les modalités de prélèvements sont précisées dans le règlement

Agrément produit prévu à l'article 10 du présent arrêté.

Art. 8. - Une analyse physico-chimique du miel contrôle le respect des critères

de l'appellation définis dans le décret du 30 janvier 1998 susvisé relatif à l'appellation

d'origine contrôlée « Miel de Corse - Mele di Corsica ».

Une analyse pollinique certifie l'origine du produit et l'adéquation avec la gamme

variétale revendiquée.

Art. 9. - L'examen organoleptique est effectué par une commission « agrément produit

», proposée par le syndicat de défense de l'appellation, nommée par le Comité national

des produits agroalimentaires de l'institut.

La commission est composée d'un minimum de trois personnes.

La commission doit toujours être composée d'un nombre impair de dégustateurs.

Cette commission vérifie les qualités organoleptiques des miels et l'adéquation à la

gamme variétale revendiquée par l'opérateur.

La dégustation porte sur l'aspect, l'odeur et la saveur des miels. Les échantillons sont

évalués à part et individuellement, selon une grille d'appréciation établie par l'organisme

agréé et approuvée par l'Institut national des appellations d'origine.

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Les décisions de la commission « agrément produit » font suite à une synthèse des

différentes analyses physico-chimiques, polliniques et sensorielles et peuvent être de

deux ordres :

- conforme ;

- non conforme.

Dans le cas de non-conformité du produit, la commission prononce un avertissement

accompagné d'un déclassement du lot concerné.

Les décisions motivées de la commission ainsi que les résultats des analyses sont

notifiés aux intéressés par les services de l'institut.

L'invalidation de la déclaration d'aptitude et prononcée par les services de l'Institut

national des appellations d'origine après trois avertissements intervenus pendant la

même campagne.

L'opérateur retrouve la capacité de commercialiser sous le nom de l'appellation dans les

conditions prévues à l'article 6 du présent arrêté.

Art. 10. - Un règlement agrément produit fixe notamment :

Les règles relatives aux méthodes d'analyses ;

Les critères polliniques, physico-chimiques ;

Les règles relatives au fonctionnement de la commission « agrément produit »

L'organisation des procédures de sanctions.

Art. 11. - Le directeur général de la concurrence, de la consommation et de la

répression des fraudes au ministère de l'économie, des finances et de l'industrie et le

directeur de la production et des échanges au ministère de l'agriculture et de la pêche

sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui sera

publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 20 mai 1998.

Le ministre de l'agriculture et de la pêche,

Pour le ministre et par délégation :

Le directeur de la production et des échanges,

R. Toussain

La secrétaire d'Etat

aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat,

Pour la secrétaire d'Etat et par délégation :

Le directeur général de la concurrence, de la consommation et de la répression des

fraudes,

J. Gallot

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Annexe .3.

Loi Tunisienne n° 99—57 du 28 juin 1999, Relative aux appellations d’origine contrôlée et

Aux indications de provenance des produits agricoles Chapitre premier Dispositions générales et définitions 1er. La présente loi vise la protection des particularités et des spécificités des produits

agricoles et leur valorisation en leur octroyant une appellation d’origine contrôlée et une

indication de provenance. Elle s’applique aux produits agricoles et alimentaires naturels

ou transformés, qu’ils soient végétaux ou animaux et répondant aux conditions fixées

par la présente loi

2. L’appellation d’origine contrôlée est le nom du pays, d’une région naturelle ou parties

de régions d’où provient tout produit et qui puise sa valeur et ses particularités par

référence à son environnement géographique constitué d’éléments naturels et humains.

Les éléments naturels comprennent d’une façon générale le milieu géographique de

provenance du produit avec ses particularités se rapportant au sol, à l’eau, à la

couverture végétale et au climat

Les éléments humains comprennent notamment les méthodes de production,

fabrication ou de transformation et les techniques spécifiques acquises par les

producteurs ou les fabricants dans la région concernée.

Les méthodes de production doivent découler de traditions locales anciennes,

stables et notoires

3. L’indication de provenance désigne le nom du pays, d’une région naturelle ou parties

de régions dont le produit tire sa particularité et sa renommée et où il est produit,

transformé ou fabriqué.

4. L’autorité compétente désigne les services de la production agricole et animale

Relevant du ministère de l’agriculture.

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Chapitre II

De la délimitation des appellations d’origine contrôlée et des indications de

provenance

5. La délimitation du pays, des régions et des parties de régions conférant l’octroi d’une

appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance aux produits qui en

sont originaires est effectuée par arrêté du ministre chargé de l’agriculture.

L’arrêté fixe particulièrement l’aire géographique de production et ses méthodes.

Il fixe également la nature du produit et les caractéristiques qu’il doit comporter pour

bénéficier de l’appellation d’origine contrôlée ou de l’indication de provenance

6. La délimitation est effectuée sur demande du ou des producteurs concernés ou des organismes dont ils dépendent et après avis de la commission technique consultative des appellations d’origine contrôlée et des indications de provenance prévue à l’article 7 de la présente loi. 7. Il est créé une commission technique consultative des appellations d’origine contrôlée

et des indications de provenance chargée du suivi de ces appellations et indications.

Elle est appelée notamment à :

– examiner les demandes de délimitation du pays, des régions ou parties de régions

susceptibles de conférer une appellation d’origine contrôlée ou une indication de

provenance et de leur utilisation.

– avancer les propositions susceptibles de valoriser les produits agricoles par la

sauvegarde de leurs particularités.

– émettre l’avis sur la création des aires des appellations d’origine contrôlée et des

indications de provenance.

– émettre l’avis sur la désignation des organismes de contrôle et de certification prévues

à l’article 23 de la présente loi.

La composition de la commission technique consultative et les modalités de son

fonctionnement sont fixées par décret sur proposition du ministre chargé de l’agriculture.

Ses membres sont désignés par décision du ministre chargé de l’agriculture.

8. L’autorité compétente doit émettre son avis sur la demande de délimitation d’une

appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance dans un délai de six

mois à compter de la date de sa réception.

Passé ce délai, son silence vaut acceptation du principe de délimitation de l’aire de

l’appellation ou de l’indication demandées. Le refus doit être motivé.

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Chapitre III Du bénéfice des appellations d’origine contrôlée et des indications de provenance 9. Dès la parution de l’arrêté prévu à l’article 5 de la présente loi, chaque producteur,

transformateur ou fabricant d’un produit exerçant son activité dans l’aire géographique

de l’appellation d’origine contrôlée ou de l’indication de provenance et désirant

bénéficier de cette appellation ou indication doit se soumettre aux conditions de

production, de transformation et de fabrication fixées par le cahier des charges prévu à

l’article 10 de la présente loi.

10. Nul producteur, transformateur ou fabricant ne peut bénéficier d’une appellation

d’origine contrôlée ou d’une indication géographique que s’il remplit les conditions fixées

par un cahier des charges type approuvé par arrêté du ministre chargé de l’agriculture.

Ce cahier des charges type doit comprendre les éléments suivants :

– le nom du produit provenant de l’aire de l’appellation d’origine contrôlée ou de

l’indication de provenance.

– la définition du produit avec indication de ses matières premières et ses principales

caractéristiques naturelles, chimiques, microbiologiques et organoleptiques.

– la délimitation de son aire de production.

– les éléments prouvant la provenance du produit de l’aire de l’appellation d’origine

contrôlée ou de l’indication de provenance.

– la description de la méthode de production, de transformation ou de fabrication du

produit et notamment les méthodes et traditions locales adoptées dans le domaine le

cas échéant.

– la possibilité de fixer des quantités annuelles pour certains produits bénéficiant d’une

appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance.

11. Le bénéfice d’une appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance

est subordonné à la présentation d’une demande, à cet effet, au ministre chargé de

l’agriculture comprenant notamment le cahier des charges prévu à l’article 10 de la

présente loi dûment signé par le demandeur ou son représentant légal.

12. Le ministre chargé de l’agriculture soumet la demande visée à l’article 11 de la

présente loi à l’avis de la commission technique consultative des appellations d’origine

contrôlée et des indications de provenance. Cette commission procède à :

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– la vérification de la conformité des informations contenues dans le cahier des charges

présenté à celles contenues dans le cahier des charges type.

– la vérification de l’application de toutes les conditions relatives à l’appellation d’origine

contrôlée ou à l’indication de provenance au produit concerné.

13. Le ministre chargé de l’agriculture publie un avis relatif à ladite demande au journal

officiel de la République Tunisienne dans le cas où le rapport de la commission est

concluant.

Cet avis comprend le nom du demandeur et son adresse, le nom du produit, son aire de

provenance et les méthodes de sa production, transformation ou fabrication.

14. En cas de non opposition à l’avis prévu à l’article 13 de la présente loi dans un délai

de 6 mois à partir de sa publication, le ministre chargé de l’agriculture attribue le

bénéfice de l’appellation d’origine contrôlée ou l’indication de provenance au produit

objet de la demande et ordonne l’enregistrement au registre officiel des appellations

d’origine contrôlée et des indications de provenance.

La forme du registre et les modalités d’inscription sont fixées par décret sur proposition

du ministre chargé de l’agriculture.

15. Le ministre chargé de l’agriculture publie les appellations d’origine contrôlée et les

indications de provenance au journal officiel de la République Tunisienne.

Chapitre IV

De la protection des produits bénéficiant d’une appellation d’origine contrôlée ou

d’une indication de provenance

16. Est interdit, à partir de la date d’acceptation de l’appellation d’origine contrôlée ou de

l’indication de provenance :

– l’usage commercial de cette appellation ou indication sur tout produit similaire

provenant du dehors de l’aire géographique de l’appellation ou l’indication de

provenance.

– l’imitation de l’appellation ou de l’indication et la référence à elles-mêmes dans le cas

où il est indiqué que le produit concerné n’appartient pas à l’aire géographique de

l’appellation et de l’indication.

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– la référence à l’appellation ou à l’indication sur les enveloppes, les récipients et les

emballages, les documents ou la publicité d’un produit n’appartenant pas à l’aire

géographique de l’appellation ou de l’indication. yh – l’usage de récipients pour la transformation du produit ou sa mise à la vente

susceptibles de créer la confusion quant à son origine.

– l’usage de tout signe susceptible d’induire le consommateur en erreur ou de créer la

confusion chez lui.

17. L’appellation d’origine contrôlée et l’indication de provenance sont des droits pour

tous les exploitants agricoles au pays, à la région ou parties de régions à condition de

se conformer aux règles de production exigées par cette appellation ou indication et qui

sont fixées par le cahier des charges type prévu à l’article 10 de la présente loi.

18. La prescription n’a pas d’effets sur l’appellation d’origine contrôlée ni sur l’indication

de provenance.

À ce titre, nul ne peut les utiliser pour cause de domanialité publique.

19. Les appellations dont l’usage est devenu public ne peuvent être enregistrées

comme appellations d’origine contrôlée ou comme indications de provenance.

Elles ne peuvent, également, être utilisées à une origine ou indication fausses des

produits.

20. Les organismes de normalisation ne peuvent pas attribuer aucune marque de

fabrique ou de commerce similaire à une appellation d’origine contrôlée ou à une

indication de provenance lorsque la demande de la marque est introduite après la

publication de la délimitation de l’appellation d’origine contrôlée ou de l’indication de

provenance conformément aux procédures fixées à l’article 15 de la présente loi.

21. Toute personne dont l’usage d’une appellation d’origine contrôlée ou d’une

indication de provenance contrairement aux exigences qui leurs sont propres porte

atteinte à ses droits, directement ou indirectement, peut introduire une action devant le

tribunal territorialement compétent pour interdire l’usage de cette appellation ou

indication.

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Chapitre V

Du contrôle technique des appellations d’origine contrôlée et des indications de

provenance

22. Les appellations d’origine contrôlée et les indications de provenance sont soumises

au contrôle technique de l’autorité compétente.

Ce contrôle vise à s’assurer que les produits portant l’appellation d’origine contrôlée ou

l’indication de provenance répondent aux conditions prévues par le cahier des charges

visé à l’article 10 de la présente loi.

23. Sous réserve des dispositions particulières à l’établissement d’un système national

d’accréditation des organismes de conformité, il est désigné, pour chaque appellation

d’origine contrôlée ou indication de provenance dûment approuvées, un organisme de

contrôle technique et de certification.

La composition de l’organisme de contrôle et de certification ainsi que les conditions de

sa désignation sont fixées par décret sur proposition du ministre chargé de l’agriculture.

24. L’organisme de contrôle et de certification garantit, par déclaration qu’il remet au

producteur, fabricant, transformateur ou commerçant du produit concerné par

l’appellation d’origine contrôlée ou l’indication de provenance, que le produit en question

est conforme aux stipulations du cahier des charges visé à l’article 10 de la présente loi.

25. L’organisme de contrôle et de certification doit disposer de tous les moyens

techniques nécessaires au contrôle des produits objet de l’appellation d’origine

contrôlée ou de l’indication de provenance

L’inobservation de cette obligation entraîne le retrait de compétences de contrôle et de

certification après son audition; les droits des bénéficiaires de l’appellation ou de

l’indication demeurant préservés en matière de dédommagement de préjudices subis.

26. Les producteurs, fabricants et transformateurs de produits objets d’appellation

d’origine contrôlée ou d’indication de provenance doivent permettre à l’organisme de

contrôle et de certification dont ils relèvent de visionner, pour inspection, les lieux de

production, de stockage, de transformation et de fabrication et les éléments prouvant

l’origine du produit et les méthodes de sa production.

27. L’organisme de contrôle et de certification qui constate la non conformité du

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produit concerné par l’appellation d’origine contrôlée ou par l’indication de provenance

aux exigences fixées par le cahier des charges prévu à l’article 10 de la présente loi,

doit en informer l’autorité compétente immédiatement.

Chapitre VI

De la constatation des crimes et des sanctions

Section première

De la constatation

28. Le ministre chargé de l’agriculture désigne les agents chargés de contrôler les

appellations d’origine contrôlée et les indications de provenance.

Ces agents doivent être assermentés.

29. Les agents visés à l’article 28 de la présente loi sont habilités, pour l’exercice de

leurs missions, à accéder à toutes les exploitations, locaux et lieux renfermant des

produits provenant d’aires de production bénéficiant d’appellations d’origine contrôlée et

d’indications de provenance.

Toutefois, l’accès aux locaux d’habitation en vue d’effectuer le contrôle visé à l’article 28

de la présente loi, s’effectue conformément aux procédures prévues au code de

procédure pénale en matière de perquisition.

Sont considérés des locaux d’habitation, les locaux réservés effectivement à l’habitation

même s’ils se trouvent dans les exploitations agricoles.

30. Les agents visés à l’article 28 de la présente loi peuvent saisir les produits mis en

vente sous le titre d’appellations d’origine contrôlée ou d’indications de provenance et

présumés ne pas provenir de l’aire géographique de l’appellation ou de l’indication. Ils

peuvent également saisir les produits provenant de l’aire géographique de l’appellation

ou de l’indication mais ne répondant pas aux conditions techniques de production fixées

au cahier des charges prévu à l’article 10 de la présente loi.

La saisie s’effectue conformément aux procédures prévues par la législation en vigueur

en matière de protection du consommateur.

31. Les agents de l’ordre public doivent, en cas de besoin, prêter main forte aux agents

visés à l’article 28 de la présente loi lors de l’exercice de leurs missions.

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32. Les crimes relatifs aux appellations d’origine contrôlée et aux indications de

provenance sont constatés dans des procès-verbaux établis par les officiers de la police

judiciaire visés à l’article 10 du code de procédures pénales, par les agents de l’autorité

compétente visés à l’article 28 de la présente loi et par les agents du contrôle

économique

33. Tous les procès-verbaux, établis et signés par les agents visés à l’article 32 de la

présente loi, sont adressés au ministre chargé de l’agriculture qui les transmet au

ministère public.

Section II

Des sanctions

34. Nonobstant les peines prévues par le décret du 10 octobre 1919 sur la répression

des fraudes dans le commerce des marchandises et des falsifications des denrées

alimentaires ou des produits agricoles ou naturels, par la loi n° 91—44 du 1er juillet 1991

relative à l’organisation du commerce de distribution telle que modifiée par la loi n° 94—

38 du 24 février 1994, par la loi n° 92—117 du 7 décembre 1992 relative à la protection

du consommateur et de la saisie prévue à l’article 30 de la présente loi, tout

contrevenant aux dispositions des articles 9, 16, 19 (paragraphe 2), 26 et 27 de la

présente loi est puni d’une amende allant de 1 000 à 20 000 dinars.

En cas de récidive, cette peine est portée au double.

Chapitre VII

Dispositions transitoires et diverses

35. À partir de l’entrée en vigueur de la présente loi et pendant un délai n’excédant pas

trois ans, la commercialisation de produits portant des références à des régions

géographiques particulières et susceptibles de faire allusion à une appellation d’origine

contrôlée ou à une indication de provenance peut être autorisée à condition que ces

produits aient été commercialisés sous ces références durant 3 ans au moins et que

leurs étiquettes prouvent clairement leur origine réelle.

Passé ce délai, les concernés doivent se conformer aux dispositions de la présente loi.

36. Le bénéfice d’une appellation d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance

est soumis au paiement d’une contribution dont le montant et les modalités de

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perception et d’utilisation sont fixés par décret sur proposition du ministre chargé de

l’agriculture.

En outre, tout producteur, transformateur ou fabricant ayant bénéficié d’une appellation

d’origine contrôlée ou d’une indication de provenance doit payer une redevance à

l’organisme de contrôle et de certification au titre des services rendus et prévus à

l’article 24 de la présente loi. Cette redevance sera fixée d’un commun accord entre

l’organisme de contrôle et de certification et le bénéficiaire de ses services.

37. Le décret du 10 janvier 1957 portant réglementation des appellations d’origine pour

les vins, vins liqueurs et eaux de vie est abrogé.

Toutefois, les textes pris pour son application restent en vigueur jusqu’à leur

remplacement par les dispositions prévues par la présente loi.

La présente loi sera publiée au Journal Officiel de la République Tunisienne et exécutée

comme loi de l’État.

Tunis, le 28 juin 1999.

Zine El Abidine Ben Ali

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Annexe 4

LISTE DES PERSONNES CONTACTEES

(autres que les apiculteurs)

1. OFFICE DE L’ELEVAGE ET DES PATURAGES (OEP)

· Mrs les Directeurs régionaux de l’OEP à Kairouan, Kasserine, Sejnane,

Zaghouan et Nabeul

· Mrs les Techniciens responsables chargés suivis de l’apiculture, au niveau de

chaque région,

· Monsieur Directeur du Centre de Développement du secteur apicole de Mraissa

· Monsieur BEN KHELIFA, Direction centrale - Tunis

· Monsieur SMITI N, Direction centrale – Tunis

2. OFFICE DE DEVELOPPEMENT SYLVO-PASTORALE DU NORD OUEST

(ODESYPANO)

· Monsieur le Président Directeur Général

· Monsieur le Directeur Technique

· Monsieur le Directeur responsable de la production animale

· Monsieur le Directeur régional de l’ODESYPANO

· Mrs les Animateurs apiculteurs

3. AGENCE DE PROMOTION DES INVESTISSEMENTS AGRIOCLES

· Monsieur Abderahmene Mami Secrétaire Général

· Monsieur Toukabri Abdelmoumen Administrateur en Chef

· la Direction régionale du Kef

4. FEDERATION NATIONALE DES APICULTEURS

· Monsieur SAIDANI F, membre

· Monsieur NEFZI T, membre

5. GROUPEMENT SEJNANE CHOUCHA

· Monsieur le Président du groupement

6. COOPERATIVE AMDOUN

· Tous les membres de la coopérative

· En présence de Monsieur & Mme Emile et Chantal MOLES (Musée du miel-

Gramond France)

7. COMMERCANTS DU MIEL

· Monsieur Rahim – Royaume de l’abeille. SIAT 2008

· Vendeurs particuliers

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120

Annexe 5

REFERNCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. SITES WEB (par ordre de fréquence de consultations)

· www.Apiservices.net

· www.apiculture.com

· www.bekeeping.com

· www.Apiculteur.com

· www.apisite.online.fr

· www.agrireseau.qc.ca

· www.bee-hexagon.net

· www.sante-labeille.com

· www.umproa.undp.org

· www.publish.edpsciences.org

2. ETUDES RELATIVES AU SECTEUR

CNEA, 2003. Etude monographique –Phase I. 141 pages

3. MEMOIRES ET PROJETS DE FIN D’ETUDES

· HRIZI T. 2005. Mise en place de différentes analyses du miel. Faculté des Sciences de

Tunis. 55 pages

· LETAÏEF S. 2006. Analyses physico-chimiques du miel et mélissopalynologie. Projet de

Fin d’Etudes- INAT.82 pages

4. ARTICLES (références les plus pertinentes)

· BOGDANOV S, BAUMON SE. 1997. Méthodes harmonisées de la commission européenne

de miel. Apidologie. Volume 28,

· BOGDANOV S et al., 1999. Honig and international regulatory standards. Review of the

work of the Internatonal Honey Commisssion

· BOGDANOV S et al., 1999. Qualité du miel et normes internationales relatives au miel.

Rapport de la commission internationale du miel. www.Apiservices.com (12 pages).

· BOGDANOV., et al. 2004. Physico-chemical methods for characterisation of unifloral

honeys : a review. Apidologie, 35- S4 –S7.

Page 121: Miel

121

· HUCHET .E & CONSTE., L.GB.2008. Les constituants chimiques du miel. E.N.S.I.

Agricoles et Alimentaires. Massy. France. www.beekeeping.com

· LOUVEAUX J. PESSON P. 1984. Pollinisation et production végétale. INRA- Paris

(France). 289 p

· MARCEAU., J. NOREAU., J. HOULE., E. 2008. les HMF et la qualité du miel.

www.agrireseau.qc.ca

· ODDO., L. BOGDANOV., S. 2004. Determination of honey botanical origin : problems and

issues. Apidologie, 35 – S36S4.

· REGARD A. 1988. Le manuel de l’apiculteur néophyte. Lavoisier (ED). France. 453 pages

· SOBOT J. 1995. 150 plantes mellifères. France Agricole. P 16-19.

· TLILI T., NAFTI A., BACCAR., M., AYED., N. 1993. Fiches comparatives de différents

types de miels commercialisés en Tunisie. Annales de l’INRAT, vol 66, N° 1 et 2.

Page 122: Miel

122

Annexe 6

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 - une comparaison des caractéristiques entre les deux signes de

qualité : AOP/AOC et IGP/IP………………………………………………………………..42

Tableau 2 - Comparaison entre les appellations (AOC et IGP) et les marques

collectives………………………………………………….…………………..……………43

Tableau 3 - Principales espèces d’eucalyptus à Sejnane…………………...…....55

Tableau 4 - Superficies (ha) de principales espèces d’eucalyptus à

Sejnen……………………………….………………………………………………………48

Tableau 5 - les Caractéristiques qualitatives du miel d’Eucalyptus Camaldensis

de Sejnane……………………………………………………………………………….…56

Tableau 6 - Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel d’Eucalyptus

Camaldensis produit dans la région de Sejnane…………….....…………………….57

Tableau 7 - Principales Caractéristiques de la production de miel d’Eucalyptus

Camaldensis dans la région de Sejnane…………………………………..….….……62

Tableau 8-Importance des vergers des agrumes dans la région de Nabeul…….64

Tableau 9- Caractéristiques qualitatives du miel d’agrumes produit dans la région

du Cap Bon………………………………………………………………………….……. 66

Tableau 10- Comparaison des caractéristiques physico-chimiques du miel

d’Eucalyptus camaldulsensis (Sejnane) et d’agrumes (Cap Bon)………….….…67

Tableau 11- Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel d’agrumes

produit dans la région du Cap Bon aux normes tunisiennes et européennes…...68

Tableau 12- Principales Caractéristiques de la production de miel d’agrumes dans

la région du Cap Bon…………………………………………………………..…………..74

Tableau 13- Caractéristiques qualitatives du miel de romarin produit dans la

région de Kasserine ………………………………………………………………..............78

Tableau 14- Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de romarin

produit dans la région de Kasserine aux normes tunisiennes et européennes….79

Page 123: Miel

123

Tableau 15- Principales Caractéristiques de la production de miel de romarin dans

la région de Kasserine……………………………………………………………..………81

Tableau 16- Caractéristiques physico-chimiques du miel de thym produit dans la

région de Zaghouan …………………………………………………………………………83

Tableau 17- Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de thym

produit dans la région de Zaghouan aux normes tunisiennes et européennes

Tableau 18- Principales Caractéristiques de la production de miel de thym dans la

région de Zaghouan…………………………………………………………………..……..86

Tableau 19- Caractéristiques physico-chimiques du miel de thym produit dans la

région ………………………………………………………………………………………….87

Tableau 20- Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel de marrube

produit dans la région d’Oueslatia aux normes tunisiennes et européennes…….88

Tableau 21- Etapes de mise en place de signes de qualité pour le miel produit

dans les 5 régions étudiées…………………………………………………………..99-100

Page 124: Miel

124

Annexe 7

LISTE DES FIGURES

Figure 1. Evolution du nombre de ruches (en milliers) traditionnelles et modernes

en Tunisie (INS, 2005) ……………………………………………………….……………16

Figure 2. Evolution de la production de miel (en tonnes) issu des ruches

traditionnelles et modernes (INS, 2005)………………..…………………………..…….17

Figure 3. Principaux pays approvisionnant le marché Saoudien (Apiservices,

2008)…………………………………………………………………………………………..19

Figure 4. Evolution du prix de miel en Argentine (Apiservices, 2008)…………….21

Figure 5. Evolution des quantités importées et exportées (en tonnes) de miel de et

vers la Tunisie…………….……………………………………………….…………..……22

Figure 6. Evolution du bilan des échanges commerciaux (en tonnes/an) de miel en

Tunisie…………………………………………………………………..………….………….24

Figure 7. La procédure à suivre et des délais pour l’obtention d’une AOC ou IP.40

Figure 8. Répartition des grains de pollen en fonction de leur origine botanique

dans le miel d’agrumes (Letaïef, 2006)………………………………………………...…73

Figure 9. Répartition de la superficie de romarin selon les gouvernorats…….…76

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125

Annexe 8

LISTE DES PHOTOS

Arbre adulte d’eucalyptus camaldulensis…………………………………….……..….53

Eucalyptus/MRAISSA, Photo: OEP/LCQM/MRAISSA-LCAE 14-06-2008……..……60

Lame de référence du grain de pollen de Maltaise……………………………….……69

Lame de référence du grain de pollen Meski………………………………..…………71

Lame de référence du grain de pollen de clémentine……...…………………….….72

Lame de référence de grains de pollen de romarin……………………………………80

Lame de référence de grains de pollen de thym……………………………………….85

Lame de référence de grain de pollen de marrube…………………………………….89