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EURL TERRE EN SEVE Organisme de formation enregistré sous le numéro 73 32 00373 32 – NAF 8559A Adresse : Larriouau - 32350 Ordan-Larroque - Tel. : 06 30 03 97 11 - Fax : 05 62 64 65 70 Email : [email protected]
Web : http://www.terre-en-seve.fr et http://jardinonssolvivant.fr
Bézéril, 1er et 2 mars 2012 Formation « L’agroforesterie : Pourquoi ? Comment ? », organisée par Gaia 32
Mieux connaître la vie du sol pour mieux cultiver
©Mark Brundrett
©Mark Brundrett
©Eléa Asselineau
©Eléa Asselineau
©Alain Ruellan
EURL TERRE EN SEVE Organisme de formation enregistré sous le numéro 73 32 00373 32 Adresse : Larriouau - 32350 Ordan-Larroque
Web : http://
Le sol, longtemps considéré comme un simple support de culture, est pourtant l
plus complexes et les plus fascinants de la surface de la terre.
l'ensemble de ses propriétés physiques, chimiques, minéralogiques, mais aussi et surtout
biologiques. En effet, ce sont les êtres vivants d
système : transformation des matières
nutriments pour les plantes. Au final, c’est la clé de la fertilité durable du sol et donc de l'outil
majeur de production de l'agriculteur.
Après avoir étudié les différentes facettes du fonctionnement biologique des sols, nous proposons
ici une réflexion sur les pratiques culturales et sur la façon dont l’agroforesterie s’y insère et
permet de mettre en œuvres des pratiques d’amélioration de
sous forme des Bois Raméaux Fragmentés (BRF).
Qu’est ce que le sol ?
La notion de sol renvoi à toute sorte de notions
anthropiques qui diffèrent beaucoup selon les aute
très facile, s’avère finalement assez difficile. Je vous propose ici de nous intéresser non pas au
système sol pris à part, mais à l’ensemble sol
terme de dynamique écologique, elle
« plantes des champs » (cultures, couverts végétaux,
ainsi de gérer la fertilité du sol à l’aide des plantes.
Sur le plan énergétique, ce système reçoit l’énergie solaire, transformée en énergie chimique par la
photosynthèse. Cette énergie chimique est celle qui assure la cohésion des molécules organiques,
majoritairement composés de carbone (en moyenne 72%). Cette é
transmise au sol par divers processus que nous détaillerons plus loin.
La plante fournit donc au sol de l’énergie et du carbone alors que le sol fournit à la plante de l’eau
et des nutriments (N, P, K, Ca, Mg, S, Fe…), comme rés
Figure 1 : les échanges au sein du système sol
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Le sol, longtemps considéré comme un simple support de culture, est pourtant l
plus complexes et les plus fascinants de la surface de la terre. Nous proposons ici un aperçu de
l'ensemble de ses propriétés physiques, chimiques, minéralogiques, mais aussi et surtout
biologiques. En effet, ce sont les êtres vivants du sol qui sont responsables du fonctionnement du
transformation des matières organiques, structuration du milieu, mise à disposition de
nutriments pour les plantes. Au final, c’est la clé de la fertilité durable du sol et donc de l'outil
majeur de production de l'agriculteur.
Après avoir étudié les différentes facettes du fonctionnement biologique des sols, nous proposons
ici une réflexion sur les pratiques culturales et sur la façon dont l’agroforesterie s’y insère et
permet de mettre en œuvres des pratiques d’amélioration des sols via la valorisation des tailles
sous forme des Bois Raméaux Fragmentés (BRF).
Qu’est ce que le sol ?
La notion de sol renvoi à toute sorte de notions d’ordre agronomiques, géologiques, biologiques,
anthropiques qui diffèrent beaucoup selon les auteurs. Définir le sol, tâche pourtant intuitivement
très facile, s’avère finalement assez difficile. Je vous propose ici de nous intéresser non pas au
mais à l’ensemble sol-plante. En effet, c’est là l’unité la plus pertine
écologique, elle permet de bien appréhender les relations entr
cultures, couverts végétaux, arbres champêtres et plantes adventices) et
ainsi de gérer la fertilité du sol à l’aide des plantes.
le plan énergétique, ce système reçoit l’énergie solaire, transformée en énergie chimique par la
photosynthèse. Cette énergie chimique est celle qui assure la cohésion des molécules organiques,
majoritairement composés de carbone (en moyenne 72%). Cette énergie chimique est ensuite
transmise au sol par divers processus que nous détaillerons plus loin.
La plante fournit donc au sol de l’énergie et du carbone alors que le sol fournit à la plante de l’eau
et des nutriments (N, P, K, Ca, Mg, S, Fe…), comme résumé dans le schéma ci-
les échanges au sein du système sol sol-plante, unité de base dans notre approche de la fertilité des sols.
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Le sol, longtemps considéré comme un simple support de culture, est pourtant l'un des milieux les
Nous proposons ici un aperçu de
l'ensemble de ses propriétés physiques, chimiques, minéralogiques, mais aussi et surtout
u sol qui sont responsables du fonctionnement du
organiques, structuration du milieu, mise à disposition de
nutriments pour les plantes. Au final, c’est la clé de la fertilité durable du sol et donc de l'outil
Après avoir étudié les différentes facettes du fonctionnement biologique des sols, nous proposons
ici une réflexion sur les pratiques culturales et sur la façon dont l’agroforesterie s’y insère et
s sols via la valorisation des tailles
agronomiques, géologiques, biologiques,
. Définir le sol, tâche pourtant intuitivement
très facile, s’avère finalement assez difficile. Je vous propose ici de nous intéresser non pas au
l’unité la plus pertinente en
r les relations entre sols et
arbres champêtres et plantes adventices) et
le plan énergétique, ce système reçoit l’énergie solaire, transformée en énergie chimique par la
photosynthèse. Cette énergie chimique est celle qui assure la cohésion des molécules organiques,
nergie chimique est ensuite
La plante fournit donc au sol de l’énergie et du carbone alors que le sol fournit à la plante de l’eau
-dessous :
ans notre approche de la fertilité des sols.
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Propriétés physico chimiques du sol
L’approche proposée ici est surtout axée sur la biologie du sol, les fractions inanimées du sol
(minéraux, humus…), sont donc le milieu dans lequel se développe cette vie. Commençons donc
par nous pencher sur les propriétés physiques et chimiques de ce milieu.
Le profil de sol Un sol est composé d’une succession verticale de couches plus ou moins horizontales et
homogènes du point de vue de leurs propriétés physiques, chimiques et biologiques : les horizons.
Ce module vous propose d’étudier les principales propriétés physico-chimiques de ces horizons : la
texture, la structure, la porosité, le pH, le potentiel redox.
La texture La texture indique la dimension des particules minérales de la terre fine, c'est-à-dire l’ensemble
des particules de diamètre inférieur à 2 mm. Cette terre fine est subdivisée en trois grandes
fractions : les sables, les limons et les argiles.
Les sables sont les grains de dimension comprise entre 50 μm et 2 mm, ils sont essentiellement
constitués de grains de quartz.
Les limons ont une taille comprise entre 2 et 50 μm, ils sont majoritairement constitués de quartz,
oxydes de fer, carbonates. Les limons les plus fins (< 20 μm) peuvent également contenir des
proportions significatives de minéraux argileux.
Les argiles, enfin sont les particules les plus fines, de dimension inférieure à 2 µm, cette fraction,
même si elle peut contenir du quartz, des carbonates, des oxydes de fer et autres minéraux, est
largement dominée par les minéraux argileux.
Notons bien ici que la nomenclature est sujette à confusion, en effet le terme « argile » peut
désigner aussi bien des particules minérales de taille inférieure à 2 μm que les minéraux argileux.
Dans le cadre de ce cours, ce terme se référera systématiquement à sa signification
granulométrique, les argiles minéralogiques seront toujours dénommées « minéraux argileux ».
Ces derniers sont des empilements de feuillets contenant alternativement de la silice et de
l’alumine (oxyde d’aluminium). Ces feuillets sont chargés électriquement (charges négatives), ce
qui permet de fixer les nutriments chargé positivement tels que le calcium, le magnésium, le
potassium…
La texture d’un horizon est définie par dosage de la proportion de ces trois fractions. On
positionne ensuite les mesures obtenues dans un triangle, dit triangle des textures comme indiqué
dans le schéma page suivante.
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Figure 2 : le triangle des texture avec les quatre zoneéquilibrée). Pour positionner un échantillon dans ce triangle, il faut doser les teneurs en sables, limons et argiles puis
placer le point obtenu dans le triangle. Par exemple, l’échantillon A, a
La structure Ces éléments s'agencent de diverses manières pour donner toute une gamme de
sol : c'est ainsi qu'un sol protégé de la compaction et accueillant d'i
de terre aura une structure aérée, grumeleuse alors qu'un autre sol, présentant pourtant la même
texture pourra être compacté par le passage des engins, le labour, la battance... La formation
d'une structure aérée et stable es
végétaux, les micro-organismes du sol, les mucilages (substances collantes) qu'ils/elles sécrètent,
la qualité de l'humus et sa quantité...
La porosité Texture et structure ont un effet partic
elles sont à l'origine de la porosité
- La macroporosité (pores > 50 μm) dans laquelle l'eau circule par gravit
l'effet de la gravité. La macroporosité est aussi un cheminement
végétaux ;
- La mésoporosité (pores de dimension comprise entre 2 et 50 μm)
capillarité des zones les plus humides vers les zones les plus sèches. C’
que se trouve l‘eau utilisable par les végétaux, c'est
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le triangle des texture avec les quatre zones principales de textures (argileuse, limoneuse, sableuse et positionner un échantillon dans ce triangle, il faut doser les teneurs en sables, limons et argiles puis
triangle. Par exemple, l’échantillon A, avec 20% d’argiles, 55% de limons et 25% de sables présente une texture limoneuse.
Ces éléments s'agencent de diverses manières pour donner toute une gamme de
c'est ainsi qu'un sol protégé de la compaction et accueillant d'importantes population de vers
de terre aura une structure aérée, grumeleuse alors qu'un autre sol, présentant pourtant la même
texture pourra être compacté par le passage des engins, le labour, la battance... La formation
d'une structure aérée et stable est liés à de nombreux facteurs tels que l'action des racines des
organismes du sol, les mucilages (substances collantes) qu'ils/elles sécrètent,
la qualité de l'humus et sa quantité...
Texture et structure ont un effet particulièrement prononcé sur la circulation de l'eau dans le sol,
porosité du sol. On distingue trois grands types de porosité:
(pores > 50 μm) dans laquelle l'eau circule par gravité du haut vers le bas
orosité est aussi un cheminement privilégié pour les racines
(pores de dimension comprise entre 2 et 50 μm) dans laquelle l'eau circule par
capillarité des zones les plus humides vers les zones les plus sèches. C’est dans la mésoporosité
ar les végétaux, c'est-à-dire ce que l’on appelle
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s principales de textures (argileuse, limoneuse, sableuse et
positionner un échantillon dans ce triangle, il faut doser les teneurs en sables, limons et argiles puis vec 20% d’argiles, 55% de limons et 25% de sables
Ces éléments s'agencent de diverses manières pour donner toute une gamme de structures de
mportantes population de vers
de terre aura une structure aérée, grumeleuse alors qu'un autre sol, présentant pourtant la même
texture pourra être compacté par le passage des engins, le labour, la battance... La formation
t liés à de nombreux facteurs tels que l'action des racines des
organismes du sol, les mucilages (substances collantes) qu'ils/elles sécrètent,
rculation de l'eau dans le sol,
du sol. On distingue trois grands types de porosité:
é du haut vers le bas sous
privilégié pour les racines des
dans laquelle l'eau circule par
est dans la mésoporosité
dire ce que l’on appelle la réserve utile ;
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- La microporosité (pores < 2 μm) dans laquelle l’eau est très fortement liée aux matières
minérales et inaccessible aux racines des plantes. Elles peuvent toutefois exploiter une partie de
cette ressource en eau grâce à leurs champignons mycorhiziens (voir ci après).
Propriétés chimiques Au niveau chimique de nombreuses caractéristiques sont à prendre en compte pour définir un sol
parmi celles ci, nous allons nous pencher sur deux qui impactent particulièrement le
développement des végétaux et la transformation des matières organiques : le pH et le potentiel
redox.
Le pH est une grandeur qui décrit un milieu aqueux (en l’occurrence, l’eau du sol) selon son
acidité. Un milieu acide (pH bas) est riche en ions hydrogènes (H+ ou H3O
+ suivant les conventions),
alors qu’un milieu basique (pH haut) est riche en ions hydroxydes (OH-). A la neutralité chimique
(pH = 7), la concentration en ces ions est identique. Notons qu’en agronomie le pH est considéré
comme neutre à 6,5, donc un peu plus bas qu’en chimie générale.
Dans les sols, le pH varie généralement entre 4 et 9, des pH plus élevés ou plus bas ne sont
observés que dans des milieux très spécifiques comme les mangroves, les sols salés… Le pH a un
impact très important sur la disponibilité des nutriments pour les végétaux. Par exemple le
phosphore, nutriment majeur pour les végétaux présente un optimum de disponibilité à pH7, en
dessous, il tend à former des phosphates de fer et d’aluminium insolubles et au dessus, il forme
des phosphates de calcium, également insolubles. A l’inverse, le fer et l’aluminium, quasiment
insolubles à pH neutre, deviennent solubles en milieu très acide (pH < 4,5) ce qui les rend toxiques
pour les plantes dans les sols présentant de tels pH.
Dans les régions tempérées, la plupart des sols au pH élevé sont riches en carbonates, d’où
l’amalgame (justifié dans le contexte agricole des pays tempérés) entre pH élevés et sols calcaires.
La teneur en calcaire a un impact important sur la décomposition des matières organiques, surtout
si le sol contient de grandes quantités de calcaire actif. Dans ce cas, le calcaire tend à emprisonner
les matières organiques, bloquant leur évolution. Ceci peut être très problématique en contexte
agricole, particulièrement en viticulture et arboriculture.
Le potentiel d’oxydoréduction définit la capacité d’un fluide à oxyder les éléments avec lesquels il
entre en contact. Cette grandeur est un potentiel électrique, noté Eh qui se mesure en Volts (V) ou
millivolts (mV), directement lié à la teneur en oxygène du milieu. Dans un sol, le potentiel
d’oxydoréduction varie de 800mV (horizon aéré au contact de l’atmosphère) à -400mV dans des
horizons engorgés en permanence d’eau très pauvre en oxygène dissous. Les conditions où Eh est
élevé sont dites oxydantes, alors que celle où il est bas sont dites réductrices.
Contrairement au pH qui subit des variations très légères au cours de l’année, le potentiel
d’oxydoréduction peut présenter de larges amplitudes, par exemple dans le cas de sols
temporairement engorgés en eau : lors des périodes humides, le sol voit sa porosité emplie d’eau
et s’appauvrit progressivement en oxygène, ce qui diminue Eh. A l’inverse en période sèche,
l’oxygène réintègre les pores du sol et augmente Eh qui peut varier ainsi de plusieurs centaine de
mV au cours de l’année. Cela impacte la dynamique de certains éléments qui se présentent sous
des formes différentes selon la valeur de Eh, en particulier le fer, le soufre, l’azote et le carbone.
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Le sol vivant
A présent que nous avons définit les principaux caractères physico
du sol, intéressons nous plus particulièrement à celle
le schéma des flux d’énergie entre la plante et le sol
La plante capte une petite partie de
énergie, c'est-à-dire en cohésion des molécules organiques. Cette énergie est ensuite transmise au
reste de l’écosystème par l’intermédiaire de
surface, due à la mort des tissus aé
la mort des racines et enfin la rhizodéposition
composés organiques.
Avant d’aller plus loin regardons ce qui est de ces flux dan
cas, les capteurs d’énergie solaire sont les végétaux,
les couverts végétaux, les arbres
agricoles du point de vue des leurs flux énergétiques
1. Lors d’une culture de céréales d’hiver
la culture à partir de la fin de l’hiver, avant cela le faible développement de la culture rend ce
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A présent que nous avons définit les principaux caractères physico-chimiques qui forment l’habitat de la vie
du sol, intéressons nous plus particulièrement à celle-ci. Pour ce faire, reprenons avec un peu plus de détail
flux d’énergie entre la plante et le sol :
une petite partie de l’énergie solaire incidente (environ 2%) et la transforme en
en cohésion des molécules organiques. Cette énergie est ensuite transmise au
intermédiaire de différents flux. Les trois principaux
, due à la mort des tissus aériens (tiges, feuilles, fleurs, fruits…), la litière souterr
rhizodéposition, c'est-à-dire la sécrétion par les racines vivantes de
Avant d’aller plus loin regardons ce qui est de ces flux dans les systèmes agricoles
’énergie solaire sont les végétaux, c'est-à-dire, les cultures, la flore spontanée,
les couverts végétaux, les arbres champêtres. Afin d’illustrer cela, étudions trois systèmes
agricoles du point de vue des leurs flux énergétiques :
e céréales d’hiver, l’énergie solaire est captée pendant la période de végétation
la culture à partir de la fin de l’hiver, avant cela le faible développement de la culture rend ce
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chimiques qui forment l’habitat de la vie
ci. Pour ce faire, reprenons avec un peu plus de détail
solaire incidente (environ 2%) et la transforme en
en cohésion des molécules organiques. Cette énergie est ensuite transmise au
Les trois principaux sont la Litière de
riens (tiges, feuilles, fleurs, fruits…), la litière souterraine due à
dire la sécrétion par les racines vivantes de
s les systèmes agricoles : dans tous les
dire, les cultures, la flore spontanée,
Afin d’illustrer cela, étudions trois systèmes
, l’énergie solaire est captée pendant la période de végétation de
la culture à partir de la fin de l’hiver, avant cela le faible développement de la culture rend ce captage
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d’énergie très faible et lors de la maturation de la céréale, la photosynthèse ralentit fortement. Pendant
cette période, des trois flux décrits précédemment, seul celui lié à la rhizodéposition est réellement actif. Si
au moment de la récolte, grains et pailles sont exportés, la litière de surface est inexistante, il ne reste plus
alors que la litière souterraine qui nourrit la vie du sol pendant l’été, à condition qu’un déchaumage ne
viennent pas perturber ce flux ! Au final, il ne reste pour la vie du sol que trois ou quatre mois de
rhizodéposition et un peu de litière souterraine pendant l’été et encore fournie au sol dans des conditions
souvent mauvaises à cause du travail du sol.
2. A l’inverse dans un système de semis direct sous couvert végétal, le sol est couvert toute l’année de
plantes vivantes (culture et couvert), les parties aériennes, à l’exception des récoltes, sont restituées au sol,
produisant une importante litière de surface. L’absence de travail du sol permet à la litière souterraine
d’être libérées dans de bonnes conditions et la rhizodéposition a lieu presque tout le temps, pour peu que
les plantes (couverts végétaux et cultures) soient suffisamment développés. Dans le cas d’association de
cultures annuelle dans un couvert de légumineuses pérennes (par exemple blé dans luzerne vivante), les
trois flux sont même assurés en continu !
3. Dans un système d’élevage extensif, la pérennité des prairies tout au long de l’année permet d’avoir en
continu les trois flux, mais ils sont fortement influencés par le pâturage. En effet celui-ci prélève une partie
des parties aériennes qui auraient sans cela alimenté la litière de surface. De plus cela perturbe la
photosynthèse et donc la rhizodéposition. Certes, une petite partie de cette énergie est restituée sous
forme de déjection, mais cela reste anecdotique. Une bonne gestion du pâturage implique donc de veiller à
conserver suffisamment de biomasse pour assurer un retour suffisant d’énergie au sol. Dans le cas
contraire, on tombe dans les problèmes liés au surpâturage.
Les matières organiques Les flux énergétiques amènent au sol de l’énergie sous forme de composés organiques. Ces
composés, essentiellement d’origine végétale sont classés en quatre grands types :
- Les glucides, c'est-à-dire les sucres simples (glucose, fructose…) et composés (polysaccharides)
parmi ces dernier figurent par exemple le saccharose, composé de deux glucoses, la cellulose,
composée de plusieurs milliers de glucoses mis bout à bout, et qui la molécule la plus abondante
du monde végétal, ou encore, l’amidon, la chitine... Les lignines et polyphénols, qui sont des
composés difficilement transformés par la vie du sol, ils sont également classés parmi les glucides.
Les lignines donnent leur rigidité aux tissus végétaux et les polyphénols sont des composés qui
protège les plantes contre divers agresseurs externes ;
- Les lipides, c'est-à-dire des corps gras tels que cires et résines ;
- Les protéines, qui sont de grosses molécules azotées issues d’un assemblage d’acides aminés.
Ces MO sont dites matières organiques fraîches et sont transformés soit en composés humiques
(selon plusieurs processus non détaillés ici), soit détruit en libérant les éléments simples qui les
composés, soit incorporés aux tissus des organismes vivant du sol, comme cela est indiqué sur le
schéma suivant :
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Figure 3 : dynamique des MO du sol, les traits pleins indiquent les processus de transformation des MO dans le sol
La vie du sol Les organismes du sol se développent préférentiellement au niveau des points d
l’énergie dans le sol, c'est-à-dire dans la litière de surface, autour des racines en décomposition
autour des extrémités des radicelles, au niveau desquelles a lieu la
Ces organismes sont en grande majorité des bactéries, des champignons et des animaux
(pédofaune).
Les bactéries, organismes microscopique
milliards d’années. Dans le sol, elles
des matières organique (minéralisation surt
(nitrification, dénitrification, fixation d'azote atmosphérique...) et des autres nutriments, dans la
dégradation de la roche mère...
Les champignons, sont parmi les organismes les plus présents et influent dans les sols. Ils
présentent sous la forme de filaments, appelés « hyphes », qui explorent le substrat nutritif dans
lequel ils se développent. Ces hyphes
chez les champignons les plus évolués, deux ou
pour former une fructification appelée carpophore, en forme
représente l'organe reproducteur. C'est le carpophore qui est la partie
espèces. Les champignons se classe en trois gra
nourrissent de tissus mort, correspondant aux matières organiques fra
précédemment, les symbiotiques
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dynamique des MO du sol, les traits pleins indiquent les processus de transformation des MO dans le sol
rganismes du sol se développent préférentiellement au niveau des points d
dire dans la litière de surface, autour des racines en décomposition
autour des extrémités des radicelles, au niveau desquelles a lieu la rhizodéposition.
Ces organismes sont en grande majorité des bactéries, des champignons et des animaux
, organismes microscopique (taille de l'ordre du μm) existant sur terre
. Dans le sol, elles jouent un rôle majeur dans les processus de transformation
des matières organique (minéralisation surtout, mais aussi humification), dans le cycle de
(nitrification, dénitrification, fixation d'azote atmosphérique...) et des autres nutriments, dans la
, sont parmi les organismes les plus présents et influent dans les sols. Ils
filaments, appelés « hyphes », qui explorent le substrat nutritif dans
yphes souterrains représentent le mycélium. De temps en temps,
chez les champignons les plus évolués, deux ou plusieurs hyphes de « sexe »
pour former une fructification appelée carpophore, en forme de chapeau ou de coupelle, qui
ésente l'organe reproducteur. C'est le carpophore qui est la partie comestible de certaines
espèces. Les champignons se classe en trois grands types biologiques : Les
nourrissent de tissus mort, correspondant aux matières organiques fra
symbiotiques (lichen et mycorhizes) qui vivent en symbioses avec des
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dynamique des MO du sol, les traits pleins indiquent les processus de transformation des MO dans le sol
rganismes du sol se développent préférentiellement au niveau des points d’entrée de
dire dans la litière de surface, autour des racines en décomposition et
rhizodéposition.
Ces organismes sont en grande majorité des bactéries, des champignons et des animaux
existant sur terre depuis des
dans les processus de transformation
, dans le cycle de l'azote
(nitrification, dénitrification, fixation d'azote atmosphérique...) et des autres nutriments, dans la
, sont parmi les organismes les plus présents et influent dans les sols. Ils se
filaments, appelés « hyphes », qui explorent le substrat nutritif dans
souterrains représentent le mycélium. De temps en temps,
» différent s'associent
de chapeau ou de coupelle, qui
comestible de certaines
Les saprotrophes qui se
nourrissent de tissus mort, correspondant aux matières organiques fraîches définies
(lichen et mycorhizes) qui vivent en symbioses avec des
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organismes photosynthétiques (algue ou plante) et les parasites qui se développe au dépend
d'autres organismes vivant (animaux, végétaux ou autres champignons).
La pédofaune qui regroupe tous les animaux du sol depuis des organismes microscopiques
jusqu’aux plus grands en taille :
Les protozoaires qui sont des organismes unicellulaires de tailles variant de quelques microns à un
millimètre (cas des amibes). Ce sont essentiellement des prédateurs de bactéries dont ils régulent
les populations et influent donc fortement sur les flux de nutriments associés à l’activité de ces
dernières.
Les nématodes sont de tout de petits vers rond (0,5 à 3 mm de longueur) aux mœurs alimentaires
très variés : la plupart sont bactériophages (environ 1/3 des nématodes du sol), d’autres sont
prédateurs (de nématodes, de protozoaires, voire de petites larves d’insectes), d’autres encore
sont omnivores (bactéries, champignons, algues, protozoaires…), fongivores, parasites d’animaux
plus gros, ou phytophages. Ces derniers sont les plus connus en raison des dégâts sur les cultures.
Les nématodes, peu connus en raison de leur taille minuscule à notre échelle n’en sont pas moins
les animaux les plus abondants à la surface continentale de la planète, leur importance dans la
régulation des populations de micro-organismes et dans les cycles des nutriments est donc
considérable !
Les acariens sont de tous petits arthropodes de taille généralement inférieure à 2 mm. On trouve
parmi eux toutes sortes de régimes alimentaires : prédateurs, fongivores, suceurs de sève,
hématophage… Le groupe d’arthropode le plus abondant dans les sols est celui des oribates, ses
représentants sont le plus souvent consommateurs de matières végétales en décomposition et de
micro-organismes, ils jouent un rôle majeur dans la microfragmentation et le brassage des litières,
dans la dispersion et la régulation de la microflore et dans la dynamique des populations de
champignons.
Les collemboles sont des arthropodes très proches des insectes de taille comprise en 0,5 et 5 mm.
Ce sont des animaux omniprésents dans les sols. La majorité d’entre eux est fongivore, mais on y
trouve aussi des espèces qui consomment des débris végétaux, des pollens, des crottes, certains
sont également carnivores (prédateurs essentiellement de nématodes) ou encore phytophages.
Leur rôle dans les sols et plus particulièrement dans les litières est proche de celui des oribates.
Leur impact sur la dynamique des populations fongiques est particulièrement important du fait du
broutage des hyphes qu’ils effectuent, broutage qui stimule la croissance des champignons, à
l’instar de la taille d’un arbre.
Les insectes : Comparé à l’immense diversité des insectes, seul un petit nombre fait partie de la
pédofaune et la majorité de ces derniers appartient à seulement quatre ordres : les isoptères
(termites), les hyménoptères (en l’occurrence fourmis), et de très nombreuses espèces de
coléoptères (ordre comprenant les scarabées, carabes, coccinelles, cantharides…) et de diptères
(mouches, moustiques, syrphes…), vivant dans le sol le plus souvent uniquement leur phase
larvaire.
Les araignées et les opilions (faucheux) sont parmi les représentants de la pédofaune les plus
faciles à observer en raison de leur taille souvent pluri centimétrique. Leur impact sur le sol en
tant que milieu de vie est modeste comparé à leur proches cousin acariens. Leur présence en
grand nombre est toutefois signe de bonne santé biologique d’un sol, en effet, les espèces
d’araignées et d’opilion sont toutes prédatrices et indiquent donc une abondance de proie, donc
d’activité biologique d’arthropodes plus petits et plus difficilement observables.
Les cloportes sont des crustacés terrestres faciles à observer dans les matières organiques en
décomposition auxquelles ils sont inféodés. Ils participent activement à cette décomposition en
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broyant les matières végétales mortes (bois, feuilles…) soit en les consommant directement, soit
en se nourrissant des champignons qui s’y développent.
Les myriapodes (mille pattes) sont surtout représentés dans le sol par les diplopodes (iules,
gloméris…) aux modes alimentaires proches des cloportes et les chilopodes (scolopendres,
géophiles…) qui sont parmi les principaux prédateurs du sol superficiel.
Les mollusques sont surtout des limaces et des escargots dont la majorité est herbivore et compte
parmi ses représentants les plus redoutables ravageurs des cultures.
Enfin, les vers de terre, qualifiés par Gobat et al. (2010) de « rois du sol » et par Aristote d’ «
intestins de la terre », ce sont sans conteste les animaux dont l’activité a la plus grande influence
sur le milieu sol. On en distingue trois types différents :
- Les épigés vivent en surface et sont associés aux matières végétales en décompositions, ils sont
parfois qualifiés de vers de compost ou de vers de fumier, ce qui illustre bien leur prédisposition
pour ces milieux ;
- Les endogés vivent en profondeur, dans des galeries horizontales, ils se nourrissent soit de terre,
soit de racines ;
- Enfin les anéciques, ceux dont l’activité influence et modifie le plus le sol, qui vivent dans des
galeries verticales et brassent en permanence le sol à l’échelle du profil. Ils se nourrissent de terre
et de matières végétales mortes qu’ils mélangent au sein de leur tube digestif. Leurs excréments,
aussi appelés turricules, mélange intime de terre et de matière organique humifiée, jouent un rôle
majeur dans le fonctionnement du sol, du fait de leur richesse en nutriments et de leur activité
biologique intense. Leurs galeries verticales, favorisant l’aération du sol, l’infiltration de l’eau en
profondeur et la pénétration des racines sont également des clés fondamentales de la bonne
santé d’un sol. Leur rôle de brassage est indispensable à l’incorporation très rapide des litières au
sein du profil de sol.
Symbiose impliquant végétaux et micro-organismes Parmi tous ces organismes, certains entretiennent des relations particulièrement étroites avec les
végétaux et forment des symbioses. Les deux principaux types de symbioses sont la fixation
symbiotique d’azote atmosphérique et les mycorhizes.
La fixation d'azote atmosphérique permet aux plantes de subvenir à leurs besoins en azote
directement à partir de l'azote de l'air, de sorte qu'elle devient alors moins dépendante de la
présence d'azote libre dans le sol. La réaction de fixation de l'azote atmosphérique est toutefois
très coûteuse en énergie (de même d'ailleurs que les processus industriel de fabrication des
engrais azotés), de sorte que peu de plantes ont développé un tel mécanisme. Il existe quatre
formes de symbioses de ce type :
La symbiose Cycas-Nostoc : Les Cycas sont des plantes archaïques proches des ginkgos et les
nostoc des cyanobactéries qui dans le cas présent perdent leur capacité photosynthétiques pour
se contenter de fixer l'azote de l'air et l'échanger avec les sucres issus de la photosynthèse du
cycas.
Les Actinorhizes sont des symbioses entre les racines de certaines plantes ligneuses (Aulnes,
Filaos, Argousiers...) et des bactéries filamenteuses du genre Frankia.
La symbiose Parasponia-Rhizobium se rencontre en milieu tropical mais est très marginale et le
genre végétal Parasponia très rare et représenté uniquement en milieu tropical ;
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Enfin La symbiose légumineuses-rhizobium est la plus répandue à la surface de la terre et celle
responsable de la grande majorité de la fixation d'azote atmosphérique. Il s'agit ici d'une symbiose
au niveau des racines de la plante qui forme des nodules pour abriter des bactéries appelées
rhizobium.
La mycorhization :
Les mycorhizes sont l'association d'un champignon dit mycorhizien et d'une plante. Il existe de
nombreux type de mycorhizes mais la quasi-totalité des plantes cultivées forment des
endomycorhizes. Les seules exceptions sont les crucifères (colza, choux, moutardes, radis,
navets…) et les amarantacées(amarantes, betteraves, épinards, blettes, quinoa…) qui ne forment
pas du tout de mycorhize et certains arbres fruitiers tels que le châtaignier et le noisetier qui
forment un type de mycorhize plus typique des forêts tempérées et boréales, les ectomycorhizes.
Les endomycorhizes, aussi appelées mycorhizes à arbuscules, concernent plus de 80% des plantes
vasculaires qui sont alors associées à des champignons archaïques ne formant pas fructifications.
Les hyphes du champignon pénètrent au sein même des cellules de la racine de la plante pour y
réaliser les échanges.
La plante fournit au champignon des sucres issus de la photosynthèse et reçoit en échange
plusieurs avantages de son partenaire fongique :
- de l’eau, grâce au très petit diamètre des hyphes du champignon qui lui permet de s’immiscer
dans des pores extrêmement fins et d’y utiliser des ressources en eau inaccessible aux racines des
végétaux. Les plantes mycorhizées présentent ainsi une meilleure résistance à la sécheresse ;
- des nutriments, essentiellement du phosphore et du zinc prélevés directement dans l’eau du
sol ;
- une protection contre certains pathogènes ;
- une amélioration de la structure du sol environnant la racine grâce à la production de glomaline,
un agent agglomérant très puissent et très stable, par le champignon.
Rôles agronomiques de la vie du sol Un sol remplit de nombreux rôles particulièrement intéressants pour l’agriculteur, ces rôles se
regroupent en trois grandes catégories : la transformation des matières organiques, la
structuration du sol et la mise à disposition de nutriments pour les végétaux.
1. La transformation des MO
Le premier de ces rôles, même s’il n’a pas à priori d’influence directe sur la croissance des plantes,
est le plus visible, le plus flagrant et celui d’importance économique la plus grande, il s’agit de la
transformation des matières organiques. A peu près la moitié des bénéfices environnementaux de
la biodiversité est liée au recyclage des résidus organiques, soit 760 milliard de dollars1 par an sur
l’ensemble de la planète et les organismes du sol, sont bien évidement pour une grande part dans
cette évaluation, cela met bien en valeur l’importance économique, et par conséquent
agronomiques, de la transformation des MO.
En milieu agricole toutes les MO qui arrivent au sol sont d’autant mieux transformées et valorisées
sur le plan agronomique que le sol est vivant. Ces MO sont de nature très variés : il peut s’agir
1 Pimentel, D., Wilson, C., McCullum, C., Huang, R., Dwen, P., Flack, J., Quynh, T., Saltman, T. Cliff, B.- 1997 –
Economic and environmental benefits of biodiversity. BioScience 47(11), pp 747-757.
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d’amendements humiques (fumiers, composts, Bois Raméaux Fragmentés…), d’engrais organiques
(lisiers, guano, plumes, sang séché…) ou encore de résidus issus de cultures ou de la destruction
des couverts végétaux. Ces matières organiques subissent les différentes vois de transformation
citées plus haut : minéralisation, humification, intégration aux organismes vivants.
La minéralisation, essentiellement dues aux bactéries, champignons et protozoaires permet la
libération dans le sol des nutriments qui sont ensuite prélevés par les végétaux.
L’humification permet la « mise en réserve » de MO sous forme d’humus qui a une incidence
positive à la fois sur la structure du sol que sur la rétention d’eau et de nutriments dans le milieu.
L’intégration aux organismes du sol permet tout simplement la croissance des corps de ces
derniers : bactéries, champignons, protozoaires et animaux. Les déjections de ces organismes
permettent, après minéralisation, une remise en circulation rapide des nutriments contenus dans
la MO initiale.
Les organismes qui vivent en décomposant les MO jouent des rôles fondamentaux dans la
structuration du sol, la gestion des nutriments ou encore le « contrôle » des ravageurs. Ce premier
rôle est donc intimement lié aux suivants.
2. La structuration du sol
Du point de vue agronomique, un sol doit présenter les qualités suivantes pour que sa structure
soit considérée comme « bonne » :
- Etre suffisamment aéré pour permettre la circulation aisée de l’air et de l’eau ;
- Etre capable de stocker cette dernière en quantité suffisante pour nourrir les végétaux cultivés
au cours des périodes de sécheresse ;
Conserver sa structure même en cas de forte précipitation, c'est-à-dire qu’elle soit stable
La nécessité d’aération est liée à la macroporosité du sol et la capacité de stocker de l’eau
disponible pour les végétaux est liée à la notion de réserve utile.
La pédofaune, de par ses déplacements aère le sol et en augmente la porosité, ceci est surtout
sensible en surface ou la majorité des arthropodes, ainsi que les annélides et les mollusques sont
actifs. Plus en profondeur, la formation de galeries verticales par les vers de terre, les fourmis et
les termites non seulement aèrent le sol en profondeur, mais en plus ils permettent une
infiltration rapide de l’eau sur toute la profondeur de leurs galeries qui se remplissent d’eau, eau
qui ensuite diffuse par capillarité à travers les parois de ces galeries. Les sols bien fournis en ce
type d’organisme sont ainsi capable de s’humidifier « par le bas », évitant ainsi que l’eau infiltrée
ne soit soumise à une évaporation très rapide.
Bien que plus discrets que la pédofaune, les champignons ont également un impact favorable sur
l’aération du sol, en effet le filet de leur mycélium est capable d’emprisonner des particules de
terre, délimitant ainsi des agrégats. Tout cela permet de développer une importante
macroporosité même dans des sols à la texture fine (limons fins, argiles).
En ce qui concerne la réserve utile, elle peut également être améliorée par le vivant et en
particulier par les micro-organismes prenant part aux processus d’humification (bactéries et
champignons), les composés humiques étant capable de stocker plusieurs fois leur poids en eau.
Voyons à présent la question de la stabilité de cette structure. En effet, il est bien beau d’avoir un
sol à la structure aérée et offrant une capacité au champ importante, si la première pluie ou le
premier tour d’irrigation la détruit en quelques minutes suite au tassement provoqué par les
gouttes et à l’éclatement des agrégats sous l’effet de l’eau !
Un facteur important dans la stabilité structurale est la présence d’éléments dissous possédant
deux charges positives, comme le calcium et le magnésium ainsi que certaines formes de fer et
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d’aluminium, capable de se lier à deux particules d’argile ou d’humus (chargées négativement) en
même temps et donc de les « coller » entre elles. Toutefois, à l’exception de ce facteur chimique,
la totalité des autres facteurs favorisant
Les composés favorisant une structure stable sont de nature diverse : nous avons déjà évoqué la
glomaline, sécrétée par les champignons MA, mais bien d’autres substances sont à l’
particulier des polysaccharides produits par d’autres champignons et par des bactéries. Lorsqu’ils
sont très stables, ces composés forment un humus microbien, très utile pour stabiliser un sol !
3. La nutrition des végétaux
L’activité des organismes du sol est dans de nomb
indirectement la nutrition des végétaux. Cela passe par de nombreux processus tels que
- La mycorhization déjà évoquée
sol permet de prélever certai
les MA sont capables d’aider significativement la plante pour sa nutrition en éléments
particulièrement peu mobiles, notamment le phosphore, mais aussi le zinc. Le prélèvement
d’azote est également favorisé par les mycorhizes, en particulier chez les ectomycorhizes dont
le système enzymatique très puisant est capable d’aller chercher l’azote directement dans la
matière organique.
- Les déjections et cadavres de la
disposition pour les végétaux des nutriments contenus dans les litières et les amendements
organiques. L’activité de la pédofaune génère ainsi en quelque sorte un fumier généré au sein
même du sol.
- L’importance des microorgani
manière simplifiée le cycle de l’azote, celui
flèches rouges sont dues à l’action de bactéries (et aussi de champignons en ce qui concerne
l’humification) :
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capable de se lier à deux particules d’argile ou d’humus (chargées négativement) en
de les « coller » entre elles. Toutefois, à l’exception de ce facteur chimique,
favorisant une structure stable sont d’origine biologique.
Les composés favorisant une structure stable sont de nature diverse : nous avons déjà évoqué la
sécrétée par les champignons MA, mais bien d’autres substances sont à l’
lysaccharides produits par d’autres champignons et par des bactéries. Lorsqu’ils
composés forment un humus microbien, très utile pour stabiliser un sol !
3. La nutrition des végétaux
L’activité des organismes du sol est dans de nombreux cas capable de favoriser directement ou
indirectement la nutrition des végétaux. Cela passe par de nombreux processus tels que
déjà évoquée : cette symbiose essentielle à la compréhension du lien plante
sol permet de prélever certains éléments difficilement accessible aux plantes. C’est ainsi que
les MA sont capables d’aider significativement la plante pour sa nutrition en éléments
particulièrement peu mobiles, notamment le phosphore, mais aussi le zinc. Le prélèvement
alement favorisé par les mycorhizes, en particulier chez les ectomycorhizes dont
le système enzymatique très puisant est capable d’aller chercher l’azote directement dans la
de la pédofaune : leur décomposition permet d’accélérer la mise à
disposition pour les végétaux des nutriments contenus dans les litières et les amendements
organiques. L’activité de la pédofaune génère ainsi en quelque sorte un fumier généré au sein
microorganismes dans le cycle de l’azote : le schéma suivant résume de
manière simplifiée le cycle de l’azote, celui-ci est en très grande partie biologique et toutes les
sont dues à l’action de bactéries (et aussi de champignons en ce qui concerne
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capable de se lier à deux particules d’argile ou d’humus (chargées négativement) en
de les « coller » entre elles. Toutefois, à l’exception de ce facteur chimique,
une structure stable sont d’origine biologique.
Les composés favorisant une structure stable sont de nature diverse : nous avons déjà évoqué la
sécrétée par les champignons MA, mais bien d’autres substances sont à l’œuvre, en
lysaccharides produits par d’autres champignons et par des bactéries. Lorsqu’ils
composés forment un humus microbien, très utile pour stabiliser un sol !
reux cas capable de favoriser directement ou
indirectement la nutrition des végétaux. Cela passe par de nombreux processus tels que :
ette symbiose essentielle à la compréhension du lien plante-
ns éléments difficilement accessible aux plantes. C’est ainsi que
les MA sont capables d’aider significativement la plante pour sa nutrition en éléments
particulièrement peu mobiles, notamment le phosphore, mais aussi le zinc. Le prélèvement
alement favorisé par les mycorhizes, en particulier chez les ectomycorhizes dont
le système enzymatique très puisant est capable d’aller chercher l’azote directement dans la
permet d’accélérer la mise à
disposition pour les végétaux des nutriments contenus dans les litières et les amendements
organiques. L’activité de la pédofaune génère ainsi en quelque sorte un fumier généré au sein
: le schéma suivant résume de
ci est en très grande partie biologique et toutes les
sont dues à l’action de bactéries (et aussi de champignons en ce qui concerne
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- Les chaînes alimentaires de la rhizosphère : la rhizosphère est la zone de quelques dixièmes
de millimètre qui environne les racines, c’est là que la plante libère ses rhizodépôts et met
ainsi à disposition des micro-organismes du sol de grandes quantités de substances organiques
riche en énergie. Une scientifique américaine, Mariane Clarholm, a mis en évidence dans les
années 80 que du blé cultivé sans engrais mais avec des bactéries et des amibes (protozoaires
de grande taille) prédatrices de bactéries assimilaient trois à quatre fois plus d’azote qu’un blé
qui poussait avec les seules bactéries. Voici l’explication de ce phénomène : la plante libère
dans le sol via la rhizodéposition des composés riches en carbone et pauvre en azote, ces
composés sont immédiatement consommés par les bactéries qui, pour équilibrer leur
alimentation, doivent aller chercher l’azote dans le sol environnant, essentiellement sous des
formes organiques non assimilables telles quelles par les végétaux. Ces bactéries sont ensuite
la proie d’amibes. L’azote qui composait la bactérie est utilisé pour un tiers par l’amibe, un
autre tiers rejoint le stock de matière organique du sol et le dernier tiers et rejeté sous forme
ammoniacale (NH4+) à proximité immédiate des poils absorbants. Cet ammonium est alors
absorbé par la plante soit tel quel, soit après nitrification. Tout cela est résumé dans le schéma
ci-dessous issus de Gobat et al., 2010 :
L’activité bactérienne de la rhizosphère permet également la mise à disposition d’autres
éléments, en particulier le phosphore et le fer, deux éléments d’ailleurs souvent associé dans
la matière minérale à de pH inferieurs à 6,5.
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Flux de carbone et d'
L'ensemble des organismes décrits précédemment entrent en jeu dans deux
la nature et d'importance fondamentale pour l'agrosystème : ceux du carbone et de l'
les appréhender, je vous propose de comparer chacun de ces cycles dans deux extrêmes :
milieu « naturel » (sous nos latitudes, disons,
les schémas qui suivent, l'écosystème
rectangles verts représentent l'écosystème « sol
entrant et sortant de l'écosystème.
Figure 4 : comparaison des flux de carbone dans un écosystème naturel et cultivé
Figure 5 : comparaison des flux d’azote dans un écosystème nature et cultivé
Il est frappant de voir que ces deux schémas sont très semblables, avec
naturel » un système qui cycle complètement le carbone et l'azote fixés respective
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carbone et d'azote
L'ensemble des organismes décrits précédemment entrent en jeu dans deux
et d'importance fondamentale pour l'agrosystème : ceux du carbone et de l'
vous propose de comparer chacun de ces cycles dans deux extrêmes :
latitudes, disons, une forêt mature) et un agrosystème dégradé. Dans
les schémas qui suivent, l'écosystème « naturel » est à gauche et le « dégradé » est à droite. Les
rectangles verts représentent l'écosystème « sol-végétation » et les flèches indiquent les flux
sortant de l'écosystème.
: comparaison des flux de carbone dans un écosystème naturel et cultivé
: comparaison des flux d’azote dans un écosystème nature et cultivé
Il est frappant de voir que ces deux schémas sont très semblables, avec
système qui cycle complètement le carbone et l'azote fixés respective
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L'ensemble des organismes décrits précédemment entrent en jeu dans deux des cycles majeurs de
et d'importance fondamentale pour l'agrosystème : ceux du carbone et de l'azote. Pour
vous propose de comparer chacun de ces cycles dans deux extrêmes : un
une forêt mature) et un agrosystème dégradé. Dans
« naturel » est à gauche et le « dégradé » est à droite. Les
» et les flèches indiquent les flux
: comparaison des flux de carbone dans un écosystème naturel et cultivé
: comparaison des flux d’azote dans un écosystème nature et cultivé
Il est frappant de voir que ces deux schémas sont très semblables, avec côté « écosystème
système qui cycle complètement le carbone et l'azote fixés respectivement par la
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photosynthèse et la fixation d'azote atmosphér
qui fuie de toutes parts et qui perd son capital carbone et azote. Cela est confirmé par une étude
suisse qui corrèle parfaitement la
suivante). Cette étude rassemble aussi bien
conséquence lorsqu'on amène un s
et de MO) vers la partie basse, on dégrad
Figure 6 : corrélation entre les teneurs en azote total et en MO
%MO
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fixation d'azote atmosphérique et côté « agrosystème dégradé » un système
perd son capital carbone et azote. Cela est confirmé par une étude
suisse qui corrèle parfaitement la matière organique des sols et l'azote total (Cf. graphique page
te étude rassemble aussi bien des sols cultivés que des sols forestiers. En
conséquence lorsqu'on amène un sol depuis la partie haute de la courbe (beaucoup d'azote total
et de MO) vers la partie basse, on dégrade le sol, alors que dans le cas contrair
: corrélation entre les teneurs en azote total et en MO d’un sol
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ique et côté « agrosystème dégradé » un système
perd son capital carbone et azote. Cela est confirmé par une étude
matière organique des sols et l'azote total (Cf. graphique page
des sols cultivés que des sols forestiers. En
courbe (beaucoup d'azote total
contraire, on l'aggrade.
d’un sol
%N total
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Aggradation et agriculture
L'agriculture moderne est donc devant le défi de produire suffisamment pour répondre aux
besoins de l'humanité (nourriture, fibres, énergie..) tout en préservant le sol, la nécessité est donc
de proposer des outils aggradants.
La réflexion sur ces pratiques se base sur deux axes : supprimer les pertes et cultiver la vie des
sols. Cela amène à trois grandes approches techniques : le semis direct (ou tout au moins le travail
superficiel), l’apport de MO et la production de MO au sein même de la parcelle.
Le semis direct/travail superficiel La réduction voire la suppression du travail du sol présente de nombreux intérêts tant en ce qui
concerne la suppression des pertes que la stimulation de a vie des sols. En effet, ces pratiques
permettent de réduire l’érosion, donc les pertes de carbone, azote et autre éléments qui lui sont
associés, elles permettent aussi de préserver la vie des sols en respectant son habitat et en le
préservant d’une destruction souvent pluriannuelle.
Les apports C’est souvent la première idée qui vient à l’esprit de l’agriculteur souhaitant améliorer la qualité
de sa terre, d’où une fascination souvent irrationnelle pour des amendements tels que les
composts et les fumiers de la part de nombreux agriculteurs « bio ». Sans vouloir nier les intérêts
de telles pratiques, il convient toutefois de fortement nuancer ces approches.
Donc finalement qu’est ce qui est important dans un amendement organique ? Tout d’abord, qu’il
nourrisse la vie du sol ! Et éventuellement qu’il apporte au sol des éléments minéraux déficients
ou exportés en grande quantité (comme l’azote).
Commençons par le second point : il est vrai que si certains éléments viennent à manquer pour la
culture, il est important que l’agriculteur les amène à ses culture, ceci est plus généralement le fait
d’un engrais (organique ou minéral) que d’un amendement organique. Certains d’entre eux
toutefois, comme les fumiers et certains composts amènent de l’azote au sol après minéralisation.
Ceci peut aider à fertiliser un système en difficulté, mais il n’y a aucune raison de faire de ces
apports des piliers fondamentaux de la pratique agricole.
Venons en donc à leur fonction essentielle qui est de nourrir la vie des sols dans toute sa diversité.
La partie sur la vie des sols a indiqué que celle-ci est essentiellement nourrie par des MO d’origine
végétale, ce sont donc là les matières à amener en priorité au sol. Il peut s’agir aussi bien de
matière d’origine herbacée (foin, paille) que ligneuse (Bois Raméal Fragmenté ou BRF, développée
à la fin de document) ou encore des déchets issues d’autres secteurs de la société, comme des
déchets de cuisine, du marc de raisin ou autre résidus de fruits. C’est ainsi que sur de petites
surfaces (maraîchage, arboriculture), il est possible de pailler abondamment les cultures avec des
paillages organiques qui reproduisent une abondante litière de surface dans laquelle la vie du sol
peut s’exprimer pleinement. Si cela est possible, l’idéal est de combiner des apports herbacés,
généralement très vite digérés par l’activité biologique, avec des apports ligneux (BRF) qui
nourrissent plus efficacement la flore fongique et sont consommés en des laps de temps bien plus
longs.
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Toutefois, si ces approchent permettent des améliorations spectaculaire dans de petites parcelles,
leur application à des parcelles de grandes culture montre leurs limites : problème de pénurie de
la ressource et transfert de fertilité depuis la parcelle de production de cette biomasse vers celle
où elle est épandue. Les apports organiques, qu’il s’agisse de déchets, de biomasse herbacée ou
ligneuse sont une solution surtout intéressante pour relancer la machine biologique sur des
petites surfaces.
La production de biomasse in-situ
La production de biomasse au sein même de la parcelle s’appuie soit sur les végétaux cultivés, soit
sur des plantes qui leur sont associés ou qui sont implantées après la récolte. Voyons
successivement ces différentes possibilités.
Les végétaux cultivés
En ce qui concerne les végétaux cultivés, la réflexion sur la vie des sols a plusieurs conséquences :
Tout d’abord, au niveau génétique, ils doivent pouvoir produire une biomasse aussi importante
que possible, contrairement aux sélections pratiquées depuis plusieurs décennies qui visent à
nanifier au maximum les plantes au profit d’une production maximale au niveau de la partie
récoltée. En attendant que la recherche nous fournisse des plantes sélectionnées pour produire un
maximum de biomasse, nous pouvons nous tourner vers des variétés anciennes souvent bien
adaptés à cet objectif.
Toujours au niveau génétique, il est indispensable que la plante en question ne soit pas un OGM*
produisant des substances insecticides (OGM Bt) dont les sécrétions sont mortelles pour de
nombreux représentants de la pédofaune.
Enfin, même si cela peut paraître une évidence, il est indispensable de laisser après la récolte un
maximum de résidus de culture qui vont faire une abondante litière de surface pour nourrir les
organismes du sol.
L’association de plusieurs plantes cultivées permet de diversifier les composés organiques libérés
dans le sol par les végétaux et donc de stimuler le développement d’un plus grand nombre
d’organismes du sol.
Les couverts végétaux
Avec les couverts végétaux nous entrons dans ce qui est probablement l’outil majeur de
l’agriculture de demain ! En effet, le couvert peut remplir des rôles aussi nombreux et essentiels
que la fertilisation, l’apport de carbone, la réorganisation des nitrates « lessivables » (CIPAN), le
contrôle de l’enherbement, l’entretien des populations de mycorhizes, et bien d’autres rôles
d’importance agronomique et environnementale majeure.
Les couverts peuvent être aussi bien des plantes implantées entre deux cultures (interculture) que
des plantes associées à celles qui sont cultivées (couvert associé).
Les couverts permanents, de même que l’agroforesterie permettent de générer en permanence
les trois flux de redistribution de l’énergie de la plante vers le sol.
Les ligneux : les agroforesteries
Encore plus puissant en terme de biomasse et de flux d’énergie que les plantes herbacées, voici les
ligneux. Eux aussi peuvent trouver leur place dans les systèmes agricoles, associés aussi bien à des
cultures herbacées (céréales, maraîchage…) que ligneuses (vigne, fruitiers…). C’est là le domaine
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des agroforesteries, aussi bien traditionnelles que modernes qui associent aux cultures (céréales,
fourrages, vignes, maraîchage…) à des arbres en périphérie ou au beau milieu des parcelles. Ces
arbres sont implantés dans le but de produire des fruits et/ou du bois autant que les nombreux
avantages agronomique et économiques qu’ils procurent.
Leur présence dans la parcelle permet de reproduire toute l’année les trois flux énergétiques de la
plante vers le sol et sont donc un excellent moyen de stimuler la vie du sol, ce d’autant plus que
les MO plus ou moins ligneuse (feuilles, racines fines, petites branches…) produites par l’arbre
complètent bien les MO plutôt cellulosiques des plantes herbacées cultivées.
Parmi ces MO, figurent bien entendu le bois des branches issues de la taille de formation des
arbres. Le broyage de ces branches est susceptible de fournir de petites quantités de BRF,
intéressantes pour amender les sols de parcelle agricole. Ce module propose pour terminer une
brève découverte de cet amendement et de son application en grandes cultures.
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Les Bois Raméaux Fragmentés (BRF)
Les BRF sont simplement des branches broyées destinées à l’amendement ou au paillage des sols.
Elles sont produites à partir de branche de préférence fraîchement coupées et de petit diamètre.
Le diamètre limite est souvent arbitrairement fixé à 7 cm, mais cette limite dépend en réalité des
contraintes liés à l’utilisateur ou au producteur de ces BRF : puissance du broyeur, diamètre à partir
duquel le bois valorisé en bois-énergie… Ce qu’il faut comprendre est que la branche est d’autant
plus riche que le diamètre est petit, riche en nutriments et riche en composés organiques
facilement consommables par la faune du sol (sucres, protéines…).
Le BRF se distingue d’un compost de déchets verts par le fait qu’il est un matériau frais produit
sans processus de compostage en tas ni élévation de température. Le compost est ainsi fortement
appauvri en énergie et en composés appétants pour la faune du sol.
Avantages et inconvénients L’utilisation de BRF présente un certain nombre d’intérêts parmi lesquels :
- La stimulation de la vie du sol et notamment des champignons saprotrophes ;
- Augmentation du taux d’humus ;
- Réduction de l’irrigation par une meilleure gestion de l’eau au sein du sol superficiel ;
- Réduction du désherbage, en particulier sur des cultures soumises à la concurrence d’annuelle
nitrophiles. Cet effet n’est en revanche pas observé sur des adventices vivaces telles que le
liseron, la potentille, le chiendent…
- Réduction de l’impact de certains ravageurs (nématode, doryphores…) et maladies fongiques.
Bien entendu quelques contraintes sont à relever :
- Faim d’azote la première année, surtout en cas d’apport printanier sous forme
d’amendement ;
- Inhibition de la germination par certains composés du bois, cet effet est soupçonné, mais très
peu renseigné, il semblerait que certaines inhibitions attribuées à la faim d’azote soient en
réalité due à cet effet ;
- A l’instar de toute pratique accumulant des MO en surface, l’utilisation de BRF favorise
excessivement les limaces lors des premiers apports ;
- En cas d’épandage mécanisé, il est très important de veiller aux conditions de sol afin d’éviter
de tasser celui-ci, ce qui serait contre productif ;
- La disponibilité de la ressource, le plus souvent très insuffisante pour satisfaire les besoins ;
- Le coût du broyage qui rend le BRF très cher à produire pour le moment.
BRF et grandes cultures céréalières En grandes cultures céréalière, l’usage du BRF restera certainement très marginal, mais il a
pourtant été étudié, notamment en Belgique par le Centre de technologie Agronomique de Strée
et en Bretagne par le réseau BASE (Bretagne, Agriculture, Sol et Environnement) qui rassemble des
agriculteurs autour de l’agriculture de conservation.
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La technique étudiée au CTA de Strée propose un gros épandage initial (200 m3/ha) réalisé à
l’épandeur à fumier puis incorporé aux 10/15 premiers centimètres du sol à la herse rotative.
Ensuite un des itinéraires techniques les plus intéressants est celui qui consiste à cultiver une
luzerne pendant deux ans avant de passe à une autre rotation. Les apports d’entretien sont ensuite
de 50 à 100m3 tous les 3 ou 4 ans.
La technique étudiée par le réseau BASE consiste en des apports plus modestes de 50 m3/ha/an
pendant quelques années (4 ou 5 ans) après quoi il n’est plus utile d’en amener. Ils ne procèdent
pas à une opération d’incorporation ce qui réduit le coût de la mise en œuvre et donne plus de
souplesse à l’itinéraire technique, puisque l’épandage peut être réalisé presque n’importe quand,
même sur une culture déjà levée.
Agroforesterie et production de BRF La taille des arbres agroforestier permet de produire en moyenne 4 à 5 m
3/ha/an
2, mais peut être
complété par l’apport d’une haie champêtre en bordure de parcelle et capable de produire 15 à 40
m3/km/an
3. Ces apports restent toutefois faibles comparés à ce que nécessite les itinéraires
techniques décrits ci-dessus, de sorte que les BRF peuvent représenter un complément de
fertilisation organique intéressants en contexte agroforestier et de semis direct, car pour que les
faible quantité de BRF produits puissent avoir un effet, il est nécessaire que celui-ci ne soit pas
dilué dans le sol.
2 Liagre F. in Asselineau et Domenech, 2007 3 Liagre, F 2006 « Les haies rurales », Ed. France Agricole
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Quelques lectures pour aller plus loin :
Asselineau, E., Domenech, G. « De l’arbre au sol : les Bois Raméaux Fragmentés », Ed. du
Rouergue, 2007, 250p.
Bourguignon, C. et L. « Le sol, la terre et les champs » Sang de la Terre 2008 (3ème
édition), 190p.
Eglin, T., Blanchard, E., Berthelin, J., de Cara, S., Grolleau, G., Lavelle, P., Richaume-Jolion, A., Bardy,
M., Bispo, A. – 2010- La vie cachée des sols – MEEDM, 20p.
Fortin, J.A, Plenchette, C., Piché, Y. « Les mycorhizes, la nouvelle révolution verte ». Ed. Multimonde
2008, 130p.
Gobat, J.M., Aragno, M., Matthey, W. « Le sol vivant ». Presses Polytechniques Universitaires
Romandes 2010 (3ème
édition), 817p.
Lowenfield, J. & Lewis, W. « Collaborer avec les bactéries et autres microorganismes », Ed. du
Rouergue 2009, 205p.
La revue TCS présente aussi régulièrement d’excellents dossiers sur les sols.