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LE JOURNAL DU JURA SAMEDI 28 AVRIL 2012 26 RIFFS HIFI BLACK COUNTRY COMMUNION Parfaite alchimie du rock anglo-américain Mieux qu’un supergroupe: un vrai groupe, tout simplement DAVID KESSI Formé début 2010, Black Country Communion (BCC) est, pour beaucoup, un super- goupe. Soit un alliage de musi- ciens confirmés issus d’autres groupes à forte notoriété. Sur le fond, c’est vrai. Mais à l’écoute de leurs deux premiers albums («Black Country» et «2»), l’adepte de bon rock ne pouvait être qu’interpellé, voire carrément conquis. La tournée qui a suivi (2011) a définitive- ment scellé l’union du band. Que celles et ceux qui en dou- tent regardent l’excellent DVD «Live over Europe» (désormais disponible en CD). Pour faire bref, BCC, c’est le vétéran Glenn Hughes, chan- teur-bassiste ex-Deep Purple et Black Sabbath, le génial guita- riste blues rock Joe Bonamassa, l’ancien claviériste de Dream Theater Derek Sherinian et Ja- son Bonham, batteur et fils du légendaire John, de Led Zeppe- lin. Le Barça du rock C’est en visionnant le DVD live que l’on comprend mieux pour- quoi ce dream team du rock as- pire à un avenir moins éphé- mère que d’autres supergroupes. Allons-y franco! Joe Bonamassa dans un groupe, c’est comme Messi au Barça. Le génie créatif, la technique parfaite, le type qui fait tout juste et en plus, qui se met au service de l’équipe. A seulement 35 ans, Bonamassa est sans discussion le meilleur guitariste de sa génération. Au- delà de sa technique hors pair, c’est certainement sa culture musicale et ses 30 ans de car- rière qui le propulsent là où il est aujourd’hui. Le prodige joue de- puis qu’il a 4 ans, il a appris avec les plus grands (Danny Gatton) et maîtrise parfaitement son ins- trument. A 11 ans, il faisait la première partie de BB King… Dans BCC, il a le privilège d’être bien entouré. Ce qui était au départ une alliance improba- ble est devenu un coup de maî- tre. Avec Glenn Hughes, c’est deux en un! Une des plus belles voix du rock anglais a été ressus- citée… Et quel bassiste! Il avait déjà tenu ce double rôle dans Deep Purple entre 1974 et 1976. L’époque de la gloire, mais aussi celle des excès. Devenu accro à la cocaïne, il lui a fallu plus de 20 ans pour connaître une rémis- sion complète. Après quelques plans foireux avec Black Sab- bath, Whitesnake ou encore Gary Moore, c’est en 2007 qu’il fit la connaissance de Bonamas- sa. Le courant passe immédiate- ment et quelques jams s’organi- sent. Sur les bons conseils de leur désormais producteur Ke- vin Shirley, ils engagent Bon- ham et Sherinian. La suite, on la connaît. On n’oserait pas préten- dre que les deux derniers nom- més sont de simples faire-valoir, mais force est de constater que le duo Hughes-Bonamassa est une classe au-dessus. Si Bon- ham aime autant que son père martyriser ses fûts, il en fait par- fois un peu trop. Quant à Sheri- nian, il fait le boulot, sobrement. Reste que les quatre ensemble, c’est une tuerie! Intergénérationnel A l’heure où l’on ressent un fort engouement pour les seventies, BCC est le groupe à découvrir. Savant mélange entre blues et hard rock, passerelle intempo- relle entres les générations, leurs albums se savourent sans ménagement. D’autant plus que le troisième est en route… Glenn Hughes (à gauche) et Joe Bonamassa: une paire en tous points redoutable. LDD JIM MARSHALL Disparition de l’inventeur de l’ampli guitare ultime Il va y avoir un sacré boucan au paradis Jim Marshall, génial inventeur, par hasard, de l’ampli guitare ul- time, nous a quittés il y a quelques jours, à l’âge respectable de 88 ans. Il a rejoint ses compères Les Paul et Leo Fender, autres pierres angulaires à qui l’on doit le vrai son du rock. Ça doit jammer sec, là-haut! Au début des années 60, Jim Marshall, propriétaire d’un ma- gasin de musique londonien, s’était illustré en recopiant le schéma d’un Fender Bassman alors très difficilement trouvable sur le marché. N’ayant pas les composants électroniques améri- cains d’origine sous la main, pro- tectionnisme de l’époque oblige, il les avait remplacés par des équi- valents européens. Fameuse idée. Car si leurs caractéristiques étaient identiques sur le papier, il en allait tout autrement au ni- veau de la réponse sonore, ce qu’il ignorait. Du coup, le Jim et son ingénieur attitré créèrent un son qui n’existait pas, la super-cré- meuse distorsion qui allait faire le bonheur de Pete Townshend (Who) le premier client. Suivront le gratin de l’époque, la fameuse trilogie Beck-Clapton-Page, et, forcément, tous les autres. Townshend, qui n’était pas en- core sourd et voulait à tout prix dépasser le boucan produit par la batterie de Keith Moon, suggéra au bon Jim de pousser l’ampli à 100 watts et de construire un baf- fle ne comprenant pas moins de huit haut-parleurs trente centi- mètres pour doubler le potentiel du Bassman d’origine jugé un peu juste... Du coup, ne pouvant pas dépla- cer le monstre avec ses petits bras, il fit couper le baffle en deux et créa, de facto, le stack Marshall dans toute sa splendeur. Le son et le look étaient nés, le hard rock al- lait suivre. Et Marshall d’entrer dans la légende. A une époque où le mot «endorsement» n’était pas encore inventé, Cream, Hen- drix, Led Zep, Free, Deep Purple, Black Sabbath et consorts furent les ambassadeurs, non rétribués, d’une marque pourtant mal dis- tribuée, Marshall ayant impru- demment signé un contrat cala- miteux dont il ne put se départir qu’au milieu des années septante. A partir de cette époque, Mar- shall entrera dans une phase d’in- dustrialisation et de développe- ment qui en feront la première marque mondiale d’amplis. Cin- quante ans plus tard, le binôme Gibson - Les Paul - Marshall reste la formule magique de tout har- deux qui se respecte, parole de Slash. Pour marquer les 50 ans d’exis- tence de l’ampli, cette année ver- ra la création d’une série limitée d’amplis, d’un watt seulement, retraçant l’histoire sonore de Marshall. Le grand raout prévu de longue date pour cet automne à Londres se transformera, par la force de choses, en un gigantes- que hommage posthume. PIERRE-ALAIN KESSI Jim Marshall: sans lui, on en serait resté au menuet... LDD LA PLAYLIST DE... David Kessi [email protected] BLACK COUNTRY COMMUNION Live Over Europe (2012) Grâce à ses deux premiers albums enregistrés à la suite, le gang à Bonamassa a pu investir les scènes européennes avec 23 nouveaux titres. Après une introduction instrumentale digne des clichés hard rock 80’s, «Black Country» donne le ton. Fidèles aux enregistrements studios, les premiers titres sont sans surprises. Mais plus on avance, plus ils s’allongent et les impros se multiplient. Le son est énorme, un pur régal! LITFIBA Grande Nazione (2012) Il aura fallu attendre plus de 10 ans et le retour d’«el grande Piero Pelù» pour que Litfiba ressorte un album digne de son ancienne notoriété. Avec «Grande Nazione», les Florentins signent un retour remarqué. On retrouve dans cet album la formule gagnante du début des années 90, époque de «El Diablo» et «Terremoto», leurs meilleures réalisations. Gare à toi il Cavaliere, le plus grand groupe rock de la Péninsule est dans la place! CHRIS CORNELL Songbook (2011) Après son dernier album solo («Scream») franchement catastrophique (produit par Timbaland), le bon Chris est revenu à de meilleures intentions. «Songbook» est un album live sur lequel il est seul, avec sa guitare acoustique. Il y revisite ses meilleures compos, dont les plus réussies sont tirées de Soundgarden et Temple of the Dog, évidemment. Ceux qui n’aiment pas sa voix passeront leur chemin et les autres s’en contenteront en attendant le retour imminent de Soundgarden. ALICE IN CHAINS Jar of Flies (1993) Le joyau du groupe! Le regretté Layne Staley et ses potes avaient bluffé la planète grunge en sortant ce maxi de 30 minutes (!). Très loin de la frénésie des deux premiers disques, l’atmosphère acoustique et les ballades ensorcelantes sont sublimées par les harmonies vocales. En réécoutant aujourd’hui le magnifique «Nutshell», on a cette glaciale impression d’entendre un fantôme… UNISONIC Le metal germanique tient son super-groupe Cette fois, ça y est: le heavy metal germanique tient son super-groupe. Baptisée Unisonic, cette Mannschaft réunit la voix originelle d’Helloween (Michael Kiske), la section rythmique de Pink Cream 69 (Dennis Ward et Kosta Zafiriou), la guitare de Gamma Ray (Kai Hansen), et celle de notre Mandy Meyer national qui s’est distingué avec Asia, Gotthard et Krokus. Leur première livraison éponyme (distribution Phonag Records) a immédiatement trouvé un public friand de solos à deux guitares et de refrains archimélodiques, si bien qu’elle se classe 24e en Allemagne, 19e au Japon et même 8e en Finlande. Une entrée en matière remarquée pour un ensemble qui, s’il n’invente rien, manie les ficelles du heavy metal épique comme des routiniers. Normal pour des gars qui sont en même temps les pionniers du genre. PV EUROPE Bien mieux que «The final countdown» Europe peut dire merci aux beaufs épais qui suivent le foot et le hockey. Ces esthètes ont en effet adopté pour les siècles à venir «The final countdown», tube planétaire des minets hardeux suédois. Ces derniers valent cependant mieux que ce hit. Le soussigné se souvient ainsi avec émotion des albums «Out of this world» et «Prisoners of paradise» débordant de solos de gratte aussi jouissifs que racoleurs. On n’est effectivement et heureusement pas chez Robert Fripp, ici. Mais on évoque là des temps immémoriaux. Europe, en effet, vient tout juste de commettre «Bag of bones» (distribution Phonag Records), album fort honorable au demeurant. Même l’omniprésent Joe Bonamassa y est venu jouer les special guest stars. Et on a gardé le meilleur pour la fin. Europe sera en concert le 17 mai à la patinoire de Wetzikon. Lieu mythique que le soussigné avait rallié en Solex en 1972 pour voir les Who. Là, on vous parle du plus grand groupe du monde, passé, présent et à venir. Mais vous commencez à le savoir... PABR H.E.A.T Quand l’élève dépasse un peu le maître Et puisqu’on était en Suède, restons-y! Figurez-vous que ce pays pourtant puritain, protestant coincé, inventeur du socialisme pesant et peu jouissif, est paradoxalement le paradis des bûcherons et des bellâtres. Là, on vous parle de rock. Et dans le cas présent de glam hard rock, histoire d’aligner les terminologies qui ne veulent strictement rien dire. Le groupe se nomme H.e.a.t et sa galette «Address the nation» (distribution Phonag Records). Cette troisième création est le fait de gentils garçons qui distillent un hard ma foi assez subtil. Elevés au biberon par Poison, Def Leppard et forcément Europe, ces bébés ont toutefois commis un album plus jouissif que celui des derniers cités et furtivement chroniqué ci-dessus. Bon, ils n’obtiendront pas le prix Nobel au Salon des inventions. Mais il en va finalement du hard (glam) rock comme du bödele: qu’importe la subtilité, pourvu qu’on ait l’ivresse... PABR A seulement 35 ans, Joe Bonamassa est sans discussion le meilleur gratteur de sa génération.

Mieux qu’unsupergroupe: un vrai groupe,tout simplement · LEJOURNALDUJURASAMEDI 28 AVRIL 2012 26 RIFFS HIFI BLACKCOUNTRYCOMMUNIONParfaitealchimie du rock anglo-américain Mieux

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Page 1: Mieux qu’unsupergroupe: un vrai groupe,tout simplement · LEJOURNALDUJURASAMEDI 28 AVRIL 2012 26 RIFFS HIFI BLACKCOUNTRYCOMMUNIONParfaitealchimie du rock anglo-américain Mieux

LE JOURNAL DU JURA SAMEDI 28 AVRIL 2012

26 RIFFS HIFI

BLACK COUNTRY COMMUNION Parfaite alchimie du rock anglo-américain

Mieux qu’un supergroupe:un vrai groupe, tout simplementDAVID KESSI

Formé début 2010, BlackCountry Communion (BCC)est, pour beaucoup, un super-goupe. Soit un alliage de musi-ciens confirmés issus d’autresgroupes à forte notoriété.

Sur le fond, c’est vrai. Mais àl’écoute de leurs deux premiersalbums («Black Country» et«2»), l’adepte de bon rock nepouvait être qu’interpellé, voirecarrément conquis. La tournéequi a suivi (2011) a définitive-ment scellé l’union du band.Que celles et ceux qui en dou-tent regardent l’excellent DVD«Live over Europe» (désormaisdisponible en CD).

Pour faire bref, BCC, c’est levétéran Glenn Hughes, chan-teur-bassiste ex-Deep Purple etBlack Sabbath, le génial guita-riste blues rock Joe Bonamassa,l’ancien claviériste de DreamTheater Derek Sherinian et Ja-son Bonham, batteur et fils dulégendaire John, de Led Zeppe-lin.

Le Barça du rockC’est en visionnant le DVD live

que l’on comprend mieux pour-quoi ce dream team du rock as-pire à un avenir moins éphé-mère que d’autres supergroupes.Allons-y franco! Joe Bonamassadans un groupe, c’est commeMessi au Barça. Le génie créatif,la technique parfaite, le type qui

fait tout juste et en plus, qui semet au service de l’équipe. Aseulement 35 ans, Bonamassaest sans discussion le meilleurguitariste de sa génération. Au-delà de sa technique hors pair,c’est certainement sa culturemusicale et ses 30 ans de car-rière qui le propulsent là où il estaujourd’hui. Le prodige joue de-puis qu’il a 4 ans, il a appris avecles plus grands (Danny Gatton)et maîtrise parfaitement son ins-trument. A 11 ans, il faisait lapremière partie de BB King…

Dans BCC, il a le privilèged’être bien entouré. Ce qui étaitau départ une alliance improba-ble est devenu un coup de maî-tre. Avec Glenn Hughes, c’estdeux en un! Une des plus bellesvoix du rock anglais a été ressus-citée… Et quel bassiste! Il avaitdéjà tenu ce double rôle dansDeep Purple entre 1974 et 1976.L’époque de la gloire, mais aussicelle des excès. Devenu accro àla cocaïne, il lui a fallu plus de 20ans pour connaître une rémis-sion complète. Après quelquesplans foireux avec Black Sab-bath, Whitesnake ou encoreGary Moore, c’est en 2007 qu’ilfit la connaissance de Bonamas-sa. Le courant passe immédiate-ment et quelques jams s’organi-sent. Sur les bons conseils deleur désormais producteur Ke-vin Shirley, ils engagent Bon-

ham et Sherinian. La suite, on laconnaît. On n’oserait pas préten-dre que les deux derniers nom-més sont de simples faire-valoir,mais force est de constater quele duo Hughes-Bonamassa estune classe au-dessus. Si Bon-ham aime autant que son pèremartyriser ses fûts, il en fait par-fois un peu trop. Quant à Sheri-nian, il fait le boulot, sobrement.Reste que les quatre ensemble,c’est une tuerie!

IntergénérationnelA l’heure où l’on ressent un fort

engouement pour les seventies,BCC est le groupe à découvrir.Savant mélange entre blues ethard rock, passerelle intempo-relle entres les générations,leurs albums se savourent sansménagement. D’autant plus quele troisième est en route…W

Glenn Hughes (à gauche) et Joe Bonamassa: une paire en tous points redoutable. LDD

JIM MARSHALL Disparition de l’inventeur de l’ampli guitare ultime

Il va y avoir un sacré boucan au paradisJim Marshall, génial inventeur,

par hasard, de l’ampli guitare ul-time,nousaquittésilyaquelquesjours, à l’âge respectable de 88ans. Il a rejoint ses compères LesPaul et Leo Fender, autres pierresangulaires à qui l’on doit le vraison du rock. Ça doit jammer sec,là-haut!

Au début des années 60, JimMarshall, propriétaire d’un ma-gasin de musique londonien,

s’était illustré en recopiant leschéma d’un Fender Bassmanalors très difficilement trouvablesur le marché. N’ayant pas lescomposantsélectroniquesaméri-cains d’origine sous la main, pro-tectionnisme de l’époque oblige,il lesavait remplacéspardeséqui-valents européens. Fameuse idée.Car si leurs caractéristiquesétaient identiques sur le papier, ilen allait tout autrement au ni-

veaudelaréponsesonore,cequ’ilignorait. Du coup, le Jim et soningénieur attitré créèrent un sonqui n’existait pas, la super-cré-meusedistorsionquiallait faire lebonheur de Pete Townshend(Who)lepremierclient.Suivrontle gratin de l’époque, la fameusetrilogie Beck-Clapton-Page, et,forcément, tous les autres.

Townshend, qui n’était pas en-core sourd et voulait à tout prixdépasser le boucan produit par labatterie de Keith Moon, suggéraau bon Jim de pousser l’ampli à100 watts et de construire un baf-fle ne comprenant pas moins dehuit haut-parleurs trente centi-mètres pour doubler le potentielduBassmand’originejugéunpeujuste...

Du coup, ne pouvant pas dépla-cer le monstre avec ses petitsbras, il fit couper le baffle en deuxet créa, de facto, le stack Marshalldans toute sa splendeur. Le son etle lookétaientnés, lehardrockal-lait suivre. Et Marshall d’entrerdans la légende. A une époque oùle mot «endorsement» n’était

pas encore inventé, Cream, Hen-drix, Led Zep, Free, Deep Purple,Black Sabbath et consorts furentles ambassadeurs, non rétribués,d’une marque pourtant mal dis-tribuée, Marshall ayant impru-demment signé un contrat cala-miteux dont il ne put se départirqu’au milieu des années septante.

A partir de cette époque, Mar-shall entrera dans une phase d’in-dustrialisation et de développe-ment qui en feront la premièremarque mondiale d’amplis. Cin-quante ans plus tard, le binômeGibson - Les Paul - Marshall restela formule magique de tout har-deux qui se respecte, parole deSlash.

Pour marquer les 50 ans d’exis-tence de l’ampli, cette année ver-ra la création d’une série limitéed’amplis, d’un watt seulement,retraçant l’histoire sonore deMarshall. Le grand raout prévude longue date pour cet automneà Londres se transformera, par laforce de choses, en un gigantes-que hommage posthume.WPIERRE-ALAIN KESSIJim Marshall: sans lui, on en serait resté au menuet... LDD

LA PLAYLIST DE...David [email protected]

BLACK COUNTRY COMMUNION Live Over Europe (2012)Grâce à ses deux premiers albums enregistrés à la suite, le gang àBonamassa a pu investir les scènes européennes avec 23 nouveauxtitres. Après une introduction instrumentale digne des clichés hard rock80’s, «Black Country» donne le ton. Fidèles aux enregistrements studios,les premiers titres sont sans surprises. Mais plus on avance, plus ilss’allongent et les impros se multiplient. Le son est énorme, un pur régal!

LITFIBA Grande Nazione (2012)Il aura fallu attendre plus de 10 ans et le retour d’«el grande Piero Pelù»pour que Litfiba ressorte un album digne de son ancienne notoriété.Avec «Grande Nazione», les Florentins signent un retour remarqué. Onretrouve dans cet album la formule gagnante du début des années 90,époque de «El Diablo» et «Terremoto», leurs meilleures réalisations. Gareà toi il Cavaliere, le plus grand groupe rock de la Péninsule est dans laplace!

CHRIS CORNELL Songbook (2011)Après son dernier album solo («Scream») franchement catastrophique(produit par Timbaland), le bon Chris est revenu à de meilleuresintentions. «Songbook» est un album live sur lequel il est seul, avec saguitare acoustique. Il y revisite ses meilleures compos, dont les plusréussies sont tirées de Soundgarden et Temple of the Dog, évidemment.Ceux qui n’aiment pas sa voix passeront leur chemin et les autres s’encontenteront en attendant le retour imminent de Soundgarden.

ALICE IN CHAINS Jar of Flies (1993)Le joyau du groupe! Le regretté Layne Staley et ses potes avaient blufféla planète grunge en sortant ce maxi de 30 minutes (!). Très loin de lafrénésie des deux premiers disques, l’atmosphère acoustique et lesballades ensorcelantes sont sublimées par les harmonies vocales. Enréécoutant aujourd’hui le magnifique «Nutshell», on a cette glacialeimpression d’entendre un fantôme…

UNISONICLe metal germanique tient son super-groupeCette fois, ça y est: le heavy metal germanique tient son super-groupe.Baptisée Unisonic, cette Mannschaft réunit la voix originelled’Helloween (Michael Kiske), la section rythmique de Pink Cream 69(Dennis Ward et Kosta Zafiriou), la guitare de Gamma Ray (KaiHansen), et celle de notre Mandy Meyer national qui s’est distinguéavec Asia, Gotthard et Krokus. Leur première livraison éponyme(distribution Phonag Records) a immédiatement trouvé un public friandde solos à deux guitares et de refrains archimélodiques, si bien qu’ellese classe 24e en Allemagne, 19e au Japon et même 8e en Finlande.Une entrée en matière remarquée pour un ensemble qui, s’il n’inventerien, manie les ficelles du heavy metal épique comme des routiniers.Normal pour des gars qui sont en même temps les pionniers dugenre.W PV

EUROPEBien mieux que «The final countdown»Europe peut dire merci aux beaufs épais qui suivent le foot et lehockey. Ces esthètes ont en effet adopté pour les siècles à venir «Thefinal countdown», tube planétaire des minets hardeux suédois. Cesderniers valent cependant mieux que ce hit. Le soussigné se souvientainsi avec émotion des albums «Out of this world» et «Prisoners ofparadise» débordant de solos de gratte aussi jouissifs que racoleurs.On n’est effectivement et heureusement pas chez Robert Fripp, ici.Mais on évoque là des temps immémoriaux. Europe, en effet, vienttout juste de commettre «Bag of bones» (distribution Phonag Records),album fort honorable au demeurant. Même l’omniprésent JoeBonamassa y est venu jouer les special guest stars. Et on a gardé lemeilleur pour la fin. Europe sera en concert le 17 mai à la patinoire deWetzikon. Lieu mythique que le soussigné avait rallié en Solex en 1972pour voir les Who. Là, on vous parle du plus grand groupe du monde,passé, présent et à venir. Mais vous commencez à le savoir...W PABR

H.E.A.TQuand l’élève dépasse un peu le maîtreEt puisqu’on était en Suède, restons-y! Figurez-vous que ce payspourtant puritain, protestant coincé, inventeur du socialisme pesant etpeu jouissif, est paradoxalement le paradis des bûcherons et desbellâtres. Là, on vous parle de rock. Et dans le cas présent de glamhard rock, histoire d’aligner les terminologies qui ne veulentstrictement rien dire. Le groupe se nomme H.e.a.t et sa galette«Address the nation» (distribution Phonag Records). Cette troisièmecréation est le fait de gentils garçons qui distillent un hard ma foi assezsubtil. Elevés au biberon par Poison, Def Leppard et forcément Europe,ces bébés ont toutefois commis un album plus jouissif que celui desderniers cités et furtivement chroniqué ci-dessus. Bon, ils n’obtiendrontpas le prix Nobel au Salon des inventions. Mais il en va finalement duhard (glam) rock comme du bödele: qu’importe la subtilité, pourvuqu’on ait l’ivresse...W PABR

A seulement 35 ans, JoeBonamassa est sans discussion lemeilleur gratteur de sa génération.