16
Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal Milan info n°22 et 23- mai 2011 - Photo : A. Labat, Colibri © n° 22 et 23 - mai 2011 Le milan royal est l’un de nos rapaces le plus élégant, le plus visible, le plus coloré. Il n’est pas dif- ficile à identifier. C’est l’une des rares espèces d’oiseaux dont la répartition est limitée pour l’essentiel à l’Europe occidentale, avec trois pays (Allemagne, France, Espagne) abritant près de 90 % de sa population totale, estimée à moins de 25 000 couples. C’est une espèce robuste qui réagit bien aux mesures de protection : l’exemple de la Grande-Bre- tagne et de la Suède le montre bien. De quelques couples menacés, la population de ces pays est en pleine expansion, grâce au respect des mesures de conservation. Pour la France, ce « Milan info » montre la richesse et l’importance des actions de terrain, malgré les difficultés du suivi de cette espèce et le manque de moyens humains et financiers. Là encore, la survie du milan royal en France repose sur les bénévoles et les animations coordonnées par la Mission Rapaces de la LPO. La nouvelle réglementation en faveur de l’équarissage naturel qui doit son existence aux naturalistes français est une bonne nouvelle. A nous d’utiliser cet outil. Le site Internet consacré au milan royal, réalisé par la Mission Rapaces, est un autre outil de connaissance, de communication et d’échange d’expériences qui doit nous permettre de renforcer nos actions et d’élargir le cercle des amis du milan royal. Par contre, l’Etat, les collectivités, s’engagent bien peu malgré les discours sur la biodiversité. Le mythe des « nuisibles », avec son cortège de tirs et d’empoisonnements illégaux, perdure dans nos campagnes. Les chiffres de destruction en France, dont on ne connaît pourtant que des exemples anec- dotiques, sont scandaleux. L’ordre de grandeur réel a sans doute un impact significatif sur certaines populations. Les plans d’actions européens et français doivent être impérativement relancés et apporter des moyens et une volonté politique. Jean-François Terrasse, délégué Mission Rapaces Milan info n°22 et 23 - mai 2011 - 1 Suivi Surveillance 2010 2 Reproduction 2010 6 Couple marqué 7 Famille chanceuse 7 Balise Argos/GPS 8 Conservation Marquage 2010 9 Milan marqué à Majorque 10 Régime alimentaire 10 Placette en Lorraine... 12 ... et dans le Cantal 13 Nouvelle règlementation 13 Scandale Mortalité 2010 14 International Plans d’actions 15 Sensibilisation Nouveautés sur la toile 16

milan-info2223-bd

Embed Size (px)

DESCRIPTION

http://rapaces.lpo.fr/sites/default/files/mission-rapaces/36/milan-info2223-bd.pdf

Citation preview

Page 1: milan-info2223-bd

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°22 et 23- mai 2011 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

n° 22 et 23 - mai 2011

Le milan royal est l’un de nos rapaces le plus élégant, le plus visible, le plus coloré. Il n’est pas dif-ficile à identifier. C’est l’une des rares espèces d’oiseaux dont la répartition est limitée pour l’essentiel à l’Europe occidentale, avec trois pays (Allemagne, France, Espagne) abritant près de 90 % de sa population totale, estimée à moins de 25 000 couples.

C’est une espèce robuste qui réagit bien aux mesures de protection : l’exemple de la Grande-Bre-tagne et de la Suède le montre bien. De quelques couples menacés, la population de ces pays est en pleine expansion, grâce au respect des mesures de conservation.

Pour la France, ce « Milan info » montre la richesse et l’importance des actions de terrain, malgré les difficultés du suivi de cette espèce et le manque de moyens humains et financiers. Là encore, la survie du milan royal en France repose sur les bénévoles et les animations coordonnées par la Mission Rapaces de la LPO. La nouvelle réglementation en faveur de l’équarissage naturel qui doit son existence aux naturalistes français est une bonne nouvelle. A nous d’utiliser cet outil. Le site Internet consacré au milan royal, réalisé par la Mission Rapaces, est un autre outil de connaissance, de communication et d’échange d’expériences qui doit nous permettre de renforcer nos actions et d’élargir le cercle des amis du milan royal.

Par contre, l’Etat, les collectivités, s’engagent bien peu malgré les discours sur la biodiversité. Le mythe des « nuisibles », avec son cortège de tirs et d’empoisonnements illégaux, perdure dans nos campagnes. Les chiffres de destruction en France, dont on ne connaît pourtant que des exemples anec-dotiques, sont scandaleux. L’ordre de grandeur réel a sans doute un impact significatif sur certaines populations. Les plans d’actions européens et français doivent être impérativement relancés et apporter des moyens et une volonté politique.

Jean-François Terrasse, délégué Mission Rapaces

Milan info n°22 et 23 - mai 2011 - 1

Suivi Surveillance 2010 2

Reproduction 2010 6Couple marqué 7

Famille chanceuse 7Balise Argos/GPS 8

ConservationMarquage 2010 9

Milan marqué à Majorque 10Régime alimentaire 10

Placette en Lorraine... 12... et dans le Cantal 13

Nouvelle règlementation 13Scandale

Mortalité 2010 14International

Plans d’actions 15Sensibilisation

Nouveautés sur la toile 16

Page 2: milan-info2223-bd

- Milan info n°22 et 23 - mai 20112

Suivi Bilan de la surveillance 2010

Alsace

Nouvelle année globalement médiocre et hétérogène pour le milan royal en France. Les mauvaises conditions météorologiques du prin-temps, et particulièrement le coup de froid et la neige au mois de mai ont fortement impacté le succès de reproduction (=1,21) des couples suivis. Le taux d’échec est toutefois moins élevé dans les régions de plaine, moins touchées par ces événements météorologiques. L’année 2010 est par ailleurs marquée par une recrudescence des cadavres de milans royaux, victimes pour beaucoup d’empoisonnements par des toxiques interdits sur le territoire. Ces actes illégaux contribuent à aggraver la situation déjà extrêmement préoccupante du milan royal, dont la France abrite la seconde population mondiale. Ils anéantissent les efforts de plus en plus marqués déployés par le réseau milan royal pour tenter de sauver l’es-pèce. Dans ce contexte, il devient urgent que l’Etat prenne des mesures fortes pour stopper le déclin de cette espèce menacée.

. Fabienne David & Aymeric Mionnet .

Aquitaine

Auvergne

Haut (68) et Bas-Rhin (67)Le travail de recensement des couples nicheurs s’est poursuivi en 2010 sur toute l’Alsace, que ce soit dans le sud (Jura alsacien et le Sundgau - 27 à 31 couples) ou dans le nord-ouest (Alsace bossue et franges mosellanes li-mitrophes - 8 à 12 couples). Hormis ces deux bastions, quelques couples ont été recensés sur les collines sous-vosgiennes et dans une vallée vosgienne. L’estima-tion de la population alsacienne se situe donc entre 39 et 52 couples. Seuls dix jeunes à l’envol ont été observés suite à une prospection insuffisante en fin de saison. Deux cas avérés de mortalité liés à des empoisonnements volontaires au carbofuran ont été relevés ; deux autres cas d’empoisonnements possibles ont aussi été signalés. Le travail de préserva-tion des aires avec l’ONF et les com-munes s’est poursuivi.

. Coordination : Thierry Delemonte et Sébastien Didier . LPO Alsace

Cantal (15) - Planèze de Saint-FlourLes couples probables et possibles correspondent pour la plupart à des couples nouvellement formés ou re-constitués qui n’ont pas niché. D’autres concernent des sites antérieurement occupés où la présence d’oiseau a été notée sans que les nids puissent être découverts. 42 couples nicheurs ont été suivis cette année, 13 couples ont échoué dans leur reproduction, 15 couples ont élevé un jeune, et 13 couples deux jeunes, un seul couple a produit trois jeunes à l’envol. Cette

saison est donc médiocre mais toutefois pas aussi catastrophique que 2009. Le taux d’échec (31 %) est important mais dans la moyenne pour cette zone d’étude. 38 jeunes et trois adultes ont été bagués parmi lesquels 36 jeunes et deux adultes ont été équipés de marques alaires, le 3e adulte ayant été équipé d’une balise Argos-GPS.

. Coordination : Romain Riols . LPO Auvergne

Haute-Loire (43) Conséquence apparente d’un prin-temps froid et neigeux, on constate un fort taux d’échec et peu de jeunes à l’envol, malgré un nombre de couples suivis croissant : seulement 12 jeunes à l’envol (13 à 15 si on compte un couple non contrôlé), contre 21 en 2009. On compte six couples avec échec au moment de la couvaison ou au moment des premières semaines de nourrissage (contre un ou deux les deux années précédentes), au moins deux cas de prédation juste avant envol et aucun nid à trois jeunes. Seuls sept nids ont finalement fait l’objet du programme de marquage en 2010, soit 11 jeunes marqués contre 20 jeunes en 2009.

. Coordination : Rémy Desecures . LPO Auvergne

Puy-de-Dôme (63)- Chaîne des Puys

Enormément de changements sur la zone d’étude par rapport aux années antérieures. Nettement plus de couples ont été suivis, probablement en partie grâce à une intensité de prospection un peu plus importante, mais aussi grâce à l’installation de plusieurs nouveaux couples en forte densité à proximité du dortoir d’immatures. Deux femelles marquées (de 4e et 5e année) ont enfin niché pour la première fois. Parallè-lement, au moins un, peut-être deux couples ont disparu. Le succès repro-ducteur est le plus faible enregistré après celui catastrophique de 2008. Pour la première fois aucune nichée à trois jeunes n’est notée. Les couples les plus précoces et stables (produi-sant habituellement le plus de jeunes) ont pratiquement tous échoué dans

Pyrénées-Atlantiques (64)En novembre 2006, emboîtant le pas au plan national de restauration milan

royal, le Parc national des Pyrénées s’en-gageait sur ses zones de compétences à participer au recensement des hiver-nants ainsi qu’au suivi de la reproduc-tion. Deux zones échantillons y furent retenues. La haute vallée des Nestes Aure et Louron (65 km²), dans les Hautes-Pyrénées, fait l’objet d’un suivi conjoint par l’ONF et le Parc national. Dix couples nicheurs y sont recensés en 2010. Le secteur Ossau du PNP, retenu en tant qu’une des zones échantillons dans le département des Pyrénées-At-lantiques, concentre, quant à lui, un effort particulier de prospection sur cette espèce. La zone s’étend du village de Laruns, au sud, au village d’Arudy, au nord. En 2010, 14 territoires sont recensés sur 60 km² avec sept couples nicheurs certains, équivalent à une den-sité de 23 couples pour 100 km². Bien sûr, beaucoup d’inconnues demeurent sur la reproduction de la moitié des couples recensés : la principale difficulté restant dans la détection des aires, notamment sous le couvert boisé. De plus, à la même période, les efforts sont aussi partagés entre tous les suivis de reproduction (vautours fauves, aigles et percnoptères pour l’essentiel). En 2010, deux aires nouvelles sur des territoires déjà identifiés sont découvertes ainsi qu’un nouveau territoire avec un couple nicheur. Il semble néanmoins probable que le nombre de couples nicheurs loca-lisés soit encore en deçà de la réalité.

. Coordination : Didier Peyrusque et Linda Rieu . Parc national des Pyrénées

Page 3: milan-info2223-bd

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

3Milan info n°22 et 23 - mai 2011 -

Bourgogneleur reproduction. Le froid et la neige de début mai étant probablement responsables de ces échecs (pontes « infertiles » et mortalité à l’éclosion). Une femelle adulte a également été retrouvée morte près de son nid. Sur les 20 couples suivis, 11 (soit 55 %) échouent ! Un couple produit un jeune à l’envol et huit produisent deux jeunes à l’envol. Tous ont pu être bagués et marqués.

- Gorges de la DordognePas de réel suivi sur cette zone, seulement quelques infos récoltées lors du suivi d’autres espèces de rapaces. Un couple nicheur en 2009 était présent mais le nid occupé en 2009 n’a pas été utilisé, deux autres couples cantonnés sans preuve de reproduction certaine. Enfin, un nid bien visible découvert en 2007 mais jusque-là non suivi a fait l’objet d’un suivi minimal : incubation notée en avril, échec constaté en mai.

- Gorges de la SiouleC’est avec plaisir que j’ai constaté qu’un couple est revenu sur son site de nidifica-tion et a réutilisé son nid, après avoir complètement changé de site en 2008 et 2009 sans pouvoir être suivi. Ce couple a niché à 17 mètres d’un couple d’aigle botté, situation déjà existante en 2003 et ce jusqu’en 2007. La reproduction a été la plus tardive constatée jusqu’à présent sur l’ensemble des zones suivies en Auvergne, les deux jeunes se sont envolés après les jeunes aigles bottés voisins ! Il est probable qu’un dérangement ait eu lieu sur le site utilisé en 2008, 2009 et début 2010 et que les oiseaux aient été contraints de se déplacer et de se reproduire tardivement (ponte de rem-placement ??) sur leur ancien site de nidification... Les deux autres couples suivis sur la zone produisent chacun un jeune.

. Coordination : Romain Riols .

LPO Auvergne

Côte-d’Or (21), Saône-et-Loire (71) Yonne (89) et Nièvre (58)Tous les couples certains et la large majorité des couples pro-bables et possibles localisés en 2010 en Bourgogne se trouvent dans l’Auxois, bastion régional de l’espèce. Cette population régionale d’une dizaine à une vingtaine de couples nicheurs s’avère bien plus importante que ce que nous imaginions au début des années 2000. L’expérience acquise depuis ces quatre années de suivis et la fidélité de l’espèce à ses sites de reproduction contribue aux résultats croissants chaque année. Difficile en revanche de savoir si cette hausse pro-vient aussi d’une population nicheuse en augmentation dans l’Auxois. A minima, nous pouvons penser qu’elle ne régresse plus depuis 2007. La productivité des couples loca-lisés paraît en revanche faible, ce qui pourrait cette année être mis sur le compte d’épisodes météorologiques défavorables au cours du printemps. Fait encourageant après des années de « disette » : un premier oiseau né et marqué en Bour-gogne en 2007 a été revu ce printemps proche de son site de naissance.

. Coordination : Thomas Maurice . EPOB

Champagne-ArdenneHaute-Marne (52)La reproduction du milan royal en 2010 en Haute-Marne a été très satisfaisante. Tout d’abord, le nombre de couples détectés est équiva-lent à ces dernières années, signe d’une stabilisation. Dans la zone d’étude du Bassigny, nous avons même réussi à localiser 13 couples, chiffre qui n’avait pas été atteint depuis 2001. Cela s’explique en grande partie grâce à l’efficacité du travail

CorseHaute-Corse (2B) et Corse du Sud (2A)Les actions concernant le milan royal en Corse sont coordonnées par le Conser-vatoire d’espaces naturels de Corse grâce à un financement de l’Etat (DREAL) et de la région (Office de l’environ-nement de la Corse). Le Parc naturel régional de Corse, l’ONCFS et l’Office national des forêts ont contribué à ces opérations. 136 nids ont été surveillés et 14 dortoirs identifiés avec l’implication de trois salariés (plus de 100 jours de travail), d’une stagiaire et de 12 bénévoles (110 jours) du Conservatoire. 29 oiseaux ont été marqués dans le cadre du programme national. 15 oiseaux prélevés en Corse ont été acheminés pour les opérations de réin-troduction du milan en Italie centrale (programme Life).

. Coordination : Gilles Faggio . Association des Amis du PNR

de Corse . CEN de Corse

de Jaime Jimenez, stagiaire en licence. Evidemment, cela démontre aussi la stabilité de la population. Le succès de reproduction est dans la moyenne de ces cinq der-nières années puisque les 19 couples ayant pondu ont mené 28 jeunes à l’envol. Enfin, le mâle d’un nouveau couple repéré est équipé de marques alaires. C’est la première reproduction d’un oiseau marqué dans le Bassigny.

. Coordination : Aymeric Mionnet et Bernard Theveny .

LPO Champagne-Ardenne

Franche-ComtéZones échantillons du plan d’action (25, 70, 90)Sur le plateau de Besançon, les huit couples nicheurs (dont sept ont été suivis) donnent 11 jeunes à l’envol.

Page 4: milan-info2223-bd

- Milan info n°22 et 23 - mai 20114

Languedoc-Roussillon

Corrèze (19)L’année 2010 est a priori la meilleure saison depuis le début du suivi en 2007 avec dix sites occupés et 12 jeunes à l’envol. Les gorges de la Dordogne, avec une population estimée entre 20 et 25 couples, constituent ainsi un noyau de population stable et la plus importante population du Limousin. La mise en place de la ZPS « Gorges de la Dordogne » et l’animation du futur do-cument d’objectif devraient permettre le maintien de cette population. Le Limousin compte entre 40 et 50 couples de milan royal.

. Coordination : Mathieu André . SEPOL

Limousin

Meuse (55)Cette année, le Réseau avifaune ONF et la LPO ont effectué une enquête milan royal adressée aux différents naturalistes du département de la Meuse. Plus de 87 données d’oiseaux ont été reçues.Le nombre de couples est estimé à dix, dont huit cantonnés. La nidification est confirmée pour trois couples qui mè-nent quatre jeunes à l’envol (2x1 ; 1x3).L’enquête permet de montrer que l’es-pèce semble être plus présente qu’es-compté. Le dernier recensement effectué en 2005 avait abouti à un maximum de cinq à sept couples.

. Coordination : Didier Vacheron . Réseau Avifaune ONF et Frédéric Burda . LPO

Lorraine

Midi-Pyrénées

Ariège (09)Sur neuf sites contrôlés, sept couples sont cantonnés. Deux territoires avec

Aude (11)Trois territoires ont été occupés en 2010 dans la frange occidentale de l’Aude, en limite « normale » de l’aire de distribu-tion de l’espèce dans la région. Aucune reproduction pour les deux sites contrô-lés en fin de saison.

. Coordination : Christian Riols . LPO Aude

Lozère (48)Avec les trois couples suivis hors zones-échantillons (deux sur le Causse de

changement d’aire chaque année depuis le début du suivi (2006) pour cinq couples nicheurs avec deux échecs. Un manque de prospection en dé-but de saison de reproduction et une zone échantillon de grande superficie (150 km²) amènent certainement à une sous-estimation du nombre de terri-toires occupés.

. Coordination : Julien Vergne . Ariège Nature et Martine Lapene . LPO

Haute-Garonne (31)Sur Comminges-sud, au mois de mai, la neige a eu un effet dévastateur à partir de 600 mètres d’altitude, branches cassées, nids au sol avec les œufs, beau-coup de résineux et de hêtres au sol.Les milans de notre secteur commen-cent les apports de branches en février-mars, pondent le mois suivant. Cette météo a eu pour effet pas mal d’échecs de reproduction avec peu de pontes de remplacement. Une année blanche.Sept jeunes à l’envol sur un carré de 25 km² pour six couples.Une ambiance certaine : suite à la plainte pour intoxication d’un milan royal en 2009, une enquête a eu lieu dans le secteur par la gendarmerie qui, a priori, n’a rien donné. Certains agriculteurs, offusqués que l’on vienne chercher dans leur grange les produits illicites, sont un peu énervés. Lors d’un repas, mon nom a été formulé avec une légère menace de mort ! Ambiance, ambiance !Et pour continuer, nous venons d’avoir un milan plombé (époque de chasse au pigeon ramier).

. Coordination : Aline Segonds et Gwénaël Pedron . Nature Midi-Pyrénées

Aveyron (12)Constat amer avec un nid où la femelle et ses trois poussins sont retrouvés morts. A noter quatre couples sans ponte effective.

. Coordination : Samuel Talhoet . LPO Aveyron

Hautes-Pyrénées (65)Dix couples contrôlés ont mené 13 jeunes à l’envol. Une nichée de deux poussins a donné un seul jeune sur le Louron ainsi que sur Aure où un jeune est mort 15 jours avant l’envol.

. Coordination : Gérard Nogue et Patrick Harle . ONF

Sauveterre dont un échoue et un en Margeride, aussi en échec), ce sont au total 18 couples territoriaux dont 16 couples nicheurs et 15 aires qui ont été localisés en Lozère. Le taux d’échec global est de 26,6 % (44 % en 2009 pour un échantillon plus faible) et la productivité par couple nicheur de 1,53 (1,33 en 2009). 23 jeunes ont pris leur envol, dont quatre marqués. La taille des nichées à l’envol est de 2,09. On note une meilleure réussite et une meilleure productivité dans la vallée du Lot que dans la Margeride.

. Coordination : Jean-Luc Bigorne . ALEPE, LPO

Le nid de Bouclans n’a pas pu être visité cette année en l’absence d’accord avec les propriétaires du terrain sur lequel il se trouvait. Dans le bassin du Drugeon et la Réserve naturelle de Remoray, les 19 couples nicheurs (dont 16 ont été suivis) don-nent 20 jeunes à l’envol. 12 nids ont été suivis sur le Bassin du Drugeon (dont trois échecs) et quatre sur la Réserve naturelle de Remoray (dont un échec). En plus des 19 couples certains, les observateurs ont noté la présence de quatre couples territoriaux.

. Coordination : Christophe Morin . . LPO Franche-Comté

Geneviève Magnon et Bruno Tissot .

Sud-est Haute-Saône, commune de Châlonvillars (70)Cette année la reproduction du couple a donné deux jeunes à l’envol. Le couple a réoccupé le même nid qu’en 2009.

. Coordination : François Rey-Demaneuf . ONF

Territoire de Belfort (90)Cette année la reproduction de cinq couples de la zone échantillon du Sundgau Belfortain a été suivie dans le cadre du réseau avifaune de l’ONF, par un forestier de l’ONF. Des bénévoles de la LPO Franche-Comté ont participé à la recherche des aires. Une opération conjointe de baguage et marquage alaire des jeunes milans, LPO-FC pour les bagueurs et ONF pour les grimpeurs, s’est déroulée le 10 juin. La recherche d’aires, le suivi de la reproduction et le baguage/marquage alaire doivent se poursuivre en 2011sur cette zone échantillon.

. Coordination : François Rey-Demaneuf . ONF

Page 5: milan-info2223-bd

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°22 et 23- mai 2011 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

5

Départements Sites occupés

Couples nicheurs

Couples producteurs*

Jeunes à l’envol Surveillants

Journées de

surveillanceALSACE

Haut et Bas-Rhin 14 14 7 10 67 100Bas-Rhin (Alsace bossue) 4 4 4 6 27 40Haut-Rhin (Jura alsacien) 10 10 3 4 8 45

AQUITAINEPyrénées-Atlantiques 7 7 5 6 - 7

AUVERGNECantalPlanèze de Saint-Flour - 43 29 44 1 20Haute-Loire 18 15 9 12 2 41Puy-de-Dôme - Chaîne des Puys - 21 9 17 2 20Puy-de-Dôme - Gorges de la Dordogne - 1 0 0 1 2

Puy-de-Dôme - Gorges de la Sioule - 3 3 4 1 3

BOURGOGNECôte-d’Or

15 12 8 11 36 62NièvreSaône-et-LoireYonne

CHAMPAGNE-ARDENNEHaute-Marne 24 19 15 28 2 160

CORSEHaute-Corse et Corse-du-Sud 136 106 80 160 16 217

FRANCHE-COMTEDoubs - Plateau de Besançon 8 8 8 11 - -Doubs / Jura - Bassin de Drugeon et Remoray 19 19 12 20 - -

Haute-Saône 1 1 1 2 2 2Territoire de Belfort 4 5 4 5 9 23

LANGUEDOC-ROUSSILLONAude 3 2 0 0 - -Lozère - Margeride 9 6 5 9 1 54Lozère - Hors zone échantillon 3 3 1 2 2 6Lozère - Vallée du Lot 7 6 5 12 1 15

LIMOUSINCorrèze - Gorges de la Dordogne 10 7 7 12

3 168Creuse 2 ? - -

LORRAINEMeuse 8 3 3 4 - -

MIDI-PYRENEESAriège 7 5 3 2 3 7Haute-Garonne 11 6 5 7 9Aveyron 11 7 6 10 11 45Hautes-Pyrénées 10 10 10 13 2 -

RHONE-ALPESArdèche 11 10 6 11 12 70Haute-Savoie 5 3 2 4 5 10Loire 18 14 8 20 9 124TOTAL 2010 375 370 258 446 223 1250

* couples ayant au moins un poussin éclos

Nota bene : bilan à paraître dans les Cahiers de la surveillance, publiés avec la revue Rapaces de France

Tableau : bilan de la surveillance « milan royal 2010 »

Ardèche (07)Quatrième année de suivi de la population nicheuse. La reproduction a été mauvaise : sur 12 sites contrôlés, 11 sont occupés dont 10 couples nicheurs. Sur les neuf repro-ductions suivies (un résultat inconnu), et suite à l’échec de reproduction sur un tiers des couples, seuls 11 jeunes sont à l’envol pour les six couples pro-ducteurs. Les premiers nids du Haut-Vivarais ont été décou-verts cette année, permettant une meilleure connaissance de l’espèce dans ce secteur (trois jeunes y ont été marqués, sur neuf pour le département).

. Coordination : Florian Veau . CORA Ardèche

Haute-Savoie (74)Après des données de nicheurs probables en 2008 et 2009 dans le Chablais, trois couples nicheurs sont enfin découverts en 2010 : un dans la haute-val-lée des Usses, un sur la Semine et un sur le plateau des Bornes. A cela s’ajoutent quatre à cinq territoires occupés mais sans preuve de nidification, à part une recharge d’aire et un comportement intraspécifique de défense de territoire : trois à quatre territoires sur le plateau des Bornes et un dans le bas-Chablais.Deux couples produisent cha-cun deux jeunes à l’envol vers la mi-juillet, un couple a aban-donné le nid mi-juin pour des raisons inconnues.. Coordination : Xavier Birot-Colomb

. LPO Haute-Savoie

Loire (42) Malgré les conditions printa-nières difficiles cette année, la reproduction du milan royal a été assez bonne dans le dépar-tement avec 20 jeunes à l’envol pour 14 couples reproducteurs. Nous avons découvert trois nouveaux couples cette année ce qui nous laisse penser que

Rhône-Alpes

le milan royal est en expansion dans l’ouest du département (les Monts du Forez). Pour l’anecdote nous avons trouvé cette année une nichée de trois

poussins avec en plus un œuf clair dans le nid.

. Coordination : Nicolas Lorenzini, Sébastien Teyssier

et Emmanuel Vericel . LPO Loire

Page 6: milan-info2223-bd

- Milan info n°22 et 23 - mai 2011

L’année 2010 représente la sixième année de suivi des paramètres démo-graphiques du milan royal à l’échelle du territoire national. Notons quelques changements dans les populations échantillons. Après la zone d’étude du Bas-Livradois en 2009, c’est celle du bassin d’Aurillac dans le Cantal qui a dû être abandonnée. Remercions les deux bénévoles qui en ont assuré le suivi jusqu’à présent : Pierre Philippe et Fabrice Landré. Une nouvelle zone fait l’objet d’un suivi en Ardèche : le Haut-Vivarais. Au total, la reproduction de 316 couples a été suivie sur 27 zones d’étude, soit environ 12 % de la popu-lation nicheuse en France. Le nombre de données acquises année après année augmente doucement mais sûrement.Rappelons que seulement trois zones d’étude fournissent à elles seules

6

Bilan de la reproduction en France en 2010

presque la moitié de l’effectif échan-tillonné : Régino et Ajaccio en Corse et planèze de St-Flour en Auvergne.La saison de reproduction est mitigée et, comme d’habitude, loin d’être homogène à l’échelle de la France. Locale-ment, la neige et le froid au début du mois de mai a eu des conséquences très négatives sur la reproduction de couples précoces, notamment pour les popula-tions les plus en altitude. C’est ce qui explique le faible succès de reproduction en chaîne des Puys (qui n’atteint même

pas un jeune à l’envol par couple), dans la plaine de Paulhaguet, dans le Comminges et sur le second plateau du Jura. Toutefois, cela n’a pas été ressenti partout. Ainsi, sur la planèze de Saint-Flour où les conditions climatiques sont sévères, la reproduction est dans la moyenne de ces dernières années après une année 2009 catastrophique. Dans les régions de plaine (premier plateau du Jura, Alsace, Haute-Marne), le taux d’échec fut moins élevé et la repro-duction est dans la moyenne de ces dernières années.

• Aymeric Mionnet • LPO Champagne-Ardenne •

[email protected]

ErratumDans le dernier numéro du Milan info, certains observateurs qui ont suivi la reproduction du milan royal en 2009 en Corse ont été oubliés. Avec nos excuses, voici la nouvelle liste corrigée : J. Alessandri, G. Bastianelli, G. Baudet, C. Baudet, G. Bonaccorsi, J. Boyer, JP. Cantera, S. Cart, S. Deschamps, R. Destandau, G. Faggio, F. Goes, E. Guérin, I. Guyot, D. Haquemand, C. Jolin, S. Ledauphin, O. Lefrançois, L. Lepori, D. Levadoux, J. Marcelesi, B. Recorbet, C. Richome, T. Rossi, JF Seguin, JC. Thibault, P. Wolgemuth.

Page 7: milan-info2223-bd

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°22 et 23- mai 2011 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

7

Union de deux oiseaux marqués

Une famille chanceuseC’est l’histoire d’une famille de milan royal chanceuse : le 10 avril 2010, la femelle couve dans un nid bien caché, calé sur le coude que fait le tronc d’un des deux séquoias géants du parc d’un joli petit château de la planèze de Saint-Flour.Le 25 mai, alors que je vérifie où en est la reproduction, surprise ! La femelle est à l’aire

16 mars 2011 : Un grand mo-ment que l’on attendait avec impatience... c’est enfin arrivé, après six ans d’efforts...

Nous avons la joie de vous annoncer les fiançailles de monsieur « Rouge/Jaune-Rose/Bleu » et mademoiselle « Rouge/Jaune-Bleu/Bleu ».Ce nouveau couple de milans royaux vient d’emménager dans

avec, à ses côtés, un poussin, mais en plein découvert, le tronc du séquoia, probable-ment suite aux fortes chutes de neige lourde du 10 mai, a cassé net au ras du nid !! A cette époque et vu l’âge du poussin, la femelle devait encore couver. Elle a dû avoir une grosse frayeur mais n’a pas pour autant abandonné sa couvée ! Le 27 juin, le jeune est

prêt à l’envol. Qu’est devenu le couple pour cette nouvelle saison de reproduction ? Eh bien, malgré la situation pour le moins précaire du nid, les deux oiseaux ont choisi de réutiliser l’aire. Espérons que la nidification soit, elle aussi, couronnée de succès !

. Romain Riols . LPO [email protected]

Nid à découvert - Photo (faite en digiscopie) : Romain Riols ©

une jolie petite pinède du Puy de Polagnat à Saint-Bonnet-près-Orcival (Puy-de-Dôme).Monsieur est né en 2008 dans un grand sapin pectiné à Or-cival à 4,3 kilomètres au SSO, il est dans sa quatrième année civile. Mademoiselle est née en 2009 dans un grand hêtre à Mazaye, à 7,3 kilomètres au NNE, elle est seulement dans sa 3e année civile... C’est la pre-

mière fois que deux oiseaux marqués s’apparient !Nous leur souhaitons une vie longue et heureuse et plein de petits poussins !

• Romain Riols, Yvan Martin et Sébastien Heinerich

LPO Auvergne •[email protected]

Page 8: milan-info2223-bd

- Milan info n°22 et 23 - mai 2011

femelle), sous leur nid qui accueille la seule nichée à trois jeunes d’Auvergne cette année. Etrangement surnommé « Romulus », ce mâle adulte va, pendant la première semaine, nous faire découvrir son territoire grâce à sa balise qui nous ap-portera une vingtaine de données GPS précises. Mais, au bout de ces huit jours passionnants, l’inquiétude nous gagne, plus de nouvelle de « Romulus »... Vérification sur le terrain, « Romulus » est bien là, toujours à ravitailler ses jeunes, maintenant tous trois volants. Mi-juillet, digiscopie à l’appui, le ver-dict est fait : le harnais de la balise a

légèrement bougé, la balise s’est dé-calée de quelques centimètres sur le côté et se retrouve cachée du soleil par les larges scapulaires de l’oi-seau ! Plus assez d’énergie pour envoyer des don-nées GPS précises, dorénavant seules quelques données Argos classiques peu fiables nous parviennent épiso-diquement.Mi-octobre, alors qu’un de ses trois jeunes équipé de marques alaires (le cadet) est pris en photo en Extrema-

8

Début 2010, Adrian Aebischer, cher-cheur du Muséum d’histoire naturelle de Fribourg (Suisse) et travaillant depuis plusieurs années sur le milan royal, no-tamment sur un programme de suivi sa-tellitaire par balise Argos, s’est vu offrir par la société CLS une balise Argos/GPS qu’il a généreusement offert à la France (ainsi que l’indispensable harnais pour la poser sur l’oiseau) dans le cadre de son Plan national de restauration du milan royal. La LPO Auvergne ayant déjà une expérience minimale dans la capture d’adulte grâce aux connais-sances acquises sur le comportement des oiseaux nicheurs et surtout à ses bonnes relations avec Pascal Cavallin, bagueur agréé par le CRBPO en région Limousin et ayant l’expérience de la capture de rapaces adultes et de leur équipement avec des balises Argos/GPS, il a été décidé de tenter la pause de cette balise Argos/GPS sur un oiseau auvergnat. Le 3 juillet 2010 à 15h37, la balise Argos/GPS solaire de 22 grammes n°98423 est activée. Elle a été posée par Pascal Cavallin sur un mâle adulte capturé dans ses filets (ainsi que sa

Suivi du milan équipé d’une balise Argos/GPS

Site de nidification de Romulus sur la planèze de Saint-Flour - Photo : Romain Riols ©

« Trajets » de Romulus (en rouge, données Argos/GPS) et d’un de ses trois jeunes (en bleu, contrôle de marquage alaire) à l’automne 2010

dura, petit sursaut de vie de la balise. Une dizaine de données GPS nous par-viennent : Romulus est toujours sur son territoire. Avec 29 données fiables au total, il peut être matérialisé au moins à minima... Il apparaît tout petit !, de l’ordre de 3,5 km², cerné entre cinq à six autres couples nicheurs.Entre données Argos classiques peu fiables et observations concrètes sur le terrain, « Romulus » est toujours sur son site de nidification le 23 novembre ! Fait-il partie de ces rares couples soup-çonnés de rester sur leur site de nidifica-tion sans rejoindre les dortoirs d’hiver-nants proches ? Probablement...Quelques jours plus tard, froid glacial et fortes chutes de neige envahissent la France. Le site de nidification de Romulus, situé sur la planèze de Saint-Flour dans le Cantal à 1 060 mètres d’altitude, est recouvert par la neige. Tous les milans du secteur ont disparus, seuls subsistent ceux ayant trouvé refuge sur la décharge de Saint-Flour, située à une dizaine de kilomètres à l’est. Fin novembre, une donnée Argos peu fiable indiquerait que Romulus est parti vers le sud, il est localisé à 50 kilomètres au nord-est de Toulouse. A la mi-décembre, nouvelle donnée du même genre, mais cette fois ci au Pays Basque espagnol, non loin de la Canta-brie ! Puis, nouveau silence... 24 décembre 2010 : cadeau de Noël : quatre localisations Argos, classiques mais fiables, indiquent que « Romu-lus » se trouve en Extremadura près de la frontière portugaise ! Pour un vieil adulte supposé plus ou moins séden-

Page 9: milan-info2223-bd

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°22 et 23- mai 2011 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

Conservation

9

taire, surprise de taille ! Le harnais a-t-il un peu bougé ? Quoiqu’il en soit, à partir de la mi-janvier 2011, la balise de Romulus émet pendant plus d’une semaine. Neuf localisa-tions Argos classiques de bonne qualité, deux données GPS le 22 janvier et trois données GPS le 22 janvier nous confirment que Romulus hiverne bel et bien au sud-est de l’Extre-madura près de la frontière portugaise, juste au sud de Badajoz... Il semble y avoir une décharge dans un secteur de « dehesa » mité par la mise en culture (oliveraies intensives, blé à perte de vue et immenses parcelles de maïs irriguées !). Même si cette balise ne fonctionne pas comme on le souhaite, elle nous apporte tout de même des données très intéressantes. Il est notamment

Territoire de chasse de Romulus (été et automne 2010)extraordinaire que cette ba-lise nous permette d’avoir la deuxième donnée d’un milan royal français en Extrema-dura après celle d’un de ses jeunes à la mi-octobre... à moins de 50 kilomètres à l’est de Badajoz ! La géné-tique y est-elle pour quelque chose ?

Je tiens à remercier de tout cœur Adrian Aebischer, Fabienne David et Pascal Ca-vallin, sans qui cette aventure n’aurait pas été possible !, ainsi que la société CLS. Une pensée chaleureuse à Aymeric Mionnet et Thérèse Nore qui, malgré leur investissement, n’ont pu nous accompagner ce 3 juillet 2010.

. Romain Riols . LPO [email protected]

Le programme de marquage français sur le milan royal a débuté en 2005. L’objectif est de mieux cerner la cinétique de la population régionale en essayant de comprendre si le problème est un problème de survie ou de recrutement (des-truction) ou un problème de productivité(milieux/pratiques agricoles).Le marquage coloré des oi-seaux doit permettre à l’avenir d’apporter plusieurs réponses essentielles, à savoir :- où hivernent les oiseaux ?- quel est leur taux de survie ?- quelle est l’importance de la fidélité au site de naissance (philopatrie) ?- quelle est l’étendue du do-

DépartementRappel 2009

2010

AuvergneCantal 25 41Haute-Loire 23 12Puy-de-Dôme 24 17

BourgogneCôte-d’Or 10 15

Champagne-ArdenneHaute-Marne 9 17

CorseRéginu et région ajaccienne - 30

Franche-ComtéPlateaux du Doubs et du Jura, Sundgau 29 31

Languedoc-RoussillonLozère - 4Corrèze - 1

Midi-PyrénéesAveyron 7 10

Rhône-AlpesArdèche 13 9Loire 8 20TOTAL 148 207

Bilan du marquage pour l’année 2010

maine vital ?Les opérations de marquage permet-tent également de connaître avec exactitude le nombre de jeunes par nid et de collecter des éléments sur les caractéristiques des sites de nidification (hauteur des nids…), le régime alimentaire, les causes de mortalité ou encore la présence d’œufs inféconds.Au total, 207 oiseaux ont été marqués pour l’année 2010, soit 59 individus de plus qu’en 2009.

Page 10: milan-info2223-bd

- Milan info n°22 et 23 - mai 201110

Etude du régime alimentaire des milans royaux par pièges photographiques

L’existence et la densité d’une popula-tion de rapaces étant principalement conditionnées par la ressource ali-mentaire disponible, il est primordial de connaître le régime alimentaire de celle-ci afin d’en assurer le maintien dans le milieu. Les données existantes concernant le milan royal dans la région Champagne-Ardenne proviennent des restes de proies découvertes sous les nids ou dans les nids (identifiées lors du baguage des jeunes) et des obser-vations directes. Les pelotes de réjec-tion, difficiles à trouver, apportent peu d’informations pour cette espèce. C’est pourquoi la LPO Champagne-Ardenne a décidé d’installer des pièges photogra-phiques pour étudier plus précisément le régime alimentaire des milans royaux.Trois appareils, avec détecteur infra-rouge, ont été utilisés (Reconyx Rapid Fire RC 55, Moultrie Game Spy i65,

Dispositif de piège photographique - Photo : LPO Champagne-Ardenne ©

Milan sur la placette - Photo : Jose Luis Martinez et Tonio Muñoz ©

Un jeune milan royal, mar-qué à Binaced (Huesca, nord de l’Espagne) le 10 mars 2010, a été photogra-phié, près d’un an plus tard, sur une placette d’alimentation à Majorque (Baléares). L’oiseau, une femelle âgée de deux ans, n’avait pas été revue depuis son marquage. C’est la première fois, depuis cinq années d’étude et de mar-quage, qu’une donnée de ce type est enregistrée, elle montre l’existence d’un mouvement d’individus entre l’île et le continent. Ces échanges sont favorables aux milans insulaires. Sédentaires et peu nombreux (24 couples à Majorque, 12 couples pour Minorque en 2009),

Milan marqué à Majorque

ils présentent une faible variabilité génétique qui les expose davantage à l’extinction. Grâce aux marquages, nous espérons obtenir dans l’avenir, plus d’informations sur les déplacements des milans royaux aux Baléares.

. La Mission Rapaces .Source : Manuel Aguilera Sanz

[email protected]

En 2010, deux nouvelles régions ont re-joint le programme, faisant ainsi grossir les effectifs d’oiseaux marqués. Il s’agit de la Corse, laquelle a marqué 30 mi-lans royaux (22 dans le Reginu et huit en région ajaccienne), et du Langue-doc-Roussillon, qui en a marqué cinq (quatre en Lozère et un en Corrèze). Ces cinq oiseaux, ajoutés aux données récentes de l’Aveyron (sept oiseaux en 2009 et 10 en 2010), contribuent à l’augmentation du nombre de milans royaux marqués dans le Massif central (114 en 2010, 96 en 2009). Au total, depuis le lancement du programme, ce sont 702 milans royaux qui ont été marqués !Rappelons que ces résultats sont issus des efforts des nombreux milanologues, des bagueurs du CRPBO, des grimpeurs de la FFME d’Auvergne et d’élagueurs bénévoles. Nous n’oublions pas non plus le financement par les régions et les DREAL concernées par le programme. A tous merci.

. Aymeric Mionnet . LPO Champagne-Ardenne [email protected]

HCO scou-tgard). Ils ont été posés en deuxième partie de nidi-fication, lors de l’élevage des jeunes, ceci afin d’éviter de déranger les oiseaux au moment de l’installation des couples nicheurs et de la ponte. Un dérangement lors de ces deux périodes peut en effet provoquer l’échec de la reproduction par abandon du nid.Les vidéos et les photos ne montrent aucune réaction négative des milans adultes vis-à-vis des pièges photogra-phiques. Par ailleurs, les huit jeunes des trois nids équipés se sont envolés

sans encombre et ont même été revus à proximité du nid après leur envol. L’impact des pièges photographiques peut donc être considéré comme nul à partir du moment où un minimum de précaution est respecté lors de la pose et de l’enlèvement.Au final, les analyses portent sur 1 004 vidéos et 11 073 photos. Les résultats sont très variables selon les

Page 11: milan-info2223-bd

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°22 et 23- mai 2011 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

11

Tableau. Proies identifiées grâce aux pièges photograpiques et proies trouvées dans et sous les nids

caractéristiques des appareils photos, chacun présentant ses propres qualités, mais également ses défauts. Outre les détails techniques liés aux appareils, l’inconvénient majeur de ce procédé est la difficulté d’identifier les proies appor-tées, en raison du comporte-ment des oiseaux. En effet, la proie peut ne pas être visible car l’adulte se pose au nid dos à l’appareil. De plus, les jeunes, plutôt voraces à cet âge-là, se précipitent sur la nourriture, ce qui laisse peu de temps pour l’identifier. Enfin, certaines proies sont déjà préparées par les adultes et donc indétermi-nables une fois apportées au nid. C’est pour ces raisons que 103 proies n’ont pu être iden-tifiées sur les 175 qui ont été photographiées ou filmées.Le tableau présente les proies identifiées grâce au piège photographique, auxquelles nous avons rajouté les proies trouvées dans les nids et sous

les nids lors de nos mani-pulations. Malgré le faible échantillonnage, le spectre alimentaire est assez large avec une prépondérance de campa-gnols petits (microtus) et gros (arvicola), ce qui signifierait que les campagnols constituent la base du régime alimentaire du milan dans le Bassigny. On retrouve également des oiseaux, notamment des corvidés (corneille / corbeau et pie comme cela a été constaté dans d’autres pays comme le Royaume-Uni (Carter, 2001) et la Suède où le Corbeau freux représente une part impor-tante des proies apportées aux jeunes (Klaassen, 2009). Des morceaux de fromage et des têtes de poulets de bassecour ont également été trouvés sur un site. Autant, il est connu que les restes des poulets (cou, tête, patte) jetés par des parti-culiers sont souvent récupérés par le milan, autant le fromage a de quoi surprendre.

Après discussion avec un agriculteur du village, il s’est avéré que ce dernier jette effectivement ses déchets de volailles sur son tas de fumier, mais aussi des déchets de fromages qu’il récupère habi-tuellement auprès d’un indus-triel pour nourrir ses cochons (le surplus étant déposé sur le tas de fumier). Trois jeunes s’envoleront du nid sur ce site. Cet exemple démontre le lien étroit entre l’activité rurale et la présence du milan royal qui sait profiter de tout type de restes de déchets alimentaires anthropiques.Outre ces renseignements sur le régime alimentaire des milans royaux, les vidéos et clichés des pièges photogra-phiques ont permis d’obtenir quelques informations inté-ressantes sur leur comporte-ment : fréquence et horaire des nourrissage, mode de nourrissage, protection des jeunes…

Page 12: milan-info2223-bd

- Milan info n°22 et 23 - mai 201112

Phénologie du nourrissage (n=131) sur 2 périodes : 01/06 au 09/06 & 12/06 au 19/06

Lorraine association nature assure de-puis maintenant trois années le suivi de deux couples reproducteurs dans le sud meusien. Suite au constat d’un faible succès reproducteur sur ces trois années de suivi, LOANA a décidé de mettre en place une placette d’alimentation (en accord avec la législation et la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations de la Meuse). Si cet aménagement était opérationnel dès le début de l’été 2010, l’approvisionnement de la placette n’a pu débuter qu’à partir de la fin du mois d’octobre 2010 (faute d’un manque d’approvisionnement en agneaux morts, agnelage plus tardif). Le passage en migration post-nuptiale de l’espèce étant déjà bien entamé, et compte tenu d’un hiver relativement rigoureux dans le quart nord-est de la France, il nous a donc été difficile de cantonner des individus en hivernage. Toutefois, malgré une pression d’obser-vation hivernale irrégulière (réalisée lors des approvisionnements hebdomadaires de la placette), trois individus ont été contactés à trois dates différentes à proximité de la placette (un adulte le 12/11/2011, un adulte le 16/12/2011, et un adulte le 20/01/2011). D’autres rapaces semblent aussi utiliser la pla-cette puisque deux buses variables sont

Résultats et perspectives de suivi d’une placette d’alimentation dans le sud-meusien

à chaque fois ob-servées à proximité de celle-ci.La convention éta-blie avec un éleveur ovin nous a assuré un approvision-nement régulier durant tout l’hiver 2011 et nous assurera avec la même régularité un apport d’abats car-nés durant toute la saison de reproduction (printemps - été 2011). Afin de mener à bien diverses actions en faveur de l’espèce dans le sud meusien, LOANA a décidé de mettre en place un volontariat civique (début du volontariat : mars 2011) dont la priorité sera d’assurer un suivi de l’espèce dans le sud-meusien. Le volontaire civique aura à charge :- d’assurer l’alimentation (en abats) de la placette ;- de quantifier la fréquentation de la placette d’alimentation par les deux couples de milans royaux encore pré-sents ;- d’évaluer l’effet de la placette sur le succès reproducteur des couples de mi-lans royaux nicheurs dans le secteur ;- de prospecter dans un rayon de 30 ki-

lomètres autour de la placette afin de définir d’autres secteurs favorables à la nidification de l’espèce ;- d’apporter des éléments de gestion favorables à l’établissement d’autres couples nicheurs dans le secteur.Enfin, l’une des actions majeures de l’association étant d’assurer un suivi de la migration post-nuptiale en Lor-raine (sur l’espace naturel sensible de la colline de Sion (54)), le volontaire participera aussi au suivi de la migra-tion de l’espèce durant trois mois à l’automne 2011. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des résultats liés à la mise en place de ces différentes actions.

. Guillaume Leblanc .Lorraine Association Nature (LOANA) .

[email protected]

Milans royaux - Photo : Y. Patris ©

La phénologie journalière des nour-rissages, déterminée à partir de 131 apports de proies pour un couple suivi pendant 18 jours, montre, contrai-

rement à ce que nous pensions, que les apports de proie ont lieu dès les premières heures du jour (l’apport le plus précoce a été constaté à 5h32)

et cessent après 19h00 (figure ci-contre). Quelques pics de nourrissage semblent se dessiner et devraient être confirmés en étudiant d’autres couples. Une meilleure connaissance de la phénologie des nourrissages per-mettra d’améliorer notre méthode de recherche des couples nicheurs et des nids, dont une partie non négligeable sont découverts grâce aux apports de proie. En raison des résultats mitigés et de l’absence de grimpeur facilement disponible pour l’année prochaine, l’étude sera reconduite en 2011 avec un seul appareil photo.

. Aymeric Mionnet . LPO Champagne-Ardenne .

[email protected]

Page 13: milan-info2223-bd

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°22 et 23- mai 2011 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

13

Au mois de Janvier 2011, la préfecture du Cantal a donné son aval pour ouvrir une placette d’ali-mentation à Chastel-sur-Murat. Depuis la fermeture de la décharge de Foufouilloux, les milans royaux ont dé-serté le secteur. Dans l’es-poir d’attirer de nouveau une population hiver-nante, la LPO Auvergne a signé une convention avec la Communauté de communes du Pays de Murat afin d’installer une placette de nourrissage sur l’ancienne décharge. Il est prévu qu’elle fonctionne d’oc-tobre à février, afin de compen-ser les pertes de nourriture que les milans royaux y trouvaient en hiver. Grâce à l’abattoir de Neussargues, elle sera appro-visionnée en déchets pouvant être destinés à l’équarrissage naturel. Deux semaines d’essai ont eu lieu en février afin de roder

Une placette d’alimentation pour les milans royaux à Chastel-sur-Murat

Le règlement n°142/2011, adopté par la Commission européenne le 25 février 2011, prévoit des assouplissements en matière d’équarrissage natu-rel. C’est une bonne nouvelle pour les rapaces nécrophages, victimes de la famine depuis 2003-2005 ! Désormais, les autorités euro-péennes autorisent :- la poursuite du ravitaillement des placettes de nourrissage destinées aux nécrophages, à partir de cadavres d’ani-maux d’élevage. Cette mesure concerne les oiseaux nécro-

Nouvelle règlementation en faveur des nécrophages

phages menacés d’extinction ou protégés, mais également les espèces carnivores vivant dans leur habitat naturel et visées dans la Direc-tive 92 / 43 / CEE (Directive « Habitats ») ;- à ne pas systématiquement acheminer les cadavres vers des placettes d’équarrissage.Les espèces de rapaces pouvant bénéficier de ces avancées sont le gypaète barbu, le vautour moine, le vautour percnoptère, le vautour fauve, le milan noir et le milan royal, ainsi que l’aigle royal et le pygargue à

queue blanche, ces deux es-pèces ayant été rajoutées aux listes antérieures. Notons que la France est l’un des rares pays à avoir élargi cette liste.Avec la minoration de la CVO (contribution volontaire obligatoire) aux éleveurs adhérant à notre réseau de placettes, l’importance des nécrophages est désormais reconnu.

. Pascal Orabi .LPO Mission Rapaces .

[email protected]

l’organisation (nombre de passages par semaine, quantité de viande, etc.). Et les résultats sont prometteurs ! Au bout de la première semaine, deux mi-lans étaient présents sur le sec-teur ; au terme de la seconde, une dizaine a été observée. C’est sûr : l’année prochaine, la population hivernante du Pays de Murat sera enfin de retour ! En octobre 2011 nous pro-

poserons une petite forma-tion pour les personnes qui souhaiteraient nous donner un coup de main pour l’ali-mentation et le suivi de la placette ; vous pouvez déjà vous faire connaître !

. Sabine Boursange . LPO Auvergne .

source : LPO Info Auvergne n°71

Placette d’alimentation - Photo : R. Riols ©

Page 14: milan-info2223-bd

- Milan info n°22 et 23 - mai 201114

Scandale

18 en 2008, 22 en 2009, 28 en 2010 et déjà 17 pour l’année 2011 : ce sont le nombre de cadavres de milans royaux découverts sur le territoire national par le réseau « milan royal » sans qu’aucune recherche spécifique ne soit menée ! Autrement dit, tous ces cadavres ont été découverts par hasard…

Zoom sur les données 2010Parmi les 28 cadavres collectés en 2010, 13 ont été autopsiés (les oiseaux victimes de tirs ou dont l’état de putré-faction était trop avancé n’ont pas été autopsiés). Des analyses toxicologiques ont été menées sur 11 cadavres et une recherche de métaux lourds a été faite sur neuf cadavres. Dans la mesure du possible, les oiseaux collectés sont âgés et sexés. Les résultats sont les suivants :- neuf adultes, huit jeunes ou immatures et 11 indéterminés- six mâles, trois femelles, 19 indétermi-nés.La carte de France illustre les départe-ments dans lesquels des cadavres ont été découverts.Au final, la cause de la mort a été avérée pour 11 cadavres. Le tableau suivant restitue les résultats pour les 28 ca-davres :

Les six milans royaux victimes d’intoxica-tion ont été découverts dans l’Aveyron (n=3), en Alsace (n=2) et en Haute-Garonne (n=1). Parmi eux, cinq ont été intoxiqués au carbofuran, principale substance retrouvée lors des analyses toxicologiques pratiquées sur les milans royaux. L’un d’eux présentait en outre

La France, une terre inhospitalière pour le milan royal

une exposition au plomb tandis qu’un autre présentait en plus une contami-nation au mévinphos et bendiocarb. Le sixième milan royal est mort par intoxi-cation au mévinphos. Il présentait éga-lement une contamination au dicroto-phos. Dans un cas, l’oiseau empoisonné était un oiseau reproducteur, retrouvé au pied du nid avec les trois jeunes poussins morts à côté. Aucune ana-lyse n’a été pratiquée sur les poussins, mais il ne fait aucun doute qu’ils sont morts intoxiqués ou de faim, faute de nourrissage par la femelle. La mort par intoxication n’a pu être prouvée avec certitude pour quatre autres cadavres (collectés via le réseau SAGIR), fautes d’analyses toxicologiques possibles ou appropriées. Les conditions de décou-verte ne laissent cependant aucun doute sur la cause de leur mort : trois milans ont été découverts respectivement avec un cadavre de buse variable, deux ca-davres de buses et un cadavre de milan noir ainsi que plusieurs chiens et chats ; dans l’un des cas, un produit à base de chlorophacinone a été découvert près des cadavres ; le quatrième milan pré-sentait des symptômes caractéristiques d’un empoisonnement. Ces cadavres ont été trouvés en Alsace (n=2) et dans le Lot (n=2).

Si le milan royal continue donc d’être victime d’empoisonnements (proba-blement pas ciblés spécifiquement sur le milan royal mais plus certainement sur les fouines, renards, rapaces…), il continue toujours et encore d’être victime de tirs ! Comme si le milan royal pouvait se confondre avec l’une des 64 es-pèces d’oiseaux chassables en France !

Et le bilan ne s’arrête pas là ! D’autres données provenant des centres de soins viennent compléter ce bilan. Entre les données fournies par l’UFCS et les données communiquées par le réseau milan royal, il ressort que pour l’année 2010, 26 milans royaux ont été recueillis en centres de soins. Ce chiffre ne doit être considéré que comme un minimum puisque tous les centres de soins n’ont pas fourni leurs bilans à l’UFCS.Les tableaux suivants détaillent les causes d’entrée des oiseaux, leur devenir et la cause de la mort pour les oiseaux qui n’ont pu être sauvés. Là encore, tir et empoisonnement figurent parmi les causes d’entrée des oiseaux en centre de soins.

Cause de la mort Nombre de cas

Intoxication avérée 6

Intoxication probable 4

Tir 3

Collision avec un véhicule 2

Indéterminée 10Indisponible (non commu-niquée ou en attente) 3

Total 28

Cause d’entrée Nombre

Intoxication 2

Tir 5

Ligne électrique 1

Collision véhicule 1

Piège 2

Autre 7

Indéterminée 8

Total 26

Cause de la mort Nombre

Tir 2

Ligne électrique 1

Piège 2

Indéterminée 3

Total 8

Cadavre retrouvé en Alsace - Photo : Rolland Gissinger ©

Page 15: milan-info2223-bd

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°22 et 23- mai 2011 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

dangereux pour la faune sauvage soient bannis, que ceux interdits en France ne circulent plus librement sur notre terri-toire et que des sanctions soient prises à l’encontre des auteurs de ces faits délictueux.Dès à présent, la LPO et l’ONCFS ont convenu de collaborer ensemble afin de permettre non seule-ment l’efficience du ré-seau « Vigilance poison » mais également d’assurer une meilleure couverture du territoire dans le but de répondre au mieux aux impératifs imposés par les plans nationaux d’action.

. Fabienne David . LPO Mission Rapaces .

[email protected]

Ces actes illégaux sont inad-missibles. Ils anéantissent les efforts déployés par le réseau « milan royal » pour tenter de sauver cette espèce. Les moyens humains et financiers, mis en œuvre dans le cadre du plan national de restauration piloté par le Ministère en charge de l’Ecologie, sont de la même manière réduits à néant.Dans ce contexte très sombre où la survie de l’espèce est menacée, la LPO réclame que la loi sur la protection de la na-ture soit appliquée et respectée. Concrètement, la LPO exige que les produits chimiques

15

Devenir des oiseaux Nombre

Mort 8

Relâché 15

En soins 3

Total 26

Localisation des cadavres de milans royaux découverts en 2010

International

Depuis 2010, le milan royal bénéficie d’un plan d’action eu-ropéen. Rédigé par la RSPB et BirdLife International, ce plan d’action répond à une com-mande de la Commission eu-ropéenne. L’objectif global de ce plan d’action est d’améliorer l’état de conservation du milan royal en Europe, en conduisant au changement de catégorie de la Liste rouge (quasi-mena-cée à préoccupation mineure) et finalement en parvenant à une amélioration du statut de conservation de l’espèce dans son aire de répartition euro-péenne.Concrètement, le plan com-prend deux objectifs :

A propos de plans d’actions (européen et français)

- objectif 1 : veiller à ce que d’ici 2018 les populations de milans royaux aient augmenté dans tous les pays de l’aire de répartition par rapport à l’horizon 2013 (recensements internationaux planifiés pour ces deux années) ou veiller à obtenir une estimation de la population la plus fine à partir de l’enquête prévue peu avant 2013 ;- objectif 2 : veiller à ce que l’aire actuelle de répartition soit maintenue et que la popu-lation continue de coloniser de nouvelles zones.La mise en œuvre réussie de ce plan d’action devrait aboutir aux résultats suivants :

1. L’impact des poisons sur le milan royal est considérable-ment réduit ;2. a) Les habitats abritant de fortes densités de milans royaux sont gérés de manière à garantir que les conditions soient maintenues et, si pos-sible, améliorées ; b) les milans royaux dis-posent de ressources alimen-taires saines et suffisantes dans leur aire de répartition ;3. Une coordination et une coopération internationale efficaces sont en place pour assurer le suivi de l’espèce, de ses effectifs, ses tendances, ses mouvements, sa producti-vité et ses menaces.

Page 16: milan-info2223-bd

- Milan info n°22 et 23 - mai 201116

Milan infoBulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal, disponible sur le web : http://rapaces.lpo.fr/milan-royal

Avec la participation de la DREAL Champagne-Ardenne

LPO © 2011 - papier recyclé

Réalisation : LPO Mission Rapaces, 62 rue Bargue, 75015 Paris, [email protected]

Conception & réalisation : Fabienne David, Charlotte Demartini et Yvan Tariel ; relecture : Danièle Monier

D’après une maquette de la tomate bleue

SensibilisationNouveautés sur la toile

Le site Internet consacré au milan royal fait peau neuve. Le site est désormais accessible à cette adresse : http://rapaces.lpo.fr/milan-royal.Outre la nouvelle maquette, ce site offre de nouvelles fonctionnalités. Il s’agit notamment de la page « Où et comment agir », destinée à présenter et valoriser les actions menées dans vos régions et départements. Pour rendre ce site plus vivant et interactif, nous vous proposons d’alimenter vous-même cette page, grâce à un système d’accès sécurisé. Pour obtenir un accès à cette page, il vous suffit de nous en faire la

demande ([email protected] ou 01.53.58.58.38). N’ayez crainte, la mise en ligne d’informations se fait via une plateforme web extrêmement simple à manipuler !L’autre grande nouveauté de ce site Internet, c’est sa version anglaise. Le site est en effet désormais entièrement traduit en anglais : http://rapaces.lpo.fr/en/milan-royal/news. Cette initia-tive vise à mieux faire connaître à nos confrères européens les actions mises en œuvre en France sur le milan royal. Nous espérons que cet outil contribuera à renforcer les liens au sein du réseau européen. C’est une démarche indispensable pour une meilleure conservation du milan royal en Europe.Enfin, notez que la page réservée du site Internet a été conservée. Cette page contient tous les bilans locaux et nationaux (de 2005 à 2010) ainsi que le bilan du plan national de res-tauration. Elle est donc strictement réservée au réseau milan royal. Si vous

avez perdu l’adresse et le mot de passe, contactez-nous.Adoptez dès maintenant le bon reflexe, en enrichissant le site Internet avec vos actualités locales, vos photos, etc. Nous comptons sur vous !Merci

. Fabienne David .LPO Mission Rapaces .

[email protected]

Les principales actions du plan d’ac-tions sont les suivantes :- éliminer l’utilisation illégale des appâts empoisonnés ;- réduire les risques d’empoisonnement secondaire ;- maintenir des habitats de nidification, d’hivernage et des zones d’alimentation appropriés ;- suivi, inventaire et recherche.Le plan d’action identifie et hiérarchise les menaces par ordre d’importance :1. Empoisonnement direct par utilisa-tion d’appâts illégaux ;2. Empoisonnement secondaire par consommation de rongeurs empoison-nés ;3. Tirs et piégeages illégaux ;4. Dégradation de l’habitat et perte d’habitat due à l’intensification agri-cole ;5. Disponibilité de carcasses de bétail et

d’autres sources de nourriture ;6. Parcs éoliens ;7. Autres contaminants dans les res-sources alimentaires ;8. Electrocution ;9. Dérangements ;10. Manque de connaissances.

Ce plan d’action européen devrait être révisé et actualisé tous les 10 ans (pre-mière révision en 2019). Une révision d’urgence sera réalisée si un change-ment majeur susceptible d’affecter les populations intervenait.Le document du plan est disponible en anglais depuis ce lien : http://ec.europa.eu/environment/nature/conservation/wildbirds/action_plans/docs/milvus_milvus.pdf ou auprès de la LPO Mission Rapaces ([email protected]).Malheureusement, ce plan d’action n’est accompagné d’aucun moyen

humain et financier. La mise en place de ce plan repose donc sur une seule base de volontariat. Dans ce contexte, la LPO Mission Rapaces a décidé, avec le soutien financier du Ministère chargé de l’Ecologie, de mettre en place et d’animer un réseau européen sur le milan royal.Au niveau national, l’appel d’offre pour l’écriture du second plan national d’action n’a toujours pas été lancé par la DREAL Champagne-Ardenne. Dans cette période de transition, les actions du premier plan national de restaura-tion se poursuivent et des financements sont toujours disponibles auprès des DREAL.

. Fabienne David . LPO Mission Rapaces .

[email protected]