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Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique
Université 20 Août 1955- Skikda (ALGERIE)
MEMOIRE
Présenté à la faculté des sciences Département des sciences fondamentales
Pour l’obtention de diplôme de
MAGISTER
Spécialité : Chimie Option : Pollution chimique et environnement
Melle Sarah BATTAZ
THEME
Soutenu le : 18/03/2009 Devant la commission d’examen :
Mr Mahmoud SOLTANE M.C. Centre universitaire de TAREF Président
Mr Ahmed MEGHEZZI Prof. Université de BISKRA Examinateur
Mme Rachida ZAGHDOUDI M.C. Université de SKIKDA Examinateur
Mr Fayçal DJAZI Prof. Université de SKIKDA Rapporteur
Année Universitaire : 2008/2009
Remerciements Ce travail de recherche a été mené au laboratoire central de la raffinerie de
Skikda, à la direction de l’environnement de Skikda, au secteur sanitaire d’El Harrouch et à
l’office national des aliments du bétail d’El Harrouch (ONAB).
Monsieur Djazi Fayçal, professeur à l’université de Skikda, a encadré ces
travaux de recherches. Je le remercie d’avoir accepté mon projet et de m’avoir prodigué tous
les conseils indispensables. Je le remercie aussi d’avoir suivi, guidé, soutenu et fait confiance
à mon travail.
Je tiens à remercier Monsieur Mahmoud SOLTANE, maître de conférence au
centre Universitaire de Taref, d’avoir accepté de présider le jury de ce mémoire..
Je remercie, également, Monsieur Ahmed MEGHEZZI, professeur à l’université
de Biskra, ainsi que Madame Rachida ZAGHDOUDI, maître de conférence à l’université de
Skikda d'avoir accepté d’examiner ce travail et faire partie de ce jury.
Je remercie monsieur Babori Omar, PDG de l’ACTIM, d’avoir guidé mes pas au
niveau de la zone industrielle de Skikda et de m’avoir facilité l’accès à la raffinerie et aux
différents services. En dépit de sa santé fragile il n’a jamais hésité à répondre à mon appel et à
me porter assistance.
J’adresse tous mes remerciements à messieurs : Gas, Aoued, Boualeg,
Bekkouche, Boudekhana, exerçant au niveau du laboratoire central de la raffinerie de Skikda,
qui ont mis à ma disposition tous les échantillons et les produits chimiques nécessaires à mon
travail. Je les remercie du bon accueil qu’ils m’ont réservé.
Monsieur bouhayene, chef de département de biologie, a été pour moi d’un
grand secours en ce qui concerne la disponibilité de la documentation en rapport avec le
thème que j’ai choisi. Je le remercie d’avoir mis à ma disposition tout le matériel pédagogique
indispensable.
Je tiens aussi à remercier madame Maachia et mademoiselle Mouat de m’avoir
initié dans l’étude bactériologique et de m’avoir autorisé d’assister à leurs cours qui m’ont
énormément aidée dans la compréhension des phénomènes bactériologiques.
Je remercie monsieur Azzouz, chef de département d’agronomie, de m’avoir
ouvert les laboratoires pour que je puisse effectuer les analyses physiques de mon échantillon.
Je tiens aussi à remercier mesdemoiselles Sabrina et Warda, ingénieurs exerçant aux
laboratoire d’agronomie, pour la patience et l’amabilité qu’elles ont eues à mon égard durant
tout mon séjour.
Monsieur Harbi Youcef, chef de département moyens généraux à l’ONAB d’El
Harrouch, m’a permis d’effectuer le stage au sein de l’ONAB, je le remercie de m’avoir
introduit au près des services, particulièrement celui qui gère le laboratoire, au sein duquel j’ai
pu effectuer une série d’analyses. Par ailleurs, je tiens à remercier le personnel du laboratoire
pour avoir mis à ma disposition le matériel et les produits nécessaires à mon travail.
Je remercie, également, monsieur Rached Ammar, chef de service laboraoire du
secteur sanitaire d’El Harrouch, de m’avoir guidé dans mon travail, soutenu et donné
confiance en moi. Ces encouragements m’ont permis de supporter le stress du travail. Je le
remercie pour sa disponibilité et sa gentillesse.
Je remercie madame Boughayoute et monsieur Bouhouche Sami de la direction
de l’environnement de Skikda pour l’accueil chaleureux qu’ils m’ont réservé et pour m’avoir
facilité le travail en mettant à ma disposition tout le matériel que nécessite le déroulement de
mes analyses. Cela été un véritable plaisir de travailler avec eux dans une atmosphère
laborieuse et fraternelle.
Liste des abréviations BTX : Benzène, toluène, xylène BTS : Basse teneur en soufre HTS : Haute teneur en soufre GPL : Gaz du pétrole liquéfier COV : Composé organique volatil MO : Matière organique COT : Carbone organique total Lac : Lactose Glu : Glucose PCA : Plat count agar UFC : Unité formant colonie HC : Hydrocarbure L/S : Rapport Liquide/Solide KOW : Cœffcient de partage octanol-eau HAP : Hydrocarbure aromatique polycyclique US-EPA : Agence pour la protection de l’environnement américaine IARC : Centre international de recherche sur le cancer PPP : Principe pollueur/payeur CVI : Valeur de constat d’impact PLNA : Phase liquide non aqueuse ZNS : Zone non saturée MOF : Matière organique fraîche C/N/K : Rapport Carbone/azote/phosphore POA : Procédé d’oxydation avancée UV : Ultra violet
Chapitre I : Généralités sur les hydrocarbures
INTRODUCTION
2
3
I Généralité sur les hydrocarbures L’objectif de ce premier chapitre est de présenter les caractéristiques générales permettant
d’appréhender l’évolution des hydrocarbures dans les milieux souterrains.
I.1 Définition et caractéristiques D’origine organique, les hydrocarbures se forment à partir de débris d’algues, de résidus de la
faune marine et de plancton. Alors le vieillissement, la température et la pression (qui
s’exerce sur les fonds marins) transforment cette substance organique en hydrocarbures [1].
Les hydrocarbures (pétrole brut et gaz naturels) sont des molécules composées uniquement
d’atomes de carbone et d’hydrogène. Selon l’architecture de la liaison entre l’atome du
carbone et d’hydrogène, on distingue trois séries:
Les alcanes ;
Les hydrocarbures aromatiques ;
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques [2].
Dans ce qui suit on va présenter les caractéristiques des différentes classes d’hydrocarbures
ainsi que leur abondances dans un brut pétrolier.
I.1.1 Les alcanes Parmi lesquels, on distingue
Les alcanes linéaires (n-alcanes, CnH2n+2), dont la longueur de chaîne varie de 7 à 40
atomes de carbone, constituent une des classes les plus abondantes car ils constituent 10
à 40 % des hydrocarbures totaux d'un brut pétrolier. Par contre le pétrole brut d’origine
fossile ne contient en général pas d’alcènes ou d’alcyne. Ils sont obtenus par distillation
destructive de substances naturelles complexes, telles que la houille, et sont formés en
grande quantité par vapocraquage au cours du raffinage du pétrole.
Les alcanes ramifiés: les plus abondants sont les iso-alcanes (groupement méthyle en
position 2), les autres composés ramifiés antéiso (groupement méthyle en position 3) ou
polyramifiés tels que les isoprénoïdes (exemple: pristane, phytane) sont beaucoup moins
nombreux. Ces composés se trouvent dans le pétrole brut dans des proportions
sensiblement égales à celles des n-alcanes.
Les cycloalcanes: renferment des composés cycliques (à 5 ou 6 atomes de carbone)
saturés et le plus souvent substitués. Quelques dérivés polycycliques sont aussi présents
et certains d’entre eux tels les stéranes et les triterpanes sont caractéristiques d’un
pétrole brut. Cette famille peut représenter entre 30 et 50 % des hydrocarbures totaux
d’un pétrole brut [3].
4
Les alcanes, en général, sont caractérisés par une densité inférieure à 1, une faible polarité
(log Kow = 3,5 - 5) donc une certaine hydrophobicité, une bonne volatilité pour les alcanes de
5 à12 carbones (température d’ébullition comprise entre 40 et 200°C) et une volatilité un peu
plus modérée pour les alcanes de 12 à 26 carbones (température d’ébullition comprise
entre200 et 300°C).
Dans l’environnement, les alcanes présentent une stabilité assez élevée, surtout les alcanes
ramifiés dont le carbone tertiaire ou quaternaire conduit à une certaine récalcitrance vis-à-vis
des micro-organismes. Cependant, grâce à leur faible solubilité et leur hydrophobicité, les
alcanes ne se trouveront qu’en faible quantité dans la phase aqueuse et seront stabilisés dans
la phase solide du sol ou dans les sédiments [4].
I.1.2 Les hydrocarbures aromatiques Les hydrocarbures aromatiques sont d’excellents solvants pour les laques et les peintures. Le
benzène est de loin le plus utilisé des hydrocarbures benzéniques. Il est en effet à la base de la
fabrication de nombreux composés tels que les matières plastiques, résines, colorants,
explosifs, détergents, insecticides, textiles, etc [5] .
Les hydrocarbures aromatiques se distinguent des autres par un rapport C/H très élevé. Ils
sont constitués d’un cycle hexagonal de carbone, chacun étant lié a un unique atome
d’hydrogène (cycle benzénique). Le plus simple d’entre eux est le benzène (C6H6). On peut
aussi citer les TEX qui sont, en plus du benzène, les hydrocarbures aromatiques les plus
rencontrés dans l’environnement. Le terme BTEX correspond donc aux quatre substances
suivantes : le Benzène, le Toluène, l’Ethylbenzène et les Xylènes. Le tableau-1 résume les
principales caractéristiques des BTEX [4].
Tableau I.1: Grandeurs caractéristiques des BTEX
5
Grandeurs Benzène Toluène Ethylbenzène Xylène
Solubilité (g/l)
à20°C 1,83 0,52 0,15
Ortho : 0,18
Méta : 0,15
Para : 0,18
(à25°C)
Densité à 20°C 0,88 0,88 0,87
Ortho : 0,88
Méta : 0,86
Para : 0,86
Pression de vapeur
à 20°C 10032 2022 944
Ortho : 663
Méta : 790
Para : 758
Constante
d’Henry à 25°C
(Pa.m3.mol-1)
558 673 820
Ortho : 523
Méta : 758
Para : 758
Densité de vapeur 2,7 3,2 3,7 -
Log Kow à 20°C 2,13 2,69 3,15
Ortho : 3,01
Méta : 3,21
Para : 3,15
De manière générale, les hydrocarbures aromatiques, comme le montre le tableau I.1, sont
moins dense que l’eau, peu solubles et peuvent être considérés volatils (tension de vapeur
supérieure à 0,2 KPa à 20°C). Ils ont une densité qui varie entre 0,86 et 0,9 et présentent une
certaine hydrophobicité légèrement moins élevée que dans le cas d’un hydrocarbure
aliphatique, avec une valeur de log Kow comprise entre 2 et 4. Dans l’eau, ces hydrocarbures,
en plus des hydrocarbures aliphatiques, peuvent concentrer des micropolluants peu solubles
(pesticides) et permettre alors leur absorption par les organismes vivants. Ils peuvent aussi
modifier le comportement des êtres vivants en perturbant les relations écologiques des
chimiomédiateurs [1,4].
Jusqu’en, 1988, on croyait la biodégradation des hydrocarbures aromatiques uniquement
possible en conditions aérobies. Il se trouve en fait qu’une biodégradation anaérobie est
possible pour le benzène, le toluène et l’ethylbenzène. Toutefois, cette biodégradation est
généralement insignifiante. Des conditions aérobies sont donc très favorables à une
biodégradation des hydrocarbures aromatiques. Le benzène, le toluène et le xylène sont
facilement biodégradables s’ils sont présents en faibles doses dans le milieu [1].
6
I.1.3 Les hydrocarbures aromatiques polycycliques Plusieurs familles d'hydrocarbures aromatiques et polyaromatiques dont le nombre de noyaux
varie de 2 à 6 sont présentes dans les pétroles bruts. Ces composés sont dominés par des
composés mono-, di- et tri-aromatiques. En général, les hydrocarbures aromatiques sont
moins abondants que les alcanes, et ne représentent que 10 à 30 % des hydrocarbures totaux
d'un brut pétrolier [3].
Bien que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) font partie des hydrocarbures
aromatique ils constituent de par leur toxicité à très faible dose, un groupe différent des autres
hydrocarbures aromatiques. Ces composés sont des substances organiques constituées d’au
moins deux anneaux aromatiques condensés. Ils sont divisés en deux catégories : les
composés à faible masse moléculaire formée de moins de quatre anneaux et les composés à
masse moléculaire élevée, à quatre anneaux ou plus [6].
Les HAP purs sont des solides habituellement colorés, cristallins à la température ambiante.
Les propriétés physiques des HAP varient selon leur masse moléculaire et leur structure
(tableau I.2). Sauf dans le cas du naphtalène, leurs solubilités dans l’eau vont de très faibles à
faibles et leurs tensions de vapeur, de faibles à modérément élevées. Leurs coefficients de
partage octanol/eau (Kow) sont relativement élevés, ce qui dénote un important potentiel
d’adsorption sur les matières particulaires en suspension dans l’air et dans l’eau et aussi sur
les particules du sol. Ces composés sont donc lipophiles et solubles dans de nombreux
solvants organiques. Ainsi, ils sont potentiellement bioaccumulés et concentrés dans les
sédiments et les sols. La persistance des HAPs augmente avec le nombre de cycles de la
molécule. Par exemple, le naphtalène et les composés de faible poids moléculaire, étant plus
solubles et plus volatiles, sont peu persistants et donc peu bioaccumulables. En revanche, les
composés de poids moléculaires élevés sont très persistants et par conséquent
bioaccumulables. Par exemple, la demi-vie dans les sols (tableau I.3) du benzo[k]fluoranthène
est de plusieurs années (jusqu’à 9 ans selon les sources) alors que celle du fluoranthène est de
1 à 2 mois. Le tableau I.3 récapitule les demi-vies de plusieurs HAP dans les sols [7].
7
Tableau I.2: Propriétés physicochimiques des 16 HAP prioritaires[8]
Nbr
de
cycle
Masse
moléculaire
[g/mol]
Solubilité
[µg/l]
Tension
de vapeur
[Pa]
Constante
d’Henry
atm.m3.m-1
Log
de
Kow
Naphtalène
Acénaphtylène
Acénaphtène
Fluorène
Phénanthrène
Anthracène
Fluoranthrène
Pyrène
Benzo(a)anthracène
Chrycène
Benzo(b)fluoranthrène
Benzo(k)fluoranthrène
Benzo(a)pyrène
Dibenzo(a,h)anthracène
Indeno(c,d)pyrène
Benzo(g,h,i)pérylène
2
3
3
3
3
3
4
4
4
4
5
5
5
5
6
6
128
152
154
166
178
178
202
202
228
228
252
252
252
278
276
276
30000
390
3470
1980
1290
70
260
140
14
2
1,3
0,6
3,8
0,5
0,3
0,1
6,5
3,9
2,7
1,7
9,1
2,7
8
9,2
6,7
8,4
6,7
6,7
6,7
1,3
1,3
1,3
4,8
1,1
2,4
1,7
8,9
3,9
3,5
5,1
1,2
1,1
1,2
3,9
4,9
7,1
7
5,3
3,37
4,07
4,33
4,18
4,4
4,45
5,33
5,32
5,61
5,61
6,57
6,84
6,04
5,97
7,66
7,23
La biodégradation des HAP est particulièrement difficile, elle s’effectue noyau après noyau et
quasiment uniquement en conditions aérobies. Cette biodégradation est en effet très peu
significative. L’utilisation de processus de dégradation biologique dans le but de dégrader les
HAP est donc peu utile. Toutefois, certains champignons présentent de bonne aptitude à
transformer les hydrocarbures aromatiques polycycliques, mais la faible disponibilité de ces
polluants, du fait de leur pouvoir d’adsorption, empêche leur dégradation[1].
8
Tableau I.3: Demie-vie des HAP par biodégradation dans le sol[8] Nom Sol milieu aérobie Sols milieu anaérobie
Domaine de variation (jours)
Naphtalène
Acénaphtylène
Acénaphtène
Fluorène
Phénanthrène
Anthracène
Fluoranthrène
Pyrène
Benzo(a)anthracène
Chrycène
Benzo(b)fluoranthrène
Benzo(k)fluoranthrène
Benzo(a)pyrène
Dibenzo(a,h)anthracène
Benzo(g,h,i)pérylène
Indeno(c,d)pyrène
0,21-766
42,5-60
0,30-102
2-71
0,61-5475
2,72-2920
44-6205
3-6570
4-7220
5,5-1900
113-9855
132-3175
2-9490
18-12940
340-9125
224-3130
25-258
170-240
33-403
34-240
2,6-800
38,5-1840
560-1760
15,8-7600
270-2720
180-4000
228-2120
1440-2440
1444-3760
3640-8560
2360-2600
2400-2920
A cause de leur toxicité ainsi que leur persistance dans l’environnement les hydrocarbures
aromatiques polycycliques sont moins utilisés que les autres hydrocarbures, mais certains
HAP sont produits et utilisés commercialement, on cite, par exemple :
o La créosote, qui est un mélange complexe et variable de composés de distillation du
goudron de houille. Dix-sept HAP, comptent pour environ 63 % du mélange de
créosote. La créosote est communément utilisée comme produit de conservation du
bois pour le traitement des traverses de chemin de fer, ainsi que des piles utilisées dans
la mer et en eau douce.
o Le naphtalène, qui intervient comme intermédiaire de fabrication dans de nombreux
secteurs de l'industrie chimique tels que les colorants. Le naphtalène est également
utilisé comme antimite domestique[9].
9
I.2 Toxicité des hydrocarbures Le coefficient de partage octanol – eau (Kow) traduit la répartition d’une molécule d’un soluté
entre la phase lipophile (octan-1-ol) et la phase hydrophile (eau). Ce coefficient donne une
indication sur sa capacité à s'adsorber sur des surfaces hydrophobes, il est aussi un bon
indicateur de la capacité des polluants à pénétrer les membranes biologiques et donc à
s’accumuler dans les organismes vivants. Pour les HAP, les log Kow varient de 3,4 à 6,8, ce
qui indique un fort potentiel d’adsorption, de plus les HAP sont des molécules
biologiquement actives qui, une fois absorbées par les organismes, se prêtent à des réactions
de transformation sous l’action d’enzymes conduisant à la formation d’époxydes et/ou de
dérivés hydroxylés. Les métabolites ainsi formés peuvent avoir un effet toxique plus ou moins
marqué en se liant à des molécules biologiques fondamentales telles que les protéines, l’ARN,
l’ADN et peuvent provoquer des dysfonctionnements cellulaires (cancer). Outre leurs
propriétés cancérigènes, les HAP présentent également un caractère mutagène dépendant de la
structure chimique des métabolites formés. Ils peuvent aussi entraîner une diminution de la
réponse du système immunitaire augmentant ainsi les risques d’infection[7] .
Le benzo[a]pyrène est potentiellement le plus cancérigène. D’autres HAPs sont également
reconnus comme étant fortement génotoxiques et cancérigènes, comme le fluoranthène, le
benzo[b]fluoranthène, le benzo[k]fluoranthène, le chrysène, le benzo[g,h,i]pérylène et
l’indéno[123cd]pyrène
Devant l’impossibilité de mesurer l’ensemble des molécules (il existe plus de 600 composés),
l’Agence pour la Protection de l’Environnement Américaine (US-EPA) a incorporé16 HAP à
une liste de polluants prioritaires (Figure I.1) [10].
Parmi les 16 HAP de l’US-EPA, six sont classés par le Centre International de Recherche sur
le Cancer (IARC) comme des cancérigènes probables (groupe 2A : Benzo(a)pyrène,
Benzo(a)anthracène, Dibenzo(a,h)anthracène) ou comme des cancérigènes possibles pour
l'homme (groupe 2B : Benzo(b)fluoranthène, Benzo(k)fluoranthène, Indéno(c,d)pyrène). Les
autres HAP de la liste ne sont pas classifiés (groupe 3) ou n'ont pas été évalués[11].
10
FigureI.1: 16 HAP de la liste prioritaire de l'US-EPA et l’abréviation communément utilisée[12]
11
TableauI.4: cancérogénicité des HAP[8]
Nom Classement UE Classement
CIRC/IARC
Classement
US EPA
Naphtalène
Acénaphtylène
Acénaphtène
Fluorène
Phénanthrène
Anthracène
Fluoranthrène
Pyrène
Benzo(a)anthracène
Chrycène
Benzo(b)fluoranthrène
Benzo(k)fluoranthrène
Benzo(a)pyrène
Dibenzo(a,h)anthracène
Indeno(c,d)pyrène
Benzo(g,h,i)pérylène
nc
nc
nc
nc
nc
nc
nc
nc
2
2
2
nc
2
nc
2
nc
2B
3
3
3
3
3
2A
3
2B
2B
2A
2B
2A
3
C
D
D
D
D
D
D
B2
B2
B2
B2
B2
B2
B2
D
nc: non cancérigène, 2:substances devant être assimilés à des substances mutagènes pour l’homme.
2A : probablement cancérigène pour l’homme ; 2B : peut être cancérigène pour l’homme ; 3 : ne peut être classé
cancérigène.
B1 et B2 : cancérigène probable pour l’homme ; C :cancérigène possible pour l’homme ; D : inclassable.
La toxicité des hydrocarbures HAP est plus importante que celle des hydrocarbures
aliphatiques qui, une fois émis dans l’environnement, ils sont plus sensibles aux phénomènes
d’altération et persistent donc moins dans le milieu. Cependant, les alcanes à faible poids
moléculaire peuvent présenter des dangers pour la santé. Par exemple, l’hexane peut entraîner,
lors d’une exposition prolongée, une atteinte des nerfs périphériques conduisant à une
paralysie des membres inférieurs. Le pentane et l’heptane ont une toxicité moindre. Quand
aux cycloalcanes, et grâce à leur complète élimination par l’organisme, présentent un faible
danger d’intoxication chronique pour les humains mais peuvent en avoir pour d’autres
espèces marines (tableau I.6).
12
Tableau I.5: Toxicité aigue de n-hexane[8] Voie Espèce CL50/DL50
Inhalation Rat 73680 ppm/4h
Orale Souris 5000 mg /Kg
Cutanée Lapin 3000 mg/Kg
Tableau I.5: toxicité aigue chez daphnia magna de certains alcanes[8]
Substrat CL 50 (mg/l) Toxicité
Pentane
n-Hexane
n-Heptane
n-Octane
n-Décane
59
22
Non disponible
3,3
0,6
Faiblement toxique
Faiblement toxique
Non disponible
Modérément toxique
Toxique
Cyclopentane
Cyclohexane
Méthylcyclohexane
cycloheptane
140
2,4 – 63
24
0,74
Non toxique
Faiblement toxique
Faiblement toxique
Toxique
Où CL50 (ou CLx) = Concentration Létale 50 % : concentration en substance qui induit la mort de 50% de la
population d'organismes étudiés, pendant un temps donné, par administration unique. Plus la concentration létale
est faible, plus la substance est toxique.
DL50 (ou DLx) = Dose Létale 50% : dose de substance qui induit la mort de 50 % dans la population d'organismes étudiés, pendant un temps donné, par administration unique. Plus la dose létale est faible, plus la substance est toxique En fin, l’exposition prolongée aux hydrocarbures aromatiques monocycliques peut altérer la
mémoire et certaines capacités psychiques, ils ont aussi une toxicité prouvée sur l’oreille
interne pouvant entraîner une diminution de l’audition, leur contact prolongé avec la peau ou
les muqueuses aura une action dégraissante et desséchante se traduisant par des irritations ou
des dermatoses.
Le benzène et le plus toxique des composés monoaromatiques. Il se distingue par sa grande
toxicité pour les cellules sanguines et les organes qui les produisent. Les affections en
résultant vont de la simple anémie à la survenue du cancer du sang [13].
13
I.3 Règlementations A nos jours l’environnement est rarement propre. Sa pureté est définie par rapport aux normes
fixées par les législations. L’environnement est considéré pollué lorsqu’il renferme des
substances dont les teneurs sont telles qu’elles présentent des risques pour la santé humaine
ou un danger pour les humains et les écosystèmes[14].
Ces dernières années, une avancée considérable a été constatée dans le monde entier dans le
domaine de la réglementation des pollutions, particulièrement, celles dues aux hydrocarbures.
Ceci est dû essentiellement à l’émergence des préoccupations liées à l’environnement et au
développement durable dans les différents pays. A titre d’exemple, en Algérie, la loi relative à
la protection de l’environnement (Loi 83-17) pose le principe que l’eau doit être protégée
contre la pollution et la sur exploitation, et le Décret 93-160 du 10/07/1993 sur les rejets
d’effluents liquides industriels, fixe la valeur maximale de 20 ppm pour la somme de
concentrations des hydrocarbures dans les rejets, quand aux eaux destinées à la consommation
humaine (eau potable) la concentration de la somme des hydrocarbures ne doit pas dépassée
la valeur de 10ppm comme il est indiqué dans les normes établies par l’organisation mondiale
de la santé (OMS) [15,16] .
Plus récemment, l’Algérie adopte la Loi 03 - 10 du 19 juillet 2003 relative à la Protection de
l’environnement dans le cadre du Développement Durable .Cette loi vise à compléter les lois
algériennes déjà en vigueur dans le domaine de l’environnement, lesquelles incitent à la
protection des eaux souterraines. Elle fixe un objectif ambitieux de bon état de la qualité des
eaux en Algérie au futur. A titre d’exemple, l’article 51 de cette loi interdit tout déversement
d’eaux polluées dans les eaux souterraines [16].
Dans le domaine de la pollution des sols, les industriels sont soumis au principe de
pollueur/payeur (PPP). Ce principe repose sur le fait que le pollueur devrait se voir amputer
les dépenses relatives aux mesures arrêtées par les pouvoirs publics pour que l’environnement
soit dans un état acceptable [14].
A l'heure actuelle, il n'existe pas en Algérie, des réglementations sur les teneurs en
hydrocarbures des sols et des eaux souterraines. Les seules données qu’on a pu avoir sont :
o Les normes néerlandaises pour les BTEX ;
o Les VCI française (Valeur de Constat d'Impact) pour les HAPs, qui sont des valeurs
dites guide, servant de référence et qui correspondent aux valeurs d'intervention au-
dessus de laquelle le site doit être dépollué. Le Tableau I.8 récapitule ces valeurs.
14
Tableau I.6: Normes néerlandaises pour les BTEX[17] OMS eau potable µg/l Normes NL nappes µg/l Normes NL sol mg/Kg Benzène 10 30 1 Toluène 700 1000 130 Ethylbenzènes 800 150 50 Xylènes 800 70 75 styrène 20
Tableau I.7: Les valeurs de constat d'impact française pour les HAP[11] OMS eau
potable mg/l Normes NL nappe mg/l
VCI française sol à usage sensible mg/Kg
VCI française sol à usage non sensible mg/Kg
Naphtalène 70 46 Phénanthrène 5 Anthracène 5 Fluoranthène 1 6100 Benzo(a)anthracène 0,5 13,9 252 Chrysène 0,05 10350 25200 benzo(a)pyrène 0,7 0,05 7 25 Benzo(g,h,i)pérylène
0,05
Benzo(k)fluoranthène 0,05 900 2520 Indéno(1,2,3- cd)pyrène
0,05 16,1 252
15
II Comportement des hydrocarbures dans les sols Depuis plusieurs dizaines d’années, l’apport de quantités importantes d’hydrocarbures dans le
sol a provoqué une contamination du sol et de l’eau souterraine. Celle-ci peut devenir une
menace potentielle et sérieuse pour les ressources en eau potable.
Face à ce type de pollution, les scientifiques ont été amenés à comprendre les mécanismes de
transport liés à ces produits très faiblement miscibles dans l’eau, mais malheureusement très
dangereux à des doses infinitésimales pour l’homme (en particulier les HAP). Le but de cette
section est de présenter de manière brève et condensée une synthèse bibliographique portant
sur une description générales des sols et des mécanismes gouvernant le comportement des
hydrocarbures en milieu souterrain.
II.1 Le sol milieu polyphasique Le sol peut être défini comme la couche supérieure de la croûte terrestre composée de
particules minérales, de matière organique, d’eau, d’air et d’organismes.
D’un point de vue pédologique, le sol représente la partie des formations naturelles
superficielles soumises aux processus pédologiques et subissant des évolutions plus ou moins
importantes de la composition chimique et de la constitution minéralogique. Le sol résulte de
l’évolution de la roche mère sous jacente transformée en surface par divers facteurs (climat,
nature de la roche, activité biologique…)[18].
Le sol est donc un système hétérogène et complexe. Il est composé d’une phase solide
représentée par les particules du sol, une phase liquide représentée par l’eau du sol (qui peut
être enrichie en de nombreux composés et particules) et une phase gazeuse constituée par l’air
emprisonné dans le sol. Ceci permet de déterminer un domaine non saturé et un domaine
saturé. La zone non saturée constitue une interface entre l’atmosphère et l’hydrosphère. Dans
cette partie, les pores du sol ne sont que partiellement remplis par l’eau et le gaz y prédomine.
La zone saturée est une zone où l’ensemble des pores est rempli d’eau [19].
Nous ne présenterons pas dans cette partie une description détaillée des différentes
classifications des sols, mais nous nous contenterons de présenter les deux fractions
intervenant principalement dans la rétention des hydrocarbures dans le sol, à savoir les
fractions organique et minérale [11].
La fraction minérale est principalement constituée de minéraux primaires (quartz,
feldspaths, micas …) et de minéraux secondaires, les oxydes métalliques ou les argiles.
La fraction organique comprend les composés organiques simples ou complexes. Ils
peuvent être classifié en quatre catégories :
16
o La matière organique vivante végétale et animale, qui englobe la totalité de la
biomasse en activité ;
o Les organismes morts regroupés sous le nom de matière organique fraîche;
o Des composés organiques intermédiaires, appelés matière organique transitoire
provenant de l’évolution de la matière organique fraîche ;
o Des composés organiques stabilisés, les substances humiques provenant de
l’évolution de la matière précédente [20,21].
II.2 Origine des hydrocarbures dans les sols Le sol est une ressource naturelle indispensable et précieuse à des points de vue multiples :
ses fonctions à la fois économiques, sociales et environnementales. Le sol permet
l’agriculture, accueille et offre l’espace nécessaire à l’habitat et aux diverses activités
humaines, stocke lui-même d’autres ressources naturelles indispensables à toute vie (eau,
ressources et combustibles fossiles, minerais…) et par conséquent, il est le réceptacle de
divers émissions qui, au-delà d’un certain seuil d’accumulation, présentent une pollution
susceptible de provoquer une nuisance ou un risque pérenne pour les personnes ou
l'environnement, au regard de l’utilisation future que l’on envisage pour le sol.
La contamination du sol par les hydrocarbures occupe une position particulière en raison de la
toxicité et de l’effet cancérogène de certains d’entre eux, et des quantités importantes
susceptibles d’être introduites dans le sol, phénomène qui s’est accentué ces dernières années
avec l’augmentation remarquable de la consommation des hydrocarbures (voir tableau II.1 et
figure II.1)[22]. Tableau II.8 Consommation des hydrocarbures en Algérie [23]
103 tonnes Consommation
2004
Consommation en
2005
Taux de croissance
en (%)
Carburants 7517 7989 6,3
GPL 1899 2006 5,6
Lubrifiants 138 146 5,3
Bitume 397 431 8,4
Les hydrocarbures peuvent être libérés dans l’environnement par des phénomènes naturels.
Toutefois, on considère que les activités anthropiques sont une importante source de rejet
d’hydrocarbure dans l’environnement. Ce phénomène est logiquement accentué aux endroits
où l’industrialisation et l’urbanisation sont le plus développées [11].
On distingue différentes sources d’hydrocarbures dans l’environnement selon qu’elles sont
liées :
17
o Au transport ;
o A l’exploitation des gisements ;
o Au rejets telluriques ;
o Aux sources naturelles ;
o Aux retombées atmosphériques [1].
Le transport des hydrocarbures peut conduire à l’introduction de grandes quantités
d’hydrocarbures, dans l’environnement, sous forme de brut pétrolier ou de produits
raffinés: carburants et huiles. Cela est principalement du aux :
o Déversements plus ou moins massifs lors d’accidents de transport d’hydrocarbures par
route ou chemin de fer ;
o Ruptures accidentelles d’oléoducs ;
o Fausses manœuvres humaines lors des opérations de transfert et de distribution.
L’exploitation des gisements peut provoquer des déversements lors de ces trois
principales opérations : forage, production et transport par oléoduc souterrain.
Les rejets telluriques proviennent de différentes sources :
o Incendies ou explosions d’unités de production industrielle ou de cuves de stockage
hors sol dans les centres de distribution ;
o Fuites cuves enterrées, industrielles (stations-service par exemple) ou domestiques,
résultant souvent de la corrosion des installations ;
o Infiltrations à partir de dépôts de déchets industriels et urbains contenant des
hydrocarbures, mal stockés et mal contrôlés (exemple : l’enfouissement des résidus de
distillation de la houille, pratiquée pendant des décennies pour produire le gaz de
ville);
o Déversements et enfouissements volontaires de déchets d’hydrocarbures, liés à des
activités domestiques, artisanales, commerciales, agricoles ou industrielles;
(figureII.2) [22].
Les retombées atmosphériques concernant les imbrûlés produits lors de la combustion
(échappements d’automobiles, incendies provoqués après déversement
d’hydrocarbures,…) ou les hydrocarbures gazeux vaporisés lors de fuites ou de
manipulation. Ces composés sont, pour la plupart, rapidement oxydés. Seule une faible
fraction retombe sur le sol, le plus souvent à proximité du lieu d’émission. Une meilleure
connaissance de la photochimie atmosphérique a fait passer, au cours de la période 1970-
1985, l’estimation de ces retombées de 9 à 0,3Mt/an [1] .
18
Les sources naturelles : Les feux de forêts, les éruptions volcaniques et les fuites des
réservoirs naturels ont un important potentiel de production de quantités massives
d’hydrocarbures [11].
Les hydrocarbures sont, également produits, de manière naturelle, par des plantes, des
organismes marins, des insectes, des bactéries, des champignons, des mammifères par
divers processus qui se déroulent dans les océans, et les milieux souterrains. Les
hydrocarbures produits ainsi comprennent des alcanes et des aromatiques. La stabilité de
ces composés a fait d’eux des marqueurs biologiques et géochimiques d’une très grande
valeur. Ainsi, le développement des méthodes analytiques (chromatographiques et
spectroscopiques) a facilité la réalisation de plusieurs travaux de recherches, qui se sont
intéressés à la distribution et l’abondance de ces hydrocarbures et d’estimer une
éventuelle augmentation de leur concentration suite au phénomène de transport et
d’activités industrielles et prédire les effets des hydrocarbures anthropogéniques sur les
processus physiques, chimiques et biologiques [3].
Figure II.2: Les principaux polluants des sites pollués en Frances [14]
II.3 Mobilité et transport des hydrocarbures dans les sols Dans un milieu poreux souterrain, lors d’un déversement ou de tout autre phénomène pouvant
être à l’origine de l’intrusion d’hydrocarbures dans le sol, ces composés forme une phase
qu’on appel PLNA (phase liquide non aqueuse), la propagation de cette phase s’effectue en
deux étapes :
19
II.3.1 Dans la zone non saturée Dès leur déversement à la surface du sol, les hydrocarbures, sous l’action de la gravité,
pénètrent rapidement dans la zone non saturée. Leur mouvement vertical dans le sous- sol est
à la fois contrôlé par la nature du déversement (quantité déversée et débit d’infiltration), la
densité, la viscosité et les propriétés capillaires du milieu poreux. Leur migration verticale est
accompagnée par un étalement latéral dû à l’action des forces capillaires et à la texture du
milieu poreux[24].
En effet, des hétérogénéités dans la zone non saturée (ex. présence de couches argileuses,
alternance de couches ayant des perméabilités différentes) conduisent à une composante
latérale. Ainsi, les hydrocarbures s’accumulent sous forme de flaques au-dessus des zones
moins perméables, et tendent à migrer latéralement jusqu’à atteindre les bords de la couche ou
bien une hauteur suffisante (ou pression d’entrée) qui leur permet de vaincre les forces
capillaires qui s’opposent à leur déplacement vertical.
Alternativement, leur migration est favorisée à travers les zones les plus perméables telles que
les macropores, les fractures, le long des racines et dans les couches de sable qui fournissent
une résistance capillaire relativement faible à l’écoulement du polluant. Ils continuent leur
mouvement vertical dans la zone non saturée jusqu’à atteindre la saturation résiduelle pour
laquelle ils restent piégés par les forces capillaires. La capacité de rétention des hydrocarbures
dans la zone non saturée varie généralement entre 3 à 5 l/m3 en milieu très perméable, et de 30
à 50 l/m3 en milieu peu perméable, et les saturations résiduelles dans les milieux sableux sont
comprises entre 2 et 5 % du volume des pores.
Les hydrocarbures retenus à saturation résiduelle sous forme de ganglions et de flaques sont
difficilement mobilisables par les méthodes de traitements et constituent des sources de
pollution à long terme car, les hydrocarbures présents dans ces sources seront transportés
lentement vers les eaux souterraines sous forme dissoute uniquement, et principalement par le
jeu des eaux de pluie, et peuvent ainsi constituer une source de pollution durable de l’eau
souterraine du fait de leurs faible solubilités dans l’eau [14].
20
Figure II.3 : Comportement des polluants dans le milieu souterrain ; cas de produit n’atteignant pas la
nappe
Figure II.4: Piégeage et transport des produits dans la zone non saturée
II.3.2 Dans la zone saturée
II.3.2.1 Produits plus légers que l’eau C’est notamment le cas des hydrocarbures les plus courants (essences, gazole, solvants
aromatiques,…).
Le volume de produit non retenu dans la zone non saturée va atteindre la nappe et s’étalera
progressivement sur la frange capillaire et, si le volume de produit sur la surface
piézométrique est suffisant, il formera une «galette» de produit flottant dont la forme
dépendra d’avantage de la capacité de rétention du milieu et de sa perméabilité au polluant
que la vitesse d’écoulement de l’eau. La figure II.4 illustre ce phénomène. L’extension de la
« galette » croit en même temps que l’arrivé du produit sur la nappe. Elle cesse assez
rapidement lorsque cette arrivée se termine. A l’équilibre, l’épaisseur de la galette est faible,
et suivant la nature du produit, elle contient de 10 à 40 litres de polluant par m3 [17].
21
Les nappes sont, souvent, soumises à des variations de niveaux. Du fait des fluctuations
piézométriques, la lentille de produit flottant va se trouver « piégée » dans la zone de
battement de la nappe, ce qui a pour effet de la disparition progressive de la lentille de flottant
et, ultérieurement, la mise en contact d’une tranche importante de terrain contaminé avec
l’eau circulant dans la nappe [4].
Dans certains cas les fluctuations de la nappe peuvent aussi entraîner un piégeage des
hydrocarbures plus légers que l’eau, par une couche moins perméable, sous le niveau
piézométrique général. (Figure II.5)
Il est donc souvent utile de bien connaître l’historique des variations de niveau des nappes
souterraines dans la mesure où elles permettent d’expliquer la position de certaines pollutions
ou des manifestations tardives [17].
Figure II.5: Comportement d'un produit plus léger que l'eau et qui atteint la nappe
Figure II.6: Effet de battement de la nappe sur la lentille de produit flottant
22
II.3.2.2 Produits plus lourds que l’eau Les produits plus lourds que l’eau, comme les plus légers, vont traverser le sol verticalement,
en constituant des corps d’imprégnation. Quant le produit atteint la nappe, il « coule » au font
de l’aquifère, et peut s’accumuler sur le substratum (figure II.6). Son mouvement est lié à la
fois à la forme du substratum (pente éventuelle) et aux conditions d’écoulements (direction,
vitesse) de la nappe. L’exemple le plus connu pour ce type de pollution, est les hydrocarbures
halogénés qui, une fois arrivés à la frange capillaire et du fait de leur forte densité et leur
faible viscosité, coulent au fond de l’aquifère comme le montre la figure II.6suivante [14] :
Figure II.7: Comportement d'un produit plus dense que l'eau et qui atteint la nappe
Mais quant le produit plus lourd que l’eau a une viscosité importante comme, par exemple, les
goudrons, ces polluants migrent peu dans la zone non saturée et tendent à rester piégé dans les
pores ou à s’étaler latéralement. Ainsi, la contamination des nappes par ces produits reste un
cas exceptionnel. En revanche, l’écoulement de l’eau de pluie à travers le site favorise une
lixiviation des éléments les plus solubles des goudrons dans la zone non saturée et conduit à
leur transfert dans la nappe. Lorsque la pollution est très ancienne, on peut raisonnablement
penser que ces transferts sont devenus négligeables [17].
23
II.4 Evolutions des hydrocarbures dans les sols à partir de la source
II.4.1 Evolution en phase gazeuse Il s’agit du transfert des hydrocarbures présents dans la phase organique (PLNA) et dans la
phase aqueuse vers la phase gazeuse du sous-sol. Ce mécanisme se déroule à l’interface nappe
/ zone non saturée et également dans la zone non saturée. Les équilibres sont régis par la
pression de vapeur saturante pour le passage phase organique – phase vapeur, et par la
constante de Henry pour le passage phase dissoute – phase vapeur.
II.4.1.1 Partage entre la phase aqueuse et la phase gazeuse : Le partage d’un composé organique entre une phase aqueuse très diluée, en raison de la faible
solubilité des composés organiques dans l’eau, et une phase gazeuse est classiquement définit
par la loi de Henry. La constante de Henry, également appelée « coefficient de partage air-
eau » décrit la tendance d’un composé organique à se volatiliser lorsqu’il se trouve en
solution aqueuse. Plus la constante de Henry H d’un composé est élevée, plus ce composé à
tendance à se volatiliser. Dans le cas du transfert phase dissoute – phase vapeur, le mécanisme
inverse de la volatilisation existe : il s’agit du mécanisme de dissolution des vapeurs sous
l’action d’une infiltration d’eau (pluie utile) dans la zone non saturée ou du fait des
fluctuations de la nappe [25].
II.4.1.2 Partage entre la phase organique et la phase gazeuse : La pression de vapeur est, à une température donnée, la force par unité de surface exercée par
la phase vapeur d’un composé chimique en équilibre avec sa phase solide ou liquide Le
transfert de la matière à la phase vapeur est d’autant plus élevé que la pression de vapeur est
importante [25].
Ce mécanisme dépend de la pression de vapeur de chaque composé mais aussi des gradients
de concentration qui existent dans la ZNS, de la densité des vapeurs des contaminants et des
propriétés du sol.
Par exemple, les BTEX sont volatils avec une pression de vapeur supérieure à 133 Pa, voire
très volatils pour les TEX. Cependant, la densité de vapeur des BTEX est supérieure à celle de
l’air (d = 2,70 -3,70), à l’exception du méta-xylène et du para-xylène, ce qui empêche la
montée des vapeurs et donc la perte vers l’atmosphère. Néanmoins, certains hydrocarbures
présentent une densité de vapeur inférieure à celle de l’air, ce qui permet leur élimination par
la volatilisation. C’est le cas par exemple du n-nonane, du n-décane, du triméthylbenzène et
des composés cycliques alkylés en C9.
24
Les propriétés du sol jouent aussi un rôle dans la volatilisation des hydrocarbures. En effet,
plus l’humidité du sol est grande, plus la quantité de pores disponibles pour le passage des
vapeurs est faible, et donc moins la volatilisation sera importante. De plus, la présence d’eau
dans le sol va conduire à la dissolution des vapeur est leurs transfert vers la nappe sous forme
dissoute.
La taille des pores influence aussi le mécanisme volatilisation. Dans un sol sableux, les pores
ont un diamètre important, ce qui favorise de plus grands transferts de masse de vapeur vers
l’atmosphère, et donc une plus grande volatilisation. Il faut cependant noter que ce
mécanisme peut représenter dans certains cas des risques d’exposition si la source est
localisée dans des endroits fréquentés [4].
II.4.2 Evolution en phase aqueuse
II.4.2.1 Mécanismes de relargage des hydrocarbures dans la phase aqueuse du sol Les hydrocarbures présents dans le sol sous forme de gouttelettes d’huiles dispersées sont
relarguées dans la phase aqueuse par un mécanisme de dissolution. Par contre, lorsque les
hydrocarbures sont fixés à la surface des particules ou bien dans la porosité intra particulaire,
le relargage vers la phase mobile est contrôlé par un mécanisme de désorption. De plus, les
hydrocarbures, comme tous les polluants hydrophobes, sont susceptibles d’être entraînés sous
forme particulaire, c'est-à-dire qu’ils sont fixés sur les particules mobiles. Cet aspect de la
mobilité sera abordé sous le nom de transport particulaire [19].
II.4.2.1.1 Dissolution Le contact des hydrocarbures piégés dans le milieu poreux (saturation résiduelle, produit
flottant sur le toit de la nappe, …) avec l’eau en écoulement entraîne la dissolution de
certains composés (figure II.7) [14] .
Figure II.7: Dissolution des polluants par la solution du sol
25
Généralement, le mécanisme de dissolution est le principal mécanisme de pollution de
l’aquifère par apport continu de molécules solubilisées, conduisant ainsi à la formation d’un
panache de pollution par les traces dissoutes dont la propagation est régie par les mécanismes
suivants :
1. La convection :
C’est le transport des polluants dissous sous l’effet du déplacement de l’eau
souterraine. Il est donc lié à la vitesse de déplacement de l’eau souterraine qui varie
entre quelques dizaines de mètres par an (sable fin) et quelques dizaines de mètres par
jours (alluvions grossier), voire un Km/jour (milieux karstiques).
Bien que le transport convectif domine en ce qui concerne la propagation des
polluants dans la nappe et dans la zone non saturée du sol, d’autres phénomènes de
transports vont s’effectuer tel que la dispersion hydrodynamique[17].
2. La dispersion hydrodynamique :
Il s’agit du processus par lequel un panache de polluants dissous dans l’eau s’étale
dans des directions longitudinale (dans la direction de l’écoulement), transversale
(dans une direction perpendiculaire à l’écoulement) et verticale. Ce processus est dû à
deux phénomènes :
La dispersion cinématique (ou mécanique) : c’est un phénomène de
mélange lié essentiellement à l’hétérogénéité des directions et des vitesses
microscopiques au sein du milieu poreux et qui résulte de variations locales
de la vitesse d’une molécule autour d’une vitesse moyenne de l’écoulement
de l’eau souterraine[19].
La diffusion moléculaire : elle provient de l’agitation moléculaire et
produit un transfert de matière des zones fortement concentrées vers des
zones à faible concentration [26].
L’expérience montre que, pour la plupart des polluants, la diffusion moléculaire est en
général faible a regard de la dispersion mécanique, sauf dans le cas d’aquifère peu
perméables ou de produits très diffusifs (cétones, éthers,..) [17].
II.4.2.1.2 Les phénomènes de sorptions et de désorptions Le phénomène de sorption est l’un des premiers phénomènes auxquels sont soumis les
hydrocarbures dans un sol. Il a une influence prépondérante sur le devenir de ces polluants, en
particulier sur leur mobilité et leur relargage dans la phase aqueuse.
26
L’adsorption et l’absorption décrivent les processus qui aboutissent à la rétention des
hydrocarbures respectivement sur et dans les particules de sol.
On définit l’adsorption comme le passage d’un soluté de la phase liquide, solution du sol, à
l’interface liquide/solide du sol. Il s’agit d’un processus qui implique l’attraction du composé
vers la surface de la particule de sol et sa rétention sur cette surface pendant un temps qui
dépend de l’affinité du composé pour la surface. Du fait de la nature hétérogène des sols et
des sédiments, il est très difficile, expérimentalement, de faire la différence entre l’adsorption,
décrite précédemment, et l’absorption qui correspond à la pénétration du composé dans la
phase solide du sol. En effet, puisque ces deux phénomènes ont lieu simultanément et ne
peuvent pas être distingués, le terme souvent utilisé dans la littérature est celui de sorption,
terme qui ne fait pas la différence entre ces interactions d’adsorption et d’absorption.
La désorption est le phénomène inverse de la sorption phénomène qui conduit au relargage
d’hydrocarbures dans la phase mobile (aqueuse) et qui est régit par plusieurs paramètres
physicochimiques du sol [27].
II.4.2.2 Influence des paramètres physicochimiques sur les mécanismes de transferts des hydrocarbures en phase liquide et sur leur sorption
Les facteurs environnementaux peuvent avoir une influence sur la solubilité des
hydrocarbures et sur leurs mécanismes de sorption et de dissolution. Nous allons présenter
successivement l’influence de ces différents paramètres dans les paragraphes qui suivent :
II.4.2.2.1 Facteurs liés aux caractéristiques des sols La matière organique
La matière organique est la partie non vivante de la fraction organique du sol. Elle est
constituée d'un mélange hétérogène de résidus de décomposition microbienne et de matière
organique fraîche (MOF) [19].
La matière organique du sol se caractérise par une grande surface spécifique et par son
pouvoir gonflant permettant la pénétration de l’eau et la diffusion d’autres molécules, ainsi
dans le cas de présence d’une substance organique polluante dans le sol cette dernière peut
être piégée dans la matière organique, donc la matière organique joue un rôle important dans
la sorption des polluant dans le sol. En effet, lorsque la teneur en matière organique dans les
sols est supérieure à 1%, la sorption peut être considérée comme un équilibre de partage entre
la phase aqueuse et la matière organique du sol par conséquent, on peut, dans ce cas,
quantifier ce phénomène par un coefficient Kom définit par la relation suivante :
Kd = Kom = Com/ Caq
27
Où Com est la teneur de polluant organique dans la matière organique du sol (Kg..Kg-1). Caq sa
concentration dans la phase aqueuse (Kg.m-3).
La teneur en matière organique du sol n’est pas mesurable expérimentalement, on peut obtenir
plus facilement la fraction en carbone organique du sol. On remplace alors le coefficient de
partage Kom par Koc qui est définit par :
Koc = Coc/ Caq = Kom/ Foc
Où Coc est la teneur de polluant organique par rapport à la teneur en carbone organique du sol,
Koc est alors exprimé en m3.Kg-1. Koc peut être estimé à partir du coefficient de partage octanol-
eau (Kow) qui est disponible dans la littérature. Pour un grand nombre de composés organiques la
relation empirique suivante peut etre appliquée pour déterminer leur Koc :
Koc = 0,63 Kow
Cette relation reste valide pour une grande variété de sols et des composés organiques
représentant une très large gamme de solubilité dans l’eau [11].
La matière minérale
Des interactions non négligeables avec la phase minérale peuvent jouer un rôle non
négligeable dans la rétention des hydrocarbures, en particulier dans les sols ou les horizons de
faible teneur en matière organique. Ainsi, lorsque le pourcentage en carbone organique est
inférieur à 0,001 %, il semblerait que les surfaces minérales contribuent de façon significative
à la sorption totale des hydrocarbures [27].
L’humidité du sol
L’eau joue un rôle essentiel dans tous les phénomènes physiques, chimiques et biologiques
qui se produisent dans le sol. Elle pourra entrer en compétition avec les molécules organiques
pour l’adsorption sur les matériaux solide, entraînant une baisse de l’adsorption des polluants
lorsque le taux d’humidité du sol augmente [19].
II.4.2.2.2 Facteurs liés aux caractéristiques de la phase aqueuse du sol La force ionique
La force ionique des solutions du sol est un paramètre intervenant à différents niveaux dans
les mécanismes de transfert solide/liquide. La force ionique des eaux marines est environ de
1M, des eaux souterraines d’environ 0,1M et des eaux de surface d’environ 0,01M.
Il a été observé que les espèces ioniques prédominantes dans les eaux naturelles (Na+, Ca2+,
Cl-,HCO3-) diminuent souvent par effet de compétition, la solubilité dans l’eau des molécules
organiques hydrophobe (hydrocarbures) et favorisent donc leur rétention par la phase solide
du sol [12].
28
Le pH
Le pH de la solution est un des principaux paramètres gouvernant le partage des molécules
organiques entre les phases solides et la phase aqueuse. Le pH, s’il n’a pas d’influence directe
sur la mobilité des hydrocarbures, peut en avoir sur les métabolites de dégradation. Le pH
peut également contrôler les conditions de biodégradation. Le pH influe indirectement sur la
force ionique de la solution du sol et, à travers elle, sur l’ensemble des mécanismes de
répartition solide/liquide.
Il entraîne une modification des équilibres chimiques entre les formes ionisées et les formes
neutres, en fonction de la constante d’acidité Ka de la molécule considérée. La baisse du pH
favorise l’adsorption des acides faibles qui s’adsorbent principalement sous leur forme neutre
ou protonée. Par ailleurs, le pH peut également avoir un effet indirect sur l’adsorption soit au
niveau de l’adsorbant par modification de sa structure et de ses propriétés, soit en agissant sur
la composition de la solution aqueuse. Par ailleurs, la modification de la solubilité de certains
cations métalliques qui constituent ainsi de nouveaux sites potentiels d’adsorption des
polluants.
La présence de cosolvants
La présence de molécules organiques dans l’eau peut influencer le comportement des
hydrocarbures.
En ce qui concerne la solubilité, des molécules codissoutes présentent à plus de 10% du
volume total de la solution du sol, elles agissent elles-mêmes comme un solvant (cosolvant) et
permet ainsi le passage des hydrocarbures dans la phase mobile et leur transfert vers les
milieux souterrains.
La présence de cosolvants aurait aussi une incidence sur le processus de sorption. Par
exemple, le pyrène a une influence sur la cinétique de désorption du phénanthrène, le pyrène
défavoriserait la sorption du phénanthrène sur la matière organique du sol, autorisant ainsi le
phénanthrène à se déplacer plus rapidement dans la matrice [12].
II.4.2.2.3 Influence de la température En général, elle a pour effet d’augmenter la solubilité des molécules organiques. D’autre part,
l’élévation de la température conduit généralement à une diminution de l’adsorption. Les
plages de variation de température dans les sols étant relativement faibles, on considère les
effets de ce facteur comme plutôt négligeables par rapport aux autres paramètres intervenant
dans les processus de sorption et de transports [19].
29
II.4.2.2.4 Le vieillissement Les hydrocarbures sorbés sur le sol peuvent voir leurs interactions de sorption évoluer dans le
temps. Certaines études ont montré que le prolongement du temps de contact entre le polluant
et le sol entraînait une plus forte adsorption ainsi q’une grande résistance à la désorption. On
assiste donc à une fraction de polluants non extractible de la phase solide. Cette fraction est
souvent signalée sous le terme de « résidus liés ». La modification de la désorbabilité et de
l’extractabilité des polluants avec le temps et la formation de résidus liés sont très peu prises
en comptes dans les modèles de description du comportement des polluants dans le sol. En
effet, de nombreuses réactions bio physico chimiques avec des cinétiques très variées peuvent
avoir lieu dans/entre les différents compartiments du sol avec des conséquences
complexes[12].
II.4.2.2.5 Transport particulaire Les colloïdes sont des particules solides, de faibles solubilités dans l’eau, dont le diamètre est
compris entre quelques nanomètres et quelques micromètres. Parmi les colloïdes présents
dans les sols, on retrouve des macromolécules telles que les substances humiques, des
microorganismes, des fines gouttelettes de liquides organiques insolubles, et des matières
minérales.
Lorsqu’une partie des polluants dissous (hydrocarbures) se fixe sur les colloïdes, il se crée
une seconde phase mobile. Les colloïdes, pour participer au transport des polluants, doivent
tout d’abord être relargués dans l’eau. Ceci se produit généralement par
dissolution/précipitation chimique, activité biologique ou désagrégation d’agrégat stables. Les
colloïdes sont mobiles, leur surface est telle que les colloïdes se repoussent entre eux. En effet
ceci évite qu’ils se rapprochent les uns des autres pour former des grosses particules. Dans le
même temps, la taille des pores du sol doit être suffisante pour éviter l’élimination des
colloïdes, de la suspension, par effet filtrant.
Les colloïdes possèdent généralement des charges négatives à leur surface, ce qui provoque la
répulsion des colloïdes entre eux. Cependant, des cations dissous dans la solution peuvent
modifier la répartition des charges à la surface et diminuer la répulsion des colloïdes entre
eux. Les colloïdes sont alors susceptibles de se rapprocher pour former des plus grosses
particules qui ne sont plus mobiles. La présence de sels dissous dans la solution de lixiviation
permet donc de stabiliser le sol vis-à-vis du transport particulaire [19].
30
II.5 Conséquence de la pollution des sols pour l’environnement et la santé A travers l’étude de l’évolution des hydrocarbures dans les phases liquide et gazeuse du sol,
on peut dire que les terrains contaminés entraînent une extension de la contamination, que ce
soit par voie aérienne (entraînement des poussières contaminées et migration des vapeurs) ou
souterraines (migration d’eaux contaminées), aux environ immédiats du site, où peuvent
habiter des populations humaines. Des évaluations précises de la qualité du sol pour bien
cerner l’ampleur de la contamination sont alors requises. Les impacts d’une telle situation
peuvent être significatifs. La contamination des humains peut survenir par :
o L’inhalation des volatils à la surface même du sol ou à l’intérieur d’un bâtiment dans
lequel de l’air contaminé pénètre par diffusion ou convection au travers des murs en
sous-sol ;
o Le contact cutané avec de la terre superficielle contaminée ;
o L’ingestion directe de terre contaminée (par des enfants) ou de poussières de terre en
suspension dans l’air ;
o L’ingestion indirecte de polluants par consommation d’aliments contaminés sur le site
comme des légumes, des fruits, de la viande d’animaux, du lait, des oeufs.
o Les risques sur les ressources en eau potable (pompage direct dans les nappes
phréatiques), qui ont aussi une relation évidente avec la santé humaine, sont traités
différemment et plus simplement au travers d’une norme de potabilité.
o Les risques écologiques concernent la flore poussant sur le site, la faune diverse y
vivant en permanence ou temporairement (par exemple vers de terre, escargots,
lapins…) et la faune aquatique d’étangs ou de rivières susceptibles d’être atteints par
la pollution du site considéré[28].
Il faut enfin prendre parfois en compte les risques vis-à-vis du patrimoine immobilier qui
peuvent se caractériser par des dégradations matérielles, des nuisances olfactives ou
esthétiques et des risques d’explosion.
Figure II.8 Description schématique des cibles et des voies d'exposition aux hydrocarbures dans les sols
31
L’application de mesures immédiates de dépollution est alors nécessaire pour réduire les
possibilités d’exposition des humains et en particulier des groupes les plus vulnérables, tels,
les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées. Beaucoup de paramètres sont à
prendre en compte avant de faire le choix d'une méthode particulière de dépollution : type de
polluant et variabilité de leur comportement (volatilité, adsorbabilité, polarité…), diversité
des conditions locales (nature du sol, de la nappe, accessibilité, disponibilité de surfaces
utilisables à proximité, zone urbaine ou non), pollution récente ou ancienne, étendue ou non.
En plus, les exigences économiques et administratives sont à prendre aussi en compte[22].
32
III Réhabilitation des sols par voie biologique La protection des sols à l’égard des pollutions est une préoccupation relativement récente. Si
ce souci n’est venu que tardivement, c’est bien parce que le sol a été trop longtemps considéré
comme « une boite noire », une sorte de réceptacle illimité destiné à accueillir nos déchets et
les polluants générés par nos activités industrielles et urbaines.
La remédiation des sites industriels contaminés par des polluants organiques est l’une des
priorités dans la recherche environnementale et aussi une grande préoccupation de la société.
Ces dernières années, la recherche de méthodes efficaces de remédiation des sites pollués a
progressé et la concurrence industrielle s’est développée beaucoup plus rapidement que la
taille du marché qui est encadré par des textes réglementaires et des considérations
économiques.
Plusieurs techniques de traitement ont vu le jour afin de tenter de restaurer les sites pollués
classés dangereux pour les écosystèmes et la santé humaine. L’intérêt d’une méthode se
mesure à son efficacité, à son coût, à la facilité de sa mise en œuvre, à la qualité du sol obtenu
après traitement ainsi qu’à la facilité de retraitement des sous-produits générés [29,30].
III.1 Les sites contaminés : Qu’est qu’un site contaminé ? Le site est définit comme « Tout terrain sur lequel sont exercées, en un lieu donné, sous le
contrôle d’une entreprise, des activités industrielles, y compris tout stockage de matières
premières, sous produits, produits intermédiaires, produits finis et déchets que comportent ces
activités, ainsi que tout équipement et toute infrastructure, fixe ou non, intervenant dans
l’exercice de ces activités. » le sol est donc inclus dans le site, des éléments physique
artificiels , (aménagement ou équipement réalisés par l’homme) ou naturels (eaux
superficielles ou souterraines, végétation, faune) pouvant s’y ajouter [29].
III.2 Réhabilitation des sols contaminés
III.2.1 Généralités sur les technologies de réhabilitation Les différents procédés de décontamination des sols consistent à traiter les sols pour en
supprimer, ou en diminuer fortement, le caractère contaminant. Quant aux diverses actions de
réhabilitation, elles comprennent à la fois des opérations de dépollutions et de réhabilitation
d’un site en vue d’en permettre un nouvel usage. L’objectif final étant de faire disparaître les
nuisances et de supprimer, ou de minimiser, les risques vis-à-vis de l’environnement, des
personnes et des biens [29].
Les procédés de décontamination des sols peuvent être regroupés selon trois familles
distinctes :
33
Les méthodes ex situ qui consistent en l'excavation des sols contaminés. On parlera de
méthode "hors site" si le sol est évacué vers un centre de traitement spécialisé, ou de
méthode "sur site" si le sol excavé est redéposé sur le site pour être traité,
Les méthodes in situ pour lesquelles l'opération de dépollution s'effectue sans
excavation du sol. Cette option est souvent choisie pour traiter des sites en activité ou
lorsque la zone polluée est trop étendue pour avoir recours à l'excavation
Le confinement qui consiste à isoler la pollution à l'aide d'ouvrages étanches,
La dépollution peut être mise en oeuvre à travers les techniques suivantes :
Physiques,
Chimiques qui font appel à un principe réactionnel (action d'un solvant, oxydation…)
pour transformer le polluant en un composé moins toxique et inerte vis-à-vis de
l'environnement,
Thermiques qui consistent à chauffer le matériel contaminé pour en extraire le
polluant et le détruire,
Biologiques qui favorisent la biodégradabilité des produits [11].
Dans ce chapitre, nous allons exposer les méthodes biologiques (biodégradation) employées
pour la remédiation des sites contaminés par les polluants organiques et notamment les
hydrocarbures.
III.2.2 Le principe de base du traitement biologique « biodégradation » La biodégradation est un phénomène naturel. Elle est le résultat de la dégradation des
molécules organiques carbonées par les microorganismes (bactéries, champignons…). Leur
croissance s’effectue par l’intermédiaire de l’oxydation du carbone qui est utilisé comme
source d’énergie [31].
Cette réaction met en jeu deux autres éléments :
L’azote et le phosphore qui participent à la synthèse protéinique,
Un oxydant.
La réaction est de type « redox », ce qui signifie que les atomes de carbone perdent des
électrons au profit de l’oxydant, appelé pour cette raison « accepteur d’électrons ». Le
processus se développe selon une réaction en chaîne, où les composés carbonés sont
transformés, par cassures successives, en molécules de moins en moins complexes, jusqu’à
l’obtention de sous produits simples, généralement le CO2 et H2O. Les produits de
transformation sont appelés métabolites [32].
34
III.2.3 Mécanismes de biodégradation Ils existent deux types de mécanismes ou métabolismes de dégradation qui sont
communément impliqués dans la biodégradation des composés organiques:
III.2.3.1 Biodégradation primaire Dans ce cas, les molécules organiques dégradées sont considérées comme des sources de
croissances primaires, puisqu’elles sont directement impliquées dans la croissance bactérienne
[33].
III.2.3.2 Cométabolisme Il s’agit d’un mécanisme dans lequel la dégradation des composés organiques est
complètement fortuite et les microorganismes n’en retirent aucun bénéfice. L’US-EPA en
donne la définition suivante : « Un composé est biodégradé par cométabolisme quand cette
dégradation est catalysée par une enzyme (ou un cofacteur) produite fortuitement par le
microorganisme pour d’autres objectifs. Les microorganismes ne retirent aucun bénéfice de
cette dégradation. » C’est le caractère peu spécifique de ces enzymes ou cofacteurs qui leur
permet de dégrader également le composé [34].
Figure III.9 Schématisation du processus de biodégradation
La figure III.1 schématise la biodégradation de la matière organique qui est le principe de
base des techniques de biodécontamination qui consistent donc à stimuler ce phénomène
naturel pour en augmenter le rendement, afin de réduire en un minimum de temps le polluant
organique, utilisé comme source de carbone.
La biodécontamination est une réelle méthode de dépollution, et non un simple transfert de
polluant d’un milieu à un autre, puisque les molécules sont décomposées au cours du
processus.
Hydrocarbures CO2 + H2O + Biomasse +
Énergie
35
Par rapport aux autres techniques de dépollution, la biodécontamination prend aujourd’hui de
plus en plus d’importance ; ainsi aux USA, son développement technologique est au
maximum et elle représente la seconde méthode utilisée (après les techniques de Venting) en
alternative des solutions classiques de confinement et d’incinération, pour le traitement des
produits organiques volatils et semi-volatils [35].
III.2.4 Facteurs influençant la faisabilité de la technologie pour la biodégradation des hydrocarbures
L’efficacité d’une technique de biodégradation mise en œuvre pour décontaminer un site
précis, va dépendre de nombreux facteurs, qui devront être pris en compte lors de la
conception de l’opération. En effet, il n’existe pas de procédé standard utilisable dans tous les
cas, où le succès est garanti. Avant de proposer l’utilisation de la biodécontamination, une
série de précautions doit être prise sous peine de prendre le risque de voir la méthode
totalement inopérante ; certains tests seront réalisés, ainsi que la mesure de certaines
caractéristiques propre au milieu à traiter ou au polluant à dégrader.
III.2.4.1 Biodégradabilité du polluant Le premier facteur à prendre en compte est la biodégradabilité du polluant, notion difficile à
cerner, parfois peu précise, ce terme regroupe les qualités nécessaires à une substance pour
subir un processus d’altération microbienne qui résulte soit d’attaque enzymatiques (action
directe des microorganismes), soit de modifications chimiques de l’environnement tels que le
pH, sous-produits du métabolisme…. qui ont pour conséquence l’altération physique et/ou
chimique du polluant [5,32].
En ce qui concerne les hydrocarbures, ces composés diffèrent par leur susceptibilité à
l’attaque microbienne. Ainsi la vitesse de biodégradation est plus élevée pour les saturés,
viennent ensuite les aromatiques légers et enfin les aromatiques à haut poids moléculaire.
Les hydrocarbures saturés incluent les n-alcanes, les alcanes ramifiés et les
cycloalcanes(naphtènes). Les alcanes normaux ou à chaînes linéaires sont les plus rapidement
dégradables: Les n-alcanes à chaînes courtes, tel que le n-nonane ne sont pas toujours
assimilés, mais peuvent être oxydés. Seules quelques bactéries ont la capacité de croître sur
des alcanes plus courts que le n-octane. Les n-alcanes à nombre de carbone supérieur à 44
peuvent être métabolisés par les microorganismes mais ceux ayant de 10 à 24 atomes de
carbone (C10-C24) sont généralement les plus facilement dégradables. Les alcanes ramifiés
sont plus récalcitrants à la biodégradation que les n-alcanes et plus le nombre de ramifications
augmente, moins ces composés sont susceptibles à la dégradation microbienne [3].
36
Mais en général les métabolites obtenus au laboratoire sont des composés d’acides gras, des
acides et d’alcools ayant une toxicité moindre voire inexistante (non classé par l’IARC) [8]. Tableau III.9: Produits métabolitiques issus de la dégradation des alcanes
Substrat Organismes Produits identifiés Heptane Aucune désignation Acide carboxylique C5, C2 et C1 Hexane Heptane Heptane
Hept-1-ène
P473
Acide carboxylique C6, C4, C3 et C2 Acide carboxylique C7, C6, C5, C4, C3 et C2
Acide succinique et carboxylique C7, C6, C5, C4, C3 et C2 Acide glutarique, acide pent-4-enoique, acide hept-6-enoique
Heptane P.aeruginosa Hept-1-ène Heptane Octane « R » Acide heptanoique, acide pimélique
Acide butyrique, acide acétique, acide adipique et acide subérique Octane Aucune désignation Acide acétique, acide propionique et acides non identifiés Décane P.aeruginosa9904 Acides C7, C8, C9, C10 ; 1-,2-,3-,4- et 5-décanols+1-5-cétones
Tétradec-1-ène P.aeruginosa Acide tétradécanoique et acide tétradéc-13-énoique
Hexadécane Aucune désignation Hexadécanol
Hexadécane P.aeruginosa Acide palmitique, acide pamlitoléique, acide stérique, acide oléique, acide b-hydroxylaurique et b-hydroxymyristique
Hexadécane Aucune désignation Hexadéc-1-ène Octadécane Aucune désignation Octadécanol
Les hydrocarbures cycliques constituent une fraction d’hydrocarbure plus difficilement
dégradable que les deux séries précédentes à cause de leur toxicité suite à l’interaction avec la
membrane cellulaire des microorganismes. Les expériences montrent de façon non équivoque
que la biodégradation des cycloalcanes est très limitée. La non accumulation des
hydrocarbures cycliques dans l’environnement, implique des phénomènes non conventionnels
de dégradation tel que l’intervention des phénomènes de co-oxydations impliquant plusieurs
souches microbiennes dont l’équipement enzymatique est complémentaire [3,36].
Pour Les hydrocarbures aromatiques des études sur leur transformation par les
microorganismes ont montré leur toxicité cellulaire. Les hydrocarbures aromatiques de faible
poids moléculaires, tels que les alkyl-benzènes légers, sont les plus toxiques à cause de leur
solubilité dans l’eau, mais peuvent cependant être métabolisés par les microorganismes quand
ils sont présents en faibles concentrations. La structure moléculaire de ces substrats détermine
la vitesse de leur dégradation: un grand nombre de substituants méthyle empêche l’oxydation
initiale. Les polyaromatiques sont moins toxiques pour les microorganismes, les recherches
sur la dégradation des HAPs ont permis l’isolement de nombreuses espèces de bactéries, de
champignons et d’algues capables de dégrader les HAPs de petit poids moléculaire (2 à 3
cycles benzéniques). Les plus gros HAPs sont généralement récalcitrants à l’attaque
microbienne, c’est ce qui explique leur accumulation dans l’environnement [3,37]. Tableau III.10 :Principales souches bactériennes aérobies qui participent à la dégradation des HAPs
Composé Microorganisme Produits
37
Naphtalène Speudomonas sp Acide salicylique, catéchol, acide gentistique Acinetobacter
calcoaceticus Acide salicylique
Mycobacterium sp Acide salicylique, catéchol Rhodococcus sp Acide salicylique, acide gentistique Fluorène Pseudomonas sp 1,1-dihydroxy-1-9 hydrofluorénone Rhodococcus sp
Mycobacterium sp 9-fluorenol, 9-fluoorénone, 1-indanone
Staphylococcus Auriculans
4- et 1-hydroxy-9-fluorénone
Anthracène Pseudomonas aeroginosa
Acide salicylique et cathéol
Rhodococcus sp Phénanthène Pseudomonas sp 1,2-dihydroxynaphtalène Pseudomonas
Paucomobilis et P.fluorescens
CO2
Fluoranthrène Pseudomonas Paucomobilis Alcaligenes denitrificans
3-hydroxymethyl-4,5-benzocoumarique
Pyrène Mycobacterium spp CO2 Benzo(a)anthracène Beijerinckia sp Cis-10,11-dihydrodiol chrysène Rhodococcus sp Benzo(a)pyrène Beijerinckia sp Cis-7,8- et cis-9,10-hydrofluorénone Pseudomonas spp
Lorsqu’elles sont isolées , de très nombreuses molécules organiques sont aujourd’hui
considérées comme biodégradables ; par contre, lorsqu’elles constituent des mélanges de
produits se développent des phénomènes d’inhibition, stoppant le processus de
biodégradation, parfois avec empoisonnement des microorganismes présents.
Ainsi, la présence de pesticides ou de métaux lourds, toxiques pour la biomasse, va inhiber la
biodégradation d’autres composés organiques comme les hydrocarbures.
La biodégradabilité d’un mélange d’hydrocarbures est également très fortement dépendante
de leur composition;
Par exemple, un brut à très faible teneur en soufre et très riche en composés saturés (exemple:
Louisiane du Sud) (Tableau III.3) sera facilement biodégradé, contrairement à un fuel de
type"Buncker C", à très haute teneur en soufre et composés aromatiques. Nous signalons
également que les n-alcanes contenus dans un pétrole provenant du Vénézuéla sont moins
bien dégradés que ceux présents dans un pétrole de type "Léger d’Arabie", par suite de la
présence de produits à plus longue chaîne.
Tableau III.11: Proportions des différentes familles de composés dans divers bruts pétroliers Bruts
pétroliers Saturés Aromatiques Polaires (résines) Asphaltènes
Louisiane du sud 69 20 10.3 0.3
38
Koweit 44 28.3 23.2 4.5 Buncker C 21.1 34.2 30.3 14.4
Léger d’Arabie 48 35 9 7.5 Tunisien (asthart) 48 32 12 8
Vénézulien 46 21.6 19.3 9 Prudhoe Bay 55 25 10 10
Les voies de dégradation anaérobies
La dégradation des hydrocarbures par les microorganismes dans des conditions aérobies est
bien connue depuis plus d'un siècle, alors que l'utilisation de ces composés dans des
conditions anoxiques n'a été étudiée que durant la dernière décennie.
Différentes souches de bactéries anaérobies capables de dégrader les hydrocarbures ont été
isolées de sites contaminés (Tableau III.4) [3]. TableauIII. 12: Exemples de bactéries anaérobies dégradant les hydrocarbures aromatiques et
aliphatiques Espèce ou souches bactérienne Hydrocarbures métabolisés
Bactéries dénitrifiantes
Thauera aromatica T1
Azoarcus tolulyticus Td15
Azoarcus sp.souche EB1
Souche HxN1
Souche HdN1
Bactéries réduisant le fer
Geobacter metallireducens GS15
Bactéries réduisant le sulfate
Desulfobacula toluolica
Desulfobacterium cetonium
Souche AK-01
Toluène
Toluène, m-xylène
Ethylbenzène
Alcane (C6-C8)
Alcane (C14-C20)
Toluène
Toluène
Toluène
Alcanes (C13-C18)
Néanmoins la dégradation anaérobie des hydrocarbures par les microorganismes peut se
produire mais à des vitesses négligeables et son importance écologique est considérée comme
de moindre importance [37].
III.2.4.2 Concentration et répartition du polluant sur le site Outre la biodégradabilité du polluant, sa concentration et sa répartition sur le site sont
également importantes à considérer lors de l’application de la biodécontamination. En effet, à
39
partir d’une certaine concentration les composés organiques, notamment les hydrocarbures
peuvent devenir toxiques pour les microorganismes qui sont censés les dégrader [32].
De plus, en milieu complexe comme les sols, la distribution des hydrocarbures est hétérogène
: ils peuvent être sorbés sur les particules organiques, localisés dans des petits pores
inaccessibles aux bactéries (voire chapitre précédent) ce qui limite le transfert de matières des
hydrocarbures vers les compartiments aqueux, où il y a lieu les phénomènes de
biodégradation [7].
Pour résoudre ce problème, il peut être nécessaire d'augmenter leur biodisponibilité par ajouts
de tensioactifs [11].
III.2.4.3 Le choix de l’accepteur d’électrons et des nutriments Ces deux facteurs représentent toujours un point clé de la faisabilité d’une opération de
biodécontamination.
Pour l’accepteur d’électrons, il existe une importante littérature technique mais son choix est
encore loin de faire l’unanimité aujourd’hui. En aérobie, l’accepteur d’électrons est
l’oxygène, et on parle de respiration aérobie selon la formule :
O2 gazeux+4H+ + 4é 2H2O
Environ 3 Kg d’oxygène est nécessaire pour dégrader 1 Kg d’hydrocarbures. L’oxygène peut
être fourni sous plusieurs formes, soit :
o L’air atmosphérique ;
o L’oxygène pur ;
o L’ozone (O3) ;
o Le peroxyde d’hydrogène (H2O2) ou « eau oxygénée » [32,38].
L’utilisation d’air atmosphérique, ajouté par diffuseurs dans l’eau à injecter, est à priori peu
efficace, la quantité d’oxygène nécessaire pour réaliser l’oxydoréduction étant rarement
atteinte. Pour cela, elle est aujourd’hui tombée en désuétude.
Les procédés utilisant de l’ozone et de l’oxygène pur permettent d’augmenter le niveau de
l’oxygène dissous dans l’eau, relativement à une simple aération : cependant, leur utilisation
nécessite des conditions techniques particulière (générateur d’ozone, emploi de l’oxygène
liquide) peu aisées à maintenir sur place, ce qui a toujours limité leur application.
Par contre, le peroxyde d’hydrogène présente, sur les autres formes de l’oxygène, plusieurs
avantages intéressants, qui ont favorisé son utilisation : sa solubilité illimitée dans l’eau, sa
facilité de transport et de mise en œuvre, et sa facilité d’utilisation par les microorganismes
[32].
40
Cependant cette source d'oxygène présente trois inconvénients majeurs : il se décompose
rapidement dans le sous-sol, son coût élevé, le caractère corrosif de H2O2, qui attaque les puits
d'injection et le pouvoir désinfectant de H2O2 si celui-ci est utilisé à de fortes concentrations.
[11,38].
En dehors de l’oxygène, d’autres accepteurs d’électrons peuvent être mis en œuvre, en
conditions peu oxydantes ou en anaérobie vraie. Ainsi, la dénitrification utilise les nitrates
comme accepteur d’électrons, selon la formule :
2NO3- + 12H+ + 10é N2 gazeux + 6H2O
Par rapport au peroxyde d’hydrogène, la cinétique de réaction et le développement de la
biomasse sont cependant beaucoup plus faibles avec les nitrates, ce qui pénalise fortement le
rendement de la biodégradation réalisée avec un oxydant.
On peut aussi citer deux exemples de l’utilisation d’accepteurs d’électrons en anaérobie, par
méthanogène, en fabriquant du méthane à partir du CO2
CO2gazeux + 8H+ + 8é CH4gazeux + 2H2O [39].
Ou par réduction des sulfates
(SO4)-2 + 9H+ + 8é HS- + 4H2O
Pour ces deux derniers exemples, le potentiel redox est cependant beaucoup moins élevé que
pour la respiration aérobie ou la dénitrification (de l’ordre de 5 à 6 fois) [3].
Pour les nutriments, le choix est moins complexe, tous les auteurs reconnaissant que les
formes de phosphore et d’azote les mieux assimilables par les microorganismes sont les
orthophosphates et l’ammoniac. Pour l’azote, les principales sources sont donc les sels
d’ammonium (par exemple ((NH2)3PO4 ) ou l’urée ((CO(NH4)2) ; les nitrates sont parfois
utilisés également, les expérimentateurs jouant alors à la fois sur ses qualités d’accepteur
d’électrons et de nutriments[32].
III.2.4.4 Les caractéristiques du milieu à traiter Outre le stock de C/N/K et la quantité d’oxygène disponible dans le milieu à traiter, d’autres
caractéristiques physicochimiques peuvent également avoir une influence sur le rendement de
la biodégradation, avec principalement le pH, la température et l’humidité.
III.2.4.4.1 Influence de la température La température est un paramètre pouvant influencer la biodégradation d’un mélange
d’hydrocarbures en modifiant son état physique, sa composition chimique, l’activité
41
physiologique des microorganismes et par conséquent la vitesse de dégradation , ainsi que la
nature et la concentration des espèces microbiennes présentes[3].
Une diminution de la température est généralement accompagnée par une diminution de la
vitesse de biodégradation qui peut être expliquée par une décroissance de l’activité
enzymatique. Des températures plus élevées ont pour effet d’augmenter la vitesse de
biodégradation. Si l’oxydation des hydrocarbures a été observée à des températures
inférieures à 0 °C , ou élevées à 70-80 °C, le maximum de l’activité métabolique des
microorganismes est généralement observé à une température comprise entre 15 et 45 °C . Au
delà de cet intervalle on assiste à une augmentation de la toxicité des hydrocarbures et une
diminution de l’activité métabolique [3,37].
III.2.4.4.2 Effet du pH Les sols peuvent avoir des valeurs de pH très variables, allant de 2,5 à 11,0. Des valeurs
extrêmes de pH, ce qui est le cas pour quelques types de sols, pourraient avoir une influence
négative sur la capacité des microorganismes à dégrader les hydrocarbures. La croissance des
bactéries hétérotrophes et des champignons étant favorisée par un pH proche de la neutralité
[3].
III.2.4.4.3 Effet de l’humidité Pour l’humidité, la teneur en eau du matériau doit être comprise entre 25 à 85% et son rôle se
situe au niveau du transport et des échanges biochimiques. En cas de tendance à la
dessiccation, il sera nécessaire de réhumidifier le milieu [32].
III.2.4.4.4 Effet des caractéristiques physiques Pour des dépollutions réalisées in situ, certains paramètres physiques du sol et de l’aquifère
sont déterminants pour la réussite de l’opération. Il s’agit entre autres, de la perméabilité du
sous-sol, de son homogénéité, de la profondeur du niveau de la nappe…
Il est clair que la caractéristique la plus importante est la perméabilité ; en effet, si le sous-sol
n’est pas assez perméable (présence de limon, d’argile), cela provoquera une mauvaise
circulation des fluides contenant les nutriments et l’oxydant, et une baisse de l’oxygénation,
limitant l’extension et le rendement de la biodégradation. On considère habituellement qu’au
dessous d’un cœfficient de perméabilité de 10-6 m/s dans le milieu à traiter, une
décontamination in situ par voie biologique est difficile à mettre en place [35].
42
Si le sous-sol est hétérogène, le processus aura tendance à se développer de façon
différentielle, laissant intactes des poches plus résistantes à la décontamination où les
polluants n’auront pas été touchés.
De même, si la nappe est proche de la surface (moins de 2-3 mètres), la zone non saturée, peu
épaisse aura tendance à être mal oxygénée et il sera difficile d’homogénéiser les ajouts
envoyés dans le sous-sol sur une grande épaisseur ; au contraire, si le niveau de la nappe est
profond (> 20 mètres), une oxygénation efficace du sous-sol et une bonne percolation des
produits ajoutés sera possible [32].
III.2.5 Traitement in situ
III.2.5.1 Biodégradation par traitement in situ Les traitements in situ du sous-sol consistent à réaliser une opération de bio décontamination
en place, en prenant en compte à la fois le sol et l’eau souterraine.
Ce traitement est intéressant lorsqu’on doit par exemple dépolluer sous les bâtiments ou
encore lorsque la contamination est présente en profondeur. Un autre cas typique de situations
favorables à une réalisation in situ, concerne l’extension latérale d’une pollution en
hydrocarbures pétroliers sur une distance parfois relativement grande [35].
III.2.5.1.1 Le procédé appliqué Le procédé dans un traitement in situ consiste à injecter l’eau dans le sous-sol, dans laquelle
sont dissous le phosphore, l’azote et l’oxygène, pour activer la flore bactérienne.
Dans la majorité des cas, c’est la flore autochtone qui est la seule mise à contribution. Parfois,
si la flore locale est inadaptée à la dégradation du polluant présent, ou trop peu abondante, la
technique va consister à provoquer leur développement au laboratoire à partir d’échantillon
prélevés et de les ré-inoculer ensuite dans le milieu, ou encore d’inoculer des souches
allochtones. Ces microorganismes, directement fabriqués pour dégrader spécifiquement une
molécule ou un groupe de molécules, devront s’adapter aux conditions du milieu où elles
seront inoculées, pour permettre une meilleur adaptation, les souches à inoculer sont
développées, sur un support (zéolites, carbonates, matériau composite,…), qui sera utilisé
pour le traitement et mélangé directement à l’eau à injecter dans le sol. Il s’agit alors d’une
bioaugmentation [40].
III.2.5.1.2 Le bioventing et le biosparging Lorsqu’on parle de bioventing, on réalise une aération forcée dans le sol non saturé; lorsqu’on
emploie le terme de biosparging, l’air est injecté directement dans la nappe phréatique.
43
Cet apport d’oxygène favorise le développement de la biomasse, Par ailleurs, un apport de
nutriments est généralement nécessaire pour rééquilibrer le rapport carbone, azote, phosphore.
Ceux-ci mélangés à l’eau, sont soit injectés dans la nappe en amont de la zone à traiter, soit
infiltrés directement dans le sol de la zone par aspersion ou lagunage [36].
Figure III.10 : Le schéma d'un dispositif de bioventing[41].
Exemple de résultats obtenus:
Aux USA par exemple, le bioventing est maintenant couramment utilisé pour dépolluer
notamment les terrains d’aviation militaires ou les zones de stockages des carburants de
l’armée. Il a été pratiqué à Westover Air Reserve Base, dans le Massachusset. Ce site est
utilisé pour les exercices de lutte incendie par les américains. Pendant ces exercices des
volumes importants de fuel sont déversés. Après un traitement par bioventing pendant 6 ans la
teneur en BTEX (Benzène, Toluène, Ethylbenzène, Xylène) est passée de4,8mg/kg à
0,6mg/kg dans le sol, et de 8000micro grammes/kg à 3micro grammes/kg.
Le traitement a été appliqué, également, à Fort Rucker en Alabama qui est un lieu de stockage
des carburants pour les hélicoptères. Sur ce site le total des hydrocarbures pétroliers, dans le
sol, est passé de 10000mg/kg à2 770mg/kg après deux ans de traitement [35].
III.2.6 Traitement sur sites Ce type de traitement est envisageable lorsque les terres polluées sont facilement accessibles
et leurs volumes tels que leur excavation et leur transport ne génèrent pas des coûts trop
élevés.
III.2.6.1 Le traitement en bio réacteur Le principe du bioréacteur consiste à réaliser la biodégradation du polluant dans un contenant
installé sur le site (cuve fermée, bassin, colonne…), en ajoutant au matériel à traiter, les
ingrédients nécessaires à la réaction [11].
44
Cette technique s'adresse à des sols pollués par des substances peu biodégradables, type HAP,
et pour des sols généralement difficiles à traiter comme les sols argileux [42].
Les principaux atouts de cette technique sont sa facilité à contrôler et maintenir les conditions
optima de traitement ; les durées de mises en oeuvre sont plus courtes et n'excèdent
généralement pas 6 à 9 mois ; enfin la structure du sol n'est pas trop altérée et sa réutilisation
est envisageable pour des usages de reconstruction paysagère [35].
III.2.6.1.1 Traitement de matériaux solides (sol, remblai souillé,déchets..) Pour ce type de traitement une préparation est nécessaire incluant des opérations
d’homogénisation, broyage, démottage, tamisage… Ce matériel est mélangé à l’eau
(généralement en proportion de 30% poids/volume) et introduit dans le réacteur par pompage
[11].
Figure III.11: Schéma d'un bioréacteur [41].
Dans la plupart des dispositifs, il y a plusieurs réacteurs en chaîne, la « phase boue » transitant
de l’un à l’autre. Au niveau du premier réacteur, sont ajoutés les quantités de nutriments
nécessaires. Des micro-organismes sont également ajoutés à ce niveau si nécessaire. Dans
chaque réacteur, un brassage mécanique est réalisé, permettant un mélange vigoureux de
l’ensemble des constituants de la réaction (bras tournant à l’intérieur, rotation de la cuve…)
Une aération habituellement sous forme d’air pulsé par le fond du réacteur, complète le
dispositif. Cet air chargé d’une éventuelle phase gazeuse polluante, est récupéré au sommet de
cuve et est dirigé vers un système d’épuration (bio filtre par exemple) avant son dégagement
dans l’atmosphère.
45
Une fois la boue traitée elle passe dans un séparateur solide/eau; la terre est alors stockée
avant remise en place, tandis que l’eau, contenant de nombreux micro-organismes adaptés, est
généralement recyclée. Cette façon de procéder permet aussi de réduire les temps
d’acclimatation des micro-organismes et de traitement pour la suite de l’opération. Pour des
sols ou des déchets, cette technique est particulièrement adaptée si on est en présence de
fortes teneurs en polluants organiques, avec une phase huile individualisée importante. Le
processus est réalisé entre autre pour décontaminer des terres polluées par des HAP, des
phénols et, de façon plus classique, des produits pétroliers de type gasoil et fuel [32].
Tableau III.13 : Exemples de résultats obtenus par bioréacteur
Composés Concentration initiale (mg/kg)
Taux de réduction (%)
Temps de traitement (jours)
Organiques volatiles 500 99 Phénanthrène (HAP) 46 58 10 Carbone organique
total 159000 27 10
III.2.6.1.2 Traitement des gaz Pour le traitement des gaz émis dans le bioréacteur, l’emploi d’un bio filtre représente souvent
une solution efficace et peu onéreuse.
Le filtre biologique est formé de compost, milieu idéal pour la croissance des bactéries, ou de
tourbe. Son installation peut être effectuée selon deux dispositifs: le filtre « en lit », ou le filtre
« en paquet ».
Ce dernier (schéma ci-dessous) est formé d’une couche de compost humidifiée maintenue
entre deux grilles dans une cuve fermée; l’air chargé en polluants est injecté par le bas à faible
pression, au travers d’une couche à porosité grossière (gravier, support plastique), qui va
favoriser sa répartition régulière dans la cuve.
Un robinet installé au fond pour récupérer l’eau de condensation, et un aspergeur placé au
dessus du compost, pour l’humidifier au besoin, complètent l’installation.
Figure III.12: Schéma d'un biofilm
46
Avant son passage dans le filtre, le gaz est humidifié, par exemple par barbotage dans l’eau
(jusqu’à 80 à100% d’humidité relative). Le maintient de bonnes conditions d’utilisation du
filtre permet de dégrader jusqu’à90% des polluants présents (BTX notamment); pour le
compost, les principaux facteurs de réussite sont un taux d’humidité de 50 à 70%, une
porosité comprise entre 80 et 90%, un pH de 7 à 8 et une température variant de 15°C à 45°C
[35].
III.2.7 La biodégradation en « tas » Le principe de base de la biodégradation en tas consiste à excaver le sol et à le disposer à
proximité, en respectant certaines modalités techniques visant à favoriser la biodégradation
aérobie naturelle.
III.2.7.1 Le compostage C’est la technique la plus simple. Le sol excavé est disposé en andains régulièrement espacés,
de quelques mètres de circonférence et d’environ 1m de haut. Pour accélérer la
biodégradation, il est d’usage de mélanger la terre à un substrat organique grossier qui
favorisera l’aération et apportera un complément nutritif à la réaction; on peut utiliser pour
cela des matériaux tel que la paille, les débris d’écorces ou de broussailles, du fumier…[32].
III.2.7.2 Le « land farming » C’est une technique plus élaborée qui consiste à traiter le matériau comme un sol agricole pour en
faciliter la décontamination.
Le sol pollué est tout d’abord étalé régulièrement sur de grandes surfaces planes , sur une
épaisseur de quelques dizaines de centimètres, permettant par la suite le passage et le travail
d’outils agricoles; pour éliminer le risque d’une répétition de la pollution du sol sous-jacent, cet
étalement est réalisé généralement sur des surfaces imperméables [11].
Un fertilisant est ensuite ajouté, soit sous forme d’engrais chimique, soit sous forme de fumier, ou
encore un ensemencement de légumineuses, plantes qui fixent l’azote atmosphérique, peut servir
d’ « engrais verts »..
A intervalles réguliers, le sol est travaillé, retourné et biné, pour permettre son aération.
Les techniques de compostage et de « land farming sont particulièrement adaptées à la
biodégradation hydrocarbonés peu volatiles (fuels, diesel…). Après une période de plusieurs
mois, les hydrocarbures sont généralement totalement consommés [35].
47
Tableau III.14 : Exemples de résultats de traitements par land farming et compostage
Composés Concentration initiale (mg/kg) Taux de réduction (%) Temps de séjour (jours)
Land farming Huile lourde Huile légère
Hydrocarbure
20000 1500
139000 100
75 74 90 80
423 150 240 140
Compostage Huile 60 12
III.2.7.3 Le traitement en « bio pile » Pour des sols pollués contenant des contaminants volatils en quantités non négligeables, ou
dans des pays où la législation interdit le traitement de dépollution à l'air libre (Québec par
exemple), l'utilisation de la "biopile" est nécessaire. Les réacteurs à l'air libre sont alors
remplacés par des réacteurs où les flux de gaz et de liquide sont parfaitement contrôlés. On
réalise une pile de plusieurs mètres de haut que l'on place sur une couche drainante. Un
système d'aspersion et un système de rigole sont mis en place. Pour les gaz, le procédé utilise
le plus souvent un système de ventilation/extraction qui permet d'aspirer les composés émis
ou d'injecter de l'air frais. Une couverture étanche (géomembrane) vient recouvrir
l'ensemble[11].
Figure III.13 :Schéma d'une bio pile
Exemple de rendement de traitement en bio pile:
Dans le cas des huiles, on passe des teneuses moyennes de l’ordre de 3000 mg/kg
d’hydrocarbures totaux dans le sol, à une fourchette allant de 100 à 300 mg/kg après sept
mois de traitement (de novembre à juin).
Concernant les HAP, produits beaucoup plus difficiles à dégrader par la voie biologique, il
passe de120mg/kg à environ 20mg/kg en neuf mois de traitement.
48
III.2.8 Traitement en voie de développement « phytoremédiation » Sous cette appellation sont regroupées plusieurs processus qui utilisent les végétaux (avoine,
lupin, colza…) comme épurateurs du milieu.
Jusqu'alors la phytoremédiation était essentiellement appliquée aux métaux lourds, mais de
récentes études ont montré que cette technique était utilisable pour les HAP. Cependant, les
mécanismes sont encore mal compris.
La phytorémédiation présentent des avantages:
Elle est sans danger pour l’environnement, économique et esthétiquement plaisante;
Elle peut réduire la pénétration des contaminants dans l’environnement en empêchant
leur déversement dans les réseaux d’eaux souterraines.
Elle peut servir à nettoyer une grande quantité de contaminants.
La phytorémédiation présente également des inconvénients:
C’est un processus lent puisqu’il dépend du cycle naturel des plantes;
La phytorémédiation a plus de succès lorsque la contamination se situe à proximité
des racines des végétaux, en général à une profondeur de 1 à 1,80m pour les plantes
herbacées et de 3 à 4,5m pour les arbres;
Certaines plantes qui absorbent une grande quantité de métaux toxiques pourraient
mettre en danger la chaîne alimentaire si des animaux les mangent [35].
49
IV Réhabilitation des sols par voie chimique La biodécontamination est une réelle technologie de dépollution qui détruit les contaminants
au lieu de les transférer à un autre milieu, mais elle a montré ces limites, car elle ne vaut que
pour les produits biodégradables. De plus, la durée d’application de cette technologie s’étale
généralement sur plusieurs mois, pour des applications in situ ou sur site, ce qui est néfaste
surtout dans le cas où on doit dépolluer une zone le plus rapidement possible pour limiter les
risques liés à cette pollution. Dans ce cas, il faut envisager l’application d’autres technologies
plus adaptées à ce type de besoins comme les traitements chimiques.
IV.1 Le principe des traitements chimiques Les traitements chimiques ont pour but de détruire les polluants ou de les transformer en une
forme moins nocive pour l’environnement. Le principe est simple : on injecte dans le sol un
réactif chimique approprié au type de pollution. Ce réactif réagit avec certains polluants qui
deviennent plus faciles à extraire. Certaines conditions opératoires sont nécessaire : le sol et
les réactifs doivent être bien mélangés, le réactif doit être mis en léger excès.
Une des difficultés de cette méthode est de doser correctement la quantité de réactif à utiliser :
s’il n’y a pas assez, la dépollution est évidemment incomplète et s’il y en a trop il reste un
excès de réactifs dans le sol. En outre, il faut connaître parfaitement le terrain et le réactif
employé car des réactions secondaires peuvent apparaître. Celles-ci sont susceptibles de
conduire à la formation d’autres polluants, ou du moins à une dégradation des qualités du sol
[29].
Les procédés chimiques peuvent être in-situ ou hors-site. Généralement ces techniques sont
opérantes uniquement dans les cas où le sol est sous forme de boue ou si les polluants sont
piégés dans un milieu liquide qui permet d’éliminer la majeure partie des polluants.
Cependant les coûts et l’efficacité sont très différents d’un procédé à un autre [11].
Dans les paragraphes qui suivent nous allons tenter de présenter les principaux procédés
chimiques utilisés dans le traitement des sols en particulier les procédés d’oxydation avancés
qui nous intéressent le plus dans ce travail.
IV.2 Le traitement des sols par extraction avec des solvants organiques On utilise actuellement des solvants organiques comme des alcanes, des alcools (éthanol et
butanol) ou des cétones qui permettent de dissoudre la plupart des contaminants organiques
notamment les hydrocarbures.
Contrairement, le solvant est introduit dans le sol, il dissout les polluants avant d’être extrait
et traité.
50
Il existe plusieurs méthodes d’extraction :
o Par séparation naturelle et tripping ;
o Par volatilisation en diminuant la pression jusqu’à la pression de vapeur saturante du
solvant ;
o Par modification de la température afin de rendre le solvant non miscible à l’eau.
La toxicité des solvants organiques envers la population microbienne du sol et leur interaction
avec les constituants du sol représentent les principaux désavantages de cette technique.
IV.3 Extraction par des fluides critiques On utilise généralement le gaz carbonique, le propane ou le butane liquéfié à température et
pression critiques. Dans ces conditions thermodynamiques, les caractéristiques de transfert de
masse sont excellents : le fluide va occuper toutes les espaces interstitielles du sol. Lorsque la
température et la pression remontent, la volatilisation du gaz entraîne les polluants
organiques. Il s’agit d’une technique intéressante mais très difficile à mettre en œuvre et très
coûteuse [29].
IV.4 Immobilisation chimique L’immobilisation in-situ des polluants peut être effectuée en introduisant dans le sol des
produits chimiques qui vont transformer les polluants en produits moins nocifs par
stabilisation [43]. Les réactifs en solution sont appliqués pour saturer le sol soit par inondation
de la surface, soit plus graduellement par nébulisation. Un traitement complémentaire sera
nécessaire si le réactif chimique utilisé est lui-même indésirable. On utilisera alors les
techniques physiques de lavage, pompage, ou confinement. Des réactifs insolubles peuvent
être également utilisés par épandage et labourage du sol afin de favoriser leur contact avec les
polluants [29].
IV.5 Procédés d’oxydation avancée
IV.5.1 Généralités C'est dans l'intention de développer des techniques de traitement rapides, moins onéreuses et
plus adaptées aux composés organiques réfractaires ou toxiques que les procédés d’oxydation
avancée (POA) ont vu le jour. Ces procédés sont de nouvelles techniques de traitement en
cours de développement. Ces techniques sont des alternatives très intéressantes pour la
dégradation de polluants organiques difficilement biodégradables (hydrocarbures lourds,
HAPs). Elles sont beaucoup plus efficaces que les techniques habituelles [44].
51
Les POA sont basés sur les propriétés et la génération d’intermédiaires radicalaires très
réactifs, particulièrement les radicaux hydroxyles (HO•) à température ambiante.
Les POA peuvent être regroupés en cinq catégories :
1. Les procédés d’oxydation homogène : Les radicaux sont générés par la réaction de
Fenton, ozone à pH élevé ou O3/H2O2.
2. La photolyse homogène UV : ces procédés emploient la photolyse UV de H2O2 et/ou
O3 en solution homogène pour générer les radicaux HO•.
3. La photocatalyse hétérogène : Une source lumineuse induit des réactions
photoélectrochimiques à la surface du photocatalyseur semi-conducteur tel que TiO2.
4. La radiolyse : Des espèces HO•, H•, sont produites par irradiation de forte énergie
(rayon ) des solutions à traiter.
5. Les procédés électrochimiques d'oxydation : les radicaux sont générés dans le milieu à
partir de réactifs formés par électrochimie (Electro-Fenton) ou à partir du solvant
aqueux (oxydation anodique de l'eau) [45].
IV.5.2 Radicaux hydroxyles Un radical est un fragment de molécule qui possède un électron non apparié ; cette propriété
lui permet d'être très réactif mais d'avoir un temps de vie court. Le radical OH• est l’un des
oxydants les plus puissants utilisés dans les procédé de dépollution parce qu’il répond à un
ensemble de critères d'exigence :
o ne pas induire de pollution secondaire,
o ne pas être toxique,
o ne pas être corrosif pour les équipements,
o être le plus rentable possible,
o être relativement simple à manipuler [46].
On comprend aisément pourquoi des oxydants puissants comme XeF, OF2 et H4RnO6, ne sont
pas exploitables pour la dépollution à cause de leur extrême réactivité, leurs nocivités sous
formes réduites et leur capacité à former des trihalométhanes cancérigènes avec les matériaux
organiques. Ainsi seuls les oxydants sans halogène ni métal et basés sur l'oxygène : (OH•, O3
et H2O2), sont attractifs pour être utilisés dans la décontamination.
Le tableau-16, présente le potentiel redox des différents agents oxydants, on remarque d’après
ce tableau que le radical OH• est l’oxydant non oxygéné le plus puissant [44]. Tableau IV. IV.1: Potentiel d'oxydo-réduction (E°) d'agents oxydants en milieu acide (T=25°C)
Réaction redox E°
52
IV.5.2.1 Production des radicaux OH• : procédé Fenton (Fe2+/H2O2)
IV.5.2.1.1 Historique Fenton décrivit à la fin du 19ème siècle que le fer ferreux favorisait fortement l’oxydation de
l’acide maléique par le peroxyde d’hydrogène en milieu acide. Des travaux ultérieurs ont
montré que la combinaison de H2O2 et de Fe2+ nommé "réactif de Fenton", était un oxydant
efficace pour une grande variété de substrat organique notamment des alcools, éthers,
colorants, phénols, pesticides, les hydrocarbures et les aromatiques polycycliques. Quarante
ans plus tard, Haber et Weiss (1934) identifiaient le radical hydroxyle comme étant l’espèce
oxydante de la réaction [44]. Depuis cette date, les scientifiques (wailling 1975, Prousek
1995, Sychev et Isak 1995) ont essayé de détailler le mécanisme de cette réaction. C’est ainsi
que la réaction de Fenton était modélisée comme suit :
Mn+ + H2O2 M(n+1)+ + OH.
Où M est un métal de transition comme ((Cr, Mn, Fe, Co, Ni, Cu, Ag, Pt…)
Toutefois, le couple H2O2/Fe2+ reste le plus utilisé et porte le nom de réactif de Fenton. Cette
préférence pour le fer comme catalyseur est due à son activité comparable à l’activité des
autres métaux et à sa toxicité beaucoup plus faible [46].
Dans les paragraphes suivants nous allons détailler les mécanismes de décomposition du
peroxyde d’hydrogène par les sels de fer pour mieux comprendre leurs effets sur la production
des radicaux hydroxyles et comment ils affectent le rendement de la réaction.
IV.5.2.1.2 Mécanisme de décomposition de H2O2 par Fe2+ ou Fe3+ en solution aqueuse
(V/ENH)
XeF + e- Xe + F-
2OF2(g) + 4H+ + 4e- O2(g) + 4HF
HO + H+ + e- H2O
HO + e- HO-
O3 + 2H+ + 2e- O2 + H2O
H2O2 + 2H+ + 2e- H3O2+
HClO2 + 3H+ + 4e- Cl- +H2O
MnO4- +8H+ + 5e- Mn+2 +4H2O
HO2 + H+ + 2e- H2O2
Cl2 + 2e- Cl-
O2 + 4H+ + 4e- 2H2O
3,4
3,29
2,7
2,33
2,07
1,76
1,57
1,51
1,44
1,36
1,23
53
La décomposition radicalaire de H2O2 peut être initiée par un sel de fer (Fe2+) ou par un sel
ferrique (Fe3+). Selon les réactions suivantes :
OHOHFeOHFe 3
222 (A1)
Ou HHOFeOHFe 2
222
3 (A2)
Ces réactions (A1 et A2) conduisent à la production des radicaux hydroxyles, mais le système
de Fenton est beaucoup plus complexe que ça, car il y a d’autres réactions qui entrent en
compétition et conduisent à la production des radicaux hydroperoxyles (2 et 5), le recyclage
du Fe3+ en Fe+2 (2 et 3) et le piégeage des radicaux hydroxyles par le Fe+2 et H2O2 (4 et 5)
[47].
Le phénomène de piégeage des radicaux hydroxyles affecte l’efficacité de la réaction de
Fenton car, il limite la quantité des radicaux hydroxyles destinés à la minéralisation des
polluants. Ce phénomène et beaucoup plus accentué dans le cas où il y a un large excès soit
du catalyseur, soit du peroxyde d’hydrogène c’est pour cela qu’il faut optimiser la dose des
réactifs qu’il faut ajouté lors du traitement fait par des essais au laboratoire car, chaque site
pollué a ces propriétés.
Fe3+ + HO.2 Fe2+ + O2 + H+ (3)
HO. + Fe2+ Fe3+ +OH- (4)
OHHOOHOH 2222 (5)
HO.2 + Fe2+ + H+ Fe3+ + H2O2 (6)
2 H2O2 2 H2O + O2 (7)
IV.5.2.2 Le mécanisme de réaction des radicaux hydroxyles avec la matière organique
IV.5.2.2.1 Formation des radicaux organiques ROH et R Les radicaux hydroxyles générés en solution par la réaction de Fenton (réaction A1) sont
extrêmement réactifs. Ils réagissent « non sélectivement » avec les composés organiques,
soit :
o Par un mécanisme d’abstraction d’un atome d’hydrogène s’il y a présence d’un
hydrogène labile dans le substrat initial (réaction B2), pour former les intermédiaires
réactionnels radicalaires et R.
54
o Par addition sur une double liaison éthylénique ou aromatique (B1) pour former
l’intermédiaire radicalaire ROH, comme s’est indiqué sur le schéma IV.1 [48]:
ROHOHR (B1)
OHROHRH 2 (B2)
Figure IV.14 Addition du radical OH• sur une double liaison
Ces réactions sont cinétiquement équivalentes. Une réaction d’addition est préférentiellement
observée sur les molécules insaturées. Les radicaux organiques intermédiaires ROH et R
peuvent ensuite être oxydés par Fe3+ (réactions B3 et B5), O2 (réactions B4, B10 et B11),
H2O2 (réaction B7), OH (réaction B8) ou par d’autres intermédiaires [48].
En réalité, le caractère dit « non sélectif » des radicaux hydroxyles doit être pris avec
précaution. En effet, OH est électrophile. Par conséquent, il est plus réactif envers les
composés aromatiques et aliphatiques insaturés qu’envers les composés aliphatiques saturés
[45].
Pour la même raison, la réactivité augmente en présence de groupements donneurs d’électrons
sur le substrat organique (par exemple, –OH, –OR, et amide) et diminue en présence de
groupements accepteurs d’électrons (par exemple, –C=O et –COOH). Les radicaux HO2 et
O2 peuvent aussi réagir avec les composés organiques mais, à l’inverse du radical
hydroxyle, ils présentent une moindre réactivité et une grande sélectivité vis-à-vis de leur
oxydation [44].
IV.5.2.2.2 Réactivité du radical ROH L’intermédiaire radicalaire ROH, formé après réaction du OH avec le composé organique,
peut être oxydé, soit par l’ion ferrique, régénérant ainsi l’ion ferreux (réaction B3) qui peut
réinitier une nouvelle séquence de la réaction A1, soit par l’oxygène moléculaire (réaction
B4). Ces deux réactions conduisent à l’alcool correspondant comme produit d’oxydation. 23 FeROHFeROH (B3)
22 OROHOROH (B4)
Si l’oxygène est l’agent oxydant, alors l’anion superoxyde (O2) ou son acide correspondant
le radical hydroperoxyle (HO2) seront générés selon le pH. En présence d’un excès de
peroxyde d’hydrogène initial par rapport au fer(II), le fer étant très rapidement oxydé en
55
fer(III), O2 peut agir comme un réducteur pour régénérer Fe2+ (réaction A12) et ainsi initier
une nouvelle séquence de la réaction A1.
IV.5.2.2.3 Réactivité du radical R Le radical R peut subir une oxydation par le fer ferrique (réaction B5) et ainsi régénérer Fe2+,
ou une réduction par le fer ferreux (réaction B6) qui régénère le substrat organique parent
RH).
ROHFeOHFeR 23 (B5)
RHFeHFeR 32 (B6)
Dans certains cas, le radical R peut réagir avec le peroxyde d’hydrogène et ainsi régénérer le
radical hydroxyle (réaction B7) :
OHROHOHR 22 (B7)
Théoriquement, il peut également se produire une réaction d’addition (réaction B8) ou de
dimérisation (réaction B9), toutes deux étant des réactions de terminaison [45,50].
ROHOHR (B8)
22 RR (B9)
Toutefois, des études sur les produits d’oxydation excluent la dimérisation des radicaux
comme réaction de terminaison prédominante, notamment lorsque les substrats organiques
sont relativement volumineux, comme par exemple les HAP.
L’intermédiaire réactionnel R, s’il possède un deuxième atome d’hydrogène labile (on le
notera alors R’H), peut également réagir avec O2 (transfert d’un atome d’hydrogène) pour
produire le radical HO2 (réaction B10) et générer un composé organique stable R’ (qui
contient une double liaison). L’oxygène moléculaire peut aussi s’additionner à l’intermédiaire
R (réaction B11) pour donner un nouvel intermédiaire radicalaire, le radical libre peroxyle
ROO: 22 '' HOROHR (B10)
ROOOR 2 (B11)
Puis, le radical peroxyle ainsi formé peut donner lieu aux réactions suivantes :
56
32 FeROOHHFeROO (B12) OHFeROFeROOH 32 (B13)
RROHRHRO (B14) 32 FeROHHFeRO (B15)
RROOHRHROO (B16) 22 HOROHOHROO (B17)
Par conséquent, en présence d’oxygène dissout, la formation du radical peroxyle a un effet
inhibiteur sur l’oxydation de substrats organiques car elle conduit à des réactions qui
consomment le fer(II), conduisant ainsi à une efficacité moins bonne que celle du système
Fenton. Toutefois, la présence d’oxygène améliore la minéralisation et empêche la réaction de
dimérisation B9 de se produire. De plus, pour des concentrations élevées en réactifs [fer(II) et
H2O2] et de faibles concentrations initiales en composés organiques (1 µmol.L-1), la
concentration en oxygène n’avait pas d’influence sur leur cinétique d’oxydation car les
concentrations en radicaux peroxyles ROO (qui sont fonctions de la concentration initiale en
composé organique) restent faibles et leur impact sur la vitesse d’oxydation du fer(II) était
peu important [48].
IV.5.2.3 Influence de quelques paramètres opératoires sur le réactif de fenton
IV.5.2.3.1 Influence du pH Si à pH acide le fer ferreux est essentiellement présent sous la forme de l’ion Fe2+ libre (i.e.
uniquement hydraté par six molécules d’eau [FeII(H2O)6]2+), vers pH 7, les formes Fe(OH)+ et
Fe(OH)2 deviennent non négligeables, et à pH supérieur à 8, le fer ferreux précipite sous
forme de [Fe(OH)2](s) [44]. Ainsi, en milieu neutre, le fer(II) réagit principalement sous la
forme de Fe(OH)+ dans la réaction A1 : OHOHFeOHOHFe 2)( 3
22
Cette réaction, qui est favorisée à pH neutre, a une constante cinétique beaucoup plus élevée
(5,9 x 106 mol-1.L.s-1) que celle de la réaction A1 (55-76 mol-1.L.s-1), qui est l’étape principale
d’initiation en milieu acide. Il s’ensuit une décomposition du peroxyde d’hydrogène plus
rapide en milieu neutre qu’en milieu acide.
Le fer(III), généré dans les systèmes Fenton, est lui aussi fortement susceptible d’être
hydrolysé en solutions aqueuses neutres et faiblement acides pour former des complexes
ferriques hydroxylés
57
L’hydrolyse du fer ferrique débute vers pH 1-2, avec la formation des formes solubles (écrites
en s’affranchissant des molécules d’eau) Fe(OH)2+et Fe(OH)2+. Entre pH 3,5 et 7, ces
complexes hydroxo ferriques donnent lieu aux réactions de polymérisation suivantes :
OHOHOHFeOHOHFe 24
28222
52 22
OHOHOHFeOHOHOHFe 33
372224
2822
OHOHOHFeOHOHFeOHOHFe 25
410232
523
3722 2
Les complexes ainsi produits, dont la réactivité avec le peroxyde d'hydrogène est très faible,
contribuent à rendre plus lente la décomposition du peroxyde d’hydrogène dans la solution et
diminue la concentration des espèces libres de Fe3+ inhibant ainsi la régénération de Fe2+ et
par conséquent la production des radicaux OH•.
Ainsi, la réaction de Fenton a généralement lieu en milieu très acide (pH=3) pour prévenir la
précipitation des sels de fer (particulièrement les sels ferriques à pH 7) en hydroxydes
correspondants. Cependant, si la concentration en protons est trop élevée, il peut y avoir
consommation des radicaux hydroxyles par la demi-réaction rédox ci-dessous dont la
constante de vitesse est relativement élevée (kOH,H+ = 7x109 mol-1.L.s-1) [44,48].
OHeHOH 2
Les électrons peuvent provenir de la demi-réaction d’oxydation du fer ferreux en fer ferrique : eFeFe 32
Il s’ensuit la réaction globale suivante :
OHFeHOHFe 232
Sachant que la constante de vitesse d’oxydation de la plupart des substrats organiques par le
radical hydroxyle est de l’ordre de 107-1010 mol-1.L.s-1, à des pH inférieurs à 2, les protons
pourraient inhiber la dégradation de ces substrats de par la consommation en radicaux par la
réaction précédente. En outre, les milieux très acides inhibent la complexation du fer ferrique,
en déplaçant l’équilibre vers le fer ferrique libre dans la solution : HOOHFeOHFe 2
223 )(
Par conséquent, en milieu très acide, la régénération du fer ferreux devient problématique.
Aussi il est généralement établi que le pH optimum de la réaction de Fenton se situe aux
alentours de 2,5-3,5 [48].
58
IV.5.2.3.2 Influence des composés organiques et inorganiques La présence dans la solution aqueuse de composés inorganiques (en particulier le contre-ion
associé au fer ferreux initial) ou organiques (notamment la matière organique naturelle
dissoute) peut modifier la quantité de radicaux hydroxyles générés dans le milieu, et par la
suite avoir un effet direct sur l’oxydation d’un substrat organique lors de l’ajout de celui-ci au
milieu réactionnel.
IV.5.2.3.3 Influence des chlorures et sulfates Des études ont montré que les anions inorganiques tels que Cl et SO4
2 influençaient
significativement les vitesses de réaction des systèmes Fenton. Or ces anions sont susceptibles
d’être présents en solution, d’une part parce qu’ils sont utilisés comme contre-ions lors de
l’ajout des sels de fer, et d’autre part parce que les solutions aqueuses sont couramment
acidifiées avec HCl ou H2SO4. Il est donc important de tenir compte de leur présence.
Le tableau IV.2, présente les principales réactions de ces anions inorganiques en présence du
réactif de Fenton.
Tableau IV.2 : Principales réactions des ions Cl et SO42 en présence du réactif de Fenton.
N° Réactions k Références1a 2,88 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 20042a 6,61 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 20043a 10,47 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 20044a 4,3x109 mol-1.L.s-1 Liao et al., 20015a 6,1x109 s-1 Liao et al., 20016a 2,1x1010 mol-1.L.s-1 Liao et al., 20017a 1,3x103 s-1 Liao et al., 20018a 8,5x109 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 20049a 6,0x104 s-1 De Laat et al., 200410a 1,0x109 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 200411a 4,1x104 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 200412a 5,9x109 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 200413a 1,4x107 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 2004
1b 2,29x101 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 20042b 3,89x102 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 20043b 4,47x103 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 20044b 1,4x107 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 20045b 3,5x105 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 20046b 1,2x107 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 20047b 3,0x108 mol-1.L.s-1 De Laat et al., 2004
FeClClFe2
23 FeClClFe 23 2 FeClClFe HOClOHCl OHClHOCl
OHClHHOCl 2
HHOClOHCl 2 2ClClCl ClClCl2
HClHOOHCl 222 HClHOOHCl 22222
32 FeClFeCl 22
2 FeClClFeCl
424
2 FeSOSOFe
424
3 FeSOSOFe 24
24
3 )(2 SOFeSOFeOHHSOOHSOH 2442
OHSOOHHSO 244
224224 HOHSOOHSO
24
324 SOFeFeSO
Ces anions inorganiques peuvent complexer le fer(II) et le fer(III) (réactions 1a, 2a, 3a et 1b,
2b, 3b) et ainsi modifier la distribution et la réactivité du fer. De plus, les ions chlorures et
sulfates peuvent consommer les radicaux hydroxyles (réactions 4a, 4b et 5b) et générer des
espèces radicalaires (Cl, Cl2 et SO4) à pH acide. Ces espèces radicalaires formées sont
59
moins réactives que les radicaux hydroxyles. De plus, en présence de chlorures, la formation
de sous-produits d’oxydation chlorés potentiellement toxiques a été reportée. D’autre part,
Cl, Cl2 et SO4 peuvent consommer le fer(II) et le peroxyde d’hydrogène (réactions 10a,
11a, 12a, 13a et 6b, 7b) [48].
IV.5.2.3.4 Influence de complexants organiques La décomposition du peroxyde d’hydrogène par le fer(II) étant plus rapide en milieu neutre
qu’en milieu acide (du fait d’une plus grande réactivité de Fe(OH)+ par comparaison avec
Fe2+ comme indiqué précédemment), il peut être intéressant d’opérer en milieu neutre.
Toutefois, la faible solubilité du fer, tout particulièrement celle du fer(III), impose de rajouter
des ligands en milieu neutre, afin de le complexer, et ainsi empêcher la précipitation des sels
de fer en leurs hydroxydes correspondants [51].
Par exemple, les complexes du fer(II) avec l’EDTA ou le DTPA réagissaient avec le peroxyde
d’hydrogène pour former le radical hydroxyle en milieu neutre [48].
IV.5.2.3.5 Choix des concentrations en réactifs Une oxydation du substrat optimale peut être obtenue si la consommation des radicaux
hydroxyles par les réactifs eux-mêmes est limitée. Ceci implique que, ni le peroxyde
d’hydrogène, ni l’ion ferreux ne doivent être surdosés afin que la quantité maximale de
radicaux hydroxyles soit disponible pour, par la suite, oxyder les polluants organiques.
En effet, en présence d’un excès d’ions Fe2+ par rapport au peroxyde d’hydrogène, il peut y
avoir un arrêt rapide des réactions et de plus, le fer(III) généré en excès peut s’hydrolyser et
former des précipités [52].
Un excès en peroxyde d’hydrogène par rapport à l’ion ferreux semble donc nécessaire pour
mener à bien l’oxydation de substrats organiques. Toutefois, si l’excès de peroxyde
d’hydrogène devient trop important, celui-ci peut alors devenir un consommateur important
de radicaux hydroxyles, selon les réactions A5 et A13 ci-dessous :
OHHOOHOH 2222 (A5)
22OHOHOH (A13)
D’après plusieurs études réalisées sur ce sujet, un rapport [H2O2]0 / [Fe2+]0 de l’ordre de dix
semble le plus judicieux en théorie [45].
IV.5.2.3.6 Mode d’ajout des réactifs
60
En pratique, il est souvent préférable d’ajouter la solution d’ions ferreux au milieu réactionnel
avant celle de peroxyde d’hydrogène. Toutefois, l’ajout de H2O2 doit se faire assez
rapidement, sinon on peut observer une autooxydation partielle du fer(II) en présence
d’oxygène dissout (réaction A21),: 2
32
2 OFeOFe (A21)
223
22 2 OHFeHOFe (A11)
L’ajout de H2O2 se fait le plus souvent en une seule fois, au tout début de réaction. Mais il
peut être avantageux dans certains cas de faire plusieurs ajouts à des temps différents, ceci
afin de limiter l’excès de peroxyde d’hydrogène dans la solution, et donc la consommation en
radicaux hydroxyles qui pourrait en découler. Il est aussi possible de faire un ajout continu
dans le temps, en ajoutant lentement et progressivement une petite quantité connue de
peroxyde d’hydrogène à une solution contenant un excès d’ions ferreux Fe2+ et de substrat
[48].
IV.5.2.3.7 La température La température agissant de manière positive sur la cinétique des réactions, une température
suffisante est nécessaire pour que les réactions d’oxydation aient lieu. Mais, étant donné les
réactions de minéralisation sont exothermiques donc une température proche de l’ambiante
semble-t-elle la plus appropriée, ce qui pourrait d’ailleurs justifier le fait que la plupart des
études sur le système Fenton sont menées à température ambiante.
IV.5.3 Le réactif de fenton dans le traitement des sols pollués par des hydrocarbures
De nos jours, le réactif de Fenton est souvent utilisé pour traiter des matrices contaminées
provenant d’industries diverses (colorants, pesticides, additifs du plastique, préservation du
bois et du caoutchouc, hydrocarbures, etc.). En effet, ce réactif a montré des résultats
prometteurs pour la dégradation d’une grande variété de contaminants en solutions aqueuses
(tableau VI.2) [55]. Il permet en règle générale de dégrader les polluants organiques en
composés moins toxiques (et dans certains cas de les minéraliser), et d’augmenter la
biodégradabilité. Par conséquent, il peut être considéré, soit comme un traitement unique, soit
comme un prétraitement avant une étape de biodégradation. En outre, il peut être appliqué
non seulement au traitement des eaux usées, mais aussi à la réhabilitation de matrices solides
contaminées, telles que des boues ou des sols [45,54]. Tableau VI. IV.3 : les familles de polluants qui peuvent être dégradés par réactif de Fenton
Famille Polluants
61
Hydrocarbures aromatiques monocycliques Benzène, toluène, ethylbenzène et xylène.
Composés hydrocarbures oxygénés Oxyde de tert-butyle et de méthyle (methyl tert-
butyl ether = MBTE)
Organochlorés Solvant chlorés (TCE, PCE,…)
Composés hydrocarbures polyaromatiques Hydrocarbures aromatiques polycyliques (HAP)
Hydrocarbures aromatiques polycycliques halogénés Polychlorobiphényles (PCB)
Hydrocarbures aromatiques monocycliques halogénés Chlorobenzène (CB)
Alcools aromatiques Phénol, naphtol…
Pesticides organiques Insecticides, herbicides
Concernant la réhabilitation de sols contaminés, l’application du réactif de Fenton a été avant
tout étudiée à l’échelle du laboratoire et son utilisation sur le terrain est relativement limitée et
il peut être appliquée à la matrice contaminée soit sur site ou in situ.
IV.5.3.1 Oxydation sur site Le réactif de Fenton a été fréquemment utilisé pour dégrader les contaminants présents dans
des sols excavés, soit comme seul traitement, soit associé à une biodégradation comme pré-
ou post-traitement. En tant que procédé de prétraitement, le réactif de Fenton minéralise les
polluants ou les oxydes en produits plus polaires qui sont plus biodégradables. Comme
procédé de post-traitement, il permet d’éliminer un certain nombre de contaminants résistants
à la biodégradation.
Le traitement sur site est le traitement le plus conseillé à être utilisé parce qu’il a plusieurs
avantages :
Permet d’éviter le risque de mobilité des polluants dans le sol ;
N’exige pas que le sol soit perméable au contraire du traitement in situ ;
Permet la dégradation même des polluants peu solubles comme les hydrocarbures, car
l’agitation vigoureuse du sol pollué permet de le fragmenter et de mettre les polluants
en direct avec les réactifs oxydants.
Le traitement sur site est réalisé, généralement, dans des réacteurs ou dans des unités
spéciales de traitement. Dans un tel cas, une étude a montré que le coût du peroxyde
d’hydrogène représentait seulement 5% environ du coût total, qui inclut les coûts
d’excavation, de main d’œuvre, d’ajustement du pH, d’échantillonnage et d’analyse.
Le traitement sur site peut, également, être appliqué après un prétraitement du sol par une
solution (le plus souvent organique) afin d’extraire les contaminants présents, puis de
l’application de réactif de Fenton à la solution ainsi obtenue.
62
IV.5.3.2 Oxydation in situ Le traitement in situ est réalisé, sans excavation du sol contaminé, par injection directe des
réactifs dans le milieu pollué à travers des puits d’injections.
Ce procédé est commercialisé depuis une dizaine d’années aux États-Unis et depuis un peu
moins longtemps en Europe. C’est une technologie en forte évolution qui connaît à l’heure
actuelle un certain succès [46].
Figure VI.15 : Répartition des oxydants et des polluants pour des sites américains
IV.5.3.2.1 Difficultés de mise en œuvre de l’oxydation in situ La technologie d’oxydation in situ comporte de nombreux avantages potentiels. Elle peut être
mise en place, là, où des technologies plus classiques ne sont pas opérationnelles et cela à un
coût raisonnable. Malgré ces nombreux avantages, le taux de réussite de la technologie
d'oxydation in situ est très variable, et le traitement sur site dans les réacteurs reste toujours
avantageux par rapport à l’oxydation in situ
Les critères clefs à prendre en compte pour la mise en oeuvre d’une oxydation in situ sont les
suivants :
o Contact oxydant-polluant
Un des principaux paramètres critiques de la technologie d'oxydation in situ est l'efficacité du
contact entre l'oxydant et le polluant. Ce paramètre est difficile à maîtriser car il dépend de
nombreux facteurs : nature du polluant, nature de l’oxydant et géologie, hydrologie et
géochimie du site.
Concernant les hydrocarbures ceux sont des polluants, de type NAPL, qui sont dispersés dans
la matrice et ne se présentent pas sous la forme d’une poche bien délimitée. De plus, dans le
cas de traitement de NAPL, les réactions ont lieu entre l’oxydant et la phase dissoute du
produit. La réaction est donc limitée par la cinétique de dissolution du NAPL dans la solution
du sol. La surface de contact entre les poches de polluant et l’eau conditionne en partie ce
paramètre. C’est pour cela qu’il est important de déterminer la présence et la taille des poches
de NAPL résiduelles [46,55].
63
Enfin, le facteur déterminant de l’efficacité du contact polluant/oxydant est la géologie et
l’hydrogéologie du site. En fonction du type de sol, l’injection va être plus ou moins facilitée
et efficace. En ce qui concerne la géologie, il est plus facile d’injecter des produits
quelqu’ils soient dans des sols sableux pauvres en argile que dans des sols argileux. La
perméabilité des sols sableux étant grande, la dispersion des produits est beaucoup plus
efficace. À propos de l’hydrogéologie, plus le système sera simple, moins il existera de risque
d’écoulements préférentiels et de by-pass de la zone.
o Demande naturelle en oxydant
Les oxydants sont aussi consommés par d'autres substrats que le polluant. Ce paramètre est
appelé « demande naturelle en oxydant ». Les substrats consommateurs d’oxydant les plus
courants sont la matière organique (M.O.) et les espèces minérales réduites (manganèse, fer,
sulfure…).
Plus le sol est riche en M.O. (sol riche en tourbe, par exemple), plus la consommation
d’oxydant va être importante. C’est pour cette raison que la majorité des traitements réalisés
in situ a lieu sur des sols sableux (sols pauvres en matières organiques).
o Maintien du pH
La réaction de fenton est favorisée par des pH acide. Cependant, il n’est pas toujours possible
de modifier le pH de la matrice car celle-ci peut avoir un pouvoir tampon trop important, c’est
le cas des sols calcaires. Ce type de sol n’est pas toujours un handicap pour l’utilisation du
fenton. En fonction du milieu et des cinétiques des différentes réactions, les conditions du sol
peuvent favoriser la régénération du fer [45].
IV.5.3.2.2 Effets induits de l’oxydation in situ
o Migration de la pollution
Lors d’une injection, l’apport d’une quantité importante de liquide dans le sol peut entraîner,
par effet piston, un déplacement d'une masse d'eau équivalente à la quantité injectée, et donc
décaler la pollution vers des zones non polluées.
o Modification de la mobilité d’autres polluants
Lors de la première phase du traitement, il existe une dégradation de la matière organique, qui
va libérer les polluants adsorbés à la surface de la matière organique, ce qui risque
d’augmenter fortement et rapidement les quantités de polluants dissous. Aussi, Les
modifications du milieu (pH, Eh) peuvent entraîner le changement de valence de certains
métaux, comme le chrome, l’arsenic, le zinc et le cadmium, ce qui entraîne une augmentation
de leur mobilité [43,43].
64
o Génération de produits toxiques
Si la réaction de dégradation des polluants n’est pas complète, les éventuelles réactions
secondaires peuvent conduire à la formation d’autres polluants. Ces polluants peuvent être
classés en deux catégories : les sous-produits du polluant et les sous-produits de l’oxydant
[49].
En plus l’utilisation de H2O2 comme oxydant entraîne la production d’oxygène. La présence
de ce gaz modifie la conductivité de l’aquifère. Par ailleurs, les réactions d’oxydation sont
exothermiques et dans certains cas la chaleur dégagée peut être très importante. Les deux
facteurs réunis (présence de gaz plus chaleur) peuvent aboutir à des émissions fugitives en
surface. Si le polluant est volatil, ces émissions vont favoriser sa volatilisation [50].
o Perturbation biologique du milieu naturel
L’oxydation in situ modifie les conditions géochimiques de la matrice, ce qui perturbe les
populations microbiennes ambiantes, ce phénomène est accentué par l’utilisation du réactif en
grande quantité (en excès) [46].
65
V Matériels et méthodes L’objectif de ce chapitre est de présenter tout d’abord les matériaux et les dispositifs
expérimentaux utilisés dans ce travail. Par la suite, les différentes méthodes d’analyses
physico-chimiques employées pour suivre l’évolution du traitement et quantifier les
différentes classes d’hydrocarbures avant et après traitement seront également développées.
V.1 Présentation du site pollué Cette étude comparative a été réalisée sur un échantillon pris de la raffinerie de Skikda. Pour
mieux localiser la zone d’étude nous avons préféré commencer par une présentation générale
de la raffinerie de Skikda avant de localiser la zone d’échantillonnage.
V.1.1 Présentation da la raffinerie de Skikda La raffinerie de Skikda est située dans la zone industrielle à 7Km à l’est de Skikda et à 2Km
de la mer .Elle couvre une superficie de 190 ha avec un effectif à l’heure actuelle de 1280
travailleurs.
La raffinerie de Skikda a pour mission le traitement du pétrole brut provenant de Hassi-
Messaoud et le brut réduit importé pour fabriquer une gamme de produits destinés à la
satisfaction du marché national et à l’exportation. Pour assurer ses demandes la raffinerie est
équipée de :
Deux unités de topping qui prennent en charge le pétrole brut et le transforment en :
GPL : destiné aux unités de traitement gaz.
NAPHTAS : dont la coupe intermédiaire alimente le reforming catalytique.
JET FUEL.
KEROSENE, GAZ OIL LEGER et GAZ OIL LOURD : destinés aux mélanges
pour la production du GAZ OIL (produit fini).
Une unité de reforming catalytique (magnaforming) : qui produit des essences semi-
finies à haut indice d’octane.
Deux unités aromatiques : qui produisent de BTX à partir des essences de l’unité de
reforming catalytique et des bases pour la fabrication des essences super et normal.
Une unité de production des bitumes routiers et oxydés.
La raffinerie possède aussi une aire de stockage d’une capacité (ancien design) est de
230000 M3[56].
66
Brut de Hassi- Messaoud Brut réduit importé
Propane Butane
Essence normale Essence super Essence export
Naphta pétrochimique Benzène Toluène
Para xylène Mélange xylène Kérosène/jet A1
Gas-oil Fuel oil BTS Fuel oil HTS
Bitume routier Bitume oxydé
Figure V.1: Capacité de production en tonne/an [57]. La raffinerie de Skikda est le plus grand complexe de Raffinage en Algérie, mais, en plus, de
sa contribution au développement économique du pays, elle est aussi une source alarmante
de pollution pour l’environnement (voir figure-V.2).
15.000.000 227.000
65.000 300.000 700.000 300.000
1.180.000 1.700.000
40.000 11.000 20.000 120.000
1.500.000 4.250.000 4.300.000 100.000 150.000 15.000
Matières Premières
Produits Finis
Transport des Produits Finis
Par mer : *Caboteur pour marché national. *Tankers pour marché international. Par pipe : *marché national (GPL, carburants et bitumes routiers). Par camion s : *bitumes et aromatiques.
67
Figure V.2 Les déchets produits par la raffinerie et leur destination[58]
Stock Pétrole brut
o Eau de process, vapeur, eau de lavage
o Eau de refroidissement (en circulation ouverte)
o Eau de pluie ruisselée des zones de process
o Eau de pluie ruisselée des zones hors process
o Boues (dépôts de fonds des réservoirs, et boues des stations d’épuration des eaux)
o Déchets liés à la production : déchets huileux, catalyseurs caustic, produits chimiques usagés, goudrons acides
o Déchets non liés à la production : o Déchets domestiques o Démolition/construction
Stock Produits
Sols pollués par des hydrocarbures et des solvants résultants de fuites accidentelles
DANGER EXPLOSION INCENDIE
Raffinage
o Gaz à effet de serre o Pluies acides o Effets sur la santé
o pollution des sols et des nappes o pollution rivière et mer
SOLS EAUX USEES
DECHETS
CO2 : Centrales thermiques, chaudières, chauffage, turbines à gaz,
torchères. COV : Installations de séparation de
gaz et de déshuilage des eaux SO2 : Installations de combustion
L’unité 1100 pour le traitement et leur rejet ensuite à la mer
La zone de torche pour enfouissement ou épandage
Destination
Si le traitement est inefficace
68
V.1.2 Localisation de la zone d’échantillonnage: Selon la figure 2 qui représente les déchets rejetés par la raffinerie. On remarque que
l’industrie pétrolière génère des rejets polluants d’une extrême diversité. On a affaire à des
mélanges de composition hétérogène, qui renferment des matières organiques et minérales à
l’état liquide ou solide en plus des rejets gazeux dont certains peuvent avoir éventuellement
un caractère toxique plus ou moins marqué.
La dépollution de ces rejets, compte tenu de leur hétérogénéité de composition, conduira
toujours à la conception d’une chaîne de traitements assurant par étapes successives,
l’élimination des différents polluants [59].
Pour cela la raffinerie de Skikda est équipée d’une station d’épuration des eaux usées avant
leur rejet à la mer. Quant aux déchets solides, ils sont stockés, sans aucun traitement
préalable, au niveau de la zone de torche d’où l’échantillon de la terre polluée
d’hydrocarbures choisi était pris pour la réalisation de ce travail.
Description de la zone de torche :
Cette zone est conçu pour le stockage des déchets solides de la raffinerie et elle est constituée
de:
3 fosses bétonnées pour l’enfouissement des déchets contenant des produits toxiques ;
Une zone d’épandage pour :
Les boues biologiques riches en matière organique venant de la station d’épuration
des eaux usées ;
Les sols excavés lors de la subvention d’un déversement accidentel ou d’une fuite
de produits pétroliers ;
3 bassins de décantation qui reçoivent les boues issues des réservoirs de stockage lors
de leur nettoyage. Ces bassins sont reliés à la station d’épuration des eaux usées par
des drains qui servent à récupérer les eaux polluées après la décantation des boues au
fond des bassins. Les boues décantées ainsi auront deux destinations différentes :
l’enfouissement si elles contiennent des produits toxiques, sinon elles seront dirigées
vers la zone d’épandage ;
La zone de torches contient aussi deux torches pour évacuer les déchets gazeux.
Remarque :
L’échantillon utilisé dans ce travail était pris précisément de la zone d’épandage. C’est une
terre excavée qui a était le résultat d’une fuite accidentelle survenue en 2005 lors du
chargement d’un tanker avec du fioul lourd au niveau du port de Skikda.
69
Description de la zone de torche La zone industrielle de Skikda Plan de masse de la Raffinerie de Skikda
Figure V.3 : Localisation de la zone d’échantillonnage
Les boues décantées au fond des bassins Si elles sont toxiques
Les eaux récupérées après décantation vont vers la station
d’épuration des eaux usées
Zone de décantation
Zone d’enfouissement
Zone d’épandage des boues
« La zone d’échantillonnage »
70
V.2 Caractérisation physico-chimique du sol Les échantillons à analyser ont été séchés à l’air libre pendant 48 heures et tamisés (< 2 mm)
puis homogénéisés et ont été conservés à l'abri de la lumière. Afin de mieux appréhender les
divers phénomènes observés au cours des expériences, il est important et nécessaire de
caractériser les sols.
V.2.1 Analyse granulométrique L’analyse granulométrique permet de déterminer l'importance pondérale des particules
minérales en différenciant les argiles (< 2 µm), des limons (2<d<50µm) et des sables
(50<d<2000µm).
Les méthodes les plus fréquemment utilisées (car plus simples et plus fiables) reposent sur la
loi de Stokes qui nous dit que la vitesse de chute d’une particule sphérique, tombant librement
dans un fluide, est proportionnelle au carré de son rayon et à sa densité.
Dans notre travail on a choisi la méthode de sédimentation avec des prélèvements à la pipette
de Robinson. L’échantillon utilisé pour cette analyse doit être sec et traiter par le peroxyde
d’hydrogène à chaud pendant 24 heures pour éliminer la matière organique. La partie
minérale restante est traitée par une solution défloculante d’hexamétaphosphate de sodium
pour assurer une bonne dispersion des particules, l’échantillon est ensuite agité dans une
allonge pleine d'eau (1 litre), la sédimentation s'effectue sous la seule action de la gravité.
Ensuite trois prélèvements sont effectués, successivement, pour récupérer les argiles, le limon
fin et grossier (voir tableauV.1). Et pour récupérer les deux catégories de sable fin et grossier,
le contenu de l’allonge d’eau est versé dans les tamis de 50 et 200 microns successivement.
Enfin, les différentes classes récupérées par prélèvement à la pipette ou par tamisage, sont
séchées à 105°C pendant 24 heures, dans des creusets en porcelaine, qui seront ensuite pesés
après refroidissement. Tableau V.1: Temps de prélèvement à la pipette Robinson d’une profondeur de 10 cm à 20°C
1er prélèvement 2ème prélèvement 3ème prélèvement
Diamètre des
particules
50 µm
Argile + Lim.fin
+ lim.gros
20 µm
Argile + Lim.fin
2 µm
Argile
Temps de
prélèvement 46’’ 4’ 48’’ 8h 00’
71
Une analyse granulométrique est considérée comme valable lorsque la somme des fractions
constitutives de l’échantillon est comprise entre 95 et 101 % (sable grossier (SG) + sable fin
(SF) + limon grossier (LG) + limon fin (LF) + argile (A) + matière organique (MO)) [60].
Pour l’échantillon étudié, le pourcentage obtenu est 106 %, il est légèrement supérieur à la
norme cela est du à la quantité importante de la matière organique contenu dans l’échantillon
qui n’était pas totalement éliminée par le peroxyde d’hydrogène.
V.2.2 Détermination du pHeau et pHKCl Les pH des solutions de sol ou des lixiviats sont mesurés par un pH-mètre.
Mesure du pH en solution aqueuse
Le pHeau est déterminé selon la norme AFNOR X 31-103 par la mesure du pH d'une
suspension de sol dans l'eau (rapport masse/volume = 2/5) après 1 heure d'agitation puis
décantation.
Le pHeau ne constitue cependant pas un paramètre décrivant le mieux les échanges d’ions à
l’interface liquide-solide. En effet, l'équilibre dans l'eau (pHeau) ne rend pas compte de la
totalité des ions acides (protons et ions alumineux) fixés sur le complexe argilo-humique qui
est notamment responsable de la capacité d’échange du sol. Cependant, ces ions acides fixés
constituant l'acidité potentielle effective, ou l'acidité d'échange au pH du sol, peuvent être
déplacés avec un ion tel que K+ d'une solution non tamponnée de KCl normal. C'est pourquoi
le pHKCl est mesuré.
Mesure du pH en solution de chlorure de potassium
Le pHKCl est déterminé selon la norme AFNOR X 31-104 par la mesure du pH d'une
suspension de sol dans une solution de KCl à 1 mol/l (rapport masse/volume = 2/5) après 1
heure d'agitation puis décantation [11].
V.2.3 Dosage de l’azote Kjeldhal La méthode de Kjeldhal est applicable pour le dosage de l’azote de différents composés
azotés tels que les amines et les sels d’ammoniums [61].
Cette méthode est effectuée sur un échantillon finement broyé, ce dernier sera chauffé avec
20 ml d'acide sulfurique concentré, qui à l’ébullition détruit par son action oxydante les
matières organiques azotées. Ainsi, le carbone et l’hydrogène se dégagent à l'état de CO2 et
H2O, et l'azote transformé en ammoniaque est fixé par l’acide sulfurique à l’état de sulfate
d'ammoniaque SO4 (NH 4)2
72
Cette transformation nécessite l'emploi de catalyseurs. Les plus employés actuellement
sont le sulfate de cuivre et le sélénium en poudre. De notre part, sur 5g d’échantillon à
analyser, on ajoute : 0,25g de sélénium et 5g de sulfate de cuivre anhydre.
I1 est nécessaire également d’élever la température d’ébullition de l’acide sulfurique
en ajoutant 5 g de sulfate de potassium.
Enfin, l’ammoniaque formée est déplacée de ses combinaisons par l’ajout de 20 ml de soude
concentrée à 60%, distillée par entraînement de vapeur, recueillie dans une solution d’acide
borique, et dosée par l'acide sulfurique titré en présence de rouge de méthyle comme
indicateur [62].
V.2.4 Dosage du phosphore total L’analyse du phosphore total est faite en deux étapes
1. Minéralisation :
Après destruction des matières organiques par l’incinération de l’échantillon dans un four à
moufle à 450°C, le résidu obtenu est mis en solution d’acide chlorhydrique concentré à 37%
et porté à ébullition jusqu’à l’obtention d’un résidu sec qui est repris dans 10 ml d’acide
nitrique et porté à ébullition à nouveau pour 2 à 3 minute.
Après refroidissement du mélange, le liquide est filtré et transvasé dans une fiole de 250 ml
où le volume est complété au trait de jauge avec de l’eau distillée
2. Dosage spectrophotométrique:
Dans une fiole de 100 ml on mélange:
10 ml du filtrat (éventuellement dilué) ;
10ml de réactif vanado-molybdate qui est composé de : molybdate d’ammonium,
monovanadate d’ammonium et l’acide nitrique ;
Eau distillée jusqu’au trait de jauge.
L’acide orthophosphorique donne en présence du vanadium (forme V) et du molybdate
(forme VI) un complexe jaune, qui peut être mesuré par spectrophotométrie à 430 nm par
comparaison à un blanc.
La quantité de phosphore dans l’échantillon est déterminée, par la suite, en se référant à la
courbe d’étalonnage effectuée pour des concentrations connues en phosphore [63].
V.2.5 Dosage du fer L’analyse du fer est réalisée sur un échantillon exempt de matières organiques, pour cela
l’échantillon doit passer par l’étape de l’incinération au four à 450°C pendant 4 heures.
73
Les cendres ainsi obtenues sont mélangées avec de l’eau distillée, 5 ml l’acide chlorhydrique
concentré et séchées à sec sur une plaque chauffante pour obtenir des cendres blanches.
L’analyse par spectroscopie d’absorption atomique
Les cendres séchées sont, à nouveau, mises en solution d’acide chlorhydrique à 6N et 120 ml
d’eau distillée, filtrées dans une fiole de 250 ml et le volume est complété par l’eau distillée
jusqu’au trait de jauge.
La solution obtenue est analysée par un spectromètre d’absorption atomique, après calibration
de l’appareil par les solutions étalons de fer [63].
V.2.6 Détermination de la teneur en carbone organique Le carbone organique est dosé suivant la méthode de Anne. Le principe du dosage repose sur
l'oxydation du carbone de la matière organique par le bichromate de potassium en excès.
Le mode opératoire de cette méthode ainsi que celui de l’analyse gravimétrique des
hydrocarbures seront détaillé en ce qui suit.
V.2.7 Dénombrement des germes totaux : Le dénombrement des micro-organismes a pour but d'estimer quantitativement la composition
microbienne d’un échantillon donné.
Il existe plusieurs méthodes utilisées actuellement pour le dénombrement, mais pour cette
étude, la méthode de culture sur milieu solide après dilution de l’échantillon, a été choisie vu
sa simplicité et selon les moyens disponibles au laboratoire.
Cette méthode est basée sur la présupposition qu'un micro-organisme viable, cultivé en ou sur
milieu solide nutritif spécifique et en conditions convenables, se multiplie en donnant lieu à
une colonie visible à l'œil nu. Cette colonie peut être bactérie, levure ou champignon selon
les conditions et les milieux de culture utilisés.
Mode opératoire
Pour obtenir une unité d’analyse vraiment représentative, les prélèvements de l’échantillon de
la terre polluée ont été réalisés à différents endroits du site étudié pour constituer l’unité
d’analyse.
L’échantillon est ensuite transporté au laboratoire dans une bouteille stérile à une température
inférieure à 4C°, où l’analyse est réalisée immédiatement.
Préparation de la solution mère
La population microbienne typique dans 1 g d’échantillon peut être supérieure 1010 UFC. Par
conséquent, si l’échantillon est réparti directement sur le milieu de culture, il y aurait un si
74
grand nombre de microorganismes et le comptage des colonies développées serait impossible.
Pour éviter ce problème, il a été préféré de diluer l’échantillon avant l’ensemencement [64].
La solution utilisée pour la réalisation de la solution mère et la série de dilution est : l’eau
physiologique préparé comme suit :
9 g de chlorure de sodium
Le volume est complété à 1l avec l’eau distillée qui doit être sans traces de métaux,
d'inhibiteurs ou d'autres substances antimicrobiennes.
La solution obtenue est homogénéisée, filtrée, distribuée dans des tubes à essai (9
ml/tube). Et en fin les tubes sont stérilisés dans l’autoclave à 120°C pendant 20
minutes.
La solution mère est préparée en mélongeant 1g de l’échantillon avec 9ml d’eau
physiologique jusqu’à obtention d’une suspension homogène.
Préparation des dilutions
Puisque l'on ne connaît pas à l'avance la concentration microbienne de l’échantillon. Il faut
réaliser des dilutions successives, décimales et croissantes de telle façon qu'on puisse obtenir
le nombre le plus favorable (entre 30 et 300 colonies/ boite pétri) pour faciliter le
dénombrement et différencier les colonies.
Ainsi, en partant de la solution mère une série de dilutions décimales (1:10) est préparée de la
manière suivante :
A l’aide d’une pipette stérile 1 ml de la solution mère est ajouté à 9 ml de diluant dans
le premier tube.
Après homogénéisation, 1 ml de cette dilution est prélevé pour être ajouté à 9 ml de
diluant dans le deuxième tube. L’opération continue jusqu'à la dernière dilution
convenable, selon la population microbienne présumée, en utilisant des pipettes
stériles pour chaque dilution
Ensemencement du milieu solide
Pour l’ensemencement les milieux qui ont été utilisés sont :
Le PCA pour les germes totaux
Le milieu Sabouraud pour les champignons.
Ces milieux sont liquéfiés dans un bain bouillon et versés, à 45°C, dans des boites de pétris
(15ml/boite).
Ensuite, à l’aide d’une pipette stérile et à partir de la dernière dilution, préparée
précédemment, 1 ml est prélevé de chacune des dilutions, homogénéisé immédiatement et
75
doucement, dans une boîte de Pétri, en effectuant plusieurs mouvements circulaires dans les
deux sens en évitant tout mouvement brusque qui risquerait de projeter le milieu ensemencé
contre les paroi de la boite ou même à l’extérieur.
Après refroidissement des milieux sur une surface plate jusqu'à solidification, les boites de
pétri sont retournées et incubées en position inversée :
Les germes totaux à 37 °C, pendant 2 à 3 jours, en aérobiose ;
Les champignons à 37°C, pendant 7 à 10 jours.
A la fin de la durée d’incubation, les boites représentant entre 30 et 300 colonies sont
sélectionnées et le comptage des colonies développées est réalisé à l’aide d’un compteur de.
Figure V.4 : Ensemencement de l’échantillon à partir des dilutions préparées [64]
V.3 Analyse microbiologique de la terre polluée L’analyse microbiologique de la terre était réalisée à partir des boites utilisées pour le
dénombrement. La première étape de cette analyse est d’observer les colonies développées sur
les boites, ensuite procéder à leur isolement et en fin les identifier en utilisant des tests
biochimiques.
V.3.1 L’observation des microorganismes développés sur les milieux gélosés Il est possible d'observer les microorganismes : soit lorsqu'ils sont regroupés en colonies sur
boite visible a l’oeil, il s'agit alors d'une observation macroscopique, soit à l'état de cellule, il
s'agit alors d'une observation microscopique.
V.3.1.1 Observation macroscopique des colonies Une colonie est l'amas, visible à l’oeil nu, constitue par des milliards de descendants d'une
seule cellule bactérienne et dont la taille, la forme, la couleur, la consistance sont
caractéristiques de chaque espèce.
L'examen macroscopique des cultures est effectué après incubation. L'aspect des colonies
dépend du milieu utilisé, de la durée et de la température de l’incubation. Il ne pourra être
écrit convenablement qu’à partir de colonies bien isolées :
76
La description des colonies doit mentionner :
La taille de la colonie
La forme
Allure des contours : lisses, dentelés, déchiquetés, réguliers ou irréguliers
Relief : surface bombée, plate, centre parfois surélevé, parfois ombiliqué (en creux)
L'aspect de la surface : Il peut être lisse ou rugueux,
L'opacité : les colonies sont décrites comme : opaques, translucides ou transparentes
La consistance : au moment du prélèvement il est possible d'apprécier si les colonies
sont grasses, crémeuses, sèches ou encore muqueuses.
La couleur (pigmentation)
Odeur : une odeur caractéristique peut être présente [65].
V.3.1.2 Observation microscopique L'observation microscopique est une technique basée sur le grossissement effectué par le
microscope et qui permet de faire une étude morphologique des cellules d'une espèce
microbienne. Elle comprend :
L’examen a l'état frais
L’examen après coloration.
V.3.1.2.1 Examen à l'état frais L’état frais permet d’observer des germes vivants et apporte des renseignements sur leur
forme : cette étape est suffisante pour l’identification des champignons, quand aux bactéries
l’état frais donne, en plus, de leur forme (voir figure-V.5) des renseignements sur :
Leur mode de groupement (en amas, en paquet,…)
La présence de capsules ou de spores
Leur mobilité dans le cas des bactéries: ce caractère est le plus important mis en
évidence a l'état frais. Une bactérie mobile doit se déplacer dans le champ
microscopique avec un mouvement qui lui est propre, mais cette mobilité ne doit pas
être confondue avec les mouvements browniens qui sont des mouvements
désordonnés de particules (sans déplacement véritable) dus a l'agitation thermique des
molécules de liquide ni avec les mouvements transmis par les courants (toutes les
bactéries sont entraînées dans le même sens) [65].
Technique de préparation :
77
on dépose une goutte d’eau physiologique sur la lame propre bien dégraissée, et à l’aide de
l’anse de platine stérilisé on prélève une trace de culture ou une colonie que l’on émulsionne à
la goutte, puis on pose délicatement une lamelle sur la lame. Ensuite on examine la
préparation au microscope. La mobilité est plus nette au bord de la lamelle elle se traduit par
un va et vient et des mouvements importants [66].
Figure V.5: les différentes formes de bactéries rencontrées.
V.3.1.2.2 Examen après coloration Si la plupart des microbes peuvent être observés en suspension aqueuse, cette observation est
grandement facilitée par l'application de colorants.
Il y a plusieurs types de coloration utilisés en bactériologie, mais dans notre travail on a utilisé
la coloration différentielle de type Gram. Elle permet non seulement d'observer la forme des
cellules mais aussi de diviser les bactéries en deux grands groupes taxonomiquement
différents:
Bactéries Gram-positives: Gram +
Bactéries Gram-negatives : Gram –
Principe :
Cette coloration est basée sur la différence présentée par les bactéries Gram positives et Gram
négatives due à la diversité de structure et de composition chimique de leurs parois
cellulaires. Dans les bactéries Gram négatives, la paroi riche en lipides a une quantité très
réduite de peptidoglucane, ce qui permet la pénétration de l'alcool qui dissout le complexe
violet de gentiane-iode qui se forme en laissant la cellule incolore, laquelle sera ensuite
recolorée en rouge par la fuschine. Au contraire, la paroi cellulaire des bactéries Gram
78
positives a une grande quantité de peptidoglucane et une faible concentration de lipides.
Ainsi, l'épaisse paroi de peptidoglucane et la déshydratation produite par l'alcool ne
permettent pas la pénétration de l'alcool dans la cellule qui conserve la coloration violette ou
bleu foncée du complexe violet de gentiane-iode.
La coloration de Gram perd sa signification si elle est réalisée sur une culture trop âgée. Ainsi,
la souche doit être en phase de croissance exponentielle pendant 24 à48 heures [67].
Les colorants utilisés pour la réalisation de cette coloration sont :
1. Solution de violet de gentiane :
Préparation : peser 2 g de violet de gentiane (ou cristal violet), introduire dans un Erlenmeyer
de 100 ml et dissoudre dans 20 ml d'alcool à 95% vol. Dissoudre0,8 g d'oxalate d'ammonium
dans 80 ml d'eau distillée. Mélanger les deux solutions et utiliser seulement après 24 heures.
Filtrer sur papier au moment de l'emploi. Maintenir à l'abri de la lumière en flacon foncé.
2. Solution de lugol :
Préparation : dissoudre 2 g d'iodure de potassium dans une quantité minime d'eau (4 à 5 ml)
et, dans cette solution saturée, dissoudre 1 g d'iode. Compléter le volume de 300 ml avec de
l'eau distillée. Maintenir à l'abri de la lumière en flacon foncé.
3. Solution de fuchsine :
Préparation : peser 1 g de fuchsine basique 5 g d’acide phéniqué dans un Erlenmeyer de 100
ml, dissoudre avec 10 ml d'alcool à 95% vol. et additionner 90 ml d'eau. Agiter. Maintenir à
l'abri de la lumière en flacon foncé [69].
Mode opératoire :
La coloration de Gram se déroule en plusieurs étapes.
Recueillir à l’aide d’une anse de platine stérile une colonie.
Réalisation du frottis sur lame en étalant les bactéries des cultures jeunes, recueilli
directement du milieu solide, dans une goutte d’eau physiologique
Fixation à la chaleur en passant rapidement la lame 3 fois à l'intérieur de la flamme
d'un bec
Coloration par le violet de gentiane pendant 1 minute, après refroidissement de la lame
Rinçage à l’eau.
Mordançage: la lame a été recouverte de Lugol pendant 1 minute.
Décoloration par l'alcool à 95 degré pendant 1 minute
Rinçage à l’eau.
Contre coloration par la fuschine pendant 20 secondes.
79
Rinçage à l'eau puis séchage [70]
Observation des frottis au microscope, après l’ajout d’une goutte d’huile de vaseline à
la surface de la lame. Les bactéries à Gram-positif restent colorées de violet ou bleu
foncé et les bactéries à Gram-négatif sont colorées en rose.
Bactérie à gram + Bactérie à gram - Figure V.6: Bactéries colorées par la méthode de Gram
V.3.2 Isolement des bactéries Cette opération a pour but d'isoler les bactéries en cause, en obtenant des colonies bien
distinct.
La gélose nutritive est un milieux non sélectif qui permet systématiquement la poussée de
toutes les bactéries peu exigeantes à 37°C en aérobiose .Elle a été utilisée pour l’isolement des
différentes colonies , définie lors du repérage ( à partir des boites utilisées pour le
dénombrement)
L’isolement se fait par plusieurs méthodes dont la plus utilisée est celle de l'anse platine
calibrée. Elle consiste à prendre une colonie bien isolée et la déposer à l'extrémité de la
gélose. A partir de ce dépôt des stries serrées sur toute la gélose sont réalisées. Ensuite les
boite sont incubées pendant 24 heures à 37°c
Remarque
Il ne fait pas de doute que la totalité des microorganismes présents dans l’échantillon n’a pas
été isolée par cette technique de revitalisation. Il est connu que dans les sols, cette approche
ne touche que quelques pourcents des cellules. Cependant, on a pensé que les
microorganismes mis en évidence selon l’isolement effectué ci-dessus représentent les
espèces indigènes majoritaires dans la terre polluée étudiée [71].
V.3.3 Identification des bactéries : Après l’examen au microscopique, coloration de Gram et l’isolement des différentes souches
repérées sur les boites du dénombrement la réalisation de tests biochimiques est nécessaire
pour pousser l’identification des bactéries.
80
Tests biochimiques
On identifie une bactérie en observant si elle utilise tel ou tel substrat. On la met donc en
contact dans un milieu de culture avec un glucide, ou un peptide, ou d’autre substrat plus
complexe. On peut révéler l’utilisation de ce substrat par virage (changement de couleur) d’un
indicateur de pH (exemple : un glucide utilisé donne un produit acide, un peptide donne un
produit basique). Chaque famille de bactéries a des caractères propres, on peut donc les
rassembler facilement avec des caractéristiques de base comme l’utilisation du glucose avec
ou sans oxygène, la réduction des nitrates, ect… Ces tests sont assez longs, le temps
nécessaire pour leur réalisation est de un à deux jours [72].
En ce qui suit on va présenter les tests qu’on a utilisés pour l’identification de nos souches :
V.3.3.1 Test catalase La catalase est une enzyme contenant du fer qui catalyse la décomposition du peroxyde
d'hydrogène (H2O2) en eau. Elle est synthétisée par la plupart des bactéries aérobies le test de
la catalase sert à détecter la présence de cette enzyme dans une souche bactérienne donnée.
2H2O2 + catalase 2 H2O2 + O2 (dégagement gazeux).
La mise en évidence de la catalase est réalisée en présence d'eau oxygénée en contact de la
souche à étudier. L’obtention d'un dégagement important d'oxygène naissant confirme la
présence de catalase.
La recherche de cette enzyme permet de différencier les bactéries de forme Cocci à gram
positif (c’est-à-dire les streptocoques et les staphylocoques) [69].
V.3.3.2 Test oxydase Une oxydase est une enzyme catalysant une réaction d’oxydo-réduction impliquant une
molécule de dioxygène comme accepteur d’électron. Dans cette réaction, l’oxygène est réduit
en eau ou en peroxyde d’hydrogène.
On dit qu’une bactérie est oxydase positive si un fragment de culture est capable d’oxyder la
forme réduite de dérivés N-méthylés du paraphénylènediamine (PDA) en semi quinone (rose
violacé).
La recherche d’oxydase est un test fondamental pour l’orienter l’identification des bacilles
Gram-. Pour la réalisation de ce test des disques imprégnés du réactif PDA sont mis en
contact de la souche à étudier. S’il y a apparition d’une tache violette au bout de 30 secondes,
cela veut dire que la bactérie est oxydase positif (exemple : pseudomonas) et s’il n’y a rien
qui apparaît la bactérie est donc oxydase négatif (exemple : entérobactéries)
81
V.3.3.3 La recherche de urée l’indole et le tryptophane désaminase Pour ce test le milieu utilisé est l’urée tryptophane qui a la composition suivante :
KH2PO4 0,1 g NaCl 0,5 g Alcool à 95° 1 ml
Recherche de la tryptophanase et du tryptophane désaminase
L-tryptophane 0,3 g
Système de lecture de l’uréase
Urée CO(NH2)2 2 g Rouge de phénol à 1% 0,25 ml
Recherche de l’uréase :
Après 24 heures d’incubation d’un tube à essai contenant le milieu dans lequel une suspension
de la bactérie étudiée est réalisée. Si elle possède une uréase active la réaction suivante aura
lieu
Le CO2 et le NH3 se combinent ensuite pour donner du carbonate d’ammonium selon la
réaction :
Sous l’action d’une uréase il y a donc alcalinisation du milieu (virage de l’indicateur au
rouge).
Après la mis en évidence le uréase le contenu du tube est divisé sur deux l’un pour réaliser le
test TDA et l’autre pour l’indole
Recherche de la tryptophane désaminase :TDA
Sous l’action de cette enzyme le tryptophane est dégradé selon la réaction :
L’addition de chlorure de fer III (perchlorure de fer) réagit avec l’acide indol-pyruvique en
donnant un précipité de couleur marron.
Recherche de la tryptophanase
Certaines bactéries dégradent le tryptophane en indole grâce à une tryptophanase selon la
réaction :
82
L’addition de réactif de Kovacs se traduit par l’apparition d’un anneau rouge, dû à la réaction
entre le noyau indole et une des substances du réactif.
V.3.3.4 Recherche de l'utilisation du glucose et du lactose, la production de H2S et la production de Gaz dans le milieu Hajna - Kligler
Ce milieu est utilisé pour l'identification des bactéries appartenant à la famille des
Enterobacteriaceae et il a pour composition :
Extrait de viande de bœuf 3 g Extrait de levure 3 g Peptone 20 g NaCl 5 g
Système de lecture de production d’H2S :
Thiosulfate de sodium 0,3 g Citrate ferrique 0,3 g
Système de lecture des caractères glucose et lactose
Lactose 10 g Glucose 1 g Rouge de phénol l0,05 g Agar 12 g
Le pH du milieu est d’environ 7,4 donc le milieu sera de couleur orange.
Ce milieu présente deux phases physiques, une pente et un culot. La souche à identifier doit
être ensemencée dans ces deux phases.
La pente en contact avec l'air contenu dans le tube (il faudra penser à débloquer le bouchon
pour l'incubation. Le culot où il y a peu ou pas de contact avec l'air contenu dans le tube. Le
fond culot est considéré donc en anaérobiose relative.
Figure V.7 milieu hajna-kligler
Durant l’incubation la bactérie utilise le glucose comme source de carbone et d'énergie pour
se développer. Dans le culot cette utilisation se traduit par une forte acidification car en
anaérobiose relative le glucose est fermenté. Au niveau de la pente, l'utilisation du glucose
produit peu de composés acides car son utilisation se fait par voie oxydative. Au niveau du
milieu ceci ce traduira dans un premier temps par un culot jaune et une pente jaune.
83
Une fois le glucose consommé la bactérie va :
Premier cas : Elle possède les enzymes capables de dégrader le Lactose. Le Lactose est 10
fois plus concentré que le glucose. Ceci se traduira par une utilisation fermentative dans le
culot et oxydative sur la pente qui produira suffisamment d'acide pour que le milieu soit jaune
dans les deux phases.
Deuxième cas : Elle ne possède pas les enzymes capables de dégrader le lactose. Elle va dans
ce cas utiliser les peptones du milieu. Cette utilisation se traduira par :
- dans le culot aucun changement car l'acidité du culot provoquée par l'utilisation du glucose
est trop importante. Le culot reste jaune.
- sur la pente l'acidité provoquée par l'utilisation du glucose est faible alcalinisation sera
alors dans ce cas suffisante pour alcaliniser le milieu se qui se traduira par un rougissement
de la pente (virage du rouge de phénol).
Production d’hydrogène sulfureux H2S
La réduction du thiosulfate en anaérobiose par certaines bactéries se traduira par la fabrication
d’hydrogène sulfureux, qui en réagissant avec le citrate ferrique donnera un précipité noir de
FeS
Production de gaz
Selon la voie de fermentation du glucose empruntée par certaines bactéries, il peut y avoir
production de gaz ou non.
En cas de production de gaz, si celle-ci est faible il y a formation de quelques bulles dans le
culot. Si elle est abondante, il y a décollement du culot.
V.3.3.5 L’utilisation des citrates de carbone et d’énergie : Le milieu utilisé pour réaliser ce test et le citrate de Simmons qui a le composition (g/l)
suivante :
Citrate de sodium 1,0 g Sulfate de magnésium 0,2 g hydrogénophosphate de potassium 1,0 g dihydrogénophosphated'ammonium 1,0 g Chlorure de sodium 5,0 g Agar 15,0 g pH = 7,1 Bleu de bromothymol 0,08 g
84
Le substrat est ici le citrate. Il est ici la seule source de carbone et d'énergie pour la bactérie.
Après 24heures d’incubation d’un tube ensemencé par la bactérie à étudier tout en laissant le
tube débloqué par ce que l’oxygène de l’air est nécessaire pour réaliser ce test.
La présence de colonies le long de la strie centrale d'ensemencement sera la preuve d'un
développement bactérien Les bactéries utilisant le citrate bleuissent normalement le milieu
(alcalinisation) les bactéries ne l'utilisant pas ne cultivent pas. Toutefois, des bactéries peuvent
utiliser le citrate comme seule source de carbone sans bleuir donc la présence de colonie est
l'élément majeur de la lecture.
V.3.3.6 Recherche de décarboxyalses
Le milieu utilisé est le milieu de FALKOW qui fait parti des milieux d’étude du métabolisme
protidique. Il permet de révéler les décarboxylases liées aux acides aminés étudiés : LDC,
ODC, ADH. Ce milieu est composé de (g/l) :
Extrait de levure 3 g NaCl 5 g Glucose 1 g L-Lysine, ou L-Ornithine ou L-Arginine 5 g Bromocrésol pourpre ( BCP à 1,6 % ) 1mL On ajuste le pH à 6,3 - 6,4. Le milieu est donc violet.
Pour réaliser ce test, une suspension d’une culture de la souche à étudier est réalisée et
présentée en eau physiologique stérile. Ensuite les milieux sont ensemencés avec 2 ou 3
gouttes de cette suspension et recouvert avec 1 mL d’huile de vaseline pour éviter l’aération
du milieu. Les tubes sont ensuite incubés à 37°c pendant 24 heures
Pendant l’incubation les bactéries dans un premier temps, fermentent le glucose en
anaérobiose et donc les milieux s’acidifient (virage du violet au jaune de l’indicateur de pH).
Dans un ddeeuuxxiièèmmee temps, les bactéries ayant épuisées le glucose peuvent utiliser l’acide
aminé présent dans le milieu si elles possèdent les enzymes adéquats.
En anaérobiose et en milieu acide c’est la décarboxylation des acides aminés par les
ddééccaarrbbooxxyyllaasseess qui est favorisée.
L’amine produite re-alcalinise le milieu ce qui a pour effet de faire viré au violet le milieu
dans le cas contraire la couleur du milieu est jaune donc le test est négatif [73]
Remarque
Les figures V.8 et V.9 montrent l’utilité des tests présentés ci-dessus dans l’identification des
bactéries [74].
85
Bactéries à Gram négatif
Cocci Cocco-bacilles Bacilles
Neisseria Haemophilus Brucella
Bordetella Pasteurella
Acinetobacter
Oxydase
Autres bacilles à Gram -
Legionella Gardnerella Bartonella…
- +
Enterobacteriaceae Fermentation du glucose
- +
Vibrions Aeromonas
Pseudomonas Campylobacter
Moraxella
Bactéries aérobies à Gram positif
Cocci Bacilles
Catalase Sporulation
- +
Staphylocoques Streptocoques
+ -
Bacillus Catalase
+ -
Corynebacterium Listreia
Lactobacillus Errsipelathrix
Figure V.8L’identification des bactéries aérobies à Gram positif
Figure V.8L’identification des bactéries aérobies à Gram négatif
86
V.4 L’étude de la dégradation des hydrocarbures dans un réacteur biologique Après la caractérisation physicochimique et microbiologique de la terre polluée, on a étudié la
composition des différentes classes d’hydrocarbures lorsque le matériel pollué est placé dans
des conditions environnementales différentes du milieu d’origine. Ainsi, à partir de conditions
connues, choisies et maîtrisables, nous pensons pouvoir comprendre comment les voies
biologiques permettent de faire évoluer un produit polluant tel que les hydrocarbures lourds.
L’effet des conditions de travail (température, aération, nutriment, …) sera aussi étudié pour
voir si des différences significatives de composition finale apparaissent.
V.4.1 Conception et mise au point de l’appareillage expérimental
V.4.1.1 Etudes en laboratoire Il existe différents types de traitements biologiques des polluants organiques suivant que la
digestion se réalise en présence ou en absence d’air. Dans le premier cas on parle de
traitement aérobie et dans l’autre de fermentation. L’oxydation complète de la matière
organique conduit à la formation de CO2, de H2O et une biomasse stables.
Il est bien évident que les conditions obtenues au sein d’un bioréacteur réalisé au laboratoire
sont différentes de celles qui existent dans les sols où a lieu l’activité de la microflore
tellurique ; cependant, dans les deux situations, il y a dégradation des polluants et production
d’autres substances diverses.
Le mode de traitement biologique aérobie a été choisi pour être réalisé au laboratoire. Ce
procédé de traitement par les microorganismes, dans des conditions contrôlées, permet
surtout de réaliser une chaîne de traitement à une échelle réduite. En fait, à l’échelle
industrielle, ce contrôle est difficile, du fait de l’hétérogénéité des milieux et des difficultés de
maîtrise des conditions opératoires. C’est la raison pour laquelle la terre polluée a été traitée,
non pas sur site mais au laboratoire, par digestion accélérée en bioréacteurs. L’accélération du
procédé de traitement permet de réduire le temps nécessaire pour la dégradation de ces
polluants organiques, facilite le suivi des différents processus de dégradation, et permet le
contrôle des principaux paramètres physico-chimiques du travail (température, aération,
production de CO2…).
V.4.1.2 Présentation des conditions expérimentales d’étude Le plan expérimental est présenté sur la Figure-V.10. On a utilisé la terre polluée séchée et
tamisée (<2mm). Pour ce produit, des essais ont été réalisés en conditions aérobies et sans
ajustement de pH.
87
Figure V.9:Le plan expérimental
Il est important de signaler aussi que la durée de traitement était de 21 jours où la terre était
agitée constamment dans le réacteur avec un milieu nutritionnel dans un rapport liquide/solide
de 1/10. Le liquide utilisé ici est :
o L’eau distillée pour la première expérience ;
o Un milieu nutritionnel pour la deuxième et la troisième expérience. Ce milieu est
composé de :
Sulfate d’ammonium NH4SO4 100 mg
Phosphate mono-potassique KH2PO4 350 mg
Phosphate bipotassique K2HPO4 775 mg
Sulfate de magnésium MgSO4 100 mg
Chlorure de sodium CaCl2 40 mg
Sulfate ferrique FeSO4 1mg
Sulfate de manganèse MnSO4 1mg
Eau distillée q.s.p. 1000 ml
Et pour stimuler l’activité biologique on a ajouté du glucose pour arriver à une concentration
finale de 1% en glucose [75].
V.4.1.3 Description du dispositif expérimental La température de manipulation
La température est un paramètre très important pour la bonne réussite d’un traitement
biologique. Durant cette étude, on a choisi de faire les manipulations à température ambiante
durant toutes les manipulations pour ne pas perturber l’activité microbienne.
Terre polluée séchée
PH=7 Température= 20°C
1ère expérience
Terre polluée +
Eau distillée
2ème expérience
Terre polluée +
Milieu nutritionnel +
Aération
3ème expérience
Terre polluée +
Milieu nutritionnel +
Aération +
Souches bactériennes isolées à partir de la terre polluée
88
Bioréacteurs
Chaque bioréacteur (ou mini-réacteur) est constitué d’un cylindre en verre de 20 cm de
longueur et 10 cm de diamètre, d’un volume utile de 250 ml. Ces appareils présentent les
avantages non négligeables de la simplicité, le faible coût et un encombrement réduit. On peut
ainsi disposer de plusieurs appareils et étudier simultanément plusieurs mélanges. Par ailleurs,
leurs conditions d’utilisation sont simples et facile à mettre en œuvre.
Dispositif d’aération
Les conditions aérobies sont assurées par un flux constant d’air comprimé. L’utilisation d’un
débitmètre, pour le réglage, assure la régularité du débit d’air, de l’ordre de 3 l/min.
Pour assurer une répartition homogène de l’air dans tout le volume du réacteur un diffuseur
d’air a été installé à l’entrée du bioréacteur. Le schéma du dispositif expérimental est
représenté sur la figure-V.11 :
Figure V.10: Schéma du dispositif expérimental en milieu aérobie A la sortie du réacteur, on souhaite mesurer le CO2 produit par l’activité microbienne. Pour
cela, on a placé :
Un erlenmeyer, initialement vide, qui recueille l’eau de condensation éventuelle.
Un tube absorbeur de CaCl2 qui retient l’eau-vapeur pour éviter les interférences.
Un tube absorbeur de chaux sodée qui piège le CO2 en virant du beige au violet
lorsqu’il absorbe le gaz carbonique.
89
V.4.2 Mesure de l’activité microbienne dans les bioréacteurs
V.4.2.1 Le dénombrement des germes totaux Cette analyse a été réalisée selon la méthode des dilutions décimales présentées
précédemment.
V.4.2.2 Suivi de la température et du pH Le pH et la température sont des paramètres facilement mesurable en introduisant des sondes
spécifiques pour ce type de mesure dans le réacteur biologique
V.4.2.3 Dégagement de CO2 Le suivi du dégagement de CO2, reflet de l’activité microbienne au sein des bioréacteurs, a été
réalisé pour toutes les expérimentations. Dans les tubes absorbeurs de CO2 remplis de chaux
sodée, initialement tarés et quotidiennement pesés. L’activité microbienne est exprimée en mg
de CO2 libéré par jour (g/j). Pour éviter tout risque de pertes, le contenu de l’absorbeur est
renouvelé dès que les deux tiers de sa longueur ont été affectés par le changement de
coloration.
V.4.3 Mesure du taux de composés organiques dégradés
V.4.3.1 Dosage du carbone organique La méthode utilisée est dérivée de celle décrite par Anne en 1945. Elle repose sur le fait que la
matière organique du sol peut être oxydée par un traitement avec un mélange de K2Cr2O7 et
de H2SO4 suivant la réaction suivante :
K2Cr2O7 + 3C + 8H2SO4 2K2SO4 + 2Cr2(SO4)3 + CO2 + 8H2O
Pour réaliser cette analyse une prise d’essai (1g) est introduite dans un erlenmeyer de 500ml.
On y ajoute 10 ml de bichromate de potassium (K2Cr2O7) à 8% et 15 ml d’acide sulfurique
concentré. Le mélange est porté à ébullition pendant 5 minutes. Ensuite, on ajoute l’eau
distillée jusqu’au volume de 250 ml et on laisse le mélange au repos pendant 3 heures.
On prélève 50 ml du mélange, auquel on ajoute 200 ml d’eau distillée, 1,5 ml d’acide
orthophosphorique (H3PO4) et quelques gouttes de l’indicateur ferroine. Les échantillons sont
titrés en retour par sulfate ferreux ammoniacal (FeSO4, (NH4)2 SO4, 6H2O) ou sel de Mohr
N/2. La titration de l’excès de bichromate prend fin lorsque la couleur vire au violet.
On fait la même chose avec un témoin de façon à obtenir la différence (témoin : sol passé au
four à 550°C pendant 4 heures) [76].
Pour le calcul de la concentration en carbone organique on applique l’équation suivante :
C (%) = (V’ – V) × 0,3 où :
90
V’ : volume de (FeSO4, (NH4)2 SO4, 6H2O) (mL) ajouté pour titrer le témoin ;
V : volume de (FeSO4, (NH4)2 SO4, 6H2O) (mL) ajouté pour titrer l’échantillon.
A partir de concentration du carbone organique total calculé ainsi, on peut déduire la
concentration en matière organique dans l’échantillon en appliquant l’équation suivante :
MO (%) = COT (%). 1,72 [11].
V.4.3.2 Dosage des hydrocarbures par méthode gravimétrique
Etant donné que l‘échantillon utilisé pour réaliser cette étude été pollués par des
hydrocarbures lourds, on s’est donc contenté de faire une analyse gravimétrique en suivant les
étapes suivantes :
Prendre 5 g de la terre à analyser la mettre dans un appareil soxhlet avec 200 ml de
chloroforme après 8 heures on évapore le solvant et on pèse la capsule.
Reprendre dans 60ml d’hexane et faire passer l’échantillon à travers une colonne
(15*1) rempli de gel de silice activé à 120C° pendant 8 heures et éluer successivement
par :
60 ml d’hexane et récupérer dans une capsule préalablement pesée la fraction
aliphatique ;
60 ml de benzène et récupérer la fraction aromatique ;
60 ml de méthanol et récupérer la fraction polaire.
Après évaporation des solvants on pèse les différentes capsules pour avoir le
pourcentage des différentes fractions [77].
91
V.5 L’étude de la dégradation des hydrocarbures par voie chimique « réactif de Fenton »
Le principal objectif de cette étude est de réhabiliter la terre contaminée grâce à un procédé
d’oxydation avancée, le réactif de Fenton. Quelques études ont déjà montré que ce procédé
était relativement efficace pour réhabiliter des sols fortement contaminés en hydrocarbures.
Nous avons donc recherché des conditions permettant l’oxydation des hydrocarbures de la
terre étudiée en produits éventuellement moins toxiques et plus biodégradables que les
composés parents, le but étant d’augmenter leur biodégradabilité et diminuer leur toxicité vis-
à-vis des microorganismes.
En ce qui suit, nous détaillerons le matériel et méthodes utilisés pour l’application de la
réaction de Fenton sur les échantillons prélevés de la raffinerie.
V.5.1 Prétraitements des échantillons Les échantillons sont séchés et directement broyés au mortier et les particules supérieures à 2
mm éliminées par tamisage. Ensuite ils sont conservés dans un récipient en polypropylène, à
l’obscurité et à température ambiante jusqu’à leur utilisation.
V.5.2 Préparation des milieux réactionnels Toutes les expériences ont été réalisées en respectant les conditions suivantes :
Toutes les expériences ont été réalisées à température ambiante, dans des flacons en
verre avec des bouchons en Téflon de 250 mL. Le rapport liquide/solide=10 était
choisi entre l’échantillon et les solutions de réactif ajouté.
Les différents milieux réactionnels sont préalablement acidifiés par ajout d’acide
sulfurique à 1 mol.L-1 sous agitation jusqu’à pH 3 (le pH étant déterminé avec un pH-
mètre).
La solution mère de fer ferreux à 0,05 mol/l est préparée dans une fiole jaugée (100
mL) par dissolution de la masse appropriée de sulfate de fer heptahydraté (FeSO4,
7H2O) avec de l’eau distillée à pH 3 pour éviter l’hydrolyse des ions ferreux ou
ferriques (ces derniers pouvant être présents sous forme de traces) qui se produit au
dessus de pH 7 et 3,5 respectivement. Puis elles sont transvasées dans un flacon et
stockées à température ambiante. Cependant, ces solutions n’étant pas stables, elles ne
sont pas conservées au-delà d’une heure. En effet, au bout de quelques heures, la
couleur de la solution, initialement bleutée, vire au jaune-vert ce qui est caractéristique
de l’oxydation des ions ferreux en ions ferriques. Par conséquent, les solutions mères
de fer ferreux sont préparées juste avant le début de chaque expérience.
92
La solution mère de peroxyde d’hydrogène à 30% (V/V) est stockée dans des
récipients ambrés car le peroxyde d’hydrogène se décompose rapidement sous l’action
de la lumière.
V.5.3 Application du réactif de Fenton à des suspensions aqueuses de terre polluée
Le réactif de Fenton a été appliqué sur tous les échantillons de la manière suivante :
Un volume donné d’eau bidistillée (20ml) est immédiatement introduit dans le flacon
contenant 6 g de la matrice sèche. Puis le milieu réactionnel est agité avec un barreau aimanté
(flacon ouvert) et le pH est ajusté à 3. Après 30 minutes d’agitation, une solution d’ions
ferreux est ajoutée. Puis, après 3min d’agitation, le volume approprié du peroxyde
d’hydrogène à 30% est ajouté sur 4 doses, par intervalles de 30 min chacun. Ensuite, l’eau
bidistillée est encore ajoutée si nécessaire pour arriver au rapport liquide/solide=10, et le
flacon est fermé pour éviter l’évaporation de la solution.
Au bout de 6 jours d’agitation, la suspension est filtrée et le filtrat est séché dans l’étuve à
60°C pour être analysé.
V.5.4 L’étude de l’effet de quelques paramètres opératoires sur le rendement de la réaction
L’efficacité du système Fenton est fonction de nombreux paramètres tels que les concentrations initiales en ions ferreux et en peroxyde d’hydrogène, les concentrations
initiales en substrats organiques, le pH, la température, la présence d’oxygène moléculaire
dissous, et la quantité de composés inorganiques présents initialement dans le milieu tels que
les ions sulfates ou chlorures.
Pour une concentration initiale en substrats organiques et une température donnée, les
principaux paramètres qui peuvent influer sur l’efficacité du réactif de Fenton et qui ont été
étudiés au laboratoire sont les suivantes :
L’effet du rapport [H2O2]/ [Fe2+]
On a essayé d’optimiser le rapport [H2O2]0 / [Fe2+]0 en fixant la quantité initiale de
peroxyde d’hydrogène, et en variant la quantité de sulfate ferreux ajoutés au milieu
réactionnel. Le tableau V.2 montre les différents mélanges préparés au laboratoire
pour faire cette optimisation.
Tableau V.2: optimisation du rapport [H2O2]0 / [Fe2+]0
Rapport Volume ajouté de Volume ajouté du sel
93
H2O2/FeSO4 H2O2 (ml) ferreux (ml)
5 4 25,114
10 4 12,55
11 4 11,4
16 4 7,85
20 4 6,3
24 4 5,23
L’effet de la concentration initiale en peroxyde d’hydrogène
Après le choix du rapport optimal de [H2O2]0 / [Fe2+]0, l’effet de la concentration
initiale en peroxyde d’hydrogène a été aussi étudié en variant le volume ajouté de ce
dernier entre 2 et 12 ml et en ajoutant le volume correspondant en sulfate ferreux
selon la rapport optimal de [H2O2]0 / [Fe2+]0 choisi.
L’effet du pH
La réaction de Fenton a généralement lieu en milieu très acide pour prévenir la
précipitation des sels de fer en hydroxydes correspondants. Cependant, il y a eu des
études où le réactif de Fenton a été utilisé, d’une manière efficace, sans acidification
du milieu. [54]
De notre part, on a voulu appliquer cette hypothèse sur notre échantillon pour voir son
efficacité en comparant les résultats obtenus avec ou sans modification de pH.
L’effet du type de sel de fer utilisé comme catalyseur de réaction
Il existe plusieurs type de sel de fer qu’on peut utiliser pour accélérer la réaction.
Ainsi, on a comparé l’efficacité de la réaction en utilisant trois sources différentes du
fer dans le milieu réactionnel:
1. Le sulfate ferreux FeSO4.7H2O
2. Le sulfate ferrique Fe2 (SO4)3
3. Les sels de fer qui existent naturellement dans l’échantillon
L’effet du rapport liquide/solide
Le rapport liquide/solide= 10, choisi au début de l’expérience, a été aussi optimisé en le
variant de 3 à 20.
L’effet de l’agitation
94
L’agitation est un paramètre important pour la génération des radicaux hydroxyles
responsables de l’oxydation. Ce paramètre a été mis en évidence en comparant les
résultats obtenus pour des échantillons agités avec ceux qui n’ont pas été agités.
V.5.5 Traitement des suspensions Les principales étapes du traitement des suspensions sont les mêmes. La Erreur ! Source du
renvoi introuvable.V.12 présente le schéma récapitulatif de ces étapes, et celles-ci sont
détaillées ensuite.
Figure V.11 : Schéma récapitulatif des différentes étapes de traitement des suspensions de
la terre traitée.
V.5.5.1 Séparation surnageant / matrice A la fin de chaque expérience, le flacon contenant la suspension de terre mélangée avec le
réactif de Fenton est mise au repos à fin de récupérer le surnageant à l’aide d’une pipette.
Ensuite le flacon est rincé avec de l’eau distillée et le tout est transvasé dans un entonnoir
contenant un papier filtre pour séparer la terre traitée de l’eau de lavage.
V.5.5.2 Traitement des matrices solides
Le papier filtre contenant la matrice est placé dans une étuve (60°C) avant que les culots
séchés ne soient récupérés et homogénéisés dans des cristallisoirs. Les hydrocarbures sont
ensuite extraits par solvant (chloroforme) dans un appareil soxhlet selon les conditions
présentées précédemment (chapitre V.4.3.2).
V.5.5.3 Traitement des surnageants Pour les surnageants aqueux, une analyse du peroxyde d’hydrogène résiduel est réalisée dans
le but de confirmer que la quantité de H2O2 ajoutée au début de chaque expérience est
totalement consommée avant de filtrer l’échantillon et procéder à l’analyse des hydrocarbures.
Le filtrat est séché
à 60°C pendant 24 heures
Analyse H2O2 résiduel sur le
surnageant récupéré
Analyse gravimétrique des hydrocarbures
totaux
Fe2+ puis H2O2
Agitation n jours
95
Principe
On trouve généralement dans le commerce le peroxyde d’hydrogène sous la forme de
solutions aqueuses contenant environ 6%, 12% ou 30% de H2O2, fréquemment connues sous
le nom de solutions à 20, 40 et 100 volumes.
Ces expressions rapportant au volume d’oxygène libéré lorsque la solution se décompose à
l’ébullition. Ainsi, 1ml de H2O2 à 100 V donnera 100 ml de O2, dans les conditions standard
de température et de pression.
La réaction suivante intervient lorsqu’une solution de permanganante de potassium est ajoutée
à une solution de peroxyde d’hydrogène acidifié à l’acide sulfurique :
2MnO4- + 5H2O2 + 6H+ 2Mn2+ + 5O2 + 8H2O
Cette réaction est la base de la méthode d’analyse décrite ci-dessous.
Il est recommandé d’utiliser des solutions relativement concentrées d’acide et d’ajouter assez
lentement le permanganate cela afin d’éviter la formation de dioxyde de manganèse,
catalyseur actif de la décomposition du peroxyde d’hydrogène. Pour des solutions légèrement
colorées, ou pour des titrages par le permanganate dilué, il est également recommandé
d’utiliser la ferroine comme indicateur. Certaines substances organiques peuvent gêner le
dosage. L’observation d’une certaine tendance du permanganate à ce décolorer après le point
d’équivalence signale la présence d’autres agents réducteur. Dans ce cas l’iodométrie est
préalable.
Procédure
10 ml de la solution à analyser est transférée dans un erlenmeyer, diluer et acidifiée en
ajoutant respectivement 20 ml d’eau distillée, 10 ml d’acide sulfurique à 0,1 mole/l.
Ensuite la solution ainsi préparée est titrée par une solution de permanganate de potassium à
0,02 mole/l jusqu’à l’obtention d’une couleur rose, faible mais persistante [78].
96
VI Résultats et discussions VI.1 Caractérisation physicochimique de la terre polluée La caractérisation du sol pollué a été effectuée en utilisant les différentes méthodes décrites
dans la partie "Matériels et méthodes". Le Tableau-VI.1 reprend les résultats obtenus. Tableau VI.1: caractéristiques physicochimique du sol pollué étudié
Paramètre Résultat d’analyse
Granulométrie Limon fin 1% Limon grossier 4% Argile 7% Sable fin 5,08% Sable grossie 84,13%
Carbone organique total 3,21%
Matière organique 5,52%
Hydrocarbures Hydrocarbures totaux 4,6145 % Fraction aliphatique 2,3435% Fraction aromatique 0,2439% Fraction polaire 1,1845%
pH pHeau = 7,82
pHKCl =7,47
conductivité 173µs/cm
azote total 0,15%
phosphore total 0,01%
Fer 0,43%
Germes totaux 4,8 105 UFC/g
D’après le tableau VI.1 on remarque que :
La valeur du pH du sol montre que le sol est neutre ;
L’analyse granulométrique montre que la fraction prépondérante est celle du sable
(plus de 89%). Le sol étudié est donc classé comme sol très sableux ;
Le sol contient 5,52 % de matière organique cette valeur est proche de la concentration
des hydrocarbures totaux qui est de 4,61 % ce qui signifie que la quasi-totalité du
matière organique est issue des hydrocarbures présent dans le sol ;
Quant aux nutriments, et d’après les analyses du phosphore et de l’azote total, on
remarque que le sol est pauvre en nutriments, ce qu’il n’est pas favorable pour
97
l’activité microbienne et par conséquent diminue leur pouvoir à dégrader les
hydrocarbures présents dans ce sol.
VI.2 Analyses microbiologiques
VI.2.1 Identification des colonies isolées du milieu PCA L’isolement des colonies issues de la terre polluée étudiée selon le protocole présenté dans le
chapitre précédent a permis de mettre en évidence six isolats majoritaires.
Les caractéristiques morphologiques et physiologiques de ces isolats sont résumées dans le
tableau suivant : Tableau VI.2: description des colonies isolées du milieu PCA
Colonie Taille Forme Contour Epaisseur Aspect Couleur Gram Mobil
1 1 à 2mm Circulaire régulier Bombé Lisse
Opaque Crémeuse
Verte
Bacille Gram
- +
2 2 à 3mm Circulaire régulier Bombé Lisse
Opaque Translucide
Blanche Coque Gram
+ -
3 2 à 3mm Circulaire régulier Bombé Lisse
Crémeuse Opaque
Jaune Coque Gram
+ -
4 2 à 3mm Circulaire régulier Bombé Lisse
Muqueuse Opaque
Verte vers le jaune
Bacille Gram
- +
5 2 à 3mm Circulaire régulier Bombé Lisse
Crémeuse transparente
Verte odeur de jasmin
Bacille
Gram -
+
6 7mm Ovale ou circulaire Plissé Plate
Translucide Brillante Grasse
Beige Bacille Gram
+ -
Chacun des 6 isolats mis en évidence par cette méthode subissent, ensuite, des tests
biochimiques dans le but de les identifier. Ainsi, les isolats N° 2, 3 et 6 qui sont des bactéries
Gram positif, sont soumis au test de catalase pour les différencier. (Voir tableau VI.3)
Quant aux isolats caractérisés pour être des bacilles Gram négatif, ils sont soumis au test
d’oxydase pour séparer les entérobactéries des pseudomonas. Ensuite, les étapes suivantes
sont suivies :
1. Les bacilles Gram négatif et oxydase négative sont soumis à une galerie biochimique
destinée à séparer entre les entérobactéries ; (voir tableau VI.4)
2. Les pseudomonas sont ensemencés sur les milieu King A et King B pour les
différencier en mettant en évidence les pigments produits par ces derniers (tableau
VI.5)
98
Tableau VI.3 : Les résultats du test de catalase
Colonie Observation microscopique Test de catalase Diagnostique
2 Cocci en chainette + Streptocoque
3 Cocci en ams - staphylocoque
6 Bacilles sous forme de lettres d'alphabet + corynebacterium
Tableau VI.4: Les résultats de la galerie biochimique réalisée sur les bacilles à Gram négatif
Colonie Lac Glu H2S Gaz Urée Indole Citrate TDA Oxydase Diagnostique
1 - + + - - + + + - Proteus mirabilis
4 + + - - - + + - - Echerichia coli
5 + + - - - - + - + Pseudomonas
Tableau VI.5: le mode opératoire de l’utilisation et la lecture des milieu King A et B [79] Noms des milieux
Composition Aspect initial et mode d’ensemencement
Aspect après au moins 24h à 30°C
Résultats interprétations
King A Peptone de gélatine Glycérol Sulfate de potassium Chlorure de magnésium Agar
Inoculer un tube de milieu A et un tube de milieu B en faisant une strie médiane à la surface de la gélose avec une anse de culture prise dans un
Culture colorée en bleu-vert (pyocyanine) et parfois en brun-rose (pyorubrine). En cas de doute, prélever l’eau de condensation à la pipette pasteur et verser 0,5ml de chloroforme sur la pente du milieu. Laisser 5 à 1à mins en position inclinée. La pyocyanine colore le chloroforme en bleu
Si présence de pyoyanine, on identifie pseudomonas aeruginosa
King B Polypeptone Glycérol Phosphate bipotassique Sulfate de magnésium agar
bouillon ou sur une gélose Replacer la capsule sur chaque tube sans le revisser
Culture colorée en vert fluorescent (pyoverdine)
Présence de pyoverdine caractéristique de : pseudomonas aeruginosa pseudomonas fluorescens pseudomonas putida
Remarque
Pour la souche de pseudomonas isolée à partir de notre échantillon il y a eu production des
deux pigments et pour la recherche des décarboxyalses, pour la même souche, on a eu comme
résultat : ADH+, ODC- LDC-, donc c’est une pseudomonas aéroginesa
99
VI.2.2 Identification des colonies isolées du milieu Sabouraud Le tableau-VI.6 résume les résultats de l’identification, par observation microscopique, de
l’ensemble des champignons qu’on a pu isoler à partir de la culture d’une suspension de la
terre polluée réalisée sur la gélose sabouraud. Tableau VI.6: description des colonies isolée sur milieu Sabouraud
Cette étude microbiologique a été faite dans le but de sélectionner des souches microbiennes
capables d’améliorer le processus de dégradation des hydrocarbures présents dans
l’échantillon étudié. Parmi les souches qu’on a isolée, les souches suivantes on été
sélectionnées pour être utilisées dans le traitement biologique : Pseudomonas aéroginosa et
Corynébaccterium.
Ce choix a été basé sur les critères suivants :
Les souches sélectionnées sont des bactéries, et on a préféré utiliser les bactéries et
non pas les champignons pour éviter d’acidifier le milieu, car les champignons même
s’ils sont performants aussi bien que les bactéries pour la dégradation des
hydrocarbures, mais ils nécessitent un pH acide pour un meilleur rendement du
traitement et on voulait travailler sans effectuer aucun changement ni de pH ni de
température du milieu.
Parmi les bactéries isolées pseudomonas aéroginosa et corynébaccterium sont les plus
connues pour être utilisées dans le traitement des sols pollués par des hydrocarbures à
cause de leur production de biosurfactants qui vont solubilisés les hydrocarbures
hydrophobes adsorbés sur les particules du sols et les rendant, par conséquent, plus
disponibles pour les autre bactéries et faciliter, par la suite, leur dégradation.
Colonie Couleur Forme Aspect macroscopique
Aspect microscopique Diagnostique
1 verte
Circulaire
Bombé Rigoureuse
Aspergillus
2 Beige
Circulaire Plate
Rigoureuse
Microsporum
3 Blanche
Ovale ou circulaire
Plate Rigoureuse
Candida
100
On a donc ajouté ces souches dans le bioréacteur après leur ensemencement dans un bouillon
nutritif pendant 17 heures où leur concentration est arrivée à 108UFC/ml ensuite les milieu
sont centrifugés et le culot contenant les jeunes cellules est ajouté au bioréacteur, pour
augmenter la quantité de ces deux genre de bactéries dans les bioréacteurs.
VI.3 Résultats d’étude de la dégradation des hydrocarbures par voie biologique
VI.3.1 Le rabattement des hydrocarbures dans les bioréacteurs en fonctions des conditions expérimentales
Le chloroforme utilisé pour l’extraction des hydrocarbures, dans cette étude, permet la
récupération des différentes fractions du fioul lourd, qui contamine le sol, y compris les
hydrocarbures aliphatiques, aromatique, les résines et les asphalthènes et certaines molécules
polaires provenant du sol et du contaminant lui-même.
La figure-VI.1 montre l’évolution de la concentration des hydrocarbures en fonction du temps
dans les bioréacteurs réalisés au laboratoire afin d’étudier les effets des conditions
physicochimiques sur les taux d’éliminations des hydrocarbures.
05
101520253035404550
Avant 2 jours 5 jours 10 jours 15 jours 21 joursTemps (jours)
HC
(g/k
g de
sol)
Sans ajout denutrimentsAvec ajout denutrimentsajout de nutrimentset de bactéreis
Figure VI.1 Evolution du pourcentage en hydrocarbures totaux en fonction du temps
Selon cette figure on constate que :
Dans la première expérience, où le sol a été mélangé avec de l’eau distillée et pour
assurer l’aération du milieu, le mélange a été agité pendant 21 jours sans ajout de
nutriments. L’analyse des hydrocarbures durant cette expérience montre que la
concentration de ces derniers a diminué de 46,1g/Kg à 30,9g/Kg à la fin de
l’expérience. Cela veut dire que sous conditions aérobies les microorganismes du sol
ont utilisés les nutriments d’origine biogéniques (sources organiques et minérales de
nutriments dans le sol) pour assimiler une partie des hydrocarbures présents dans le
101
sol. Le faible rendement de cette expérience peut être expliqué par la carence en
nutriment (azote et phosphore) qui caractérise le sol selon le tableau-VI.1 qui
représente les caractéristiques physicochimiques du sol.
L’addition des nutriments et du glucose qui est une source d’énergie, dans la deuxième
expérience, a augmenté, d’une façon significative, la dégradation du contaminant.
Ainsi, la concentration en hydrocarbures dans le sol est passée de 46,1g/Kg au début
de l’expérience à 20,5g/Kg après 21 jours d’incubation.
Pour la troisième expérience, la combinaison de l’ajout des nutriments et des souches
isolées (à partir du sol pollué lui-même) a permet de réduire la concentration des
hydrocarbures à 10,9g/Kg en fin d’expérience, avec un rendement de traitement de
76% par rapport à 33% et 55% pour la première et la deuxième expérience
respectivement.
On remarque aussi que, il n’y avait pas une minéralisation complète des
hydrocarbures, car plus de 25% de la quantité initiale du contaminant existe encore
même après l’ajout des souches bactériennes. Cette fraction qui persiste encore est
constituée d’hydrocarbures difficilement biodégradables, et leur minéralisation
nécessite un temps plus long que les 21 jours de l’expérience (des mois).
VI.3.2 L’évolution de la matière organique dans les bioréacteurs Les résultats d’analyse de la matière organique pour les trois expériences sont schématisés
dans la figure-VI.2
2
2,5
3
3,5
4
4,5
5
5,5
6
Avant 2 jours 5 jours 10 jours 15 jours 21 joursTemps (jours)
Con
cent
ratio
n en
MO
(g/1
00g
de so
l)
Sans ajout de nutriments
Avec ajout de nutriment
avec ajout de nutrimentset souches
Figure VI.2: Evolution de la matière organique en fonction du temps
102
La diminution de la concentration en matière organique suit, d’une manière générale, la
diminution de la concentration en hydrocarbures. On remarque que cette diminution était de
l’ordre de 42% pour le sol fertilisé avec ou sans ajout de souches bactérienne par rapport à
27% seulement pour l’expérience réalisée sans ajout de nutriments ni des souches
bactériennes.
VI.3.3 La composition des classes d’hydrocarbures après traitement biologique
Pour étudier la dégradation des composés aliphatiques du fioul qui contamine le sol, une
comparaison a été réalisée entre la composition des hydrocarbures du sol au début de l’étude
(0 jours) et à la fin des expériences (21 jours).
L’analyse par chromatographie liquide a permet l’extraction des hydrocarbures aliphatiques
en utilisant l’hexane comme solvant. Cette analyse a permis de détecter une concentration de
23,4g/Kg de ces composés au début de l’étude.
0,0000
5,0000
10,0000
15,0000
20,0000
25,0000
Avant 2 jours 5 jours 10 jours 15 jours 21 jours
Temps (jours)
Frac
tion
alip
hatiq
ue (g
/Kg)
Ajout de nutriments
Ajouts des nutrimentset des souches
Figure VI.3: Fraction aliphatique
L’ajout des souches bactériennes au sol fertilisé, a eu un effet positif sur la dégradation des
composés aliphatiques. En effet, on a enregistré un maximum de dégradation de 89% pour ces
composés après l’ajout des souches par rapport à 60% pour le sol où on a juste ajouté les
nutriments.
103
0,0000
0,5000
1,0000
1,5000
2,0000
2,5000
3,0000
Avant 2 jours 5 jours 10 jours 15 jours 21 joursTemps (jours)
Frac
tion
arom
atiq
ue (g
/Kg)
Ajout des nutriments
Ajout des nutrimentset des souches
Figure VI.4: Fraction aromatique
Au contraire de la fraction aliphatique, le taux de dégradation des composés aromatiques,
comme le montre la figure VI.4, n’a pas dépassé 4% pour le sol additionné de nutriments. Ce
résultat nous conduit a pensé à cette hypothèse :
Les composés aromatiques sont divisés en deux groupes distincts : les hydrocarbures
aromatiques monocycliques et les hydrocarbures aromatiques polycycliques. Le premier
groupe est connu pour être volatil et rapidement biodégradable, s’il est présent en faible dose
dans l’échantillon, alors que le deuxième est, au contraire, résistant vis-à-vis de la
biodégradation, aux conditions ordinaires, à cause de sa forte adsorption sur les particules
du sol et aussi sa structure très complexe. Et puisque la pollution du sol étudié date depuis
deux ans donc théoriquement l’existence de composé monoaromatique dans ce sol est
impossible, et on peut dire que la fraction aromatique qu’on a détectée, par chromatographie
liquide, est constituée de composés polyaromatiques et que les microorganismes qui existent
dans le sol n’ont pas pu dégrader cette fraction.
Pour confirmer cette hypothèse on a suivi l’évolution de la fraction aromatique avant et après
l’ajout des souches bactériennes dans le souci de voir si l’ajout de ces derniers aura un effet
positif sur la dégradation de cette fraction.
Suivant les résultats du test avec ajout des souches bactériennes, la fraction aromatique était
sujette de biodégradation dans ce test car 20% de cette fraction a été éliminé à la fin de
l’expérience. Néanmoins, ce pourcentage est nettement inférieur à celui obtenu pour la
fraction aliphatique durant le même test, ce qui nous a conduit à dire que l’hypothèse,
proposée ci-dessus, est juste car malgré l’ajout des souches la fraction aromatique est encore
résistante vis-à-vis de la biodégradation.
104
0,00
1,00
2,00
3,00
4,00
5,00
6,00
Avant 2 jours 5 jours 10 jours 15 jours 21 jours
Temps (jours)
Frac
tion
pola
ire
(g/K
g)
Ajout des nutriments
Ajout des nutriments etles souches
Figure VI.5: Fraction polaire
Pour la fraction polaire, une augmentation remarquable de 63% a été observée dans cette
fraction pour l’essai réalisé avec ajout de nutriments, mais lorsque les souches bactériennes
ont été ajoutées, on a remarqué une diminution de cette fraction durant les deux premiers
jours de 1,8g/Kg à 0,7g/Kg avant d’augmenter à nouveau pour atteindre la valeur de 2,7g/Kg
qui correspond à une augmentation de 33% par rapport au début de l’expérience.
La diminution observée concernant la fraction polaire durant les deux premiers jours pour le
sol fertilisé après ajout des souches peut être le résultat de la contribution de ces derniers dans
le processus de dégradation d’une partie de cette fraction
L’augmentation permanente de la même fraction observée durant l’expérience réalisée avec le
sol enrichis en nutriments et à la fin de l’expérience réalisé avec ajout de souches vient
comme résultat de l’accumulation des composés polaires non biodégradables et les
métabolites intermédiaires non assimilés par les microorganismes du milieu.
L’augmentation de la fraction polaire durant la biodégradation d’un mélange complexe
d’hydrocarbures, était également rencontrée dans d’autres expériences de dégradation.
Huesemann et Moore rendent cette augmentation à la formation d’une biomasse qui
accompagne la biodégradation des hydrocarbures. Chaîneau et al rapportent aussi que des
métabolites polaires étaient produits, durant la biodégradation, par les microorganismes
dégradeurs d’hydrocarbures présents dans le milieu. La fraction polaire est, généralement,
composée de résines et de composés hétérocycliques, la toxicité de ces résidus est faible, ce
qui favorable parceque ces composés sont très stables [80].
105
VI.3.4 Suivi de l’activité bactérienne dans les bioréacteurs
VI.3.4.1 Le dénombrement des germes totaux L’échantillon de sol contaminé contient 4,8 105 UFC/g de microorganismes indigènes
lorsqu’il est ensemencé sur milieu solide nutritif. Le nombre de germes totaux a été comparé
pour un échantillon de sol avant et après ajout des nutriments et du glucose dans le
bioréacteur pour voir l’effet de ces derniers sur la croissance de la microflore naturelle du sol.
0,00E+00
1,00E+15
2,00E+15
3,00E+15
4,00E+15
5,00E+15
6,00E+15
7,00E+15
8,00E+15
9,00E+15
2 jours 5 jours 10 jours 15 jours 21 joursTemps (jours)
Nom
bre
de c
ellu
les
(UFC
/ml)
Sans ajout denutriments
Ajout desnutriments
Ajout desnutriments etdes souches
Figure VI.6 Le nombre de germes totaux dans les différents réacteurs biologiques
Selon les renseignements apportés par la figure VI.6, après l’ajout des nutriments et du
glucose, le dénombrement de germes totaux réalisé sur 1ml prélevé du bioréacteur montre une
augmentation du nombre de germes qui a atteint après 21 jours la valeur 3 1014 UFC/ml.
Cette augmentation est due principalement à l’ajout du glucose qui est une source de carbone
et facilement assimilable par les microorganismes du sol et qui a permis l’augmentation et la
multiplication du nombre de germes qui utiliseront en plus du glucose les nutriments ajoutés
(azote et phosphore) pour la formation des nouvelles cellules. Après la consommation
complète du glucose qui existe dans le milieu les hydrocarbures présents seront ensuite
utilisés comme source de carbone ce qui implique la dégradation de ces polluants et leurs
diminution dans le milieu.
Selon la figure VI.6, on constate aussi que pour l’expérience réalisée sur le sol fertilisé avec
ajout des souches bactérienne le nombre de germes à la fin de l’essai était 8 1015UFC/ml. Celà
implique que l’ajout des souches a augmenté le nombre total de germes dans le milieu et par
conséquent il a accéléré d’avantage le processus de biodégradation puisque les souches
ajoutées sont supposées être des bactéries capables d’assimiler les hydrocarbures qui polluent
le milieu, et c’est dans ce but qu’on a pensé augmenter leur concentration dans le milieu.
106
VI.3.4.2 Le dégagement de CO2 L’activité microbienne a été également évaluée à travers la mesure du CO2 à la sortie des
réacteurs biologiques en utilisant des cartouches remplies de NaOH comme piège. La figure
VI.7 représente la quantité de CO2 émise par jour déterminé après la pesée de ces cartouches.
0,00
2,00
4,00
6,00
8,00
10,00
12,00
2 jours 5 jours 10 jours 15 jours 21 jours
Temps (jours)
CO
2 dé
gagé
(g/j)
Ajout desnutriments
Ajout desnutriments etdes souches
Figure VI.7: Dégagement du CO2
Selon cette figure on remarque que la quantité de CO2 émise était légèrement supérieure dans
le cas du sol fertilisé après ajout des souches bactériennes avec une valeur de 11 g de CO2
après 21 jours d’incubation par rapport à 10 g pour le sol fertilisé avant l’ajout des souches.
Ce résultat est en cohérence avec celui obtenu pour le dénombrement des germes totaux qui a
montré que le nombre de germe était légèrement supérieur pour l’essai avec ajout des souches
par conséquent l’activité biologique (émission CO2) était plus importante dans ce cas, et le
rendement du traitement était aussi meilleur.
VI.3.4.3 Le pH
La connaissance du pH durant les expériences est indispensable car, l’évolution du potentiel
d’hydrogène (PH) renseigne sur l’état de décomposition des matières organiques. En plus le
PH est un facteur de croissance concernant le traitement biologique; ce dernier doit présenter
des limites (PH compris entre 6,5 et 8,5) indispensables pour maintenir le milieu en équilibre.
D’après les résultats figurants sur le schéma-VI.8, on remarque que les valeurs au niveau des
différents réacteurs et pour les trois expériences ne montrent pas de grandes différences.
Seulement pour l’expérience réalisée sur le sol enrichi en nutriments la valeur du pH, vers la
fin de cette expérience est plus élevée que celle observée pour les deux autres. Néanmoins,
cette augmentation de pH reste dans la norme qui est de 8,5.
107
6,00
6,50
7,00
7,50
8,00
8,50
9,00
2 jours 5 jours 10 jours 15 jours 21 joursTemps (jours)
pH
sans ajout de nutriment
nutriments ajoutés
nutriments +bactéries
Figure VI.8: la variation du pH dans les bioréacteurs durant les 21 jours d’incubation
VI.3.4.4 Température
Exprimée en degré Celsius, la température est un facteur important pour les différentes
réactions chimiques et notamment leur vitesse de réaction. Le traitement biologique du sol
étudié, faisant intervenir des organismes vivants en l’occurrence des bactéries, est inhibé du
fait d’une température trop élevée ou trop basse. La température dans les réacteurs
biologiques doit être maintenue à température ambiante et sans dépasser 40°C pour ne pas
causer le ralentissement de la croissance bactérienne ainsi que son métabolisme et par là
même son rôle de dépollueur.
La figure-VI.9 nous renseigne sur la variation de la température. Durant les trois expériences
la température était entre 15 et 20°C, ces valeurs sont légèrement basses pour un traitement
biologique en général.
0,00
5,00
10,00
15,00
20,00
25,00
2 jours 5 jours 10 jours 15 jours 21 joursTemps (jours)
Tem
péra
ture
(°C
)
Sans ajout de nutriment
avec ajout des nutriment
Ajout des nutriments et dessouches
Figure VI.9 : La variation de la T° dans les bioréacteurs durant les 21 jours d’incubation
108
VI.4 L’effet des différents paramètres opératoires sur le rendement du traitement de la pollution par le procédé Fenton
VI.4.1 Le pH Le pouvoir oxydoréducteur d’un couple peut être modifié par différents facteurs : acidité du
milieu, précipitation, complexation, etc. Il a été montré dans la partie bibliographique que les
variations de pH affectaient le comportement des réactifs (FeII/III, H2O2). Dans ce contexte,
on se propose ici d’étudier l’influence de la valeur du pH sur l’efficacité de l’oxydation des
hydrocarbures pour le procédé Fenton.
Pour cela 6 g de terre polluée sont traités par le réactif de Fenton pour deux valeurs de pH, le
premier fixé à 3 par ajout d’acide sulfurique et le deuxième essai a été réalisé sans ajustement
du pH.
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
avant 24 heures 48 heures 3 jours 4 jours 5 jours 6 jours
Temps (heures)
Con
cent
ratio
n H
C (%
)
PH 3 agitéPH7 agité
Figure VI.10: Effet du pH du milieu sur la minéralisation des hydrocarbures
Les résultats obtenus dans les conditions opératoires présentées ci-dessus indiquent que la
dégradation des hydrocarbures par les radicaux hydroxyles générés par réaction de Fenton, est
favorisé à pH 3 où 83% des contaminants ont été éliminé par rapport à 75% pour les
hydrocarbures oxydés dans les mêmes conditions mais sans ajustement du pH.
La modification du pouvoir oxydo-réducteur par complexation des formes rédox du fer en
fonction du pHpermet d’expliquer en partie la diminution du rendement de la réaction. En
effet, pour des pH > 3, la dégradation des polluants décroît suite à la formation de complexes
ferrique hydroxo Fe(OH)3 amorphes et oxyhydroxides ferrique :
Fe3+ + 3H2O Fe(HO)3 + 3H+
Ces particules s’agrègent pour former un précipité à partir de Fe(OH)3 et leur concentration
augmente avec le pH. La précipitation des particules colloïdales Fe(OH)3 est confirmée
expérimentalement par l'apparition d’une turbidité de coloration brune dans les suspensions
109
de sol préparées dans le test réalisé sans modification du pH. Suite à la précipitation, les
concentrations d'espèces libres du fer diminuent fortement en solution, ce qui restreint les
capacités de production des radicaux HO• à partir de la réaction de Fenton et bloque la
réaction de régénération de Fe2+ à partir de Fe3+ libre, selon les réactions suivantes :
Fe3+ + H2O2 [FeIII(HO2)]2+ + H+
[FeIII(HO2)]2+ Fe2+ + HO2.
[FeIII(HO2)]2+ + [FeIII(HO2)]2+ 2Fe2+ + O2 + H2O
De plus, pour des pH > 4, le peroxyde d’hydrogène est instable et se décompose en O2 et H2O
tout en perdant ses capacités d’oxydation ; ce taux de conversion augmente avec le pH.
De même le potentiel d’oxydation du radical HO• est connu pour diminuer avec la hausse du
pH.
De l'observation des effets du pH sur la cinétique de décomposition des hydrocarbures, on
peut conclure que le procédé Fenton est plus performant à pH = 3, car le peroxyde
d’hydrogène et le fer ferreux, plus stables à ce pH, peuvent établir un meilleur système rédox
catalytique. Par conséquent, la diminution du pH sera très utile quand il sera nécessaire
d’effectuer, en urgence, un traitement ex situ d’une terre polluée dans un temps réduit. Mais,
l’ajustement du pH pour les applications in situ sera difficile et compliqué en utilisant les
outils technologiques pour la réhabilitation des couches profondes du sol, ce qui diminuera le
rendement du traitement. En plus, une variation soudaine du pH dans le sol peut avoir un effet
désagréable sur la communauté microbienne du sol et ralentit, par la suite, le processus de
biodégradation et la minéralisation complète de la quantité résiduaire des hydrocarbures ainsi
que les produits résultant de l’oxydation. Par conséquent, le traitement des sols en utilisant
les méthodes de remédiations in situ sera plus intéressant si on l’effectue au pH naturel
puisque même sans modification du pH on a comme même 75% de la quantité initiale
d’hydrocarbures éliminés, suivant les résultats de notre étude.
VI.4.2 L’agitation Pour voir la possibilité de l’application du système de H2O2 catalysé par le fer ferreux pour le
traitement des sols contaminés in situ ou sur site. On a comparé les résultats d’un traitement
réalisé au laboratoire avec ou sans agitation.
Selon la figure VI.11, on constat que l’introduction de l’agitation sur le système permet
d’augmenter le rendement du traitement de 42%, pour le système non agité, à 84% pour celui
agité constamment jusqu’à la fin de la réaction.
110
Ce phénomène peut être expliqué par le fait que les radicaux hydroxyles sont connus pour être
réactifs avec la matière organique lorsque ces deux derniers sont en contact direct. En plus, il
est aussi connu que les polluants organiques (hydrocarbures dans notre étude) sont souvent
adsorbés sur les particules du sol ou sur la matière organique du sol et ils sont aussi
hydrophobes donc peu ou insoluble dans la phase aqueuse. L’agitation vigoureuse, dans ce
cas, améliore le taux de dégradation des polluants en fragmentant le sol à de fines particules
et en les dispersant dans tout le volume du réacteur ce qui facilite la mise en contact des
polluants avec les radicaux hydrolyles et améliore par conséquent les conditions pour une
oxydation plus rapide des contaminants.
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
avant 24 heures 48 heures 3 jours 4 jours 5 jours 6 joursTemps (heures)
Con
cent
ratio
n H
C (%
)
PH 3 agité
PH3 sansagitation
Figure VI.12 : Effet de l’agitation du milieu sur la minéralisation des hydrocarbures
VI.4.3 L’effet de la concentration initiale en fer ferreux Les quantités de radicaux HO• générés par la réaction de Fenton dépendent des paramètres
expérimentaux, notamment la concentration de fer et son rapport avec la concentration en
peroxyde d’hydrogène. Afin de déterminer le rapport [H2O2]/ [Fe2+] le plus adapté à la
dégradation des hydrocarbures présents dans l’échantillon de sol contaminé. Des échantillons
de sol sont traités par le réactif de fenton en milieu acide (pH 3) en présence de sel de fer
ferreux (FeSO4.7H2O) à des concentrations variables pour un volume de solution de 60 mL
en réacteur et avec 4ml de H2O2 pour chaque concentration de sel ferreux. Les résultats
d’analyse des hydrocarbures à la fin de l’expérience sont illustrés dans la figure suivante :
111
0
5
10
15
H2O2/Fe2+
HC (g/Kg) 13,291 9,998 11,642 13,312 13,306
5 10 16 20 24
Figure VI.13 : Effet du rapport [H2O2]/ [Fe2+] sur la minéralisation des hydrocarbures
On peut constater sur cette figure que la quantité d’hydrocarbures dégradée varie avec la
concentration initiale en fer ferreux. Le traitement de la terre polluée est plus efficace en
augmentant la concentration en fer ferreux avec un maximum de dégradation égale à 78%
lorsque le rapport entre le peroxyde d’hydrogène et la concentration en Fe(SO4) ajoutés était
égale à 10. Mais, quand on a augmenté encore la quantité de sel ferreux ajouté pour avoir un
rapport égale à 5 entre H2O2 et FeSO4, le rendement du traitement a diminué à 71%.
Cette diminution est due au piégeage des radicaux hydroxyle par les ions ferreux, lorsqu’ils
sont en excès dans le milieu par rapport aux radicaux OH., selon la réaction suivante :
Fe2+ + .OH Fe3+ + OH.
Par conséquent, les radicaux hydroxyles seront consommés suivant cette réaction et ne seront
donc pas disponibles pour la dégradation des polluants.
Selon les résultats de cette expérience, on peut conclure que la réaction de Fenton est
favorisée lorsque le sel de fer est ajouté avec des quantités modérées, en présence d’un excès
de peroxyde d’hydrogène. Ce qui est favorable pour diminuer le coût du traitement et aussi
pour l’environnement car, l’utilisation du sel de fer dans le traitement avec de faibles
quantités, diminue la quantité de fer libérés dans l’environnement lorsque le sol traité est
remis à la nature, puisque le sel de fer est utilisé ici comme catalyseur donc, il n’est pas
consommé dans le réaction.
VI.4.4 L’effet de la concentration initiale en H2O2 D’après les résultats de l’expérience précédente on a trouvé que le rapport optimal de [H2O2]/
[Fe+2] est égale à 10.
Pour l’optimisation de la concentration du peroxyde d’hydrogène nécessaire pour avoir un
rendement maximal de dégradation des hydrocarbures, on a préparé des suspensions de la
112
terre polluée dans une solution aqueuse contenant le réactif de fenton avec des concentrations
variables de H2O2 auxquelles on a ajouté la quantité correspondante en sel de fer pour arriver
au rapport optimal qui est de 10.
Les conditions opératoires sont illustrées dans le tableau-VI.7 et les résultats d’analyse des
hydrocarbures à la fin de cette l’expérience sont schématisés dans la figure VI.14. Tableau VI.7: Les volumes initiaux de H2O2 et Fe+2 ajoutés dans les réacteurs
Volume ajouté de H2O2 (ml)
Volume ajouté du sel ferreux (ml)
2 6,29
4 12,55
6 18,83
8 25,11
10 31,39
12 37,67
0
5
10
15
20
H2O2 (ml)
HC (g/Kg) 16,4 13,32 9,998 8,131 9,994 10,19 11,67
1 2 4 6 8 10 12
Figure VI.15: Effet de la concentration initiale de H2O2 sur la minéralisation des hydrocarbures
L’augmentation de la quantité ajoutée du peroxyde d’hydrogène de 1 à 6 ml permet
l’élimination de 84% de la quantité initiale d’hydrocarbures. Par contre, l’augmentation
continu du volume de H2O2 ajouté au delà de 6 ml n’apporte aucun avantage au rendement du
traitement et quant le volume ajouté dépasse 10 ml on remarque une diminution de 10% pour
le rendement du traitement. Donc, la dégradation des contaminants augmente en fonction de
la quantité de peroxyde d’hydrogène ajouté, cependant l’ajout d’un volume de ce réactif au-
delà de 6ml conduit au résultat inverse car, dans ce cas le peroxyde d’hydrogène rentre en
compétition avec les composés organiques polluants (hydrocarbures) sur les radicaux
hydroxyles selon les réactions suivantes :
H2O2 + OH. H2O + H O2.
113
H O2. + OH. H2O + O2
OH. + OH. H2O2
VI.4.5 L’effet du type de sel de fer utilisé comme catalyseur Les radicaux hydroxyles sont générés en continu dans le milieu par la mise en place d’un
cycle catalytique dont les ions métalliques sont les principaux acteurs. Le fer est le plus
couramment utilisé pour des critères historiques, environnementaux et économiques.
Dans cette expérience on a étudié l’effet de l’ajout de sel de fer sous forme ferrique et ferreux,
en plus de l’étude de la contribution des sel de fer présent naturellement dans le sol sur le
rendement de la réaction de Fenton.
0
5
10
HC (g/Kg) 12,636 8,131 10,926
sans sel FeSO4 Fe2(SO4)3
Figure VI.16: Effet du type de sel de fer utilisé sur la minéralisation des hydrocarbures
La mesure de la concentration des hydrocarbures à la fin de cette expérience a montré que :
La réaction de Fenton catalysée par le sulfate de fer ferreux donne un rendement de traitement
meilleur avec 14% de plus que celui obtenu sans ajout de sel de fer. En plus, la vitesse de la
réaction était plus lente dans le cas du traitement sans ajout de fer, cela a été mis en évidence
par la mesure de la concentration résiduelle de H2O2 durant cette expérience.
114
0
0,02
0,04
0,06
0,08
0,1
0,12
0,14
0,16
24H 48H 72H 120H 192HTemps (Heures)
Con
cent
ratio
n H
2O2
(mol
/l) avec sel
sans sel
Figure VI.17: L’évolution de la concentration en H2O2 en fonction du temps et selon le type de catalyseur
ajouté dans le milieu. Selon la figure l’ajout du sel de fer a permis de diminuer le temps de réaction à 3 jours par
contre il a fallut agité la suspension de sol pollué pendant 15 jours avant que la réaction se
termine dans le cas où on a pas ajouté le sel de fer.
Donc, on peut dire que l’ajout du sel de fer améliore le rendement du traitement et diminue le
temps nécessaire pour la réaction, mais il ne faut comme même pas sous estimer la
contribution des sel de fer d’origine naturelle dans la réaction de Fenton, car ils ont permis
d’éliminer 70% des hydrocarbures présent dans la terre polluée étudiée, lorsque cette dernière
a était traitée avec le peroxyde d’hydrogène en l’absence de sulfate de fer, avec un seul
inconvénient qui est le temps prolongé de la réaction.
La figure VI.14 expose aussi les résultats du traitement de la terre polluée en présence de fer
ferrique (Fe2 (SO4)3.5H2O). Selon cette figure, les résultats obtenus montrent que la
substitution de Fe+2 par Fe+3 n’avait pas d’effets substantiels sur le rendement de la
minéralisation des hydrocarbures avec 84% et 80% pour Fe+2 et Fe+3 respectivement. Cela est
du à ce que le fer présent dans la solution passe continuellement de la forme Fe+3 à la forme
Fe+2 qui est nécessaire pour la génération des radicaux hydroxyles selon les étapes suivantes :
1ère étape : hydrolyse de Fe+3 une fois dans la solution selon les réactions suivantes :
Fe+3 + H2O [Fe(OH)]2+ + H+
Fe+3 + 3H2O Fe(OH)3 + 3H+
2ème étape: la formation des complexes:
Fe+3 + H2O2 [FeIII(OH)2]2+ + H+
[FeIII(OH)]2+ + H2O2 [FeIII(OH) (OH)2]+ + H+
115
Leur décomposition moléculaire en Fe+2 et radicaux hydroperoxydes HO2/O-2 :
[FeIII(OH)2]2+ Fe+2 + HO2.
[Fe(OH)2]2+ + [FeIII(OH)]2+ 2 Fe+2 + O2 + H2O
[FeIII(OH) (OH)2]+ Fe+2 + HO2. + H2O
VI.4.6 La dilution L’effet du rapport liquide/solide sur le rendement de la réaction de Fenton, a été également
vérifié durant cette étude. Dans ce but, 6g de terre polluée a été traité avec 6ml de H2O2 à 30%
et 19ml de sulfate de fer à 0,05M et des volumes variables d’eau distillée ont été ajoutés pour
arriver à des rapport L/S qui vont de 7à 16.
0
2
4
6
8
10
12
14
Dilutions
HC (g/Kg) 8,08 8,131 9,694 12,994
L/S=7 L/S=10 L/S=13 L/S= 16
Figure VI.18 : Effet du rapport (liquide/solide) sur la minéralisation des hydrocarbures
Les résultats d’analyse montrent que l’augmentation du rapport liquide solide diminue le
rendement de la réaction. L’explication de ces résultats peut être comme suit :
L’oxydation des polluants organiques par le réactif de Fenton est favorisée par le contact
intime entre le polluant et les radicaux OH. qui doivent être présents en excès dans le milieu
pour minéraliser les contaminants organiques qui se trouvent toujours sorbés sur les particules
solides ou dissous dans la phase non aqueuse. Par conséquent, l’augmentation du rapport L/S
conduit à la dilution de la solution et rend le contact entre le polluant et les radicaux
hydroxyles plus vulnérable et diminue par conséquent le rendement du traitement.
116
CONCLUSION L’objectif de ce mémoire était étudier les paramètres qui ont une influence sur le traitement
des sols par réactifs de fenton et de comparer les résultats obtenus avec ceux obtenus pour le
traitement du même échantillon par traitement biologiques.
Du fait de leur dangerosité pour la santé, de la persistance et de leur fréquence d’occurrence
dans l’environnement, il a été décidé de cibler cette étude sur les sols pollués par les
hydrocarbures.
Une synthèse bibliographique a permis d’appréhender l’ensemble de cette problématique et de
dégager les paramètres qui ont une influence potentielle sur l’efficacité des procédés de
dépollutions choisies. Il a été notamment répertorié que la composition des différentes
fractions du sol, la solubilité des polluants et leur teneur dans les sols, la température, la
quantité d’oxygène, et le pH,… ont une influence sur leur efficacité. Le nombre de ces
paramètres rend les résultats des traitements difficilement prévisibles sur les problématiques
que constituent les sols pollués.
La mise en œuvre d’expérience sur du sol réellement pollué par des hydrocarbures lourds a
montré que le traitement de ce sol pollué était possible par les procédés choisis : le procédé
de Fenton et le traitement biologique par voie aérobie.
Les résultats présentés pour l'analyse des hydrocarbures ont montré que le traitement d’une
terre polluée, était possible par procédé de Fenton et par traitement biologique. La
comparaison des performances des différentes expériences proposées, a établi que :
L’utilisation du fer sous sa forme oxydée ou réduite, était un catalyseur efficace pour
le procédé de Fenton. L'ajustement de la concentration de ce catalyseur permet de
jouer sur les performances du procédé. En effet, une concentration modérée de Fe+2
limite les réactions de compétition consommant les radicaux HO•, HO2• et H2O2 et
favorise ainsi la dégradation des hydrocarbures. Le rapport optimal pour ce type de
procédé a été déterminé à : [H2O2]/ [Fe+2]=10 dans nos conditions expérimentales.
La valeur du pH du milieu joue un rôle important sur les performances du procédé
Fenton, car elle modifie la spéciation du fer et de H2O2. Un pH fixé à 3, stabilise le
catalyseur et le peroxyde d'hydrogène dans le milieu et améliore la minéralisation des
hydrocarbures par le procédé Fenton, alors que pour des pH supérieurs, le fer ferrique
précipite sous forme d'hydroxyde ferrique.
117
L’ajout des nutriments et des souches bactériennes dans le cas du traitement
biologique conduit à une réduction significative de la concentration initiale des
contaminants.
Le suivi de la dégradation des hydrocarbures dans les bioréacteurs peut être réalisé
aussi par le suivi du dégagement du CO2 et le nombre de germes totaux en plus de
l’analyse des hydrocarbures et du carbone organique total.
Le traitement chimique nécessite un temps réduit par rapport au traitement biologique.
On effet, le procédé de Fenton a permet d’éliminer plus de 80% du contaminant en
moins d’une semaine, alors que le traitement biologique a éliminé 76% du
contaminant mais dans un temps plus long (21 jours). Néanmoins, Le traitement
biologique ne perturbe par le milieu à traiter, mais au contraire, améliore les
conditions de biodégradation des polluants, alors que le traitement chimique peut avoir
des effets négatifs du fait qu’il repose sur le principe d’injecter des produits chimiques
dans le milieu agissant avec des mécanismes très complexes et qui peuvent générer
des produits de intermédiaires toxiques beaucoup plus stables dans le temps que les
produits parents. Donc, il faut bien faire attention à ce point et de procéder à
l’identification des produits intermédiaires d’oxydation pour éviter d’apporter une
éventuelle pollution au milieu.
En conclusion, les résultats exposés dans cette partie ont démontré d'une part, que les
hydrocarbures pouvaient être dégradés et minéralisés par des méthodes chimiques ou
biologiques même si l’échantillon est trop polluée et les hydrocarbures sont lourds, et d'autre
part que les performances du traitement pouvaient être optimisées par variation des
paramètres expérimentaux, les principaux étant le pH, la concentration initiale en catalyseur et
en peroxyde d’hydrogène dans le cas du traitement chimique, et pour le traitement biologique
l’ajout des nutriments des souches bactériennes, pH, …
118
Abréviations et symboles Liste des tableaux Liste des figures
INTRODUCTION ............................................................................................................................ 1
PREMIERE PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
I GENERALITE SUR LES HYDROCARBURES .......................................................................... 3
I.1 DEFINITION ET CARACTERISTIQUES ........................................................................................3 I.1.1 Les alcanes ....................................................................................................................3 I.1.2 Les hydrocarbures aromatiques ......................................................................................4 I.1.3 Les hydrocarbures aromatiques polycycliques ................................................................6
I.2 TOXICITE DES HYDROCARBURES.............................................................................................9 I.3 REGLEMENTATIONS .............................................................................................................. 13
II COMPORTEMENT DES HYDROCARBURES DANS LES SOLS ........................................ 15
II.1 LE SOL MILIEU POLYPHASIQUE ......................................................................................... 15 II.2 ORIGINE DES HYDROCARBURES DANS LES SOLS ................................................................ 16 II.3 MOBILITE ET TRANSPORT DES HYDROCARBURES DANS LES SOLS ...................................... 18
II.3.1 Dans la zone non saturée .............................................................................................. 19 II.3.2 Dans la zone saturée ..................................................................................................... 20
II.4 EVOLUTIONS DES HYDROCARBURES DANS LES SOLS A PARTIR DE LA SOURCE ................... 23 II.4.1 Evolution en phase gazeuse .......................................................................................... 23 II.4.2 Evolution en phase aqueuse .......................................................................................... 24
II.5 CONSEQUENCE DE LA POLLUTION DES SOLS POUR L’ENVIRONNEMENT ET LA SANTE ......... 30
III REHABILITATION DES SOLS PAR VOIE BIOLOGIQUE ................................................ 32
III.1 LES SITES CONTAMINES : QU’EST QU’UN SITE CONTAMINE ? ............................................. 32 III.2 REHABILITATION DES SOLS CONTAMINES ......................................................................... 32
III.2.1 Généralités sur les technologies de réhabilitation ...................................................... 32 III.2.2 Le principe de base du traitement biologique « biodégradation » .............................. 33 III.2.3 Mécanismes de biodégradation ................................................................................ 34 III.2.4 Facteurs influençant la faisabilité de la technologie pour la biodégradation des hydrocarbures ........................................................................................................................... 35 III.2.5 Traitement in situ ..................................................................................................... 42 III.2.6 Traitement sur sites .................................................................................................. 43 III.2.7 La biodégradation en « tas » ..................................................................................... 46 III.2.8 Traitement en voie de développement « phytoremédiation » ..................................... 48
IV REHABILITATION DES SOLS PAR VOIE CHIMIQUE ..................................................... 49 IV.1 LE PRINCIPE DES TRAITEMENTS CHIMIQUES ...................................................................... 49 IV.2 LE TRAITEMENT DES SOLS PAR EXTRACTION AVEC DES SOLVANTS ORGANIQUES .............. 49 IV.3 EXTRACTION PAR DES FLUIDES CRITIQUES ........................................................................ 50 IV.4 IMMOBILISATION CHIMIQUE ............................................................................................. 50 IV.5 PROCEDES D’OXYDATION AVANCEE ................................................................................. 50
IV.5.1 Généralités............................................................................................................... 50 IV.5.2 Radicaux hydroxyles ................................................................................................ 51 IV.5.3 Le réactif de fenton dans le traitement des sols pollués par des hydrocarbures .......... 60
119
DEUXIEME PARTIE: ETUDE EXPERIMENTALE
V MATERIELS ET METHODES ................................................................................................. 65
V.1 PRESENTATION DU SITE POLLUE ....................................................................................... 65 V.1.1 Présentation da la raffinerie de Skikda .......................................................................... 65 V.1.2 Localisation de la zone d’échantillonnage: ................................................................... 68
V.2 CARACTERISATION PHYSICO-CHIMIQUE DU SOL ................................................................ 70 V.2.1 Analyse granulométrique ............................................................................................. 70 V.2.2 Détermination du pHeau et pHKCl ............................................................................... 71 V.2.3 Dosage de l’azote Kjeldhal ........................................................................................... 71 V.2.4 Dosage du phosphore total ........................................................................................... 72 V.2.5 Dosage du fer ............................................................................................................... 72 V.2.6 Détermination de la teneur en carbone organique ......................................................... 73 V.2.7 Dénombrement des germes totaux : .............................................................................. 73
V.3 ANALYSE MICROBIOLOGIQUE DE LA TERRE POLLUEE ........................................................ 75 V.3.1 L’observation des microorganismes développés sur les milieux gélosés ........................ 75 V.3.2 Isolement des bactéries ................................................................................................ 79 V.3.3 Identification des bactéries : ......................................................................................... 79
V.4 L’ETUDE DE LA DEGRADATION DES HYDROCARBURES DANS UN REACTEUR BIOLOGIQUE .. 86 V.4.1 Conception et mise au point de l’appareillage expérimental .......................................... 86 V.4.2 Mesure de l’activité microbienne dans les bioréacteurs ................................................. 89 V.4.3 Mesure du taux de composés organiques dégradés........................................................ 89
V.5 L’ETUDE DE LA DEGRADATION DES HYDROCARBURES PAR VOIE CHIMIQUE « REACTIF DE FENTON » ..................................................................................................................................... 91
V.5.1 Prétraitements des échantillons ..................................................................................... 91 V.5.2 Préparation des milieux réactionnels ............................................................................ 91 V.5.3 Application du réactif de Fenton à des suspensions aqueuses de terre polluée ............... 92 V.5.4 L’étude de l’effet de quelques paramètres opératoires sur le rendement de la réaction ... 92 V.5.5 Traitement des suspensions .......................................................................................... 94
VI RESULTATS ET DISCUSSIONS ............................................................................................ 96
VI.1 CARACTERISATION PHYSICOCHIMIQUE DE LA TERRE POLLUEE .......................................... 96 VI.2 ANALYSES MICROBIOLOGIQUES ....................................................................................... 97
VI.2.1 Identification des colonies isolées du milieu PCA .................................................... 97 VI.2.2 Identification des colonies isolées du milieu Sabouraud............................................ 99
VI.3 RESULTATS D’ETUDE DE LA DEGRADATION DES HYDROCARBURES PAR VOIE BIOLOGIQUE 100
VI.3.1 Le rabattement des hydrocarbures dans les bioréacteurs en fonctions des conditions expérimentales ....................................................................................................... 100 VI.3.2 L’évolution de la matière organique dans les bioréacteurs ..................................... 101 VI.3.3 La composition des classes d’hydrocarbures après traitement biologique ................ 102 VI.3.4 Suivi de l’activité bactérienne dans les bioréacteurs ............................................... 105
VI.4 L’EFFET DES DIFFERENTS PARAMETRES OPERATOIRES SUR LE RENDEMENT DU TRAITEMENT DE LA POLLUTION PAR LE PROCEDE FENTON ............................................................................... 108
VI.4.1 Le pH ................................................................................................................... 108 VI.4.2 L’agitation ............................................................................................................. 109 VI.4.3 L’effet de la concentration initiale en fer ferreux .................................................... 110 VI.4.4 L’effet de la concentration initiale en H2O2 ............................................................ 111 VI.4.5 L’effet du type de sel de fer utilisé comme catalyseur ............................................. 113 VI.4.6 La dilution ............................................................................................................. 115
CONCLUSION ............................................................................................................................. 116
120
I GENERALITE SUR LES HYDROCARBURES .......................................................................... 3
Tableau I.1: Grandeurs caractéristiques des BTEX .................................................................4 Tableau I.2: Propriétés physicochimiques des 16 HAP prioritaires ..........................................7 Tableau I.3: Demie-vie des HAP par biodégradation dans le sol .............................................8 Tableau I.4: Cancérogénicité des HAP .................................................................................. 11 Tableau I.5: Toxicité aigue chez daphnia magna de certains alcanes ..................................... 12 Tableau I.6: Normes néerlandaises pour les BTEX ............................................................... 14 Tableau I.7: Les valeurs de constat d'impact française pour les HAP .................................... 14 II COMPORTEMENT DES HYDROCARBURES DANS LES SOLS ........................................ 15
Tableau II.8 Consommation des hydrocarbures en Algérie ................................................... 16 III REHABILITATION DES SOLS PAR VOIE BIOLOGIQUE ................................................ 32
Tableau III.9: Produits métabolitiques issus de la dégradation des alcanes ........................... 36 Tableau III.10:Principales souches bactériennes aérobies qui participent à la dégradation des HAPs .................................................................................................................................... 36 Tableau III.11: Proportions des différentes familles de composés dans les bruts pétroliers .... 37 Tableau III.12: Exemples de bactéries anaérobies dégradant les hydrocarbures aromatiques et aliphatiques .......................................................................................................................... 38 Tableau III.13 : Exemples de résultats obtenus par bioréacteur ............................................. 45 Tableau III.14 : Exemples de résultats de traitements par land farming et compostage .......... 47 IV REHABILITATION DES SOLS PAR VOIE CHIMIQUE ..................................................... 49
Tableau IV.1: Potentiel d'oxydo-réduction (E°) d'agents oxydants en milieu acide (T=25°C) 51 Tableau IV.2 : Principales réactions des ions Cl et SO4
2 en présence du réactif de Fenton. . 58 Tableau IV.3 : Les familles de polluants qui peuvent être dégradés par réactif de Fenton ...... 60 V MATERIELS ET METHODES ................................................................................................. 65
Tableau V.1: Temps de prélèvement à la pipette Robinson d’une profondeur 10 cm à 20°C . 70 Tableau V.2: Optimisation du rapport [H2O2]0 / [Fe2+]0......................................................... 92 VI RESULTATS ET DISCUSSIONS ............................................................................................ 96
Tableau VI.1: Caractéristiques physicochimique du sol pollué étudié ................................... 96 Tableau VI.2: Description des colonies isolées du milieu PCA ............................................. 97 Tableau VI.3: Les résultats du test de catalase ...................................................................... 98 TableauVI.4: Les résultats de la galerie biochimique réalisée sur les bacilles à Gram négatif 98 Tableau VI.5: Le mode opératoire de l’utilisation et la lecture des milieu King A et B ......... 98 Tableau VI.6: Description des colonies isolée sur milieu Sabouraud ..................................... 99 Tableau VI.7: Les volumes initiaux de H2O2 et Fe+2 ajoutés dans les réacteurs .................. 112
121
I GENERALITE SUR LES HYDROCARBURES .......................................................................... 3
FigureI.1:16 HAP de la liste prioritaire de l'US-EPA et l’abréviation communément utilisée 10 II COMPORTEMENT DES HYDROCARBURES DANS LES SOLS ........................................ 15
Figure II.2: Les principaux polluants des sites pollués en Frances ........................................ 18 Figure II.3: Comportement des polluants dans le milieu souterrain ; cas de produit n’atteignant pas la nappe....................................................................................................... 20 Figure II.4: Piégeage et transport des produits dans la zone non saturée ................................ 20 Figure II.5: Comportement d'un produit plus léger que l'eau et qui atteint la nappe ............... 21 Figure II.6: Effet de battement de la nappe sur la lentille de produit flottant .......................... 21 Figure II.7: Comportement d'un produit plus dense que l'eau et qui atteint la nappe .............. 22 Figure II.8: Description schématique des cibles et des voies d'exposition aux hydrocarbures dans les sols .......................................................................................................................... 30 III REHABILITATION DES SOLS PAR VOIE BIOLOGIQUE ................................................ 32
Figure III.1 : Schématisation du processus de biodégradation ............................................... 34 Figure III.2 : Le schéma d'un dispositif de bioventing. .......................................................... 43 Figure III.3: Schéma d'un bioréacteur . ................................................................................. 44 Figure III.4: Schéma d'un biofilm ......................................................................................... 45 Figure III.5 :Schéma d'une bio pile ...................................................................................... 47 IV REHABILITATION DES SOLS PAR VOIE CHIMIQUE ..................................................... 49
Figure IV.6 : Addition du radical •OH sur une double liaison ............................................... 54 Figure IV.7 : Répartition des oxydants et des polluants pour des sites américains ................. 62 V MATERIELS ET METHODES ................................................................................................. 65
Figure V.1: Capacité de production en tonne/an . .................................................................. 66 Figure V.2 :Les déchets produits par la raffinerie et leur destination ..................................... 67 Figure V.3 : Localisation de la zone d’échantillonnage ......................................................... 69 Figure V.4 : Ensemencement de l’échantillon à partir des dilutions préparées ...................... 75 Figure V.5: Les différentes formes de bactéries rencontrées. ................................................ 77 Figure V.6: Bactéries colorées par la méthode de Gram ....................................................... 79 Figure V.7 : Milieu hajna-kligler .......................................................................................... 82 Figure V.9: Le plan expérimental......................................................................................... 87 Figure V.10: Schéma du dispositif expérimental en milieu aérobie ....................................... 88 Figure V.11: Schéma récapitulatif des différentes étapes de traitement des suspensions de la terre traitée. .......................................................................................................................... 94 VI RESULTATS ET DISCUSSIONS ............................................................................................ 96
Figure VI.1 :Evolution du pourcentage en hydrocarbures totaux en fonction du temps ....... 100 Figure VI.2: Evolution de la matière organique en fonction du temps ................................. 101 Figure VI.3: Fraction aliphatique ........................................................................................ 102 Figure VI.4: Fraction aromatique ........................................................................................ 103 Figure VI.5: Fraction polaire .............................................................................................. 104 Figure VI.6 :Le nombre de germes totaux dans les différents réacteurs biologiques ............ 105 Figure VI.7: Dégagement du CO2 ....................................................................................... 106 Figure VI.8: La variation du pH dans les bioréacteurs durant les 21 jours d’incubation ....... 107 Figure VI.9: La variation de la T° dans les bioréacteurs durant les 21 jours d’incubation .... 107 Figure VI.10: Effet du pH du milieu sur la minéralisation des hydrocarbures ...................... 108
122
Figure VI.11 : Effet de l’agitation du milieu sur la minéralisation des hydrocarbures .......... 110 Figure VI.12: Effet du rapport [H2O2]/ [Fe2+] sur la minéralisation des hydrocarbures ...... 111 Figure VI.13: Effet de la concentration initiale de H2O2 sur la minéralisation des hydrocarbures ..................................................................................................................... 112 Figure VI.14: Effet du type de sel de fer utilisé sur la minéralisation des hydrocarbures .... 113 Figure VI.15: L’évolution de la concentration en H2O2 en fonction du temps et selon le type de catalyseur ajouté dans le milieu. ..................................................................................... 114 Figure VI.16 : Effet du rapport (liquide/solide) sur la minéralisation des hydrocarbures .... 115