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SOCIETE DES ETUDES IRANIEHNES ET DE I/ART PERSAN La domination des Dailamites par V. MINORSKY La region du Dailam* est peut-etre moins inconnue que ses habitants; et encore Dailam fait-il tout d'abord penser au petit canton Dailaman, situe dans le Gilan au sud de la ville de Lahidjan, bien que ce canton (i) ne soit qu'un restant, ou me"me une colonie, de 1'ancien Dailam. Quant aux Dailamites, leur role dans 1'histoire de la Perse commence a se dessiner avec clarte' seulement depuis tres peu de temps, grace surtout a la publication de I'ouvrage d'Ibn Miskawaih, I'historien de la dynastic Buyide (2). , La renaissance persane, qui sous 1'egide des Samanides (875-999) s'etait operee a 1'extreme est de la Perse, a eclipse pour les generations posterieures la vie de la Perse occidentale. On ne pouvait certainement pas ignorer 1'importance de la dynastic Buyide, mais ses liens avec 1'element dailamite dont elle e"tait sortie et qui constituait son appui principal, n'ont pas et6 suffisamment mis en evidence. Or cette tribu iranienne qui, entre 928 et 1055, exerc.a son influence sur la vaste aire s'etendant de 1'Ocean Indien jusqu'aux confins de la Syrie, merite pleinement notre atten- tion. En partant de cette base ethnique, nous chercherons surtout a montrer que pendant plus de cent ans les Daila- mites etaient les porte-etendards de 1'iranisme dans toute la. partiederiranquiestsitueeal'ouest du grand desert central. * Dailam n'est que la transcription arabe de ce nom, dont la prononciatiot* Veritable etait probablement Delam, et m&ne Deltm.

MINORSKY_La Domination Des Dailamites

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Vladimir Minorsky

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  • SOCIETE DES ETUDES IRANIEHNESET DE I/ART PERSAN

    La domination des Dailamites

    par V. MINORSKY

    La region du Dailam* est peut-etre moins inconnue queses habitants; et encore Dailam fait-il tout d'abord penser aupetit canton Dailaman, situe dans le Gilan au sud de la villede Lahidjan, bien que ce canton (i) ne soit qu'un restant, oume"me une colonie, de 1'ancien Dailam. Quant aux Dailamites,leur role dans 1'histoire de la Perse commence a se dessineravec clarte' seulement depuis tres peu de temps, grace surtouta la publication de I'ouvrage d'Ibn Miskawaih, I'historien dela dynastic Buyide (2). ,

    La renaissance persane, qui sous 1'egide des Samanides(875-999) s'etait operee a 1'extreme est de la Perse, a eclipsepour les generations posterieures la vie de la Perse occidentale.On ne pouvait certainement pas ignorer 1'importance de ladynastic Buyide, mais ses liens avec 1'element dailamite dontelle e"tait sortie et qui constituait son appui principal, n'ontpas et6 suffisamment mis en evidence.

    Or cette tribu iranienne qui, entre 928 et 1055, exerc.ason influence sur la vaste aire s'etendant de 1'Ocean Indienjusqu'aux confins de la Syrie, merite pleinement notre atten-tion. En partant de cette base ethnique, nous chercheronssurtout a montrer que pendant plus de cent ans les Daila-mites etaient les porte-etendards de 1'iranisme dans toute la.partiederiranquiestsitueeal'ouest du grand desert central.

    * Dailam n'est que la transcription arabe de ce nom, dont la prononciatiot*Veritable etait probablement Delam, et m&ne Deltm.

  • 2 ETUDES IRANIENNES

    I.

    Tout d'abord parlons du pays des Dailamites. Au xe siecle,alors que le pouvoir des Buyides etait a son apogee, le termeDailam avait designe toutes les provinces de la cote meridionalede la Caspienne; et le grand geographe Muqaddasi (985 apresJ.-C.), dans son ardeur de reformer la terminologie geogra-phique, comprend, sous la rubrique Dailam , la totalite desterritoires autour de la Caspienne (3). Toutefois le Dailamproprement dit (4), ce veritable berceau des Dailamites, etaitune region montagneuse determinee qui formait une sorted'antichambre du Gilan.

    Tous ceux qui de Teheran sont al!6s vers la Caspienneont du suivre la grande trouee par laquelle le Sefid-rud, neau sud de la grande muraille de 1'Elborz, s'echappe vers lamer. Apres Qazvin la route gravit 1'obstacle secondaire quise"pare le plateau iranien du bassin du Sefid-rud et ensuitedescend vers le pittoresque pont de Mendjil, bati en aval de lapnction eaaiMVt du Sefid-rud avec son affluent de droite leChah-rud, et en amont du de"file par lequel leurs eaux reuniesfranchissent la chaine principale. C'est dans I'avant-montagnede 1'Elborz, situee au sud de la chaine principale mais arrosee7par les eaux qui ensuite trouvent une issue vers le nord, que setrouvait une partie des terres Dailamites. Surle versant nord de1'Elborz les me'mes tribus occupaient les cantons montagneuxentre le Sefid-rud et la rive gauche de la riviere Tchalus qui sejette dans la mer a environ 180 km. a Test de 1'embouchuredu Sefid-rud (5).

    Par contre la partie plate et marecageuse du littoral 6taitoccupee par les Gil-s dont le nom explique celui de la provincede Gilan.

    Au point de vue du climat le pays eleve de Dailam avaittous les avantages, tant sur le Gilan, avec ses marais et sespaludismes, que sur le plateau central, avec sa grande seche-resse enervante. Ce pays ni trop grand, ni trop beau (Muqad-dasi), avait produit une race forte et tres nombreuse, renom-me"e pour son courage extraordinaire (djaladatun adjibatun)et sa grande endurance, et dont les repre'sentants avaientune belle prestance et de belles barbes. Une source arabe

  • PLANCHE I

    . HAUTP. VAI.LKI: pi; KAI.AE-DACHI

    ''*

    2. VALLEE DU CHAH-RUD

    Photographies de Mile F. Stark.

  • LA DOMINATION DES DAILAMITES 3

    appelle les Dailamites achqarau teint vermeil(6). Les cheveuxlongs et en desordre des Dailamites ont de tout temps fait lesfrais des metaphores des poetes. Ces derniers mentionnente'galement une calote dailamite de couleur noire (7).

    2.Il'est malaise de se prononcer sur les origines lointaines de

    ces montagnards. On sait que, dans les provinces Caspiennes,il existait dans 1'antiquite des peuples probablement non-iraniens qui avaient disparu depuis (les Tapur-s, lesAmard-s, etc.). Peut-etre les Dailamites etaient-ils apparentesou issus d'un de ces peuples. Le geographe Istakhri,qui ecrivait en 951, constate tout d'abord que la langue desDailamites est differente de 1'arabe, du persan et de 1'arranien,et ensuite que dans leur montagne il y a une tribu qui parleune langue differente meme de celles des Dailamites et desGil-s (8). La survivance sporadique des anciennes langues etaitpossible ; mais il est sur qu'a 1'epoque musulmane la plupartdes Dailamites etaient deja iranises, a en juger par leurs nomspropres que nous connaissons : Makird, Makan, Mafannah,Vehsudan, Marddust, Mardavidj ( qui s'attaque auxhommes ), Lachkarsitan, Lachkarvarz, Vandadkhurchid,Vuchmglr ( preneur de cailles ), Gorgir ( preneur d'onagres),Asfar ( cavalier ), Chirasfar, Bilasuvar ( grand ecuyer ),Chlrzil coeur de lion , (zil = dil en persan) etc. La topony-mie du pays dailamite (Purdasar t^te de pont , ou p.urd $ul en persan) corrobore 1'impression que la langue des Dai-,lamites a 1'epoque arabe etait un dialecte iranien du nord assezdistinct du persan (fdrsl), lequel est un dialecte du sud ettout d'abord de la province de Fars (9). Les Persans devaiente"prouver quelque difficulte a comprendre ce patois, commeactuellement il leur est malaise" de comprendre le kurde etmeme le gflakl.

    3-Deja Polybe au ne siecle avant notre ere parle du peuple

    Delymaioi et le geographe Ptolemee au ne siecle apres J.-C.connait leur pays Delymais.

    2

  • 4 ETUDES IRANIENNES

    Leur pays parait n'avoir jamais etc conquis, du moins d'unefagon solide, par les anciens rois de Perse : Achemenides,Parthes et Sasanides (10). Mais les Dailamites s'engageaientvolontiers comme mercenaires et c'est ainsi que les Byzantins,qui, depuis le ive jusqu'au vne siecle, etaient constamment enguerre avec les Persans, mentionnent les contingents daila-mites dans les troupes persanes (n). Les Dailamites organi-saient aussi pour leur propre compte des expeditions lointaines;et le geographe Yaqut (II, 711) signale 1'existence au Chahra-zur d'un endroit Dailamistan, lequel sous les anciens rois dePerse aurait servi aux Dailamites de point d'appui lorsqu'ilsdescendaient vers la plaine mesopotamienne, et de depot dubutin qu'ils rapportaient de leurs razzias (12).

    Les Dailamites avaient certainement des princes, car aumoment de la conque'te musulmane leur chef Muta (ou Mur-tha) organisa la resistance aux Arabes sur la riviere Vadj-rud (entre Hamadan et Qazvin), et il devait avoir un rang elevecar les autres chefs des provinces caspiennes lui etaient surbor-donnes.

    Les Dailamites avaient une organisation de clans quis'appuyait sur 1'autorite des chefs de famille. Du moins legrand savant al-Biruni reproche a 1'Alide Nazir al-Utruch(c'est-a-dire Hasan al-Utriich, vers 914) d'avoir decompose1'ancienne organisation du Dailam qui datait du roi legendaireFaridun et dont 1'element essentiel etait les katkhuda (maitrede la maison , pater jamilias) : ceux-ci auraient etc remplacespar un systeme de collaboration des rebelles (brigands) avecle peuple (13).

    La religion des Dailamites etait d'un caractere assezvague. Le zoroastrisme et probablement le christianisme pene-traient chez eux, mais Mas'iidi declare formellement qu'auDailam il y avait des gens qui vivaient dans 1'ignorance detoute religion etablie (14). Les auteurs musulmans enregistrentparmi les Dailamites de nombreux usages et coutumes qui lesfrappaient beaucoup. D'apres Muqaddasi ils pratiquaientune stricte endogamie, c'est-a-dire, se mariaient toujoursdans leur tribu ; et un jour 1'auteur vit de ses propres yeuxun homme qui un glaive a la main poursuivait une femme pourla punir d'avoir epouse un etranger. En ceci les Dailamites

  • LA DOMINATION DES DAILAMITES 5

    se distinguaient de leurs voisins du Gilan chez qui les mceursetaient assez rela.ch.ees. Du reste les femmes dailamites etaientles egales des hommes et au me'me titre participaient auxaffaires (15). Les j ours demarche les Dailamites s'exercaient ala lutte devant tous les habitants du village. Tous les auteursparlent des lamentations auxquelles les Dailamites se livraientsur leurs morts. Nous reviendrons encore sur ce point impor-tant (16).

    4-Encore au temps des Sasanides Qazvin e"tait le grand rem-

    part contre les Dailamites ; la forteresse Tchalus, a Test duDailam, avait aussi une importance considerable. Les musul-mans n'eurent qu'a fortifier ces points diriges contre lapeuplade turbulente. Mais dans la montagne de la ville deTchalus et au dela d'elle vivait la nation dailamite qui n'avaitjamais manifesto d'obeissance (17).

    Les nombreuses expeditions contre le Dailam n'obtinrentpas de resultats durables. Pourtant la montagne des Daila"mites n'etait pas totalement inaccessible au point de vue geo-graphique. On raconte que le .celebre Hadjdjadj avait faitpreparer une carte du Dailam et la montra au chefs dailamitespour leur prouver 1'inutilite de la resistance, tme fois que lessecrets de leur pays etaient connus. Mais les Dailamites regar-derent la carte avec indifference : O amir , dirent-ils, lacarte est incomplete, on n'y voit pas les cavaliers qui gardentla montagne (18).

    L'historien contemporain Seyyid Ahmad Kasrawi, nonsans quelque exageration du reste, remarqae a propos desDailamites : Les musulmans avaient deja pen6tr6 jusqu'a laLoire en France, tandis que cette poignee d'hommes resistaitencore (19).

    Toutefois 1'Islam s'infiltra au Dailam d'une manierepaisible. Par crainte de persecutions des Abbasides certainsdescendants d'Ali chercherent refuge au Dailam (175/791)oh ils furent reeus comme des allies eventuels contre lescaliphes de Baghdad.

    A partir de 250 /864 ces Imams jouerent un role important,'faisant du Dailam un nouveau centre de resistance, galemei!t

  • ETUDES IRANIENNES

    hostile a Baghdad et aux dynasties du Khorasan qui, s'etantemancipees de Baghdad, cherchaient a etendre leur domina-tion dans les provinces caspiennes.

    5-

    Pour mieux comprendre le role des Dailamites dans 1'his-toire de la Perse il nous faudra rappeler brievement les desti-nees de 1'iranisme depuis le vne siecle de notre ere.

    Les derniers succes iraniens dataient d'environ 614, lorsqueles armees des Sasanides, deja en possession du Yemen,s'etaient avancees jusqu'a Jerusalem, 1'Egypte et Constanti-nople.

    Vers 628, par un coup de theatre, tous ces succes furentneutralises par le jeune et vaillant empereur de Byzance, Hera-clius, qui occupa 1'Azarbaidjan et briila le grand temple du feude Ganzak (20). Le roi Khosrou II, depose par son fils Chiroye,fut assassine dans sa prison. Les fleuves mesopotamiensavaient deborde cette annee-la ; et 1'inondation fut suivied'une terrible epidemic de peste a laquelle succomba Chiroye.En quatre ans, douze personnes se succederent sur le trone etlorsque finalement le juvenile Yazdagird prit le pouvoir, iletait trop tard, car les Arabes jouant le role du troisiemelarron etaient aux portes de la Perse. Battu dans toutes lesbatailles, Yazdagird s'enfuit a Merv et y pent en 651, tandisque son fils Firuz chercha asile a la cour de Chine.

    Pour environ deux siecles, le nom de la Perse allait seiondre dans celui du califat et la renaissance persane futlente et penible.

    Les deux systemes d'administration celui des CalifesOmayyades et celui des 'Abbasides etaient tres differents. ,;

    Sous les Omayyades (660-750) I'e'tat etait purement arabeet les indigenes n'existaient que pour tre gouvernes par les JArabes. ?

    Sous les 'Abbasides, qui eux-mmes etaient sortis du '-.Khorasan, 1'iranisme penetre dans toutes les administrations ';et dans tous les domaines de la vie culturelle bien que 1'idee farabe trouve des defenseurs tres convaincus parmi les Persons I

  • LA DOMINATION DES DAILAMITES 7

    eux-memes. Ces derniers sont partout les bienvenus, naturel-lement a condition qu'ils consentent a marcher dans la voieimperiale du califat et meme a se servir de 1'arabe commelangue ofiicielle et litteraire !

    Toutefois, meme pour un tel systeme mitige, les territoiressoumis aux califes etaient trop grands : tandis qu'a 1'ouesttoute 1'Afrique septentrionale s'emancipe de Baghdad, a1'extre'me est trois dynasties d'anciens gouverneurs du califeacquierent successivement 1'autonomie :

    les Tahirides (821-873) ;les Saffarides (867-903) ;les Samanides (875-999).Les Samanides etaient deja de veritables souverains per-

    sans et on connait les splendeurs de leur cour a Bokhara etleur role dans le developpement de la litterature persane.

    Le morcellement du califat ne s'etait pas arrete au Kho-rasan. Plus a 1'ouest des Samanides se dressa une deuxiemezone de territoires autonomes et c'est ici que dominerent lesDailamites qui s'etaient empares des territoires entre lesSamanides et le califat.

    6.

    A la lumiere de cette digression nous sommes maintenant ameme d'apprecier 1'avenement des Dailamites a sa juste valeur.

    Nous les avons laisses (p. 5), au moment oil les Alideschasses par les 'Abbasides s'etaient etablis parmi eux. Gra-duellement la propagande alide obtint ce que les armesn'avaient pas reussi a imposer la conversion de la majoritydes Dailamites a 1'Islam sous sa forme chi'ite-zaidite (21).A leur tour les imams se dailamiserent et embrasserent lacause des populations locales. Tant que les Dailamites resis-taient aux tentatives de conversion, leur pays etait considerecomme un territoire de guerre (dar al-harb), ce qui per-mettait aux musulmans d'organiser la chasse aux esclaves.L'Alide Hasan ibn All al-Utruch (302/914) mit fin a ces pra-tiques et fit detruire la forteresse de Tchalus dirigee centre leDailam.

  • 8 ETUDES IEANIENMES

    Pour proteger les droits des Dailamites sur les paturagescommunaux que les gouverneurs Tahirides voulaient s'appro-prier, les Alides s'allierent d'abord a la dynastie des princeslocaux (de la dynastie Djustanide). De Dailam les imamsconduisent leurs ouailles a travers toutes les provinces cas-piennes. Ainsi ils habituent les Dailamites a 1'idee d'expansionet les rendent conscients de leur force. Plus tard, vers 302 /gi4les Alides, donnant a leur mouvement un caractere democra-tique, ameutent la population centre les princes Djustanideset prennent eux-memes le pouvoir. D'apres Tabari (III, 2292)les hommes n'avaient jamais vu un gouvernement plus justeque celui de Hasan al-Utruch.

    Sayyid Ahmad Kasrawi a pu tracer 1'existence de sixprinces de la maison djustanide entre les annees 804 et 927 (22).Leur centre etait a Rudbar, sur le Sefid-rud, en aval deMendjil, et on se demande si la forteresse dont on voit encoreles ruines au milieu du fleuve n'a pas quelque rapport avec lesDjustanides (23). Des rejetons obscurs de la famille purentexercer un pouvoir ephemere mtaie jusqu'au xie siecle, mais1'avenir appartenait aux elements nouveaux.

    Encore au temps ou regnaient les Djustanides, la familledes Kangari (Musafirides) qui leur etait apparentee parmanage, apparut a Chamiran sur le Sefid-rud, en amont deMendjil, pour rayonner de la vers 1'Azerbaidjan et meme enTranscaucasie (24).

    Mais i'effort principal des Dailamites fut dirige vers le sud,vers la grande et celebre ville de Rey (Rhages) dont les ruines,comme on sait, sont situees a 7-8 km. au sud de Teheran.

    Une serie d'anciens chefs aguerris au service des Alidess'avance maintenant au large pour commencer la conquetede la Perse occidentale et meridionale.

    Tout d'abord, vers 308(920) parut le Dailamite Leili IbnNu'man (25), qui s'empara de Nichapur en Khorasan mais1'annee suivante les Samanides envoyerent sa tete a Baghdad.

    Vint ensuite le courageux general des Alides Makan Ibn

  • IA DOMINATION DES DAILAMITES 9

    (26) qui prit Rey mais dut la quitter pour passer ausen'ice des Samanides et finalement tomber dans une revoltecentre ses nouveaux maitres (en 329 /94i).

    II fut remplace a Rey par le. farouche Asfai ttm Chirdy6,qui etait natif de Laridjan et appartenait au clan Vardad-Swandan (27). Mais bientot il fut mis a moit par son generalMardavidj ibn Ziyar.

    Ce dernier est le fondateur de rimportante dynastie desZiyarides qui avait dbut6 a Rey, a Isfahan et & Ahwazpour aller se cantonner finalement dans la region de Gurgan,pres d'Astarabad, ou de nos jours on voit la tour funeraire duZiyaride Qabus. Les Ziyarides, issus du clan Arghich, Etaientoriginaires de Gilan et par consequent n'6taient Dailamitesqu'au sens large de ce mot, car les Gil etaient les cousinsdes Dailamites (28), et de plus les Ziyarides etaient entou-res de Dailamites. La dynastie des Ziylrides (928/1042) futla premiere dynastie iranienne qui d'une facon stable s'etablita 1'ouest des Samanides.

    La succession des chefs aux noms bizarres qui apparaissentsur la scene apres 920 sst intressante comme un indice de laforce qui bouillonnait dans le reservoir trop etroit de Dailamet qui devait finalement aboutir a 1'avenement de la plusimport-ante des dynasties dailamites, celle des Bflyides.

    8.

    Ses fondateurs etaient les trois fr&res: 'All (le futur *Imdal-daula), Hasan (Rokn al-daula) et Ahmad (Mo'izz al-daula).Leur pere Buya (d'ou leur nom patronymique), appartenaitau olan Chirzil-avand et rfeidait dans le village Kiyakafichau Dailam (29). Plus tard on a invente pour lui une g&iealo-gie fictive remontant au roi sasanide BahrSm Gor (30). Lestrois freres etaient de v^ritablss condottieri et avaient d6but6au servijce de Mak5n. Lorsque ce dernier, passe au servicedes Samanides, fut envoye comme gouverneur k Kirmln,;les trois freres, tres candidement, lui demanderent 1'atrtorisa-tion de le quitter en faisant valoir un argument assez specietuc:II est mieux pour toi, disaient-ils, que nous te quittioos poor

  • 10 ETUDES IRANIENNES

    alleger ton budget et pour faire tomber cette charge sur ledos de quelqu'un d'autre (31). Ce quelqu'un d'autre ,c'etait justement les Ziyarides, rivaux plus fortunes de leurancien maitre.

    Bientot 1'aine des trois freres 'Ali se fit apprecier par leZiyaride Mardavidj qui lui donna le petit gouvernorat deKaradj (3ia), d'ou, d'une facon inattendue pour lui-meme, ils'empara d'Isfahan apres en avoir battu le gouverneur. Cedernier avait 4.000 hommes, tandis que 'Ali ne disposait quede 700, mais les mercenaires du gouverneur eiaient les Dai-lamites, compatriotes de 'All.

    Mardavidj courrouce envoya centre Isfahan son frereVuchmgir. 'Ali se retira vers 1'ouest a Arradjan mais de nou-veau eut la chance de remporter une grande victoire sur legouverneur de la province de Pars qui relevait encore direc-tement du calife. En 322 /934 le jeune Husain, qui n'avaitque 19 ans, occupa Kirman. De ce fait le calife ne gardait quela bordure occidentale de la Perse : au Khorasan dominaientles Samanides, a Rey et a Isfahan les Ziyarides, et le sud etaitentre les mains des freres Buyides.

    Mais le regne de Mardavidj ne dura pas longtemps. C'etaitun homme de caractere difficile et peu aime de ses proches.La veille de son assassinat, il devait celebrer 1'ancienne fetezoroastrienne Sadhak, qui pendant longtemps fut maintenuepar les musulmans. La ceremonie consistait en un festin accom-pagne d'illumination et d'embrasement. On avait prepare degrands tas d'arbustes, rassemble du naphte et des tubes pourle lancer, et pris deux mille corbeaux et milans qui devaients'envoler avec de petites torches attachees a leurs serres.Mardavidj voulait faire grand, mais lorsqu'il eut examine"ces preparatifs il fut pris de degout pour 1'effet mesquin que cespectacle produirait dans le cadre de la vaste plaine. II s'enve-loppa la tete de son burnous, se coucha sous sa tente et tournale dos aux invites, qui devant un tel affront se retirerent.Toujours de mauvaise humeur, Mardavidj s'emporta contreses palefreniers turks, leur fit attacher au dos les selles deleurs chevaux et les fit conduire a 1'ecurie en les tenant parle licou. Les Turks trouverent cette insulte intolerable etassassinerent leur maitre dans son bain (32).

  • LA DOMINATION DES DAILAMITES II

    C'etait en 323 /935- Le Buyide Hasan, garde comme otagea la cour de Mardavidj, se rendit aupres de son frere 'All, et,tirant avantage de la disparition de leur rival, les Buyidess'empresserent d'occuper Isfahan et Rey. En 329/940 Hasanpoussa meme une pointe vers le Tabaristan.

    D'autre part 1'expansion des Buyides vers 1'ouest conti-nuait. Des 326 /937 Ahmad etait descendu dans le Khuzistan,qu'il garda malgre toutes les oppositions qu'il y rencontra.Les plans des Buyides devenaient de plus en plus 'ambitieux.Sous 1'annee 328/939 on apprend pour la premiere fois que1'aine des trois freres se propose de marcher vers la Mesopota-mie. Mais c'est le cadet Ahmad qui, par cinq fois (entre 942et 945), envahit les possessions du calife, penetrant chaquefois plus profondement en Mesopotamie (33).

    9-

    A cette epoque le califat traversait une profonde crise.II suffit d'enumerer le sort des califes depuis le commencementdu ive/xe siecles.

    Le calife Muqtadir, qui regnait depuis 295/908, futaccuse d'avoir gaspille pour ses menus plaisirs 70 millions dedinars d'or et depose en 929 par 1'eunuque Mu'nis. Remissur le trone quelques jours apres, il fut tu en 932 dans unerevolte par les soldats berbers du meme Mu'nis.

    Son successeur Qahir (932-4) etait un homme dont la bigo-terie couvrait de multiples faiblesses. II fit executer deux digni-taires pour avoir achete les musiciennes sur lesquelles il avaitjete son devolu. Malgre les bienfaits que lui avait fait la merede son predecesseur, il la fit suspendre par un pied et la fla-gella de sa main pour qu'elle lui revelat les cachettes ou 6taientgardes les tresors. Deux ans apres, Qahir fut depos6 par lesoldats qui envahirent son palais, et ensuite aveug!6 danssa prison.

    Sous son successeur Radi (934-40), de toute la Perse seulsquelques cantons occidentaux restaient au califat. A Baghdad,depuis 324 /396, le pouvoir avait passe1 aux mains d'lbn al-Ra 'iqqui ouvre la serie des maires du palais parmi lesquels

  • 12 ETUDES IRANIENNES

    en 329/941 on voit un Dailamite Kurankldj (34). Les vezirsdu calife ne sont plus que des executeurs de la volonte de cesmilitaires.

    Le calife suivant, al-Muttaqi (940-4), avait du quitterBaghdad par peur de son amir al-omara le Turk Tuzun, quifinalement s'empara de son maitre et le fit aveugler, non sanss'etre d'abord prosterne devant lui.

    Son successeur Mustakfi (944-6) dut son election a la reconi-mandation d'une dame de Chiraz appelee Husn et qui devint1'intendante du palais (qahramana) (35).

    10.

    C'est alors que 1'heure sonna pour les Buyides de s'etablira Baghdad. Lorsque la dynastie des astucieux Baridls disparutde la Basse Mesopotamie (Wasit-Basra) et que le brave sol-dat Tuzun mourut d'une attaque d'apoplexie, le Buyide Ahmadentra en pourparlers secrets avec Mustakfi et occupa Baghdadsans coup ferir le 17 Janvier 946.

    Le calife vint a sa rencontre a la porte de Chammasiya.Ahmad jura de ne pas persecutor les dignitaires de 1'entouragede Mustakfi, lequel de sa part confera a Ahmad le titre deMo'izz al-daula et a ses freres ceux de 'Imad al-daula et Roknal-daula.

    Mais la situation se gata rapidement. Tout d'abord 1'inten-dante du palais donna un festin en 1'honneur des chefs daila-mites. Mo'izz y vit une intrigue destinee a detacher de lui sesgeneraux (36). D'autre part le calife mit aux arrtts le chef desChiites de Baghdad, oubliant que son nouveau maire du palais6tait leur coreligionnaire.

    Le 29 Janvier douze jours apres 1'entree a Baghdad Moizz se rendit a 1'audience au palais.

    Le calife etait assis sur le trone et les dignitaires avaientpris place autour de lui suivant leur rang. Alors, dit I'histo-rien Ibn-Miskawaih, Mo'izz al-daula entra et, ayant selon lacoutume baise la terre et la main de Mustakfi, resta debout enaDnversation avec le caMfe. Ensuite il s'assit sur une chaise etordonna d'introduire les ambassadeurs arrives de Khorasan...

  • LA DOMINATION DES DAILAMITES 13

    A ce moment deux Dailamites s'avancerent tendant leursmains vers Mustakfi et parlant en persan. Le calife croyantqu'ils desiraient lui baiser la main 1'etendit vers eux. Mais ilslesaisirent par cette main, le precipiterent par terre, placerentson turban sur son dos et continuerent a le trainer. AlorsMo'izz al-daula se leva. La confusion devint generate et descris s'eleverent. Les Dailamites arreterent 1'intendante et safille. Le peuple courut vers la porte et il y eut grande bous-culade et grand pillage. Les deux Dailamites trainerent Mus-takfi a pied au palais de Mo'izz ou il fut enferme. Le palaisdu calife fut pill jusqu'a ce que rien n'y fut laisse. (37).Mo'izz fit venir Abul Qasim, fils de Muqtadir, et le-meme jourle proclama calife, sous le nom de Muti'lillah, ce quiveutdire Obeissant a Dieu !

    Tels etaient les evenements dans toute leur brutalite.On ne saurait se meprendre sur leur portee : apres trois sieclesd'assujettissement politique les Iraniens allaient s'installerdans la capitale de la Mesopotamie. Un commissaire ira-nien controlait maintenant 1'administration du chef supremede 1'etat islamique et, fait plus etrange encore, un adherentdu chiisme, lequel allait un jour devenir la forme nationalepersane de la religion arabe, commandait au centre m&nede 1'orthodoxie musulmane.

    Plusieurs fois les califes essayerent de secouer la tutelle desBuyides mais en somme la lettre du calife al-Muti' datee de361 /gyl peut donner une idee de la situation. Invite par leBuyide Bakhtiyar a contribuer au succes d'un projet de guerresainte, le calife repondit: Tout ce que j'ai est une pitance qtrine suffit meme pas a mes besoins, tandis que le monde estentre vos mains et entre celles des gouverneurs des provinces.Ni la guerre sainte, ni le pelerinage, ni aucune antre matieredemandant 1'attention du souverain n'est de mon ressort. Toutce que tu peux me reclamer est mon nom prononce dans la prierepublique (khulba)... Et si tu veuxque je renonce ace privilegela aussi, je suis pret a le faire et a t'abandonner tout a toi (38).

    n.

    Nous ne pouvons pas suivre en detail le sort deia dynastkbflyide. La famille resta partagee en plusieurs fiefs avecks

  • 14 ETUDES IRANIENNES

    grands centres a Chiraz, a Rey et a Baghdad, mais les premiersBuyides se distinguaient par le sens profond des liens de familleet ne manquaient pas de sentiments chevaleresques. LorsqueMo'izz al-daula mourut a Baghdad son fils et successeurBakhtiyar se montra prince adonne aux plaisirs et depourvude toute habilete. Mecontent de ses mercenaires turks Bakh-tiyar s'avisa de les exterminer. Une terrible revolte eclata et lechef turk saisit le pouvoir a Baghdad. La domination desBuyides en Mesopotamie etait ebranlee.

    Le chef de la famille, Rokn al-daula, restait a Rey, tandisque son fils 'Adud al-daula gouvernait a Chiraz. D'accordavec son pere, 'Adud al-daula partit en 364/974 pour Baghdadet y retablit 1'ordre ; mais en meme temps, par une pressiondiscrete, il fit abdiquer Bakhtiyar afin d'occuper sa place.'Adud al-daula crut toutefois de son devoir d'obtenir de sonpere la sanction de cette combinaison. Des ambassadeurshabiles furent envoyes a Rey mais des qu'ils eurent ouvert labouche, le vieux Rokn sursauta, saisit une lance et en la bran-dissant chassa les emissaires. II fit dire a 'Adud al-daula : Ton expedition avait-elle pour but d'aider mon neveu ou det'emparer de son royaume ? Plusieurs fois moi-meme je suisalle secourir Hasan ibn Firuzan (de la famille de Makan) quin'etait pas mon parent et chaque fois je lui ai abandonne sespossessions bien que j'eusse risque ma vie en combattant sespuissants ennemis (le Ziyaride Vuchmgir et les Samanides)...Je n'ai meme pas accepte de me faire rembourser un seuldirham, et je n'ai fait tout cela que pour acquerir une bonnerenommee et maintenir la chevalerie (39).

    La protestation fut si energique que 'Adud al-daula se vitoblige de retablir Bakhtiyar ; et ce fut seulement lorsque cetinsense lui-meme marcha contre Chiraz que 'Adud reoccupaBaghdad en 367/977 et pacifia tout le pays jusqu'a Amid(Diyar-Bekir).

    'Adud al-daula etait le plus celebre des Buyides et regna34 ans (au Pars 949-978 et a Baghdad 978-983). Sous lui lestroupes buyides occuperent le Balutchistan et le Makran etm6me opererent avec succes dans le 'Oman, sur la cote sep-tentrionale de 1'Arabie (40). 'Adud etait un grand construc-teur. Son magnifique palais a Chiraz est decrit en detail par

  • r LA DOMINATION DES DAILAMITESMuqaddasi qui dit que les murs de ses 300 salles tantot imi-taient la porcelaine de Chine (al-ghadar al-slni), tantot etaientrevetus de marbre, tantot etaient dores et converts de pein-tures. Dans la province de Fars 'Adud al-daula fit construirele fameux barrage appele en son honneur Band-i Amir et laville Suq al-Amir; en Mesopotamie, les sanctuaires de 'Aliet de Hosain, 1'hopital de Baghdad, le palais de Saray Sultanc'galement a Baghdad; en Arabic le mur de Medine, etc. (41).'Adud al-daula deceda en Mesopotamie et fut enterre aNadjaf.

    Les deux freres de 'Adud, Moayyid al-daula et Fakhral-daula (dont le centre etait Rey), etaient surtout connus a.cause de leur vezir, le celebre lettre Sahib Isma'Il ibn 'Abbad,mort en 385 /995-

    Fakhr al-daula mourut (997) laissant un fils de neuf ans.Le gouvernement etait exerce par sa mere, une personnetres energique et sage, connue sous le nom de Seyyida Madame (42). Lorsque son fils grandit et lui enleva le pou-voir, elle s'en alia aupres du prince kurde Badr ibn Hasanoyeet avec 1'aide de ses troupes reoccupa Rey. De son temps lapremiere dynastie turke apparut a 1'horizon. Mahmud deGhazna somma la Seyyida de frapper la monnaie a son nom,sous peine d'une expedition, mais la Seyyida lui envoya lemessage suivant: Le sort des armees est incertain. Si le sultanme bat, la victoire sur une veuve ne lui vaudra pas une grandegloire; si au contraire, il essuie une defaite de ma part, lamarque de cette fletrissure ne disparaitra pas du front de safortune jusqu'au dernier jugement(43). Et lorsque la Seyyidamourut (410/1019) ce fut la fin. Son fils, Madjd al-daula lui-meme invoqua le secours de Mahmud: en 420 (1029) le grandeonquerant se rendit a son appel mais seulement pour exilerla branche de Rey dans 1'Inde et pour accaparer leurs posses-sions.

    Dans le midi il convient de signaler le regne agite maisprolonge du fils de 'Adud al-daula, Baha al-daula (989-1013),qui de Baghdad etendit son pouvoir au Fars et & Kerman.Grace aux continuateurs d'Ibn Miskawaih, Rudhravari etHilal ibn Muhassin, on connait en detail 1'histoire de ce prince.

    Les dernieres annees de la dynastie se passerent en luttesntre les epigones, tandis qu'a Test les Turks preparaient leur

  • l6 ETUDES IRANIENNES

    equipee vers la Perse. Apres les Samanides, balayes par lesTurks Qara-khanides et Ghaznavides, les Buyides furent ecra-ses par les Seldjuks. En 447 (1055) Toghrul beg entra a Bagh-dad et, proclame sultan, retablit 1'orthodoxie sunnite tandisque le dernier buyide (al-Malik al-Rahim) fut enferme dans laforteresse de Tabarak, pres de Rey, pour y terminer sesjours. En 448 (1056) son frere (al-Malik al-Mansur) perdit lePars qui lui fut enleve par la dynastic rivale de Chabankara.Les Seldjuks qui etaient arrives peu de temps apres traiterenthonorablement un autre frere d'al-Malik al Mansur et luilaisserent 1'usage des tambours et des etendards, mais lorsquece dernier rejeton des Buyides mourut en 487 (1094) un gou-vernemr turk prit sa place.

    Ainsi disparurent successivement les branches de Rey,de Baghdad et de Chiraz.

    12.

    Nous avons deja parle des precurseurs des Buyides maisla domination dailamite avait permis a d'autres elementsiraniens de s'organiser et de relever la tete.

    La dynastie Kakoyide etait directement liee aux Buyides.Le mot kakoye veut dire oncle maternel et il est certain quec'etaient des cousins de la fameuse Seyyida, mere de Madjdal-daula, elle-m^me fille d'un roitelet de Tabaristan. Onsuit les destinees des Kakoyides (Hamadan, Isfahan) entre398-519 (1007-1119), mais, a titre d'atabeks, leurs rejetonsgarderent Yazd jusqu'a 673 (1274).

    Au nord-ouest dans 1'Azerbaidjan oriental et dans TArranles Dailamites Musafirides (voir plus haut) dominerent envi-ron jusqu'a 1'an 1000. Les Kurdes Chaddadides regnerwitdans 1'Arran (capitale Gandja) entre 340 et 409 (951-1018),et leur branche occidentale posseda Ani de 451 a 559 (1065-1194). Plus au sud, a Tabriz et ensuite a Maragha, les KurdesRawadites s'etaient maintenus a partir de 344(955) non seule-ment jusqu'a 1'apparition des Seldjuks, mais meme jusqu'k1'invasion mongole (vers 1221) (44).

    Dans 'le Zagros, entre Kermanchah et Qasr-i Chirin, les

  • r LA DOMINATION DBS DAILAMITESKurdes formerent deux principautes, celle de Barzikan avecla dynastic des Hasanvaihides de 348 a 406 (959-1015) etcatle des Chadandjan avec la dynastic des BamTAnnaz de387 a 550 (997-H55) (45)-

    Mme dans la region eloignee de Diyar-Bakr un chef de latribu Humaidi, Badh, reussit a creer vers 372 (982) une prin-cipaute, qui, sous ses parents Marvanides, joua un role impor-tant dans 1'histoire des Kurdes occidentaux et ne disparutqu'en 489 (1096) sous la poussee seldjuke (46).

    Ainsi part out, sur toute 1'etendue de la Perse et sur saperipherie, les elements iraniens reprenaient courage,reapprenant a se gouverner eux-mfemes. Mais bientot lesinvasions turkes et mongoles allaient liquider les principautesiraniennes et leur substituer une nouvelle organisation de fiefsmilitaires. Les Dailamites qui s'etaient expatries de leur paysen resterent separes et finirent par s'amalgamer aux pettplesqui les entouraient. Le Dailam proprement dit fut attire dans1'orbite de la vie locale des provinces caspiennes et plus specia-lement dans la sphere d'influence de la dynastic des princes(kdrkiyd) du Gilan oriental (Biyapich) dont la residence etaita Lahidjan. Au xve siecle les kdrhiyd reprimerent severementles Dailamites et en tuerent un grand nombre (47).

    Neanmoins on peut toujours esperer que les recherchesreveleront un jour des ilots dailamites tant dans leur anciennemetropole que dans ses colonies. II suffit de mentionner iciI'mgenieuse theorie de F. C. Andreas sur 1'origine dailamitedes tribus zaza (Dimla), sur laquelle je compte revenir ailleurs.

    13-

    II est sur que les Dailamites 6taient d'abord des gens trfcssimples et mal degrossis. Voici le recit d'un homme que leZiyaride Mardavidj, apres ses succes, envoya au Dailam pourramener son frere Vuchmgir ( preneur de caiHes ) : Je letrouvai entour^ de gens qui cultivaient le riz. Quand ils m'aper-?urent, ils s'approcherent de moi; c'etaient des hommes sanschaussures, nus, revetus de cale9ons rapieces de chiffons dediverses couleurs et de vetements en loques. Je transmis k

  • 18 ETUDES IRANIENNESj

    Vuchmgir le message de Mardavidj... Alors il fit le geste de jcracher sur la barbe de son frere et s'ecria : Voila qu'il a jreve'tu les vetements noirs (des 'Abbasides) ... J'ai constat^chez lui une telle ignorance que j'aurais honte d'en parler...(Mais) plus tard il devint 1'un des rois connaissant le mieuxI'administration de ses etats et la politique a suivre a 1'egardde ses sujets (48).

    En ce qui concerne Rokn al-daula, 1'historien des Buyidesexplique ainsi les echecs des reformes de son grand ministreIbn al-'Amid : Rokn al-daula, quoique superieur aux princesdailamites contemporains, restait toujours au niveau dusoldat pillard qui n'avait rien de plus presse que le pillage,sans considerer les effets de sa conduite sur 1'avenir de sessujets. Pour remunerer ses troupes, il leur permettait de com-mettre des actes dont personne autre ne pouvait les reteniret qui plus tard devenaient irreparables. II etait oblige d'agirainsi parce qu'il n'etait pas un prince royal et n'avait pasparmi les Dailamites 1'autorite d'un autocrate (49).

    Mais le meme historien cite de nombreux traits de noblessedes Buyides. On a vu les protestations de Rokn al-daula centrela mauvaise foi de son fils. Lorsque en 322 /934, apres la prisede Chiraz les officiers de 'Imad al-daula lui proposerent defaire parader les prisonniers charges de fers, leur chef repliqua : Non, pardonnons plutot aux ennemis que Dieu a misen notre puissance. Remercions-le plutot de cette bonnegrace (50).

    II est clairement visible que les Dailamites s'inspiraient j>des gloires passees de 1'Iran et voulaient se poser en continua- :teurs de 1'ancienne tradition. Meme le fantasque et barbareMardavidj s'etait fait fabriquer un trone d'or et avait com-mande une mitre ornee de pierres precieuses sur le modelede celle de Chosroes Anuchirvan . ?

    Deja en 404 (1013) Baha al-daula avait obtenu du calife gle titre de chahinchah que personne n'avait porte depuis les *Sasanides. Ses fils eux aussi briguerent la meme distinc- |tion. Les juristes de Baghdad furent interroges sur la legalite' *de cette distinction et finalement, malgr^ la divergence deleurs opinions, le nom de Djalal al-daula fut prononce', avec1'adjonction de ce titre a la priere publique en 421 (1030) (51). ,

  • r LA DOMINATION DES DAILAMITESLes Buyides etaient les protagonistes du chiisme iranien.

    A cette epoque meme les voisins immediats des Dailamites,les habitants du Gilan, etaient sunnites. Les Buyides avaientanticipe sur la politique des Safavides qui 500 ans plus tardrigerent le chiisme en religion nationale persane, lorsque cetteforme de 1'Islam s'adapta bien au caractere national persan,en approfondit et en souligna les tendances inherentes.

    La premiere mention des ceremonies publiques au moisde Moharram se rapporte justement au temps des Buyides.Voici ce que dit 1'historien Ibn al-Athir : Le 10 Moharramde 1'annee 352 (963) Mo'izz al-daula donna 1'ordre de fermerles boutiques & Baghdad et de tenir des lamentations publiques(niyaha). Des tentes (qibab) couvertes de tissus grossiersdevaient etre erigees et les femmes ayant defait leurs cheveux,noirci leurs figures et dechire leurs vetements devaient par-courir Baghdad en poussant des cris et en se frappant lafigure en signe de deuil pour Hasan fils de 'AH. Les sunnitesne pouvaient pas empecher ces manifestations car les chiitesetaient nombreux et le pouvoir public (sultan) eta.it aveceux (52).

    Comme les lamentations sur les morts etaient de touttemps une des coutumes connues des Dailamites (53), et que,d'autre part, des lamentations publiques decrites par Ibnal-Athir sont evidemment sorties les ta'ziya persanes(deuil, processions de Muharram et representations de mys-teres) nous pouvons considerer les Buyides comme les promo-teurs de ces pratiques typiquement persanes.

    Les Samanides eclipsaient les Buyides par la splendeurde leur cour et par le nombre des talents litteraires ; mais parmiles vizirs des Buyides il y avait aussi des hommesremarquables comme Abul Fadl ibn al-'Amid (vezir deRokn al-daula) et Sahib Isma'Il ibn 'Abbad (vezir deMoayyid al-daula et de Fakhr al-daula, hii-me'ine natif deTalaqan). Avicenne, dont la philosophic ne le preservait pasde niaiseries politiques, fut fait vezir par -Madjd al-daula,quoique bientot il dut partager le sort de son maitre, empri-sonn6 par 1'energique Seyyida. On sait que Firdausi d^dia sonpoeme Yusuf et Zulaikhd au Buyide Baha al-daula (54)- Lespoetes persans des Buyides etaient : Ustad Mantiqi, protege^

  • 20 ETUDES IRANIENNES

    d'Isma'il b. 'Abbad, Bundar qui ecrivait en dialecte de Rey(997-1029) et Kiya Ghada'iri ( le falencier ) morten 1034 (?).Le grand panegyriste Qatran (mort en 1073 ?) qui vecut enAzerbaidjan peut etre egalement considere comme un echode I'epoque buyide. Parmi les Arabes al-Mutanabbi composades odes en 1'honneur de 'Adud al-daula. Au moins troisparmi les princes Buyides etaient tres connus comme poetes(en arabe) et les cours des Buyides attiraient de nombreuxlitterateurs et savants (55).

    14.

    Les Buyides etaient tombes victimes d'une invasion etran-gere, mais, a part les dissensions qui marquerent les dernieresannees de leur regne, il faut relever une cause interieure etperpetuelle de leur faiblesse.

    Leur armee manquait de discipline et, pour contenter lasoldatesque, il fallait avoir recours a toutes sortes d'expedients,et surtout distribuer des terres dont I'entretien perdait ensuitetout interet pour le beneficiaire. A cette epoque tout lemonde voulait jouir de 1'avantage de se nommer Dailamite.Le recueil d'anecdotes de Tanukhi contient une histoireamusante d'un jeune adherent du celebre Maniir al-Halladjqui voulait a tout prix faire une carriere a la dailamite; acet effet il avait appris la langue dailamite et s'etait habituea avaler de grandes quantites d'ail (56). II fallut plusieursfois reviser les listes des detenteurs de fiefs pour biffer lesnoms des personnes qui n'avaient jamais vu le Dailam (57).

    D'autre part 1'armee etait minee par la discorde qui exis-tait entre ses deux elements constitutifs : 1'infanterie daila-mite et la cavalerie turke (58).

    Les Dailamites etaient surtout des fantassins. Us se bat-taient en formant une haie de leurs boucliers peints de cou-leurs 6clatantes, et en accablant 1'ennemi de leurs javelots adeux pointes (jupin) (59). Pour developper plus d'initiativeil leur fallait I'aide de la cavalerie et ici les Turks leur rendaientdes services inappreciables. Pour la defensive egalement lesTurks taient plus solidement arms.

  • LA DOMINATION DES DAILAMITES 21

    Les princes dailamites etaient impuissants a arreter lesconflits qui eclataient a chaque instant (60). On a vu le projetinsense de Bakktiyar, d'exterminer tous ses Turks. En 385 jgg^Sam$am al-daula ordonna le massacre de tous les Turks dansle Pars. D'autres princes, a bout de patience avec leurscompatriotes, essayaient de s'appuyer sur les Turks (61).Mais comme le chiisme etait la base du pouvoir dsBuyides (62) ils ne pouvaient d'une facon durable se detacherdes Dailamites. Aussi etaient-ils voues a des crises continuelles.

    Tels sont les traits essentiels qui caracterkent 1'epoqueinteressante de la domination des Dailamites. Nous avonsessaye de presenter la naissance et le developpement desdynasties sorties de la petite region caspienne. Le temps qu'ellesont regne n'a pas ete tres grand, moins d'un siecle et demi.Mais on ne pent suffisamment insister sur ce fait: sans 1'inter-mede iranien, represente par les SamSnides a Test et lesBuyides a 1'ouest, la tradition iranienne cut ete interrompue ;et, plus tard, la Perse aurait eu infiniment plus de peine 4rtablir sa conscience nationale, apres tant d'epreuves qu'eDeallait encore subir jusqu'a 1'avenement des Safavides.

  • NOTES

    (1) Le canton Dailatnau est situe a 1'altitude de 1400-1300 m. entre la montagneNatech-kuh, qul le separe au nord de I/ahidjan, et le haut pic Dalfak qui commandela rive droite du SeHd-rud. On cherche dans Daltak uue survivauce du nom ditpeuple ancien Derbik.

    (2) Ibn Miskawaih, Tadjarib al-umam, dont les volumes I, II et VI ont etereproduits photographiquement dans le Gibb Memorial, et dont les volumes V et VIet la continuation ont ete edites et traduits par H. A. Amedroz et D. S. Margoliouthsous le titre : The eclipse of the Abbasid caliphate. Nos references (The eclipse)se rapportent partout au texte arabe de cette excellente edition qui comprend lesannees 295 /go7-393/roo2. II faut egalement mentionner ici les etudes minutieuseset penetrantes du savant persan Seyyid Ahmad Kasrawi, Chahriyaran-i gumnam, I-III, Teheran 1928-1930, qui traitent en detail de 1'histoire des dynasties du nord-ouest de la Perse avant 1'arrivee des Seldjuks.

    (3) Muqaddasi, Bibliotheca geogr. arabicorum, ed. de Gceje, vol. Ill, pp. 353-373, enumere les cinq provinces du Dailatn : Qiimis, Gurgan, Tabaristan, Daila-man et Khazar (!!).

    (4) Istakhri, Bib. geogr. arab., I, 204, al-Dailam al-mahd ; le Hudud al-'alain(ecrit en 372/982), ed. Barthold, I^eningrad, 1930, f. 3ob, Dailam-i hhassa.

    (5) D'apres Istakhri, p. 204, la residence du roi de Dailam etait a Rudbar (surla rive gauche du Sefld-rud). D'apres Muqaddasi, p. 360, le chef-lieu (qasaba, chahr-istan) etait Barvan et les autres points habites etaient: la forteresse Samlruui dansle canton Salarvand (actuellement ruinea de Chamiran, a 3 farsakhs en amont deMandjn); la ville Khachm, ou vivait le chef alide ; (la ville ?) Tarim (actuellement lecanton Tarom) et le canton at-Talaqan (sur le Chahrud). I

  • LA DOMINATION DES DAILAMITES

    sasanide au Dailam portait le litre de valsriz. Baiadhuri, p. 280, mentionne des Dai-laxnites a la cour de Khusrau Parvlz.

    (n) On trom-e les donnees grecques groupees dans Marquart, EranSaJtr, p. 126-7,et Hang Pauly-Wissowa, Real-Encyclopaedic, IV, col. 2432-3 (article de Weissbach).Agathias appelle les Dilimnites la plus importante peuplade panni celles quivivent sur la frontiere persane en deca (?) du Tigre. Procope dit que les Dolomites sont les barbares qui, bien que vivant pamii les Perses, ne se sont jamais soamis auxjois de Perse.

    (12) Les colonies dailamites devaient contr61er la plupart des cols dans la chalne-irontiere turco-persane, cf. Hoffmann, Aussuge aux syrischcn AkUn, pp. 245 et 207.le chef-lieu actuel de Salmas s'appelle Dilraan (Dilmaqan). De la meme origjnedailamite doit toe le nom du canton I,ahidjan (au sud-ouest du lac d'Ourmiah),"bomonyme du canton du GDan, lequel etait le fief des princes dailamites de laiamille de Vehsudan, Yaqut, III, 149, cf. Kasrawi, I, 131. Eu Georgie on trouve unDilama-chen (chen en armenien = persan abad), Prince Vakhoucht, Descriptiongeogr. de la, Georgie, trad. Brosset, St. Petersbourg, 1842, p. 467, n 297.

    (13) Al-athdr al-baqiya, p. 224 : tva qad azala al-Xazir al-Utriich dhtUika tea.a'dda ichtirdk al-marada. wa'a al-nas jil-kadhkhudhahiya.

    (14) Murudj, IX, pp. 4, S, 279.(15) The eclipse,III, 313 (sousl'anne 388):les fernmes egalaient les homines en

    force de decision, en justesse de jugement et en participation aux affaires >.(16) Muqaddasi, p. 368, Hududal-*alam,i. 2gb-3ia (beaucoupdedetailscurieux

    surlesmceurs). Cf. plus has note 51.(17) Ibn Rusta, p. 151, d'apres lequel les points fortifies diriges centre le Dailam

    -etaient Tchalus, fonde (rebati ! ) par Ma'mun, et Muzn. Plus souvent que ce dernierst mentionn Kalar, situ a une etape & 1'Quest de Tchalus vers la montagne,"Tabari, III, 1524, Mas'udl, Murudj, IX, 5, Istakhri, p. 206. Sur 1'inrportance de

  • 24 ETUDES IRANIENNES

    peuplades voir Mas'udi, Muradj, IX, 7.I,es Dailamites etaient chiites et la plupartdes Gil-s sunnites, Muqaddasi, p. 367, ligne 2 ; cf. The eclipse, III, 305.

    (29) Tarlkh-i guzlda, ed. Gibb Memorial, p. 414. Miss P. Stark (lettre du23 mars 1932) me suggere 1'identification de Kiya-K. Uch (?) avec Kiya- Kalaya, unfaubourg de Chahristan. Un village dans le canton Somam porte le nom de Buya.

    (30) Hamza, p. 24T, Ibn Khallikan, tr. Slane, I, 155 (sous Mo'izz al-daula).mais deja ~BirB.ni, al-Athar, p. 31-8, critiquait cette genealogie factice en disant que lepremier membre de la famille connu etait Buwaih b. Fanakhusra. Cf. Marquart,ZDMC,, 1895, p. 660 : Der Stammbaum d. Bujiden.

    (31) The eclipse, I, 277.(31 a) II s'agit du Karadj Abl Dulaf, pres du Sultanabad de nos jours, entre

    Isfahan et Hamadan.(32) Huatt, Les Ziyarides, Mem. de 1'Acad. des Inscriptions, XI

  • LA DOMINATION DES DAILAMITES

    (50) Ibid., I, 283.(51) Hilal ibn-SaW, Kitab al-wuzara, ed. Amedroz, p. 388 (= The eclipse,JH

    358) : le vezir Muwaffaq dans une lettre a BahS al-daula, datee du 4 juin 10001'appefle chahanchah. Le Tchaharmaqala, p. 17, donne le titre ckahixchak au patronde Isma 'fl ibn 'Abbad (voir plus haut p. 15). Yaqut, Irchad al-arib, II, 120: le titlede chdhinchah attribue a Djalal al-daula sous 403. Amedroz, The assumptionoj the title Skahdnshah by Buwaihid rulers, Numism. Chronicle, 1905, vol. V, pp. 393-9.Cf. Mez, Die Renaissance des I slams, p. 21. Dans le Tchahar maqdia de NizauS'Arudi, p. 82, le titre chahinchah est donne au Kakoyide 'A13 al-daula.

    (52) Ibn al-Athir, VIII, 407. Voir des remarques sirailaires sous lesannees 353,357 et 358, ibid., pp. 413, 435 (le deuil du 10 Muharram et les rejouissances du jourdu Ghadii), 443. Comme 1'a remarque Krymski, Theatre persan, Kiev, 1925, p. 7,la source d'Ibn al-Athir doit etre Hilal ibn-Sabi, qui justement dans le fragment sur1'annee 389 (ed. Amedroz, p. 371) parle de 1'babitude des chutes i de celebrer leyam al-ghadlr.

    (53) Muqaddasi, p. 369 ; The eclipse, II, 137 (Rokn al-daula laments son frerependant 3 jours), 182 (Mo'izz al-daula etant malade se lamente lui-merue), III, 260(Sanisani al-daula apres sa defaite jeune et revet des habits noirs). Cf. Ibn Isfan-diyar, p. 233 : le deuil dailamite est de 3 jours.

    (54) Le Muwaffaq que Firdausi loue dans la preface de son poeme doit etre levezir de Baha al-daula : Abu "All b. Isma'il al-Muwaffaq.

    (55) Tha 'alibi consacre un chapitre special aux poesies arabesde 'Adud al-daula,de son fils Tadj al-daula et de Khusrau b. Firuz b. Rukn al-daula, Yallmai al-dahr,livre II, chapitre i. Les chapitres suivants, 2 et 3, sont consacresaux vezirs buyidesal-Munallabi et Abu-Ishaq al-Sabi: le chapitre 4 aux ecrivains de 1'epoque buyide(ed. de Damas II, pp. 1-105). I,e chapitre 9 cite les vers de 15 poetes dedies au vezirde Baha al-daula Sapur b. ArdacHr (ibid., pp. 290-7). I

  • 26 ETUDES IRANIENNES

    Dailamites et choie les Turks; ibid., Ill, 158, en 379 Bah al-daula transfere sa tenteparmi les Turks qu'il trouve plus loyaux. Cf. la critique du caractere dailamite par lecelebre vezir ibn al-'Amld, ibid., II, 272.

    (62) Ibn-al-Athirl, VIII, 177 :I,es Dailamites etaient chiites et (dans le chiisme)ne connaissaient pas de mesure. Kasrawl a justement releve le fait qu'AJamut,le celebre centre des Assassins-Isma 'flites,surgit plus tard sur le territoire dailamite !D'apres un Tarlkh-i Djll wa Dailam decile a Fakhr al-Daula, la construction de laforteresse d'Aiamut rat commencee par un ancien roi de Dailam en 246/860, voiiDjuwaini, III, ros (eti. de la Royal Asiatic Society, 193')-

    ADDITIONS

    ad p. 17. Rabino, Le Guilan, Rev. du Monde Musulman, 1915-6, XXXII, 280,fcrit : quelques descendants des anciens Dailamites ne Se trouvent que dansles villages de Kelardeh et de Tchoousal, dans la pfafee, en hiver, et a Kelatch-Khant, en ete. I

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