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Mireille Balin. Ou La beauté foudroyée

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Mireil le Balin

ou la beauté foudroyée

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M i r e i l l e B a l i n

Daniel Arsand

la m a n u f a c t u r e

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Crédits photographiques : Cinémathèque de Toulouse : p. 102. Roger-Viollet : p. 97. Viny : p. 110. Les photographies des pages 103, 104, 112 sont extraites du livre de Fran- çoise Ducout, Séductrices du cinéma français : 1936-1956, paru aux éditions Veyrier en 1978.

© LA MANUFACTURE, 1989, 13, rue de la Bombarde, 69005 Lyon. Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous les pays, y compris l'U.R.S.S.

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A Lily A Paule Renaud

A Jean-Michel Quiblier

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« Mireille Balin ou la Beauté foudroyée... » Jacques Siclier

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S'amoncellent, sur une tombe, des images pieuses et niaises, des lauriers de fer imitant le bronze, des médailles, des fleurs séchées, une médiocre statue de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. Une mauvaise pein- ture souille les lettres gravées dans la pierre d 'un nom autrefois célèbre.

Depuis vingt ans, Mireille Balin, star des années trente, repose au cimetière de Saint-Ouen.

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Un mannequin

« Vous devriez travailler comme mannequin ! » Souvent, ce con- seil de Jean Patou revenait en mémoire à Mireille Balin.

Le mois de décembre 1931 était glacial. Mireille Balin venait de se coucher à l'aube. Elle tira à elle couvertures et draps. Le silence emplissait l 'appartement familial. De son lit, elle apercevait, jetée sur une chaise, une robe de bal. Le tulle noir de la jupe s'évasait et gardait dans ses plis un peu de nuit.

Engourdie, heureuse, Mireille Balin songeait à la soirée à laquelle Jean Patou l'avait conviée. Elle y avait dansé. Les coupes de cham- pagne se vidaient et les flûtes tintaient lorsqu'on les reposait sur un plateau. Mireille Balin avait à peine jeté un œil sur les murs de l 'appartement décoré par Boutet de Monvel. Contempler un objet ou une toile lui faisait désirer la solitude. Elle avait observé les invités ou, au bras d 'un cavalier, avait été sans pensée, saoulée par la musique, les compliments murmurés.

Mireille Balin avait pénétré dans un des hauts lieux de la vie pari- sienne cosmopolite. O n y flirtait, on y échangeait des anecdotes cruelles sur le milieu théâtral ou les financiers véreux, on y expo- sait — aussi — des théories sur l 'art. La vicomtesse de Janzé, con- nue sous le prénom de Phyllis, muse de Patou et femme d'affaires accomplie, élégante sans ostentation, chaussait des « souliers

1. Souvenirs de Mireille Balin, recueillis p a r Voldemar Lestienne, in F r a n c e - D i m a n c h e , 21 ju i l - let 1960.

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incroyablement hauts, en cuir rouge » et s'entretenait longue- ment avec Cecil Beaton. Il mimait, pour amuser Phyllis, lady Mendl, et son visage tressautait de tics. Et puis, Phyllis s'éloignait de lui, riant encore, promenant de pièce en pièce son corps d'éphèbe. On se pressait autour des joueuses de tennis Suzanne Lenglen et Helen Wills-Moody. U n ambassadeur jouait du piano. Une actrice était assise dans un fauteuil, les joues congestionnées, n'ayant pas retiré sa fourrure. Un scandale, survenu il y avait peu, divertissait encore les invités. Viviane Romance, comédienne alors inconnue, avait giflé Mistinguett dans les coulisses du Casino de Paris. On chuchotait le nom de leur amant commun. Elissa Landi, fille de la comtesse Zenardi, allait, dans quelques jours, s'envoler pour Hollywood où un contrat l'appelait. Qu 'une aristocrate authentique puisse se lancer dans la carrière cinématographique choquait Mireille Balin. C'était, à son regard, déchoir. Peu à peu, les invités prenaient congé de Jean Patou. Il leur promit une fête somptueuse, un bal masqué dans sa propriété de Biarritz.

Mireille Balin resta encore. Elle vit soudain, dans des vases, des gerbes de roses et de lis. L'ambassadeur s'offrit à la reconduire. Elle accepta. La rue de la Faisanderie était très enneigée. Une por- tière de voiture claqua. Des invités s'interpellaient d 'un trottoir à l 'autre. Durant le trajet, l 'ambassadeur et Mireille Balin ne se dirent guère de mots. Mais il lui baisa la main et lui exprima le désir de la revoir. Elle eut une réponse vague. L'automobile démarra lorsqu'elle referma derrière elle la porte de son immeu- ble. Et maintenant, elle reposait dans la tiédeur du lit.

L'emploi du temps de la journée s'annonçait chargé : séance de photos, présentation d 'une collection chez Martial et Armand, séance de photos encore chez Jean Patou, rendez-vous en fin d'après-midi avec Nina Ricci. Depuis un an, la studieuse étudiante s'était métamorphosée en un mannequin dont la beauté devenait célèbre.

Fille d 'un journaliste à La Tribune de Genève et d 'une Florentine, Mireille Balin avait eu une enfance d 'une sereine banalité. Du

moins, elle taisait déceptions et ressentiments. Les confidences

2. Cecil Beaton.

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inconsidérées, les jérémiades, les reproches et les larmes lui répu- gnaient. Ses parents la choyaient, l'élevaient pour en faire une jeune femme vertueuse et sans vanité. L'avenir effrayait peu Mireille Balin. L'enfance se poursuivrait, pensait-elle, sans secousse, même au bras d 'un époux. Ses études secondaires, à Marseille, furent brillantes.

Afin de se rapprocher des banquiers de renom et du siège des grands quotidiens, les parents de Mireille Balin s'installèrent à Paris. Dans un pensionnat chic de l 'avenue Victor-Hugo, elle perfectionna sa connaissance des langues étrangères. A dix-huit ans, elle parlait couramment l'italien, l 'allemand et l'anglais. Mais sa mère s'inquiétait que l 'étude du piano au conservatoire prît autant d'importance dans ses activités. Mireille Balin, douée et appliquée, se rêvait concertiste.

De malchanceuses opérations boursières effectuées par le père de Mireille Balin, la menace de ruine rompirent l'idyllique monoto- nie des jours. Le temps des renoncements survint. Le pensionnat fut abandonné. Les cours d'équitation, le jeudi, et ceux de piano furent suspendus sans grand espoir de les reprendre. Mireille Balin devait travailler comme son frère et sa sœur.

On demandait, quelques mois plus tard, une secrétaire chez Patou. Mireille Balin obtint un rendez-vous à la boutique Le Coin des sports, située au rez-de-chaussée du 7, rue Saint-Florentin. Elle traversa un salon ultramoderne destiné à l'essayage des chapeaux. La clien- tèle de passage buvait des alcools forts au bar attenant au salon. Dans le bureau de Jean Patou, Mireille Balin perdit contenance. Elle bredouilla son nom et son âge devant cet homme au front dégarni, au regard vif, à la bouche mince et au sourire ironique, devant cet homme, rival de Coco Chanel, fascinant les femmes p a r « s e s e x c è s a u j e u , s e s a v e n t u r e s , s e s e x t r a v a g a n c e s » ,

symbolisant le dynamisme et la modernité.

Tout en l'interrogeant, il l'observait et lui demanda tout à coup de marcher, de s'asseoir, de tourner la tête de droite et de gauche, d'ôter ses gants.

« Vous feriez mieux de travailler comme mannequin », lui dit-il.

3. Elsa Maxwell.

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Il l'avertit qu'il ne l'engagerait que pour des présentations impor- tantes. Son équipe permanente était déjà formée. Mireille Balin hésitait à se lancer dans un tel métier. « En ce temps-là, pour une jeune fille de bonne famille, être mannequin, c'était déshono- r a n t »

Dans l'après-midi, elle téléphona à Jean Patou pour lui annoncer sa décision. « Je suis devenue cover-girl, mais j 'a i continué à dire à ma mère que je travaillais comme secrétaire... Je voulais vivre, être heureuse, s o u r i r e »

Elle apprit donc à mentir et expliqua à ses parents un travail ima- ginaire.

En quelques mois, elle découvrit les fastes et les coulisses de la mode. Docile, elle accomplissait son métier avec rigueur et ponctualité. Travaillant épisodiquement avec Jean Patou, elle se fit engager chez Martial et Armand, dont la directrice, Mme André Viallet, fut séduite par cette jeune femme élancée et racée, à la chevelure brune et au grand front, aux yeux gris-bleu.

Les collections, chez Martial et Armand, étaient classiques et les clientes « raisonnables ». Dans une robe de lamé ou un tailleur, vêtue d 'un pantalon de flanelle ou d 'un short et d 'une blouse, Mireille Balin était bien plus qu 'un mannequin. Elle révélait une présence.

Elle aimait le luxe l 'entourant. Etre mannequin lui permettait de côtoyer artistes et milliardaires, dandys et princesses. Un seul con- seil de Jean Patou l'avait plongée dans une faune clinquante et frivole. La chance lui souriait. Mireille Balin se croyait ambitieuse.

A l 'heure du déjeuner, elle se nourrissait de peu et vagabondait dans les rues, achetait des éditions rares chez les libraires et les bouquinistes. Lire occupait ses loisirs, avoir entre les mains un ouvrage superbement relié l'émouvait. Les écrivains et les pein- tres lui semblaient les seuls êtres dignes d'intérêt. Dans un square, à la terrasse d 'un café, n'importe où, elle lisait quelques pages de Balzac ou de Flaubert, de classiques grecs ou latins. Il lui plaisait

4. Souvenirs de Mireille Balin, recueillis par Voldemar Lestienne, in France-Dimanche, 21 juil- let 1960. 5. Ibid.

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d'opposer à la turbulente fièvre des salons des plages de répit et de paix. Elle se lassait soudain de l'effervescence des maisons de couture. Mais, chaque matin, elle était impatiente de s'y précipiter.

Dès qu'elle se trouvait dans la cabine d'essayage de chez Martial et Armand, elle devait se déshabiller rapidement, s'habiller plus vite encore, perdre toute fébrilité, marcher dans les salons avec aisance, sourire, virevolter. Mme Viallet n'appréciait guère la femme latine, la déclarait tatillonne, ennuyeuse et chiffonnière. Par contre, les Anglo-Saxonnes gâtaient les mannequins et les ouvriè- res, leur offraient fleurs et chocolats. Dans sa cabine pourvue de miroirs, Mireille Balin divertissait ses camarades en imitant cer- taines clientes. Elle grimaçait, prenait une voix aigrelette, tordait le cou, pinçait les lèvres. Elle avait le sens de la caricature. O n l 'aimait pour sa gaieté, ses saillies et sa verve. Sa franchise, expri- mée brièvement, surprenait. Les discours creux l'agaçaient. Elle avait aussi la crainte du temps qui passe. Et souvent, après une journée à courir de-ci, de-là, à se tenir droite et immobile tandis qu 'on épinglait sur elle une étoffe, à écouter les chagrins d 'amour d 'une amie, elle se jugeait insignifiante.

Pour sa conscience professionnelle, pour sa soumission aux règles régissant l'univers de la mode, Mireille Balin était de plus en plus appréciée des grands couturiers. Sa photo était publiée dans de nombreux magazines féminins dont les réclames vantaient les vertus d 'une savonnette ou d 'une laque, les qualités d 'un tissu ou d 'un buvard.

Le soir, Mireille Balin appréciait l 'ambiance familiale. Sa mère avait préparé le repas. Son frère et sa sœur feuilletaient des jour- naux ou se chamaillaient. Mireille Balin taquinait son fox-terrier. La présence des bêtes lui était nécessaire. Seule, elle caressait un pelage, prêtait une oreille aux mille bruits montant de la rue et rêvait. La paix existait durant quelques heures et rythmait la vie.

Elle avait repris des cours d'équitation. Galoper dans le bois de Boulogne l'enveloppait d 'une sensation de liberté, et chevaucher une monture lui donnait de l'assurance.

« Un jour, mon père est rentré à la maison en hurlant : " T a fille finira dans le ruisseau !" Et il a montré à ma mère ma photo dans un magazine. J ' a i dû tout avouer. Ma mère a beaucoup pleuré

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et la vie a repris comme avant. » Lors de cette scène, elle avait éprouvé la colère, la révolte contre une existence bourgeoise. Elle désirait soudain ne plus avoir à rendre des comptes à qui que ce fût. Elle voulait se lancer dans une vie dangereuse, goûter l'indé- pendance, peut-être se perdre. Et, dans le même mouvement de la pensée, elle doutait violemment, jusqu 'à la panique, jusqu 'au dégoût de soi et des autres, de sa force pour vaincre des obstacles, pour s'imposer définitivement dans un univers frelaté qui, en une seule vision, lui parut impitoyable. La cruauté des rapports humains, les jalousies et les haines, c'était à cela qu'elle allait s'expo- ser. Elle était prête à demander pardon à ses parents, à renoncer à son métier. Mais son regard s'immobilisait et s'y imprimaient l'ironie cinglante et la dureté d 'un orgueil immense. Muette, alors, elle s'installait dans l'affrontement. Et la peur d'être chassée de chez elle, la lassitude d'essuyer des injures la repliaient sur elle- même. Elle n'écoutait plus les reproches, les larmes, les cris et les silences. Elle se voyait comme elle voyait ses parents. Ils n'étaient que des personnages, tour à tour statufiés et gesticulants. Ce vacarme était vulgaire, indigne d'eux. Lentement, Mireille Balin émergea de cette dérisoire altercation, se répétant que son père était bon et généreux. Elle s'avoua aussi qu'il était autoritaire, qu'il ne cessait de brandir une morale suspecte, désuette et étouffante. L'être humain était trop complexe, trop pétri de certitudes. L'indifférence montait en elle.

La soirée fut maussade. Les jours suivants, la vie reprit comme avant, du moins en apparence. Mireille Balin souffrait que les ran- cœurs soient tues, que la méfiance à son égard germe. Il y avait eu rupture entre elle et ses parents. Le regret de l'enfance s'ampli- fiait. Elle tentait désespérément de recréer une atmosphère cha- leureuse. Elle était prévenante, câline envers son père. Il lui accor- dait un sourire et puis se rembrunissait. Elle était consciente de son pouvoir de séduction et que ce pouvoir pouvait être nié. Son père ne la reconnaissait plus vraiment. Elle se poudrait, elle rou- gissait ses lèvres. Mais surtout, elle avait des froideurs soudaines, une insensibilité au monde extérieur qui le rebutait. Elle était sou- dain l'Autre, intouchable, parlant indépendance et s'enfermant, le soir, dans sa chambre. Elle était une femme enfin, fascinée par un monde dont on chuchotait le désordre chatoyant.

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Un bal à l'Opéra

Dans trois jours, ce serait Noël, et Mireille Balin posait pour une réclame louant l'utilité du papier carbone. Tandis qu'elle relevait sa jupe jusqu 'aux genoux, assise devant une machine à écrire, tenant à la main une feuille de papier carbone, elle souriait d 'un sourire éclatant et conventionnel. Noël lui semblait lointain, une fête appartenant au passé. Le photographe lui lançait : « Cambre- toi ! Fixe-moi ! Sois décontractée ! C'est bien. Là. Là ! Reste

encore un moment ainsi ! Ne bouge plus ! Tu es parfaite ! » Et puis les projecteurs s'éteignaient. Elle se levait, défroissait sa robe. En sortant du studio, elle était un peu étourdie par le flot des pas- sants, les voitures. Elle flâna une heure, acheta une édition rare de Théophile Gautier, rejoignit une amie dans un restaurant. Des potins s'échangèrent. Les deux femmes se séparèrent. Sans tris- tesse. Elles avaient déblatéré sur un tel et un tel. Mais comment

parler de soi ? En quels termes ? Les mots n'étaient jamais assez justes.

Noël passa. Auprès de ses parents, Mireille Balin s'était obligée à ne pas se parer avec recherche. Elle jouait à l'humilité. Nerveuse, elle avait bu trop de Champagne. Tout le monde était bon avec elle. Mais cette bonté équivalait au vide. Elle avait la migraine. Bientôt, on serait en 1932. Pour la première fois, une année, pour Mireille Balin, ne signifiait pas douze mois. Une année lui faisait l'effet d 'un espace infini dans lequel son avenir allait se jouer. Ses

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parents remarquaient sa nervosité, ses sautes d'humeur, son man- que d'appétit. Pourquoi chipotait-elle dans son assiette ? Pourquoi se levait-elle dix fois de table ? Les questions l'horripilaient tou- jours. Ses réponses étaient laconiques. Elle se réfugiait dans sa chambre. Il lui était douloureux de n'être plus une enfant, de ne plus savoir accepter d'être protégée et choyée. Maintenant, ses parents la croyaient engagée dans le déshonneur, dans ce qu'ils nommaient, comme des bourgeois du siècle dernier, le demi- monde. Etre jugée autre que ce qu'elle était désespérait Mireille Balin.

En février 1932, à l 'Opéra de Paris, les cinquante plus importan- tes maisons de couture prirent part à un défilé unique des plus beaux mannequins. A la tombola, on pouvait gagner trois voitu- res et cinquante robes ou manteaux signés. Ce fut pour Mireille Balin une date importante. Elle jubilait d'être admirée, applaudie. Bien sûr, on applaudissait la robe de satin, les bijoux. Mais elle se sentait soudain très belle. L'hystérie gagnait les spectateurs. On se bousculait, on essayait de palper les étoffes. Sous le scintillement des lustres, la foule était animée d 'un inexo- rable mouvement de marée. Mireille Balin avait envie de fuir. Elle

avait la sensation de trébucher, d'être embarrassée par les plis de sa robe. Malgré sa répulsion pour ce qui forme masse, halète, sue, crie, elle se maîtrisait. Elle avait frôlé le cauchemar. Un bal clô- tura le défilé.

Plus tard, elle savourera une découverte : elle avait le physique des femmes d'alors, des femmes que Hollywood immortalisait dans des films somptueux. Les jours suivant le bal, elle mena une exis- tence trépidante. Elle fut de toutes les fêtes, de toutes les récep- tions. Elle acquérait une certaine célébrité. Lucide sur le monde qui était désormais le sien, elle déployait un féroce humour contre les imbéciles, les pédants, les arrivistes qui le peuplaient. Mais sa naïveté était à l'égal de sa lucidité. Elle n'imaginait pas que sa beauté seule attirât hommes et femmes.

L'avenir était flou, parsemé peut-être de mirages et de gouffres. Mireille Balin devait refouler en elle la réalité de longues années proches et inconnues, sinon elle se voyait tâtonnant dans l'obscu- rité ou immobile dans un pays de rêve et de mort. Elle luttait pour

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ne pas s'endetter, car l 'avenir deviendrait terrifiant. Insouciante souvent, elle avait parfois des accès de mélancolie. Tout en elle, alors, se ralentissait : les gestes, l'écoulement des pensées, les son- ges. Et les êtres autour d'elle n'étaient plus que des silhouettes. Autrui signifiait une menace. On ne lui tenait pas rigueur de son air buté. Le mutisme ajoutait à sa beauté. La passion amoureuse, l 'amitié allaient peut-être occuper sa vie, mais aussi la certitude d'être irrémédiablement seule. Son enfance

la berçait encore et, peu à peu, se limitait à des rémanences d'ima- ges, d'émotions, de désirs. Elle avait soif d'absolu et hésitait à partir à sa quête.

Elle continuait à rigoureusement pratiquer son métier. Mais les horaires des essayages, les exigences des clientes lui pesaient. Elle ne parvenait pas à nouer avec les couturiers, les ouvrières, les autres mannequins, des relations durables et enrichissantes. Elle avait à peine vingt-et-un ans et elle ne songeait qu 'à acquérir la sagesse. Un changement devait survenir, briser la monotonie survoltée des défilés de mode. Un homme devait la dérober au monde. Un

homme, en effet, allait surgir. Mais il ne serait ni un amant, ni un ami, ni un maître à penser.

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Un monsieur a téléphoné...

C'était un soir de février 1932.

« Un monsieur a téléphoné. Je n 'ai rien compris à ce qu'il m ' a dit », lui annonça sa m è r e

Mireille Balin ne fut guère étonnée. Tant d'hommes voulaient dîner avec elle ! Elle refusait la plupart du temps. Refuser la gratifiait. Elle se sentait inabordable. Mais elle fit le numéro de téléphone que sa mère avait inscrit sur une feuille de papier.

L 'homme était à l 'autre bout du fil. Il avait un accent germani- que. Sa voix était incisive et autoritaire. Il se nommait Pabst et il était l 'un des plus célèbres cinéastes du monde. Il lui expliqua qu'il avait vu sa photo dans une revue : elle souriait, elle tenait à la main une feuille de papier carbone. Il voulait l 'engager dans son prochain film Don Quichotte, une adaptation ruineuse du livre de Cervantès. Il voulait la rencontrer d'urgence à Cannes. Sans réfléchir, par désir de s'éloigner quelques mois de Paris et de la mode, Mireille Balin accepta.

Lorsqu'elle annonça sa décision à sa mère, celle-ci s'affligea : « F a i r e d u c i n é m a ! C ' e s t v r a i m e n t l a h o n t e d e s h o n t e s ! »

Les mannequins sont silencieux. On les contemple. Mais au cinéma, on interprète des personnages scandaleux, on joue des scènes

1. Souvenirs de Mireille Balin, recueillis par Voldemar Lestienne, in France-Dimanche, 21 juil- let 1960. 2. Ibid.

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inconvenantes, on exprime des sentiments dénaturés. Sa mère pleu- rait. Son père renonça à contrer sa fille. U n fossé s'élargit entre eux. Elle n'était pas encore majeure et vivait comme une adulte. « De l'orgueil, de l'honnêteté, de la discipline », recommandait son père. Elle hochait la tête. Elle était pourvue de ces qualités. Jusque tard dans la nuit, elle compta et recompta ses dépenses de la dernière quinzaine. Elle n'avait plus un sou vaillant pour entre- prendre le voyage à Cannes. Elle pourrait vendre un ou deux livres. Mais elle ne voulait rien perdre et tout obtenir.

« J ' a i d i t à m a m a n : " T u m e p r ê t e s p o u r l e v o y a g e ? " »

Sa mère fit plus. Elle n'avait aucune envie de l 'imaginer dans un hôtel minable. Elle mit à sa disposition une somme rondelette pour loger une dizaine de jours au Négresco, à Nice. Durant le trajet en train, Mireille Balin se reprochait d'avoir accepté une entrevue avec Pabst. Elle n'était pas une actrice et le cinéma ne la captivait guère. Tourner dans un film serait sans doute une expérience sans lendemain. Mme Viallet avait été mécontente de se séparer d'elle. Aurait-elle encore confiance en l 'un de ses man- nequins préférés ? Après le tournage, Mireille Balin n'avait pas l'intention de « perdre des heures à frapper aux portes des socié- tés de production, à voir des régisseurs qui la recevraient en vitesse e t q u i l u i r é p o n d r a i e n t e n l u i f a i s a n t d ' é v a s i v e s p r o m e s s e s » .

Le train traversa la Provence. Les haies de cyprès couchées par le vent, les mas aux lignes pures, les forêts de pins, tout cela exal- tait Mireille Balin. De minute en minute, elle était de plus en plus impatiente de parvenir à Nice. La Côte d 'Azur était un des hauts lieux de sa vie.

« Un jour, en juillet 1911, ma mère était en vacances sur la Riviera. Elle passait son temps à se faire promener en limousine le long de la corniche, pour admirer la mer. Dans un virage, près de Monte-Carlo, la voiture dérapa et s'en alla capoter contre un arbre. On transporta d'urgence ma mère dans une clinique de Monte-Carlo. Elle arriva à temps pour me mettre au monde avec deux mois d'avance sur l 'horaire »

3. Ib id .

4. N o s V e d e t t e s , 1942.

5. Souvenirs de Mireille Balin, op . cit .

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Au bord de la Méditerranée, Mireille Balin croyait que la mort peut être évitée et que toute naissance est possible. Elle aimait le soleil blanchissant le ciel, les chemins de chèvres et les plages. Elle observait mille détails, et cette crique, ce bouquet de mimosas, cette forêt de chênes, ces galets et ces villes dont la pierre aveugle et déli- vre, par leur intense flamboiement, de toute pensée et même de tout désir. Elle y goûtait le plaisir d'être inconsciente et heureuse. Le Négresco l'éblouit. C'était la première fois qu'elle possédait une chambre dans un établissement de luxe. Elle eut à peine le temps de se reposer qu 'un télégramme lui parvenait : Pabst désirait la voir le lendemain aux environs de Grasse où les extérieurs du film

se tournaient. Une voiture viendrait la chercher. Inquiète de l'entre- tien avec Pabst, impatiente de connaître un plateau de tournage, sceptique quant à sa valeur d'actrice, elle dormit peu. Et ce fut une jeune fille intimidée, vêtue de blanc, un feutre ombrant son visage, qui monta dans une Cadillac peu avant midi.

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« Don Quichotte »

La voiture ralentit et stoppa à deux pas du lieu de tournage. Mireille Balin serrait contre elle son fox-terrier. Ce n'était pas une attitude de star ou de mondaine. Elle avait toujours besoin d 'une présence animale auprès de laquelle se conforter. Elle caressait son chien sans lui murmurer un mot de tendresse. Cinq minutes plus tard, elle allait se trouver au cœur d 'un univers qui modifierait radica- lement son existence.

« Avec mon petit chien sous le bras, je suis tombée dans Babel. Ecoutez ! C'était inimaginable comme premier con- tact avec le cinéma : personne ou presque ne parlait fran- çais... L'opérateur, Farkas, était Tchécoslovaque ; Pabst, bien sûr, Allemand ; Chaliapine et les producteurs étaient Russes ; il y avait les Américains pour la version anglaise. Je crois bien qu'avec un petit gars qui s'appelait Dorville, nous étions les seuls à parler français »

A perte de vue s'étendaient des champs. Des moulins se décou- paient à l'horizon, vétustes, inutilisés depuis des lustres, vermou- lus, grinçant de leur base à leur toiture. Les ailes tournaient lente- ment. Le vent était faible.

U n machiniste guida Mireille Balin entre des filins, des poulies, des caméras. Un géant d 'un mètre quatre-vingt-douze la heurta, s'excusa et la salua. C'était le chanteur Fédor Chaliapine. Il se proposa de la conduire à Pabst.

1. Pierre Philippe, interview de Mireille Balin, in France-Dimanche, 1961.

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Derrière des lunettes d'écaille, Pabst la détailla des pieds à la tête, en quelque sorte l'ausculta jusqu 'à la gêner. Il avait des sourcils broussailleux et son front se dégarnissait. Sa bouche ignorait le sou- rire. Son nez était long et large. Mireille Balin croisa son regard clair, impérieux, profond. Pabst avait un regard tourné vers les mouvements secrets de la pensée. La mort et le sexe incendiaient son œuvre. « Non, cria-t-il. Ce n'est pas la peine de faire des essais. C'est elle ! Je vous dis que c'est elle ! »

Le prestige du cinéaste était tel que ses désirs étaient des ordres. Le contrat devait être signé au plus vite. Mais Mireille Balin, étant mineure, ne pouvait en remplir les formalités. Sa mère fut appe- lée d'urgence et le signa à sa place.

Mireille Balin fut stupéfaite d'avoir été engagée sans avoir prouvé son aptitude au métier d'actrice. Elle avait du mépris pour tant d'absurdité. Le soir même, elle lut le scénario. Son rôle était court et elle le mémorisa en quelques heures. Elle aurait à interpréter la nièce du chevalier, une jeune fille sans envergure, bonne par pitié, pleine de bon sens et de gaieté, sans grande intelligence, peut- être tendre, sans doute maternelle. En somme, dans le film, Mireille Balin serait insignifiante.

Le cinéma la déconcertait. Le vacarme supplantait le silence. Les gens couraient en tous les sens, se disputaient, se réconciliaient. Etait-ce dans ce tumulte que s'échafaudaient les légendes moder- nes ? Mireille Balin n'avait pas à se plaindre de l'attitude des comé- diens, des électriciens ou des habilleuses à son égard. Ils étaient plutôt gentils et avaient le goût du drame. L'habilleuse lui contait des anecdotes. La coiffeuse priait Dieu à tout instant. Chaliapine lui tapotait l'épaule, lui offrait une coupe de Champagne. Dorville l'avertissait des aléas d 'un métier difficile, pavé de jalousies et de rancunes. Ils déjeunaient souvent ensemble.

Dans les studios de la Victorine, dont les lettres de noblesse avaient été données par Rex Ingram dans les années vingt, Mireille Balin jouait trois scènes. Paralysée par le trac, elle se demandait si être la nièce de quelqu'un donne une personnalité, un jeu particulier. On l'obligeait à prendre une mine apitoyée, à se montrer effrayée

2. Souvenirs de Mireille Balin, recueillis pa r Voldemar Lestienne, in F r a n c e - D i m a n c h e , 21 ju i l - let 1960.

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par les colères et le délire de Don Quichotte. Il lui était difficile d'exprimer quoi que ce fût, de croire en la pitié ou en l 'amour, d'être quelqu'un d'autre qu'elle-même. Et jouer avec excès ne lui convenait guère. Déjà, tout en elle s'exprimait en demi-teinte. Mais, après tout, peut-être l 'amour existait-il, peut-être ressentait- on de la pitié pour autrui. Alors, elle oubliait les caméras. Elle sui- vait des yeux Chaliapine. Don Quichotte est fou, excentrique, se disait-elle, et naturellement, elle était choquée par tant de cris, de hurlements, de phrases lancées avec éclat. Mireille Balin se cou- lait lentement dans son personnage. « Magnifique ! Merveilleux ! Quelle actrice ! » s'écriait Pabst.

Il la réconfortait et il avait sans doute raison de la louanger. Elle se révélait une actrice. Pourtant, aucune passion ne l 'animait pro- fondément. Malléable, rigoureuse, elle se pliait aux exigences du cinéaste comme elle s'était pliée à celles des couturiers. Elle se ren- dait compte aussi que Pabst n'acceptait pas de se tromper sur le choix de ses comédiens. Face à Chaliapine, elle n'était qu 'une ombre. Qui pouvait la remarquer ? Mais sa voix de gorge portait et elle avait une prononciation excellente.

A Grasse, elle tournait aussi dans l'une des scènes capitales du film. Don Quichotte s'éloignait d 'une assemblée de notables, sifflante, inculte et matérialiste. Les prélats et les aristocrates se moquaient du chevalier. La duchesse murmurait , émue et rigide : « Il n 'y a vraiment que les fous qui sachent aimer. » Le cardinal, dressé de toute sa hauteur, vitupérait : « Ce Don Quichotte veut faire régner la justice par les voies humaines, il se substitue à la Providence. Les seuls coupables, ce sont les livres. Qu 'on les brûle ! »

Sans le fixer, Mireille Balin songeait à l'intrépide vitalité de Pabst, à cet homme qui scrutait le ciel jusqu 'à ce qu 'un certain nuage s'y précise, y oscille, s'y effiloche en passant au-dessus d 'un mou- lin, tandis que l'épée de Don Quichotte tournoie et que Sancho Pança se signe. Un accroc à des braies, un chapeau de guingois sur un front, un envol d'oiseaux, tout ce qui rend si précaire la perfection d 'une scène distrayait Mireille Balin.

3. Ibid.

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Pabst dirigeait avec cérémonie le tournage. Il déployait l'énergie d 'un maître et gouvernait la foule des machinistes, des figurants, des éclairagistes et des acteurs avec une nerveuse grandeur. Il se plaignait tout à coup d 'un art de plus en plus dominé par l'argent, de plus en plus « petite fleur bleue artificielle ». Mais il se com- portait en prince. Durant les trois premières semaines de tournage, il ne s'était plus accordé de sommeil. Il pressentait, par fulgurance, l'échec de son film, et jubilait pourtant de renverser un obstacle technique, d'imposer sa vision du monde.

Il avait beaucoup lutté pour filmer la merveilleuse histoire du che- valier. A l'origine, Chaplin aurait dû la tourner et Maurice Ravel en composer la musique. Pabst ignorait qu'il avait derrière lui ses œuvres les plus puissantes. Greta Garbo avait donné ses plus inten- ses accents dramatiques dans La Rue sans joie et s'était révélée au monde. Louise Brooks irradiait de beauté dans Lulu, actrice de cinéma absolue, ni bonne ni mauvaise, mais, d'image en image, miraculeuse. Pabst avait un talent de premier ordre. Il ne possé- dait pas le génie de Dreyer, de Griffith ou de Von Stroheim.

« Qu 'on les brûle ! » La phrase retentissait encore. Le ciel, tout en nuages de cendres, s'argentait. Pabst félicitait Chaliapine. Il était satisfait de ce qu'il avait obtenu du plus grand chanteur d 'opéra de l'époque. Ce dernier était guindé, embaumé par qua- rante années de gloire. Sa voix seule gardait une confondante sou- plesse, une ampleur tonnante, soudain meurtrie, ravinée de sup- plications et de désespoir. Pabst avait triomphé d 'un Chaliapine timide, mal à son aise sur un plateau, suppliant qu'on lui apprenne à jouer. Maintenant, Fédor Chaliapine se fondait dans le rythme du film. Le chanteur avait parfois des expressions enfantines, sculp- tées par la lumière ou encrassées par les ombres.

Les flammes se courbaient, rampaient, se tordaient. Les figurants s'agglutinaient autour du feu, ivres de fatigue, de fascination et de rage contre Pabst qui les obligeait à ne pas s'esquiver, à ne pas s'accorder une heure de repos, les yeux cernés de poussière. L'odeur de sueur régnait. Les livres se consumaient.

La fumée recouvrait les dernières flammes. Mireille Balin vacil-

lait d'épuisement. Ses larmes coulaient. Elle les essuyait derrière

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D a n i e l A r s a n d c o l l a b o r e à d i v e r s e s r e v u e s d e c i n é m a . Il t r a v a i l l e a c t u e l -

lement à la rédaction d'un livre d'entretiens avec Isabelle Hupert.

Mireille Balin, l'une des plus grandes stars du cinéma f r a n - çais est morte en 1968, oubliée et dans la misère. Son destin, aussi tragique que celui de Rita Hayworth ou d e Marilyn Monroe, fit de cette actrice suprêmement belle l'un des symboles des années 30.

De G.W. Pabst à Jacques Becker, de Julien Duvivier à Jean Grémillon, elle a tourné avec les plus prestigieux cinéastes de son temps et fut l'héroïne de deux chefs- d'œuvre : Pépé le Moko et Gueule d'amour. Ses amis ?

Eric von Stroheim et Raimu. Ses amants ? Jean Gabin et Tino Rossi. Son livre de chevet ? Les Pensées de Marc Aurèle. Son orgueil dévorant et son goût de l'indépendance mirent souvent en péril sa carrière : à Hollywood, elle refuse aux producteurs le droit de modeler son visage et fomente une grève. Incarcérée et jugée à la Libération pour avoir connu une passion avec un officier allemand, Mireille Balin mènera, pendant vingt ans encore, une existence dans la ruine, la maladie et la solitude. La beauté de celle qui fut la femme fatale du cinéma de l'entre- deux-guerres est foudroyée. Suivre pas à pas l'itinéraire de Mireille Balin c'est, à travers les événements politiques et l'univers cinématographique, se sentir pro- che d'une femme qui, de son apogée à sa chute, fut égale à elle- même : lucide, insolente, libre, en perpétuelle quête d'absolu. Une biographie qui se lit comme un roman.

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