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S O M M A I R E

Ministry®, Revue international pour les pasteurs12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.

[email protected]

Rédacteur en chef : Nikolaus SatelmajerRédacteur adjoint : Willie E. Hucks II

Rédacteur de l’édition en français :Bernard Sauvagnat

Secrétaire de rédaction : Sheryl BeckResponsable fabrication : John Feezer IVAssistant : Mervyn LeeConseillers internationaux : Balvin Braham, Ron Clouzet, Daniel Duda, R. DanforthFrancis, Passmore Hachalinga, John Kakembo, Gerry Karst, Janos Kovacs-Biro,Ilie Leahu, Miguel Luna, Jan Paulsen, Bruno Raso, Ángel M. Rodríguez, Ranieri Sales,Hector Sanchez, Houtman Sinaga, Gary Webster, Walton Williams, Measapogu WilsonPublicité : Sheryl Beck; [email protected]; +1 301-680-6518Abonnements et changements d’[email protected]; +1 301-680-6508; +1 301-680-6502 (fax)Couverture & maquette : Dominique Gilson - Éditions Vie & Sante - FranceTarif : 2 numéros pour le monde entier : 10 US$. Pour commander envoyer nom, adresseet règlement à Ministry® Subscriptions, 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD20904-6600 U.S.A.Articles : Nous accueillons les articles non sollicités. Avant de soumettre un article,merci de consulter les consignes de rédaction sur www.ministrymagazine.org. Mercid’envoyer vos textes par courrier électronique à : [email protected].

Séminaires de formation professionnelleDirecteur : Anthony Kent; [email protected]; +1 301-680-6516

Ministry® est publié chaque mois depuis 1928 par l’Association pastorale de la Confé-rence générale des Adventistes du septième jour®

Secrétaire : James A. CressAdjoints : Jonas Arrais, Sharon Cress, Anthony Kent, Peter Prime, Nikolaus SatelmajerCentre de ressources pastorales Coordinatrice : Cathy Payne 888-771-0738, (téléphone) +1 301-680-6508;www.ministerialassociation.com

Imprimé par la Pacific Press® Pub. Assn., 1350 N. Kings Road, Nampa,ID 83687-3193. Port payé à Nampa, Idaho (ISSN 1947-5829).

Membre d’Associated Church Press. Adventiste®, Adventiste du septième jour®, et Ministry® sont des marques déposéesde General Conference Corporation of Seventh-day Adventists®.

Volume 2 Numéro 2 © 2009 - IMPRIMÉ AUX ÉTATS-UNIS.

3 ÉDITORIAL

4 Suivez la Bible :un périple conduisant à unerenaissance spirituelle

I n t e r v i e w 29 INFORMATIONS - ÉVÉNEMENTS

30 DE PASTEUR À PASTEUR

8 L’adoration : maintenirune profondeur théologique etune pertinence cultuelle

A l a i n C o r a l i e

12 Le facteur Joseph :sept principes pour un leadership efficace

L e s l i e N . e t P r u d e n c e L . P o l l a r d

16 Le pouvoir guérisseurde l’empathie

D a n i e l H a r i s s o n

18 Tendre la main :faire la différence à l’égarddes jeunes adultes

A . A l l e n M a r t i n

24 Épouse de pasteurde plusieurs églises :trouver sa place

E l l i e G i l

26 Des petits groupes dansl’église adventiste enamérique du Sud

J o l i v ê C h a v e s

22 Reconnaître la violenceconjugale pour ce qu’elleest : une histoire personnelle

N a t a l i e J o y

M I N I S T R Y ® 2 2 E S E M E S T R E 2 0 0 9 [ ]

21 COURRIER DU LECTEUR

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Une lecture attentive du texte desdix commandements dansExode 20.2 à 17, permet de dire

que ce texte se divise en trois sec-tions. Dans la première, du verset 2 au ver-set 6, Dieu parle au peuple hébreu àla première personne du singulier. Ildit : moi, je. Il parle de : mes comman-dements. Il établit avec son auditeurune relation je – tu, face à face, lesyeux dans les yeux. Son nom propre,le fameux tétragramme, est men-tionné deux fois. Tous les person-nages qui sont mentionnés danscette section, en dehors de lui et dupeuple hébreu, le sont avec des motsau pluriel et dans un contexte reli-gieux ou spirituel : d’autres dieux, despères sur les fils… de ceux qui mehaïssent,… de ceux qui m’aiment etqui gardent mes commandements.Cette section m’invite à aimer et ado-rer Dieu seul et me prévient que cetteprise de position religieuse aura desconséquences sur les générationssuivantes. Dans la deuxième partie, du verset 7au verset 12, tout se passe commesi c’était quelqu’un d’autre qui parlaitde Dieu. Tous les verbes dont Dieuest le sujet sont conjugués à la troi-sième personne du singulier. La re-lation est désormais de type : il – tu.Le nom propre de Dieu est mentionnésix fois. Dieu est bien présent, maisindirectement, dans le discours d’unautre. Tous les autres personnagesmentionnés dans cette section font

partie de la maisonnée (fils, fille, ser-viteur, servante, l’étranger dans tesportes, père, mère) et le sont avecdes mots au singulier. Le contexte estdomestique et concerne donc les re-lations avec des proches dont l’indi-vidualité est connue de l’auditeur.Cette partie me dit que ma religiondoit être source de bienfait, de reposet d’honneur pour les gens de mamaison et de mon réseau relationnel. Enfin dans la troisième section dutexte, du verset 13 au verset 17, Dieun’est même plus mentionné dans letexte. Il n’est le sujet d’aucun verbe,son nom n’est plus du tout men-tionné. La relation devient une rela-tion tu – ton prochain. Dieu est ab-sent, ou, en tout cas, il se fait invisible.En effet, les seuls autres personnagesqui apparaissent dans cette dernièrepartie sont désignés par l’expressionton prochain, la femme de ton pro-chain, son serviteur, sa servante. Lesobjets mentionnés sont tous ceux deton prochain. L’auditeur est doncconfronté à toute autre personne,connue ou inconnue de lui, qui setrouve, même provisoirement, dansson voisinage. Cette dernière sectiondu texte m’invite au respect de l’autre,de tous les autres : de leur vie, de leurconjoint, de leurs biens, de leur répu-tation et de leur droit et même del’image que je m’en fais. La Bible me présente ce texte commeécrit du doigt même de Dieu. Je nepeux donc m’imaginer que la façondont il est rédigé est simplement due

au hasard ! Les observations que j’aifaites me parlent. Elles me disent que :

1. Quand je suis à l’égliseje dis que je choisis d’aimer Dieu etde lui être fidèle, et ce sera bon pourtoutes les générations qui suivront.

2. Quand je suis à la mai-son, mes proches vont voir si ma reli-gion, qu’ils connaissent forcément aumoins en partie, leur fait du bien oudu tort.

3. Quand je suis dans la rue,là où personne ne sait si je crois ounon en Dieu, ma religion ne doit semontrer que par mon respect des au-tres, de tous les autres et dans tousles domaines. Elles me disent tout simplementqu’aimer Dieu n’a de sens, d’intérêtou de valeur, que si cela me conduità aimer mon prochain. C’est mon pro-chain qui est image de Dieu, enfantde Dieu. Si je ne l’aime pas, je n’aimepas non plus celui qu’il représente età qui il appartient.Quelle belle manière de nous direque les relations avec Dieu et entreêtres humains sont la valeur essen-tielle de la vie ! En lisant ce deuxième numéro de Mi-nistry ® en français, vous constaterezque c’est à cela que nous invitentavec force tous les articles, car ils in-sistent sur la qualité concrète de nosrelations entre êtres humains et avecDieu.

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É D I T O R I A L | B E R N A R D S A U V A G N A T

pour faire place au PROCHAINQuand DIEU s’écarte

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Nikolaus Satelmajer (NS) : Quel estl’objectif de l’action «Suivez la Bible »

Jan Paulsen (JP) : Nous sommes his-toriquement connus et nous nous consi-dérons comme « le peuple du livre »,sous-entendant ainsi que nos valeurs,nos convictions et l’essor de notre mis-sion sont issus des Écritures. Nous avonstoujours encouragé nos membres à êtreproches de la Bible et à la lire. Malheu-reusement, beaucoup trop ne passentque peu de temps, voire pas de temps dutout, à lire la Bible. Ils limitent leur « ravi-taillement spirituel » aux seuls versets bi-bliques qu’ils parcourent en prenant partà un service religieux. Ils ne prennent pasle temps de lire spontanément la Bibleou ne l’étudient que très rarement. C’est

la raison pour laquelle cette action a étémise sur pied. «Suivez la Bible » a pourambition de restituer à la Bible son statutde Parole de Dieu et de mettre l’accentsur sa pertinence. En effet, elle s’adresseà tout peuple, toute culture, toute époqueet exhorte chacun à lui consacrer untemps de qualité.

Willie Hucks (WH) : Pensez-vous quecette action va augmenter la lecture dela Bible chez nos membres d’église ?Comment peut-on y parvenir ?

Mark Finley (MF) : Je voudrais vous ra-conter comment le projet « Suivez laBible » a germé et pris forme. Quelques-uns d’entre nous réfléchissaient aumoyen de ranimer le désir de lire la Bible

chez les adventistes du 7e jour. Alors quenous en discutions, dans un esprit deprière, nous avons examiné les statis-tiques qui révèlent que bien que la lec-ture de la Bible ait été pendantlongtemps une priorité pour eux, ellen’occupe plus cette place privilégiéedans leur vie et ils ne l’étudient plusaussi assidument qu’autrefois. Aussiavons-nous tenté de trouver un conceptqui exercerait une action symbolique touten ralliant chacun. C’est ainsi que l’idéed’une Bible voyageuse s’est imposée ànous. Nous l’avons éditée en 66 langues.Chaque livre de la Bible a été traduitdans une langue différente : un faitunique dans l’histoire du christianisme !En faisant voyager cette Bible insolitedans les lieux clés du monde entier, elle

un PÉRIPLE conduisantSuivez la BIBLE :

I N T E RV I E W réal isée par

NIKOLAUS SATELMAJER et WILL IE HUCKS

à une renaissance SPIRITUELLESavez-vous combien de membres de votre communauté lisent régulièrement la Bible ? Qu’en est-il devotre dénomination ? Vous seriez probablement surpris par le taux étonnamment faible de ceux qui lalisent. « Suivez la Bible » est une action lancée par l’Église adventiste du septième jour. Nous croyonsque toutes les dénominations bénéficieraient grandement d’une telle initiative.

Les rédacteurs de Ministry® ont interrogé trois responsables de l’Église adventiste du septième jour mondiale :

JA N PAU L S E N , le présidentM AT T H E W B E D I A KO , le secrétaire

M A R K F I N L E Y , l’un des vices-présidents

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attire des milliers de personnes rassem-blées à cette occasion et stimule sa lec-ture. Cette action s’articule autour detrois éléments :

Premièrement, à l’occasion du pas-sage de cette Bible voyageuse, qui par-court actuellement le monde et sera àn’en pas douter la Bible qui aura traverséle plus de pays et d’océans, des milliersde personnes sont conviées. Lors de cesrassemblements, des messages bi-bliques sont délivrés et l’assistanceexhortée à lire la Bible.

Deuxièmement, l’assistance reçoit unguide de lecture de la Bible. Il s’agit d’undocument unique à deux titres. Vous pou-vez débuter votre lecture de la Bible quelque soit le lieu où vous êtes. Imaginons,par exemple, que la manifestation setienne chez vous en janvier, vous pouvezalors commencer à lire votre Bible etvous la terminerez en janvier de l’annéesuivante. Si vous assistez à la manifesta-tion chez vous en mars, vous pouvezcommencer alors à lire votre Bible etvous la terminerez en mars de l’annéesuivante. Toutes les revues, dont le Minis-try, et tous les media se focalisent sur ceprojet de lecture de la Bible. Ainsi chacunest enchanté de lire la Bible en mêmetemps que des millions d’autres per-sonnes. Ce guide de lecture de la Biblepermet aussi de galvaniser leur résolu-tion.

Troisièmement, un site web particuliera été créé pour cette action : www.Fol-lowtheBibleSDA.com. N’importe qui den’importe où dans le monde peut seconnecter sur la toile pour s’embarquerdans la formidable aventure de la Biblevoyageuse et peut lire la Bible dans lafoulée. Nous croyons que ce périple vasusciter une véritable renaissance spiri-tuelle et que les pasteurs vont à nouveaufonder leurs sermons sur la Parole de

Dieu. Ils vont encourager leurs membresà participer à cette action et à se connec-ter sur le site. À l’heure actuelle, des pas-teurs du monde entier accompagnentleurs membres pour assister à d’im-menses rassemblements. Nous pensonsque ces actions conjuguées vont stimu-ler des centaines de milliers d’individusà lire la Bible.

Matthew Bediako (MB) : Je crois vrai-ment que ces actions vont éveiller ledésir de lire la Bible. Lorsque j’étais en-fant, nous étions connus comme ceuxqui aimaient la Bible et la connaissaient.Ce n’est malheureusement plus le cas.De moins en moins d’adventistes pren-nent le temps de lire leur Bible et deprier. Aussi comptons-nous sur cetteaventure pour que beaucoup se mettentà la lire et à prier davantage.

NS : La revue Ministry est lue par des mil-liers de pasteurs. Qu’envisagez-vousqu’ils entreprennent spécifiquement ?Comment peuvent-ils collaborer en fa-veur de cette action?

MF : Ils peuvent entreprendre une foulede choses. Nous avons préparé trois ser-mons que nous avons mis sur le sitepour que les pasteurs les téléchargent ets’en servent comme élément de basepour préparer leurs prédications. Ils peu-vent les adapter afin de délivrer des mes-sages issus de la seule Parole de Dieu.Nous pensons que les pasteurs vont en-courager leur communauté à participerà ce projet de lecture de la Bible. Pour cefaire, ils peuvent insérer l’adresse du siteWeb dans leurs bulletins d’annonces.Ainsi les pasteurs vont participer de dif-férentes façons à l’action « Suivez laBible ». Ce projet est fabuleux car il ne selimite à aucune zone géographique ! LaBible est un livre universel et nous allons

lui faire parcourir tous les continents ! Enapprenant l’arrivée de la Bible voyageusedans leur région, les pasteurs sont incitésà rassembler leurs fidèles et à se servirde cet événement comme tremplin pourstimuler la lecture de la Bible.

JP : Je crois que chaque pasteur, quelleque soit sa dénomination, souhaite quela Parole de Dieu occupe la premièreplace.

MF : Le nom de l’action « Suivez laBible », est unique, de plus il est très fa-cile à traduire. Vous suivez la Bible desyeux alors qu’elle parcourt le monde,mais en même temps vous suivez laBible selon un plan de lecture quotidien.

WH : Que deviendra cette action lors dela session de la Conférence générale1 de2010, qui se tiendra à Atlanta, aux États-Unis?

JP : Il y a près d’un an, les Jeux Olym-piques se sont déroulés en Chine où laflamme olympique a achevé son péripleaprès avoir parcouru le monde. Dans uncertain sens, la Bible représente laflamme spirituelle qui nous élève en tantqu’Église. Elle parcourt la terre et exhorteles habitants du monde à la suivre. Nousla maintenons bien haut et tendons verscet objectif qu’est la prochaine sessionde la Conférence générale. Cette der-nière est le grand rassemblement mon-dial des adventistes du 7e jour. Au coursde cette session, des sujets très sérieux

«Suivez la Bible» apour ambition de resti-tuer à la Bible son sta-tut de Parole de Dieuet de mettre l’accentsur sa pertinence. Eneffet, elle s’adresse àtout peuple, toute cul-ture, toute époque etexhorte chacun à luiconsacrer un temps dequalité.

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ces activités? Dans la Bible ! Il existe donc un lien très étroit entre leministère du pasteur et la source qui alimente ses messages.

WH : Quelle est votre perspective à long terme pour cette action?

MB : J’espère qu’après le passage de la Bible voyageuse dans unerégion donnée, une stratégie sera mise en place pour que chaqueÉglise et chaque institution encouragent toujours plus d’individus àlire la Bible. Il existe de nombreux moyens pour y parvenir. Par exem-ple, dans la Division Interaméricaine, des jeunes gens ont écrit leurverset biblique préféré sur une feuille de papier, avec laquelle ils ontfait un serpentin démesuré. Ils en ont fait un événement médiatiquequi a suscité beaucoup d’intérêt dans le pays. J’espère que cette ex-périence va faire des émules et encourager les jeunes à lire la Bible.

MF : Les statistiques indiquent que, dans un pays donné, près de 49%des adventistes du 7e jour ne prennent pas le temps de lire quotidien-nement la Parole de Dieu. Imaginons que ce pourcentage augmentede 10 à 15% dans le monde entier. Quelles que soient les statistiques,notre objectif à long terme est de les relever de façon significative.L'objectif de cette initiative ne constitue pas un événement en soi. Lesréunions de masse et les milliers d’invitations sont destinées à encou-rager les familles à lire la Bible. L’objectif à long terme est de péren-niser la lecture de la Bible et d’encourager les parents à lire la Bibleà leurs enfants. C’est également celui d’encourager les étudiants àparticiper activement à la lecture de la Bible en aménageant des mo-ments de méditation réguliers dans leurs dortoirs. C’est aussi celuid’encourager les laïques à sonder les grandes doctrines des Écritureset à se laisser exhorter par les Évangiles et le message de Jésus. Voiciune citation révélant la portée de la lecture de la Bible : «Seuls ceuxqui ont nourri leur esprit par les vérités bibliques tiendront fermes lorsdu dernier grand conflit »3. Une autre citation confirme : «Si la Parolede Dieu était lue comme elle le devrait, [il en résulterait] une largeurd'esprit, une noblesse de caractère... presque inconnues au-jourd’hui »4. Notre objectif est donc d’aider nos membres à attendrele retour de Jésus en entreprenant une étude systématique de la Biblequi transformera leur existence. Le même esprit qui a inspiré les au-teurs de la Bible pourra opérer une renaissance spirituelle chez leslecteurs de la Bible. Notre objectif est d’aider nos membres à déve-lopper leur persévérance et à renouveler leur relation avec Jésus.

I N T E RV I E W - SUIVEZ LA BIBLE

seront abordés. Pourtant, nous n’oublions pas pour autant quenous sommes avant tout une communauté spirituelle détentriced’une mission sacrée, qui est notre ordre du jour. Tout ce que noussommes et souhaitons accomplir pour Dieu est énoncé dans laParole de Dieu. Aussi sera-t-il approprié d’ouvrir cette session dela Conférence générale avec notre torche spirituelle qui achèverason périple à Atlanta. Elle y annoncera symboliquement au mondeentier que cette session n’est pas uniquement le rassemblementd’une communauté spirituelle, mais que la Parole de Dieu est lefondement même de notre unité. Il s’agit donc tout autant d’unacte symbolique que de mettre l’accent sur l’étude de la Bible.

NS : Qu’entrevoyez-vous après la session de la Conférence géné-rale ? J’espère que cela ne se limitera pas juste à dire : « Nousvoici à Atlanta, nous avons ramené la torche ! ». Qu’envisagez-vousde faire après cela?

MF : La session de la Conférence générale tire les conclusionsdes cinq années précédentes et lance les cinq années à venir.Nous aimerions, alors que la Bible achève son périple à Atlantaet à l’instar de la torche olympique, que cette session soit l’occa-sion de mettre l’accent sur la Parole de Dieu devant ces millionsd’adventistes du 7e jour qui ont suivi le voyage de notre Bible. LaParole de Dieu est le fondement de notre foi, cette caractéristiquedoit devenir une puissante motivation pour que nos membres lalisent, l’étudient et la méditent au-delà de la session de la Confé-rence générale.

JP : Il existe un autre aspect, fortuit celui-là, mais qui cible lemême objectif. Lors de cette prochaine session, nous allons nousfocaliser sur la vie du pasteur : ses défis, ses réalisations, sestâches, sa mission et sa responsabilité : celle de nourrir le trou-peau. Où le pasteur puise-t-il ce dont il a besoin pour accomplir

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NS : Toute action importante doit être préalablementamorcée et mise en exergue pendant des mois, voiredes années. Quels échos avez-vous reçus à ce sujet ?

JP : Nous avons présenté ce projet, lors du Conseil an-nuel et du Conseil de printemps5, aux différents respon-sables du monde entier. Ils l’ont tous accueilli avecbeaucoup d’enthousiasme et ont immédiatement com-pris l’impulsion spirituelle qui pouvait en résulter. Cha-cun d’entre nous n’a qu’un souhait : voir croîtrespirituellement nos membres et les savoir chevillés à laParole de Dieu pour qu’ils soient en mesure de partagerles valeurs qu’elle recèle. Aussi soutenons-nous tout cequi peut améliorer, consolider et accroître l’efficacité decette action. Sa présentation a suscité un formidable en-thousiasme. Le voyage de notre Bible se poursuit.

MF : De nombreux dirigeants de l’Église mondiale ontfait écho à ce concept. Dans une certaine région dumonde, les responsables projettent une rencontre deplusieurs Églises pour accueillir la Bible voyageuse.

NS : Dès que la Bible occupe la position clé d’une ini-tiative, elle entraîne toujours un changement positif. Lesmouvements de réforme ont toujours débuté avec la Pa-role de Dieu, qu’il s’agisse de Luther, Calvin, Wesley,Miller ou de qui que ce soit d’autre.

MF : Le mouvement de nos pionniers adventistes aconnu son essor grâce à la proclamation de la Parolede Dieu. C’est elle qui est le fondement de notre mou-vement.

JP : Les débuts de notre Église ne se limitent pas auseul siècle et demi de notre œuvre aux États-Unis, maisaussi à ceux du nord de l’Europe, en Norvège par exem-ple. Mes parents ont été baptisés à cette époque et ontfait partie de la première génération d’adventistes. Nosmembres y ont acquis de solides convictions grâce à laprédication de la Bible et à son étude. Il ne s’agissaitpas seulement d’un vague sentiment spirituel, mais deconvictions solides et bien ancrées. L’étude de la Biblefait véritablement partie de notre héritage !

1. Il s’agit de l’assemblée internationale des adventistes du 7e jourqui se tient tous les cinq ans.2. Territoire de l’Église comprenant les Caraïbes et les pays del’Amérique centrale.3. Ellen G. White, traduction et adaptation de The Great ControversyBetween Christ and Satan (Mountain View, CA Publishing Associa-tion, 1950), p. 593-594.4. Ellen G. White, traduction et adaptation de Steps to Christ (Moun-tain View, CA Publishing Association, 1956), p. 90.5. Il s’agit des principales rencontres administratives des respon-sables et représentants mondiaux de l’Église adventiste du 7e jour.

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Dans un monde où les genss’empressent de goûter auxmystères et accordent beau-

coup de place à leur intuition, la règled’or est l’implication personnelle.Kenda Dean déclare à propos descroyants actuels : « Pour eux, l’adora-tion est un verbe. ”Adorer” c’est invo-quer l’immédiateté de Dieu,l’impressionnante ”immédiateté ” deDieu au sein de laquelle la présencedivine est subjectivement appréhen-dée1.» Cette expérience de Dieu estun engagement pleinement actif etdynamique. Le mouvement Louangeet Adoration (L&A) et son plus prochecousin l’Église émergente, peuventêtre perçus comme une réponse àune soif d’expériences religieusesprofondément intimes. Le type de mu-sique (le plus souvent populaire oulégèrement rock) joue un rôle impor-tant dans la capacité de L&A d’entreren résonance avec la génération pré-sente, sans éprouver le besoin de re-visiter le passé et de chanter, en destermes inconnus et sur une mélodieinhabituelle, pour rencontrer le Dieuéternel.

Dans le style actuel, cette tendance s’ex-prime aussi dans le choix des textes. Laplupart d’entre eux sont simples, com-muns et courts. Bien que beaucoup dechants soient fondés sur des passagesde l’Écriture, ils n’ont généralement pasde grande profondeur théologique. Ils ex-priment plutôt une profonde reconnais-sance et louent la grandeur et la bontéde Dieu. L’usage commun de la techno-logie du PowerPoint dans le culte permetaussi une plus grande liberté corporelleque ne pourraient le permettre leshymnes. Ainsi, pour L&A, la contempora-néité et l’accessibilité sont de la plushaute importance.Un autre élément de la musique L&Ac’est son choix de chants adressés àDieu plutôt que des chants sur Dieu. Lethéologien anglais Pete Ward dit que ceglissement dénote un glissement d’uneadoration objective vers une adorationréflexive 2. Alors que les hymnes tradition-nels sont davantage centrés sur le récit« objectif » de l’histoire du salut, leschants contemporains tendent à souli-gner davantage nos sentiments et nos

L’ADORATION :

une PROFONDEUR THÉOLOGIQUE

A L A I N C O R A L I E , M D I V, M T H , es t sec ré -ta i re assoc ié pour la D iv i s ion A f r ique del ’Est de l ’Égl ise advent iste à Nairobi , Kenya.

et une PERTINENCE CULTUELLEémotions à l’égard de Dieu. Ainsi, ilsvoient Dieu activement impliqué ici etmaintenant, désireux de toucher et detransformer nos vies.Cet accent sur l’immanence de Dieu dé-bouche sur un heureux changement, cardans le culte, nous ne louons pas unDieu muré dans le passé ou indifférent ànotre louange et à notre adoration. Ce-pendant, l’adoration se doit de prendreaussi en compte la transcendance deDieu selon qu’il dit lui-même : « Ne suis-je un Dieu que de près, dit l'Éternel, Et nesuis-je pas aussi un Dieu de loin ? » (Jé-rémie 23.23). Ainsi, limiter l’adorationde Dieu à une expérience présente, pa-raît plutôt restrictif et ne maintient pas latension biblique du Dieu à la fois procheet lointain qui devrait influencer le cultecontemporain. Cela me conduit à soule-ver d’importantes questions concernantl’adoration.

Émotivité et individualismeLe premier sujet de préoccupation est lesentimentalisme qui n’est jamais trèsloin quand « la croyance est considérée

maintenir

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comme rétrograde, [et] que l’expérienceest encouragée 3.» Très souvent, la valeurd’un culte se mesure presque exclusive-ment aux sentiments qu’il génère, sépa-rant ainsi l’intellect de l’expériencechrétienne. Dans un milieu où les gensdonnent beaucoup d’importance à l’ex-périence et à l’émotion et considèrentles propositions de foi comme uneconstruction sociale, les points précis dedoctrine tendent à devenir tout simple-ment inadéquats. Détacher l’adorationde la réflexion théologique sur Dieu etsur ses grandes œuvres ne bénéficie pasà la communauté. Les membres d’Eglisene devraient pas être seulement encou-ragés à exprimer leurs sentiments enversDieu. Ils devraient aussi être mis au défide réfléchir. La conception selon laquellenous venons en la présence de Dieujuste pour nous détendre, retarde toutsimplement la croissance spirituelle etentrave la réflexion théologique. En effet,de tels types de sentimentalismes fontobstacle à un véritable engagementavec Dieu. L’adoration engage, par sa na-ture même, notre être tout entier et doitimpliquer toutes nos facultés.

L’individualisme est le deuxième sujet depréoccupation. À une époque où lesgens recherchent une expérience spiri-tuelle, ce qui importe le plus c’est lecontact avec le divin. Nombre de chantscontemporains portent sur l’expressionindividuelle de la foi. Le suremploi du jeet du moi au lieu du nous dans leschants révèle cette tendance. De tellesexpressions de l’expérience individuelleexaltent Dieu pour son attention et sagrâce. Cependant, une question de-meure : sont-elles uniquement l’expres-sion d’une foi tournée vers l’intérieur ?Nous devons nous rappeler que le sensoriginal et la nature de l’adoration encommun devrait être communautaire,non individualiste. L’adoration inclue undialogue et une communion à la fois ver-ticale et horizontale, et elle nous unit àla fois avec Dieu et les uns aux autres.Les chants que nous chantons et le culteque nous conduisons ne doivent pasmanquer d’exprimer la nature communede notre foi.

Apocalypse 14.6,7 comme cadre d’in-tégrationLe double impact du Service pour cher-cheurs et du Mouvement de Louange etd’Adoration, dans un contexte de culturepostmoderne, a introduit de nouvellesdynamiques dans de nombreuses com-munautés. Ce glissement majeur devraitnous encourager à examiner plus atten-tivement l’essence de l’adoration. Mal-heureusement, l’Église n’a souvent pasélaboré une claire théologie du culte.C’est pourquoi les débats sur le cultetournent plus autour du style que de lasubstance.Il est vrai que les pasteurs sont confron-tés au défi posé par les conditions cultu-relles au sein desquelles ils opèrent.Mais ils devraient aussi faire attention àavoir un solide fondement théologique.Cela signifie que si les pasteurs ne doi-vent pas rejeter la culture contemporainepour être fidèles à Dieu, ils n’ont pas be-soin non plus de se conformer à tous lesaspects de cette culture pour avoir unimpact sur les adorateurs. L’appel chré-tien s’exprime aussi bien dans la résis-tance à la culture ambiante que dansson adoption. Seul un solide engage-ment théologique permet de tenir unetelle position.En Apocalypse 14.6,7, Jean offre un telfondement théologique – un cadre cul-tuel intégrateur pour forger d’authen-tiques services d’adoration. Le passageest le suivant : « Je vis un autre ange quivolait par le milieu du ciel, ayant unÉvangile éternel, pour l'annoncer aux ha-bitants de la terre, à toute nation, à toutetribu, à toute langue, et à tout peuple. Ildisait d'une voix forte : Craignez Dieu, etdonnez-lui gloire, car l'heure de son ju-gement est venue; et adorez celui qui afait le ciel, et la terre, et la mer, et lessources d'eaux.» Comment ce textepeut-il influencer notre pensée ? Toutd’abord, il donne comme aspect déter-minant de l’adoration le caractère cen-tral de l’Évangile. Ensuite le texte del’Apocalypse donne de claires directives.

Un culte centré sur l’ÉvangileEn dépit de son fort symbolisme, le textecontient un élément important : l’ « Évan-

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gile éternel » (v. 6) forme la base de lavéritable adoration. Cet accent surl’Évangile est l’essence même du ké-rygme chrétien. La bonne nouvelle estque le Christ, par sa victoire sur la croix,a offert le salut à la race humaine et arendu possible la véritable adoration.Au cœur de l’Évangile il n’y a pas seule-ment une croix glorifiée et une tombevide, il y a aussi un Christ vivant qui vientet qui maintenant remplit un ministèredans le sanctuaire céleste. En d’autrestermes, le culte chrétien ne regarde passeulement en arrière vers le passé, il re-garde aussi en avant vers l’avenir tout enmettant l’accent sur le présent : le minis-tère du Christ s’exerce « maintenant pournous devant la face de Dieu » (Hé 9.24).L’auteur de l’Épître aux Hébreux décritclairement le Christ comme notre leitou-gos (Hé 8.2), notre ministre du culte cé-leste qui rassemble dans sa personnel’adoration et la prière de son peuple. Defaçon remarquable, il est à la fois celuique nous adorons et « l’Orant ». En tantque révélation suprême du Père (Jn 1.18;Col 1.15,16) et unique chemin de salut,le Christ mérite toute la louange et l’hon-neur de la création tout entière. En tantque médiateur de la nouvelle alliance, ilréordonne et purifie notre adoration etnos prières corrompues pour les offrirsans péché au Père. Dans le cadre decette vision, celui qui conduit le cultelocal n’agit pas en faveur des adorateursmais avec eux, reconnaissant qu’ununique Grand Prêtre remplit un ministèreen notre faveur dans le sanctuaire cé-leste. Vu de cette façon, l’Évangile offre peutêtre une perspective puissante et libéra-trice à ceux qui doivent organiser leculte. Il éclaire les choses sous un jourdifférent en rappelant que le Seigneurc’est le Christ et non les lois du marchéou la culture. En oubliant le fait quel’adoration est notre réponse au salutque Dieu a réalisé en Christ, de nom-breux pasteurs ont été souvent préoccu-pés par les formes et les accessoires del’adoration plutôt que par son contenu etla vérité. Ainsi, bien des pasteurs ont étédépassés par l’obligation d’organiserdes services de culte anthropocentriques

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Page 10: Mise en page 1...U ne lecture attentive du texte des dix commandements dans Exode 20.2 à 17, permet de dire que ce texte se divise en trois sec-tions. Dans la première, du verset

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et accueillants pour attirer les gens plu-tôt que par celle qui consiste à mettrel’accent sur le pouvoir transformateur dela croix. C’est pourquoi nous ne pouvonstrop souligner le principe fondamentald’attraction du culte qu’est Christ etChrist crucifié (1 Co 2.1), et non nos in-génieuses cérémonies et nos rituels dis-trayants. Ainsi la véritable adoration ne sera pos-sible que si elle met l’accent sur l’Évan-gile et si sa philosophie et ses formesreflètent le message libérateur de Jésus-Christ. Adorer Dieu n’est pas une option, c’estun impératif évangélique. Ap 14.6 décritl’Évangile éternel comme un évangilepour le monde entier, qui s’adresse à« toute nation, à toute tribu, à toutelangue, et à tout peuple ». Contrairementà la philosophie postmoderne qui tend àfaire de l’adoration un produit bien em-ballé et confus, Apocalypse 14 soulignetrois impératifs de la véritable adoration.Selon le verset 7 : « Craignez Dieu,…donnez-lui gloire… et adorez ». Considé-rons ces trois impératifs essentiels.

Impératifs de l’adoration Craignez Dieu. Parce que l’adora-

tion peut aisément faire l’objet d’unepréférence ou d’un préjugé personnel,l’ange somme les nations de craindreDieu. La notion biblique de « crainte »(phobeo) suggère la révérence, le res-pect et l’honneur dû à Dieu. Dieu estDieu, le pleinement autre. La crainte estla réponse appropriée à sa grandeur,particulièrement en rapport avec sesactes majestueux de salut et de juge-ment. Craindre Dieu ne signifie pas avoirpeur de lui, mais le prendre au sérieux.Cela exige de lui abandonner tous lesaspects de notre vie 4.La notion de crainte de Dieu peut êtretrès étrange à une époque où les ser-vices de culte manquent souvent d’uncertain sens du respect. Marva Dawn lementionne comme « le manque postmo-derne d’une authentique ”crainte” deDieu 5 ». Dawn affirme que la tensionscripturaire entre la crainte et l’amour a

été perdue dans de nombreuses églisesà cause d’une tendance à privilégier lagrâce à bon marché et à imposer le si-lence à la justice de Dieu 6.Il en résulte que nous finissons souventpar avoir des services imprégnés d’unsentimentalisme tiède, mis en place pourque les adorateurs se sentent heureuxplutôt que remis en cause dans leur fortintérieur et ébranlés dans leur auto sa-tisfaction. Un culte taillé à la mesure des consom-mateurs spirituels ne pourra élever lesens de la gloire et de la sainteté deDieu. Il tendra à adopter « une Jésulâtrieconfortable et sentimentale 7 et à réduirele Dieu vivant à un Seigneur flou, c’est-à-dire qui n’a pas de références expli-cites à l’histoire biblique. En conséquence, nous pouvons assumeravec confiance qu’un des principes bi-bliques pour notre époque contient uneinvitation à donner plus de sens à unejuste crainte de Dieu dans le culte. Cettecrainte ne peut venir d’une initiative d’enbas, de facture purement humaine. Lacrainte doit plutôt venir d’une commu-nauté en adoration qui réalise qu’ellesert un Dieu exalté au-dessus des cieux(Ps 57.11; 108.5). Seule une théologiequi exalte la gloire de Dieu et qui re-cherche la présence eschatologique duSaint-Esprit dans les assemblées peutapporter ce sens du respect mêlé decrainte et de la révérence. Pour y parve-nir, la mise en demeure de l’ange àcraindre Dieu implique un appel adresséà ceux qui conduisent le culte pour qu’ilsprennent en compte le paradigme d’unDieu transcendant, juste et saint.

Donnez-lui gloire. Glorifier Dieu,comme nous l’avons vu en Apocalypse14, est le second impératif de l’adora-tion. L’objet suprême de la création del’homme par Dieu est qu’il le glorifie (Mt5.16; Rm 1.21; 1 Co 6.20; 10.31; Ep1.12; Ph 1.11). L’ange appelle les na-tions à craindre Dieu et à lui donnergloire car « l’heure de son jugement estvenu » (Ap 14.7). La perspective globaledu message de l’ange reprend claire-ment l’espoir de l’Ancien Testament de

A L A I N C O R A L I E - L’ADORATION :

voir les nations unies dans l’adoration duvrai Dieu. David souligne cet appel auxnations à adorer Dieu au Psaume 96.7-10 :« Familles des peuples, rendez à l'Éternel,Rendez à l'Éternel gloire et honneur!Rendez à l'Éternel gloire pour son nom!Apportez des offrandes, et entrez dans sesparvis!Prosternez-vous devant l'Éternel avec desornements sacrés.Tremblez devant lui, vous tous, habitantsde la terre!Dites parmi les nations: L'Éternel règne;Aussi le monde est ferme, il ne chancellepas;L'Éternel juge les peuples avec droiture.»

À une époque où le laxisme et la désin-volture sont souvent célébrés commedes vertus, la notion même de jugementpeut être choquante. Cependant, l’ado-ration peut être grandement améliorée,si les communautés se rappellentqu’elles sont redevables à Dieu. Celui quiinspire et permet notre adoration estaussi celui qui la juge. Celui qui nousdonne le pouvoir est aussi celui qui nousdemande des comptes (Apocalypse1.10-3.22). Cela est particulièrement im-portant en un temps où « la fausse ado-ration est tout aussi possible que la vraie,et que la distinction entre les deux n’estpas toujours claire comme du cristal 8. »Il est intéressant de noter que les termesdonner gloire contiennent une tensiondialectique qui caractérise une adorationéquilibrée : respect et joie. Malheureuse-ment, les deux extrêmes du christia-nisme dans son ensemble ont souventeu tendance à accentuer l’un aux dé-pens de l’autre. Les traditionalistes ontsouligné le respect, les charismatiquesl’enthousiasme, et ceux du milieu ontsouvent manqué des deux. Il est certainque seul un Dieu qui vient vers nousavec la grâce et le jugement, la justiceet l’amour peut inspirer des réponsesaussi apparemment contradictoires et si-multanées telles que le respect et la joie,la révérence et la jubilation. Cette tension

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MAINTENIR UNE PROFONDEUR THÉOLOGIQUE ET UNE PERTINENCE CULTUELLE

dialectique doit être maintenue pour quel’adoration demeure théologiquementjuste et une expérience significative.

Adorez est le troisième impératif duculte. Étymologiquement, le terme metl’accent sur la soumission et l’hom-mage 9. Le sens va plus loin que l’adora-tion dans le culte pour inclure la sphèreplus étendue de « la vie, la pensée et l’ex-périence chrétiennes 10.»L’ange d’Apocalypse 14 relève le vraifondement de l’adoration du divin : la re-connaissance de Dieu comme créateur« qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, etles sources d'eaux » (v. 7). Ici, l’ange rap-pelle de façon salutaire que nous ado-rons Dieu non seulement parce qu’ilnous a créés mais aussi parce qu’il nousa créés pour lui (Ap 411). Et ce n’est pastout. L’ange nous somme d’adorer Dieupour trois raisons liées entre elles :

Parce qu’il est le créateur (adorezcelui qui a fait les cieux et la terre)

Parce qu’il est le rédempteur (l’évan-gile éternel)

Parce qu’il est le juge (l’heure de sonjugement est venue).En considérant ces trois raisons d’adorerle divin, nous ne pouvons manquer defaire un parallèle avec l’appel à l’adora-tion et à l’obéissance que nous trouvonsdans le Décalogue (Exode 20.1-11).Dieu est créateur : « Car en six joursl'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer,et tout ce qui y est contenu » (v. 11).Il est rédempteur : « Je suis l'Éternel, tonDieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte,de la maison de servitude » (v. 2).Il est juge : « car moi, l'Éternel, ton Dieu,je suis un Dieu jaloux, qui punis … ceuxqui me haïssent, et qui fais miséricordejusqu'en mille générations à ceux quim'aiment et qui gardent mes comman-dements » (v. 5, 6).

Si ce cadre théologique avec des thèmestels que la création, la rédemption, le ju-gement, l’eschatologie et le sabbat in-fluencent notre concept de l’adoration,l’accent et le style de celle-ci seront mar-qués par une dimension théocentrique

et eschatologique. Comme nous l’avonsdit plus haut, un des problèmes du cultecontemporain est sa tendance anthropo-centrique. De nombreux programmes,idées et services tournent autour des at-tentes et des désirs humains au lieu dela primauté de Dieu, de son amour, de sasainteté et de sa justice. Une mentalitéanthropocentrique déforme la nature dela véritable adoration en écartant Dieude son centre. La véritable adoration,orientée vers le centre qui lui est propre,« doit d’abord être centrée sur Dieu et en-suite sur les aspirations humaines 11.»Les pasteurs devraient donc placer leschoses dans la bonne perspective quandil s’agit d’une chose aussi importanteque l’adoration.

ConclusionSous l’angle de ces principes bibliquesje voudrais maintenant présenter uncourt ensemble d’idées qui nécessitentd’être prises en considération par desassemblées cultuelles. Je crois que lesconducteurs spirituels ont un urgent be-soin de :1. Quitter le modèle anthropologiquecourant dans lequel la culture ambianteprédominante définit le culte pour choisirun modèle théologiquement plus ro-buste dans lequel la théologie interpellela culture en adaptant ou rejetant ses di-vers aspects selon le cas.

2. Fortifier les services cultuels en pre-nant en compte la dimension eschatolo-gique de la foi.

3. Choisir avec soin et former des res-ponsables de la liturgie. Certains d’entreeux sont de bons chantres mais pas debons théologiens, et un beau chant nefait pas une saine théologie.

4. S’écarter d’une spiritualité nébuleusequi ne fait du christianisme qu’une af-faire de sentiments.

5. S’assurer que le sermon explore l’in-finie richesse de la vérité biblique.

6. Brancher l’expérience cultuelle sur lavie réelle en créant un espace dans leservice liturgique non seulement pour lacélébration, mais aussi pour la réflexion,

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la confession, la repentance et le deuil.Il existe un danger à vouloir exigerconstamment des gens qu’ils soientheureux et joyeux dans le contexte duculte alors qu’ils se battent et sont bles-sés par la vie.7. Rendre le culte plus interculturel et in-tergénérationnel plutôt qu’étroitementsélectif et potentiellement diviseur. Lesservices différents pour différents âges,styles d’adoration, goûts musicaux et ca-tégories ethniques peuvent avoir d’heu-reux effets. Mais une meilleure façond’agir serait de faire des services mixtesoù les éléments traditionnels, ceux quirelèvent de la culture contemporaine etles thèmes innovants, se fertilisent mu-tuellement pour enrichir l’expérience cul-tuelle.

1. Kendra Creasy Dean, « Moshing for Jesus: Adoles-cence as a Cultural Context for Worship,» in Tim Dear-born and Scott Coil, eds., Worship at the Next Level:Insight from Contemporary Voices, Grand Rapids:Baker Books, 2004.2. Pete Ward, Selling Worship: How What We Sing HasChanged the Church, Milton Keynes: Paternoster,2005, p. 207.3. David Lyon, Jesus in Disneyland: Religion in Post-modern Times, Oxford: Polity, 2000, p. 94.4. Ranko Stefanovic, Revelation of Jesus Christ: Com-mentary on the Book of Revelation, Berrien Springs,MI: Andrews University Press, 2002, p. 441–443.5. Marva Dawn, How Shall We Worship ? Wheaton, IL:Tyndale, 2003, p. 49, 50.6. Idem. p.50–52.7. Daniel L. Migliore, Faith Seeking Understanding: AnIntroduction to Christian Theology, Grand Rapids: Eerd-mans, 1991, p. 65.8. Ian Boxall, Revelation: Vision and Insight: An Intro-duction to the Apocalypse, London: SPCK, 2002, p.155.9. Howard Marshall in New Bible Dictionary, 3e ed., Lei-cester: IVP, 2003, p. 1250.10. D. A. Carson, Worship: Adoration and Action, GrandRapids: Baker Book House, 1993, p. 15.11. R. Kent Hughes, « Free Church Worship: the Chal-lenge of Freedom,» in D. A. Carson, ed., Worship by theBook, Grand Rapids: Zondervan, 2002, p. 151.

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Chaque époque a eu sa propre ap-proche pour l’étude et la pratiquedu leadership. Pour nous, en tant

que leaders chrétiens, notre approchedevrait commencer avec la Bible. La Pa-role de Dieu a plus à offrir sur ce sujetque l’on imagine. Une manière de nouscentrer sur le concept biblique de lea-dership est d’étudier la vie de ses grandspersonnages, hommes et femmes.

Cet article présente une étude sur les le-çons de leadership que l’on peut tirer dela vie de Joseph. Ensemble, elles for-ment ce qu’on peut appeler le facteurJoseph. Le facteur Joseph rassemblesept compétences essentielles d’un lea-der, et les applique à notre rechercheprésente sur ce sujet. Tout d’abord, ce-pendant, nous devons déterminer nosprésupposés concernant la manière dontl’Écriture va être utilisée au cours denotre étude.

PrésupposésNotre premier présupposé souligne lasource principale pour enseigner et pourapprendre. Car le leadership chrétien estcentré sur l’Écriture, la Parole écrite deDieu. Néanmoins, la Bible ne peut êtreclassée comme un manuel de leader-ship. Pourtant, selon notre haute idée desÉcritures, la Bible se présente comme lamémoire de l’histoire des actions deDieu et de son engagement pour sauvertoute la famille humaine. Ainsi, les per-sonnalités (dont certaines sont des lea-ders) sont mentionnées dans lesÉcritures dans la mesure où elles affec-tent positivement ou négativement la tra-jectoire de la mission de Dieu envers lafamille humaine. Certains caractèressont au centre de la scène ; d’autres ap-paraissent comme des acteurs de se-cond rôle. Mais une analyse attentive deceux qui occupent le centre de la scène

LE FACTEUR JOSEPH :

L E S L I E N . P O L L A R D , P H D , D M I N , M B A ,vice-président de l’Université Loma Linda, Cali-fornie, États-Unis, et directeur exécutif de l’Insti-tute for Leadership Development et

révèle les principes à l’œuvre, les pré-ceptes adoptés, les tactiques utilisées etles leçons énoncées qui sont formateurspour les leaders modernes.

Le second présupposé met l’accent surle plus grand exemple de leadershipdans les Écritures, Jésus-Christ, la Parolevivante de Dieu. Son engagementd’amour agapê, et son service de renon-cement de soi, établissent la règle pourles leaders chrétiens (voir Phil. 2 :1-5).Sa passion pour sa mission, son engage-ment envers ceux qui le suivaient, sonprocessus patient de formation des dis-ciples (mentor moderne), et son attribu-tion de pouvoirs et d’équipement à sesdisciples en vue de leur efficacité, dé-montrent la nature authentique et cen-trée sur les autres, du leader serviteur. Cesecond présupposé, par conséquent, éta-blit un modèle pour le leadership chré-tien, qui va au-delà de la valeur

UN LEADERSHIP EFFICACEsept pr incipes pour

P R U D E N C E L . P O L L A R D, P H D,M P H , P H R , professeur de Gestionà l’École de Gestion, de l’UniversitéLa Sierra, à Riverside, Californie,États-Unis.

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inspiratrice de bien des personnages quivont et viennent sur la scène biblique. Enfin de compte, le leadership chrétienprend pour norme l’exemple de Jésus-Christ dont témoigne le Nouveau Testa-ment.

Le troisième présupposé de cet articlec’est que beaucoup de ce que les lea-ders peuvent apprendre par l’étude duleadership a été enseigné durant les der-nières décennies. Il y a eu des avancéesimportantes dans la recherche sur lathéorie et la pratique du leadership 1. Deplus, comme toute autre branche dessciences humaines, nous évaluons l’uti-lité de ces études par leur accord avecla Parole vivante de Dieu.

Nous nous tournons maintenant vers lesujet de notre étude, Joseph. Mais avanttout, une définition : le « facteur Joseph »inclut une série de croyances, d’attitudes,et de capacités démontrées par Joseph,et qui transforment les personnes desimples disciples en leaders de grandeimportance. Le facteur Joseph souligneun ensemble de sept secrets qui remplitle leadership d’énergie.

Le ChoixL’élément premier, et le plus frappant duparcours de leadership de Joseph mon-tre que rien, dans les origines de sa fa-mille, ne pouvait prédire qu’il deviendraitun leader hautement capable. Considé-rez les « aspects négatifs » de son passé :Joseph était le fils de Jacob, un poly-game qui avait quatre épouses, toutes ri-vales les unes des autres. Joseph avaitdix demi-frères, nés de trois mères trèsconcurrentes. Lui et son jeune frèreavaient la même mère, et le grand-pèrede Joseph, Laban, avait joué un tour àJacob, en lui faisant épouser Léa quin’était pas son premier choix. Entre au-tres aspects négatifs supplémentaires ontrouve : deux autres mères au foyer quifurent des mères de substitution, Josephayant perdu sa mère alors qu’il étaitjeune, et étant le préféré de son père,puisque le fils du premier amour deJacob. Mais cela n’apporta qu’amertumeet haine à Joseph de la part de sesfrères. En dépit de tels antécédents, quide nos jours, auraient produit une per-

Walt Disney voulait rendre les gens heu-reux, apporter de la joie aux enfants etstimuler leur imagination. Ce qui dis-tingue ces leaders n’est pas qu’ilsavaient une vision personnelle, maisqu’ils étaient des visionnaires de l’orga-nisation 3. Ils ont visionné, puis construitdes compagnies qui ont perduré. La vi-sion doit lancer un défi, inspirer et ras-sembler les énergies dans un leadershipcommun, et « jouer un rôle-clé dans lapréparation de l’avenir, servant d’antici-pation pour le processus de formulationde la stratégie 4 ». Considérez l’aspect ecclésiastique denotre organisation (églises, fédérations,etc.). Bien que les règlements soient faitspour faciliter la solidarité du système, trèssouvent ces règles sont guidées par leconformisme plutôt que par un leader-ship visionnaire. Cet état de fait existe enplusieurs endroits du fait que la régle-mentation, non seulement exprime lesvaleurs et la culture de l’organisation,mais en établit aussi les limites. La cul-ture organisationnelle, à son tour, dé-signe les paramètres acceptables pourceux qui dirigent et ceux qui suivent. Cesparamètres de conformité expliquentpourquoi certains leaders de la brancheecclésiastique de notre organisationsont confrontés au scepticisme (et sou-vent découragés). D’autres leaders plusoptimistes reçoivent ce message organi-sationnel et deviennent rapidement desmanagers qui jouent le jeu, plutôt quedes leaders audacieux et visionnaires.Une grande partie de notre énergie orga-nisationnelle va dans la supervision plu-tôt que dans le partage de la vision. Larecherche moderne montre que les lea-ders doivent soutenir la voix de ceux quisont capables et disposés à exercer leleadership du bas vers le haut. Ceux quisont engagés dans le travail de l’organi-sation sont capables de « voir » les inco-hérences et autres menaces del’organisation qui pourraient ne pas êtreévidentes aux leaders exécutifs, et cesvoix engagées devraient être encoura-gées et protégées. De plus, comme ce futle cas pour Martin Luther King, chaquedirigeant devrait pouvoir dire, concernantson devoir : « J’ai un rêve ». C’est la visionqui va conduire l’organisation vers son

sonnalité alcoolique, droguée, psycho-tique ou narcissiste, Joseph est arrivé àdes sommets remarquables de leader-ship. À 30 ans, il est devenu le premierministre de l’Égypte (voir Gn 41.39-46).

Qu’est-ce qui a fait la différence ? Jo-seph a exercé le don du choix. Il a choisiun chemin différent de celui qu’auraitpu lui dicter un foyer dysfonctionnel. Larecherche dans les antécédents desleaders d’entreprises révèle que ceuxqui ont survécu à des adversités sé-rieuses, plutôt que de se laisser décou-rager de manière permanente, sontdevenus des grands leaders quand ilsont « utilisé l’expérience comme un mo-ment déterminant ». Les défis les ontrendus plus forts 2.

La VisionConsidérons la vision comme ledeuxième concept du facteur Joseph, lerêve qui guide les leaders et ceux qui lessuivent, vers la situation future qu’ilspoursuivent. Le rêve de Joseph, décritdans Genèse 37.5-9, soulignait le plande Dieu pour sa vie. Joseph se savait ap-pelé à être un dirigeant. Son rêve lui afourni la boussole qui a orienté sa vie àtravers ses hauts et ses bas ahurissants.Ceci démontre clairement comment lavision dirigeante fonctionne. La visionmaintient vivante la flamme de l’espoirdans le cœur et l’esprit des leaders,aussi bien que de ceux qui les suivent.En fait, sans vision, il n’y a pas de leader-ship.

Le secret du leadership de Joseph trouvesa confirmation dans la littérature mo-derne sur ce sujet. De nombreux leadersont affirmé la centralité d’une vision pré-sentée comme étant ce qui les a encou-ragés dans leur performance deleadership. James Stillman, président deCiticorp de 1891 à 1909, et président-di-recteur général de 1909 à 1918, dans lebut d’en faire une grande banque natio-nale, a engagé des personnes qui parta-geaient sa vision et son espritd’entreprise. Sam Walton, fondateur deWal-Mart, avait la vision de créer une or-ganisation de vente au détail à bas prix.Paul Galvin, fondateur de Motorola, rêvaitde construire une grande compagnie. Et

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avenir. Bien qu’aucune branche de l’or-ganisation ne puisse prétendre à la per-fection, l’élément ecclésiastique doits’engager dans un apprentissage intraorganisationnel, comme nous le voyonsdans le ministère de la santé (hôpitaux,cliniques, etc.) de notre organisation.

L’enduranceLes tournants et virages inattendus dansla vie de Joseph, de la fosse à la prisonpuis au palais, sont renforcés d’uneconstance : l’endurance. Alors que les 30premières années de la vie de Josephsont significatives par leur peine et leurssommets, Joseph a vécu 110 ans. Cela si-gnifie que Joseph a vécu fidèlement, alorsqu’il prospérait, pendant 80 ans après sasortie de prison (Gn 50.22). Les leaderssont appelés à prendre la voie du hautpour un long parcours.

L’endurance dans le leadership peut êtrele mieux remarquée face à l’adversité. Leleadership est un dur travail (1 Tm 4.16,2 Tm 2.3). Souvent les leaders font faceau découragement, au rejet, au ridicule,au ressentiment, à la fausse représenta-tion et nombre d’autres défis. Néan-moins, l’histoire de Joseph démontreque le rejet du rêveur n’a pas anéantison rêve. Certains leaders ont peine àsurmonter le rejet, mais pas Joseph. Soncaractère et sa vision en ont été renfor-cés. Le leadership moderne montre queceux qui, comme Joseph, survivent har-diment à l’adversité, le font, en dépit desdéfis, internes ou externes, posés à leurscompagnies. R.H. Macy a échoué septfois dans la vente au détail avec de trou-ver le succès pour son magasin de New

maturité spirituelle, en même tempsqu’un caractère moral, et ainsi avancevers une sphère plus étendue de leader-ship.

L’autogestion décrit l’aptitude du diri-geant à contrôler sa pensée, ses émo-tions et son comportement. Les leadersefficaces décident de se gérer eux-mêmes, tout en gérant les responsabili-tés relatives à leur travail. Peter F. Druckeraffirmait que, comme l’histoire desgrands personnages qui réussissent, leleader doit « apprendre à se gérer lui-même 5 ». La gestion de soi, pour Drucker,inclut le développement et le contrôle desoi. Le dirigeant efficace connait sesforces, ses faiblesses, ses limites et com-ment agir et apprendre. Par exemple, ai-je des résultats en tant que décideur ouque conseiller ? Est-ce que je fonctionnebien sous tension, ou ai-je besoin d’unenvironnement hautement structuré etprévisible ? Au cœur du leadership iden-tifié par Drucker est la nécessité de l’au-toréflexion afin de comprendrepersonnalité, attitudes, caractère et, enconséquence, les préférences de com-portement.

Diligence Considérez le cinquième élément du fac-teur Joseph, la diligence. Elle se définitcomme l’engagement consciencieux dudirigeant face à son devoir, sa responsa-bilité ou sa mission. La diligence s’ex-prime en allant jusqu’au bout. Elle formele fondement de la crédibilité du leader-ship. Les promesses faites sont des pro-messes tenues. Les projets sont poursuivisjusqu'à leur réalisation. La communica-tion fait le tour complet. Peu de chosessont plus démoralisantes pour les col-lègues enthousiastes que des leaders quine complètent ni leurs projets ni leurs pro-messes. Lee Iacocca, remarquable pourson leadership durant la première moitiéde sa fonction chez Chrysler, s’est perdudurant la seconde moitié à cause de son« manque de discipline, pour rester dansles limites d’actions les plus profitablespour Chrysler.» Au lieu de cela, il est allé

York. Après que Henri Ford ait renvoyé LeeIacocca, celui-ci aurait pu rester déprimé,mais, au lieu de cela, il a accepté le défide diriger la société Chrysler, qui était enbanqueroute. Son leadership remarqua-ble a conduit Chrysler de l’état de failliteau succès financier. Le premier avion deBill Boeing a été un tel échec qu’il a dûse mettre à vendre des meubles poursurvivre financièrement. L’enduranceexige de la hardiesse pour faire face auxdéfis. C’est eux qui nous rendent plusforts.

AutogestionPensez à l’autogestion comme le qua-trième élément du facteur Joseph. Jo-seph est décrit comme « beau de taille etbeau de figure » (Gn 39.6). Nous avonstous entendu parler de leaders, hommesou femmes, qui ont exploité leur propreimage, physique ou politique, aux dé-pends d’eux-mêmes, de leurs familles etde leur organisation. Si vous, en tant quedirigeant, avez été béni par un physiqueattrayant, souvenez-vous que vous devez,dans votre autogestion, utiliser votrebeauté pour honorer Dieu et faire avan-cer son royaume. L’attrait physique,comme élément de votre capital d’in-fluence, ne doit être déployé que pourfaire avancer les autres ; et l’autogestionest l’aptitude à subordonner nos impul-sions aux besoins de notre vocation.

L’épouse de Potiphar a agressé Josephsur cet aspect de son autogestion.Quand elle a essayé de le séduire, il au-rait pu faire usage de son charme. Maisici encore, dans le cycle Joseph, nousvoyons percer la lumière de son carac-tère. Joseph n’a pas succombé. Il a ré-pondu : « Comment ferais-je un aussigrand mal et pécherais-je contre Dieu ? »(Gn 39.9). Joseph ne voulait pas seconduire de manière immorale, bienqu’il lui eut été facile de se trouver desexcuses. Un dirigeant moral se doit de secomporter de manière morale et éthique,faisant ce qui est juste, même si per-sonne ne regarde et s’il peut sortir sansse faire remarquer. Joseph démontre une

L E S L I E N . P O L L A R D E T P R U D E N C E L . P O L L A R D

Le facteur Josephsouligne un ensemblede sept secrets quiremplit le leadershipd’énergie.

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LE FACTEUR JOSEPH : SEPT PRINCIPES POUR UN LEADERSHIP EFFICACE

vers une « frénésie de diversifications hau-tement indisciplinées 6 ».

Les leaders appliqués utilisent au maxi-mum les occasions qu’ils ont, plutôt quecelles qu’ils aimeraient avoir. Joseph au-rait pu se dire : « Je suis destiné à régner.La supervision des opérations d’une pri-son égyptienne n’est pas mon travail.»Mais partout où Joseph pouvait se ren-dre utile, il le faisait. Il utilisait au maxi-mum les occasions qu’il avait, plutôt quede croire que l’herbe serait plus vertedans d’autres pâturages. Même alorsqu’il était en route vers l’Égypte commeesclave « il servirait le Seigneur d’uncœur entier, il ferait face aux épreuvesde sa situation et accomplirait tout de-voir avec fidélité 7 ». Dieu bénit la maisonde Potiphar à cause de la présence deJoseph. Si l’organisation n’est pas bénieparce que vous et moi en faisons partie,nous devons nous arrêter et faire le point.Partout où Joseph allait, les bénédictionssuivaient. Même en prison, Joseph géraitles ordres du directeur avec tant de soinque celui-ci élargit ses attributions. Laprison était bénie. Le résultat : on confiaà Joseph toutes les responsabilités à laprison (voir Gn 39.22, Pr 6.6-11).

DiscernementLe discernement, joyau suivant du fac-teur Joseph, souligne la capacité du lea-der à identifier et lire les trames derrièredes événements ou des actions, appa-remment aléatoires. Les leaders spiri-tuels discernent spécialement lemouvement de Dieu dans les circons-tances de la vie. Durant la scène de laréunion familiale de Genèse 45.5-8, letémoignage de Joseph forme une décla-ration classique concernant le discerne-ment providentiel : « Dieu m'a envoyédevant vous… Ce n'est donc pas vousqui m'avez envoyé ici, mais c'est Dieu. »Jusque là, le lecteur avait le sentimentunique que Joseph avait été vendu. MaisJoseph, maintenant un vice-pharaon de40 ans, évoque ce mot hébreu incroya-ble, shalach, un terme qui vient de la ra-cine envoyer. Joseph lie les différents

vengeance. Genèse 41.51 conduit versla guérison des souvenirs. Le premier en-fant de Joseph naquit alors qu’il était enÉgypte. Il l’appela Manassé, ce qui veutdire « Dieu m'a fait oublier toutes mespeines et toutes mes souffrances ». Ledeuxième élément qui indique que Jo-seph avait dépassé ses expériences trau-matisantes se trouve au verset 52, quandil nomme son deuxième fils Ephraïm,« Dieu m'a rendu fécond ».

ConclusionLe facteur Joseph nous oriente vers septcaractéristiques du véritable leadership,des qualités recherchées par les organi-sations aujourd’hui. De plus, elles doi-vent être les caractéristiques quidéfinissent notre style de leadership entant que pasteurs et leaders chrétiens.

1. Voir par exemple Bernard M. Bass et Ronald E. Riggiodans Transformational Leadership, 2e éditiion (Mahwah,NJ : Lawrence Earlbaum Associates, 2006) ; James M.Burns, Leadership (New York : Harper & Row, 1978) ; JimCollins, Good to Great: Why Some Companies Make theLeap… and Others Don’t (New York: HarperBusiness,2001); Paul Hersey, Kenneth H. Blanchard, and DeweyE. Johnson, Management of Organizational Behavior:Leading Human Resources, 8e edition (Upper SaddleRiver, NJ: Prentice Hall, 2000); James M. Kouzes andBarry Z. Posner, The Leadership Challenge, 4eme édition(San Francisco: Jossey-Bass, 2007).

2. Voir Ann Kaiser Stearns, Coming Back: RebuildingLife After Crisis and Loss (New York: Ballantine, 1988),294; Al Siebert, The Survivor Personality (New York: Pe-rigee Books, 1996); Collins, 82; Kunze and Posner,182.

3. James C. Collins et Jerry I. Portas, «Clock Building,Not Time Telling », dans Business Leadership: A Jos-sey-Bass Reader (Hoboken, NJ: John Wiley & Sons,2003), 373-403.

4. Burt Nanus, “Where Tomorrow Begins: Finding theRight Vision,” dans Business Leadership: A Jossey-BassReader (Hoboken, NJ: John Wiley & Sons, 2003), 359.

5. Peter F. Drucker, Managing Oneself, Harvard Busi-ness Review (Mars/Avril 1999), 65-74.

6. Collins, Good to Great, 132.

7. Ellen G. White, Patriarchs and Prophets (Mountain VIew,CA : Pacific Press Pub. Assn., 1913), 214.

points de son expérience passée et af-firme : « Dieu m’a envoyé. Comme unapôtre ou un missionnaire, ou un ambas-sadeur, Dieu m’a envoyé pour vous pré-céder ».

Simplement parce que Joseph énoncece don de discernement, qui est le pointcentral de son discours, il ne faudrait pasen conclure qu’il ne se rendait pascompte de ces choses déjà auparavant.En fait, il l’avait compris neuf annéesplus tôt. Au moment où il a été conduitauprès du pharaon afin d’interpréter lerêve des vaches grasses et maigres (Gn41.1-10), Joseph pouvait déjà voir laconfiguration de sa vie. À ce moment, lapremière partie de sa vision de Genèse39 était accomplie. Mais l’accomplisse-ment du deuxième élément de sa vision,l’obéissance de sa famille, s’est réaliséeneuf ans plus tard.

Les leaders chrétiens sont appelés, nonseulement à discerner, mais aussi à re-tracer la main de Dieu, à comprendre savolonté et sa providence, à « entendre »la voix de Dieu, et à « voir » ses agisse-ments. Le discernement est un don deDieu !

La CompassionLe septième et dernier élément du fac-teur Joseph dans le leadership est lacompassion, la disposition du dirigeantà accorder grâce au disciple qui aéchoué. Une telle grâce peut être trans-formatrice. Les chercheurs ont découvertqu’une telle attitude de la part de ceuxqui ont été injustement traités, libère l’of-fenseur aussi bien que l’offensé. Jésus arétabli Pierre (Jean 21.15-19). Paul a ex-primé son désir de voir Marc, que l’apô-tre avait précédemment décrit commeimpropre au ministère (2Tm 4.11). Lesleaders efficaces pratiquent l’art de l’ou-bli, du pardon et du soutien à ceux quiles avaient déçus dans le passé. Lesfrères de Joseph lui avaient fait du malde la manière la plus horrible que l’onpuisse imaginer. Joseph aurait pu saisirl’occasion pour se venger, et il aurait pule justifier, mais il n’avait aucun désir de

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En tant que pasteur, vous êtes-vousdéjà demandé comment aborderdes divisions dans votre Église

pour promouvoir l’unité du corps deChrist ?Les divisions au sein de l’Église sur-gissent pour une pléthore de raisons :libéraux contre conservateurs, richescontre pauvres, et vice-versa, tribucontre tribu, caste contre caste pourn’en nommer que quelques-unes. Tropsouvent, le dialogue n’existe pas, et ilpersiste une méfiance mal informéedes autres groupes.Le problème est compliqué et les solu-tions ne sont pas faciles. Comme nousne pouvons pas examiner toutes lesquestions, ni trouver un remède universelet simpliste pour toutes nos Églises,nous considérerons une ressource par-ticulière qui, si elle est mise en pratique,peut avoir un impact monumental pourl’unité des croyants dans le mondeentier : l’empathie.

Définition de l’empathieSelon Carl Rogers, l’empathie consiste à« percevoir avec précision le système deréférence d’une autre personne avec lescomposants émotionnels et intellectuelsqui s’y rattachent, comme si on était lapersonne elle-même, mais sans jamaisperdre sa propre personnalité 1». Autrementdit, il faut le faire avec modération, sansfondre sa propre identité dans une autre.Il ne faut pas confondre l’empathie avecla sympathie, car on peut avoir de la

sympathie pour quelqu’un sans vraimentcomprendre sa situation 2.La sympathie s’exprime par une sensibilitéà l’égard de quelqu’un, fondée sur nospropres sentiments et sur notre expérience.L’empathie pour sa part, fait un pas deplus dans un effort pour comprendre lessentiments et l’expérience de cette per-sonne 3. Quand on éprouve de la sympa-thie pour une personne, on peut être af-fecté personnellement par la situation,au point de compromettre l’état émo-tionnel de cette personne. À l’inverse,celui qui manifeste de l’empathie seramotivé pour assister la victime dans larésolution de la situation qu’elle expéri-mente 4. Ainsi l’empathie dispose d’unecomposante pratique, servant de cataly-seur pour un changement positif.On pourrait affirmer que certains ne sontpas naturellement portés vers l’empathie,qu’ils n’ont pas les capacités émotion-nelles permettant d’avoir de l’empathiepour les autres. Bien que cela puisseêtre vrai dans certains cas, les recherchesmontrent que l’on peut apprendre à ex-primer de l’empathie 5. Elles montrentaussi que si une personne manifeste uneauthentique empathie, c’est plus le produitd’un choix qu’un comportement naturel 6.Ceux qui semblent naturellement empa-thiques le sont en réalité à la suite dechoix effectués tout au long de leur vie.L’empathie est donc une tentative déli-bérée de comprendre l’univers intérieurde quelqu’un, et une capacité qui peuts’apprendre et se pratiquer. Elle peutavoir un impact considérable sur la

DA N I E L H A R I S S O N est étudiant en Mastèrede théologie, option conseil pastoral, à AshlandTheological Seminary, Ashland, Ohio, États-Unis

volonté d’atteindre l’autre en construisantdes ponts par-dessus le gouffre qui nousen sépare.

Les barrières naturellesde l’empathieL’égocentrisme est peut-être une dessources les plus communes de division.En tant qu’êtres humains nous voyonsnaturellement les autres et les événementsau travers de nos préjugés 7. Inconsciem-ment et de façon erronée, nous pensonsque tous partagent nos valeurs, nosnormes, notre éthique et nous sommesdécontenancés quand une personne denotre entourage les viole. Nous supposonsque les autres sont plus proches de nousqu’ils ne le sont en réalité 8. Nous nousattendons à ce qu’ils parviennent auxmêmes conclusions que nous sur certainsévénements et nous escomptons qu’ilsprennent la même décision que nousprendrions dans les mêmes circonstances.Ainsi, nous sommes empêchés de com-prendre leur point de vue, et les classonsdans une certaine catégorie. Nous n’arrivons pas à comprendre lesautres parce que nous ne prenons pasle temps de les comprendre. Parfois nousclassons leur caractère à la suite d’unsimple contact, et nous leur collons uneétiquette sur la base de ce contact 9. Àd’autres occasions nous les classonssur la base de fausses informations quenous avons reçues sur le groupe auquelils appartiennent 10. Pour une raison ouune autre, à cause d’informations erronées

LE POUVOIR GUÉRISSEUR

L’EMPATHIEde

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ou incomplètes sur quelqu’un, nous émet-tons sur lui un jugement.Mais pour que l’empathie fonctionne del’un à l’autre, nous devons accepter dereconnaître que nous sommes nous-mêmes affectés par ces tendances etces limitations toutes humaines. Nousdevons reconnaître que les autres fonc-tionnent à partir d’un cadre de référencetotalement différent du nôtre, et nous ef-forcer de le comprendre. Il nous faut re-connaître que nous entretenons des pré-jugés sur des individus ou des groupesde personnes, et choisir de les combattrecar ils nous empêchent de comprendrele comportement des autres. Ce faisant,nous renversons les barrages qui fontobstacle à l’empathie.

Implications de l’empathieL’empathie est indispensable au maintiende l’harmonie sociale 11. Quand les per-sonnes sont disposées à mettre de côtéleurs sentiments personnels et font l’effortde se mettre à la place des autres, ellespeuvent maintenir la paix entre elles.Une telle disposition constitue une aideincomparable pour raccommoder entreeux les membres d’une Église divisée.L’empathie permet le dialogue entre desindividus très différents 12. Les gens cher-chent naturellement à maintenir le statuquo ; ainsi, peu nombreux sont ceux quis’associent à des gens différents d’eux-mêmes. Ils se drapent dans leur propreculture et sous culture, élargissant lafaille qui les sépare des autres. Au moyende l’empathie, de telles personnes peuventprendre le risque de rompre leur proprezone de confort et, en prenant le tempsde comprendre quelqu’un de différent,ils peuvent découvrir des éléments d’hu-manité qu’ils ont en commun et mêmeapprendre d’eux quelque chose.Ainsi, l’empathie non seulement aidedes personnes ayant de grandes diffé-rences à se comprendre entre elles, maisles conduit à s’aimer les unes les autres 13.Ce type d’amour que Jésus à demandéà ses disciples de posséder (Jn 15.12-14, 17), est le type d’amour qui, une foisqu’il saisit ce qu’une autre personnepeut endurer, recherche activement sonbien-être.Imaginez ce qu’il en serait si les croyantsà travers le monde se conduisaient ainsi.Imaginez les conflits qui pourraient êtrerésolus une fois qu’on a réalisé que lesdifférences se situent au cœur de cer-

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taines incompréhensions. Imaginez lapeine qui pourrait être soulagée si lesgens, au lieu de revenir à leurs méca-nismes de défense, prenaient le risquede comprendre les autres. Rendez-vouscompte de l’unité et de l’amour qui seraitpartagé si l’on choisissait de faire le pasqui consiste à montrer de l’amour de fa-çon pratique à quelqu’un que l’on necomprenait pas au premier abord.Les implications pour le corps du Christne peuvent être sous-estimées. Nous réa-liserions la prière de Jésus que toussoient un (Jn 17.20,21). En agissantainsi, le monde aurait un bel exemplede la paix dont il a besoin, et saurait quenous appartenons à Jésus, conformémentà sa prière.Les répercussions se feraient sentir dansles communautés. Au lieu de se chamailleret de se quereller, on s’attacherait da-vantage à la véritable mission. On pren-drait le temps de comprendre ce qui estimportant pour les autres et on découvriraitensemble une priorité commune qui sur-passe les programmes individuels.

ConclusionOui, l’empathie permet, même à ceuxdont les différences paraissent inconci-liables, d’ouvrir la porte à un authentiquedialogue. C’est un élément déterminantpour établir une interaction pacifiée entredeux parties. Quand des croyants semblentopposés sur diverses questions, l’empathiepeut paver la voie vers un type d’unitéindispensable à notre existence et ànotre mission.Comme pour tout ce qui a de la valeur, ilest rare que ce qui est nécessaire se dé-termine facilement. Comprendre vérita-blement le schéma de pensée de celuiqui est différent de nous exige un groseffort. Même dans des situations où noussommes convaincus d’avoir raison, ilnous faut prendre du temps et dépenserde l’énergie pour apprendre commentun autre peut arriver à une conclusiondifférente de la nôtre. Si nous nous sou-mettons à un tel effort, nous en tireronsd’importants dividendes pour notre mis-sion commune.La promotion de l’empathie dépend despasteurs. Peut-être que, comme toutautre rôle ou autre fonction, la positiondu pasteur présente de constantes oc-casions pour promouvoir l’empathie. Lesnombreux conflits apparemment sansfin, les défis et les résistances qu’il ren-

contre sont des occasions de mettre enœuvre l’empathie de telle manière quecela deviennent pour lui une habitude.C’est au pasteur d’apprendre l’empathieà la communauté. Une fois que les mem-bres ont fait l’expérience de la puissancede l’empathie, ils l’appliqueront entreeux, donnant un exemple d’interactionfonctionnelle. Des gens seront attirés àChrist en voyant à quel point ceux quiprennent son message au sérieux expri-ment son amour.Finalement, si l’empathie peut devenirune habitude dans nos Églises, les dif-férends, considérés un temps commeinsurmontables, seront résolus. Cela nese fera pas sans grande peine, maisceux qui auront éprouvé sa puissancede guérison seront désireux de fairel’effort nécessaire. Finalement, nos Églisespourront s’unir, et nous verrons leroyaume de Dieu agir avec puissancedans le monde.

1. Cité par Jean Decety, « Perspective Taking as theRoyal Avenue to Empathy,» in Other Minds: HowHumans Bridge the Divide Between Self and Others,eds. Bertram F. Malle and Sara D. Hodges, New York:Guilford, 2005, p. 145.2. Paul Lakeland, «The Habit of Empathy: Postmodernityand the Future of Church-Related College,» in Professingin the Postmodern Academy, ed. Stephen R. Haynes,Waco, TX: Baylor, 2002, p. 40.3. Decety, “Perspective Taking,” p. 146.4. Wallace J. Kahn and Catherine V. Lawhorne, Empathy:The Critical Factor in Conflict-Resolution and a Cultureof Civility, West Chester, PA: West Chester University,2003, p. 5A.5. Idem, p. 5.6. Decety, “Perspective Taking,” p. 154.7. Leaf Van Boven et George Loewenstein, “EmpathyGaps in Emotional Perspective Taking,” in Other Minds:How Humans Bridge the Divide Between Self andOthers, eds. Bertram F. Malle et Sara D. Hodges, NewYork: Guilford, 2005, p. 293.8. Idem, p. 285.9. Daniel R. Ames, “Everyday Solutions to the Problemof Other Minds: Which Tools Are Used When?” inOther Minds: How Humans Bridge the Divide BetweenSelf and Others, eds. Bertram F. Malle et Sara D.Hodges, New York: Guilford, 2005, p.160–16210. Idem, p.163 – 165.11. Decety, “Perspective Taking,” p. 148.12. Patricia H. Davis, “Women and the Burden of Em-pathy,” Journal of Pastoral Theology 3 (Eté 1993) p.36.13. Marie McCarthy, “Empathy Amid Diversity: Problemsand Possibilities,” Journal of Pastoral Theology 3 (Eté1993), p. 26.

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Désengagement, privation de droit, etdisparitionSuite à son étude remarquable sur desadolescents adventistes, Roger Dudley,de l’Institut du Ministère de l’Église àl’université Andrews, a noté, «Il sembleraisonnable de croire qu’au moins 40 ou50 pourcent des adolescents adventistesd’Amérique du Nord quittent l’églisedans le courant de leurs années 20. Etce chiffre pourrait être plus élevé 2 ».« C’est une hémorragie d’énormes pro-portions,» avertit Dudley, et il ajoutequ’ « il a été démontré que le déclin dunombre des membres de plusieurséglises protestantes traditionnelles, peutêtre largement déterminé par le manquede jeunes adultes dans les congréga-tions 3 ». Le démographe George Barnanote que, dans le christianisme en gé-néral, « les données les plus notablesconcernant le désengagement signalent

A . A L L E N M A RT I N , P H D, C F L E , est profes-seur associé d’Évangélisation et Ministère de laFamille, Séminaire Théologique de l’UniversitéAndrews, Berrien Springs, Michigan, États-Unis.

que la majorité de ceux qui ont vingt anset plus –soit 61% des jeunes adultesd’aujourd’hui– ont été à l’église durantleurs années d’adolescence, mais sontmaintenant désengagés (ne fréquententplus activement l’église, ni ne lisent laBible, ni ne prient) 4. David Kinnaman, du Groupe Barna, ex-plique : « L’état actuel du ministère en fa-veur des jeunes de vingt ans estterriblement inadapté pour répondre auxbesoins spirituels de millions de jeunesadultes. Ces individus font des choix im-portants pour leur vie, déterminant ainsiles modèles et préférences de leur réalitéspirituelle pendant que les églises atten-dent, généralement en vain, qu’ils y re-viennent après l’université, ou quand ilsauront des enfants 5 ». Ce désengagement est une menacepour l’glise adventiste. Le président del’Église adventiste du septième jour en

TENDRE LA MAIN :FAIRE LA DIFFÉRENCE À L’ÉGARD

DES JEUNES ADULTES

Note de la rédaction : Cet article aborde une question critique dans la perspective de l’Égliseadventiste du septième jour, et plus particulièrement dans le contexte de l’Amérique du Nord.Néanmoins, nous croyons que de tels défis existent aussi dans d’autres confessions, et d’autresparties du monde.

J’ai entendu l’expression l’effetspectateur pour la première foisdans mon cours universitaire de

psychologie sociale. Wikipedia la définitcomme « un phénomène psychologiquedans lequel une personne risque moinsd’intervenir dans une situation d’ur-gence si d’autres personnes sont pré-sentes, que si elle était seule. »1

L’article fait référence à une variété d’in-cidents atroces durant lesquels des dou-zaines de spectateurs sont « restés là »,et n’ont rien fait, alors que des meurtresétaient commis sous leurs yeux.

Je suis scandalisé par l’effet spectateur,mais d’une autre façon. Je me suis de-mandé comment il pourrait affecterl’église, nous faisant « rester là » sansrien faire alors que toute une généra-tion disparaît de nos rangs.

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Amérique du Nord (NAD), Don Schnei-der, a dit, « Nous devons [aussi] nousconcentrer sur les jeunes adultes denotre Église…les jeunes gens ont be-soin d’être mieux intégrés dansl’Église… Y a-t-il quelque moyen pourpermettre à nos jeunes d’adorer d’unemanière qui soit significative pour eux,tout en étant sans risque ? Les jeunesadultes doivent être entendus au niveaudes dirigeants, et leurs sentiments prisen considération 6.» Paul Richardson, du Centre pour un Mi-nistère Créatif, dont les bureaux sont àCollege Place, Washington, aux États-Unis, rapporte que l’âge moyen de lacommunauté adventiste en Amérique duNord, « y compris les enfants non bapti-sés des familles de l’église, est de 58ans… Parmi les membres autochtones,noirs et blancs, l’âge moyen est encoreplus élevé.» Les implications troublantesde ces chiffres sont visibles quand cetâge moyen, 58, est mis en comparaisonavec les âges moyens de la populationaux États-Unis et au Canada qui sont res-pectivement de 36 et 37 ans !Ces tendances sont graves. Plus de 1000églises locales (sur un total d’environ5000) de l’Église adventiste en Amé-rique du Nord, n’ont ni enfants ni adoles-cents. De moins en moins de paroissesont suffisemment d’adolescents ou dejeunes adultes, et même de jeunes cou-ples, pour « assurer la masse critique né-cessaire pour animer un groupe dejeunes et d’autres activités, qui ont tou-jours rythmé la vie des églises adven-tistes 8.» Le départ des jeunes adultes de la com-munauté de foi locale ne s’est pas faitsans être remarqué par le président dela Conférence générale, Jan Paulsen, qui,depuis plusieurs années, est entré enconversations télévisées avec la jeunegénération (http://letstalk.adventist.org).Jan Paulsen a noté : « Ils [les jeunesadultes] ont des perspectives, des espé-rances, ils ont des rêves, et des visionspour l’Église, qui doivent être prises ausérieux. Si on ne le fait pas, ils se senti-ront défavorisés, comme beaucoup leressentent déjà 9.» Cette tendance ne serait pas aussi pro-blématique, si nous l’avions rapidementidentifiée, nous y intéressant avec toutel’urgence qu’elle méritait. Et cependant,

leurs hautes positions, et jugent lesjeunes sans la moindre idée de ce qu’ilsvivent ».Jan Paulsen a ajouté : « Nous (dirigeantsd’église) avons besoin d’écouter et decomprendre ce qu’ils (les jeunesadultes) disent, car cela nous parvientclairement et fortement de la part desmoins de trente ans de notre église. Cequ’ils veulent c’est être inclus, qu’on leurfasse confiance, être considérés commeresponsables, que les anciens soientprêts à prendre des risques avec leurinexpérience. Tels sont les sentiments etattitudes que les dirigeants plus âgésdoivent être disposés à démontrer, autre-ment nous sommes finis ! Nous sommesfinis, simplement parce que nous n’as-sumons pas notre responsabilité dans lavie de cette église 15 ».Robert Wuthnow, professeur de sociolo-gie à l’Université Princeton, a noté les di-verses tendances qui ont un impact surles jeunes adultes et qui contribuent à ladisparition du paysage religieux améri-cain. « Mon opinion est que les églisespeuvent survivre, mais seulement si lesresponsables religieux retroussent leursmanches et accordent considérablementplus d’attention aux jeunes adultes quece qui a été fait.» Pourquoi les jeunes adultes partent-ils ?Les réponses peuvent être aussi diverseset personnelles que chaque jeuneadulte, pourtant il est clair que lemanque de relations mutuellement vala-bles qui construiraient confiance et sou-tien mutuels, laisse les deux parties– jeunes adultes et adventisme – devantle risque de disparaitre.

Montrer les hérosQuelle est donc la solution ? L’article Wi-kipedia sur « l’effet spectateur » fait unerecommandation fascinante : « Pourcontrer l’effet spectateur, quand vousêtes la victime, une bonne recommanda-tion, est de choisir une personne spéci-fique dans la foule pour demander del’aide, plutôt que de faire appel à la fouleen général. Si vous êtes la seule per-sonne à réagir face à l’urgence, choisis-sez un spectateur spécifique etconfiez-lui une tâche précise, comme”Vous, appelez la police !” Ce type d’ac-tion, plutôt que de rester indéterminé

le fait est que nous ne l’avons pas fait.Durant plus d’une décennie de re-cherche sur la génération X, j’ai trouvédes statistiques comparables de jeunesadultes disparaissant de la vie religieuselocale 10. La recherche de Dudley repré-sente plus de trois décennies d’examenau sujet de l’abandon de l’église de lapart des nouvelles générations. Son livre,Why Teenagers Leave Religion (Pourquoiles adolescents quittent la religion) a étépublié en 1978. Au-delà de l’analyse statistique, la plu-part d’entre nous connaissent desjeunes qui se sont séparés de l’église.Beaucoup pourraient raconter des his-toires de jeunes de cet âge, ou de leursenfants adultes, ou petits-enfants, quine participent plus à l’adventisme. Noussavons, depuis quelque temps déjà, queles jeunes adultes ont quitte l’église, etn’avons été autre chose que des spec-tateurs. D’où le terrible « effet specta-teur ».

Pourquoi partent-ils ?La première question est : pourquoi par-tent-ils ? Dudley a découvert que les per-ceptions des jeunes adultes sur laqualité relationnelle avec les responsa-bles religieux ont joué un rôle importantdans leur départ. Les dirigeants adven-tistes ont été d’accord, déclarant que lesraisons les plus fréquemment avancéespar ceux qui quittent l’église locale, sesituent « dans le domaine des relations,dans l’absence de sentiment d’apparte-nance, ainsi que dans l’absence d’un en-gagement significatif dans lacongrégation locale et sa mission 11.» Kimberly Luste Maran, une jeune adulte,a noté que « trop souvent les paroles etactions négatives des membres d’Égliseplus âgés occasionnent, chez les jeunes,des sentiments de colère, de ressenti-ment, d’amertume, et de crainte… Satanutilisera toute méthode, y compris lesmembres d’Église, pour nous séparer del’amour de notre Père 13 ». Lors d’une émission Let’s Talk, animéepar le pasteur Paulsen, Kaden, âgée de25 ans, a dit : « Je pense que la meilleurechose que les dirigeants de l’église puis-sent faire pour les jeunes de notre église,c’est de faire connaissance avec eux.Trop souvent ces dirigeants sont assis sur

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dans son appel, place la responsabilitésur une personne particulière 17».Pour renverser l’effet spectateur, je VOUSdésigne comme le héro éventuel dans lavie des jeunes adultes :Parents. Durant les années importantesde transition de la vie du jeune adulte,vous jouez un rôle vital, non seulementdans la vie de votre enfant, mais aussidans le cercle de ses amis. Faites devotre maison et de votre présence unelieu d’hospitalité, de sécurité et de sa-gesse18. Connie Vandeman Jeffery partage uneformule simple de nourriture, d’amitié etd’accompagnement qui fait de chez elleun havre de sécurité pour les jeunesadultes19. Si vous n’avez pas de grandsenfants chez vous, ou si vous n’avez pasd’enfants du tout, faites le simple effortde créer une relation authentique avecun jeune de vingt ans ou plus. Pour dé-marrer, c’est aussi simple qu’une invita-tion à déjeuner.Pasteurs. Si les statistiques sontexactes, votre influence et votre impactsur le climat de votre église sont déses-pérément nécessaires. Établir une cul-ture d’inclusion des jeunes adultesdépend largement de votre vision etvotre direction.Bill Bossert raconte comment son églisemoribonde a retrouvé son destin et prisdes mesures héroïques pour changer dedirection. Grâce à une analyse soignée,une recherche pratique et des change-ments progressifs courageux et com-plets, la Shepherd House a inversé lamarée de pertes et augmenté le nombrede jeunes adultes de 60 pour cent dansson sein.21 Le changement ne vient passans défis, ni inconfort, mais pour ren-verser l’effet spectateur, les pasteurs sedoivent d’être héroïques pour encoura-ger leurs églises à faire de même.Professeurs/enseignants. Les éduca-teurs ont une influence profonde sur lavie des jeunes adultes. Au-delà de l’aca-démique, ou des prouesses profession-nelles, vous êtes aussi appelés à vousinvestir dans le développement spiritueldu jeune adulte.Alors qu’il enseignait au Spicer MemorialCollege, Falvo Fowler a découvert que sasimple initiative de commencer uneÉcole du Sabbat avec ses étudiants a euun impact profond sur ce qui était autre-

Paires. Il y a des jeunes adultes brillantsqui, non seulement sont restés dansl’église, mais sont devenus des croyantsactifs.28 Vous êtes parmi les plus puis-sants et les plus influents, non seule-ment en agissant héroïquement avecvos paires qui se perdent, mais aussi enrajeunissant l’adventisme et en favori-sant un mouvement qui attirera les nou-velles générations.« Plusieurs des pionniers adventistes ontcommencé leur travail alors qu’ilsétaient des jeunes. Des pionniers telsqu’Ellen Harmon White, John Loughbo-rough, J.N. Andrews, Uriah Smith, etJohn Harvey Kellogg étaient des jeunesou jeunes adultes quand ils ont com-mencé à influencer l’Église adventiste duseptième jour. Ils étaient jeunes, vibrantset ardents pour Dieu ! »29 D’autres déno-minations ont également commencégrâce à de jeunes dirigeants.En fait, c’était ce groupe d’âge (jeunesadultes) qui étaient passionnés au débutdu mouvement adventiste. « J.N. An-drews avait 22 ans quand il a débutédans le comité des publications. 22 ans !Il n’était qu’un enfant… Uriah Smithavait 21 ans quand il s’est joint au travaildes publications, et James White avait21 ans quand il arrivé sur la scène ets’est mis à prêcher la doctrine adven-tiste. »31

Nous avons besoin maintenant d’unmouvement de ce calibre. Ces héros denotre héritage adventiste ont agi vaillam-ment pour sauver un monde en perdi-tion. Aujourd’hui les jeunes adventistessont tout aussi essentiels pour entoureret encourager leurs paires. Paires, toutcomme parents, pasteurs, professeurs,et présidents doivent construire des rela-tions fortifiantes avec les jeunesadultes.31

Plus jamais spectateursSi le principe de psychologie sociale estvrai, vous pouvez être parvenu à la fin decet article et vous dire : « C’est un bon ar-ticle. Je suis heureux que la questiondes jeunes adultes qui quittent l’égliseait été discutée. C’est bien que l’onfasse quelque chose à ce sujet ».Cette attitude représente la réalité tra-gique de « l’effet spectateur ». C’est unphénomène qui a déjà vu des généra-tions de jeunes adventistes disparaitre,

fois une expérience « nominale » dans lavie de plusieurs d’entre eux. Jimmy Phillips a fait remarquer que la« majorité invisible » des étudiants adven-tistes sont dans des écoles hors de notresystème adventiste, et j’imagine que plu-sieurs adventistes font partie de leur per-sonnel et enseignants. Des milliers dejeunes adultes adventistes bénéficierontde vos efforts de collaboration avec leséglises locales et avec votre établisse-ment d’enseignement pour former desgroupes, des associations de foi ou descommunautés d’évangélisation. 23

L’Adventist Christian Fellowship 24

– Communauté chrétienne adventiste –http://www.acflink.org est une sourceimportante d’idées et de support pourvos initiatives. Vos conseils et votre di-rection sont les clés pour combattre l’ef-fet spectateur, si répandu dans cescampus et dans les églises voisines. Lejournal Dialogue, publié par le départe-ment de l’éducation de l’Église adven-tiste 25, est également un bon outil.Dirigeants. Les dirigeants qui ont une vi-sion et la partagent, proposent d’agirpour un changement constructif. Vousêtes des héros essentiels, avec la capa-cité de rallier les foules pour l’action. Mike Cauley, président de l’Église adven-tiste en Floride, a lancé un défi à ses col-lègues responsables : « Êtes-vous assezintéressés pour apprendre le langagedes gamins (jeunes adultes) ? Je suis sé-rieux, autant que face à une crise car-diaque ! Nous vivons dans un mondebrisé. Nous sommes devant une généra-tion (de jeunes adultes) qui a faim del’évangile, et nous ne faisons rien…Mais je vais leur demander (aux mem-bres du comité exécutif de la fédération)de commencer à implanter des églisespour toucher les gamins de moins de 25ans. Je vais leur demander de nousaider à découvrir comment nous pou-vons devenir des églises dans le sens bi-blique du Nouveau Testament… D’unefaçon ou d’une autre, nous devons ra-mener ces enfants, non dans un lieu dedivertissement, mais pour en faire desdisciples totalement engagés… Nousdevons leur donner l’Église. » 26

Non seulement votre approbation, maisaussi nos actions concrètes 27 en tantque dirigeants, serviront de catalyseurpour faire grimper les statistiques desjeunes adultes que nous gardons.

A . A L L E N M A RT I N - TENDRE LA MAIN :

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alors que les héros potentiels ont été desspectateurs. Nous ne devons plus êtrespectateurs. Je m’adresse donc à vous.Si vous avez lu jusqu’ici, faites un pre-mier pas aujourd’hui pour engager unevéritable relation avec un jeune adulte.Soyez un mentor. Déjeunez avec eux.Écoutez attentivement. Ouvrez votre mai-son. Offrez votre cœur. Il existe autantd’options qu’il y a de jeunes adultes.Commencez aujourd’hui une actionavec un jeune adulte.32

Nous sommes horrifiés si nous enten-dons des histoires sur « l’effet specta-teur » quand quelqu’un est assassiné. Etpourtant, que faisons-nous quand nousnous tenons debout sans rien faire, etque nos jeunes gens, peut-être mêmesous nos yeux, nous quittent et, commec’est souvent le cas, abandonnant le Sei-gneur qui est mort pour eux ?

1. Wikipedia, “Effet Spectateur”, le 18 décembre2007, http://en.wikipedia.org/wiki/Bystander-effect (le19 décembre, 2007).2. Roger L. Dudley, Why Our Teenagers Leave theChurch: Personal Stories from a 10-Year Study (Ha-gerstown, MD: Review And Herald, 2000), 35.3. Idem., 22.4. George Barna, “Most Twentysomething Put Chris-tianity on the Shelf, Following Spiritually Active TeenYears,” dans The Barna Report, le 11 septembre2006, http://www.barna.org/FlexPage.aspx?Page=Bar-naUpdatesID=245 (le 12 septembre 2006), § 6.5.Idem, § 6.6. Division nordaméricaine, Comité de fin d’année#3, Friday Fax (electronic newsletter), 1er novembre2005, § 6.7. Centre for Creative Ministry, INNOVATIONNewsletter,12(19) (Electronic Newsletter), 11 novembre 2006.8. Idem, § 2.9. Jan Paulsen, «Sermon de Paulsen: Service–Une at-titude,» dans Special Report : Annual Council 2006,http://adventistview.org/article.php ?d=774. (20 dé-cembre 2007), § 1.10.A. Allan Martin, “The ABC’s of Ministry to Genera-tion X, Y, and Z,” Journal of Adventist Youth Ministry,5 (1&2) Hiver-printemps 1995 : 37-46 http://www.ta-gnet.org/dvm/ABCs.html. 11. Roger L. Dudley, Why Our Teenagers Leave theChurch, 2000.12. Comité exécutif de la Conférence générale des ad-ventistes du septième jour, «Conserving MembershipGains–an Appeal, » 10 avril 2007, http://www.adven-tist.org/beliefs/other_documents/conserving-gainss.html (19 décembre 2007) § 5. 13. Kimberly Luste Maran, “Where is the Joy?” dansAdventist Review, 16 novembre 2000, http://www.ad-ventistreview.org/2000-1551/story1.html (26 décem-bre 2007), § 23.14. Let’s Talk, “Have Your Say,” http://letstalk.Adven-tist.org, (21 décembre 2007).15. Jan Paulsen, “Paulsen Sermon: Service–An Atti-tude”, § 14.16. Robert Wuthnow, After the Baby Boomers: HowTwenty- and Thirty-something Are Shaping the Future

of American Religion (Princeton, NJ: Princeton Univer-sity Press, 2007, 230.17. Wikipedia, “Bystander Effect,” § 5.18. North American Division Family Ministries,http://adventistfamilyministries.com/ offre nombre deressources et soutiens aux parents dans la formationdes nouvelles générations.19.Connie Vandeman Jeffery, “My Starbucks Kids,”dans Adventist Review, le 16 janvier 2003,http://www.adventistreview.org/2003.1503/story.html(24 décembre 2007).20. Bill Bossert souligne les étapes suivies par sacongrégation dans http://adventisreview.org/article.php?id=1300 et donne d’autres détails sur sa stratégie.21. Bill Bossert, “The Wassau Church Story.” Dans Ad-ventist Review, 9 août 2007, http://adventisreview.org/article.php?id=1299 (24 décembre 2007), § 27.Voir aussi B. Bossert, « Frantic Plans and DesperateMeasures, » Ministry (août 2007) : 9-12.22. Falvo Fowler, “Real”, dans Adventist Review, 18juillet 2002, http://adventistsreview.org/20021529/story2.html (24 décembre 2007), § 16.23. Jimmy Phillips, “The Invisible Majority”, dans Ad-ventist Review, 20 septembre 2007, http://www.ad-ventistreview.org/article.php?id=1371 (24 décembre2007).24. Ron Pickel, North American Division AdventistChristian Fellowship Coordinator, présente quelquesidées sur ce que les étudiants universitaires attendentde l’église sur http://adventistreview.org/article.php/id=1372.25. Pour plus d’information, allez sur http://educa-tion.gc.adventist.org26. Mike Cawley, “2007 Florida Camp Meeting Ser-mon” [MP3 audio file] 2 juin 2007, http://www.florida-conference.com/campmeeting/MP3/2007/FLCM_06-02-07_1930.mp3. (25 décembre 2007). Égalementdisponible sous forme de transcription http://www.flo-ridaconference.com/campmeeting/cauley2007.html,§ 48.27. Ce sont les actions concrètes des dirigeants quirévèlent les valeurs les plus importantes. Deux prési-dents de fédérations ont déjà mis en place des res-ponsables de ministères pour jeunes adultes. LeChristian Leadership Centre (Centre chrétien de direc-tion), http://www.andrews.edu/clc a récemment ap-prouvé la formation de jeunes dirigeants,encourageant tous les présidents et administrateursde l’église à former des nouvelles générations de diri-geants.28. Kimberly Luste Maran, Wilona Karimbadi, OmarBourne, “Adventist Review’s Top 20 in Their 20s,” Ad-ventist Review, 14 septembre 2006, http://adventistre-view.org/article.php?id=715 (24 decembre 2007).29. Lynette Franzen, “Young Adventist Pionners”, Ad-ventist Review, 27 mai 2004, http://www.adventistre-view.org/2004-1522/story2.html (24 décembre2007), § 2.30. Mike Cauley, “2007 Florida Camp Meeting Ser-mon”. 2007, § 11.31. Depuis plus de dix ans «Dream VISION Ministries»,http://dreamVisionministries.org offre formation et res-sources pour développer des relations authentiquesavec les nouvelles générations. Je propose un modèlethéologique pour un ministère des jeunes adultes,h t t p : / / w w w . a d v e n t i s t r e v i e w . o r g / 2 0 0 0 -1556/story2.html encourageant les jeunes adultes àcomprendre leur ministère envers leurs paires.32. A. Allan Martin, “Won by One: What if I did just OneThing” Adventist Review, 175 (36). Septembre 1998,20, 21.

FAIRE LA DIFFÉRENCE À L’ÉGARD DES JEUNES ADULTES

M

C O U R R I E RD U

L E C T E U R

Bonjour mes frères et collègues,Quel plaisir de découvrir ce projet de Minis-try® en français. Je viens de le lire et pageaprès page, j'ai appris, grandi, me réjouissantde la richesse et de la variété de son contenuà destination des pasteurs.Je vous encourage à continuer dans cettevoie. Bravo et que le Dieu de toute grâce vousbénisse sans fin pour ce beau travail.Rendez vous là haut !

Pascal QuionquionPasteur en France

Je voudrais exprimer le bonheur que j’ai eu àlire le premier numéro de Ministry® en fran-çais. Les articles tombaient bien pour mon mi-nistère en ce moment et cela m’a encouragéà faire mieux avec l’aide du Seigneur, notam-ment sur des points précis.Toutes mes félicitations et remerciementq pourl’intitiative de cette revue en français.

Philippe ReignierPasteur à Toulouse, France

J’ai eu beaucoup de plaisir à lire cette revuequi sort du commun. Je dois dire que les su-jets sont de qualité et nous conduisent à uneprofonde rélfexion sur nous-mêmes. Les arti-cles nous donnent envie de nous investir da-vantage pour notre Seigneur.

Michèle LaluAncien à l’église à Dammarie-les-Lys, France

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« Je ne suis pas le seul à le penser, Na-talie. Des médecins t’ont examinée etils sont tous d’accord avec moi : tuviens de faire une nouvelle crise psy-chotique qui te coupe de la réalité. Per-sonne ne va te croire, je ne t’ai mêmepas touchée ! C’est toi qui as com-mencé à me frapper ! »Les paroles de mon mari m’ont anéantieau point de m’abandonner une nouvellefois sous sa coupe.La violence conjugale est un crime sur-venant plus fréquemment qu’on lepense. Aussi pénible et inconcevable quesoit la réalité, ce délit sévit peut-êtremême dans votre Église.J’ai été victime de violence conjugale.Les accès de fureur de mon mari étaientsporadiques. J’ai très vite appris que lasoumission était ma meilleure alliée carelle écourtait mon calvaire. Par contre, latorture émotionnelle n’a jamais pris fin,même après mon divorce. Elle minaitmon moral et érodait mon identité pro-fonde.J’ai été conseillée, diagnostiquée, priseen pitié, calomniée et frappée d’ostra-cisme, surtout au sein de mon Église. Ona également prié pour moi. Ma famille etmes amis ne me reconnaissaient plus.

Je suis normalement de nature gaie etoptimiste, mais après avoir été déclaréedépressive, j’étais convaincue quequelque chose ne tournait plus rondchez moi. Mon mari et mes médecins nepouvaient s’être trompés.Peut-être vous demandez-vous : « Mais siça allait si mal, pourquoi ne pas vousêtre confiée à quelqu’un ? » C’est trèssimple, j’avais trop honte pour faire cettedémarche. Je me suis dis que si je racon-tais ce que je subissais chez moi, je se-rais cataloguée d’épouse chrétienneratée. J’espérais qu’en tenant bon, monmari deviendrait gentil avec moi. Lorsquefinalement je me suis confiée àquelqu’un, sa mine horrifiée m’a ef-frayée. Cette personne a voulu entrepren-dre quelque chose pour me protéger,mais j’étais terrifiée par les consé-quences qu’aurait son intervention surmon mari, ma fille et moi-même. Monmari ne cessait de me seriner que monrécit n’était que pure invention et délire.Aussi, pour calmer l’inquiétude de monentourage, j’ai minimisé les mauvais trai-tements que je subissais, les justifiant àleurs yeux comme aux miens.J’ignorais que les hommes qui agressentleur femme ne sont pas ce qu’ils laissentsupposer : grossiers, désagréables et

N ATA L I E J OY est un pseudonyme

frustes. En fait, ils peuvent même semontrer raffinés, bienveillants et pieux. Ilssont exactement ce que Jésus nomme :« des sépulcres blanchis ». Il est impossi-ble pour une victime abusée de parler desa souffrance et d’être écoutée. Tout lemonde, la famille proche mise à part, ap-précie le mari agresseur, même sa belle-famille. Il est estimé et respecté par lesmembres de son Église. L’épouse victimefait tout pour préserver la réputation deson agresseur de mari. J’en étais arrivéeà me persuader que si je ressemblais da-vantage aux autres femmes auxquellesil me comparait : en briquant davantagemon intérieur, en me montrant plus créa-tive avec le budget du ménage, en gar-dant pour moi mes réflexionspersonnelles, en mitonnant de meilleurspetits plats, en…Une femme qui évolue dans un climat deviolences conjugales, développe des mé-canismes d’adaptation pour concilier lescontradictions de la sombre réalité de savie à celle lumineuse, qui est dépeintepar son compagnon. Elle apprend à re-fouler ses émotions personnelles pourévacuer ses souvenirs douloureux. La vic-time est agacée par la version erronéeprésentée par son compagnon, mais elleest incapable d’énoncer la version véri-

Reconnaître

une histoire personnelle

la VIOLENCE CONJUGALEpour ce qu’elle est :

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table. Comme me l’a confié un jour uneamie : « Il ne me frappe jamais, mais sesparoles agissent comme un collier-étran-gleur autour de mon cou.»

Un total contrôleMon mari a exercé un total contrôle surma vie. Il répondait aux questions quim’étaient posées. Il surveillait le tempsque je passais au téléphone. Il sélection-nait les proches et les amis que je fré-quentais. Il contrôlait mes dépenses. Ildissimulait mes clés de voiture pour queje ne sorte qu’avec son consentement.J’étais totalement dépendante de lui.Lorsque je parvenais à rassembler moncourage pour me confier à un pasteur,je me heurtais systématiquement à lamême réponse gênée et polie : « Il seraitbon que vous vous adressiez à unconseiller conjugal ». Je dois préciserque mon mari était un membre très actifde notre communauté, quant à moi,j’étais traitée pour une dépression ner-veuse. Pour n’importe quel observateurmoyen, il était évident que j’étais cellequi était à blâmer car incapable demener à bien une relation saine.Les psychologues et les pasteurs quin’ont pas reçu de formation d’aide auxvictimes de violences conjugales, onttendance à accorder tout le crédit à l’au-teur des sévices car sa version est pluscohérente et dépourvue d’émotion. Lavictime, elle, est confuse, hésitante,contradictoire et parfois même agres-sive. Mon mari s’est servi de mon agres-sivité pour prouver sa bonne foi etm’accuser d’être la génératrice de cetteviolence.Admettre que j’ai été maltraitée m’estintolérable, cette réalité m’obsède en-core. J’éprouve une humiliation perma-nente ; j’ai toujours la désagréableimpression de ne plus être crédible.Lorsqu’une femme révèle l’enfer qu’ellevit dans son couple à son pasteur ou àun membre d’église, la violence s’estsouvent déjà installée depuis un mo-ment. Si ses confidents se détournentd’elle ou l’ignorent, elle n’aura peut-êtreplus jamais le courage de renouveler sadémarche. Peu de femmes inventent cegenre de récit pour attirer l’attention surelles. La femme a été créée pour êtreune aide et une compagne pour sonmari. Son instinct la pousse naturelle-ment à alimenter et entretenir la relationconjugale. Le seul fait de raconter soncalvaire le ravive.

pas soutenir votre regard lors d’un banalentretien. Il y a des femmes qui s’as-seyent silencieusement sur un bancavec leurs enfants, alors que leur maripréside sur la chaire. Il y a des femmesqui ne parviennent pas à établir decontact avec les autres mères del’Église.J’écris ces lignes car j’espère que monhistoire va aider les pasteurs à prendreconscience des conséquences résultantdu fait qu’ils n’ont pas rendu un appeltéléphonique ou qu’ils ont résolu qu’uneenquête était superflue parce quel’époux a su se montrer persuasif ouqu’il semblait irréprochable sous tousrapports.Jésus a dit : « L’Esprit du Seigneur est surmoi, il m’a consacré pour apporter laBonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a en-voyé pour proclamer la délivrance auxprisonniers et le don de la vue aux aveu-gles, pour libérer les opprimés » (Lc 4.18,BFC).Jésus est en train d’accomplir son œuvredans ma vie. C’est un long cheminementpersonnel qui délivre mon esprit et luirend la liberté. J’examine constammentmon cœur et j’apprends à pardonneralors qu’aucun pardon ne m’a été ré-clamé et qu’aucune erreur n’a été ad-mise. Dieu m’a apporté la joie, il est maforce !

La décision finaleFinalement, j’ai dû prendre seule la dé-cision de me protéger en mettant de ladistance entre mon mari et moi. Per-sonne ne pouvait faire ce pas à maplace. Je suis partie et suis revenue àplusieurs reprises car mon instinct pro-fond et naturel me poussait à croire en-core en lui. Je n’aurais jamais puprendre la décision finale et m’y tenir sije n’avais pas pu compter sur le formida-ble soutien de relations bienveillantes.Elles avaient su percer à jour l’aspect dé-bonnaire de mon mari et attestaient quemes confidences étaient crédibles. Cespersonnes m’ont prouvé que d’unefaçon ou d’une autre, j’aurais fini par di-vorcer. J’avais le droit de me libérer deces entraves et la volonté d’imposer deslimites.Malheureusement, aucune de ces rela-tions n’appartenait à mon Église. Je n’aipas reçu la moindre aide de mon pas-teur. Lorsque je l’ai appelé à mon se-cours, il ne m’a rendu aucun de mesappels téléphoniques car trop absorbépar les affaires de l’Église. Il a adopté laposition confortable de la neutralité,mais en agissant de la sorte, il a amplifiéla véracité de cette affirmation : « Il dé-clare innocent un coupable etcondamne un innocent » (Pr 17.15, BFC).En réalisant que je ne pouvais pas comp-ter sur mon Église, plusieurs responsa-bles ayant pris fait et cause pour monmari, j’ai obtenu ce précieux soutien au-près d’âmes charitables.J’aurais apprécié que les frères et sœursde mon Église disposent des outils né-cessaires pour m’aider à me sortir de cemauvais pas. J’aurais apprécié que lesbonnes intentions de mon pasteur soientplus clairvoyantes et admettent la gravitéde ma situation. J’aurais apprécié queles dangers que je risquais de courirm’aient été signalés avant mon mariage.Notre monde est loin d’être parfait etrares sont ceux qui ont la virtuosité et ladélicatesse de pincer les cordes sensi-bles d’autrui sans les heurter.Je ne désire pas juger ceux qui n’ont passu discerner la vérité dans mon cas per-sonnel car je n’ai pas su la distinguermoi-même pendant longtemps. Loin demoi la revendication, j’écris simplementparce que je sais que d’autres femmessont maintenues en laisse par leur maripour qu’elles agissent comme il le dé-sire. Il y a des femmes qui animent laleçon d’École du sabbat ou le service delouanges à l’église, mais qui ne peuvent

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Une femme qui évo-lue dans un climat deviolences conjugales,développe des méca-nismes d’adaptationpour concilier lescontradictions de lasombre réalité de savie à celle lumineuse,qui est dépeinte parson compagnon.

Dites-nous ce que vous pensezde cet article.Envoyez-nous un email à[email protected] écrivez-nous à12501 Old Columbia Pike, Silver Spring,MD 20904, USA.

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J’ai souvent souhaité participer à uncours intensif pour apprendre à devenirfemme de pasteur. Depuis le momentoù j’ai prononcé le « oui » qui m’a unieà l’homme de mes rêves (qui se trou-vait être un pasteur) j’ai toujours com-pris que j’étais incluse dans le minis-tère pastoral, que j’y sois préparée ounon.

Un jour une de mes amies m’a vu ex-ténuée et éreintée, cherchant à me-ner à bien mon travail profession-

nel, mes devoirs familiaux, les besoins denotre couple et notre ministère dansl’église. Elle m’a dit : « Je crois qu’on at-tend spécialement d’une femme de pas-teur qu’elle travaille aux côtés de sonmari. Alors qu’on n’attend pas de lafemme d’un chirurgien qu’elle opère àses côtés, ni de la femme d’un instituteurqu’elle enseigne, et je pourrais prolongercette liste.» Celles d’entre nous qui sont femmes depasteur sont tombées amoureuses et ontépousé un homme pour son amour, pourses qualités et pour ce qu’il était et nonpour ce qu’il faisait. Mais en épousant unpasteur, nous nous sommes aussi enga-gées à exercer un ministère qu’il nousfaut apprendre sur le tas.

Cela se complique encoreDès que vous commencez à y voir unpeu plus clair dans votre rôle de femmede pasteur, vous réalisez que le défi seradeux fois plus grand quand vous habitezdans un district de plusieurs églises,comme c’est souvent le cas pour les pas-

teurs aujourd’hui. Vous serez alors appe-lée à connaître les membres de ceséglises et à chercher votre place dans cepuzzle. Ajoutez à cela les besoins de vo-tre famille et de votre propre profession,vous apprendrez alors à ménager unéquilibre que vous n’imaginez guère hu-mainement possible. Mais la bonne nou-velle c’est de comprendre que les béné-dictions produites par le ministère de vo-tre couple ne sont pas les résultats d’ef-forts humains, mais le fruit de l’abandoncomplet de votre volonté à celle de Dieu.

Apprendre le savoir-faire de base Durant les vingt dernières années j’ai ap-pris à ne pas vivre selon un horaire fixe,mais de m’adapter aux besoins du mo-ment. Les situations peuvent changer su-bitement. Il faut apprendre à être flexiblepour éviter d’être déçu. En servant dansune église, sans parler de deux ou trois,vous serez toujours confrontée à une ur-gence après l’autre. Apprenez aussi qu’on estimera que vosenfants doivent se comporter un peumieux que ceux des autres. Pour cetteraison il est important de considérer leurbien-être spirituel, au dessus de ce qu’onattend de vous en tant que femme depasteur. Très tôt dans votre ministère, dé-cidez d’accorder à vos enfants le tempsdont ils ont besoin et qu’ils méritent, afinqu’ils atteignent la meilleure spiritualitépossible, avant qu’ils ne se plaignentd’être mis de côté au profit d’autres per-sonnes. Si vous ne pouvez trouver letemps de faire la méditation familialeavec vos enfants, parce que vous êtestrop absorbée par votre ministère, alors

TROUVER SA PLACE

E L L I E G I L , femme de pasteur exerce son mi-nistère à Gonzalez et Denham Springs, enLouisiane, aux États-Unis.

vous vous serez trompée dans vos priori-tés en négligeant une responsabilité desplus importantes. Apprenez à sourire quand votre cœur esten larmes. Vous pouvez penser que c’estde l’hypocrisie, mais dans le ministère ilarrive souvent que nous devions cher-cher à réaliser l’idéal que les autres at-tendent d’un ambassadeur du Christ.Dieu sait la peine que vous portez dansvotre cœur, mais ne la laissez pas ternirla joie et l’encouragement que vous de-vez apporter aux autres. D’ailleurs nesouhaitons-nous pas être de bonne hu-meur et joyeux tout le temps ? Ceci dit,parfois le meilleur service que nous pou-vons offrir est d’écouter une personne etde pleurer avec elle parce qu’elle est dé-couragée, en mal de consolation etd’empathie.Apprenez à accepter la critique commeun moyen d’accomplir toujours mieux lamission que Dieu vous a confiée. Votrepremière réaction à la critique sera dé-fensive, après tout c’est bien naturel. Es-sayez d’écouter, et demandez-vous s’iln’y a pas une part de vérité dans cequ’on dit de vous, même si cela voussemble infondé. Posez-vous la question :Qu’est-ce que Dieu veut m’apprendrepar cette expérience ?Apprenez à découvrir les limites à ne pasfranchir en tant que femme de pasteur.Dans le ministère, ne devancez pas votremari, ni ne soyez à sa traîne. Communi-quez beaucoup avec lui afin qu’ensem-ble vous serviez d’un commun accord.Apprenez à partager votre mari avecd’autres personnes. C’est bien votre mari

ÉPOUSE DE PASTEURde plusieurs églises :

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en tant que pasteur que vous partagez,non en tant qu’homme. Faites tous les ef-forts pour l’aider à communiquer l’amourde Jésus, et soyez une aide compréhen-sive lorsqu’il a besoin d’un mot d’encou-ragement.

Est-ce vraiment mon travail ? Si vous considérez le ministère d’unefemme de pasteur comme un travail,vous serez grandement déçue. Dans untravail, vous vous attendez à recevoirquelque récompense ou de la reconnais-sance s’il est bien fait ; ce qui n’est passouvent pas le cas dans le ministère.

Quelle est la différence entre un tra-vail et un ministère ?Si vous l’accomplissez par obligation, ouparce que personne d’autre ne veut lefaire, il s’agit d’un travail. Si vous le faites parce que vous voulezêtre au service de Dieu, alors il s’agit d’unministère. Si vous quittez votre travailparce que personne ne vous apprécie oune vous dit merci, vous faites un travail. Sivous vous engagez à le faire, en recher-chant l’approbation divine, vous remplis-sez un ministère. Si votre premier souciest d’avoir du succès et de monter engrade, il s’agit d’un travail. Si votre objectifprincipal est de servir Dieu, vous accom-plissez un ministère. Dieu désire que nous soyons heureusesdans le ministère. Vous pouvez avoir lesentiment que vous n’êtes pas qualifiéepour l’accomplir, mais rappelez-vous queDieu n’appelle pas des personnes quali-fiées, il qualifie celles et ceux qu’il ap-pelle. Dieu fait la démonstration de songrand pouvoir, palliant les impossibilitéshumaines et faisant appel à ceux que sesont entièrement consacrés à lui pour leservir.

En quoi consiste mon ministère ? Souvent on vous demandera d’accomplirune tâche ou d’occuper une fonction quine vous attire pas particulièrement. Réflé-chissez bien avant de répondre. Si vousne vous sentez pas appelée à cette acti-vité, vous rendrez un mauvais service àDieu et à l’église en l’acceptant, simple-ment parce qu’on s’attend à ce que vousagissiez ainsi. Les meilleurs services que vous puissiezrendre sont ceux que le Saint Esprit vousmet à cœur. Comment le savoir ? Si vousremarquez que les départements pourles enfants ont été négligés et que per-sonne n’a été choisi pour s’en occuper, ilse peut que le Saint Esprit vous inspire à

vous y engager. Si les alentours del’église ont une triste allure parce qu’ap-paremment personne ne s’en occupe,prenez un après-midi avec vos enfants,nettoyez le parterre et plantez-y quelquesfleurs, et enseignez-leur qu’il est aussiimportant de prendre soin de la maisonde Dieu que de s’occuper de la nôtre. Au début de notre ministère, lorsque nosenfants étaient encore petits, je me suisoccupée de l’Ecole du Sabbat. Souvent laclasse des enfants était remplie de litté-rature périmée, les décorations délavées,et les rideaux déteints par le soleil. Jevoulais que l’endroit où les enfants ve-naient rencontrer Jésus soit plus accueil-lant. Alors j’ai demandé à plusieursmembres s’ils connaissaient quelqu’unqui avait des dons artistiques pour pein-dre un motif simple sur le mur. Lesquelques personnes qualifiées que j’aitrouvées n’étaient pas très enthousiastes.C’est donc moi, la moins qualifiée, quime suis mise à dessiner une scène sur lemur de la classe enfantine. Reproduisantquelques images, j’ai peint ma premièrefresque. Les expressions de joie et d’ad-miration des enfants, quand ils sont ve-nus à l’école du sabbat, m’ont prouvé lavaleur des heures investies dans ce tra-vail. Il n’est pas toujours évident de s’enthou-siasmer pour un métier, mais c’est faciled’être enthousiaste pour un ministère.Montrez aux enfants la joie que vousavez à rendre service. Enseignez-leur àfaire de même. Encouragez les enfants les plus jeunes àfaire des dessins pour des personnes nepouvant pas se rendre à l’église. Deman-dez aux enfants plus âgés de chercher etd’envoyer des versets d’encouragement.Un jour j’ai voulu offrir de la nourriture àune famille dont le fils avait été hospita-lisé après un accident grave. Mes en-fants, qui avaient 13 et 11 ans àl’époque, avaient décidé d’envelopperles couverts en plastique dans une belleserviette en papier, accompagnée d’unverset biblique parlant de guérison. Cepetit geste a beaucoup touché cette fa-mille. Pour mes enfants, ce fut aussi uneoccasion d’accomplir un véritable minis-tère.

Comment apprendre à servir au bonendroit ?En servant dans un district de plusieurséglises, c’est un défi très important d’éta-blir son emploi du temps. Au fils des ansj’ai appris à prendre du recul lorsque

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Même si vous vous sen-tez pleine d’énergie,vous ne pouvez pasêtre à deux endroits àla fois. Réfléchissez àla meilleure façon d’in-vestir votre temps.

nous arrivons dans un nouveau territoireet à observer quels sont les besoins dechacune des églises. Parfois votre aide ne consiste pas à fairele travail vous-même, mais plutôt à sou-tenir et aider un membre à accomplir unministère qui lui tient à cœur. Lorsquedes membres d’église se sentent appe-lés à un ministère, offrons-leur l’assis-tance dont ils ont besoin, s’ils le deman-dent. Il est plus important de les soutenirdans un ministère qu’ils ont eux-mêmeschoisi. Ils continueront à l’exercer long-temps après notre départ. Même si vous vous sentez pleine d’éner-gie, vous ne pouvez pas être à deux en-droits à la fois. Réfléchissez à la meilleurefaçon d’investir votre temps. Ne vous dis-persez pas au point de vous sentir dé-passée pas les événements, ce qui mèneau découragement. Le diable aime nousmontrer nos échecs. Il est impossibled’accomplir toutes les tâches auxquellesnous pourrions être appelées. Parfoisnous nous embarquons dans des entre-prises avec les meilleures intentions,sans avoir réfléchi sérieusement auxconséquences de ces choix dans notrepropre vie spirituelle, pour notre coupleet pour nos enfants.

Ne renoncez pas Demandez-vous dans quelle aventurevous vous êtes embarquée le jour oùvous avez dit « oui » à votre pasteur demari. Vous avez pris sur vous un rôle quevous n’auriez peut-être pas voulu oupour lequel vous ne vous sentiez pasqualifiée. Vous n’arriverez jamais à satis-faire toutes les attentes des autres, maisrappelez-vous que vous servez Dieu etpersonne d’autre. J’ai compris que je ne serai jamais unefemme de pasteur parfaite, mais je saisque j’ai reçu cet appel il y a près de 20ans. Quand j’ai dit « oui » à mon mari,pasteur, j’ai aussi dit « oui » à Jésus monSauveur et mon Seigneur, qui m’aadressé un appel particulier, que j’ac-cepte avec joie et que je prends au sé-rieux, un appel qui, je le crois, influencerala vie des personnes qui m’entourent ici-bas et pour l’éternité.

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L’Église adventiste en Amérique duSud compte environ 2 millions700 000 membres.1 Le Brésil est

devenu le pays qui a le plus d’adven-tistes dans le monde comptant presque1 million 400 000 membres.2 En Amé-rique du Sud, d’autres pays très peuplésont connu une croissance extraordi-naire : le Pérou avec 525 000 membres,la Bolivie avec 190 000 membres, leChili avec 125 000 membres, l’Argen-tine avec 115 000 membres et l’Équa-teur avec 75 000 membres.3 Entre 1996et 2005 le nombre des membresd’église a augmenté de 180%, un tauxélevé comparé celui de la croissance del’Église adventiste mondiale, qui a étéde 54% pendant la même période. Bien que différents facteurs aient contri-bué à cet accroissement, nous pensonsque le travail dans et par des petitsgroupes y a particulièrement contribué.Dans l’Église adventiste en Amérique duSud (SAD) il existe environ 65 000 petitsgroupes qui, suite à des efforts considé-rables, sont devenus des sources derayonnement missionnaire dansl’église.4

Les petits groupes ont démontré que,dans les mains de Dieu, ils sont des ins-truments efficaces de croissance : crois-sance spirituelle, croissance dans les re-

lations, croissance dans la préparationdes disciples et croissance dans l’im-plantation de nouvelles églises.

Croissance spirituelleNous rêvons tous d’une église maturedont les membres ont acquis une expé-rience spirituelle solide et manifestentun caractère qui reflète l’image de Dieu.Cette maturité spirituelle résulte de l’ac-tivité journalière de l’Esprit Saint dansles cœurs, et d’une communion avecDieu à travers l’étude de sa parole, parla prière et le partage.5 Le petit groupefournit un environnement qui facilite cespratiques.Walter et Viviana Lehoux racontent leurexpérience de pasteut dans la ville deLiberator, San Martin, en Argentine. Unpetit groupe avait commencé à fonc-tionner avec sept jeunes et trois adultes.La prière était prioritaire dans leurs ren-contres. Ils accordaient aussi unegrande importance à l’étude de la Bible,et choisirent pour thème de leurs ren-contres : « Nous appartenons tous à lafamille de Dieu.» En neuf mois le nom-bre des participants est passé de 10 à50. Suite à cette expérience : cinq per-sonnes ont été baptisées, quatre an-ciens membres sont revenus à l’église

J O L I V Ê C H AV E S , M T H , est directeur du dé-partement des Ministères personnels (Activitésmissionnaires) pour l’Amérique du Sud, à Brasi-lia, capitale du Brésil.

et un grand nombre de jeunes del’église ont reçu de riches bénédictionsspirituelles. 6

Au cours des années d’expériencesavec les petits groupes, nous avons re-marqué que les méthodes tradition-nelles d’études bibliques doctrinales etde préparation au baptême n’avaientpas apporté les résultats désirés. Ungrand nombre de membres ayant déjàsuivi un enseignement doctrinal consi-déraient cette façon de présenter la Bi-ble comme une répétition de ce qu’ilssavaient déjà. Ceci nous a fait compren-dre que les études présentées dans lespetits groupes, y compris les enseigne-ments doctrinaux, devaient être pluschristocentriques et plus relationnels,répondant plus directement aux besoinsspirituels, sociaux et émotionnels desparticipants.Dans les études bibliques classiques,données à domicile par des laïcs oudans des classes de Bible l’accent estmis sur l’aspect cognitif. Par contre,dans les petits groupes, on s’est mis àprésenter l’application des sujets bi-bliques dans la vie des participants. Parexemple, alors que l’étude bibliqueconventionnelle avait pour but de dé-montrer la validité du jour du Sabbat,dans les petits groupes on s’est mis à

Des PETITS GROUPES

EN AMÉRIQUE DU SUDdans l’ÉGLISE ADVENTISTE

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souligner l’avantage de l’observation du sabbat dansla vie de tous les jours.Les membres d’église se sentent encouragés à amenerdes amis non - baptisés et des membres de leur familleà ces petits groupes. Ces personnes ne participent passeulement aux réunions des petits groupes mais reçoi-vent en plus les études bibliques classiques donnéespar des laïcs à domicile ou dans une classe de Bible.Ces études en petits groupes, qui créent des liens, com-binées aux études doctrinales de préparation au bap-tême, ont donné des résultats positifs.

Croissance dans les relations Sans l’atmosphère détendue qu’offrent les petitsgroupes, il devient très difficile aux membres de créerdes liens avec les autres membres de la communautéchrétienne. Les petits groupes ont contribué à changercette dynamique. Le pasteur Silvano Barbosa est encharge d’un district dans la ville de Pirituba, São Pauloau Brésil. Ce district a fait l’expérience de la force despetits groupes. Silvano Barbosa dit que l’avantage decette méthode, c’est d’imiter celle du Christ décrite parEllen White. 7 Jésus créait des liens avec les hommes,il répondait à leurs besoins, gagnait leur confiance etles invitait à le suivre. Suivre la méthode du Christ dans les petits groupesc’est pratiquer l’amour mutuel et rechercher le bien-être réciproque, comme Paul le décrit dans l’expression: « Soutenez-vous les uns les autres ». C’est une idéeque les auteurs bibliques mentionnent 75 fois. Commentant les réunions de prières ou de témoignagedes premiers adventistes, ressemblant aux petitsgroupes d’aujourd’hui, Ellen White dit : « Pourquoi, eneffet, s'assemble-t-on ? Est-ce pour informer Dieu etpour l'instruire par la prière de tout ce que nous sa-vons ? Non, nous nous rassemblons pour nous édifierles uns les autres par l'échange de nos pensées et denos sentiments, afin de partager force, lumière et cou-rage en prenant conscience des espérances et des as-pirations de nos frères. En priant avec ferveur et de toutnotre cœur, en nous adressant à Dieu avec foi, nous re-cevons encouragement et vigueur de la source de latoute-puissance. Ces réunions devraient être desheures bénies et il faut tout faire pour les rendre at-trayantes à ceux qui prennent plaisir aux réalités spiri-tuelles. » 9

Le pasteur Barbosa parle des résultats avec enthou-siasme. Il constate une forte unité entre les membres,et un engagement accru dans l’évangélisation. En unan, il a baptisé 109 personnes. L’apostasie, ajoute-t-il,n’existe pratiquement pas. 10

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LES TROIS PHASESDU CYCLE DE FORMATIONDU DISCIPLE

1. CONVERSION

Objectif : attirer le plus grand nombre possible de personnesintéressées et les préparer au baptême par une série complèted’études bibliques.

Stratégies :a) activité demandant la présence

(ministère de la compassion);b) activités de proclamation par des études bibliques;c) activités conduisant à des décisions.

Exigence pratique : Il faut avoir à disposition un instructeurbiblique pour aider ces personnes à devenir membres del’école du Sabbat, et pour aider les nouveaux venus à complé-ter leurs études bibliques et les conduire au baptême.

2. CONFIRMATION

Objectif : affermir la décision des membres nouvellementbaptisés.

Stratégies :a) série d’études avancées. A son baptême tout nou-

veau membre reçoit un cours avancé qu’il étudiera avec soninstructeur biblique. Ce cours suit le modèle du Guide d’étudesde l’École du Sabbat. La personne étudie les sujets pendant lasemaine et à une date fixée, avec son instructeur, passe enrevue le contenu de la leçon. Les leçons couvrent trois thèmes:leçons 1 et 2 : La fraternité (édification spirituelle); leçons 3-9:Doctrines et vie chrétienne; leçons 10-13 : Mission.

b) Passeport remis au disciple avec son certificat debaptême. Un livret, format passeport, contenant le certificatde baptême et les points importants du cycle de la formationde disciple est remis au disciple. Le parcours des étapes serasupervisé par l’instructeur biblique et à la fin de chacuned’elles signées par le pasteur.

Exigence pratique : Ces personnes doivent terminer leursétudes avancées, doivent être en possession d’un Guided’étude de l’École du Sabbat et doivent participer à un petitgroupe, base pour la formation des disciples.

3. FORMATION MISSIONNAIRE

Objectif : Former et équiper les membres récemment bapti-sés pour les impliquer dans le témoignage.

Stratégie : École de formation missionnaire (module1). Organiser un centre de formation pour les membres récem-ment baptisés avec l’objectif de les impliquer dans le travailmissionnaire selon leurs dons.

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Croissance dans la formation de dis-ciples L’objectif principal des petits groupesest de former des disciples,11 dans uneambiance simple, favorisant une plusgrande participation. Les membresd’églises qui auparavant ne s’impli-quaient pas dans un ministère, parceque l’occasion ne s’était pas présentéeou à cause de leur timidité, une fois en-gagés dans les petits groupes mettentplus facilement leurs dons en pratique.En Amérique du Sud, nous avons dé-marré un projet de formation de disci-ples à partir des petits groupes. Ce cycle a pour objectif d’atteindre lesnon-croyants, de les amener à se join-dre à l’église et à en devenir membres,puis de les accompagner dans leur ma-turation jusqu’à ce que ces nouveauxdisciples deviennent à leur tour aptes àproduire d’autres disciples.12 (voir l’en-cadré)La multiplication des disciples est évi-demment un facteur de croissance. En-tre 1998 et 2 000, Dionisio Guevara afondé de 75 à 150 petits groupes dansson district pastoral au Pérou. Par cetteméthode de travail, il a augmenté lenombre des membres disciples et deséglises. Les présences au culte ont aug-menté et 700 personnes environ ont étébaptisés chaque année. Les dîmes etles offrandes ont augmenté dans lesgroupes, ce qui en a quadruplé lesmoyens financiers. Il a dû organiser plu-sieurs services de culte successifs dansses églises pour pouvoir accueillir tousles membres. 13

Croissance dans les nouvelleséglises.En fait, selon Peter Wagner, « la méthoded’évangélisation la plus efficace sous lesoleil est l’implantation de nouvelleséglises.» 14 Pour atteindre cet objectifnous avons besoin d’une stratégie dontles meilleurs outils sont les petitsgroupes. Je suis d’accord avec l’affirma-tion de Dr Emilio Abdala quand il dit :«Tout petit groupe est une église enpuissance.» 15 En Amérique du Sud, c’estdans les localités où les petits groupes

sont le mieux établis que voient le jourde nombreuses nouvelles églises. En voici trois exemples. Dans l’union duNord-Est du Brésil, il y a environ 290 000membres et 13 000 petits groupes, cequi donne une moyenne de 22 mem-bres par groupe. Cette union a fixécomme objectif la fondation de milleéglises durant une période de cinq ans.Entre 2004 et 2007, ils ont implanté800 nouvelles églises; les petitsgroupes ont immensément contribué àce résultat. 16 Une autre union, celle duNord Pérou, avec ses 320 000 membres,dispose de 9 500 petits groupes avecune moyenne de 33 membres par petitgroupe. Entre 2007 et 2008 cette uniona implanté 40 nouvelles églises. 17 Entre2000 et 2002, à partir du moment oùles petits groupes sont devenus le cen-tre des activités, 72 nouvelles églisesont été implantées –une moyenne de24 par an– dans la Fédération de SantaCatarina, au sud du Brésil. Les petits groupes se sont révélés desagents importants dans l’établissementde nouvelles églises en Amérique duSud, ouvrant la voie à la création denouveaux districts pastoraux et par lasuite à la formation de nouvelles Fédé-rations et Missions. 18

ConclusionVu le succès de la méthode, notre œu-vre en Amérique du Sud (SAD) continueà mettre sur pied des petits groupes. Ré-digés au cours des deux dernières an-nées, deux documents décrivent le rôleimportant de ces petits groupes. Ils met-tent en évidence une nouvelle vision del’évangélisation : « les petits groupes ca-ractérisent le style de vie de l’église etcréent de nouveaux liens communau-taires, une croissance spirituelle néces-saire, réalisant l’accomplissement inté-gral de notre mission par la mise en pra-tique des dons spirituels. »19

Encourager les nouveaux disciples, lespousser à l’action, garder les membres,assurer la croissance intégrale del’église, tel est le défi de notre Œuvre enAmérique du Sud (SAD). Si l’on veille àleur bon fonctionnement, les petits

groupes constitueront encore la base del’évangélisation dans cette partie dumonde.

1. Selon le Seventh-day Adventist Yearbook 2008.2. Alberto R. Timm, “Primórdios do adventismo noBrasil,” Revista Adventista (Brazil), Feb. 2005, 14.3. Selon le Seventh-day Adventist Yearbook 2008.4. Voir Ellen G. White, Témoignages pour l’Églisevol. III (S.D.T., Dammarie-les Lys, 1956) pp. 95, 96.5. Voir Ephésiens 4:11–16.6. Walter Lehoux and Viviana Lehoux, Em las manosde uno que no falla (Buenos Aires: Asociación CasaEditora Sudamericana, 2007), p.12.7. Ellen G. White, Service chrétien (Le Monde Fran-çais, Mountain View, 1972) p. 1468. Voir par exemple, Colossiens 3:12–16.9. Ellen G. White, Témoignages pour l’Église vol I (S.D.T., Dammarie-les Lys, 1955) p. 31010. Information obtenue lors d’une interview per-sonnelle à l’Université adventiste du Brésil, campusd’Engenheiro Coelho, le 21 juillet 2008.11. Voir David Cox, Pensez grand, Pensez petitsgroupes ! (Union franco-belge des adventistes duseptième jour, 2006.) 12. Le cycle de la formation du disciple a été conçuaprès plusieurs mois d’étude avec les représen-tants des différents pays de l’Amérique du Sud et ila été voté lors de la séance plénière du comité exé-cutif des 12-15 mai 2008. 13. Isabel Rode and Daniel Rode, Crescimento–chaves para revolucionar sua igreja, 63.14. Voir C. Peter Wagner, Church planting for a grea-ter Harvest.15. Emílio Abdala, Guia de plantio de igreja (Guarul-hos, SP: Parma, 2007), 90.16. Information fournie lors d’une conversation té-léphonique, le 23 juillet 2008, avec Evaron Donato,directeur du département des ministères person-nels de cette Union.17. Cette Union a débuté ses activités en janvier2005.18. De 2007 à 2008, un total de 174 nouveaux pas-teurs ont commencé leur ministère pastoral enAmérique du Sud (SAD), et depuis janvier 2009cinq nouveaux champs ont été organisés.19. Le premier vote date du 9 novembre 2005 et lesecond de mai 2007.

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I N F O R M A T I O N S | É V É N E M E N T S

KIDS démarre au Moyen-Orient

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Beyrouth, Liban Du 18 au 21 juin 2009 des séminaires de formation à Kids in Dis-cipleship (KIDS) au Liban. La mission de KIDS est « d’accompagner les enfants pour en fairedes disciples de Jésus pleinement compétents et reconnus MAIN-TENANT.» La vision est ainsi énoncée : « Donner aux parents et àd’autres adultes la capacité de faire de chaque enfant un disciplereconnu de Jésus qui utilise ses dons pour l’adoration et le ser-vice.» Cinq équipes constituées de pasteurs, d’anciens et de membres,étaient venues d’Abou Dhabi, du Bahreïn, d’Égypte, de Jordanie duLiban et du Qatar. Trois formateurs principaux et six coaches ontanimé cette formation pendant les quatre jours de la rencontre. Autotal plus de 30 personnes ont participé chaque jour à ce sémi-naire. Le programme se composait de séances de remue-méninges,de planification et d’autres exercices visant à conduire les partici-pants à apprendre pas à pas comment atteindre leurs objectifs. « Nous avons été inspirés et récompensés par ce temps de forma-tion » explique Anne-May Wollan, responsable des Ministères desenfants à la Division transeuropéenne de l’Église adventiste. « Nousavions des coaches merveilleux et consacrés qui étaient engagésde tout leur cœur dans cette formation.»

Aranka Bajic/ communications, TED/ TED News

Une Bible manuscriteCrieff, ÉcosseInspirés par la Bible en 66 langues qui voyage à travers le mondejusqu’à Atlanta, Géorgie, USA où aura lieu la session de la Confé-rence générale en été 2010, les adventistes d’Écosse ont décidéd’écrire à la main leur propre Bible. Les membres de toutes leséglises d’Écosse ont copié à la main des passages de l’Écriture quiont été rassemblés pour former la « Bible adventiste écossaise. »Cette Bible a suscité un forte attention lors de l’Assemblée spirituellede la Mission écossaise lorsque les gens l’on feuilletée pour voir quiavait participé et en quelle langue. Mieux encore, dans le cadre de «Suivre la Bible », le pasteur Llew Edwards, président de l’Église ad-ventiste en Écosse, espère que cette initiative aidera les adventisted’Écosse à apprécier davantage leur Bible, non seulement commeun patrimoine historique, mais aussi comme un livre qui transformeet donc digne d’être chéri et partagé. Pour plus de détails à propos de la Bible en 66 langues qui voyage,lire l’interview de ce numéro du Ministry intitulé « Suivre la Bible, unvoyage vers un renouveau spirituel.»

BUC News/TED News

Genève, SuisseLe 7 juillet 2009, le président de l’Eglise adventiste mondiale a appeléles adventistes à collaborer avec d’autres organisations de santé pouroffrir soins et prévention primaire au monde, un appel qui requiert desmembres et des institutions de la dénomination d’abandonner les ap-proches individualistes pour offrir des soins aux populations. Cette invitation de Jan Paulsen a été prononcée lors de l’ouverture dela Conférence mondiale sur la santé qui a cherché des moyens pour at-teindre les objectifs de santé publique par des partenariats, et à préciserle rôle que peuvent jouer les organisations de croyants (Faith Based Or-ganizations, FBOs) dans un tel effort. Les responsables du départementsanté de l’église voulaient démontrer le rôle que la spiritualité et un stylede vie holistique peuvent jouer dans les soins et la prévention primaire,et trouver un terrain commun avec d’éventuels partenaires. Depuis peu, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’une desagences des Nations Unies, souhaite intensifier ses partenariats avecles organisations de croyants qui assurent 40% des soins et de la pré-vention primaire dans certains pays. Dans son discours inaugural, Jan Paulsen a vivement encouragé les ad-ventistes à manifester leurs valeurs dans la société en cette époque demondialisation. Une telle implication, a-t-il affirmé, permettrait au publicde mieux percevoir l’approche de l’église face à la santé. « Une conception individualiste et tournée vers l’intérieur du christia-nisme est en complet décalage avec le sauveur qui cherchait à rendrela vue aux aveugles, soigner les lépreux, et à réhabiliter une femme bri-

ouvre les yeux des participants

L’Église adventiste en route pour renforcer ses partenariats avec des

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sée affectivement », a expliqué Jan Paulsen. « Nous ne pouvons ex-primer notre foi et notre désir d’imiter le Christ en nous enfermant.»Jan Paulsen a affirmé que l’église continuerait en priorité à faciliter,soutenir financièrement et moralement ses institutions médicalesqui forment réseau de plus de 600 hôpitaux, cliniques et dispen-saires. L’église insiste aussi, depuis plus de 150 ans, sur l’éducationsanitaire, la promotion du végétarisme et une vie sans alcool et sansdrogues. Jan Paulsen a aussi fait part de ses préoccupations face à des par-tenariats qui pourraient entrer en conflit avec la mission de l’église.« Certains ont critiqué, à juste titre, une perspective eschatologiquequi ne sert qu’à nous faire admettre les misères actuelles. Attendre[le retour du Christ], ce n’est pas rester passif, mais cela exige notreaction dans le présent. »L’insistance de l’église sur la santé, a enfin dit Jan Paulsen, neconsiste pas seulement à soigner des maladies, à définir ce qu’ilconvient de manger ou de boire ou à former des professionnels desanté. « Notre approche de la santé est un concept qui englobe toutce qui contribue à l’épanouissement et à l’accomplissement del’existence humaine. »

Ansel Oliver/ANN

organisations de santé

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Que votre communauté soit importante etdotée d’une solide équipe pastorale ouqu’elle soit réduite et composée d’un pas-teur et de quelques assistants, une Égliseréclame une action concertée pour queson ministère soit fécond.Bien que les évangélistes et/ou ancienset/ou assistants soient les collaborateursprivilégiés du pasteur* dans la diffusion del'Évangile, c’est le pasteur qui assume leleadership de cette mission particulière.Pour travailler efficacement, le pasteurdoit placer ses collaborateurs dans lesmeilleures conditions possibles. Que doit-il leur offrir ?

La confianceLes assistants se servent de leurs connais-sances pour assumer au mieux les tâchesauxquelles ils ont été appelés. Une foisqu’ils ont reçu vos instructions et que vousleur avez confié des responsabilités,faites-leur confiance, ils sauront se mon-trer à la hauteur et rempliront efficace-ment leurs obligations. Quand vous devezprêcher dans une autre église, ne vous in-quiétez pas de savoir si vos assistants, quivont délivrer le message divin, possèdentou pas un diplôme en théologie, en comp-tabilité ou sont des orateurs chevronnés.Ils doivent sentir que vous leur faitesconfiance. Donnez-leur l’occasion de seservir des dons spirituels que Dieu leur aofferts en les encourageant.

Des outils pédagogiquesProcurez-leur des outils pédagogiquespour qu’ils développent leurs talents. Dansla mesure du possible, mettez sur pied desateliers (invitez des professionnels de dif-férents domaines pour les former). Four-nissez-leur des livres et des publicationsadaptés et donnez-leur l’occasion de par-ticiper à des forums de discussion. N'ou-bliez pas que pour beaucoup d’entre eux,votre présence est essentielle. Les jeunesassistants apprécient particulièrement letemps vous leur consacrez. Les entretiens

que vous pouvez avoir avec eux porterontun jour leurs fruits.

Le leadershipDepuis l’époque de Moïse, qui conduisitles enfants d'Israël dans le désert, jusqu’àaujourd’hui, le leadership constitue unélément essentiel de l'Église. Bien que leSaint-Esprit offre une vision aux assistantset à tout leader de l’Église, le pasteur doiten être le pilote. Les pasteurs possédantdes qualités de leader inspirent laconfiance de leurs assistants et l'adhé-sion de toute l’Église.

La motivationLa motivation est très étroitement liée auleadership. C'est une chose de guiderquelqu’un vers un objectif, c’en est uneautre de l’encourager à le concrétiser.La motivation peut être intérieure ou exté-rieure à l’individu. Certains doivent simple-ment connaître ce que l’on attend d’euxpour se mettre au travail. Mais la plupart,même au sein du ministère, doivent avoirl’assurance que vous croyez en eux pourêtre motivés. Dites-leur que vous avezconfiance en leur capacité de réussite etvous assisterez à des prodiges !Une autre source de motivation est l'ap-préciation. Dites-leur fréquemment« Merci ! ». Personne n’apprécie d’êtreconsidéré comme « la cinquième roue dela charrette » ! Chacun, au contraire, croitêtre l’individu unique qui a répondu à l'ap-pel que Dieu lui a adressé.

La collaborationEn réalisant que vous entreprenez lesmêmes activités qu’eux, leur confiancegrandit. Ils ont besoin d’être assurés queleur pasteur est également capable de re-lever les défis auxquels ils sont confron-tés.Cela ne sous-entend pas que le pasteurpeut exécuter avec la même habileté toutce qu’entreprennent ses assistants, maisplutôt que le pasteur s’est familiarisé avec

les tâches assignées et qu’il collabore ac-tivement avec son équipe. C’est bien plusque déléguer une activité, c’est la parta-ger !Jésus a confié des tâches à ses disciples,pourtant il s’y est résolument impliqué. Illeur a montré comment les exécuter. Ilétait serviteur parmi les serviteurs.

Le reposPlacer trop de responsabilités sur lesépaules de vos assistants, aussi compé-tents soient-ils, peut les conduire à l'épui-sement. Ils peuvent être enclins à travaillerde longues heures d’affilée, mais mêmes'ils ne désirent pas ralentir la cadence, lepasteur doit les exhorter à la tempérancepour qu’ils se ménagent des temps derepos. Bien que le ministère évangéliquesoit primordial, le repos n’en est pasmoins important. Jésus, qui est notreexemple, exhorta ses disciples à prendredu repos (cf. Marc 6.31).

Le ministère personnelLe pasteur est considéré comme le bergerde sa communauté. Or il est également leberger de ses assistants, qui ont aussi be-soin d’être soutenus et réconfortés. Rap-pelez-vous que vos assistants – bénévolesou pas – ne sont pas de simples auxi-liaires faisant partie d’un système ; ils sontavant tout des êtres humains qui doiventcombler leurs propres besoins physiques,moraux et spirituels.Le ministère est et sera toujours une acti-vité collective. Tant qu’il existera une dy-namique entre le pasteur et ses assistants,ils seront associés au service du Maître et,en tant que tels, ils serviront leurs commu-nautés et se serviront les uns les autres.En œuvrant ensemble, ils croîtront enChrist, devenant ainsi de plus en plus effi-caces avec le temps.*En me servant du terme « pasteur », j’évoqueici le pasteur référent ayant des évangélisteset/ou des anciens qui l’assistent, ou le pasteurqui a une équipe d’anciens et/ou d’assistantsqui collaborent avec lui au sein de son Église.

Que doit offrirle pasteur à ceux qui L’ASSITENT

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