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Numéro 0 Prélude of a black systeM

MKR - ISSUE 00 - PRELUDE OF A BLACK SYSTEM

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Premier numéro, premières impressions sur un monde conceptuel et singulier. Affirmer et exploiter l’univers du magazine est notre premier but. Prelude of a black system montre toute l’étendue d’une atmosphère puissante.

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Numéro 0Prélude of a black systeM

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Premier numéro, premières impressions sur un monde conceptuel et singulier.

Affirmer et exploiter l’univers du magazine est notre premier but. PRELUDE

OF A BLACK SYSTEM montre toute l’étendue d’une atmosphère puissante.

Erik RaynalRédacteur en chef et concepteur du projet

First issue, first impressions on a

conceptual and singular world. Assert and exploit

the magazine’s universe would be our first goal. PRELUDE OF A BLACK SYSTEM

shows the extended of a powerful atmosphere.

Erik RaynalEditor-in-chief and founder of the project

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04 PRELUDE

.. MODE 12 COMIC STRIPE Shooting20 MEN FASHION WEEK 201130 BLACK WALK Shooting42 BLACK CHAPEL44 BLACK CHAPEL Shooting

.. CULTURE55 Litterature56 Theatre57 Art Video58 Cinéma62 Musique66 Danse

.. DECOUVERTES74 7 Portfolio82 Celia Hay Portfolio90 Jules Faure Portfolio98 Sortir

99 REMERCIEMENTS

- Prelude Of A Black System -

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« Si le péché originel n’avait pas eu lieu, nous serions certes restés dans le paradis terrestre mais avec la conscience d’un petit animal « PHILLIP PULLMAN

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PRELUDE | COVER SHOOTING

PhotosLOUIS MARIE DU PERRAYStylismeSOPHIE APRILE

ModelGARANCE MOREAUMake-UpMAËLA GERVAIS

PRELUDEEVE BACKS IN THE WOODS

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PRELUDE | COVER SHOOTING

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PRELUDE | COVER SHOOTING

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MODE | SHOOTING COMIC STRIPE

COMIC S T R I P E Photos | MATTHIEU DELUCRéalisation | SOPHIE APRILEMake up | YANN BOUSSAND LARCHERHair | FLORIAN DOVILLEZ with SHU UEMURA

Models | FLORA MATTHIEU & GWEN

FLORADress | H&MSunglasses | THIERRY LASRYTights | FALKE

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FLORABody | AMERICAN APPARELSkirt | NEVRA KARACAWedges | MELISSA

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GWEN Top | H&MPanties | ERES

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FLORADress |H&MSunglasses | THIERRY LASRY

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GWENDress | JC dE CASTELBAJACGold-Cuff |BAPTISTE VIRYTights | FALKE

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FLORAJacket and skirt | JC dE CASTELBAJACTights | FALKE

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GWENDress |HOON

MODE | SHOOTING COMIC STRIPE

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Afin de bien commencer cette nouvelle année, la ville de Paris s’est vue dernièrement être inondée de photographes, de bloggeurs et de modasses en tout genre, montrant qu’une Fashion Week est sur le point de lancer son coup d’envoi. Pour ce prochain hiver, la majorité des créateurs se mettent d’accord sur la monochromie d’une silhouette moderne, simple mais avant-gardiste, violentée par quelques nuances de couleurs. Le vestiaire de l’homme reste encore une fois très sombre et les mannequins défilaient, pour la plupart, dans une ambiance angoissante, tel qu’on a pu le voir chez Ann Demeulemeester, qui démontra à quel point elle savait s’amuser avec divers rythmes tout en incorporant au sein du vêtement quelques taches de rouge ou de bleu électrique complétant une silhouette sombre. D’autres, ont préféré jouer avec les volumes. En

effet, le designer Kris van Assche, DA de la maison Dior Homme, a mit en avant pour sa collection personnelle des silhouettes portant des vestes centrées, des salopettes et des pantalons larges, laissant entrevoir la cheville du mannequin. Tout en restant dans la volonté de créer une silhouette à l’allure monochrome, Kris Van Assche usa des gris colorés et du bleu, à défaut du noir qui pouvait habiller l’ensemble d’une collection dans les années passées. Kris Van Assche a su nous séduire en nous proposant un homme des années 50 modernisé au style des années 2000. Tout en restant dans un ton très classique, la maison John Galliano nous proposa à son tour, sur certaines silhouettes, un jeu de volume comme un jeu de matières, sans quitter l’idée première qui était de faire de l’homme une silhouette épurée. D’autres créateurs ont aussi attiré notre attention, comme Julius, Thierry Mugler, Quasimi Homme et Rick Owens. Rick Owens qui cette année a mis en avant une silhouette homme basée plus souvent sur le sportwear, Mugler qui propose de ressortir les capes de nos ancêtres, et Quasimi qui nous confirme plus que jamais

sa place dans le monde « dark minimaliste ». Enfin et surtout, la belle surprise de cette Fashion Week, la maison Givenchy qui transforma ses models en de parfaites créatures. Le détail qui fait de cette collection un souvenir que tout le monde partage est bien ce piercing au septum que tous les mannequins ont porté. Preuve encore une fois que malgré son statut de maison de luxe emblématique, Givenchy s’inscrit parmi les créateurs qui se démarquent le plus.

A retenir : le vestiaire de l’homme pour l’automne hiver 2012 sera sombre, néanmoins les nuances de couleurs ne seront pas à négliger.

MARCEL DE VILLENEUVE

Photos STYLE.COM

MODE | MEN FASHION WEEK

MEN FASHION WEEK

- JANUARY 2012 -

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MODE | MEN FASHION WEEK

ANN DEMEULEMEESTER

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MODE | MEN FASHION WEEK

GALLIANOGALLIANO

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MODE | MEN FASHION WEEK

GIVENCHYGIVENCHY

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MODE | MEN FASHION WEEK

GIVENCHYJULIUS

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MODE | MEN FASHION WEEK

JULIUSKVA

KVA

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MODE | MEN FASHION WEEK

KVAMUGLER

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MODE | MEN FASHION WEEK

MUGLERQUASIMI

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MODE | MEN FASHION WEEK

QUASIMIRICKOWENS

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MODE | MEN FASHION WEEK

RICKOWENS

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black WALKImmersion dans les prémices d’un univers froid et obscur. Les personnalités s’y croisent avec leurs doutes et leurs appréhensions, mettant en exergue une quête d’affirmation, une recherche obscure qui trouve sa solution dans

la rencontre de ou des autres...

MODE | SHOOTING BLACK WALK

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Photos: YAN BLENEYStylisme: CHARLES MARIUS THÉLU

Assistante Styliste: ALICE SAUVAGEHairstylist: RAPHAËL MARIAGE

Mua: DELPHIE DELOUZILLIEREMannequins: EYMERIC LOISEAU / JAMES GAUDUIN / ROMUAL SCODELLER

MODE | SHOOTING BLACK WALK

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Manteau / IS NOT DEAD PARISRobe portée en T-Shirt / IS NOT DEAD PARIS

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Manteau trench + Bolero / JUUN JChemise / IS NOT DEAD PARIS

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Fourrure / GAOWEI + XINZHANVeste / IS NOT DEAD PARISPantalon / JUUN J

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Manteau trench + Bolero / JUUN JChemise / IS NOT DEAD PARISShort / KOMAKINO

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Manteau / IS NOT DEAD PARISRobe portée en T shirt / IS NOT DEAD PARISPantalon / LOREAK MENDIAN

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Manteau / JUUN JT-Shirt / IS NOT DEAD PARISPantalon / IS NOT DEAD PARIS

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À GAUCHETrench / KOMAKINO Chemise sans manche / KOMAKINOPantalon / LOREAK MENDIAN

À DROITE: Veste+ T-Shirt / IS NOT DEAD PARISPantalon / LOREAK MENDIAN

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À GAUCHEVeste + T-Shirt / IS NOT DEAD PARISPantalon / LOREAK MENDIAN

AU CENTREManteau / JUNN JT-Shirt / IS NOT DEAD PARISPantalon / IS NOT DEAD PARIS

À DROITETrench / KOMAKINOChemise sans manche / KOMAKINOPantalon / LOREAK MENDIAN

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BLAC

KCHA

PEL

Entre mystère et élégance, la jeune marque en plein essor sur Paris

MODE | BLACK CHAPEL

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Depuis maintenant plus d’un an, Anne-Clotilde Obéniche (créatrice de la marque Blackchapel) connaît un réel premier succès. La jeune créatrice, diplômée de LISAA (Institut Supérieur des Arts Appliqués) et issue d’une famille d’esthètes ; explore et nous montre un univers sombre, recherché et pointu bien plus donc qu’une simple ligne de vêtement avant-gardiste. Blackchapel propose un monde spirituel et idéaliste où la recherche d’un monde inconnu et incompris fascine. C’est à travers des influences diverses comme le symbolisme, le pré-raphaeliste ou le christianisme que Blackchapel retient notre attention. Il est rare de voir tout un univers (habillement, photos, vidéos, illustrations, inspirations…) derrière, à première vue, une collection de

vêtement nouvelle. Anne-Clotilde apporte un style et une personnalité à l’être Blackchapel (actuellement féminin) en misant sur des lignes bien définies, sur un mélange de couleurs affirmé sublimant alors l’âme spirituelle de la personne.

Plus précisément, la marque joue sur les codes de la religion en les utilisant abondamment ; volonté première pour la créatrice de rompre avec les préjugés sur la religion. Mais ceci est-il un moyen d’attirer encore plus l’attention ? ou bien simple volonté d’affirmer un point de vue ?

Quoi qu’il en soit, le mystère Blackchapel est entier et s’est bien ce qui nous captive d’avantage. On aime le style en lui-même de la collection, les inspirations même de la créatrice

et cette volonté d’aller encore plus loin professionnellement.

On retient aussi la fabuleuse exposition de la marque en octobre dernier au Pop’up Store dans le XIe arrondissement, on attend avec impatience la prochaine collection et on espère aussi voir se dessiner l’homme Blackchapel.

Un grand merci à Anne-Clotilde pour cette énième collaboration.

BLACKCHAPEL.FR

ERIK RAYNAL

MODE | BLACK CHAPEL

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Photos JULIEN COZZOLINO

Style SOPHIE APRILE

Photo Assistant NACIMA BOUFRIOUA

Hair MARIANA PADHER

Make-Up HELLEANNA avec MAC

Model GIOVANNA GORASSINI

BLACKCHAPEL

Robe BLACKCHAPELBombe PERSO

Bague CORPUS CHRISTICollants FALKE

MODE | SHOOTING BLACK CHAPEL

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Gilet . BLACKCHAPELCol . TANIA ZEKKOUT

MODE | SHOOTING BLACK CHAPEL

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Gilet . BLACKCHAPELCol . TANIA ZEKKOUTCollants . FALKE

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Robe portée en top + Jupe . BLACKCHAPELCol . TANIA ZEKKOUT

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Robe . BLACKCHAPEL Col . TANIA ZEKKOUTChaussures . JIMIJIM!Epaulettes . PERSOCollants . FALKE

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Manteau . BLACKCHAPEL

MODE | SHOOTING BLACK CHAPEL

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Robe portée en Top . BLACKCHAPEL Culotte . PRINCESSE TAM TAMChaussures . JIMIJIM!Epaulettes . TANIA ZEKKOUTCollants . FALKE

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Robe . BLACKCHAPEL Visière . PANAMManchette . COS

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CULTURE La section culture du magazine aura pour but de faire découvrir aux lecteurs des œuvres que nous considérons pouvoir leur apporter autre chose qu’un simple nom à recycler dans la première conversation pseudo-intellectuelle croisée. Nous allons essayer, tout en sachant très bien que chacun n’est pas touché par la même catégorie d’oeuvre, d’évoquer différents thèmes au travers de différents médias (littérature, cinéma, danse, arts plastiques, etc...) qui pourront ouvrir le lecteur, ceci étant l’une des

problématiques principales du magazine.

Les articles porteront aussi bien sur des sorties récentes que sur des œuvres plus anciennes. À chaque numéro paraîtront des sélections de livres, de films ou d’évènements culturels que nous considérons comme

importants. Nous allons essayer d’éviter la caricature.

Les textes de la section culture se voudront tout de même suivre le thème global du magazine à chacune de ses parutions. Ainsi pour le premier numéro « Prelude of a black system », les différents articles sont fait sur des œuvres qui prennent des tons latent, construites sur la fatalité d’un mécanisme déjà enclenché ou l’évolution puisque c’est ainsi que nous avons

cru bon d’interpréter ce thème.

En espérant avoir put vous aider à mieux aborder les articles qui suivront.

Bonne lecture.

JEREMY BENKEMOUN

CULTURE | LITTERATURE

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CULTURE | LITTERATURE

Que chercher dans la littérature sinon une forme de compréhension de l’espèce qu’est la notre? Nous mangeons, écrivons, mentons. À l’image d’une recherche sur les mécanismes humains, je pense qu’il serait bête d’entamer une section culture sans écrire sur quelques bouquins cultes. Ainsi, j’introduirai avec quelques uns des plus célèbres écrivains (plutôt récents) qui, dans leurs mots, cernent les hommes.

Ainsi, comment parler de mécanisme humain si je n’évoque pas Un Homme qui Dort ? En effet, avec ce roman, Georges Perec pond une des œuvres les plus troublantes jamais écrites. Nous voilà face à une description des

plus crues, mais certainement des plus vraies, sur un personnage que l’on connait, que l’on connaitra probablement toujours, tout simplement parce qu’il s’agit de nous. Entièrement écrit à la 2eme personne du singulier, ce livre nous interpelle à chaque page. Quelque chose se passe alors, comme si ce secret, notre secret, avait été révélé, édité et lu de tous. C’est nous même qu’on lit. On nous perce à jour, on se croyait unique et voilà que nous sommes le plus banal des individus, nous sommes. Rien. Tu n’es pas le maître du monde, non.

Venons en à un auteur suédois qui, lui aussi, impressionne par sa justesse et sa force. Il s’agit de Lagerkvist, prix Nobel de littérature en 1951. Parmi toutes ses œuvres, j’ai choisi de présenter ici Le Bourreau. Il s’y profile, dans l’ambiance glauque d’une taverne de village, une

sorte de crescendo tragique qui gravite autour du seul personnage qui se tait : le bourreau. Il ne prendra la parole que dans les dernières pages, auparavant, les différents clients, vulgaires et ivres, raconteront chacun leurs expériences sur les bourreaux, ces « suppôts du malin ».

« Depuis l’aube des temps je fais mon métier et il ne me semble pas que je sois près d’en finir. Des milliers d’années s’écoulent, des hommes se lèvent et disparaissent dans la nuit, mais moi je reste et, couvert de sang, je les vois passer, moi le seul qui ne vieillisse point ».

JEREMY BENKEMOUN

DU DÉSIR DE COMPRENDRE

VIDEO EXTRAIT DU FILM UN HOMME QUI DORT

Un Homme qui dort de Georges Perec, disponible aux éditions FolioLe Bourreau de Par Lagerkvist, disponible aux éditions Stock

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CULTURE | THEATRE

L’évolution des personnages dans une pièce de théâtre est un système fascinant, surtout lorsqu’elle est intérieure, lorsque la vie prend ou quitte les corps. Ainsi leur comportement premier, leur base, est une sorte de prélude à l’éclat annoncé et attendu de leur individualité. Un exemple représentatif de ce processus est le personnage de Nora dans Une Maison de Poupée, pièce écrite par Henrik Ibsen en 1879. D’abord femme docile qui semble penser rarement, assimilée perpétuellement à un oiseau par son mari, cette dernière va au cours de la pièce acquérir une indépendance prononcée et revendiquée. Certains voient en cette œuvre un féminisme fort de la part d’Ibsen de par ce détachement du rôle réducteur que l’on destine à l’héroïne.

THEATRE

Dans un genre différent, Bernard-Marie Koltès réussira, en 60 pages (ce qui, avouons le est un argument de poids), à écrire une pièce d’une puissance peu banale. Dans la Solitude des Champs de Coton, parut en 1985 aux éditions de Minuit, met en scène un dealer (pas nécessairement de drogue, juste un dealer au sens vendeur pas net) appelé le Dealer qui croise le chemin d’un client nommé Client. Cette œuvre fait parti de celle devant lesquelles on s’exclame « Mais oui ! C’est tellement vrai ». En effet... sauf que chaque discours est totalement détruit par la réponse qu’en fait le second personnage et on lui donne raison, lui aussi. Déroutante, d’une écriture à la beauté remarquable et presque impossible à jouer, cette pièce où prennent place méfiance et peur, autour d’un désir tout aussi inconnu que son moyen de satisfaction, est à mon humble avis à lire impérativement.

JEREMY BENKEMOUN

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Jesper Just est un artiste danois, né en 1974 et diplômé de la Royal Danish Academy of Fine Arts. Ses créations ont fait l’objet de plusieurs expositions notamment au MoMA à New York, à la Tate Modern à Londres. Récemment, Jesper Just a présenté sa première exposition monographique dans une institution française, au MAC/VAL à Paris, au travers d’une proposition cinématographique incroyable ; Il nous transporte visuellement dans un monde à la lisière du commun, où la poésie et la beauté ne sont que les instruments d’une latente mélancolie.

A Vicious Undertow fait partie des six vidéos spécialement créées durant l’été pour l’exposition, et représente incroyablement le travail de Jesper Just. La vidéo commence par un travelling balayant une tapisserie soyeuse, et finit dans la nuque d’une vieille femme. On découvre alors un univers sensuel, sombre et froid, où la lumière effleure le décor et les trois protagonistes de cette maison close. Cette femme commence à siffler, en nous regardant. Contre-champs, on découvre une jeune femme quant à elle, assise un peu plus loin, qui se met à l’unisson. Le plan s’élargit, et on remarque qu’elle n’est pas seule, un homme est assis à coté d’elle, main dans la main et sifflant lui aussi en chœur. Ils se répondent

autour d’un dialogue (sifflé), à trois.Ils décident de danser une valse. Ils dansent et se toisent les yeux dans les yeux. La vieille femme alterne sa danse entre la jeune femme et l’homme. Elle arrête sa valse et se regarde danser avec l’homme. Elle part et se retourne une dernière fois pour regarder le couple danser avant de monter l’escalier d’une tour, dans la nuit. L’atmosphère de Jesper Just étonne par son esthétisme et par la manière poétique dont il aborde les thèmes de sa vidéo ; nous rentrons progressivement dans un monde instable et ambigu, où les tapisseries ont eu le temps de prendre la poussière, la peinture des murs de s’émietter et la lumière de s’essouffler à petit feu. Un sentiment de tristesse et d’abandon plane sur ce bordel où le temps a fait son œuvre sur le mobilier, et sur l’être humain. Cette femme qui siffle, est marquée par les signes de la vie (qu’elle garde derrière elle) ; elle crie avec bienveillance à la fois, ses souvenirs, ses histoires de joie et de peine, sa mélancolie, son désespoir à cette femme plus jeune qu’elle ne peut plus être. Elle décide alors dans un dernier élan d’espoir, de danser une valse testamentaire, décidant de prendre sous son aile son alter ego. Cette danse met ces êtres humains dans un état de vie et de

mort où la sensualité, le désir, la séduction, et l’envie les enivrent et nous transportent dans une relation à trois, rythmée par l’échangisme des partenaires et la musique entêtante. La vieille femme est de trop, elle n’a plus rien à faire ici. Laissant sa valse et ses souvenirs derrière elle, elle se retourne et regarde une toute dernière fois vers ce qui a été, pour se donner la force de vivre dans le présent de sa vie, sans regret, laissant le couple dans leur propre instant.

François de la Rochefoucauld a écrit dans son livre Maximes L’enfer des femmes, c’est la vieillesse «De l’enfer à la plénitude, la route est longue. La gloire et la jeunesse de cette femme a brulé dans les flammes et elle s’engage dans l’escalier de la sagesse. Seule, gelée, et effrayée, nous l’accompagnons dans cette montée vertigineuse.»

Je finirai par cette phrase : Le passé a été la, le présent existe, et l’avenir nous fera gravir le monde…

PIERRE ANTOINE IRASQUE

LA VIDÉO

A VICIOUS UNDERTOW by JESPER JUST

CULTURE | ART VIDEO

ART VIDEOART VIDEOART VIDEO

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LE SILENCE DE LA MER (1947) de Jean-Pierre Melville

Il s’agit là d’une adaptation de la nouvelle de Vercors parut seulement 5 ans avant le film. Pendant l’Occupation, un officier allemand est placé dans une demeure française où vivent un vieil homme et sa nièce. Dans l’obligation, ils acceptent le nouvel arrivant mais se font le serment de ne jamais lui adresser la parole. Il se révèle alors que l’officier est épris de la culture française et descendra chaque soir discourir près des propriétaires de la maison, se révélant extrêmement attachant. Poétique, touchant, ce film nous porte par sa simplicité autant que par sa beauté. Il fait bon de voir la seconde guerre mondiale traitée d’une manière si différente.

VIDEO BANDE ANNONCE

L’ANGE DE LA VENGEANCE (1981)d’Abel Ferrara

A l’approche de la sortie du nouveau long métrage d’Abel Ferrara, le Grand Action (5 rue des Écoles 75005 Paris) rediffuse plusieurs des films précédents du réalisateur. Parmi eux, il y L’ange de la Vengeance. Une jeune fille qui frôle l’autisme se fait violer deux fois dans la même journée. Elle tue son deuxième agresseur, lui vole son calibre 45 et s’attaque ensuite à toutes les personnes de sexe masculin. Une petite fille sage qui se transforme en canon folle furieuse, mais que demande le peuple ? Violent mais pourtant très drôle, ce film est une perle dans son genre.

VIDEO BANDE ANNONCE

HEAVENLY CREATURES (1994) de Peter Jackson

Histoire vraie, le film traite de l’amitié passionnelle de Juliet Hulme (Kate Winslet) et Pauline Parker (Melanie Lynskey) qui ensemble vont battre à mort la mère de cette dernière lorsque celle-ci menacera leur relation. Ce film prouve encore une fois l’aisance qu’a Peter Jackson à changer de genre tout en conservant un style appuyé, en effet il est aussi le réalisateur du Seigneur des Anneaux et de Braindead, comédie d’épouvante où un rat-singe mutant (oui oui) va contaminer l’humanité. L’innocence de ces deux jeunes filles qui se coupent peu à peu de la réalité pour créer leur propre monde et l’intensité que prend leur relation exercent une sorte de fascination tout au long du film jusqu’au dénouement tragique annoncée dès la première minute.

VIDEO BANDE ANNONCE

CULTURE | CINEMA

CINEMAS É L E C T I O N . F I L M S

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LE CHEVAL DE TURINBÉLA TARR Il est très rare de reconnaitre le réalisateur d’un film dés les premiers plans, mais quant au cas de Béla Tarr, son noir et blanc et ses plans séquences saisissants marquent définitivement sa signature. Le cinéaste hongrois nous propose ce même univers caractéristique, dans son dernier long métrage, Le cheval de Turin, sorti le 30 novembre.C’est à l’occasion de la sortie de ce dernier film que le Centre Pompidou rendait hommage à l’oeuvre de Béla Tarr au travers d’une rétrospective intégrale (du 3 décembre 2011- au 2 janvier 2012), pour re-découvrir et apprécier mieux encore l’oeuvre énigmatique de cet immense artiste.

Un épais brouillard s’est levé, les éléments se déchainent mystérieusement, l’orage grandit sur la campagne de Turin en 1889. L’homme et la nature se font face dès la première scène dans un plan séquence intense ou un âne tire difficilement la charrette d’un homme, luttant tous les deux, contre le brouillard, le vent et la pluie, ce qui symbolisera le conflit permanent, tout au long du film. Isolé de tout et surtout du reste d’un monde, un père et sa fille survivent dans cet univers inhospitalier et maudit. La nature a décidé de se déchainer et l’âne qui était leur plus fidèle compagnon décide soudainement de rompre tout contact avec eux et avec ce qui l’entoure en arrêtant de manger. Malheureusement, cet évènement n’est que le début d’une chute progressive, vers une fin qui s’annonce. Cette famille qui n’en est pas une réellement, se laisse aspirer inexorablement vers un néant ou toutes les journées sont ritualisées, et ou la routine tue lentement les deux protagonistes. La nature n’est pas en reste, et dans cette course vers l’anéantissement de tout, elle décide de ne plus «être», elle aussi.

Un film de Béla Tarr n’est pas une simple sortie du vendredi soir entre quelques sushis et un verre de merlot, mais c’est au contraire, une décision mûrement réfléchie au même titre qu’un chemin de croix. (thème récurrent dans l’oeuvre bélarienne).La structure du film et précisément son découpage en 6 jours, aspirent progressivement les personnages et les spectateurs dans un chaos spirituel. Les 2 h 30 du film sont une réelle expérience métaphysique ou le spectateur n’a qu’un seul souhait, celui de fuir cette atmosphère anxiogène, ou Béla Tarr nous tient en otage, par l’esthétisme grandiose de l’image. Chaque jour qui passe est un véritable supplice qui nous enfonce dans les abysses d’un monde ou l’homme et la nature décident de prendre des chemins différents, à la manière d’une genèse inversée ou le monde se déconstruit en 6 jours avec la disparition progressive des éléments naturels, essentiels à l’Homme pour vivre (eau, feu, lumière).

Dans le film, la routine a envahi non seulement leur vie mais aussi leur esprit, pré-fabriquant leurs mouvements quotidiens du lever jusqu’au coucher. Pour accentuer ce sentiment de séparation, Béla Tarr prend différents points de vue pour raconter son histoire, tendant pourrait-on dire, vers une certaine omniscience, car le film est découpé à un second niveau entre les différents protagonistes du film. Le spectateur ne suit pas leur routine d’une façon unilatérale, mais multilatérale au travers du père, de sa fille et de leur cheval, créant une intimité entre le spectateur et les différents personnages et au contraire une séparation entre eux. Le père et sa fille sont aliénés dans une mono-existence, monochrome, monocorde, vivants ensemble mais séparément dans un huis clos physique et mental ou tout lien entre l’homme et son alter égo n’existe plus. L’Humanité comme on l’entend s’est évaporée au même titre que son rapport avec la nature, mettant l’Homme dans une impasse, un désespoir, et une mort dans le noir.

PIERRE ANTOINE IRASQUE

CULTURE | CINEMA

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CULTURE | CINEMA

Film franco-polonais (mais aussi allemand), Elles intriguait par son affiche et par sa bande-annonce. La prostitution étu-diante, voilà un sujet qui promettait un film sulfureux, voire provocant. Une journaliste (Anne/Juliette Binoche) décide d’écrire un article sur deux jeunes filles qui vendent leur corps pour payer loyers et études.

Pourtant, la première impression qui frappe, c’est l’incroyable sensualité du film. Malgorzata Szumowska, la réalisatrice, use -et abuse- des flous, des gros plans, notamment dans les scènes érotiques, car bien évidemment, il y en a. Une proximité, une intimité lie alors le spectateur aux corps des jeunes étudiantes mais aussi -et surtout- à Anne, le personnage de Juliette Binoche, incroyablement belle et rayonnante. Cette sensualité, cette douceur, qui résonne comme un contrepoint, qui s’oppose aux actes crus et sexuels des jeunes filles, permet, au premier abord, de prendre de la distance, de ne pas émettre un jugement implacable sur le comportement de Lola (pseudonyme qui nous évoque évidemment la scandaleuse Lolita de Kubrick, jouée par Anaïs Demoustier) et de Alicja (Joanna Kulig).

Très vite, les témoignages de Lola et Alicja obnubilent la journaliste et peu à peu, un certain érotisme s’immisce dans la vie de cette dernière. Ce boulever-sement, on peut l’observer dès le début, il est déjà sous-jacent dans les premiers plans. Juliette Binoche est toujours filmée caméra à l’épaule. La fragilité du personnage trouve écho dans l’instabilité de l’image. Au contraire, les scènes avec les deux étudiantes sont beaucoup plus stables. De plus, parallè-lement aux séquences érotiques des rendez-vous entre les étudiantes et leurs clients, les scènes de la vie quotidienne d’Anne se voient elles-mêmes empreintes de sexualité. Une bouteille de vin devient symbole phal-lique, une coquille Saint-Jacques, symbole de la féminité et même de l’organe génital féminin.

Hormis ce côté extrêmement lascif et sensuel qui efface un quelconque juge-ment moral -ce que font ces étudiantes n’est ni bien, ni mal, la caméra est juste là pour observer, comme veut le faire le personnage de Anne.

Le film s’entache d’une dimension sociale parfois maladroite. Cette dimension sociale repose sur des oppositions entre les personnages. La première c’est la différence de classe sociale entre Juliette Binoche (bobo parisienne) et les étudiantes (issues de milieux sociaux modestes). Bien sûr, la réalisatrice a choisi des jeunes filles qui sont un minimum dans le besoin, sinon leur choix de prostitution aurait été incompré-hensible, voire dérangeant pour la plupart des spectateurs. Mais cette opposition simpliste est atténuée par le fait que ce soit la journaliste qui subisse le changement le plus fort et le plus significatif. C’est elle qui semble dans l’erreur, alors que les étudiantes semblent plus stables et sûres d’elles-mêmes.La deuxième opposition, beaucoup plus irritante, est celle qui confronte Juliette Binoche au reste de sa famille. La famille en question est bourrée de clichés et de stéréotypes qui décrédibilise totalement l’enjeu qui se met en place (rétablir des relations saines entre tous les membres). Le père est totalement absorbé par son travail d’entreprise, le premier fils est un adolescent rebelle, fumeur de joints et enfin, le petit dernier est accro aux jeux vidéo.

Le film est alors alourdi par cer-taines facilités qui cachent un discours trop bien-pensant et peine à décoller malgré de très belles scènes. Dans le genre, Sleeping Beauty de Julia Leigh, sorti il y a quelques mois au cinéma, paraissait plus intéressant et moins hypocrite.

P.ALBANDEA

ELLESMALGORZATA SZUMOWSKA

Sensualité Contagieuse

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TAKE SHELTERJEFF NICHOLS

Film Tempête

Le deuxième film de Jeff Nichols qui s’était fait remarqué à Cannes, a en effet de quoi surprendre. Take Shelter met en scène Michael Shannon, un père de famille, envahi peu à peu par la paranoïa. Il se met alors en tête de construire un abri pour protéger sa femme et son enfant.

Voilà un sujet de film qui n’a pas de quoi exciter les foules au premier abord. Pourtant, Jeff Nichols se démarque de toute la production actuelle. La scène d’ouverture laisse présager un film catastrophe style Melancholia : un ciel gris, couvert de nuages menaçants s’enroulant sur eux-mêmes, une pluie toxique, un vent puissant et Curtis (Michael Shannon) seul, au beau milieu de cette nature déchaînée.

Et puis, rapidement, le film recentre notre attention sur la vie de famille. Curtis n’est pas seul, sa vie est partagée entre sa femme (Jessica Chastain révélée par The Tree Of Life) et sa fille Hannah, sourde. La dimension sociale, la relation que Curtis entretient avec les membres de

sa famille, sont reléguées au premier plan dans le scénario. Cela n’empêche pas le réalisateur de perdre le specta-teur toujours plus. Ainsi, les visions apocalyptiques (et prémonitoires ?), de Michael Shannon prennent des al-lures de film d’horreur, de film à sus-pens. Un homme derrière une vitre embuée suffit à nous faire sursauter. L’ambiance du film oscille alors entre le film social et le film de genre, mais elle n’est jamais hésitante, elle semble totalement assumée et maîtrisée. Les relations de famille restent le sujet principal. Ainsi, elles prennent une dimension et une portée beaucoup plus significative en étant prisent au milieu d’un drame psychologique et d’une saveur de fin du monde.

Le film évolue étrange-ment, tout comme l’est l’ambiance du film. Le début est très énergique, rythmé par l’alternance des scènes de la vie quotidienne de Curtis (sa vie de famille, sa vie professionnelle -il travaille sur les chantiers-) et de ses rêves cauchemardesques. Puis au fur et à mesure, en même temps que la paranoïa s’empare de Curtis, le rythme ralenti, le laissant toujours plus seul avec lui-même. Pas de construction en trois temps donc (ex-position – confrontation – résolution) mais un film à l’image de la tempête qui habite et menace notre héros. Elle éclate, pour se calmer progressive-ment. Pourtant, si les visions se font plus rares, moins violentes, l’isolation se fait de plus en plus ressentir. Curtis est peu à peu délaissé par tous ceux

qui l’aiment, sa femme doute. Le tour de force de Michael Shannon c’est de placer du début à la fin le spectateur du côté du héros. Curtis a conscience du mal qui le ronge, il n’est pas totale-ment fou, et puis, finalement, ce qu’il l’obsède, c’est de protéger sa famille. Pourquoi tout le monde l’en empêche ? Est-ce vraiment lui qui est fou où les autres qui l’empêchent de sauver sa femme et sa fille ? Le dernier plan, magnifique, est significatif. Lorsque Hannah et sa mère voient -enfin- la tempête arriver au loin sur la plage, ce n’est pas pour prouver que Curtis n’est pas paranoïaque, mais plutôt pour montrer que sa famille est liée à lui et qu’ils ne l’abandonneront pas.

Take Shelter dénote en comparaison des films de 2012. En revanche, malgré sa singularité, il s’inscrit dans la problématique que l’on constate récurrente dans les films d’aujourd’hui : le cinéma du chaos. La fin du monde, le chaos est en effet une question qui semble beaucoup préoccuper nos cinéastes contem-porains comme on peut le constater chez Lars Von Trier (Melancholia), Terrence Malick (The Tree Of Life) ou même encore chez Nanni Moretti (Habemus Papam). Quoi qu’il en soit, Take Shelter est sûrement un des meilleurs films de ce début d’année.

P.ALBANDEA

CULTURE | CINEMA

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MUSIQUE MUSIQUE MUSIQUE CULTURE | MUSIQUE

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THE CALICO WALLI’M A LIVING SICKNESS The Calico Wall est un groupe de garage/punk peu connu, malgré le fait qu’ils aient apporté et défini le psychédélisme à Minneapolis, Minnesota - ville natale de Bob Dylan. Difficile de s’imposer dans la scène américaine du psychédélisme lorsque des groupes comme The Velvet Underground ou encore Jefferson Airplane monopolisent l’attention et de surcroît, connaissent un franc succès. En découvrant, par un inévitable hasard, le titre I’m A Living Sickness (comprenez : Je Suis Une Maladie Vivante), on remarque une harmonie accablée, sèche, voire flottante.

En disséquant la chanson, on peut noter que, outre la guitare transcendante, les percussions stagnent en une rythmique sourde, presque robotique. En back, de façon désordonnée, vole un son grinçant et aigu, restant nerveusement en retrait. Il n’est que peu perceptible mais c’est ce pédant - pour ainsi dire - qui dévoile le malaise, et l’offre comme tangible. Et puis, il y a le chanteur, cette voix sans visage ni nom, qui tend à déverser un poison ancré en son sein, crachant les couplets spasmodiquement et quand enfin vient le refrain, sa voix semble se déchirer. Finalement, il se trouve une compréhension (envers l’auteur/compositeur) justifiable tant par la musique que par le texte, à propos de la souffrance due à la récurrence et la longévité

des maux. I’m A Living Sickness (seul titre avec Flight Reflection disponible sur la toile) peut nous apparaître comme une sorte d’exclusivité, de nouveauté même, étant donné que certains érudits de rock de ces années-là n’en ont jamais entendu parler. The Calico Wall restera ce groupe cabalistique d’une génération qui est passée à côté d’une formation musicale pourvue d’un talent incontestable. Cependant, The Dwarves ont repris cette chanson au cours des années 80, le clip rappelant d’ailleurs le style de The Cramps, ce qui concorde indubitablement avec le genre artistique des Calico.

WENDY NAETONG

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MUSIQUE

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CULTURE | MUSIQUE

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Quarante-huit heures auront suffi à Lou Reed, John Cale, Ster-ling Morrison et Moe Tucker pour enregistrer un trésor distord, résolu-ment expérimental, au son rugueux et raboteux. La musique bruitiste (ou noise music) est un savant mélange de sonorités. Il est communément ressenti comme quelque chose de désagréable, abstrus, parfois même insoutenable. Mais pour nous, (disons les privilégiés), il n’est pas épineux de qualifier ce son de savou-reux, entraînant, recherché , bref : original. Favorisant l’effet provoqué sur l’auditeur, la structure complexe et le sens profond à la conformité, White Light/White Heat est indubita-blement hors des conventions musi-cales et des dimensions esthétiques. Ce n’est pas pour rien que l’album a été homologué «d’anti-beauté » par un de ses procréateurs : John Cale. Ce dernier, quittant le groupe avant la fin de l’enregistrement, aurait voulut, contrairement à Reed, pousser l’expé-rimentation encore plus loin, jusqu’à son apogée. Lou, plus envieux d’un premier (et mérité) succès commer-cial, le remplaça alors par Doug Yule, musicien polyvalent, artiste manifes-tement plus pop. Fort heureusement, cet écueil n’a en rien altéré l’œuvre qui est devenue aujourd’hui un incon-tournable du protopunk avant-gar-diste.

Les thèmes abordés restent similaires aux autres albums des Vel-vet, à savoir l’homosexualité, la vio-lence, la drogue, le sadomasochisme, la transsexualité/ travestissement : les points prédominants de la vie de Lou Reed, auteur de la quasi-totalité des chansons. Nous ne sommes pas sans savoir que David Bowie est un

de leurs premiers admirateurs. Dans son concert d’adieu à Ziggy Stardust, il reprend avec adresse White Light/White Heat, qui est la première piste de l’album éponyme. Cette chanson traite de la drogue - les amphéta-mines en l’occurrence - consommée à l’époque de façon récurrente par Lou Reed. Suit The Gift, (initialement intitulée The Booker T.) qui est une nouvelle rédigée par ce dernier, alors qu’il étudiait à la Syracuse Univer-sity. Cette nouvelle aborde le sujet ardu de l’amour longue distance; le personnage principal, Waldo Jeffers décide un jour de s’envoyer lui-même en colis, afin de retrouver sa Marsha Bronson au Wisconsin. Histoire, certes invraisemblable, mais écrite avec la justesse naturelle et l’humour noir propre à l’auteur. La troisième piste, chantée principalement par John Cale, s’intitule Lady Godiva’s Operation. La légende raconte que cette dame saxonne du XIe siècle, courroucée par des impôts bien trop élevés, se parada nue dans les rues de Coventry afin de manifester sa désapprobation envers son mari, res-ponsable de l’imposition. Bien que cet événement ne connait aucune preuve tangible, une étude des annales de cette ville d’Angleterre à démon-trée qu’à partir de 1057, l’impôt n’a effectivement plus été perçu. L’assu-rance et les bonnes intentions de cette femme est retranscrite dans les paroles alors bien que le sujet soit différent, l’influence de l’Histoire est perceptible. Here She Comes Now, chanson plutôt formaliste dans cette tempête de distorsion, devait origi-nellement être interprétée par Nico. Le texte reste ambigu : les auteurs de la biographie Up-Thight: The Vel-vet Underground Story l’ont défini comme une « thèse à sept lignes à propos de la possibilité qu’une fille pourrait venir ». Mary Williams est morte depuis longtemps, et pourtant

Lou Reed l’entend encore scander son nom à l’heure où l’aube se dévoile. Il prétend l’avoir jadis violée des heures durant; et cette aliéné ne compre-nait un traite mot venant de lui. I Heard Her Call My Name, piste V, dernier fracas avant le point d’orgue, démarre de façon brutale et épique. Piste numéro VI : Sister Ray. Selon la rumeur, Lou Reed aurait nommé sa seringue Ray, d’où le titre équivoque. Cette chanson, que nous qualifie-rons ici d’improvisation/délectation de 17 minutes, a été enregistrée en une prise; force est de constater que l’impulsion domine et surpasse même la finalisation. Nous sommes effec-tivement en droit d’être perplexe face au manque de soutien médiatique et à l’échec commercial qu’a enduré The Velvet underground durant ses années d’activité. Mais même mal-gré l’absence de «tube», la formation restera peinte de façon indélébile dans l’omnipotent tableau du rock : l’inventivité combinée à la supério-rité artistique et conceptuelle sont toujours récompensées, que ce soit dans l’immédiat ou plus tardivement. Les personnalités singulières et fan-tasques (dans le bon sens du terme) qui ont constitué VU, ainsi que les collaborations importantes (notam-ment Andy Warhol, Tom Wilson…) ont fortement contribué à la force connue du groupe. Nous pouvons alors ressentir une espèce d’exclusivité à l’écoute des chansons qu’ils nous ont laissé. Les guitares saturées et les mélodies plus douces traverseront donc les années - oh ! Comme je peux le supputer avec conviction - au grand plaisir des mélophiles, des avant-gardistes du kitsch. Amen.

WENDY NAETONG

White Light White heat

THE VELVET UNDERGROUND

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CULTURE | MUSIQUE

MUNGO PARKMungo Park est à l’honneur pour le premier numéro du magazine.Rassurez-vous, nous n’allons pas vous parler d’un explorateur de l’Afrique du 18eme siècle qui va découvrir le fleuve Niger et qui va se perdre au fond de la savane.

Voici cinq talentueux gars en quête d’éclectisme, hype d’attitude, riche en talent et curieux en harmonie. Des mélanges de vibes africaines avec des mélodies « psyché crystalique » …Mungo Park nous transporte dans une jungle « galaxique ». La gamme syncopée vous dit quelque chose ? Trop technique pour comprendre, à moins que vous ayez passé les meilleurs moments de votre vie au conservatoire…ou pas ! De la pop cosmique au rock dynamique, ces jeunes parisiens n’ont pas fini de vous surprendre. Naviguant entre New Order et TV on the Radio, ils ont récemment sorti un EP (« Pilgrim », chez Third Side Records) sans oublier l’édition limitée du vinyle « LE PODIUM » disponible chez Colette pour 10E !

VIDEO LIVE

SONIA GHARIANI

Tournée :27 Avril à Tours en 1ère partie de YACHT (Au temps Machine)28 Avril à Paris en 1ère partie de MAPS AND ATLASES (La Flèche d’Or)

SALEM Black mécanique.... Référence à un film culte, sombre, profond, menaçant et choquant décrivant parfaitement l’univers d’un groupe : Salem.

Ce groupe israélo-américain maîtrise l’électro métal comme personne, ceci Illustré dans les morceaux comme King night, Sick ou encore Asia. Connaissant le succès avec un premier album King night en 2010 les trois membres du groupe ont largement contribué à la création d’un genre et d’un mélange certes particulier, mais marqué par une véritable alchimie addictive liant brutalité et sublimation. Les clips ? Plus trash les uns que les autres : scènes morbides et émouvantes qui nous laissent sans voix, hypnotisés par ce surplein de terreur et d’effroi. Malgré un trash laissant deviner le chaos, et un son new wave gothique frôlant par moment le ridicule on y reste, on aime, on adhère. Masochisme moral ?

Conclusion, malgré un coté gothique « too much » parfois, leur musique nous transporte dans un état serein, étonnamment né d’une création bien aliénée : bien joué donc. Un nouvel album en préparation pour fin 2012.

VIDEO KING NIGHTVIDEO DIRT

BAPTISTE PIGUET

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MIX-TAPERenaud Duc // Jules Faure

« -Is it cold outside ? - Oui, on a besoin de se réchauffer », décidèrent-elles.

Désirant capturer la flamme des esprits frappeurs et funky, de sombres prêtresses ont tendu le fil de voix de Diamanda Galas en un pentagramme-piège. De cette incantation est né un mix noir et iridescent comme une flaque de pétrole.Un Sabat noir et enjoué, schizophrène, oscillant de la prière lyrique à la fessée electro-body-music.

LET THE BEAT CONTROLS YOUR BODY.

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CULTURE | MUSIQUE

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DANSE&

MILENA PICHONPar

SOHRÂB CHITANPhotos

JULIEN BENHAMOU

CULTURE | DANSE

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CULTURE | DANSE

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Le corps est un moyen d’expression tant pour les créateurs de mode que pour les chorégraphes. Le corps est une unité et il nous rassemble. Notre objectif est donc de faire connaître la danse souvent trop peu abordée, pourtant c’est bien une racine commune que partagent la danse et la mode. La mise en valeur d’un corps vivant tant au travers de mouvements que de vêtements.

Si la danse est avant tout contrainte, elle est aussi liberté. Tant et si bien d’ailleurs que la palette chorégraphique de ces dix dernières années en devient plus que vaste. C’est donc une ouverture sur chaque trésor, pourvu par ce panorama, que nous tenterons d’effectuer, mais avec un filtre bien choisi. Ainsi l’a dit Preljocaj, « La danse est l’art de l’indicible par excellence » : il s’agit donc de nous laisser porter par un déferlement d’images et de sensations qui seront toujours propres à chacun d’entre nous. De se laisser séduire par tout ce que la danse a de plus mystérieux et sombre, de doux et violent. De découvrir sous un drapé de velours noir une énigme presque inquiétante, celle d’un art-vivant sensible et intelligent, se mouvant avec grâce sur des rythmes persistants.

Nous aborderons donc dans cette rubrique divers sujets invitant à l’évasion et à la découverte – Les Chorégraphes et le Voyage, Les Grands Couturiers pour la Danse, des rencontres avec des danseurs et des chorégraphes, un projet de reportage sur les rouages de la mise en place de chorégraphies – ainsi que les ballets qui construisent l’actualité chorégraphique de manière inattendue et intemporelle.

Et si c’est bien par le reflet perçu que la mode peut exprimer sa splendeur et la danse sa grâce, il est de notre devoir de vous laisser contempler cet écho.

SOHRÂB CHITAN

MILENA PICHON

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C’est la mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ; C’est le but de la vie, et c’est le seul espoir

Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre, Et nous donne le coeur de marcher jusqu’au soir ;

A travers la tempête, et la neige, et le givre, C’est la clarté vibrante à notre horizon noir ; C’est l’auberge fameuse inscrite sur le livre,

Où l’on pourra manger, et dormir, et s’asseoir ; C’est un Ange qui tient dans ses doigts magnétiques

Le sommeil et le don des rêves extatiques, Et qui refait le lit des gens pauvres et nus ;

C’est la gloire des Dieux, c’est le grenier mystique, C’est la bourse du pauvre et sa patrie antique,

C’est le portique ouvert sur les Cieux inconnus !

CHARLES BAUDELAIRE (1821-1867)

LA MORT DANS LES BALLETS

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CULTURE | DANSE

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La Mort se démarque par deux symboles: la douceur et l’austérité. La première se réfère à la douce mort qui distille des souffrances infinies provoquées par l’existence nous oblige. La deuxième vient souligner le côté cruel, froid et irrémédiable qu’elle peut prendre lorsque les proches du défunt le pleurent. Dans la danse et tout particulièrement dans les grands ballets, la Mort est l’élément qui accentue la dramaturgie de la narration. Le sujet de la Mort est généralement placé en deuxième partie des ballets. Le désespoir des personnages les amènent souvent dans le monde des morts; certaines narrations donnent une vision mystique du sujet. Comme dans la vie, la mort est omniprésente. Dans Giselle, créé en 1841 à l’Académie royale de Paris ce sont des Willis qui représentent la mort; spectres de jeunes fiancées défuntes, mi-nymphes, mi-vampires, qui poursuivent leurs fiancés pour les précipiter dans la mort. Giselle appuie cela par la vision gothique et mystique de la mort.

Une suite de danse macabre s’ensuivra dans La Bayadère, ballet créé en 1877 au Bolchoï à Saint Petersbourg. C’est dans le Royaume des Ombres que la servante Nikiya, dite La Bayadère, aura la récompense de son amour perdu. Elle obtient en se donnant la mort, l’homme qu’elle

aime. Comme si l’amour ne pouvait être accessible par la vie, comme si l’amour ne pouvait être vécu qu’à travers la mort. Ce qui nous amène forcément à Roméo et Juliette, dont tout le monde connaît l’histoire, mais c’est aussi à travers cette narration qu’apparaît pour une des premières fois le symbole de la mort : le crâne humain sous forme de masque porté par un homme. Dans la version de Rudolf Nourreev (1938-1993) ,pour l’Opéra de Paris, il représente le destin des deux amants comme une métaphore, il y figure aussi le poison que boira Roméo pour suivre sa bien aimée dans le royaume des morts. Le Sacre du Printemps créé en 1913 au théâtre des Champs-Elysées, de Stravinsky (1882-1971) et Nijinski (1889-1950) pour les Ballets Russes présente ce symbole comme un élément vivant. La vie après la mort, le renouveau.

Roland Petit (1924-2011) utilise la Mort en comparaison à la Faucheuse (représentée sous forme humaine et squelettique ou comme personnage fictif dans de nombreuses mythologies et cultures populaires). C’est la femme qui sera ce culte, voulant emporter avec elle l’artiste en mal d’inspiration, toujours à courir après le temps comme s’il avait quelque chose à craindre. Cette Mort est une femme fatale vêtue d’une robe jaune, gantée de noir. Elle le séduit, il finit par se pendre. La Mort a gagné. C’est Le Jeune homme et La Mort écrit par Jean Cocteau (1889-1963) et créé à Paris en 1946.

Le chorégraphe Maurice Béjart aborde la mort dans son ballet Le Presbytère...(Ballet for life) créé en 1997 à Paris, il donne à cet élément un sens nouveau. Il parle du Sida. C’est une première dans l’histoire de la danse. Il met en scène cette épidémie qui atteint des millions de gens dès 1982. Il pousse sa démarche artistique très loin : il impose la musique du groupe Queen, dont le personnage principal (Freddy) est une métaphore évidente au chanteur du groupe, qui lui-même est décédé de cette maladie. Le ballet se démarque surtout par deux jeunes amants amenés en scène sur un lit d’hôpital, nu et froid. Ils basculent dans la mort sous nos yeux au son du Concerto n° 21 de Mozart.

La Mort assure l’émotion aux spectateurs, car selon les chorégraphes elle nous rapproche. L’art vivant permet de donner une dimension réelle entre le public et les artistes. A travers cette étendue qu’est la scène; par les décors, le muet de la danse et la musique qui l’accompagne, cette virtuosité suggère une vision de ce monde qui est inconnue de chacun. L’univers des morts. Ainsi La Mort poursuit son chemin fauchant tous les personnages des grands ballets, des grands opéras, des grandes pièces de théâtre. La Mort fait, malgré elle, partie intégrante de la vie.

SOHRÂB CHITAN

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Page de gauchephoto: JULIEN BENHAMOUJérémie Bélingard danseur étoile à l’Opéra national de Paris dans Appartement de Mats Ek

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Une attitude respectant un mythe est dite hiératique. Et à travers la photographie, c’est bien en une figure mythique qu’est élevé le danseur, messager porteur de sentiments.

La danse est fougue, passion et violence. Grâce, douceur et volupté. Mais avant toute chose, la danse est énergie. Flux impalpable, qui surgit sous les yeux du spectateur, le temps d’un mouvement, pour ensuite s’évaporer dans un enchaînement maîtrisé à la perfection. Et c’est cet épanchement que la photogra-phie peut immobiliser, en plein vol, et conserver ainsi à tout jamais un instant de pure puissance corporelle.

Au-delà de cette interception, les photo-graphes n’ont pas la même vision de la danse. Selon leur sensibilité, ils en détachent l’essence qui forge leur conception du ballet.

Willy Rizzo (né en 1928) en est un premier parfait exemple. Photographe depuis son plus jeune âge, il dit aimer « photographier le mouvement » et être « étonné par les mouvements de puissance. » Dans les années 60-70, il réalise un nombre impres-sionnant de clichés de sauts, d’arabesques, d’impul-sions gracieuses mais emplies de résolution. Les corps sont à la fois solides et souples, paradoxes vivants immortalisés par l’objectif de l’artiste. Et sur chaque photographie se lit comme une inspiration, qui ne sera jamais suivie de son expiration libératrice. Les corps tendus sont prisonniers de l’image et le spectateur ne peut qu’en être séduit.

Une autre photographe de renom est Ma-rion-Valentine (née en 1939). Cette femme des années 50 dévoile dans ses photographies tout ce que la danse peut avoir de léger, d’aérien, et pas seulement dans une splendide pirouette fouettée, mais également dans un simple port de bras, dans tout ce que l’anatomie hu-maine peut avoir de céleste. Une exposition a d’ailleurs été consacrée à ses clichés chorégraphiques en 2004,

sous le nom de Fulgurances. Car si les images restent, le mouvement lui s’est bel et bien dissipé depuis des années. C’est d’ailleurs un travail sur l’eau qu’a mené en parallèle l’artiste : la légèreté inconsciente de l’un face à la virtuosité éthérée de l’autre.

Plus récemment, Laurent Ziegler a pleine-ment illustré dans ses compositions la mélancolie et la langueur chorégraphique d’un ballet, au travers de son association un|still© (créé en 1998). Sur ses clichés, les corps sont étendus, les visages paisibles, les yeux baissés. Par sa forme humble, le danseur de chaque photographie révèle en fait la beauté immense conte-nue dans ces images. Le plus petit geste en devient empli d’une émotion paisible et contemplative, celle d’une harmonie totale entre le corps et l’objectif.

La discipline photographique permet ainsi à l’artiste de conserver et de restituer une émotion, face à une dynamique gestuelle, une attitude particulière. Mais de la même manière que les peuples anciens figeaient dans la pierre un corps de métier ou une figure mythologique, c’est une élévation de l’effigie du danseur qui est instaurée, par l’admiration que le pu-blic peut éprouver face à une performance technique et esthétique. Le danseur n’est plus un être humain comme un autre, il est l’objet d’une exaltation collec-tive et d’un regard respectueux de ses spectateurs, qui le considèrent autrement dès lors qu’il met en mouve-ment son corps, travaillé pour atteindre la perfection. Il est tant un mythe qu’un modèle social.

La photographie, en plus d’être un fantas-tique moyen de diffusion de l’art chorégraphique est donc aussi un vecteur de démocratisation pour cette discipline. Religion contemporaine d’un art porteur d’histoire et d’émotion : « La danse, mieux qu’aucun autre des arts, peut nous livrer l’essentiel des mythes. » (Maurice Béjart, danseur et chorégraphe, 1927-2007). Et plutôt qu’une faïence antique ou qu’un tableau baroque, quoi de mieux qu’une photographie pour découvrir un échantillon de ce que la danse a à offrir.

MILENA PICHON

CULTURE | DANSE

LE DANSEUR HIÉRATIQUE: EMOTIONS ET MYTHES

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CULTURE | DANSE

Photo JC CARBONNE/DR

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Divers talents des pays de l’Est s’entrelacent pour nous présenter une fresque grandiose et expressive, à l’image d’un cataclysme qui inspire tant la perplexité que l’inquiétude.

C’est sa version de la fin du monde que nous présente Angelin Preljocaj, un propos incontestable-ment actuel avec notre entrée en 2012. Danseur et chorégraphe alba-nais, Preljocaj a de l’expérience, du ta-lent, et en fait plus que jamais preuve dans sa création « Suivront Mille Ans de Calme ». Sur fond d’une musique lancinante et posément rythmée, les danseurs de son ballet fondent leur rapport au sol, une relation forte, avec la plante des pieds qui frappe le plan-cher. Un lien presque contraignant car l’on ne peut y échapper, à cette terre qui causera notre mort selon la légende. Mais c’est aussi un ballet d’une extrême sensualité, une dépen-dance entre l’homme et la femme qui se meuvent en silence jusqu’à leurs derniers instants, mais s’expriment par des gestes forts, précis, presque

violents, puis renaissent, plus sexuels cette fois, en une euphorie galopante. C’est l’humanité toute entière qui se transpose sur scène, en une synchro-nisation parfaite, pour célébrer la fin de toutes choses. Entre ces sursauts, le spectateur peut reprendre son souffle, la musique se fait douce, le merveilleux fait son apparition, à la fois inquiétant et rassurant sous un masque de fer hétéroclite. Des chaînes se dévoilent, jetées à terre, celle d’une espèce prisonnière d’elle-même que l’Apocalypse délivrera. Et c’est sur une fin d’une grande douceur que le ballet s’achève. Mort et naissance se mêlent.

Cette tragédie n’est pas seu-lement dansée, mais aussi habillée par une étoile montante de la haute cou-ture, le russe Chapurin (http://www.chapurin.ru). Lui qui a pour mot d’ordre un graphisme bicolore absolu et un drapé délicat, créant le subtil mélange de la rigueur et de la liberté. Il a habillé les femmes de courts bustiers géométriques et plissés, et les hommes de tissus souples mais dont

les coupes inspirent la fermeté tant elles sont droites et définies. Les cou-leurs sont sombres mais les danseurs en font irradier l’ambiance même de la chorégraphie. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si le créateur travaille en étroite collaboration avec le théâtre Bolchoï et sa troupe.

Et c’est le cœur battant que le spectateur se dresse sur son siège à la fermeture du rideau, face à cette prophétie inquiétante et pourtant si pleine d’optimisme. Preljocaj prouve que par la danse, rien n’est jamais inévitablement achevé.

MILENA PICHON

SL’APOCALYPSE

à la lave

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Nous dansons depuis la nuit des temps. Nous exprimons par la danse nos malheurs, nos joies, nos tristesses, nos amours. Depuis l’ère primaire l’Homme danse, Il constitue une série de mouvements pour se faire comprendre. Cet art, devient un apprentissage, une danse avec des techniques pointues. D’autre part, à travers le temps l’Homme apprend à se vêtir. Il développe une mode, qui est d’abord celle de tous, selon les peuples et les cultures cette mode à son propre caractère. Ensuite elle permettra de différencier les niveaux sociaux durant plusieurs siècles. La danse est un art tout comme la mode, ayant pour support le corps.

La mode à toujours été un élément majeur dans la danse, la création d’un ballet ne se fait pas sans désigner. Le costume du danseur donne l’ambiance d’une pièce chorégraphique souvent en harmonie avec les décors. Le vêtement le plus symbolique de la danse classique est avant tout porté par la femme, c’est le Tutu; l’origine de ce nom reste un mystère, certains pensent qu’il proviendrait du mot «tulle», et certains considèrent qu’il s’agit d’une déformation du mot «cucul».

Eugène Lami, peintre Français (1800-1890), conçoit le premier tutu en mousseline et tulle, appelé le tutu romantique ou Degas, très souple, très volant, descendant à mi-mollet, apparaît pour l’une des premières fois en 1832. Il est porté par Marie Taglioni (1804-1884) dans La Sylphide à l’Académie royale de musique et de danse de Paris. C’est le début de l’ère romantique.

C’est avec Marius Petipa (1818-1910) à St Petersbourg que le ballet romantique prend une dimension plus osée dans La fille du pharaon en 1862. Apparaissent alors les tutus plateaux dont il existe deux sortes ; le tutu galette d’origine anglaise légèrement tombant, et le tutu cerclette d’origine française qui lui est plus rigide, plus droit. Ainsi naissent les grands ballets classiques comme, Don Quichotte (1869), Coppélia (1870), et surtout La belle au bois dormant en 1890 et Le lac des cygnes en 1895. Ces nouveaux tutus montrent pour la première fois les jambes des ballerines, la technique classique évolue, le travail de bas de jambes et des pointes devient de plus en plus précis à la demande des chorégraphes de l’époque.

La danse change complètement de couleur lorsque le jeune Serge de Diaghilev (1871-1929) décide de changer tous les codes de la danse en créant les Ballets Russes. Nous sommes alors au début du XXème siècle. Diaghilev est désireux d’offrir des spectacles plus contemporains avec des Ballets créés par Vaslav Nijinski (1889-1950); L’après-midi d’un Faune en 1912 propose pour la toute première fois des mouvements plus saccadés et poussés à l’extrême. Les costumes du ballet suppriment totalement le tutu. Le Russe Léon Bakst, (1866-1924) peintre, décorateur, et créateur de costumes, créé alors le premier académique couleur chair pour homme, pour le rôle du Faune de Nijinski. C’est avec Le Sacre du Printemps en 1913 à Paris au théâtre des Champs-Elysées que le scandale naît! Igor Stravinsky (1882-1971) compose la musique du ballet et Nijinski en est le chorégraphe. Dès lors, le public parisien crie à l’horreur du spectacle, pour sa musique, qui démarque le début de la musique contemporaine, et pour sa chorégraphie poussant les danseurs à oublier leurs mouvements classiques; naît ainsi la danse contemporaine, pour les français tout est trop

LES GRANDS COUTURIERS POUR LA DANSE (Partie I)

DU TUTU À CHANEL

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agressif! Gabrielle Bonheur Chanel (1883-1971) assiste à ce spectacle, en extase devant cette révolution chorégraphique et musicale. À l’époque elle n’est que modiste, peu connue pour ses vêtements. C’est une femme libre et indépendante.

Les Ballets Russes vont très loin dans leurs démarches artistiques et ouvrent un réseau qui est tout à fait nouveau pour l’époque car en 1917 au théâtre du Châtelet ils proposent Parade sur un Livret de Jean Cocteau (1889-1963), une musique d’Erik Satie (1866-1925), des décors et des costumes de Pablo Picasso (1881-1973). Le ballet ressemble à un tableau vivant de Picasso, là encore le public parisien crie au scandale, raison de plus nous sommes en pleine guerre 1914-1918.

Coco Chanel sera la première créatrice de mode à faire des costumes pour un ballet. En 1920 Chanel propose l’hospitalité à Stravinsky et sa famille qui sont alors au seuil de la pauvreté. Coco donne un chèque à Diaghilev alors désespéré de ne pouvoir remonter Le Sacre

du Printemps afin de donner une chance aux Ballets Russes et au public Français de se racheter du scandale de 1913, mais en échange elle retravaille les costumes du ballet pour leur donner un nouveau souffle. Le ballet reprend la chorégraphie au théâtre du Châtelet; sans Nijinski. Sombrant peu à peu dans la folie, il quitte les ballets russes, et se marie, au grand désespoir de Diaghilev, son amant depuis toujours. Le ballet est un succès, et pour cause, les moeurs ont changés, la guerre est finie, alors commence l’ère de la danse contemporaine. Sur un livret de Jean Cocteau, Chanel crée les costumes du Train Bleu en 1924 qui entre très rapidement au répertoire du ballet de l’Opéra de Paris dans une chorégraphie de Bronislava Nijinska (1891-1972) soeur de Nijinski. Cocteau écrit une narration légère au bord de la mer, un ballet qui réunit des joueurs de tennis, des champions de golf ou des personnages à la recherche de l’aventure. Chanel donne aux femmes du ballet la liberté de danser, d’être libre dans leurs mouvements. Elle habille avec sa propre collection les danseurs en tenue de sport. C’est dans ce ballet que

naît la coupe «à la garçonne». En 1917 Coco Chanel avait lancé la mode des cheveux courts chez les femmes; une révolution. Les costumes du Train Bleu et du Sacre du Printemps peuvent être vus au Victoria Albert Museum à Londres. Coco Chanel permet aux arts de la mode de s’ouvrir aux arts vivants, et laissera son empreinte dans le futur. Le tutu ne disparaît pas complètement, les grands couturiers et chorégraphes comme Gianni Versace, Yves Sain-Laurent, Maurice Béjart et Roland Petit, utiliseront ce symbole de la danse pour le démocratiser.

SOHRÂBCHITAN

DVD Picasso and Dance Le train bleu - Le Tricorne par le ballet de l’Opéra National de Paris aux éditions Warner Music Vison disponible à la boutique de l’Opéra national de Paris Rue Halévy 75009 Paris.

Ci-dessousPABLO PICASSO, Femme courant sur la plage 1922, toile de fond pour Le Train Bleu apparaissant à la fin du ballet, 1924.

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PhotosFLAVIE TRICHET LESPAGNOL

Make Up

MARIANA PADHERAVEC MAC

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ENVIE

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PARESSE

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GOURMANDISE

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LUXURE

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LUXURE

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COLERE

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CELIA HAY J’ai commencé la photographie il y a un peu plus

de deux ans, lorsque je suis entrée à l’Ecole Supérieure

des Beaux-Arts de Marseille. Aujourd’hui étudiante en

troisième année, je prépare un DNAP. Mon travail en

photo passe par la mise en scène d’images uniques –

essentiellement des portraits – utilisant une esthétique

sombre et minimaliste. Mes images traitent de la

mélancolie, de la douleur et du latent en empruntant

parfois à la composition de certaines peintures classiques.

L’érotisation des corps dans une tentative de sublimation

du sinistre occupe une place prépondérante dans cette

exploration sensible et obsessionnelle du spleen et

de l’inconscient. Mes autoportraits n’ont nullement

une fonction de quête identitaire mais manifestent

plutôt d’un jeu d’incarnation d’héroïnes tragiques que

j’invente de toutes pièces. Bien sûr, si les fondements

de ma pratique sont très personnels et ont à voir avec

l’introspection, l’utilisation du portrait et de l’autoportrait

me permet d’exprimer des sentiments à la fois intimes

et universels. En effet, le choix du dépouillement et du

non explicite dans la mise en scène conduit à la création

d’images ambigües, matériel projectif pour le spectateur.

W W W . C E L I A H A Y . B L O G S P O T . C O M

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photosJULES FAUREStylisme ERIK RAYNALRENAUD DUCModel SONIA BAILLAT

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Ci-dessus:plastron en cuir JOKI BUSINESS

Page de gauche:Pantalon JOKI BUSINESSCollier ICUINPARIS

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En haut:ICUINPARIS

En bas:Collier JOKI BUSINESS

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En haut:Tresse JOKI BUSINESS

En bas:Robe JOKI BUSINESS

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Ci-dessus: Kimono JOKI BUSINESS

Page de gauche:ICUINPARIS

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LE 161 ----------------------------------------------

Parisienne du IIIème arrondissement, Kat a eu une formation chez Tony & Guy pendant deux ans avant de partir à Londres pendant six mois et d’enchaîner avec l’Australie pendant presque trois ans. Ses expériences parisiennes dans des salons divers du quartier et son désir de créer un concept différent l’ont encouragé à lancer le 161. Je cite: «Je me suis mise à la place des clients et du coup je voulais créer un concept intime, cosy, relax pour les clients et pour moi-même. J’ai décidé de me mettre à mon compte et d’innover dans ce nouveau concept. En rentrant d’Australie, j’ai eu l’occasion d’emménager dans le marais ce qui m’a incité à me lancer.»

En effet, le 161 est un lieu cosy, relaxant, convivial où la fondatrice joue extrêmement sur le côté zen (fauteuil massant lors des soins et shampoings pour vraiment que les gens sortent du lieu déstressés) tout en restant très professionnel «joindre l’utile à l’agréable finalement» dixit Kat. C’est aussi un décor flamboyant mêlant le côté art (peintures, tableaux, mobilier ancien etc)

et moderniste. Alors pourquoi ne pas se faire coiffer/couper les cheveux au 161? Sans propagande extrême, ce lieu est vraiment idéal pour les gens qui aiment se relaxer; on est à l’abri du bruit et on se fait réellement chouchouter.

Concept rafraîchissant, innovant de la Coiffure parisienne, le 161 Paris est un lieu attachant où il est difficile de ne pas devenir client. Atmosphère relaxante, accueil amical et ambiance paisible où l’on sort ravi et apaisésEn plein essor, on souhaite au 161 un grand succès au près des parisiens et que les projets mêmes de sa conceptrice se réalisent «j’aimerai bien agrandir l’endroit en le développant, le perfectionnant tout en restant dans ce même lieu» nous dit-elle.

LE 161161 rue du temple 75003 Parishttp://le161.com

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CHEZ JUSTINE ----------------- Bistrot/restaurant phare du XIe arrondissement, Chez justine on nous propose de bons petits plats dans une gamme de prix vraiment abordable (entre 15 et 25 euros, menu midi entrée/plat ou plat/dessert à 12euros). Une ambiance soit parisienne classique (rez de chaussée) ou un peu plus guindée (premier étage). On aime la cuisine traditionnelle revisitée du lieu ainsi que les « justin shows » du jeudi, moment amusant et décontract pour boire un verre entre amis avant de sortir faire la fête.

CHEZ JUSTINE96 rue Oberkampf 75011 Paris01 43 57 44 03

O PARIS ----------------------- Amoureux du minimalisme de Gareth Pugh et de l’esprit mode japonais, O Paris (anciennement 0044) propose depuis septembre dernier toute une collection de vêtements de divers créateurs, connus ou moins, affirmant un style pointu ; sombre et affirmé sur la planète mode. Des pièces aux prix relativement accessibles pour la qualité et le design que l’on nous propose. Une Ambiance plus épurée et claire que dans l’ancienne boutique, plus sombre et effrayante. On aime bien évidemment l’atmosphère qui s’y dégage, les collections mises en vente et ce brin de nouveautés sur la sphère mode parisienne grâce à une équipe ambitieuse et des designers très prometteurs.

O PARIS16, RUE DE BOURG-TIBOURG 75004 PARIS

01 42 76 00 44

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EXPOSITION HIROKO KOSHINO 24/01-29/02 Souvenir ----------- Hiroko Koshino, symbole même de la Haute-Couture internationale, nous présente ici ses talents de peintre. Un travail délicat nourri de recherches picturales, d’un jeu de lignes, de couleurs et de matériaux. On retrouve dans son travail tout l’art traditionnel japonais à travers des peintures abstraites, sobres et impulsives. La galerie Hors-Champs montre bien toute l’abstraction du travail de l’artiste, dans un espace épuré, calme pour se retrouver face à face aux œuvres ; début d’un dialogue intérieur assuré.

Galerie Hors-Champs13, rue de Thorigny 75003 Pariswww.galerie-hors-champs.com

Photo n&b: Berhard Thezan

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EDOUARD TRICHET LESPAGNOL Graphiste du magazine et Concepteur du site.

SOPHIE APRILE Rédactrice mode.

CHARLES MARIUS THÉLURédacteur mode.

JÉRÉMY BENKEMOUNRédacteur culture.

SONIA BAILLAT, LUCIE TOSSER et SONIAGHARIANICommunication.

SOHRAB CHITAN Responsable de la partie danse du magazine et son assistante MILENA PICHON.

A tous mes « pigistes culture et mode » MARCEL DE VILLENEUVE, WENDY NAETONG, BAPTISTE PIGUET, PIERRE ANTOINE IRASQUE, PABLO ALBANDEA.

RENAUD DUC et JULES FAURE Pour la réalisation de la mixtape.

FLAVIE TRICHET LESPAGNOL, CÉLIA HAY et JULES FAUREPour leurs portfolios.

ROMAIN AMIABLE Pour l’aide au management du magazine.

LOUIS-MARIE DU PERRAY et GARANCE MOREAUPour les premières photos.

JEAN QUESNEL et FRANÇOIS BRÉTÉCHÉ Pour les deux premiers teasers ainsi que les équipes mises à disposition, MAËLA GERVAIS Maquilleuse, ALEXANDRE WETTER Mannequin.

MATTHIEU DELUC, SOPHIE APRILE, YANN BOUSSAND LARCHER, FLORIAN DOVILLEZ, FLORA MATTHIEU, GWEN ALICE SAUVAGE, YAN BLENEY, RAPHAËL MARIAGE, DELPHIE DELOUZILLIERE, EYMERIC LOISEAU, JAMES GAUDUIN, ROMUAL SCODELLE, JULIEN COZZOLINO, NACIMA BOUFRIOUA, MARIANA PADHER, HELLEANNA, GIOVANNA GORASSINI pour la réalisation des premiers shootings du magazine.

Le CHACHA CLUB Pour la soirée de lancement.

Tous les partenaires ayant aidé à la réalisation des éditos mode BLACK CHAPEL, CORPUS CHRISTI, PERSO, FALKE, JIM JIM, PRINCESSE TAM TAM, PANAME, COS, TANIA ZEKKOUT, IS NOT DEAD PARIS, JUUN J, GAOWEI + XINZHAN, KOMAKINO, LOREAK MENDIAN, H&M, THIERRY LASRY, AMERICAN APPAREL, ERES, NEVRA KARACA, MELISSA, JC DE CASTELBAJAC, BAPTISTE VIRY, HOON.

Nous remercions toutes les diverses premières aides reçues pour le lancement du magazine, de sa création à la réalisation de ce premier numéro L’ATELIER CHARDON SAVARD, LA MAIRIE DE PARIS, L’IMPRIMERIE et bien d’autres.

Sincèrement

ERIK RAYNAL Rédacteur en chef

REMERCIEMENTSÀ une Equipe Formidable, Motivée et Travailleuse

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