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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes : Retour d’expérience de l’Initiative de Microfinance intégrée pour les jeunes (AIM Youth)

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes :Retour d’expérience de l’Initiative de Microfinance intégrée pour les jeunes (AIM Youth)

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par Rossana Ramírezet Candace Nelson

Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes :

Retour d’expérience de l’Initiative de Microfinance intégrée pour les jeunes (AIM Youth)

RAPPORT TECHNIQUE FREEDOM FROM HUNGER MAY 2014

© 2014 Freedom from Hunger

Tout texte extrait de cette publication peut être copié ou adapté pour répondre aux besoins locaux sans obtenir la permission préalable de Freedom from Hunger, à condition d’être distribué gratuitement ou à but non lucratif. Prière dans ce cas de faire référence à Freedom from Hunger et au titre du document : « Impact des services financiers intégrés pour les jeunes au Mali : un rapport d’étude complet pour le Projet de Microfinance intégrée pour les jeunes (AIM Youth) de Freedom from Hunger ».

Pour toute reproduction commerciale, merci d’obtenir la permission préalable de :

Freedom from Hunger 1644 DaVinci Court Davis, California 95618. USA Tel.: +1-530-758-6200 [email protected]

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes i

Table des matières

Liste des acronymes ………………………………………………………………………………………… ii

Remerciements ……………………………………………………………………………………………… iii

Résumé analytique ………………………………………………………………………………………… iv

Introduction ………………………………………………………………………………………………… 1

Portée et limites de ce rapport …………………………………………………………………………… 1

Présentation générale du Modèle d’intégration de services de Freedom from Hunger …… 2

Description du projet ……………………………………………………………………………………… 3

Pays, partenaires de mise en œuvre et calendrier ………………………………………………………… 3

Profil des jeunes ciblés ……………………………………………………………………………………… 6

Description des services intégrés ………………………………………………………………………… 8

Modèle d’intégration et stratégie de diffusion en Équateur …………………………………………… 10

Modèles d’intégration et stratégies de diffusion ………………………………………………………… 18

Suivi du projet et méthodologie de l’étude ………………………………………………………… 19

Résultats du programme et chiffres d’impact ……………………………………………………… 21

Résultats du programme ………………………………………………………………………………… 21

Chiffres d’impact ………………………………………………………………………………………… 26

Viabilité de la fourniture de services intégrés ……………………………………………………… 32

Viabilité des services financiers formels ………………………………………………………………… 32

Viabilité des services non formels ……………………………………………………………………… 34

Leçons apprises sur les différents modèles de services intégrés ……………………………… 36

Recommandations pour l’intégration de l’épargne des jeunes et l’éducation financière … 38

Conclusion ………………………………………………………………………………………………… 39

Annexe A. …………………………………………………………………………………………………… 41

Annexe B. …………………………………………………………………………………………………… 44

Annexe C. ………………………………………………………………………………………………… 45

Annexe D. ………………………………………………………………………………………………… 47

Annexe E. …………………………………………………………………………………………………… 49

Notes de bas de page …………………………………………………………………………………… 54

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes ii

Liste des acronymesAIM Youth Microfinance intégrée pour les jeunes (AIM Youth)

CAEB Conseils et Appui pour l’Éducation à la Base

CERCAD Centre d’Études, de Recherche, de Communication et d’Animation pour le Développement

CYFI Child and Youth Finance International

EF Éducation financière

FFH Freedom from Hunger

PSF Prestataire de services financiers

CEG Compte d’épargne de groupe

CEI Comptes d’épargne individuels

IMF Institution de microfinance

ONG Organisation non gouvernementale

EpC Épargner pour le changement

SMB San Miguel de los Bancos (coopérative d’épargne et de crédit en Équateur)

GEJ Groupe d’épargne de jeunes

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes iii

RemerciementsLe projet AIM Youth a véritablement été le fruit d’une collaboration entre de nombreux intervenants, et beaucoup d’entre eux doivent être remerciés pour leur contribution, leur inlassable travail auprès des jeunes, leurs efforts de coordination et leur soutien technique. Tout d’abord, je souhaite remercier la Fondation MasterCard, partenaire de Freedom from Hunger, pour la mise en œuvre de ce projet.

Je tiens de même à remercier tout le personnel de nos partenaires d’exécution. En Équateur, je suis particulièrement redevable envers la direction et le personnel de terrain de nos partenaires de la Phase I (Cooperativa San José et Cooperativa Santa Ana), qui ont persévéré dans ce projet et ont continué à offrir des services aux jeunes en dépit des difficultés initiales rencontrées. Je suis aussi très reconnaissante des partenaires de la Phase II (Cooperativa San Miguel de los Bancos et Cooperativa Cooprogreso) qui ont été ouverts à l’idée d’essayer de nouvelles technologies. En ce qui concerne le Mali, je resterai éternellement impressionnée par le dévouement du personnel du CAEB, Le Tonus et Nyèsigiso, pour les services qu’ils continuent de proposer en dépit d’une période politique et économique très instable.

Je suis également très reconnaissante de tous les membres du personnel de Freedom from Hunger qui ont contribué de manière significative à la conception, la mise en œuvre, la recherche et la documentation de ce projet, y compris Bobbi Gray, Megan Gash, Perth Rosen, Jessie Tientcheu, Cassie Chandler et Marja Sainio. J’adresse un remerciement très spécial à notre personnel sur le terrain pour son dévouement professionnel : en Equateur, Amelia Kuklewicz et Rocio Chavez et au Mali, Nadège Gbaguidi et Yvonne Gaba. Sans leurs efforts infatigables et leur persévérance contre toute attente, ce projet n’aurait jamais abouti. Un merci spécial aux anciens membres du personnel de Freedom from Hunger : Maazou Oumarou, Mamadou Diallo, Lisa Kuhn-Fraioli, Chris Dunford, Laura Fleischer-Proaño, et Jessica Chin Foo.

Également, mille mercis aux membres du personnel de Freedom from Hunger qui ont travaillé dans les coulisses de nombreux aspects de ce projet : Julie Uejio, Brent Farrar, Jessica Delgado, Conan Wickham, Ron Forrest et Dana Mueller.

Je tiens à remercier mes collègues qui ont passé en revue ce document pour s’assurer de son intérêt littéraire: Ruth Dueck-Mbeba de la Fondation MasterCard ; Kathleen Stack et Bobbi Gray de Freedom from Hunger ; Jennifer Denomy de MEDA ; Jennefer Sebstad de l’USAID ; Chris Dunford et Lisa Kuhn Fraioli.

Pour finir, j’adresse mes remerciements à tous les jeunes qui ont participé à ce projet. L’atteinte de résultats positifs n’a été possible que grâce à la volonté des jeunes à participer aux activités, à tirer le meilleur parti des services offerts et à travailler dur pour mettre en place les « briques » qui leur serviront à se bâtir un avenir meilleur.

Je dédie enfin ce rapport à José Guillén, directeur général de la Cooperativa San José, qui a perdu son combat contre le cancer avant la fin de ce projet. Sans son dévouement à offrir des services aux jeunes, nous n’aurions pas eu autant de succès dans notre projet. Que son âme repose en paix.

Ce rapport présente le point de vue et l’analyse des auteurs et ne reflète pas nécessairement leurs opinions. Les personnes qui ont passé en revue ce document et leurs organisations ne soutiennent pas forcément la totalité du contenu de ce rapport.

Rossana Ramírez

Mai 2014

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes iv

Résumé analytiqueLa période de transition entre l’adolescence et l’âge adulte peut s’avérer délicate, à mesure que les jeunes essaient de s’orienter dans un océan de nouvelles responsabilités et d’affirmer leur indépendance. Pour les jeunes vivant dans la pauvreté, une telle transition est encore plus difficile, car elle est caractérisée par des tensions croissantes entre des pressions financières d’une part et un accès limité à des ressources et opportunités d’autre part. Ces facteurs peuvent recréer un cercle vicieux de la pauvreté pendant la période où ces jeunes grandissent et fondent leurs propres familles. Pour cette raison, les stratégies de réduction de la pauvreté accordent maintenant plus d’importance à une prise en charge de leurs problèmes financiers au début de leur vie.

Freedom from Hunger estime que le fait d’offrir aux jeunes une combinaison de connaissances, de compétences et d’instruments financiers pratiques pour les aider à gérer leurs ressources limitées pourrait renforcer leurs capacités financières au cours de cette période de transition et leur donner un tremplin solide pour assurer leur avenir. Pour évaluer l’impact et l’efficacité de cette combinaison des services dans différents contextes, Freedom from Hunger a établi un partenariat avec la Fondation MasterCard pour lancer l’initiative Microfinance intégrée pour les jeunes (AIM Youth) en 2009. Freedom from Hunger s’est fixé pour objectif d’offrir, à travers AIM Youth, des services financiers et une éducation financière à des jeunes âgés de 13 à 24 ans au Mali et en Équateur. Pour concrétiser cette initiative, Freedom from Hunger a collaboré avec des partenaires de mise en œuvre à la conception de services adaptés à la population cible et tenant compte de cette phase de leur vie et de leurs ressources.

De nombreuses autres organisations visant à renforcer les capacités financières et à promouvoir l’inclusion financière des jeunes ont adopté une approche intégrée dans laquelle l’éducation financière est associée à un service financier.1 Toutefois, quand ils cherchent le bon modèle d’intégration, les praticiens se retrouvent confrontés à des questions en lien avec les programmes de microfinance à valeur ajoutée.2 Auxquels des nombreux besoins des jeunes le programme doit-il répondre ? Quelle est la combinaison de services financiers et non financiers la plus efficace ? Quelles sont les implications opérationnelles d’une fourniture de services intégrés ? Qui fournit les différents services ? Quel est l’impact de ces services ? Comment les services non financiers peuvent-ils être maintenus dans la durée ? Au travers de son initiative AIM Youth, Freedom from Hunger a cherché à répondre à ces questions et a tiré de précieux enseignements à mesure que l’organisation a été confrontée aussi bien à des difficultés qu’à des succès.

La théorie du changement de l’initiative AIM Youth visait principalement à comprendre dans quelle mesure la combinaison de ces services pour les jeunes pourrait renforcer leur capacité socio-financière3, leur aptitude à faire face aux événements du cycle de vie, leur confiance en soi et leur autonomisation, leur capital social et leurs connaissances ainsi que leurs attitudes dans la gestion de l’argent sur le court terme. Les changements positifs dans les résultats à court terme devraient ensuite aboutir à une amélioration de l’engagement économique et civique, ainsi qu’à un meilleur accès et à une meilleure utilisation de l’alimentation sur le long terme. Cette théorie du changement a été testée grâce à un programme de recherche utilisant plusieurs méthodes et incluant des données qualitatives et quantitatives. De plus, des données de suivi régulières ont été collectées sur les services fournis pour évaluer l’efficacité de chaque approche dans la réalisation des résultats visés. Ces données, combinées à des visites de suivi et des discussions régulières avec les partenaires de terrain ont permis d’apporter de précieux éclairages sur la viabilité opérationnelle et financière de chaque approche.

Avec AIM Youth, Freedom from Hunger a conçu et testé trois modèles différents de fourniture de services financiers et d’éducation financière à des jeunes au Mali et en Équateur. Pour que les résultats et les chiffres d’impact du projet soient plus utiles à de futurs programmes pour les jeunes à faibles revenus, nous avons

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évalué les conclusions principalement en fonction de l’aptitude de chaque modèle à améliorer la capacité financière des jeunes et de son efficacité pour l’intégration et la fourniture de ces services.

En somme, nous avons trouvé des éléments qui démontrent que la combinaison des services a permis une amélioration des comportements d’épargne et des connaissances financières avec différents modèles, mais l’efficacité dans l’intégration était variable selon le modèle.

Comptes d’épargne individuels (CEI) et éducation financièreEn Équateur, une approche différente a été mise en œuvre par le biais de coopératives d’épargne et de crédit : le personnel de terrain a animé des séances d’éducation dans les écoles et a fait la promotion d’une adoption volontaire des CEI. Les jeunes dans les écoles ciblées ont fait part d’améliorations dans leur épargne totale et dans leur épargne d’urgence et indiqué qu’ils étaient satisfaits des montants d’épargne et étaient plus motivés à épargner. Si les jeunes ont amélioré leurs connaissances financières et leurs comportements d’épargne, ceux qui ont participé à l’éducation financière n’ont pas tous ouvert un compte d’épargne. En revanche, de nombreux autres jeunes de la communauté, principalement âgés de plus de 18 ans, ont ouvert des comptes d’épargne de jeunes. Les résultats indiquent que l’éducation financière seule était probablement surtout efficace dans le changement des attitudes, des motivations et des perceptions relatives à la situation financière personnelle, mais n’était pas suffisante pour surmonter les difficultés liées à l’accès aux services financiers formels. Cette approche est susceptible d’être durable sur le long terme si elle est financée indirectement par des autres produits financiers plus rentables, auxquels les jeunes et leurs réseaux pourraient accéder au fil du temps. Mais l’inconvénient de cette approche est qu’elle se traduit par une offre d’éducation financière plus restreinte.

Comptes d’épargne de groupes de jeunes (CEG) et éducation financièreUne approche de groupe a été mise en œuvre par le biais d’une fédération de coopératives d’épargne et de crédit au Mali avec le modèle conçu pour permettre aux jeunes d’épargner sur un compte d’épargne formel.4 Avec cette approche, les jeunes ont augmenté leur épargne totale, mais n’ont pas fait la preuve d’une amélioration aussi forte de leurs connaissances financières, puisque les niveaux étaient déjà élevés à l’origine (probablement parce que l’approche attirait des jeunes plus âgés qui avaient peut-être plus d’expérience des services financiers). Le modèle, mis en œuvre dans un contexte urbain, était confronté à beaucoup plus de difficultés pour réunir des jeunes, et en particulier pour assurer une parité homme-femme. Au final, les jeunes hommes ont été plus nombreux que les jeunes femmes à ouvrir des comptes, puisque les comptes ont été proposés à un plus grand nombre de jeunes hommes. Mais tout comme le Groupe d’épargne de jeunes (GEJ), ce modèle de groupe s’est aussi avéré efficace pour fournir une offre intégrée de services d’épargne et d’éducation, et éliminer les principaux obstacles aux services d’épargne formels. Cependant, sa mise en œuvre nécessitait beaucoup plus de ressources, ce qui a limité la diffusion, et il était plus difficile de parvenir à sa viabilité financière sans subventions externes.

Groupes d’épargne de jeunes (GEJ) et éducation financièreAu Mali, une approche d’épargne a été adaptée aux jeunes dans les régions rurales et mise en œuvre par le biais d’ONG de développement communautaire. Le modèle a enregistré des résultats significatifs en termes à la fois de diffusion et d’impact : il a été particulièrement efficace dans la fourniture des services aux adolescentes. Malgré un coup d’État qui a eu lieu pendant la durée du projet, les jeunes participants ont connu une amélioration de leur épargne totale (en incluant la valeur du bétail), des améliorations de leurs attitudes par rapport aux questions financières, de leurs connaissances financières et de leur capacité à maintenir ces changements positifs au fil du temps. L’approche de groupe s’est avérée aussi très efficace pour la fourniture de services intégrés, en permettant d’avoir un lieu et un horaire uniques pour les composantes à la fois financières

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et non financières. Le fait de ne pas avoir d’argent à épargner et l’émigration ont cependant constitué les principaux obstacles pour accéder aux services financiers et les utiliser. Bien qu’on ne sache pas clairement pendant combien de temps les GEJ vont continuer de se réunir sur le long terme, les groupes fonctionnent comme une plate-forme qui permettra de renforcer la capacité financière et la résilience des jeunes.

Le Tableau 1 présente la diffusion totale des trois modèles utilisés pendant la mise en œuvre du projet, segmentée en fonction de la participation des jeunes aux séances d’éducation et à l’épargne des jeunes (par le biais d’un compte d’épargne ou dans le cadre d’un GEJ).

Tableau 1 : Indicateurs de la diffusion par un modèle intégré (au 31 décembre 2013)

Équateur

CEI + Éducation financière

Mali

CEG + Éducation financière

Mali

GEJ + Éducation financière

TOTAL

Jeunes avec épargne 5 701 2 606 24 070 32 377

Jeunes avec éducation financière 12 763 2 372 19 391 34 526

Remarque : En raison de la conception des services au Mali, les jeunes qui ont participé à une approche d’épargne de groupe n’ont pas tous pu recevoir l’éducation pendant la durée du projet. Dans le cas de l’Équateur, les données sur la diffusion des services d’épargne et d’éducation financière ont été obtenues via deux bases de données différentes.

Le retour d’expérience global issu de la recherche et du suivi du projet nous apprend notamment que :

� La fourniture aux jeunes d’un accès à des services financiers intégrés peut les aider à renforcer leur capacité financière.

� L’éducation financière n’aboutit pas automatiquement à des ouvertures de comptes d’épargne.

� Les approches de groupe qui sont basées initialement sur l’épargne sont très efficaces pour la fourniture de services intégrés.

� Les jeunes apprécient l’éducation financière, mais cela ne leur suffit pas pour répondre à leurs besoins financiers ; ils ont notamment besoin d’une formation et d’une assistance dans les activités génératrices de revenus et l’accès au crédit.

� Les parents jouent un rôle essentiel dans la vie financière de leurs enfants, surtout pour les jeunes les moins âgés, pour l’accès et l’utilisation des services financiers.

� La technologie offre des possibilités d’adoption plus large et plus efficace des services.

� L’offre d’éducation financière par des institutions financières doit correspondre aux capacités, ressources et stratégies des institutions.

� La conception du projet peut aider à surmonter certains des obstacles pour l’accès aux services financiers formels, mais il serait probablement plus efficace d’avoir un secteur des services financiers plus compétitif.

Bien que l’on ne puisse isoler l’effet de chaque service de façon indépendante, l’intégration de l’éducation financière dans une stratégie d’épargne est prometteuse dans le domaine du développement. Avec ce rapport, nous formulons des conclusions basées sur des données probantes et nous proposons des recommandations aux organisations qui souhaitent renforcer la capacité financière et promouvoir l’inclusion financière des jeunes grâce à la fourniture de services d’épargne et d’une éducation financière.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 1

IntroductionLa jeunesse figure actuellement parmi les secteurs de développement prioritaires, en grande partie du fait de la convergence de l’explosion démographique des jeunes (« youth bulge », une situation démographique dans laquelle la proportion de jeunes dans la population atteint un pic) et des niveaux élevés de chômage des jeunes, ce qui aggrave les niveaux de pauvreté.5 Constatant la complexité de la réponse à apporter aux différents besoins et difficultés des jeunes vivant dans la pauvreté, le secteur du développement perfectionne actuellement des stratégies pluridisciplinaire destinées aux jeunes, et intègre les jeunes dans différentes sortes de programmes de développement. 6

Le cumul d’épargne et d’actifs est une approche qui suscite un intérêt croissant en raison de sa capacité à améliorer le bien-être économique des personnes vivant dans la pauvreté.7 Bien que l’épargne ne suffise pas à elle seule à sortir les jeunes de la pauvreté, elle peut renforcer leur résilience pour faire face à de graves problèmes financiers, en les aidant à constituer des actifs (même sous la forme d’une petite épargne), assez tôt dans leur vie, avant qu’ils soient confrontés à des responsabilités financières et sociales plus importantes à l’âge adulte. Cependant, les jeunes sont confrontés à de nombreuses difficultés pour épargner, notamment parce qu’ils ont des montants d’épargne petits et irréguliers, n’ont que peu ou pas d’accès à des instruments d’épargne, ne peuvent respecter les exigences liées à l’ouverture d’un compte d’épargne, ne ressentent pas de sentiment d’urgence à épargner et ont des connaissances limitées sur l’importance d’épargner pour l’avenir et pour faire face à des difficultés financières. 8 En réponse à certaines de ces difficultés, on observe une tendance de plus en plus forte à fournir aux jeunes une éducation financière en même temps que des instruments d’épargne. Ceci se base sur la théorie que l’éducation peut aider à renforcer la capacité financière des jeunes en concrétisant leurs connaissances financières.9

Freedom from Hunger, avec son expérience dans la fourniture de services à valeur ajoutée dans le secteur de la microfinance savait que l’intégration de services financiers et d’une éducation financière devrait revêtir différentes formes pour répondre correctement aux différents contextes et besoins des populations de jeunes ciblées. En 2009, Freedom from Hunger a établi un partenariat avec la Fondation MasterCard pour lancer l’initiative Microfinance intégrée pour les jeunes (AIM Youth), visant à tester et documenter une combinaison adaptée au contexte de services financiers (principalement sous la forme d’une épargne) et d’une éducation financière au Mali et en Équateur pour des jeunes âgés de 13 à 24 ans. L’intégration de ces services est cohérente avec l’approche suggérée par un récent rapport de la Banque mondiale sur l’inclusion financière, dans lequel les auteurs concluent que « la combinaison de programmes d’éducation financière ciblés et d’autres interventions est particulièrement utile dans les foyers pauvres, qui sont souvent confrontés à des contraintes multiples pour accéder à l’épargne ou à d’autres activités financières. »10 En établissant des partenariats avec différents types de prestataires dans des contextes variés, AIM Youth a servi de laboratoire d’apprentissage qui permet d’orienter non seulement diverses approches de renforcement de la capacité financière des jeunes, mais aussi d’apporter des éclairages sur les stratégies efficaces d’intégration des services financiers et non financiers et de promotion de l’inclusion financière des jeunes.

Portée et limites de ce rapportCe rapport rend compte de l’expérience acquise par Freedom from Hunger et ses partenaires de mise en œuvre dans la fourniture de trois offres différentes intégrant des services financiers et une éducation financière, et de leur impact sur la capacité financière des jeunes participants. Le rapport résume les résultats obtenus à partir de systèmes de suivi qualitatif et quantitatif et des données de recherche obtenues sur quatre ans de mise en œuvre en Équateur et au Mali. Ce rapport technique est principalement destiné aux institutions

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 2

qui s’intéressent au renforcement de la capacité financière et à la promotion de l’inclusion financière des jeunes en fournissant à la fois des services financiers et une éducation financière. Parmi les institutions intéressées peuvent figurer aussi bien des prestataires de services financiers (PSF) qui offrent des produits d’épargne formels comme des comptes d’épargne et des prêts, des organisations communautaires (OC) et des organisations au service des jeunes (OSJ) qui peuvent animer des programmes financiers communautaires comme des Groupes d’épargne.

Les services financiers formels qui ont été testés dans le cadre de l’initiative AIM Youth ont exclusivement été fournis par le biais de coopératives d’épargne et de crédit, qui ont une philosophie et une structure différentes de celles des banques commerciales ou des institutions de microfinance (IMF). Les coopératives d’épargne et de crédit sont détenues par leurs membres et, de ce fait, entretiennent généralement des liens très forts avec les communautés dans lesquelles elles travaillent.11 Par conséquent, leur intérêt et leur approche de la fourniture des services intégrés traduit en partie la vision et la mission de leur institution. Cependant, une partie des connaissances acquises grâce à leur expérience pourrait être appliquée à d’autres types d’institutions financières dotées d’une solide mission sociale.

Ce rapport ne vise pas à fournir des recommandations détaillées pour la conception et la mise en œuvre de produits d’épargne de jeunes ou d’une éducation financière. Il vise principalement à fournir des recommandations et à formuler des considérations importantes pour toutes sortes d’approches de fourniture d’un service financier, principalement sous la forme d’épargne, intégrée avec une éducation financière pour les jeunes vivant dans la pauvreté. Les recommandations fournies dans ce rapport peuvent compléter les informations fournies par d’autres organisations qui documentent le processus de développement de produits pour les services financiers destinés aux jeunes, notamment le SEEP, 12Women’s World Banking, 13le MEDA14 et le FENU.15

Enfin, nous n’avons pas cherché à tester les mêmes approches dans deux contextes différents et nous ne savons donc pas avec certitude si une approche fonctionnerait dans un contexte différent. Cependant, les approches testées, qu’elles concernent des services financiers formels ou non formels, reflètent largement le contexte culturel, géographique et économique et étaient adaptées au profil de la population de jeunes ciblée.

Présentation générale du Modèle d’intégration de services de Freedom from HungerAu cours des dix dernières années, en réaction à la fois aux mauvais résultats associés à la microfinance (notamment le surendettement) et à un engagement de plus en plus fort en faveur des performances sociales, des clients ont bénéficié de services complémentaires fournis par de multiples sources. En outre, du fait de la diversité croissante des prestataires comme des produits, il est apparu nécessaire que l’éducation renforce la capacité du client à choisir et utiliser efficacement les nouvelles options financières.

Freedom from Hunger est reconnu comme un expert et un partisan de la fourniture de services intégrés dans la microfinance depuis la fin des années 1980. L’organisation a notamment mis en œuvre des mécanismes innovant intégrant la microfinance et des services non financiers, comme des services de protection de la santé ainsi qu’une éducation financière et sur la gestion d’entreprise. La stratégie de Freedom from Hunger démarre généralement avec des groupes. Les réunions de groupes régulières offrent un moyen d’apprentissage, de soutien mutuel et de renforcement de la confiance en soi. Pour ses services d’éducation, Freedom from Hunger utilise des formations basées sur le dialogue qui ne nécessitent pas que les membres soient alphabétisés. L’apprentissage est partagé et encouragé par les membres des groupes.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 3

Freedom from Hunger a élaboré un cadre de travail qui est maintenant couramment utilisé et cité en référence dans le secteur pour comprendre les options de fourniture de services intégrés (voir Tableau 2).16

Tableau 2. Options pour la fourniture de services intégrés

Type Description

En lienDeux institutions ou plus fournissent des services spécialisés différents ; une institution peut par exemple organiser des groupes pour l’épargne et le crédit, alors qu’une autre s’appuie sur ces groupes pour fournir un autre service (par ex. éducation à la santé, vulgarisation agricole, etc.).

En parallèle Un personnel distinct dans la même institution fournit des services différents.

UnifiéTous les services sont fournis par le même personnel de la même institution. Par exemple, l’animateur au Mali qui crée et forme les Groupes d’épargne fournit aussi une éducation sur le paludisme à ces groupes.

Freedom from Hunger est conscient du fait que ces options de fourniture ne sont pas rigides, car il peut y avoir des versions hybrides. Pour son programme AIM Youth, Freedom from Hunger et ses partenaires de mise en œuvre ont choisi des versions du modèle unifié afin d’optimiser l’efficacité et de tirer parti de leur expertise dans les services intégrés. Le concept sous-jacent est que la synergie entre l’éducation financière et les services financiers permet à un seul employé de gérer assez facilement les deux aspects. De plus, Freedom from Hunger considère le modèle unifié comme l’approche la plus durable, car elle est souvent la moins coûteuse ;17 l’implication d’une deuxième institution dans la fourniture des services peut accroître les coûts et nuire à la durabilité. Néanmoins, le modèle unifié doit faire l’objet d’une attention particulière. Il faut en effet répartir la charge de travail du personnel car il y a une limite dans le nombre de sujets ou de responsabilités distinctes qu’un seul employé peut gérer efficacement.

Description du projetAIM Youth est mis en œuvre en Équateur et au Mali depuis 2010. L’approche globale dans les deux pays consiste à proposer aux jeunes une série de séances d’éducation financière participatives et dynamiques, basées sur le dialogue, ainsi qu’un mécanisme d’épargne qui peut les aider à appliquer les concepts et les objectifs financiers établis pendant l’éducation financière. Cette section donne une brève description des pays et partenaires sélectionnés, du groupe ciblé, des services proposés et des différents modèles qui ont été testés.

Pays, partenaires de mise en œuvre et calendrierFreedom from Hunger a choisi de mettre en œuvre AIM Youth au Mali et en Équateur pour plusieurs raisons. Tout d’abord, dans ces deux pays, il existe une forte proportion de la population qui est jeune, qui vit dans la pauvreté ou qui vit dans des zones rurales (voir Tableau 3). Freedom from Hunger a traditionnellement concentré son travail sur les populations rurales en raison de leur vulnérabilité par rapport à la faim chronique.18 De plus, Freedom from Hunger dispose déjà d’une expérience considérable de travail dans ces pays et dans la gestion de bureaux locaux.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 4

Tableau 3. Principales caractéristiques des pays sélectionnés

Équateur Mali

Pourcentage de la population totale âgée de moins de 15 ans 30,9 % 46,7 %

Pourcentage de la population totale âgée de 15 à 24 ans 19,2 % 18,6 %

Pourcentage de la population totale vivant dans les zones rurales 32,5 % 65,1 %

Pourcentage de la population vivant dans la pauvreté dans les zones rurales

49 % 51 %

Sources : Population Division of the Department of Economic and Social Affairs of the United Nations Secretariat, 2010. Banque mondiale, Indicateurs du développement mondial. Les données pour l’Équateur sont de 2012, celles du Mali de 2010.

En termes de sélection des partenaires de mise en œuvre locaux, Freedom from Hunger a pris contact avec de nombreuses institutions locales : quatre coopératives d’épargne et de crédit en Équateur, deux fédérations de coopératives d’épargne et de crédit au Mali et deux organisations non gouvernementales (ONG) au Mali.19 Dans la sélection des partenaires, Freedom from Hunger s’était fixé deux critères initiaux : les organisations comprennent ou ont de l’expérience dans la mise en œuvre de services intégrés avec des jeunes ou des adultes et les organisations ont un engagement institutionnel à faire bénéficier les jeunes de ces services. Freedom from Hunger a accordé la priorité aux organisations susceptibles d’atteindre les jeunes à faibles revenus, en particulier les jeunes vivant dans les zones rurales où les niveaux de pauvreté et la faim chronique sont généralement supérieurs. La participation à ce projet permet aux institutions chargées de la mise en œuvre d’atteindre des populations qu’elles voulaient desservir en tant que futurs clients. Le Tableau 4 fait la liste de tous les partenaires dans les pays cibles et indique leur expérience dans les services intégrés.

Tableau 4. Profil des partenaires de mise en œuvre

Pays Institution Type d’institutionZones

géographiques prioritaires

Expérience des services

intégrés

Équateur

San José Coopérative d’épargne et de crédit Zones rurales CaE*

Santa Ana Coopérative d’épargne et de crédit Zone rurale CaE*

Cooprogreso Coopérative d’épargne et de crédit Zone urbaine CaE*

San Miguel de los Bancos Coopérative d’épargne et de crédit Zone rurale Aucun

Mali

CAEB Organisation non gouvernementale Zones rurales EpC*

Le Tonus Organisation non gouvernementale Zones rurales EpC**

NyèsigisoFédération de coopératives

d’épargne et de créditZones urbaines CaE*

Kondo Jigima***Fédération de coopératives

d’épargne et de créditZones urbaines/

péri-urbainesCaE*

*CaE - Crédit avec Éducation est l’innovation phare lancé par Freedom from Hunger dans le domaine de la fourniture de services, proposé en partenariat avec des IMF locales. C’est un programme de microfinance intégré, combiné à une éducation basée sur le dialogue pour les adultes, spécialement conçu pour répondre aux besoins spécifiques des femmes pauvres dans les zones rurales.

**EpC - Épargner pour le changement est une initiative de microfinance fondée sur l’épargne, qui a été élaborée par Freedom from Hunger avec Oxfam America et la Fondation Strømme de Norvège. La microfinance fondée sur l’épargne est une méthodologie émergente dans laquelle les membres épargnent ensemble, prêtent leur épargne aux membres du groupe et partagent les bénéfices.

***Le partenariat avec Kondo Jigima dans le cadre d’AIM Youth a démarré en mars 2010 et a pris fin au début septembre 2012, en raison de difficultés institutionnelles rencontrées par cette coopérative d’épargne et de crédit à cette époque. Étant donné la durée de mise en œuvre limitée avec Kondo Jigima, ce rapport ne rend pas compte de l’expérience acquise avec cette institution.

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Le Mali a en particulier offert une excellente opportunité d’examiner les services informels pour les jeunes car Freedom from Hunger avait précédemment collaboré avec les partenaires sélectionnés pour la mise en œuvre d’Épargner pour le changement, une initiative de Groupes d’épargne très performante et complète, que l’organisation cherchait à reproduire pour la population des jeunes. L’Équateur offrait la possibilité de tester et comparer l’intégration des services dans un contexte différent car les coopératives d’épargne et de crédit partenaires en Équateur avaient une orientation sociale similaire à celle des fédérations de coopératives d’épargne et de crédit au Mali.

Le rôle de Freedom from HungerFreedom from Hunger a joué un rôle technique important au-delà de la gestion de projet. Dans son rôle technique, Freedom from Hunger a dirigé le processus d’étude de marché, notamment la collecte et l’analyse des données, et a associé les partenaires en utilisant les conclusions pour guider la conception des services financiers et de l’éducation financière. De plus, Freedom from Hunger a élaboré le module d’éducation financière et a formé le personnel de terrain des partenaires à l’animation du module. Pour les services financiers basés sur des groupes, Freedom from Hunger a adapté les guides de formation existants des Groupes d’épargne et a collaboré avec des partenaires pour former le personnel de terrain à la création et à la gestion des groupes. Pour les comptes d’épargne individuels (CEI), Freedom from Hunger a apporté une assistance technique pour la conception des CEI et la formation du personnel. En outre, Freedom from Hunger a dirigé la conception de l’étude, la collecte des données et l’analyse des résultats. Tout au long de la mise en œuvre du projet, Freedom from Hunger a fait participer les partenaires à une série de réunions pour assurer le suivi et évaluer la progression, identifier les leçons apprises et discuter de la viabilité des services.

CalendrierLe projet était conçu en trois phases : la phase initiale se composait de l’étude de marché et de la conception du produit, suivie de deux phases de mise en œuvre avec, au départ, seulement deux partenaires de chaque pays chargés de tester les services. Cette approche par étapes devrait permettre à Freedom from Hunger d’évaluer l’efficacité des services avant leur déploiement avec des partenaires supplémentaires. L’approche du compte d’épargne de groupe (CEG) a subi quelques retards, ce qui a limité la possibilité d’évaluer le modèle avant son déploiement avec le deuxième partenaire. Les activités de suivi ont été réalisées tout au long de la période de mise en œuvre, mais les activités de recherche ont été plus délimitées, sur une durée d’environ

Mali Ecuador

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18 mois. Le Tableau 5 présente les étapes réelles de la mise en œuvre des services entre 2011 et 2013 (les flèches représentent la date à laquelle les partenaires ont commencé à déployer leurs services pour les jeunes). L’étude de marché et la conception du produit ont été réalisées en 2010 (non indiquées).

Tableau 5: Sequénce de la mise en œuvre

2011 2012 2013

Trimestres

1er 2e 3e 4e 1e 2e 3e 4e 1er 2e 3e 4e

Équateur

San José (CEC) è

Santa Ana (CEC è

Cooprogreso (CEC è

San Miguel de los Bancos (CEC è

Mali

CAEB (ONG) è

Tonus (ONG) è

Nyèsigiso (FCEC) è

Kondo Jigima (FCEC) è

CEC-Cooperative d’épargne et de créditFCEC-Fédération de coopératives d’épargne et de crédit

Le contexte est essentiel

Avec AIM Youth, notre objectif est de tester différentes approches qui prennent en compte des contextes économiques très différents. Au Mali, comme un pourcentage élevé de la population vit dans les zones rurales et dans la pauvreté, la profondeur et l’ampleur du secteur des services financiers est très limitée. En conséquence, nous savions que nous ne pourrions pas avoir recours exclusivement à des services financiers formels pour atteindre les jeunes très pauvres dans les zones rurales. Selon le Rapport sur la compétitivité mondiale publié par le Forum économique mondial, le Mali est classé au 127e rang mondial pour la disponibilité des services financiers et au 104e rang pour l’accessibilité des services (sur 144 pays).20 En Équateur, la population rurale est un peu moins importante et il y a un secteur des services financiers plus robuste et dynamique qu’au Mali. Son secteur des services financiers est classé au 87e rang pour la disponibilité des services financiers et au 82e rang pour l’accessibilité à ces derniers.21 Par conséquent, la mise en œuvre d’une approche de services formels en Équateur était un choix logique.

Profil des jeunes ciblés Pour cette initiative, Freedom from Hunger a ciblé les jeunes âgés de 13 à 24 ans. Bien que la définition des jeunes fixée par les Nations Unies correspondent aux personnes âgées de 15 à 24 ans, 22 nous avons opté pour une limite d’âge inférieur plus basse car nous savions qu’avec une limite à 15 ans, beaucoup de jeunes adolescentes au Mali ne pourraient pas participer au projet : 60 % des jeunes femmes sont mariées avant l’âge de 18 ans et ont des enfants peu après.23 Le fait de faire démarrer la tranche d’âge à 13 ans permet à plus d’adolescentes d’apprendre des compétences financières avant d’être confrontées aux responsabilités liées à leur statut d’épouses et de mères.

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Dès le départ, Freedom from Hunger et ses partenaires de mise en œuvre ont choisi de travailler à la fois avec des jeunes hommes et des jeunes femmes. Cette stratégie devrait permettre de comparer les résultats des deux sexes. La stratégie de diffusion au niveau des écoles en Équateur a fait de l’approche mixte un choix évident, car il n’y avait pas d’écoles ou de classes non mixtes dans le public ciblé. Cependant, un aspect plus critique a été pris en compte : il aurait été difficile de maintenir financièrement des services différenciés pour les filles et les garçons. Les coopératives d’épargne et de crédit ne pourraient pas espérer développer un produit rentable si leur marché était divisé par deux.

Au Mali, la décision de poursuivre le programme mixte était un peu moins évidente, dans la mesure où la stratégie de Groupe d’épargne de jeunes (GEJ) suit le modèle d’un programme qui cible spécifiquement les femmes adultes. Néanmoins, comme les jeunes ne gèrent pas encore les finances du foyer et n’utilisent pas encore leurs ressources pour le bien-être de la famille comme le font leurs mères, il est moins urgent de se focaliser uniquement sur les jeunes femmes. De plus, les ONG locales et les communautés cibles ont fait part de leur fort désir que l’adhésion soit ouverte aux deux sexes, dans un effort visant à fournir plus d’incitations aux jeunes, en particulier aux hommes, à rester dans leurs communautés, ou au moins à retarder leur émigration.

Les caractéristiques générales des jeunes participants au Mali et en Équateur étaient différentes, et traduisaient largement le contexte et l’approche de fourniture de chaque institution chargée de la mise en œuvre. Le Tableau 6 présente les caractéristiques des jeunes qui ont participé aux activités de recherche et sont représentatifs de la population entière des jeunes participant aux services AIM Youth.

Tableau 6 : Caractéristiques des jeunes au Mali et en Équateur

CaractéristiqueÉquateur

Zones rurales/urbaines

Mali

Zones rurales

Mali

Zones urbaines

Hommes 59 % 45 % 83 %

Femmes 41 % 55 % 17 %

Âgés de 13 à 17 ans 41 % 80 % 31 %

Âgés de 18 à 24 ans 59 % 20 % 69 %

Non mariés 93 % 85 % 94 %

Scolarisés 74 % 60 % 44 %

Insécurité alimentaire 1 % 44 % (mai) ; 95 % (oct.) 6 %

Sous le seuil national de pauvreté : 15,2 % 66 % 4 %

Pourcentage ayant émigré au cours de l’année passée pour le travail

5 % 25 % 0 %

Revenus au cours des 7 derniers jours 20,83 $US 0,5 à 1 $US 4-7 $USD

Dépenses au cours des 7 derniers jours 18,56 $US 0,5 à 1 $US 2 à 5 $US

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Bouleversements politiques au Mali

En mars 2012, le Mali a connu un coup d’État militaire, qui a entraîné des bouleversements politiques et économiques, et l’occupation continue d’une partie du Nord du pays par des groupes extrémistes islamistes. La crise politique a entraîné la suppression de l’aide multinationale et bilatérale au Mali, et a abouti à une récession économique pour le pays entier. Plus de 350 000 personnes ont été déplacées pendant cette période.24 Les crises humanitaires et politiques ont continué à aggraver les conditions économiques déjà difficiles des Maliens.

Malgré le conflit et l’instabilité politique, les partenaires de mise en œuvre au Mali ont continué à fournir des services AIM Youth aux jeunes dans de nombreuses régions partout dans le pays. Aucun n’a eu besoin d’interrompre les services entièrement, car ils se trouvaient en dehors de la zone directe du conflit, mais de nombreux jeunes ont signalé que la crise avait eu un impact négatif sur leurs possibilités de gagner de l’argent, car l’ensemble de l’économie avait été affectée par l’instabilité politique. Cela a été confirmé par le personnel des partenaires. Bien qu’il soit difficile d’effectuer des mesures dans de telles conditions, le conflit et l’instabilité politique ont probablement réduit en partie l’impact et les résultats des services au Mali.25

Description des services intégrésFreedom from Hunger a choisi d’intégrer des services d’épargne et une éducation financière pour les jeunes afin de renforcer leur capacité à faire face aux responsabilités financières accrues liées au passage à l’âge adulte. Nous avons formulé l’hypothèse que la combinaison de ces services servirait aux jeunes de guide et d’encouragement pour établir et réaliser des objectifs financiers, et aboutiraient à de meilleurs résultats économiques pour l’avenir. Avec l’éducation, les jeunes développent leurs connaissances et leurs compétences pour prendre de bonnes décisions sur la gestion de leur argent, qui peuvent ensuite être appliquées à un instrument d’épargne.

Freedom from Hunger a également tenu compte des leçons apprises dans la fourniture des services. In Inde, Freedom from Hunger a fourni une éducation financière et une éducation à la santé à des jeunes femmes, sans offrir un accès à un service financier. Nous avons constaté que cela avait abouti à une amélioration des comportements de santé, mais à aucune amélioration sur le plan financier.26 Le personnel du projet a formulé l’hypothèse que l’absence d’instrument financier associé pourrait expliquer l’absence d’impact sur les comportements financiers. Freedom from Hunger s’est également appuyé sur l’expérience acquise dans le cadre du projet Tap and Reposition Youth (TRY) au Kenya, une approche de microfinance mise en œuvre par Population Council et K-Rep (une IMF kenyane), pour répondre aux contraintes liées aux stratégies de subsistance pour des adolescentes à risque pour le VIH/SIDA dans un bidonville au Kenya. Le projet a constaté que le service d’épargne fourni aux adolescentes avait de meilleurs résultats que le volet crédit, qui enregistrait de nombreux abandons. Analysant les succès et difficultés rencontrés, les organisations de mise en œuvre ont recommandé de démarrer par « une épargne et une formation à la gestion de l’argent, comme point d’entrée pour travailler avec les adolescentes les plus jeunes. »27”

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Encadré 3. Justification du choix des services

Pourquoi l’épargne ? Pourquoi une éducation financière ?

Sur l’ensemble de la gamme de produits et services financiers, Freedom from Hunger et ses partenaires ont choisi de donner la priorité à l’épargne comme point de départ pour les jeunes car les services d’épargne, qu’ils soient formels ou non formels, étaient accessibles à tous les jeunes dans la tranche d’âge ciblée, soit 13 à 24 ans, alors que le crédit est limité aux jeunes majeurs (en général âgés de plus de 18 ans). Enseigner une culture de l’épargne dès le plus jeune âge permet de renforcer la confiance en soi et de développer des habitudes qui pourraient être utiles tout au long de la vie ; l’épargne est aussi le produit financier qui peut être le plus facilement mis à disposition et qui est pertinent pour les jeunes qui, toujours scolarisés, sont moins susceptibles de participer à des activités de subsistance exigeant un crédit. Le projet ne visait pas à exclure la possibilité d’un crédit pour les jeunes éligibles, mais il n’y avait pas assez de temps et de ressources disponibles pour piloter entièrement une composante de crédit.28

Parmi les nombreux besoins concurrents que présentent les jeunes défavorisés (santé, entreprenariat, compétences professionnelles, etc.), Freedom from Hunger a sélectionné l’éducation financière comme le service le plus approprié, pertinent et efficace qui pourrait être intégré à l’épargne. L’éducation financière et les services financiers sont conceptuellement liés et se renforcent mutuellement ; l’éducation financière aide les jeunes à comprendre et à mettre en pratique la gestion financière introduite par l’accès aux nouveaux mécanismes d’épargne. Bien que la formation à la gestion d’entreprise soit souvent proposée à des jeunes plus âgés en plus d’un accès à des services financiers, l’éducation financière est plus adaptée pour des adolescents qui sont moins susceptibles d’avoir déjà une activité commerciale.

En ce qui concerne la composante d’éducation financière, Freedom from Hunger a puisé dans sa longue expérience de la formation non formelle, en adaptant pour les jeunes ses séances d’éducation de 30 minutes utilisées avec des adultes en Afrique, en Asie et en Amérique latine, en intégrant des « jeux » (des éléments d’apprentissage destinés à répondre au souhait des jeunes de participer à des activités dynamiques et créatives), des histoires, de sketches, des chansons, des comptines, etc.) pour leur permettre d’apprendre de nouvelles informations et compétences. Freedom from Hunger avait déjà auparavant développé un module d’éducation financière dans le cadre du Programme mondial d’éducation financière, qui visait un public de jeunes plus large.29 Freedom from Hunger a adapté le contenu de l’éducation financière au contexte et aux conditions spécifiques qui influent sur la relation des jeunes avec l’argent au Mali et en Équateur, en suivant les principes fondamentaux de l’apprentissage des jeunes. L’Annexe A présente une brève description du contenu du module d’éducation et des objectifs d’apprentissage pour chaque pays, ainsi que les principes fondamentaux de l’apprentissage des jeunes.

En plus des types de services qui ont été proposés, la façon dont les institutions sont entrées en contact avec les jeunes (le « point d’entrée ») a eu des implications significatives sur l’efficacité de la fourniture de services intégrés et la façon dont ils ont été adoptés par les bénéficiaires visés. Avec la mise en œuvre de l’initiative AIM Youth, les trois modèles différents ont eu une couverture et des stratégies de fourniture distinctes, ce qui a permis de faire apparaître de nombreux avantages et inconvénients.

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Une éducation financière « empirique » pour les jeunes

Selon Drexler, Fischer et Schoar (2013), une approche de formation empirique avec des messages simples peut être plus efficace que des formations plus complexes, en particulier pour les clients qui ne possèdent qu’une expérience limitée des services financiers. Ces auteurs offrent en exemple une formation empirique utilisée par ADOPEM, une IMF en République dominicaine :

« La formation empirique leur a donné pour règle physique de conserver leur argent dans deux tiroirs (ou deux porte-monnaies) distincts, et de ne transférer l’argent d’un tiroir à l’autre qu’avec une note de prélèvement personnel explicite entre l’entreprise et le foyer. À la fin du mois, ils pouvaient ainsi compter l’argent contenu dans le tiroir de l’entreprise et savoir à combien s’élèvent leurs bénéfices. »

La formation d’éducation financière conçue par Freedom from Hunger utilise un niveau de simplicité similaire, et pour les jeunes les concepts sont présentés grâce à des activités dynamiques et créatives (des jeux, des histoires, des sketches et des chansons). Par exemple, dans un jeu, les jeunes apprennent les stratégies de base pour épargner davantage d’argent :

• Mettre de l’argent de côté afin de ne pas tout dépenser

• Parler à sa famille de son objectif d’épargne et en faire un projet familial

• Épargner davantage quand on a plus d’argent.

Ils les apprennent en jouant à un jeu dans lequel ils essaient d’atteindre une ligne d’arrivée qui est située à plusieurs pas devant eux ; si la décision financière lue par l’animateur les aide à augmenter leur épargne, on demande aux jeunes d’avancer d’un pas, et si elle ne les aide pas, ils doivent rester au même endroit.

Modèle d’intégration et stratégie de diffusion en Équateur Modèle avec intégration des Comptes d’épargne individuels (CEI) et de l’éducation financière En Équateur, les coopératives d’épargne et de crédit partenaires de Freedom from Hunger poursuivent un objectif commun : mener une action de sensibilisation auprès des jeunes, principalement à travers les établissements du secondaire, où le personnel de la coopérative d’épargne et de crédit anime l’éducation financière et encourage les jeunes à ouvrir et à épargner sur un compte d’épargne.

Chaque institution a lancé un produit d’épargne de jeunes dans le cadre du projet. Si la plupart des coopératives d’épargne et de crédit proposaient déjà un compte d’épargne pour les jeunes, ils en faisaient surtout la promotion auprès de parents d’enfants âgés de moins de 18 ans. Le nouveau compte d’épargne a été conçu et sa promotion a été faite auprès des jeunes âgés de 13 à 24 ans, mais les jeunes de moins de 18 ans devaient tout de même obtenir l’accord d’un cosignataire adulte conformément aux réglementations nationales. Le personnel des coopératives d’épargne et de crédit a fourni des informations sur le processus d’ouverture et la façon d’effectuer des dépôts et des retraits dans le cadre des séances d’éducation financière animées dans les écoles. Les jeunes pouvaient fournir les documents nécessaires à l’ouverture de compte pendant les visites du personnel de la coopérative d’épargne et de crédit dans les écoles, et seule une des coopératives d’épargne et de crédit exigeait une visite en personne à l’agence pour fournir le montant minimum pour l’ouverture du compte et signer les documents nécessaires à l’ouverture du compte.

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Pour ce nouveau marché cible, les coopératives d’épargne et de crédit ont dû classer les titulaires de comptes de jeunes comme clients non votants, contrairement aux membres des coopératives qui ont des droits de vote, ce qui leur permet de retarder le paiement obligatoire de l’adhésion à la coopérative d’épargne et de crédit jusqu’à l’âge de 18 ans. Cette distinction a permis de rendre le compte d’épargne de jeune plus abordable pour le groupe des jeunes les moins âgés en réduisant le montant minimum pour l’ouverture d’un compte. Cependant, pour les jeunes âgés de 18 ans et plus, l’exigence d’adhésion a été maintenue.

Au cours de la seconde phase du projet, certaines des coopératives d’épargne et de crédit en Équateur ont également pu profiter de la technologie émergente pour faire la promotion de l’épargne des jeunes. Deux des coopératives d’épargne et de crédit ont mis en œuvre un système de messagerie texte dans laquelle une série de messages hebdomadaires ont été envoyés sur les téléphones portables des titulaires de comptes jeunes. Ces messages rappelaient les concepts fondamentaux de l’éducation financière. L’Annexe B présente certains des messages qui ont été envoyés.

La deuxième innovation technologique adoptée par trois des coopératives d’épargne et de crédit s’appuyait sur l’utilisation de smartphones pour enregistrer l’épargne à distance. Avec ce système, le personnel de terrain des coopératives d’épargne et de crédit a pu collecter l’épargne pendant ses visites dans les écoles. En apportant le service financier aux jeunes, au lieu d’obliger les jeunes à se déplacer jusqu’à l’agence locale pour faire leur dépôt, les coopératives d’épargne et de crédit ont effectivement surmonté l’un des principaux obstacles qui empêchent les jeunes d’accéder à des services financiers formels. Cette technologie a été permise grâce à l’utilisation courante des téléphones portables en Équateur et à l’amélioration récente de l’accès à l’Internet mobile30, mais aussi du fait de l’environnement réglementaire favorable qui a permis aux coopératives d’épargne et de crédit d’enregistrer l’épargne à distance. Les coopératives d’épargne et de crédit voulaient adopter cette technologie car elles pensaient que cela encouragerait l’épargne à la fois de sa clientèle jeune et des adultes, en particulier dans les zones rurales.

Alternative à une approche unifiée

On peut avoir une alternative à l’approche unifiée avec un modèle lié dans lequel les institutions engagent à une entité externe de fournir le service non financier. Ce type d’approche permet au personnel de l’institution financière de se concentrer sur la promotion de l’adoption et de l’utilisation des comptes d’épargne. En Équateur, nous avons pu tester partiellement cette approche grâce à l’une des coopératives d’épargne et de crédit, qui a établi un lien avec des étudiants universitaires qui ont animé l’éducation financière pour d’autres jeunes, principalement d’autres étudiants de leur université. Freedom from Hunger a assuré la formation des étudiants, qui ont à leur tour fourni une éducation à leurs pairs gratuitement dans le cadre du service social exigé. Le personnel de la coopérative d’épargne et de crédit a participé à certaines des séances pour fournir des informations sur le produit d’épargne. De la même façon, Xac Bank et Women’s World Banking ont mis en œuvre une approche liée en fournissant des séances de formation à l’éducation financière aux jeunes grâce à des étudiants formés par une ONG d’éducation locale.31

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Alternative à une approche unifiée (continued)

Cependant, l’éducation n’a pas été fournie de façon régulière, car cela dépend du calendrier des étudiants. Pendant les congés scolaires, les étudiants interrompent leurs cours. Ce type de modèle ne permet pas de tirer parti du temps et des ressources que le personnel utilise déjà pour offrir l’un des services. De plus, la mise en œuvre continue de ce type de modèle nécessiterait qu’une entité de financement paie la formation continue de nouveaux étudiants chargés de fournir l’éducation.

La stratégie de diffusion adoptée par les coopératives d’épargne et de crédit en Équateur se composait de deux volets. Leur principale stratégie consistait à atteindre les jeunes dans les écoles (surtout pour ceux âgés de 13 à 17 ans) pour animer des séances d’éducation financière et proposer des CEI. Dans un deuxième temps, elles réalisaient des campagnes de marketing communautaire pour faire la promotion des comptes d’épargne de jeunes.

Les écoles comme point d’entrée du programme.

La stratégie visant à envoyer le personnel des coopératives d’épargne et de crédit dans les écoles publiques pour enseigner l’éducation financière aux jeunes repose sur des bases solides. Les écoles sont un lieu naturel pour rassembler un grand nombre de jeunes en même temps et la solution la plus efficace pour fournir l’éducation financière car les jeunes sont déjà dans une structure de groupe. L’animation des séances d’éducation financière a été rendue possible grâce à la direction des écoles qui a approuvé le module d’éducation et parce que les séances ont été animées de façon commode pendant une pause entre les cours. La participation à la séance était volontaire mais on n’a pas signalé d’abandons. Tous les jeunes interrogés ont dit avoir apprécié l’éducation reçue. Certains ont même indiqué avoir préféré l’éducation financière à la participation à leurs cours habituels. En outre, l’éducation financière correspondait à la responsabilité sociale d’entreprise des coopératives d’épargne et de crédit, et leur a permis d’accéder aux écoles (en l’absence de l’éducation financière, les coopératives n’auraient pas pu entrer en contact avec les élèves).

La mise en œuvre de cette stratégie basée sur l’école a toutefois demandé beaucoup de travail et de temps. Les coopératives d’épargne et de crédit ont dû négocier des accords distincts avec chaque école. Même si les coopératives d’épargne et de crédit participantes en Équateur ont tissé des relations longues et solides dans les communautés où elles travaillent, et avaient déjà investi dans des événements communautaires, elles ne peuvent pas toujours parvenir à un accord. Dans les zones où le secteur des institutions financières est très concurrentiel, comme c’est le cas en Équateur, un directeur d’école peut se sentir mal à l’aise à l’idée de favoriser une institution financière plutôt qu’une autre.

Un autre point à souligner est que les visites dans les écoles n’aboutissaient pas à une ouverture de comptes sur place. Bien que la plupart des coopératives d’épargne et de crédit disposaient de politiques qui permettaient au personnel de terrain à réunir les documents nécessaires à l’ouverture des comptes pendant les visites dans les écoles, il n’y a pas eu beaucoup d’ouvertures de comptes par les jeunes recevant l’éducation financière. De plus, une fois que le membre du personnel termine le module d’éducation financière dans une école, il se peut qu’il ne revienne plus aussi régulièrement, car il a d’autres activités, ce qui n’offre pas beaucoup d’opportunités d’encourager davantage les jeunes à ouvrir un compte d’épargne et à faire des dépôts d’épargne.

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Les événements communautaires comme point d’entrée du programme.

Outre leur travail dans les écoles, les coopératives d’épargne et de crédit ont également organisé des campagnes de marketing à l’échelle communautaire. Pendant des événements particuliers, les coopératives d’épargne et de crédit ont offert du matériel promotionnel comme des casquettes et des t-shirts, et a fourni aux jeunes toutes sortes d’incitations à l’ouverture un compte d’épargne, notamment du crédit pour leur téléphone mobile et des remises dans des magasins locaux. Ceci a probablement amené plus de gens à découvrir les produits d’épargne pour les jeunes au-delà des écoles.

On ne sait toutefois pas avec certitude le rôle que ces campagnes et incitations a réellement joué. Dès le début du projet, il a été demandé aux jeunes de classer par ordre de priorité dix caractéristiques d’un compte d’épargne qui leur semblaient les plus intéressantes, à savoir la sécurité, le taux d’intérêt, la distance par rapport à la coopérative d’épargne et de crédit, l’amabilité du personnel et les cadeaux. Dans tous les cas, les jeunes ont indiqué que la sécurité est l’une de leurs principales priorités, alors que les cadeaux étaient toujours cités en dernier. Pendant les discussions en groupes cibles organisées à différents stades du projet, les jeunes ont indiqué que la raison principale pour laquelle ils avaient ouvert un compte d’épargne était d’avoir un lieu sûr pour épargner. De plus, la mise en œuvre des campagnes a été effectuée au lancement des produits et à certains moments pendant l’année de façon à coïncider avec les vacances, mais elles étaient assez limitées.

Répartition du temps du personnel des coopératives d’épargne et de crédit pour la fourniture des services.

Le personnel des coopératives d’épargne et de crédit n’était pas exclusivement affecté aux services destinés aux jeunes. En fait, après la première année de mise en œuvre, la direction des coopératives d’épargne et de crédit a commencé à limiter le temps que le personnel de terrain pouvait consacrer à l’animation des séances d’éducation financière. L’une des coopératives d’épargne et de crédit participante a même mis en place deux séances d’éducation financière en même temps (pour un total d’une heure) afin de terminer la totalité du module en seulement cinq visites dans une école.

Cette stratégie a permis au personnel de consacrer plus de temps à la promotion des comptes d’épargne de jeunes et surtout à des produits financiers plus rentables pour les adultes, ce qui permet d’obtenir un financement croisé des services destinés aux jeunes. Cependant, cette stratégie a réduit les heures que le personnel pouvait consacrer à l’animation des séances d’éducation financière et le nombre d’opportunités dont disposent le personnel pour encourager les jeunes à ouvrir un compte et/ou à faire un dépôt d’épargne à l’école.

Le Tableau 7 indique la répartition du temps passé sur les différents services, en se basant sur une enquête réalisée auprès du personnel de terrain de San José et Cooprogreso, les deux principales coopératives d’épargne et de crédit partenaires en Équateur dans le cadre de l’initiative AIM Youth.

Tableau 7. Répartition des heures d’intervention du personnel en Équateur

Animation des séances d’éducation financière

Promotion des comptes d’épargne de jeunes

Nombre moyen d’heures par semaine 2,9 heures 7,2

Pourcentage du temps affecté sur une semaine de 40 heures de travail

7 % 18 %

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Éducation financière liée à un produit

Pour AIM Youth, Freedom from Hunger a conçu des modules d’éducation financière liés à un produit pour les jeunes, ce qui a été considéré comme nécessaire pour optimiser l’adoption des comptes et aboutir à une plus grande viabilité.

En Équateur, l’éducation financière a initialement été développée indépendamment des informations sur les produits d’épargne. Cependant, nous avons appris grâce à une évaluation initiale que les jeunes n’avaient pas assez d’information sur la façon d’ouvrir un compte d’épargne. Comme, initialement, les coopératives d’épargne et de crédit ont observé une adoption très lente des comptes d’épargne, trois séances ont été ajoutées et intégrées au module d’éducation financière pour aider à la promotion des comptes d’épargne. Toutefois, les jeunes étaient entièrement libres de décider s’ils souhaitaient ou non ouvrir un compte individuel, et quand.

Au Mali, si l’éducation pouvait être considérée comme liée à un produit, l’approche présentait des différences importantes. L’Animateur de la coopérative d’épargne et de crédit rassemblait d’abord un groupe de jeunes intéressés par le compte d’épargne, puis les jeunes participaient à une formation qui les guiderait pendant le processus d’ouverture et de gestion du compte de groupe. Les jeunes se sont portés volontaires pour faire partie du groupe et pouvaient le quitter à tout moment. L’éducation financière a été animée après que le groupe avait été créé et avait déjà respecté les conditions d’ouverture du compte d’épargne.

Avec les deux approches, la distinction entre éducation financière et stratégie de promotion devient floue, ce qui souligne un problème souvent débattu à propos de l’éducation des clients.32 Dans le cas présent, Freedom from Hunger et ses partenaires de mise en œuvre ont formulé l’hypothèse que cette stratégie serait essentielle pour la viabilité et l’adoption des services pour les jeunes. De plus, l’adoption de leurs produits pourrait permettre un financement croisé de l’éducation. Ce qui est clair, c’est que même avec une éducation financière liée à un produit, les jeunes ne doivent pas être obligés d’opter pour un produit financier particulier, et que les institutions financières doivent suivre des mesures appropriées de protection de la clientèle, comme celles choisies par le FENU et Child and Youth Finance International.33

Modèles d’intégration et stratégies de diffusionModèle d’intégration avec des Groupes d’épargne de jeunes (GEJ) et une éducation financièreDans les zones rurales, le modèle d’intégration a été basé sur la méthodologie Épargner pour le changement (EpC), un programme réussi de Groupes d’épargne d’adultes. Freedom from Hunger et ses partenaires de mise en œuvre, le CAEB (Conseils et Appui pour l’Éducation à la Base) et Le Tonus, ont organisé des Groupes d’épargne de jeunes dans les mêmes communautés rurales que celles où des femmes adultes sont déjà membres de groupes EpC actifs.

Avec l’approche EpC, un groupe d’environ 10 à 15 jeunes (jeunes femmes et/ou jeunes hommes) se réunissent chaque semaine pour épargner et se prêter de l’argent mutuellement. Avec le soutien initial d’un animateur qualifié, un Comité de gestion élu anime les réunions du groupe et aide à l’application des règles du groupe. Le groupe décide collectivement du montant que chaque membre va épargner à chaque réunion et qui est placé dans une caisse. À mesure que les fonds du groupe augmentent, les membres conviennent de les utiliser pour octroyer des prêts aux membres du groupe. Les membres se mettent aussi d’accord sur un objectif social

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 15

qu’ils vont chercher à réaliser collectivement, par exemple un projet d’assainissement dans le village ou la promotion de stratégies de prévention du paludisme. Les membres continuent de se réunir régulièrement pendant environ un an, puis ils organisent la distribution des fonds du groupe. Cette approche fonctionne particulièrement bien dans les zones rurales du Mali, qui n’ont traditionnellement pas bénéficié des services des prestataires de services financiers formels et, par conséquent, n’ont pas d’autres options fiables pour épargner.

La méthodologie des GEJ était à peu près la même que pour les groupes adultes, avec quelques différences. D’abord, le processus de création de groupe était plus long car plus d’éléments dynamiques et participatifs ont été intégrés dans le processus de formation. De plus, les jeunes décidaient ou non d’avoir une marraine du groupe. La marraine de GEJ était en général une membre d’un Groupe d’épargne d’adultes qui était disponible pour conseiller les jeunes en cas de décisions difficiles à prendre ou de conflit dans le groupe. Il était facultatif d’avoir une marraine mais le choix d’une marraine traduisait leur respect pour les anciens et leur affiliation au GEJ servait à valider ce respect au sein de la communauté dans son ensemble.

La formation initiale sur la création de groupe (pendant laquelle les membres des groupes élisent le Comité de gestion et décident de toutes les règles concernant leur épargne et leurs prêts) durait jusqu’à trois mois. Les séances d’éducation financière ont été fournies après la période de création du groupe, sur une période de deux mois. L’éducation a été fournie pendant les réunions régulières des groupes à la fin des transactions financières. Du fait de cette structure, les deux services ont été fortement intégrés et ont eu lieu dans le cadre du même cycle du groupe, mais les séances ont été organisées en suivant un ordre séquentiel. Ce cas fait apparaître l’efficacité potentielle obtenue par l’approche unifiée. Les jeunes ont la possibilité d’appliquer immédiatement les nouvelles connaissances acquises au travers de l’éducation financière dans leurs opérations hebdomadaires d’épargne et de prêt.

Les villages comme point d’entrée du programme

La mise en œuvre d’une approche de GEJ était un processus simple, et probablement la plus simple de l’ensemble des trois modèles. Freedom from Hunger et les ONG partenaires au Mali ont volontairement cherché à lancer les GEJ dans les communautés dans lesquelles ils avaient déjà mis en place des Groupes d’épargne pour adultes car ils bénéficiaient déjà de la confiance et du soutien de la communauté. Comme les leaders et les membres des communautés connaissaient déjà le modèle, la création des GEJ n’a pas présenté de difficulté importante. Les parents étaient déjà convaincus de l’intérêt du modèle et voulaient que leurs enfants y aient aussi accès.34 Leur soutien a permis de renforcer le modèle qui s’était lui-même appuyé sur la confiance et le soutien des pairs pour encourager les jeunes à épargner régulièrement.35

Ce qui importe peut-être tout autant, c’est que les GEJ étaient basés dans la communauté ; tout (l’épargne hebdomadaire, les prêts, le remboursement et la distribution des fonds) se faisait localement, ce qui supprimait un obstacle important à la participation aux services financiers. Personne n’a eu à consacrer du temps ou de l’argent pour se déplacer jusqu’aux locaux d’une institution financière pour faire des transactions. Enfin, les GEJ fonctionnaient dans des zones isolées qui sont généralement peu desservies par les prestataires de services financiers ; leur réussite tient en partie au fait qu’il n’y avait pas d’autre service financier accessible.

On a toutefois observé certains inconvénients dans le choix des villages ruraux comme point d’entrée. D’abord, le personnel de terrain a passé beaucoup de temps à se rendre dans chaque village, ce qui a augmenté le coût de la mise en œuvre. Les coûts de transport pour les GEJ sont passés de 16 à 25 % du total des coûts de mise en œuvre, à comparer à 9 % pour les CEG dans les zones urbaines. De plus, dans les zones rurales du Mali, les jeunes bougent beaucoup : les jeunes hommes émigrent pour chercher du travail, alors que les jeunes femmes se marient et déménagent dans le foyer de leur mari. Dans l’enquête quantitative menée

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 16

au Mali, 25 % des jeunes ont indiqué avoir migré pour le travail au cours de l’année précédente. De plus, on observe que l’émigration concerne davantage les jeunes hommes que les jeunes femmes, et davantage les jeunes les plus âgés que les moins âgés (voir Diagramme 1).36

Diagramme 1 Émigration par sexe et par âge

0%

20%

40%

Hommes Femmes

39%!

15%!

Émigration par sexe !!

0%

10%

20%

30%

40%

13-17 ans 18-24 ans

17%!

38%!

Émigration par âge !

Répartition du temps du personnel des ONG pour la fourniture des services.

Contrairement au personnel des coopérative d’épargne et de crédit en Équateur, le personnel des ONG au Mali était exclusivement affecté à la promotion et la formation des groupes, ainsi qu’à l’éducation financière des jeunes. Le personnel a rencontré chacun des GEJ chaque semaine pendant les six premiers mois, et a continué à se réunir avec le groupe pour le reste du cycle, mais de façon moins fréquente. Le nombre total d’heures consacré par le personnel à la formation de chaque groupe était supérieur à celui passé en Équateur, surtout parce que le personnel a formé les groupes plus longtemps pour les aider à terminer le cycle et à en démarrer un nouveau (voir Tableau 8). Le reste du temps du personnel a été consacré à la promotion et à la gestion des groupes, au remplissage des formulaires de suivi et au déplacement dans chaque village.

Tableau 8. Répartition des heures d’intervention du personnel pour les GEJ au Mali

Type de formation Heures

Nombre d’heures pour la formation à la création des groupes (par groupe). 19,3

Nombre d’heures pour le module d’éducation financière (par groupe). 3,5

Nombre total de séances de formation/d’éducation (par groupe) 22,8

Nombre estimé d’heures hebdomadaires consacrées à la formation/l’éducation (par animateur) 8,8

Pourcentage du temps sur une semaine de 40 heures de travail affecté à la formation/éducation (par animateur)

22 %

Modèle d’intégration des Comptes d’épargne de groupes de jeunes (CEG) et de l’éducation financièreLa stratégie dans les zones urbaines et péri-urbaines consistait à faire intervenir la fédération de coopératives d’épargne et de crédit Nyèsigiso pour organiser les jeunes en des groupes qui ouvrent des comptes d’épargne collectifs.37 Ces groupes suivaient une structure similaire à celle des GEJ organisés par les ONG, mais les comptes de groupe présentaient des différences marquées. D’abord, les fonds contenus sur les CEG ne pouvaient servir à des prêts internes aux membres du groupe. Ensuite, les groupes ne distribuaient pas leurs fonds collectifs à la fin d’une période prédéterminée. L’objectif des comptes de groupe était d’aider les jeunes à accumuler une épargne aussi longtemps que possible. Une procédure de retrait a cependant été mise en place pour les jeunes qui avaient besoin d’accéder à leurs fonds.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 17

Les CEG

À Nyèsigiso, la coopérative d’épargne et de crédit partenaire de Freedom from Hunger au Mali, le personnel a dû concevoir une approche abordable et accessible permettant aux jeunes de participer à la coopérative d’épargne et de crédit, en raison de leur montant minimum pour l’ouverture des comptes et des frais de tenue de compte ainsi que des documents d’identité requis. Après des discussions approfondies avec Freedom from Hunger, Nyèsigiso a choisi de créer des groupes de jeunes de 5 à 15 membres qui pouvaient se permettre de payer les frais d’ouverture de compte et de gestion annuelle en ouvrant un CEG, dont les coûts seraient partagés par tous les membres. De plus, la structure de groupe n’exigeait les documents d’identité que des trois membres du Comité de gestion. Comme les GEJ, les jeunes dans ces groupes ont pris des décisions communes sur les règles régissant leur épargne sur le compte du groupe. Cependant, au contraire des GEJ, ces jeunes n’empruntaient pas à partir des fonds d’épargne internes, surtout parce qu’ils auraient du mal à respecter le solde minimum requis pour le compte.

Dans ce modèle, la fédération de coopératives d’épargne et de crédit Nyèsigiso a engagé des agents commerciaux pour qu’ils organisent les jeunes en groupes qui ouvriraient conjointement un compte d’épargne. Ce personnel a organisé et orienté les jeunes dans la structure de groupe, et les jeunes ont décidé des politiques et pratiques du groupe. La période de formation à la création de groupe a duré environ trois mois. Plusieurs séances de formation ont traité les exigences spécifiques du compte et les processus de gestion des CEG. Tous les jeunes ont aussi participé aux séances d’éducation financière qui ont été intégrées aux réunions régulières, qui ont lieu après les transactions financières du groupe.

Les centres de formation professionnelle comme point d’entrée du programme

Il s’est toutefois avéré difficile de trouver les jeunes dans une zone urbaine où les jeunes semblent être plus occupés et plus mobiles. Les agents commerciaux ont eu plus de succès dans les centres de formation professionnelle, où les jeunes suivaient des formations à différents métiers (par ex. menuiserie, métallurgie, plomberie, électricité, maçonnerie) et où ils pouvaient se rassembler pour les réunions de groupe. Du fait de cette approche une majorité de participants étaient des jeunes hommes dans la tranche d’âge supérieure.

Le personnel des coopératives d’épargne et de crédit a réalisé des activités de promotion dans les écoles, où elles pouvaient trouver des jeunes moins âgés, de moins de 18 ans. Cependant il n’a pas été possible de réunir les jeunes pour des réunions hebdomadaires sur les sites des écoles. Les agents commerciaux ont conclu qu’il fallait organiser les réunions de groupe dans le foyer de l’un des jeunes, mais qu’il était très difficile de trouver assez de jeunes avec des affinités similaires dans un quartier, et cette approche n’a finalement pas abouti.

Répartition du temps du personnel des coopérative d’épargne et de crédit consacré à la fourniture des services.

Contrairement à leurs homologues équatoriens, les membres du personnel de terrain des coopératives d’épargne et de crédit au Mali a travaillé à plein temps à la création et à la gestion des groupes de jeunes qui ont ouvert des comptes collectifs.38 Le processus de création de groupe a pris beaucoup de temps, ce qui a aussi limité la capacité des agents commerciaux à obtenir une couverture supérieur. Le Tableau 9 présente une répartition du temps consacré à l’éducation et à la formation à la création des groupes. Ces chiffres ne représentent que les heures passées à animer la formation à la création des groupes et à l’éducation. Le reste du temps de travail a été consacré à la promotion et à la gestion des comptes, ce qui a pris beaucoup de temps.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 18

Tableau 9. Répartition des heures d’intervention du personnel pour les CEG au Mali

Type de formation Heures

Nombre d’heures consacré à la formation à la création des groupes (par groupe). 12

Nombre d’heures consacré au module d’éducation financière (par groupe). 3,5

Nombre total de séances de séances de formation/d’éducation (par groupe) 15,5

Nombre estimé d’heures par semaine consacrées à la formation/l’éducation (par agent commercial) 5,7

Pourcentage du temps sur une semaine de 40 heures de travail consacré à la formation/l’éducation (par agent commercial)

14 %

Le Tableau 10 donne une présentation générale des trois modèles utilisés par AIM Youth (l’Annexe C offre une description plus détaillée par partenaire de mise en œuvre des services financiers qui ont été fournis).

Tableau 10. Vue d’ensemble des Modèles AIM Youth

ModèlesÉquateur

CEI + Éducation financière

Mali

CEG + Éducation financière

Mali

GEJ + Éducation financière

Description du service financier

Comptes d’épargne individuels (CEI) offerts par les coopératives d’épargne et de crédit.

Un cosignataire adulte exigé pour les jeunes de moins de 18 ans ; document d’identité exigé pour le cosignataire et le jeune

Pas de frais d’ouverture de compte (sauf pour San Miguel de los Bancos)

Pas de frais de gestion

Les montants minimum vont de 2 $US à 6 $US pour les jeunes de moins de 18 ans, et de 2 à 11 $US pour les jeunes de plus de 18 ans

Le taux d’intérêt va de 1,5 à 4 %

Possibilité de dépôt d’épargne à distance

Comptes d’épargne de groupe (CEG) offerts par des fédérations de coopératives d’épargne et de crédit.

Les jeunes participent à une formation de 12 heures, réparties sur une période de 10 semaines, sur les fonctions du groupe et du compte d’épargne

Les groupes ouvrent des comptes en général au bout de 8 semaines

Permet aux membres de partager les coûts et les exigences d’ouverture du compte

Frais d’ouverture de compte de 4 $US

Montant minimum pour l’ouverture du compte et adhésion de 14 $US

Frais de gestion annuelle de 4 $

6 % d’intérêts sur les soldes

Groupes d’épargne de jeunes (GEJ) organisés par des organisations non gouvernementales.

Les jeunes participent à une formation de 12 heures, réparties sur une période de 10 semaines, sur les fonctions du groupe.

Les jeunes commencent à épargner au bout de trois semaines

Les membres acceptent de se réunir régulièrement et de mettre leur épargne en commun

Les membres peuvent emprunter de l’argent à partir des fonds du groupe, mais ils paient des intérêts sur les prêts.

Le groupe distribue tous ses fonds à la fin de chaque cycle, soit habituellement au bout de 9 à 12 mois.

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ModèlesÉquateur

CEI + Éducation financière

Mali

CEG + Éducation financière

Mali

GEJ + Éducation financière

Description de l’éducation financière (EF)

10 séances de 30 minutes chacune

Objectifs d’apprentissage :

Créer un plan d’épargne

Garder votre argent en lieu sûr

Savoir comment ouvrir et utiliser un compte d’épargne

Prendre des décisions informées sur la gestion de votre argent

7 séances de 30 minutes chacune

Objectifs d’apprentissage :

Prendre des décisions informées sur l’épargne et l’emprunt

Augmenter l’épargne et garder l’épargne en sécurité

7 séances de 30 minutes chacune

Objectifs d’apprentissage :

Prendre des décisions informées sur l’épargne et l’emprunt

Augmenter l’épargne et garder l’épargne en sécurité

Approches d’intégration

Éducation financière fournie principalement par le biais des écoles

CEI ouverts indépendamment de l’éducation financière

Groupes créés dans des centres de formation professionnelle

Éducation financière animée immédiatement après la formation à la création de groupe et l’ouverture du compte

Groupes créés dans les villages

Éducation financière animée immédiatement après la formation à la création de groupe

Suivi du projet et méthodologie de l’étude Pour démontrer les progrès réalisés dans les activités du projet, Freedom from Hunger a demandé aux partenaires de mise en œuvre de collecter des données de suivi chaque trimestre. Les données de suivi visaient à mesurer les progrès dans le sens des objectifs du programme, comme le nombre de comptes d’épargne ouverts, le nombre de jeunes participant à l’éducation et le nombre de jeunes dans les groupes d’épargne formels et non formels.

De plus, pour tester l’hypothèse de la théorie du changement formulée pour AIM Youth, Freedom from Hunger a conçu une étude quasi-expérimentale utilisant plusieurs méthodes avec quatre de ses partenaires (au Mali : le CAEB et Nyèsigiso ; en Équateur : San José et Cooprogreso) en collaboration des sociétés d’étude et des universités locales. Bien qu’il n’ait pas été possible d’établir des liens de causalité, l’approche utilisant des méthodes mixtes a permis d’assurer un recoupement des résultats à partir des méthodologies suivantes : études d’impact quantitatives (données initiales et finales), journaux financiers, évaluation qualitative de la satisfaction des jeunes et histoires d’impact. Une description complète des méthodes peut être trouvée dans les rapports d’étude définitifs pour le Mali 39et l’Équateur.40 L’Annexe E présente la théorie du changement AIM Youth et une brève description des méthodes d’étude utilisées.41

Pour les études d’impact quantitatives et les journaux financiers, la conception de l’étude a intégré des jeunes sélectionnés de façon aléatoire qui avaient adopté les services proposés, ainsi qu’un groupe de jeunes sélectionné de façon aléatoire dans des zones non ciblées pour recevoir des services. En Équateur, la sélection a été faite dans les écoles ; dans les zones rurales au Mali, la sélection a été faite au niveau du village, et dans les zones urbaines au Mali, la sélection a été faite au niveau du quartier. Pour le Mali, les enquêtes quantitatives initiales et finales n’ont été réalisées qu’avec les jeunes des zones rurales participant aux GEJ, mais pas avec les jeunes urbains ayant des CEG, toutefois les journaux financiers couvraient les jeunes à la fois des GEJ et des CEG.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 20

Difficultés liées aux données de suivi et de rechercheUne difficulté majeure pour le suivi des services en Équateur a été d’établir une correspondance entre les jeunes ayant des comptes d’épargne et les jeunes recevant une éducation financière, car les coopératives d’épargne et de crédit ont utilisé des bases de données distinctes pour ces différents services. Elles ont en effet utilisé leur système d’information de gestion (SIG) traditionnel pour les clients ayant un compte d’épargne. Mais elles ont utilisé une base de données distincte pour le suivi des jeunes participant à l’éducation financière au travers des écoles. Comme l’éducation ne faisait pas partie de leurs compétences de base, elles ont utilisé une simple feuille de calcul pour assurer le suivi de ces jeunes.

Avec cette approche, nous n’avons pas pu déterminer le nombre de jeunes participant à l’éducation financière qui ont ouvert un compte d’épargne. Mais comme l’indiquent les données de suivi (Tableau 1), nous savons que le nombre de jeunes qui ont reçu l’éducation est beaucoup plus élevé que le nombre de jeunes qui ont ouvert un compte. Un deuxième aspect de ce hiatus pourrait tenir à une question de calendrier. En effet, les jeunes qui ont reçu l’éducation financière pourraient bien ouvrir un compte d’épargne à terme. Le suivi des jeunes qui ont reçu l’éducation pour déterminer s’ils ont ouvert un compte pourrait certainement aider une institution financière à évaluer la valeur ajoutée de l’éducation. Cependant ce type de suivi serait difficile et coûteux à mettre en œuvre. Les formulaires d’ouverture de compte exigent des informations d’identification comme l’adresse, la date de naissance et les informations sur un cosignataire adulte pour les jeunes de moins de 18 ans. La collecte de ce type d’informations auprès des jeunes participant à l’éducation financière pourrait s’avérer complexe et intrusive.

Il est intéressant de noter que toutes ces difficultés n’existent pas ou sont minimes dans le modèle avec des groupes. Le suivi des données n’était pas difficile pour les CEG proposés au Mali par la fédération de coopératives d’épargne et de crédit car les noms sur le registre des groupes étaient les mêmes : les membres des groupes qui ont collectivement ouvert le compte d’épargne étaient les mêmes que ceux qui avaient reçu l’éducation.

En termes de suivi de la qualité des services fournis, les coopératives d’épargne et de crédit se concentrent plus sur les résultats que sur la qualité : nombre de séances fournies, nombre de comptes ouverts et montant des dépôts d’épargne. Freedom from Hunger a effectué des visites techniques pour suivre la qualité de l’éducation et a fourni une assistance technique dans les processus de supervision. Cependant, les coopératives d’épargne et de crédit auraient besoin de faire un investissement supplémentaire pour développer une capacité suffisante pour assurer un suivi indépendant et adéquat de la qualité de l’éducation fournie. Cela nécessiterait d’établir des normes auxquelles le personnel serait formé, et obligerait les superviseurs ou d’autres membres du personnel de suivi à remplir les formulaires et processus d’évaluation.

Le système d’information de gestion (SIG) utilisé par les ONG au Mali a été adapté à partir d’un système standardisé largement utilisé dans la microfinance communautaire.42 Comme Freedom from Hunger a conclu un partenariat avec des ONG qui avaient déjà une expérience des Groupes d’épargne d’adultes, la direction et les superviseurs connaissaient déjà le système des SIG et ont pu facilement adopter la version adaptée. De plus, grâce au modèle d’intégration des GEJ, les jeunes dans les groupes reçoivent les deux services l’un après l’autre ; par conséquent les données de tous les jeunes sont enregistrées dans un seul SIG.

Les ONG avaient aussi beaucoup d’expérience dans le suivi de la qualité de la formation animée par le personnel de terrain. En raison de la nature standardisée des Groupes d’épargne, le personnel de terrain a pu utiliser le même système de suivi que pour les adultes.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 21

Des jeux ou pas de jeux ?

Pendant les enquêtes qualitatives et les visites de suivi, un sujet de discussion commun est apparu à la fois en Équateur et au Mali. Les jeunes participants de tous les âges ont exprimé un degré de satisfaction élevé par rapport à l’éducation financière. Toutefois, le personnel de terrain a indiqué que les jeux pendant les séances d’éducation financière étaient trop puérils pour certains des jeunes les plus âgés, surtout ceux âgés de plus de 18 ans. Cet écart peut s’expliquer par la gêne que le personnel a pu ressentir pendant l’animation des jeux avec les jeunes les plus âgés. Cependant, comme la majorité des jeunes recevant l’éducation ont moins de 18 ans, les partenaires continuent d’animer les jeux pendant les séances d’éducation.

Résultats du programme et chiffres d’impactDans cette section, nous présentons les résultats au niveau du programme (nombre de jeunes dans l’éducation financière, nombre de jeunes ayant une épargne), et les chiffres d’impact au niveau du client (connaissances, comportements et attitudes des jeunes). Nous comparons aussi les résultats et nous proposons des éclairages visant à aider à comprendre les différences et les similitudes entre les trois approches différentes.

Résultats du programme Avec AIM Youth, Freedom from Hunger s’est fixé pour objectif d’offrir des services intégrés à 37 000 jeunes, dont 22 000 au Mali et 15 000 en Équateur. À la fin des activités de terrain, vers la fin 2013, le projet avait dépassé l’objectif fixé, avec près de 40 000 jeunes bénéficiant des services. Cependant les jeunes n’ont pas tous reçu les deux services pendant la mise en œuvre du projet. Cette situation se retrouve principalement en Équateur, où le nombre de jeunes ayant participé aux séances d’éducation financière est supérieur à celui des jeunes qui ont ouvert des comptes d’épargne. Le Tableau 11 présente une répartition détaillée des résultats sur la diffusion du programme, en établissant une distinction entre les jeunes qui ont participé à l’éducation financière et ceux qui ont une épargne, que ce soit sous la forme de comptes formels ou dans le cadre d’un GEJ.

Tableau 11. Ventilation des résultats sur la diffusion du programme - AIM Youth

Équateur Mali

Équateur

CEI + Éducation financière

Mali

CEG + Éducation financière

Mali

GEJ + Éducation financière

Objectif initial 15 000 4 600* 17 400

Nombre de CEINombre de membres

ayant des CEGNombre de membres de

GEJ**

Épargne des jeunes*** 6 441 2 606 24 070

Âgés de 13 à 17 ans 1 142 18 % 824 32 % 18 711 78 %

Âgés de 18 à 24 ans 5 299 82 % 1 782 68 % 3 899 16 %

Jeunes femmes 3 458 54 % 604 23 % 15 418 64 %

Jeunes hommes 2 983 46 % 2 002 77 % 8 652 36 %

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 22

Équateur Mali

Jeunes recevant l’éducation financière***

12 763 2 372 19 391

Âgés de 13 à 17 ans 11 305 89 %Non applicable

(les jeunes ayant une épargne et une éducation financière sont les mêmes)

Âgés de 18 à 24 ans 1 422 11 %

Jeunes femmes 6 389 50,1 %

Jeunes hommes 6 374 49,9 %

* L’objectif initial pour les CEG portait sur 2 400 jeunes contactés par le biais de Kondo Jigima, mais le partenariat a pris fin plus tôt que prévu. Nous avons inclus 344 jeunes qui ont participé aux CEG proposés par Kondo Jigima jusqu’en septembre 2012.

**Le chiffres des tranches d’âge pour les GEJ n’aboutissent pas à un total de 100 % car il y avait des jeunes dont l’âge était inférieur à 13 ou supérieur à 24 ans

***La répartition des données des CEI en Équateur ne sont disponibles que pour septembre 2013, alors que les données sur l’éducation financière en Équateur datent de décembre 2013

Le Tableau 12 présente le montant d’épargne total et moyen par modèle, avec une répartition supplémentaire par sexe et par âge pour l’Équateur L’approche de groupe au Mali ne permet pas de réaliser cette répartition supplémentaire car les groupes sont souvent composés à la fois d’hommes et de femmes et d’âges différents.

Tableau 12. AIM Youth—Épargne (au 30 septembre 2013)

Équateur

CEI

Mali

CEG

Mali

GEJ

Épargne totale 751 871 $ 8 222 $ 115 198 $

Épargne moyenne pour tous les jeunes 124,73 $ 3,19 $ 4,79 $

Épargne totale des jeunes âgés de 13 à 17 ans (pourcentage du total de l’épargne)

121 457 $ (16 %)

Données non disponibles

Épargne totale des jeunes âgés de 18 à 24 ans (pourcentage de toute l’épargne)

630 413 $ (84 %)

Épargne totale des jeunes femmes (pourcentage du total de l’épargne)

365 541 $ (49 %)

Épargne totale des jeunes hommes (pourcentage du total de l’épargne)

386 329 $ (51 %)

Épargne moyenne des jeunes âgés de 13 à 17 ans 106,36 $

Épargne moyenne des jeunes âgés de 13 à 17 ans 118,97 $

Épargne moyenne des jeunes femmes 105,71 $

Épargne moyenne des jeunes hommes 129,51 $

Remarque : Pour calculer les totaux et les soldes d’épargne moyens, les résultats aberrants ont été winsorisés au niveau de 0,1 %.

Résultats du programme en ÉquateurEn Équateur, la stratégie basée sur les écoles pour la fourniture de l’éducation financière explique la prévalence d’une cohorte plus jeune. Mais le nombre plus important de jeunes âgés de 18 à 24 ans qui ont ouvert un compte d’épargne souligne l’écart entre les jeunes qui ont reçu l’éducation et ceux qui ont réellement ouvert un compte. Il traduit aussi la difficulté permanente qu’il y a à faire la promotion de l’inclusion financière pour les jeunes mineurs. Les résultats indiquent que les jeunes qui ont participé à l’éducation financière pourrait à terme ouvrir un compte, une fois qu’ils auront atteint l’âge légal. Le fait d’attendre de pouvoir ouvrir un compte de façon autonome peut tenir au fait que les jeunes ne veulent pas faire la démarche supplémentaire d’obtenir la signature et le document d’identité de leurs parents ou ne veulent pas que leurs parents interviennent dans leur épargne.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 23

Si l’on regarde de plus près les tendances de croissance pour l’éducation financière par rapport à l’ouverture des comptes d’épargne, on obtient des indications supplémentaires. Le Diagramme 2 présente la croissance du nombre de jeunes qui ont participé aux séances d’éducation financière entre mars 2011 et septembre 2013 et la croissance dans le nombre de comptes d’épargne ouverts pendant la même période.

Diagramme 2 Croissance au niveau des comptes d’épargne et de l’éducation financière

0

1,000

2,000

3,000

4,000

5,000

6,000

Q1 2011

Q2 Q3 Q4 Q1 2012

Q2 Q3 Q4 Q1 2013

Q2 Q3 Q4

Croissance de l'éducation financière en Équateur !

Diffusion de l'EF - San Jose

Diffusion de l'EF -Cooprogreso

Diffusion de l'EF - SMB

Diffusion de l'EF - Santa Ana

0

1,000

2,000

3,000

4,000

5,000

6,000

Q1 2011

Q2 Q3 Q4 Q1 2012

Q2 Q3 Q4 Q1 2013

Q2 Q3 Q4

Croissance sur les comptes d'épargne en Équateur!

Nb comptes d'épargne - San Jose

6/23/20146/23/2014

Nb comptes d'épargne - SMB

Nb comptes d'épargne - Santa Ana

Ces diagrammes mettent en lumière une tendance principale, à savoir la stratégie adoptée par l’une des coopératives d’épargne et de crédit, celle de San José. Cette coopérative d’épargne et de crédit figurait parmi les premiers partenaires de mise en œuvre qui ont commencé à proposer des services au début 2011. Pendant la première phase du projet AIM Youth, les coopératives équatoriennes étaient très inquiètes à l’idée de ne pas tenir les délais du projet pour l’éducation financière, car c’était le volet qui semblait le plus difficile à réaliser. On a par conséquent beaucoup insisté sur l’animation des séances d’éducation, mais cette priorité a eu un effet de ralentissement sur la capacité des institutions financières à ouvrir des comptes d’épargne. Par la suite, les coopératives d’épargne et de crédit, en particulier San José, ont rectifié cette approche en réduisant le temps consacré par le personnel de terrain à l’éducation. Ce changement a permis au personnel de se concentrer sur la promotion de l’adoption et de l’utilisation des comptes d’épargne individuels ainsi que d’autres produits plus rentables pour les adultes. La stratégie les a aidés à fortement augmenter l’adoption des services d’épargne par les jeunes.

Le solde d’épargne total élevé pour le CEI reflète probablement le profil des jeunes qui ont adopté les comptes. En effet, en Équateur, ce sont des jeunes plus âgés, avec des revenus disponibles probablement supérieurs, qui ont ouvert les comptes d’épargne. De plus, certaines des coopératives d’épargne et de crédit ont fait une promotion active des dépôts d’épargne par la mise en œuvre d’une messagerie texte et du système d’épargne à distance. Il est intéressant de remarquer que les jeunes de la tranche d’âge inférieure (13 à 17 ans) avaient un solde moyen presque aussi élevé que ceux de la tranche supérieure (18 à 24 ans). Ceci pourrait être le résultat des dépôts souvent effectués sur les comptes d’épargne de jeunes par leurs parents, qui déposent probablement des sommes plus importantes que les jeunes eux-mêmes (voir Encadré 10).

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Le rôle des innovations technologiques

Les deux innovations technologiques adoptées par les coopératives d’épargne et de crédit équatoriennes sont susceptibles d’apporter des bénéfices à la fois à l’institution (en augmentant les soldes) et les jeunes (en les aidant à épargner), mais il n’existe actuellement que peu de données pour quantifier cet impact.

Bien que la technologie n’existe que depuis peu dans le programme AIM Youth en Équateur, et que les coopératives d’épargne et de crédit ne disposent pas d’un système pour suivre l’épargne enregistrée à distance ou résultant directement de la messagerie texte, nous disposons bien d’informations sur la perception de l’impact obtenu par les moyens technologiques.

Dans le cadre de l’enquête approfondie menée auprès des jeunes (n=26) et du personnel (n=10), les jeunes qui ont reçu des SMS sur l’éducation financière ont indiqué qu’ils avaient lu le message et que cela leur avait rappelé d’épargner. Mais seuls quelques jeunes ont indiqué qu’ils avaient épargné immédiatement après avoir reçu le message. Nous avons aussi appris que ce système soulevait une difficulté particulière : certains des jeunes mineurs ne recevaient pas leurs messages car l’application du compte enregistre souvent le numéro de téléphone du cosignataire (souvent un parent) au lieu de celui du jeune.

En termes de mobilisation de l’épargne à distance grâce aux smartphones, environ la moitié des jeunes qui ont accédé à ce système ont déclaré qu’ils faisaient des dépôts à distance. Dans les entretiens avec le personnel de terrain, nous avons appris que quand ils faisaient leur tournée habituelle pour enregistrer les dépôts en utilisant un smartphone pour les comptes d’épargne programmés (en général d’adultes), ils faisaient aussi la promotion des comptes d’épargne de jeunes. Cette stratégie leur a permis d’enregistrer l’épargne pour les comptes de jeunes. Cependant ces dépôts étaient souvent réalisés par les parents qui sont à la maison ou dans leur entreprise. Les jeunes n’étaient pas toujours à la maison pendant ces visites.

Comme le suggère Zimmerman et al. dans l’étude sur la technologie et l’épargne, les innovations technologiques peuvent « catalyser l’inclusion financière pour les jeunes dans les pays en développement... [et] accroître la capacité financière des jeunes. » Toutefois il existe encore de nombreuses difficultés qui doivent être surmontées pour optimiser l’efficacité de ces innovations. 43

Résultats du programme au MaliAvec les approches basées sur des groupes au Mali, les groupes qui ont reçu l’éducation étaient les mêmes que ceux qui participent aux GEJ ou aux CEG. Les chiffres présentés pour l’éducation sont légèrement inférieurs à ceux de l’épargne en raison d’un délai entre les opérations. Avec les approches de groupes formels et non formels au Mali, le personnel a d’abord organisé les jeunes en groupes d’épargne, soit un processus de près de trois mois, et a par la suite animé les séances d’éducation financière. Avec cette approche par étapes, certains groupes ont été créés vers la fin du projet qui avaient été créés vers la fin du projet n’avaient pas encore participé aux séances d’éducation.

Au Mali, ce sont les GEJ qui ont enregistré la diffusion la plus large : 61 % du total des participants au programme dans les deux pays.44 Cette importante diffusion traduit la stratégie de mise en œuvre de la création de GEJ dans des villages où il y avait déjà des Groupes d’épargne d’adultes. Les anciens du village et les parents qui connaissaient déjà le produit d’épargne et étaient convaincus de ses bénéfices ont encouragé et soutenu la participation de leurs enfants.

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Les participants aux GEJ sont situés principalement dans la tranche d’âge inférieure de la cohorte (78 %). Ceci tient probablement au fait que ces jeunes sont toujours dans leur foyer et disponibles pour participer à des Groupes d’épargne. Les jeunes femmes plus âgées sont probablement mariées et participent déjà à un Groupe d’épargne d’adultes, ou ne peuvent y participer en raison de leurs responsabilités dans leur foyer, alors que les jeunes hommes plus âgés ont peut-être émigré pour le travail.

En termes de sexe, les GEJ ont eu le plus de succès avec les jeunes femmes (64 %), même si ceci n’est pas vraiment surprenant dans la mesure où la méthodologie est une adaptation d’une stratégie de microfinance communautaire ciblant principalement les femmes. Mais les 46 % de participation de jeunes hommes suggèrent aussi qu’il existe pour ce segment un besoin non couvert de mécanisme d’épargne sûr, basé sur des groupes.

Quand ils ont eu la possibilité de créer leurs propres Groupes d’épargne, les jeunes se sont portés volontaires pour rejoindre les groupes, et de nombreux groupes ont été composés à la fois de jeunes hommes et de jeunes femmes (50 % des groupes étaient mixtes). Le personnel du programme a rapporté que la participation conjointe des jeunes hommes et des jeunes femmes avait renforcé un sentiment d’égalité chez les femmes. De la même façon, de nombreux groupes de jeunes ont déclaré qu’ils n’avaient pas de problèmes avec les groupes mixtes, et certains jeunes, notamment des jeunes hommes, ont indiqué qu’il était plus facile de gérer les jeunes femmes que les jeunes hommes, et qu’ils préféraient donc avoir des groupes mixtes. Certains groupes uniquement composés de jeunes femmes ont indiqué qu’elles n’aimeraient pas être dans un groupe mixte. Cependant, il semble qu’il y ait un biais lié au volontariat - les groupes qui avaient de l’expérience en tant que groupes mixtes ne voyaient pas de problèmes dans le fait de mélanger les deux sexes, alors que les jeunes qui faisaient partie de groupes de même sexe ont dit qu’ils n’aimeraient pas faire partie d’un groupe mixte.45

Les jeunes des zones urbaines ayant des CEG étaient principalement plus âgés et de sexe masculin, car ce sont en général ces jeunes qui vont dans les centres de formation professionnelle, où la plupart des activités de promotion et de création de groupes sont réalisées. Il est possible que les jeunes femmes rencontrent plus de difficultés pour se rendre dans un centre urbain, en particulier dans les environnements où les jeunes femmes peuvent avoir plus d’obligations liées à leur foyer.

Comparaison des résultats du programmeBien que chacun des modèles ait été fourni en utilisant des stratégies de diffusion complètement différentes (des écoles en Équateur, des centres de formation professionnelle dans les zones urbaines au Mali, des villages dans les zones rurales au Mali), on observe des similitudes intéressantes, ainsi que des différences clés.

Par exemple, en termes de détention de comptes d’épargne, les coopératives d’épargne et de crédit à la fois en Équateur et au Mali avaient des profils d’âges similaires, et la majorité des titulaires de comptes étaient âgés de plus de 18 ans (81 % et 68 % respectivement pour l’Équateur et le Mali). Mais on a observé de très nettes différences entre les deux sexes, avec 54 % de jeunes femmes participantes dans les coopératives d’épargne et de crédit en Équateur et seulement 23 % au Mali.

De plus, il est intéressant de noter que l’expérience de Nyèsigiso, qui n’a pas pu atteindre les jeunes les moins âgés par le biais des écoles, contraste fortement avec l’expérience des coopératives d’épargne et de crédit en Équateur. Les jeunes dans les deux pays devaient probablement quitter les locaux de l’école juste après la fin des cours de la journée ; pourtant, les jeunes équatoriens ont participé à l’éducation financière pendant les heures d’école, alors que les réunions pour les CEG au Mali auraient été organisées après les heures de cours car les écoles ne permettaient pas aux jeunes ayant des CEG de se réunir pendant les heures d’école.

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Les soldes d’épargne des CEG sont les plus faibles des trois modèles. Ceci pourrait tenir à plusieurs raisons. D’abord, selon les données de l’enquête initiale présentées plus haut (Tableau 5), les niveaux de revenus des jeunes maliens (à la fois dans les zones urbaines et rurales) sont nettement inférieurs à ceux des jeunes équatoriens. De plus, les CEG ont des frais d’ouverture et de gestion qui représentent au total environ 8 $, ce qui peut réduire les montants initialement accumulés par le groupe. Les groupes ayant des CEG ont aussi commencé 6 à 9 mois après que les GEJ ont commencé à épargner. Enfin, il est possible que les jeunes ne placent pas la totalité de leur épargne potentielle sur le compte. Selon les journaux financiers réalisés avec les membres ayant des CEG, le montant médian de l’épargne totale a augmenté de 40 à 50 $ (sans inclure le bétail).46

Les deux stratégies différentes mises en œuvre au Mali ont aussi enregistré des résultats très différents, dont certains étaient prévus. D’abord, beaucoup plus de jeunes ont participé aux GEJ. Ceci tient en partie à la structure de financement, dans laquelle plus de fonds ont été mis à disposition pour la mise en œuvre des GEJ que pour les CEG. Mais même si l’on prend en compte la différence en termes de financement, les GEJ ont réussi à atteindre plus de jeunes. Le financement pour les GEJ était cinq fois supérieur à celui destinés aux CEG formels, mais les GEJ ont réussi à atteindre près de dix fois plus de jeunes. Pour comprendre cette situation, on peut aussi faire remarquer que le coût moyen par personne pour créer les GEJ et animer l’éducation financière est deux fois inférieur à celui nécessaire pour encourager les jeunes à ouvrir un CEG et fournir l’éducation financière. Le Tableau 13 met ces différences en lumière.

Tableau 13. Comparaison des approches utilisant des groupes formels et non formels au Mali

GEJ CEGRatio approx.

entre les GEJ et les CEG

Nombre de jeunes participants 24 070 2 646 10:1

Montant du financement 765 456,00 $ 153 353,00 $ 5:1

Coût moyen par jeune 31,80 $ 57,96 $ 1:2

Chiffres d’impactFreedom from Hunger a fait l’hypothèse que, sur le court terme, les jeunes participant à la fois à l’éducation financière et à un service d’épargne amélioreraient : leurs connaissances et leurs attitudes relatives à l’épargne et à la gestion de l’argent, leur capacité à faire face aux événements du cycle de vie, leur capital social, leur confiance en soi et leur autonomisation ainsi que leur capacité socio-financière. Mais la théorie suggère aussi que le développement des compétences de gestion de l’argent pendant l’adolescence pourrait aboutir à des résultats à long terme comme un niveau plus élevé d’engagement économique et civique et une meilleure sécurité alimentaire à plus long terme pour leur foyer à mesure que les jeunes deviennent adultes. Pour tester cette théorie, Freedom from Hunger a mis en œuvre un programme de recherche en plusieurs volets, incluant des méthodes d’enquête qualitatives et quantitatives. Avec les différentes méthodes, nous avons pu recouper et mieux comprendre certains des résultats.

ÉquateurEn Équateur, les jeunes qui ont participé à l’éducation financière et qui ont ou n’ont pas ouvert de compte d’épargne (groupe de traitement) étaient plus susceptibles que le groupe témoin, de :47

� déclarer avoir une épargne en général ;

� avoir de meilleures connaissances sur la gestion de leur compte d’épargne ;

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� déclarer des montants d’épargne totale et d’épargne d’urgence plus élevés ;

� déclarer épargner plus proportionnellement au montant d’argent qu’ils recevaient ;

� se sentir satisfaits de leurs montants d’épargne et plus motivés à épargner ;

� se sentir moins angoissés à l’idée de devoir couvrir leurs frais scolaires et les dépenses du ménage, et

� adopter assez tôt les CEI pour les jeunes si leurs parents étaient déjà membres des coopératives.

Le Tableau 14 présente certains résultats en termes d’épargne issus de l’enquête initiale et de l’enquête finale pour le groupe de traitement et le groupe témoin.

Tableau 14. Connaissances et comportements d’épargne — Enquête initiale/ Enquête finale et Groupe de traitement/ Groupe témoin

Indicateur

Enquête initiale

Enquête finale

Groupe de traitement

Groupe témoin

Groupe de traitement

Groupe témoin

n=138 n=138 n=134 n=136

Ont une épargne (n’importe où) 76,10* 65,20 78,4 %** 61,8 %

Ont un compte d’épargne auprès de Cooprogreso ou de San José

— — 27,2 % 38,2 %

Épargner de l’argent chez eux 43,50 % 36,2 % 58,2 %^,*** 30,2 %

Montant moyen d’épargne total 59,53 $ 69,25 $ 78,00 $* 73,10 $

Jeunes déclarant que leurs parents épargnent auprès d’une coopérative

46 % 40 % 41,8 % 32,4 %

Connaissent les 5 conditions préalables pour ouvrir un compte d’épargne (document d’identité des parents, carte d’électeur, facture, document d’identité personnel, photographie)

10,9 % 15,2 % 32,8 %***,^^^ 16,2 %

n=88 n=68 n=57 n=56

Parents indiquant épargner auprès de Cooprogreso ou de San José48 21 % 26 % 61 %^^^,*** 21 %

Différence significative entre les résultats du groupe de traitement et du groupe témoin : * p≤0,05, **p≤0,01, ***p≤0,001 Différence significatives entre les données initiales et données finales : ^ p≤0,05, ^^ p≤0,01, ^^^ p≤0,001

Bien que le groupe de traitement ait enregistré une plus forte amélioration des connaissances relatives aux conditions requises pour ouvrir un compte d’épargne, le groupe témoin était tout aussi susceptible d’ouvrir un compte d’épargne. Diverses raisons plausibles peuvent être citées pour expliquer cette situation paradoxale. D’abord, bien que le groupe de traitement soit le seul à avoir participé aux séances d’éducation financière, tous les jeunes, tant du groupe de traitement que du groupe témoin, pouvaient techniquement ouvrir un compte d’épargne. Quand le groupe de traitement et le groupe témoin ont été définis avant l’enquête initiale, les coopératives d’épargne et de crédit n’avaient pas encore conçu de stratégie communautaire, car on a d’abord pensé que l’éducation financière jouerait un rôle de promotion. Mais, comme les coopératives d’épargne et de crédit ont mis les comptes à disposition de l’ensemble de la communauté, il est très probable que le groupe témoin ait entendu parler des comptes d’épargne de jeunes au travers de la promotion active des comptes d’épargne. En fait, 43 % des jeunes du groupe témoin ont aussi entendu parler du compte d’épargne par le biais des enquêteurs chargés de la collecte de données. Enfin, le groupe témoin était légèrement plus âgé lors de l’enquête initiale que le groupe de traitement ; il était par conséquent plus facile pour ses membres d’ouvrir un compte dans la mesure où ils n’avaient pas besoin d’un cosignataire adulte.

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Si le groupe de traitement n’était pas plus susceptible d’ouvrir un compte d’épargne que le groupe témoin, le fait que ces jeunes avaient des montants d’épargne plus importants en général suggère que l’éducation financière a probablement joué un rôle en aidant les jeunes à réfléchir plus à l’avantage d’avoir une épargne et d’accumuler de plus grandes sommes d’argent au fil du temps.49

Ces conclusions laissent aussi penser que même si l’éducation financière semble jouer un rôle en renforçant les connaissances et en faisant la promotion de comportements financiers positifs, l’ouverture d’un compte d’épargne formel exige plus que des connaissances et des compétences. Les jeunes âgés de plus de 18 ans peuvent être dans une position où il est plus facile d’ouvrir un compte, peut-être pour une combinaison de raisons : parce qu’ils sont plus en mesure d’avoir des revenus (plus d’argent en jeu), parce qu’ils n’ont pas à respecter les conditions supplémentaires astreignantes consistant à avoir un parent cosignataire, et peut-être parce qu’ils ne souhaitent pas qu’un parent ou un autre adulte intervienne dans leur épargne.50

Une question importante à laquelle il faudra répondre est de savoir quel rôle les parents ont réellement joué dans le choix par les jeunes d’ouvrir ou non un compte d’épargne, ou dans quelle mesure il y a pu y avoir une vente croisée, dans laquelle les jeunes ont convaincu leurs parents d’ouvrir un compte. Les données qualitatives ont conclu que les jeunes qui ont ouvert des comptes d’épargne avaient reçu un soutien de leurs parents, alors que ceux qui n’ont pas ouvert de compte ont indiqué que leurs parents ne les avaient pas aidé à ouvrir un compte. Par conséquent, l’implication des parents devient un facteur beaucoup plus important que les conditions d’ouverture d’un compte. De plus, quand il a été demandé aux jeunes ayant des comptes qui, de leurs parents ou d’eux-mêmes avaient eu un compte en premier, la majorité (92 %) ont indiqué que leurs parents avaient eu un compte en premier, ce qui suggère que l’expérience des parents dans les opérations bancaires joue un rôle dans la capacité ou la motivation des jeunes à ouvrir un compte d’épargne. Par conséquent, il semble que le fait de venir d’un foyer où les parents ont déjà un compte augmente la probabilité qu’un jeune ouvre un compte et amène probablement les jeunes à mieux comprendre les avantages de l’ouverture d’un compte.51

Encadré 7. L’éducation financière dans deux contextes différents

Même si le processus de conception de l’éducation financière était identique dans les deux pays, les différences culturelles et géographiques ont bien sûr abouti à des objectifs distincts. Au Mali, les jeunes ont déjà des objectifs d’épargne très précis, mais disposent d’options d’épargne limitées. Ils sont également soumis à des fluctuations financières liées au cycle agricole. L’éducation financière a par conséquent visé à donner aux jeunes des compétences et à renforcer leur confiance dans leur capacité à planifier leur avenir, planifier pour les périodes difficiles et identifier des lieux sûrs où épargner. En Équateur, les jeunes ont un revenu discrétionnaire supérieur et, de ce fait, ils dépensent plus d’argent pour des articles non essentiels. Même si la plupart veulent épargner pour leurs études, ils n’ont pas tous un objectif financier clair à l’esprit, et l’éducation vise par conséquent à les aider à faire la distinction entre leurs besoins et leurs désirs, et à établir des objectifs d’épargne à court et à long terme.

Si les objectifs d’apprentissage étaient différents, la même méthodologie a été utilisée, avec des méthodes basées sur le dialogue, dynamiques et participatives. Cependant, au fil du temps, il est apparu que le programme est davantage apprécié par la cohorte la plus jeune (13 à 17 ans) que par la fraction la plus âgée de celle-ci (18 à 24 ans). Certains jeunes plus âgés et certains membres du personnel ont estimé que les activités sont trop puériles et que le contenu est trop rudimentaire, mais ce point de vue n’est pas général. Les jeunes les plus âgés ont exprimé un fort désir d’en apprendre davantage sur la façon de lancer leurs propres entreprises et comment obtenir et gérer un prêt.

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MaliAu Mali, nous avons trouvé des éléments démontrant que :52

� Les jeunes participants déclarent des montants d’épargne totale plus élevés, notamment une valeur plus élevée de leur bétail

� Les améliorations dont les jeunes ont bénéficié en termes d’épargne, d’attitudes financières et de connaissances financières ont été maintenues malgré un coup d’État qui a eu lieu pendant la durée du projet

� Les objectifs d’épargne pour les jeunes hommes comme les jeunes femmes ont évolué au fil du temps, passant des vêtements à des objectifs plus productifs, comme le bétail, les situations d’urgence et leur trousseau de mariage (pour les jeunes femmes).

� Les jeunes ont fortement apprécié l’éducation financière ; ils ont estimé qu’elle était précieuse car elle les aide à planifier pour l’avenir, à moins gaspiller et à mieux gérer leur argent.

� On constate des améliorations plus importantes des indicateurs portant sur les connaissances et attitudes financières pour les membres des GEJ que pour les membres ayant un CEG ; toutefois, les membres des GEJ avaient un important besoin d’amélioration.

� Globalement, le programme au Mali a permis d’atteindre plus de jeunes vivant dans la pauvreté au travers des GEJ que des CEG, car l’approche des GEJ a ciblé les zones rurales, où vivent une proportion plus importante de jeunes vivant dans la pauvreté.

Le Tableau 15 présente certains résultats en termes d’épargne issus de l’enquête initiale et de l’enquête finale pour le groupe de traitement et le groupe témoin.

Tableau 15. Résultats d’épargne sélectionnés

Groupe de traitement Groupe témoin

IndicateurEnquête initiale

Enquête finale

Enquête initiale

Enquête finale

Épargnez-vous pour quelque chose de précis ? 90 % 85 % 91 % 35 %***

Dans quelle mesure êtes-vous confiant dans le fait que vous pourrez épargner assez d’argent pour réaliser votre objectif d’épargne ? (Très confiant)

70 % 67 % 67 % 47% *

Avez-vous une épargne en liquide distincte exclusivement pour des périodes difficiles (comme une situation d’urgence) ?

28 % 23 % 25 % 16% *

Différence significative entre les résultats de l’enquête initiale et de l’enquête finale : * p ≤ 0,1 (10 %), ** p ≤ 0,05 (5 %), *** p ≤ 0,01 (1 %)

Bien qu’il ne soit pas statistiquement significatif, le pourcentage plus élevé de membres du groupe de traitement ayant un objectif d’épargne pourrait refléter l’impact de l’éducation financière, dans laquelle ils établissent des objectifs d’épargne et des stratégies pour les réaliser. Au fil du temps, les objectifs d’épargne pour les jeunes hommes et les jeunes femmes ont changé, les deux montrant une préférence accrue pour l’épargne destinée au bétail ; toutefois la préférence globale des jeunes femmes allait à leur trousseau de mariage et pour les hommes à l’épargne pour les situations d’urgence.

Même s’il n’est pas possible de déterminer dans quelle mesure l’instabilité politique au Mali a affecté les jeunes des zones rurales, certains résultats apportent une indication potentielle sur l’évolution du groupe de traitement et du groupe témoin pendant le conflit. Pour un certain nombre d’indicateurs, les deux groupes

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ont connu une baisse en termes de comportements financiers positifs. Cependant, le groupe de traitement a souvent enregistré une réduction moins importante que le groupe témoin, ce qui démontre une meilleure résilience face à des incertitudes politiques. Alors que les résultats de l’enquête initiale sur la capacité à mettre de l’argent de côté pour les périodes difficiles étaient similaires entre le groupe de traitement et le groupe témoin, la pratique était moins courante pour le groupe témoin lors de l’enquête finale. De plus, le montant médian que le groupe de traitement a mis de côté pour les périodes difficiles (5 $) est supérieur à celui du groupe témoin (2,50 $). Enfin, le nombre de ceux qui ont investi dans le bétail pour les périodes difficiles a baissé à la fois dans le groupe de traitement et le groupe témoin, et la baisse est plus importante pour le groupe témoin.

La démonstration de la résilience du groupe de traitement est également apparente dans de nombreux résultats liés aux attitudes enregistrés lors de l’enquête finale. Les résultats de l’enquête finale présentés dans le Diagramme 3 démontrent que, à la fin de l’étude, le groupe de traitement est plus confiant et a de meilleures perspectives que le groupe témoin sur des aspects tels que la confiance dans les autres, la difficulté d’épargner, la nécessité d’épargner, les objectifs d’épargne, la confiance dans la capacité à atteindre les objectifs d’épargne et à conserver son argent dans des lieux sûrs. Ce que le graphique n’indique pas, c’est que pour un grand nombre de ces résultats, on a observé une baisse statistiquement significative entre les résultats de l’enquête initiale et ceux de l’enquête finale pour le groupe témoin, une baisse qui a pu être évitée par le groupe de traitement. Même si les résultats du groupe de traitement n’ont pas forcément augmenté de façon significative au fil du temps de façon autonome, en moyenne ce groupe a pu rester confiant, alors qu’il y avait une perte de confiance dans le groupe témoin. Ces résultats suggèrent que le programme a apporté aux participants au groupe de traitement une capacité à faire face aux bouleversements politiques supérieure à celle des membres du groupe témoin.

Diagramme 3. Attitudes financières des jeunes dans les zones rurales au Mali

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Je fais confiance aux gens dans ma communauté!

Je confierais de l'argent à quelqu'un qui le garderait pour

moi!

Il est trop difficile d'épargner pour plus

d'un mois (désaccord)!

Il n'est pas nécessaire d'épargner quand on vit à la maison avec

sa famille (désaccord)!

J'ai pour objectif d'épargner pour quelque-chose

d'important à l'avenir!

Je pourrai épargner assez d'argent pour réaliser mon objectif!

Je ne garde mon argent que dans des

lieux sûrs!

Traitement! Témoin!

Les principaux obstacles à l’accès aux GEJ et aux CEG et à leur utilisation tiennent cependant au fait de ne pas avoir d’argent à épargner et à l’émigration. Parmi les inconvénients de l’épargne pour les membres des CEG, il y a le fait de ne pas pouvoir participer chaque semaine, la difficulté de trouver assez d’argent pour épargner chaque semaine, et le processus de prise de décisions sur l’argent en tant que groupe.

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Comparaison des chiffres d’impactEn termes d’impact, on observe quelques tendances communes à tous les modèles, la plus significative étant que l’épargne totale s’est améliorée pour les participants dans les deux pays. Bien que les jeunes participants en Équateur n’aient pas tous ouvert un compte d’épargne, les données indiquent qu’ils épargnaient plus en général.

En outre, malgré des différences dans les indicateurs financiers de l’enquête initiale pour les données à la fois de l’Équateur et du Mali, lors de l’enquête finale, les jeunes femmes ont obtenu des bénéfices et épargné des montants similaires à ceux des jeunes hommes (quand elles étaient associées d’une façon équivalente aux programmes). Même si les jeunes les plus âgés ont épargné des montants supérieurs à ceux des jeunes les moins âgés, tant lors de l’enquête initiale que de l’enquête finale, les jeunes les moins âgés ont toujours épargné une proportion plus importante du montant d’argent qu’ils recevaient (par rapport aux jeunes plus âgés) au cours des deux enquêtes.

Nous savons notamment que tous les jeunes participants ont apprécié l’éducation financière. Au Mali comme en Équateur, les jeunes ont apprécié l’éducation financière car elle était très différente du type d’éducation qu’ils recevaient dans les écoles. Cela les a également encouragé à réfléchir à leur propre avenir financier. Les Maliens pensaient que l’éducation financière était précieuse car elle leur a permis d’être respectés par leurs familles, elle les a aidés à planifier pour l’avenir, à moins gaspiller et à mieux gérer leur argent.

En terme de différences clés, les jeunes dans les Groupes d’épargne au Mali avaient tendance à épargner de l’argent régulièrement, alors que les jeunes en Équateur déclaraient épargner moins fréquemment (voir Tableau 16). La différence entre la fréquence d’épargne en Équateur et au Mali est très probablement due à la structure des GEJ, dans laquelle les jeunes se sont réunis chaque semaine et ont été encouragés par la dynamique du groupe à épargner régulièrement.53En outre, selon les données qualitatives du Mali, les parents ont souvent aidé leurs enfants à effectuer leur contribution d’épargne hebdomadaire. Certains jeunes ont même déclarés qu’ils avaient été obligés d’abandonner le GEJ quand leurs parents n’ont plus été en mesure de leur donner de l’argent pour l’épargne du groupe.54

Même si les jeunes Équatoriens se sont retrouvés régulièrement pendant les sept réunions sur l’éducation financière, il n’y a pas eu de dispositif régulier intégré pour promouvoir l’épargne en dehors des visites d’animateurs ultérieurement, qui n’ont plus eu lieu régulièrement après la fin des séances d’éducation financière. De plus, les jeunes n’ont pas tous pu faire des dépôts d’épargne en Équateur pendant la visite du personnel de terrain des coopératives d’épargne et de crédit, soit parce qu’ils n’avaient pas de compte ouvert, soit parce que le personnel ne disposait pas du smartphone nécessaire pour l’enregistrement de l’épargne à distance.

Tableau 16. Fréquence de l’épargne

Indicateur Groupe de traitement

Groupe témoin

Mali - Proportion de l’argent épargné pendant la plupart des semaines 65 %* 16 %***

Équateur - Proportion épargnée chaque semaine ou chaque jour 9 % 16 %

Différence significative entre les résultats du groupe de traitement et du groupe témoin : *p≤0,1 (10 %), **p≤0,05 (5 %), ***p≤0,01 (1 %)

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Viabilité de la fourniture de services intégrés Du fait de la nature distincte des trois approches, la viabilité doit également être définie différemment, surtout lorsque l’on compare un service d’épargne formel à un service non formel. Sur la base des approches qui ont été mises en œuvre en Équateur et au Mali, il existe différentes dimensions à prendre en considération dans l’évaluation de la viabilité : viabilité financière pour les services financiers formels et viabilité au niveau communautaire pour les services non formels.

Viabilité des services financiers formels Bien que l’assistance technique et le partenariat financier aient pris fin en décembre 2013, toutes les coopératives d’épargne et de crédit participant à l’initiative AIM Youth ont indiqué qu’elles comptent poursuivre la fourniture des services. La décision de poursuivre, cependant, dépend de la viabilité financière potentielle des services. Pour les coopératives de crédit, les produits d’épargne destinés aux jeunes ne sont probablement pas rentables en eux-mêmes à court terme (un à trois ans), mais certains éléments récents semblent démontrer une viabilité financière quand une institution envisage la rentabilité des jeunes titulaires de comptes à moyen et long terme (trois à cinq ans).55

Freedom from Hunger a réalisé une étude des coûts et des recettes des services destinés aux jeunes offerts par trois partenaires AIM Youth (en Équateur, San José et Cooprogreso ; au Mali, Nyèsigiso).56 Les Tableaux 17 à 19 présentent les projections financières à long terme pour ces trois institutions, sur la base des dépenses et des revenus déclarés à ce jour pour les comptes d’épargne de jeunes et l’éducation financière, et la croissance estimée par les institutions financières au cours des cinq prochaines années.

Tableau 17. Projections de la rentabilité des services destinés aux jeunes de Nyèsigiso

Organisations 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Déficit/excédent net (31 828 $) (31 936 $) (32 918 $) (33 899 $) (7 527 $) 22 533 $ 72 809 $

Déficit/excédent cumulé

(31 828 $) (63 764 $) (96 682 $) (130 582 $) (138 108 $) (115 575 $) (42 766 $)

Source : Basé sur des données recueillies auprès des PSF.

Tableau 18. Projections de la rentabilité des services destinés aux jeunes de Cooprogreso

Organisations 2012 2013 2014 2015 2016 2017* 2018

Déficit/excédent net (19 392 $) (12 645 $) 16 312 $ 27 427 $ 9 332 $ (6 971 $) 2 072 $

Déficit/excédent cumulé

(19 392 $) (32 037 $) (15 725 $) 11 702 $ 21 034 $ 14 063 $ 16 135 $

Source : Basé sur des données recueillies auprès des PSF *Une stratégie de croissance agressive accompagnée d’un personnel supplémentaire entraîne un déficit en 2017 qui nous l’espérons, sera réduit par la direction de Cooprogreso à la suite de cette analyse..

Tableau 19. Projections de la rentabilité des services destinés aux jeunes de San José

Organisations 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Déficit net/excédent

(29 243 $) (17 176 $) (8 100 $) 36 159 $ 54 056 $ 65 883 $ 82 668 $ 76 099 $

Déficit net/excédent

(29 243 $) (26 419 $) (54 520 $) (18 360 $) 35 696 $ 101 579 $ 174 247 $ 250 347 $

Source : Basé sur des données recueillies auprès des PSF.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 33

Selon ces projections, les services proposés par les coopératives d’épargne et de crédit en Équateur sont plus susceptibles d’atteindre leur seuil de rentabilité à moyen terme, alors que les services fournis par la fédération de coopératives d’épargne et de crédit au Mali atteindront leur seuil de rentabilité plusieurs années après les coopératives d’épargne et de crédit équatoriennes.

La principale différence observée en termes de revenus supérieurs dans la projection des coopératives d’épargne et de crédit équatoriennes est le résultat de plusieurs facteurs :

� Les coopératives de crédit équatoriennes devraient atteindre leur seuil de rentabilité à moyen terme en raison de leur stratégie de fourniture, dans laquelle les membres du personnel consacrent un pourcentage relativement limité de leur temps à l’éducation, et une plus grande proportion de temps à la promotion des comptes de jeunes ainsi qu’à d’autres produits pour les adultes. Il ne s’agit pas nécessairement d’une stratégie de vente croisée pour atteindre les adultes au travers des jeunes (les données AIM Youth indiquent que cela n’arrive probablement pas très souvent). Il s’agit plutôt d’affecter une plus grande partie du temps du personnel de terrain aux produits associés à un meilleur rendement, ce qui permet à l’institution financière de financer indirectement ses services destinés aux jeunes.

� Cooprogreso et San José collectent des montant d’épargne nettement supérieurs à ceux de Nyèsigiso ; ces fonds peuvent générer des recettes beaucoup plus élevées grâce aux activités de prêts.

� Cooprogreso et San José comptent générer des recettes à partir de la vente croisée de prêts aux jeunes plus tôt que Nyèsigiso. Compte tenu des soldes élevés enregistrés pour les comptes d’épargne individuels des jeunes, les coopératives d’épargne et de crédit équatoriennes ont hâte de pouvoir davantage exploiter le marché des jeunes avec des produits plus rentables. En revanche, Nyèsigiso n’est pas tout à fait prêt à accorder des prêts aux jeunes, en particulier parce que les jeunes ont des revenus inférieurs et ne pourraient prendre que des prêts très limités.

� Les montants moyens des prêts qui pourraient faire l’objet d’une vente croisée aux parents des jeunes devraient être nettement plus élevés en Équateur qu’au Mali.

� Nyèsigiso doit supporter une proportion plus élevée de coûts salariaux, ce qui traduit l’approche de fourniture de services de CEG, qui exige plus de personnel.

Les données recueillies en Équateur montrent que les jeunes participants épargnent 6,7 % de plus que les jeunes qui ne participent pas (78 $ pour les participants contre 73,10 $ pour les autres), un résultat qui est donc statistiquement significatif.57 En effet, un investissement dans l’éducation financière pourrait contribuer à une plus grande accumulation de l’épargne et aboutir à une meilleure compétence des clients de produits financiers. Ensemble, ces éléments contribuent à la viabilité à long terme des services à la fois en termes de viabilité financière mais aussi de réalisation des objectifs sociaux à long terme des coopératives d’épargne et de crédit. Les coopératives d’épargne et de crédit en Équateur acceptent le rendement insuffisant des investissements dans les services destinés aux jeunes sur le court terme parce que la fourniture d’une éducation financière est maintenant devenue partie intégrante de leur stratégie de diffusion et de leur responsabilité sociale d’entreprise.

Au Mali, la viabilité financière de l’approche de groupe est plus complexe. D’une part, le compte de groupe permet aux jeunes d’épargner collectivement plus d’argent qu’une personne seule, mais le personnel consacre considérablement plus de temps à organiser les jeunes en groupes, à animer le processus d’ouverture de compte et à fournir une assistance continue aux groupes. Le Diagramme 4 présente la proportion du temps du personnel et des autres coûts pour les trois partenaires de mise en œuvre AIM Youth inclus dans l’étude des coûts.58

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 34

Diagramme 4. Structure de coûts des partenaires – 2012

0.00%

10.00%

20.00%

30.00%

40.00%

50.00%

60.00%

70.00%

80.00%

90.00%

100.00%

Nyesigiso Cooprogreso San-Jose

Coûts d'investissement

Intérêt

Market/Adm

Transport

Salaires

Avec les CEG, Nyèsigiso misait fortement sur des recettes générées par les frais d’ouverture et de gestion des comptes (40 % du total des recettes en 2012, 51 % en 2013). Pourtant, ces montants sont toujours modestes (1 245 $ en 2012, 2 114 $ en 2013), étant donné le petit nombre de comptes à Nyèsigiso. En outre, selon les projections financières, la proportion des recettes issues des frais de gestion de compte s’abaissera de 10 % à mesure que les recettes issues de la vente croisée aux jeunes et à leurs réseaux de produits plus rentables augmentera au fil du temps (jusqu’à plus de 90 % d’ici à 2018). À mesure que le secteur des services financiers destinés aux jeunes se développe et que la concurrence augmente, ces frais de gestion de comptes devraient être abaissés ou même abandonnés ; les frais de gestion de compte sont l’un des obstacles les plus couramment cités pour l’accès des jeunes aux services financiers, et pourraient potentiellement représenter un problème majeur pour une plus grande croissance.59

La viabilité pour les institutions financières formelles doit également prendre en compte la qualité des services fournis, en particulier en termes d’éducation financière. Si la qualité est médiocre, il peut y avoir une baisse du retour sur investissement, en particulier en ce qui concerne les comportements d’épargne visés. Le renforcement des capacités internes, ou le paiement pour une assistance externe, visant à maintenir et assurer le suivi de la qualité de l’éducation, est essentiel si une organisation est résolue à fournir des services à valeur ajoutée sur le long terme.

Viabilité des services non formelsPour les ONG qui se limitent à des services financiers non formels, la viabilité financière dépend de la capacité à obtenir un financement externe. Comme les groupes n’apportent pas de revenus aux ONG animatrices extérieures, ces dernières auront toujours besoin de subventions pour étendre le programme et organiser plus de groupes de jeunes. Avec ces organisations, l’objectif n’est pas commercial : elles ont d’abord pour objectif de renforcer les capacités des communautés ciblées à surmonter différentes difficultés sociales, économiques et même politiques.

Pour les GEJ informels eux-mêmes, la viabilité sera atteinte si les jeunes qui sont organisés et formés peuvent continuer de se réunir sans aide externe. Les données collectées auprès de Groupes d’épargne d’adultes au Mali indiquent que 95 % des groupes observés sur une période de six ans continuent de se réunir, d’épargner et d’emprunter.60 Il n’y a cependant pas de certitude par rapport à la durée pendant laquelle les GEJ

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 35

continueront de se réunir de façon autonome, car les jeunes ont tendance à émigrer pour chercher du travail ou se marier, dans le cas des jeunes femmes.

Le caractère temporaire de la participation des membres du groupe présente un risque pour la stabilité du groupe, un risque beaucoup plus grand que pour les Groupes d’épargne d’adultes. Selon les visites de suivi et les discussions avec le personnel, deux ou trois membres sur 15 ont abandonné les GEJ pendant la période du projet. En fait, environ 23 jeunes, soit 18 % du groupe de traitement, interrogés pendant l’enquête finale, avaient quitté le groupe d’épargne (mais ont été identifiés et interrogés lors de l’enquête finale). Les principaux motifs de départ étaient les suivants : 1) n’avait pas assez d’argent (39 %), 2) a émigré pour le travail (26 %) et 3) le groupe a été dissous (17 %). Les caractéristiques démographiques de ceux qui ont quitté les groupes étaient proportionnelles aux caractéristiques démographiques générales de l’échantillon ; une répartition égale entre jeunes hommes et jeunes femmes, et avec plus de jeunes moins âgés.

52%!48%!

Sexe des jeunes ayant abandonné les GEJ (Groupe de traitement)!

Hommes!

Femmes! 74%!

26%!

Âge des jeunes ayant abandonné les GEJ !(Groupe de traitement)!

Âgés de moins de 18 ans!

Âgés de plus de 18 ans!

Tout au long de la période de mise en œuvre des GEJ, cependant, le problème de l’abandon des membres a été réduit par l’arrivée des jeunes frères et sœurs qui ont pris la place des membres partis. Dans certains cas, quand un jeune quitte le village pour une courte période, le parent peut continuer à contribuer en son nom. Malgré la pression à émigrer, les jeunes continuent à trouver qu’il est utile de participer à un Groupe d’épargne. Selon les résultats de l’enquête finale, même si 25 % des répondants ont indiqué avoir émigré au cours de l’année passée, 91 % ont recommandé le groupe, ce qui suggère que ceux qui partent continuent à rejoindre des groupes.

Après la fin des activités en juin 2013, nous avons conclu une période de suivi de quatre mois sur un échantillon des GEJ qui avaient été créés antérieurement. Environ la moitié des groupes étaient toujours en fonctionnement, et se réunissaient régulièrement pour épargner et suivaient les procédures du groupe correctement. Mais le reste des groupes ne se réunissait pas ou ne suivait pas les règles standard de réunion, ce qui est essentiel pour la stabilité du groupe. Selon le rapport du personnel de terrain, les groupes qui étaient plus expérimentés avant la fin des activités de terrain, ce qui veut dire qu’ils avaient reçu l’aide d’un animateur pendant plus de temps (au moins un cycle complet) semblaient plus susceptibles de continuer à fonctionner de manière autonome.

Bien que les groupes de jeunes ne continuent pas forcément tous à se réunir au fil du temps, l’approche des GEJ en elle-même pourrait parvenir à un certain niveau de viabilité grâce à une approche de réplication, dans laquelle des jeunes membres sont eux-mêmes formés à organiser de nouveaux groupes, servant de Réplicateurs dans leurs villages ou des villages extérieurs après la fin du projet. La simplicité des Groupes d’épargne facilite leur réplication et, en effet, de nombreux programmes de Groupes d’épargne d’adultes font

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état d’une importante réplication spontanée dans laquelle les membres aident leurs proches ou leurs voisins à démarrer de nouveaux groupes.61 Bien qu’il n’existe que peu de données disponibles sur la réplication des groupes de jeunes, au cours de nos visites de suivi, nous avons souvent observé une réplication spontanée de groupes d’enfants dans les villages où les GEJ ont été créés, ce qui indique qu’il existe une demande pour ce type de mécanismes d’épargne pour les jeunes. Le succès de l’approche de groupe dans le renforcement de la capacité financière des jeunes, pouvant potentiellement entraîner une habitude d’épargne à vie, montre qu’il est intéressant d’envisager une stratégie de réplication.

Leçons apprises sur les différents modèles de services intégrésAu travers des études et des activités de suivi réalisées pour AIM Youth, nous avons énormément appris sur ce qui fonctionne bien ou non dans la fourniture d’un ensemble intégré de services d’épargne et d’éducation financière pour les jeunes. Dans cette section, nous résumons les principales leçons apprises en nous basant sur l’analyse et les données présentées tout au long de ce document.

� La fourniture aux jeunes d’un accès à des services financiers intégrés peut renforcer leur capacité financière. Quand on compare l’impact dans les deux pays, les données collectées montrent que les jeunes participant aux trois modèles ont présenté des améliorations au fil du temps de leurs comportements financiers, en particulier dans le domaine de l’épargne. Ces améliorations se sont produites en débit d’obstacles comme le faible nombre d’ouvertures de comptes par les jeunes âgés de moins de 18 ans, et malgré un coup d’État au Mali qui a eu lieu pendant la durée du projet. En outre, s’il n’est pas possible de distinguer les rôles joués par l’éducation financière et l’accès et l’utilisation des services d’épargne dans l’amélioration des connaissances financières, les résultats enregistrés au Mali et en Équateur suggèrent que les connaissances financières se sont améliorées pour ceux qui ont participé à l’initiative AIM Youth. L’effet combiné de l’amélioration des comportements financiers et des connaissances financières joue un rôle clé dans le renforcement de la capacité financière.

� L’éducation financière n’aboutit pas automatiquement à des ouvertures de comptes d’épargne. Nous avons émis l’hypothèse à l’origine que la fourniture d’une éducation financière pour promouvoir un produit d’épargne était nécessaire pour parvenir à l’utilisation du produit. Toutefois, s’il existe des preuves de comportements d’épargne positifs résultant de l’éducation financière, l’éducation ne peut à elle seule surmonter les principales difficultés auxquelles les jeunes (en particulier les jeunes mineurs) sont confrontés pour accéder à des services financiers formels et promouvoir l’inclusion financière des jeunes. L’ouverture d’un CEI est très difficile pour les jeunes. Comme leur expérience est davantage déterminée par la famille, leurs amis et leur école que par des responsabilités financières, au moins dans le cas de l’Équateur, les jeunes en âge scolaire peuvent manquer de motivation et/ou de connaissances pour ouvrir un compte d’épargne. Cette absence de sentiment d’urgence chez les jeunes, associée à la lourdeur du processus d’ouverture de compte avec un cosignataire, nuit à la demande, et il pourrait être peu réaliste de s’attendre à ce que l’éducation financière puisse efficacement compenser ces facteurs.

� Les approches de groupe qui sont basées initialement sur l’épargne sont très efficaces pour la fourniture de services intégrés. La pratique d’une épargne au travers de la participation à un groupe permet non seulement de réaffirmer l’apprentissage et de développer de nouvelles compétences de gestion de l’argent chez les jeunes, mais peut aussi les aider à développer une habitude d’épargne. En outre, la structure des approches de groupe au Mali a permis à la majorité des jeunes de recevoir les deux services. Les GEJ ont été encore plus efficaces pour atteindre un plus grand nombre de jeunes, car ils n’étaient pas accompagnés des conditions contraignantes d’un compte d’épargne formel. Les GEJ sont particulièrement performants dans l’élargissement de l’inclusion financière aux jeunes dans les zones

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rurales, qui autrement seraient exclus des services financiers. Tout en tenant compte du fait que les groupes à eux seuls ne sont pas forcément viables sur le long terme, le modèle des Groupes d’épargne est efficace dans le renforcement des capacités financières des membres, et offre une plate-forme idéale pour fournir d’autres services. Le maintien des groupes au fil du temps ne doit pas être un objectif en soi, mais plutôt viser à préparer les jeunes à mesure qu’ils passent à une autre étape de leur vie. De même, les CEG peuvent ne pas être financièrement viables au fil du temps, mais pourraient être efficaces en aidant les jeunes à accéder à des comptes formels comme point de départ, et pourraient aboutir à un stade où les participants passent à des CEI.

� Les jeunes apprécient l’éducation financière, mais cela ne leur suffit pas pour répondre à leurs besoins financiers. Dans toute les enquêtes menées tant au Mali qu’en Équateur, les jeunes ont souligné qu’ils appréciaient l’éducation financière. L’éducation financière semble faire la différence dans les connaissances financières acquises par les jeunes et dans les comportements d’épargne, et semble être un investissement judicieux pour le renforcement des capacités de la génération suivante des clients de produits financiers. Cependant, les jeunes dans les deux pays, en particulier au Mali, ont également indiqué souhaiter une formation sur les activités génératrices de revenus et un soutien dans l’accès au crédit. Les coopératives d’épargne et de crédit participantes veulent aussi que leurs jeunes clients puissent à terme accéder à des produits plus rentables, comme des prêts.

� Les parents jouent un rôle essentiel dans la vie financière de leurs enfants. Le secteur de la microfinance reconnaît déjà l’importance du soutien des parents dans l’accès des jeunes aux services financiers. Mais les parents jouent un rôle beaucoup plus important dans l’accès à l’argent, la façon dont les jeunes accèdent aux services financiers formels, et la façon dont ils gèrent leurs propres fonds.

� La technologie offre des possibilités d’adoption plus large et plus efficace des services. Avec la messagerie texte, les institutions financières peuvent renforcer les messages d’éducation financière et favoriser, pour un faible coût, une épargne supplémentaire. Avec l’utilisation de smartphones pour l’enregistrement de l’épargne à distance, les coopératives d’épargne et de crédit peuvent enregistrer plus d’épargne, que ce soit auprès des jeunes ou auprès de leurs parents. Toutefois, les attentes liées à l’utilisation de la technologie doivent prendre en compte le fait que cette dernière ne peut pas forcément, à elle seule, éliminer certains des obstacles auxquels les jeunes sont toujours confrontés pour utiliser des services financiers formels.

� L’offre d’éducation financière par les institutions financières doit correspondre aux capacités, ressources et stratégies disponibles des institutions. Pour les coopératives d’épargne et de crédit dans les zones rurales, qui ont un fort engagement vis-à-vis des communautés dans lesquelles elles travaillent mais disposent de capacités et ressources limitées, ce subtil équilibrage peut se traduire par une offre limitée de services non financiers. En effet, Dunford avait mis en garde en 2001 sur le fait qu’ « un système de fourniture de services unifié, obsédé par la réponse aux besoins d’éducation et aux autres besoins des clients, pourrait facilement se faire au détriment de la viabilité à long terme des opérations de crédit et à l’encontre de l’intérêt des clients. » 62Même si, dans ce cas, le produit financier concerné est l’épargne, cet avertissement reste pertinent.

� La conception du produit peut aider à surmonter certains des obstacles à l’inclusion financière des jeunes, mais il serait probablement plus efficace d’avoir un secteur des services financiers plus compétitif. Au Mali, les CEG ont réussi à surmonter certains des principaux obstacles auxquels les jeunes sont confrontés pour accéder aux services financiers formels, mais il reste des difficultés importantes à résoudre, principalement les frais de gestion de compte qui réduisent l’épargne et les montants minimum qui empêchent les jeunes d’ouvrir leurs propres comptes individuels. Le secteur des services financiers au Mali a besoin de mettre en place des politiques et des réglementations susceptibles de favoriser plus

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de compétitivité sur le secteur financier, ce qui peut à son tour motiver les institutions à rendre leurs propres produits plus abordables et accessibles. En Équateur, même si les comptes sont abordables (faibles montants minimum d’ouverture de compte, pas de frais), et accessibles (les comptes peuvent être ouverts sans se rendre dans une agence), les comptes sont peu utilisés par les jeunes les moins âgés (mineurs), peut-être parce qu’ils ne souhaitent pas que leurs parents interviennent dans leur épargne. Un environnement réglementaire permettant aux jeunes d’ouvrir un compte d’épargne indépendamment de leurs parents pourrait entraîner une meilleure adoption des comptes.

Recommandations pour l’intégration de l’épargne des jeunes et l’éducation financièreEn nous basant sur les leçons apprises dans l’expérience AIM Youth en Équateur et au Mali, nous proposons des recommandations pour le développement et la fourniture de services d’épargne et d’éducation financière aux jeunes. Ces recommandations sont destinées aux institutions financières et aux ONG de développement communautaire, mais d’autres parties prenantes concernées devraient également être associées, notamment les organisations de développement international, les autorités de réglementation, les organisations multilatérales et les organismes de financement. Il convient de considérer que les recommandations ne s’appliquent pas toutes à chaque situation. Comme nous l’avons vu, le contexte est crucial dans l’élaboration de la stratégie et les résultats attendus.

� Développer une approche par étapes, en commençant par les groupes d’épargne, qui amènera progressivement les jeunes à accéder à des services financiers formels, notamment au crédit. Les approches de groupe offrent une plate-forme efficace pour renforcer la capacité financière des jeunes. La stratégie des GEJ pourrait être particulièrement avantageuse pour les jeunes qui vivent dans les zones rurales avant qu’ils émigrent en milieu urbain.

� Fournir une éducation financière grâce à une stratégie en plusieurs volets pour promouvoir des comportements financiers positifs auprès des jeunes : au travers des écoles, des institutions financières et des médias sociaux. Ces points de contact multiples peuvent renforcer les messages clés et aider à atteindre les différents segments de jeunes, à l’école, à l’extérieur de l’école, au travail.

� Inclure une formation sur les moyens de générer des revenus pour les jeunes les plus âgés. L’épargne et l’éducation financière sont une bonne première étape pour améliorer le bien-être financier des jeunes, mais les jeunes ont besoin d’une aide supplémentaire pour accompagner la croissance de leurs besoins financiers.

� Développer des programmes complets ciblant le foyer sous la forme d’une éducation financière et de services financiers à la fois destinés aux jeunes et aux parents/tuteurs. Les parents jouent un rôle essentiel dans la vie financière des jeunes. Ce type de programme doit garantir que les jeunes sont protégés contre des interventions indésirables de leurs parents ou d’autres tuteurs.

� Utiliser la technologie pour promouvoir de bonnes habitudes d’épargne, grâce à une combinaison de SMS et de l’enregistrement de l’épargne à distance. Cependant, il est également nécessaire d’effectuer une étude plus approfondie de l’impact coûts-avantages de la technologie sur le renforcement de la capacité financière et la promotion de l’inclusion financière des jeunes.

� Inclure une approche de réplication des GEJ. Ce type d’approche peut avoir recours à des Réplicateurs choisis parmi les membres les plus âgés car ils peuvent être plus expérimentés et bénéficier d’un meilleur respect des plus jeunes. La formation de ces jeunes, avec le soutien des adultes dans la communauté, pour assumer certaines des responsabilités des animateurs, permettrait de trouver parmi les pairs une ressource durable pour les autres jeunes de la communauté.

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ConclusionToute discussion sur la fourniture de services intégrés doit poser la question suivante : « Qu’est-ce qu’un seul service pourra réaliser sans l’autre ? » Bien que l’initiative AIM Youth n’ait pas été conçue pour tester la valeur de l’éducation par comparaison à celle de l’épargne, les différentes approches ont mis en évidence la valeur de l’éducation seule, ainsi que celle de l’épargne seule. Les données de l’étude nous indiquent que la combinaison des services apporte les meilleurs résultats en termes de comportements financiers.

L’éducation financière a joué un rôle essentiel en renforçant la capacité financière des jeunes dans différents contextes. En Équateur, l’éducation ne pourrait pas à elle seule amener les jeunes à ouvrir des comptes d’épargne, au moins sur le court terme, mais nous avons appris que la fourniture aux jeunes de services (éducation et comptes d’épargne) peut être financièrement viable pour les institutions financières sur le long terme lorsqu’elle peut être financée indirectement par des produits financiers plus rentables. Bien que l’éducation puisse être fournie à une échelle limitée, les institutions financières sont incitées à fournir l’éducation car cela peut aider à renforcer les soldes d’épargne. Toutefois, les coopératives d’épargne et de crédit ont aussi démontré qu’elles sont solidement déterminées à continuer à offrir une éducation financière dans le cadre de leur responsabilité sociale d’entreprise.

Il reste un défi majeur à relever pour les coopératives d’épargne et de crédit équatoriennes pour promouvoir l’inclusion financière auprès des jeunes les moins âgés. La promotion de l’accès aux comptes d’épargne par les jeunes les moins âgés peut nécessiter des changements dans l’environnement réglementaire qui empêche actuellement les jeunes mineurs d’ouvrir des comptes indépendamment de leurs parents.

Au Mali, nous avons constaté que l’intégration de l’éducation financière et d’un service d’épargne est très efficace grâce à une approche de groupe qui offre l’épargne comme point de départ. Dans le cas des services d’épargne formels, la fourniture d’un compte de groupe ne devrait pas être financièrement viable, ni pouvoir être réalisée à grande échelle, en raison d’obstacles institutionnels plus généraux (par ex. frais d’ouverture et de gestion de compte) qui sont trop contraignants pour les jeunes et réduisent l’épargne, et d’une stratégie qui n’inclut pas d’autres produits plus rentables. Bien que la direction de l’institution ait confirmé son engagement à offrir des services à valeur ajoutée aux jeunes, à l’heure actuelle l’approche des CEG ne semble pas susceptible de se poursuivre, sauf si le produit d’épargne devient plus abordable pour diverses catégories de jeunes et permette un financement croisé à partir d’autres produits financiers.

L’approche des GEJ au Mali a été très performante, réussissant à atteindre un grand nombre de jeunes dans les zones rurales, en particulier des jeunes adolescentes, qui autrement seraient exclues des services financiers.63 Avec la pression financière et sociale qui les oblige à émigrer ou déménager, les groupes risquent de ne pas être viables seuls, mais les comportements d’épargne qui ont été encouragés sont susceptibles de devenir des habitudes à vie pour chaque membre individuel.

À l’avenir, la leçon la plus importante retirée de cette expérience est que même si la combinaison des services financiers et de l’éducation financière est efficace pour réaliser l’objectif de renforcer la capacité financière des jeunes, l’efficacité de la promotion de l’inclusion financière des jeunes varie selon le modèle et l’environnement réglementaire. Ces services ne sont également pas suffisants pour répondre à tous les besoins financiers des jeunes qui font rapidement la transition entre une étape de leur vie et une autre. Il subsiste de nombreux besoins non couverts, principalement une assistance pour saisir les opportunités de création de revenus et une approche progressive pour accéder au crédit (pour les jeunes majeurs).

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Avec AIM Youth, Freedom from Hunger s’est fixé pour objectif de tester et documenter diverses approches pour la fourniture de services financiers avec une éducation financière centrée sur l’apprenant à destination des jeunes. Nous avons formulé l’hypothèse que la combinaison de ces services permettrait d’orienter et d’encourager les jeunes à établir et réaliser des objectifs financiers, aboutissant ainsi à un meilleur choix d’options à l’avenir. Nous avons maintenant la preuve que les services intégrés ont eu un impact positif à court terme. Mais il est toujours nécessaire, dans les secteurs de la microfinance et du développement, de faire en sorte que ces comportements se traduisent effectivement en des options et résultats économiques meilleurs pour les jeunes à l’avenir.

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Annexe A.

Présentation du Programme d’éducation financière pour le Mali

Réaliser vos objectifs : Gérer votre argent avec prudence

Jeux d’apprentissage pour les jeunes

Objectifs du module :

� Prendre des décisions informées sur l’épargne et l’emprunt � Augmenter l’épargne et garder l’épargne en sécurité

Titre de la sessionObjectifs

Avant la fin de ce Jeu d’apprentissage, les participants auront :

Étapes à suivre pour atteindre un objectif � Organisé leur objectif en étapes qu’ils peuvent réaliser une par une.

� Discuté de leur objectif avec leur famille.

Augmenter votre épargne � Examiné différentes stratégies d’épargne.

� Sélectionné une stratégie pour augmenter leur épargne.

Garder votre épargne en sécurité � Classé les moyens utilisés par les jeunes pour épargner en fonction de leur degré de sécurité.

� Décidé ce qu’il faut faire pour protéger leur épargne.

Prévoir les périodes difficiles � Identifié les périodes au cours desquelles les pressions financières sont les plus fortes.

� Décidé comment ils vont épargner pour les périodes difficiles.

Emprunter avec prudence � Fait la distinction entre les bonnes et mauvaises décisions d’emprunt.

Savoir quand vous devez emprunter et quand vous devez utiliser votre épargne

� Comparé les avantages de l’emprunt et de l’utilisation de l’épargne.

Atteindre ses objectifs � Examiné les Jeux d’apprentissage précédents.

� Décidé ce qu’ils feront ensuite pour réaliser leur objectif.

Présentation du Programme d’éducation financière pour l’Équateur

Thèmes et objectifs des jeux d’apprentissage

Réaliser vos objectifs : Bien gérer vos ressources

Numéro et titre Objectifs À la fin de ce Jeu d’apprentissage, les participants auront :

Éducation financière : Stratégies de communication pour les jeunes, les adolescents et leurs parents

Posé des questions sur les sujets des Jeux d’apprentissage.

Établi de bonnes stratégies de communication.

Établi une culture de responsabilité partagée entre les jeunes et leurs parents par rapport à leurs engagements.

Objectifs à long terme Identifié leur objectif à long terme.

Objectifs à court terme Établi un objectif à court terme

Un Plan d’épargne pour réaliser mon objectif

Analysé les sources de revenus pour les adolescents et les jeunes.

Créer un plan d’épargne.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 42

Thèmes et objectifs des jeux d’apprentissage

Réaliser vos objectifs : Bien gérer vos ressources

Numéro et titre Objectifs À la fin de ce Jeu d’apprentissage, les participants auront :

Quelle est la différence entre dépenser pour un besoin et dépenser pour les choses qui nous font envie ?

� Fait la distinction entre dépenser pour un besoin et dépenser pour les choses dont ils ont envie.

� Identifié les choses dont ils ont envie et les choses pour lesquelles ils vont arrêter de dépenser leur argent.

Options d’épargne � Analysé les options d’épargne.

� Identifié la meilleure option d’épargne.

Mon argent, mes droits � Identifié leurs droits et responsabilités en tant que titulaires de comptes d’épargne.

Utiliser un prêt judicieusement

� Discuté de leurs responsabilités quand ils empruntent de l’argent.

� Fait la distinction entre les bonnes et mauvaises décisions quand ils empruntent de l’argent.

Quand emprunter de l’argent et quand utiliser son épargne.

� Comparé les avantages entre emprunter de l’argent et utiliser leur épargne.

Cinq principes d’apprentissage des jeunes

DynamiqueLes jeunes apprenants veulent

� exprimer leurs émotions et faire appel à leurs sens (toucher, voir, entendre) à travers toutes sortes d’activités pour se concentrer sur l’apprentissage et

� apprendre par le biais de jeux interactifs et de l’humour.

RespectLes jeunes apprenants veulent

� être respectés pour leur capacité à résoudre leurs propres problèmes, prendre leurs propres décisions ou parvenir à leurs propres conclusions dans un environnement favorable où ils sont guidés, félicités et récompensés et

� sentir que leurs idées et leurs contributions seront appréciées, qu’ils ne seront pas ridiculisés ou rabaissés.

Contenu utileLes jeunes apprenants veulent

� apprendre des compétences et des informations qu’ils peuvent utiliser immédiatement dans leur vie quotidienne ;

� résoudre des problèmes qu’ils rencontrent dans leur vie et

� reconnaître leurs besoins, leurs espoirs et leurs problèmes dans les méthodes et supports qui sont utilisés.

ParticipationLes jeunes apprenants veulent

� participer activement et avoir le contrôle de leur apprentissage ;

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 43

� développer un sentiment d’identité/une conscience de soi, qu’ils peuvent explorer et clarifier au travers de conversations et de questions et

� s’impliquer dans des discussions avec leurs pairs dans de petits groupes.

Ouvertes aux famillesLes membres de la famille doivent

� avoir la possibilité d’être associés au programme et de comprendre son contenu pour aider les jeunes à changer leurs comportements et à réaliser leurs objectifs.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 44

Annexe B.

Exemple de SMS sur l’éducation financière 1. Combien dépensez-vous pour acheter des sodas et des bonbons ? Beaucoup ! Épargnez cet argent et

payez-vous quelque chose de spécial dans six mois !

2. De quelle somme supplémentaire avez-vous besoin pour aller à l’Université ? Épargnez 50 cents aujourd’hui pour atteindre votre objectif !

3. Avez-vous des rêves pour votre avenir, comme voyager ? Alors épargnez un dollar AUJOURD’HUI pour faire de ce rêve une réalité !

4. Vous n’avez pas d’argent à épargner ? Mettez de côté 25 centimes par jour et à la fin de la semaine, vous aurez 1,75 $.

5. Quand on épargne, chaque centime compte ! Vous pourriez vous acheter un ordinateur, un iPod ou même un nouveau téléphone mobile. Épargnez maintenant !

6. Avez-vous pensé que vous pourriez créer une entreprise un jour ? Vous pouvez le faire ! Atteignez votre objectif en épargnant chaque jour sur le prix de vos repas ou sur l’argent que vous gagnez.

7. Voulez-vous aider vos frères et vos sœurs plus jeunes ? Enseignez-leur l’importance d’épargner, même si c’est juste 10 centimes ! Ils vous remercieront plus tard.

8. Avez-vous ouvert votre propre compte d’épargne ? Qu’est-ce que vous attendez pour le faire ? Faites-le maintenant ! Vous êtes intelligents, gardez votre argent en sécurité et évitez d’être tentés de le dépenser.

9. Préparez un budget mensuel pour gérer vos revenus et vos dépenses. Et vous découvrirez combien vous pouvez épargner.

10. Commencez tout de suite ! Épargnez seulement 25 cents aujourd’hui et vous aurez 5 $ par mois. Au bout d’un an, vous aurez 60 $ !

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 45

Annexe C.

Description du service financier pour l’Équateur

Institution San José Santa Ana San Miguel de los Bancos Cooprogreso

Lieu Provinces de Bolívar et Los Ríos

Province de Manabí Province de Pichincha Provinces de

Pichincha et Manabí

Produit d’épargne

Compte individuel

« Ahorrando Ando »

Compte individuel

« Fabrica Sueños »

Compte individuel

« Ahorro Positivo »

Compte individuel

« Yo Soy »

Caractéristiques

� Dépôt minimum de 2 $ US pour les jeunes âgés de 13 à 17 ans, et 11 $ pour les jeunes âgés de 18 à 24 ans, pas de frais d’ouverture

� 4 %de taux d’intérêt annuels

� Pas de frais administratifs.

� Pas de restrictions au niveau de ceux qui peuvent faire des dépôts.

� Carte de paiement pour les titulaires de comptes de plus de 18 ans

� L’ouverture de compte peut se faire à distance

� Dépôt minimum de 2 $, pas de frais d’ouverture de compte

� 4 % de taux d’intérêt annuel

� Pas de frais administratifs.

� Pas de restrictions au niveau de ceux qui peuvent faire des dépôts.

� Retraits autorisés pour les mineurs avec autorisation préalable du représentant légal

� Carte de débit pour les titulaires de comptes de plus de 18 ans

� L’ouverture de compte peut se faire à distance

� Dépôt d’ouverture de 6 $ d’ouverture (2 $ de frais d’ouverture)

� 3 % de taux d’intérêt annuel

� Pas de frais administratifs.

� Pas de restrictions au niveau de ceux qui peuvent faire des dépôts.

� Carte de débit pour tous les participants (les mineurs doivent avoir l’autorisation de leur représentant légal)

� Approbation initiale d’un représentant légal pour autoriser les dépôts et les retraits effectués par des mineurs

� À 25 ans, compte d’épargne transféré vers un compte d’épargne ordinaire

� L’ouverture de compte peut se faire à distance

� Dépôt minimum de 5 $, pas de frais d’ouverture de compte

� Solde minimum de 1 $

� 1,5 % de taux d’intérêt annuel

� Pas de frais administratifs.

� Pas de restrictions au niveau de ceux qui peuvent faire des dépôts.

� Retraits autorisés pour les mineurs accompagnés d’un représentant légal

� Carte de paiement pour les titulaires de comptes de plus de 18 ans

� L’ouverture de compte doit se faire dans une agence

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 46

Institution San José Santa Ana San Miguel de los Bancos Cooprogreso

Technologie mise en œuvre

� Smartphone— collecte de l’épargne à distance

� Tablette — collecte de l’épargne à distance

� Smartphone— collecte de l’épargne à distance

� SMS de l’éducation financière

� SMS de l’éducation financière

Objectif initial de jeunes avec des

services intégrés7 804 3 326 1 500 7 000

Nombre réel de personnes

recevant l’éducation

financière (en déc. 2013)

2 680 1 862 1 900 6 321

Nombre réel de comptes

d’épargne de jeunes (en déc. 2013)

3 124 483 884 1 210

Description du service financier au Mali

Institution CAEB Le Tonus Nyèsigiso

Lieu Bougouni et Kolokani Koulikoro et Kati Région de Bamako

Produit d’épargne GEJ GEJ

CEG de jeunes

Wassa Jeunes (Mara ni Wassa)

Caractéristiques du produit

� 10 à 15 jeunes par groupe

� Réunions hebdomadaires

� Épargne et prêts entre membres du groupe

� Cycle de groupe de 9 à 12 mois

� 10 à 15 jeunes par groupe

� Réunions hebdomadaires

� Épargne et prêts entre membres du groupe

� Cycle de groupe de 9 à 12 mois

� 5 à 15 jeunes par groupe

� Dépôt rémunéré d’au moins 3 mois

� Dépôt de 9 000 FCFA à l’ouverture incluant :

� 5 000 de participation initiale

� 1 250 de frais de gestion

� 750 de frais pour le livret de banque

� Solde minimum de 2 000

� Obligation pour chaque groupe d’avoir trois agents autorisés

Objectif initial 12 600 jeunes 4 800 jeunes 2 200 jeunes

Nombre réel 18 119 jeunes 5 951 jeunes 2 262 jeunes

*En outre, Kondo Jigima avait un objectif initial de 2 400 jeunes, et avait atteint 344 jeunes à la fin du partenariat en septembre 2012.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 47

Annexe D.

Conception des services

Sujets de l’étude de marché Questions de recherche clés

Pressions financières À quelles pressions les jeunes sont-ils confrontés ?

Stratégies financièresComment les jeunes réagissent-ils à ces pressions et à leurs besoins financiers ?

Rôle des jeunes dans l’économie de leur foyerQuelles sont les relations financières que les jeunes entretiennent avec leurs parents ou tuteurs adultes ?

Accès et connaissance des services financiersQuelle expérience et quelles connaissances les jeunes ont-ils des services financiers ?

Équateur Conclusions de l’étude de marché Conception des services intégrés

Pressions financières

� Les jeunes veulent épargner pour atteindre leurs objectifs, comme la poursuite de leurs études.

� Les jeunes peuvent épargner jusqu’à 1 $ par semaine.

� L’éducation financière aide les jeunes à élaborer un plan pour réaliser leurs objectifs d’épargne.

� Les comptes d’épargne sont encouragés comme une façon d’aider les jeunes à atteindre leurs objectifs.

� Le montant minimum pour l’ouverture d’un compte est réduit pour faciliter l’accès (2 $ pour la plupart des partenaires).

Stratégies financières

� Quand ils ont besoin d’argent, les jeunes empruntent à leurs parents, à leurs amis ou à des prêteurs.

� Les jeunes dépensent de l’argent pour des besoins non essentiels.

� Les jeunes veulent avoir des possibilités plus importantes de générer des revenus.

� Les jeunes épargnent irrégulièrement.

� L’éducation financière aide les jeunes à classer par ordre de priorité leurs besoins et leurs souhaits.

� L’éducation financière aide les jeunes à déterminer quand emprunter et quand épargner.

Rôle des jeunes dans l’économie

de leur foyer

� Les jeunes dépendent de leurs parents pour obtenir de l’argent.

� Les jeunes travaillent souvent pour leurs parents pour gagner de l’argent.

� Les jeunes veulent être indépendants et contrôler leur argent et leur épargne.

� L’éducation financière aide les jeunes à gérer le compte d’épargne et à faire des dépôts et des retraits.

� Séance d’éducation financière conçue pour les parents pour les aider à soutenir les objectifs d’épargne de leurs enfants.

Accès et connaissance des services

financiers

� Les jeunes considèrent que les comptes d’épargne ne sont pas intéressants du fait du niveau perçu des frais de gestion.

� Les jeunes ne font pas confiance aux institutions financières.

� Les comptes d’épargne n’appliquent pas de frais de gestion et l’éducation aide à informer les jeunes de cette caractéristique.

� L’éducation financière et les campagnes de promotion apportent des clarifications sur les services financiers et les institutions financières.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 48

Mali Conclusions de l’étude de marché Conception des services intégrés

Pressions financières

� La dépense la plus importante est le trousseau de mariage ou la dot, et même si les parents en sont les principaux responsables, les jeunes sont incités très fortement à y contribuer financièrement.

� Les jeunes ont des opportunités limitées d’activités génératrices de revenus, et ces dernières sont souvent liées au cycle agricole.

� Les jeunes en milieu urbain ont des possibilités d’activités génératrices de revenus légèrement supérieures.

� Avec les Groupes d’épargne, les jeunes peuvent accumuler des sommes plus importantes pour répondre à leurs contraintes financières.

� L’éducation financière aide les jeunes à élaborer un plan pour réaliser leurs objectifs.

� L’éducation aide aussi les jeunes à planifier en prévision des périodes financièrement difficiles.

Stratégies financières

� Les jeunes épargnent et empruntent de façon informelle, souvent auprès de leurs parents.

� L’emprunt est une stratégie plus courante que l’épargne.

� Les jeunes émigrent pour le travail ou pour se marier (dans le cas des jeunes femmes).

� Les GEJ offrent un mécanisme structuré pour épargner et emprunter.

Rôle des jeunes dans l’économie

de leur foyer

� Les jeunes aident le foyer en faisant du travail agricole ou du ménage.

� Les jeunes sont censés contribuer financièrement à leurs foyers quand ils ont un revenu.

� Au travers de l’éducation, les jeunes sont encouragés à discuter de leurs objectifs financiers avec leur famille.

Accès et connaissance des services

financiers

� Les jeunes peuvent seulement emprunter et épargner par le biais de leurs parents. Ils n’ont même pas la possibilité de participer à des Groupes d’épargne plus formels en raison de leur âge (et de leur sexe, dans le cas des jeunes hommes).

� Les jeunes connaissent les banques mais n’ont aucun accès à des services financiers formels.

� Les GEJ fournissent le seul mécanisme d’épargne formalisé disponible à la fois pour les jeunes hommes et les jeunes femmes.

� Les CEG permettent aux jeunes ayant de faibles revenus de respecter les conditions d’un service financier formel.

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 49

Annexe E.

Processus de bénéfices AIM Youth

Théorie du changement AIM Youth et Description des activités de recherche

Méthodologie de recherche Principales questions traitées

Évaluation menée par le groupe (Discussions en groupes cibles)

� Services ayant une influence sur les résultats dans le modèle de bénéfices

Étude d’impact quantitative (Enquête initiale et enquête finale)

� Services ayant une influence sur les résultats dans le modèle de bénéfices

� Amélioration de l’épargne

Journaux financiers (Série d’enquêtes)

� Services ayant une influence sur les résultats dans le modèle de bénéfices

� Amélioration de l’épargne

Évaluation qualitative sur la satisfaction des jeunes (Discussions en groupes cibles et entretiens)

� Satisfaction des jeunes par rapport aux services

� Conditions et difficultés d’accès aux services

Histoires d’impact (Entretiens qualitatifs) � Satisfaction des jeunes par rapport aux services

� Conditions et difficultés d’accès aux services

Services financiers

Education financière non

formelle

1. Meilleures connaissances et attitudes par rapport à la gestion de l’argent

2. Capacité améliorée à gérer les évènements du cycle de la vie

3. Amélioration du capital social

4. Meilleure confiance en soi et empowerment

5. Amélioration de la capacité socio-financière

Une plus grande sécurité alimentaire

familiale et amélioration de

la santé et nutrition de la famille

Les ONG et les IMF sont en mesure de livrer des services intégrés aux jeunes

1. à grande échelle et2. de manière durable

Engagement économique et

civique

Amélioration de l’accès et/ou de l’utilisation de la

nourriture

Caractéristiques du mécanisme de fourniture Intrants du programme Résultats intermédiaires

Impacts à plus long terme

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 50

Activités de recherche et tailles des échantillons pour AIM Youth en Équateur

Enquête initiale

Enquête à mi-

parcours

Enquête finale

Journaux financiers

Histoires d’impact

Entretiens qualitatifs

Nombre total

d’entretiens 64

Tr* Té**Tr-

uniquementTr Té Tr Té Tr Té

Coopérative San José

108 108 108 108 108 110 11065 20 19 20 819

Coopérative Cooprogreso

30 30 — 26 28 60 6066 8 10 17 269

Objectifs clés Comprendre les changements qui ont été influencés par le programme

Comprendre les transactions financières à court terme

Comprendre les jeunes de façon globale

Aider à expliquer les résultats quantitatifs

Affectation des questions de recherche aux méthodes

Questions 1-5 Questions 1, 4, 5

Questions 1, 3, 4, 5

Questions 3, 4

Total pour l’Équateur 1 088

* Groupe de traitement ** Groupe témoin

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 51

Calendrier saisonnier et calendrier de recherche pour l’ÉquateurJuillet à

Septembre 2011

Octobre à décembre

2011

Janvier à Mars 2012

Avril à Juin 2012

Juillet à septembre

2012

Octobre à décembre

2012

Janvier à Mars 2013

Avril à Juin 2013

Principaux événe-ments, activités et jours fériés en Équateur

Période scolaire pour les jeunes de San José à partir de septem-bre. Congés scolaires pour les jeunes de Coopro-greso en juillet-août et une partie de septembre.

Vacances de Noël et congés courts pour tous les élèves en décem-bre

Congés scolaires pour les jeunes de Coopro-greso en janvier Certaines écoles de San José en congé sur la côte en-tre février et mars

Certaines écoles de San José en congé en avril pour les vacances

Période scolaire pour les jeunes de San José à partir de septem-bre. Con-gés sco-laires pour les jeunes de Coopro-greso en juillet-août et une partie de septembre.

Vacances de Noël et congés courts pour tous les élèves en décem-bre

Congés scolaires pour les jeunes de Coopro-greso en janvier Certaines écoles de San José en congé sur la côte en-tre février et mars

Certaines écoles de San José en congé en avril pour les vacances

Initiale67

Coopérative Cooprogreso (groupe de traitement et groupe témoin)

Groupe de traitement Coopérative San José

Groupe témoin Coopérative San José

Enquête à mi-parcours

Groupe de traitement Coopérative San José uniquement

Entretien qualitatif

Tous les partenaires

Journaux financiers

Tous les partenaires

Enquête finale

Tous les partenaires

Histoires d’impact

Tous les partenaires

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 52

Activités de recherche et tailles des échantillons pour AIM Youth au Mali

2011 2012 2013

Évaluation menée par le

groupe

Étude d’impact

quantitative : Enquête initiale

Étude d’impact

quantitative : Enquête

finale

Journaux financiers

Évaluation qualitative

sur la satisfaction des jeunes

et des institutions

Histoires d’impact

Nombre total de jeunes

interrogés*

Programme évalué GEJ GEJ GEJ GEJ et CEG GEJ et CEG GEJ et CEG

CAEB 97

300

(150 pour le groupe de traitement, 150 pour le groupe témoin)

240

(130 pour le groupe de traitement, 110 pour le groupe témoin)

36 (interrogés

15 fois chacun)

119 4 516

Type de répondant

Nouveau jeune

Nouveau jeune

Identique à l’enquête

initiale

Ont participé à l’étude d’impact

quantitative

Nouveau jeune

Ont participé à l’étude d’impact

quantitative

Nyèsigiso — — —36

(interrogés 7 fois chacun)

113 4 189

Type de répondant

Nouveau jeune

Nouveau jeune

Ont participé à l’étude d’impact

quantitative

Le Tonus — — — — 118 —118

Type de répondant

Nouveau jeune

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 53

Calendrier saisonnier et calendrier de recherche pour l’Équateur

Avril à juin 2011

Juillet à septem-bre 2011

Octobre à décem-bre 2011

Janvier à mars 2012

Avril à juin 2012

Juillet à septem-bre 2012

Octobre à décem-bre 2012

Janvier à mars 2013

Avril à juin 2013

Principaux événements, activités et jours fériés

au Mali

Période scolaire

Congés scolaires ;

Rama-dan68 30 juillet-28

août

Période scolaire ; Tabaski69 9 novem-

bre

Période scolaire ;

Coup d’État

21 mars

Période scolaire

Congés scolaires ;

Rama-dan - 20 juillet-19

août

Période scolaire ; Tabaski

- 26 octobre

Période scolaire

Période scolaire

Saisons agri-coles et con-ditions mé-

téorologiques

Saison chaude

Saison des plu-

ies/

Saison de disette

(soudure)

RécoltesSaison froide

Saison chaude

Saison des plu-

ies/

Saison de disette

(soudure)

RécoltesSaison froide

Saison chaude

Évaluation menée par le groupe

Étude d’impact quantitative

Journaux financiers du CAEB

Journaux financiers de Nyèsigiso

Évaluation qualitative

Histoires d’impact

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 54

Notes de bas de page1. Programme YouthStart du FENU, Consortium YouthSave, MEDA, Women’s World Banking, Plan

International, et Child and Youth Finance International.

2. Freedom from Hunger définit la « microfinance à valeur ajoutée » comme des programmes de microfinance qui combinent des services financiers et d’autres services de développement importants, comme l’éducation et la protection de la santé.

3. La capacité socio-financière est définie par Child and Youth Finance International comme « la capacité de prendre des décisions financières informées qui apportent des bénéfices aux individus et à la communauté. » A Guide to Economic Citizenship Education: Quality Financial, Social, and Livelihoods Education for Children and Youth. Guidebook. 2012.

4. Dans ce rapport, nous désignons par l’expression « services financiers formels » les services proposés par des institutions qui sont réglementées par des entités gouvernementales en tant que prestataires de services financiers.

5. Banque mondiale. Children and Youth : A Framework for Action. Diapositives. 2005. | Ortiz, I. et M. Cummins. « When the global crisis and youth bulge collide : Double the jobs trouble for youth. » Social and Economic Policy. UNICEF : Février 2012.

6. Demontré principalement par USAID Youth in Development Policy, http://transition.usaid.gov/our_work/policy_planning_and_learning/documents/Youth_in_Development_Policy.pdf (Consulté le 9 avril 2014).

7. McKay, A. Assets and Chronic Poverty: Background paper. Working Paper #100. Chronic Poverty Research Center. Octobre 2009 | Sherraden, M. Assets and the Poor : A New American Welfare Policy. New York : ME Sharpe. 1991.

8. Ramirez, R. et L. Fleischer Proaño. Épargner ensemble : Des approches de groupe pour promouvoir l’épargne des jeunes. Freedom from Hunger. Décembre 2013.

9. Johnson, E. et M. Sherraden. « From financial literacy to financial capability among youth ». Document de travail n°06-11. Center for Social Development. St. Louis, MO : Washington University. 2006. | « Youth Savings in Developing Countries : Trends in practice, gaps in knowledge. » YouthSave Consortium. Mai 2010.

10. Global Financial Development Report 2013 : Financial inclusion. Washington, DC. Banque mondiale. 2014.

11. Qu’est-ce qu’une coopérative d’épargne et de crédit ? http://www.woccu.org/about/creditunion (Consulté le 20 janvier 2014).

12. SEEP Youth and Financial Services Working Group Resources. http://www.seepnetwork.org/youth-and-financial-services-working-group-resources-pages-349.php (Consulté le 9 avril 2014)

13. Women’s World Banking. « Banking on Youth. » 2012. http://www.womensworldbanking.org/publications/publications_banking-youth-guide-developing-innovative-youth-savings-programs/ (Consulté le 9 avril 2014).

14. MEDA. « MEDA Youth Economic Opportunities. » https://www.meda.org/youth-economic-opportunities-yeo/publications-yeo (Consulté le 9 avril 2014).

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Modèles pour l’intégration de services financiers et d’une éducation financière pour les jeunes 55

15. UNCDF « YouthStart Programme. » http://www.uncdf.org/en/publications/youthstart (Consulté le 9 avril 2014)

16. Dunford, C. Building Better Lives. Davis, CA : Freedom from Hunger. 2001.

17. Vor der Bruegge, E, JE Dickey et C Dunford. Cost of Education in the Freedom from Hunger version of Credit with Education Implementation. Research Paper No. 6. Davis, CA : Freedom from Hunger. 1997.

18. Freedom from Hunger a choisi pour priorité dans ses programmes de fournir des services aux pauvres souffrant de faim chronique.

19. Chacune des coopératives d’épargne et de crédit a en général un solide engagement communautaire et une orientation sociale. Les différentes coopératives peuvent être définies comme des coopératives financières qui sont basées sur l’adhésion et gérées par un conseil d’administration. Les fédérations de coopératives comprennent les différentes coopératives d’épargne et de crédit qui unissent leurs forces sous l’égide d’une organisation fédératrice dotée de ses propres statuts et règles, qui vise à mettre à disposition des coopératives des services d’assistance technique abordables. Les coopératives d’épargne et de crédit conservent leur indépendance et tiennent une assemblée générale pour la fédération qui regroupent des représentants de chaque membre.

20. http://www3.weforum.org/docs/WEF_GlobalCompetitivenessReport_2013-14.pdf (Consulté le 9 janvier 2014).

21. Ibid.

22. UNESCO. http://www.unesco.org/new/en/social-and-human-sciences/themes/youth/youth-definition/ (Consulté le 9 janvier 2014).

23. Banque mondiale. « Youth in Numbers: Sub-Saharan Africa. » http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXTCY/0,,contentMDK:20333437~pagePK:148956~piPK:216618~theSitePK:396445,00.html (Consulté le 23 juillet 2009).

24. Arieff, A. Crisis in Mali. Congressional Research Service.(14 janvier 2013) <http://www.fas.org/sgp/crs/row/R42664.pdf> (Consulté le 7 avril 2014)

25. Gash, M. Impact des services financiers intégrés pour les jeunes au Mali : un rapport d’étude complet. Davis, CA: Freedom from Hunger. 2014.

26. Gray, B et S Chanani. Advancing Women’s and Adolescent Girls’ Access to Resources and Influence in Rural India. Research Paper No. 11. Davis, CA : Freedom from Hunger. Juillet 2010.

27. Hall, J. Tap and Reposition Youth (TRY) Program. Providing Social Support, Savings, and Microcredit Opportunities to Adolescent Girls at Risk for HIV/AIDS In Kenya. Population Council. 2006.

28. Freedom from Hunger et la coopérative de Santa Ana en Équateur ont lancé une composante de crédit de groupe pour les jeunes vers la fin 2013, mais il n’y a pas eu assez de temps pour évaluer l’efficacité de ce service de façon à l’inclure dans ce rapport. De la même manière, Freedom from Hunger et Nyèsigiso ont développé un module d’éducation pour les jeunes souhaitant accéder à des produits de crédit, mais ce module était en cours de finalisation pendant la réalisation du présent rapport.

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29. Programme mondial d’éducation financière. http://www.globalfinancialeducation.org/ (Consulté le 19 mars 2014).

30. IFC. IFC Mobile Money Scoping Country Report: Ecuador. 8 septembre 2011. http://www.ifc.org/wps/wcm/connect/26b58d804a052a1e8accffdd29332b51/MobileMoneyScopingReport-Ecuador-Presentation.pdf?MOD=AJPERES (Consulté le 5 mars 2014). | “Aumento de Conexiones de Internet Fijo y Móvil, mejoran el acceso de Internet en Ecuador” http://www.telecomunicaciones.gob.ec/aumento-de-conexiones-de-internet-fijo-y-movil-mejoran-el-acceso-de-internet-en-ecuador/ (Consulté le 5 mars 2014).

31. Women’s World Banking. Banking on Youth. http://www.womensworldbanking.org/wp-content/uploads/imported/pdf/english/wwb_banking_on_youth_-_a_guide_to_developing_innovative_youth_savings_programs_nov_2012.pdf (Consulté le 9 avril 2014).

32. Le programme YouthStart du FENU estime que « les séances d’éducation financière sont aussi fournies aux jeunes, sans que les séances soient une « opportunité de marketing » pour l’institution. » Client Protection for Youth Clients. UNCDF YouthStart Technical Note. Avril 2013.

33. Client Protection for Youth Clients. UNCDF YouthStart Technical Note. Avril 2013.http://www.uncdf.org/sites/default/files/Documents/YouthStart_Client%20Protection_0.pdf | Child and youth friendly banking certificate guidebook. Child and Youth Finance International. http://childfinanceinternational.org/library/cyfi-publications/Child-and-Youth-Friendly-Banking-Product-Certificate-CYFI.pdf (Consulté le 9 avril 2014).

34. Pour plus de détails sur ce sujet, voir Ramirez, R et V Torres. « D’une génération à l’autre : Le rôle des parents dans l’inclusion financière des jeunes » Freedom from Hunger. Publication à venir.

35. Ramirez, R. et L. Fleischer Proaño. Épargner ensemble. Davis, CA : Freedom from Hunger. Décembre 2013.

36. Gash, M. AIM Youth au Mali : un rapport d’étude complet. Davis, CA : Freedom from Hunger. Janvier 2014.

37. La fédération de coopératives d’épargne et de crédit Kondo Jigima a également proposé des CEG, mais leur expérience n’est pas prise en compte dans ce rapport.

38. Cette différence tient largement à la structure de partenariat établie entre Nyèsigiso et Freedom from Hunger. Nous expliquons les incidences de ces différences de financement dans notre prochaine étude : « Parlons d’argent : coûts et recettes des services d’épargne et d’éducation financière pour les jeunes. »

39. Gash, M. « Impact des services financiers intégrés pour les jeunes au Mali : un rapport d’étude complet pour le Projet de Microfinance intégrée pour les jeunes (AIM Youth) de Freedom from Hunger. » Freedom from Hunger : Davis, CA. Publication à venir en 2014.

40. Gray, B. « Advancing Integrated Microfinance for Youth (AIM Youth) in Ecuador comprehensive research report. Freedom from Hunger : Davis, CA. Publication à venir. Publication à venir en 2014.

41. Les rapports d’étude complets pour chaque pays détaillent les méthodes et impacts : Gray, B. AIM Youth in Ecuador—Comprehensive Research Report. Davis, CA : Freedom from Hunger. Janvier 2014. | Gash, M. AIM Youth in Mali — Comprehensive Research Report. Davis, CA : Freedom from Hunger. Janvier 2014.

42. Le SIG destiné aux GEJ a été développé par VSL Associates.

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43. Zimmerman, J, L Nowak, E Carls et al. “Beyond the Buzz: The Allure and Challenge of Using Mobile Phones to Increase Youth Financial Inclusion.” New America Foundation. Septembre 2013.

44. Dans ce calcul, le nombre total de jeunes pour l’Équateur était basé sur le nombre de jeunes recevant l’éducation financière.

45. Diallo, V et R. Ramirez. « Key qualitative findings of AIM Youth services in Mali. » Freedom from Hunger. Octobre 2013. Non publié.

46. Gash, M. AIM Youth au Mali : un rapport d’étude complet. Davis, CA : Freedom from Hunger. Janvier 2014.

47. Toutes les données dans cette partie sont extraites de Gray, B. AIM Youth in Ecuador—Comprehensive Research Report. Davis CA : Freedom from Hunger. Janvier 2014.

48. Les parents qui avaient un enfant âgé de moins de 18 ans ont dû signer une autorisation permettant à leur enfant de participer aux différentes enquêtes. Le dénominateur représente le nombre total de parents qui avaient un enfant âgé de moins de 18 ans et qui ont autorisé leur enfant à participer à l’étude. Le numérateur représente le nombre total de parents qui ont indiqué être membres soit de la coopérative San José soit de la Coopérative Cooprogreso.

49. Gray, B. AIM Youth in Ecuador—Comprehensive Research Report. Davis, CA : Freedom from Hunger. Janvier 2014.

50. Ramirez, R et V Torres. « D’une génération à l’autre : Le rôle des parents dans l’inclusion financière des jeunes » Freedom from Hunger. Publication à venir.

51. Nous examinons ces questions plus en détail dans : « D’une génération à l’autre : Le rôle des parents dans l’inclusion financière des jeunes » Freedom from Hunger. Publication à venir.

52. Toutes les données de cette section sont extraites de Gash, M. AIM Youth au Mali : un rapport d’étude complet. Davis, CA : Freedom from Hunger. Janvier 2014.

53. Nous examinons la capacité des groupes à cultiver une habitude d’épargne parmi les jeunes dans « Épargner ensemble : Des approches de groupe pour promouvoir l’épargne des jeunes ». Ramirez, R. et L. Fleischer Proaño. Davis, CA : Freedom from Hunger. Décembre 2013.

54. Ramirez, R et V Torres. « D’une génération à l’autre : Le rôle des parents dans l’inclusion financière des jeunes » Freedom from Hunger. Publication à venir.

55. Loupeda, C. « Parlons d’argent : coûts et recettes des services d’épargne et d’éducation financière pour les jeunes. » Freedom from Hunger. Publication à venir. Muñoz, L; M. Perdomo et D. Hopkins. « Building the business case for youth services : Insights of the YouthStart Programme. » Septembre 2013.

56. Loupeda, C. « Parlons d’argent : coûts et recettes des services d’épargne et d’éducation financière pour les jeunes. » Freedom from Hunger. Publication à venir.

57. Gray, B. AIM Youth in Ecuador—Comprehensive Research Report. Davis, CA : Freedom from Hunger. Janvier 2014.

58. Loupeda, C. « Parlons d’argent : coûts et recettes des services d’épargne et d’éducation financière pour les jeunes. » Freedom from Hunger. Publication à venir.

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59. Ibid.

60. Cojocaru, L. et J. Matuszeski. « The evolution of savings groups : An analysis of data from Oxfam America’s “Savings for Change” program in Mali. » Oxfam America 2011.

61. Post-Project Replication of Savings Groups in Uganda. Datu Research, LLC. http://www.daturesearch.com/wp-content/uploads/DatuResearchUgandaReport.WEB_lr.pdf. Novembre 2013. (Consulté le 9 avril 2014).

62. Dunford, C. Building Better Lives. Davis, CA : Freedom from Hunger. 2001.

63. Il est intéressant de remarquer qu’un programme multi-pays similaire visant à tester les services d’éducation financière et d’épargne pour les jeunes femmes adolescentes a eu des résultats similaires. Dans ce projet, le modèle des Groupes d’épargne a attiré des milliers de participants, alors que les comptes formels proposés par les banques ont enregistré une adoption beaucoup plus lente et n’ont été réalisés qu’à une échelle nettement plus réduite. Ce projet a été soutenu par la Fondation Nike dans cinq pays (Kenya, Ouganda, Burundi, Mongolie et République dominicaine). Microfinance Opportunities a soutenu la composante éducation financière dans tous les pays. Les prestataires de services financiers étaient CARE, Women’s World Banking, K-REP, Faulu, Adopem et XacBank. Voir Girls and Their Money: Strategies for Promoting Savings, Financial Education and Social Support for Adolescent Girls in Low-Income Countries par Jennefer Sebstad, Nov. 2011 pour une synthèse de ces programmes sur https://www.microfinanceopportunities.org/

64. Inclut le double comptage des jeunes participant à plusieurs activités d’évaluation, comme l’enquête initiale et les journaux financiers.

65. 40 jeunes interrogés cinq ou six fois sur une période de trois mois.

66. 20 jeunes interrogés cinq ou six fois sur une période de trois mois.

67. Le groupe de traitement de San José a été interrogé entre août et octobre 2011. En raison de la révision du partenariat, les entretiens avec le groupe témoin ont été réalisés entre novembre 2011 et février 2012. Le groupe de traitement et le groupe témoin de Cooprogreso ont été interrogés en avril et mai 2012. Cooprogreso a commencé son projet AIM Youth presque un an après celui de la Coopérative San José.

68. Le Ramadan est le neuvième mois du calendrier islamique, au cours duquel les musulmans observent une période de jeûne, et s’abstiennent de manger, boire et de pratiquer certaines autres activités du lever du soleil jusqu’au coucher du soleil chaque jour. La fête de l’Aïd al-Fitr marque la fin du mois. Les jeunes ne sont pas aussi actifs sur le plan économique pendant cette période. Voir http://en.wikipedia.org/wiki/Ramadan.

69. La fête de la Tabaski, appelée aussi Aïd Al-Adha, est la plus importante fête musulmane de l’année, et elle a lieu deux mois et dix jours après la fin du Ramadan. Au cours de la Tabaski, les musulmans sacrifient un animal domestique, généralement une chèvre (ou d’autres animaux), et les jeunes reçoivent des cadeaux.