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1 Module 3 : La mondialisation économique et financière Thème 8 (suite) : La dynamique de la mondialisation financière 3 ème partie La globalisation financière I. Les grandes étapes de la globalisation financière de 1870 aux années 1970 1) 1870-1913 : la première globalisation financière 2) De la première GM aux 1970’s : un recul de la globalisation financière II. Depuis les 1970’s : la seconde globalisation financière 1) Le tournant des 1970’s Les chocs pétroliers des 1970’s : une impulsion déterminante L’«explosion» des transactions sur les marchés des changes Un tournant décisif : la politique monétaire de Volcker 2) Les 3 « D » et l’approfondissement de la globalisation financière La désintermédiation, marchéisation du financement La déréglementation et la libéralisation des activités financières Le décloisonnement des systèmes financiers Des économies dominées par la finance ? 3) L’intégration financière a-t-elle progressé ? Les différents acteurs des marchés financiers globalisés Les différents types d’actifs Les différents marchés III Que faut-il attendre de la globalisation financière ? 1) Les avantages escomptés sont ceux d’une libéralisation financière L’efficience allocative La discipline de marché La croissance économique 2) Une globalisation financière facteur de croissance et d’allocation optimale de l’épargne au niveau international ? Au plan théorique, Paradoxe de Lucas Le cas des pays émergents 3) La globalisation financière, la spéculation déstabilisante et les imperfecti ons de l’information La spéculation déstabilisante Les faiblesses de la finance globalisée IV. Les crises de la globalisation financière 1) Les crises financières : typologie et panorama Cinq types de crises financières Panorama des crises

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Module 3 : La mondialisation économique et financière

Thème 8 (suite) : La dynamique de la mondialisation financière 3ème partie La globalisation financière I. Les grandes étapes de la globalisation financière de 1870 aux années 1970 1) 1870-1913 : la première globalisation financière 2) De la première GM aux 1970’s : un recul de la globalisation financière II. Depuis les 1970’s : la seconde globalisation financière 1) Le tournant des 1970’s

Les chocs pétroliers des 1970’s : une impulsion déterminante L’«explosion» des transactions sur les marchés des changes Un tournant décisif : la politique monétaire de Volcker

2) Les 3 « D » et l’approfondissement de la globalisation financière

La désintermédiation, marchéisation du financement La déréglementation et la libéralisation des activités financières Le décloisonnement des systèmes financiers Des économies dominées par la finance ?

3) L’intégration financière a-t-elle progressé ?

Les différents acteurs des marchés financiers globalisés Les différents types d’actifs Les différents marchés

III Que faut-il attendre de la globalisation financière ? 1) Les avantages escomptés sont ceux d’une libéralisation financière

L’efficience allocative La discipline de marché La croissance économique

2) Une globalisation financière facteur de croissance et d’allocation optimale de l’épargne au niveau international ?

Au plan théorique, Paradoxe de Lucas Le cas des pays émergents

3) La globalisation financière, la spéculation déstabilisante et les imperfections de l’information

La spéculation déstabilisante Les faiblesses de la finance globalisée

IV. Les crises de la globalisation financière 1) Les crises financières : typologie et panorama

Cinq types de crises financières Panorama des crises

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2) Les crises financières dans les pays émergents à partir des 1990’s

La crise mexicaine d'Aout 1982 La crise mexicaine de 1994-1995 La crise asiatique La crise russe La crise argentine

3) La crise des subprimes 4) La réglementation

Le G20 et la gouvernance mondiale L’accord dit de « Bâle III » Etats Unis : la loi Dodd Frank La réforme de la régulation financière en Europe

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Module 3 : La mondialisation économique et financière

Thème 8 (suite) : La dynamique de la mondialisation financière 3ème partie La globalisation financière

Introduction : Définition, facteurs et mesures de l’intégration et la globalisation financière Définition : La globalisation financière est la mise en place, au niveau de la planète, d'un marché unifié des capitaux par l'intégration de + en + poussée des marchés financiers nationaux. Ce processus s'apparente au processus de l'ouverture internationale. Mais à la différence de cette ouverture économique des bien et des services, la croissance de ce marché unifié des capitaux est beaucoup + rapide avec un volume beaucoup + important L'objectif de la globalisation financière Facteurs d’intégration financière : Obstacles à l’intégration Mesures de l’intégration financière : Par les flux internationaux de capitaux : les stocks de capitaux étrangers investis et placés sur le territoire national/PIB et les soldes courants (revenus sur les capitaux investis à l’étranger) Voir power point I. Les grandes étapes de la globalisation financière de 1870 aux années 1970 La globalisation financière a en fait commencé au moment de la Révolution industrielle et quand on a créé les sociétés anonymes vers la fin du XIXe siècle. Une nouvelle étape apparaît avec les chocs pétroliers à la fin du XXe siècle quand les pays exportateurs de pétrole cherchent à recycler les pétrodollars. Puis la libéralisation financière accélère le processus de globalisation financière. 1) 1870-1913 : la première globalisation financière Marché des actions peu actif au 19ème siècle car : - Les entreprises industrielles font encore peu appel au marché financier car elles privilégient l’autofinancement ; - Limitation de la création de société de capitaux. - Par ailleurs, lorsqu’il y en a, les actions sont émises à un prix très élevé (1000 à 10000 francs l’action).

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Ainsi donc, malgré les possibilités offertes par la législation, les actions ne représentent en 1914 en France qu’une faible part des titres émis. Les obligations ont toujours la préférence du public en raison de la sécurité de leur rendement, qu’il s’agisse d’obligations d’Etat ou de celles des compagnies de chemin de fer. Les investissements de portefeuille l’emportent sur les IDE. Domination européenne (90% des capitaux exportés, près de 50% pour l’Angleterre) ; rôle des banques : Rothschild, le puissant réseau bancaire allemand appelé la « pieuvre germanique » (4D Deutsch, Dresdner, Diskonto et Darmstadter, les quatre plus grandes banques allemandes.) Facteurs de l’intégration financière : généralisation de l’étalon or, développement du transport maritime, essor des communications, grande liberté de circulation dès la fin 19ème. D’abord des flux Nord-sud Ce sont les pays industrialisés qui dégagent les capacités de financement pour alimenter les flux de capitaux vers les pays Neufs à fort potentiel de développement. Principaux pays d’accueil : EU, Canada, Argentine, Australie (pas le Japon) Et plus précisément de la GB : Atelier et le banquier du monde, elle tient un rôle prépondérant. Son réseau bancaire est le + diffusé dans le monde ce qui permet à sa monnaie de circuler dans le monde. + grande confiance dans les activités bancaires et financières de la GB 2) De la première GM aux 1970’s : un recul de la globalisation financière Effondrement de la mobilité internationale des capitaux au cours de la 1ère GM puis reprise limitée jusqu’en 1929 Diminution du rapport actifs étrangers/PIB entre la 1ère GM et la 2ème GM. Après la 2nde GM, le financement du développement, est principalement le fait de capitaux publics, internationaux (Banque Mondiale) ou étatiques (aide publique au développement), il engendre de faibles transferts du Nord vers le Sud Fort contrôle des capitaux au sein du système de BW Ceci n’a pas empêché le développement des eurodollars à partir des 1960’s ↔ intégration financière « par contournement » (Bourguignat) avec l’expansion des marchés internationaux à la City (marché offshore du $) : Toutefois, « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille » disait le Général De Gaulle, mais c’était bien avant la libéralisation des marchés financiers ; depuis, les choses ont bien changé II. Depuis les 1970’s : la seconde globalisation financière 1) Le tournant des 1970’s Les traumatismes de l’entre deux guerres puis les besoins de la reconstruction provoqueront dans tous les pays des mutations profondes des systèmes de financement.

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a) Les chocs pétroliers des 1970’s : une impulsion déterminante Chocs pétroliers et recyclage des pétrodollars car faible capacité d’absorption de ces capitaux au sein des pays de l’OPEP. 80% des pétrodollars se dirigent vers les pays de l’OCDE, 40% sous forme liquide (placements auprès des banques occidentales) Cette offre de fonds prêtables rencontre la demande émanant des PED (financement du développement) et des pays développés (déficits publics). Les grandes banques mondiales vont alors assurer le recyclage des pétrodollars entre les premiers et les seconds, les seconds empruntant pour financer de vastes projets d’infrastructure et d’industrialisation : processus de recyclage des pétro$ par des flux financiers sud-sud issu du 1er choc pétrolier. Processus interrompu lors du second choc pétrolier de 1979 : effondrement des cours de la plupart des matières premières (fin des excédents des pays exportateurs) et crise de la dette dans les 1980’s (à commencer par la crise mexicaine) qui réduit la capacité d’emprunt. Le contre choc pétrolier en 1985 qui voit le baril baisser à 10$ en 1986, achève de tarir les flux financiers sud-sud Aux déséquilibres financiers sud-sud, viennent s’ajouter les déséquilibres nord-nord entre PDEM : excédent au Japon et en Allemagne, déficits aux EU. b) L’«explosion» des transactions sur les marchés des changes croissance des opérations de change plus rapide que celle des transactions commerciales ↔multiplication des opérations de couverture et de spéculation dans un contexte de changes flottants et de forte volatilité des taux d’intérêt et de change qui a suivi la fin des accords de BW (1971) Développement du marché des produits dérivés (1970-1980) c) un tournant décisif : la politique monétaire de Volcker Envolée des taux d’intérêt américains (près de 20% en 1980-81) et déficit budgétaire, crise de la dette dans les PED (Brésil, Argentine en 1982) → réorientation des capitaux internationaux vers les EU et « effet d’éviction » à l’échelle mondiale. 2) Les 3 « D » et l’approfondissement de la globalisation financière La théorie des 3 D de Bourguignat dans « Finances internationales » 1997 décrit le processus de plus en plus poussé de mise en communication des marchés nationaux de capitaux qui conduit à un marché financier mondial en voie d’unification croissante Loi bancaire de 1984 en France On parle du « big bang » financier de 1986 à la City L'expression Big Bang désigne l'ensemble des mesures de libéralisation des marchés financiers britanniques prises en 1986, en particulier le 27 octobre 1986. - Autorisation pour les groupes étrangers d'acheter 100 % des actions d'entreprises cotées britanniques - Suppression des commissions fixes qu'il fallait payer pour échanger actions, obligations, etc.

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La libéralisation facilita l'arrivée rapide de banques américaines et ouest-européennes à Londres et le développement du marché financier grâce à la baisse des coûts. Le Big Bang demeure l'une des mesures emblématiques du programme de réformes du gouvernement de Margaret Thatcher. Parallèlement à la démarche britannique, on a appelé Big Bang la libéralisation des marchés financiers japonais en 2001. Déréglementation qui a eu pour objectif de diminuer, voire de supprimer les réglementations qui encadraient l’activité financière afin de faire du système financier un lieu de concurrence accrue élargissant les opportunités de placement et de financement. Elle s’est traduite par - la levée du contrôle des changes - et l’intégration mondiale des places financières, Elle a ainsi favorisé la circulation internationale des capitaux ainsi que le développement d’innovations financières. Ce mouvement de déréglementation a accentué la concurrence entre les banques sur tous les segments du marché du crédit (particuliers et professionnels). On assiste à la multiplication des innovations financières, donnant naissance aux produits dérivés objectif : permettre aux opérateurs de la sphère réelle de se protéger contre les risques non probabilisables au profit des spéculateurs ces nouveaux produits ont permis à des agents économiques de sécuriser relativement les risques liés à leurs opérations commerciales (risques non assurables comme les risques de taux) Décloisonnement : Le décloisonnement est immédiatement lié à la déréglementation puisqu’il désigne à la fois la suppression de l’encadrement réglementaire des banques qui les cantonnait à des réseaux et à des activités spécifiques de financement, et la suppression des frontières tant au sein des marchés de capitaux nationaux qu’entre les marchés de capitaux des différents pays. - Décloisonnement interne entre les marchés financiers au niveau national, il n'y a plus de barrières entre Banques d'affaires et Banques de dépôt. Désegmentation entre divers types de marchés financiers : marché monétaire, marché obligataire, marché des changes, marché à terme, etc. Aujourd'hui, les marchés financiers nationaux sont interconnectés, constituant un vaste marché global. - mais aussi décloisonnement externe avec abolition du contrôle des changes au niveau international. Il s’ensuite une gestion beaucoup plus active des portefeuilles par les institutions spécialisées : facilités par une double unité de temps (il ‘y a plus d’un côté un marché monétaire court, essentiellement interbancaire, et de l’autre un marché long, le marché boursier, lieu de financement des entreprises) et de lieu puisque les différents marchés nationaux sont interconnectés), les arbitrages de portefeuille se multiplient Exemple : en 1985-87, en n France : suppression de de l’interdiction de faire des investissements à l’étranger dans une autre monnaie

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Désintermédiation ou marchéisation : financement de l’économie par le marché ; le financement par placement de titres sur les marchés de capitaux internationaux La désintermédiation désigne la progression de la finance directe où les capacités et les besoins de financement se rencontrent sur les marchés financiers alors que dans un système de financement indirect, les banques transforment l’épargne de court terme en prêts de long terme ou créent de la monnaie par le crédit. La « marchéisation » des placements et des investissements correspond au fait que les intermédiaires financiers proposent des crédits ou des placements dont les taux sont calculés en fonction des taux du marché. Cette tendance est la conséquence directe de la désintermédiation de l'économie.

Rôle accru des marchés financiers - dans la fixation des taux d’intérêt. Les taux d’intérêt sont désormais fixés dans la sphère financière par les anticipations des détenteurs d’actifs financiers, et plus précisément par les comportements de ceux qui les gèrent pour le compte de ceux qui les détiennent - dans le financement des entreprises - dans le financement des banques qui émettent des titres sur le marché monétaire (certificats de dépôts) et financier (obligations et actions) pour se financer directement. Elles adossent ainsi sur des titres (par conséquent négociables) une partie des crédits qu’elles accordent - dans la structure des portefeuilles des ménages avec une épargne de plus en plus financiarisée (moins de liquidités et plus de titres négociables) 3) L’intégration financière a-t-elle progressé ? La déréglementation bancaire et financière menée dans tous les PDEM à partir des 1980’s a créé les conditions d'un marché mondial des capitaux, des placements, ce à quoi il faut ajouter la libéralisation complète du marché des changes (lieu où les monnaies s’échangent entre elles), donc libre circulation des capitaux totalement aboutie. Il parait de plus en plus illusoire de séparer le national de l'international pour les problèmes monétaires et financiers. Aujourd’hui les firmes et les marchés sont mondiaux. Entre 2000 et 2007, fusion des bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne : cela forme Euronext qui devient place boursière européenne. Depuis 2007 fusion entre NYSE et le groupe Euronext ; ensemble qui devient dès lors 1er groupe mondial de places boursières Approfondissement de l’intégration financière (unité de temps, de lieu, d’action) Approches par la loi du prix unique (baisse des coûts de transaction) ou par l’info en continu a) Les différents acteurs des marchés financiers globalisés (gestionnaires de fonds) Rôle accru de ces institutions de collecte de l’épargne // cycle de vie dans les pays industrialisés (MODGLIANI) Ils sont au nombre de 5 que l’on appelle généralement les Zinvestisseurs Zinstitutionnels. Il s’agit : des banques, des compagnies d'assurance, des fonds de pension, des fonds à levier (hedge funds), des fonds souverains - les banques qui n'ont pas disparu : réorientation de leurs activités, création en leur sein des départements ou des filiales spécialisés dans les activités de courtage (opérations d’achat et de vente sur les différents marchés financiers pour le compte de leurs clients), et de gestion de portefeuille (aset management) qui consiste à gérer les capitaux que leur confient leurs clients

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- les compagnies d’assurance l’assurance vie et l’épargne retraite. Dans les 2 cas, lorsque « le risque » se réalise, elles doivent verser aux épargnants qui leur ont confié leur argent soit un capital, soit une rente. Pour ce faire, elles placent les sommes qui leur ont été confiées à long terme sur les marchés financiers (Axa, Allianz, Generali, etc.) - les fonds de pension qui sont en réalité des caisses de retraite par capitalisation et sont donc particulièrement développés dans les pays ne disposant pas de système de retraite publique par répartition intergénérationnelle Avec l’assouplissement de la législation et la financiarisation de l’économie, ces fonds prennent davantage de risques et sont souvent devenus clients des hedge funds ce qui a causé la perte de certains d’entre eux En France il existe le fond PERCO (plan épargne pour la retraite collectif) mais aussi « la retraite additionnelle de la fonction publique ». Il y a aussi les plans épargne entreprise (PEE) mais qui ne sont pas consacrés à la seule retraite. - les fonds à levier ou hedge funds Ce sont des sociétés privées qui gèrent l’argent d’épargnants fortunés ; le ticket d’entrée est de l’ordre du million de $. Ils le font dans la logique du rendement élevé ce qui suppose la prise de risque. Le premier, créé aux EU en 1949 par Alfred Winslow Jones, arbore la devise « battre le marché », cie dégager une rentabilité supérieure à la rentabilité moyenne du marché. Sa méthode consiste : * à acheter à crédit, avec un important effet de levier, des actions d’entreprises soigneusement sélectionnées * et à couvrir (hedge) ses positions par des ventes à découvert (cie vendre aujourd’hui à terme des titres qu’on ne possède pas en espérant les acheter moins cher au moment de les livrer) Deux tiers des hedge funds sont localisés dans les îles Caïmans. Le FMI estime aujourd’hui leur portefeuille à environ 30 000 Mds de $ En France il n’en existe que très peu ex le Capital Fund Management (CFM) fondé en 1991 et qui gère 6 milliards de $. Ces organismes font la pluie et le beau temps dans les entreprises « revanche des actionnaires » mais aussi la pluie et le beau temps sur les marchés financiers. Exemple du scandale d'Enron qui a ruiné de nombreux de fonds de pension et donc les retraités. De même LTCM Long Term Capital Management, hedge fund apparu en 1994 et disparu en 1998 qui avait pris des positions obligataires risquées dont le montant était égal au PIB de la France - Les fonds souverains (sovereign wealth funds) financés par les Etats, à commencer par les pays émergents qui souhaitent placer leurs formidables réserves en devises détenues dans les Banques centrales ; la Chine et Singapour comptent respectivement 4 et 2 fonds souverains parmi les 12 plus importants de la planète ; exemple « China Investment Corporation ». en France le Fond Stratégique d’Investissement (FSI) Ils tirent principalement leurs ressources des réserves des BC, donc des excédents des transactions courantes de leurs pays, ainsi que de l’exploitation de matières premières. Le premier fonds souverain a été créé au Koweit en 1953, mais c’est avec le choc pétrolier et la hausse généralisée des matières premières qui s’est ensuivie que ces fonds vont véritablement apparaître sur la scène financière internationale Leurs avoirs : 1900-2900 milliards de $ selon le FMI / 5900 milliards pour la CNUCED

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Ces fonds ont généralement des stratégies d’investissement à long terme axés pour une grande part sur l’acquisition de titres de la dette publique des pays tiers ou de participations minoritaires dans le capital d’entreprises occidentales. Ils sont cependant les premiers clients des hedge funds Ils investissent aussi dans le secteur financier, mais aussi dans l’industrie, le sport, et l’hôtellerie (le royal monceau à Paris a été racheté par le Qatar). Principaux fonds souverains : pays du Golfe (Quatar Investment Authority), Norvège, pays asiatiques dégageant de forts excédents courants (Singapour/ China Investment Corporation) b) Les différents types d’actifs On distingue en éco trois types d’actifs : physiques, financiers et monétaires - Physiques = bien matériel comme les machines, bâtiments, terrains - Monétaires = titres, « morceaux de papier », liquides c'est-à-dire qu’il peut être liquidé sans délai et sans perte - Financiers = ex des actions qui n’est pas liquidable instantanément : il faut trouver l’acheteur sur le marché secondaire, et sans perte. Il est par ailleurs à échéance plus longue (obligation à maturité variable entre 5-30 ans, actions jamais liquidables) c) Les différents marchés Le marché financier, boursier lieu d’émission et d’échange de titres longs ( > 7ans ) appelés valeurs mobilières : les actions, les obligations, et les produits collectifs en valeurs mobilières mis en place par les OPCVM ( organismes de placement collectif en valeurs mobilières) comme par exemple le plus connu : la SICAV ( société d’investissement à capital variable ), dont la fonction est d’attirer le petit épargnant. Ce marché est compartimenté, il comprend : - un marché primaire - un marché secondaire Les cotations des valeurs (informatisée et en continue depuis 1985) ont lieu sur divers segments du marché : - la cote officielle ou cotes des entreprises du CAC40 - Le second marché créé en 1983 - Le nouveau marché créé fin 1995, III Que faut-il attendre de la globalisation financière ? La question qui se pose est : « la globalisation financière a-t-elle amélioré l’allocation du capital depuis les années 1980’s ? » : sujet Ecricome 2015 Les capitaux vont-ils mieux là où ils sont le plus nécessaires ? cela favorise t-il une meilleure convergence entre les nations, cela garantit il une croissance inclusive et durable ? On parle de financiarisation de l’économie réelle = « processus qui, sur la base de la libéralisation des marchés financiers et de la sophisticatioin grandissante des techniques, fait pénétrer la finance dans

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tous les secteurs de la vie éco et tend à lui donner un rôle moteur dans la globalisation » (Boruguignat et al. (2007). Pouvoir étendu des créanciers qui « désormais, allaient faire la loi Pressions en faveur des politiques de lutte contre l’inflation, de libéralisation, etc.. 1) Les avantages escomptés de l’ouverture financière internationale a) L’efficience allocative (capital, risques) et informationnelle des marchés financiers Aller vers la cpp : rationalité des néoclassiques ( anticipations rationnelles ) appliquée aux marchés financiers. L'expression "efficience du marché financier" a été utilisée pour la première fois par Eugène Fama économiste américain nobélisé en 2013 dans un article publié en 1970 intitulé "Efficient Capital

Markets : a Review of Theorical and Empirical Works". Son hypothèse part du principe que lorsqu'un marché est suffisamment développé et que les informations sur ce dernier sont connues par tous les acteurs, ces derniers étant rationnels, réagissent presque instantanément et de façon correcte. L’abondance de l’information véhiculée par le prix des actifs, et cette abondance est susceptible de favoriser « l’efficience informationnelle » et permet aux opérateurs de prendre en compte toute information susceptible d’influencer le prix des actifs : les besoins de l’Etat et du marché sont visibles à travers le prix. Aucun investisseur ne peut réussir à obtenir un profit anormal sur le marché pour un certain niveau de risque donné. Le prix d'un actif est donc égal à sa valeur théorique. La surévaluation ou sous-évaluation d'actif est donc impossible dans un marché efficient. Sur le long terme, "battre le marché " est donc impossible. Par ailleurs, la globalisation financière permet des transferts d’épargne ; Transfert inter-temporel de richesses : le progrès technique financier permet de lisser la consommation intertemporelle Elle a permis permet de partager, disséminer les risques Elle permet d’éviter tout effet d’éviction au sein des nations L’accès aux marchés mondiaux de capitaux permet d’emprunter en période difficile et prêter en période favorable ; donc rôle contracyclique des marchés de capitaux particulièrement important en présence de chocs temporaires Dans les PED, elle permet de sortir du cercle vicieux de la pauvreté évoqué par NURKSE. b) La discipline de marché L’ouverture financière, et le risque de volatilité des flux de capitaux, renforcent l’incitation à adopter des politiques macroéconomique prudentes c) La croissance économique Il existe un lien de causalité entre l’ouverture financière et la croissance économique. En effet, si la discipline macroéconomique (vue précédemment) se traduit par une plus grande stabilité économique et financière, elle peut aider à la croissance. Par ailleurs, la croissance est conditionnée par le PT et donc le capital → une meilleure amélioration

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de l’allocation du capital ne peut donc être que profitable Or, avec la fluidité du financement il est possible d’obtenir de meilleures conditions de financement d'où + de possibilités. Les entreprises en besoin de financement pour profiter d’économies d’échelle, d’effets d’agglomération, etc. ont pu lever des fonds à l’échelle de la planète, les taux d’intérêt ont diminué ; et donc croissance Ces effets de l’ouverture financière ont pour conséquence d’accroître à la fois, le niveau et la productivité du capital, donc la croissance de l’économie, selon un enchaînement que l’on peut résumer par le schéma suivant :

Le taux de croissance devient endogène aux caractéristiques de l’économie et particulièrement à celles du système financier sous conditions, bien sûr, de la qualité des services financiers fournis aux utilisateurs. Mais aussi risque de la hausse de la dette externe et de ce qu’Alexander Sack ancien ministre du Tsar Nicolas II appela la « dette odieuse » comme on l’a vu dans un chapitre précédent 2) La domination des flux Nord Nord et l’isolement des pays les moins avancés Les flux de capitaux ont tendance à être fortement concentrés géographiquement sur un petit nombre de pays et dans certains secteurs fortement capitalistiques (ressources naturelles). L’accès aux marchés mondiaux de capitaux tend à être asymétrique pour beaucoup de pays. a) Au plan théorique, le capital devrait se localiser là où son rendement marginal est le plus élevé, Les rendements décroissants du capital doivent donc logiquement conduire au déplacement des capitaux du nord vers le sud, ce qui fut le cas historiquement.

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b) Paradoxe de Lucas Certes, le capital a pu être dirigé dans les PED car les investisseurs sont attirés par les bons rendements et veulent être les « first movers » → la globalisation financière a offert aux PED la possibilité de s’industrialiser et se développer et en ce sens se dégager du « cercle vicieux de la pauvreté » (Nurkse) et de la dégradation des termes de l’échange face à laquelle ils ont souvent à faire face ; les capitaux affluant pour pallier leurs déficits. Toutefois, la tendance générale n’a pas contredit le « paradoxe de Lucas », théoricien de la croissance endogène qui montre qu’au lieu d’attirer les capitaux vers les PED qui ont le plus besoin d’investissement (car peu d’épargne possible comme démontré par Nurkse), les capitaux sont réorientés vers les pays riches où les conditions de la croissance endogènes sont les plus développés => les PED doivent recourir à l’endettement, qui augmente => poids des intérêts => les flux S-N dominent sur les flux N-S (le S finance le nord !). C’est une des grandes limites à l’efficacité supposée des marchés financiers selon D. PLIHON («les marchés financiers sont-ils efficaces ?»)

En lieu et place de la convergence entre pays, on observe plutôt une grande divergence entre les PDEM d’une part et les PED qui attirent très peu de capitaux en dehors de l’aide au développement ou des transferts de fonds des migrants. Si la globalisation financière a servi les pays émergents qui présentaient une forte productivité marginale parce qu’ils avaient réuni les conditions de la croissance endogène, un capital sociétal, un capital humain, elle n’a pas servi les autres PED Par ailleurs les capitaux extérieurs peuvent servir à financer des investissements peu rentables et peu productifs dans le secteur des biens de consommations ou dans l’immobilier (ex Thailande, Indonésie, Brésil) et donc impact limité sur la croissance ; risque de « dette odieuse » c) Le cas des pays émergents Les marchés financiers dans les pays émergents : un double aspect : Ils sont attractifs (absorbeurs de capitaux) Mais victimes de retraits brutaux (sudden stops) Ils épongent les tsunamis monétaires et instaurent des taxes autorisées depuis 2012 par le FMI qui tient dès lors un discours différent de celui du « consensus de Washington ». Selon une enquête de Furceri et al. (2011) : sur 268 épisodes d’entrées massives de capitaux étrangers… - 60 % environ se sont achevés par un arrêt brutal des entrées de capitaux… - et environ un épisode sur dix s’est soldé par une crise bancaire ou une crise de change. Comme le démontre Stiglitz (Le prix de l’inégalité 2012) les pays les moins touchés par la crise de 2008 sont ceux dont l’ouverture était limitée comme par exemple le Chili, qui a mis en place le système de l’Encaje selon lequel tout investissement étranger au Chili devait voir le tiers de son montant conservé pendant un an dans les réserves de la BC chilienne. Selon le rapport de Prasad, Rajan et Subramanian (« the paradox of capital » 2007) les pays émergents qui ont connu la croissance la plus rapide sont ceux qui ont instauré un contrôle des capitaux et se sont davantage appuyés sur leur épargne intérieure que sur l’entrée d’IDE

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La solution radicale est le contrôle des entrées et sorties de capital surtout sur les placements court terme les plus susceptibles de partir au moindre signe de retournement conjoncturel et qui donc mettent les Etats en difficultés. Ainsi, le Brésil a instauré des quotas d’entrée de capitaux et une taxe sur les capitaux entrants sur son marché obligataire et boursier de court terme accepté par les PDEM et le FMI en déc. 2012 ; mais difficile application car déguisement de placement de court terme en long terme Aujourd’hui, Les PED se méfient de plus en plus des marchés financiers. Ils préfèrent miser sur leurs ressources internes et leur épargne (taux épargne Chine : 54% du PIB, Vietnam : 31%, Maroc : 22%, etc. au Japon, dette détenue essentiellement par l’épargne domestique) A partir de la fin des 1990’s : des capitaux vont des pays émergents vers les pays développés Les BC des pays émergents détiennent en 2012 les 2/3 des réserves de change mondiales contre un tiers pour les pays avancés (ces proportions étaient exactement inverses en 1995). Comment se fait il que les pauvres financent les riches ? L’ajustement structurel pour les pays surendettés dans le cadre du Consensus de Washington s’est traduit par la baisse de leurs importations, la baisse de leurs dépenses publiques, la lutte contre l’inflation et ainsi restaurer l’équilibre des balances et la compétitivité prix ; tout cela a permis à ces pays d’Asie et d’Amérique latine de dégager des excédents courants. Or le premier objectif des BC est de sécuriser leurs portefeuilles, et non le rendement des actifs qu’elles possèdent. Or, même faiblement rémunérés, les bons du trésor américains sont attrayants : quel emprunteur autre que le trésor des EU peut à la fois avoir des besoins de financement à la hauteur des excédents de la Chine et offrir une telle sécurité ? De plus, les marchés financiers des pays émergents sont de trop petite taille Enfin, la faiblesse de la gouvernance, la corruption, l’absence de culture d’entreprise jouent contre la fiabilité et la rationalité des placements financiers au sein des pays émergents. 3) Spéculation déstabilisante et les imperfections de l’information a) La spéculation déstabilisante Remise en cause des vertus stabilisatrices de la spéculation en présence d’irrationalités et/ou d’imperfection de l’information Indépendamment de la globalisation financière, les sphères financière et sphère économique (réelle) ne fonctionnent pas sur la même échelle de temps. Mais la globalisation financière va ajouter de nouvelles difficultés : - Changement de signification des taux d'intérêts - Décloisonnement entre monétaire et financier donc politique monétaire + difficile à piloter

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- Le « risque systémique » c'est-à-dire la contamination à l'ensemble de la sphère monétaire et même réelle lié à deux phénomènes : →la contagion d'une place boursière à une autre par une véritable réaction en chaîne (effet domino ) → volatilité des capitaux : des risques d'illiquidités et d'insolvabilités bancaires. Aglietta et Moutot (« le risque de système et sa prévention » 1993) évoquent les risques systémiques provoqués par l’imperfection et l’incomplétude des marchés financiers globalisés. b) Les faiblesses de la finance globalisée - Bulles et krachs. On enregistre dans l’histoire une multitude de bulles boursières successives à une spéculation outrancière : spéculation sur les tulipes aux Pays Bas (1630-36), Boom des chemins de fer aux EU (1868-73) Bulles boursières américaines (1920-29, 1960-69 et 1982-87) Bulle immobilière japonaise (1985-90) Bulle asiatique (1990-97) Bulle internet (1995-2000) Bulle des subprimes (2003-07) - Incertitude et comportements mimétiques Les investisseurs agissent par mimétisme, qu'ils soient rationnels ou non. André ORLÉAN Comprendre les foules spéculatives 2001, distingue trois types de mimétisme: - mimétisme normatif, dont le rôle financier est limité, qui s'apparente au conformisme. -mimétisme informationnel qui consiste à imiter les autres parce qu'on les suppose mieux informés ; préférence totalement rationnelle d’où l’impact des leaders d’opinion. - mimétisme autoréférentiel. Ils tentent donc de prévoir le comportement majoritaire pour l’imiter ➝ l’anticipation d'une vente généralisée sur les marchés est à l'origine d'un phénomène de contagion et de panique où les mouvements échappent de manière radicale au marché. Ces phénomènes psychologiques de comportement mimétique, de panique et de contagion ont été mis en exergue dans les travaux et les réflexions des économistes sur les crise financières à commencer par Keynes à travers le « concours de beauté » ou l’ « économie de casino ». Ce à quoi il faut ajouter les anticipations auto réalisatrices Les FMN disposant de grosses liquidités à court terme et ne voulant pas risquer de perdre de l'argent ont donc une activité normale de "couverture" contre les risques de mouvement brutal des taux d'intérêt, des devises, ou des actions. Le choix est largement ouvert avec des mouvements brusques d'une place financière ou monétaire à l'autre au gré des "bruits" ou rumeurs lancés sur le marché mondial entre courtiers de toutes sortes.

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- les asymétries d’information sur un marché financier

→ et donc risques d’aléa moral Risque que l’emprunteur s’engage sans prévenir dans des activités indésirables car elles augmentent le risque du projet initial ; le risque moral augmente le risque de pertes. Dès lors, les prêteurs peuvent décider de ne pas prêter alors même que le projet initial est bon et que les emprunteurs ne souhaitent pas augmenter son risque. Les mauvais emprunteurs nuisent aux bons

→ et de ce fait Risques de sélection adverse. lorsque les emprunteurs les plus susceptibles de conduire à de mauvais résultats sont ceux qui recherche le plus activement du crédit. En raison de l’anti-sélection, beaucoup de prêts risqués sont accordés car l’investisseur prudent n’emprunte que si il est sur de réussir tandis que le second est prêt à payer un taux d’intérêt beaucoup plus élevé. La banque fixe des taux d’intérêt élevés →les « bons » emprunteurs se retirent « The Market for “Lemons” : Quality Uncertainty and the Market Mechanism » est un article de théorie économique de George Akerlof écrit en 1970 établissant les bases de la théorie de la sélection adverse. « lemons » = voiture d’occasion dont on découvre les défauts après achat . Il montre comment une asymétrie d'information en faveur du vendeur d'un bien, en l'occurrence le vendeur en sait plus que l'acheteur sur la qualité du bien qu'il vend, peut conduire à la réduction du nombre de transactions ou à la disparition du marché, même dans des conditions par ailleurs concurrentielles Les institutions financières exercent une dictature financière sur les gouvernements dont elles détiennent les titres de la dette publique / sur les entreprises dont elles sont actionnaires ➝ la sécurité

et la rentabilité de leurs placements priment ; le marché est une arbitre des politiques nationales IV. Les crises de la globalisation financière 1) Typologie et panorama Quelles qu’elles soient, les crises financières résultent d’une accumulation excessive de dettes, qu’elles soient le fait des gouvernements, des banques, des entreprises ou des particuliers. Ces masses de dettes sont toutes dangereuses dans la mesure où elles mettent l’économie à la merci d’une crise de confiance. a) Typologie des crises financières de Reinhart et Rogoff Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie financière 2010, résultats d’une analyse qui remonte jusqu’à la Chine du XIIème siècle et l’Europe médiévale. On peut distinguer en théorie cinq types principaux de crises financières, même si elles sont souvent imbriquées en pratique. Crises définies par les évènements - les crises de la dette publique,

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- les crises bancaires - les krachs boursiers Crises définies par des seuils quantitatifs - les crises de change ou krack monétaire, qui se caractérisent par la chute brutale de la valeur d’une devise nationale (dépréciations annuelles de plus de 15%) - les crises inflationnistes, épisodes d’inflation élevée (au moins 40% sur 12 mois) enfin, puisqu’un bond inattendu de l’inflation équivaut de fait à un défaut de paiement, étant donné qu’il permet à tous les débiteurs de rembourser leurs dettes dans une monnaie dont le pouvoir d’achat a brutalement diminué b) panorama des crises - l’avant seconde guerre mondiale Il y a eu la crise bancaire américaine de 1907, aussi nommée Panique des banquiers, La panique se serait accrue si le financier J. P. Morgan n'était pas intervenu en engageant ses fonds propres et en persuadant d'autres banquiers de l'imiter pour soutenir le système bancaire américain. À cette époque, il n'existait pas de banque centrale américaine pour réinjecter des liquidités sur le marché. Puis les crises d’inflation et d’endettement associées à la 1ère GM, et enfin la crise de 1929 - l’après seconde guerre mondiale Il y a eu les chocs pétroliers qui se sont traduit par un accès d’inflation Crise de la dette publique suédoise (1991-92) ; tout d’abord dérapage des salaires/productivité, puis avec la dérégulation de l’offre de crédit→ forte affluence de capitaux et secteur bancaire très exposé à l’immobilier→ attaque spéculative sur la couronne suédoise qui est mise en flottement et dépréciée fin 1992. Effondrement de l’investissement dans la construction et effet richesse négatif de cet effondrement sur la consommation des ménages → baisse de la consommation et de la production et du PIB et hausse du chômage Le retour de la croissance dès fin 1993, avec une forte contribution des exports, une reprise en main des finances publiques, une libéralisation de nombreux secteurs. Mais aussi réformes structurelles via la réforme de l’Etat Providence Crise financière japonaise à partir de 1990 Jusqu’aux milieux des 1980’s économie d’endettement La crise apparaît suite à la combinaison d’une politique monétaire expansive lancée à partir de 1985 suite à la signature des « accords du Plaza » afin de déprécier le $ ; baisse des taux d’intérêt aux EU et flambée des IDE vers le Japon et d’une déréglementation du système financier et son ouverture internationale : vingt-deux maisons de titres étrangères entrent à la Bourse de Tokyo et les yuppies américains affluent.

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Puis celle de la bulle internet 2) Puis celle des subprimes Certains économistes distinguent « la grande dépression des 30’s » et « la grande récession de 2008-2009 » Déroulement La révolution financière de la titrisation Puis la double bulle, le retournement du marché immobilier et le krach de l’été 2007 Interventions des autorités monétaires et approfondissement de la crise ; injections de liquidités et sauvetages de banques etc. sauvetages de Bear Stearns et de la Northern Rock. Mais faillite de Lehman Brothers le 15 sept 2008. Plan Paulson d’oct 2008 de 700 mds USD rachats d’actifs « pourris », apports de capitaux, garanties d’emprunt Mais malgré cela, rationnement du crédit « Credit crunch » sur le marché interbancaire puis sur l'ensemble des marchés et donc rupture de crédit à l'investissement, la consommation. Mais aussi l'« effet Pigou », ou "effet d'encaisses réelles", qui établit un lien entre la valeur réelle des encaisses ou des actifs monétaires détenus par les particuliers et la demande de biens de consommation. La sphère réelle est donc touchée ; faillite en chaîne des entreprises, destruction d'emplois ; ainsi, en France, 521000 emplois détruits essentiellement des emplois temporaires (Interim, CDD, etc.) qui sont les premiers emplois sacrifiés en cas de ralentissement éco. C’est la plus forte baisse enregistrée depuis 40 ans Causes - Abondance de liquidités : Greenspan et politique monétaire expansive (très faible loyer de l'argent) + épargne des pays émergents (2000 mds pour la Chine en 2008 épargne 50%) - Les déséquilibres internationaux et les dysfonctionnements du SMI ; excès de dépenses aus US (épargne des ménages inférieure à 4% eu début des 2000’s) et augmentation du déficit public - Inégalité de revenus et crise financière : causalité ou concomitance ? tendance à l’accroissement de l’endettement (des plus défavorisés) et incitation à l’intermédiation - La dérèglementation et les innovations financières ; corrélation entre forte mobilité du capital et fréquence des crises bancaires. Hypothèse d’instabilité financière de Minsky dans les périodes de prospérité Quelles ressemblances et différences avec 1929 ?

Les ressembances Les différences

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La crise dite de la dette publique ou souveraine entamée à partir de 2009-2010 qui débute en Islande (quasi faillite du pays), Irlande puis la Grèce, l'Italie, l'Espagne, etc, déstabilisant surtout la zone Euro Toutes ces crises ont ravivé les craintes et le souvenir des 30 ‘s et les politiques qui s’en sont suivies ont fait fort de ne plus commettre les erreurs de 1929. On voit donc que les crises contemporaines sont d’origine financières cad non causées par les fondamentaux, l’économie réelle, mais par les variables financières et politiques ; ce sont les crises du 21ème siècle 3) Les crises financières dans les pays émergents a) la crise mexicaine d'Aout 1982 ; crise dite de 1ère génération avec la cessation de paiement des dettes mexicaines. Crise d’endettement très forte : 80 milliards de $ ; or, forte réévaluation du $ sachant que la dette mexicaine était indexée au $. Dès lors, détérioration du ratio : service de la dette/exportations qui devient supérieur à 30% et qui rend l’endettement insoutenable sachant que le seuil de viabilité de la dette établi par le FMI et la Banque mondiale correspond à un ratio service de la dette/exportations compris entre 15 % et 25 %, Pour info, entre 2000 et 2008, le ratio du service de la dette publique et de la dette garantie par l’État sur les exportations a été ramené de 12,5 % à 3,4 % dans les régions en développement, ce qui témoignait d’une tendance à la croissance durable de l’économie. b) La crise mexicaine de 1994-1995 appelée aussi « crise Tequila » L'ancrage fixe du peso mexicain au dollar était, à terme, incompatible avec le niveau élevé de l'inflation au Mexique. Néanmoins, cet ancrage donnait l'illusion générale d'une garantie de change. Ajouté à la suppression d'obstacles structurels aux mouvements de capitaux, il provoque de 1990 à 1993 un afflux considérable de liquidités étrangères dans l'économie mexicaine : plus de 90 milliards de dollars, lesquels viennent dollariser l'économie mexicaine et, surtout, nourrir un boum des crédits bancaires au secteur privé, qui croissent de 25 % par an pendant la période. Mais l'inflation érode petit à petit la compétitivité mexicaine et les comptes extérieurs du pays se détériorent, le déficit de la balance des paiements atteignant 8 % du PIB. À partir du 20 décembre 1994, les sorties de capitaux s'accélèrent et le peso dévisse. » Elle s'étendit à l'économie réelle du pays (En 1995, le PIB mexicain enregistre une baisse de 7 %), puis eut des répercussions dans le monde entier, en particulier en Amérique du Sud. c) La crise asiatique (1997) qui commence par un grand attrait des capitaux étrangers vers cette région sachant que les créances sont alors alignées sur le dollar qui est alors bas. Utilisation douteuse des capitaux entrants et faibles rendements et donc capacités de remboursement Or instauration d’une politique monétaire restrictive par la FED dirigée par Greenspan → décrochage du Bath → baisse de la crédibilité et retrait des capitaux → contagion vers la Russie en 1998 (crise de la dette : le rouble perd près de 30 % de sa valeur), → puis le Brésil, où le Real chute de 40 % en quelques jours en 1999. Les pays voisins, dont l’Argentine (premier partenaire commercial du Brésil), sont rapidement touchés. d) La crise russe de 1998 Le démantèlement du système soviétique a laissé apparaître un important problème d’équilibre des finances publiques, en particulier parce que le système fiscal n’a pas été adapté aux nouvelles règles économiques issues de la transition. Ce problème a été aggravé par la

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politique des gouvernements qui se sont succédés à partir de 1992 et qui n’ont ni pu ni voulu rétablir la nécessaire discipline fiscale. Il faut ici ajouter que la suppression des taxes sur les exportations de matières premières en 1994, à la demande du FMI, devait précipiter la reproduction d’un déséquilibre emplois/ressources. Dans ces conditions, et pour respecter les recommandations des organisations internationales, le recours à l’emprunt était inévitable et logique Fuite en avant devant la dette Pour financer le déficit budgétaire, et en accord avec le FMI, le gouvernement russe a émis à partir de 1993, et de manière significative de 1995, des titres internes (GKO et OFZ) libellés en roubles et sur des échéances courtes (de 1 à 3 mois). Dès fin mars 1998 il devenait donc clair pour les observateurs que le marché financier russe n’était plus en mesure de porter la dette publique, et ce alors que le déficit budgétaire ne donnait nul signe de devoir diminuer. Un système de banque fragile La crise russe résulte donc de la mise en œuvre de dynamiques bien connues. Un marché financier fraîchement créé et libéralisé, alimenté par des titres à haut rendement émis par un État connaissant des difficultés budgétaires récurrentes, devient un instrument de spéculation La crise fut directement liée à l’attribution d’un nouveau prêt du FMI (et de la Banque mondiale) à la fin du mois de juin 1998. La fuite des capitaux commença en août 1998, s’accéléra brutalement, et obligea le gouvernement, non sans une dernière pantalonnade de Boris Eltsine à prendre trois décisions : - Un défaut sur la dette souveraine. - L’abandon de la défense du rouble. - Des vacances bancaires. Immédiatement, le rouble s’effondra d’environ 50% de sa valeur initiale. e) La crise argentine entre 1998 et 2002 (plutôt crise de deuxième génération) Dès 1976 et le coup d'Etat militaire, la junte au pouvoir introduit une politique "néolibérale" en Argentine. La corruption se généralise, les structures économiques et sociales sont démantelées. À la fin des années 1980, le pays est traumatisé par l’hyperinflation : les prix augmentent de 4 924 % en 89 et de 1 344 % en 1990. Ce désastre provoque une réaction radicale. "Le plan de convertibilité », mis en place en 1991, ressemble beaucoup au système dit du currency board Ce système impose une contrainte forte à l'émission monétaire : celle-ci doit être strictement limitée à l'entrée de devises. Cette politique se poursuit sous les deux mandats de Carlos Menem, de 1989 à 1999. Il impose un programme d'austérité qui va permettra à l'Argentine de redevenir, huit ans plus tard, le pays le plus riche d'Amérique du Sud avec un produit intérieur brut de 270 milliards de dollars.

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D'une manière générale, cette contrainte va peser lourdement sur les possibilités d'emprunt et poussera le gouvernement à chercher "un déficit zéro" de son budget, précipitant la récession, la faisant durer et la transformant en crise ouverte. La crise du real brésilien en janvier 1999 va achever de fragiliser l'Argentine, premier partenaire commercial du Brésil. L’explosion finale a lieu en décembre 2001 L'Argentine, frappée par quarante-deux mois de récession, se trouve en faillite et le gouvernement doit faire face à une très grave explosion sociale. Pour que l’intégration financière aboutisse à une croissance inclusive et soutenable, il faut donc promouvoir des flux de capitaux à long terme et gérer les risques d’inversion des capitaux à court terme pour garantir la stabilité et la crédibilité du cadre macroéconomique Mais il faut aussi et surtout des politiques structurelles de développement du capital social (institutions), humain (éducation, etc.) et public (infrastructures) Mais il faut aussi que l’ouverture financière soit accompagnée d’un renforcement de la régulation prudentielle d’ une + grande concertation internationale et de la supervision des institutions financières 4) La régulation prudentielle Alors bien sur : création des agences de notation, Mais nécessité d’encadrer encore plus la globalisation des capitaux par une régulation internationale mais aussi spécifique à chaque pays ou ensemble de pays pour éviter que la volatilité financière n’anéantisse les gains d’efficacité dans l’allocation des capitaux obtenus grâce à l’intégration financière. Il s’agit de déplacer la régulation vers l’amont à l’échelle internationale car les politiques macroprudentielles au niveau national peuvent contribuer aussi à la contagion. L’ouvrage de Reinhart et Rogoff Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie financière, 2010 s’intéresse aux différentes formes de crises financières et montre comment ces crises ont pu être aggravées par la mondialisation financière. L’ouvrage met également en relief le rôle des institutions internationales (Fonds monétaire international et Banque mondiale) qui peuvent réduire les risques en imposant des réglementations relatives à l’endettement et en permettant de disposer de données plus transparentes sur les bilans des banques et sur la dette étatique. Il préconise des indicateurs précoces d’alerte pour prévenir la création de bulles. Il faut également mettre en place un cadre légal solide pour restructurer la dette avant de nouvelles crises Dans de rares cas où les pays ont accumulé une charge de la dette insoutenable, et que l’accumulation de réserves par la banque centrales est insuffisante, ils doivent restructurer leurs obligations. À l'heure actuelle, le système financier international n'est pas doté d'un cadre légal solide qui permette de restructurer la dette souveraine de manière prévisible et ordonnée, ce qui rend les défaillances encore plus coûteuses. Le FMI cherche à créer un cadre de restructuration équitable et apte à restaurer la viabilité et la croissance, sans pour autant comporter des incitations susceptibles d'accroître indûment les risques de défaut de paiement. KRUEGER : Sovereign debt restructuring mecanism, initiative de 2002

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Difficultés à mettre en place des instances de régulation Cependant, il est toujours difficile de mener à bien ces orientations. En effet il est erroné de penser que les marchés financiers ne sont pas régulés et qu’il reste à le faire. Le problème réside dans le fait que - les régulations existantes n’arrivent pas à gérer toutes les innovations financières. - Ampleur des mouvements de capitaux : dur de prévoir une panique financière et de la contrer. En effet,les réserves des BC et du FMI sont insuffisantes pour contrer des attaques spéculatives de grande ampleur. - Traiter les crises nécessite à la fois le respect de la situation financière collective et en même temps le respect des souverainetés nationales. - Il faut la prévention en amont pour responsabiliser les agents économiques : les banques, les agents financiers, les institutions internationales, l'Etat,et même les particuliers ... a) Le G20 et la gouvernance mondiale Il s’agit pour les gouvernements d’éviter le credit crunch (sachant que tel n’avait pas été le choix en 1929). Le prêteur en dernier ressort (la Banque centrale) a pour fonction d’assurer la liquidité générale du système à un moment où se généralise la course à la liquidité ; il intervient pour éviter les risques systémiques cie un effondrement généralisé du système bancaire et financier et de l’économie réelle. Il s’agit d’actions ex post, mais des mesures prudentielles ou préventives (de type structurel) peuvent également être prises ex ante sous la forme des diverses réglementations des activités bancaires et financières, par une institutionnalisation de règles prudentielles. Les promesses du G20 décembre 2008 : - politiques monétaires et budgétaires expansives pour soutenir la croissance mondiale. - un appel à + de transparence et d'intégrité de la part des établissements financiers : banalités car à chaque crise on réclame çà. - contrôle prudentiel des banques -> il faut qu'elle s'assure de disposer de suffisamment de liquidités en propre et de renforcer leurs contrôles internes des risques. Les critères « micro-prudentiels » se sont peu à peu affinés avec la multiplication des « ratios » (taux de liquidité, rapport des fonds propres aux crédits, etc.). La menace de la fermeture d’une banque incite au respect de ces règles. Le secteur des assurances lui aussi s’est vu imposer des règles de saine gestion pour préserver les actifs des assurés. Partout il s’agit de limiter les possibilités de transformation des échéances et de donner moins de prise à une concurrence bancaire qui pourrait fragiliser les banques et donc se révéler néfaste pour le financement harmonieux de l’activité économique - réduction des risques liés aux produits dérivés. - protéger la finance mondiale contre les pratiques des paradis fiscaux et réglementaires. - donner au FMI un rôle de prévention, pour surveiller les systèmes financiers, les banques et les systèmes de rémunération de la finance. - Rôle du FMI et de la Banque mondiale. Aller vers une fusion et un accroissement de leurs moyens d'action. Faire du FMI une BC mondiale avec des moyens considérables. ( mais pb du hasard moral ). Mais aussi multiplication des sommets : Sommet de Pittsburgh du G20 en septembre 2009 sur l’encadrement des bonus, la participation accrue des pays émergents au FMI, etc. En 2011 G20 présidé par la France et réuni à Cannes mais qui n'a pu avancer sur la question de la moralisation de la finance internationale tant la crise de la Grèce a occupé les esprits b) L’accord dit de « Bâle III » Mise en place du Comité de Bâle ou Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (en anglais Basel

Committee on Banking Supervision, BCBS) institution créée en 1974 par les gouverneurs des banques centrales du « groupe des Dix » (G10). Il s’agit d’un forum où sont traités de manière régulière (quatre

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fois par an) les sujets relatifs à la supervision bancaire. Il est hébergé par la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle. Les missions du Comité de Bâle sont : - le renforcement de la sécurité et de la fiabilité du système financier, - l’établissement de standards minimaux en matière de contrôle prudentiel, - la diffusion et la promotion des meilleures pratiques bancaires et de surveillance - la promotion de la coopération internationale en matière de contrôle prudentiel. Enfin, le Comité joue le rôle de forum informel pour l’échange d’informations sur l’évolution de la réglementation et des pratiques de surveillance à l’échelon national ainsi que sur les événements actuels dans le domaine financier. Les réalisations les plus connues du Comité ont été le premier et le second Accord de Bâle. Bâle I et II mise en place de mesures microprudentielles : Dans le cadre de Bâle I mis en place en 1988, adoption du « ratio Cook » (du nom du 1er président du Comité de Bâle) selon lequel les banques sont tenues de garder un volant de liquidité, de ne pas prêter à long terme, l'équivalent de 8 % de leurs fonds propres afin de faire face aux impondérables : retournement de la conjoncture et augmentation des impayés de la part de ménages moins solvables, retraits soudains aux guichets de la banque. Dans le cadre de Bâle II, en 2004, adoption du ratio McDonough, ratio qui tient son nom du président en exercice du Comité de Bâle ; il est plus fin que le ratio Cooke auquel il succède car il prend en compte le risque plus ou moins élevé des différents prêts accordés ; Trois types de risques sont pris en compte (le risque de crédit, le risque de marché et le risque opérationnel). C’est d’ailleurs ce qui est peut être à l’origine de la stratégie de « titrisation » des subprimes Ce sont des ratios d'autodiscipline pour limiter le risque d'insolvabilité. Le problème est que la multiplication des innovations financières permet à beaucoup d'agents économiques d'échapper aux contrôles prudentiels. Par ailleurs, il revient aux banques elles-mêmes de construire ses modèles d’estimation des risques pris et cela leur laisse l’espace pour construire des modèles qui sous estiment les risques afin de sous estimer les fonds propres nécessaires. Par ailleurs, mesures auxquelles échappent les « banques de l’ombre » (shadow banking) cad les banques qui ne recevant pas de dépôts, ne sont pas régulées en tant que banques Bâle III en 2010 : mesures macroprudentielles visent à limiter la procyclicité inhérente du système financier, c’est-à-dire créé dans et par le système financier. - agences européennes de supervision des banques, assurances et marchés financiers (une à Paris, Londres et Francfort) - Conseil européen du risque systémique chargé d’alerter les Etats sur la constitution de bulles sur les marchés d’actifs financiers ou immobiliers. Mission confiée à la BCE qui, dès lors, est tout aussi responsable de l’inflation des prix des actifs financiers que de l’inflation des prix des biens et services). Ainsi, par exemple, la BCE peut demander à l’Espagne de lutter contre l’explosion de l’endettement privé lié à une bulle immobilière en haussant le coût des emprunts immobiliers (hausse des taux d’intérêt). Mais ce n’est pas contraignant et cela dépend du respect de l’Etat vis-à-vis de ces préconisations - encadrement des rémunérations des traders et dirigeants des banques : 30% de bonus versés en cash, le reste après 3-5 ans (sauf si pertes) et au moins pour 50% en actions de la banque - règles qui obligent les hedge funds (dont nous parlerons plus loin) à s’enregistrer auprès des régulateurs nationaux et à transmettre les infos permettant d’évaluer les risques pris - à partir de 2012, obligation d’enregistrer toutes les opérations « de gré à gré » dans des places centralisées appelées « chambres de compensation » (sorte de chambre de notaires) et cela afin de garantir une meilleure traçabilité des risques et donc possibilité d’anticiper les problèmes

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- efforts de régulation, d’encadrement des modèles internes d’évaluation des risques. - Renforcement de la lutte contre l’optimisation voire la fraude fiscale internationale, notamment en direction des paradis fiscaux ou Etats et territoires dits « non coopératifs » Faire en sorte que l’impôt soit payé dans le pays où l’activité éco est réalisée. Comment les entreprises opèrent pour échapper au fisc ? Par le principe des prix de transfert ; technique dont les multinationales font un usage abusif, exportant des profits réalisés dans les pays où elles ont outils de production et employés, vers des territoires à fiscalité zéro. Les prix de transfert sont « les prix auxquels une entreprise transfère des biens corporels, des actifs incorporels, ou rend des services à des entreprises associées » : prix des transactions entre sociétés d’un même groupe résidents dans des Etats différents ; donc 2 conditions : filiale d’un même groupe et passage d’une frontière. Il s’agit finalement d’une opération d’import-export au sein d’un même groupe. Importance du phénomène ; l’affaire du « Panama Paper » qui à partir de 11,4 millions de documents a révélé en 2016 l’existence de 220 000 sociétés écrans ; Des pays aident ces entreprises à réaliser ces opérations d’optimisation fiscales Paradis fiscal principe très ancien depuis le moyen âge Dans les années 1920, une nouvelle génération de paradis fiscaux apparaît : des zones comme les Bahamas, la Suisse ou le Luxembourg commencent à développer des législations permettant notamment aux étrangers de venir déposer leurs capitaux pour échapper à l’impôt. Beaucoup de ces territoires, après la seconde guerre mondiale, appartiennent aux « oubliés du Plan

Marshall ». Pour financer leur développement, certains se spécialisent dans les pavillons de complaisance tandis que d’autres adoptent une stratégie d’intégration à l’ordre mondial par la dérégulation et le secret bancaire. En 2015, l’affaire Swiss Leaks éclate au grand jour avec une liste de comptes suisses appartenant à des étrangers qu'un ancien informaticien de la banque espérait revendre avant de finalement la confier aux autorités françaises. Définition du paradis fiscal ; l’OCDE considère qu’il faut 4 critères pour les définir

- impôts inexistants ou insignifiant - absence de transparence - législation empêchant l’échange d’informations avec les autres administrations - absence d’économie réelle seule, grande place pour la finance dans le PIB ; en d’autres

termes l’essentiel du PIB du pays provient de sa tolérance envers les sociétés écran ayant une activité fictive Leurs méfaits Ils rendent service aux FMN, terrorisme, mercenariat Manque à gagner pour les recettes publiques : 2000 mds de $ de profits des FMN partent dans ces paradis fiscaux. Selon la Banque de France, 70 mds d’euros sont détournés en France /an soit 12% des recettes potentielles quelque 5.800 milliards d'euros seraient dissimulés dans les paradis fiscaux, soit un manque à gagner de 130 milliards par an pour les administrations fiscales du monde entier, selon l'économiste Gabriel Zucman, spécialiste de la fraude fiscale. Ces territoires contribuent à l’instabilité financière ; les fonds spéculatifs contribuent à l’instabilité des taux de change, des prix des matières premières et permettent de prendre des risques en toute opacité : or, ils sont situés en très grande majorité dans les paradis fiscaux

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Concernant la crise des subprimes, il s’avère que les deux tiers des transactions de gré à gré sur dérivés de crédit impliquaient les Territoires Non Coopératifs Concurrence déloyale car hausse des marges des entreprises qui optimisent, surprofit, capacité d’investissement les moyens de lutte contre ces territoires : garantir la transparence : En 2013, la loi FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act) qui oblige les banques étrangères à informer systématiquement le fisc des Etats-Unis des comptes et dépôts de leurs clients américains au-delà d'un montant de 50.000 dollars. En 2014 avec la signature de l’AEOI, plus de 80 pays s'engagent à un échange automatique (et non plus sur demande comme c’était le cas avant) de toutes les informations sur les comptes bancaires détenus par des personnes (physiques ou morales) qui résident dans tout Etat signataire d'ici 2017-2018. Objectif: que chaque administration fiscale ait connaissance des avoirs financiers placés à l'étranger par ses contribuables. Les signataires incluent les membres de l'Union européenne, ainsi que des principautés attachées au secret bancaire comme le Liechtenstein, ou des paradis fiscaux comme les Îles Caïmans ou les Îles Vierges britanniques. Dans un accord séparé, une quarantaine d'autres pays se sont engagés dans à être prêts dès 2018. Parmi eux, l'Autriche mais aussi la Suisse, chantre du secret bancaire, et d'importantes places financières comme les Bahamas ou les Emirats Arabes Unis. En oct 2015, un accord politique à 62 pays contre l’évasion fiscale des FMN telles que les GAFA, susceptible de coûter à ces dernières entre 100 et 240 mds de $ d’impôts sur les sociétés par an. Baptisé BEPS (Base Erosion and Profit Shifting, Erosion des bases taxables et transfert de bénéfices) Autres mesures mises en œuvre d’emblée par tous : Echange automatique entre Etats des rulings, accords fiscaux consentis par des Etats, dont le Luxembourg (Luxleak) aux FMN, mais aussi la localisation des « boîtes à brevets » là où se trouvent leurs chercheurs et qui dès lors peuvent bénéficier des régimes fiscaux offerts aux sociétés exploitant des brevets), L’obligation pour les ent. de déclarer leurs activités pays par pays et dans l’UE projet d’assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés Est-ce que toutes ces mesures permettront de mettre fin à ces détournements car Manque de coordination entre pays Pas les mêmes procédures judiciaires Montage très complexes fait par des experts

Alors les lanceurs d’alerte ? Seule une pression constante de la société civile pourra faire pencher la balance du bon côté Le Sénat a adopté jeudi 3 novembre 2016 le projet de loi Sapin II sur la transparence qui prévoit notamment la création d'une agence anti-corruption, une protection des lanceurs d'alerte et un encadrement des lobbies. c) Etats Unis : la loi Dodd Frank La loi Dodd Frank est une loi cadre qui traite en 2300 pages des principales questions soulevées par la crise bancaire et financière qui s’est déclenchée aux USA.

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Réforme des Institutions

Réforme des banques

Réforme des marchés

Réforme des autres acteurs

Protection des consommateurs

d) La réforme de la régulation financière en Europe La taxe TOBIN sur les transactions financières Définition : la taxe Tobin est un des instruments qui permettrait, pour reprendre l'expression de son auteur, de glisser " des grains de sable dans les rouages de la spéculation. -Constat : les mouvements de capitaux nécessaires pour parvenir à une affectation efficace de l'épargne mondiale ne représentent aujourd'hui qu'une fraction minuscule des transactions réalisées sur les marchés monétaires internationaux, le reste correspond à des opérations spéculatives et à des arbitrages -Objectif : impacter très fortement la rentabilité des flux de capitaux courts. Limiter les opérations sur le très court terme, garantir l’autonomie des politiques monétaires

Principes : cette taxe devrait s'appliquer à l'échelle mondiale, avec un taux identique dans tous les pays. Sinon, on pourrait y échapper en réalisant des transactions dans des zones où la taxe serait inexistante ou plus faible. -Application historique : La Suède avait mis en place, en 1984, une taxe sur les transactions financières. Cette taxe ciblée visait seulement les transactions effectuées à travers les opérateurs de marché suédois.

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La taxe sur les transactions financières en Europe 2012. Mesure adoptée par le parlement européen en décembre 2012 et peut-être appliquée après accord par les 11pays de l’UE ; Prélèvement de 0.2% sur les achats des 109 actions de groupes français pesant plus d’un milliard d’euros en bourse. Résultat, les volumes d’échanges de ces actions ont chuté de 18 % entre mai et juillet 2012 cie avant l’instauration de la TTF et ont bondé de 16% pour les actions non concernées -Limites : Cette taxe est « un serpent de mer » : elle est généreuse mais plusieurs problèmes : - Il n'est pas évident que des taxes de type Tobin empêchent la formation de bulles spéculatives. Ainsi, sur le marché immobilier, il existe déjà une "taxe Tobin" : les frais de notaire ! Cinquante fois plus importants ! ils n'empêchent pas la formation de bulles immobilières - Il faut qu'elle taxe tous les produits de CT : mais difficultés techniques car il y a des fuites. - l faut que les États jouent le jeu (pas de paradis fiscaux ... ) Par ailleurs, mise en place d’une Union bancaire européenne le 13 décembre 2012 cie solidarité entre les banques pour éviter les crises bancaires ; et par ailleurs, un superviseur unique = la BCE Supervision mise en place début 2014 dirigée par la BCE chargée de réaliser des « stress tests » Accord signé en mars 2014 pour la mise en place d’un fond de résolution des crises bancaire d’un montant de 55 milliards d’euros, financé par les banques elles mêmes, opérationnel d’ici 8 ans (et non 10 ans comme le souhaitaient les allemands). Refus de financer le redressement des banques via le Mes (mécanisme européen de stabilité) au capital fixé à 700 milliards d’euro Autre solution : la « bad bank » est une entité juridique spécifiquement créée pour permettre aux institutions financières de lui transférer leurs actifs toxiques. La bad bank peut voir son activité garantie par l’actionnaire de la banque cédante ou également être prise en charge par l'Etat. Dans le premier, la structure de défaisance (société tierce chargée d’isoler les actifs financiers) créée dépend directement de la banque en difficultés financières. Dans le second cas de figure, une structure publique a spécialement été créée pour racheter les actifs toxiques d’une ou plusieurs banques comme ce fut le cas en Irlande. Dès lors, les pertes encourues sont directement à la charge du contribuable.