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 1 REPUBLIQUE DU SENEGAL REPUBLIQUE DU SENEGAL Ministère de l’Economie et des Finances Université Cheikh Anta Diop de Dakar Direction de la Prévision et des Etudes Economiques Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Rapport de stage Le secteur informel au Sénégal, évolution et contribution à la valeur ajoutée de 1980 à 2009  Par Oumar BA Encadreur : M. Alassane DIALLO Master II Recherche en Monnaie, Finance et Banque Ingénieur Statisticien-économiste Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Direction de la Prévision et des Etudes Economiques 2012-1013

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    REPUBLIQUE DU SENEGAL REPUBLIQUE DU SENEGAL Ministre de lEconomie et des Finances Universit Cheikh Anta Diop de Dakar Direction de la Prvision et des Etudes Economiques Facult des Sciences Economiques et de Gestion

    Rapport de stage

    Le secteur informel au Sngal, volution et contribution la valeur ajoute

    de 1980 2009

    Par Oumar BA Encadreur : M. Alassane DIALLO Master II Recherche en Monnaie, Finance et Banque Ingnieur Statisticien-conomiste Facult des Sciences Economiques et de Gestion Direction de la Prvision et des Etudes Economiques

    2012-1013

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    Remerciements

    Je tiens tout particulirement remercier M. Pierre Ndiaye, Directeur de la Direction de la Prvision et des Etudes Economiques (DPEE), qui ma donn lopportunit deffectuer ce stage au sein de cette direction stratgique du Ministre de lEconomie et des Finances.

    Je tiens galement remercier M. Alassane Diallo, Ingnieur Statisticien Economiste, qui a bien voulu encadrer ce travail, morienter et mclairer sur le sujet tout au long de ce stage, recevez ainsi ma profonde gratitude pour votre patience et votre clart desprit.

    Mes remerciements vont aussi lendroit de M. Mahi Amadou Dme qui ma aid la recherche de ce stage, M. Youssoupha Diagne pour les changes sur la fiscalit sur le secteur informel et ses conseils, aussi M. Djibril Dione pour lorientation dans le choix du thme de ce stage.

    De faon plus gnrale, je remercie ma famille, les stagiaires et lensemble du personnel de la DPEE pour leur accueil chaleureux, leur esprit douverture, leurs aides et prcisions.

    Je remercie de mme, Madame Sy, Saguinatou Bousso, ma tante et ses enfants, la cit Sicap Keur Gorgui pour leur soutient durant ce stage.

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    Sommaire

    Remerciements .2

    Introduction .4

    Section 1 : Caractristiques et pratiques du secteur informel .5

    x Les caractristiques et lorganisation du secteur informel sngalais 5 x Les relations secteur informel et administration publique .8 x Les relations secteur informel et secteur moderne, concurrence ou sous-traitance10

    Section 2 : Analyse de lvolution et valuation de la contribution du secteur 1980 2009

    ..13

    x Analyse de lvolution de la valeur ajoute du secteur informel de 1980 200914 x Evaluation de la contribution du secteur dans la cration de valeur ajoute....24 x Analyse de la contribution du secteur informel....26

    Section 3 : Le secteur informel, un frein ou facteur de dveloppement ? ... 30

    x Les avantages du secteur informel ..30 x Les inconvnients du secteur informel 31 x Faut-il formaliser le secteur informel ? ..33

    Conclusion 35

    Bibliographie .37

    Annexe ......40

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    Introduction

    Le concept de secteur informel a fait son apparition dans la littrature conomique avec les premiers travaux du Programme mondial de l'Emploi entrepris par le Bureau International du Travail (BIT) au dbut des annes1970, au Ghana en 1971 et au Kenya en 1972. Cest ce rapport du BIT sur le Kenya qui lana et vulgarisa le concept. Cependant en 1993, la confrence des statisticiens du travail, lors de sa quinzime session adopte la dfinition suivante pour des besoins dharmonisation et dactualits:

    Le secteur informel peut tre dcrit, dune faon gnrale, comme un ensemble dunits produisant des biens ou des services en vue principalement de crer des emplois et des revenus pour les personnes concernes. Ces units, ayant un faible niveau dorganisation, oprent petite chelle et de manire spcifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les relations demploi lorsquelles existent sont surtout fondes sur lemploi occasionnel, les liens de parent ou les relations personnelles et sociales plutt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme. []

    Ce secteur informel, tel que dfini, couvre tous les secteurs conomiques, primaires, secondaires et tertiaires. Aujourdhui, aucun domaine de la vie conomique et sociale des pays en dveloppement nchappe lemprise du secteur informel.

    Le secteur informel, dans toutes ses formes n'est donc pas dmontrer. Il est prsent partout du Nord au Sud, des pays dvelopps jusquau pays en voie de dveloppement, et occupe une place importante dans la vie conomique surtout en Afrique. Au Sngal, dans les villes, les travailleurs de ce secteur se recensent dans lentreprenariat familial, le travail domestique, le commerce, lartisanat, etc. Pour ce qui est des zones rurales, linformel concerne plutt lagriculture de subsistance, llevage et la pche continentale.

    Au cours des dernires annes, son expansion a t favorise par les crises conomiques cycliques et lapplication de politiques dajustement structurel et un secteur formel moderne qui narrive pas satisfaire convenablement une demande populaire de plus en plus forte. Ce secteur rpond souvent aux besoins dune proportion galement leve dhabitants grce la fourniture des biens et services adapts.

    Le dbat sur lvolution et lapport du secteur informel au Sngal simpose au regard surtout du contexte conomique actuel difficile caractris par la vie chre et un taux de chmage lev (49% ANSD-2010). Selon les rsultats de lEnqute de Suivi de la pauvret au Sngal (ESPS) 2005, repris dans la Situation conomique et sociale (SES) de dcembre 2010, par lAgence nationale de la statistique et de la dmographie (ANSD), le secteur informel contribue plus de 90% la pauvret au Sngal. Paradoxalement ce mme secteur emploie prs de 90% de la population active et fourni plus de 60% du Produit Intrieur Brut (PIB) daprs ces mmes enqutes. Do la question : le secteur informel au Sngal, volution et contribution la valeur ajoute.

    Dans cette prsente tude, lobjectif est danalyser dans le cas du Sngal, pour la priode allant de 1980 2009, la contribution de ce secteur dans le processus de cration de richesse

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    en termes de valeur ajoute brute. Ainsi aprs avoir dfini dans un premier temps les caractristiques et les pratiques de ce secteur informel ainsi que ses relations avec les pouvoirs publics mais aussi avec les professionnels du secteur moderne, nous analysons dans un second temps son volution et valuons sa contribution au plan conomique. Enfin nous tudierons dans quelle mesure ce secteur constitue un frein, ou un facteur de dveloppement au Sngal.

    Section 1 : Caractristiques et pratiques du secteur informel

    Lconomie sngalaise nest pas homogne. Dune part, elle est forme dun secteur moderne dont les activits conomiques nchappent pas la lgislation et la rgulation de lEtat et dautre part dun secteur informel dynamique, dont les caractristiques et les rapports avec ladministration et avec le secteur formel sont complexes.

    1.1 Les caractristiques et lorganisation du secteur informel

    Comme dans la plus part des pays en voie de dveloppement, notamment ceux de lAfrique subsaharienne, le secteur informel occupe une place trs importante dans lconomie du Sngal. En effet, une frange significative de la population vit de ce secteur dactivit.

    Avant de dresser les principaux caractristiques du secteur informel au Sngal ainsi que sa forme dorganisation, il nous semble important didentifier les pratiques informelles ainsi que les acteurs.

    Dans les centres urbains ce sont les activits commerciales qui dominent largement, cest dailleurs le gros informel. On y trouve les marchands ambulants, de grands commerants mais aussi de dtaillants en passant par les boutiques de quartier, etc. La production et les services tant trs gnralement minoritaires tend sinsrer facilement dans le secteur moderne. Par ailleurs, lartisanat, les transports ou la construction sont le plus souvent des secteurs marginaux et dont lon ne peut facilement intgrer car ncessitant une certaine pr-qualification. Donc, gnralement qualifie dconomie populaire, le secteur informel constitue un mode de vie, voire de survie surtout en milieu urbain, pour laquelle elle permet la satisfaction de besoins fondamentaux : se nourrir, se loger, se vtir, se former (apprentis), se dplacer. Elle concerne diffrentes activits alimentaires (distribution, prparation, restauration), de services personnels, de rparation, rcupration et recyclage. Le commerce et la distribution reprsentent la majeure partie de ces activits. Par contre, en milieu rural, cest lagriculture et llevage de subsistance, la pche continentale que lon observe.

    Selon lAgence Nationale de la Statistique et de la Dmographie (ANSD), dans son rapport sur le march de lemploi Dakar les rsultats de la phase 2 de lenqute 1-2-3 de 2003, 42,4% des emplois du secteur informel sont occups par des femmes dans la capital Dakar.

    Ce phnomne sexplique par le fait quelles sont les plus touches par le chmage et leur niveau dinstruction est faible. Aussi labsence de perspectives dinsertion dans le secteur moderne les encourage se dbrouiller dans le secteur informel. Cependant, loccupation des femmes dans lconomie informelle leur a permis de faire face aux crises conomiques surtout en milieu urbain et de raliser des objectifs qui leur sont spcifiques (Ela, 1994). Les

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    femmes sont gnralement des vendeuses, de petites commerantes, des femmes de chambre, des coiffeuses, des blanchisseuses, des domestiques etc. Par ailleurs, leur prsence majoritaire dans ce secteur est loin de traduire une certaine misre et de prcarit mais explique bien lardeur de leur imagination cratrice en fonction de la conjoncture (Tour, 1985).

    De plus, daprs ce mme rapport de lANSD, les jeunes (moins de 26 ans) reprsentent prs de 33,1% des actifs informels, et l'ge moyen est de 33,6 ans. Ils constituent galement plus de 70% de la main-duvre. Cest donc surtout les jeunes qui nont pas russi leurs tudes qui se tournent vers linformel (2,8 annes dtude) cependant lexprience est non ngligeable avec 7,4 anne. Daprs le document de la Stratgie de Dveloppement du Secteur Priv du Ministre de lEconomie et des Finance, la majorit des entrepreneurs du secteur informel sont relativement jeunes (25 44 ans) et environ 40 % dentre eux viennent de zones rurales.

    Ainsi, au Sngal, tout le monde est soit oprateur ou soit bnficiaire des biens et services fournis par ce secteur.

    Communment appel secteur non structur, le secteur informel est caractris par sept critres selon lOrganisation Internationale du Travail. Tous ces caractristiques se retrouvent dans linformel sngalais, il sagit de :

    x la facilit daccs aux activits ; Lentr ou la sortie est libre, il nexiste pas de barrires ni aucune autres formes dentraves pour accder le march.

    x lutilisation de ressources locales ; Les consommations intermdiaires du secteur sont issues du secteur lui-mme

    x la proprit familiale des entreprises ; pas de diffrenciation entre lentreprise informelle et le propritaire.

    x lchelle restreinte des oprations ; son march est local

    x lutilisation de techniques simples et nombre rduit de travailleurs ; les techniques de production sont simples et la taille de lentreprise est rduite.

    x la qualification est acquise en dehors du systme scolaire officiel ; la formation se fait sur le tas.

    x le march qui chappe tout rglementation et ouvert une rude concurrence ; Linexistence de rgles de fonctionnement du march explique cette situation.

    Cependant au Sngal, le secteur possde une capacit dinnovation et de ractivit que le secteur moderne na pas. En effet les stratgies dveloppes par linformel ncessitent ladaptation rapide des acteurs du secteur, la recherche et la mise en uvre dinnovations, larticulation avec le secteur moderne avec lequel il constitue le secteur priv sngalais.

    De par sa trs forte adaptabilit la demande, ses faibles investissements en termes de capital technique et financier, sa capacit sadapter une demande faiblement solvable (petites

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    quantits produites ou commercialises, prix rduits, relation personnalise avec la clientle), sa prsence permanente et gnralise, le secteur informel sest install dans tous les compartiments de lconomie sngalaise.

    Ainsi, le secteur informel prsente une gamme varie dactivits ce qui fait quil est difficile de bien en dfinir les contours. Il est omniprsent dans lconomie sngalaise. Distinguons entre autres pratiques informelle celles-ci :

    - Linformel de production est caractris dune part une agriculture priurbaine de lgumes (maraichre) dans la zone des Niayes.

    Cette production agricole est destine alimenter le march local. Elle ne sexporte que rarement (haricot-vert en gnral). Le bassin arachidier est le lieu dune production agricole de rente. Par contre dans les zones rurales, la culture du riz (delta du fleuve et bassin rizicole de la Casamance), la culture de tomate, de patate douce, du mas, du mil, etc. sont les principaux activits de production. Il faut noter que cette production est en gnrale destine une consommation locale (agriculture vivrire). Aussi cette production est en difficult suite aux alas climatiques, la chert des intrants, le manque de formation des cultivateurs, etc.)

    Dautre part, la production de biens meubles dans le secteur informel seffectue dans les ateliers de menuiserie bniste, de soudure mtallique, etc.

    - Linformel dart est compos de bijouterie, la sculpture, le tissage, la couture, la broderie, la maroquinerie, la cordonnerie, la peinture, etc.

    - Linformel de services est compos de : la restauration dans les gargotes et autres, de lhbergement dans des auberges de fortunes, de la location dhabitats par des propritaires immobiliers (villas, appartements, studios et chambres), des transports urbain et intra-urbain, locale et des fois transfrontalier, des salons de coiffures, de la rparation mcanique, lectrique, etc.

    - Linformel dchanges concerne la distribution de biens manufacturs par les entreprises du secteur moderne ou import, le commerce en gnral, le change, etc.

    Ct organisation, le secteur informel fait face dnormes difficults. En effet le caractre faible niveau dorganisation se traduit par linexistence dorganes interne au secteur. Cependant le document de Stratgie de Dveloppement du Secteur Priv du MEF, recense certaines organisations de nature plus ou moins syndical. Il sagit de :

    lAssociation des Femmes dAffaires et Commerantes (AFAC) ;

    les Groupements Economiques du Sngal (GES) ;

    lOrganisation des Commerants, Agriculteurs, Artisans et Industriels du Sngal

    (OCAAIS) ;

    le Rseau Africain pour le Soutien lEntreprenariat du Sngal (RASEF) ;

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    le Rassemblement des Oprateurs Economiques du Sngal (ROES) ;

    lUnion Nationale des Commerants et Industriels du Sngal (UNACOIS).

    Selon ce mme document ces organisations sont les plus reprsentatives du secteur informel, regroupant la trs grande majorit des oprateurs conomiques de ce secteur, des plus grands commerants et importateurs du Sngal aux petits commerants ambulants. Ces derniers, les marchands ambulants se sont rcemment constitus, suite aux vnements de novembre 2007, en Fdration des Association de Marchands Ambulants et des Tabliers du Sngal.

    Linformel sngalais est donc complexe. En effet, le secteur informel sngalais nest pas un secteur conomique au sens classique du terme (primaire, secondaire et tertiaire) : il est prsent dans tous les secteurs dactivit. Encore moins une branche dactivit : toutes les branches de lconomie, notamment lagriculture, lartisanat, la finance, le commerce, le transport, la mdecine, sy retrouve. Cette diversit dactivits est-elle compatible (lgitime) et/ou acceptable (lgale) avec les rgles et les dispositions qui rgissent la vie conomique selon ladministration publique? Ceci sera lobjet de notre deuxime sous-section.

    1.2 Les relations secteur informel et ladministration publique

    La caractristique fondamentale du secteur informel est ses liens peu troits avec lEtat surtout avec la fiscalit. Dailleurs la dfinition du secteur selon lAgence Nationale de la Statistique et de la Dmographie, ANSD savoir lensemble des units de production dpourvues de numro statistique et/ou de comptabilit crite formelle nous difie sur son caractre mconnue des services de lEtat.

    chappant gnralement tout contrle tatique et nayant aucun caractre officiel, les activits du secteur informel ne sont cependant ni clandestines ni criminelles mme si elles se dveloppent souvent en marge de la lgalit (CONESA, 2001).

    Le secteur informel est ambivalent : d'une part, il chappe aux rgles fiscales et/ou sociales en vigueur (il est illgal dans ce sens) alors que leur application et leur gnralisation (formalisation ou rglementation selon lapproche) sont un objectif incontournable dans un processus de dveloppement intgr. Dautre part, il est devenu un acteur conomique important. Il faut lencourager et faciliter ainsi sa croissance (le lgitim en quelque sorte).

    Linformalit juridique du secteur se caractrise dabord par son non enregistrement dans les registres prvus cet effet. Rare sont les entreprises du secteur qui possdent un numro didentification national des entreprises et des associations (NINEA). Il sagit dun numro unique par lequel une organisation est enregistre dans le rpertoire des entreprises, des tablissements et des associations lui fournissant une identification satisfaisante pour faciliter ses dmarches administratives. Au Sngal, toute organisation exerant dans le pays est tenu dy figurer.

    Ensuite cette informalit est lie au non-respect du droit du travail. Certes, le secteur informel est le premier employeur au Sngal et emploie prs de 90% de la population active selon

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    lANSD dans son rapport, offre de modestes rmunrations, selon les mmes enqutes. La rmunration mensuelle moyenne est de 64 700 FCFA soit un revenu horaire de 308 FCFA en moyenne, et est suprieure au salaire minimum fix 209,1 FCFA par heure. Pourtant, le secteur informel contribue plus de 90% la pauvret au Sngal parce que lemploi y est prcaire. Par ailleurs, du fait de la taille rduite des units informelles et du poids crasant de l'auto-emploi, le taux de salarisation (ratio rapportant le nombre de salaris au nombre total d'actifs) atteint peine 13% indique les mmes rsultats.

    Par contre, sagissant des normes lgales rgissant la dure du travail au Sngal, 40 heures par semaines, sont rarement respectes dans le secteur informel selon toujours les mmes sources. En effet les actifs du secteur informel travaillent en moyenne 48,9 heures par semaine. Ce taux est largement suprieur aux normes et prsente des disparits car 27,4% des actifs du secteur occupant un emploi temps complet, travail entre 35 et 50 heures par semaine. Pour les autres, le temps de travail varie fortement. Ainsi, si 16% des actifs travaillent moins de 25 heures, ils sont deux fois plus nombreux effectuer plus de 60 heures par semaine (32,4%).

    Force est de reconnaitre que les acteurs de ce secteur ne bnficient pas de couverture sociale ni de rgime de retraite car totalement inconnus des services sociaux tels que la caisse de scurit sociale (CSS) et linstitut de prvoyance sociale (IPRES). Pourtant la rglementation en la matire oblige les employeurs de tenir des livres lgaux et dimmatriculer les employs lIPRES et la CSS.

    Enfin cette informalit se manifeste travers sa contribution au budget de lEtat. Le secteur informel sngalais ne respecte pas la lgislation fiscale en vigueur. Remarquons que selon ltude portant sur la fiscalit et le secteur informel au Sngal de la direction de la prvision et des tudes conomiques (DPEE), de manire gnrale, face laccroissement des activits conomiques informelles et aux problmes de rglementation quelles posent, lattitude de lEtat sngalais a plutt t marque par le sceau de lindcision. Les autorits administratives ont, en effet, longtemps hsit entre des mesures coercitives destines fiscaliser les entreprises dudit secteur (souvent vu comme un recours potentiel pour attnuer les tensions budgtaires) et une indulgence largement explique par la svrit des consquences sociales qui dcouleraient de ladoption de mesures rpressives lencontre de telles entreprises..

    En effet, il semble exister entre ladministration et le secteur informel un modus vivendi bas sur lignorance mutuelle. Si les informels ne vont pas lEtat pour enregistrer leurs activits parce quils ne connaissent pas la lgislation en vigueur, lEtat ne sintresse pas non plus au secteur informel ; ni pour lui procurer des dbouchs, ni pour tenter dintgrer les activits de ce secteur dans le dispositif officiel.

    Cependant, pour le bon fonctionnement d'une conomie optimale et dun tat de droit, il est ncessaire que les lois soient effectivement respectes et que le secteur informel puisse s'insrer part entire dans le cadre de la rgulation officielle.

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    Cest dans ce contexte, le gouvernement a tent de faire payer aux travailleurs du secteur informel une taxe sur la valeur ajoute (TVA). Trois types dimpts ont t crs cet effet, spcialement adapts au modle dorganisation du secteur informel et son mode de travail : la taxe dgalisation, la patente et limpt forfaitaire. Le gouvernement a connu quelques problmes dapplication dus au manque de communication et le refus des acteurs du secteur appelant le caractre informel de leurs activits.

    Cependant lenqute 1-2-3 ralise par la DPS en 2003, confirme quavant la rforme fiscale ayant instaur la contribution gnrale unique (CGU), le taux daffiliation des units informelles la patente, au registre de commerce ou la taxe professionnelle (affiliations les plus frquentes) ne dpassaient jamais 5%. Par ailleurs, la part des impts et taxes pays lEtat reste faible, natteignant que 1,9% de la valeur ajoute totale du secteur.

    Force est dadmettre que le dynamisme de l'informel s'impose d'elle-mme travers sa place dans lconomie sngalaise. Lutter contre l'informalit (rendre formel le secteur) reviendrait se mettre aux antipodes des politiques publiques de lutte contre la pauvret, de rduction du chmage et de promotion des initiatives prives. Est-ce la raison pour laquelle lEtat du Sngal est tolrant lgard de ce secteur et lencourage ?

    En bref, ne pouvant pas combattre un secteur aussi dynamique et omniprsent, lEtat du Sngal doit plutt dencourager ses travailleurs entrer petit--petit dans la lgalit pour quils puissent bnficier dun certain nombre davantages sociaux tels que la couverture sanitaire, un rgime de retraite etc.

    Toutefois, le secteur informel sngalais reste flexible, attractif et dynamique, peut-il tre la fois concurrent et/ou partenaire du secteur moderne avec qui il forme le secteur priv du Sngal. La rponse cette question fera lobjet de la sous-section suivante.

    1.3 Les relations secteur informel et secteur moderne, sous-traitance ou concurrence

    Les relations entre entreprises formelles et informelles sont complexes, intgrant la fois des rapports de concurrence et de coopration. Ce faisant, il est trs rare dobserver une entreprise au Sngal qui est totalement formelle. Seule les banques et les institutions financires, certaines professions librales tels que les cabinets davocat, tudes notariales, etc. sont totalement formels. A part celles-l, toutes les autres font au moins un peu dinformel (Benjamin et Mbaye, 2012). Ceci explique le lien troit entre secteur moderne et secteur informel.

    Selon les rsultats de lenqute sur le secteur informel de Dakar, le principal fournisseur du secteur informel nest ni le secteur moderne, ni le march extrieur. Il sapprovisionne en son sein, 87% des chefs Units de Productions Informelles (UPI) achtent leurs matires premires auprs dautres informels. Et le secteur informel commercial occupe une place de choix avec 83,6% auprs des commerces informels. Ceci dmontre la faible dpendance des UPI lgard du secteur formel (public ou priv), seul 8,1% dUPI dpendent du secteur moderne. Par ailleurs, lenqute rvle que si les acteurs du secteur informel se fournissent

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    auprs du secteur moderne ce sont les grands commerces qui sont concerns plutt que lindustrie.

    Aussi, en ce qui concerne les consommations intermdiaires du secteur informel, ltude rvle que 85,4% de cette consommation provient du secteur informel, seul 10% est issue du secteur moderne. Les branches informelles qui dpendent le plus du secteur moderne sont : les branches transport (lachat de vhicules, de carburant), la rparation (fourniture en quipement par exemple), les BTP (la fourniture en ciment, fer, et autre intrants) et les autres industries agro-alimentaires avec respectivement 56,5%, 35,1%, 29,5% et 19,6% dintrants.

    Exclusivement tourn vers le march intrieur selon les mmes tudes de lANSD (environ 83% de la demande qui lui est adresse provient de la consommation finale des mnages), le secteur informel sngalais traite rarement avec le secteur priv moderne encore moins avec ladministration. De plus, le secteur exporte peu. En effet, plus de 90% des chefs dUPI ont pour clients les mnages. Cependant, en ce qui concerne la pche artisanale, la part de client mnage est de 54,4%. En somme, si ce nest pas les mnages, ce sont les entreprises informelles (commerciales en gnrale) qui constituent la clientle avec un pourcentage de 4,3%. Seule la pche ralise 26,5% de son chiffre daffaire en vendant des firmes du secteur moderne.

    Ainsi, ltude rvle que la dpendance du secteur informel vis--vis du secteur moderne est marginale. En effet, seul 2,2% des informels vendent leur production au secteur moderne. De mme, seul 16,2% des UPI sont engag dans un processus de sous-traitance avec le secteur moderne et ceci concerne uniquement les branches BTP et la confection.

    Par ailleurs, ltude sur les entreprises informelles en Afrique de louest francophone rvle que de nombreuses entreprises formelles dpendent de distributeurs informels. Daprs cette mme tude, beaucoup dentrepreneurs du secteur moderne traite avec les acteurs du secteur informel sans imputer ces oprations dans leur comptabilit pour survivre face la concurrence de linformelle. En effet, les principaux facteurs dterminants la concurrence existant entre le secteur informel et le secteur moderne sont le niveau de dveloppement atteint par les deux secteurs, la qualit et le prix des produits fabriqus, la facilit de dnouement des oprations.

    Daprs les rsultats de lenqute sur le secteur informel Dakar de lANSD, seul 2,0% des informels affirment ne pas connaitre de concurrents directs. Cependant, cette concurrence est plus interne au secteur informel que dans ses relations avec le secteur moderne. Seul moins de 7,0% des entreprises du secteur informel sont en concurrence avec les entreprises formelles. Toutefois, la restauration (15,5%) et lactivit des BTP (8,3%) sont concurrencs par leurs homologues de la branche moderne. Dans le commerce et le transport, la concurrence du secteur formel reste ngligeable.

    Soulignons donc que les activits du secteur informel sexercent dans un environnement hautement concurrentiel comme nous le montre le tableau 1 sur lorigine de la concurrence subis par le secteur informel suivant.

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    Tableau 1 :

    Origine de la concurrence subie par secteur informel (en pourcentage des UPI)

    Branches

    Principal concurrent du secteur informel en pourcentage

    Grandes entreprises privs

    commerciales

    Petites entreprises commerciales

    Grandes entreprises privs non

    commerciales

    Petites entreprise non commerciales

    Mnages Autres

    Industries 2 ,9%

    45,7%

    2,0%

    39 ,4%

    8,4%

    1,6%

    Commerce

    4,0%

    76,8%

    2,5%

    2,6%

    13,5%

    0,6%

    Service

    4,1%

    33,8%

    5,9%

    40,1%

    11,1%

    5,0%

    Pche 8,1% 62,9% - 25,7% - 3,3%

    Secteur informel

    total

    3,8% 57,9% 3,0% 22,2% 11,2% 1,9%

    Source: ANSD.

    Ces rsultats indiquent la branches commerce (76,8%, surtout dans le commerce de dtail hors magasin) subis plus la concurrence par rapport aux autre branches. Ce secteur est plus expos parce que tant le plus accessible et regroupe la majeur partie des acteurs de linformel au Sngal. Les services, bien que peu concurrencs (33,8% par de petites entreprises commerciales et 40,1% par de petites entreprise non commerciales), reste un secteur vulnrable surtout dans le domaine des transports. Au niveau de la branche industrie, cest lagro-alimentaire qui est lactivit le plus touch par la concurrence. 57,5% des UPI sont concurrencs par de petites entreprises commerciales. Globalement, 45,7% des firmes de la branche industries se disent concurrencs par les commerces informels et 39,4% par de petites firmes non commerciales. Pour ce qui est de la pche, la branche est concurrence par 62,9% de petites entreprises commerciales et 25,7% de petites entreprises non commerciales. Par ailleurs, les branches informelles sont en concurrence pour la plus part du temps par de petites entreprises commerciales (57,9%) et non commerciales (22,2%). La concurrence par de grandes entreprises commerciales et/ou non est denviron 3%. Les mnages ne concurrencent le secteur informel qu hauteur de 11,2%.

    En revanche, si le secteur moderne concurrence peu le secteur informel, ce dernier apparat premire vue comme un concurrent dloyal des entreprises formelles dans la mesure o il se trouve en dehors de la rglementation fiscale et sociale, de ses pratiques douteuses comme la fraude, de contrefaons, de piratage et de contrebandes. En effet 50% des firmes du secteur moderne dclarent tre confrontes une forte pression concurrentielle des entreprises du secteur informel. Celles-ci, de par le fait quelles ne paient que peu ou aucunes taxes de

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    quelque sorte que ce soit, ont un avantage en termes de couts de production par rapport au secteur moderne (Benjamin et Mbaye, 2012). Par ailleurs, cette situation explique largement lappel des acteurs du secteur moderne (syndicats de patronats tel que le CNP, le MEDS, CNS, etc.) pour que lEtat du Sngal rprimande le secteur informel.

    En effet, la faiblesse des prix pratiqus par secteur informel, linexistence de charges fiscales et sociales fausse la concurrence entre le secteur formel et informel au profit de ce dernier. La vente de mdicaments Keur Srigne Bi, le piratage des chaines de tlvision canal-plus (Cblots) et dans la production de lindustrie audiovisuelle lgalement constitue, la fraude (ce phnomne sapprcie en observant les quantits de marchandises saisies lentre des frontires surtout sngalo-mauritaniennes ou sngalo-gambiennes), etc. illustre parfaitement le danger que fait courir le secteur informel son homologue moderne. Aujourdhui, le secteur formel sngalais est menac, plusieurs firmes du secteur sont en faillite et ceci est peut se rpercuter sur les recettes fiscales du Sngal.

    Il ressort de ce bref aperus que le secteur priv sngalais (moderne et informel) fait face dnormes difficults. Cette dgradation du cadre macro-conomique et les alas du march (concurrence, accs aux au crdit, leau, llectricit, le cot de formalit et dinformalit, etc.) constituent un facteur de blocage de lconomie informelle sngalaise. Ce blocage pse lourd sur les activits informelles. Il nen demeure pas moins que le secteur informel rsiste son informalit, sa dsorganisation, la prcarit, bref aux multiples dfis et problmes dont il fait face. Du mme moment ce secteur continue de peser sur lconomie sngalaise en termes demploi, de contribution au processus de cration de richesse, etc. Cest pour mieux comprendre les branches et secteurs dactivits qui constituent la cheville ouvrire du secteur informel que nous analysons dans la section suivante la contribution conomique du secteur informel au Sngal.

    Section 2 : Analyse de lvolution et valuation de la contribution du secteur 1980 2009

    Contrairement ce quon a longtemps suppos, le secteur informel nest pas un phnomne passager, ni marginal et vou disparatre moyen terme ni long terme. Sa contribution conomique au Sngal, est une ralit inconteste et de plus en plus reconnue. Ce constat sappuie sur des donnes quantitatives issues de diffrentes enqutes et tudes sur ce secteur et montre que non seulement sa contribution est significative, mais aussi que sa place est importante dans la production de la richesse nationale. Ce faisant, nous allons analyser lvolution de la valeur ajoute du secteur en sappuyant sur les donnes fournis par les diffrentes sources sur ce secteur.

    Par ailleurs, pour mieux comprendre lvolution et la contribution du secteur informel au cours de la priode 1980-2009, la prise en compte de certains vnements est ncessaire. En effet, lanalyse de lvolution et lvaluation en sous-priodes 1980-1993, 1994-2000 et 2001-2009 permets didentifier limpact des Programmes dAjustement Structurel, PAS (1980-1993), de la dvaluation du franc CFA en 1994 et de lalternance politique du 19 mars 2000.

  • 14

    2.1 Analyse de lvolution de la valeur ajoute du secteur informel de 1980 2009

    Limportance du secteur informel est reconnue au Sngal. Son dynamisme est rel et sa contribution ne cesse daugmenter et de peser en termes de Valeur Ajoute Brute (VAB) au Sngal. Considrant la priode allant de 1980 2009, la VAB du secteur informel a connu une croissance rapide avec un taux de croissance annuel moyen de 7,57%. Certes, infrieur la croissance de la contribution du secteur formel (9,71%), cette valeur ajoute brute a t multiplie par 6,69 entre 1980 et 2009 comme lindique le tableau suivant.

    Tableau 2 : Evolution du taux de croissance par branche dactivit de la VAB entre 1980 et 2009

    Taux de croissance annuel moyen

    Multiple

    Secteur primaire 6,77% 6,69

    Secteur secondaire 7,20% 7,51

    Secteur tertiaire 8,35% 10,24

    Secteur Informel 7,57% 8,30

    Source : Calcul de lauteur.

    En effet, cette croissance est soutenue par le secteur tertiaire avec 8,35% de croissance annuelle moyenne, tire par le boum immobilier de ces dernires annes, les activits commerciales et le dveloppement des services informels dans les domaines des transports. Cependant la contribution des autres branches nest pas moindre car le secteur secondaire possde une croissance de 7,20% grce aux performances des BTP, les activits de transformation et de conservation de poison et de viande, lartisanat et le travail de bois. Le secteur informel primaire a connu un accroissement de 6,77% imputable surtout la pche et lagriculture de subsistance. Outre leurs croissances rgulires, le secteur tertiaire et le secteur secondaire voluaient en mme temps jusquen 1993/94 date partir de laquelle lcart entre les deux branches saccentue. La croissance du secteur primaire est lente et irrgulire. En effet tir principalement par lagriculture vivrire, lirrgularit de sa croissance sexplique par les alas climatiques (pluviomtrie capricieuse, menaces acridiennes, etc.) Le graphique 1 suivant, permet dapprci plus clairement cette volution de la VAB du secteur informel de 1980 2009.

  • 15

    Graphique 1: Courbe dvolution de la VAB du secteur informel

    Source : ANSD. Evolution de la VAB entre 1980- 1993

    Entre 1980 et 1993, le taux de croissance moyen de la VAB du secteur informel est de 6,60%. Cette volution est diffrente selon les branches dactivits considres comme le montre le graphique sur lvolution des branches dactivits de 1980 1993 ;

    Graphique 2: Courbe dvolution des branches dactivits de 1980 1993

    Source : ANSD.

    En effet les taux daccroissement moyen du secteur primaire et secondaire sont pratiquement identiques et tourne autour de 6,42%, le secteur tertiaire a volu de 6,85% comme le montre le tableau suivant.

    0

    200 000

    400 000

    600 000

    800 000

    1 000 000

    1 200 000

    1 400 000

    1 600 000

    1 98

    01

    981

    1 98

    21

    983

    1 98

    41

    985

    1 98

    61

    987

    1 98

    81

    989

    1 99

    01

    991

    1 99

    21

    993

    1 99

    41

    995

    1 99

    61

    997

    1 99

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    999

    2 00

    02

    001

    2 00

    22

    003

    2 00

    42

    005

    2 00

    62

    007

    2 00

    82

    009

    Secteur primaire secteur secondaire secteur tertiaire

    0

    50 000

    100 000

    150 000

    200 000

    250 000

    300 000

    350 000

    1 980 1 981 1 982 1 983 1 984 1 985 1 986 1 987 1 988 1 989 1 990 1 991 1 992 1 993

    Secteur Primaire Secteur Secondaire Secteur Tertiaire

  • 16

    Tableau 3:

    Evolution du taux de croissance par branche dactivit de la VAB entre 1980 et 1993

    Taux de croissance annuel moyen

    Multiple

    Secteur primaire 6,43% 2,25

    Secteur secondaire 6,42% 2,25

    Secteur tertiaire 6,85% 2,37

    Total secteur informel 6,60% 2,30 Source : Calcul de lauteur.

    Lvolution de la valeur ajoute entre 1980 et 1993 a t entretenue au niveau du secteur primaire par une agriculture vivrire lamine par la scheresse des annes 1970, le manque de formation des agriculteurs, la faible pluviomtrie, etc. Tout comme lagriculture vivrire, les activits de la branche, lagriculture industrielle et llevage possdent une volution lente et irrgulire. Le sous-secteur de la pche possde une volution lente et quasi stagnante durant toute la priode comme le montre le graphique suivant.

    Graphique 3: Courbe dvolution des principales activits du primaire de 1980 1993

    Source : ANSD.

    Au niveau du secteur secondaire, la croissance de la VAB se manifeste par les performances des activits de transformation et conservation de viande et de poisson dont la croissance est entre 1980 et 1983 lente et irrgulire, mais au-del de cette date la croissance est rapide et continue jusquen 1991 o lactivit dcroit. La croissance des activits de construction est lente mais rgulire. Cependant lapport des autres activits tel que le travail de bois et la production de bien alimentaire est non ngligeable au cours de la priode mme si leurs volutions sont lentes.

    Le graphique suivant montre comment les activits du secteur secondaire voluent durant la priode 1980-1993.

    0

    50 000

    100 000

    150 000

    1 980 1 981 1 982 1 983 1 984 1 985 1 986 1 987 1 988 1 989 1 990 1 991 1 992 1 993

    Agriculture vivriere Agriculture industrielle ou d'exportation Elevage et chasse Pche

  • 17

    Graphique 4: Courbe dvolution des principales activits du secondaire de 1980 1993

    Source : ANSD.

    Le secteur tertiaire de linformel, avec une croissance de 6,85% sest fortement illustr grce aux performances de lactivit commerciale (croissance de 6,86% de sa valeur ajout) appuy par le dveloppement des transports, de limmobilier (7,52%) par contre les services dhbergement ont connues une dcroissance. En effet, les services dhbergement et de restauration sont stagnants et lvolution des activits immobilires et les services des transports voluent lentement. Le graphique 5 permet dapprcier ces volutions.

    Graphique 5 : Courbe dvolution des principales activits du tertiaire de 1980 1993

    Source : ANSD.

    La croissance de la contribution du secteur informel dans le processus de cration de richesse durant la priode 1980 1993 sexplique par une bonne croissance du secteur primaire et

    0

    10 000

    20 000

    30 000

    40 000

    50 000

    60 000

    70 000

    80 000

    1 980 1 981 1 982 1 983 1 984 1 985 1 986 1 987 1 988 1 989 1 990 1 991 1 992 1 993

    Transformation et conservation de viande, poisson Fabrication de produits alimentaires craliers

    travail du bois et fabrication d'articles construction

    -50 000

    0

    50 000

    100 000

    150 000

    200 000

    1 980 1 981 1 982 1 983 1 984 1 985 1 986 1 987 1 988 1 989 1 990 1 991 1 992 1 993

    commerce services d'hebergement et restauration transports activites immobilieres

  • 18

    secondaire. Lapport de ces deux branches bien que infrieur la croissance du tertiaire reste important. Cependant lvolution de cette contribution des secteurs primaire, secondaire et tertiaire diminue en fin de priode notamment entre 1991-93, veille de la dvaluation du Franc CFA qui agira certainement sur lvolution de la contribution du secteur informel, des branches sur les annes post dvaluation. Evolution de la VAB entre 1994-2000

    Entre 1994 et 2000, le taux de croissance moyen annuel de la valeur ajout est de 8,30%. Les trois branches voluent en hausse continue et rgulires. Diffremment la priode 1980/1993, les taux de croissances annuels moyens ont t plus importants (suprieurs aux Taux de croissance annuel moyenne de la priode 1980-93). Comme lindique le tableau suivant, la croissance du secteur secondaire est de 9,76% contre une croissance annuelle moyenne de 7,28% et 8,43% des branches primaire et tertiaire respectivement.

    Tableau 4:

    Evolution du taux de croissance par branche dactivit de la VAB entre 1994 et 2000

    Taux de croissance annuel moyen

    Multiple

    Secteur primaire 7,38% 1,52

    Secteur secondaire 9,76% 1,75

    Secteur tertiaire 8,43% 1,63

    Total secteur informel 8,30% 1,61 Source : Calcul de lauteur.

    Par ailleurs, le graphique sur lvolution de la VAB des branches informelles ci-aprs permet daffirmer que lvolution de la des branche est certes rgulire mais lente.

  • 19

    Graphique : 6 Courbe dvolution de la VAB des branches informelles de 1994 2000

    Source : ANSD.

    Au niveau du secteur primaire, comme le montre le graphique ci-aprs, lvolution des activits est lente. En effet, lagriculture industrielle ou dexportation connait une dcroissance par rapport aux annes prcdentes tandis que lagriculture vivrire de faon irrgulire et connait des priodes de stagnation (1995-1997). Les activits de pche et dlevage semblent avoir le mme rythme de croissance.

    Graphique 7 : Courbe dvolution des principales activits du primaire de 1994 2000

    Sources : ANSD.

    Tout comme le secteur primaire, lvolution de la croissance du secteur secondaire est lente. Cette volution est marque par une priode de dcroissance entre 1996 et 1997. La croissance du secteur secondaire est tire par les performances des activits de fabrication de boissons (la production a t multiplie par 168,73 entre 1994 et 2000), les activits de construction, la fabrication de produits alimentaires, la transformation et la conservation de viande et de poisson entre autres. Les volutions des activits du secteur secondaire ne pas

    0100 000

    200 000300 000400 000500 000

    600 000700 000800 000

    1 994 1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000

    Secteur Primaire Secteur Secondaire Secteur Tertiaire

    0

    50 000

    100 000

    150 000

    200 000

    250 000

    1 994 1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000

    Agriculture vivriere Agriculture industrielle ou d'exportationElevage et chasse Sylviculture, exploitation forestiere,Pche

  • 20

    identiques entre elles comme le montre le graphique sur lvolution des principales activits de la branche.

    Graphique 8 : Courbe dvolution des principales activits du secondaire de 1994 2000

    Sources : ANSD.

    Le secteur tertiaire entre la priode 1994-2000, a connu un taux de croissance annuel moyen de 8,43% et a t multipli par 1,63. Cette volution plus dynamique et plus rgulire que celle des secteurs primaire et secondaire est soutenue par les activits commerciales, les activits immobilires, les services de rparation et les services aux entreprises. La croissance annuelle moyenne des activits commerciales est lente (6,87%) mais importante et lvolution de lactivit est marque par un boum en 1997 suivie par une faible dcroissance entre 1997 et 1998. A cette date les activits immobilire connaissent une volution la hausse considrable, par contre les services des transports et les services rendus aux entreprises voluent trs lentement, le graphique sur lvolution de ces activits permet dapprcier leurs volutions.

    Graphique 9 : Courbe dvolution des principales activits du tertiaire de 1994 2000

    Sources : ANSD.

    Lvolution de la contribution du secteur informel durant la priode 1994 2000 est soutenue par les trois branches. En effet, leurs volutions sont rgulires et en hausse continues. Malgr

    0

    50 000

    100 000

    150 000

    1 994 1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000

    Activites extractivesTransformation et conservation de viande, poissonFabrication de produits alimentaires n.c.a

    0

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    200 000

    300 000

    400 000

    1 994 1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000

    Commerce Transports Activites immobilieres Activites des services aux entreprises

  • 21

    limportance du taux de croissance du secteur secondaire, les secteurs tertiaire et primaire dfinissent le rythme dvolution de la contribution du secteur informel. Cette dynamisme de lvolution de la contribution va-t-elle rester la mme avec lavnement de lalternance politique de 2000 sous leffet des nouvelles politiques qui accompagnent ce changement de rgime ? La partie suivante tentera dy apporter des rponses.

    Evolution de la VAB entre 2001 et 2009

    Lvolution de la contribution de la valeur ajoute du secteur informel sngalais de 2001 et 2009 est value 5,94%. Contrairement la priode prcdente, le taux de croissance annuel moyen du secteur secondaire est faible et est de 4,00%. Comme le prsente le tableau ci-aprs, cette branche a faiblement volu durant la priode et le secteur primaire, avec un taux de croissance annuel moyen de 5,33% est domin par le tertiaire qui enregistre un taux de 7,16%.

    Tableau 5:

    Courbe dvolution du taux de croissance par branche dactivit de la VAB entre 2001 et 2009

    Taux de croissance annuel moyen

    Multiple

    Secteur primaire 5,33% 1,51

    Secteur secondaire 4,00% 1,37

    Secteur tertiaire 7,16% 1,74

    Total secteur informel 5,94% 1,59 Source : Calcul de lauteur.

    Lvolution du secteur secondaire est lente et rgulire entre 2001 et 2009, par contre celle du secteur primaire est irrgulire. Cependant, lvolution de la contribution informelle du secteur tertiaire est importante, rgulire et en hausse continue comme le montre le graphique sur lvolution de la contribution par branche dactivit de 2001 2009.

  • 22

    Graphique 10: Courbe dvolution par branches dactivits de 2001 2009

    Sources : ANSD.

    Par ailleurs, la contribution du secteur primaire est marque par les fluctuations de la contribution de lagriculture vivrire et lagriculture industrielle dexportation avec des taux de croissances annuels moyens de 6,67% et 0,50% respectivement. Lvolution de la contribution de la pche continentale est lente, de mme que celle de lactivit dexploitation forestire et la sylviculture. Llevage et la chasse ont volu lentement mais de faon rgulire partir de 2002 comme lindique le graphique ci-aprs.

    Graphique 11: Courbe dvolution des principales activits du primaire de 2001 2009

    Sources : ANSD.

    Au niveau du secteur secondaire, avec un taux de croissance annuel moyen de 4%, ce sont les activits de mtallurgies et fonderies, de fabrication de verres et poteries qui dterminent le rythme de lvolution de la contribution du secteur informel avec 11,91% et 25,48% de croissance annuelle moyenne. Cette dynamique dvolution est contre carr par la chute des activits de construction en 2006, du recule de croissance observ au niveau des activits de transformation de viande et poisson (-0,78%). Cependant, lapport de ces activits est importante en ce sens que leur contribution la valeur ajoute est significative comme va le montrer le graphique sur lvolution des principales activits du secteur secondaire informel. Par ailleurs, le travail de bois, la fabrication darticles et la fabrication de produits alimentaires craliers connaisse la mme volution des taux de croissance diffrents (5,90% et 7,36%).

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    500 000

    1 000 000

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    2 001 2 002 2 003 2 004 2 005 2 006 2 007 2 008 2 009

    Secteur Primaire Secteur Secondaire Secteur Tertiaire

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    200 000

    400 000

    2 001 2 002 2 003 2 004 2 005 2 006 2 007 2 008 2 009

    Agriculture vivriere Agriculture industrielle ou d'exportation Elevage et chasse Pche

  • 23

    Graphique 12: Courbe dvolution des principales activits du secondaire de 2001 2009

    Sources : ANSD.

    Les activits de commerces, de transports et immobilires restent le moteur de la croissance du secteur tertiaire. En effet, avec un taux de 7,16%, ce secteur possde une volution plus dynamique. La croissance de lvolution des activits commerciales est de 6,76%, celle des transports est value 8,37% contre 5,43% dans limmobilier. Cependant en 2008, ces activits vont connaitre une volution la baisse, le graphique ci-aprs permettra dapprcier ces volutions. Par ailleurs, lhbergement et la restauration informel enregistre une dcroissance de 1,15% et les activits des services aux entreprise, les services de rparation ont connus des taux dvolutions importants, 9,15% et 7,49% respectivement.

    Graphique 13: Courbe dvolution des principales activits du tertiaire de 2001 2009

    Sources : ANSD.

    La croissance annuelle moyenne du secteur informel entre la priode 1980-2009 est marque par lalternance des secteurs surtout primaire et tertiaire dans lvolution de la contribution de ces branches la formation de la VAB. En effet, lactivit conomique informelle est domine par le commerce au niveau du secteur tertiaire et lagriculture vivrire pour le primaire. Le secteur secondaire quant lui possde certes un fort taux de croissance annuel pendant la priode poste dvaluation mais reste peu informel par rapport aux autre branches. Lvolution de cette branche est plus significative au niveau de la branche moderne. Il nest

    0

    100 000

    200 000

    2 001 2 002 2 003 2 004 2 005 2 006 2 007 2 008 2 009Activites extractivesTransformation et conservation de viande, poissonFabrication de produits alimentaires craliersTravail du bois et fabrication d'articles

    0

    200 000

    400 000

    600 000

    800 000

    2 001 2 002 2 003 2 004 2 005 2 006 2 007 2 008 2 009

    Commerce Transports Activites immobilieres

  • 24

    informel que pour lactivit de construction, les autres activits sont typiquement industrielles. Lvaluation de la contribution du secteur informel permettra de mieux apprhender les volutions du secteur informel dans le processus de cration de la VAB. Ceci sera lobjet de la section suivante.

    2.2 Evaluation de la contribution du secteur informel dans la cration de valeur ajoute

    Les activits cls de lconomie sngalaise se trouvent au niveau du secteur informel tant par leurs parts croissantes au PIB que par leurs contribution la richesse cre.

    En effet, daprs les donnes de la Comptabilit National, entre 1980 et 2009 les activits du secteur informel contribuent pour plus de 50% la valeur ajoute. En 2009, la valeur ajoute informel reprsente 53% soit une contribution de 2855329 millions de francs CFA courants. La valeur ajoute brut en 2000 est de 57% de la valeur totale avec 1691854 millions de francs CFA courants soit le plus fort taux de la priode. Sur tout la priode la contribution moyenne est 53,75% soit 1298223 millions de francs CFA.

    Cependant, en faisant la comparaison entre secteur informel et secteur moderne sur le priode allant de 1980 2009, la dominance contributive du secteur informel est manifeste. En effet, sur lensemble de la priode la contribution du secteur informel est plus importante que celle du secteur moderne sauf entre 1992 et dbut 1993 o les deux secteurs ont sensiblement la mme valeur ajoute. Ceci sexplique par le fait que le secteur primaire sngalais nest pas moderne surtout les activits de types agricoles. Ainsi la contribution au niveau des activits primaires est essentiellement informelle. Par contre, au niveau secondaire cest la branche moderne qui apporte le plus la formation de la valeur ajoute surtout partir de 1992. Aussi, pour le tertiaire, les activits de commerces informelles sont dterminantes la ralisation de la valeur ajoute brut. Le graphique ci-aprs montre les contributions de ces deux secteurs de lconomie sngalaise.

  • 25

    Graphique 14: Comparaison de la contribution entre VAB informel et moderne

    Source : ANSD.

    Par ailleurs, cette contribution est fluctuante selon les branches et la nature des activits informelles. Cest--dire que la contribution est diffrente selon que les activits sont du secteur primaire, secondaire ou tertiaire. Aussi mme lintrieure dun secteur lobservation dcarts est manifeste vue limportance dune activit par rapport aux autres activits de la mme branche.

    Ainsi, lagriculture vivrire est le principal contributeur du secteur primaire avec une moyenne contributive de 161427 millions de francs CFA suivi par les activits dlevage et de chasse pour une moyenne 115086 millions de francs CFA, ensuite les activits dagriculture industrielle et dexportation avec 76350 millions de francs CFA et la pche continentale pour une moyenne 43734 millions de francs CFA, enfin la sylviculture et les exploitation forestire pour une contribution moyenne de 20181 millions de francs CFA.

    Le secteur secondaire est quasi moderne. Les principales activits informelles tournent autour des activits de transformation et de conservation de viande et de poisson pour une contribution moyenne 80477 millions de francs CFA. La moyenne contributive des autres activits informelles du secteur secondaire est de 41475 millions de francs CFA pour les activits de construction, de 30326 millions de francs CFA pour lgrenage de coton et la fabrication des textiles.

    Au niveau du secteur tertiaire la dynamique de la contribution la cration de la valeur ajoute est soutenue par les activits commerciales, qui sur lensemble de la priode ont contribu hauteur de 274738 millions de francs CFA en moyenne, soit la plus importante contribution par activit au niveau de ce secteur. Les activits immobilire ont eux aussi t dterminants dans la contribution pour une valeur moyenne de 138556 millions de francs CFA. Les activits de service aux entreprises pour leur part ont contribu hauteur de 72128 millions de francs CFA tandis que le service des transports possde une contribution moyenne

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    500 000

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    Total VAB Informel Total VAB moderne

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    de 59741 millions de francs CFA, suivi par les services de la rparation pour une contribution moyenne de 18864 millions de francs CFA. Les services dhbergement et de restauration informelle se situent 6295 millions de francs CFA de contribution moyenne.

    En somme, la contribution du secteur informel la cration de la valeur ajout est plus importante au niveau du secteur primaire grce une agriculture de subsistance et les activits de pche continentale presque informel donc formellement peu dvelopp. Le secteur secondaire reste peu informel, sa contribution est faible contrairement au secteur tertiaire. Tir par les activits du commerce informel et de limmobilier, le secteur tertiaire, apporte avec le secteur primaire la principale contribution la valeur ajout brut. Lanalyse de cette contribution du secteur informel la sous-section suivante permet dapprcier les impacts des diffrents politiques conomiques et sociales sur le secteur informel de lconomie sngalaise de 1980 2009.

    2.3 Analyse de la contribution du secteur informel

    Une analyse plus structurelle et donc plus approfondie de la contribution du secteur informel permet dapprhender les crises et les performances au niveau de la production de ce secteur.

    En effet, la forte sensibilit du secteur informel aux politiques conomiques et sociales notamment les politiques fiscales, de lutte contre le chmage, de lutte contre la pauvret, la libralisation de lconomie du Sngal travers le dmantlement des monopoles publics naturels et la privatisation et la vulnrabilit chronique du secteur lgard des alas climatiques surtout au niveau de certaines activits conomiques, sont autant de facteurs explicatifs de la contribution du secteur informel la valeur ajoute brut.

    Ainsi, en fin 1978, aprs que lconomie sngalaise soit entre dans une crise profonde dinsolvabilit avec une dprciation du cadre macroconomique globale, le Sngal entame une srie de politiques de stabilisation et dajustement structurel. Les rformes mises en uvre ont pris la forme dune rationalisation des dpenses publiques. En ce sens, la baisse des transferts, le plafonnement de la masse salarial, la rduction des effectifs travers les dparts volontaires a contribu au gonflement des effectifs du secteur informel.

    Par ailleurs, les scheresses des annes prcdentes (1973, la pire de toutes, de 1977 et de 1984) ont contribu progressivement la mdiocrit de la contribution agricole du fait de la vulnrabilit des sols, de la rgression de la vgtation, de l'insuffisance pluviomtrique et de sa mauvaise rpartition, de la progression du dsert. Les faibles rendements des activits agricoles ont indniablement suscit l'exode rural vers les centres urbains berceaux des activits informelles.

    En sus de cela, les catastrophes climatiques de 2002 ayant occasionn des pertes trs lourdes de ttes de btail dans le Nord du Sngal et le pril acridien de 2004 ayant donn lieu un ravage des champs se sont rajouts la kyrielle des causes de la pauprisation des masses.

    Aussi, la politique agricole au Sngal, jusqu'au dbut des annes 80, tait caractrise par une intervention marque de l'tat, par lintermdiaire des socits dites de dveloppement

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    rural (vulgarisation, distribution de crdit et dintrants, commercialisation, etc.). La nouvelle politique agricole (NPA), qui a t adopte au milieu des annes 80, avait pour principal objectif le dsengagement de l'Etat du secteur agricole par le dprissement de ces structures d'intervention. Elle a galement vis responsabiliser les producteurs ruraux travers une politique de prix incitatifs et la rationalisation de la distribution du crdit et des intrants agricoles. L'autosuffisance alimentaire tait un des rsultats attendus de cette politique.

    Au dbut des annes 90, la politique agricole a t de nouveau inflchie avec l'adoption du Programme d'Ajustement Sectoriel de l'Agriculture (PASA). Le PASA renforce l'orientation librale de la politique agricole et substitue la stratgie de scurit alimentaire celle d'autosuffisance alimentaire. Cependant, avec la crise du secteur, le taux dautosubsistance cralire est tomb en dessous de 50%.

    Les diffrentes rformes mises en uvre n'ont pas permis de rsoudre fondamentalement les problmes bien que ces politiques ne visent pas le secteur informel en particulier.

    La baisse des revenus ruraux, le dprissement rapide des structures d'encadrement et le rationnement du crdit rural expliquent les difficults des paysans disposer d'intrants et accrotre les rendements. Il nest pas tonnant que l'agriculture, qui emploie plus de 60% de la population active, ne reprsente que 8% 9% du PIB. Ce qui tmoigne de la faiblesse de la productivit agricole activit cl du secteur primaire.

    En outre, au niveau de ce secteur primaire, les ressources naturelles sont surexploites et en dgradation continue. Le dsquilibre dans la rpartition spatiale de la population agricole, les pratiques agricoles inappropries constituent entre autres autant de facteurs qui concourent la dgradation des terres, des pturages et des ressources halieutiques. La pression sur les ressources forestires, en grande partie pour satisfaire les besoins en bois de services et en nergie (90% des besoins nergtiques des mnages) des population urbains et rurales, et les politiques tatiques favorables la colonisation agricole ont rduit le potentiel contributive de linformel.

    En ce qui concerne le secteur secondaire, la Nouvelle Politique Industrielle (NPI) adopte en 1986, a t la premire grande tentative de rforme de politique industrielle du Sngal. Elle a marqu un changement de cap dans les stratgies dindustrialisation pratiques jusque-l.

    Ses objectifs taient les suivants: amliorer la comptitivit extrieure et intrieure de lconomie; diversifier les exportations vers les produits manufacturs; encourager linvestissement priv; et assouplir la lgislation du travail.

    On comprend que les rsultats de la NPI n'aient gure rpondu aux attentes aussi bien au niveau du secteur moderne quau niveau du secteur informel. Ils ont en particulier dmontr que la cration dun environnement propice au redmarrage de lindustrie sngalaise ncessite davantage de temps que les trois annes prvues par la NPI. Il est apparu que si les contraintes qui psent sur la comptitivit de l'conomie sngalaise ont t plus ou moins bien analyses au moment de la conception de la NPI, les cots et les dlais dajustement de

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    lconomie ont t sous-estims et la capacit dadaptation des entreprises surestime. Le contraste est frappant entre lampleur et la brutalit des mesures envisages dun ct, et la faiblesse des mcanismes institutionnels utiliss dans la conception et la mise en uvre de la rforme, de lautre. Trois raisons sont gnralement avancer pour expliquer lchec de la NPI : le manque de crdibilit du programme de rforme li la faible dtermination du gouvernement ; la non-association du secteur priv (formel et surtout une communication franche avec le secteur informel pour lintgr dans le circuit moderne) la dfinition des mesures de rforme ; le dfaut dapplication des mesures daccompagnement prvues.

    Ainsi, le secteur secondaire fortement dpendant des activits industrielles ne contribue que faiblement la cration de la valeur ajoute brut au niveau informel.

    Pour le secteur tertiaire, sa contribution est fortement lie celle des autres secteurs dont il soutient par ailleurs en grande partie le dveloppement. Il recouvre le commerce, le tourisme, les transports et les tlcommunications. En effets, les diffrentes mesures et politiques affectant les secteurs primaire et secondaire expliquent la contribution de ce secteur. Notons cependant que lintroduction de la taxe sur la valeur ajoute (TVA), les modifications tarifaires, linstauration de la CGU ont bouscul la contribution du sous-secteur du commerce principal activit tertiaire informel.

    Nanmoins, le secteur tertiaire contribue le plus la ralisation de la valeur ajoute brut au Sngal comme le montre le graphique sur la contribution moyenne des secteurs de 1980 2009.

    Graphique 15: Contribution moyenne du secteur informel en millions de francs courant

    Source : ANSD.

    La contribution moyenne des secteurs svalue 34% pour le secteur primaire, 20% pour le secteur secondaire et 40% pour le secteur tertiaire.

    Secteur primair Secteur secondair secteur tertiair

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    Entre 1980 et 1993, les effets dpressifs de ces rformes se font sentir sur la production du secteur informel. En effet, la contribution du secteur informel volue peu et est fluctuante en atteste le tableau sur la contribution du secteur informel en millions de francs CFA, ci-aprs

    Tableau 6: Contribution du secteur informel en millions de francs courant

    Annes 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993

    Total VAB 736381 766786 731430 816305 778718 791064 728840 790137

    Taux dvolution 3,97% - 4,83% 10,40% - 4,83% 1,56% - 8,54% 7,76% 24,77% Source : Calcul de lauteur.

    Et entre 1994 et 2009, la priode poste dvaluation et lavnement dun nouveau rgime politique est marqu par une amlioration des performances et une acclration de la contribution du secteur informel. Ceci est dit la forte raction du libralisme sur le secteur informel. Le tableau ci-aprs dmontre les performances au cours de cette priode.

    Tableau 7: Contribution du secteur informel en millions de francs courant

    Annes 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

    Total VAB 1300686 1350565 1481344 1577544 1691854 1805528 1774553 1922045 1984810

    Taux dvolution 3,69% 8,83% 6,10% 6,76% 6,30% -1,75% 7,67% 3,16% 7,66% Source : Calcul de lauteur.

    En somme, les statistiques pertinentes qui montrent que les performances conomiques de ces politiques, depuis les dcennies 1980 et 1990 sont restes plutt trs mdiocres telle enseigne que la productivit du secteur informel na point t amliore. Il en rsulte que la croissance des secteurs productifs a t constamment faible conduisant la quasi-stagnation de la contribution du secteur informel la valeur ajoute brut. Pour la dcennie 2000, la relance des activits est manifeste mais timide vue le potentiel, la croissance de la contribution samliore et sacclre.

    Si les PAS ont permis certaines branches damliorer et de rtablir leurs dsquilibres macro-conomiques, ils nont pas russi, par contre, initier de nouvelles dynamiques de croissance durable. En effet, dans la priode dapplication de ces politiques au Sngal, lactivit conomique est marque par une volution erratique (au niveau du secteur moderne mais aussi au niveau du secteur informel) ainsi, une anne de croissance de la contribution est souvent suivie dune ou de deux annes de quasi-stagnation, voire de recul de la contribution conduisant de linformel la valeur ajoute brut.

    Quoique la question est souvent clipse par la multitude durgences sociales et conomiques de divers ordres surtout le chmage, laccs au march, la satisfaction des besoins de bases tels que se nourrir, se vtir, se loger, se soigner, etc., il nen demeure pas moins quelle resurgit chaque fois quil est question de la contribution du secteur informel : le secteur

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    informel permet-il le dveloppement conomique du Sngal. La tentative de rponse cette question est lobjet de la section suivante.

    Section 3: Le secteur informel, un frein ou facteur de dveloppement ?

    Avec une contribution de plus 50% du PIB selon les estimations, le principal enjeu du secteur informel sngalais rside dans le manque gagner quil cre pour les recettes fiscales de lEtat et lanarchie au sein de lorganisation conomique du pays quil engendre. Ce manque gagner et cette dsorganisation entravent la capacit de lEtat mettre en place des politiques publiques destines organiser la migration vers le secteur formel (formalisation) dune part et la cration dun cadre favorable au dveloppement. Ainsi, face cela, la question qui se pose est de savoir sil faut lradiquer; et si oui, comment? Cependant, il est ncessaire de dterminer les avantages et les inconvnients de linformel pour mieux apprhender dans quelle mesure faut-il formaliser le secteur.

    3.1 Les avantages du secteur informel

    On ne peut nier ou se dbarrasser aussi facilement dun secteur qui cre plus de 90% des emplois (primo-demandeurs et demandeurs), un pan de lconomie sngalaise dont dpend environ 80% de la population. Objectivement, le secteur informel prsente des avantages certains.

    En effet, les activits informelles rglent deux problmes majeurs auxquels sont confronts les groupes les plus vulnrables de la socit (les femmes et les jeunes) : la satisfaction des besoins de bases (se loger, se nourrir, se vtir, etc.) et le chmage. Cette donne, elle seule, vue lincapacit des pouvoirs publics rpondre de cette situation, semble donne une totale lgitimit la pratique et montre son importance capitale dans la socit sngalaise.

    Aussi, un autre lment dterminant, les produits et services du secteur informel sont faits par et pour les sngalais. Les biens et services commercialiss respectent la fois le got, mais surtout le budget des populations locales. Le secteur informel se pose ici en rempart contre les crises conomiques qui affectent lconomie nationale et surtout les revenues des sngalais (pnuries, laccessibilit au march, le niveau du salaire, la chert des prix et ces derniers ne sont plus une donne mais rsultent de ngociations entre acheteur et vendeur selon les besoins de chacun, etc.).

    En outre, les avantages des activits informelles se mesurent par sa contribution croissante au PIB. En effet, il ressort du Rapport National sur la Comptitivit de lEconomie sngalaise (RNCS 2011) que le secteur informel a contribu entre 2005 et 2009 la valeur ajoute des secteurs agricoles, industriel et des services hauteur respectivement de 97,9%, 43,5% et 46,3%.

    Par ailleurs, daprs les donnes de la comptabilit nationale, ce secteur (hors secteur agricole) a particip hauteur de 2 073 milliards de FCFA la formation du PIB global en 2010, soit 32,6%. Ce secteur informel qui, de manire globale, a contribu hauteur de 55% la cration de richesses est considr comme un secteur refuge, permettant de capter toutes les

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    initiatives de cration demplois. Ce qui en fait un levier attractif pour la plupart des jeunes la recherche demploi.

    Son importance est telle que son avenir dpend, soient des rformes internes et externes ventuelles, soient des politiques socio-conomiques misent en uvres qui lui permettront de mieux cibler et de sadapter aux milieux touchs par son action tant donn que linformel prsente des dfauts. Pour se faire, lidentification de ses inconvnients est ncessaire.

    3.2 Les inconvnients du secteur informel

    Le secteur informel est dabord une conomie de survie, non cratrice demplois dcents, marqu par le manque de formation des acteurs et la faible accumulation de capital mais aussi une productivit mdiocre et un incivisme fiscal.

    En effet, les conditions dactivits au niveau du secteur informel sont prcaire, les rsultats de lenqute sur le secteur montre que moins de 20% des units de production informelles disposent d'un local spcifique d'activit (ateliers, boutiques, postes fixes sur les marchs publics), 39,6% exercent domicile, et 41,1% ne possdent pas de local.

    Les raisons de labsence de local pour les units informelles mettent en lumire l'ambivalence de ce secteur. 44,3% des chefs dunits informelles nont pas les moyens de disposer dun local, 42,8% nont pas de local pour des raisons dlibres et 10,9% nont pas pu trouver des locaux disponibles. Plus de la moiti des chefs dUPI sans local se plaignent de ne pouvoir exercer dans un local appropri, soit qu'ils ne peuvent en supporter le cot, soit qu'ils n'en ont pas trouv sur le march. Quant ceux qui possdent un vritable local, 20,8% en sont propritaires, 62,7% sont locataires et environ 12,5% travaillent dans un local qui leur a t prt.

    La prcarit du secteur prive les acteurs d'accs aux principaux services publics de bases (eau, lectricit, tlphone) la plupart des units de production informelles (91,3% prives d'eau, 78,9% dlectricit et 92,2% de tlphone).

    La prcarit de lemploi se traduit par le non protection de la main-duvre dune part et la faiblesse de la rmunration dautre part.

    En effet, 73% de la main-duvre informelle ne bnficie pas dun contrat en bon et due forme indique lenqute sur le secteur informel de la DPS. Ce constat constitue pour la DPS un indice majeur de linformalit des relations de travail. Labsence de prestation et de couverture sociales montre lincapacit du secteur offrir un emploi dcent. Concernant la rmunration, soulignons dabord que le taux de salarisation atteint peine 13% de mme que les units informels ayant recours au salariat se situe 2%. Par ailleurs, la mesure des revenues dans linformel selon les mme sources nest pas facile du fait de linexistence dune comptabilit crite et formel ou de bulletin de paie. Cependant, bien que le revenu moyen dans ce secteur est suprieur au revenu minimum fix (308 FCFA contre 209,1 FCFA par heure), il cache des disparits importantes, elle est tributaire des revenus les plus levs car le salaire mdian se situe 23000 francs CFA par mois.

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    La formation au niveau du secteur informel est faible en atteste le niveau dinstruction au sein du secteur avec seulement 2,8 anne dtude. En effet, le niveau dinstruction influe fortement sur le caractre informel en ce sens plus le niveau dinstruction est bas plus les activits sont informelles selon lenqute de la DSP.

    La faiblesse des investissements se caractrise par le niveau daccumulation du capital, selon les mmes sources prs de 61% du stock de capital a t acquis de seconde main. Aussi, la majorit du capital est finance par l'pargne individuelle, raison de prs de 67% de sa valeur. Ce constat exprime limportance de lautofinancement dans le secteur informel et labsence deffets de levier financier. En fait, rare sont les units informelles ayant recours au financement bancaire ou autre institution formel et le remboursement de lemprunt seffectue difficilement sil sagit de ce mode de financement.

    Le faible accs au financement de type bancaire signifie aussi que les entreprises informelles ont moins doccasions dinvestir et de ce fait, ont un niveau dintensit capitalistique faible et donc de productivit rduit.

    En effet, la faible productivit des entreprises du secteur informel peut sexpliquer par leur vulnrabilit, le manque de transparence et la matrise insuffisante de leurs propres comptes, ainsi que par une allocation sous-optimale des ressources productives, estime ltude sur les entreprises informelles de lAfrique de lOuest. Linformel empche donc les entreprises dacqurir des comptences managriales modernes et demployer des travailleurs bien forms, limitant ainsi leur potentiel de croissance et celle de lconomie sngalaise.

    Lautre limite non moins importante du secteur, est que linformel nest pas un bon contribuable au budget de lEtat. Lanalyse de sa contribution fiscale indique que seule 5% des UPI payent la patente. Aussi, la part des impts et taxes pays lEtat est faible, soit 1,9% de la valeur ajoute totale du secteur. Au Sngal, le secteur informel a contribu pour 2,4% 3,5% des recettes fiscales intrieures au cours de la priode 2004-2007 (Benjamin et Mbaye, 2012). Cette faible contribution du secteur aux recettes fiscales constitue un manque norme gagner pour lEtat du Sngal et une entrave lquit fiscale. Dailleurs, ladministration fiscale doit chercher des voies et moyens pour combler ce dficit en ce sens que les marges de manuvre ne sont pas limites.

    Ainsi donc un secteur informel de grande ampleur pose de nombreux problmes aux gouvernants. En ce sens quune conomie trop informelle rend les statistiques officielles peu fiables et incompltes, ce qui complique la tche des gouvernants pour la prise de dcisions. Aussi, la faible contribution de linformelle leffort national fausse la concurrence, freine la croissance conomique et restreint lefficacit des politiques publiques, do la question faut-il formaliser ce secteur lobjet de notre dernire sous-section.

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    3.3 Faut-il formaliser le secteur informel ?

    Face ses atouts et ses dfaillances, une nouvelle approche de gestion du secteur informel simpose. Le dilemme est tel quon ne peut, ni se baser sur lide quil contribue largement la formation de la valeur ajout brut, au PIB, la rduction du chmage, etc. ni se fonder sur la prcarit des revenues et de lemploi, lquit fiscal, etc. pour apprcier dans quelle mesure faut-il rendre le secteur informel formel en vue dun dveloppement conomique intgr.

    En effet, rpondre la question faut-il formaliser le secteur informel sngalais pour stimuler le dveloppement conomique du Sngal grce ce secteur suppose que lon a dj identifi dune part les causes de linformel et non ses consquences et dautre part proposer des mesures incitatives et adaptes lintgration des acteurs informels dans le secteur moderne et non rprimander.

    Le secteur informel est le secteur o la pauvret est plus importante au Sngal (le secteur informel est responsable de 90% de la pauvret). Lconomie informelle est donc due la pauvret et la recherche des moyens survies dune part et dautre part lexcs de lois, de rglementations et dexigences administratives.

    Faute dun Etat providence, la population en marge du systme moderne formule des stratgies de survie, elle se dbrouille. En effet, lobjectif principal des acteurs du secteur est dassurer, soit leurs survies, soit celle du mnage, sans pour autant dvelopper une mentalit daccumulation ou dpargne cense caractriser le capitalisme moderne. Ainsi, le secteur informel permet de dgager des revenus et des emplois de survie.

    Par ailleurs, lomniprsence de lEtat se traduit selon De Soto dans son ouvrage "Lautre sentier. Une rvolution invisible dans le Tiers-Monde" (1987), par les rgles et contraintes imposes par lEtat dans le fonctionnement de l'conomie. Ces rgles et contraintes dcouragent lesprit dinitiative et dissuadent les entrepreneurs daccder la lgalit en matire de proprit ou de dclaration dactivits. Ce qui pousse les potentiels entrepreneurs, pourtant dynamique et porteur de dveloppement, rentrer dans linformalit. Cest donc le prix de la lgalit (impts, taxes, droits, rglementations, paperasse) qui leur est inaccessible compte tenu de leur moyens.

    Quoi que lEtat soit le principal responsable de la situation et que lexistence du secteur informel caractrise le niveau de dveloppement conomique du pays, lidal serait donc darriver intgrer le secteur long terme car il est impossible de dvelopper un pays dans le cercle vicieux de la pauvret. Ds lors, les stratgies misent en uvre et les politiques qui visent le secteur informel devraient chercher lever les obstacles au dveloppement conomique du Sngal, la cration dentreprises reconnues et demplois dcents.

    Pour ce faire, lEtat du Sngal devra dune part mettre en pratiques des mesures incitatives, cest--dire produire une fiscalit adapte la ralit du secteur informel et rduire les dmarches administratives pendant et aprs la cration dentreprises, imposer une carte professionnelle chaque oprateur conomique (de prfrence une carte magntique

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    permettant lidentification, la nature de lactivit exerce et le minimum imposable, la rgularit de paiement, etc.). Ces mesures doivent tre accompagnes par une sensibilisation forte (publicit, tracts, marketing, spots, etc.) et permettre laccs une information de qualit aux entrepreneurs et les potentiels entrepreneurs ainsi quaux services comptents.

    Et dautre part, sagissant des politiques conomiques et sociales de dveloppement, intgrer au cur de ces politiques la question du secteur informel. En effet, la prise en compte de ce secteur, qui est considr comme le terreau de la croissance conomique future dans lconomie formelle se justifie car il peut servir damortisseur du sous-dveloppement et de rampe lmergence conomiques.

    Cest ce que semble comprendre la nouvelle quipe gouvernementale en crant un ministre du commerce et du secteur informel. Cependant la question de linformel ne peut se limiter aux activits commerciales, elle va au-del et intresse tout le systme conomique du pays, de lindustrie la formation professionnelle. Notons ainsi, que lors de sa dclaration de politique gnrale le Premier ministre, avait soulign la question de la formation des acteurs du systme avec la cration de lyce professionnels spcialiss permettant aux apprentis dj prsents dans le secteur informel, de valider leurs comptences pratiques acquises et dobtenir une qualification et des diplmes (CAP ou du BTS) au sein de ces lyces professionnels. Aussi, elle affirme que lambition darticuler la politique dindustrialisation du Sngal la modernisation du secteur informel.

    Par ailleurs, la cration dun Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires pour lEntreprenariat (FONGIP) de 350 milliards de FCFA pour garantir le financement de lentreprenariat du secteur informel et agro-sylvo-pastoral rpond aux besoins de financement du secteur informel.

    Aussi, la Nouvelle Politique Nationale de lEmploi vise promouvoir la cration massive d'emplois, travers la promotion des investissements publics haute intensit de main d'uvre (HIMO) et de l'auto-emploi des jeunes par la valorisation des comptences et amliorer le suivi et la gestion du march du travail, par lorganisation et la mise niveau du secteur informel, la mise en place d'un systme d'information sur l'emploi, la rgulation du march du travail et la rationalisation des structures de financement des projets, la mise en place d'un systme national d'valuation des apprentissages techniques et professionnels et de validation des acquis de l'exprience , la mise en place de l'Observatoire National de l'Emploi et des Qualifications Professionnelles et loprationnalisation du rpertoire des mtiers et emplois.

    Ces politiques gouvernementales sont porteuses despoir pour le future de linformel au Sngal qui pourra sinsrer facilement dans le tissue formel de lconomie sngalaise. Cependant, lharmonisation de ces diffrentes politiques et le renforcement de ltat de droit, le respect des rglementations en vigueurs, la lutte contre toute forme de corruption, permettent un pont vers lconomie formelle pour lmergence du pays.

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    Conclusion

    Le caractre informel de lconomie sngalaise a t favoris par les crises conomiques cycliques, lapplication de politiques dajustement structurel, lexistence dun secteur formel moderne qui narrive pas satisfaire convenablement les besoins de bases exprims par la population et lEtat qui narrive pas rguler la vie conomique du pays. Cette situation a permis au secteur de rpondre aux besoins de cette population grce la fourniture de bien et service adapts et ainsi occuper une place importante (et non de choix) dans lconomie du pays.

    Echappant la rglementation fiscale, aux exigences et dispositions du code du travail, le secteur informel contribue largement la cration de la valeur ajoute, cette tendance ne faiblit pas et semble se maintenir rythme inquitant.

    Lanalyse de lvolution de sa contribution a permis cependant de dceler que linformel est plus prsent dans le secteur primaire et le secteur tertiaire que dans le secteur secondaire. En effet, la transition primaire secondaire tertiaire nest pas observer au niveau de linformel sngalais et que les principales activits du primaire comme lagriculture et la pche sont plutt traditionnelles occupent la plus part des acteurs dans linformel. Au niveau du secteur tertiaire cest lactivit commerciale la plus en vue avec notamment le gros informel. Les activits informelles secondaires sont peu reprsentatives du secteur tant donn la faible industrialisation du Sngal. La plus part des activits secondaires sont en dcadence (la menuiserie de bois, transformation et conservation de viande et de poisson, etc.)

    Aussi, ltude a permis dapprcier la faible productivit du secteur. Cette situation sexplique par le manque de formation et le caractre prcaire des activits informelles. Ainsi, le secteur semble tre responsable de la pauvret et un frein au dveloppement conomique et sociale du pays.

    De ce fait, il est admis que le secteur informel relve de lconomie de survie. Il permet aux plus dmunis de trouver les moyens de leur subsistance dans des socits o lemploi formel se fait rare dune part et daccder facilement aux biens et services dont ils ont besoin dautre part.

    Rpondant donc la question si le secteur informel est-il un frein ou facteur sur lequel le Sngal peut compter pour son dveloppement future, sa part contributive au PIB et la VAB, son poids dans lconomie sngalaise, et lemploi quil procure un nombre lev de sngalais laisse croire que le secteur informel est un potentiel de dveloppement.

    Mais il ne faut cependant pas lui prter plus de potentiel quil nen a rellement, seul lEtat serait mme de crer les conditions dun vrai processus de dveloppement.

    Certes, nul nignore limportance du secteur mais il serait absurde de prter au secteur informel la cl du dveloppement.

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    A lvidence, un vrai processus de dveloppement doit reposer sur larticulation entre des acteurs privs soucieux de la recherche de maximisation du profit et un Etat capable de crer un climat favorable laccumulation de richesses. Dans cette perspective et pour promouvoir linvestissement, lEtat doit dvelopper les infrastructures, assurer la scurit des personnes, etc.

    Au total, mme si de nombreuses contraintes empchent une relle accumulation dans le secteur informel, lavenir de nos entreprises peut tre brillant si nous savons crer un environnement plus favorable leur succs qui sera aussi le succs de lensemble de notre conomie. Il reste pour cela beaucoup defforts fournir.

    Fort de ce constat, promouvoir la transition de lconomie informelle vers lconomie formelle est souvent avanc comme un moyen de sortir de la pauvret et de se dvelopper. Mais dautres avis considrent lconomie informelle de manire plus positive, comme la seule opportunit pour les plus dmunis de sintgrer dans le systme conomique et conteste le fait que lconomie informelle pourrait tre formalise, lui prtant une autre logique, plus familiale que capitaliste.

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    Bibliographie :

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