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1 Brice THOMAS MONDIALISATION ET DÉVELOPPEMENT Master II Recherche Université de Provence Aix-Marseille I Année Universitaire 2006/2007 LES INTERACTIONS ENTRE LES STRUCTURES PUBLIQUES, INTERNATIONALES ET LES TERRITOIRES LOCAUX DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA CONSERVATION ET DE L’ÉCOTOURISME À MADAGASCAR Mémoire de Master II Recherche - MED UFR des Sciences Géographiques et de l’Aménagement Sous la direction de Mme B. BERTONCELLO

Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

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Les interactions entre les structures publiques, internationales et les territoires locaux dans le développement de la conservation et de l'écotourisme à Madagascar.

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Page 1: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

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Brice THOMASMONDIALISATION ET DÉVELOPPEMENTMaster II Recherche

Université de ProvenceAix-Marseille I

Année Universitaire 2006/2007

LES INTERACTIONS ENTRE LES STRUCTURES PUBLIQUES, INTERNATIONALES ET LES

TERRITOIRES LOCAUX DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA CONSERVATION ET DE L’ÉCOTOURISME À

MADAGASCAR

Mémoire de Master II Recherche - MEDUFR des Sciences Géographiques et de l’Aménagement

Sous la direction de Mme B. BERTONCELLO

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Résumé

Comme nombre d’autres forêts tropicales, les écosystèmes forestiers de Madagascar subissent une forte pression anthropique. Du fait d’une forte endémicité de la biodiversité malgache les grandes ONG de conservation ont poussé le gouvernement à mettre en place un réseau d’aires protégées couvrant 3 % du territoire. Sa gestion par une structure associative, l’ANGAP, contient un volet de développement local issu de 50 % des droits d’entrée dans les territoires protégés. Cette gestion semble efficace en termes de conservation et son financement est essentiellement issu de la communauté internationale. Laquelle est aussi présente dans la gestion d’aires protégées par le biais des mêmes ONG de conservation qui interviennent dans les cercles décisionnels du secteur.

Depuis quelques années le gouvernement mène une politique d’extension de ce réseau dans laquelle interviennent fortement les ONG, ceci pour atteindre l’objectif de protection recommandé par l’UICN de 10 % du territoire. En parallèle de ce développement est tenu par les institutions malgaches un discours pour le développement de l’écotourisme, dans le but d’assurer le financement de la gestion du futur SAPM (système d’Aires Protégées de Madagascar) et d’induire le développement local dans les territoires concernés.

Malgré ces discours règne, dans le secteur de la conservation à Madagascar, une atomisation des structures concernées et l’absence d’un leadership malgache. Dans ce secteur, les institutions et organisations internationales sont omniprésentes, voire parties prenantes dans l’élaboration d’un cadre légal pour la mise en concessions des aires protégées. Dans le contexte d’une politique malgache orientée vers l’investissement international, la restriction d’accès aux ressources naturelles d’un des pays les plus pauvre du monde ne semble pas avoir eu de réelles compensations pour les communautés périphériques des aires protégées, parallèlement à ce que des responsables de la Banque Mondiale qualifient de « marché libre de la conservation à Madagascar »

Resume

As a result of deforestation in Madagascar there was the need for regulation and an organisation: the ANGAP (National Association for the Management of Protected Areas). Today it manages 46 protected areas functioning with international funding, mostly from the World Bank and USAID, along with the intervention of large NGO working in conservation (95% of the sponsoring in conservation comes from Anglo-Saxon organizations and NGO).

On the scale of the “Continent-Island” and with a great lack of infrastructures, this management is difficult, with a low level of local development even though 50% of the entrance fees in the Parks go to this local development.

For the past few years, like in several other third world countries, the government wants to heavily increase the protected surface area and the ecotourism as a way of financing this management.

The general climate is an atmosphere of strong confusion between the organizations working in the field of ecotourism and protection. In the politics of Ecotourism Development there is an absence of government leadership reported by the structures concerned, with the will of the government to attract international investment. Everyone seems to have their own politics and development strategy. It is qualified by some of the World Bank’s executive as “the free market of conservation in Madagascar”.

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Mots-clés :

Acteur

Aires protégées

Biodiversité

Conservation

Écosystème

Écotourisme

Madagascar

Politique

Key-words:

Actor

Biodiversity

Conservation

Ecosystem

Ecotourism

Madagascar

Politics

Protected areas

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Contexte

Le tourisme représente un apport financier considérable à Madagascar. Dans un contexte de dégradation des écosystèmes et de nécessité d’un développement durable, pour lequel le gouvernement mène une politique de développement des aires protégées, l’écotourisme semble un vecteur de développement et le moyen d’assurer la gestion financière de ces aires protégées. Cela a amené le gouvernement malgache à élaborer une politique de développement du tourisme et de l’écotourisme, en allant dans le sens d’une stratégie multi-partenaires dans sa conception et son application future.

Dans la nécessité de protection de la biodiversité malgache, qui a initié une politique de protection de cette biodiversité, puis l’accroissement planifié de la surface des aires protégées allant de pair avec la politique de développement de l’écotourisme, il a paru intéressant d’examiner cette dynamique, le système de conservation et les stratégies d’extension de la surface des aires protégées et de développement de l’écotourisme. Peut-on parler de mondialisation dans le phénomène et quel est le poids des structures internationales ? Quels en sont les impacts sur les territoires locaux ?

Dans le cadre de la politique de protection de la biodiversité et de celle du développement de l’écotourisme, comment s’y inscrivent les différentes parties prenantes du secteur, les partenaires publics et privés, les ONG et les institutions internationales ? Comment est envisagée l’intermédiation entre les partenaires pour y optimiser la synergie, pour définir une gouvernance ?

Malgré la valeur relative de l’écotourisme à Madagascar, il y a des écotouristes et c’est pourquoi il a paru, en outre, intéressant d’étudier le fonctionnement des sites protégés, d’étudier comment sont, ou vont être, mises en place les modalités d’interactions entre les structures en charge, les écotouristes et les populations locales, afin d’en dégager les externalités.

Méthodologie :

Les axes de travail ont d’abord privilégié dans un premier temps des entretiens individuels auprès des personnes responsables des structures impliquées dans la conservation et l’écotourisme. Parallèlement une collecte d’informations auprès de divers centres de ressources a été menée. La deuxième phase a consisté à mener des enquêtes sur le terrain, dans les trois parcs nationaux de l’Isalo, de Ranomafana et d’Ankarafantsika ainsi que sur le site géré par l’ONG Fanamby du couloir d’Anjozorobe.

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Sommaire

Résumé…………………………………………………………………………………………… 2

Mots-clés…………………………………………………………………………………………. 3

Contexte………………………………………………………………………………………….. 4

Sommaire………………………………………………………………………………………… 5

Introduction……………………………………………………………………………………... 9

I/ Protection des écosystèmes et écotourisme : problématique de Madagascar, enjeux de développement et historique de la conservation locale……….……………………………....10

1.1/ Les difficultés malgaches et la préoccupation globale de la biodiversité………….........10

1.1.1/ Le contexte malgache………………………………………………………………...……101.1.2/ La conservation : une préoccupation globale……………………………………………..13

1.2/ La situation écologique malgache………………………………………………………....14

1.2.1/Les premières aires protégées d’Afrique. La nécessité de la conservation………………...151.2.2/ Historique de la mise en place de la conservation. Les structures créées……………...….17

1.3/ L’ANGAP…………………………………………………………………………………...20

1.3.1/ Présentation de la structure………………………………………………………………..201.3.2/ Les écorégions et les aires protégées……………………………………………………...221.3.3/ Le problème de pérennité du financement du réseau des aires protégées…………………271.3.4/ La solution de l’écotourisme. La nécessité du développement local……………………...29

1.4/ Des rappels nécessaires…………………………………………………………………….30

1.4.1/ Définition de l’écotourisme et rappels historiques……………...…………………………301.4.2/ Le poids du tourisme et de l’écotourisme dans l’économie malgache…………………….321.4.3/ Les « migrations d’agrément », un secteur spécifique de la mondialisation…..………….39

II/ Le poids des structures internationales dans la politique de développement des aires protégées et de développement de l’écotourisme à Madagascar……………...……………...42

2.1/ La politique en matière de protection et le développement des aires protégées………..42

2.1.1/ La Vision Durban et le MAP……………………………………………………………...432.1.2/ La vision nationale de l’écotourisme et du tourisme……………………………….……..50

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2.1.3/ Le poids de structures internationales dans la politique de développement des aires protégées. Le lobbying des ONG………………………………………………………………...552.1.4/ La fondation pour la gestion des aires protégées………………………………………….592.1.5/ Le développement futur des aires protégées en parallèle du développement voulu de l’écotourisme et du développement local………………………………………………...………60

2.2/ Le fonctionnement du milieu de la conservation et de l’écotourisme : les acteurs….…62

2.2.1/ Les acteurs institutionnels malgaches……………………………………………………..622.2.2/ L’ANGAP…………………………………………………………………………………632.2.3/ Les acteurs institutionnels internationaux…………………………………………………652.2.4/ Les grandes ONG de conservation……...…………………………………………………672.2.5/ L’AFD……………………………………………………………………………………..742.2.6/ Les opérateurs privés……………………………………………………………...……….752.2.7/ Confusion et absence de leadership……………………………………………………….76

2.3/ Des structures nouvelles…………………………………………………………………...77

2.3.1/ La Task Force, une structure informelle pour l’élaboration d’un cadre légal……………..782.3.2/ Le PIC …………………………………………………………………………………….812.3.3/ Les Comités Régionaux de Développement ……………………………………………...832.3.4/ L’Alliance écorégionale de l’USAid………………………………………………………84

Conclusion de la deuxième partie………………………………………………………………..88

III/ Etude de territoires…………………………………………………………………………92

3.1/ Le Parc National de l’Isalo………………………………………………………………...92

3.1.1/ Le parc le plus fréquenté de Madagascar………………………………………………….933.1.2/ Le niveau de menace général sur le Parc………………………………………………….973.1.3/ Un tourisme d’importance………………………………..………………………………..993.1.4/ Les acteurs du parc et les interférences des voleurs de zébus……..………………..……1053.1.5/ Des projets de développement centralisés…………...…………………………………...112Éléments de conclusion…………………………………………………………………………119

3.2/ Le Parc National de Ranomafana………………………………………………………..119

3.1.1/ Un parc représentatif des corridors forestiers……………………………………….…...1193.1.2/ Les menaces principales sur les écosystèmes…….……………………………………...1233.1.3/ Une fréquentation touristique et thermale ancienne…………...……………………...…1253.1.4/ Des relations entre les acteurs définies par la prévention du tavy……………...………..1273.1.5/ Des micro-projets liés à l’IDA………………...……….………………………………...131Éléments de conclusion…………………………………………………………………………140

3.3/ Le Parc National d’Ankarafantsika……………………………………………………..141

3.1.1/ Un parc de forêt dense sèche………………...…………………………………………...1413.1.2/ Une biodiversité exceptionnelle menacée…...…………………………………………...145

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3.1.3/ Le site écotouristique….…………………………………………………………………1483.1.4/ Des relations conflictuelles et des incendies volontaires………….……………………..1523.1.5/ Les alternatives aux pressions sur les ressources naturelles…………………...………...159Éléments de conclusion…………………………………………………………………………165

3.4/ L’ONG Fanamby et le couloir forestier d’Anjozorobe…………...……………………166

3.4.1/ Un mode de fonctionnement spécifique………………………………………………….1723.4.2/ Les écosystèmes et les menaces………………………………………………………….1743.4.3/ Les projets de développement local ……………………………………………………..1743.4.4/ Un écotourisme communautaire…………………………………...…………………….1773.4.5/ Le mécanisme de taxation parafiscale pour le financement de la gestion de l’aire protégée…………………………………………………………………………………………180Éléments de conclusion : une solution/ les critiques……………………………………….…...180

Conclusion de la troisième partie……………………………………………………………….185

Conclusion générale…………………………………………………………………………...187

Liste des sigles………………………………………………………………………………….191

Intervenants……………………………………………………………………………………..194

Bibliographie……………………………………………………………………………………196

Sites Internet…………………………………………………………………………………….199

Table des illustrations…………………………………………………………………………...200

Cartes……………………………………………………………………………………………200

Tableaux………………………………………………………………………………………...201

Graphiques……………………………………………………………………………………...203

Photos…………………………………………………………………………………………...204

Annexes…...……………………………………………………………………….……………206

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Photo n° 1 : Image satellite de Madagascar (source : Google picture).

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Introduction

Madagascar, l’île-continent est un des dix hots-spots de la biodiversité, il est classé parmi les 12 pays dits à mégabiodiversité. Les taux d’endémicité en biodiversité floristique et faunistique y sont très élevés : 39 % des oiseaux, 85 % de la flore, 91 % des reptiles, 99 % des amphibiens et 100 % des lémuriens sont endémiques. Cette biodiversité est concentrée dans les écosystèmes forestiers qui perdent sans cesse du terrain, essentiellement au profit de l’activité agricole et du fait de l’exploitation illégale de bois précieux et des sous-sols. Des écosystèmes forestiers primaires à sanctuariser selon les ONG internationales de conservation, alors que des études de référence sur les végétations naturelles et anthropiques malgaches ont défini la difficulté d’appréciation de l’empreinte humaine millénaire sur ces mêmes écosystèmes, voire la non-existence de forêts primaires1

Il a donc été nécessaire de préserver les écosystèmes forestiers de Madagascar, par la création d’aires protégées dont le gouvernement en 2003 s’est engagé à porter la superficie de 1,7 à 6 millions d’hectares, comprenant aussi des aires protégées marines. Ceci correspond à l’objectif assigné par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) qui est de 10% du territoire national, pour favoriser un équilibre écologique.

Cette démarche a été intégrée par les gouvernements successifs puisque la Constitution de la République de Madagascar stipule le principe que « toute personne a le devoir de protéger l’environnement et que cette protection est une compétence partagée entre l’Etat, les citoyens, les provinces autonomes et les collectivités territoriales décentralisées ».

Dans cette conservation, les principales ONG internationales du secteur ont, tant au niveau des cercles décisionnels gouvernementaux qu’à celui du local, un rôle prépondérant. Ce poids des structures internationales se retrouve dans le financement de la mise en place et de la gestion des aires protégées par les institutions financières internationales, un financement que ce pays, un des plus pauvre du monde, ne peut assumer.

Pour la politique de développement des aires protégées, l’écotourisme semble le moyen, pour les bailleurs comme pour l’Etat, d’assurer le financement pérenne de la gestion de ces territoires et d’induire le développement local. Il y a donc, parallèlement à la politique d’extension de la surface des aires protégées, une politique de développement de l’écotourisme et il a paru intéressant, dans ce processus, d’étudier sa mise en place et le poids des organisations internationales, d’étudier les interactions entre les structures malgaches et internationales ainsi que les répercussions visibles à l’échelle locale. Donc l’étude a été menée à l’échelle nationale des discours et à celle de l’action locale. Pour cela des éléments de contextualisation seront donnés en première partie. Les stratégies du gouvernement concernant l’extension de la surface des aires protégées et le développement de l’écotourisme, ainsi que les relations et visions des principaux acteurs du secteur, seront définies en deuxième partie afin d’y montrer le rôle des structures internationales. Enfin les répercussions locales des mesures de conservation et de la fréquentation touristique seront montrées pour quelques territoires en troisième partie.

1 P.P. Lowry, G. E. Schatz, P. B. Phillipson (1997). S. M. Goodman, B. D. Patterson eds (1997).

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Première Partie

I/ Protection des écosystèmes et écotourisme : problématique de Madagascar, enjeux de développement et historique de la conservation locale

La dénomination usitée d’ « île-continent » détermine par la situation de cette nation vis-à-vis du développement selon les critères occidentaux, un niveau d’infrastructures insuffisant à cette échelle, c’est une nation marquée par l’héritage de la colonisation et l’absence de moyens de l’Etat. Ce déficit de moyens a abouti à la dépendance de la nation malgache envers la communauté internationale, dans une évolution de plus en plus marquée par la volonté d’ouverture du gouvernement en place à l’économie libérale. Le contexte de fortes pressions anthropiques sur les écosystèmes, de la part d’une population essentiellement rurale (un quart de la population est urbanisée), a entraîné la prise en compte de la nécessité de la conservation.

1.1/ Les difficultés malgaches et la préoccupation globale de la biodiversité

Les handicaps du pays sont multiples et nécessitent le rappel de quelques éléments de contextualisation concernant les facteurs qui caractérisent la situation de la nation malgache dans le domaine de la protection des écosystèmes.

1.1.1/ Le contexte

Madagascar est un des pays les plus pauvres du monde2, classé parmi les PMA, avec un territoire étendu marqué, en corrélation avec sa situation économique, par la faiblesse des infrastructures de base. Elle est routière, avec l’enclavement de certains territoires en saison des pluies (7000km sur les 35 000 du réseau routier sont praticables en toute saison) et concerne aussi l’absence d’un réseau ferroviaire adéquat (un tronçon destiné au transport de marchandises existe sur la côte est, le transport de personnes a été interrompu par manque de moyens pour entretenir le réseau concerné). Les villes principales sont reliées pour le transport des personnes au sol uniquement par des taxis brousses

2 191ème sur 203 pays pour le classement par PIB, 150ème pour l’IDH.

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Cet enclavement historique a été un des facteurs de la mentalité malgache telle qu’elle a été étudiée par l’ethnologue L. Molet. Il mentionne dans ses travaux l’héritage de l’insularité et du passé colonial, un certain repliement sur soi dans cette mentalité, marquée par le poids des rapports hiérarchiques historiques. Le mot « caste » est même utilisé pour définir historiquement, avec les difficultés inhérentes à l’existence de 18 groupes ethniques distincts, cette société atomisée dans l’histoire en régions d’influences différentes et de royautés locales. Un système de castes dans certaines régions où les descendants des esclaves africains représentaient les classes sociales inférieures.

L’enclavement des territoires a partiellement induit « un esprit de clocher » important dans les communautés où semblent encore prédominer, malgré la forte pénétration du christianisme, des luttes de préséance ponctuées « d’ostentation cérémonielle3 ». Ceci se retrouve notamment dans les hautes terres, elle est relative au culte des morts et au poids des processus lignagers dans la définition des règles sociales et des territoires d’influence. Les luttes de préséance y sont corrélées avec le retournement des morts, le famadihana, où la famille qui sacrifiera le plus grand nombre de zébus s’assurera de son poids dans la communauté. Cela entraîne, par un effet pervers, des comportements économiques parfois incohérents de vie quotidienne focalisée sur ces procédures cérémonielles, par un endettement ou la disparition d’années d’efforts financiers en quelques jours. Ces comportements entraînent, malgré une émulation en théorie vertueuse, la difficulté de coopération et d’unité d’action des groupes sociaux locaux. Ce fait se retrouve à l’échelle nationale, dans des rivalités inter-ethniques entre les 18 groupes définis des six provinces, avec schématiquement des différentiels de pratiques et cultures entre les ethnies périphériques du littoral et les ethnies des hauts plateaux « dominées » par les Merina d’où est issue la présidence actuelle. Une ethnie Merina très présente dans les luttes politiques historiques et les alliances avec certains royaumes occidentaux d’où a découlé la colonisation par la France.

Madagascar est aussi le territoire d’influence d’une cosmogonie spécifique et, localement, du rôle de l’astrologie dans les destinées des individus ayant pu aller, dans certaines ethnies, jusqu’à la mise à mort des nourrissons « mal-nés », porteurs de malheurs futurs pour leur lignée clanique. Le territoire de Madagascar fut le lieu ponctuel de la pratique de cultes de possession par l’esprit des ancêtres et la croyance en la magie perdure, celle des mauvais sorts dont on se préserve par des amulettes et des fady (interdits territoriaux et sociaux). Ces facteurs semblent déboucher, selon L. Molet, sur un certain fatalisme et un déficit relatif d’identité nationale, une identité commune qui se retrouve peut-être dans la défiance vis-à-vis de l’étranger.

Économiquement, dans le domaine des infrastructures l’exemple peut être pris de la société nationale en charge de la distribution d’eau et d’énergie la Jirama, structurellement déficitaire avec des réseaux d’adduction d’eau vétustes et de fréquentes coupures. Des mêmes coupures sont fréquentes dans la distribution d’une électricité provenant essentiellement de centrales thermiques hors d’âge. Elles aggravent le déficit national par leur consommation pétrolière. Un même type de consommation est utilisé dans certaines zones rurales, pour des groupes électrogènes, parfois obsolètes, de compagnies occidentales où le gouvernement doit s’approvisionner puisque ces nations occidentales sont celles d’où provient l’essentiel de l’aide publique au développement. Une nation où la main d’œuvre d’un coût peu élevé trouve à s’employer dans des industries manufacturières et les zones franches urbaines, essentiellement dans des industries textiles.

3 cf. Delcroix, F. (1999).

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Dans ce contexte la communauté internationale, par ses institutions comme la Banque Mondiale ou les ONG, est omniprésente avec une forte présence de la communauté française liée à l’histoire coloniale du pays. La France, « l’étrangère intime4 », est la première source de l’APD suivie par les Etats-Unis. L’histoire coloniale reste présente dans les mentalités en raison d’une « pacification oubliée » de 1947 qui causa 89 000 morts malgache5. Le pays est essentiellement agricole (75 % de la population active dans ce domaine), attaché à une terre faiblement cadastrée (10 % du territoire national environ avec un statut de propriété nominal ou domanial pour 90 % du territoire, les terres en usage collectif appartenant à l’État) objet d’une sécurisation foncière, aussi pour permettre les IDE des vazaha (étrangers) et de leurs compagnies par l’acquisition définitive de terres. Dans cette nation « l’élite » est encore essentiellement représentée par l’ethnie Merina originaire du centre du pays et d’où ont été issus l’essentiel des rois et reines (avec l’ethnie sakalava) lorsque le pays a été unifié (par le biais de la colonisation française). Ce territoire a traversé plusieurs régimes politiques, dont un socialisme « expérimental » sous le président Ratsiraka, à une époque où les nations socialistes avaient renoncé à ce modèle politique, avant de s’orienter vers le libéralisme économique pour lequel la présidence actuelle de Marc Ravalomanana est plus tournée vers l’Ouest et les Etats-Unis ou vers l’Asie que vers une métropole dont sont toujours issus la majorité des visiteurs et l’essentiel du partenariat financier dans le développement.

Une des voies de développement de la nation malgache, dont les premiers revenus proviennent de la pêche puis de la culture de la vanille et enfin du tourisme en troisième position, semble être les ressources minières importantes, notamment le titane et le nickel ainsi que les pierres précieuses et semi-précieuses. Ce développement potentiel est lié au bornage du territoire national et à la mise en place du cadastre susmentionné avec les sécurisations foncières en cours permises par le changement de la législation dans ce domaine. Elle doit permettre l’acquisition définitive de territoires (à la différence des baux emphytéotiques pratiqués, de 99 ans maximum). À Madagascar, la transmission du patrimoine foncier au niveau rural se fait souvent oralement, dans des familles marquées par la complexité de la composition et de la descendance. Un autre secteur potentiel de développement pour Madagascar est lié à l’exploitation pétrolière de certaines zones, souvent maritimes, avec une rentabilité qui est devenue possible par la hausse au niveau international du prix du baril brut.

Dans l’état actuel, l’île-continent reste sous perfusion de la communauté internationale, avec une APD dans de multiples domaines. Ainsi il est arrivé que ce soit la France qui doive assumer les charges de personnels de certains corps d’Etat malgré une présidence peu francophile.

Dans le domaine de l’aide au développement, où le premier programme de la Banque Mondiale a été en 1966 un projet routier pour une nation qui a traversé les épreuves des PAS en étant un « bon élève », le gouvernement a élaboré avec la Banque Mondiale et mis en place à partir de 2000 un DSRP (Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté) dans le cadre de l’IPPTE, pour réduire de 50 % le taux de pauvreté national6, donc dans l’esprit des objectifs du Millénium. Ce document avait trois axes fondamentaux : l’amélioration de la gouvernance, la promotion d’une croissance économique à base sociale élargie, des systèmes de sécurisation humaine, matérielle et de protection sociale élargie. Ce DSRP considérait des vecteurs de développement dont le tourisme. Il a été élaboré avec la Banque Mondiale qui a usé de stratégies 4 Qualificatif utilisé par l’anthropologue P.Ottino pour désigner le tissu relationnel complexe de la France avec ses ex-colonies.5 550 morts du côté européen, dont 350 militaires.6 Le seuil de pauvreté malgache consiste à des revenus inférieurs à 988 600 francs malgaches/an, soit environ 80 euros, ce qui plaçait 69 % de la population sous ce seuil à cette époque, une population très majoritairement rurale.

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similaires dans d’autres pays et a été utilisé par l’Etat pour ses stratégies de développement, ceci avec la frustration relative due au fait de se conformer à des directives étrangères pour son développement. De même la nation malgache, avec la Mauritanie et le Cambodge, a été choisie comme pays pilote pour la mise en place avec la Banque Mondiale et le FMI du Cadre Intégré : un mécanisme central de coopération inter-institutions en matière d’aide à l’appui du commerce, un mécanisme qui regroupe des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux pour aider les Pays les Moins Avancés à intégrer le commerce dans les plans nationaux de développement. Il doit donner une impulsion à des réformes du commerce axées sur la réduction et la simplification des taxes et droits liés à l’adoption d’une politique économique libérale7, pour intégrer la mondialisation dans le domaine de l’économie, surtout de fait une libéralisation de l’économie du fait de la pression du FMI à compter des années 80, liée aux PAS.

Suite à ce DSRP, la présidence actuelle8 très marquée par une volonté d’émancipation nationale, a mis en place des objectifs stratégiques de développement pour les années 2007-2012 par le biais du « Madagascar Action Plan », un document qui se veut strictement malgache dans son élaboration et qui définit huit axes stratégiques. Des questions relatives à l’environnement et au tourisme y sont incluses, fondamentales tant dans l’histoire que dans les difficultés actuelles. Les organisations internationales y sont fortement impliquées, soucieuses de la préservation de la biodiversité mondiale considérée comme un patrimoine mondial.

La volonté d’émancipation du gouvernement malgache, en termes de stratégies choisies dans ce MAP, peut sembler quasi utopique si l’on considère le poids de l’APD et des institutions internationales qui dénoncent le manque de transparence de la gestion des fonds publics. Dans tous les cas elle est démagogique pour les classes sociales suivant l’actualité et le développement du pays et qui ont un esprit critique. Ce MAP est basé sur les financements internationaux, avec une APD en progression constante depuis 2002 avec un montant estimé à 1236 millions de dollars en 2004.

1.1.2/ La conservation une préoccupation globale

Les forêts tropicales au niveau du globe voient leur surface se réduire de 15,4 millions d’hectares par an9 et à cette même échelle, un montant moyen annuel de 5 milliards de dollars est dépensé par les gouvernements et les organismes de conservation pour la protection de la biodiversité (Myers et Kent, 2001). Une des sources importantes de financement est le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), mis en place en 1991 et actuellement géré par la Banque Mondiale en collaboration avec le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) et le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement). Ainsi en 2000 la Banque Mondiale finançait 226 programmes de conservation dans le monde pour un montant de 2,6 milliards de dollars10. D’autres mécanismes de financement ont été instaurés pour les pays en développement dans ce domaine tel que le FNE (Fond National pour l’Environnement), institué sous forme de fonds de garantie ou sous forme de fondation, le programme « Dette pour la Nature » par lequel les gouvernements des pays industrialisés peuvent annuler une partie des dettes des pays débiteurs si ces pays consentent à contribuer à des actions de conservation. Ce programme avait déjà, au début du troisième millénaire, concerné un 7 Source : Ensemble réduire la pauvreté, Madagascar, Groupe Banque Mondiale 2003/2004, éditions de la Banque Mondiale.8 Marc Ravalomanana a accédé au pouvoir en 2002 dans un contexte politique conflictuel de fraude électorale avortée de l’ancien président Ratsiraka et d’une répression ayant causée quelques dizaines de morts dans ce changement de pouvoir.9 Source : Banque Mondiale et FAO (2003).10 D’après R.B. Primack, J. Ratsirarson (2005).

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montant évalué à plus de 1,5 milliard de dollars pour la conservation à Madagascar, au Costa Rica, en Colombie, en Pologne et dans une douzaine d’autres pays. Un autre mécanisme spécifique est le paiement des dettes pour la nature11, Un procédé qu’utilisent des organisations comme Conservation International, le WWF, l’UICN12 et l’UNICEF. En parallèle de ces mécanismes variés dans lesquels interviennent les institutions, les financements privés deviennent de plus en plus importants. On peut citer l’exemple d’une dotation en 2001 de 260 millions de dollars de la Fondation Gordon et Betty Moore à Conservation International. Ces financements permettent le développement et l’autonomie croissante vis-à-vis des États des ONG de conservation. Elles collaborent de fait avec les institutions internationales, mais ont donc aussi leurs propres stratégies et objectifs.

La préoccupation croissante vis-à-vis de la biodiversité et l’impératif du développement durable ont fait l’objet de sommets internationaux et de la signature par les États de conventions internationales. Deux des repères importants furent la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement Humain à Stockholm en 1972 et le rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance (avec la même année la mise en place du Programme des Nations Unies pour l’Environnement). Ils ont marqué la volonté d’une coopération internationale dans ce domaine, reprise seulement 20 ans plus tard par la Conférence des Nations Unies pour l’Environnement et le Développement (CNUED) qui s’est déroulée à Rio de Janeiro en 1992, aussi appelé le Sommet de la Terre. De même on peut citer la ratification de la Déclaration de Rio, la Convention sur le Changement Climatique, la Convention sur la Diversité Biologique et enfin l’Agenda 21 (innovant parce que liant l’environnement aux autres problématiques induisant le retard de développement). Le protocole de Kyoto a été ouvert à la ratification en 1998, suivi d’autres étapes dont l’Evaluation des Ecosystèmes pour le Millénaire initiée par Kofi Annan. Ses résultats en 2005 ont défini que les deux services écosystèmiques de l’eau douce et de la pêche ne pouvaient plus satisfaire la demande. Plus récemment se déroulèrent la Convention d’Aarhus, le quatrième Sommet des Nations Unies sur l’Environnement en 2002 et le premier Sommet sur le Développement Durable à Johannesburg, un sommet que le WWF a qualifié de « Sommet des négociations honteuses », considérant qu’il n’avait pas abouti à la prise de décision d’actions concrètes dans le domaine des problèmes relatifs à l’environnement du fait de la production et de la consommation.

1.2/ La situation écologique malgache.

À Madagascar les données nationales font état d'une réduction annuelle des forêts de l'ordre de 200.000 ha/an et Madagascar possède un taux de dégradation des sols parmi les

11 Le paiement des dettes pour la nature est un mécanisme par lequel les dettes extérieures d’un pays sont vendues, par les banques détentrices, sur le marché international secondaire des dettes avec une importante remise. Ces dettes peuvent êtres rachetées par un organisme de conservation international avec annulation de ces dernières, à la condition du consentement du pays endetté de procéder à des paiements annuels, avec sa monnaie, d’activités de conservation12

L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature est la principale organisation non gouvernementale internationale dédiée à la cause de la conservation de la nature. Elle a été fondée le 5 octobre 1948 à la suite d'une conférence internationale tenue à Fontainebleau et son siège est localisé à Gland en Suisse. Elle réunit 48 États, 114 agences gouvernementales, plus de 800 ONG et plus de 10 000 experts et de scientifiques de plus de 180 pays. Elle emploie un millier de personnes travaillant à travers le monde à près de 500 projets et a aidé plus de 75 pays à préparer et appliquer des stratégies en matière de conservation et de diversité biologique.

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plus élevés au monde, lié à la disparition des territoires forestiers et l’érosion en découlant. Les causes et les origines des pressions qui pèsent sur la biodiversité viennent essentiellement de la pauvreté de la population riveraine, par la pratique du tavy (culture itinérante sur brûlis) et autres défrichements, le prélèvement de bois de chauffe et de construction, la vente d’espèces de faune et de flore pour le commerce, le braconnage, l'exploitation illégale de bois précieux, l’activité minière, mais aussi l’exploitation forestière pour le remboursement de la dette de l’État à la communauté internationale. La déforestation résulte aussi de l'action conjuguée de plusieurs facteurs: un taux d'accroissement démographique élevé (plus de 3 %), les flux migratoires, l’insuffisance des surfaces cultivables en zones forestières, l’accès libre aux territoires forestiers pour des ressources naturelles renouvelables et l’insuffisance, sinon l’inadéquation des structures de gestion et de contrôle.

Toutefois, en miroir de cette appréciation de la déforestation focalisée sur l’activité humaine, sur « le paysan malgache comme coupable de la déforestation », des travaux infirment l’hypothèse de la responsabilité humaine dans la disparition de la grande forêt malgache. Ils mentionnent les pratiques de feux de brousse et de tavy comme des facteurs récents de la fragmentation des forêts. Dans des recherches sur les paléo-environnements, D.A.Burney (1986) avance que les « bouleversements écologiques » locaux ne se seraient produits qu’à partir du Vème siècle, avec une occupation humaine sur l’ensemble du territoire datant du XVIIème. D’autres hypothèses juxtaposent pression anthropique et phénomènes naturels globaux tels que des changements climatiques, facteurs de fragmentation. Elles remettent en question l’idée d’une île totalement forestière.

Malgré tout, sur le plan économique en découlant, les fonctions écologiques des territoires forestiers sont essentielles, par leur rôle stratégique comme élément régulateur des ressources en eau, de maintien de fertilité des sols et de lutte contre l'érosion. Ainsi, dans certaines régions de Madagascar, l'érosion atteint jusqu'à 400 t/ha/an de terre arable transportée (en zones défrichées) alors que 10 t /ha /an est le seuil donné comme « tolérable ». Les défrichements répétés par des mécanismes géophysiques causent même, pour quelques territoires, le tarissement de sources. C’est le cas de la Montagne d’Ambre où une dizaine de sources se sont taries en deux décennies. De l’utilisation des ressources naturelles dépend 50 % de l’économie malgache, 9 emplois sur 10 y sont liés, elle représente près de 90 % de l’énergie totale utilisée par les ménages urbains et ruraux13.

1.2.1/Les premières aires protégées d’Afrique, un hot-spot de la biodiversité. La nécessité de la protection.

C’est dans le dernier quart du XIXe siècle que sont apparus des mouvements en faveur de la protection des territoires naturels. Les Etats Unis furent la première nation à consacrer des territoires à la conservation, initialement appelés monuments puis parcs nationaux. C’est ainsi que fut crée en 1872 le premier parc national au monde, celui de Yellowstone. Au début du XX ème siècle en Europe des projets similaires furent initiés par la première Commission de Consultation Permanente, créée en Suisse en 1913, des projets avortés du fait de la première guerre mondiale. En 1923 s’est tenu en France la première rencontre internationale à vocation de protection de la nature : le Congrès International pour la Protection de la Nature à compter duquel la France institua un Comité National Permanent pour la Protection de la Faune

13 Source : « Quel développement à Madagascar ? », Etudes Rurales n° 178, p16.

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Coloniale. Dès 1925, il aboutit à la conclusion qu’il était nécessaire de créer des parcs nationaux dans toutes les colonies françaises.

Cependant, dès 1881 à Madagascar, S. Goedefroit et J. P. Reveret14(2007) nous mentionnent l’existence du code dit des « 305 articles » publié par la Reine Ravanalona II. Il priorisait la conservation et la protection de la forêt et interdisait la pratique du brûlis à Madagascar, une procédure donnée par les historiens comme l’outil pour asseoir un modèle politico-économique basé sur la riziculture dans l’exclusion des modèles précoloniaux d’élevage et de tavy.

Dans les deux années qui suivirent les premiers travaux du Comité National Permanent pour la Protection de la Faune Coloniale, l’administration forestière coloniale de Madagascar, déjà inquiète de la disparition progressive de la forêt par des défrichements et feux de brousse, avait élaboré une réglementation visant la protection de la flore et la faune du pays avec l’appui de l’Académie malgache. Une trentaine de territoires furent proposés avec des normes établissant des principes de non-circulation à l’intérieur de ces territoires. Ils amenèrent l’abandon du concept de parc national au profit de celui de réserve naturelle, avec une localisation éloignée des villes et villages pour préserver l’économie locale et des surfaces modérées pour « ne pas gêner la colonisation » et du fait du nombre initialement restreint de gardes forestiers. Ces territoires furent placés sous l’autorité publique.

Sur les trente territoires proposés, dix furent retenus par le décret du 31 décembre 1927 qui consacra les premières réserves naturelles de Madagascar et en fait d’Afrique, tandis que les autres nations faisaient le choix de la création de parcs nationaux. La Convention Internationale pour la Protection de la Flore et de la Faune en Afrique adoptée à Londres en 1933 fut ratifiée par la France en 1938. Elle avait défini, entre autres, les expressions Réserves Naturelles Intégrales et Réserves Spéciales. Cette convention s’est inspirée du décret de 1927, créant les dix premières Réserves Naturelles de Madagascar, en y ajoutant l’adjectif « intégrales ». À ces dix réserves se sont ajoutées par la suite deux autres réserves naturelles intégrales avant un décret de 1966 qui revint sur des déclassements de ce type de territoire.

En ce qui concerne les réserves spéciales, elles émanèrent à Madagascar d’un arrêté de 1952 relatant que des mesures moins strictes que celles concernant des RNI pouvaient suffire à la protection de certaines espèces. Cet arrêté aboutit à la création de huit réserves spéciales en 1956 et sept autres en 1958 avec d’autres créations individuelles par la suite portant le nombre de ces territoires à vingt-trois.

C’est par un décret de 1954 qu’est apparu localement le terme parc national dans la législation, avec la création du Parc National de la Montagne d’Ambre en 1958 et celle du Parc National de l’Isalo en 1962. À Madagascar la première conférence internationale sur l’utilisation rationnelle et la conservation de la nature en 1970 montra le principe de la conservation, non plus pour elle-même, mais pour une utilisation rationnelle des ressources naturelles, privilégiant la création de parcs nationaux par rapport aux RNI, pour permettre des bénéfices aux populations et un développement économique et social local. 19 années passèrent après cette Conférence Internationale, avant la création d’autres parcs par l’administration forestière gestionnaire de ces territoires à laquelle succéda en 1991 une nouvelle structure sous forme associative : l’ANGAP (Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées). C’est aussi la date du déclassement de certaines RNI en PN avec à la même époque (1990), le classement de la RNI du Tsingy de Bemaraha au patrimoine mondial de l’UNESCO (puis les forêts humides de l’Atsinanana en

14 Cf. Etudes rurales n° 178, p17.

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2007). Ces créations de parc et les déclassements aboutirent à un réseau national de 1.700.000 Ha et de 46 aires protégées, réparties selon 5 RNI, 18 PN et 23 RS, avant les mutations en cours depuis quelques années.

Rappelons que la définition d’une zone protégée se réfère à une étendue de territoire sous protection légale, dont l’administration est généralement assurée par une entité gouvernementale ou a été déléguée au secteur privé ou à une alliance d’intérêts gouvernementaux et privés.

1.2.2/ Historique de la mise en place de la conservation. Les structures créées.

Les impératifs de gestion de la biodiversité semblent corrélés à la politique internationale en la matière. Ainsi la conférence de Stockholm (1972) a introduit la vision de la biosphère, c'est-à-dire un concept qui considère l'homme comme pivot de la conservation. Par la suite, la stratégie mondiale de conservation (PNUE-WWF-UICN) en 1984 et la Convention de Rio (1992) ont confirmé cette stratégie mondiale de gestion « intégrée » de la biodiversité.

En écho à cette évolution internationale du concept de conservation de la biodiversité, Madagascar s'est doté en 1984 de sa stratégie nationale de conservation et de développement durable. Puis le gouvernement malgache a élaboré dès la fin des années 90 une Politique Nationale de l’Environnement (PNE), avec comme cadre fondamental de références la Stratégie Nationale de la Conservation pour le Développement Durable (SNC). La Loi n° 90-033 du 21 décembre 1990 portant sur la Charte de l’Environnement Malagasy en relate les principes généraux et les dispositions traduisant le PNE en termes opérationnels. Ainsi Le PNE a été mis en œuvre par le Plan National d’Action Environnementale (PNAE) exécutable sur 15 ans, à travers les Programmes Environnementaux (PE 1, PE 2 et PE 3). Leurs finalités sont d’ « enrayer la spirale de dégradation, en réconciliant la population avec son environnement naturel et de promouvoir l’adoption par la population de modes d’utilisation durable des ressources naturelles associées au développement durable ». Ce PNAE a été mis en oeuvre avec des financements internationaux, il s’est inscrit dans les objectifs définis par le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP - remplacé aujourd’hui par le « Madagascar Action Plan », le MAP), dont les objectifs « énoncent clairement l’association des plus défavorisés au développement et l’ambition de permettre à l’ensemble de la population malgache de vivre dans la sérénité, de produire normalement et de façon efficiente et de satisfaire correctement ses besoins fondamentaux et préserver ceux des générations futures ». Ce Plan National d'Action Environnemental (PAE), le premier de ce genre en Afrique devait s'étendre sur 15 années reparties en 3 phases :

-La Phase I ou PE I (de 1990 à 1996) consacrée à la mise en place des structures et à l'application pratique des théories élaborées par les spécialistes de l'environnement. Avec une structure créée, l'ANGAP, chargée de la coordination des activités dans l'élaboration du Programme des Aires Protégées (PAP).

- La Phase II ou PE II (de 1997 à 2001) consacrée à l'opérationalisation des acquis du PE I dans le cadre de l'exécution du PE II, avec la gestion directe du réseau des aires protégées confiée à l'ANGAP, suivant les termes de la loi programme n° 97-012 du 6 juin 1997 modifiant certaines dispositions de la loi n° 90-033 du 21 décembre 1990 portant Charte de l'Environnement.

- La Phase III ou PE III (de 2002 à 2006) qui consiste à poursuivre « en vitesse de croisière » les activités du programme.

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La Phase I par le PCDI. (Programme de Conservation et de Développement Intégré) a développé l'idée de protéger les écosystèmes et d'initier un développement local avec les communautés. Ce programme a abouti au constat que l’administration forestière n’avait pas elle-même les compétences et ressources nécessaires, notamment financières, pour cette gestion qui fut déléguée à l’ANGAP. Un processus s’inscrivant dans les politiques d'ajustement structurel locales mettant en avant le désengagement de l’Etat, même dans le cas présent de la gestion de territoires protégés appartenant au domaine public. Dans le cadre de cette réorganisation, des personnels de l’administration forestière furent déplacés vers cette nouvelle structure, en affaiblissant par conséquent leur administration d’origine. C'est aussi à cette époque que fut créée l’ANAE (l'Association Nationale pour les Actions Environnementales) à vocation de conservation terrestre et maritime. Une structure très coûteuse et mal adaptée vis-à-vis de l'origine de la pression anthropique majoritaire sur les forêts se situant dans un contexte plus global : le tavy pour l’autosubsistance et beaucoup à l’époque pour la culture de maïs à visée d’exportation vers les voisins de l’Océan Indien15. Donc des mécanismes économiques dans lesquels étaient essentiellement impliqués des acteurs privés, ce qui induisait un décalage entre les pratiques et l’esprit de cette structure et les réalités économiques.

Selon un autre mécanisme, la loi 96 025 du 30 septembre 1996 a mis en place des contrats GELOSE (Gestion locale Sécurisée) permettant le transfert de gestion des ressources renouvelables aux communautés en faisant la demande. Une avancée conceptuelle dans l’idée de faire participer les populations riveraines à la gestion des ressources de leur terroir pour des paysans qui occupent des terres majoritairement sans titre foncier et investissent peu dans le renouvellement de la fertilité des terres utilisées. Ce mécanisme a malgré tout donné peu de résultats de terrain (un peu plus de 400 contrats signés en 2003). Il a subi l’influence des théories relatives à la gestion communautaire des ressources naturelles et de la décentralisation en matière environnementale. C’est également le cas du décret sur la sécurisation foncière relative (SFR) de 1998 et le décret de 2001 sur la GCF (Gestion Contractualisée des Forêts).

En Phase II, l’accent a été mis sur une approche spatiale, en commençant à organiser une concertation avec le secteur privé et par la création de l’AGERAS, un instrument spécifique pour développer des actions de développement régional. Puis les CRD (Comités Régionaux de Développement) furent élaborés, ils sont actuellement les meilleures plates-formes de concertation. En termes de création d'instruments financiers, le FORAGE (Fond Régional pour la Gestion de l'Environnement) avait une vocation d'approche éco-régionale qui a débouché sur la création des écorégions. Le PE II a été la première approche programme à travers aussi la création de l’ONE (Office National de l'Environnement), chargé de coordonner l'action environnementale puisque le Ministère de l'Environnement n'avait pas encore à l’époque été créé.

Cette phase a nécessité un programme de financement de 150 millions de dollars. Ce fut, de l’avis des institutions internationales, un des premiers programmes nationaux, à Madagascar, à être réellement structuré. Étant donné sa complexité, il a nécessité l’intervention de plusieurs agences d'exécution (ANGAP, ANAE, des structures privées, ONE…), une dizaine d’agences mêlées dans le cadre d'une GLS (Gestion Locale Sécurisée) avec une loi sur la possibilité de transférer la gestion des ressources naturelles aux communautés et la préoccupation de l'époque, qui perdure, celle liée à des problèmes administratifs et aux manques de financements. Dans cette complexité, les bailleurs internationaux ont alors pris la décision de créer en 1997 le SMB (Secrétariat Multi-Bailleurs), dans l'idée d’élaborer une interface entre les bailleurs et les parties malgaches, dans les prémices d'une plate-forme de discussion constante bicéphale. Dans un processus parallèle, la Nouvelle Politique Forestière fut adoptée en 1997, pour permettre au

15 Il est mentionné à ce propos la mise en place de structure importantes d’élevage de porcs à La Réunion.

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secteur forestier de s’adapter au nouveau contexte de libéralisation et de désengagement de l’Etat. Une des conséquences du SMB fut que les bailleurs s’organisèrent à travers des plans de travail annuels incluant des missions de supervision conjointes : l'approche « PTA », un plan de travail annuel qui une fois approuvé permet le décaissement des fonds parfois sans résultat. Cela a influé sur un changement d'approche dans le PE III vis-à-vis des phases précédentes : une approche par résultat.

Actuellement à mi-parcours de la Phase III qui a démarré en 2002-2003 et qui s’est plutôt orientée sur le développement des réflexes environnementaux et la pérennisation financière de la gestion des aires protégées, le programme a pris du retard. Il impose une culture de résultat liée aux PTA (Plans de Travail Annuels) pour laquelle les acteurs environnementaux sont en avance vis-à-vis des ministères, un mode de fonctionnement déjà en germe en phase 2. Cette approche programme a été adoptée par le gouvernement en 200516. Chaque ministère doit élaborer son programme et le budgétiser précisément en fixant un cadre des dépenses à moyen terme. Ils doivent faire une proposition de programme et des budgets sur trois ans, alors qu'antérieurement cela n'était que sur un an. Il y a donc, dans les plans d'action présents et futurs une tentative d'améliorer l'efficacité de l'aide avec une entente sur des indicateurs concrets : « A. A. H., Appropriation, Alignement, Harmonisation » (selon le vocabulaire de la Banque Mondiale, surtout selon ses desiderata). Ils correspondent au principe de la Déclaration de Paris avec la volonté de la Banque Mondiale de réformer la gestion des finances publiques à Madagascar. La partie malgache est supposée coordonner et donner ses objectifs. 2006 a marqué la fin du DSRP affilié à la Banque Mondiale et dont le gouvernement de Marc Ravalomanana a hérité dans son premier mandat. Le deuxième mandat est celui du MAP (Madagascar Action Plan), décliné au niveau des régions et des communes avec une partie spécifiquement malgache qui en assure la coordination bien que les consultations auprès des bailleurs soient prévues par le biais de conférences nationales. De même, le secteur de l'environnement a été l'initiateur du découpement du territoire en 22 régions, issues du découpement de la gestion environnementale, avec les acteurs essentiels que sont les CRD, issus eux aussi du programme environnemental.

Dans la mise en place de cette politique nationale, tant les ONG internationales de conservation, les coopérations bilatérales, la Banque Mondiale ou l’USAID ont joué un rôle fondamental, dans son financement comme dans son instauration. À une époque antérieure au PNAE, le service des eaux et forêts donnait encore des autorisations de coupe dans certaines forêts primordiales du point de vue de la biodiversité, donc dans un contexte initial où la conservation n’était pas une priorité pour le gouvernement. Il a voulu par le biais du PNAE et malgré les PAS conserver un rôle dans l'environnement, par le biais d’un système para-étatique mis en place, dans lequel il est fortement présent pour des questions productives (Eaux et Forêts et Ministère de l'Agriculture), donc en parallèle des questions de gestion durable des aires protégées.

En cours de route, des conflits sont apparus entre l'État et certaines des institutions créées. Ainsi l’ANAE a été séparée du programme environnemental et un Ministère de l'Environnement a été créé. Il fusionna avec le Ministère des Eaux et Forêts pour devenir le MINENVEF, dans l'optique d’un renforcement des structures d'État pour qu'elles deviennent pérennes. Cette politique nationale et environnementale, ainsi que la gestion du domaine public, dans leur mise en place ont subi l’empreinte du droit français hérité de la période coloniale, un droit qui transparaît encore dans la constitution actuelle.

16 2005 a été l'année de la Déclaration de Paris sur l'Efficacité de l'Aide.

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1.3/ L’ANGAP.

L’acteur principal de la conservation à Madagascar est donc l’ANGAP, même si dans le processus de création du réseau des aires protégées des territoires sont restés sous gestion d’ONG de conservation. C’est une structure associative qui a été créée pour assurer la gestion d’un réseau national d’aires protégées en lieu et place de l’Etat, dans un mécanisme initié par les bailleurs internationaux en reflet des PAS.

L’ANGAP est une association de droit privé, créée en 1990 et reconnue d'utilité publique par le décret n°91-592 du 4 décembre 1991. Elle est mise en oeuvre depuis 1992 et est financée essentiellement par la Banque Mondiale, l'USAid et la banque allemande de développement KFW. Elle a du dans le premier volet de sa mission créer et gérer avec l’existant 46 aires protégées (18 parcs nationaux, 5 réserves naturelles intégrales et 23 réserves spéciales) et sa première mission est la conservation pour les trois catégories d'aires protégées. C'est dans le cadre de la deuxième étape du PNAE que la gestion des aires protégées a été déléguée à l’ANGAP, des aires auparavant gérées par des ONG internationales à vocation de conservation telles que WWF, CI ou WCS, avec malgré tout pour les ONG internationales de conservation le maintien de la gestion directe de 10 aires protégées.

1.3.1/ Présentation de la structure

Pour renforcer le cadre juridique de gestion du réseau d’aires protégées dans le cadre du PNAE, la loi n° 2001-005, concernant le Code des Aires Protégées (COAP) a été élaborée pour fixer le cadre normatif et légal propre aux aires protégées et accorder à l’ANGAP un outil pratique nécessaire à l’accomplissement de sa mission, concédant ainsi une assise juridique à la gestion des aires protégées avec des principes stratégiques de gestion qui constituent les objectifs des aires protégées :

- la conservation, la recherche et la valorisation du patrimoine naturel et culturel, basées sur les meilleures connaissances disponibles et sur un large éventail de recherches, dont les conditions d’utilisation et les bénéfices sont définis avec soin,- l’éducation, pour que le public apprécie davantage la richesse du patrimoine naturel malgache et adopte des pratiques respectueuses,- la contribution au développement économique et social durable, en particulier à travers la promotion de l’écotourisme sans acculturation.

Ces principes furent déclinés à partir du PE II selon 5 volets :

- la préservation des écosystèmes, - la recherche appliquée sur la biodiversité et le suivi écologique, - l’éducation environnementale valorisant la spécificité des aires protégées, - le développement de l'écotourisme comme forme de gestion durable de la biodiversité, - l’appui aux activités de développement des zones périphériques et de la région.

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Carte n° 1 : Le réseau des aires protégées de Madagascar en 2003

Source : ANGAP 2003.

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LEGENDE Superficie % surface totale des aires protégées

Parc National : 12279 km² (69,2%)

Parc Marin : 117 km² (0,7%)

Réserve Naturelle Intégrale :

1594 km² (9,0%)

Réserve Spéciale : 3754 km² (21,1 %)

Superficie protégée : 17 745 km²Superficie protégée % Madagascar :

3%

Limite de ProvinceChef-lieu de Province

0 200km

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Sous la tutelle du Ministère de l’Environnement, cette structure dénommée PNM/ANGAP (Parcs Nationaux Madagascar) travaille en collaboration avec les institutions et les agences d’exécution, soit essentiellement le Ministère de l’Environnement des Eaux et Forêts (MINENVEF) et l’Office National pour l’Environnement (ONE).

À travers le WWF, l'USAID a fourni l'assistance technique à l'ANGAP pour sa mise en place, essentiellement sur des questions de gestion de parcs et réserves (aspects liés aux montages opérationnels, aménagement spatial lié à l'élaboration du plan de gestion et développement de l'écotourisme, utilisation du SIG). Un plan de retrait progressif de WWF a été planifié. WWF a aidé à définir les sites choisis, par des recensements d’espèces, donc des sites clés pour la représentation de la biodiversité, potentiellement capables de générer des revenus par l’écotourisme et essentiels en termes de protection de ressources économiques vitales comme l’eau ou le sol. Les territoires furent choisis aussi en fonction de conflits d’intérêts potentiels moindres avec les populations locales, donc les moins occupés par des communautés.

1.3.2/ Les écorégions et les aires protégées

Dans la constitution d’un réseau national d’aires protégées, l’approche classique est d’identifier des écorégions et de s’assurer que chacune d’entre elles est représentée. Cette démarche n’a pu être appliquée que partiellement à Madagascar en raison de trois facteurs :

- le manque d’informations scientifiques concernant la biodiversité,

- la grande variabilité de la composition des habitats et espèces au sein des reliquats d’habitats naturels sur des distances relativement courtes,

- le fait que les principaux groupes taxinomiques présentent des caractéristiques différentes en terme de biodiversité rendant insuffisante, pour tous les groupes, une seule classification en écorégions

Il a donc été nécessaire pour la constitution du réseau de définir des écorégions bioclimatiques dans lesquelles, pour prendre en considération les deuxième et troisième facteurs cités précédemment, il a fallu examiner chacune des écorégions identifiées à Madagascar. Ceci en fonction des variations locales connues au niveau des écosystèmes, habitats et espèces afin que soient identifiés les localisations d’aires protégées représentatives.

Cette stratégie a reflété l’adoption, pour la définition du réseau des aires protégées, d’une approche biogéographique large plutôt que d’une approche écorégionale traditionnelle stricte. Elle a abouti à la prise en compte des écorégions suivantes :

- les hautes terres du nord,- l’est,- le centre,- la haute montagne,- l’ouest,- le sud,- les habitats isolés uniques ou de transition.

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Carte n° 2 : Les écorégions prises en compte pour la création du réseau d’aires protégées de Madagascar

Source : ANGAP 2001.

La même démarche a été retenue concernant le domaine maritime. Biogéographiquement, selon les travaux de l’ANGAP appuyée par WWF, Madagascar est proche du bord occidental de l’écorégion marine indo-pacifique.

Au sein de celle-ci, l’UICN classe Madagascar au sein de l’écorégion marine de l’Afrique de l’Est qui comprend toute la côte tropicale orientale de l’Afrique, Madagascar et toutes les autres îles de l’océan indien occidental, tropicales et sous-tropicales ». Six zones distinctes ont été identifiées par des experts en biologie marine, basées sur des caractéristiques physiques et biologiques communes d’une zone donnée

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Carte n° 3: Les écorégions maritimes de Madagascar

Source : ANGAP 2001.

Ainsi, dans la mise en place des aires protégées, les territoires choisis l’ont été pour leur valeur stratégique et aussi a minima puisqu’une représentativité exhaustive de la biodiversité malgache aurait dû inclure des territoires plus étendus. Cela a été une procédure onéreuse pour laquelle l’État malgache n’a pas eu initialement les moyens nécessaires, tant financiers qu’humains. Cette composante a minima a été malgré tout prise en compte dans l’élaboration de ces territoires, en considérant une extension future pour laquelle les aires potentielles ont été définies par la mention de programmes écorégionaux de conservation et de développement durable au-delà de simples limites des aires protégées définies.

L’adoption de ces approches écorégionales pour la conservation et le développement durable a commencé au début du PE II en 1997. Elle s’est inscrite par la suite dans le Plan d’Action pour le Développement Rural (PADR) établi par le gouvernement malgache. Son processus d’élaboration a été institutionnalisé par le décret N° 99-022 du 20 janvier 1999, un

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N

0 200km

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cadre de conception, de définition et d’orientation des stratégies et des programmes de développement rural à Madagascar.

Carte n° 4: Localisation des aires protégées potentielles et zones potentielles pour programmes écorégionaux à Madagascar en 2003

Source : ANGAP, 2003.

Ainsi a été définie une catégorisation malgache des aires protégées correspondant à la catégorisation de l’IUCN. Les populations périphériques ou de l’intérieur de l’aire protégée créée ont été prises en compte dans la définition des règles régissant l’utilisation de l’espace, avec des

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stratégies de conservation différentes selon les niveaux de menaces sur les aires protégées et les répartissant en quatre ensembles :

- Stratégie A : Biodiversité exceptionnelle, niveau de menace supérieur avec l’objectif de: « maîtriser les menaces actuelles ou potentielles sur la biodiversité et les processus écologiques et accroître les connaissances sur la biodiversité et ces processus afin d’en assurer le maintien »,

- Stratégie B : Biodiversité élevée, niveau de menace supérieur (« Maîtriser les menaces actuelles ou potentielles sur la biodiversité et les processus écologiques »),

- Stratégie C : Biodiversité exceptionnelle, niveau de menace inférieur (« Se focaliser sur l’augmentation des informations sur la biologie du site afin d’assurer le maintien de sa biodiversité excep-tionnelle et de ses processus écologiques, ainsi que la maîtrise d’un niveau de menace raisonnable »),

-Stratégie D : Biodiversité élevée, niveau de menace inférieur (« Veiller à ce qu’un ensemble minimum de mesures soit adopté afin d’assurer le maintien de la biodiversité et des processus écologiques dans l’aire protégée »).

Tableau n° 1: Catégorisation malgache des aires protégées

Catégories AP ’malagasy

Vocation de gestion Référence Catégorie IUCN correspondante

Tahirin-javaboaary (Réserve Naturelle

Intégrale)

Aire protégée gérée principalement à des fins scientifiques ou de protection des ressources sauvages (en fonction des

spécificités et selon les coutumes malagasy).

COAP I

Valan-javaboaary

(Parc National ou Parc Naturel)

Aire protégée gérée principalement dans le but de protéger les écosystèmes et à des fins récréatives.

COAP II

Tahirim-bakoka voajanahary

(Monument Naturel)

Aire protégée gérée principalement dans le but de préserver des éléments naturels spécifiques (Aire contenant des

valeurs culturelles associées à la biodiversité)

COAP

Décret 2005-848

III

Tahirin-javaboaary

(Réserve Spéciale)

Aire protégée gérée principalement à des fins de conservation (des habitats ou des espèces) avec intervention

au niveau de la gestion

COAP Catégorie IV

Tontolo mirindra voaaro

(Paysage Harmonieux

Protégé)

Aire protégée terrestre ou marine gérée principalement dans le but d’assurer la conservation de paysages terrestres ou marins et à des fins récréatives et où les interactions entre l’Homme et la nature contribuent au maintien des valeurs

esthétiques et culturelles ainsi qu’au maintien de la biodiversité.

COAP

Décret 2005-848

V

Tahirin-karena voajanahary -Réserve de Ressources Naturelles

Aire protégée gérée principalement à des fins d’utilisation durable des écosystèmes naturels

COAP

Décret 2005-848

VI

Source : MINENVEF.

Ces règles ont permis la définition de zones dans ces territoires spécifiques avec à l’intérieur des limites de l’aire protégée :

26

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- Le noyau dur : une « zone sanctuaire » d’intérêt biologique, culturel, historique, esthétique, morphologique et archéologique. Elle représente le périmètre de préservation intégrale et toute activité, accès et circulation y sont réglementés de manière stricte.

- La zone tampon, dans laquelle les activités sont limitées pour assurer une meilleure protection de l’aire protégée. Elle peut comprendre, notamment, des zones d’occupation contrôlée, des zones d’utilisation contrôlée et des zones de service.

Et en dehors du périmètre de l’aire protégée :

- La zone de protection, qui jouxte l’aire protégée et où les activités agricoles, pastorales et d’autres activités sont autorisées à titre exceptionnel. Les activités n’entraînant pas d’impact néfaste sur l’aire protégée sont admises.

- La zone périphérique, c’est-à-dire celle dans laquelle les activités humaines peuvent avoir des influences directes sur l’aire protégée et réciproquement. Des mesures peuvent y être prises pour permettre un ensemble de réalisations d’ordre social, économique et culturel tout en rendant plus efficace la conservation dans l’aire protégée. Toute activité autre que celles traditionnellement menées doit faire l’objet d’une approche concertée impliquant toutes les entités concernées ainsi que l’organe chargé de la gestion du réseau.

Graphique n° 1: l’espace d’une aire protégée du réseau ANGAP

1.3.3/ Le problème de pérennité du financement de la gestion des aires protégées

Des analyses de la Banque Mondiale et de l’Agence française de développement ont montré qu’entre 1994 et 2004 il avait été investi par le gouvernement malgache, avec en fait les financements de la communauté internationale, 75 millions de dollars dans la création du réseau d’aires protégées essentiellement terrestres. Ces mêmes analyses ont montré l’efficacité de la protection de l’ANGAP vis-à-vis de la déforestation. Cependant, elles ont aussi mis en évidence

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Zone de protection déterminée par le décret de création

Zone périphérique déterminée par le plan de gestion avec une approche concertée

Aire ProtégéeNoyau dur

Zone de services

ZOC - ZUC

Zone tampon

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la fragilité de la durabilité de son financement. L’ANGAP dépend quasi exclusivement pour son financement de l’aide publique au développement avec une dépendance similaire pour les Programmes de Conservation et de Développement Intégré dont ont été issues les alternatives à la déforestation proposées aux groupes sociaux pénalisés par la création des aires protégées. La Banque Mondiale a mentionné de même la non-garantie de l’arrêt définitif de la déforestation à la fin de ces programmes de développement.

Ainsi, en moyenne, les paiements directs à l’ANGAP pour ses dépenses de gestion s’élèvent à 3 millions de dollars par an et 1,5 millions pour les ONG gestionnaires de territoires, soit un coût de 3 dollars/ha/an pour la conservation. Ces financements sont liés à la capacité des ONG internationales et des fonds pour l’environnement à capter le consentement des ménages des pays riches à payer pour la conservation de la biodiversité mondiale. Un mécanisme dans lequel intervient le facteur de l’improbabilité de l’augmentation significative de ces fonds, voire même la probabilité de leur diminution. En effet, il est plus facile pour une ONG d’obtenir des financements pour la création d’une nouvelle aire protégée que pour le financement de la gestion d’un réseau existant géré par la structure nationale d’un État souverain. Ces mécanismes ont été démontrés par les ONG de conservation et les analyses effectuées ont montré la probabilité d’une décroissance de ces paiements de 5 % par an, parallèlement à une augmentation de la fréquentation touristique à Madagascar. En ce qui concerne la fréquentation des parcs et les bénéfices nationaux de ce qui a été qualifié d’écotourisme, les experts des institutions internationales susmentionnées ont en défini la composition. Elle comprend les droits d’entrée dans les parcs (essentiellement dans les 10 aires protégées réellement sujettes à des visites d’importance) et la valeur ajoutée nationale directe (transport, hôtellerie, restauration, artisanat, guidage) et indirecte (activités induites par les activités directes). Une moyenne pour l’année de référence 2001 de l’étude a été établie à 60 dollars consacrés par visiteur par parc visité, soit les 5 dollars initialement définis pour les DEAP (droits d’entrée dans les aires protégées) et 55 dollars de valeur ajoutée directe et indirecte. Cela représentait donc en 2001 un bénéfice pour le pays, du fait de la fréquentation des aires protégées, de 6 millions de dollars par an avec les 100 000 visiteurs considérés pour l’année de référence. Ainsi le bénéfice issu des aires protégées était d’environ 4 dollars/ha/an. À cela devait se rajouter la considération d’un taux de croissance annuel des visites de 5 % par an pendant les 15 années successives et le fait que, d’après des études spécifiques, les visiteurs soient prêts à payer plus que les 5 dollars de DEAP initialement définis. Ces droits d’entrée ont été augmentés en janvier 2005 à 25 000 ariary pour un visiteur étranger, 1000 ariary pour un Malgache (1euro = environ 2500 ariary).

Cette analyse a montré à la communauté internationale impliquée localement, l’autofinancement possible du réseau d’aires protégées de Madagascar ainsi que l’absence de mécanismes de financement durable de l’ANGAP, par l’inexistence d’un fond fiduciaire et d’un instrument de transfert d’une partie des bénéfices du tourisme vers l’ANGAP. En parallèle se posait le problème de l’absence de compensations pour les populations qui ont vu restreints voire interdits leur droits d’accès et de prélèvement, donc la nécessité de leur proposer des alternatives, des projets de développement. De même il a été défini que les bénéficiaires de la conservation sont essentiellement les usagers de l’eau en aval des aires protégées, les riziculteurs, puis les citadins. Ces mécanismes ont justifié la continuité de l’aide de la communauté internationale qui transcende la simple protection de la biodiversité. Une analyse à partir de laquelle la considération de l’écotourisme comme moyen de financement pérenne de cette gestion a été renforcée.

28

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1.3.4/ La solution de l’écotourisme. La nécessité du développement local

La fréquentation des Parcs permettant le dégagement de revenus et leur gestion entraînant des coûts importants assumés par les bailleurs, la composante écotouristique a été prise en compte dès la mise en place du réseau des aires protégées. En 1999, PNM/ANGAP a élaboré une politique sous-sectorielle de l’écotourisme dans les aires protégées et l’écotourisme y est défini comme «le voyage effectué dans le but de découvrir, apprécier et respecter les attraits des sites naturels tout en favorisant leur conservation et l’épanouissement des communautés humaines».

Les principes directeurs et objectifs du développement de l’écotourisme dans les aires protégées définis dans la Politique comprenaient notamment : « l’appui à la conservation des ressources naturelles, le souci de la santé écologique, la mobilisation des initiatives publiques et privées, le respect de la culture locale, la recherche de la qualité des services pour la satisfaction des visiteurs et la volonté de contribuer au développement économique durable ».

Cependant, du fait des coûts impliqués par les infrastructures d’accueil nécessaires, l’ANGAP, par ses ressources limitées, a concentré son action dans ce domaine sur des sites « porteurs bien ciblés » en décomposant sa démarche opérationnelle en deux temps : la sélection de sites et le classement des aires protégées en fonction de leur potentiel écotouristique, puis la définition d’un ensemble de mesures à mettre en oeuvre dans chacune des catégories et l’allocation des ressources.

Ainsi pour la sélection des sites porteurs ont été considérés :

- la diversité des attractions offertes par l’aire protégée, - la qualité ou la valeur des attractions offertes par l’aire protégée, - l’intérêt exprimé par les opérateurs touristiques et les visiteurs, y compris l’intérêt pour les investissements au niveau des infrastructures et des services,- l’accès et la faisabilité, y compris la possibilité de tirer avantage des centres touristiques et des circuits établis qui offrent des options multiples aux visiteurs, - la viabilité potentielle en terme de coûts / bénéfices.

La deuxième étape a consisté à classer les aires protégées dont le potentiel avait été reconnu, suivant les mêmes critères que ceux décrits ci-dessus. De même il a été pris en compte le développement local lors de l’établissement du réseau, puisque, à Madagascar comme dans tous les pays en voie de développement, l’utilisation directe des ressources naturelles est essentielle à l’économie locale.

Il a été nécessaire, pour les populations locales qui ont vu les territoires dans lesquels elles exploitaient des ressources naturelles se transformer en sanctuaires naturels, de leur fournir des moyens alternatifs de vie au quotidien, aussi et surtout pour éviter les pressions anthropiques sur les Parcs et les prédations. Il a ainsi été mis en place un système de développement local basé sur la rétrocession de 50 % des DEAP (Droits d’Entrée dans les Aires Protégées) par l’intermédiaire du financement de micro-projets, un choix spécifique à l’Etat malgache pour le développement des zones périphériques ou zones d’influence comme sont qualifiés les territoires attenants à l’aire protégée. Dans ces territoires, les populations sont considérées comme des partenaires de la conservation. Les micro-projets et les activités de développement doivent se conformer aux deux principes suivants: le recours aux méthodes participatives (aucun groupe bénéficiaire ne reçoit des réalisations clés en mains), l’insertion de l'auto promotion dans l'approche pour la durabilité des actions.

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L'ANGAP doit aussi financer selon ses possibilités, donc hors des 50 % des DEAP, des mini-projets alternatifs aux pressions sur les aires protégées et coordonner ces activités par des structures locales de développement ou autres organismes (ONG, services publics..). Pour cela un interlocuteur local est créé : le Comité Local de Gestion (COGES). L’ANGAP est supposé jouer le rôle d’interface entre les communautés, les opérateurs et les organismes de développement locaux et régionaux. Elle doit considérer le développement de la zone périphérique des territoires protégés qui fait l'objet de PCDI (Projet de Conservation et de Développement Intégré).

Ce système, mis en place en 1993, stipule que l’identification des micro-projets revient entièrement aux bénéficiaires et qu’ils peuvent couvrir une large gamme de besoins : construction de puits, greniers communautaires, micro-barrages... Les Comités de Gestion (COGES) auxquels participent les bénéficiaires doivent être graduellement mis en place par le biais « d’un processus participatif et démocratique avec une structure et un mode de fonctionnement adapté aux réalités locales ». Par la suite est prévue la création pour chaque aire protégée de COSAP (Comité de Soutien aux Aires Protégées), constitués, au cas par cas, de représentants des communautés, de membres de la société civile ou de l’État. Ils sont en charge de présenter aux directions locales des parcs leurs demandes priorisées de projets de développement, donc la prise en considération du local et de l’international pour la gestion de la conservation, selon des mécanismes voulus comme vertueux.

1.4/ Des rappels nécessaires

Dans le processus de l’extension du réseau des aires protégées de Madagascar et du développement de l’écotourisme, il a paru opportun de faire quelques rappels concernant la notion d’écotourisme. Pour cette notion, les définitions ou les mentions sont pléthore dans le domaine de la conservation, elles y établissent une sorte de « flou conceptuel ». De même dans le domaine du tourisme quelques éléments concernant son poids à Madagascar ainsi qu’à l’échelle mondiale semblent nécessaires.

1.4.1/Définition de l’écotourisme et rappels historiques

Il semble que ce soit l'écologiste mexicain Ceballos-Lascurain qui ait défini dès 1983 la notion d’écotourisme et utilisé le terme « ecoturismo » bien que le Service National des Forêts du Canada fasse la promotion « d'ecotours » le long de la Transcanadienne dès 1973. Ce terme aurait de même été retracé dans un article de Hertzer de 1965 qui l’utilise pour «expliquer la relation complexe entre les touristes et l'environnement et les cultures avec lesquelles ils interagissent ». Cependant, en règle générale, c’est Budowski (1976) qui est cité comme le pionnier concernant le concept même d'écotourisme qui dans son article « Tourism and environmental conservation: conflict, coexistence or symbiosis? » reconnaît « que la relation entre le tourisme et l'environnement naturel tend à être conflictuel, mais que le potentiel existe pour une relation basée sur les bénéfices mutuels dans une description de la relation symbiotique qui pourrait s'ensuivre ». Cette relation est proche de l'idée contemporaine de l'écotourisme, sans que ce dernier en ait utilisé le terme.

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Historiquement, le concept est passé d’une proximité recherchée avec la nature à des principes associés au concept de développement durable et sa première définition acceptable a été établie en 1990 par la Société Internationale d’Ecotourisme : « il s’agit du voyage responsable dans des aires naturelles, qui préserve l’environnement et augmente le bien être des populations locales ». Avec la prise de conscience grandissante de ce phénomène et des définitions successives, un consensus est apparu parmi les organisations engagées dans ce secteur à propos de la définition adoptée par l’UICN qui est aussi celle de Ceballos-Lascurain (1996) et de la Commission des Parcs Naturels et des Aires Protégées : « voyage et visite environnementalement responsables dans des espaces naturels relativement calmes, dans le but d’apprécier la nature (et n'importe quelles fonctions culturelles accompagnantes - tant passées que présentes), qui promeuvent la conservation, créent de faibles impacts et participent activement à l’amélioration socioéconomique des populations locales », une pratique de voyage17

comme : « une modalité touristique responsable face à l’environnement et qui consiste à voyager dans des aires naturelles dans le but d’apprécier et de profiter de la nature comme de toute autre manifestation culturelle du présent et du passé tout en promouvant la préservation, en ayant un impact de visite minimal et en privilégiant une intégration active qui apporte des bénéfices socioéconomiques aux populations locales ».

Des populations locales pour lesquelles les ONG de conservation ont intégré la nécessité d’une gestion participative indispensable des aires protégées pour une conservation optimale, l’intégration des communautés18 donc dans les processus décisionnels. The Nature Conservancy a adopté cette définition et ce concept comme le type de tourisme qu’il est nécessaire de privilégier dans la gestion de la majorité des aires protégées et parcs nationaux présentant des objectifs de préservation stricte et aussi comme un moyen de développement local

Par la suite à l’issue de la Conférence Mondiale du Tourisme Durable (Lanzarote, 1995),

la Charte mondiale du Tourisme Durable a été adoptée. Cette déclaration complète la définition d’un développement touristique durable et précise ses conditions de mise en oeuvre dans ses points 1 et 4 : « Le développement touristique doit reposer sur des critères de durabilité. Il doit être supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique et équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales [...]. Le tourisme étant un puissant instrument de développement, il peut et doit jouer un rôle actif dans la stratégie de développement durable. Une bonne gestion du tourisme doit donc garantir le caractère durable des ressources dont cette activité dépend. […] La contribution active du tourisme au développement durable présuppose nécessairement la solidarité, le respect mutuel et la participation de tous les acteurs, des secteurs public et privé, impliqués dans le processus. Cette concertation doit se baser sur des mécanismes efficaces de coopération à tous les niveaux. »

Enfin le sommet mondial de l’écotourisme qui s'est déroulé du 19 au 22 mai 2002 (année mondiale de l’écotourisme) au Québec a établi les principales recommandations suivantes dans le domaine de la conservation et de l’écotourisme :

- formuler des politiques nationales d'écotourisme,- définir des plans de gestion et programmes d'interprétation des aires protégées,

17 Source : Développement de l’écotourisme – Un manuel pour les professionnels de la conservation. (2003), Volume I, Editions de The Nature Conservancy.18 Communauté : un groupe hétérogène de personnes habitant une même zone géographique et se partageant l’accès à un ensemble de ressources naturelles locales avec un degré de cohésion, de différenciation sociale, la force des croyances et des institutions communes, la diversité et autres facteurs variant beaucoup au sein et selon les communautés (Schmink, M. (1999)).

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- intégrer des micros, petites et moyennes entreprises écotouristiques dans les stratégies de promotion,- respecter les normes environnement / santé pour tout projet,- maximiser les ressources locales (matériaux, produits, humains),- offrir des soutiens techniques et financiers aux entreprises,- favoriser les échanges,- renforcer les capacités des communautés locales dans la valorisation de la culture et de l'artisanat,- que l'écotourisme soit un exemple de tourisme durable et contribue ainsi à la réduction de la pauvreté et à la protection de l'environnement.

L’écotourisme constitue donc un concept de référence fréquemment utilisé comme référence pour la conservation dans les pays en développement ayant un patrimoine naturel attractif pour les populations occidentales. Elles en sont la principale source de fréquentation. Ce type de patrimoine se retrouve à Madagascar, laquelle dans ce domaine semble présenter toutes les potentialités nécessaires à son développement et pour laquelle le poids du tourisme est fondamental.

1.4.2/ Le tourisme et l’écotourisme à Madagascar

Troisième ressource du pays après la pêche et la vanille, la fréquentation touristique est essentielle à la survie économique malgache. Hormis une baisse de fréquentation en 2002 liée aux troubles ponctuels de changement de présidence la fréquentation y est en croissance et le secteur touristique est considéré comme un vecteur de développement par la Banque Mondiale et inclus dans les stratégies de développement du gouvernement.

Graphique n° 2: Evolution des arrivées de visiteurs non-résidents aux frontières à Madagascar (d’après les données du Ministère de la Culture et du Tourisme).

0

50000

100000

150000

200000

250000

300000

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Evolution des arrivéesde visiteurs non-résidents aux frontières

Ce secteur a rapporté au pays en terme de devises, en 2005, environ 131 millions d’euros, ce qui représente environ le volume de l’APD de la France, le premier bailleur dans ce domaine19. Sa croissance en valeur absolue est considérée comme devant perdurer. À titre de comparaison avec sa voisine, l’île Maurice, pour ce secteur particulier de l’économie, si le calcul

19 PIB Madagascar 2007: 16 228 millions de dollars, volume des exportations: 1035 millions de dollars, des importations: 1910 millions (Etat du monde 2007).

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est fait de diviser le nombre de touristes en 2005 par la surface du pays, on obtient pour Madagascar 0,5 touriste/km2 et 375 touristes/km2 pour Maurice. Ces chiffres montrent qu’à l’échelle de Madagascar le secteur tourisme malgré son poids économique reste relativement faible, expliquant en cela ce que représente ce territoire pour les personnes en quête de territoires « authentiques ».

Graphique n° 3: Evolution des recettes en devises au titre du tourisme à Madagascar (d’après les données de la Banque Centrale de la République de Madagascar)

050

100150200250300350400

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Milliards d'Ariary

La provenance des populations touristiques est marquée par une proportion très majoritaire en provenance d’Europe, essentiellement de France en raison de la fréquence des liaisons aériennes entre Paris et Antananarivo. On y retrouve une proportion croissante d’Italiens du fait de la mise en place d’une ligne charter d’Air Madagascar entre Milan et Nosy Be.

Graphique n° 4: Répartition moyenne des provenances des touristes à Madagascar (d’après les données du Ministère de la Culture et du Tourisme)

55%

10%

3%4%3%

4%

6%

15% FranceRéunionAmériqueAngleterreSuisseAllemagneItalieAutres

Du fait de la saison des pluies, la fréquentation obéit à une saisonnalité qui reste peu marquée pour des durées moyennes de séjour de 20 jours. Selon des études statistiques du Ministère du Tourisme, la motivation majoritaire pour les populations touristiques est liée à la

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recherche d’un tourisme de nature et à la fréquentation des écosystèmes spécifiques à l’île-continent.

Graphique n° 5: Activités pratiquées par les touristes à Madagascar (d’après les données du Ministère de la Culture et du Tourisme)

55%

19%

8%

15%3%

Ecotourisme

Soleil et plages

Activités culturelles

Sports et aventure

Autre

Toutefois, bien que la motivation donnée par les arrivants étrangers reste majoritairement liée aux espaces naturels, la fréquentation dans les parcs ne suit pas la hausse constatée, établissant en cela une sorte de seuil.

Graphique n° 6: Comparatif du nombre de visas de tourisme et des entées dans les aires protégées à Madagascar (d’après les données du Ministère de la Culture et du Tourisme et de

l’ANGAP)

0

50000

100000

150000

200000

250000

300000

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Arrivées de visiteurs non-résidents aux frontièresNombre d'entrées dans les airesprotégées

Tableau n° 2: Evolution des arrivées du tourisme et de la fréquentation des Parcs à Madagascar (d’après les données du Ministère de la Culture et du Tourisme et de l’ANGAP)

AnnéeArrivées de

visiteurs non-résidents aux

frontières

Total des entrées dans les parcs Pourcentage

1998 121 207 61 981 57,74%1999 139 253 80 760 58,41%2000 80 760 86 408 53,98%2001 170 208 99 780 58,62%2002 61 674 21 344 34,60%2003 139 230 88 159 63,32%

34

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2004 228 784 101 102 44,10%2005 277 051 106 692 38,50%2006 108 294

Total 1998-2005 1 218 167 646 226 53,04%

Un élément d’explication se situe dans le même domaine de la connectivité routière avec les parcs et l’inscription de certains d’entre eux (les plus fréquentés) dans des circuits et des trajets « moyens » que suivent les populations touristiques. Ils sont liés aux axes routiers principaux et aux liaisons aériennes internes. Ils comportent une phase de visite des parcs et des sites balnéaires principaux avec une connectivité vis-à-vis des aires protégées qui n’a pas été développée. Ces facteurs définissent la fréquentation principale de quelques parcs nationaux tandis que les aires protégées les plus enclavées ont une fréquentation minime voire inexistante. Les recettes de l’ANGAP issues des DEAP proviennent donc essentiellement de ces mêmes parcs.

Carte n° 5: Carte des circuits touristiques à Madagascar

Source : Plan Directeur Touristique pour Madagascar, 2006.

35

0 200km

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Graphique n° 7: Répartition de la fréquentation des aires protégées à Madagascar (d’après les données du Ministère de la Culture et du Tourisme. Enquête tourisme 2000)

39%

21%

19%

14%

7% SudNordEstOuestHautes-terres

Tableau n° 3: Sites visités par les touristes à Madagascar

REGIONS VISITEES SITES VISITES POURCENTAGE DE TOURISTES

SUDToliara, Parc National d’Isalo, Taolagnaro, Ifaty, Parc National de Ranomafana, Fianarantsoa …

38,4 %

NORDAntsiranana, Nosy-Be, Montagne d’Ambre

21,1 %

ESTSainte-Marie, Toamasina, Parc National d’Andasibe, Foulpointe, Fénérive-Est … 19,3 %

OUESTMahajanga, Morondava, Parc National Bemaraha, Belo Tsiribihina … 13,9 %

HAUTES TERRESAntsirabe, Itasy, Ampefy, Mantasoa …

7,3 %TOTAL 100 %

Source : Ministère de la Culture et du Tourisme. Enquête tourisme 2000

Tableau n° 4: Statistique du nombre d’entrées par aire protégée du réseau ANGAP depuis 1994

ANNEE 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2 005 2 006ISALO 2 041 7 653 11 556 15 000 21 967 23 320 23 904 27 678 4 257 19 324 24 098 29 031 29 078ANDASIBE 5 977 15 285 14 253 17 203 22 657 25 506 24 408 26 478 6 952 23 257 25 561 24 273 22 110RANOMAFANA 3 256 6 245 5 947 8 163 10 796 11 952 13 145 15 668 2 964 11 768 15 613 14 741 16 235MONT. D'AMBRE 6 007 6 173 9 316 7 610 7 278 8 112 8 837 8 170 2 129 6 229 7 820 10 105 10 634BEMARAHA 1 566 2 467 2 888 3 351 385 6 731 4 392 6 224 6 894ANKARAFANTSIKA 2 404 4 617 1 440 6 252 8 095 5 951 6 393ANKARANA 856 1 948 3 863 6 096 6 257 6 898 1 171 4 657 5 750 5 869 5 954ANDRINGITRA 154 480 1 495 1 750 304 2 221 2 330 2 940 3 297MASOALA NMangabe 183 687 416 1 384 1 936 1 518 1 951 559 1 184 2 246 2 880 3 173ANDOHAHELA 315 533 1 637 331 1 299 1 310 1 336 1 504TSIMANAMPETS 405 253 481 1 195 1 104 1 012ZOMBITSE 643 718 591 641MAROJEJY 59 186 384 597 259 3 595 831 603 601CAP Ste MARIE 49 30 2 104 227 50 13 223 329 317BEZA MAHAFALY 88 173 150 185 22 73 19 37 287 164 123MANANARA-NORD 43 48 65 101 125 103ANDRANOMENA 84 34 16 2 75 62 90

36

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AMBOHITANTELY 90 92 192 149 87 314 326 215 78MANOMBO 13 29 23 56 51 128 31KIRINDY MITEA 45 4 0 2 6 16ZAHAMENA 82 0 12 0 0 10ANALAMERA 16 14 18 37 0 7 15 0KALAMBATRITRA 29 0 0Namoroka/Baiedebaly 14 88 0 22 0 0MIDONGY du SUD 20 0 0MANONGARIVO 83 19 16 0 0 0 0LOKOBE 6 0 0 0 0 0BETAMPONA 56 19 0 0 0TOTAL 17 418 36 425 41 934 50 340 70 007 80 760 86 408 99 780 21 344 88 159 101 102 106 692 108 294

Source : ANGAP.

Ces parcs centralisent donc l’essentiel des moyens de l’ANGAP dans leurs aménagements dédiés à la fréquentation touristique. Ce fait pose le problème de l’importance des micro-projets de développement dans les aires protégées enclavées à faible fréquentation, donc des alternatives offertes aux communautés en contre-partie de la sanctuarisation de leur espaces historiques de prélèvement de ressources naturelles.

Concernant l’écotourisme, comme cela a été mentionné, globalement et quel que soit leur pays d’origine, la moitié des visiteurs visitent les parcs dont une dizaine accaparent 96 % des visites (d’après les statistiques que l’ANGAP tient sur 28 aires protégées). Trois parcs principaux se dégagent ainsi, ceux de l’Isalo, Ranomafana et Andasibe du fait de leur accessibilité et de leur position sur l’axe routier Antananrivo-Toliaro pour les deux premiers, sur l’axe Antananarivo-Toamasina pour le troisième. Sur les 101 102 « écotouristes » de 2004, 81,76 % se concentrèrent dans les Parcs de la Montagne d’Ambre, Ankarana, Andasibe, Behamara, Isalo et Ranomafana, avec cette même année malgré le cap des 100 000 écotouristes franchis une proportion d’écotouristes en recul à 44,19 % des arrivées touristiques internationales. Notons qu’à ce propos est appelé écotouriste, pour le Ministère du Tourisme qui a établi ces statistiques, une personne étrangère visitant un parc quelle que soit sa motivation initiale.

Un des facteurs essentiels de l’importance relative de la fréquentation touristique malgré son impact économique d’importance est, outre la connectivité problématique de certains territoires, l’absence d’infrastructures d’accueil de standard international. En effet, le territoire malgache, hormis l’établissement hôtelier Hilton de Tananarive qui se situe dans cette catégorie, est dépourvu de grands groupes hôteliers internationaux. Ces mêmes groupes sont au fait des potentialités de développement du secteur sur l’île, mais ils patientent aux frontières du territoire, dans l’attente de l’élaboration d’un cadre d’investissement et foncier sécurisé, aussi dans les aires protégées. Cette procédure de sécurisation foncière est en cours du fait de changement de la législation concernée par le gouvernement actuel, avec l’appui des institutions internationales. Dans l’immédiat, le secteur hôtelier reste insuffisant de l’avis de tous les opérateurs du secteur et ne suit pas l’évolution du nombre d’arrivants aux frontières, en raison aussi du faible volume des investissements des nationaux dans ce domaine.

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Graphique n° 8: Evolution de l’offre d’hébergement à Madagascar (d’après les données du Ministère de la Culture et du Tourisme)

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Nombre d'hôtelsNombre de chambres

Parallèlement en termes d’emplois induits, le volume est marginal, marqué par une absence de qualification et de formations adéquates, malgré les tentatives d’établissement de filières d’opérateurs privés en partenariat avec le public, ceci à des échelles souvent locales.

Graphique n° 9: Evolution des emplois directs générés par le secteur tourisme à Madagascar (d’après les données du Ministère de la Culture et du Tourisme)

0

5000

10000

15000

20000

25000

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Ainsi les recettes globales dans les aires protégées ont représenté 5,8 millions de dollars en 2000, soit 4,7 % des recettes totales du tourisme à Madagascar, avec 7 % de ces 4,7 % (400 000 dollars) pour les droits d’entrée dans les parcs. Ce montant est donc bien insuffisant pour couvrir les frais de gestion du réseau des aires protégées. Même au niveau du Parc le plus fréquenté celui de l’Isalo cet autofinancement n’est en l’état pas possible.

Il faut ajouter à cela que les retombées économiques directes concernent souvent des personnes provenant d’autres régions que celles des parcs, des régions rurales à faible taux d’alphabétisation (10%) et où le tissu économique n’est souvent qu’agricole. En termes d’emploi local lié aux aires protégées, hormis le personnel des rares structures hôtelières ou de restauration, l’écotourisme n’offre que peu d’opportunités d’emploi, principalement de guides, pour lesquels il est a minima nécessaire d’avoir une bonne connaissance du français, comme dans les structures d’accueil, donc en décalage avec les populations locales faiblement scolarisées. Il est possible de prendre l’exemple du parc de l’Isalo où l’afflux de migrants est loin de trouver

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des débouchés professionnels grâce au parc. Ces populations se retournent vers des pratiques de survie et d’utilisation des ressources naturelles qui menacent l’intégrité de la forêt, donc un cercle vicieux du fait de la fréquentation écotouristique.

Madagascar semble donc représenter une destination écotouristique relative mais aussi une destination pour le tourisme sexuel voire la prostitution des enfants, notamment sur l’île de Nosy Be et à Diego Suarez, avec des rumeurs, mentionnées par les presses locales de liens au milieu de la pornographie internationale. Des études du Ministère de la Justice montrent une tendance marquée des parents concernés, du fait de leur pauvreté extrême, à « s’arranger avec les contrevenants » dans la suppression des preuves. Ces délits n’entraînent donc pas systématiquement de poursuites judiciaires malgré une législation qui s’est durcie en miroir de la législation internationale dans ce domaine.

En reflet de la fréquentation touristique de Madagascar il a paru opportun, concernant ce domaine spécifique de l’économie qu’est le tourisme et de ses éléments territorialement visibles, d’en approfondir les racines et son poids global dans le contexte de la mondialisation.

1.4.3/ Les « migrations d’agrément », un secteur spécifique de la mondialisation

Apparu en Angleterre en 1790 le terme « tourist » n’est venu enrichir la langue française qu’en 1841, en lien avec l’héritage des pratiques aristocratiques de l’Ancien Régime et du « Grand Tour ». C. Ghorra Gobin dans son dictionnaire des mondialisations nous mentionne que les aristocrates évincés de la scène politique investirent dans le « seul champ qui leur restait : l’oisiveté » en « allant prendre les eaux » dans les grandes stations thermales européennes puis en villégiature sur la côte méditerranéenne durant l’hiver, « en inventant de nouvelles manières d’être au monde ». Ce mouvement se diffusa dans l’élite européenne et internationale, puis dans la bourgeoisie au XIXème siècle avec le développement des réseaux ferroviaires. Le Front Populaire et l’instauration des congés payés démocratisèrent ces pratiques, elles connurent un accroissement grâce au développement des nations au lendemain de la deuxième guerre mondiale, par l’émergence de la société de consommation. Ce que qualifia R. Barthes de « hordes » envahissant la Costa Brava et la Costa del Sol, un tourisme « attila20 » et ses quatre « s » (sea/sun/sand/sex), responsable de la construction de « murs de béton » sur le littoral nord-méditerranéen loin de l’architecture des premiers lotissements de villégiature crées sur la côte normande à la Belle Époque.

Selon l’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme), plus de 808 millions de personnes ont voyagé à l’étranger en l’an 2005 (par rapport aux 10 à 20 millions de l’immédiat après-guerre) dépensant plus de 700 milliards de dollars (sans y inclure les recettes du transport international). Ce nombre atteindrait les deux milliards si était pris en compte le tourisme national. L’industrie du voyage représente 250 millions de postes de travail dans le monde (un poste sur 12,4 actuellement) avec un milliard de voyageurs attendus en 2010. Ce secteur est le premier poste du commerce mondial devant l’automobile et les hydrocarbures et il représente pratiquement le dixième du produit mondial brut, constituant ainsi « un des leviers les plus puissants de la mondialisation » (Lanfant, 2004). Le tourisme fut d’abord considéré par les discours politiques officiels comme un outil de développement des PVD dans les années 60, le 20 Qualificatif utilisé par JP Lozato Giotart (2006) dans son ouvrage « Le chemin vers l’écotourisme ».

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moyen des rencontres interculturelles dans les années 70. Dans les années 90, il est un « faiseur de paix », le garant par le respect du développement durable, d’un développement harmonieux en voulant s’éloigner des dommages du tourisme de masse. Il est en fait aussi la partie visible de la libéralisation économique, par son expansion sans entrave ne cachant pas le clivage Nord-Sud.

Aux flux initialement issus de l’Europe Occidentale et d’Amérique du Nord se sont ajoutés, ces vingt dernières années, les touristes de la zone Japon. Ils forment une triade d’où proviennent la quasi-totalité des touristes internationaux et qui en reçoit 41%. Trois bassins principaux émergent: l’euro-méditerranéen (360 millions en 2000), les Caraïbes (120 millions) et la façade de l’Asie Orientale Pacifique (110 millions). Un phénomène initial d’hyper concentration auquel succède depuis quelques années une extension du phénomène21 et le développement du tourisme national pour les pays émergeants, avec un développement à l’international prévisible. Ainsi en est-il de l’ouverture de la Chine dont le nombre des visiteurs est passé de 1 million en 1980 à plus de 41 millions en 2004. En parallèle le terrorisme est utilisé pour déstabiliser certaines destinations (Louxor, Bali,…) et favoriser certaines conduites de rattachement à une idéologie de confrontation avec l’Occident, suite à l’appauvrissement de nombreuses personnes en dépendant. Ainsi se dessine un monde polarisé de flux croisés de migrations de désagrément, par les migrations illégales ou légales des populations du sud et d’agrément. Elles peuvent être catégorisées selon la recherche de destinations de villégiature, culturelles, d’aventure et de nature ; des destinations corrélées avec les stabilités politiques locales.

Dans ce processus se contextualise l’émergence de la recherche de destinations exotiques et de quête d’authenticité locale dans laquelle se retrouve l’écotourisme et le tourisme vert. Le tourisme de nature (pour motif de visite de sites naturels) génère ainsi environ 7% de toutes les dépenses liées aux voyages internationaux. Le WRI (World Ressources Institute) révèle que tandis que le tourisme en général augmentait à un taux annuel de 4 %, les voyages « verts » ont augmenté à un taux annuel de 10 à 30 % (Reingold, 1993) ces dernières années. Dans ce domaine, le nombre d’opérateurs a augmenté de 820 % entre 1970 et 1994. Dans cette évolution se positionnent des pays comme le Costa Rica. Suite à la création d’aires protégées et de sites écotouristiques, il a vu sa fréquentation touristique quadrupler, passant de 246 737 en 1986 à 1 031 585 en 1999 ; de même pour le Belize avec une croissance des séjours touristiques de plus de 600 % entre 1987 et 1997.

Un tourisme loin des complexes des groupes hôteliers (certains chiffres d’affaires allant jusqu’à 20 milliards de dollars en font de véritables multinationales) et des dégâts sur les écosystèmes que peuvent causer des créations de « resorts » pour lesquelles n’ont pas été effectuées les études d’impacts adéquates. Ce type de projet perdure malgré l’omniprésence des questions d’ordre environnemental pour les gouvernements22, ceci en parallèle de la considération d’un complexe hôtelier comme pôle de développement local dans les PVD. De même sont considérées les externalités supposées positives de la fréquentation écotouristique des réserves kenyanes dont une étude de la Banque Mondiale a montré que 85 % des recettes revenaient à des grands groupes privés contre 5 % aux populations locales et 10 % à l’administration nationale. Il en est de même pour le complexe touristique côtier de Belize détenu à 90 % par des investisseurs nord-américains. Nous pourrions aussi mentionner la fréquentation touristique déculpabilisée des campements écotouristiques sénégalais de Casamance, la main d’œuvre y est généralement employée hors de contrats de travail officiels dans un système

21 97 % du tourisme sur les 15 premières destinations touristiques en 1950 contre 68 % en 2000.22 Mentionnons les îles artificielles, le projet « The World », que l’État de Dubaï a commencé à créer à partir de 2001 et dont on peut se poser la question de la pérennité de la consommation en eau comme elle se pose pour les complexes hôteliers de l’île tunisienne de Djerba ou de Las Vegas.

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national ou existent les cotisations retraites et l’indemnité chômage. Elle ne bénéficie pas en conséquence des mêmes avantages sociaux que celle employée dans les complexes hôteliers du Cap Skirring. Quid aussi du trekkeur au Népal ou de l’alpiniste dans l’Himalaya, immergés dans la culture locale, dont la consommation en bois de chauffe (estimée de 6kg par jour) est la cause, par une fréquentation en développement, de la déforestation locale d’écosystèmes forestiers d’altitude donc à faible taux de régénération. Ces écosystèmes sont essentiels à la survie des communautés locales. Des faits parmis d’autres par lesquels sont montrés que la vision d’un « bon » et d’un « mauvais » tourisme serait par trop manichéenne. Certes le mode de vie de communautés locales aux antipodes peut être dépaysant pour le visiteur confronté à l’altérité qu’il recherche. Ces mêmes communautés, au fait du mode de vie occidental, aspirent généralement à y accéder, à consommer, ne pouvant revêtir ponctuellement leur habillement traditionnel qu’à l’occasion de la visite des nouveaux explorateurs de l’écotourisme. Ils doivent aller de plus en plus loin pour s’éloigner d’un mode de vie qu’ils apportent parfois paradoxalement là où il est encore minoritaire ou inexistant. Le tourisme semble le « fils de l’industrialisation et de la démocratie, bon élève de la consommation et de la mondialisation » selon la formule de M. Hillali (2003), un tourisme de masse qui semble devenir « un tourisme de classe », traduisant « un usage occidental du monde » (Bastennier, 2006) qui malgré tout, pour 46 des 49 PMA, est devenu la première source de devises.

Ce tourisme vert est lié à l’existence de territoires vierges dont la pérennité peut être problématique. Dans le cas de Madagascar, il est une préoccupation nationale dans laquelle sont intervenues et interviennent encore les institutions et organisations de conservation internationales. Des structures dont le rôle, dans le cadre de la mondialisation vis-à-vis des aires protégées, donc du domaine public des États souverains en voie de développement, semble particulier. Il se situe à Madagascar dans le contexte de l’extension de la surface des aires protégées et de son corollaire revendiqué localement, l’écotourisme. C’est une pratique dont les normes semblent difficiles à identifier, vue internationalement dans l’article de F. Galletti dans « la mondialisation contre le développement durable » (2006, p232) « comme un nouvel instrument non érodé de conservation des ressources naturelles et des milieux et, d’autre part, comme un instrument de développement économique national et surtout localisé, dont on escompte qu’il réduise les niveaux de pauvreté, voire élève les niveaux de vie économique des populations riveraines des zones concernées… ».

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Deuxième partie

II/ Le poids des structures internationales dans la politique de développement des aires protégées et de développement de l’écotourisme à Madagascar

L’état malgache, sous perfusion de la communauté internationale dans sa politique de gestion des aires protégées s’inscrivant dans le PNAE, présente des particularités dont il est difficile de percevoir, dans ses stratégies politiques influencées par les institutions financières internationales, le degré d’autonomie et les choix nationaux. Cette politique se retrouve toutefois dans les axes définis par le gouvernement et les actions des ONG de conservation, du moins dans les discours, aussi par les interactions entre les acteurs principaux du secteur qui font l’objet de cette deuxième partie .

2.1/ La politique en matière de protection et le développement des aires protégées

Dans sa politique de conservation de la biodiversité, le gouvernement met en avant dans son discours officiel des stratégies déclinées en axes prioritaires :

- 1/ créer des nouvelles aires protégées terrestres, lacustres, marines et côtières.- 2/ assurer la pérennisation financière pour la gestion durable des aires protégées et de la biodiversité.- 3/ gérer les aires protégées et la biodiversité terrestre, lacustre, marine et côtière.- 4/ valoriser la biodiversité d’une manière durable.- 5/ mettre en place un cadre de travail et une stratégie nationale de l’écotourisme pour contribuer à la protection et à la promotion de l’environnement et aussi pour assurer une harmonisation « éco-éco » (économique et écologique).

Ces axes impliquent des moyens financiers dont il est dépourvu, le liant en cela aux institutions financières internationales et aux ONG de conservation. Cette absence de moyens a été prise en compte par le COAP qui encourage, entre autre, la création d’aires protégées volontaires, c’est-à-dire de territoires appartenant à des entités privées ou publiques autres que l’Etat (Provinces, Régions, Communes, particuliers, etc.), qui présentent un intérêt scientifique, écologique ou culturel méritant protection. Ces aires protégées sont soumises à un agrément dont

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les modalités malgré tout restent imprécises. Elles sont soumises au contrôle technique du ministère de tutelle et de l’organisme chargé de la gestion du réseau national. Il est supposé contribuer à la promotion de la création d’aires protégées autre que nationales et doit garantir un appui technique aux aires protégées agréées. Ainsi se retrouvent sur le territoire malgache des territoires privés protégés, des territoires utilisés par des particuliers souvent étrangers qui les rentabilisent par des droits d’entrée en parallèle parfois de l’exploitation de structures d’hébergement touristique.

Cependant, c’est la politique d’extension de la surface des aires protégées et celle du développement de l’écotourisme, dont les nécessités ont été prises en compte dès l’établissement du PNAE, qu’il a paru opportun d’étudier et dans cette politique et les démarches en découlant, le poids et rôle d’organismes internationaux. Cette politique a fait l’objet d’une déclaration essentielle dans l’histoire de la conservation malgache, celle de la « vision Durban ».

2.1.1/ La Vision Durban et le MAP

La vision Durban

L’engagement de l’État malgache dans la conservation de la nature a été renforcé par la « Vision Durban » ou « Madagasikara Fijery vaovao » : la déclaration officielle du Président de la République de Madagascar, en septembre 2003, lors du Vème Congrès Mondial des Parcs tenu à Durban en Afrique du Sud, de sa volonté d’étendre la superficie des aires protégées nationales de 1,7 millions à 6 millions d’hectares en 2008. (avec des aires protégées marines dont la surface doit passer de 200 000 ha à 1 million). Cette déclaration a accordé une importance capitale aux actions intégrées de préservation de l’environnement, dont la mise en place de nouvelles aires protégées et la lutte contre la pauvreté. Les aires protégées effectives concernent une surface, en 2007, d’un peu moins de 2 millions d’hectares, avec un cadre légal qui définit que la Direction Générale des Eaux et Forêts peut en transférer la gestion à tous les acteurs du secteur.

De même l’adhésion de Madagascar aux différentes conventions internationales à vocation environnementale a montré la volonté de l’État d’intégrer la dimension environnementale dans toutes ses actions, avec notamment parmi ces conventions, la Convention sur la Diversité Biologique (CBD) qui a pour principaux objectifs : « la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable et rationnelle de ses éléments constitutifs et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques. »

Cette « vision » a initié le développement du réseau d’aires protégées de Madagascar pour définir le futur SAPM (Système d’Aires Protégées de Madagascar), par le développement du réseau de l’ANGAP et des territoires sous gestion des ONG de conservation. Cette extension était contenue en germes dans la mise en place du réseau initial, favorisé en cela par la disposition en corridor des territoires forestiers pouvant permettre la connectivité des zones de conservation, donc une base pour l’extension du réseau et la mise en place du SAPM. Des territoires pour lesquels ont été prises en compte, comme déjà cité, des mesures additionnelles de protection au-delà des aires protégées et de leurs zones périphériques, selon l’appui d’approches spatiales élargies contenant des mesures de conservation et de gestion durable des habitats naturels. Cela a été principalement réalisé dans les forêts humides sempervirentes de l’Est par la conservation de corridors liant deux ou plusieurs aires protégées avec des stratégies écorégionales similaires dans les forêts de l’Ouest

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Carte ° 6: Localisation des programmes écorégionaux de Madagascar et des aires protégées potentielles en 2003

Source : ANGAP, 2003.

Cette adoption d’approches écorégionales pour la conservation et le développement durable du début du PE II avait comme objectif de réduire le risque d’extinction d’espèces. Elle comportait donc la promotion des programmes écorégionaux cités, en complément aux interventions locales de gestion durable mentionnées ci-dessus, puisque les projets uniquement locaux ne permettaient pas toujours de traiter de manière suffisamment complète les différentes pressions exercées sur l’aire protégée. Ces programmes d’action régionaux alliaient conservation et développement en intègrant plusieurs niveaux (national, régional et local) et plusieurs secteurs (bailleurs de fonds, ONG, associations, autorités gouvernementales, populations locales) selon une dynamique voulue comme participative. Une approche qui visait à atténuer les impacts négatifs pouvant résulter à long terme d’une conservation limitée à de petites zones isolées. La promotion d’une dynamique régionale intégrait les priorités de conservation et de développement, jugées comme fondamentales par les acteurs ayant mis en place le réseau des

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aires protégées, pour en assurer la viabilité à long terme et la conservation d’habitats naturels jugés importants. Elle a défini les territoires du SAPM.

Carte n° 7: Les sites potentiels du SAPM en 2005

Source : FTM, CI, WWF ; 2005.

Dans ce processus et malgré l’échéancier donné par le gouvernement, la mise en place du SAPM, par sa complexité et les moyens financiers nécessaires a abouti à la protection « effective » de 1,7 à un peu moins de 2 millions d’hectares actuellement, avec des mesures de protection liées à des arrêtés temporaires de protection pour les territoires additionnels restant.

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o Chef lieu de Province.Aires protégées actuelles (1 761 927 ha).Aires protégées à mettre en place en 2005 (1 582 656 ha).Aires protégées potentielles à créer entre 2005 et 2008 (6 094 424 ha).Habitats naturels hors du système d’aires protégées (2 702 207 ha).

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Tableau n° 5: Les aires protégées créées en 2005 à Madagascar

Sites Superficie (ha) Etape préliminaire Etape de création

Iles Radama-Sahamalaza 25.973 -Arrêté inter-ministériel de protection temporaire

-Consultations publiques-Délimitation concertée-Plan d’aménagement-Structure de gestion en place

Lokia-Manambato

---------------------------------------Makira

70.837

------------------------371.217

-Arrêté inter-ministériel de protection temporaire- Prorogation en cours-Contrat de délégation de gestion pour la mise en place

-Consultations publiques-Délimitation concertée-Plan d’aménagement en cours------------------------------------------------------Consultation publique en cours-Délimitation réalisée pour 1/3

Ankeniheny Zahamena 425.000Consultations proposées pour janvier 2007

Anjozorobe Angavo 52.200-Consultation publique-Délimitation-Plan d’aménagement et structure de gestion en cours

Total 919.254 source : SMB.

Tableau n° 6: Les aires protégées créées en 2006 à Madagascar

Sites Superficie (ha) Etape préliminaire Etape de création

-Menabe central

-Ankodida

-Ifotaka Nord

-Ambatotsirongorongo----------------------------------------Sainte Luce----------------------------------------Mandena----------------------------------------Tampolo

125.000

10.744

22.256

833------------------------

747------------------------

230-----------------------

675

-Arrêté ministériel de protection temporaire

-Prorogation à effectuer

-Contrat de délégation de gestion pour la mise en place à réaliser

-Consultations publiques

-Délimitation concertée

-Plan d’aménagement et structure de gestion en cours

-----------------------------------------------------

-----------------------------------------------------

------------------------------------------------------Consultation publique.-Délimitation concertée.-Plan d’aménagement.

-Bongolava----------------------------------------Analalava

----------------------------------------Fandriana-Vondorzo----------------------------------------Montagne des Français

60.589------------------------

204

------------------------499.598

------------------------6.092

-Arrêté inter-ministériel de protection temporaire (MINENVEF/MEM)

-Prorogation à faire.

-Contrat de délégation de gestion pour la mise en place à faire.

-----------------------------------------------------

-Consultations publiques.-Délimitation concertée.Plan d’aménagement.-Structure de gestion en cours.-----------------------------------------------------

-----------------------------------------------------

- Amoron’Onilahy 52.582-Arrêté inter-ministériel de protection temporaire (MINENVEF/MAEP/MEM)

- Complexe Andreba 30-Arrêté inter-ministériel de protection (MINENVEF/MAEP) en cours.

-Consultation publique.-Délimitation concertée.-Plan d’aménagement concerté.-Transfert de gestion.

-Arrêté inter-ministériel de

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Page 47: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

- Mahavavy-Kinkony 258.256 protection temporaire (MINENVEF/MAEP/MEM) en cours.-Délimitation à réviser.

- Lac Aloatra 42.478-Arrêté inter-ministériel de protection temporaire (MINENVEF/MEM) en cours.

Total 1.080.314 source: SMB.

Donc un processus qui semble en retard vis-à-vis de l’échéancier donné par l’annonce présidentielle, avec des contrats de délégation de gestion non encore réalisés et des territoires faisant encore l’objet de consultations publiques pour la mise en place d’arrêtés de protection. Dans ce mécanisme encore en cours, les nouveaux territoires définis ne sont pas destinés en totalité à une gestion de l’ANGAP puisque différents acteurs, dont les grandes ONG de conservations, peuvent être destinataires des contrats de délégation de gestion, ainsi que les communautés.

Madagascar Naturellement :

La vision23 Durban concernant l’extension de la superficie des aires protégées avait une composante de gestion participative des aires protégées, développée en 2004 dans une autre vision présidentielle : la vision « Madagascar naturellement » élaboré par le gouvernement en contrepoint du DSRP, un document jugé par les politiciens malgaches trop incomplet sur les questions de développement rural.

Graphique n° 10: La gestion d’une aire protégée selon « Madagascar Naturellement »

Gestion Participative d’une Aire Protégée :a continuum

(partage de l’autorité, de la responsabilité et du devoir de compte rendu)

Point d’équilibre

attentes croissantes de la part des parties prenantes

contributions croissantes, engagement et responsabilisation des parties prenantes

23 Notons dans ce cadre l’utilisation du terme « vision » par la présidence dans une nation essentiellement croyante, initialement à travers le culte des ancêtres et « l’ostentation cérémonielle » appauvrissant l’essentiel des populations rurales et définissant des rapports sociaux hiérarchisés, puis dans un christianisme très développé et la pénétration actuelle du marché de la foi par les cultes baptistes d’obédience américaine avec leurs moyens financiers considérables. Un pays de « croyants » où le président ne cache pas son rattachement à « l’Eglise de Jésus-Christ à Madagascar », la FJKM, d’obédience protestante, se réclamant comme comptant plus de 4 millions de fidèles (18 606 000 habitants à Madagascar en 2006).

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Ignorer etréprimer

Consulter et chercher le consensus (parfois

par le partage desbénéfices)

Négocierdes accordsspécifiques

Partager l’autorité et la responsabilité de façon

formelle (p.ex., des places dans le Conseil de

Gestion de l’AP)

Reconnaître/transférer

l’autorité et laresponsabilité

Contrôle totalpar l’agence

du gouvernement

Contrôle partagé Contrôle totalpar les parties

prenantes locales

Page 48: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Ainsi, « Madagascar Naturellement », une stratégie spécifiquement malgache se focalisait sur ce secteur selon trois axes : le passage d’une économie de subsistance à une économie de marché, le prolongement de l’économie rurale vers l’économie industrielle et l’augmentation des exportations avec un volet concernant la sécurisation foncière. Cette vision, qui prenait en compte les régions, fut appuyée financièrement par le gouvernement américain dans le cadre du Millenium Challenge Account.

Une démarche intéressante dans le sens où dans le domaine de l’environnement comme dans les autres secteurs étaient mises en avant les régions et des schémas d’aménagement à cette échelle, dans le processus de 2004 de la mise en place des régions à Madagascar prévues dans la constitution de la IIIème république adoptée en 1992 (les communautés territoriales décentralisées).

Graphique n°11 : Schéma donné pour une démarche et stratégie d’aménagement du territoire intégrant la Vision Durban à Madagascar

Source: USAID.

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MADAGASCAR NATURELLEMENT

AUTRES MINENVEF MEM MDAT MAEP MININTER Ministères concernés

Approche/Vision « territoires de développement et de conservation

Vision DurbanAP terrestres5M/6M ha

Vision DurbanAires Protéges Marines et Côtières 1M ha

CNTFSites de production Foresterie Durable

Commission Mines Forêts

MAEPGestion Terroir Agricole

Développement durable

Groupes de travail

Schéma/Plan d’Aménagement de Territoire Régional

Les Régions

Les Communes

Niveau de validation/décisionEt de Gestion/mise en oeuvre

Utilisation « durable des Ressources Naturelles selon le Zonage

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La régionalisation est toutefois entravée par des normes contradictoires initiales, les laissant, de fait, aux mains des pouvoirs centraux pour leur financement et l’exercice des responsabilités politiques. Malgré tout elle contient la création de Comités Régionaux de Développement et la mise en avant des « CoBa », des communautés de base comme sujets par excellence du développement, reprenant l’appellation de la Loi GELOSE de 1996 susmentionnée, des communautés considérées aussi dans le cadre de la GCF (Gestion Contractuelle des Forêts) de 2001 et « une volonté d’endogénéiser les actions environnementales » (cf. : Etudes Rurales n°178). Bien que dans ce domaine, au regard des intentions affichées de gestion communautaire telles qu’elles ont été engagées au cours des années 1996-2001 et de l’ambition spatiale de la possibilité pour tous les villages malgaches à échéance d’une vingtaine d’années de pouvoir obtenir des contrats de transfert de gestion de leur ressource, le processus semble extrêmement marginal avec un peu plus de 40024 contrats signés en 2003 (comme cela a été cité) vis-à-vis des 13 000 théoriquement possibles

Le MAP :

Cette vision de « Madagascar Naturellement » s’est inscrite dans les stratégies de développement incluses dans le document malgache qui a succédé au DSRP de la Banque Mondiale : le « Madagascar Action Plan » qui définit, pour la période 2007- 2012, huit secteurs stratégiques à développer : une gouvernance responsable, les infrastructures de communications réelles et virtuelles, l’éducation, le développement rural, la santé, l’économie (avec un secteur minier représentant environ 4 % du PIB et 30 % visé en 2011 et l’importance accordée au tourisme et à l’écotourisme), la solidarité nationale et l’environnement. Dans le volet concernant l’environnement, l’augmentation de la surface des aires protégées va de pair avec la pérennisation financière de leur gestion et la mise en place d’un cadre de travail : une stratégie nationale de l’écotourisme et le renforcement de l’administration forestière donc du Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts.

Il apparaît que dans cette stratégie, le secteur minier relativement peu exploité jusqu’à peu25 est fondamental. Citons à titre d’exemple deux grands projets miniers financés par des capitaux étrangers, RTZ/QIT pour l’exploitation de sables titanifères et Phelps Dodge pour le nickel et cobalt. Ils sont présentés comme devant permettre de dégager des recettes d’exportation évaluées à 400 millions de dollars par an, une fois que les investissements requis (900 millions de dollars environ) auront été effectués au cours des dix prochaines années, pour faire passer les recettes d’exportation des minerais de 25 millions de dollars en 1997 à 500 ou 600 millions de dollars à l’horizon 2010.

De même dans ce secteur se retrouve le projet de Quit Madagascar Minerals S.A. (QMM), une société anonyme de droit malgache, filiale de la firme transnationale Rio Tinto Zinc (RTZ Corporation). Ce projet est évalué à près de 500 millions de dollars et il devrait déboucher sur la production de 700 000 tonnes d’ilménite par année, soit l’équivalent de 10 % de la

24 Source : Bertrand, A., Montagne, P., Karsenty, A. (2006), Forêts tropicales et mondialisation, nouvelle politique forestière, régionalisation et modernisation forestière à Madagascar.

25 La Banque mondiale a financé dans le secteur minier trois projets au cours de la période 1981-2000, pour un montant total de 57,35 millions de dollars dont plus de 85 % concernant « l’appui à la formulation d’un cadre réglementaire plus libéral pour cette industrie » en corrélation avec les PAS de 1983.

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production mondiale de dioxyde de titane. Ces mécanismes sont permis par le désengagement de l’état dans le secteur minier, sa libéralisation et la définition d’un cadre légal et foncier. En comparaison des montants cités, les IDE, dans ce domaine, après une baisse très importante en 2002 à 8 millions de dollars ont été estimés à 48 millions en 200526.

La stratégie de développement du MAP met en avant le développement des infrastructures routières et les 22 régions issues de la décentralisation. Pour ces régions sont élaborés des schémas de développement régionaux et d’aménagement et même ponctuellement la considération de fronts pionniers de territoires appelés à être désenclavés. Une « planification » d’un développement « durable et rapide » quelque peu oxymorique pour laquelle le volet de sécurisation foncière est fondamental. Il contient l’établissement du cadastre pour l’ensemble du territoire national27 puisque 10 % du territoire national seulement est doté de titres et de certificats fonciers en 2006, selon le gouvernement. Il a lancé le Programme National Foncier (PNF) en 2005 et la mise en place de 21 guichets fonciers. Dans ce cadre une modification de la législation concernée doit permettre l’acquisition définitive de terrains pour les étrangers, une démarche visant les investisseurs.

Vis-à-vis de ce MAP, la Banque Mondiale, qui reconnaît les efforts du pouvoir pour une transformation de la nation et une croissance moyenne de 5% depuis les élections présidentielles de 2002, a prévu dans sa stratégie d’appui un financement prévisionnel de 722 millions de dollars sur la période 2007-2011.176 millions de dollars doivent être apportés au gouvernement en 200728. Dans ce contexte, au titre de l’Initiative Multilatérale d’Allègement de la Dette, ont été « effacés » en juillet 2006, 1 milliard 768 millions de dollars, soit au total 2 milliards 213 millions de dollars de dettes effacées pour l’appui à l’atteinte des objectifs du Millénaire

2.1.2/ La vision nationale de l’écotourisme et du tourisme

26 CF. l’article de B.SARASIN, « Madagascar, un secteur minier en émergence, entre l’environnement et le développement :

TABLEAU DES PRÉVISIONS DE LA PRODUCTION ET DES EXPORTATIONS MINIÈRES À MADAGASCAR (2000-2010, EN MILLIONS DE DOLLARS)

ScénariosProduction bruteExportations brutesInvestissement annuel moyenActuel3520102000Faible4025-Fort4504002000-2010 : 852010Faible5030-Fort7006002000-2010 : 200

Hypothèses de réalisation des scénarios forts : 1. QIT : investissement total de 500 millions de dollars (2002-2005), y compris le coût de l’ouverture de la mine et des infrastructures afférentes ; exportations annuelles : 80 millions de dollars (2005-2015) et 150 millions de dollars par la suite. 2. Phelps Dodge : investissement total de 500 millions de dollars (2001-2004) ; exportations annuelles : 350 millions de dollars. 3. Or : la production déclarée est actuellement presque nulle. Pour réaliser les scénarios forts,il faudrait des investissements annuels moyens évalués à 40 millions de dollars de 2000 à 2010, pour des exportations annuelles évaluées à 10 millions de dollars en 2005 et à 25 millions de dollars en 2010. 4. Pierres précieuses : investissements annuels moyens de 40 millions de dollars de 2000 à 2010, pour des exportations annuelles évaluées à 25 millions de dollars en 2005 et à 50 millions de dollars en 2010.

Source : Tableau adapté de Banque mondiale (1998),

27 15% du territoire est enregistré en 2003 avec des problèmes d’obsolescence de l’enregistrement selon l’Etude du Secteur Tourisme, Africa Region Working Paper Series N° 63, novembre 2003 de I.T.Christie et D.E.Crompton aux éditions de la Banque Mondiale.28 Cette même année contient des financements additionnels d’un montant de 37 millions (8 millions pour le projet de gouvernance des ressources minérales, 5 pour le projet de bonne gouvernance et de développement institutionnel qui est l’appellation officielle de la lutte contre la corruption, 16 pour les infrastructures, 5 pour la micro-finance et 3 pour le développement du secteur privé avec encore 30 millions pour un projet régional de télécommunications, 10 pour le projet santé et 40 millions pour le quatrième Crédit d’Appui à la Réduction de la Pauvreté.

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Selon le MAP, qui reprend en cela les discours tenus par les acteurs de la conservation, l’écotourisme est à nouveau et toujours le moyen de pérenniser la gestion du réseau des aires protégées et est aussi un vecteur de développement local. Un discours classique qui trouve de nombreux échos à l’échelle internationale, comme le montre une littérature croissante à ce propos (Gössling (1999), Ross et Wall (1999), Wunder (2000), Tisdell (2001)). Un mode aussi privilégié de développement durable potentiel ainsi que C. Chaboud, P. Méral et D. Andrianambinina le mentionnent dans « Le modèle vertueux de l’écotourisme : mythe ou réalité ? L’exemple d’Anakao et Ifaty-Mangily à Madagascar » donc un exemple intéressant puisque construit à partir de faits locaux : « La raison d’un tel engouement est probablement liée au fait que l’analyse économique de l’écotourisme cristallise l’ensemble de la problématique de la valorisation de la biodiversité et, plus généralement, du développement durable dans les pays en développement ».

Graphique n° 12:Le modèle vertueux de l’écotourisme pour C. Chaboud, P. Méral et D. Andrianambinina, inspiré de Wunder (2000).

Outre le fait qu’elle satisfasse les bailleurs de l’APD et offre donc une garantie d’attribution de financements, cet écotourisme met aussi en avant la notion de gouvernance dans laquelle doivent interagir tous les acteurs sous l’égide des bailleurs internationaux. Toutefois, il contient parfois « des logiques contradictoires selon les échelles, de modernisation de l’État et de persistance de l’usage traditionnel des territoires » si cet usage n’est pas dommageable pour les écosystèmes. L’écotourisme peut apparaître comme une des panacées du développement local de certains territoires, un remède universel des territoires en développement pour peu que ceux-ci soient attrayants à l’esprit occidental, entre modèle vertueux et modèle réel, « le secteur touristique un des premiers produits d’exportation des pays les moins avancés » (CNUCED 2001). Cependant et malgré le positif qu’il vise localement, Gössling a montré que seuls 20 à 40% des dépenses des écotouristes originaires des pays industrialisés revenaient aux pays visités, la part du local étant encore inférieure, avec la prise en compte d’une employabilité permise localement à la condition d’en avoir les compétences et de pouvoir répondre aux besoins financiers pour la mise en place de structures inhérentes. De même la considération de revenus additionnels peut induire un changement de comportement vis-à-vis de l’environnement, parfois des pressions accrues. Des impacts négatifs de l’écotourisme qui sont montrés par Tardif (2003), tels que le dépassement de capacité de charge de l’environnement et les perturbations inhérentes sur les écosystèmes, les coûts d’opportunités liés à la substitution d’activités traditionnelles et les

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Développement écotouristique

Création et distribution de revenus

locaux

Changements économiques,

sociaux et institutionels

locaux

Substitution en faveur de

nouvelles activités

Plus grande durabilité des

modes de productions

existants

Renforcement institutionnel de la

capacité à imposer des normes et règles

encourageant un usage durable des ressources

naturelles et de la biodiversité

Amélioration du statut des ressources

naturelles et de la biodiversité

Hypothèse 1

Hypothèse 2

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« divisions claniques » découlant de ce facteur de déstructuration sociale, entre autres. Malgré cela, le cas de Madagascar présente pour les bailleurs de la conservation presque un modèle idéal de potentiel écotouristique, dans tous les cas l’usage du modèle vertueux de l’écotourisme comme une base possible de la conservation outre le développement local potentiel. Un modèle qui définit des interactions fortes entre le développement local et la conservation à la condition sine qua non qu’il implique les communautés, ceci selon des mécanismes démontrés de génération de revenus directs29, la non-intégration des communautés se traduisant par une employabilité saisonnière d’emplois secondaires30.

Comme il a été mentionné en première partie et comme le rappellent C. Chaboud, P. Méral et D. Andrianambinina, cette vision de l’écotourisme a été considérée dès la mise en place de l’ANGAP en PE I selon le principe que « La gestion des aires protégées doit permettre le développement de l'écotourisme qui se caractérise par son souci de la conservation de la nature et ses retombées bénéfiques pour les populations locales, sans déculturation ». En PE II, il était contenu dans des programmes inter-communaux de gestion durable de la biodiversité, comme une des trois activités potentielles, génératrice de revenus locaux, avec l’apiculture et les plantes médicinales. Il est considéré comme un volet encore plus fondamental de la conservation en PE III, puisque selon la Banque Mondiale « la probabilité de succès d’une gestion forestière communautaire (par la gestion durable des bois de feux et des produits forestiers non ligneux) devrait être plus faible que la probabilité de voir se poursuivre la visite des aires protégées par les écotouristes. Par conséquent, les investissements dans […] les transferts de gestion sont plus risqués que dans les aires protégées ». L’écotourisme est donc privilégié tant au niveau institutionnel qu’associatif et a ainsi fait l’objet de réflexions voulues à un niveau national bien avant, en point d’orgue, le déroulement d’Assises Nationales sur le Tourisme Durable en novembre 2006 dans la capitale. Ces assises se sont focalisées sur la compréhension du concept de tourisme durable et sur la nécessité d’établir une synergie entre les acteurs du secteur, par la sensibilisation des intervenants publics et privés dans ce domaine ainsi que celle des communautés locales. Cette même année s’est créée l’Ecotod affilié à l’ONTM « une plate-forme pour des échanges entre professionnels du tourisme sur des tâches plus spécifiques de l’écotourisme et du tourisme durable, mais aussi pour étudier et initier les projets bien définis et concrets (des projets de référence) avec des résultats pratiques et utilisables par le secteur du tourisme ».

Ainsi en parallèle et en complément du MAP le gouvernement a initié dans cette optique un « Master Plan du Tourisme31 » appuyé par les ONG et réalisé par l’entreprise allemande GATO AG (German Tourism Organisation for Development and Investment), ceci en complément d’une étude sectorielle sur le tourisme effectuée par la Banque Mondiale (impliquant en cela la considération de ce secteur par cette structure comme un vecteur de développement, ce qui était déjà le cas pour le DSRP). De même, un plan directeur du développement de l’écotourisme à Madagascar a été réalisé. Ces documents positionnent l’île comme une destination écotouristique. Ils définissent une politique de multiplication des efforts d’investissements dans les infrastructures écotouristiques, une politique agressive de marketing

29 Cf. R.Scheyvens. (2002).30 Cf. J.Tardif. (2003).31 Dans ce processus sont intervenus et interviennent de multiples experts et consultants internationaux qui sont identifiables par le fait généralement qu’il arrive en retard et pressé au rendez-vous que vous lui avez arraché, commande et ne bois pas un café et vous coupe la parole après une tentative d’exposition de votre démarche en vous expliquant que vous faites complètement fausse route et schéma à l’appui (généralement trois ronds interconnectés par des flèches sur les documents irremplaçables que vous avez difficilement récoltés) et la nécessité de tout remettre à plat avant de vous encourager par un grand sourire signifiant la fin de l’entretien.

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sur les principaux marchés émetteurs32, une approche pluridisciplinaire et participative (en particulier avec les communautés locales reprenant par là les principes de la vision « Madagascar Naturellement ») lors de l’élaboration de l’offre. Les objectifs en sont articulés en trois phases principales de développement, de 2004 à 2013 et visent un objectif de 370 000 touristes en 2013. Le nombre d’ecolodges doit passer de 6 en 2004 à 57 en 2013, pour une capacité moyenne de 3400 lits supplémentaires avec un montant cumulatif des investissements pour ces objectifs de 16 millions de dollars.

Schématiquement ce Master Plan s’inscrit dans la vision du MAP, avec des contenus s’y articulant, notamment en ce qui concerne la sécurisation foncière et la création d’un guichet unique pour faciliter les démarches et formalités administratives des investisseurs et des créateurs d’entreprises (le GUIDE et l’EDBM). La Banque Mondiale et l’IFC (International Finance Corporation) y interviennent pour faciliter les IDE dans le tourisme (essentiellement par le biais du PIC pour les projets d’importance, une structure qui fera l’objet d’un développement, sur les pôles touristiques définis de Fort Dauphin et de Nosy Be). De même sont utilisées des réserves foncières touristiques. Le tout définit la mise en place d’un cadre général stable et se voulant coordonné pour les IDE en général au niveau d’un développement national (dans la section du MAP concerné). Un cadre qui contient des spécificités liées aux territoires pour les IDE touristiques dans le but d’attirer de grands groupes hôteliers, visant en cela, le tourisme haut de gamme. Le plan de développement de l’écotourisme, sous consultation et collaboration des ONG de conservation, est le miroir de ce Master Plan, en termes de définition d’un cadre d’investissement « écotouristique ». Ainsi est mis l’accent sur les aires protégées et la création du SAPM, le déclassement de certaines réserves naturelles en parcs et les possibilités de concessions dans les parcs, un plan de développement pour attirer les investisseurs et la création d’écolodges. Ces stratégies se basent sur les potentiels initiaux des zones considérées afin que leur développement, par un effet levier, entraîne un développement local, régional et national.

Dans ce cadre, le secteur touristique à Madagascar est ponctué de grands projets d’aménagement touristique d’importance33 qui ne se concrétisent pas ou qui restent en devenir du fait de l’absence historique d’un cadre légal sécurisé. Le secteur s’est donc recentré sur une démarche de développement touristique de la part de l’État, s’appuyant sur l’existant, considérant dans un premier temps pour cela, la côte des îles vierges de Nosy Be à Mahajanga, la côte du Capricorne au nord et sud de Tuléar et le Canal des Pangalanes.

Le point commun à ces trois échelles considérées, celle du MAP, du Master Plan et du plan de développement de l’écotourisme est la connectivité qui est mise en avant pour le développement des potentiels régionaux et locaux miniers, touristique et agricoles), connectivité aux IDE puisque les moyens malgaches, publics et privés, sont insuffisants, voire inexistants, par

32 Notons aussi la création en 2003 de l’ONTM et des ORT (office national et régionaux du tourisme) dans un processus de partenariat public et privé, succédant à la Maison du Tourisme avec un budget fonctionnant sur les vignettes touristiques hôtelières.

33 En termes de projets « historiques » nous pouvons mentionner un projet « pharaonique » à Belo-sur-Mer initié par le promoteur réunionnais GETIM. Un projet qui prévoyait la création de 15 hôtels de classe internationale d’une taille de 150 à 450 chambres (4.000 chambres au total), la création des infrastructures nécessaires comme un aéroport, le réseau routier, les structures pour pourvoire l’eau et l’électricité, une station d’épuration et la mise en place d’équipements d’intérêt communautaire (dispensaire, pharmacie, banques, école). Une véritable ville artificielle pour 50 000- 100 000 personnes dont 25 000 devaient être employées dans les complexes imaginés. GETIM voulait mettre en place un « espace » propice à l’investissement de grands groupes hôteliers selon un projet qui a été pensé à partir de 1988. Il en est de même du projet «Tan’maraina – La Baie des Russes » du groupe mauricien Burlington Holdings pour le développement d’une zone touristique de 1.600 hectares de 8 à 10 hôtels 3, 4 et 5 étoiles.

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l’élaboration d’un cadre légal et foncier. Une connectivité qui a été planifiée aussi pour l’information internationale et nationale par les NTIC et la mise en place de bases de données et une connectivité aux territoires par diverses mesures. Celles-ci incluent des réhabilitations d’aéroport pour accueillir des avions gros porteurs et une stratégie « d’open sky » aux compagnies aériennes (le réseau aérien étant dominé par la liaison Paris-Antananarivo), de tronçons ferroviaires pour les marchandises et les personnes et essentiellement du réseau routier pour désenclaver les territoires. Une problématique structurelle déjà contenue dans le DSRP et bien avant, dès le premier projet de la Banque Mondiale34 et dont la résolution « annoncée » peut se schématiser :

Graphique n°13 : Synthèse des stratégies de développement malgaches actuelles

Source : B. Thomas.

La mise en place par cette trame de connectivité multisectorielle s’est faite sur l’île de Nosy Be par un vol charter de la compagnie nationale Air Madagascar entre Milan et Nosy Be, lié à la création locale d’un complexe hôtelier haut de gamme du groupe hôtelier italien Ventaglio, des éléments qui définissent l’importance de ce site touristique en termes notamment de fréquentation pour un tourisme essentiellement balnéaire.

34 N.B. Il existe, dans ce domaine, des travaux routiers d’envergure tels que depuis juin 2004, le plus gros chantier du programme de réhabilitation des infrastructures routières et le plus important financement de l’Union Européenne dans le secteur des infrastructures en Afrique sub-saharienne : la réhabilitation de 309 kilomètres de la RN6 (Tananarive - Diego Suarez) dans le cadre d’un contrat de 2,5 années et de 75 M€ remporté par la société Colas.

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InternationalPays Régions Sites à potentiel- Minier- Touristique- Agricole- …

Connectivité aérienne

Connectivité routière,

portuaire et ferroviaire

Connectivité financière par l’élaboration d’un cadre,

sécurisation foncièreConnectivité informationnelle,

Télécommunications, NTIC

Développement induit

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Ainsi le gouvernement, par ces stratégies, prend en compte la problématique structurelle nationale de mobilité qui est un facteur historique de la mentalité malgache susmentionnée et de son « esprit de clocher ». Cet esprit peut être l’autre appellation des rivalités inter-éthniques et définit aussi l’absence relative d’une identité malgache autre que par la confrontation historique avec les occupants (donc tournée vers l’extérieur), dans l’absence relative d’un sentiment national (qui serait issu d’une vision tournée vers l’intérieur de la nation). La nation est donnée comme en devenir dans les discours et le terme de « vision » semble choisi par une présidence qui utilise en cela le seul terreau réellement commun de la nation : l’appartenance à une foi chrétienne tournée vers l’avenir en opposition au culte des ancêtres. L’absence relative de mobilité semble être un des facteurs, sinon le facteur principal, du retard de développement, une mobilité qui définit, à un cadre plus global, la mondialisation.

Dans cette dynamique, où les attraits naturels de l’île sont le facteur fondamental de l’accroissement espéré de la fréquentation touristique et écotouristique, s’inscrit la mise en place du SAPM et de son versant écotouristique. Celui-ci par ses dégagements financiers, à l’échelle des discours et des multiples études, aurait du permettre l’autofinancement de la gestion des aires protégées depuis la mise en place de l’ANGAP. Ce même autofinancement est revendiqué pour le SAPM et le développement local. Des stratégies de développement annoncées et planifiées, qui demeurent financées par la communauté internationale, pour un secteur dont les visions et les actions des acteurs sont discernables dans leurs interactions.

2.1.3/ Le poids de structures internationales dans la politique de développement des aires protégées. Le lobbying des ONG

Dans le fonctionnement du réseau des aires protégées et son extension, WCS, WWF et CI, les trois plus importantes ONG de conservation au niveau mondial, très liées au monde anglo-saxon malgré le siège social suisse de WWF, sont des partenaires agissant comme des bailleurs pour des sites déterminés en ce qui concerne les frais de fonctionnement et la réalisation d'infrastructures. Ces structures apportent aussi un appui technique aux questions relatives à la biodiversité et effectuent des recensements d’espèces, jouant ainsi un rôle de consultant. Comme nous le verrons par la suite, ces structures gèrent aussi des aires protégées et interviennent dans de très nombreux projets, qu’ils soient de développement ou dans la protection, entre eux ou avec des partenaires comme l’ANGAP ou d’autres ONG malgache.

De fait, les projets intégrés de conservation à Madagascar sont excessivement nombreux et nous pouvons dire que ces trois grandes structures sont omniprésentes dans ce domaine, que ce soit dans le champ politique et dans celui des décideurs ou au niveau du local avec la Banque Mondiale et l’USAID qui interviennent financièrement dans la plupart des parcs. Certains sites sont partiellement financés par le gouvernement malgache à travers le Ministère de l'Environnement, des Eaux et Forêts.

La politique d’extension du réseau des aires protégées a été voulue par les ONG, elles ont identifié les sites à la suite des travaux de leurs groupes de chercheurs. Cette politique a fait l’objet de lobbying de leur part auprès de la présidence, la vision Durban en est issue selon les responsables de la Banque Mondiale. Ces mêmes ONG ont initié la mise en place du réseau dans lequel se retrouve la spécificité d’une structure associative en charge d’un domaine public, du fait du désengagement de l’État voulu par les institutions internationales, la Banque Mondiale au premier rang. Dans cette gestion du domaine public interviennent aussi des acteurs multiples,

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privés, associatifs locaux ; les ONG internationales de conservation au deuxième rang en termes de territoire sous protection.

Ainsi, dans le domaine de la protection environnementale, les acteurs très nombreux ont une approche de lobbying et une approche de programmes multi-acteurs et de gestion par résultat. Selon J. Brand, détaché par la Coopération Suisse auprès de la Banque Mondiale : « Il faut adopter la politique environnementale validée par le gouvernement qui inclut une contribution nationale avec aussi le principe que chaque bailleur doit se prononcer vis-à-vis des résultats du cadre logique national, les bailleurs se positionnant vis-à-vis du programme…les parties malgaches doivent se positionner pour que les bailleurs se positionnent vis-à-vis du programme35… ».

Du fait de l’accroissement voulu par les ONG, donc en seconde étape par le gouvernement, des aires protégées de 1,7 à 6 millions d’hectares se présente un choix élevé en matière de territoires de conservation, des choix dominés par ces structures et les bailleurs. Pour la Banque Mondiale, il y a eu un « partage » des aires protégées futures, qui s’est déroulé au début du PE III où les bailleurs ont choisi leur zone d’intervention, du fait de la biodiversité spécifique de certaines zones mais surtout du fait de l’enclavement de certains territoires et de la faiblesse des infrastructures locales dans certains territoires. Ce qui entraîne donc une problématique accrue de gestion locale, d’où l'existence d'un « gap » de financement pour certaines zones, impliquant des rediscutions nécessaires avec les bailleurs. Ainsi la DGEF (Direction Générale des Eaux et Forêts) ne trouve pas de structures candidates à la gestion de certaines aires protégées en devenir. Aussi du fait que l'écotourisme comme source de financement pour la gestion des aires protégées ne concerne que les zones où ce tourisme spécifique existe, certains sites se situant en dehors des circuits classiques de la fréquentation touristique.

Dans le cadre de la création des nouvelles aires protégées, six nouvelles aires sont sous gestion de l’ANGAP. La gestion des autres est attribuée par la Direction Générale des Eaux et Forêts, dans un processus encore en cours pour lequel le WWF, CI, WCS et l’ANGAP se sont regroupés en partenariat dans le programme Miaro pour la mise en place du SAPM en appuyant : « l’établissement et le maintien de la connectivité écologique entre les habitats à travers la mise en place du SAPM et des activités de restauration forestière, le renforcement des outils de gestion du SAPM, le système de gestion et les activités de conservation du réseau de l’ANGAP dans les Parcs de Mantadia/Analamazaotra – Ranomafana – Zahamena – Andohela et la mise en place de mécanismes de financement durable liés à la gestion des aires protégées ».

Dans cette dynamique, la Banque Mondiale est le principal bailleur de fonds mais n’intervient pas dans les décisions techniques. Elle apporte un appui financier au PE III avec un budget de 60 millions de dollars réparti dans les aires protégées, un rôle de superviseur avec un appui principalement à l’ANGAP, bien que le modèle de fonctionnement des territoires gérés par les ONG soit plus autonome et pérenne, donc plus conforme à la politique de la Banque Mondiale. Sa volonté est malgré tout de laisser la gestion globale de ces territoires à des structures malgaches.

Toutes les aires protégées potentielles sont identifiées sur carte et interdites de coupe et de mine, de la même façon pour les forêts restantes identifiées comme des sites de gestion durable

35 Entretien B.Thomas, 20.04.07, Antananarivo, Banque Mondiale, J.Brand, Chargé d’Etudes, Détaché par la Coopération Suisse.

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avec la mise en place de systèmes d'exploitation durable des sites intégrés dans des programmes de gestion. Mais dans ce processus un « conflit » est apparu en 2006 impliquant le service des mines, du fait de la distribution des carreaux miniers sur des zones potentiellement à protéger. Des zones à potentiel gazier et pétrolier que les sociétés d'exploration ont commencé à se « partager » sans tenir compte des aires protégées ou de leur statut futur d’aires protégées, avec une même problématique concernant les aires protégées marines.

Source : FTM, BCM, CI, WWF. 2004.

Mais les projets miniers ne sont pas tous dommageables pour l’environnement et la mise en place du SAPM, même si la volonté claire en apparence du gouvernement de mettre en place le SAPM se double d’une volonté de développer le secteur minier dans son versant industriel et aussi artisanal (le mode dominant d’exploitation). Dans ce cadre se situe la réforme du code minier et le décret MECIE comme les formes les plus tangibles. L’environnement est pris en considération à travers des projets issus de la réforme de 1999. Elle s’est intégrée dans un

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o Chef lieu de ProvinceAires protégées actuelles (1 761 927 ha)Zones potentielles en aires protégées (7 677 080 ha)Carreaux miniersZones Sensibles (2 702 207 ha)Zones sensibles et zones potentielles en AP touchées par les carreaux miniers (1 925 605 ha)

Carte n° 8: Aires protégées, carreaux miniers et zones potentielles en aires protégées à Madagascar en 2004

N

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mouvement qui a touché toute l’Afrique et a redéfini le rôle de l’État selon un processus retracé par B. Campbell (2003). Localement B. Sarrasin (2006) considère même cette révision du rôle de l’État et son retrait comme majeur, avec une composante de développement social et de conservation. Une prise en considération de la conservation que peut mettre en application Rio Tinto en miroir des directives du CIMM (le Conseil International des Mines et des Métaux fruit du « Global Mining Initiative », un groupe de travail visant dans ce secteur à l’adoption d’un cadre stratégique concernant le développement durable) dans une approche interdisciplinaire intégrée. Elle s’y est impliquée dès 1999, dans le processus de planification régionale de l’Anosy qui fait intervenir le projet PIC submentionné. La compagnie minière joue ainsi le rôle de partenaire d’ONG et de programmes de conservation dans le cadre d’un projet en gestation depuis 1986.

Une autre difficulté concerne le fait qu’il y ait une politique de sauvegarde des aires protégées, voulue par la Banque Mondiale comme devenant une loi nationale. Elle ne doit pas restreindre l'accès des populations locales à des territoires sans en avoir défini des compensations. En arrière plan la question du financement pérenne de la gestion des Aires Protégées, donc de l’ANGAP, est omniprésente. Malgré la volonté de développement de l’écotourisme qui semble la réponse pour les institutions malgaches, une fondation a été créée avec des financements internationaux. Les capitaux doivent y être placés et leurs intérêts utilisés pour cette gestion, sans nécessiter d’autres apports financiers. Mais actuellement les fonds versés sont insuffisants pour que ce mécanisme fonctionne. En ce qui concerne les nouvelles aires protégées, les ONG ont une politique de «fund rising » pour un financement américain de ces territoires. Ce système de fondation36 et son organe de gestion ont été élaborés par l’USAID, un « fond pour la biodiversité » pour financer indirectement l’ANGAP. Les financements doivent être alloués à ce fonds qui deviendra la seule autorité concernant le financement de l’ANGAP, donc, à terme, la fin de l'autonomie relative de l’ANGAP qui deviendra « piloté » par ce fonds.

Dans le domaine financier, toujours selon M. Brand, déjà nommé, l’opinion de la Banque mondiale est que : « L'État malgache évite de mettre des fonds dans l’environnement, laissant cela à la communauté internationale puisqu’il semble que la biodiversité malgache soit une affaire globale. Bref la question est une question de financement pérenne de la gestion des aires protégées. L'environnement est malgré tout une préoccupation pour les communautés régionales qui bien que n’ayant pas les financements nécessaires pour la protection de la biodiversité devraient être associées à cette gestion future une fois finalisée37 ». Un problème semble persistant pour les structures malgaches, celui de la plus ou moins forte ingérence de l'USAID dans des prérogatives d'ordre national et la volonté d'intégrer les questions de développement rural dans le SMB (Secrétariat Multi-Bailleurs). De même certains chargés de mission du secteur ont l’obligation de reporter normalement au Secrétaire Général du Ministère de l’Environnement mais aussi au Président du Groupe des Bailleurs de Fonds (L. Gaylord) de l’USAID pour la partie environnementale. L’USAID est donc la structure incontournable concernant la conservation et l'écotourisme à Madagascar, présente sur l'île depuis une vingtaine d'années avec

36 Il est à noter qu’en 1996 a été créée une fondation similaire mais à une échelle bien inférieure : « Tany Meva » (Belle Terre), une fondation malgache orientée vers la protection de l’environnement à Madagascar et facilitant l’accès permanent à des fonds de financement pour les communautés locales et les organisations à but non lucratif assurant des actions en faveur de l’environnement. Ceci à condition qu’elles aient un apport de 10% de leurs projets, avec un placement de dotation initial de 10 millions de dollars et fonctionnant avec les revenus du placement des dotations perçues essentiellement de l’USAID.

37 Entretien B.Thomas, 20.04.07, Antananarivo, Banque Mondiale, J.Brand, Chargé d’Etudes, Détaché par la Coopération Suisse.

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une mémoire institutionnelle en la personne de L. Gaylord, en poste depuis une période comparable, comparativement au fort « turn over » parmi les responsables des structures de la conservation qui du fait de leur « carrière » changent tous les deux ou trois ans.

Ainsi il y a une forte pénétration des cercles décisionnels malgaches de la conservation jusqu’au plus haut niveau par les ONG de conservation et l’omniprésence de l’USAID dans le secteur. Nationalement, le discours national priorise l’environnement malgré le poids émergeant du secteur minier qui est localement prioritaire vis-à-vis de la mise en place de certaines aires protégées. Ainsi certaines zones catégorisées pour devenir des aires protégées ont été déclassées par la Commission Mines Forêts pour devenir des zones minières. Le secteur minier étant dans sa phase initiale de développement industriel, les conflits locaux dont il est fait écho semblent un indice de conflits d’intérêts futur dans l’attribution de concessions d’exploitation de certaines zones, du fait de la superposition de territoires d’aires protégées potentielles et de carreaux miniers. Ce fait est trop récent pour permettre des développements bien que pris en compte par une collaboration de WWF avec des compagnies minières.

2.1.4/ La fondation pour la gestion des aires protégées

Elle a été créée en 2005 par L’Etat malagasy, le WWF et Conservation International pour contribuer à la pérennisation financière du système des aires protégées à Madagascar, à terme l’assurer. En tant que membre fondateur, le WWF siège au conseil d’administration et l’Etat malagasy participe à hauteur de 1,725 millions d'euros au capital de la fondation, grâce à une convention de conversion de la dette allemande conclue en 2003. Conservation International pour sa part a déjà accordé un don de 1 million de dollars au mois de juillet 2005 au titre de sa contribution au capital en tant que fondateur, bénéficiant en parallèle de l’appui financier de Wal-Mart premier groupe de distribution mondiale.

Outre l’apport initial des fondateurs, d’autres bailleurs ont manifesté leur soutien à cette initiative. Le gouvernement allemand a approuvé un don de 4,5 Millions d'euros en décembre 2005, alors que le Gouvernement français, par le biais de l’AFD (Agence française pour le Développement) et le FFEM (Fond Français pour l'Environnement Mondial), vient d’accorder un don de 3 millions d’euros pour une participation au capital. Dans le cadre du don accordé par l’IDA au gouvernement malagasy pour sa contribution à la Phase III du Plan National d'Action Environnementale, il est prévu une participation de la Banque Mondiale pour un montant total de 7,5 millions de dollars, dont une tranche de 4 millions devrait être débloquée dans le courant de cette année. Ces fonds de dotation seront investis sur les marchés financiers internationaux, seuls les revenus nets de placement seront utilisés pour le financement des aires protégées. L’effort de levée de fonds entrepris par le conseil d'administration et l’équipe exécutive de la fondation depuis un an a ainsi permis de porter le capital de la fondation à environ 17 Millions de dollars pour l’année 2006 avec l’objectif sur les 5 ans à venir d’atteindre 50 millions de dollars. Au-delà de la participation de la fondation au financement des aires protégées existantes, gérées par Parcs Nationaux de Madagascar- ANGAP, elle devrait également jouer un rôle dans la mise en œuvre de la « Vision Durban ».

Cette fondation devrait fonctionner avec un budget de 50 millions de dollars attendus dans les 5 ans, 30 millions étant sécurisés actuellement et il existe de même un trust fund alimenté par l'Union Européenne, la Banque Mondiale et le Programme des Nations Unies pour le Développement.

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Ainsi vis-à-vis de la mise en place de cette fondation il est possible de relativiser la mise en avant systématique de l’écotourisme comme source de financement pérenne de la gestion du SAPM, puisqu’en parallèle des discours inhérents, les « institutions » de la conservation mettent en place une structure visant à permettre leur désengagement financier. Malgré tout l’écotourisme demeure, telle l’Arlésienne, la référence du fonctionnement vertueux des aires protégées.

2.1.5/ Le développement futur des aires protégées en parallèle du développement voulu de l’écotourisme et du développement local

Toutes les structures internationales présentes à Madagascar et concernées par le domaine de la conservation ou son financement, qu’elles soient institutionnelles (comme la Banque Mondiale qui intervient dans ce domaine via l’IFC) ou associatives, oeuvrent dans l’écotourisme par le biais de divers projets, toujours intégrés donc impliquant les communautés locales. Cette évolution des structures dont les vocations initiales sont différentes (conservation ou appui financier aux États) vient du constat du coût élevé de la gestion du réseau dont le désengagement des bailleurs est impossible. Le contexte est celui d’une multiplication par trois de la surface de ces territoires dans un processus où l’ANGAP, non destinatrice de la gestion des nouvelles aires protégées, connaît des difficultés de gestion comme toutes les compagnies nationales à Madagascar, bien que ce soit une association privée. En effet seulement cinq aires protégées sont « rentables », celle de la Montagne d’Ambre, Ranomafana, Isalo, Andasibe et le site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO des Tsingy.

Les externalités positives que dégagent la fréquentation des parcs en termes de développement local et leur existence même en termes de préservation des écosystèmes, liée au ralentissement des processus d’érosion sont connus. Ces externalités ont été étudiées par la Banque Mondiale qui a démontré, comme mentionnée dans la première partie, la rentabilité de la conservation en termes de fréquentation touristique. Un bénéfice réparti entre les acteurs du tourisme autour des parcs qui sont, rappelons-le, pour les décideurs, rarement issus du local du fait d’une population rurale peu qualifiée et sans moyens financiers. Un bénéfice donc qui ne va pas nécessairement à l’ANGAP bien que cette dernière, sous la pression des bailleurs, ait fortement augmenté les droits d’entrée dans les Parcs pour les non-Malgaches.

Avec en moyenne le coût d’un hectare protégé de 3 dollars et un bénéfice global de 4 dollars (un mécanisme positif qui a aussi été démontré à l’appui de modèles étrangers comme le réseau des Parcs du Costa Rica ou du Belize) et la fondation créée n’étant pas encore totalement opérationnelle en ce qui concerne les fonds nécessaires à la gestion du réseau ; l’écotourisme qui était dès la création de l’ANGAP dans ses attributions est encore plus, du fait de l’extension du réseau, un axe prioritaire à développer. Il est étroitement lié à l’impératif de pérennisation du réseau et contenu dans tous les projets de tous les intervenants du secteur38.

Le domaine de la conservation semble malgré tout être entre les mains des acteurs internationaux bien qu’il y ait une prise en compte de la composante du tourisme dans les stratégies gouvernementales. Il semble que pour elles, il n’y ait pas de différenciation nette entre tourisme et écotourisme. Ainsi le gouvernement malgache, par le biais du ministère chargé du tourisme, a créé des Réserves Foncières Touristiques dans plusieurs régions du pays et aussi sur 38 Ainsi à l’échelle locale certaines communautés par le biais des contrats GELOSE et bénéficiant de l’appui d’ONG ont pu mettre en place des réserves forestières communautaires ouvertes aux touristes (cf. : Forêts tropicale et mondialisation, in « La convention sur la diversité biologique : défis et perspectives pour la politique forestière à Madagascar » : l’exemple cité de la région des 7 lacs au sud de Tuléar), un tourisme communautaire peu développé.

Dans le même mécanisme citons l’exemple de l’association « Fimimano » à Nosy Ve, un îlot touristique à gestion communautaire avec la mise en place de « Dina », une convention sociale inspirée des structures villageoises locales.

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les territoires de certaines aires protégées, afin de faciliter et d’accélérer l’accès des investisseurs à des biens fonciers sur lesquels leurs droits sont garantis par l’Etat. Des RFT créées par arrêté du Ministère chargé des Domaines et qui font l’objet de plans d’aménagement approuvés par décret interministériel du Ministère de la Culture et du Tourisme et du Ministère chargé des Domaines. Des appels d’offres sont lancés ou des cessions à l’amiable, le cas échéant. La décision d’attribution des lots se fait soit par location, bail emphytéotique ou autorisation d’occuper selon le cas, soit par vente.

Carte n° 9: Les réserves foncières touristiques à Madagascar en 2003

source : Ministère du Tourisme.

Ces Réserves Foncières Touristiques ont été mises en place avec l’appui de LDI (Landscape Development Intervention), un programme du PNUD pour appuyer les activités écotouristiques de Madagascar, un programme terminé et qui visait à délimiter des zones et à les organiser par des complexes hôteliers organisés et harmonisés. Les réserves foncières permettent à l’administration de gérer les implantations touristiques sur ces sites où aucun investisseur n’a le droit de s'implanter sans son autorisation. Un travail qui se fait en collaboration avec le Ministère de l'Environnement, ainsi les projets que le Ministère du Tourisme élabore sont soumis à l'aval du

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Ministère de l'Environnement. Si le projet est important (supérieur à 120 chambres) il y a création d'un comité pour gérer le projet, les deux ministères le gérant ensemble.

Dans cette démarche, les difficultés du Ministère du Tourisme concernent essentiellement le manque de moyens financiers et humains et de formation. Ainsi le Ministère de la Culture et du Tourisme n'a pas les moyens de mettre en place des réserves supplémentaires. Si est pris l'exemple d’Andasibe, le coût de mise en réserve foncière d'1 ha de terrain est de 4 millions d’ariary, un coût qui inclut bornage et déplacements des populations quand cela doit avoir lieu. Il serait nécessaire de mettre 400 ha en réserves foncières dans ce territoire, un processus qui nécessite jusqu’à un ou deux ans, trop lourd et étendu pour que les investisseurs le prennent en charge. Ainsi en termes de sécurisation foncière les réserves foncières touristiques ne sont pas suffisantes étant donné les difficultés d'accession au terrain à Madagascar.

2.2/ Le fonctionnement du milieu de la conservation et de l’écotourisme. Les acteurs

Le milieu de la conservation malgache comme l’économie nationale est issu d’un fonctionnement ou les structures sont multiples, avec une forte présence internationale. Un milieu dont nous allons présenter les acteurs principaux, leurs orientations actuelles et en fait surtout leur vision d’un secteur mentionné, par eux-mêmes, comme souffrant d’une très forte atomisation des structures et des processus décisionnels.

2.2.1/ Les acteurs institutionnels malgaches C’est le Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts qui gère le financement de la

Banque Mondiale pour les aires protégées, avec dans ce domaine un accord subsidiaire de dons entre les Ministères des Finances, le Ministère de l'Environnement et l’ANGAP moyennant une convention trimestrielle. Il intervient dans le secteur de l’écotourisme par le biais du CELCO (Cellule de Coordination), une agence d'exécution du Programme Environnemental dont le fonctionnement est basé sur une approche par résultat. Elle collabore avec le secteur privé dans ce domaine par la production d'outils pour le marketing et le développement d'infrastructures liées au tourisme et à l’écotourisme. Le CELCO joue le rôle de catalyseur et de suivi politique du développement de l'écotourisme. Mais ces institutions gèrent avec difficulté le concept d'écotourisme, un secteur qui, à Madagascar, n’est pas aussi développé qu’à l'étranger avec la tentation de s'inspirer de modèles étrangers ce qui représente un handicap et un avantage. Il permet d'éviter les erreurs qui ont été faites ailleurs, ainsi pour M. H ; Randriamamoha, Directeur d’Appui aux Opérations au CELCO, il est nécessaire d’éviter : « d'aller trop vite et de brader les sites et la biodiversité…Madagascar cherche sa voie39 ». Rattachée au Ministère, la DGEF a une action plutôt ciblée sur les territoires forestiers au sens large.

Ainsi il n’existe pas dans les textes à Madagascar, voire au Ministère du Tourisme, une définition de l’écotourisme satisfaisante pour les acteurs du secteur. Bien que d’après les statistiques du ministère le motif de visite à Madagascar le plus important soit l'écotourisme. Pour cela, en 2003, Conservation International et l’ANGAP ont voulu mettre en place une organisation spéciale pour le développement de l'écotourisme, notamment Conservation International qui a réalisé des Plans Directeurs de l'Ecotourisme pour quelques régions de Madagascar, notamment dans la région de Alaotra. Mais ce dispositif n’a pas été finalisé. Un 39 Entretien B. Thomas, 18.05.07, Antananarivo, MINENVEF, M.H. Randriamamoha, Directeur d’Appui aux Opérations, Cellule de Coordination du PE3 (CELCO).

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écotourisme qui semble séparé du tourisme alors que la loi appelée Code du Tourisme qui est le texte de base pour le ministère englobe toutes ces branches d'activité confondues.

L’essentiel des activités du Ministère de la Culture et du Tourisme parait orienté en direction des bailleurs avec des axes de travail issus de la vision du MAP pour promouvoir le tourisme haut de gamme pour lequel il n’existe pas localement de normes et réglementations. Selon Mme N. Rakotomalala, Chef de Service Chargée du MAP auprès du Cabinet du Ministre de la Culture et du Tourisme : « l'écotourisme est un phénomène à la mode40 ». Dans ce domaine le ministère prend en considération la possibilité de déléguer la gestion de certaines aires protégées au secteur privé et collabore avec l’ONE, dans ce secteur, pour des études d'impact environnemental en cas d'ouverture de nouveaux sites touristiques. Ainsi l’ONE intervient dans la gestion des zones sensibles par l’incitation aux investisseurs à prendre des mesures environnementales, selon un texte en vigueur qui est le décret MECIE. Il définit une mise en compatibilité nécessaire des investissements avec l'environnement et donne les catégories d'investissements nécessitant des études d'impact : les établissements hôteliers supérieurs à 120 lits et les établissements de restauration supérieurs à 150 couverts, des structures relativement rares à Madagascar. Cette structure a créé un « label vert » sur l’initiative du Ministère de l'Environnement.

Les interactions des acteurs malgaches sont en fait largement corrélées aux financements leur permettant de fonctionner, donc corrélées aux préconisations des bailleurs. Elles sont en fait marquées par une différenciation de pratiques entre les agences d’exécution créées dans le cadre du PNAE (telles que l’ANGAP et l’ONE) et les instances publiques (telles que la DGEF et le MINENVEF). La confiance des bailleurs se porte sur les agences d’exécution, créant une forme de concurrence, ces agences devenant les organes centraux de la gestion de la conservation41. .

2.2.2/ L’ANGAP

Durant l’année 2006, l’ANGAP a mis en place, de manière formalisée, les aires protégées marines et côtières de Sahamalaza et Nosy Hara (par un processus au stade de la mise en protection temporaire) ainsi que l’aire terrestre de la forêt de Mikea. En ce qui concerne cette dernière, son instauration a été retardée du fait de problèmes liés à l’exploitation minière et sa mise en protection temporaire est attendue dans le courant du premier semestre 2007. Cette problématique minière a aussi concerné l’aire protégée marine de Sahamalaza, en raison de la présence sur ce territoire de carreaux miniers. L’ANGAP a poursuivi la préparation à la mise en concession de certaines aires protégées dont celle d’Ankarafantsika. Dans le domaine des micro-projets alternatifs aux pressions, les premiers accords ont été signés avec le projet PSDR pour leur financement dans les zones périphériques des AP, surtout au nord-ouest.

Cette même année, du fait de dysfonctionnements révélés par des audits internes commandités par la Banque Mondiale et l’USAID, des « inéligibles » d’un montant de 460.000 dollars (dont 407.000 dollars pour la Banque Mondiale) ont été définis. Cette structure et le gouvernement malgache devront rembourser aux bailleurs ces montants. Parallèlement à cela des cas de malversations comptables ont été révélés, faisant l’objet de mesures réglementaires par la 40 Entretien B. Thomas, 08.05.07, Antananarivo, Ministère de la Culture et du Tourisme, Mme N. Rakotomalala, Chef de Service Chargée du MAP auprès du Cabinet du Ministre.

41 Cf. : A. Bertrand, P. Montagne et A. Karsenty. Forêts tropicales et mondialisation, in « La convention sur la diversité biologique : défis et perspectives pour la politique forestière à Madagascar ».

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direction exécutive. Dans le même domaine comptable, l’ANGAP a comme objectif de réduire les coûts de fonctionnement du réseau de 20 % à 12 %, et dans un souci de transparence, les 50% des DEAP destinés aux communautés doivent aussi être annoncés annuellement aux COSAP qui doivent intégrer la gestion des AP, pour faire passer la voix des communes dans cette gestion de 0 % à 50 %.

Sur la mise en place prévue de 19 COSAP (dont 15 devraient être liés à l’IDA et au GEF), 10 sont opérationnels (les COSAP de Ranomafana, Mantini et de l’Isalo pour le financement de l’IDA ; Analamerana, Montagne d’Ambre et Zahamena pour le GEF ; Bemaraha et Mananara pour l’UE ; Ankarafantsika et Marojejy pour KFW ; Marotandrano pour CI). Pour ce qui est des micro-projets issus des 50 % des DEAP, 20 sur les 62 prévus ont été financés, un décalage que l’ANGAP attribue aux COSAP puisque, selon ses termes, les fonds sont mis à leur disposition, la réalisation des travaux étant à leur charge.

Dans le domaine du développement des infrastructures écotouristiques, l’ANGAP poursuit ses activités selon les axes principaux :

- l’ouverture de circuits écotouristiques,- la mise en place de centres d’interprétation,- la construction de nouveaux postes d’accueil,- l’aménagement et l’entretien des aires de camping,- le développement des outils de promotion des AP.

Tableau n° 7: Localisation des actions des bailleurs en 2006 dans les activités de développement de l’écotourisme

Bailleurs LocalisationGEF Analamerana, Andohahela, Ankarana, Baie de Baly, Cap Ste Marie,

Manongarivo, Montagne d’Ambre, Sahamalaza, Tsimanapesotse, Lokobe, Zombitse, Zahamena.

IDA Isalo, Ranomafana, Mantadia, Nosy Hara, AmbatovakyKFW Ankarafantsika, AndringitraRessources propres Masoala, Mananara NordUnion Européenne Bemaraha, Mananara NordWCS Masoala, AndohahelaMIARO Plusieurs sitesCI Plusieurs sites

source : ANGAP.

Dans ces actions, le projet MIARO a retiré temporairement son financement en 2006 pour ce qui est de l’entretien des pistes d’accès (53 km entretenus sur les 180 programmés) et des aires de camping. 10 de ces aires (dont 9 sur un financement IDA/GEF) doivent être livrées au cours du premier trimestre 2007 et 107 kits outils de promotion ont été réalisés. L’ouverture de circuits écotouristiques a été réalisée à 40 % ainsi que 27 sessions de formation (sur les 121 prévues) pour améliorer le service aux visiteurs.

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Ainsi dans diverses activités l’ANGAP accuse un décalage significatif avec le prévisionnel. Ce dernier est issu de problèmes de trésorerie qui sont liés, hormis KfW et la Banque Mondiale, à un déblocage des fonds retardé de ses autres bailleurs, notamment l’USAID.

2.2.3/ Les acteurs institutionnels internationaux

Pour la Banque Mondiale, dans les hauts postes de la fonction publique où l'on retrouve politiciens et « élite », il n'y a aucune connaissance de l'écotourisme. Ce problème se répercute jusqu'aux agents techniques de l’ANGAP dans les parcs. Il existe une réflexion à un niveau stratégique général que l'on retrouve dans le MAP, mais dans des mesures plus détaillées, techniques : « cela leur échappe42 ». Le cadre réglementaire et les réformes sont initiées par les ONG et les opérateurs privés qui veulent un cadre d’intervention libre et favorable, puisque l'écotourisme est pour les ONG essentiellement une source de financement pérenne pour la conservation alors que l'État et les ministères sont plus dans un souci de contrôle, de perception des taxes de paiement, de procédures et de formulaires. Un différentiel de pratiques entre opérateurs et ONG qui ne veulent pas être gestionnaires de l’écotourisme.

Cependant, cette composante commence à être intégrée par les décideurs politique notamment dans le PE III « présidé informellement» par la Banque Mondiale et l’USAID bien que ce soit un plan normalement spécifiquement issu d’une politique malgache et revendiqué comme tel. Un PE III qui a défini la possibilité de concessions dans les parcs et qui contient l'idée des grands bailleurs de mettre leur financement dans des «basket funds » pour des activités actuellement gérées par les bailleurs et qu'il faudrait remettre aux mains de l'État.

Ainsi J. Brand rapporte que pour la Banque Mondiale, on peut parler à Madagascar du « marché libre de la conservation43 » dans un contexte où « les ONG pensent que la Banque mondiale attribue des fonds à l'État qui les gaspille, une Banque Mondiale qui trouve les ONG un peu arrogantes. De l'autre côté l'État trouve les ONG trop autonomes et préférerait contrôler le secteur de l’environnement, un contexte de petits chamaillements sans qu'il y ait réellement de gros problèmes ou des confrontations dures44 ».

De fait, la Banque Mondiale intervient dans le domaine de l’écotourisme par le biais de l’IFC (International Finance Corporation) qui s'adresse au secteur privé. Les clients de la Banque Mondiale étant les gouvernements et pays pour des politiques macro-économiques, l’IFC travaille avec le secteur privé en utilisant la Miga (une agence de gestion des risques politiques) et des départements de résolution des conflits. Sa mission de base est d'investir dans les projets du secteur privé et les grands travaux d'infrastructures comme les chemins de fer, les mines, les télécoms, dans une politique concertée avec la Banque Mondiale. Petit à petit, elle en est venue à financer le secteur privé pour des projets dépassant les 5 millions de dollars pour les pays en développement. Par la suite, à développer un département d'assistance technique et elle travaille actuellement sur le volet investissement (notamment en Afrique où elle connaît le plus fort taux de croissance de ses investissements avec un volet important de l'assistance technique au secteur

42 43 44 Entretien B. Thomas, 20.04.07, Antananarivo, Banque Mondiale, J. Brand, Chargé d’Etudes, Détaché par la Coopération Suisse. 43

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privé). A Madagascar il y a coexistence de ces deux activités, cependant la spécificité est que la demande concernant des projets financiers privés est faible (il y a peu de projets supérieurs à 5 millions de dollars) au regard de la demande d'assistance technique qui est très forte. Ainsi les secteurs porteurs à Madagascar nécessitent de forts investissements et une forte assistance technique. L’IFC travaille donc localement essentiellement sur l'accès à des financements et elle est amenée de plus en plus à aborder le secteur du tourisme, marqué par l'absence des grands groupes hôteliers du fait d’un environnement juridique « flou », de problèmes fonciers et de l'absence d'interlocuteur réel au niveau du gouvernement. Un problème foncier considéré dans le secteur de la conservation par un programme concernant la mise en concession des aires protégées et où l'accent devrait être mis sur la nécessité d'un partenariat public et privé.

L’USAID, bien que n’étant pas une institution au sens propre, est avec la Banque Mondiale l’autre acteur fondamental de la conservation malgache, non pas par son action locale, mais par les répercussions à cette échelle de ses décisions, de ses financements. Ceci même si elle se définit comme une structure d'appui au gouvernement avec une approche alignée sur les priorités nationales, en gérant le fait de créer des structures formelles dans un cadre de base quasi informel. Cette structure, qui a un programme environnemental de développement rural, voudrait, selon T. Razafimahatratra, responsable à l’USAID : « que le MINENVEF assure le leadership dans la conservation avec à partir de cela des commissions s’entraidant 45». Mais l’USAID travaille aussi avec « la nécessité de comprendre le système de fonctionnement spécifique à l'île46 ». Le programme d’aide du gouvernement américain a été initié en 1962, avec de 1995 à 2003 une aide financière de 257 millions de dollars, un programme de l’USAID qui la place au deuxième rang de l’aide bilatérale.

Ainsi en tant que bailleur l’USAID sélectionne les agences d'exécution à qui les financements sont alloués et ce sont elles qui travaillent sur le terrain. C'est l'exemple de Conservation International avec WWF et WCS, avec des alliances écorégionales qui coordonnent les agences d'exécution dont aussi l’ANGAP et l’ONE, pour un programme biodiversité visant à renforcer les politiques nationales, donc une activité basée essentiellement sur un appui technique et financier

USAID CI WWF WCS ANGAP

Elle intervient aussi dans la partie internationale de la coprésidence du PE III avec la partie malgache, alors que la présidence du comité devrait n’être assurée que par le MINENVEF. Elle est en fait omniprésente dans tous les mécanismes de la conservation et les projets de développement, par l’intermédiaire de ses financements, en influençant les orientations politiques dans ce secteur. On a donc affaire à un double discours selon que l’on sollicite ses responsables qui veulent un leadership malgache ou qu’est mentionnée son ingérence dans des prérogatives d’ordre national par les acteurs non-gouvernementaux. De fait l’USAID représente une structure incontournable.

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46 Entretien B. Thomas, 20.03.07, Antananarivo, USAID, T. Razafimahatratra - Responsable en Monitoring/Evaluation pour l’Environnement et le Développement Rural

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Le PNUD/GEF intervient lui aussi dans le domaine de la conservation par son projet « appui au PEIII » pour lequel ont été alloués 24,2 millions de dollars dans le cadre de la convention pour la biodiversité. Un projet qui vise à créer au niveau national un système de gestion des connaissances, pour créer des filières économiques pérennes à mettre à la disposition des collectivités de base et des promoteurs économiques. Il doit apparaître dans les plans de développement au niveau communal, intercommunal voire régional, « dans le but de l’adoption par les populations des modes de gestion durable, des ressources naturelles renouvelables et de conservation de la biodiversité, en créant des incitations substantielles pour les communautés locales, par le biais d'utilisations des produits de la biodiversité qui génèrent des recettes et des emplois ». Ceci avec un partenariat qui est destiné à être renforcé entre les différents acteurs et les services techniques, par un rôle d’encadrement des collectivités, de surveillance, de contrôle et de promotion de l’utilisation durable de ces ressources. Pour aider « à mettre en place une bonne et réelle gouvernance dans la gestion des ressources naturelles renouvelables ». Il est visé une planification participative et la gestion conjointe des aires protégées et des zones autour des aires protégées, avec les communautés et les plates-formes de concertation au niveau des communes et régions.

2.2.4/ Les grandes ONG de conservation

Bien qu’ayant son siège en Suisse, WWF, comme Conservation International et Wildlife Conservation Society, reste influencé par l’esprit anglo-saxon. Cet esprit se retrouve dans les mentalités comme dans les pratiques de ces acteurs fondamentaux de la conservation à Madagascar. Malgré tout des différentiels de pratiques découlent de leurs visions propres de la conservation et des territoires d’intervention spécifiques, dans le contexte de la mise en place du SAPM dont elles sont partiellement destinatrices et fondamentalement initiatrices.

WWF

WWF a été la première grande ONG internationale de conservation présente sur le sol malgache et elle a un rôle de leader relatif dans ce domaine par rapport aux autres ONG de conservation. Elle a fourni un appui fondamental pour le recensement des espèces et le diagnostic des écosystèmes, pour la mise en place et la gestion des aires protégées dans et hors du réseau de l’ANGAP dont elle est le partenaire privilégié. Elle représente un appui à la gestion des ressources naturelles, en voulant induire des mécanismes de gestion durable des forêts, un appui à la politique forestière et aux réformes de l'administration concernée avec la volonté de la mise en place d’une politique de gestion communautaire pour certains sites. Elle intervient donc dans les processus décisionnaires relatifs à la conservation à l’échelle décisionnaire nationale et par une action locale. Elle est impliquée dans la politique de mise en concessions futures au même titre que les autres bailleurs et pour elle l'écotourisme est un moyen de pérennisation de la gestion des écosystèmes. Elle exerce dans ce domaine notamment dans le sud-ouest du plateau de Mahafaly, en y ayant participé à la mise en place de l'Office Régional du Tourisme de la région sud-ouest, pour pouvoir à terme développer les investissements touristiques dans les zones non classées en aires protégées. Elle intervient au sein de communautés locales, par des études d'inventaires écotouristiques, l'inventaire des attractions naturelles possibles avec l'Office Régional du Tourisme de Tuléar.

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WWF a un rôle et une action dans le développement de l’écotourisme au niveau des territoires dont elle a la gestion47. Mais dans ses activités, N. Ratsifandrihamanana, Project Manager rapporte que le WWF : « est confrontée à un vide au niveau du gouvernement et des ONG locales, de proximité, ainsi qu'au niveau de la société civile48 » ce qui nécessite de sa part des activités autre que de conservation, aussi bien dans le domaine de la santé que dans celui de l'adduction d'eau. Tous les acteurs du secteur sont ses interlocuteurs tant CI, WCS, l'USAID, la coopération allemande, la coopération française et des bailleurs norvégiens que l’ANGAP (dans une forte collaboration), le Ministère de l'Environnement des Eaux et Forêts, le Ministère de l'Education, l'Office National du Tourisme de Madagascar et l'ancien Ministère de l'Energie pour telles activités concernant l'orientation de la politique énergétique. Elle collabore avec des universitaires malgaches issus de la faculté des sciences de l’Université de Tuléar et localement en travaillant avec des ONG locales, dont Fanamby, l'ONG TAFA sur des techniques agricoles de semi-directs et ASSOS, une ONG exerçant dans le domaine de la santé. Ses multiples projets locaux ont induit sa politique actuelle de priorisation spatiale des zones sur lesquels elle travaille. Une diversité des domaines d’intervention, dont principalement en termes d’intervention vis-à-vis des cercles décisionnels malgaches de la conservation, un appui à la réforme de la Direction Générale des Eaux et Forêts. Elle est partie prenante dans le déblocage des fonds pour le Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts par les donateurs principaux tels que la Banque Mondiale. Pour ce processus WWF fait partie de Jariala, le programme de soutien institutionnel financé par l’USAID pour le soutien au Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts et le processus de réforme. La Direction des Eaux et Forêts49 joue principalement un rôle de normalisation dans la volonté de partage de gestion des territoires protégés, en déléguant certains fonctionnement à ses partenaires. Le WWF a un rôle important dans tout ce processus de réforme, du fait que trois des six membres du comité de pilotage de la réforme de la Direction des Eaux et Forêts étaient issus de ses personnels. Elle intervient aussi dans le développement de politiques de collaboration avec l’industrie pétrolière et gazière, deux secteurs fondamentaux. WWF veut appuyer le gouvernement pour corréler gouvernance locale et gestion environnementale avec le développement du secteur. À cet effet WWF surveille le projet d'extraction de titane de Rio Tinto dans le sud de Madagascar et a publié une étude mise à jour de ce projet en juillet 2005. De même elle collabore étroitement avec les compagnies minières Ticor Ltd. et Kumba Resources. qui finalisent leurs projets d’extraction de minerai lourd du sable dans des régions dégradées (des anciens champs de coton) au cœur de l’aire naturelle d'Andranobe. Dans ce territoire, certaines zones dégradées, provisoirement catégorisées pour devenir des aires protégées dans la Vision Durban, ont été déclassées pour permettre l’exploitation minière. Ces compagnies doivent en contrepartie appuyer la conservation de zones non dégradées dans leurs carreaux miniers.

Dans le domaine de l’écotourisme à l’échelle nationale elle intervient par un projet concernant le développement de l'Ecotourisme à Madagascar en collaboration avec BAMEX (Business and Market Expansion), membre de l’alliance écorégionale de l’USAID. C’est un partenaire de ce projet par l’apport d’assistance technique aux communautés locales. Le but est

47 Nous pouvons comme exemple citer le cas du Parc National de l’Andringintra. En collaboration avec KfW pour le financement du développement du Parc, elle y a procédé à la création de sentiers et de trois bases de campement, la réhabilitation de pistes et de routes secondaires (pour l’accès des produits agricoles des communautés au marché), à la mise en place d’une association de gardiens bénévoles, d’un Comité Ecotouristique Pilote et d’une association de guides et porteurs et une collaboration avec LDI dans le foncier pour permettre le développement de l’hôtellerie.

48 Entretien B. Thomas, 13.03.07, Antananarivo, WWF, N. Ratsifandrihamanana, Project Manager.

49 A ce propos voir l’article de F. Muttenzer. (2006), « fiscalité, corruption et culture de « l’Etat forestier » à Madagascar », in La mondialisation contre le développement durable, Ecopolis n°6.

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d’y établir des politiques de développement de l’écotourisme en alternative au tavy et au commerce illégal d’espèces animales et végétales, d’apporter une aide aux communautés dans le développement durable à travers l’approche GELOSE : « une forme de sécurisation des droits, de nature à rendre aux villageois une maîtrise de leurs conditions écologiques d’existence ». Elle y définit collectivement et par des contrats entre les villageois de la communauté, des projets de développement50. La gestion communautaire, mise en avant dans les discours à l’échelle nationale, est prise en compte dans les corridors forestiers entre les parcs de Ranomafana et d’Andringitra et entre les aires protégées de Fandriana et de Marolembo. WWF y voudrait la création de nouvelles aires protégées, dont la gestion serait transférée aux populations locales. Ainsi dans le domaine de la conservation des forêts en dehors du réseau des aires protégées, le WWF a acquis beaucoup d'expérience en rendant effective la gestion communautaire des forêts, avec une couverture actuelle des contrats de gestion communautaire des forêts qui représente 25 % de la surface initialement ciblée. En 2005, dix nouveaux contrats de transfert de gestion de forêts ont été signés autour du corridor Andringitra-Ivohibe et des forêts corridor de Tsitongambarika. Ainsi la surface totale de forêts naturelles sous gestion communautaire est passé en 2004 de 62.352 ha à 107.552 ha dans l’écorégion humide et l’écorégion de forêts d’épineux (respectivement, plus de 26.500 ha et 18.700 ha). En miroir du déficit d’intervention des structures de conservation dans le domaine maritime, a été lancé en 2005 le programme de création de trois aires protégées marines pour lesquelles le WWF a apporté le financement et a fourni la maîtrise technique. Ces trois aires protégées marines sont Nosy Hara, le Récif de Toliara et Belo-sur-Mer. Un projet de conservation dans l’archipel de Nosy Hara qui a été élaboré pour protéger des ressources marines surexploitées, en collaboration avec les autorités locales, les communautés, les associations locales et des opérateurs touristiques privés, par des projets de développement locaux ciblés. Dans la région côtière sud de Toliara elle collabore avec l’ANGAP pour établir une aire protégée marine sur un territoire qui a subi de fortes dégradations du fait de pressions anthropiques, en y menant des études biologiques et socioéconomiques pour le développement local.

Outre les interactions avec les cercles décisionnels malgaches de la conservation qu’il est complexe de quantifier, hormis du fait que le WWF a mené la plupart des inventaires ayant abouti à la mise en place du réseau et son poids dans les procédures similaires pour la mise en place du SAPM, le WWF est activement impliqué dans l’appui à l’ANGAP pour la création de trois aires protégées dans le cadre du PE III : la forêt de Mikea (310.000 ha), la forêt de Marolambo (27.000 ha), et la forêt d'Anjozorobe (60.000 ha). Dans cette dernière WWF a aussi collaboré avec l’ONG Fanamby. Elle appuie l’ANGAP dans la création d’autres nouvelles aires protégées. Deux complexes d’aires protégées (Marojejy/Anjanaharibe et Andringitra/Ivohibe) ont été transférés à l’ANGAP, le WWF continuant à lui apporter son soutien dans l'entretien de la qualité des infrastructures du parc et la gestion technique. Elle collabore avec cette structure pour l’amélioration de la gestion des Parcs Nationaux de Kirindy-Mitea et de Tsiminampetsotsa, la plus grande aire protégée de l’écorégion du sud. Elle intervient dans une nouvelle aire protégée incluant la restauration d’habitat et la création d’agences de développement rural dans le sud de la forêt de Mikea, à proximité du Parc National de Mikea lui aussi en création, donc en synergie avec l’ANGAP. De même le WWF a un projet de conservation couvrant deux territoires, un dans 50

Ceci est à rapprocher du discours de J.P De Cuellar « notre diversité créative » de 1995 reprenant les concepts de C.L. Levy-Strauss selon lesquels c’est dans la culture que les groupes et les sociétés puisent leur énergie, l’inspiration et la liberté d’agir, en même temps que le savoir et la reconnaissance de la diversité. En miroir de ce qui est donné comme la considération de la conservation comme découlant des rapports entre humains à propos de la biodiversité plus que comme les rapports entre humains et biodiversité (cf. : Etudes rurales n°178). La participation nécessaire mise en avant au lendemain du développement économique toujours attendu des PAS.

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la forêt humide de l’écorégion de l’Est et l’autre à proximité du Parc National de Behamara dans l’Ouest. L’ONG fournit un appui à la conservation à long terme des fonctions écologiques des corridors Marojejy–Sud Anjanaharibe et Marojejy-Tsaratana et participe à de multiples programmes écorégionaux.

Tous ces éléments montrent une multiplicité de programmes et une forte imbrication avec les acteurs locaux de la conservation à plusieurs échelles, même celle des ministères par l’appui à la réforme de la direction des eaux et forêts, un rôle vis-à-vis de la politique énergétique et une forte collaboration avec l’ANGAP.

Conservation International

Conservation International, d’origine américaine, s’est implanté à Madagascar en 1990, à l’époque où le président a déclaré opter pour une approche humaniste et écologique de sa politique. Cette structure est venue à Madagascar pour renforcer WWF déjà présente. Elle a ainsi travaillé sur les trois phases du Programme Environnemental, de la phase de mise en oeuvre à celles de pérennisation des actions, avec une mission principale de conservation de la biodiversité prenant en compte les communautés riveraines qui doivent en bénéficier. C’est de cette structure qu’émane le concept de « Key Biodiversity Areas » et la notion de sites AZE (Alliance for Zero Extinction). Vis-à-vis de WWF et WCS, c’est la structure qui est le plus marquée par un esprit de conservation « pure et dure ». Mais elle a tendance à s’orienter de plus en plus vers le développement local et les ressources potentielles permises par l'écotourisme pour la préservation de sites. C’est la structure qui a été choisie par l’USAID pour gérer son programme d’aide en faveur de la biodiversité à Madagascar.

Tableau N° 8: Ressources de CI MAD en ariary

2003 2004 2005 2006Organismes multilatéraux

536 727 400 871 127 400 391 669 000 342 479 000

Fondations privées 964 422 400 2 618 003 600 5 812 472 000 5 644 562 000Gouvernement américain

519 472 200 403 159 800 4 329 085 000 4 471 996 000

Conservation International

67 657 600 7 541 000 198 479 000

Intérêts bancaires 1 735 400TOTAL 2 090 015 000 3 892 290 800 10 540 767 000 10 657 516 000TOTAL EN USD 1 626 435 2 664 927 5 311 200 5 053 686

Source : Rapport d’activités CI 2004-2006.

Dans sa participation à la troisième phase du programme environnemental pour laquelle son interlocuteur principal est l'ANGAP, elle a collaboré avec l'USAID, WWF, WCS et l’ANGAP pour la mise en place du nouveau système des aires protégées, sous le projet MIARO financé par USAID, avec un appui financier à l’ANGAP. Les fonds proviennent de l’USAID pour les Parcs de Ranomafana, d’Andasibe-Mantadia, de Zahamena et d’Andohela ; sur ses fonds propres pour les Parcs de Marotandrano, de la Baie de Baly, d’Ambatovaky, de Mangerivola et de Zahamena.

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Pour Conservation International le tourisme est un outil pour la conservation de la biodiversité, s’inspirant du modèle de développement du tourisme au Costa Rica, qui fait considérer le tourisme selon des axes stratégiques :

-1/ le tourisme peut financer la conservation,-2/ le tourisme peut réduire les impacts négatifs sur l'environnement, à ce titre des études sont nécessaires ainsi que des projets de manuels pour aider les opérateurs touristiques,-3/ le tourisme peut permettre l'épanouissement des communautés, ceci dans un cadre de collaboration avec les gouvernements locaux. Le développement du tourisme permet, dans la pérennisation des écosystèmes, la création d'emplois et d'entreprises touristiques et para-touristiques qui sont des alternatives aux activités néfastes pour l'environnement et aussi des outils de développement.

À travers le tourisme, il est possible de créer des structures de conservation de la biodiversité et, du fait de la situation malgache, Conservation International prend en compte l’écotourisme dans la mise en place d'aires protégées. Pour cela quatre domaines sont considérés: celui d'une réglementation et d'une politique générale suivant les principes du MAP qui intègre la troisième phase du programme environnemental, également le suivi du MAP dans l'engagement écologique de ce plan en termes de tourisme et enfin l'amélioration des entreprises du secteur et des produits touristiques. Pour cela elle collabore avec l’ONTM et les professionnels du tourisme tel que Go2Madagascar. Des axes de travail ont donc été définis pour la période 2006-2010 concernant la communication au niveau de l'Office National du Tourisme de Madagascar, en renforçant cette structure pour mieux promouvoir l'écotourisme par un renfort technique et financier, la production de brochures et des manifestations ainsi que des sites Internet. Ceci sur des sites pilotes pour ses projets : Le Corridor Ankinikeny-Zahamena (Province de Toamasina), le Complexe de Menabe (Province de Morondava), la Montagne des Français dans la région d’Antsiranana où elle collabore avec l'Office régional du tourisme et a des projets avec les opérateurs touristiques de la région. Elle a des activités également sur l'île de Nosy Be, mais plutôt en termes de prospection, d'intervention sur la recherche et l'inventaire botanique, sur l'étude du système de conservation du site. Sur ces sites pilotes l'USAID apporte un appui financier pour le développement des micros et petites entreprises du secteur tourisme, des projets définis sur trois ans avec l’objectif d’intégrer le marché mondial du tourisme et le réseau des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Ce processus représente une nouvelle ouverture pour Conservation International jusque-là cantonnée au domaine de la conservation, une démarche évolutive. D'une première phase centrée sur la conservation, elle est passée à une deuxième phase plus ouverte sur le partenariat. Elle y a acquis une dimension multisectorielle et une démarche évolutive que l’on retrouve dans de nouvelles activités de rachat de carbone et de reboisements. Là aussi on y observe une mutation de la structure vers une multisectorialité qui consiste essentiellement à des axes de travail privilégiant un renforcement du partenariat. Ainsi un travail est effectué sur l'écotourisme, mais au travers du prisme de la biodiversité, l'écotourisme étant une activité transversale mais incontournable. Ainsi Conservation International a des contacts directs aux USA concernant des investissements écotouristiques à Madagascar. Ils sont dans l'attente d'un état des lieux clairs pour aller plus avant dans leurs intentions.

Conservation International intervient sur les sites de la forêt de Vohimana et de Makira, dans les territoires de Daraina et Menabe selon un fonctionnement plus classique. Elle siège au conseil d'administration de l’ANGAP dont elle dénonce d'ailleurs une certaine rigidité. De même qu’elle remet en cause sa gestion problématique pour ses 47 sites, dont je rappelle que cinq seulement sont « fructueux » selon les termes de Conservation International en termes

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d'écotourisme. CI est donc proche de l’USAID, puisque choisie par elle pour orienter une grande partie des fonds américains pour la conservation locale.

WCS

WCS s'est engagé dans l'écotourisme au vu de ce que le développement de ce secteur a entraîné en Afrique du Sud et en Australie, donc du fait des effets positifs que cela a eu en termes de pérennisation de la gestion de la conservation et du développement local induit. Bien que la question de l'écotourisme ou du tourisme durable soit pour elle essentiellement une question de financement durable concernant la protection des écosystèmes, elle se heurte aux lacunes d'un cadre général notamment dans son travail sur la Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC). L’absence de cadre pour donner aux collectivités un droit de gestion, bien que le discours politique mette en avant la délégation de pouvoir aux régions, au local, en accord avec le contenu du MAP, WCS aussi est dans l’attente d’une stratégie « claire » du gouvernement. En ce qui concerne l’écotourisme, selon ses propres études pour chaque dollar investi dans la conservation, deux ou trois dollars sont générés par des services annexes, souvent liés à l’écotourisme, un mécanisme qu’il faut transférer dans l’extension du réseau. Ainsi WCS travaille globalement au développement de l’écotourisme dans les aires protégées et aux mécanismes financiers de la conservation dans plusieurs zones à Madagascar, à l'est, sur l'île de Nosy Mangabe particulière par sa couverture de forêt primaire, ainsi que dans la province de Fort Dauphin. Ces zones sont des projets financiers de WCS incluant un volet écotouristique pour lesquelles une assistance est apportée à l’ANGAP, pour promouvoir les destinations écotouristiques. L’écotourisme est plus spécifiquement pris en compte, par le biais de financements de l’USAID pour les infrastructures nécessaires, dans les parcs de Masoala et Andohahela. WCS intervient notamment, outre son implication dans le projet Miaro, sur cinq territoires principaux :

- à la création de l’aire protégée de Makira, une zone de forêt tropicale humide avec un appui technique et financier au MINENVEF et aux ONG locales, aussi par des études socio-économiques et le financement de projets locaux de développement- à la création et la gestion de la réserve marine de Sahamazala destinée à devenir un parc national maritime et côtier avec de projets écotouristiques et de développement local, en partenariat avec l’ANGAP, - dans la gestion du parc national de Masoala, un territoire de forêt tropicale pluvieuse, le parc le plus étendu de Madagascar, en cogestion avec l’ANGAP- pour la création de l’aire protégée d’Ambatotsirongorongo en partenariat avec les autorités et les ONG locales.- sur le territoire de la baie d’Antongil, fréquenté par des baleines à bosse et des espèces rares de requins et dans des zones semi-arides à écosystèmes spécifiques dans l’écorégion sud.

Dans les activités de ces ONG il apparaît ainsi une territorialisation, chaque ONG ayant choisi ses territoires. Un phénomène auquel il faut rattacher toutes les autres structures d’échelle inférieure, dans un contexte d’extension des aires protégées pour laquelle l’ANGAP n’est pas l’unique destinataire de la gestion future et où certains territoires ne trouvent pas « preneurs ». Ainsi transparaît une complexité présente et future, une atomisation des structures et des territoires, en miroir des différenciations des territoires malgaches, une difficulté de gestion coordonnée en parallèle l’omniprésence financière de l’USAID dans l’interpénétration des structures citées.

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Carte n° 10 : Localisation des principales zones d’intervention de WWF, WCS et CI à Madagascar

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Source : B.Thomas, fond de carte de l’ANGAP.

2.2.5/ L’AFD

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LÈGENDE

WWF Zone d’intervention de WWFWCS Zone d’intervention de WCS CI Zone d’intervention de CI Parc national Réserve naturelle intégrale Réserve spéciale Limite de province O Chef-lieu de province

0 200km

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Par rapport aux ONG de conservation et l’USAID, le rôle de l’Agence Française de Développement est marginal mais non négligeable dans l’environnement à Madagascar. Du fait de la position de la France comme première source de l’APD, il a paru intéressant de définir son action dans le champ de la conservation51..

Globalement le Groupe de l’AFD finance des projets ou des programmes qui s’insèrent dans les priorités définies par le Gouvernement malgache. Ils s’inscrivent dans les trois axes que lui a fixés le Gouvernement français pour promouvoir :

- un environnement économique stable et efficace, - un développement respectueux de l’environnement, - un développement soucieux de la cohésion sociale.

Pour cela un Document Cadre de Partenariat (DCP) a été signé le 11 mai 2006 entre les Gouvernements français et malgache pour définir les secteurs prioritaires pour les cinq années à venir :

- l’environnement- l’éducation, - le développement rural, - le développement urbain et les infrastructures, - la santé, - l’appui au secteur privé.

Le total des concours financiers du groupe AFD à Madagascar s'est élevé à 112 millions d’euros en 2006. L’AFD finance les programmes publics sous la forme de dons accordés à l’Etat, conséquence des annulations de dettes décidées par la communauté financière internationale et finance également le secteur privé par sa filiale spécialisée Proparco. Outre les importantes composantes environnementales des projets qu’elle finance en milieu urbain et rural, l'AFD gère les concours accordés par le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM), pour des actions à Madagascar, dont certaines s’articulent étroitement avec les opérations financées par l’Agence (la diffusion des techniques agro-écologiques et la gestion de la ressource crevettière).

Le FFEM finance également deux programmes d’appui à la gestion de la biodiversité, des programmes passant par le Ministère de l’Environnement qui lui a délégué une maîtrise d'œuvre. Ils comportent deux sites : l’un sur le Plateau Mahafaly (avec WWF), l’autre dans les régions du lac Aloatra et de Morondava. L’objectif est que les populations trouvent un intérêt économique à la protection de la biodiversité. En outre, cinq ONG bénéficient directement de financements réduits pour leurs activités dans ce domaine. Le FFEM appuie également la création d’un réseau d’aires marines protégées des pays de la Commission de l’Océan Indien, avec WWF et Conservation International. Un autre projet financier se situe dans la région de Tulear, en zone forestière. L’AFD et le FFEM participent à hauteur de 3 millions d’euros au capital de la « Fondation pour les aires protégées et la biodiversité de Madagascar ».

Il y a une convention de partenariat avec le ministère de l'environnement où intervient le CIRAD (Un organisme scientifique dont la mission est de contribuer au développement durable), et un vingtième des transferts de gestion est réalisé avec les communautés locales dans plusieurs

51 A titre indicatif les mesures locales menées par l’AFD du fait de la position française dans l’APD sont données en annexe 1. Elles donnent les axes privilégiés de développement choisis par cette structure pour le développement de Madagascar.

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domaines tels que l'écotourisme ou l'exploitation raisonnée, dans des zones qui ne sont pas encore classées en aires protégées.

Il s'agit d'une approche intégrée et d'une tentative de valorisation économique des territoires. Un deuxième aspect du financement de la gestion de territoires protégés concerne des initiatives issues d’O.N.G. locales, ceci à une échelle inférieure puisque pour des montants de 50 000 euros maximum. L’AFP cofinance aussi Fanamby qui a déjà été mentionnée, une ONG malgache de conservation ainsi que WCS dans son programme de mise en place d’une aire protégée marine au nord de Tuléar. De fait l'Agence Française de Développement fonctionne comme un bailleur mais n'est pas impliquée dans les programmes de conservation. Elle fournit un appui technique à la gestion en finançant des projets malgaches, en voulant avoir une approche de la gestion des ressources naturelles de manière intégrée incluant la participation des communautés et un volet de développement agricole et rural.

2.2.6/ Les opérateurs privés

Dans le domaine de la conservation et de l’écotourisme, hormis des consultants et des chargés de mission et les décideurs et opérateurs des sites bien en aval, se présente une absence d’opérateurs privés au niveau des processus décisionnaires. Toutefois il nous a semblé intéressant de mentionner l’un d’entre eux dans le domaine du tourisme, en fait plus ou moins le leader, afin d’en dégager les visions vis-à-vis de ce secteur, l’écotourisme semblant être considéré comme implicitement la préoccupation principale des visiteurs à Madagascar.

Choisie comme structure représentative des opérateurs privés du tourisme afin de dégager les axes de travail et le fonctionnement de cette catégorie d’acteurs, GoToMadagascar est un Tour operator opérant comme une structure regroupant toutes les filières travaillant dans le secteur du tourisme, notamment les structures hôtelières. Cette structure travaille, elle aussi, actuellement sur un label : « Welcome to Madagascar », donc en parallèle du label Vert de l’ONE, une initiative datant de 2004 et supposée toucher toutes ces filières. GoToMadagascar en est l'initiateur et y apporte son point de vue technique. Sa mise en place a été effectuée par la Chambre de Commerce et d'Industrie de la capitale, laquelle est en cours d’élaboration d’une formation concernant ce label. Mais GoToMadagascar s'est détaché de ce label pour céder sa place à l'Office National du Tourisme dont elle fait partie en tant que membre, en apportant là aussi un avis technique. Elle collabore avec l’Ecotod à la mise en place d’un code de bonne conduite dans le secteur du tourisme, en participant à son comité de mise en place.

Cette collaboration fédère nombre d'acteurs du secteur pour uniformiser chartes et labels que des structures continuent à vouloir créer, dans une démarche dont le gouvernement est demandeur sans apporter d’aide significative. Elle possède de nombreux partenaires internationaux, essentiellement au niveau régional : à la Réunion, en Afrique du Sud et sur l'île Maurice. Ces territoires pratiquent une même politique en termes de promotion touristique, des groupements équivalents à GoToMadagascar y travaillent, eux aussi, sur des labels. En ce qui concerne le concept de label, GoToMadagascar s'intéresse au projet sud-africain : le label F. T. T. S. A. (Fair Trade Tourism South Africa) pour en envisager la transférabilité à Madagascar. un label intéressant car il se situe dans le champ de l'écotourisme, du tourisme équitable.

Ainsi GoToMadagascar se veut être la locomotive de plusieurs projets touristiques à Madagascar mais se heurte à des problèmes de financement extérieur. Il s'est ainsi vu refuser par ProInvest le financement du projet d'un label comparable à celui en cours de mise en place en Afrique du Sud.

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Vis-à-vis des structures lui étant affiliées, GoToMadagascar a surtout un rôle de coordination. Sa spécificité est qu'il regroupe des membres ayant une même optique de qualité. Elle n’a pour l'instant débouché que sur un label informel qui se veut une garantie de qualité. De même elle a un mode de fonctionnement très axé sur la communication à l’externe avec la mise en place d'une News Letter sur le tourisme en général à Madagascar. Ses activités sont donc similaires à celle de l’ONTM, focalisées sur l’établissement de normes et la communication extérieure. Ces mécanismes, par le fait de l’élaboration concurrente de plusieurs labels, montrent le déficit de coordination des acteurs du secteur, même si les deux labels concernent des domaines différents, celui de l’environnement pour l’ONE, de l’accueil pour Go2madagascar. Ce dernier vise donc aussi un label de tourisme équitable, dans tous les cas existe une stratégie d’image ciblée sur la population touristique.

2.2.7/ Confusion et absence de leadership

Dans le fonctionnement de tous ces acteurs et leurs interactions se retrouve une constante, celle de l’impératif de la pérennisation du financement de la gestion de la conservation dont l’écotourisme semble la voie privilégiée, du moins celle choisie et mentionnée de façon redondante. Une autre constante se retrouve dans leurs discours et dans les modalités de fonctionnement régissant leurs interactions, pour les structures malgaches et les structures internationales. C’est l’absence d’une structure coordinatrice, tant dans la politique concernant la gestion des aires protégées et leur développement que dans celle concernant l’écotourisme. Ainsi pour le CELCO dépendant du MINENVEF et impliqué dans la mise en œuvre de l’extension du réseau et le développement de la fréquentation écotouristique, le problème effectif à Madagascar est l'absence de leadership dans ces domaines et la disparité des interventions, l'absence de normes définies par l'État et les ministères, de normes techniques, d'itinéraires clairs. Pour le CELCO : « chacun fait selon ses connaissances et sa compétence52 ».

De même, pour la Banque Mondiale, dans le cadre de l'étude des interactions entre les institutions malgaches et les institutions internationales, le cas de l'écotourisme est un bon exemple synthétique du mode de fonctionnement de ces structures. Il montre la faiblesse de l'État, le déficit de leadership et la non-maîtrise du sujet alors que le tourisme est une des options fondamentales du développement futur de l'île. Un fort potentiel de développement existe du fait de sa situation politique relativement stable et d’une bonne presse internationale en tant que paradis naturel.

WWF mentionne ses difficultés, elles concernent essentiellement l'absence de cadre, le vide et l'insuffisance de structures au niveau local et national. Le MINENVEF est présenté comme non fonctionnel et le programme environnemental a été en fait opérationnalisé essentiellement par les bailleurs. Dans sa phase trois actuelle, le fonctionnement se fait à coups de commissions malgré une volonté de travailler ensemble et la nécessité d'un partage des rôles plus clair. WWF a la volonté : « d’essayer de laisser le Ministère travailler 53». Outre les difficultés fondamentales rencontrées au niveau local, le problème vient aussi d’un manque de coordination, avec toujours la question du manque de cadre, du manque de priorisation de la part des acteurs locaux. À cette échelle existent toujours de fortes attentes du local envers les ONG.

52 Entretien B. Thomas, 18.05.07, Antananarivo, MINENVEF, M.H. Randriamamoha, Cellule de Coordination du PE3 (CELCO). 53 Entretien B. Thomas, 13.03.07, Antananarivo, WWF, N. Ratsifandrihamanana, Project Manager.

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Au niveau des communautés, les populations sont pour la défense de l'environnement tant que WWF est présent et surtout actif en termes de développement local. Cela induit, pour cette structure, des dysfonctionnements et des conflits qui apparaissent entre les structures de champs différents, notamment vis-à-vis des questions pétrolières et minières, en raison, là encore, d’un manque de coordination entre les différents secteurs.

Il y a un même manque de leadership pour WCS et beaucoup trop de discussions sur la sécurisation foncière, alors qu’il y a un accroissement du nombre de touristes dont les parcs doivent bénéficier. Mais ce manque de leadership se double d’un manque de vision concernant le tourisme et l’écotourisme. Les financements sont certes importants, mais pas considérables à l'échelle d'un continent.

Pour les opérateurs privés, comme Go2Madagascar, la difficulté structurelle reste celle de l’absence de financements qui obligent à des projets autofinancés et l’atomisation des structures travaillant dans ce secteur. Cette atomisation problématique est mentionnée par tous les acteurs, elle entraîne une répartition obscure des processus décisionnaires. S. Ranarivelo, Présidente de la structure la qualifie comme : « une nébuleuse en termes d’autorités compétentes54 ». Il manque pour ces opérateurs une structure coordinatrice du secteur tourisme à Madagascar. Cela ne semble pas être le rôle de l'Office National du Tourisme dont les axes de travail privilégient la communication à l’extérieur et la promotion de la destination Madagascar. Il n’y a donc aucune structure fédératrice et un manque de ressources humaines adéquates, bien que l’ECOTOD tente de jouer ce rôle pour le tourisme durable et l'écotourisme. Le point de vue de cette structure, malgré son activité essentiellement commerciale, présente un intérêt du fait de son activité dans toutes les filières du tourisme. Go2Madagascar reçoit tous les échos de toutes les difficultés rencontrées par ce secteur à Madagascar, cela lui attribue informellement un rôle de consultant pour toutes les filières.

Citons, en termes d’absence de coordination, « les chaises tournantes » pour le poste de ministre du tourisme en raison de facteurs politiques (J.J. Rabenirina jusqu’en octobre 2006, puis jusqu’en janvier 2007 le Général Sylvain et enfin M. Laporte), voire un MINENVEF que les ONG et institutions internationales voudraient voir diriger la politique de développement des aires protégées, alors que sa politique est inféodée aux financements de ces mêmes structures. Pour un ministère comme l’autre, un manque fondamental de moyens leur interdit des stratégies d’envergure ou la moindre autonomie décisionnelle.

2.3/ Des structures nouvelles

De cette absence de coordination et de l’atomisation des processus décisionnaires a émergé la nécessité de regroupement de certains acteurs. Ceci se contextualise dans la mise en place du SAPM et dans la volonté de développer l’écotourisme comme source de financement de la gestion des aires protégées.

2.3.1/ La Task Force : une structure informelle créée pour promouvoir les mises en concessions écotouristiques dans les aires protégées

Le cadre général .

54 Entretien B. Thomas, 02.03.07, Antananarivo, Go2Madagascar, S. Ranarivelo, Présidente

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Dans la mise en place du SAPM, la possibilité d'une mise en concessions des aires protégées à Madagascar n'a pas été une idée nouvelle. Elle a « refait surface » lors de réunions des bailleurs concernant la nécessité de pérenniser le financement nécessaire à la gestion des territoires protégés. Le gouvernement malgache a repris cette idée, inspirée des mises en concessions dans des aires protégées pour des ecolodges dans des Parcs Nationaux d’Afrique de l’Est, de l’Ouganda ou du Costa Rica. Ce mécanisme a été inclus dans le PE III devant s’achever à l’horizon 2008. C’est là un des axes de financement de la gestion des aires protégées dans le futur. Il doit concerner dans un premier temps les aires protégées dont l’ANGAP est gestionnaire, cette association voit positivement le fait de se décharger des problématiques écotouristiques, pour en laisser l'organisation à des professionnels.

Cependant un vide législatif dans le domaine de l’attribution de territoires dans les aires protégées à des opérateurs privés a débouché sur un regroupement informel d’acteurs de la conservation et de l’écotourisme. Une task force55 a ainsi été créée, suite à l’absence d’une politique concrète de l’Etat, voire ce qui est présenté par les acteurs du secteur comme l’incapacité du gouvernement à élaborer un cadre légal dans ce domaine.

Historiquement, la Task Force a été initiée par l’IFC, supposée localement attirer les investisseurs par la mise en place d'infrastructures écotouristiques. Dans cette démarche, cette structure a effectué des visites de parcs à l'étranger, puis, au retour, a élaboré des cahiers des charges et préparé des terrains. Chronologiquement, l’inspiration en est venue d'une étude commanditée par l'USAID concernant les prérogatives de l’ANGAP sur le dossier des concessions dans « ses » aires protégées. La conclusion du cabinet chargé de l'expertise fut qu'il n'y avait pas d'obstacle à cela. Mais des cabinets malgaches, au vu de cette étude, ont conclu qu'il ne fallait surtout pas dans l'état procéder à cette mise en concession sur le territoire malgache étant donné le cadre de loi national.

Dans cette dynamique complexe, l’IFC fit le tour des institutions pour développer cette idée de territoire à concéder à des investisseurs. La conclusion en fut une bonne approche du secteur privé, mais les interlocuteurs de la conservation mirent l'accent sur un cadre juridique très fragile. La Task Force fut donc issue de cette préparation avortée des possibilités de concession, pour en élaborer le cadre légal.

La Task Force regroupe : l'USAID, WCS, CI, le PIC, l’IFC, la Banque Mondiale, le Ministère de l'Environnement des Eaux et Forêts, l’ANGAP, le Ministère du Tourisme, l’ONTM, l’EDBM . Le WWF et KfW devaient en faire partie à l’époque de l’étude. Dans cette organisation informelle qui n’a pas réellement de statut légal, les membres ont demandé au Ministère du Tourisme et de l’Environnement, des Eaux et Forêts de nommer un représentant permanent au sein de la Task Force. Elle est actuellement co-présidée par le Secrétaire Général du Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts et le Secrétaire Général du Ministère des Transports et du Tourisme.

L’ANGAP a effectivement lancé ce processus de mise en concession dans le Parc National d’Ankarafantsika. Elle en considère les rétrocessions financières qu'elle implique. Dans le cadre actuel, l’ANGAP ne peut rien mettre en concessions sans l'aval du Ministère. Malgré cela, cette structure a acheté des terrains pour tenter de se constituer un patrimoine foncier, dans le cadre de cette mise en concessions future, pour viser un peu plus d’autonomie financière.

55 Concept élaboré pendant la Seconde Guerre Mondiale, définissant un regroupement informel d’acteurs pour résoudre une problématique ponctuelle.

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Des étapes de fonctionnement

Pour la mise en concession, il a été nécessaire d’élaborer un cadre général, réglementaire et légal. L'objectif est d'élaborer un texte ayant toute valeur juridique générale reconnaissant qu'au vu de la législation des aires protégées, le contexte légal permet leur mise en concessions. Dans ce processus on peut citer le projet BAMEX financé par l'USAID. Il s’est efforcé de passer en revue les textes légaux pour examiner les possibilités de concessions. Dans le cadre de ce projet, un bureau d'études indépendant : MCA (Madagascar Conseil International) a été sollicité afin de réaliser une étude de possibilité. Elle a été positive et la source d’une proposition de décret de loi ainsi qu'une proposition de contrat de concession. Mais l'USAID a désapprouvé le travail de ce bureau d'études, le jugeant trop focalisé sur les aires protégées gérées par l’ANGAP et non sur toutes les aires protégées dans leur globalité ainsi que les stations forestières. Ainsi l'USAID a, là aussi, « gelé » le financement du projet dans ce domaine.

Dans cette mise en place future du système de concessions, l'USAID a procédé au recrutement d'un juriste, G. Rajaonson qui a rédigé le code des aires protégées. Il lui a été demandé de reprendre les études de MCI, des études incomplètes puisque ne comprenant pas d'étude d'impacts environnementaux. L’objectif était de parvenir à un texte général, de définir si cette mise en concessions devait faire l’objet d’un décret de loi. Il a de même été procédé au recrutement par WCS d'un coordinateur au sein de la Banque Mondiale, responsable du volet politique et réglementaire du processus. Il travaille actuellement à la rédaction d'une lettre de politique et d’une note conceptuelle à présenter au MINENVEF. Un document qui doit présenter les implications d'une mise en concessions et qui en soi n’a pas de valeur juridique. Il doit être un outil de base pour introduire la possibilité d'une mise en concessions dans la stratégie globale du gouvernement et en expliquer les conditions préalables, le cadre international, les procédures et identifier les risques.

Cette lettre de politique concernant la mise en concession des aires protégées était non prévue initialement. La partie malgache de la Task Force n’a pas voulu l’élaborer. Cette partie malgache n’était d’ailleurs à l’origine représentée au sein de ce groupement que par un seul membre. Il y a actuellement discussion sur le cadre juridique à définir entre l'État, le gouvernement et les concessionnaires. La Direction Générale des Eaux et Forêts voudrait intégrer cette discussion, afin d’inclure les stations forestières dans les possibilités de mise en concessions. De même l'État voudrait éventuellement se réserver la possibilité de procéder à des concessions directement, sans passer par les structures gestionnaires, donc un élargissement du texte prévu. Ce document est destiné à passer de la Task Force au ministère, puis au gouvernement, enfin aboutir à une loi générale.

Le cadre général législatif existe et devrait déboucher sur des possibilités de contrats avec au préalable la rédaction des cahiers des charges purement techniques. Ils doivent définir des éléments tels que la taille des concessions, le champ des infrastructures permises, la durée des concessions, les normes environnementales, donc toutes les conditions fonctionnelles. La difficulté de l'exercice est qu'il se situe à la croisée de plusieurs réformes. Ainsi les investisseurs, en ce qui concerne les incitations fiscales dans ce domaine, voudraient que les zones touristiques soient classées en zone franche. Le Fond Monétaire International a émis son veto à ce que le gouvernement augmente les incitations fiscales, cela aurait nécessité la révision du code fiscal actuel.

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Dans ce cadre un projet de loi sur les investissements existe. Il est sur le point d'être finalisé et veut instaurer des régimes incitatifs à l'investissement, pas uniquement dans le domaine du tourisme. C’est dans ce cadre-là qu'a été créé l’EDBM (Economic Development Board of Madagascar), l'organe supposé valider toute mise en concessions à Madagascar aussi dans les territoires destinés par exemple à devenir des aéroports. Il existe notamment un projet PEP (Private Entrepreneurship Partnership) visant à faciliter l'investissement privé de qualité dans et autour des aires protégées. Dans ce processus intervient l’IFC, au niveau de la définition des infrastructures minima nécessaires pour les opérateurs privés locaux ou nationaux pour investir dans certaines zones. Elle apporte une assistance technique à l'élaboration d'un cadre législatif concernant cette mise en concessions. Cela se situe loin de sa mission de base, mais étant donnée l’importance en termes de potentialités du secteur tourisme, cela est fondamental. Le secteur tourisme se situe à égalité, pour la Banque Mondiale, de l'agroalimentaire, l'ingénierie légère et les technologies d'information et de communication.

Dans cette démarche en réalisation, la première étape consiste à examiner les possibilités de mise en concessions des aires protégées gérées par l’ANGAP. La deuxième étape vise la mise en concessions dans le réseau SAPM (système des aires protégées de Madagascar) incluant des terrains forestiers sous juridiction de la DGEF. L'étape trois prend en compte des zones sensibles autour des aires protégées toutes confondues. Ces aires restent sous juridiction de la DGEF. Ce processus concerne cinq sites pilotes, dont quatre sous gestion de l’ANGAP.

L’élaboration du cadre nécessaire à la mise en concessions des aires protégées peut être qualifiée de phase d'expérimentation ou de phase pilote en grandeur nature, sans que ce discours d’expérimentation ne soit relayé auprès des investisseurs potentiels. Ils ne doivent pas percevoir cette procédure comme expérimentale, mais encadrée et définie comme est supposé l’être tout processus législatif dans un État souverain. Ces investisseurs potentiels sont en majorité les grands groupes hôteliers absents de Madagascar. Depuis un an, des communications marketing à l'international sont faites pour contacter des groupes d’Arabie Saoudite ou d’Afrique du Sud (King Dom en Arabie Saoudite, Legacy en Afrique du Sud). Cela s’inscrit dans le désir du gouvernement de voir s’implanter sur le territoire malgache deux ou trois grands hôtels de classe et de standards internationaux. Le tourisme haut de gamme est visé, parallèlement au tourisme balnéaire, essentiellement localisé dans les zones de Nosy Be et Tolaniar.

Deux grands groupes hôteliers ont déjà déclaré leur intérêt pour certains sites en cours de sécurisation foncière, c'est-à-dire en cours de délimitation et bornage des terrains, par l'intermédiaire d'achat ou de baux dans le cadre de la modification de la législation concernant le foncier.

Pour l’USAID, en ce qui concerne la politique de concessions, l’existence de la Task Force s'explique du fait que beaucoup d'initiatives à Madagascar viennent du partenariat avec le secteur privé. Même si différents programmes existent, il y a partage d'une même vision au sein de la Task Force. Ainsi l’USAID appuie aussi à la révélation d'un cadre légal bien que cela, à nouveau, soit supposé ne relever que de la compétence des institutions. En termes d’écotourisme, il y a absence de sécurisation du privé de la part de l'État. Lequel devrait s'approprier une politique dont l’USAID contribue à assembler les différentes pièces.

Conservation International a une optique un peu différente, pour elle la politique de mise en concession est alignée sur la volonté américaine, sur laquelle l'USAID s’aligne, en restant à l’instigation de ce système de concession. Mais le contexte actuel en est assez conflictuel, comprenant des inquiétudes au niveau local du fait de l'absence de réglementation, jusqu'à présent, à cette échelle. De même se présente un manque de coordination pour cette politique qui

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devrait être dirigée par le Ministère de l'Environnement ou le Ministère du Tourisme puisque, selon les ministères, c'est au peuple malgache de décider dans ce processus. Les Ministères semblent trop fréquemment remaniés pour qu’une politique stable soit menée.

Il est à noter que le COAP (Code des Aires Protégées) permet normalement de procéder légalement à cette mise en concessions, avec la nécessité d'un contrat cadre puisque plusieurs ministères sont concernés, outre le MINENVEF, le Ministère de la Culture et du Tourisme, celui de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche, le Ministère de l'Economie et des Finances ainsi que celui de la Décentralisation.

Ce processus apparaît comme un indicateur du poids de la mondialisation dans le domaine de la conservation à Madagascar, du moins du poids des structures internationales, par le fait que des structures à vocation de conservation et des institutions financières internationales soient en charge partiellement de l’élaboration d’un cadre légal pour la mise en concessions du domaine public malgache.

On retrouve ce même poids bien que dans un domaine différent dans les processus initiés par une structure spécifique à Madagascar :

2.3.2/ Le PIC

Membre de la Task Force, le projet PIC (Pôle Intégré de Croissance) est la première structure sous l'égide de la Banque Mondiale à être multisectorielle à Madagascar, ce qui est donné comme une innovation mondiale. Ce projet dans lequel est fortement impliqué le gouvernement tend à soutenir le développement durable, grâce à des secteurs clés comme celui des mines, du tourisme et des exportations. Il doit élaborer un système incitant le secteur privé à investir, en définissant la mise en place de structures minimales comme celles des infrastructures routières, d’adduction d’eau et d'énergie. Son premier partenaire est la Banque Mondiale avec une philosophie de base visant à obtenir d'autres financements ou cofinancements. Cette structure, dont la philosophie se veut être celle d'une gestion durable, travaille en collaboration avec le Ministère du Tourisme, l’ANGAP et des organisations internationales comme WWF, WCS et l’USAID qui finance des concessions et études de terrains.

Le Projet intervient de façon intégrée sur trois axes stratégiques :

- l’aménagement du territoire par des travaux neufs ou la réhabilitation d’infrastructures : routes, ports, équipements communautaires … - l’appui et le renforcement de capacités des collectivités locales, - l’amélioration du cadre d’activité des entreprises pour stimuler l’investissement privé ainsi que la formation des ressources humaines.

Avec la recherche d’un partenariat public-privé et la prise en considération des aspects environnementaux et sociaux et dans ce mécanisme, des pôles ont été choisis par la préexistence de secteurs porteurs pouvant « tirer » la croissance :

- Nosy Be pour le secteur Tourisme,- Antananarivo/Antsirabe pour les NTIC, les ZFI et l’agroalimentaire,- Taolagnaro pour le secteur Tourisme et les Mines.

Il fonctionne selon un système d'appel d'offre international dans une première phase, puis sur des mises en application effectives en deuxième phase. Dans ce processus l'appel est fait à

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des expertises internationales, ainsi en mars 2006 pour une charte du tourisme durable et la mise en place de principes du tourisme durable à Madagascar. Cela avait été effectué il y a 10 ans, avec l'élaboration d'un code du tourisme peu explicite en termes de durabilité et par conséquent peu utilisé.

Dans ce domaine, il est donc fait appel à des consultants internationaux pour analyser les procédures d'autres pays et en définir leur adaptabilité locale. De même la structure a participé à la création du label vert en collaboration avec l'ONE et le Ministère du Tourisme.

C’est à un niveau supranational que la structure veut se situer, selon les critères de la Banque Mondiale, avec des externalités positives visées en aval au niveau du local. Toutefois, en parallèle du faible niveau relatif des concertations au niveau local, des études socioéconomiques ont montré une forte sensibilité des populations à la perte des terres. Elle est issue de la culture malgache et ne peut être atténuée que par de fortes compensations en natures qui sont prises en compte dans les politiques de développement local.

Le fait que la structure travaille à cette échelle et aussi beaucoup au niveau régional a été élaboré dans l'optique d'un entraînement de ce développement au niveau national. Ainsi la structure veut tenir compte de tous les aspects, physiques et humains, de la concentration de certains facteurs dans certaines zones privilégiées dites à potentiels, en utilisant des indicateurs composites qui à partir de 2008 tiendront compte des priorités de développement. La Banque Mondiale en est le bailleur principal, mais il y a un partenariat plus relatif avec la Coopération Française, le Japon et la Banque Africaine de Développement ainsi que trois entreprises chinoises dans le domaine des infrastructures routières et celui des adductions d'eau. Ces entreprises sont de plus en plus présentes lorsque des appels d’offres internationaux sont lancés.

Outre le domaine du financement, il y a une collaboration avec la Banque Mondiale et le gouvernement pour l'identification de projets et de zones avec des étapes d'évaluation et de mise en œuvre. Y interviennent à nouveau des experts internationaux et consultants dans le domaine de l’environnement, du secteur social et dans le domaine de l'aménagement d'espaces. La préoccupation des populations locales, soucieuses de bénéficier du développement, n'a été prise en compte que récemment par le recrutement planifié d'un spécialiste de l'économie rurale.

Le PIC est un des grands interlocuteurs au niveau national de la Banque Mondiale, un projet de la présidence et une agence d’exécution qui reste sous tutelle du Ministère des Finances et de la présidence. Il se veut contribuer aussi à la mise en oeuvre du MAP et reste focalisé sur des projets énergétiques et d'adduction d'eau. Le volume des investissements réalisés se chiffre à 130 millions de dollars.

Dans le domaine du tourisme, le PIC considère plusieurs éléments. En premier lieu est prise en compte l'insatisfaction de la demande dans les parcs, du fait des faibles capacités d'hébergements. Elles sont issues en grande partie du problème de l'acquisition foncière pour les investisseurs et cet accès au foncier a été facilité par le PIC sur les sites de Fort Dauphin et Nosy Be. Ce dernier présente un intérêt particulier, par l’existence d’une réserve naturelle qui devrait être déclassée en parc et le foncier sous tutelle de l'État y est faible en valeur relative. Ces sites ont été choisis en raison d’un potentiel dans l’accroissement de la fréquentation touristique, déjà existante pour Nosy Be, par la présence d’industries minières à Fort Dauphin. Ces industries induisent la mise en place d’infrastructures dans lesquelles elles sont impliquées financièrement.

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Sur la politique de concessions, le PIC est parti prenante dans la procédure pilote à Madagascar qui concerne les questions de partenariat public-privé placé sous l'égide du Ministère des Finances. Une procédure pour laquelle le PIC, dans la partie le concernant, collabore avec l’EDBM, le Ministère des Finances et le Ministère du Tourisme. L'aspect conservation est respecté par l'élaboration d’une Charte Verte pour les investissements touristiques. Ainsi par le développement du tourisme sont attendus des impacts sur des secteurs transversaux comme celui des infrastructures routières, des aéroports, du développement local.

À cet effet le PIC a réalisé une étude pour définir comment maximiser le développement local, ainsi pouvons-nous citer l’exemple de Nosy Be où il existe une pêche traditionnelle sans possibilité de stockage et donc dans l'impossibilité d'approvisionner les hôtels. C’est là que le PIC est intervenu, par le financement de machines à glace à la condition que les hôteliers se fournissent localement. Ainsi l’esprit du PIC est de venir en appui au secteur privé, dans un esprit de « cost sharing », avec un programme de facilitation de l'accès aux financements. Le PIC s’y porte garant à 50 % des garanties demandées par les banques pour l'attribution de crédits. Donc cela représente la mise en place d'un système de garantie pour que les banques se rapprochent des PME, ainsi que des programmes de formation pour apprendre aux dirigeants des PME à présenter des dossiers « bankables » pour leurs emprunts.

2.3.3/ Les Comités Régionaux de Développement :

On retrouve une même volonté de multisectorialité, d’interdisciplinarité et d’intersectorialité, que celle du PIC dans la mise en place des 22 régions par le gouvernement, dans l’établissement de Plans Régionaux de Développement, ainsi que dans la mise en place des Comités Régionaux de développement. Ces comités sont définis comme des plates-formes de concertation de tous les acteurs de développement (élus, administration, société civile), pour élaborer des plans directeurs d’aménagement spatial appelé Schémas de Développement Régionaux (SDR). Ils sont le fruit d’un processus de planification spatiale intégrée qui s’appuie sur les potentialités des régions. Concentrées dans des pôles de développement, elles doivent servir de locomotive pour l’ensemble du tissu socioéconomique, par un effet d’entraînement.

L’exploitation, voulue comme optimale, des potentialités des régions, selon une vision macroéconomique, est envisagée sur le long et le moyen terme pour assurer le « développement équitable et harmonieux » de l’ensemble du territoire, par le désenclavement des régions concernées. Le SDR constitue un document de référence et de planification pour les communes. Elles doivent élaborer ou mettre à jour des plans communaux de développement (PCD), à travers des grands axes de développement qui sont aussi appelés « grandes orientations ». Ils retracent les chemins ou voies à suivre pour le développement des régions :

- la restauration écologique pour soutenir la croissance économique et pour maintenir l’équilibre écologique,

- la conservation des ressources naturelles actuelles pour une gestion durable et intégrée,

- le développement de l’agriculture,

- le développement des ressources minières,

- le développement de la pêche et des ressources halieutiques,

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- le développement du tourisme,

- la mise en place d’un plan d’infrastructures physiques,

- la mise en place d’un plan d’infrastructures sociales.

Définies sur vingt ans, ces orientations doivent être réalisées de façon intégrée et non pas isolée, à la suite d’un secteur moteur, donc destinées à entraîner les autres domaines économiques et sociaux.

Dans la région de Fort Dauphin, comme pour le PIC, le secteur des mines en premier lieu, puis le tourisme, doivent jouer ce rôle. L’approche pour la planification du développement régional s’appuie fortement sur l’utilisation du système d’informations géographiques. Il permet des cartes thématiques synthétiques qui définissent des orientations et déterminent des pôles de développement par leur superposition, donc définissent les investissements nécessaires.

L’élaboration du Plan Communal de Développement (PCD) présente plusieurs étapes, entre autres : la mise en place et la formation des structures locales de planification, la collecte et l’analyse des problématiques et opportunités de développement, l’élaboration de la charte de responsabilité et du programme d’investissement communal. Ce processus nécessite la mobilisation et la participation effective de toutes les parties prenantes au niveau des communes (communautés de base, partenaires techniques et financiers, autorités, services techniques décentralisés, secteur privé, etc.). Ce PCD doit être validé en assemblée générale par tous, afin de faire ressortir, par concertation, les grands axes d’interventions indispensables pour assurer le développement rapide et durable de la commune, en intégrant la dimension environnementale.

Ces divers outils sur les sites concernés sont repris par le PIC dans ses stratégies de développement avec des moyens différents, bien qu’il soit plus adéquat de dire simplement avec des moyens. Le différentiel concernant la vision du PIC est qu’il met l’accent sur le partenariat avec le secteur privé, donc débouche en termes de visibilité sur le territoire, sur des éléments concrets, tel que la création du port lié à l’activité minière de QMM pour la région de l’Anosy.

Les innovations des CRD résident dans l’intégration d’une composante multiscalaire à corréler avec la faiblesse des infrastructures malgaches au niveau national, une faiblesse accrue selon les régions considérées, à lier avec leur enclavement. Une innovation, similaire aux stratégies du MAP, consiste à prioriser par régions, à nouveau, les secteurs porteurs supposés entraîner par leurs externalités le développement des secteurs transversaux. Des plans régionaux de développement dont je donne un exemple concernant le territoire de Ranomafana, un des territoires d’étude choisi en partie 3.

Tableau n° 9: Tableau récapitulatif des actions planifiées par le Plan Régional de Développement pour le pôle de développement de Ranomafana.

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N° Activités Résultats attendus Partenaires techniques

1. SECURITE ALIMENTAIRE ET DEVELOPPEMENT RURAL (SA/DR) 1

Construction /réhabilitation des barrages hydroagricoles – Adduction d’eau potable

Ressources en eau assurées PSDR, ACORDS, CARE, FID, DRDR, Communes

2. VOIES DE COMMUNICATION (ROUTES ET PISTES RURALES) (R/P)

1

Réhabilitation des routes provinciales, des routes communales et intercommunales et des ponts

Accès possibles dans les zones enclavées, rendant moins difficile la réalisation d’actions de développement et d’appui

FID, ACORDS, projets HIMO

3. SECTEURS PORTEURS (SP)

2

Développement de l'agriculture sur les 1000 ha existant dans vallée de Ranomafana : riziculture, culture de rente (vanille, café, arachide, etc.), arboriculture ( litchis, agrumes), pommes de terre ; extension sur des nouvelles surfaces jusqu’à 11000 ha

Augmentation de la production agricole, exportation des produits de la culture de rente, récoltes abondantes

PSDR, ACORDS, CARE, DRDR, FAFAFI, Communes

1

Etude de faisabilité, recherche, plan de gestion, mise en oeuvre pour la rizipisciculture et l’apiculture

Diversification de la production et meilleur rendement

IHSM, IRD, DRDR – CIRRH, Associations des pêcheurs, PSDR, Communes

3

Etude exploratoire et étude de faisabilité d’exploitation du cristal à Bevoay ; du béryl, du grenat et de l'or à Ampasimena

Exportation de cristal PGRM, Division Minière, Communes

2

Identification, aménagement des zones de développement touristiques par le ministère du tourisme, promotion des sites touristiques : source thermale, chute, rivière, forêt, grotte, héritage historique et culturel

Attirer les investisseurs privés, les touristes

Office Régional du Tourisme, Délégation Régionale du Tourisme, Opérateurs touristiques

4. ENVIRONNEMENT (E)

1

Programme de restauration des Forêts Classées Tsitongambarika I et II

Forêts naturelles conservées, diminution et disparition de la déforestation

CIREEF, Communes (COGE)

5. SOCIO ECONOMIE (SE)

2

Entreprendre les projets pilotes de barrage hydroélectrique à Ranomafana

Energie électrique disponible pour les petites industries manufacturières

JIRAMA, MEM, Région, Communes

3

Etude de faisabilité et installation d'une unité de production de jus de fruits à Ranomafana (orange, banane, letchis, mangue…) - Etude de faisabilité et installation d’une huilerie à Ranomafana

Création d’emplois, retombées économiques sur les communes

APEA

2

Installation d’un réseau de télécommunication Meilleur fonctionnement des services publics, communication facilitée avec l’extérieur

TELMA, Région, Communes

Source : CRD

2.3.4/ L’Alliance écorégionale de l’USAID.

l’USAID privilégie, elle aussi, les régions, comme le PIC ou les CRD. Devant le manque de coordination des acteurs de son secteur, elle a mis en place une alliance écorégionale sur les trois territoires des écorégions de Fianarantsoa, Toamasina et Anosy (Fort Dauphin). Quatre axes sont considérés : la gestion des ressources naturelles, une bonne gouvernance, la croissance économique et la santé. Cette alliance regroupe WCS, le projet JariAla (spécialisée dans l’appui à la gestion durable des écosystèmes forestiers), Miaro, ERI (Eco-Regional Initiatives,

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promouvant des techniques culturales alternatives au Tavy ), BAMEX (Business and Market Expansion, appuyant le secteur privé par la promotion d’échanges commerciaux pour les produits agricoles, les mines et pierres précieuses, l’artisanat, l’écotourisme), Santé-net (dans le domaine de la santé) et ADRA-CARE Office-CRS (appuyant l’optimisation des ressources naturelles pour la santé des populations).

Carte n° 11: Les zones d’intervention de l’Alliance Ecorégionale

Source: BD 500, FTM, IEFN. 2005.

Ce concept d’écorégions a été repris par une structure : LDI (Landscape Development Intervention), déjà citée. Elle est focalisée sur les rapports entre tourisme et pauvreté, avec des financements internationaux pour la promotion des entreprises favorables à l’environnement. Cette structure intervient dans le développement durable et l’écotourisme dans les régions d’Antsiranana, de Fianarantsoa, de Mahajanga et de Moramanga, par un appui technique aux opérateurs privés oeuvrant sur ces zones d’intervention, notamment pour la création d’ecolodges. Elle a aidé le gouvernement malgache à mettre en place une réserve foncière touristique dans

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oo Chef lieu de ProvinceAires protégéesProvince

------- Limite des régionsCorridor forêstierZone d’intervention Région AnosyZone d’intervention FianarantsoaZone d’intervention Toamasina

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l’Isalo et réhabilité des pistes pour permettre aux productions agricoles locales d’accéder au marché. Des démarches similaires ont été entreprises pour la Montagne d’Ambre et l’Ankarana

Ainsi des tentatives existent en termes de développement intégré au niveau régional, comprenant un volet de coordination. De ces mécanismes devraient se dégager des approches concertées des différents acteurs, mais là aussi, comme à l’échelle nationale et bien qu’il y ait transversalité entre les structures crées, se retrouvent sur certains territoires des superpositions de structures décisionnaires. Ainsi par exemple sur le territoire de l’Anosy interviennent en même temps : le PIC, le CRD et l’Alliance Ecorégionale. N’induisent-elles pas, à cette échelle, l’atomisation qu’on retrouve dans le domaine de la conservation ? Cette même atomisation ou manque de coordination a présidé à la création de ces structures.

De ces éléments donnés au niveau local, par la superposition de zones d’influence de plusieurs structures, les communautés peuvent faire l’objet de projets de développements successifs, dans un esprit « topdown ». Toutefois, la considération de l’unité de la région comme échelle stratégique, celle de la prise en compte de l’existant comme source de développements transversaux, est considérée comme à terme devant induire un développement encore attendu du territoire malgache. Comme pour les communautés, il est le territoire de stratégies de développement multiples.

Conclusion de la deuxième partie

Confusion et absence de leadership, une réelle volonté gouvernementale ?

Par l’atomisation des structures, mentionnée de façon redondante par les acteurs du secteur et du fait de l’absence de leadership dont font preuve les ministères et l’État, se pose la question de la réalité de la volonté des institutions malgaches de développer l’écotourisme ou de prendre en main la conservation, d’occuper le « driver seat » comme le mentionne la Banque Mondiale. Ses PAS sont en partie responsable de ce qui semble correspondre à un désengagement relatif de la conservation. Un désengagement dans la pratique mais pas dans les discours officiels si l’on considère la redondance, dans ces discours, des promesses de l’écotourisme et de la gestion durable du domaine public forestier. C’est le discours attendu par les bailleurs de la conservation et par les ONG, ils ne sont pas dupes des réalités des moyens de l’état. Ces structures, dans un état souverain, ont pris en charge l’élaboration du cadre légal concernant la mise en concession des aires protégées après en avoir voulu, du moins pour les ONG, l’extension. Le financement du SAPM, après celui du réseau des aires protégées, est appelé à devenir supporté par la communauté internationale, avant le fonctionnement de la fondation et malgré un écotourisme supposé pourvoire a cette gestion. Dans ce domaine les activités de l’ANGAP semblent élémentaires. Que représente l’ouverture de 10 aires de camping et de quelques pistes à l’échelle de cette nation ? Cela avec des territoires sur lesquels des stratégies d’écotourisme et de développement local peuvent ponctuellement se superposer, issues de regroupements destinés à remédier à l’absence de coordination du secteur au niveau national et dont se pose la question de leur propre coordination comme le montre le graphique n° 14.

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Graphique n° 14: Schéma synthétique des interactions dans la gestion de la conservation.

Source : B. Thomas.Outre cela les institutions internationales, telles que la Banque Mondiale, soulignent que

l'État malgache « se fait des illusions vis-à-vis des ressources de l’écotourisme56 », de plus, en cas de contestations liées au foncier et de procédures juridiques, J. Brand de cette même structure rapporte l’opinion de cette institution sur le fait que : « la justice malgache est corrompue et tend à privilégier systématiquement les locaux57 », un élément dont ont connaissance les investisseurs financiers. Pour la Banque Mondiale il n'y a pas d'attitude de développement durable, mais une attitude de rentiers vis-à-vis des ressources de l'écotourisme, elles-mêmes majoritairement potentielles, donc une attitude de rentiers futurs. L’écotourisme « semble un concept lié au réservoir sémantique actuel des institutions internationales, comme durabilité et gouvernance58 ». La Banque Mondiale finance, en outre, aussi la Direction Générale des Eaux et Forêts et l'Office National de l'Environnement.

Ainsi, dans le domaine de la conservation malgache, le poids des structures internationales est fondamental, en amont et en aval des mécanismes et stratégies. Cela traduit dans ce secteur l’inscription de Madagascar dans la mondialisation, du moins l’intégration de ce territoire surtout dans la préoccupation globale vis-à-vis de la préservation de la biodiversité. Ce secteur est mentionné comme pouvant être téléguidé par les bailleurs, en miroir du désengagement de l’État dans ce secteur à la suite des PAS. Un désengagement et une « ingérence » de l’USAID dont l’État et surtout les écosystèmes bénéficient du fait de l’absence de moyens financiers et humains malgaches. Le gouvernement voudrait intégrer la mondialisation, aussi et surtout sur le plan économique. Pour cela, la stratégie du MAP prépare le 56 58 59 Entretien B. Thomas, 20.04.07, Antananarivo, Banque Mondiale, J. Brand, Chargé d’Etudes, Détaché par la Coopération Suisse.

57

58

89

ANGAP

ONG

ERI

PIC

CRD

Gouvernement

BAILLEURS/BM-USAid

MINENVEF/DGEFTerritoire national

Ecosystèmes forestiers

Structures publiques malgaches

Financement de la Banque Mondiale

Financement USAid

Financement bailleurs internationaux

PNAE / SAPM

ONG

Écotourisme

Fondation

Concessions dans les AP / Task Force

Lobbying

Page 90: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

terrain à diverses connectivités, essentiellement vis-à-vis des flux financiers des investisseurs. Le tourisme classique semble privilégié, bien plus pourvoyeur de devises que l’écotourisme. Celui-ci demeure un axe de développement local, il est incontournable dans les discours.

Mutation des structures, les ONG: multisectorialité et multiscalairité

L’absence de coordination du secteur et le manque de moyens et d’infrastructures locales ont amené les ONG de conservation à intégrer des composantes multiscalaires et multisectorielles. Depuis CI, la plus « intégriste » à WCS, puis WWF qui a la vision la plus intégrée de la conservation et du développement local, il faut appuyer les communautés pour une agriculture durable, ponctuellement des reboisements. Dans les mécanismes vertueux considérés, Conservation international, le partenaire privilégié de l’USAID pour l’attribution des financements américains aux ONG, a davantage un axe écologique de travail avec le local pour préserver la biodiversité, par des formations, des musées villageois, des comités de conservation; des procédures relativement éloignées des préoccupations villageoises, les flux financiers susmentionnés y restent relativement liés. Les ONG ont compris qu'il fallait appuyer les communautés locales et leur développement pour assurer une préservation relative des écosystèmes, donc en intégrant la nécessité de travailler avec les communautés dans tous les domaines, y compris des domaines tels que la santé pour lequel elles n’ont pas initialement de compétences. Ceci du fait que les zones où la biodiversité est la plus élevée sont aussi les zones les plus enclavées, donc où l'État est absent et où les ONG de conservation sont souvent les seules à intervenir. Elles y sont confrontées à des priorités villageoises, voire des urgences, qui sont rarement liées à la conservation. Ainsi WCS, en tant qu'ONG américaine, travaille avec des programmes de santé américains, en distribuant aussi des préservatifs et médicaments. Ces ONG recherchent les opportunités d’actions sur les territoires présentant un intérêt de conservation et elles peuvent être présentes dans les sites les plus enclavés. Elles sont aussi dans des phases de recherche de partenariats et de financements pour ces programmes transversaux, pour des mesures d’accompagnements obligatoires se situant dans le domaine du développement rural. C’est une condition nécessaire, pour WCS comme pour WWF et CI, pour que les communautés, dont certaines, comme dans la province d’Analakil où intervient WCS n’ont pas reçu de représentant de l’état depuis 30 ans, intègrent la nécessité de prélèvements durables. Il est nécessaire de prendre en compte un accompagnement à la mise en place de productions agricoles ou d’activités assurant un mode de vie permettant l’autosubsistance, voire le développement, en contrepartie du non-prélèvements de certaines ressources naturelles.

Parallèlement à cela, l’aide au développement dans le domaine du développement rural fait l’objet de plus d’apports financiers que la conservation, mais les ONG de conservation du fait de leur statut et vocation sont à l’écart de ces flux financiers. Les mécanismes pour les capter ou l’hybridation des structures n’a pas encore été élaborée dans les textes, bien que cette hybridation des activités soit une réalité dans les faits.

Ainsi, sur le terrain, les ONG de conservation « portent plusieurs casquettes », travaillant dans le développement, comme formatrices de santé, puis en finalité dans la conservation. Ce domaine, comme la gestion durable des ressources, implique une collaboration avec les villageois. Il est nécessaire, pour nouer avec eux des relations fiables, d’apporter en premier lieu des réponses aux urgences, dans des projets intégrés incluant santé et éducation. Cette problématique est structurellement reportée par les ONG au gouvernement et avait déjà été mentionnée en PE I. Elle a été prise en compte par son inclusion partielle dans le PE III, donc après une période 10 ans. Cette démarche nécessite une action multisectorielle que l’on retrouve aussi dans le mode de fonctionnement à l’échelle nationale, par l’implication de ces mêmes ONG

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Page 91: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

dans les stratégies de l’État malgache pour la conservation, des stratégies dans lesquelles l’USAID est incontournable.

Ceci concerne l’échelle des discours des experts et des consultants internationaux. Ils mettent en avant l’impératif de l’écotourisme et du développement local pour la conservation à l’échelle des communautés et des parcs. C’est là l’échelle qui fait l’objet de la troisième partie de notre étude.

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Page 92: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Troisième partie

III/ Etude de territoires

Les territoires d’étude ont été choisis selon plusieurs facteurs, dans un premier temps il convenait de se rendre sur des espaces gérés par l’ANGAP puisque c’est l’acteur principal de la conservation à Madagascar. Parmi l’échantillon des parcs à étudier, le choix s’est porté sur le parc national de l’Isalo, premier en termes de fréquentation, aussi puisque que ce parc a fait l’objet d’un article très critique dans la revue Alternative-Sud n° 13 en ce qui concerne la gestion locale de l’ANGAP en termes de développement local. Puis sur le parc national de Ranomafana, il reçoit une forte fréquentation touristique. Enfin sur le parc national d’Ankarafantsika de fréquentation touristique moyenne et dont il n’a été fait l’écho d’aucune problématique spécifique. Comme territoire hors du réseau de l’ANGAP, le choix s’est porté sur un territoire sous gestion de l’ONG Fanamby, une structure récente avec un fonctionnement associatif à une échelle bien inférieure à celle de l’ANGAP. Ces choix ont aussi été dictés par des raisons de praticité, donc d’accès aisé, la difficulté fondamentale sur le territoire malgache. Plusieurs territoires ont été choisis dans le but d’acquérir une vision d’ensemble du secteur de la conservation et de l’écotourisme à Madagascar. Cela n’aurait pas été possible en se concentrant sur un territoire, ce qui implique aussi le fait que les territoires choisis n’aient pu faire l’objet de collecte de données exhaustives en ce qui concerne les interactions locales entre les acteurs et le développement permis par la fréquentation touristique à cette échelle.

3.1/ Le Parc National de l’Isalo

Dans son système de gestion, l’ANGAP met en place et utilise des PGC (Plan de Gestion et de Conservation) pour chaque aire protégée. Ils sont des outils de base, centralisés sur des cibles de conservation et les menaces locales. Ces Plans de Gestion et de Conservation sont construits selon les axes prioritaires suivants :

- l’analyse des systèmes et les cibles importantes en terme de conservation,- le rôle stratégique de l’aire protégée,

- l’analyse des pressions et menaces, - les stratégies d’action et les mesures de suivi,

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Page 93: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

- la situation souhaitée au sein de l’aire protégée.

Graphique n° 15 : Les étapes de planification pour la gestion de la conservation des aires protégées du réseau ANGAP

Source : ANGAP.

Ces documents sont focalisés sur la conservation et les menaces sur les écosystèmes. De nombreux éléments en ont été extraits en ce qui concerne les écosystèmes et les éléments factuels qu’il a paru opportun de mentionner, dans la mesure où ils donnent les éléments de compréhension de la mise en place des aires protégées et le « climat » des interactions entre les acteurs locaux.

3.1.1/ Le parc le plus fréquenté de Madagascar

Le parc national de l’Isalo, crée le 19 juillet 1962 par le décret N° 62.731 est un écosystème unique dans le réseau des Parcs Nationaux de Madagascar (PNM). Il fait partie du massif ruiniforme de l’Isalo et a été défini par le Plangrap du réseau comme ayant une biodiversité élevée et un niveau de menace supérieur.

93

HABITATS, ET ESPECESIdentification des écosystèmes, habitats et

espèces clés dans l’AP.

CIBLES DE CONSERVATIONIdentification des éléments

prioritaires de l’AP qu’on doit conserver ou restaurer.

IMPACTSEffets négatifs sur les cibles.

PRESSIONSActivités humaines ou

autres causant les impacts.

CAUSESRaisons d’être des pressions.

SYNTHESE DES MENACESRevu analytique des impacts,

pressions et causes.

PLAN D’ACTION POUR 5 ANSStratégies et actions à entreprendre

SUIVI ET EVALUATIONSuivi et évaluation d’impact, de

réalisation.

EVALUATION ET STATUT- santé de la biodiversité- niveau de menace- capacité de gestion

ROLE STRATEGIQUE DE L’APLa raison d’être de l’AP en terme

de représentativité de la biodiversité au niveau national

CONDITIONS SOUHAITEES- santé de la biodiversité- niveau de menace- capacité de gestion

Page 94: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Ce parc est sous gestion de l’ANGAP/PNM depuis 1997, avec « un objectif global de maintien de l’intégrité biologique et écologique du Parc par le maintien au mieux des pressions et menaces et un accent sur la transformation des villageois de la zone périphérique en partenaires de la conservation ». Il est le parc national le plus visité du réseau, s’inscrivant dans le circuit touristique de l’axe sud malagasy et est classé en catégorie UICN II (aire protégée gérée principalement dans le but de protéger les écosystèmes et à des fins récréatives).

Cette région d’ethnie Bara est une région traditionnelle d’élevage de zébus. 48 villages de la zone périphérique sont bénéficiaires de la fonction écologique du parc : alimentation en eau et irrigation d’un millier d’hectares de rizières. À ceci s’ajoutent les autres valeurs ajoutées, notamment pour l’agglomération principale Ranohira (commerce, hôtels, les emplois liés au tourisme) et pour la zone périphérique, un financement d’un programme de développement avec les 50 % du droit d’entrée réservés à cet effet.

Carte n° 12: Situation géographique du parc national de l’Isalo

Source : ANGAP

Le parc national de l'Isalo fait partie d’un ensemble appelé « massif ruiniforme de l’Isalo » dont la longueur totale est d'environ 180 km, d'orientation nord/sud. Le parc est constitué par la partie nord de ce massif ruiniforme, à partir de la route nationale 7 qui le traverse d’est en ouest. La longueur moyenne du parc est de 59 km du nord au sud et la largeur moyenne est de 22 km d’est à ouest, le périmètre du parc est de 164 Km et l’altitude varie de 514 m à 1268 m avec la profondeur des canyons pouvant atteindre 200 m. La superficie du parc national de l’Isalo est estimée autour de 89.000 ha.

94

Page 95: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Le climat est du type tropical sec, avec des précipitations de 800 mm à 1000 mm se répartissant de décembre en mars de chaque année et des températures moyennes mensuelles de 17° C en juin et de 25° C en février.

Photo n° 2: Un paysage du parc national de l’Isalo

Source : Cliché personnel.

Un paysage spécifique

Le massif ruiniforme de l' Isalo est constitué par un plateau de grès continentaux datant du Jurassique. Du fait de l’érosion, il n’en subsiste que des témoins subtabulaires morcelés par des vallées sableuses ou d’étroits canyons avec diverses formes caractéristiques. Sur le plan pédologique, trois types de sol sont constatés dans le parc : sol rouge ferralitique (très répandu dans le parc), sol ferrugineux tropical, sol faiblement ferralitique.

Généralement, le relief du parc est donc un relief tabulaire avec des plateaux étagés, limités souvent à leurs extrémités est et ouest par des escarpements rocheux, très caractéristiques, d’une hauteur variant de 200 à 300 m.

La zone entourant le parc, à l’ouest, l’est et le sud est constituée de pénéplaines avec une altitude moyenne de 800 m. À l’ouest existe un vestige forestier longeant le lit de la rivière Malio, la formation d’Analalava et celle d’Analambia, il constitue la zone de protection du parc. À l’est, existe aussi un vestige forestier longeant le lit de la rivière de la Menamaty, mais en faible superficie par rapport à celle de l’ouest. Le parc est essentiellement constitué d’une grande savane arborée et arbustive qui occupe une grande étendue avec une prairie de graminées sans beaucoup de valeur fourragère, brûlée chaque année par les villageois riverains du parc.

Habitats, espèces et fonctions écologiques prioritaires

Le parc national de l’Isalo est donc composé majoritairement de quatre types d'habitats différents :

- forêt ripicole,

95

Page 96: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

- végétation rupicole,- forêt sclérophylle de moyenne altitude,- forêt dense sur sol alluvionnaire.

40 % de la superficie du parc est constituée de savane de toutes sortes (arborée, arbustive et à graminées). Elles n’ont pas beaucoup d’intérêt sur le plan de la biodiversité par rapport aux autres habitats.

Carte n° 13: Les différents habitats du parc national de l’Isalo

Source : ANGAP.

Le parc est un réservoir génétique pour plusieurs espèces de faune et flore. Les multitudes de canyons à travers le parc abritent une formation ripicole de type oriental (Aloès, Euphorbes, Pachypodes, Kalanchoe …) avec beaucoup d’espèces endémiques (reptiles de rochers dont la grande majorité est endémique et une famille de dipterocarpaceae très peu répandue à

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Page 97: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Madagascar (dont le genre Monotes madagascariensis n’existe qu’au parc national de l’Isalo). les formations sur sol alluvionnaire abritent beaucoup d’espèces végétales et animales également endémiques à l’Isalo. Le zonage du parc

Carte n° 14: Les zones du parc national de l’Isalo.

Source : ANGAP.

3.1.2/ Le niveau de menace général sur le parc

Les menaces sur ce parc sont anciennes et liées à l’occupation de l’homme. Le feu est depuis longtemps la principale menace, à quoi viennent se rajouter la chasse, la collecte de bois de chauffe et de bois d’œuvre (de Ranohira à Andriamanero). Des menaces plus récentes existent. La première est due à l’arrivée de migrants nationaux et à la mise en culture de maïs de

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Page 98: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

territoire forestier par abattis brûlis (appelé localement hatsake), une culture du maïs tournée vers l’exportation. Une deuxième menace date de six ans environ, par la collecte de bois de chauffe et d’œuvre par les habitants d’Ilakaka, un village informel d’importance liée à la recherche « anarchique » des saphirs, aussi de manière illégale à l’intérieur des limites du parc. Ces menaces sont prises en considération par la direction du parc depuis 1997.

Les cibles de conservation

Sur les 26 éléments de la biodiversité du parc importants en termes de conservation, 7 cibles prioritaires pour la conservation59 ont été considérées :

Tableau n° 10: Niveau de menace général sur les 7 cibles de conservation prioritaires du parc national de l’Isalo

PressionsForêt

ripicole Forêt sclérophylle

Végétation rupicole

Forêt densesur sol alluvion - naire

Merle de Benson

PropithecusVerreauxi

LemurCatta

Menace générale de la pression

Feu Moyenne Très Haute

Très Haute Haute Moyenne TRESHAUTE

Coupe (bois de chauffe)

Moyenne Très Haute

HAUTE

Coupe sélective Haute HAUTE

Collecte sélective Haute HAUTEChasse (lémurien)

Haute Moyenne Moyenne MOYENNE

Espèces envahis –santes

Faible FAIBLE

Menace générale Moyenne Très

HauteHaute Moyenne Faible Faible Faible TRES HAUTE

Source : ANGAP.

Les stratégies de conservation

Localement, dans sa gestion vis-à-vis des pressions sur les écosystèmes, la direction du parc a défini des stratégies prises parmi l’éventail des mesures envisagées et définies au niveau national. Il a semblé intéressant de les mentionner dans le sens où elles traduisent l’attitude de la direction du parc envers les auteurs potentiels des pressions. Ces stratégies se situent selon deux échelons:

59 La liste suivante rassemble les espèces biologiques se trouvant dans le Parc et qui figurent parmi les espèces menacées citées dans le livre rouge de l’UICN :

- Amphibiens : Scaphiophrye gottlebei, (CR)- Poissons : Ptychochromoides betsileoanus, - Oiseaux : Tachybaptus pelzelnii, Ardeola idae, Lephotibus cristata, Accipiter henstii, Pseudocossyphus

bensoni,- Primates : Propithecus Verreauxi verreauxi, Lemur Catta,- Mammifère : Cryptoprocta ferox.

98

Page 99: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Stratégies de rang 1

– poursuivre et renforcer la collaboration entre PNM et l’OPJ pour la surveillance, la dissuasion et le contrôle surtout sur les points sensibles au feu, les points de prélèvement de bois de chauffe et la RN 7,– diminuer à temps les combustibles près des cibles de conservation et des sites écotouristiques, améliorer le système de prévention du feu, protéger les habitats sensibles par des pare-feu et assurer la lutte active contre le feu avec les moyens adéquats,– instaurer une zone d’utilisation contrôlée (ZUC) avec les convoyeurs de zébus en provenance d’ Ankazoabo, – identifier les réfractaires par des méthodes appropriées et appliquer le COAP,– dynamiser les villageois à l’est du parc, pour une autodétermination certaine et des comités de surveillance, assurer la formation dans la lutte active contre le feu avec du matériel approprié.

Stratégie de rang 2

– renforcer avec le service technique public et l’OPJ toutes les instances de la commune, les villageois propriétaires de bovidés et les villageois personnes ressources sur le phénomène des vols de zébus,– assurer la mise en place d’une bande de protection entre la limite du parc et la ligne de pare–feu périmétrale, d’Ilakaka à Andriamanero et pour la zone est du parc, instaurer une parcelle intouchable devant l’entrée des canyons .– régler le problème des droits d’usage des riverains du parc, réaliser les projets du PCD et concrétiser une communication stratégique avec les thèmes appropriés auprès des villageois acteurs de pressions,- rechercher les facteurs écologiques de régénération et favoriser la régénération naturelle des diverses cibles,– procéder à l’élimination des plantes envahissantes par des méthodes appropriées.

Ces stratégies traduisent des mesures essentiellement préventives, puis coercitives vis-à -vis des auteurs des pressions majoritaires : le feu, le prélèvement de bois de chauffe et le vol de zébus. Il y a une mise en place de mesures préventives pour les risques de feu et une collaboration avec les forces de l’ordre locales. La composante de développement local n’apparaît qu’au huitième rang, par la prise en compte de la réalisation du PCD (Plan Communal de Développement) donc sans mention des projets liés aux 50 % des DEAP ou des projets spécifiques de l’ANGAP dans ce domaine.

3.1.3/ Un tourisme d’importance

Historique et contexte

Depuis sa création, le parc national de l’Isalo héberge un nombre de touristes en augmentation constante, de même que le nombre des infrastructures hôtelières et des guides. Dans la commune rurale de Ranohira, ainsi que la région d’Ihorombe, le parc est un pôle de développement fondamental puisqu’il n’y a pas en dehors du parc d’autre activité que des activités agricoles, essentiellement de l’élevage. Le parc est donc fondamental pour les habitants surtout urbains de la zone, concentrés à Ranohira, par les potentialités d’emploi liées au secteur

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Page 100: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

du tourisme et les dépenses des visiteurs. Les habitants des zones rurales sont plutôt concernés par le tourisme par l’approvisionnement des structures d’accueil et un artisanat marginal bien que les communautés locales puissent pourvoir à une main d’œuvre liée à l’accueil du tourisme, souvent dans les emplois de base du fait d’une faible scolarisation.

Graphique n° 16: Evolution de la fréquentation du parc national de l’Isalo (d’après les données de l’ANGAP).

0

5000

10000

15000

20000

25000

30000

35000

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Nombretotal devisiteurs

Nombre devisiteursnationaux

Tableau n° 11: Situation des visiteurs depuis 1990 jusqu'à fin 2005Année Nationaux Etrangers Enfant Total Montant (Ar)

dégagés199019911992 228 2301993 3 655 1301994 5 547 7301995 43371996 6338 2539 403 9371 73 884 2001997 3356 8686 592 12634 97 082 6001998 3022 13658 1760 18440 26 087 9241999 3020 14100 1885 19005 22 680 0002000 3572 16262 705 20539 151 546 2702001 3754 18826 911 23491 169 324 2102002 882 2297 278 3457 21 202 1602003 5557 12022 1492 19071 90 801 0702004 4010 16033 4055 24098 102 723 5302005 4886 20869 3276 29031 443 938 6002006 29078

Source : Direction du Parc National de l’Isalo.

En termes de recettes financières, l’augmentation en janvier 2005 des droits d’entrée de 5 dollars à 25 000 ariary (10 euros, 2500 ariary = 1 euro) pour un jour pour les visiteurs étrangers a permis un dégagement de revenus en hausse après le recul de la fréquentation dû aux événements politiques de 2002. Les tarifs sont dégressifs selon la durée (2 jours : 37 000 ariary, 3 jours : 40 000 ariary…) des tarifs valables pour les parcs de l’Isalo, Ranomafana, Andasibe, la Montagne d’Ambre, Ankarana et Behamara. Les autres parcs ont des tarifs inférieurs (10 000 ariary pour un jour, 15 000/2 jours, 20 000/3 jours…). À ce tarif viennent se rajouter les frais de guidage, variable selon la longueur des circuits.

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Page 101: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Le droit d’entrée de 25 000 ariary pour les étrangers est à mettre en rapport avec les salaires moyens malgaches de 53 000 ariary mensuels en zone rurale, les droits d’entrée pour les nationaux sont de 1000 ariary.

Graphique n° 17: Evolution des revenus issus des DEAP (d’après les données de l’ANGAP).

050000000

100000000150000000200000000250000000300000000350000000400000000450000000500000000

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Montantdes DEAP

Du fait de cette fréquentation, l’ANGAP a localement une stratégie de développement de l’écotourisme qui repose, outre sur un musée écologique, sur des aménagements de base dans le parc : aménagement de circuits, création de sites de camping (comprenant l’aménagement de bornes fontaines d’eau potable), ouvertures de pistes aux véhicules (puisque même si la zone du parc est conjointe à la commune de Ranohira, le point de départ des circuits est éloigné de la commune et nécessite une marche d’approche), construction en dur pour des sites de pause couverts, entretien général des aménagements. Huit circuits pédestres et trois sites de camping sont ainsi proposés aux visiteurs, avec en sus des droits d’entrée et des frais de guidage au prorata de la longueur des circuits, l’existence de droits de camping et la possibilité de location de matériel auprès de l’ANGAP.

L’autre volet important de cette stratégie de développement est focalisé sur des éléments de communication, de promotion du site dans les zones urbaines de Madagascar, d’accroissement de la connectivité du parc vis-à-vis de la région et la recherche de partenariat avec les opérateurs du tourisme.

Tableau n° 12: Les projets écotouristiques développés au parc national de l’Isalo

Projets développés 2005 2006 2007Km de circuits aménagés 11 11 8Kit Outil de promotion 5 5 5Km de pistes aménagées 0 27 20Poste d'accueil / Contrôle 1 1 1Site de camping complet et opérationnel

1 1 1

Bureaux/postes d'accueil entretenus 2 3 3Km de circuits entretenus 38 50 40Km de pistes d'accès entretenus 0 80 40Sites de camping entretenus 2 3 2

Source : Direction du Parc National de l’Isalo.

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Page 102: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Tableau n° 13: Tableau des réalisations techniques 2006 sur le volet écotourisme

Bailleur Libellé dans volet écotourisme Annuel Coût de réalisationIDA Organiser les sessions de formation 5 4 693 700

DEAP Réhabiliter les pistes d'accès 5DEAP Ouvrir des circuits 61 458 859IDA Ouvrir des circuits 5 61 458 859IDA Entretenir des postes d'accueil et de contrôle 0 2 157 606IDA Sites de camping complets et opérationnels 1 20 815 661,9

DEAP Entretenir les pistes d'accès 30IDA Entretenir les circuits écotouristiques 33 10 366 613IDA Entretenir les sites de camping 0 4 660 788IDA Entretenir le bureau/poste d'accueil 0 2 157 606IDA Zone de service viabilisée 0

Source : Direction du Parc National de l’Isalo.

Ces aménagements s’avèrent ponctuellement onéreux du fait de la construction de certaines infrastructures en dur, dans des zones accessibles uniquement par la marche, donc en employant des matériaux devant êtres acheminés par porteurs. Cette stratégie de développement est financièrement majoritairement assumée par l’IDA (l’Association Internationale de Développement, une des quatre institutions financières de la Banque Mondiale) et recouvre aussi des éléments de stratégies visant à l’accroissement de la fréquentation du parc.

Tableau n° 14: Les éléments de la stratégie de développement de l’écotourisme pour le parc national de l’Isalo

Stratégie Indicateur Situation actuelle (2005)

Situation attendue (fin

2008)Promotion du parc Taux d’augmentation du

nombre des visiteurs25 % par an 25 % par an

Recettes générées pour les projets communautaires des

droits d’entrées du parc

$110,500 $170,000

Améliorer le service aux visiteurs

Taux de satisfaction des visiteurs au parc

60 % 80 %

Mettre en place/améliorer les infrastructures

écotouristiques

N.B. Moyenne des jours passés en visitant le parc

1,75 2,5

Evaluer le développement de l’écotourisme au niveau

des aires protégées

Dépenses brutes des touristes dans la zone périphérique du parc

$300.000 $500.000

Développer le partenariat avec le secteur privé

Nb des personnes employées dans le secteur

touristique

561 750

Source : Direction du Parc National de l’Isalo.

Tableau n° 15: Prévisionnel de la fréquentation du parc

10

Page 103: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Année VISITEURSEtrangers Nationaux Enfant Total

2006 21912 5130 3440 304822007 23008 5387 3612 320072008 24158 5656 3793 336072009 25366 5938 3983 352872010 26634 6235 4182 370512011 27965 6546 4391 389022012 29363 6873 4611 408472013 30831 7216 4842 428892014 32373 7577 5084 450342015 33992 7956 5338 47286

Source : Direction du Parc National de l’Isalo.

L’IDA, outre le domaine de l’écotourisme intervient aussi financièrement majoritairement dans la gestion des différentes services et composantes du parc. Ainsi même dans le parc national le plus fréquenté de Madagascar, l’intérêt du tableau n° 16 est de montrer que les frais de gestion de la conservation nécessitent l’intervention de bailleurs étrangers.

Tableau n° 16: Tableau des coûts de réalisations techniques 2006 sur les volets conservation/recherche et éducation environnementale

Bailleur Libellé Libellé Nb activité Coût de réalisation

Unite COSTAB

Cout COSTAB

IDA Produire des supports de promotion Nb kits outils de promotion 2 260000DEAP Meo des MPAP sur DEAP Nb MPAP réalisés sur DEAP 0 0 1

VOLET CONSERVATION ET RECHERCHE

IDAAssurer la gestion de lutte contre les

feux Nb villages dotés de CV opér 4 2650000 4 1481040IDA Mener des actions de patrouille Nb carreaux surveillés 2000 3446030 2000 5161200IDA Construire des postes de garde Nb nouveaux postes 1 3333200 1 3734390

IDAOfficialiser la mise en place des

zones de prot Nb compléments décrets 1 4598800 1 37197150IDA Ouvrir des pare feux Longueur pare feux 10 612200 10 2478965

IDAMatérialiser les limites des aires

protégées Longueur limites externes 25 769600 25 611022

IDAMatérialiser les limites des aires

protégées Longueur limites ND 10 1723600 10 2444090IDA Entretenir les pare feux Longueur entretenue 30 1232040 30 1617363

VOLET EDUCATION ENVIRONNEMENTALE

DEAPMener campagne de sensibilisation

des lobbyings de décideurs Nb lobbying décideursDEAP Organiser des manifestations Nb manifestation

DEAPMener campagne de sensibilisation

des villages Nb villages sensibilisés 1 3619834

DEAPDévelopper des structures relais

opérationnelles Nb structure relais opérationnels 1 4744714

DEAPInitier le module AP dans le système

éducatif Nb écoles sensibilisées Source : Direction du Parc National de l’Isalo.

Comme pôle de développement local, le parc national de l’Isalo entraîne une immigration relative de population en quête d’emplois liés au tourisme. La direction du parc a déterminé qu‘en 2005, 561 personnes localement étaient employées dans le secteur tourisme

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directement et indirectement, le niveau de scolarité très bas des populations riveraines rendant difficile leur intégration dans les activités (éco)touristiques (40 % de taux de scolarisation en moyenne). En ce qui concerne la population des guides (catégorisés entre les confirmés, les agrées, les stagiaires et les pisteurs), il existe une forte concurrence entre eux pour capter les flux touristiques lors de l’arrivée à Ranohira puisque sur les plus de 70 recensés, seulement 6 sont salariés de l’ANGAP (dont 2 travaillent au service d’accueil) avec 40 guides membres de l’Association des Guides du Parc. Ce nombre global est en augmentation avec des problèmes parfois de manque de compétences et de disfonctionnements « tarifaires », une population issue pas uniquement du local. Le fait que les personnes ne trouvent pas à s’employer dans les structures liées au tourisme induit aussi ponctuellement qu’elles se retournent sur les ressources du parc, par des prédations, pour assurer leur subsistance. Ainsi considérant Ranohira et ses 2402 habitants, l’emploi de 561 personnes représente un facteur primordial d’emploi, chiffre à relativiser du fait que cette estimation concerne aussi les emplois indirects, donc hors de l’agglomération. Sur ce territoire où 21 899 personnes sont « concernées » par le parc, donc 2,56 % de la population totale est employée dans le secteur tourisme.

Parallèlement le parc souffre, en haute saison, d’une insuffisance d’infrastructures hôtelières avec des tarifs relativement élevés. A Ranohira se situent sept établissements d’accueil de standard variable (dont deux constitués de bungalows). Quatre établissements de bungalows, avec possibilité de camping pour certains, sont localisés aux environs proches de l’agglomération, des établissements d’un standard plus élevé voire luxueux. Nous pourrions catégoriser ces établissements par le fait que plus le standard est élevé, plus les financements ayant été nécessaires à leur création sont issus de l’étranger. Ainsi se retrouvent à Ranohira des établissements de « base » issus de capitaux malgaches, puis des campements écotouristiques fruits d’une hybridation entre un financement étranger et un partenariat malgache. Les établissements les plus confortables, donc situés en dehors de la ville, proviennent de financements étrangers. Les revenus de ces établissements reviennent aux personnes responsables de leur création, donc aux étrangers à la région pour les établissements d’un standard élevé. La main d’œuvre employée est généralement d’un bon niveau scolaire donc ponctuellement extérieure à la région. Dans la plupart des cas, les établissements ne sont pas nés d’une initiative ou de moyens locaux.

Schématiquement, les externalités dégagées par le parc et bien qu’il soit un pôle de développement, trouvent des répercussions au niveau local par la consommation des produits alimentaires, l’artisanat (plusieurs échoppes à Ranohira vendent des produits artisanaux au marché) et l’employabilité permise dans les métiers de basse qualification. Un autre volet de ces externalités vient de l’établissement des infrastructures permises par les 50 % des DEAP dont bénéficie aussi la population, des infrastructures mentionnées en 3.1.5. Les externalités de la fréquentation touristique, en dehors de la consommation de produits locaux agricoles et l’artisanat, bénéficient donc surtout à la population urbaine dont l’activité est concentrée sur le tourisme. Nous retrouvons malgré tout une population urbaine locale propriétaire dans les établissements de restauration, hors les structures d’hébergement, (les hotely et autres « gargotes » puisque ce terme est employé). La population touristique, quant à elle, est focalisée sur la visite des sites et les frustrations qui peuvent en découler quand les lémuriens sont absents aux regards. Elle est satisfaite sans aller plus avant de la rétrocession des DEAP mentionnée redondamment sur les panneaux informatifs de la maison d’accueil de l’ANGAP, selon des discours transposables aux trois parcs étudiés.

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Page 105: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

3.1.4/ Les acteurs du parc et les interférences des voleurs de zébus

Les relations entre les différents acteurs présents sur le territoire d’un parc national peuvent globalement être schématisées selon le graphique n° 18. En termes de développement local, puisque c’est là l’objet d’une partie de notre étude à l’échelle locale, les relations sont plus problématiques, du fait même du domaine complexe du développement et du facteur prééminent de l’argent dans les relations entre la direction du parc et les communautés, par l’intermédiaire du COSAP.

À l’époque de notre étude ce COSAP était en cours de remaniement, ce qui explique que nous n’ayons pu obtenir d‘éléments stables en ce qui concerne sa composition, mais plutôt un mode de fonctionnement local par l’intermédiaire de notables locaux , d’anciens membres associatifs et l’ex-directrice du COSAP local

Un COSAP dont je rappelle la mission suivant les termes même qu’utilise l’ANGAP :

Dans le cadre général, la mission principale du COSAP est de défendre les intérêts de la conservation du système de Réseau National d’Aires Protégées et des zones périphériques au niveau local, régional et national. De plus, le COSAP est partie prenante dans le processus de programmation et de suivi des activités de développement du système aire protegée-zone périphérique.

Appui spécifique aux bénéficiaires (élaboration de la demande)

Suivi de l’exécution de micro-projet Suivi et évaluation de micro-projet

Participation à l’évaluation des indicateurs de conservation

En ce qui concerne le climat général du parc, on peut constater, dans les pressions qu’il subit, un fait spécifique qui est celui de l'exploitation du saphir et des exploitations illégales dans le parc (ce qui nécessite une collaboration étroite de l’ANGAP avec la gendarmerie et la police). Cela entraîne des coupes illégales de bois pour la cuisson des aliments ou l'étayage des galeries et la construction. Trois villages-champignons liés à l’exploitation de saphir sont situés à la limite du parc, Bepeha, Ilakakabe et le plus important Ilakaka.

La pression fondamentale est celle qui concerne les feux de brousse pour l’écosystème local d’herbacées très inflammables en saison sèche (900 mm de précipitations par an, essentiellement en saison des pluies). Ces feux peuvent être accidentels, souvent causés par les mégots des taxis brousse, mais le plus souvent des feux volontaires par vengeance des villageois s'étant heurtés aux agents de l’ANGAP ou du fait des voleurs de zébus. En effet, les vols de troupeaux sont très fréquents sur ce territoire où se situent les principaux éleveurs de Madagascar, souvent le fait de bandes armées, c’est-à-dire 2 ou 3 fusils pour 10-20 délinquants dans les cas les plus extrêmes. Des « bandits » qui, en mettant le feu à la savane, veulent effacer leurs traces, pour empêcher leur pistage par les forces de police ou le plus souvent de gendarmerie. Ces feux empêchent la régénération des jeunes pousses des herbacées dont les zébus se nourrissent dans cette région. Le parc est donc une région d'élevage et sa création n'a pas changé réellement le mode de vie des populations utilisant les ressources naturelles essentiellement comme des pâturages. Ils sont toujours autorisés sur le territoire de l'aire protégée.

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COSAP

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Graphique n° 18 : Organigramme d’un parc national du réseau ANGAP60

Selon le directeur du parc, le parc de l’Isalo a permis la création de nombreuses infrastructures pour les villageois : « il permet à 95 % de la population du village principal local, Ranohira, de vivre, grâce au parc61 », à travers les hôtels et restaurants, les guides et les transports, à travers la vente de produits des villages périphériques pour le tourisme. Pour le directeur : « les populations des communes périphériques sont convaincues des bienfaits du parc et des infrastructures qu’il a permises de créer », notamment les 11 fokontany et 3 communes directement liées au parc avec ce qui est mentionné comme : « ponctuellement le problème de confrontation avec les autorités locales qui voudraient plus de financement ». Dans son discours,

60 NB : Au niveau local. Le personnel du Parc national de l’Isalo est composé de 35 membres : 1 directeur de parc, 1 chef de volet administration et finances, 1 chef de volet écotourisme, 1 chef de volet conservation et recherche, 1 chef de volet appui au développement, 2 chefs de secteurs, 16 agents de parc, 1 secrétaire comptable, 1 logisticien, 2 chauffeurs, 5 gardiens, 1 hôte d’accueil, 1 femme de ménage et 1 responsable de centre d’interprétation.

61 Entretien B. Thomas, 02.04.07, Ranohira, S. Mahazotahy, Directeur du Parc National de l’Isalo.

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ORGANIGRAMME D’UN PARC NATIONAL

DIRECTION NATIONALE

DIRECTEUR DE PARC

SECRETAIRE COMPTABLE

CHEF DE VOLET CONSERVATION ET

RECHERCHE

CHEF DE VOLET APPUI AU DEVELOPPEMENT ET

EDUCATION ENVIRONNEMENTALE

CHEF DE VOLET ECOTOURISME

CHEF DE VOLET ADMINISTRATIF ET

FINANCIER

RESPONSABLE CENTRE D’INTERPRETATION

HOTESSE D’ACCUEIL

CHEF SECTEUR

AGENTS DE PARC

PERSONNEL DE SERVICE

DIRECTION REGIONALE

GUIDESSALARIES

COSAPCOMMUNAUTES

ETAT BAILLEURS

POPULATION RURALE

TOURISTES

GUIDES INDEPENDANTS

POPULATION URBAINE

CADRES LOCAUX

Page 107: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

la direction met en avant les projets locaux, essentiellement à Ranohira, comme la construction du commissariat de police, le terrain mixte de handball, le marché couvert, le bureau de la commune, des adductions d’eau et un hôpital prévu pour 2007. Ces projets sont, en termes de visibilité au niveau local, les plus accessibles, même si la direction du parc revendique aussi, au niveau des trois plus importantes communes périphériques, l’existence d’infrastructures de son fait, notamment des écoles et des réseaux de collaboration au niveau des chefs de région qui pour le directeur : « ont conscience de l'importance du parc national et des taxes notamment les taxes hôtelières inhérentes » (1000 ar par touriste et par nuit).

En ce qui concerne le COSAP, remanié depuis peu, c’est auprès d’anciens membres de ce comité que l’étude a été menée, notamment Mme D. Mara qui, avant le remaniement, a été la présidente du comité et a travaillé avec la direction du parc depuis le début de sa création en 1996. Elle dirige, en parallèle d’un campement écotouristique, une ONG : « Le Village », pour le développement de Ranohira. Cette ONG inclut les natifs de Ranohira qui veulent développer leur village. Cette association a été créée à la suite de la venue d’une association française (l’Association des Sportifs des Professionnels de la Santé : l’ASPS). En visite localement, elle a demandé aux villageois de formuler leurs besoins, essentiellement des médicaments. Par la suite l'association a décidé de procurer une ambulance à Ranohira, destinée à aller chercher dans les villages les cas médicaux. Les personnes de l'association qui sont revenus un an après, puis encore un an après, ont remarqué que le directeur du parc avait changé tous les ans et ont demandé à Mme Mara de créer une ONG, pour être sûr d'avoir un interlocuteur stable au sein de la population. Pour cette personne à partir d’une fréquentation modérée d’environ 2000 touristes par an, il y a eu, à partir de 1997, un développement de l'écotourisme à Madagascar. Le parc se situant dans le circuit touristique du Sud, le circuit le plus vendu à Madagascar, pour Mme Mara : « l'argent a commencé à arriver62 ». Un Comité pour le Développement de l’Isalo a été créé, pour décider des projets de développement, avec à l'époque environ 10 à 15 millions de francs malgaches à partager entre 40 villages, donc la nécessité d'établir un système de priorisation. Ainsi 1999 a été l’année de la distribution des charrues dans les villages. A partir de 1999-2000 l’augmentation de la fréquentation a été plus marquée, avec même un projet de jumelage avec le parc national du Vercors. Selon Mme Mara : « Beaucoup de gens ont commencé à s'intéresser au parc, ce qui a marqué le début des problèmes avec les populations locales. Elles ont commencé à dire : ça c'est notre argent, nous voulons notre indépendance, là vous dirigez nos besoins ». Comme par exemple dans le projet cité d'élaboration d'un camping sur le territoire d’un village où l'ANGAP ayant voulu construire des bornes-fontaines, les villageois ont déclaré « qu'ils avaient des sources et qu'ils avaient besoin d'autre chose63 », refusant de concéder le terrain de camping si on ne leur donnait pas ce qu'ils voulaient.

Après la crise de 2002, le tourisme a recommencé à se développer, mais depuis 2001 les populations ne connaissent pas les montants des revenus issus du parc. À partir de 2005-2006, les bailleurs de fonds ont voulu la création des COSAP, en expérimentant cela en premier lieu dans la région de l’Isalo. Depuis 2006-2007, le discours de la direction du parc est de demander aux villageois de formuler leurs besoins, la réponse des villageois étant de demander de combien ils disposent pour leurs projets. Bien que le montant des revenus du parc de 2006 soit connu, le montant des revenus de 2000 à 2005 n'a pas été communiqué au COSAP, comme aux populations. L’ANGAP demande une priorisation des projets qui lui sont soumis, « mais pas réalisés » selon Mme Mara. Ainsi la direction du parc lui présentait des projets en lui demandant

62 64 Entretien B. Thomas, 04.04.07, Ranohira, D. Mara, Directrice du COSAP jusqu’en mars 2007, Propriétaire d’un Campement au Village de Ranohira, Responsable et créatrice de l’ONG : « Le Village ». 04.04.07

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« juste de signer ». En 2006 les problèmes de la période 2001-2005 ont recommencé avec un manque de transparence marqué et la volonté de la direction de prendre comme représentants au sein du COSAP des personnes des villages périphériques, puisque l’ex-directrice du COSAP en rapporte les propos selon lesquels : «Vous rallez à Ranohira, on va prendre les gens dans les villages…».

Ainsi d’après cette personne : « Il y a quatre semaines ils ont créé un second bureau parallèle au COSAP, sans habitants de Ranohira, avec des villageois extérieurs qui ne sont pas trop au courant….. Maintenant les guides, les restaurateurs, les hôteliers, les opérateurs économiques ne sont plus dans le COSAP, ils en ont marre64… ». De fait parmi les 30 membres du COSAP où se trouvaient initialement huit représentants de la société civile et des ONG, ne sont présents, depuis ce problème, que deux représentants de la société civile. La direction du parc y a augmenté le nombre de ses fonctionnaires qui souvent ne restent localement que deux-trois mois. Dans ce processus, le commissaire aux comptes du COSAP, nommé par la direction du parc, est le maire de la commune d’Ylemby à deux-trois jours de marche de Ranohira. Il y vient une fois par an, le nouveau président du COSAP, nommé encore par la direction, est le chef de la gendarmerie. L’ex-directrice du COSAP a donc sa vision personnelle du fonctionnement local de l’ANGAP : « je n'ai rien contre l’ANGAP ou le COSAP, mais il nous faut un moyen d'interaction directe avec les populations. Le fonctionnement du COSAP est bénéfique dans les textes mais négatif localement. Dans la pratique c’est l’ANGAP qui gère le COSAP…..La population de Ranohira a sonné l'alarme pour ce problème. Le chef de la région a dit qu'on allait régler le problème après le référendum. Le directeur est en train de placer ses pions dans le village »

Ce discours critique est repris par certains habitants de la commune notamment Mme V. Rakotoarisoa, ancienne membre du COSAP et présidente de l’ONG « Tiako Isalo » (l’association des femmes de Ranohira), créée pour contribuer à l'amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants et M. P. Ratovo, responsable d’un hotely et notable local, des portes-paroles locaux qui synthétisent le discours des membres de la société civile de Ranohira par la voix de Mme Rakotoarisoa : « on n'a pas les chiffres, on nous les cache… Lors de la dernière réunion du COSAP, on nous a dit que le chiffre était dépassé pour les projets mais on ne nous donne pas les chiffres d'entrée et les 50 %.65 »

Son discours accuse l’ANGAP de changer les projets priorisés en cours de route : « Le COSAP a donné une liste de projets précis, mais il y a eu un changement de programme de l’ANGAP pour réaliser des adductions d'eau. Par contre on nous a dit qu'il ne fallait pas demander les montants des 50 % : si vous avez des micros projets vous nous les donnez, c'est à nous de les réaliser…On nous donne les totaux des travaux mais pas le détail66 », des détails qui ont été demandés par Mme MARA et à laquelle a été donnée comme réponse : « ce n'est pas votre rôle ».

Comme pour Mme Mara, le problème redondant de ces personnes semble concerner la réduction du nombre de membres de la société civile au sein du COSAP, d’initialement huit membres (deux hôteliers, deux responsables d'associations, deux guides et deux commerçants) à

64 Entretien B. Thomas, 04.04.07, Ranohira, D. Mara, Directrice du COSAP jusqu’en mars 2007, Propriétaire d’un Campement au Village de Ranohira, Responsable et créatrice de l’ONG : « Le Village ». 04.04.07

65 67 Entretien B. Thomas, 04.04.07, Ranohira, V. Rakotoarisoa, Restauratrice et Directrice de l’ONG « TIAKO ISALO » pour l'amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants de Ranohira. 04.04.0766

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deux, sur l’initiative de la direction du parc. Un COSAP dans lequel désormais 18 fokontany67

sont représentés et où il n’y a plus d’opérateurs privés. Le directeur du Parc y a inclus, sans donner d'explications, des représentants des communes d’Ilemby et de Berenty qui se situent dans un autre parc, celui de Zombitse Vohibasia. Le nombre de représentants de la société civile est passé de huit à deux pour pouvoir y inclure 6 représentants de fokontany des nouveaux territoires. Ainsi M. Ratovo se pose la question : « S'ils ont fait rentrer ces communes, pourquoi n'ont-ils pas augmenté le nombre des membres du COSAP ?….. Tous ces gens-là dans le COSAP sont des symboles, ce ne sont pas des décideurs. L’ANGAP est juge et partie68 ».

Une même contestation peut se retrouve au sein des guides non salariés de la commune qui ponctuellement se confrontent à la direction du parc pour des questions d’activités quotidienne et de répartition de la clientèle. Ces guides indépendants, sans uniforme contrairement aux guides salariés, démarchent les touristes nouveaux arrivants de manière assez active tout en restant discrets vis-à-vis de la direction du parc, pour proposer leur service, bien que ce soit l’accueil du parc qui semble attribuer les guides aux touristes. Cette contestation se retranscrit dans un discours concernant un terrain de sport au centre de la commune crée par l’ANGAP, sur les fonds des DEAP. Ce discours se retrouve aussi dans les paroles des habitants de Ranohira, il porte sur le fait que le terrain en question a été donné par l’entrepreneur qui a réalisé les travaux de construction du commissariat. Un terrain multisports pour lequel la direction du parc a présenté une facture au COSAP, ce qui a donné lieu à bien des interrogations villageoises et à la mention ponctuelle de « fausse facture ».

Photo n° 3: Le terrain omnisports de Ranohira

Source : cliché personnel.

Ce terrain, après enquête, a bien été donné par l'entrepreneur. Mais il a été nécessaire d’y réaliser des travaux d’aménagement pour 60 millions de francs malgaches69, 30 millions à la charge de l'entrepreneur, 30 millions issus des 50 % des droits d'entrée affectés par la direction du parc, sans passer par le COSAP, des éléments que n’a pas réellement la population. Pour la

67 L’unité villageoise rurale malgache.68 Entretien B. Thomas, 04.04.07, Ranohira, P. Ratovo, Restaurateur et notable local.69 Le 1er aout 2003, les ariary ont remplacés les francs malgaches (1 ariary = 5 francs malgaches), les montants utilisés par les nationaux sont dans l’une ou l’autre monnaie.

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population si le terrain a été offert, il n’est pas normal de devoir y affecter un financement, une contestation envers le directeur du parc qui « est arrivé il y a un an avec un sac à dos, maintenant il a un 4x4 et un terrain de 12 ha70 ».

Le même problème de décision unilatérale de la part de l’ANGAP en lieu et place du COSAP s’est produit pour des réparations de l'ambulance donnée par l'association française, 20 millions de francs malgaches de réparation, ce qui fait dire à M. Ratovo qu'à ce prix-là, « un peu trop élevé, il aurait fallu acheter un autre véhicule71 ».

Le problème majoritaire pour la communauté des décideurs de l’agglomération semble être le fait que le COSAP choisisse des micro-projets que l’ANGAP ne réalise pas toujours, décidant sans consultation des affectations des fonds disponibles. En outre le fait que, depuis 1999, la direction du parc a cessé d’afficher les taux de fréquentation touristique ne les satisfait pas, selon un discours de la direction du parc qui est rapporté par Mme Mara : « non, on ne vous dit pas ça, ce n'est pas votre problème ». Un contexte général où les populations voudraient une transparence et l'indépendance du COSAP et que l’ANGAP demeure comme bailleur et agent de suivi, L’ANGAP qualifiée par M. Ratovo : d’« Association Nationale de Gaspillage de l'Argent de la Population72. »

Ce discours critique se retrouve aussi au niveau local, dans le village de Ianakandrarezo (voir localisation carte n° 12: les habitats du parc) qui est relativement facilement accessible depuis la route et qui compte environ soixante maisons et où les habitants du village ne savent pas combien ils sont. Les autres villages ne sont pas reliés à l’axe routier principal mais connectés à Ranohira par des pistes pédestres, ou pas de pistes, se situant jusqu’à 50-60 km de l’agglomération principale, donc jusqu’à trois jours de marche. Exception faite de la ville-champignon d’Ilakaka dont les commerces sont dédiés à la fourniture de matériels aux exploitants de saphirs ou à la vente proprement dite de saphirs, quelquefois des pierres chauffées, donc de faible valeur, une ville où les forces de l’ordre sont très présentes en raison de l’atmosphère générale de « far west ».

Les habitants du village de Ianakandrarezo ont vécu en se servant des ressources naturelles jusqu’à la réglementation relativement récente de l’ANGAP concernant la sanctuarisation de certaines zones, une non-utilisation des ressources avec en contrepartie, selon les villageois, l’attribution de matériel agricole. Ainsi selon M. Isirafesy et le chef du village, Bezoy : « Il y a 20 ans on nous a donné de l'argent (en fait 8 ans) pour acheter une charrue et une charrette à zébus mais la charrette est cassée depuis longtemps73 ».

Dans ce village des infrastructures de base existent : une école qui a été financée par l’organisation « les Pères de l'Eglise » et un puits dont la pompe vient d'une ONG : « Taratra » qui collabore avec des ONG occidentales. Outre la non-utilisation des ressources, les villageois déclarent : « On nous oblige à faire des reboisements sur des parcelles et il y a eu un feu « accidentel » que l'on nous a fait éteindre et on ne nous a même pas donné d’eau à boire74 » (étant donné les dimensions du parc et l’absence de pistes praticables par les véhicules, les feux sont souvent maîtrisés par des coupe-feu et l’utilisation de sable pour étouffer les foyers).

70 Entretien B. Thomas, 03.04.07, Ranohira, « Mac Gyver », guide indépendant du Parc National de l’Isalo.71 71 Entretien B. Thomas, 04.04.07, Ranohira, P. Ratovo, Restaurateur et notable local.72

73 Entretien B. Thomas, 03.04.07, Village de Ianakandrarezo, Bezoy, Chef du village. Villageois. 74 Entretien B.Thomas, 03.04.07, Village de Ianakandrarezo, Mr Isirafesy, Villageois.

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Photo n° 4: La charrette du village de Ianakandrarezo

Source : cliché personnel.

Photo n° 5: Le puits du village d’Ianakandrarezo réalisé par l’ONG Taratra

Source : cliché personnel.

Les villageois peuvent prendre du bois pour la construction de maisons mais pas pour le feu et se plaignent d’un autre fait : « nous n'avons même pas de toilettes publiques75 ». Ainsi donc il semble qu’en 1999, l’ANGAP, selon le discours tenu, ait donné un million de francs malgaches (environ 80 euros) pour la charrette et la charrue en déclarant aux villageois : « Vous vous débrouillez pour amener la charrette et la charrue au village et on est allé les chercher à Sakara, depuis cela rien76… ».75 Entretien B. Thomas, 03.04.07, Village de Ianakandrarezo, Villageois. 76 Entretien B. Thomas, 03.04.07, Village de Ianakandrarezo, Mr Isirafesy.

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Photo n° 6: Le village de Ianakandrarezo et l’école des Pères de l’Eglise à droite du cliché

Source : cliché personnel.

De même, dans le domaine de la construction des maisons en terre, chaque fois que les villageois : « construisent une maison, à cause de la pluie, elle s'effondre parce que sa structure manque de bois77 » bien qu’en ce qui concerne le bois de construction, ils aient une forêt attribuée pour leur besoin mais disent ne pouvoir y couper du bois sans l’autorisation de l’ANGAP qu’ils sollicitent à ce sujet, mais M. Isirafesy précise que : « l'ANGAP ne répond pas… ».

3.1.5/ Des projets de développement centralisés

Concernant les micro-projets du territoire qui apparaissent en 1994 avec une création du parc en 1962, ils sont répartis par la direction du parc selon 5 catégories : santé, agriculture, enseignement, infrastructure, autres (un projet d’électrification en milieu rural pour Ranohira et un projet d’infrastructure culturelle pour un émetteur récepteur TV). Des projets pour lesquels je n’ai pas eu les coûts financiers à compter de l’année 2003, avec dans ces projets entre 2002 et 2006 une baisse importante de leur nombre (2002 étant l’année de la crise politique qui a entraîné une baisse très importante de la fréquentation touristique, donc des revenus du parc).

Il apparaît intéressant en premier lieu de retracer les projets concernant le village de Ianakandrarezo et d’établir un comparatif avec les déclarations de ses habitants. Le village est mentionné pour l’attribution de charrues et de herses en 1996, en 1997 pour un projet agricole de Grenier Commun Villageois78 et de construction d’un pont et canal, en 1999 à nouveau pour des 77 Entretien B. Thomas, 03.04.07, Village de Ianakandrarezo, Bezoy, Chef du village. Villageois. 78 N.B..Initié en 1988 du fait de l’instabilité des productions agricoles et de leur prix, le principe du Grenier Commun Villageois est de transférer une partie des surplus de récolte saisonniers vers la période de soudure, c’est-à-dire la période de pénurie en développant des capacités de stockage sous la forme de ces GCV dans lesquels peuvent intervenir pour leur mise en place des crédits bancaires spécifiques ou des ONG, en visant à la sécurité alimentaire et à un dégagement de revenus par la revente des produits agricoles lorsque leur prix est au plus haut.

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achats de charrues et de herses, en 2000 pour la mise en place d’un verger. Plusieurs projets, alors que les villageois ne mentionnent qu’un seul don financier pour une charrue et une charrette, selon un montant de 1 million de francs malgaches pour les villageois contre 3,926 millions pour l’ANGAP pour ce village et celui d’Ankidona. De la même façon, il n’apparaît pas de trace d’attribution d’une charrette à zébus dans les projets officiels (mauvaise traduction de l’interprète ou incompréhension des villageois) donc un très fort différentiel. Ceci concerne un cas particulier.

Le tableau n° 17 où sont récapitulés les projets a été élaboré à partir des tableaux et données transmis par la direction du parc, des projets qui pour certains ont été réalisés avec la participation financière des bénéficiaires. À partir de 2003 jusqu’à la période actuelle, les éléments transmis apparaissent dans une plaquette illustrée de photographies qui met essentiellement en avant la construction du commissariat de police et d’autres projets passés, sans les montants des financements nécessaires, hormis la précision concernant le fait qu’ils sont tous issus des 50 % des DEAP.

Concernant le volet spécifique aux territoires ruraux, donc les territoires qui, hormis l’approvisionnement en produits agricoles, bénéficient peu des externalités du tourisme, il y a en valeur relative peu de projets. Ils semblent être des projets d’ensemble de distribution de matériel agricole sans suivi et, ponctuellement et marginalement, de mise en place de vergers, de greniers communs villageois et de deux décortiqueries. Il apparaît donc peu de différenciation dans les alternatives proposées aux communautés, basées sur du matériel agricole et la mise en place des GCV. Ces communautés qui, avec les villes-champignons liées à l’exploitation des saphirs, sont le lieu d’origine principal des prédations dans les parcs. La composante liée aux villes champignons semble prise en compte par le financement de projets liés aux forces de l’ordre, tel que la construction du commissariat de police en 2006.

Suivant le tableau synthétique n° 17 il apparaît donc que le poste le plus important est celui des infrastructures centralisées à Ranohira. On constate une même centralisation pour les projets santé et enseignement, ce dernier poste étant quasiment aussi important que les projets ruraux.

Pour ces derniers, si l’on considère que le projet décortiquerie de Ranohira bien que concernant l’ensemble de la population du territoire (notamment féminine puisqu’il permet de les décharger de cette tâche spécifique) a presque un statut d’infrastructure agricole, comme le centre de commercialisation, le taux concernant les projets agricoles au niveau des communautés retomberait à 8,6 %. Des projets qui s’avèrent ainsi majoritairement orientés vers la distribution de matériel agricole, puis secondairement vers la mise en place de GCV.

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Tableau n° 17 : synthèse des projets de développement locaux par poste sur la période 1994-2006 pour le Parc National de l’Isalo

Nature des projetsNombre

de projetsNombre

de village concernés

Montant en francs

malgaches(si connu)

Pourcentage du total

Projets agricolesDistribution de charrues et herses 16 16 22 489 976 3.81 %Greniers Communs Villageois 7 7 13 668 000 2.32 %Pont/canal 1 2 2 000 000 0.33 %Décortiquerie 2 2/1 R* 81 183 360 13.78 %Mise en place de vergers 3 4 8 920 631 1.51 %Lutte contre les poux de riz 1 1 R 3 555 000 0.60 %Construction barrage 1 1 R 50%Total 131 816 967 22.38 %

Projets santéAchat couvertures pour Hôpital 1 1 R 1 000 000 0.16 %Réhabilitation adduction d’eau 1 1 R 2 500 000 0.42 %Toilettes 2 2R 50%Centre hébergement et soins 3 3/1R 54 933 940 9.34 %Amélioration et électrification CSBII 1 1R 14 556 433 2.47 %Construction de 4 puits 1 1R 5 500 000 0.93 %Construction puits 1 1R 50% Total 78 490 373 13.33 %

Projets enseignementConstruction/réhabilitation/réfection écoles 16 16 /10 R 123 196 712 20.92 %Construction/réfection écoles 5 5/3R 50%Dotation bancs/tables 1 1R 50%Total 123 196 712 20.92 %

Projets infrastructuresEmetteur/récepteur TV 1 1R 149 679 248 25.42 %Groupe électrogène 1 1R 12 650 000 2.14 %Electrification milieu rural 1 1R 15 000 000 2.54 %Etude mise en place marché et gare routière 2 2R 1 500 000 0.25 %Construction centre commercialisation produits agricoles CDI

1 1R 50 970 000 8.65 %

Renforcement maison isolé 1 1R 1 020 000 0.17 %Reconstruction maison isolée ( ?) 1 1R 24 410 000 4.14 %Réfection toit gendarmerie 1 1R 50%Construction maison royale 1 1R 50%Construction commissariat 1 1R 50%Total 255 229 248 43.35 %

TOTAL 588 733 300 100 %(* : 2/1R signifie que sur les deux projets, un concernait Ranohira.)

Source : B. Thomas, d’après les données fournies par la Direction du Parc National de l’Isalo.

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Il apparaît donc que le développement local induit par la fréquentation du parc et les 50% des DEAP concerne essentiellement l’élaboration d’infrastructures centralisées à Ranohira et le domaine de la santé et de l’enseignement. Ces infrastructures sont en termes de développement local induit des communautés agricoles à relativiser bien que les 50% soient dans les « textes » dévolus à ce développement.

Certes les infrastructures sont supposées bénéficier à l’ensemble de la population du territoire du parc, mais le fait est que si l’on considère les projets enseignement ils bénéficient essentiellement à la population urbaine de Ranohira (quelques villages sont malgré tout concernés), logiquement en raison de la concentration humaine locale. Il en est de même pour les infrastructures générales et l’électrification centralisée à Ranohira, une mise en place d’infrastructures normalement à la charge de l’État, tels que des établissements d’enseignement, la réfection de ceux-ci ou la construction de bâtiments pour les forces publiques

De même, en termes de développement local, quel est le poids comme vecteur de développement du fait de pouvoir recevoir les émissions de télévision nationales et régionales pour les communautés en dehors de Ranohira qui ne sont pas reliées au réseau électrique ? Il en est de même pour le « gros » projet de 2006 de construction du commissariat qui semble plutôt un vecteur local de sécurité, lié à la présence locale importante des voleurs de zébus et du climat général des villes champignons pour l’extraction du saphir.

Photo n° 7: La ville-champignon d’Ilakaka

Source : cliché personnel.

Dans les projets santé, la population est globalement bénéficiaire puisque la commune est le seul endroit du territoire où il est possible de se faire soigner. En ce qui concerne les puits et adductions d’eau c’est à nouveau cette petite zone urbaine qui est privilégiée. Donc en terme de développement local peu de projets alternatifs aux pressions semblent proposés.

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Photo n° 8: Le marché couvert de Ranohira.

Source : cliché personnel.

Photo N° 9: La construction du poste de police de Ranohira en 2006

Source : Direction du Parc National de l’Isalo.

Il semble donc, par ces éléments, que les populations les plus bénéficiaires des micro-projets soient celles qui soient globalement les moins responsables des pressions sur le parc et les plus bénéficiaires des externalités provenant de la fréquentation touristique.

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Tableau n° 18: historique des micro-projets issus des 50% des DEAP sur la zone du Parc National de l’Isalo

Secteur Année Titre/ Intitulé du Projet Localisation du Projet

ApportANGAP

CDI

Apports Réels

bénéficiaireCoût réel Bénéficiaire

1994Santé 1 994 Achat couverture hôpital Ranohira 1 000 000 - 1 000 000 5840 habitantsSanté 1 994 Centre d'hébergement Ranohira 14 000 000 - 14 000 000 5840 habitantsSanté 1 994 Renforcement Maison isolée Ranohira 1 020 000 - 1 020 000 5840 habitants1996

Agriculture 1 996 Achat charrues et herses Ianakandrarezo be 3 600 000 3 600 000 55 ménagesAgriculture 1 996 GCV Andriamanero 2 000 000 2 000 000 4 000 000 55 ménages

Santé 1 996 Centre de soin primaire Bereketa 6 091 240 3 000 000 9 091 240 772 habitants

Santé 1 996 Part réhabilitation conduite d'eau Ranohira 2 500 000 1 000 000 3 500 000 2402 habitants

1997Agriculture 1 997 GCV Andohan'Ilakaka 2 000 000 2 000 000 4 000 000 772 habitantsAgriculture 1 997 GCV Bevato 2 000 000 2 000 000 4 000 000 21 ménagesAgriculture 1 997 GCV Iaborano 2 000 000 2 000 000 4 000 000 13 ménagesAgriculture 1 997 GCV Ianakandrarezo be 1 668 000 2 000 000 3 668 000 56 ménagesAgriculture 1 997 GCV Morarano 2 000 000 2 000 000 4 000 000 17 ménagesAgriculture 1 997 GCV Ranohira bas 2 000 000 2 000 000 4 000 000 45 ménages

Agriculture 1 997 Pont et canal Ianakandrarezo Ankidona 2 000 000 1 900 000 3 900 000 15 ménages

Enseignement 1 997 Réhabilitation école Ankiliabo 2 000 000 1 000 000 3 000 000 1998

Infrastructure culturelle 1 998 émetteur/Récepteur TV Ranohira 149 679 248 6 000 000 155 679248 2402 habitants

1999Agriculture 1 999 Achat charrues Morarano 1 700 246 - 1 700 246 18 menages

Agriculture 1 999 Achat charrues et herses Ianakandrarezo Ankidona 3 926 382 3 926 382 28 ménages

Agriculture 1 999 Centre commercialisation, CDI Ranohira 50 970 000 3 350 000 54 320 000 2402 habitants

Infrastructure 1 999 Achat groupe électrogène Ranohira 12 650 000 1 920 000 14 570 000 2402 habitantsSanté 1 999 Reconstruction maison isolée Ranohira 24 410 000 2 730 000 27 140 000 5840 habitants

Electrification milieu rural 1 999 Part électrification de

Ranohira Ranohira 15 000 000 5 000 000 20 000 000 2402 habitants

Enseignement 1 999 Construction maison Instituteur. Ranohira bas 20 560 000 20 560 000

Enseignement 1 999 Participation Construction école Andriamanero 13 700 000 3 000 000 16 700 000 45 élèves

Enseignement 1 999 Part réhabilitation école primaire Ranohira 7 000 000 1 000 000 8 000 000 126 élèves

2000Agriculture 2 000 Décortiquerie Bereketa 39 695 860 39 695 860 772 habitants

Agriculture 2 000 Mise en pl. Verger Ianakandrarezo Ankidona 2 973 877 762 000 3 735 877 28 ménages

Agriculture 2 000 Mise en pl. Verger Mariany 2 973 877 762 000 3 735 877 Agriculture 2 000 Mise en pl. Verger Zahavola 2 973 877 762 000 3 735 877

Enseignement 2 000 Construction école Mandabe 6 500 000 1 000 000 7 500 000 135 élèvesEnseignement 2 000 Construction école Mandabe 27 193 000 2 719 300 29 912 300 135 élèves

Enseignement 2 000 Participation extension école Ranohira 14 000 000Financemen

t FID

14 000 000 158 élèves

2001Agriculture 2 001 Achat charrues Ankaboky 516 588 - 516 588 31 ménagesAgriculture 2 001 Achat charrues Bedabo 516 588 - 516 588 Agriculture 2 001 Achat charrues Ankiliabo 1 119 882 - 1 119 882 31 ménages

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Agriculture 2 001 Achat charrues Mandabe 1 549 764 - 1 549 764 40 ménagesAgriculture 2 001 Achat charrues et herses Ampitroara 516 588 - 516 588 35 ménagesAgriculture 2 001 Achat charrues et herses Bemandresy 861 588 - 861 588 20 ménagesAgriculture 2 001 Achat charrues et herses Bereketa 2 239 764 - 2 239 764 55 ménagesAgriculture 2 001 Achat charrues et herses Ianaboty-Ranohira 1 549 764 - 1 549 764 42 ménagesAgriculture 2 001 Achat charrues et herses Tanambao 861 588 - 861 588 Agriculture 2 001 Achat charrues et herses Tanandava 1 033 176 - 1 033 176 50 ménagesAgriculture 2 001 charrues, herses et charrette Mahazoarivo 1 119 882 - 1 119 882 15 ménagesAgriculture 2 001 charrues, herses et charrette Mariana 1 378 176 - 1 378 176 43 ménagesAgriculture 2 001 Décortiquerie Ranohira 41 487 500 41 487 500 2402 habitants

Autres 2 001 Etude mise en place marché Ranohira 750 000 - 750 000 5840 habitants

Autres 2 001 Etude mise en place gare routière Ranohira 750 000 - 750 000 5840 habitants

Enseignement 2 001 Construction bureau -bibliothèque Ranohira 10 115 062 - 10 115 062 158 élèves

Enseignement 2 001 Finition école luthérienne Ranohira 7 945 000 - 7 945 000 292 élèvesEnseignement 2 001 Latrines CEG Ranohira 7 941 650 - 7 941 650 158Enseignement 2 001 Réhabilitation école Andriamanero 6 242 000 - 6 242 000 77 élèves

Santé 2 001 Amélioration cadre CSBII Ranohira 9 147 900 - 9 147 900 5840 habitantsSanté 2 001 Electrification CSBII Ranohira Ranohira 5 408 533 - 5 408 533 5840 habitantsSanté 2 001 Heberg. pers. santé Bereketa 34 842 700 2 140 000 36 982 700 772 habitants

Santé 2 002Construction 04 puits

modernes Ranohira 5 500 000 - 5 500 000 2402 habitants

2002Agriculture 2 002 Lutte contre poux de riz Commune Ranohira 3 555 000 - 3 555 000

Santé 2002 Plan de salubrité public Ranohira 50% DEAP - 2402 habitants

2003Santé 2003 Plan de salubrité public Ranohira 50% DEAP - 2402 habitants

Infrastructure 2003 Réfection toit gendarmerie Ranohira 50% DEAP - 21899 habitants

2004

2005

Enseignement 2005Réfection 2 portes/fenêtres

école Andasy 50% DEAP - 850 habitants

Enseignement 2005Réfection 2 portes logement

instituteur Andasy 50% DEAP - 850 habitants

Enseignement 2005 Construction école 1° cycleAnkiliabo/com :

Ranohira 50% DEAP - 633 habitants

Enseignement 2005/6 Construction école 1° cycleBeraketa/com :

Ranohira 50% DEAP - 386 habitants

Enseignement 2005/6Construction étab

enseignementMandabe/com :

Ranohira 50% DEAP - 484 habitants

Agriculture 2005 Construction d’un barrage Ranohira Bas 50% DEAP - 512 habitants

Infrastructure 2005 Construction maison royale Ranohira Bas 50% DEAP - 512 habitants

Infrastructure 2005/6 Construction d’un puits publicAnkiliabo/Com :

Ranohira 50% DEAP - 633 habitants

2006

Enseignement 2006 Dotation tables/bancs/chaises

Berakata.Ankiliabo.Mandabe/com :

Ranohira 50% DEAP

-1503 habitants

Infrastructure 2006 Construction commissariat Ranohira 50% DEAP -

21899 habitants

Source : d’après les données de la Direction du Parc National de l’Isalo.

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Eléments de conclusion

Dans un contexte global où la gouvernance est mise en avant, que ce soit au niveau national des discours (financement de la Banque Mondiale et des autres bailleurs à l’appui), ou au niveau local (par les bailleurs de la conservation, en privilégiant le développement de projets intégrés et coordonnés), il semble qu’à l’échelle du parc national de l’Isalo, ce concept reste virtuel et cantonné aux discours et dossiers des gestionnaires de la conservation.

De même en termes de développement local et de projets alternatifs aux pressions, il y a certes, du fait de la fréquentation du parc, l’élaboration d’un tissu d’infrastructures de bases (en lieu et place de l’État) et d’autres plus onéreuses, comme la mise en place d’un émetteur et récepteur de télévision et la construction d’un commissariat de police se situant dans un champ transversal au développement local. Certes les infrastructures permises sont essentielles localement, notamment dans le volet de l’enseignement, mais dans le volet des alternatives aux pressions et malgré la mise en place d’une décortiquerie qui induit une baisse du facteur travail pour les populations féminines des communautés, peu d’alternatives aux pressions semblent exister bien qu’il faille prendre en considération la persistance de l’activité d’élevage permise malgré les restrictions d’usage des ressources naturelles.

3.2/ Le Parc National de Ranomafana

3.2.1/ Un parc représentatif des corridors forestiers

Le parc national de Ranomafana, troisième en termes de fréquentation après les parcs de l’Isalo et d’Andasibe, est classé dans la catégorie A en matière de conservation selon le Plan de Gestion du Réseau des Aires Protégées (Plan GRAP) : « biodiversité exceptionnelle et niveau de menace supérieur ». Il s’inscrit dans le territoire du corridor de Fianarantsoa, prioritaire dans le cadre de la conservation pour le groupe « Vision Durban ». Un site qui est pilote dans le processus de création des aires protégées et le programme ERI qui considère les corridors forestiers comme fondamentaux pour atténuer les effets de la fragmentation forestière, bien que certains auteurs en mentionnent les effets néfastes par les risques de propagation de maladies, de feu ou d’espèces invasives (R. F. Noss (1987), J. Cox (1987)).

Il a été inauguré officiellement le 31 mai 1991 et occupait un territoire d’une superficie de 41601 hectares environ lors de sa première délimitation. Une redélimitation non encore officialisée a été effectuée en 1995 pour aboutir à une superficie de 43549 hectares.

Le parc est situé dans la région du sud-est de Madagascar dans la province de Fianarantsoa. Il se trouve à 412 km au sud-est d’Antananarivo, à 65 km au nord-est de Fianarantsoa et à 139 km à l’ouest de Mananjary. Les routes nationales 45 et 25 traversent le parc, le partageant en trois parcelles (la parcelle 1 au nord avec une superficie de 23970 hectares, la parcelle 2 à l’ouest d’une étendue de 3503 hectares et la parcelle 3 au sud d’une superficie de 14128 hectares).

Au niveau local, le parc jouxte 7 communes comprenant 123 villages en périphérie. Les ethnies dominantes sont celles des Tanala et des Betsileo. Les cultures pratiquées dans la région sont des cultures itinérantes sur brûlis, qui est la forme la plus pratiquée d’agriculture, des

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cultures de rentes plus ou moins permanentes de bananiers, caféiers ou autre, des cultures vivrières..

Carte n° 15: Localisation du parc national de Ranomafana

Source : ANGAP.

Le parc national de Ranomafana a un rôle socioéconomique comme pour le parc national de l’Isalo. Il est un pôle de développement puisque, hormis l’agriculture, l’artisanat et le thermalisme, l’activité locale est basée sur la fréquentation touristique. Il permet la création

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d’emplois et d’activités dans le domaine de l’accueil de la population touristique et des activités transversales. Ranomafana, l’agglomération principale de ce territoire, a été et est encore dans une moindre mesure, un lieu de thermalisme dont l’activité a diminué au cours des ans. Le nom de la ville est la contraction du mot « rana », eau et « mafana », chaud. La centrale hydroélectrique de Ranomafana sur la rivière Namorona avec une production totale de 18 716 790 kW alimente en électricité les régions de Fianarantsoa, Ambalavao et plus tard Mananjary.

Une couverture végétale de forêts denses humides

Le parc national de Ranomafana est un parc forestier inclus dans l’écorégion est selon la classification du Plan GRAP, avec des variations altitudinales de 600 à 1400m. L’analyse de sa biodiversité montre l’existence de différents habitats, d’espèces exceptionnelles et de biens et services écologiques. Le parc présente un relief montagneux avec des pentes accidentées. Il est surtout formé de forêts denses humides sempervirentes.

Le parc contribue à la régulation du régime hydrologique des bassins versants de la région nord du sud-est de Madagascar et il est un réservoir d’eau pour les riverains et ces régions en aval grâce au réseau hydrographique qui les traverse. Il protège entre autres le sol des reliefs accidentés. C’est dans le parc que se situe la source de l’eau de la station thermale de Ranomafana. Le climat est tropical humide avec des températures moyennes de 14 à 20°c, une pluviosité moyenne annuelle d’environ 4000mm. La saison pluvieuse va d’octobre en mars avec des précipitations presque nulles en août.

Des reliquats de forêts primaires

Il abrite des écosystèmes dont le degré d’endémisme régional et de diversité est élevé et qui sont menacés de disparition. Ces écosystèmes abritent 12 espèces de lémuriens, 118 espèces d’oiseaux et de nombreuses orchidées de la forêt primaire. Notamment deux espèces de lémuriens qui n’existent que dans la région : l’Hapalemur aureus et l’Hapalemur simus. Le parc abrite également une espèce d’insectivore aquatique qui n’existe que localement, le Limnogale mergulus.

Il constitue également le réservoir génétique de certaines espèces rares et endémiques comme : Asplenium appertum, Heliophyllum madagascariensis, plusieurs espèces de palmiers, d’araignées tenrec et d’écrevisses. Il assure d’autre part la connectivité vers le sud avec la formation végétale humide de l’Est, en particulier avec le couloir forestier qui le relie au parc national d’Andringitra.

La formation végétale humide comprenant surtout :

- la forêt dense humide sempervirente de basse altitude 600 - 800 m (de 2390 ha)- la forêt dense humide sempervirente de moyenne altitude 800 -1200 m (de 20310 ha)- la forêt dense humide sempervirente de moyenne altitude 1200 -1400 m (de 16190 ha). - la forêt à bambous à une altitude comprise entre 1200 et 1300m

La zone humide :

- les zones marécageuses en forêt humide à l’altitude comprise entre 1200 - 1300 m.

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Un territoire réglementé

Comme dans tous les parcs du réseau, des zones réglementant l’activité humaine ont été définies :

Carte n° 16 : Les habitats du Parc National de Ranomafana.

Source : ANGAP.

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3.2.2/ Les menaces principales sur les écosystèmes

Par rapport au parc national de l’Isalo, il y a une pression anthropique plus élevée dans ce parc et une tradition plus forte d’utilisation de la forêt omniprésente, essentiellement du fait du tavy et de la collecte de bois de chauffe et d’œuvre. Des zones de reboisements sont situées à l’ouest du parc, des plantations de Pinus Patula et d'eucalyptus ne se trouvant pas à l'intérieur de la limite du parc, destinées à satisfaire aux besoins en bois de construction et en bois de chauffe des paysans riverains.

Plusieurs espèces menacées

L’ANGAP a défini dans le parc 12 cibles de conservation : La forêt dense humide de basse altitude (600-800 m), la forêt dense humide de moyenne altitude (800-1200 m et 1200-1400m), la forêt à bambous, les zones marécageuses, l’Hapalemur aureus, l’Hapalemur simus, Varecia variegata variegata, le Limnogale mergulus, l’Anas melleri, Circus macrosceles et Sarothrura watersi, des espèces exploitées : Pandanus, Ecrevisses et le corridor Ranomafana-Andringitra

Dont 7 cibles prioritaires de conservation :

- la forêt dense humide de basse altitude (600-800m), - la forêt dense humide de moyenne altitude (800-1400m), - l’espèce végétale Pandanus, - la forêt à bambous, - les marécages, - le lémurien Varecia variegata variegata, - les écrevisses.

Tableau n° 19: Menace générale sur l’aire protégée de Ranomafana.

Cibles

Pression

Forêt humideBasseAltitude

Forêt humide moyenne altitude

Pandanus ForêtBambou

Marécage

Varecia variegata variegata

Ecrevisses Menace générale de la pression

Défrichement

Très haute

Moyenne Moyenne - Moyenne - Haut

Coupe sélective

Moyenne Faible Moyenne Haute - Moyenne - Moyenne

Collecte de produits forestiers secondaires

Moyenne Faible Moyenne - - - Moyenne Moyenne

Piégeage - - - - - Haute Moyenne Moyenne

Feu - Moyenne - Moyenne - - Moyenne

Empiétement/ riziculture

- - - - Très haute

- - Très haute

Exploitation aurifère

--

- - Très haute

- - Très haute

Menace générale de chaque cible

Très haute

Moyenne Moyenne Haute Très haute

Haute Moyenne

Source : Direction du Parc National de Ranomafana.

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Selon les critères de l’ANGAP, le parc national de Ranomafana est hautement menacé, essentiellement du fait de deux pressions sur le marécage, qui ne forme en fait qu’une infime partie du parc. En effet cette zone humide est soumise à l’empiétement d’installation humaine et à l’exploitation aurifère. Ces deux pressions engendrent des impacts irréversibles avec un retour à l’état naturel quasi-impossible. De plus, cet écosystème renferme les deux espèces d’oiseaux typiques des zones humides, Sarothrura watersi et Anas melleris. Il en est de même pour la forêt humide de basse altitude, mais là du fait des défrichements.

Photo n° 10: Paysage du parc national de Ranomafana

Source: WildMadagascar.org.

Les axes stratégiques de conservation

Au niveau local les axes stratégiques choisis par la direction locale pour la conservation du parc sont les suivants :

- la stimulation des projets de développement qui répondent aux besoins de la population- cible, plus étendue géographiquement en partenariat avec des organismes de développement tels que AVF, artisanat, petit élevage…- l’émulation entre les communes respectueuses des principes de conservation,- la promotion de la GCF,- le renforcement des patrouilles spécifiques et la mise en place de la base des secteurs à proximité et des survols du territoire,- l’application d’une charte de responsabilité avec les communes concernées pour le respect des zones de protection dans les PCD avec une réglementation sur le défrichement,- procéder au programme de reboisement et restauration dans la ZP,- l’application de la législation forestière et du COAP, la responsabilisation des groupes- relais,- la promotion de la gestion durable et réglementée des ressources exploitées en assurant la régénération des ressources exploitées,- la matérialisation des limites par des panneaux et/ou bornes plus visibles,

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- la stimulation de la mise en place systématique des pare-feu,- l’application d’éventuelle ZUC,- la dynamisation des groupes-relais sur la législation forestière et minière et le renforcement de la collaboration entre les services publics compétents : mines, eaux et forêts, environnement, tribunal,- la mise en place d’un lobbying sur le corridor au niveau des décideurs, pour le couloir forestier qui relie le parc national de Ranomafana au parc national d’Andringitra.

Ainsi donc localement, a contrario du parc national de l’Isalo, la stratégie de développement local est le premier instrument de l’ANGAP pour la protection de la biodiversité, suivie de mesures de responsabilisation des populations et de restaurations d’écosystèmes. Mais elle utilise aussi le COAP pour sanctionner si nécessaire et ce n’est qu’en 11ème place qu’elle situe la nécessité d’établir des ZUC (Zones d’Utilisation Contrôlée), dans lesquelles les communautés peuvent utiliser les ressources naturelles, de manière contrôlée.

3.2.3/ Une fréquentation touristique et thermale ancienne

En termes de développement de l’écotourisme dans le parc, la direction locale possède un site de camping à l’entrée du parc et loue le matériel adéquat. C’est aussi sur le territoire du parc qu’a été créé le premier écomusée de Madagascar. Dans le parc lui-même, l’ANGAP a procédé à des aménagements élémentaires, tel un abri avec terrasse à un carrefour de pistes et dominant une zone du parc. Il n’y pas eu de nécessité d’ouvertures de pistes praticables pour les véhicules pour accéder au départ des circuits de randonnée, en raison d’une géomorphologie très différente qui fait que l’on pénètre dans le parc directement à partir de la maison d’accueil à quelques kilomètres de la commune de Ranomafana. Les visites sont organisées selon 5 circuits principaux avec un système d’encadrement des guides et les agents d’accueil qui vous attribuent un des 46 guides agréés du parc en uniforme, selon un fonctionnement là aussi différent et beaucoup plus encadré que celui du parc de l’Isalo.

Une activité thermale préexistait à la fréquentation touristique verte, visible grâce aux bâtiments thermaux construits durant la colonisation. Ils ont souffert du manque d’entretien et de la baisse de leur activité. La population locale se livre essentiellement à des activités agricoles.

En termes de visibilité, la politique de développement de l’écotourisme de l’ANGAP est essentiellement signifiée par son gîte, le camping, l’écomusée et le fait de stratégies de communication à une échelle supérieure. Ceci malgré l’inscription du territoire dans des stratégies de développement du PIC, du CRD, de LDI (relayé depuis 2005 par le projet ERI incluant l’écotourisme) et comme territoire « d’exercice » de nombreuses ONG à l’échelle du corridor le connectant au parc national de l’Andringitra (avec des chevauchements de territoire entre WWF et CI, dans ce pays « betsilao »), ainsi certains villages de ce territoire voient se succéder les projets de développement les concernant.

Dans le contexte d’activité d’ONG qui travaillent aussi beaucoup à leur propre pérennité et comme interface entre global et local, entre bailleurs et communautés, là où leur rôle est efficient79 , le parc demeure malgré tout un pôle de développement local puisqu’en dehors de l’activité thermale et agricole le bassin d’emploi est issu de la fréquentation des visiteurs.

Statistiques de la fréquentation touristique

79 Cf. : Etudes Rurales n° 178. « Des associations des villes aux associations des champs ».

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Nous retrouvons une courbe de fréquentation similaire à celle vue précédemment avec la baisse de fréquentation de 2002 et une saisonnalité liée aux pluies fréquentes de la saison concernée.

Graphique n° 19: Evolution de la fréquentation du parc national de Ranomafana (d’après les données de l’ANGAP).

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

14000

16000

18000

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Nombre devisiteurs dansle Parc

En termes de recette financière pour l’année 2006, il a été enregistré à partir des ventes directes effectuées au parc national Ranomafana une somme de 269 142 800 ariary et localement la direction du parc, bien que n’ayant pas de stratégie de développement de l’écotourisme comparable à celle vue précédemment, suit les fréquentations et les créations d’infrastructures liées au tourisme.

Tableau n° 20: La fréquentation touristique du parc national de Ranomafana

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006janvier 90 166 264 381 258 457 403 377 385 387 252 310 479 431

février 52 24 209 144 173 246 341 268 304 139 266 209 379 366

mars 57 105 145 146 395 470 827 359 606 89 228 383 845 500

avril 153 136 316 496 744 856 958 1130 1568 18 721 1287 1119 1 368

mai 317 162 208 285 636 1 058 1 054 638 1203 29 1069 1484 1133 1 184

juin 258 206 156 359 329 421 517 634 1551 307 700 851 760 776

juillet 334 364 842 727 967 1 436 1 466 1641 1612 205 1548 2007 1766 1 883

août 545 518 1 470 1 130 1 378 1 729 2 382 2610 2259 292 2006 2929 2379 2 808

septembre 225 462 452 513 655 915 1 073 1 665 1642 379 1255 1553 1550 1 717

octobre 253 332 910 746 1 126 1 288 1 546 1 875 2128 424 1905 2334 2239 2769

novembre 431 531 802 566 817 1 094 957 1 304 1499 375 1253 1489 1513 1664

décembre 406 250 471 454 685 826 428 644 911 320 565 777 579 756

TOTAL 3 121 3 256 6 245 5 947 8 163 10 796 11 952 13 145 15 668 2 964 11 768 15 613 14 741 16 222

Source : Direction du Parc National de Ranomafana.

Plusieurs hôteliers et restaurateurs se sont installés dans la ville de Ranomafana, ainsi que des boutiques vendant artisanat et produits locaux. Ce bassin d’emplois est confronté aux mêmes problématiques que celles du parc de l’Isalo concernant l’employabilité de la population locale peu formée et peu scolarisée. Les emplois directs concernent les infrastructures d’accueil qui employaient 75 salariés permanents et 20 saisonniers en 2004 (D. Andrianambinina (2004))

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auxquels se rajoutent les 46 guides du parc (2006) et les 31 salariés de l’ANGAP (dont 60 % sont originaires de la région), il faut y rajouter les salariés de l’écomusée et d’un centre de formation pour la valorisation de la biodiversité (VALBIO). À ces emplois se rajoutent les emplois indirects (liés à l’approvisionnement des établissements d’accueil et à l’artisanat) et les emplois induits par la concentration de population, découlant de la fréquentation touristique, dans des activités de service et autres. Donc une employabilité relative est permise avec des salaires moyens concernant les infrastructures qui sont de 53 000 ariary mensuels en moyenne (200 000 pour les salariés de l’ANGAP) et des revenus pour la commune, issus des taxes de séjour.

Du fait de la fréquentation thermale historique, l’agglomération locale de Ranomafana avait déjà avant la création du parc et surtout avant la fréquentation touristique « verte » une histoire et connu un certain développement, a contrario de l’agglomération susmentionnée de Ranohira, en étant un lieu de destination pour les visiteurs et les nationaux.

Tableau n° 21: Le développement des infrastructures touristiques autour du parc national de Ranomafana

92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06Restaurants et

hôtely4 5 5 6 7 7 8 9 10 14 14 13 13 15 15

Hôtels 2 3 3 4 4 4 6 7 9 10 10 10 10 11 11

Aire de camping 1 1 2 2 2 2 2 3 3 3 3 3 4

Points de vente de produits artisanaux

1 1 1 2 2 3 5 6 8 9 10 10 10 10 10

Guides touristiques

23 22 22 32 31 33 33 45 45 45 48 46

Source : Direction du Parc National de Ranomafana.

En ce qui concerne les infrastructures touristiques, les standards hôteliers ne sont pas en terme de « luxe » représentés comme précédemment et les financements nationaux et locaux sont plus présents que dans le parc de l’Isalo puisque les établissements sont détenus par des Malgaches.

3.2.4/ Des relations entre les acteurs définies par la prévention du tavy

La période d’étude sur le territoire du parc s’est déroulée durant des fêtes religieuses, avec localement, en raison de l’importance sociale de la religion, peu d’activités dans la commune principale. À cette date de nombreux responsables locaux, du fait de des visites aux familles, étaient absents, ce qui explique le peu d’éléments que j’ai pu obtenir concernant le COSAP crée en avril 2005 et la nature de ses relations avec la direction du parc.

Selon le directeur du parc, M. Rasandry : « il y a une volonté d’aller vers une gestion participative du parc et une volonté d’implication des populations à la conservation à travers des Comités de Vigilance et des formations pour les villageois. Localement, du fait de l’absence d’activités autre qu’agricoles ou liées à un thermalisme relatif, il y a de fortes interactions avec l'écotourisme et la politique de l’ANGAP est celle de « l’incitation » aux populations d'approvisionner les hôtels avec aussi la création d'emplois de guide issus de la population

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locale80 ». La direction du parc suit de même la réalisation des projets locaux issus des 50 % des droits d’entrée dans le parc depuis 1991 avec 11 micros-projets réalisés en 2006.

Photo n° 11: Le bâtiment de la direction du parc national de Ranomafana

Source : cliché personnel.

Les projets sont développés en collaboration avec l’IDA et dans une gestion locale appuyée par le gouvernement malgache qui la finance à 25-30 %. Le reste des fonds vient de la Banque Mondiale. Il y a aussi le financement de projets « respectueux de l’environnement », outre ceux de l’ANGAP, par l’intervention du PSDR (Programme de Soutien au Développement Rural) et du FID (Fonds d’Intervention pour le Développement) auprès d’associations

La direction du parc travaille avec les sept communes limitrophes au parc (par rapport à la surface initiale du parc en 1991 qui incluait des communautés, il y a eu une réduction de superficie pour en exclure certains territoires villageois), à travers le COSAP dont les membres sont issus localement de la société civile à hauteur de 60 %, à 25 % d'élus locaux, les 15 % restants issus des personnes désignées comme des chefs de région, des chefs de district ou des représentants des ministères.

Parallèlement au travail de gestion, M. Rasandry met en avant, dans ses déclarations, le fait que : « Le travail se fait directement avec les mairies, le maire transmettant les informations nécessaires aux populations locales avec des axes de développement issus du PCD (Programme Communal de Développement), une collaboration avec le COSAP dans un travail de fond avec les fokontany, les hameaux, quartier par quartier, avec le décalage des populations par rapport aux exigences de la Banque Mondiale, par exemple dans la demande de cette dernière de facture pro-forma en trois exemplaires pour le moindre décaissement. Un décalage quand les villageois doivent présenter leurs factures à la direction du parc pour diverses prestations ou biens81 », donc une volonté de respect des procédures tout en gérant l'échelle locale du fokontany.

80 Entretien B. Thomas, 30.03.07, Ranomafana, Mr Rasandry, Directeur du Parc National de Ranomafana.

81 Entretien B. Thomas, 30.03.07, Ranomafana, Mr Rasandry, Directeur du Parc National de Ranomafana

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Un autre programme qui influe sur la gestion du parc est celui de l’ERI (Eco-Régions Initiative), avec des projets essentiellement au centre de la commune principale, Ranomafana. Ce sont des projets d’approvisionnement agricole sécurisé, la construction de micro-barrages hydroagricoles, les toilettes publiques du marché, la réhabilitation de bâtiments scolaires et du parking de l’école primaire publique. Ainsi 256 millions d'ariary en 2006, issus des revenus du parc ont concerné les micros projets.

L’ANGAP, localement, intervient dans les 123 villages périphériques qui comprennent trois sous-préfectures, pour la formation à la conservation par l'utilisation de l'outil audiovisuel, par un apprentissage pour éviter les prédations comme les coupes de bambous pour la réalisation de paniers ou la récolte de miel sauvage. Mais le directeur mentionne que : « Ces apprentissages ne trouvent pas réellement de grands échos positifs dans la mesure où les communautés ont vécu pendant des années avec les ressources de la forêt, sur un territoire souvent encaissé et où donc la moindre parcelle de terre agricole est précieuse, donc en pratiquant le tavy au quotidien » à l’opposé des populations du parc de l’Isalo qui peuvent persister dans leurs pratiques de pâturages.

Il apparaît que dans le domaine du développement local, les budgets sont insuffisants pour le financement des micro-projets. Cela nécessite l'intervention de structures extérieures comme le FID (Fond d'Intervention pour le Développement, une structure nationale) et le PSDR (Programme de Soutien pour le Développement Rural). En fait les 50 % des droits d'entrée que l'ANGAP affecte à des micros-projets sont utilisés comme des fonds leviers pour des projets plus étoffés qui utilisent des structures de financement extérieures. Cela permet aux communes et aux mairies d'avoir des projets autres que ceux en lien avec l’ANGAP, notamment donc le programme ERI (Eco Régions Initiative) issu de l'USAID qui vient en appui lorsque les financements sont insuffisants.

Une des raisons initiales du choix de ce parc comme terrain d’études fut des tensions dont il a été fait écho entre les guides et la direction du parc. Mais ceux interrogés n’ont pas fait mention de cette problématique, des guides tous en uniforme et attribués par la maison d’accueil du parc aux visiteurs. Un domaine où les guides sont insatisfaits de la gestion du parc concerne les prestations de formation pour lesquelles ils sont très demandeurs. Mais ces formations se déroulent souvent en saison haute touristique donc en privant les guides de revenus s’ils les suivent alors qu’ils sont plus disponibles en saison basse, lorsque leur nombre est même problématique du fait de la baisse de fréquentation du parc. Des formations qu’ils délaissent au profit de la garantie de leur revenus.

Au niveau local, le discours villageois diffère ponctuellement du discours de la direction du parc et en fait diffère de manière proportionnelle à l’éloignement de la commune de Ranomafana, une parole dont la difficulté d’obtention croît aussi de manière similaire. Ainsi dans le village d’Ambodiavavy à une heure de marche de l’unique axe routier, à travers les rizières et donc dans un territoire enclavé en zone forestière, les villageois ont un discours moins optimiste que les agents de l’ANGAP.

Avant que les villageois ne puissent parler à des étrangers au village, au sujet de leurs modalités d’existence depuis la création du parc, il est nécessaire de faire intervenir le chef du village afin que celui-ci intercède auprès du roi du village. Ce dernier avant de pouvoir répondre à des questions doit interroger les ancêtres pour en obtenir leur accord. Pour cela il est nécessaire de faire une offrande financière servant à acheter un rhum local qui, avant de faire le tour des

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personnes présentes, doit être en partie déversé sur la terre, dans une offrande aux esprits des ancêtres. Ils sont sollicités pour pouvoir parler, afin que tout soit dit ne se retourne pas contre les villageois. Cette cérémonie ne s’est pas déroulée dans les autres sites étudiés.

Suite à la création du parc, un barrage a été réalisé en fond de vallée, pour permettre la mise en culture de terres par leur irrigation, afin de créer des rizières pour le village, ceci en contrepartie de la non-utilisation des ressources naturelles du parc et de l'interdiction du tavy. Suite à la croissance démographique, les terres qui ont pu être mises en culture grâce à ce barrage se sont révèlées insuffisantes, c'est pourquoi les villageois qui voudraient pouvoir encore pratiquer le tavy ont demandé en 2005 la construction d’un autre barrage à la direction du parc. Ils n’ont pas obtenu de réponse de sa part. La direction qu’ils doivent eux-mêmes contacter puisque, selon les villageois, les représentants du parc cette ne viennent pas au village. Malgré tout une partie de la forêt a été concédée aux villageois, mais les coupes y sont interdites et ils peuvent juste y effectuer des prélèvements de bois de chauffe.

Photo n° 12: Un barrage réalisé par l’ANGAP sur le territoire du parc national de Ranomafana

Source : ANGAP.

En contrepartie encore de leur participation à la protection de la forêt, ils ont perçu en 1996 un volume important de riz afin de le stocker et le revendre hors saison quand les prix sont plus élevés (selon le fonctionnement des greniers communs villageois). Pour cela un silo a été construit, mais les villageois, peu sensibles aux mécanismes spéculatifs, se servent simplement dans ce stock en cas de besoin. Les autres villages dont ils ont connaissance rencontrent les mêmes difficultés dans leur quotidien, des difficultés matérielles du fait de l’instauration de l’aire protégée. Le roi Boto résume ce discours à propos de la direction du parc et des contraintes qu’elle impose : « Ils veulent nous tuer !82 »

82 Entretien B. Thomas, 31.03.07, Village d’Ambadiovavy, Roi Boto. villageois.

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3.2.5/ Des micro-projets liés à l’IDA

Selon la même démarche que pour les micro-projets du parc de l’Isalo, il est possible de définir une catégorisation des projets selon les données fournies localement par la direction du parc (tableau n° 23 à 25). Les projets apparaissent trois ans après la création du parc. Le fait est qu’à nouveau se présente un décalage entre ce que déclarent les villageois et les éléments fournis par la direction du parc, sans qu’il soit possible d’établir un distingo entre les projets issus de l’IDA ou du parc, par le biais des 50 % des DEAP, des micro-projets pour lesquels je n’ai pas eu d’informations financières.

En effet, le village malgré sa mention de perception de riz en 1996 apparaît comme destinataire de projets en 1995,1996 et 2000 pour l’approvisionnement en riz des greniers et cette même année pour une construction d’école non mentionnée par les villageois. De même il n’apparaît pas de barrage construit spécifiquement pour Ambodiavavy hormis en 2004 pour des frais relatifs à l’étude de la mise en place d’un barrage pour lequel cette communauté n’a pas en 2007 d’éléments nouveaux. À nouveau un différentiel important entre les discours villageois et les projets tels qu’on les retrouve dans les tableaux n°23 à 25.

Les micro-projets du territoire du parc ont été synthétisés dans le tableau n° 22 qui fait apparaître par rapport à ceux du parc de l’Isalo un plus grand nombre de projets ruraux et d’enseignement selon une catégorisation là aussi un peu différente.

En l’absence de données financières nous ne pouvons considérer la répartition des projets selon le tableau n° 22 qu’en fonction de leurs natures et nombres, en mettant donc à égalité par exemple, un projet d’approvisionnement en riz et un projet de construction d’école. Dans ce processus, avec une baisse importante du nombre de micro-projets à partir de 2002 et un seul projet en 2004, malgré l’intervention de financements autres que ceux issus des 50 % des DEAP, les projets de développement sont centrés sur le développement rural.

Vis-à-vis des autres parcs se présente la prise en compte de multiples secteurs (élevage porcin et avicole, culture de bananes, haricots, arachide, gingembre ; pisciculture et apiculture) et l’établissement de barrages. Toutefois, ces secteurs sont pris en compte pour un nombre restreint de communautés si sont considérés les 123 villages de la périphérie du parc et c’est l’approvisionnement des greniers communs villageois en riz qui est le plus usité (100 projets rien que pour ce poste sur 156 projets agricoles, l’établissement de barrages en deuxième position avec 8 projets).

Le deuxième poste important des projets dans leur globalité concerne les projets liés à l’enseignement avec pas moins de 30 projets de construction d’établissements scolaires. Dans les projets santé, les adductions d’eau sont majoritaires. Concernant les infrastructures liées au tourisme, ce sont les gîtes qui sont prééminents.

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Tableau n° 22 : Tableau synthétique des micro-projets 1994-2006 du parc national de Ranomafana

Nature des projets Nombre de projets Village concerné pourcentageProjets rurauxApprovisionnements des greniers en riz 100 100/30 R* 44.64 %Apiculture 5 5 2.22 %Pisciculture 5 5R 2 .22 %Riziculture 5 5 2.22 %Culture haricots 6 6/4R 2.67 %Culture arachide 1 1R 0.44 %Culture Gingembre 1 1 0.44 %Culture banane 1 1 0.44 %Elevage porcin 1 1R 0.44 %Elevage avicole 1 1R 0.44 %Tranobe 3 3 1.33 %Riz pluvial 1 1 0.44 %Aménagement de rizière 1 1 0.44 %Aménagement de terroir 1 1 0.44 %Collecte de produits locaux 2 2 0.89 %Centre d’approvisionnement 1 1 0.44 %Pirogue 3 3 1.33 %Barrage 8 8 3.57 %Aménagement de canal d’irrigation 2 2 0.89 %Etude barrage 1 5 0.44 %Drainage canal 2 2 0.89 %Digue 1 1R 0.44 %Couture 1 1R 0.44 %Réhabilitation piste routière 3 3 1.33 %Total 156 69.64 %

Projets EnseignementConstruction d’établissement scolaire 30 30/3R 13.39 %Réhabilitation d’établissement scolaire 8 8/2R 3.57 %Achat tôle pour EPP 1 1 0.44 %Bancs 1 1 0.44 %Bureau 1 1 0.44 %Total 41 18.30 %

Projets santéAdduction d’eau 9 9/9R 4 %Puits 9 3 4 %Hôpital 1 1 0.44 %Logement médecin 1 1 0.44 %Total 20 8.9 %

Projets Infrastructures tourismeCamping 1 1RGîte 6 6/2R 2.67 %Total 7 3.7 %

TOTAL 224 100 %(100/30R* :sur les 100 projets, 30 sont localisés sur le territoire communal de Ranomafana qui comprend plusieurs fokontany).

Source : B. Thomas, d’après les données de la Direction du Parc National de Ranomafana.

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Photo n° 13: Le projet réalisé des toilettes publiques de Ranomafana

Source : cliché personnel.

Toutefois, si l’on se réfère aux données financières des autres parcs pour réexaminer la situation des projets locaux et y effectuer une projection, les données que l’on peut retirer de la répartition des projets peuvent être différentes. Il devient impossible de mettre sur un même plan les projets très majoritaires d’approvisionnement en riz et les projets relatifs aux constructions d’établissements scolaires ou encore la construction du centre d’approvisionnement, de l’hôpital (qui est en fait un centre de soins à échelle réduite). Dans cette démarche, ce serait sans doute les postes financiers liés à la construction de bâtiments notamment scolaires qui deviendraient les plus importants en terme de répartition des moyens disponibles, donc centrés sur des projets non ruraux.

Photo n° 14: L’établissement d’enseignement secondaire de Ranomafana

Source : cliché personnel.

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De l’examen historique de ces projets transparaissent d’autres éléments, notamment dans les premiers projets avec dès 1994/1995 la tentative apparente de proposer de réelles alternatives de développement rural aux communautés, par des projets dans l’apiculture, la culture de haricots ou l’élevage de porcs ou volailles pour quelques villages, des projets qui ne réapparaissent qu’en 2000 et 2005.

Il en est de même de la construction de barrages en 1995 qui ne réapparaissent eux aussi qu’en 2005 et 2006 avec, entre ces dates, la systématisation apparente d’approvisionnement en riz. De fait le projet essentiel qui semble être la voie royale du développement rural dans ce territoire semble être l’approvisionnement en riz des GCV de l’essentiel des villages du territoire pour, selon les villageois, un usage commercial et spéculatif comme voie de développement. Le fait est que pour de nombreux villages ce mécanisme est réitéré ainsi qu’il apparaît dans les tableaux n° 25 à 27 selon le code couleur suivant dans le poste « approvisionnement en riz des greniers »:

- 5 approvisionnements pour un village, celui d’Ambohimiera,- 4 approvisionnements pour 5 villages,- 3 approvisionnements pour 11 villages, dont Ambadiovavy,- 2 approvisionnements pour 11 villages,- 1 approvisionnement pour 21 villages.

Une réitération qui implique par sa répétition que ce mécanisme des GCV ne fonctionne pas pour de nombreux villages. De même, de par sa répétition, n’est ce pas-là la reconnaissance implicite des gestionnaires locaux de l’impossibilité, pour certaines communautés rurales concernées, d’assurer leur autosubsistance sans la pratique du tavy pour des mises en culture de territoires supplémentaires et sans des prélèvements dans les forêts. Donc la nécessité, pour les décideurs locaux de la conservation, de les approvisionner en riz. Même si les villageois sont supposés, par l’intermédiaire des GCV, pouvoir retirer des revenus supplémentaires de mécanismes spéculatifs susmentionnés. Ils semblent mal maîtrisés et devancés, par le fait en ce qui concerne le village étudié, de simplement se servir dans le grenier mis en place. De même les alternatives autres que l’approvisionnement en riz des greniers n’apparaissent qu’en début et fin de la période considérée. En outre, pour certains villages où ces tentatives ont été faites (comme par exemple l’apiculture pour Ambatovaky, la culture de haricots pour Ambolavao, l’élevage de porcs pour Tsaramasoandro ou de volaille pour Ambatolahy) le fait que ces villages réapparaissent ponctuellement comme bénéficiaires d’approvisionnement en riz à la suite des alternatives mises en place en début de période. De même certaines communautés bénéficient d’un seul projet initial pour ne pas réapparaître comme bénéficiaire dans les projets postérieurs, supposées donc en cela avoir bénéficié d’un réel développement. Certaines autres, au maximum vont jusqu’à bénéficier de huit projets, tel Ambatovaky (cela apparaît dans le tableau par le nombre d’astérisques, ainsi Ambatolahy***** signifie que cette communauté a bénéficié de 6 micro-projets de développement). Sa mention dans les tableaux signifie qu’elle est destinataire a minima d’un projet, auquel se rajoute le nombre d’astérisques, donc d’autres projets).

Le fait est que les documents transmis par les directions des différents parcs l’ont été sous forme numérique, en raison du coût des impressions papiers pour les directions des parcs. Ils n’ont pu être examinés qu’à distance, donc sans qu’il soit possible d’approfondir les éléments retirés du tableau. De même les études prévues sur plusieurs sites ont impliqué la brièveté relative du temps d’enquête sur les sites concernés, des sites qui dans le domaine du développement local relatif à la fréquentation (éco)touristique mériteraient chacun des études spécifiques. La méthode susmentionnée de dépouillement des données des tableaux n° 23 à 25 n’a pas été utilisée pour les sites de l’Isalo et d’Ankarafantsika en raison des spécificités

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différentes des projets de ces parcs telles qu’elles apparaissent dans les tableaux concernés, des spécificités exemptes d’un projet similaire aussi important que celui, local, de l’approvisionnement des GCV.

Photo n° 15 : Les bâtiments de l’école primaire de Ranomafana et son parking

Source : cliché personnel.

Tableaux n° 23: Historique des micro-projets du parc national de Ranomafana.

année Titre/ Intitulé du Projet Rubrique Village du Projet1 Commune1994 Apiculture AGR Ambatovaky******* Androy1994 Apiculture AGR Andriamena Androy1994 Apiculture AGR Sahavondronana* Androy1994 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodivoangy* Kelilalina1994 Camping AGR Ambatolahy***** Ranomafana1994 Confection couture AGR Tsararano* Ranomafana1994 culture d'arachide AGR Ranomafana*** Ranomafana1994 Culture haricot AGR Ambalavao* Androy1994 Culture haricot AGR Ambatovaky******* Androy1994 Culture haricot AGR Ranomafana*** Ranomafana1994 Culture vivrière AGR Ambozontany** Morafeno1994 Elevage porc AGR Tsaramasoandro** Ranomafana1994 Elevage volailles AGR Ambatolahy***** Ranomafana

1994 Riz pluvial AGR Ambatovaky******* Androy

année Titre/ Intitulé du Projet Rubrique Village du Projet1 Commune1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambatovaky******* Androy1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodiaviavy** Ranomafana1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodivoangy* Kelilalina1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambohimiera****** Ambohimiera1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambozontany** Morafeno1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Amindrabe** Androy1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Antsiho Ambalakindresy

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1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Beremby Ranomafana1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Iambara Androy1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Manarinony* Tsaratanana1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Sahasomanga* Ambohimiera1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Toapinga* Morafeno1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Tsaramandroso** Ranomafana1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Tsinjorano Ambohimiera1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Vohimena Ambohimiera1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Vohiparara* Androy1995 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Volahotro**** Morafeno1995 Barrage infrastructure socio-économique Andavalava* Morafeno1995 Culture haricot AGR Ambatolahy***** Ranomafana1995 Culture haricot AGR Ampitavanana* Ranomafana1995 Culture haricot AGR Ranomafana*** Ranomafana1995 Elevage porc AGR Ambatovory Ranomafana1995 gîte Infrastructure sociale Bevoahazo* Ranomafana1995 Pisciculture AGR Torotosy** Ranomafana1995 réhabilitation Ecole infrastructure socioculturelle Ambohipo** Tsaratanana1995 réhabilitation Ecole infrastructure socioculturelle Vohitrarivo** Tsaratanana

1995 réhabilitation école / piste infrastructure socioculturelle Vatofotsy** Tsaratanana

année Titre/ Intitulé du Projet Rubrique Village du Projet1 Commune1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambatolahy***** Ranomafana1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambatovaky******* Androy1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodiaviavy** Ranomafana1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodivoangy Kelilalina1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambohimiera****** Ambohimiera1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambohipo** Tsaratanana1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Amindrabe** Androy1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ampitavanana* Ranomafana1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Andavalava* Morafeno1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Antsiho Ambalakindresy1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Beremby Ranomafana1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Bevoahazo* Ranomafana1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Fohabe Ranomafana1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Iambara Androy1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Manarinony* Tsaratanana1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Sahasomanga* Ambohimiera1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Toapinga* Morafeno1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Tsaramandroso** Ranomafana1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Tsinjorano Ambohimiera1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Vatofotsy** Tsaratanana1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Vohimena Ambohimiera1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Vohiparara* Androy1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Vohitrarivo** Tsaratanana1996 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Volahotro**** Morafeno

1996 Pisciculture AGR Torotosy** Ranomafana

année Titre/ Intitulé du Projet Rubrique Village du Projet1 Commune1997 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Menarano* Ranomafana1997 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ranomafana*** Ranomafana

1997 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Sahavoemba Ranomafana

année Titre/ Intitulé du Projet Rubrique Village du Projet1 Commune

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Page 137: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambalavao* Androy1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambatolahy***** Ranomafana

1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économiqueAmbinananindranofot

aka Ranomafana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodigoavy* Tsaratanana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambohimilanja Ambohimiera1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambohipo** Tsaratanana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambozontany** Morafeno1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Amindrabe** Androy1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ampitavanana* Ranomafana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Beremby Ranomafana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Bevoahazo* Ranomafana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Fohabe Ranomafana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Manarinony* Tsaratanana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Maromandia* Tsaratanana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Menarano* Ranomafana

1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économiqueNamorombe Ihaonana* Morafeno

1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Sahavoemba* Ranomafana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Toapinga* Morafeno1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Torotosy** Ranomafana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Vatofotsy** Tsaratanana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Vohitrarivo** Tsaratanana1999 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Volahotro**** Morafeno1999 Construction Ecole infrastructure socio-culturelle Ambatovaky******* Androy1999 Construction Ecole infrastructure socio-culturelle Amboditanimena Ambalakindresy

1999 Pisciculture AGR Tsaramandroso** Ranomafana

année Titre/ Intitulé du Projet Rubrique Village du Projet1 Commune2000 Adduction d'eau/3 infrastructure socio-sanitaire Ambatolahy***** Ranomafana2000 Adduction d'eau/2 infrastructure socio-sanitaire Ambodikimba* Ranomafana2000 Adduction d'eau/3 infrastructure socio-sanitaire Tanambao Ranomafana2000 Adduction d'eau infrastructure socio-sanitaire Torotosy** Ranomafana2000 Aménagement rizière AGR Sahavondronana* Androy2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambalamahasoa Ranomafana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambatolahy***** Ranomafana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambatovaky******* Androy2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodiamontana Ranomafana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodiaviavy** Ranomafana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodigoavy** Tsaratanana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodikimba* Ranomafana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodimanga/Mdia. Tsaratanana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambodiriana* Ranomafana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ambohipo** Tsaratanana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Amindrabe** Androy2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Ampasimpotsy** Ranomafana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Anjamba Androy2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Antaralava** Tsaratanana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Maromandia* Tsaratanana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Menarano* Ranomafana

2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économiqueNamorombeIhaonana

* Morafeno2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Sahavoemba* Ranomafana2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Toapinga* Morafeno2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Tsarahonenana Tsaratanana

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Page 138: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Tsararano* Ranomafana

2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économiqueVatomadio/volahotro**

** Morafeno2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Vohiparara* Androy2000 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Vohitrarivo1,2** Tsaratanana2000 Banc infrastructure socio-culturelle Androy Androy2000 Bureau fkt infrastructure administrative Vohiparara* Androy2000 confection pirogue/2 infrastructure socio-économique Ampasimpotsy**/Mno Ranomafana2000 Construction Ecole infrastructure socio-culturelle Ambodiaviavy** Ranomafana2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Ambalakindresy** Ambalakindresy

2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelleAmbodimanga**/vatof

. Tsaratanana2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Ambohipo** Tsaratanana2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Amindrabe** Androy2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Ampitavanana* Ranomafana2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Andambinana Ambalakindresy2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Antaralava** Tsaratanana2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Maromandia* Tsaratanana2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Miaranony Tsaratanana2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Sahavoemba* Ranomafana2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Toapinga* Morafeno2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Ambozontany** Morafeno2000 construction Ecole infrastructure socio-culturelle Volahotro**** Morafeno2000 Drainage (canal d'eau) infrastructure socio-économique Ambatovaky******* Androy

2000 Drainage (canal d'eau) infrastructure socio-économiqueNamorombe Ihaonana* Morafeno

2000 gîte Infrastructure sociale Volahotro**** Morafeno2000 gîte Infrastructure sociale Tsarahonenana* Tsaratanana2000 Hôpital infrastructure socio-sanitaire Vatofotsy** Tsaratanana2000 Logt medecin infrastructure socio-sanitaire Ambalakindresy** Ambalakindresy2000 Pisciculture AGR Ambodiriana* Ranomafana2000 Pisciculture AGR Bevoahazo* Ranomafana2000 Piste infrastructure socio-économique Ambodigoavy** Tsaratanana2000 Puits/6 infrastructure socio-sanitaire Ambatovaky******* Androy2000 réhabilitation Ecole infrastructure socio-culturelle Menarano* Ranomafana2000 réhabilitation Ecole infrastructure socio-culturelle Ranovao Ranomafana2000 réhabilitation Ecole infrastructure socio-culturelle Vohitrarivo** Tsaratanana

2000 Tranobe infrastructure sociale Ambohimila Tsaratanana

année Titre/ Intitulé du Projet Rubrique Village du Projet1 Commune2001 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Sahasomanga* Ambohimiera2001 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Vohimena Ambohimiera2001 barrage infrastructure socio-économique Sakavolo Ambohimiera2001 Construction Ecole infrastructure socio-culturelle Kianjanomby Ambohimiera2001 Construction Ecole infrastructure socio-culturelle Ambodivoangy* Kelilalina2001 Construction Ecole infrastructure socio-culturelle Ambodimanga** Tsaratanana2001 Construction Ecole infrastructure socio-culturelle ambinanindranofotaka Ranomafana2001 Construction Ecole infrastructure socio-culturelle Manarinony* Ambohimiera2001 Construction Ecole infrastructure socio-culturelle Ambalavao* Androy2001 gîte Infrastructure sociale Sahasomanga Ambohimiera2001 gîte Infrastructure sociale Ambohimiera****** Ambohimiera2001 Puits/3 infrastructure socio-sanitaire Kelilalina**** Kelilalina2001 Tranobe infrastructure sociale Ampozasaha Ambohimiera2001 Appro riz en grenier infrastructure socio-économique Mangevo Ranomafana2001 Tranobe infrastructure sociale Sahavanana* Ranomafana

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Page 139: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

2001 Tranobe infrastructure sociale Tsarakianja Ambohimiera

année Titre/ Intitulé du Projet Rubrique Village du Projet1 Commune2002 construction digue infrastructure sociale Ranomafana**** Ranomafana

2002 Construction Ecole infrastructure socio-culturelle Berahamaranitra Ambalakindresy

année Titre/ Intitulé du Projet Rubrique Village du Projet1 Commune

2003

Apport bénéficiaire rehabilitationpiste par FID Ambohimiera****** Ambohimiera

2003 Continuation gîte Ambohimiera****** Ambohimiera2003 Construction école Tsinjorano Ambhimeira2003 Construction gîte Coges Ranomafana**** Ranomafana

année Titre/ Intitulé du Projet Rubrique Village du Projet1 Commune

2004 Frais d’étude des barrages

Sahavanana*, Ambodiaviavy**,

vatofotsy**,Sahadremosa, Ambodirotra

Source : Direction du Parc National de Ranomafana.

Tableau n° 24: Information sur les microprojets 2005 (réalisation 2006) du territoire du parc national de Ranomafana

Intitulé Microprojet Bénéficiaires Montant Bailleur Désignation Fonkontany Ariary

Construction CEGCommune rurale Ambalakindresy Ambalakindresy** 14 659 000 PNM-ANGAP/PNR

Construction CEGCommune rurale Morafeno Morafeno 8 973 500 PNM-ANGAP/PNR

Construction EPPCommune rurale Morafeno Volahotro**** 3 659 064 PNM-ANGAP/PNR

Construction EPCCommune rurale Morafeno Volahotro**** 1 683 000 PNM-ANGAP/PNR

Construction CSB2Commune rurale Androy Androy* 7 276 000 PNM-ANGAP/PNR

Fambolem-baryGroupement villageois Androy* 6 930 000 PNM-ANGAP/PNR

Barrage d'irrigationGroupement villageois Ampasimpotsy** 8 618 133 PNM-ANGAP/PNR

Barrage d'irrigationGroupement villageois Ambatolahy***** 5 353 058 PNM-ANGAP/PNR

ApicultureGroupement villageois Kelilalina**** 4 317 500 PNM-ANGAP/PNR

Culture de gingembreGroupement villageois Kelilalina**** 2 000 000 PNM-ANGAP/PNR

Achat de pirogueCommune rurale Kelilalinana Kelilalina**** 1 799 800 PNM-ANGAP/PNR

Achat de tole pour EPP

Commune rurale Kelilalinana Kelilalina**** 4 383 500 PNM-ANGAP/PNRRéhabilitation piste

routière Commune rurale Tsaratanana Tsaratanana 14 254 560PNM-ANGAP/PNR

Aménagement de terroir Groupement villageois

Ambohimiera****** 895 920 PNM-ANGAP/PNR

Barrage d'irrigationGroupement villageois Mahatsiotsio 4 625 280 PNM-ANGAP/PNR

Collecte des produits locaux

Groupement villageois Mahatsiotsio 2 640 000 PNM-ANGAP/PNRCollecte des produits

locauxGroupement villageois

Ambohimiera****** 4 571 600 PNM-ANGAP/PNR

Barrage d'irrigation Groupement villageois Ambalahosy 1 354 100 PNM-ANGAP/PNR

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Page 140: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Source : Direction du Parc National de Ranomafana.

Tableau n° 25: Information sur les microprojets 2006 (réalisation 2007) du territoire du parc national de Ranomafana

Intitulé micro-projet Désignation Fonkontany Village BailleurConstruction

CEG( avec pv) Commune Kelilalina Kelilalina Kelilalina PNM-ANGAP/PNRConstruction EPP(avec

pv) FRAMBerahamaranitr

aBerahamaranitr

a PNM-ANGAP/PNRBarrage d'irrigation Association paysanne Sahanimaintso Sahanimaintso PNM-ANGAP/PNRAmenagement du canal d'irrigation Association paysanne

Ialatsara-Vohimari Ialatsara-Voh PNM-ANGAP/PNR

Barrage d'irrigation Association paysanne Analavo Analavo PNM-ANGAP/PNRAmenagement du canal d'irrigation Association paysanne

Andranovorisandra

Andranovorisandra PNM-ANGAP/PNR

Achat de pirogue CR Ambohimiera AmbohimieraAmbohimiera**

**** PNM-ANGAP/PNR

Grenier As paysanne TsimanavakaSahasomanga

naSahasomanga

na* PNM-ANGAP/PNRGrenier Association paysanne Antatatra Antatatra PNM-ANGAP/PNR

Grenier Association paysanne AmbohimieraAmbohimiera**

**** PNM-ANGAP/PNR

Riziculture Association paysanne Fitaratra AmbohimieraAmbohimiera**

**** PNM-ANGAP/PNR

Grenier Association paysanne Vonona AmbohimieraAmbohimiera**

**** PNM-ANGAP/PNR

Grenier Association paysanne Saropiaro AmbohimieraAmbohimiera**

**** PNM-ANGAP/PNR

Apiculture Association paysanne Miavotra AmbohimieraAmbohimiera**

***** PNM-ANGAP/PNRCentre d'appro (avec

pv) CR Ranomafana RanomafanaRanomafana***

* PNM-ANGAP/PNR

Culture de banane Association paysanne RanomafanaRanomafana***

* PNM-ANGAP/PNRRiziculture As paysanne Soamotambatra Amindrabe Amindrabe** PNM-ANGAP/PNR

Construction EPP FKT Ambatovaky-FRAM AmbatovakyAmbatovaky***

**** PNM-ANGAP/PNR

Riziculture Association paysanne ANDRY AmbatovakyAmbatovaky***

**** PNM-ANGAP/PNR

Grenier Association paysanne TAFITA AmbatovakyAmbatovaky***

*** PNM-ANGAP/PNR

Riziculture améliorée Association paysanne FMTA AmbatovakyAmbatovaky***

**** PNM-ANGAP/PNRRiziculture améliorée As paysanne Soafihavanana Ambendrana Ambendrana PNM-ANGAP/PNRRehabilitation école Ambodigoavy Ambodigoavy**Rehabilitation école Antaralava Antaralava**Réhabilitation pont Ambohipo** Ambohipo

Source : Direction du Parc National de Ranomafana.

Éléments de conclusion

Du fait de la période d’enquête pendant des fêtes religieuses, il a donc été complexe d’avoir des éléments concernant le tissu relationnel entre les acteurs de ce territoire autres que ceux concernant les rapports entre les communautés et la direction du parc et des entretiens auprès des guides, des villageois et quelques « notables ». Ces rapports semblent exclure toute mention à une quelconque participation de ces communautés dans les processus décisionnels relatifs à la gestion du territoire. L’étude locale s’est donc plutôt centrée sur les micro-projets de développement alternatifs aux pressions qui semblent faibles en termes de développement rural induit, bien qu’il y ait la mise en place d’infrastructures. Ces dernières sont liées à l’enseignement et la santé, relatives à la mise en place de toilettes publiques, d’adduction d’eau et

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Page 141: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

d’un établissement de santé. Ces bénéfices sont centralisés pour les adductions d’eau sur l’agglomération de Ranomafana ainsi que pour un établissement d’enseignement secondaire, logiquement puisque cette agglomération est la principale du territoire, donc relativement une centralisation normale. Pour d’autres projets récents de mise en place de barrage, après une longue période sans leur prise en compte et des projets de collecte, le fait semble encore trop récent pour juger de leurs résultats. Une interrogation émerge aussi concernant la diversité des projets élaborés initialement qui réapparaissent récemment et dont il aurait été nécessaire d’examiner l’évolution, notamment pour les communautés bénéficiaires d’un unique projet initial en début de période. De même l’intervention de bailleurs autre que l’ANGAP dans les micro-projets, des bailleurs non détaillés dans ces projets, rend difficile l’appréciation des externalités locales de la fréquentation touristique pour les communautés. Mais le fait est que l’approvisionnement en riz des greniers des villages qui ralentit voire stoppe en 2000 pour réapparaître très ponctuellement dans les projets plus récents peut traduire un changement des stratégies de développement de la direction locale. Un fait qui peut être aussi corrélé aux baisses de fréquentation touristiques de 2002, donc une baisse des moyens disponibles.

Malgré tout existent des propositions d’alternatives initiales et récentes, bien que le mécanisme des GCV semble plus que privilégié. Ce mécanisme semble ne pas fonctionner pour nombre de communautés, puisque réitéré plusieurs fois. Il peut aussi définir, comme mentionné, le fait que ces communautés n’arrivent pas à l’autosubsistance par la non pratique du tavy et le non-prélèvements des ressources naturelles. Toutefois, l’instauration du parc et des restrictions d’usage des ressources naturelles et du tavy ont influé sur quelques pratiques agricoles traditionnelles des communautés, puisque certaines se sont tournées vers la production de bananes, faisant de ce territoire le lieu d’une diffusion nationale de ce produit.

3.3/ Le Parc National d’Ankarafantsika

3.3.1/ Un parc de forêt dense sèche

Le parc national Ankarafantsika a été institué comme parc national N°15 le 07 août 2002 par le décret N°2002-798 avec une superficie totale de 130.026 ha. Ceci a impliqué le changement de statut des deux composantes : la réserve naturelle intégrale N°7 qui a été créée par décret du 31 décembre 1927 et reclassée par décret N°66-242 du 30 juin 1966 (d’une superficie de 60.000 ha dont l’objectif était de protéger la flore et la faune en interdisant toute exploitation) et la réserve forestière de 70.026 ha (avec la station forestière d’Ampijoroa de 4.970 Ha de superficie) qui a été créée par décret du 24 décembre 1929. Ce décret autorise plusieurs utilisations, exceptées l’agriculture et l’occupation humaine.

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Carte n° 17: Localisation du parc national d’Ankarafantsika

Υ

Υ

Υ

Υ

Υ

Υ

Υ

Υ

Υ Υ

Υ

Υ

Υ

Source : ANGAP.

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Page 143: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Le parc national d’Ankarafantsika est situé dans l’écorégion ouest du PlanGRAP. Il est caractérisé par un habitat constitué en majeur partie par une forêt dense sèche sur sol arénacé inférieur. Ce parc se trouve dans le faritany de Mahajanga et à cheval sur les fivondronana de Marovoay et Ambato-Boeni. Il est limité à l’est par la rivière de Mahajamba et à l'ouest par la Betsiboka. Il est catalogué d’une priorité niveau 1 pour la conservation, donc dans la catégorie biodiversité exceptionnelle.

La population de la zone périphérique est constituée principalement par des agriculteurs. Elle est estimée à 27 300 personnes de différents groupes ethniques, répartis dans 108 villages, hameaux et campements. 2 150 personnes qui habitaient le périmètre de l’aire protégée avant sa création en 1927 ont été délogées et regroupées dans 12 zones contrôlées hors du parc. Du fait de cette concentration humaine dans la plaine, il existe des pressions importantes sur les dernières ressources forestières, dans la zone nord-ouest du massif d’Ankarafantsika, telles que la demande croissante en produits forestiers et en bois d’énergie, voire de terres agricoles ou d’élevage. À chaque saison sèche, le parc est aussi exposé à de sévères incendies provoqués par les hommes.

Le terme « Ankarafantsika » est une transformation du nom « Garafantsy » qui signifie « montagne d’épineux ». Il vient de l’époque où ces forêts inspiraient la terreur et le mystère, du fait de la présence de Ravelobe, un patriote devenu bandit de grand chemin, qui attaquait tous les voyageurs. « Garafantsy » désigne aussi un homme rusé et effrayant.

Photo n° 16: Paysage du parc national d’Ankarafantsika

Source : google pictures.

Un réservoir d’eau pour la production intensive de riz

Le parc national d’Ankarafantsika joue un rôle majeur dans l’économie du pays et de la région. L’intérêt agricole de la région vient de l’inondation annuelle de la plaine de Marovoay, proche du delta par la Betsiboka en donnant aux sols leur fertilité. Le massif d’Ankarafantsika constitue le réservoir en eau alimentant la zone de production intensive de riz de Marovoay (38.000ha dont 16.000ha avec maîtrise de l’eau). Les rivières coulant d’Ankarafantsika entraînent des sédiments considérables qui sont retenus dans les marécages à raphia. C’est un

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Page 144: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

environnement qui garantit la protection des rizières de la plaine de Marovoay située en dessous de la réserve.

Le parc national Ankarafantsika possède une représentation des différents écosystèmes de l’écorégion ouest du réseau des parcs et réserves de Madagascar : forêt dense sèche caducifoliée, forêt de marécage, forêt ripicole, fourré xérophytique, savanes herbeuses, arbustives et arborés. C’est un massif forestier de formation sédimentaire avec des couches géologiques formées de calcaires, de grès, de sable et de marnes qui se sont déposées de façon monoclinale avec de faible pendage.

Dans l’écorégion ouest, le parc occupe 20 % de la superficie totale des aires protégées de l’écorégion. Pratiquement 50 % de la superficie totale de l’aire est un habitat naturel équivalent à 25 % de la superficie totale de l’habitat naturel des aires protégées de l’écorégion ouest. Il constitue un grand bloc forestier dont la diversité et l’endémicité sont très marquées. Le parc comprend plusieurs espèces localement endémiques. La répartition de certaines d’entre elles est limitée et cantonnée uniquement dans le massif forestier d’Ankarafantsika. Le climat est chaud et pluvieux caractérisé par un climat « écosec » de 8 mois (avril en novembre) alterné par une période humide et la pluviométrie annuelle moyenne s’élève jusqu’à 1.475 mm, la température moyenne est aux alentours de 24 – 29 ° C. Le plateau s’élève à environ 250 mètres au-dessus de la plaine déserte, avec un point culminant de près de 350 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les bords du plateau sont abrupts à l’est et au sud, formant des falaises à plusieurs endroits, alors que les pentes sont plus douces au nord et à l’ouest.

Des forêts différenciées

On distingue au sein du parc six écosystèmes qui constituent les habitats de différentes espèces, à savoir :

- la forêt dense sèche sur sable - la forêt de marécage- la forêt ripicole- les fourrés xérophytiques- la savane- les lacs permanents

Ils abritent une flore riche et diversifiée. 823 espèces ont été inventoriées avec un taux d’endémicité important allant de 82 % pour les plantes herbacées à 92 % pour les plantes ligneuses. La région d’Ankarafantsika est connue pour abriter plus de 129 espèces d’oiseaux, dont 75 sont endémiques avec de même une forte endémicité pour les autres espèces83.

Des zones spécifiques83 N.B. 8 espèces de lémuriens ont été observées jusqu’à maintenant :

- une espèce diurne : Propithecus verreauxi coquereli- deux espèces mixtes : Eulemur mongoz, Eulemur fulvus fulvus,-cinq espèces typiquement nocturnes : Microcebus murinus, Microcebus ravelobensis, Cheirogaleus

medius, Avahi occidentalis et Lepilemur edwardsi.On retrouve au sein des lacs et rivières des espèces spécifiques rares au niveau mondial telles que les tortues

d'eau douce : Erymnochelys madagascariensis, crocodile : Crocodilus niloticus, poissons : Paretroplus maculatus, Paretroplus kieneri, Paretroplus sp., Pachypanchax sp., Spratellomorpha bianalis, Paratilapia polleni , oiseaux d'eau rares : Pygargue de Madagascar : Haliaeetus vociferoides, Héron de Humblote : Ardea humbloti, Héron crabier blanc : Ardea idae.

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Le zonage de l’AP a été déterminé à partir des éléments présents dans l’AP :

- les habitats : modifiés parfois à partir de la considération de la répartition de certaines espèces prioritaires,- les occupations et utilisations humaines : ZOC et ZUC,- les menaces et impacts,- l’écotourisme et autres zones d’activités.

Carte n° 18: Le zonage du parc national d’Ankarafantsika

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Source : ANGAP.

3.3.2/ Une biodiversité exceptionnelle menacée

Catalogué d’une priorité niveau 1 pour la conservation (biodiversité exceptionnelle), le parc a subi une divergence de pression anthropique avec un niveau de menace supérieur. Il est géré principalement dans le but de protéger et de conserver les flores et faunes originelles, en voulant prendre en compte la fréquentation touristique et « les us et cultures des communautés locales et leur développement socioéconomique en général ». Le parc est soumis à de fortes

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pressions causées par la production de charbon de bois, l’agriculture sur brûlis, l’exploitation forestière, l’expansion de pâturage, la chasse et la collecte de produits forestiers. La déforestation et le manque de politiques de gestion ont eu pour résultat la dégradation du sol, de l’eau, de la couverture végétale et de la diversité biologique du parc. Les sols sableux, exposés aux fréquents incendies et au défrichement pour l’agriculture et l’élevage, sont sujets à l’érosion et la perte d’éléments nutritifs causés par les fortes pluies dans la région. La quantité de sédiments charriés dans les rivières et les deltas en aval a augmenté au cours des dernières années, à cause de l’érosion du sol et les forêts et les marécages à raphia disparaissent rapidement. De la même façon la coupe affecte les populations de plusieurs espèces d’arbres et détruit l’habitat d’une grande variété d’animaux.

Des espèces en danger

Les pressions causées par la chasse se sont accrues car les tabous traditionnels (fady) sur la chasse aux lémuriens ne sont généralement pas respectés par les nouveaux migrants dans la région. Dans les dernières décennies a émergé une importante migration vers les riches plaines rizicoles du nord-ouest malgache et du fait de l’amoindrissement des terres agricoles disponibles, certains migrants ont fait subir de fortes pressions sur les écosystèmes du plateau d’Ankarafantsika, par le défrichement pour l’agriculture et l’élevage bovin, la collecte de bois de construction et de chauffe, la production de charbon et le défrichement des marécages à raphia. Le raphia est une ressource de valeur pour la population locale car il fournit la matière première des toitures, de la vannerie et autres objets artisanaux.

Ainsi 8 groupements de cibles parmi les 31 cibles prioritaires ont été retenus comme cibles prioritaires de conservation :

- la forêt dense sèche sur sable,

- la forêt de marécage,

- la forêt ripicole,

- les lacs permanents,

- les oiseaux menacés (Haliaeetus vociferoides, Xenopirostris damii),

-les poissons rares et menacés (Paretroplus maculatus, Paretroplus sp/Ank, Spratellomorpha bianalis, Paretroplus kieneri),

- les lémuriens menacés (Propithecus verreauxi coquereli, Eulemur mongoz),

- la tortue Erymnochelys madagascariensis.

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Tableau n° 26: Conditions souhaitées pour la conservation des cibles prioritaires au parc national d’Ankarafantsika

Cibles de conservation Menaces prioritaires Conditions actuelles Conditions souhaitées

1/ Forêt dense sèche sur sable - feu de brousse- défrichement- exploitation des bois précieux- carbonisation- introduction de zébus dans le parc- collecte de massiba- installation humaine

- surface discontinue à cause des feux de brousse et des défrichements- dégradation par l’extraction des bois précieux

- forêt primaire restante maintenue intacte dans 5 ans- défrichement éliminé- Augmentation de la superficie actuelle de 5 % (restauration des espèces autochtones)

2/ Forêt ripicole - feu de brousse- défrichement- exploitation des bois précieux- carbonisation- installation humaine

- surface diminuée à cause des feux de brousse et des défrichements- cible presque isolée à cause de la forte pression (défrichement)

- forêt restante maintenue intacte- défrichement éliminé- feux de brousse maîtrisés

3/ Forêt de marécage - transformation des zones raphières en rizière / exploitation irrationnelle des raphières

- Diminution de la surface à cause de l’exploitation irrationnelle des raphières et des défrichements

- forêt restante maintenue intacte- défrichement éliminé- Augmentation de la superficie actuelle de 1% (restauration)

4/ Lacs permanents - feu de brousse entraînant l’ensablement

-Capacité du lac réduite à cause du défrichement de la végétation aux alentours du lac- diminution du niveau de l’eau à cause des tarissements des sources

- capacité du lac maintenue- ensablement réduit

5/ Lémuriens ((Eulemur mongoz, Propithecus verreauxi coquereli)

- feu de brousse- défrichement- chasse

- chasse trop élevée- habitat perturbé par les feux de brousse et le défrichement

- chasse maîtrisée- habitat maintenu dans son état actuel- accroissement du nombre de la population à 5 %

6/ Erymnochelys madagascariensis

- pêche - pêche trop élevée- habitat perturbé

- pêche maîtrisée- habitat maintenu dans son état actuel

7/ Oiseaux (Haliaeetus vociferoides, Xenopirostris damii)

- feu de brousse- défrichement

- Habitat perturbé - Habitat maintenu dans son état actuel - Accroissement du nombre de la population en fonction de la capacité de charge de son habitat

8/ Poissons (Paretroplus maculatus, Paretroplus sp/Ank, Spratellomorpha bianalis, Paretroplus kieneri)

- pêche au filet - Habitat dérangé- Pêche au filet trop élevée

- Habitat maintenu dans son état actuel - Pêche au filet maîtrisée

Source : ANGAP.

La stratégie d’encadrement des communautés pour la protection des écosystèmes

Localement, du fait de l’écosystème et des pressions spécifiques, la direction du parc a une stratégie encore différente des parcs de l’Isalo et de Ranomafana. La stratégie est très axée sur les risques de feu, elle se décline selon les axes suivants :

- l’adoption d’attitudes favorables à la conservation (éducation – information – sensibilisation) en organisant des séances de sensibilisation avec les villageois et en organisant et réalisant des séances d’information (radio, affiches, réunions) sur le parc,

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- le contrôle et la surveillance du parc, en mettant en place les infrastructures de surveillance et en faisant participer les villageois aux activités de contrôle et surveillance, en améliorant la collaboration avec les autorités compétentes (Eaux et Forêts, militaires, gendarmerie), en supprimant les menaces et en priorisant les zones de surveillance, en effectuant des survols,- le renforcement de l’éducation environnementale au niveau des éleveurs sur la gestion de feu en organisant des séances de sensibilisation avec les éleveurs et en faisant participer les villageois aux activités de contrôle et surveillance,- la vulgarisation des lois et textes sur les aires protégées en établissant des accords avec les autorités compétentes pour les activités de police (Eaux et Forêts, militaires, gendarmerie),- la mise en œuvre du plan de gestion du feu en mettant en place les infrastructures de conservation (surveillance, protection, information ) et en faisant participer les villageois aux activités de lutte contre le feu,- la restauration des habitats en réalisant des essais de comportement des espèces en pépinière et en mettant en œuvre la restauration,- la conduite d’activités de lutte anti-érosive appropriées dans les zones à érosion extrême en réalisant des études de faisabilité de lutte anti-érosive dans les zones à érosion extrême et en mettant en œuvre des mesures mécaniques de lutte contre l’érosion,- l’appui aux associations dans la mise en œuvre des activités de développement de type agricole et en mettant en œuvre les activités de développement,- la délimitation du parc en matérialisant et en entretenant les limites du parc,- le contrôle des occupants illicites en empêchant toute nouvelle occupation non-autorisée et en transférant les illicites vers les parcelles d’accueil.

Ces axes ont un volet de formation environnementale très important. Ils font intervenir les communautés dans la conservation du territoire, voire sa restauration. Ainsi les villageois sont perçus comme vertueux vis-à-vis de la conservation, puisque sollicitables pour des activités de contrôle et de surveillance. La composante de développement local est similaire en ce qui concerne son positionnement à ce qui se retrouve dans le parc national de l’Isalo, dans les derniers rangs des stratégies à adopter. Globalement la stratégie locale de conservation est une stratégie d’encadrement des communautés qui fait intervenir les forces publiques et militaires pour la surveillance du parc et les communautés pour la mise en œuvre du plan de gestion du feu.

3.3.3/ Un site écotouristique

A la différence des parcs de l’Isalo et de Ranomafana, ne serait-ce qu’en termes de fréquentation et bien qu’il n’y ait pas de stratégie d’ensemble de développement de l’écotourisme le parc a fait l’objet d’un codéveloppement par l’intervention dans sa gestion, essentiellement en termes financiers de KFW84.

84 KFW est la banque de développement allemande par l’intermédiaire de laquelle intervient le gouvernement fédéral allemand. Elle est aussi partie prenante du financement de la fondation pour les aires protégées, par l’intermédiaire de conventions d’annulation de dettes signée entre les gouvernements malagasy et allemand. Le produit de l’annulation de ces dettes doit être reversé chaque année par le Trésor Public dans le compte de la fondation.

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Photo n° 17: La maison d’accueil du parc national d’Ankarafantsika

Source : cliché personnel.

Ce bailleur au niveau local a initié et financé à 100 % la construction d’une structure d’hébergement, par des bungalows, des emplacements de camping et une structure de restauration, l’ensemble sur le site même de l’entrée du parc et de la maison d’accueil de l’ANGAP. Ceci a été réalisé pour développer la fréquentation du parc qui avant sa mise en place était une station forestière, donc sans infrastructures d'accueil. Le financement est à 100 % de KFW, pour un restaurant inauguré en 2005 et des bungalows encore plus récents.

Photo n° 18: Un des bungalows de l’ecolodge du parc national d’Ankarafantsika

Source : cliché personnel.

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Photo n° 19: Les emplacements de camping du site écotouristique du parc national d’Ankarafantsika

Source : cliché personnel.

La direction du parc doit transférer la gestion de ces infrastructures à des opérateurs privés, conformément aux volontés du bailleur KFW. Une étude de faisabilité en a défini le potentiel de rentabilité. Pour cette concession, l’ANGAP est en attente du feu vert de KFW. Dans ce processus, les investisseurs privés locaux ont été sollicités, sans résultats du fait de leur absence de moyens. Il y a une mise en concession marginale par le fait que c’est l'association des femmes du village qui gère le restaurant avec la venue, par le biais de la direction du parc, d’un intervenant de Mahajunga pour les former à cette gestion. Actuellement et malgré la fréquentation touristique, l'entretien de cette structure comme la structure d’hébergement reste à la charge de l'ANGAP.

Photo n° 20: Le restaurant du site écotouristique du parc national d’Ankarafantsika

Source : cliché personnel.

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En termes de fréquentation, le parc qui se situe sur l’axe routier Tananarive-Mahajanga est en 6ème position en 2006 pour la fréquentation des aires protégées du réseau de l’ANGAP, donc une fréquentation bien inférieure à celle des deux parcs précédents, mais en hausse malgré tout, avec une augmentation visée grâce à la mise en place de la structure d’hébergement.

Graphique n° 20: Evolution de la fréquentation du parc national d’Ankarafantsika (d’après les données de l’ANGAP)

0100020003000400050006000700080009000

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Fréquentation duparcd'Ankarafantsika

Une fréquentation moyenne pour les 4 circuits touristiques et les deux jardins botaniques du parc que font visiter les 14 guides du parc dont 3 sont salariés de l’ANGAP. Les 11 guides indépendants restants se sont regroupés en association, sur ces 14 guides, 5 sont issus de la population locale, 9 venants plus ou moins de la région d’Antananarivo. La raison en est que les locaux préfèrent travailler dans l'agriculture.

Tableau n° 27: Taux de fréquentation touristique dans le parc national d’Ankarafantsika (d’après les données de l’ANGAP)

Année 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Nombre de visiteurs

2 404 4 617 1 440 6 252 8 095 5 951 6 393

Hormis un site de camping à Ambodimanga, la structure d’hébergement du parc est la seule du territoire. Le parc est appelé à devenir, selon le discours de la direction du parc, un pôle de développement pour cette région rurale, rejoignant en cela les autres parcs étudiés. Ces territoires ont été initialement choisis, lors de la création du réseau des aires protégées, pour leur faible taux d’occupation humaine, en dehors du fait de recenser des écosystèmes représentatifs. C’est le facteur explicatif du rôle que ces territoires jouent localement. Un même problème d’employabilité des populations, par leur manque de formation, s’y retrouve, outre le fait que le parc avec sa fréquentation moyenne et l’absence de structures d’accueil autre que celle du parc ne représente pas en termes d’emplois un poids local important. Le parc a quarante salariés, auxquels s’ajoutent les 11 guides indépendants et les quelques personnes dédiées au

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fonctionnement de l’ecolodge, la population féminine locale trouvant marginalement à s’employer par le biais de l’association des femmes d’Andranofasika gérant le restaurant. Les externalités de la fréquentation touristique sont donc moins importantes que celles du parc de Ranomafana et de l’Isalo, essentiellement par l’approvisionnement de la structure de restauration et un artisanat local basé sur le raphia. On retrouve cet artisanat, hormis dans le village et ses quelques échoppes, dans les boutiques des sites touristiques au niveau régional et national. C’est donc un faible bassin d’emplois, sa vocation écotouristique est renforcée par la présence de nombreuses espèces d’oiseaux et des observatoires installés pour les ornithologues amateurs de passage.

Le site écotouristique mis en place centralise donc le site d’hébergement, de restauration et la maison d’accueil du parc. Il est aussi le point de départ des excursions et induit qu’il soit un site de fixation pour les populations touristiques d’une importance relative. Une fréquentation dont les externalités marginales bénéficient aux populations en cas de fréquentations des hotely locales. La stratégie locale de développement de l’écotourisme du fait de KFW est liée à la mise en place de la structure d’accueil (qui a nécessité dans sa construction une main d’œuvre locale) et à la communication marketing inhérente. La structure d’accueil est trop récente pour que des éléments d’autofinancement pour la gestion de la conservation locale s’en dégagent, KFW étant toujours partie prenante dans les frais de gestion du parc

3.3.4/ Des relations conflictuelles et des incendies volontaires

Le parc national d’Ankarafantsika est spécifique dans son fonctionnement du fait de la participation, dans sa gestion et surtout ses moyens, du bailleur allemand KFW. Ce bailleur a financé, outre les structures d’accueil, le parc informatique, les véhicules et 50 % de leur carburant au quotidien, ainsi que le salaire des 40 salariés du parc. Ce financement est en régression progressive d'une année sur l'autre, l'objectif d'un financement à 100 % sur les ressources du parc est visé, pour à terme assurer les charges de personnel avec la part des droits d'entrée du parc revenant à l’ANGAP. En ce qui concerne les communautés concernées par le parc, soit 13 communes en périphérie, avec le village principal qui comprend cinq fokontany, l’ANGAP met localement en relation des associations de développement local avec des projets pour le développement rural, soutenus par le Ministère de l'Agriculture et la Banque Mondiale. Ainsi l’ANGAP par l’intermédiaire de la direction du parc joue le rôle de coordinateur entre les villages et les bailleurs pour ces projets.

Un des facteurs définissant les relations du parc avec les populations locales a été le déplacement de population de l’intérieur du parc. En 2000, une consultation régionale à Mahajunga a été effectuée, ainsi que le recours à l'ensemble des autorités pour une prise de résolutions (quasiment un texte législatif ) afin que les militaires puissent procéder à des déplacements forcés de certains habitants historiques. Cependant, depuis peu la direction du parc accepte que les personnes habitant dans le périmètre du parc depuis un certain temps puissent rester. Les autres installées plus récemment doivent se déplacer hors du parc. Cela aboutit à des mécontentements et des incendies volontaires par vengeance, comme cela a eu lieu en 2006 à une échelle importante comparativement aux feux « habituels ». Ce sont ces risques de feu qui définissent la pression principale sur le parc, essentiellement pendant la période d’août en septembre et pour lesquels des ateliers sont suivis, pour identifier une stratégie de lutte contre cette menace. Outre cette dernière et malgré les ZUC autour des villages, pour une exploitation non dommageable des ressources naturelles, se retrouve sur ce territoire la pratique classique du tavy, mais sur de petites superficies. Les pressions villageoises viennent plus de coupes de bois,

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de coupes illicites de bois précieux et de collecte de tubercules pour lesquelles les villageois peuvent déplacer jusqu'à 1 m3 cube de terre. Les communautés pratiquent aussi des pêches illégales dans le lac principal du parc, des problèmes d'intrusion et de pêche qui entraînent une diminution de la nourriture disponible pour les crocodiles, « ce qui rend ces derniers agressifs85 » aux dires du directeur du parc par intérim, M. Razafindralaisa. Le contrôle du territoire s’effectue par l’intermédiaire de 12 bases, comprenant chacune deux agents.

Comme dans les autres parcs étudiés, la stratégie adoptée par la direction du parc sous-tend l’essentiel des relations entre les différents acteurs du territoire. Il a fait l’objet d’un plan de gestion de développement conforme à la politique de l’État, donc au Plan Communal de Développement (PCD). À partir de 2003, la direction du parc a entamé le processus de mise en place d’un Comité de Base ( COBA), dans la perspective de créer la base institutionnelle pour la distribution des Prix d’Entrée dans les Aires Protégées ( PRDEAP). C’est en 2004 qu’a été créé le Comité de Soutien aux Aires Protégées dans le Parc National Ankarafantsika (COSAP) qui comprend 30 personnes86.

Dans le fonctionnement du territoire et les interactions entre les acteurs du parc, se présentent de nombreuses difficultés concernant les stratégies de conservation et de développement local. Ceci du fait de certains facteurs, tels le problème pour les villageois partenaires du parc d’arriver à identifier ensemble leurs besoins concernant le développement local. En raison notamment de la grande envergure de la zone d’intervention, les CODEAP n’arrivent pas à synthétiser, à définir les projets nécessaires. De même les techniciens du parc ou les membres du COSAP rencontrent des difficultés pour établir les devis des projets. Une des spécificités locales est la décision du COSAP, correspondant au désir qu’ont les villageois de gérer « leur argent » concernant leur part des DEAP, d'ouvrir des comptes bancaires pour les communautés. La direction du parc, en accord avec ce mécanisme récent, leur rétrocède les sommes concernées. Ce mécanisme est utilisé à l’encontre de ce qui a été défini lors de la création de l’ANGAP, donc le passage par des micro-projets de développement pour les 50 % revenant aux communautés. Les sommes sont réparties entre les 15 fokontany des cinq communes concernées par le parc, pour jusqu’à présent, l'achat de marmites, vélos ou groupes électrogènes. Ce système de versement direct des fonds aux communes concernées entraîne des 85 Entretien B. Thomas, 21.05.07, Parc National d’Ankarafantsika,Mr Razafindralaisa de la Direction Interrégionale, Directeur par intérim du Parc.

86 Il comprend les représentants des sociétés civiles en milieu rural :

- Pour 13 CODEAP dans les 13 communes en collaboration avec le PNAKF.

Des représentants des élus et des Autorités administratives de la collectivité décentralisée :

- 3 services publics déconcentrés : Eaux et forêts des deux Districts de Marovoay et Ambato- Boeni, Service de l’Agriculture du District de Marovoay,

- Association des Maires ( FIBEMA) : représentée par 7 Maires à chaque réunion,(avant la création du COSAP, il existait déjà une certaine dynamique par la création d’une association des

maires des communes en périphérie du PNAKF (Parc National d ‘Ankarafantsika). Cette association nommée Fikambanan’ny Ben’ny Tanana Miaro an’Ankarafantsika ( FIBEMA), qui avait pour objectif de contribuer à la protection du PNAKF et au développement de la zone périphérique).

- Deux Chefs de Districts d’Ambato-Boeni et de Marovoay,- Deux représentants du PNAKF.

Les Organisations Non Gouvernementales locales et les Projets, avec un représentant par organisation. - 3 ONG : SEECALINE à Mahajanga , PLAE à Marovoay , et SAF/FJKM à Marovoay

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conflits entre certaines communautés, puisqu’une partie seulement de la circonscription est touchée par le parc. Dans cette procédure le fait que les associations bénéficiaires des micro-projets n’aient pas de statut légal ou de compte bancaire, ce qui est nécessaire pour les transferts de fonds, complique le processus, par le recours au compte de la commune ou à des comptes individuels. L’ANGAP outre cette décision locale de rétrocession continue à développer des micro-projets.

Le maire du village d’Andranofasika, J. Ramamonjaiarison, (le village principal de la zone) est le président du COSAP et préside aux réunions avec les villages pour définir leurs besoins. Les demandes des villageois et de chaque village sont prises en considération par les CODEAP (comité des droits d'entrée du parc, un par commune) et transmises au COSAP qui ne connaît aucun des éléments financiers ou de fréquentation du parc.

Les demandes sont estimées par le président du COSAP à 80 % réalisées, même si dans les micro-projets élaborés l’ANGAP n’effectue parfois pas de consultations. Ainsi ce dernier cite l’exemple de puits et de pompes réalisés pour la population : « C’est l’ANGAP qui a pris la responsabilité de faire des puits et des pompes, mais cela ne marche pas et ils ont abandonné…Ils ont aussi creusé deux puits mais le forage n'a pas marché et les puits n’ont pas d’eau87 ». En effet dans le village d'Ankarafantsika, deux puits ont été creusés par l’ANGAP mais sans atteindre la nappe phréatique et sont inutilisables. Parallèlement quatre puits ont été creusés par F. J. K. M (l’organisation chrétienne protestante à laquelle est liée au président malgache) ainsi que 12 puits creusés grâce à des fonds américains, des puits utilisables.

Photo n° 21: Un des puits à sec de l’ANGAP à Andranofasika

Source : cliché personnel.

87 Entretien B. Thomas, 20.05.07, Andranofasika, J. Ramamonjaiarison, maire du village d’Andranofasika et directeur du COSAP.

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Photo n° 22: Un des puits de FJKM à Andranofasika

Source : cliché personnel.

Photo n° 23: Un des puits « américain » à Andranofasika

Source : cliché personnel.

Toutefois, les relations entre les populations et la direction du parc connaissent des épisodes conflictuels puisque pour le maire : « En général les villageois sont contents mais des fois l’ANGAP fait des promesses qu'il ne tient pas ». Ainsi est cité l’exemple de 2004, où, pour un feu de brousse qui a ravagé plus de 50 ha dans le parc, ce dernier a mobilisé les villageois pour l’éteindre. Suite à cela, le président du COSAP mentionne que le directeur du parc satisfait : « a promis la construction d'un dortoir pour les étrangers au village ainsi qu'une salle pour le tennis de table mais jusqu'à présent cela n'a pas réalisé88 ». Il apparaît aussi que dans l’opinion 88 88 89 90 Entretien B. Thomas, 20.05.07, Andranofasika, J. Ramamonjaiarison, maire du village d’Andranofasika et directeur du COSAP.

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du président, cela après un certain temps, pour des paroles se faisant pratiquement comme confidences, que les membres du COSAP pensent tous que l’ANGAP veut les diriger : « il semble que les questions financières ne sont pas claires….. Il faudrait avoir des éléments mais ceux-ci sont donnés après et on ne sait pas détailler les frais des documents fournis. Par exemple en fait ce qui n'est pas clair c’est que tous les fokontany ont des comptes à la banque BOA et c’est l’ANGAP qui distribue la part des villageois (les 50% des droits d’entrée) et verse l'argent sur ces comptes, mais sur cinq fokontany, trois ont reçu l'argent, deux non (les fokontany de Ambalakisiny et Bemailaka). C’est le travail du COSAP de suivre l'argent des cinq villages. Si le COSAP demande des explications à l’ANGAP aucune explication ne lui est fournie89… ».

En fait d’après le président du COSAP il y a un désaccord entre lui et la direction du parc qui semble passer : « par-dessus lui90 » dans ses prises de décision, sauf en cas de feu de brousse où ils le sollicitent. Ce désaccord est apparu suite à la construction de la maison des fokontany, pour laquelle la commune a pris le relais de l’ANGAP qui n’a versé que 400 000Ar en 2005. Ce bâtiment était initialement le projet du COSAP et l’ANGAP devait en financer la totalité, ce qu'elle n'a pas fait. Ainsi le maire, malgré son rôle de président du COSAP, n’est souvent pas informé des réunions du COSAP demandé par la direction du parc, elle préfère solliciter le vice-président habitant à 47 km de là, dans le village de Marovoay, pour organiser ces réunions, en écartant M. Ramamonjaiarison qui se déclare : « trop au courant91… ».

On retrouve le même mécontentement dans le discours informel des guides qui doivent reverser 30 % du tarif des visites guidées, donc de leurs rémunérations, à la direction du parc, pour l'entretien des sentiers et la participation à la conservation des aires protégées. Ce qui ne les satisfait pas dans la mesure de leurs faibles revenus, malgré un entretien dont ils comprennent leur participation, mais la trouvent trop élevée. Comme pour le parc de Ranomafana, des formations sont organisées en saison haute (et aussi basse), des formations qu’ils préfèrent quitter pour travailler si des clients se présentent. Les guides sont aussi très demandeurs de visites d'échanges avec les autres parcs , mais jusqu'à présent, cela n’a concerné que les guides salariés. Ces éléments sont donnés selon un discours mesuré envers les touristes mais différemment auprès de l’interprète à qui un guide mentionne le mécontentement des villageois : « Les villageois ne sont pas contents, il y a une dictature de l’ANGAP, les villageois ont peur de l’ANGAP92. » et les feux criminels par vengeance, notamment suite aux expropriations puisque ce même guide déclare : « Il y a eu des expropriations de villageois du Parc qui pour se venger ont mis le feu et 8000 hectares ont été brûlés93 » (50 ha dans le discours du directeur du parc).

Localement, à nouveau, le discours est différent. Dans le village d’Ambikakely qui est un des 15 fokontany devant percevoir des fonds du parc, les villageois, le président de la ZUC, J. Sambany et le chef du village F. Rabemanana sont mécontents du fait de leur travail à l'entretien des pare-feu. Ils ont fait des demandes en contrepartie de ce travail et ont obtenu 6 charrues et 6 herses en mars, cela correspondant à une de leurs demandes.

89

90

91

92 92 Entretien C. Andriamitaritsoa, Interprète, 21.05.07, Parc National d’Ankarafantsika, un guide du parc.93

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Photo n° 24: Le village d’Ambikakely

Source : cliché personnel.

Leur part des revenus du parc, d’après leurs dires s'élève à 220 000 ariary et c'est la première fois qu'ils touchent de l'argent depuis que le parc existe. Ils voudraient essentiellement, de la part de la direction du parc, la construction d'un puits puisque les villageois déclarent : « En janvier il y a beaucoup de crocodiles là où on va chercher l'eau94 …». Un puits pour la construction duquel la direction du parc leur a déclaré, selon le chef du village F. Rabemanana : « qu’il fallait aller retirer l'argent à la banque pour cette construction. Mais nous n’avons pas le droit de retirer de l'argent de la banque, si nous n’avons pas un projet, le banquier ne nous donne pas l'argent95… ». De même, il existe à proximité de leur village une surface sans forêt qu’ils voudraient pour une mise en cultures, mais la direction du parc ne veut pas leur concéder alors que M. Rabemanana rapporte qu’« il y a eu déjà des gens qui ont planté là-bas, c'était un projet du temps du président Ratsiraka… ».

Dans leur vie au quotidien, c’est le travail dans les pare-feu qui est le plus difficile pour les villageois : « Le travail est très, très dur dans les pare-feu96 ».40 hommes y travaillent, en fait tous les hommes de plus de 18 ans du village, tous les mardis matins de huit heures à douze heures, pour l’entretien et le débroussaillage d'une bande de sable large de 25 m et longue de 7 kilomètres. Ils disent avoir peur de l’ANGAP et être obligés d'y aller par peur d'être expulsé de leur village97 : « ils ont dit, si vous voulez pas travailler, vous habitez pas ici ! et L’ANGAP ne nous donne même pas à manger quand on va travailler dans les pare-feu98… ».

94 Entretien B. Thomas, 21.05.07, village d’Ambikakely, villageois.95 Entretien B. Thomas, 21.05.07, village d’Ambikakely, F. Rabemanana : chef du village, J. Sambany : président de la ZUC.96 97 Entretien B. Thomas, 21.05.07, village d’Ambikakely, villageois97 Le rapport du 4ème trimestre 2006 de l’ANGAP, p15, definit que les travaux d’ouverture de pare-feux sont effectués en collaboration étroite avec la population riveraine.

98

15

Page 158: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Photo N° 25: Les charrues et herses attribuées par la direction du parc au village d’Ambikakely

Source : cliché personnel.

Une procédure de la direction est identique, selon les paroles villageoises, en ce qui concerne le raphia. Ils ne peuvent pas le prélever dans le parc s'ils ne travaillent pas aux pare-feu et s’ils ne déposent pas les papiers et documents nécessaire pour être autorisé à exploiter cette ressource naturelle, avec, outre cela, un versement obligatoire à l’administration du parc de 80 000 ariary par an pour exploiter cette plante.

Photo n° 26: Des villageois d’Ambikakely.

Source : cliché personnel.

Ces paroles de mécontentement sont encore différentes de la part des femmes du village. En effet dans le temps des questions aux villageois, dans des discussions informelles entre le chauffeur à l’écart et ces femmes, le discours est que : « le président du fokontany n’ose pas dire la vérité, nous n’avons pas d'argent sur notre compte. L’ANGAP a dit que s’il y a quelqu'un qui

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Page 159: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

passe, un étranger ou autre, vous avez intérêt à mentir sinon on vous expulsera de cet endroit ! (des journalistes sont passés récemment dans le village pour poser des questions) Nous ne savons rien de l'argent et des montants et nous n’avons toujours pas de puits malgré nos demandes…L'entretien des pare feux c'est comme les travaux forcés !99 ».

3.3.5/ Les alternatives aux pressions

On retrouve la même spécificité d’intervention de KFW dans la mise en place des micro-projets de développement puisque c’est cette structure qui finance ceux-ci jusqu’en 2005, année à laquelle apparaît le financement des projets sur les fonds issus des DEAP. Le village d’Ambikakely apparaît comme bénéficiaire d’un micro-projet de développement en 2006, par l’attribution de 6 charrues et 5 herses, dans une vague d’attribution de ces mêmes matériels, comparable à celle du parc de l’Isalo.

À nouveau une catégorisation est permise entre des projets spécifiquement ruraux et d’autres dans le domaine de la création d’infrastructures et une catégorie liée à la production de plants pour reboisements de zones déforestées. Cette catégorisation permettant le Tableau n° 28.

Sur la période considérée les projets liés au développement direct de l’activité rurale constituent l’essentiel des financements (44,53 %) bien que dans cette catégorie le projet « raphia » capte à lui seul pratiquement un quart des financements totaux (10 % pour les distributions de charrues et de herses). Les projets liés à la santé dans lesquels on introduit ceux en lien avec l’eau potable sont aussi un poste important (un quart des financements), le reste se répartit entre les postes liés aux reboisements (8,98 %), les projets liés à l’enseignement (7,54 %) et les diverses constructions de bâtiments et électrification (14,88 %).

Donc en termes de développement rural, les projets des gestionnaires du parc semblent focalisés sur l’activité de l’association des femmes du village, pour l’artisanat lié au raphia. Marginalement l’aviculture (1,25 %) est une alternative, comme l’apiculture (2,05 %). C’est essentiellement la distribution de charrues et de herses, comme dans le parc de l’Isalo, qui est le micro-projet fondamental, avec encore la prise en compte des GCV (3,57 %) pour deux villages. Cette solution de distribution de herses et charrues semble donc « standard » sur les territoires de surfaces cultivables d’importance, différentes des parcelles agricoles réduites du territoire du parc de Ranomafana.

Malgré tout ce projet ne concerne que 10,28 % des budgets de la période considérée, donc en termes d’alternatives rurales aux pressions (hormis l’atelier raphia pour les femmes qui est un projet pouvant permettre un dégagement de revenus, mais pas réellement un projet agricole) les projets agricoles représentent un total de 20,82 % des financements de la période, donc un cinquième des budgets.

Ces projets ne font pas apparaître ceux que les communautés peuvent initier avec la part des DEAP qui doit leur être rétrocédée selon le mécanisme que met en place la direction du parc, il semble pour l’instant dysfonctionner et ne concerner que des montants marginaux. Toutefois, si sont considérés les montants concernés pour les projets spécifiquement ruraux sur la période donnée (depuis la création du parc et les montants bien en aval, issus des bailleurs internationaux pour le développement local des territoires sous conservation, donc « à l’autre bout de la

99 Entretien entre le chauffeur et les femmes du village d’Ambikakely, 21.05.07.

15

Page 160: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

chaîne ») il est impossible de conclure que de réelles alternatives aux pressions semblent offertes aux populations locales.

Tableau n° 28: Tableau synthétique des projets de développement 2003-2006 du parc national d’Ankarafantsika

Nature du projetNombre

de projetsNombre de

villages concernés

Montants en ariary

Pourcentage du total

Projets rurauxDistribution de charrues et herses 34 34 18 474 000 10,28 %Entretien de barrages et vannes 3 3 4 228 800 2,35 %Construction de barrage 1 1 1 400 000 0,7 %

GCV 2 2 6 427 050 3,57 %Apiculture 5 28/1A* 3 694 000 2,05 %Aviculture 4 4 2 250 000 1,25 %Achat de semences 2 2 1 211 600 0,6 %Culture maraîchère 1 3 340 000 0,018 %Approvisionnement en manioc 1 2 200 000 0,011 %Raphia : formation/métier à tisser et construction d’un atelier avec douche et latrines pour l’association féminine

5 4 41 783 800 23,25 %

Total Projets ruraux 58 83 80 008 650 44,53 %

Projets liés à l’enseignement (achat tables et bancs en majorité)

11 11/4A 13 561 000 7,54 %

Projets de santéPuits 19 19 31 670 000 17,62 %Forage 1 1 5 934 000 3,30 %Toilettes et autre 6 6 5 593 000 3,11 %Total Projets Santé 26 26 43 197 000 24,04 %

Projets conservationReboisements et plans 8 8/3A 16 136 090 8,98 %

DiversElectrification milieu rural 1 1 10 000 000 5.56 %Constructions diverses 6 2 16 574 370 9.22 %Formation briqueterie 1 1 160 000 0.008 %Total Divers 8 8 26 734 370 14,88 %

TOTAL (environ 72 000 euros) 179 637 110 100 %(28/1A* : sur les 28 projets, un concerne l’agglomération centrale d’Andranofasika)

Source : B. Thomas, d’après les données fournies par la Direction du Parc National d’Ankarafantsika.

Apparemment il y a, grâce au parc, l’élaboration d’infrastructures, tant dans le domaine de la santé que dans celui de l’enseignement, le creusement de nombreux puits et des projets liés à l’eau. Son approvisionnement et la création de toilettes représentent pratiquement un quart des budgets de la période (24,04 %), traduisant en cela un problème local fondamental.

Ces infrastructures doivent être considérées en miroir de l’importance de la population « touchée » par le parc de plus de 27000 personnes. Les projets sont relativement peu centralisés sur l’agglomération d’Andranofasika, hormis en termes d’enseignement logiquement du fait de la concentration locale d’habitants supérieure aux autres zones du parc.

16

Page 161: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Tableau n° 29: Tableau des activités de développement en 2003 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika, financement KFW

CommuneThème de

Micro-projet Bénéficiaires Montant Réalisation Impact

Ankazomborona Confection de vanne de barrage

riziculteurs 160 000 bien réalisée superficies irriguées augmentent

Ankazomborona Formation en confection de briqueterie

association villageoise

160 000 formation réalisée, sol incompatible à la

confection de briques

rien à signaler

Ankazomborona construction de GCV riziculteurs 3 213 525 micro-projet en cours objectif non atteintAnkazomborona construction d'EPP parents des élèves 600 000 bien réalisée et

fonctionnellecondition de scolarisation

amélioréeAnjiajia construction d'EPP parents des élèves 2 600 000 bien réalisée et

fonctionnellecondition de scolarisation

amélioréeAndranofasika réhabilitation de logement du

Directeurparents des élèves 1 910 000 bien réalisée et

fonctionnellestabilité de la vie sociale de

DirecteurAndranofasika confection des tables bancs parents des élèves 300 000 bien réalisée condition de scolarisation

amélioréeMarosakoa aviculture association

villageoise300 000 achat réalisé, micro-

projet non continuéassociation non motivée à la

conservationMarosakoa confection des tables bancs parents des élèves 300 000 bien réalisée condition de scolarisation

amélioréeTsaramandroso, Ankazomborona

approvisionnement des tiges de manioc

groupement partenaires du parc

200 000 bien réalisé, pratique habituelle des villageois

villageois très motivés à la conservation, pressions

diminuéesTOTAL 9 743 525

Source : Direction du Parc National d’Ankarafantsika.

Tableau n° 30: Tableau synthétique des activités de développement en 2004 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika, financement KFW

Commune Thème deMicro-projet

Bénéficiaires Montant Réalisation Impacts

Ankazomborona construction CSBII population dans la commune

1 200 000 bien réalisée amélioration des conditions sanitaires de population, et degré de participation à la conservation

renforcéAnkazomborona reboisement Elèves de CEG 50 000 bien réalisée amélioration de l'environnementAnkazomborona restauration de barrage de

retenuriziculteurs dans le

fokontany2 034 400 bien réalisée superficies cultivées augmentées,

villageois motivés à la conservation

Anjiajia construction des banquettes, puits et bacs à ordures

population dans le fokontany

994 600 bien réalisée pression diminuée

Tsaramandroso confection des tables bancs parents des élèves 1 496 000 bien réalisée pression diminuée

Ankazomborona Ambondromamy

Marosakoa

culture maraîchère villageois 340 000 bien réalisée, et continué pour les

autres associations

population motivée à la conservation

Marosakoa reboisement fokonolona 130 000 taux de réussite 85% environnement amélioréTsararano construction de CSBII population dans la

commune1 200 000 bien réalisée amélioration des conditions

sanitaires de population, et degré de participation à la conservation

renforcéMarovoay

banlieuconstruction de bureau de

fokontanypopulation dans le

fokontany2 979 570 30%réalisés, projet en

suspension du fait de défaillance de l'entrepreneur

population mécontente, degré de participation à la conservation

diminué

10 communes formation en apiculture villageois partenaires du parc

1 389 800 bien fait, 11 apiculteurs continuent cette activité

amélioration de revenu familial

13 communes Reboisement villageois partenaires du parc

2 653 300 taux de réussite 60% villageois motivés à la conservation

TOTAL 14 467 670Source : Direction du Parc National d’Ankarafantsika.

16

Page 162: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Tableau n° 31: Tableau synthétique des activités de développement en 2005 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika, financement KFW

CommuneThème de

Micro-projet Bénéficiaires Montant Réalisation ImpactMarosakoa construction de WCN°1 Villageois Ampijoroa 1 778 964 bien réalisée évolution de l'hygiène dans le

villageMarosakoa construction de WCN°2 Villageois Ampijoroa 1 778 964 bien réalisée évolution de l'hygiène dans le

villageMarosakoa travaux complémentaires

construction des 2 WCVillageois Ampijoroa 182 072 bien réalisée évolution de l'hygiène dans le

villageMarosakoa construction de panneau Villageois Ampijoroa 194 760 bien réalisée village devenu reconnuMarosakoa construction de doany Villageois Ampijoroa 6 000 000 bien réalisée villageois croyants motivés à la

conservationMarosakoa construction de cabane Villageois Ampijoroa 1 566 000 bien réalisée revenu familial amélioréMarosakoa construction de restaurant Villageois Ampijoroa 2 854 470 bien réalisée fonctionnement non continuéMarosakoa construction de forage Villageois Ampijoroa 5 934 000 bien réalisée amélioration de qualité de l'eau,

condition sanitaire améliorée

Marosakoa Formation de base sur la transformation de raphia

Assoc féminines: Ampijoroa

Ampombilava Ambadimanga

788 600 bien réalisée amélioration des ressources de revenu des villageois

Marosakoa Atelier sur le raphia avec ONUDI

Associations féminines: Ampijoroa

Ampombilava Ambadimanga

2 019 200 bien réalisée amélioration des ressources de revenu des villageois

Tsaramandroso Marosakoa

Confection de 9 métiers à tisser

associations féminines

7 962 000 bien réalisée amélioration des ressources de revenu des villageois

Marovoay banlieue

construction de bureau de fokontany

Habitants d'hambalabongo

2 979 570 30% des travaux réalisés, travaux en

suspension du fait de défaillance de

l'entreprise

mécontentement des habitants concernés

Marosakoa Production des plans pour reboisement

Individuel 24 000

réalisée

degré de participation à la conservation important: lutte contre

feux13 communes

partenaires Formation en apiculture villageois sélectionnés 711 000 réalisée amélioration des ressources de

revenu des villageoisAndranofasika

Ankazomborona Marosakoa

confection des 10 ruches Apiculteurs 125 000 réalisé, projet en cours amélioration des ressources de revenu des villageois

Ankazomborona Production des plans pour reboisement

élèves de CEG 30 000 réalisé

Marosakoa Production des plans pour reboisement

Individuel 3 750 réalisé participation à la lutte contre feux

Ankazomborona restauration de barrage Riziculteurs dans le fokontany Ambolodia

2 034 400 bien réalisée augmentation de production rizicole

Ankazomborona construction de GCV Riziculteurs dans le fokontany Ambolodia

3 213 525 début des travaux 2003, 30% réalisés, projet en suspension

du fait de défaillance de l'entreprise

mécontentement des bénéficiaires, ils réclament la continuation de ce

projet

Marosakoa confection de métier tisser association villageoise

1 540 000 bien réalisée revenu familial amélioré

Marosakoa achat de semences riz(175 kg) et 50 canards

groupement villageois

394 200 bien réalisée augmentation des semences sélectionnées, revenu familial

amélioréTsaramandroso Production des plans pour

reboisementvillageois partenaires 1 030 700 réalisé, taux de réussite

de reboisement 60%degré de participation à la

conservation importantAnjiajia Production des plans pour

reboisementvillageois partenaires 2 263 950 réalisé, taux de réussite

de reboisement 70%degré de participation à la

conservation importantTsaramandroso Production des plans pour

reboisementvillageois partenaires 1 324 300 réalisé, taux de réussite

de reboisement 60%degré de participation à la

conservation importantAndranofasika Production des plans pour

reboisementvillageois partenaires 4 386 020 réalisé, taux de réussite

reboisement 60%degré de participation à la

conservation importantAndranofasika Production des plans pour

reboisementvillageois partenaires 3 884 020 réalisé, taux de réussite

reboisement 40%degré de participation à la

conservation importantAndranofasika Production des plans pour

reboisementvillageois partenaires 1 450 000 réalisé, taux de réussite

reboisement 35%degré de participation à la

conservation importantTsaramandroso Production des plans pour

reboisementvillageois partenaires 1 609 350 réalisé, taux de réussite

reboisement 60%degré de participation à la

conservation important

58062815Source : Direction du Parc National d’Ankarafantsika.

16

Page 163: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Tableau n° 32: Tableau synthétique des activités de développement en 2005 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika, micro-projets financés sur les 50% DEAP

Commune Thème deMicro-projet

Bénéficiaires Montant Réalisation Impact des activités

Anjiajia Construction de 2 puits fokonolona 673 000 bien réalisé santé, degré de participation à la conservation renforcé

Tsararano construction de poulailler association 800 000 bien réalisé Amélioration de revenu familial

Ankazomborona achat de semences d'arachide et de maïs TSIMANAVAKA 817 400 bien réalisé

augmentation de production, degré de participation à la conservation

renforcé

Ankazomborona matériels agricoles: 3herses,3 charrues fokonolona 270 000 bien réalisé

superficies de champs cultivées augmentées, degré de

participation à la conservation renforcé

Ankazomborona matériels agricoles: 3herses,3 charrues fokonolona 270 000 bien réalisé

superficies de champs cultivées augmentées, degré de

participation à la conservation renforcé

Ankazomborona matériels agricoles: 3herses,4 charrues TSIMANAVAKA 360 000 bien réalisé

superficies de champs cultivées augmentées, degré de

participation à la conservation renforcé

Ankazomborona matériels agricoles: 8 charrues, 6 herses Tanora zoky

860 000

bien réalisé

superficies de champs cultivées augmentées, degré de

participation à la conservation renforcé

Ankazomborona construction de couloir de vaccination fokonolona

653 000 70% des travaux réalisés, en attente des

matériaux

villageois motivés d'être équipés en infrastructure d'élevage

Manerinerinamatériels agricoles: 4

charrues, 4 herses

Tantsaha vonona handroso

530 000 bien réalisé superficies de champs cultivées augmentées, degré de

participation à la conservation renforcé

Manerinerinamatériels agricoles: 4

charrues, 2 herses

Tsy mialonjafy 424 000 bien réalisé superficies de champs cultivées augmentées, degré de

participation à la conservation renforcé

Manerinerina matériels agricoles: 5 charrues, 5 herses Tsy very anjara 636 000 bien réalisé

superficies de champs cultivées augmentées, degré de

participation à la conservation renforcé

Manerinerina matériels agricoles: 4 charrues, 3 herses Tsaradia 424 000 bien réalisé

superficies de champs cultivées augmentées, degré de

participation à la conservation renforcé

Andranofasika confection de 40 tables bancs FRAM 1 000 000 bien réalisé

situation de l'éducation améliorée, participation à la conservation

importanteAndranofasika confection de 40 tables

bancs et 2 bureauxFRAM 1 200 000 bien réalisé situation de l'éducation améliorée,

participation à la conservation importante

Ankijabe confection de 70 tables bancs et 2 bureaux

FRAM 1 892 000 bien réalisée situation de l'éducation améliorée, participation à la conservation

importante

Ankazomborona matériels agricoles: 2 charrues, 2 herses fokonolona 180 000 bien réalisée

superficies de champs cultivées augmentées, degré de

participation à la conservation renforcé

Ankazomborona confection de 40 ruches FTMTK 1 220 000 bien réaliséerevenu familial amélioré,

motivation à la protection du parc augmente

Ankazomborona confection de 8 ruches FTMTI 249 000 réaliséerevenu familial amélioré,

motivation à la protection du parc augmente

Andranofasika Achat de poules pondeuses NY HAVANA 450 000 en coursprojet en difficulté du fait de

mauvaise organisation entre les membres dans l'association

Marosakoa confection de tables bancs FRAM 1 071 000 réaliséeconditions scolaires améliorées, participation à la conservation

renforcéeAnjiajia construction de poulailler MIARADIA 700 000 réalisée revenu familial amélioré,

motivation à la protection du parc

16

Page 164: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

augmente

Ankijabe confection de 40 tables bancs FRAM 1 200 000 Réalisée

conditions scolaires améliorées, participation à la conservation

renforcéeAnkijabe construction de puits fokonolona 1 442 000 réalisée Puits non fonctionnel

Ankijabe construction de puits fokonolona 1 275 000 Réalisée

accès à l'eau facile, amélioration de qualité d'eau utilisée,

participation à la conservation renforcée

Ankijabe

construction de puits

fokonolona

1 595 000

réalisée accès à l'eau facile, amélioration de qualité d'eau utilisée,

participation à la conservation renforcée

Tsararano construction de puits

fokonolona

935 000 réalisée

accès à l'eau facile, amélioration de qualité d'eau utilisée,

participation à la conservation renforcée

Ankazomborona construction de puits fokonolona 1 176 800 réalisée puits non fonctionnel

Ankazomborona construction de puits fokonolona 1 176 800 réalisée

accès à l'eau facile, amélioration de qualité d'eau utilisée,

participation à la conservation renforcée

Ankazomborona construction de puits

fokonolona

3 130 400

Réalisée accès à l'eau facile, amélioration de qualité d'eau utilisée,

participation à la conservation renforcée

Ankazomborona construction d'abreuvoir fokonolona 782 000 en cours abreuvoir non fonctionnel

Anosinalinolona construction de puits fokonolona 2 621 400 non réalisé, fonds détournés

fonds utilisés pour finition de toiture de l'EPP du fokontany. Salle

de classe utilisable pour l'année scolaire 2005

Anosinalinolona construction de barrage fokonolona 1 400 000 réaliséesuperficies des rizières irriguées

augmentent, participation à la conservation renforcée

Manerinerina construction de puits AVOTRA 790 400non réalisé du fait de

mauvaise foi des bénéficiaires

Pas de construction, argent au compte Tsinjolavitra

Anjiajia construction de puits fokonolona 945 600 réalisée

accès à l'eau facile, amélioration de qualité d'eau utilisée,

participation à la conservation renforcée

33 149 800Source : Direction du Parc National d’Ankarafantsika.

Tableau n° 33: Activités de développement réalisées en 2006 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika

Thème de micro-projet Personnestouchées

Village Coût deréalisation

Impact

Electrification rurale 700 Marosakoa 10 000 000accès à l'utilisation d'énergie électrique, motivation à la conservation renforcée

Construction de puits type 20m dallage- couvercle buse trousse- coupante 125 Ambalambakisiny 5 328 000

qualité d'eau utilisée améliorée, motivation à la conservation renforcée

Construction de puits type 12m dallage- couvercle buse trousse- coupante 220 Mahatazana 5 294 000

qualité d'eau utilisée améliorée, motivation à la conservation renforcée

Réhabilitation de puits : couvercle approfondissement, sur 2 m 265 Pont Chauffeur 1 170 000

qualité d'eau utilisée améliorée, motivation à la conservation renforcée

Réhabilitation de puits : couvercle, approfondissement, sur 2 m 250 Ampombilava 1 170 000

qualité d'eau utilisée améliorée, motivation à la conservation renforcée

Réhabilitation de puits : couvercle,approfondissement, sur 2 m/2 180 Ambarindahy 1 170 000

qualité d'eau utilisée améliorée, motivation à la conservation renforcée

Construction d'atelier d'artisanat avec douche et latrines pour l’Association

féminine 110 Ampombilava 29 474 000amélioration de niveau de vie familiale, motivation à la conservation renforcée

Total 53 606 000Source : Direction du Parc National d’Ankarafantsika.

16

Page 165: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Tableau n° 34: Distribution de matériel agricole 2006 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika

Type de matériel personnes touchées

Village Nombre Montant en Ar

Impacts

Charrues, herses 240

Ambondrombe Amboromaika Antsahalava Ambararata Marofaminty 11 charrues 9 herses 1 110 000

augmentation de production, participation active à la conservation

Charrues, herses 45 Ankorika 4 charrues 2 herses 340 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 150 Morarano10 charrues 10

herses 1 100 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 120 Bealana10 charrues 10

herses 1 100 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Herses 60 Bealana ouest 3 herses 150 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 120 Mandinilatsaka 5 charrues 5 herses 550 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 90 Tsarahonenana 5 charrues 5 herses 550 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 180Mahatazana Ambalakida 5 charrues 5 herses 550 000

augmentation de production, participation active à la conservation

Charrues, herses 26 Mangatelo 2 charrues 2 herses 220 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 230 Matsaborimena10 charrues 10

herses 1 100 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues 132 Ambinanibe 16 charrues 960 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 210 Ambohimarina14 charrues 13

herses 1 490 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 120Ambongamaranit

ra 5 charrues 5 herses 550 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 120 Matsaborimena 9 charrues 6 herses 840 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 48 Ampasikabe 4 charrues 2 herses 340 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 60 Ambikakely 6 charrues 5 herses 610 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 120 Beronono 8 charrues 8 herses 880 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 70 Malaza 4 charrues 4 herses 440 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 210 Ambodifiakarana10 charrues 12

herses 1 200 000augmentation de production, participation

active à la conservation

Charrues, herses 78 Marolambo 4 charrues 4 herses 440 000augmentation de production, participation

active à la conservation

142 charrues, 120 herses 14 520 000

Source : Direction du Parc National d’Ankarafantsika.

Éléments de conclusion

En termes de gouvernance, comme pour les deux parcs précédents, il semble donc qu’il y ait dans la gestion du parc une absence de sa prise en compte dans les relations entre les acteurs locaux. Il semble exister, selon son président, la même tentative de la part de la direction du Parc de diriger le COSAP, similaire en cela aux discours tenus pour le parc de l’Isalo. En ce qui concerne les communautés, là aussi, nous sommes loin de la gestion participative mise en avant par la vision « Madagascar Naturellement », en fait à son opposé, si nous nous en tenons aux

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discours des villageois interrogés. Il semble ainsi, si sont considérés comme fiable les discours formulés, que la direction locale du parc utilise des menaces d’expropriations qu’elle ne peut légalement pas mettre en œuvre. Ces menaces sont utilisées pour obliger les villageois à travailler à l’entretien des pare-feu, dans un contexte local d’incommunication et de téléguidage du COSAP déjà mentionné. Ces mesures coercitives apparaissent très éloignées des discours tenus aux bailleurs. Il se retrouve même sur ce territoire des « camps de réfugiés écologiques » (les communautés expropriées du parc).

Rappelons, dans ce domaine, que le COAP (Code des Aires Protégées) prévoit que des agents d’aires protégées assermentés peuvent être habilités à rechercher, constater et poursuivre les infractions commises au sein des aires protégées, en collaboration avec les forces de l’ordre déjà habilitées. « Ceci constitue une innovation importante, car auparavant, il était impérativement nécessaire de recourir aux forces de l’ordre existantes pour assurer le contrôle de l’application de la loi. Cette nouvelle compétence accordée aux agents des aires protégées est assortie de la criminalisation de certains actes commis au sein d’une aire protégée et d’une réglementation plus spécifique des procédures contentieuses. Cet ensemble de dispositions permet d’assurer une meilleure protection et un respect renforcé des mesures de conservation ». Cela représente donc la possibilité pour les salariés de l’Association qu’est l’ANGAP de faire appliquer la loi directement.

En termes de projets, il apparaît que peu d’alternatives sont proposées aux communautés, comme dans le parc de l’Isalo, les herses et charrues sont la solution majoritairement choisie en parallèle d’activités dans l’artisanat concernant le raphia.

Cette étude concernait les parcs du réseau de l’ANGAP, il a semblé opportun de la compléter par l’examen des pratiques d’une ONG fréquemment citée par les acteurs de la conservation au niveau national.

3.4/ L’ONG Fanamby et le couloir forestier d’Anjozorobe

L'action de Fanamby se situe dans la vision gouvernementale inspirée de l'Afrique du sud, la vision Durban. Comme plusieurs autres ONG, elle a fait l’objet d’un contrat de délégation de gestion d’aires protégées. Fanamby est une Organisation Non Gouvernementale créée en 1997, par un groupe de scientifiques et d’experts en conservation et développement malgaches dont l’action se situe dans le domaine de l’environnement (Fanamby signifie « défi » en malgache). Elle assure la gestion de trois sites dans les écosystèmes forestiers de Daraina (nord-est), d’Anjozorobe (hauts plateaux du centre) et du Menabe Central (sud-ouest). Ils seront classés à terme en aires protégées de catégorie cinq (paysages harmonieux), dans un contexte où la vision de la nature à préserver est dépassée. Les catégories un à quatre se situent plus dans un esprit de conservation. L'approche de Fanamby dans sa singularité revendiquée est de s'appuyer sur les communautés qui, à terme, pourront être actrices du développement local, conformément à ce qui est mis en avant dans le PE III et dans l'approche présidentielle. Laquelle dans son deuxième mandat a une volonté de déléguer plus de pouvoir aux provinces, puis aux chefs de régions, chefs de districts, municipalités et enfin aux fokontany qui représentent le peuple par excellence. Pour cela, l’objectif que cette structure revendique est d’initier et de pérenniser les moyens du développement local puis de disparaître. Ils travaillent donc, si l’on s’en tient à leur discours, à leur disparition une fois que les rouages (les secteurs locaux) seront mis en place. Pour cela, deux approches sont considérées, l'approche du ministère qui est une approche d'experts et l'approche

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de terrain pour nourrir les réflexions. Ces deux approches doivent assurer complémentarité et souplesse dans les axes de travail. Ainsi Fanamby déclare avoir inventé quelque chose.

Cette structure travaille selon les axes d’interventions suivants :

- l'aménagement spatial, dans et autour des aires protégées,- la mise en place d'un système de gestion durable avec l'implication des communautés. Un travail sur le foncier est mis en œuvre, basé sur des images satellites, pour arriver à une délimitation foncière afin d’annuler les tensions locales. Parallèlement à la politique actuelle de bornage des terres du gouvernement, cela induit aussi que la communauté redeviendra un contribuable et participe à la fiscalité du pays par la définition des terres auxquelles elle est liée,- sur le terrain, pour le développement des produits agricoles et forestiers, en les orientant vers le marché, en soutenant les compétences et savoir-faire, en « produisant ce qui se vend », donc un travail avec le secteur privé,- le développement d'un tourisme durable communautaire. Le tourisme durable n'est pas que de l'écotourisme. En effet, le tourisme durable prend en compte la dimension de l'homme,- Un axe de communication, à travers l’opérationalisation de télés-centres ruraux, pour amener des moyens de communication aux populations, des nouvelles technologies de l'information et de la communication aux communautés locales.

Dans ces axes, chaque directeur des trois sites a sa vision, sa sensibilité bien que ces axes soient des leviers fondamentaux du développement local. La structure a le projet de faire valoir son savoir-faire pour d'autres régions de Madagascar, de s'étendre sur d'autres zones à condition que les trois sites gérés soient crédibles.

Pour Fanamby, l'écotourisme n’est qu'un secteur du tourisme durable. Il peut inclure, par exemple, des activités de chasse (comparable en cela à l'exemple de la baie de Somme en France). Les paysans doivent pouvoir aller couper du bois, (vision Durban). Donc la réflexion menée est éloignée de l'intégrisme de la conservation pure et dure. Fanamby mène en cela une réflexion sur la notion de l'écotourisme et du tourisme durable. Pour elle, cette notion tend à devenir de plus en plus contraignante, obéissant à de plus en plus d'indicateurs (gestion des déchets, rejets carbone…).

À l'échelle des sites que la structure gère, plusieurs activités sont envisagées pour viser plusieurs marchés. L'écotourisme est considéré comme une niche qui seule ne peut faire vivre une aire protégée, c’est-à-dire pourvoir aux besoins de sa gestion et sa pérennisation. En termes de partenariat, Fanamby est en lien avec pratiquement tous les acteurs du secteur, le Ministère de l'Environnement dont il a une délégation de gestion, CI, WWF, le PNUD et l’ANGAP qui est un réel partenaire. Comme pour les autres structures une difficulté fondamentale, dans son fonctionnement, vient de l'atomisation des structures du secteur et du manque d'harmonie entre ces structures, par l’absence de leadership du MINENVEF plutôt soumis à des problématiques politiques.

Son approche innovante est de s'appuyer sur le tourisme, mais en associant le secteur privé dès les premières phases de développement, avec l’adhésion des communautés, donc selon trois univers et trois logiques différentes, celle de l'environnement, une logique économique et une logique socioculturelle.

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Chronologiquement le développement local qu’elle veut induire suit des étapes :

1/ L'inventaire des attractions naturelles et des infrastructures,2/ L'inventaire de la demande (existe-t-elle ?) et l’analyse du marché et des enquêtes auprès des tour-opérateurs,3/ L'inventaire des ressources humaines. Les communautés ont-elles envie de s'impliquer ?4/ Quel type de structure faut-il mettre en place dans un esprit de correspondance avec le marché ?5/ Un travail sur le service et les produits.

Ces étapes doivent déboucher sur une offre concrète. L’approche est celle de la gestion des aires protégées incluant une vision multisectorielle d'assemblage de compétences des personnes des communautés locales et de divers secteurs. Fanamby revendique cette approche comme unique à Madagascar, le but final étant l'élaboration d'une chaîne d’ecolodges en mettant en place une méthode comparative et commune selon la méthodologie du groupe hôtelier Accor.

Le couloir forestier d’Anjozorobe

Dans l’étude de ce site, une grande partie des éléments ont été fournis par Fanamby, par l’intermédiaire de ses rapports d’activités (en ce qui concerne les éléments synthétiques de fonctionnement) avec en parallèle une étude sur le terrain.

Le Projet du Couloir Forestier d’Anjozorobe dont l’intitulé est : « conservation communautaire et participative de la biodiversité dans le couloir forestier d’Anjozorobe-Angavo » est financé par le GEF/PNUD avec l’appui de WWF. Il s’inscrit dans le cadre du PE III, de la politique nationale pour l’environnement voulue par le MAP100 et de la création des nouvelles aires protégées. Ce projet a été défini pour une durée initiale de 4 ans, de mars 2004 en mars 2008. Il est voulu dans l’objectif d’une conservation durable de la biodiversité locale, en partenariat et aux bénéfices des communautés locales, avec un appui de WWF. Il s’agit d’une zone d’intervention de 92 534 ha, dont 52 200 ha d’aire protégée comprennent 28 800 ha de forêts naturelles, sur le territoire des districts d’Anjozorobe, de Manjakandriana et de Moramanga, sur les hautes terres de Madagascar, dans les régions d’Analamanga et d’Alaotra Mangoro, provinces d’Antananarivo et de Toamasina. 13 communes y sont subdivisées en 39 fokontany, soit 153 villages et hameaux se situant dans la zone d’intervention du projet.

100 La corrélation avec les axes mentionnés dans le MAP (Madagascar Action Plan) se traduit à travers le développement des actions de préservation et de valorisation des ressources naturelles et une politique de développement rural. Par la prise en compte donc des éléments du MAP suivants :

- La sécurité foncière des exploitants et production agricole (défis engagement n°5)- l’ accroissement du PIB par habitant et la diminution du nombre des ménages vivant sous le seuil de la

pauvreté (défis engagement n°6),- l’ accroissement des surfaces classées en Aire Protégée et recul des feux de brousse (défis engagement

n°7).- une contribution aux engagements relatifs à la bonne gouvernance par le renforcement de capacité des

principaux responsables des collectivités territoriale, par l’appui au système éducatif (appui à la création d’un système éducatif de standard mondial), par la prise en compte des questions de santé et de planning familial (amélioration du bien être social) et l’appui aux infrastructures (facilitation des flux des biens et services).

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Carte n° 18: Localisation du couloir forestier d’Anjozorobe

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Carte n° 19 : Localisation du couloir forestier d’Anjozorobe (source : Fanamby)

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À la suite du démarrage du projet en mars 2004 et dans le cadre d’une mise en conformité avec les textes légaux concernant les aires protégées, il y a eu fin 2005 un arrêté ministériel n°20.023/2005-MINENVEF, portant protection temporaire et attribution du statut définitif à l’aire protégée en création, conditionnée par l’élaboration des plans d’aménagement et de gestion du couloir associée à un système de gestion durable. C’est l’objet principal du contrat de délégation d’une durée de deux ans, signée au mois d’août 2006 entre la Direction Générale des Eaux et Forêts, gestionnaire de l’aire protégée en création et Fanamby. Le statut définitif de l’aire protégée est la catégorie V de l’UICN : paysage harmonieux protégé, le plus en adéquation avec la présence de communautés villageoises au sein de cet espace.

L’objectif de Fanamby sur ce territoire et sur les autres dont elle a la gestion est de créer une aire protégée selon un modèle opérationalisable, un modèle transposable de gestion participative des ressources naturelles. Pour cela sont considérés trois axes : environnemental, économique et social, avec un système de gestion à trois niveaux (communautés de base structurées, communes/OPCI101, comité du territoire), ceci selon 6 étapes :

- la création d’une base de données socioéconomiques et bioécologiques actualisée du couloir forestier, utilisable par les autorités locales et régionales comme outil d’aide à la prise de décisions,- la création du site de conservation,- l’instauration d’un modèle de gestion participative des ressources à trois niveaux qui inclut les communautés avec le recensement des ressources et de la biodiversité,- une stratégie de sécurisation foncière, - un nouveau modèle de taxation, permettant de générer à long terme des revenus pour financer les structures de gestion des ressources de l’aire protégée,- des techniques d’exploitation durable et d’une agriculture intensive durable, comprenant le développement d’activités génératrices de revenus et le contrôle des pratiques d’agriculture sur brûlis.

Photo n° 27: Le siège de Fanamby à Anjozorobe

Source : Fanamby.

101 Organisme Public de Coopération Intercommunale.

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Au niveau local, ces ambitions se confrontent à l’absence relative de l’État et de ses infrastructures et aux attentes des communautés sur la résolution de presque tous les problèmes inhérents à leur vie quotidienne : éducation, routes, barrages hydroagricoles, adductions d’eau.

Cette région est moyennement peuplée avec une population totale d'environ 115 946 personnes, dont près de 30 000 sont directement concernées par les interventions du projet. Elles sont essentiellement concentrées au niveau des communes d’Anjozorobe à l'ouest, Mandialaza à l'est du couloir, communes qui comprennent également l’essentiel des services publics. La majeure partie des pistes n'est praticable que pendant la saison sèche. C’est pourquoi le projet contient un volet concernant la réfection d'une soixantaine de kilomètres de pistes. Comme dans la majeure partie des territoires de Madagascar, les infrastructures sont faibles, comprenant un centre hospitalier de district et trois postes sanitaires, de même que 47 établissements d'enseignement dont deux sont privés. L'activité de la région est principalement agricole, basée sur la culture du riz en raison de la présence de l'eau qui a influé directement sur la localisation des communautés. Une première récolte de riz est réalisée pour la période de juin en décembre ( vary ririnina ) une deuxième récolte pour la période d'octobre en mai.(vary taona ).

Une des principales craintes des communautés et qui est apparue durant la campagne de concertation est la question de la propriété et de la valorisation des terrains agricoles à l’intérieur de l’aire, puisque le projet inclut des parcelles agricoles se situant au cœur du couloir forestier. Cela comprend la complexité inhérente aux tentatives de distinction entre vrais propriétaires et utilisateurs du terrain, donc un travail essentiel d’identification des lots et des propriétaires sur la base de l’image satellite à haute résolution, dans un objectif de sécurisation foncière « relative » dans le cadre de l’élaboration de Plans d’Aménagement et de Gestion (PAG).

Photo n° 28: Paysage d’une rizière dans le couloir forestier d’Anjozorobe

Source : cliché personnel.

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3.4.1/ Un mode de fonctionnement spécifique

Les outils d’aménagement et de gestion :

Sur ce territoire, la structure Fanamby revendique sa spécificité et ses innovations dans le domaine de la gestion d’une aire protégée, par le fait qu’elle base son action sur les fokontany marqués par des relations de clan. Mais, en termes d’utilisation du territoire, ils sont relativement homogènes. Pour Fanamby, un plan d’aménagement sur la totalité de « son » territoire aurait été trop globalisant et n’aurait pas tenu compte des éléments spécifiques de chaque fokontany donné (des sous-zones de conservation, de l’utilisation locale des ressources forestières, de la mise en valeur des terrains à vocation agricole, de la gestion de zones humides…). C’est donc la combinaison des éléments de chaque plan d’aménagement de fokontany qui doit amener à un plan d’aménagement et de gestion global. Ainsi sont considérés les 39 fokontany concernés par l’aire protégée (avec près de 153 villages concernés indirectement), en les prenants comme unités de base pour les stratégies de développement de ce territoire qui, malgré une priorité de conservation, est marqué par la présence de zones d’habitats de plus de 20 toits et de zones cultivées. Pour chaque fokontany est prise en compte la gestion de la partie forestière concernée par cette unité, l’aménagement du terroir et la sécurisation foncière, les activités alternatives génératrices de revenus. Un mécanisme parafiscal doit permettre le financement de la gestion du développement local et de la conservation. Le zonage du terroir du fokontany concerne les zones de reboisement, de prélèvements des ressources forestières, de pratiques agricoles contrôlées, de regroupement humain, de pratiques agricoles non contrôlées.

L’étape initiale a donc été l’élaboration des plans d’aménagement, pour préciser les limites communales et recenser les terrains titrés et bornés, par la collecte des données sociales, économiques et environnementales des espèces végétales et animales menacées. Ainsi 10 fokontany priorisables ont été définis pour cette démarche en 2006, dont 5 ont fait l’objet de plans d’aménagement et de gestion, des fokontany « pilotes ».

La question foncière est fondamentale et prioritaire pour définir le Plan d’Aménagement et de Gestion (PAG) des terroirs des localités (priorisées dans un premier temps) à l’intérieur et en bordure du couloir forestier. Elle permet d’impliquer les communautés dans la mise en place des règles de gestion de l’espace, en les rassurant vis-à-vis de leur crainte de spoliation. Elle est un facteur favorable à l’intensification des cultures de leurs parcelles. Des images satellites à haute résolution sont utilisées et retraitées pour définir des cartes d’utilisation des espaces, établies avec la participation de la communauté, afin de délimiter les parcelles de chaque occupant et de constituer les Plans locaux d’Occupation Foncière (PLOF). Ils seront validés par les structures concernées (Communauté, Mairie,…).

Cette démarche s’inscrit dans le processus initié par l’Etat de la rénovation de la sécurisation foncière, à travers le Programme National Foncier (PNF) qui veut établir différents dispositifs dans les communes, dont le guichet foncier, afin de délivrer des certificats fonciers pour les propriétés privées non titrées. Le PLOF doit donc être élaboré avec tous les acteurs concernés, locaux mais aussi nationaux, donc le PNF et les services fonciers. Il devrait être utilisé pour toutes les questions foncières comme pour la définition des Plans d’Aménagement et de Gestion (PAG), pour permettre l’intensification des cultures et la labelisation de quelques produits locaux en termes de développement local. Sur les 12 Plans locaux d’Occupation Foncière que voulait élaborer Fanamby en 2006 sur le site, 6 ont été réalisés. Ils ont permis la délimitation des principaux terroirs et espaces, ainsi que l’identification des principaux occupants.

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Concrètement des commissions locales de reconnaissance sont créées par les communautés pour délimiter les espaces par catégorie (vallée, terrain de reboisement, terrain de culture…) et identifier les occupants qui, par la suite, peuvent délimiter leurs parcelles. Le PLOF, une fois unanimement reconnu, est validé par un procès-verbal de reconnaissance validé et signé par des représentants et le président du fokontany et le maire. Ce PLOF peut servir de base pour la délivrance de certificats fonciers du PNF. Il a donc une valeur officielle et légale. Ce processus est réalisé avec le Ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire

En 2007, Fanamby, localement veut finaliser l’élaboration de plans locaux d’occupation foncière (PLOF) pour 15 autres fokontany, en mettant en place des commissions locales foncières pour régler tous les litiges et permettre les démarches des villageois dans ce domaine. De même, les plans d’aménagement et de gestion de toutes les unités doivent être élaborés et validés par toutes les entités concernées. Le mécanisme de contrôle de l’aire protégée doit être défini et validé entre les communes/OPCI et les services des eaux et forêts, Fanamby restant en charge de son application et de son suivi.

A la fin de l’année 2007, un projet décret de création définitive de l’aire protégée, basé sur les plans d’aménagement et le système de gestion, sera soumis aux autorités compétentes. La sortie du décret reste dépendante de la modification, de la « retouche » des textes législatifs. Elle concerne les différentes nouvelles catégories d’aires protégées, insérées dans le nouveau décret du 13 décembre 2005, amendant le code des aires protégées. Fanamby espère ainsi qu’à la date de fin de son projet, fin 2008, les outils de gestion de ce territoire seront bien mis en place et intégrés par les populations.

L’ONG pour la planification de ses activités organise des réunions villageoises, communales et intercommunales. Les besoins recensés et les projets adéquats sont retranscris en plans de travail annuels et validés par un comité de pilotage. Ses membres sont représentatifs des partenaires, des acteurs locaux et des bénéficiaires, des membres dont la mise en œuvre des plans de travail nécessite la participation sur les plans matériels et financiers. Le système de gestion voulu est donc à trois niveaux : communautés de base structurées, communes/OPCI, comités du territoire avec un premier niveau constitué par les structures locales à la base (fokontany). Les formes et les modalités d’intervention sont définies dans des plans d’aménagement et de gestion. En termes de préservation des écosystèmes, des comités locaux de conservation ont été créés. Ils impliquent 200 personnes et existent au niveau de chaque fokontany sous différentes formes (KASTI : Comité pour la Forêt et l’Environnement, VNA : Comité pour la Forêt, VOI : Communauté de Base, Quartiers mobiles). Ces comités locaux sont le relais des services des Eaux et Forêts et de la Gendarmerie sur le terrain. Ils assurent le contrôle et la surveillance de l’aire protégée, sur la demande des communes. Ils sont organisés en concertation avec Fanamby. Ainsi en 2006, 3 séries de contrôles forestiers ont été effectuées par ces comités par le biais des communes et fokontany et ils ont concerné tous les fokontany et les communes de l'est du couloir, 10 fokontany et 4 communes de l'ouest du couloir.

La finalité est donc que l’aire protégée soit cogérée avec les communautés, les collectivités décentralisées (communes, régions) et les institutions concernées (Eaux et Forêts et ANGAP). Cette gestion doit tenir compte de la politique nationale de gestion des aires protégées, de la Vision Durban et de la planification quinquennale de l’ANGAP, elle contient des notions de « prélèvements durables ».

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3.4.2/ Les écosystèmes et les menaces

Sur ce territoire, les menaces sur l’écosystème viennent essentiellement de la culture itinérante sur brûlis et de prélèvements dans les forêts pour divers usages, tels que bois de chauffe, bois de construction ou des prélèvements à des finalités alimentaires. Il y a de même, selon la saison, des risques de feux.

Pour ce qui est des espèces végétales et animales rares et menacées du territoire concerné, que la structure gestionnaire doit « suivre » et protéger, le rapport d’inventaire floristique était disponible fin 2005. Il ne définissait pas d’espèces végétales réellement « phares » ni un protocole de suivi écologique opérationnel. Le rapport d’inventaire faunistique a été conduit par le WWF et il a été édité en mai 2006, avec un protocole de suivi écologique. Sur ce territoire, l’accent est plus mis sur des cibles de conservation qui doivent constituer l’indicateur de l’atteinte des objectifs de conservation de la structure gestionnaire.

Il n’y a donc pas de forte menace sur les écosystèmes, il s’agit plutôt d’une pression constante qui nécessite une attention permanente et une écoute des communautés. En effet le statut du territoire diffère beaucoup de celui des réserves intégrales et les écosystèmes continuent à être utilisés. Comme mentionné précédemment Fanamby fait intervenir le concept de prélèvement durable et il n’est pas question d’interdire aux villageois des pratiques essentielles dans leur quotidien, plutôt de les réguler et les encadrer. Les villageois faisant en quelque sorte partie de du système écologique considéré à l’échelle du fokontany.

Entre les mois de mai et septembre 2006, environ 17 ha de ramarasana (végétation secondaire après défrichement) défrichée ou brûlée ont été constatés. En fait pratiquement tous les fokontany de la partie est du couloir sont concernés et les mesures prises par les comités locaux de conservation sont en adéquation avec les altérations des écosystèmes (avertissement verbal, interdiction de brûler, sensibilisation sur les méfaits de défrichement par brûlis, convocation à la commune, envoi de rapport à la gendarmerie nationale et à la commune, travaux d’intérêts généraux). Durant cette période de contrôle aucun défrichement de forêt naturelle n’a été constaté. Comme les communes sont les acteurs principaux de la gestion de l’aire protégée dans leurs circonscriptions respectives, cela se reflète dans l’organisation des contrôles forestiers des comités locaux de base. Ce sont essentiellement les villageois eux-mêmes, par l’intermédiaire de représentants dans les fokontany qui sont en charge de la surveillance de leur territoire et non des « éléments » extérieurs aux hameaux.

3.4.3/ Les projets de développement local

Fanamby se veut être le catalyseur et le « facilitateur » pour la réalisation d’infrastructures à finalités sociales, l’initiateur pour les projets de développement, ceci en partenariat avec certains programmes sectoriels nationaux. Ainsi, en 2006, elle a appuyé techniquement et financièrement la formation de techniciens communaux à l’est du couloir, pour le montage de dossiers de financement de micro-projets (sur l’initiative de la région d’Analamenga), tels que la réhabilitation de 18 salles de classes et de la piste de 10 km reliant la ville d’Anjozorobe où elle a son siège local avec le site écotouristique d’Andreba.

Son optique est de coordonner et d’amener les informations nécessaires à la mise en place de projets pour les communautés, selon des stratégies quelquefois en décalage avec les communautés locales. On peut ainsi mentionner son projet d’amener les NTIC aux habitants

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d’Anjozorobe et dont pourraient profiter les hameaux alentours. Ces derniers n’ont dans la majorité des cas pas les infrastructures de base et ont des difficultés à utiliser les informations qui leur sont fournies, peu à l’aise avec l’information et la communication dans un sens plus global et dans les réunions de plates-formes de concertation. Des difficultés dont la structure a conscience :« Cependant, compte tenu des innovations apportées par le projet en matière d’outils (image satellite, base de données, télécentre rural) et de démarche (mécanisme para fiscal, sécurisation foncière, certification biologique de produits…), la capacité d’absorption des acteurs et bénéficiaires locaux mais aussi de certains partenaires étatiques est encore assez faible. Cela pourrait compromettre la durabilité de certains résultats acquis. A cet effet, les actions à mener durant la dernière année du Projet, 2008, consisteront à un renforcement de capacité et du mécanisme d’information/communication entre tous les acteurs. »

Des activités alternatives, génératrices de revenus

Fanamby tend en premier lieu à « favoriser l’existant », donc à travailler dans des domaines, avec des produits maîtrisés par les populations locales et à la demande de ces dernières. L’effort s’est porté notamment sur les fokontany pilotes du « projet », dont un Plan d’Aménagement et de Gestion a été réalisé ou qui ont déjà bénéficié d’appui pour le développement local. Ainsi 3 sortes d’appui sont considérés :

Un appui en itinéraire technique et en intrants, pour l’amélioration de la production. Elle a concerné deux produits absorbés au niveau local :

- la pomme de terre avec 360 ménages concernés dans 10 fokontany en 2006. Le rendement après l’appui a été de 14 tonnes/ha, avec un rendement de 6 tonnes/ha sur la zone témoin.- la culture de haricot avec 400 ménages concernés dans 6 fokontany.

Un appui à la commercialisation de produits avec la mise en relation de producteurs avec le secteur privé :

- ainsi une vente de 5,4 tonnes de gingembre s’est réalisée en 2006 et a concerné 80 ménages dans 5 fokontany,- la livraison par 15 ménages d’un fokontany de 240 kg d’écrevisses de février en mai,

Le lancement de nouveaux produits ou de processus :

- suite à une évaluation de la demande auprès des opérateurs privés, 2 pépinières de piment « pilo pilo » ont été mises en place à l’est et à l’ouest du couloir forestier. - le processus de certification biologique des produits « gingembre » à l’est du couloir forestier et de riz dans la plaine de Sokafana, au cœur de l’aire protégée en création

La certification biologique de produits est supposée déboucher sur une meilleure plus-value en termes de ventes et augmenter d’une manière conséquente les revenus des ménages. Le développement des produits agricoles et forestiers, grâce à la promotion des techniques d’intensification, doit permettre de diminuer les pratiques dévastatrices des ressources naturelles et d’améliorer les revenus des producteurs, via la promotion de certains produits, par un accès au marché et la collaboration avec le secteur privé.

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Tableau n° 35: Tableau récapitulatif, des actions de Fanamby dans le secteur agricole dans le couloir forestier d’Anjozorobe

Libellé indicateur Prévision RéalisationAmélioration de la productivité en haricots 6 fokontany 9 fokontanyFokontany impliqués dans l’amélioration de la productivité en pomme de terre

7 fokontany 10 fokontany

Fokontany touchés par la mise en place de paysans modèles

3 fokontany 4 fokontany

Visites inter-fokontany et/ou inter-communales entre producteurs organisées

2 0

Visite d'échanges par le personnel du Projet dans des zones où des groupements de producteurs professionnels travaillent avec les opérateurs privés

1 0

Analyse de la faisabilité de création de bassin naturel pour l’élevage d’écrevisses réalisée

1 0

Partenariat avec le propriétaire du domaine de Croix Vallon défini pour l’extraction d’huiles essentielles

1 1

Commercialisation de gingembre développée 0 1Pépinière de piment « pilo pilo » mise en place 0 1Appui à la labelisation de riz bio apporté 0 1Appui à la labelisation de gingembre bio apporté 0 1

Source : Fanamby.

Ainsi dans les 5 fokontany où Fanamby est intervenu dans le domaine de la culture des haricots, en 2005, elle a observé un taux de continuité de 75 % des activités d’amélioration de la culture, 15 % dans un autre hameau, ceci pour des raisons de contexte agro-écologique défavorable. 9 fokontany, en 2006 dans ce domaine, ont demandé une collaboration avec le « Projet ».

Pour la pomme de terre de contre-saison et les 10 fokontany appuyés, il y a eu utilisation de deux nouvelles variétés « Meva » et « Spunta » et la collaboration d’agents des services agricoles. Fanamby met cette collaboration en avant au niveau local, mais aussi à une échelle plus large, régionale et nationale. Des structures extérieures interviennent, telle la collaboration avec l’ADRA (Adventist Development Relief Agency) dans la partie Est du couloir. Elle y a été effective avec des appuis aux paysans sur la culture de pommes de terre et la culture de haricot dans 4 fokontany (Ambilombe, Ambohimandroso, Ambongabe et Mangabe Borisatroka). Des échanges ont aussi lieu avec l’IMRA (Institut Malgache de Recherche Appliquée), sur la valorisation des produits naturels, par la possibilité de production et l’exploitation de la plante Talapetraka. Des interventions de l’ONG Homme et Environnement ont concerné la plante Helychrysum. Elle a réalisé des tests d’extraction d’huiles essentielles qui ont fait ressortir que l’espèce présente sur le site donne un rendement faible tandis qu’une autre espèce plus intéressante dans ce domaine se trouve en dehors de la zone d’intervention du Projet.

En ce qui concerne la ressource naturelle des écrevisses, une analyse de faisabilité de création planifiée d’un bassin d’élevage n’a pas été effectuée. Le suivi et l’évaluation pratiqués sur le prélèvement de la dernière campagne ont conclu que le respect d’une règle de prélèvement établie n’entraînait pas de risque d’épuisement de la ressource, même après la valorisation de ce « produit ». Des pépinières de piment « pilo pilo», produit présentant une forte demande au niveau du marché, ont été mises en place à Antsahabe et à Mandialaza.

Fanamby, dans son fonctionnement reste réactive et opportuniste, au sens positif du terme. Des activités non-planifiées ont été réalisées : l’appui à la labelisation du riz biologique de Sokafana, localité à l’intérieur de l’aire protégée, et du gingembre biologique au niveau de trois

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fokontany de la partie est du couloir forestier, en vue d’une meilleure valorisation de ces produits au niveau du marché. L’esprit est celui d’une contribution à l’atteinte du double objectif d’amélioration de revenus de la communauté et de préservation des ressources naturelles disponibles. Le projet initie de même des démarches de regroupement des producteurs et des échanges de pratiques au sein des communautés. Ce fonctionnement peut bousculer les mentalités, marquées par une exploitation des terres selon des méthodes traditionnelles, peu rentables en terme de rendements. Une mentalité traditionnelle qui peut se heurter à la logique du secteur privé, la confrontation de deux logiques et la méfiance villageoise envers tout ce qui est recensement, collecte de données, coordination des acteurs…

3.4.4/ Un écotourisme communautaire

Dans le développement local, le volet écotourisme reste fondamental pour Fanamby et a fait l’objet, dès le départ du projet, d’une planification étant donné que toutes les infrastructures étaient à créer. Le premier site d’accueil du Projet se situe au niveau d’Antsahabe et le projet met en avant, pour ce site, le concept de gouvernance et la gestion à trois niveaux mentionnée, partant des fokontany. Cela a commencé par des séances de concertation avec la population de ce fokontany, suite à une étude de faisabilité pour la mise en place des infrastructures d’accueil. Suite aux séances de concertation, une planification des travaux a été mise en place, avec un site destiné à être un site phare dans la promotion de l’écotourisme communautaire au sein du couloir.

La valorisation du potentiel du site s’est concrétisée par l’aménagement des circuits écotouristiques (4 itinéraires écotouristiques), la réhabilitation de 10 km de piste, une collaboration avec les intéressés du secteur privé (3 opérateurs impliqués) et le fokontany d’Antsahabe. Le but est de développer un écotourisme à gestion communautaire. La réhabilitation de la piste menant au site touristique, reliant Anjozorobe, Antsahabe et Andreba, a été terminée au début du deuxième trimestre 2006. Elle a nécessité la participation de 100 personnes par jour durant 35 jours. La piste est praticable en voiture légère à condition qu’elle soit entretenue après chaque saison des pluies. Dans la planification établie avec les communautés, il était prévu que cette réhabilitation soit réalisée à la fin de la saison de pluie, mais les dates ont été modifiées pour que cette réhabilitation soit opportune pour que les produits agricoles (riz notamment) puissent bénéficier de la piste réhabilitée pour leur transport jusqu’à Anjozorobe, soit jusqu’à un accès à une route goudronnée.

En matière d’infrastructures, une Maison d’Accueil a été construite au niveau du village d’Antsahabe, 3 chalets pour la restauration et 7 abris tentes pour l’hébergement sur le site. La maison d’accueil est gérée par 2 jeunes femmes issues du village d’Antsahabe qui assurent l’accueil et l’information des visiteurs et aussi un appui à la gestion de matériels et ustensiles à disposition pour l’hôtellerie et la restauration. Les guides ainsi que le personnel d’accueil ont été dotés d’uniformes.

3 circuits forestiers et un circuit hors-forêts ont été aménagés au niveau de la forêt d’Antsahabe, aménagés et identifiés par les membres de la communauté dont sont aussi issus les premiers guides du site. 13 femmes assurent les services de la restauration et de l’hébergement des visiteurs.

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Photo n° 29: Le village d’Antsahabe

Source : cliché personnel.

L’accueil des touristes a commencé au mois d’août 2006 et le nombre de visiteurs, fin 2006, était de 254, avec une prévision initiale de 300. Le nombre d’emplois directs générés par le développement écotouristique à Antsahabe est de 26, dont 15 femmes. Depuis l’ouverture du site d’hébergement, 50 nuitées ont été enregistrées et plusieurs demandes de réservation ont été faites jusqu’à fin avril 2007. Fanamby s’est chargé de la formation des guides en matière d’accompagnement des touristes, ainsi que des notions concernant les écosystèmes. Il en va de même dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration locale où il a été fait appel à un restaurant de Tananarive, le « Kudeta », pour un apprentissage en restauration pour une cuisine basée sur les produits locaux, enfin dans le domaine de la gestion.

Photo n° 30: La Maison d’accueil de l’aire protégée

Source : cliché personnel.

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Le projet, en termes de communication, a organisé une visite de l’écocampement pour deux agences de voyages et tour-opérators exerçant dans le tourisme durable : Oceane Aventures et Tany Mena Tours, ainsi que pour les partenaires financiers potentiels d’un projet de montage d’une société privée au sein de la communauté d’Antsahabe : l’Organisation Mondiale du Tourisme, l’IFC, l’Hôtel de Paris et Les Trois hiboux . De même, la chaîne publique américaine « Arte Wolf » est passé sur le site, dans le cadre d’un reportage sur le tourisme axé sur les richesses de la faune. Le quotidien français Libération a réalisé un article paru le 21 septembre 2006 concernant le « Projet d’écotourisme à visage humain ». Il existe aussi une collaboration avec l’opérateur privé Boogie Pilgrim en ce qui concerne la promotion du site qui doit être développée.

Photo n° 31: Le restaurant du site écotouristique d’Andreba

Source : cliché personnel.

En ce qui concerne la gestion future du site écotouristique qui devrait être électrifié et duquel Fanamby veut à terme se dégager pour la laisser entre les mains de la communauté, plusieurs projets sont en élaboration. Ils devraient être finalisés en 2007, après une étude d’impact environnemental du développement écotouristique :

- la création d’une ONG qui sera propriétaire des structures hôtelières, de la restauration et du foncier sur la base d’un bail emphytéotique avec l’Etat,- la création d’une société privée pour exploiter les installations suivant un contrat signé avec l’ONG et un cahier des charges dans lequel sera incluse l’obligation d’employer des membres des communautés locales.- la création d’une fondation pour assurer à terme le financement de la gestion durable de l’aire protégée- l’ouverture d’autres campements dont les membres gestionnaires seront intégrés à l’ONG avec l’élaboration de nouveaux circuits pédestres.

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3.4.5/ Le mécanisme de taxation parafiscale pour assurer le financement de la gestion de l’aire protégée

Vers un mécanisme de financement durable des actions

L’objectif de Fanamby dans le mécanisme parafiscal qu’elle veut mettre en place est d’opérer des prélèvements sur les revenus issus des produits et services qu’elle met en place avec l’implication des communautés. Il ne s’agit pas d’une taxation sur l’existant venant se rajouter aux prélèvements de l’État, mais de prélever une part des nouveaux revenus qu’elle a initiés et développés, pour permettre le financement durable de la gestion du couloir. Elle mise, pour cela, sur les plus-values apportées par les appuis du Projet, donc les ventes de produits agricoles et des services. Par contre elle représente la création d’une taxation en ce qui concerne l’exploitation des ressources naturelles. Il y a harmonisation de ces prélèvements au niveau des OPCI.

En termes de bilan financier, les revenus ainsi dégagés ont été issus :

- de la filière écrevisse centralisée sur un fokontany (soit 81 000 ariary pour la période février-mai 2006),

- du site écotouristique (36 000 ariary issus essentiellement de frais de guidage avec l’adoption d’un système de partage entre les fokontany et d’une taxe sur les droits de visite pour appuyer les micro-projets d’Antsahabe),

- de la filière gingembre (52 500 ariary versés auprès de 5 fokontany). - des taxes de roulage qui restent pour l’instant le plus pourvoyeuses de fonds avec 5

millions d’ariary de recettes servant avant tout à l’entretien de la piste de 40 km qui a été créée (touchant 4 communes à l’est du couloir) et au salaire des gardes barrières.

Ce système de taxation est revendiqué comme « innovateur », ciblé pour l’instant donc sur 6 produits identifiés : le gingembre, les écrevisses, le haricot, la pomme de terre, l’écotourisme et la taxe de roulage.

Cependant, ce mécanisme ne repose pas encore sur des bases juridiques. Du fait de l’orientation de la politique gouvernementale vers le fokontany, Fanamby espère une législation appuyant ce mécanisme fiscal qu’elle voudrait voir officialiser via un travail de concertation avec les OPCI et le Ministère Chargé de la Décentralisation, que ce soit en ce qui concerne les bois d’œuvre prélevé, le foncier, les produits agricoles et forestiers, l’écotourisme.

Éléments de conclusion : une solution/ les critiques

Dans le fonctionnement qu’elle veut mettre en place sur les sites qu’elle gère, Fanamby est fréquemment citée par les acteurs de la conservation, du fait qu’elle ait une vision de développement intégrée des territoires protégés et un mode de gestion novateur. Elle possède en cela des similarités, mais à l’échelle locale, avec le projet PIC. Cette structure est citée par le fait qu’elle représente une solution pour l’autofinancement de la gestion d’une aire protégée, avec un fort volet de développement local. Cependant, il semble que malgré l’échéancier de la mise en place du projet et de son « rodage » sur la période 2004-2008, le processus soit encore en devenir et par là même il apparaît difficile de juger de son adéquation locale. Cependant du fait des indicateurs de résultat donnés, une première appréciation semble permise.

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Considérons ces indicateurs :

- 30 individus dont 10 femmes bénéficient des emplois générés par le développement des activités écotouristiques,- 1.000.000 ariary générés par l'exploitation écotouristique au bénéfice du fokontany d’Antsahabe,- 600 ménages bénéficient d’un appui à la production et à la commercialisation de produits,- 6 produits du terroir font l’objet d’une action de monétisation,- 7 communes et 18 fokontany bénéficient de l’utilisation des recettes collectées issues du nouveau système de taxation, soit 81 000 ariary pour la période février-mai 2006 pour la filière écrevisse, 36 000 ariary pour la filière écotourisme, 52 500 ariary pour le gingembre et 5 millions d’ariary pour les taxes de roulage,- 300 ménages bénéficient des actions de sécurisation foncière,- 6 PLOF réalisés pour 6 fokontany.

Tableau N° 36: Récapitulatif des actions de Fanamby 2006 dans le couloir forestier d’Anjozorobe

Indicateurs planifiés Réalisés

Au moins, les parcelles de culture de 200 ménages font l’objet d’une sécurisation foncière relative

Le dossier de 120 parcelles touchant 86 ménages est actuellement au niveau des services des domaines de Moramanga6 plans locaux fonciers ont été réalisés au niveau de 6 fokontany

Au moins 100 personnes visitent le site touristique d’Antsahabe créant au moins 10 emplois aux communautés locales

250 visiteurs26 emplois directs, dont 15 femmes

Au moins 850 ménages bénéficieront d’un appui à la production et à la commercialisation de produits,

- 860 ménages touchés par l’appui à l’amélioration de la production (haricot et pomme de terre)- 80 ménages ont bénéficié d’une vente de 5,4 t de gingembre et 15 ménages pour la vente de 240 kg d’écrevisses aux opérateurs privés

Source : Fanamby.

Considérons les moyens nécessaires à ces projets de développement et les coûts inhérents en termes de charge de personnel, de charges variables et de charges fixes:

- moyens humains, une équipe permanente de 17 personnes

- 1 directeur de projet- 1 responsable base de données/suivi évaluation - 1 responsable conservation/aménagement- 1 responsable appui à la production

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- 1 responsable appui aux communes- 1 responsable administratif et financier- 1 responsable appui logistique et organisationnel- 1assistante écotourisme- 3 agents de terrain- 6 personnels d’appui (2 chauffeurs, 1 coursier, 3 gardiens)

- un personnel d’appui à temps partiel (équipe de Fanamby)

- 1 secrétaire exécutif : secteur privé, écotourisme, structure de gestion durable- 1 directeur chargé de l’appui technique et scientifique- 1directeur chargé du développement écotouristique

- moyens matériels et équipements :

- un bureau de liaison à Antananarivo- 2 bureaux à Anjozorobe et Mandialaza (électrification par panneaux solaires)

- 3 ordinateurs portables, 4 ordinateurs de bureau et 1 vidéo projecteur- 2 véhicules 4*4- 5 VTT- mobilier de bureau - matériel de camping - réseau internet à Antananarivo

- partenariat technique et financier :

- PNUD/GEF : partenaire financier et suivi de la planification,- WWF : partenaire financier et appui aux activités de suivi écologique et de restauration forestière,- Direction Générale des Eaux et Forêts et ses structures décentralisées : plans d’aménagement, système de gestion, statut de protection définitive, contrôle et surveillance, restauration forestière et reboisement,- Ministère chargé de la décentralisation et de l’aménagement du territoire : OPCI, mécanisme para fiscal- ANGAP : zonage, catégorisation d’unités d’aménagement, statut de protection définitive,- Université d’Antananarivo : recherche appliquée,- PSDR : réalisations de sous Projets,- ADRA : appui à la production et à l’organisation des producteurs,- CRD Mangoro : appui à la sensibilisation pour la gestion, planification de la gestion des aires défrichées,- Régions et Districts : mise en œuvre du schéma d’aménagement et appui au développement local,- Bureau programme environnemental du MERNS : éducation environnementale,- Gendarmerie : contrôle et surveillance,- Secteur privé : développement d’activités alternatives génératrices de revenus,- OPCI, Communes, associations et communautés locales : acteurs et bénéficiaires

Considérons aussi le standard de l’ecolodge mis en place :

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Photo N° 31: Les « chambres » du site écotouristique d’Andreba

Source : cliché personnel.

Il y a de fait un décalage qui semble apparent entre les éléments nécessaires à la mise en place du fonctionnement de l’aire protégée (notamment en ce qui concerne leur coût) et les résultats des procédures et du site écotouristique mis en place. Les actions de Fanamby induisent un développement local, mais il semble difficile en l’état de juger de la possibilité de l’autofinancement de la gestion de la protection de ce territoire, surtout en considérant que le projet est encore en devenir puisque défini sur quatre ans, jusqu’à la fin de l’année 2008.

Ainsi si l’on considère que Fanamby donne comme recettes de l’exploitation écotouristique 1 000 000 ar et 26 emplois directs induits, si l’on prend en compte le salaire moyen malgache (environ 53 000 ar/mois en zone rurale, ce qui représente pour les 26 emplois directs induits sur un an : 16,5 millions d’ariary, en comparaison du million de recette de l’écotourisme susmentionné. Ainsi Fanamby semble appeler emplois directs induits, des tâches ponctuelles de service), nous nous situons « extrêmement » loin en l’état du seuil de rentabilité, ceci en ne prenant en compte que les charges de personnels auxquelles doivent venir se rajouter tous les frais annexes.

En ce sens le mécanisme de taxation parafiscal apparaît comme une des voies possibles de financement de la gestion de l’aire protégée avec les 5 169 000 ar de recettes susmentionnées (essentiellement pour les taxes de roulage, les autres montants étant, en l’état, marginaux), mais qu’en est-il si sont pris en compte le salaire des personnels et cadres de Fanamby ? Personnels qui sont appelés, il est vrai, à disparaître localement.

En ce qui concerne les dégagements de revenus issus des alternatives agricoles développées, ils semblent difficilement appréciables pour les 850 ménages ayant bénéficié d’un appui à la production (sur les 30 000 personnes concernées par le territoire de l’aire protégée).

Un élément qui semble positif dans cette action concerne la sécurisation foncière par la visualisation des communautés d’images satellites, donc par la re-situation de leur espace dans un espace plus global, par le fait des délimitations foncières qui définissent des territoires

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corrélés avec un usage humain localisé. On dégrade un écosystème qui n’appartient à personne donc à tout le monde et dans lequel on peut se servir, on ne dégrade pas son territoire ou le territoire de son village, mais encore faut-il que ce territoire soit défini. Parallèlement on peut mentionner que sur les 48 mois du projet, 6 PLOF ont été réalisés pour 6 fokontanys en 28 mois sur les 39 fokontanys du territoire considéré.

Mais si l’on s’en tient à leur discours qui met en avant l’objectif de la mise en place d’un fonctionnement avant de « disparaître », il semble y avoir effectivement en ce sens la possibilité de la pérennité financière de la gestion de l’aire protégée considérée, à la condition que les structures que Fanamby veut mettre en place pour prendre le relais de son action assurent ce rôle. Fanamby veut malgré tout assurer le suivi de son action au-delà de l’échéancier qu’elle donne, un échéancier au-delà duquel une appréciation de la viabilité du projet sera possible.

Un autre fait concerne la participation financière des populations pour l’exploitation des ressources naturelles, par le système de taxation mis en place. Il semble similaire en cela aux politiques initiées par les institutions en Afrique d’un coût pour l’eau, donc en lui concédant une valeur. Un mécanisme qui attribue une valeur financière aux ressources naturelles du couloir géré par Fanamby. Le mécanisme parafiscal paraît intéressant en ce qui concerne une taxation de biens ou services dont la structure initie la création ou le développement, donc non pas sur l’existant, en venant accroître la pression sur les communautés. Même si en l’état, hormis les taxes de roulage, les montants sont infimes. Les taxes de roulages apparaissent financièrement intéressantes. Elles montrent en cela, comme à d’autres échelles, le besoin de mobilité indissociable du développement, la mobilité problématique à Madagascar. Un mécanisme selon lequel sont taxés le déplacement des personnes, un phénomène absent du réseau routier et des pistes du territoire malgache.

Malgré tout, ce fonctionnement idéal ne concerne qu’une part infime du territoire malgache, même si trois sites sont considérés. Dans l’hypothèse du fonctionnement pérenne mis en place pour l’aire protégée considérée, qui a nécessité et nécessite encore des moyens supérieurs à ceux disponibles pour des territoires plus étendus et si est pris l’exemple de territoires du réseau en dehors de la fréquentation touristique, ce mécanisme semble difficilement transposable à une échelle supérieure bien que ce fonctionnement malgré l’horizon proche de 2008 reste en cours, donc en devenir.

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Conclusion de la troisième partie

Sur les territoires gérés par l’ANGAP, il semble que la gestion déborde des limites des aires protégées, par le rôle central que semble tenir cette structure et ses directions locales dans les rapports et règles sociales des territoires concernés, aussi par les infrastructures mises en place par l’intermédiaire des 50 % des DEAP pour le parc de l’Isalo, les bailleurs internationaux intervenant sur les deux autres parcs. Pour ces infrastructures, dans leur définition sur les territoires étudiés, les COSAP semblent inféodés ou sous la coupe des directions de parc. En termes de développement local induit et bien que l’exemple du parc de Ranomafana présente une diversification initiale des alternatives élaborées reprise récemment, celles-ci semblent stéréotypées, selon les géomorphologies des territoires, à du matériel agricole ou de l’approvisionnement en riz.

Dans ces termes, le parc national de l’Isalo, le plus fréquenté du réseau, présente un cas de développement rural induit marginal, corrélé à la persistance des pratiques d’élevage. Dans ce parc, la centralisation des projets et des infrastructures définit éventuellement un pôle de développement, comme pour les autres territoires, généralement un bénéfice pour la population urbaine bien plus que rurale, la moins responsable des prédations dans les parcs.

Dans tous les cas et malgré un discours national privilégiant la gouvernance, comme dans nombre de PVD, son absence est marquée et la participation locale à la gestion semble relative dans les processus décisionnaires. La menace d’expropriation est même utilisée dans le parc national d’Ankarafantsika, si sont considérés comme fiable les discours des communautés. Rappelons, parallèlement à la mention de ces menaces par des villageois de la zone du parc d’Ankarafantsika, que le rapport d’activités du 4ème trimestre 2006 de l’ANGAP mentionne la volonté d’améliorer la voix des communes dans la gestion des AP, par la proportion des COSAP de 0 % à 50 %.

Ces discours villageois apparaissent généralement quelque peu approximatifs, mais toujours contestataires, une approximation apparente et l’intervention nécessaire d’un interprète selon des modalités d’entretien complexes102

Les stratégies de développement de l’écotourisme semblent resituables à nouveau plus dans les discours, bien que l’exemple du Parc d’Ankarafantsika soit particulier dans ce domaine, surtout du fait de l’intervention du bailleur KFW dans les réalisations locales.

Ces éléments définissent qu’au niveau des territoires étudiés, État et ANGAP semblent confondus dans les rapports sociaux sous-jacents, l’ANGAP perçu comme fanjakana c’est-à-dire l’administration et ses agents, aussi comme maître d’œuvre dans l’établissement des infrastructures locales. C’est dans ces infrastructures qu’il est possible de voir un des positifs fondamentaux de la fréquentation écotouristique. Il serait plus adéquat de parler de tourisme vert au vu des pratiques et discours de ces populations sur les territoires des aires protégées.

Les acteurs internationaux de la conservation que sont les ONG le mentionnent, en termes de travail de conservation, l’ANGAP a effectué et effectue un travail fondamental qu’aucune structure étrangère ne saurait assumer. Dans le volet financier, la création de la fondation semble un marqueur de la prise en considération de plus en plus relative de l’écotourisme comme source de financement de la conservation, malgré sa rentabilité démontrée en termes financiers.

102 On peut citer à ce propos les travaux d’O. Sardan (2003), Pratique de la description.

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En ce qui concerne le développement local, les parcs permettent l’élaboration d’infrastructures normalement à la charge de l’État et donc un développement local, malgré ce qui apparaît comme peu d’alternatives aux pressions. En termes d’écotourisme, les mesures semblent cantonnées aux discours que l’on tient aux bailleurs ou que ces derniers tiennent. L’écotourisme semble plus un tourisme vert s’inscrivant dans une des attractions permises localement, outre la fréquentation balnéaire incluse dans les circuits que suivent les populations concernées. À ce propos M. Pawliczek, conseillère en marketing, écotourisme et tourisme durable auprès de l’ECOTOD mentionne qu’à Madagascar : « il y a des écotouristes, mais pas d’écotourisme103. ».

Dans les territoires étudiés, ce n’est que dans la structure Fanamby qu’apparemment se retrouve l’utilisation de la gouvernance comme un mécanisme de la gestion de la conservation et une vision intégrée du développement local, selon un mécanisme nécessitant malgré tout d’importants moyens. En ce sens, la mise en connectivité de territoires à potentiel sur les trois plans : financiers, informatifs et physique et la propagation centrifuge du développement induit semble bien être en l’état une voie de développement. Le tourisme et l’écotourisme (dans lequel se retrouvent bien quelques « backpackers ») y sont des composantes parmi d’autres, mais non son facteur unique, bien qu’ils permettent, au niveau des parcs, la mise en place d’infrastructures de base.

103 Entretien B. Thomas, 16.02.07, Antananarivo, M. Pawliczek, ECOTOD

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Conclusion générale

Dans la politique d’extension de la surface des aires protégées et celle du développement de l’écotourisme, la communauté internationale est omniprésente, tant au niveau du financement du processus qu’à celui des cercles d’influence gouvernementaux. Les grandes ONG de conservation y ont une approche de lobbying, mentionnée par la Banque Mondiale, vis-à-vis des impératifs de conservation des écosystèmes forestiers à forte endémicité. Ils sont corrélés aux fortes pressions historiques des communautés pour qui, comme dans tous les pays en développement, les ressources naturelles sont vitales. Pour cette conservation, tous les acteurs du secteur ont conscience de la rentabilité économique, par ses externalités, du tourisme. Dans ce cadre donné, l’écotourisme semble constituer, pour les bailleurs, le moyen pérenne d’assurer le financement de la gestion de la conservation, provenant pour l’instant essentiellement de la partie anglo-saxonne du monde occidental. Les stratégies de développement de ce secteur sont multiples et le terme est utilisé systématiquement dans les discours officiels touchant à l’environnement, au même titre que « durabilité » et « gouvernance ». Ce terme se rattache localement à des notions obscures pour les institutionnels malgaches pour qui il semble suffire de visiter une aire protégée pour être qualifié d’écotouriste. Pour les bailleurs, dans tous les cas, il s’agit d’un concept incontournable.

Cependant, l’examen des interactions entre les acteurs institutionnels, privés et associatifs dans le domaine de la conservation révèle l’atomisation des processus décisionnels et l’absence de leadership du gouvernement. Celle-ci n’a d’égale que la limitation des moyens des ministères concernés. Ces acteurs voudraient que le Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts assure la direction de la conservation, une structure dont le manque d’autonomie décisionnelle est à corréler avec son manque d’autonomie financière. Le processus de mise en concession des aires protégées est un bon indicateur de cette faiblesse institutionnelle malgache, puisque, pour cette procédure, une task force informelle de composition majoritairement internationale est en charge d’élaborer son cadre légal en lieu et place des structures de l’État souverain malgache. Cette mise en concessions trouve son reflet dans la volonté gouvernementale d’ouvrir le pays aux investisseurs étrangers, par de multiples mesures politiques dont essentiellement la sécurisation foncière et des investissements, ainsi que par la mutation du droit foncier. En effet, la problématique foncière est fondamentale pour les investisseurs, dans le contexte d’un État ne reconnaissant historiquement que la propriété privée et celle de l’État, les terres communautaires lui étant rattachées. La mutation du droit foncier vise donc aussi les investisseurs dans le domaine du tourisme. Ils sont au fait des potentiels balnéaires et « verts » de l’île-continent et « patientent aux frontières » depuis plusieurs l’années, dans l’attente de cette mise en place de la connectivité de Madagascar aux flux financiers internationaux. Ces flux qui dans le secteur minier notamment ont trouvé leurs territoires d’élection.

Madagascar est un pays qui a été influencé par le droit public français dans l’élaboration de sa constitution, comme en ce qui concerne la gestion du domaine public. Dans la volonté de son inscription dans le courant de la mondialisation, l’île subit l’influence du droit anglo-saxon. Celui-là même qui a servi de base à l’élaboration du cadre légal pour les mises en concessions de territoires protégés au niveau d’autres nations en développement du globe. Un exemple de l’importance croissante de cette composante anglo-saxonne à Madagascar a été, selon la volonté présidentielle, l’intégration de la proposition de l’anglais (en parallèle de la disparition du terme « État laïc » de la constitution, comme de celle des six provinces autonomes au profit de 22

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régions) comme troisième langue officielle (après le malgache et le français) lors du référendum du 4 avril 2007 pour le changement constitutionnel, pour lequel le oui a été majoritaire. La France a laissé son empreinte, en induisant des dysfonctionnements de pratiques et de culture, dans le domaine de la conservation, entre des techniciens francophones et européens et des décideurs anglophones. Ainsi la plupart des forêts classées et des sites privés sont « pris en main » par un système anglo-saxon tandis que les stations forestières restent influencées par un système inspiré par des schémas de fonctionnement d’origine française, des stations historiquement vouées à la recherche scientifique sur les espèces. Inversement, l'esprit de la conservation à Madagascar est anglophone tandis que le secteur tourisme reste sous influence francophone, face à une administration hiérarchisée, figée dans l’attente d’orientations. Le contexte est celui de forces de propositions extérieures aux institutions, elles émanent essentiellement des bailleurs pour qui le credo actuel est qu'il faut un leadership malgache en équilibre avec un désengagement de l’État initié par les institutions internationales.

Dans cette nation dont les ressources sont essentiellement naturelles et minières et où le sentiment d’identité nationale semble faible, les bailleurs sont beaucoup plus puissants qu’en Afrique de l’Ouest et au Maghreb. Ils sont mentionnés, par certains responsables d’institutions internationales, comme téléguidant les pouvoirs publics dans un cadre de réformes visant à réduire les activités et compétences, ainsi que les budgets, des pouvoirs publics. Ces bailleurs sont ponctuellement présents dans divers comités de pilotage et de réformes de ces services publics, notamment dans le secteur de l’environnement. C’est aussi dans ce cadre et du fait des PAS, que la gestion des aires protégées a été transférée, des services publics, à des agences d'exécution. Elles ont été « affublées » d'un statut de droit privé, mais, dans les faits, exercent des prérogatives de pouvoirs publics. Ces agences sont financées directement par les bailleurs selon des montages comptables et financiers hybrides, contrebalançant la lourdeur des financements publics, avec l’avantage pour l’État de déléguer une gestion coûteuse. Cependant, l’ANGAP qui est mentionnée comme devant être à terme pilotée par les fonds issus de la fondation créée pour les aires protégées, donc encore par les bailleurs, a une volonté d’émancipation et un désir de droit de propriété. Elle voudrait se constituer un patrimoine foncier sur des territoires, afin de pouvoir y mener la politique de concessions en cours et surtout, être la destinatrice des fonds rétrocédés par sa mise en place. Dans la conservation s’est effectuée une transition d'un système dominé par la nécessité de préservation vers des impératifs de gestion, puis vers un contexte de « marchandisation » relative des territoires, malgré une capacité de résistance du Ministère de l’Environnement. Ces territoires appartiennent, malgré tout, aux populations et ils sont sous la double influence de la conservation « pure et dure », pour les ONG les plus « intégristes », et celle de la conservation et du développement voulus par les bailleurs. Mais les ONG ont intégré la nécessité d’induire, dans leur fonctionnement, des composantes multisectorielles et multiscalaires, par l’absence de l’État dans certains territoires enclavés, mais aussi du fait de la nécessaire mise en place d’alternatives aux prédations.

À l’échelle des territoires étudiés et surtout des communautés concernées, la conservation est effective et l’écotourisme, ou plutôt le tourisme vert, permet la création d’infrastructures dans les parcs fréquentés. Mais, malgré la prise en compte des impératifs de développement local dans les stratégies mises en œuvre au niveau des communautés rurales, les alternatives aux pressions sur les ressources naturelles indispensables sont faibles et l’implication des communautés dans la gestion des aires protégées semble inexistante. De même les externalités du tourisme apparaissent centralisées, comme les infrastructures, sur les zones les plus urbaines. Il transparaît même des mécanismes mis en place pour la conservation/développement, la présence persistante des bailleurs dans les financements de la gestion des parcs étudiés, malgré qu’ils soient parmi les plus fréquentés. L’autofinancement de l’ANGAP semble utopique, malgré sa mention

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systématique par le développement de l’écotourisme. Ceci en raison essentiellement de l’absence de procédures ou de mécanismes de transferts des fonds issus de la fréquentation touristique vers cette structure, son fonctionnement, très administratif et ses dysfonctionnements sont connus.

Ainsi il transparaît une mondialisation dans la gestion des aires protégées, à travers la mise en place du système des aires protégées à l’échelle des politiques nationales, comme à celle de la gestion et du local. La gouvernance y est revendiquée, similaire à ce qui se retrouve dans certains projets de développement local fruits d’un « topdown ». Ces projets peuvent se succéder dans certains villages et n’y laisser que de nouveaux rapports sociaux souvent conflictuels entre l’autorité des « anciens » et celle de nouveaux « notables » issus de l’intermédiation avec les ONG. De même leurs pratiques « révolutionnaires » sont quelquefois standardisées (l’homogénéité des activités entreprises dans l’ensemble des villages concernés, liée à la dépendance financière des ONG appliquant les méthodes en vogue104 en pays betsilao) pour induire le développement dans les territoires locaux.

Malgré ces faits, les discours mettent systématiquement en avant l’écotourisme comme moyen de financement de la conservation et du développement local. Encore faut-il que cette pratique au niveau local se fasse, d’après ce qui transparaît des territoires étudiés et selon les mentions qui en sont faites dans l’abondante littérature à ce propos, selon une action collective qui semble la condition sine qua non du développement à l’échelle des communautés. Comme le rapportent C. Chaboud, P. Meral et D. Andrianambinina dans « Le modèle vertueux de l’écotourisme : mythe ou réalité ? L’exemple d’Anakao et Ifaty-Mangily à Madagascar » : « L’action collective locale, telle qu’elle se manifeste dans les associations, semble l’un des moyens indispensables pour influer sur les représentations, les attitudes et les comportements. L’action collective comme base d’un modèle vertueux ne semble cependant envisageable, à la lumière de nos exemples, qu’à partir d’une situation initiale où existe une réelle marge de choix pour les acteurs locaux. Dans les pays à fort potentiel écotouristique comme Madagascar, où l’Etat et les bailleurs de fonds espèrent une croissance rapide de l’écotourisme, il faudra veiller à l’appropriation locale des enjeux, des contraintes et des bénéfices de cette activité ».

Il faut, à ce propos, prendre également en considération les relations sociales communautaires historiques issues des pratiques de « l’ostentation cérémonielle », pour certaines ethnies, et des cultes lignagers. Elles définissent des rivalités pour accéder aux positions sociales prééminentes qui, avec les rivalités « inter-éthniques » au niveau national, semblent déboucher sur un déficit relatif d’identité nationale et entraîner une difficulté, qui semble transparaître des enquêtes, à se coordonner et à mener une action collective. Cette coordination apparaît pourtant au sein des communautés nationales, d’origine indienne, chinoise ou musulmane, voire au sein de la communauté française expatriée. Ces communautés semblent privilégier dans les pratiques commerciales le partenariat interne, ce qui peut malgré tout se retrouver dans la communauté merina.

Ainsi, à partir des éléments déterminés et des discours, se pose la question de la possibilité réelle de l’extension des aires protégées et de ses externalités, non pas en termes de conservation, mais en termes de répercussions sur les communautés. Un projet « pharaonique » comme peuvent l’être ceux concernant l’élaboration de « resorts » d’importance. Dans ce dernier cas, ils ne concernent en l’état que les territoires des étagères accueillant leurs dossiers d’étude. En ce qui concerne les discours formulés et en parallèle, on notera que le terme malgache

104 Cf . Etudes rurales n° 178, p. 101.

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politiky105 qualifie le processus de passage à l’âge adulte, par l’apprentissage du fait de cacher ses intentions réelles en les enrobant de discours « acceptables » ou « convenus ».

Pour les acteurs du secteur, dont la partie internationale peut mentionner sur le ton de la confidence que le tourisme et l’écotourisme ne satisferont jamais, en l’état, au financement nécessaire de la conservation à Madagascar, la gestion de la conservation est onéreuse. Vis-à-vis de l’étendue du territoire considéré, sur le même ton et selon les mêmes interlocuteurs, cela semble un compromis acceptable dans l’attente du fonctionnement de la fondation et dans le contexte de la mise en connectivité du territoire aux IDE par le gouvernement. Celui-ci a conscience de l’enjeu du problème et a intégré les impératifs de conservation, mais les laisse à la charge d’acteurs tout à fait compétents dans ce domaine. De ces derniers on pourrait dire qu’ils sont financés par les WASP et qu’ils tiennent le discours attendu de durabilité et de gouvernance.

La gouvernance s’avère donc inexistante au niveau des territoires étudiés, hormis dans le couloir forestier d’Anjozorobe, comme semblent inexistants et revendiqués comme tels par les institutionnels malgaches, les moyens dans le domaine de la conservation et de l’écotourisme. Le discours général privilégie l’écotourisme tout en examinant la bonne santé touristique des voisins de l’océan indien, comme l’île Maurice et les Seychelles. Ces pays bénéficient d’une santé enviable dans ce domaine qui semble déterminer en grande partie la politique, dans les faits plus touristique qu’écotouristique et la volonté de voir enfin s’installer sur l’île de grands groupes hôteliers de standard international. En finalité l’île-continent devrait, si la connectivité planifiée est réalisée, accueillir ce qu’il est possible de voir comme les représentations, les concessions, de ce qui est qualifié par T. Negri de « l’empire », « l’espace planétaire défini par les pratiques du commerce mondial, lieu d’inscription de la résistance des peuples et sociétés du monde à l’OMC », laissant les acteurs internationaux de la conservation territorialiser ce qui a été défini par des responsables de la Banque Mondiale comme « le marché libre de la conservation à Madagascar », dans un contexte malgache que Hufty et Razakamanantsoa (1995), enfin, ont qualifié de « néocolonialisme vert » et où « les politiques publiques environnementales portent les marques de la mondialisation non seulement politique mais financière106. »

----------- o -----------

105 Cf. : Etudes Rurales n°178.

106 J. P. Ranjatson. (2006), La mondialisation contre le développement durable, in « les situations foncières de colonisation agraire de la forêt de Madagascar : du pluralisme du discours normatif au syncrétisme du droit de la pratique », Ecopolis n°6.

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Liste des sigles

AFD : Agence Française de Développement ANGAP : Association Nationale pour la gestion des Aires Protégées ANAE : Association Nationale d' Actions Environnementales AP : Aires Protégées APD : Aide Publique au DéveloppementASPS : Association des Sportifs des Professionnels de SantéBAMEX : Business and Market ExpansionCDB: Convention sur la Diversité BiologiqueCEE/UE : Communauté Economique Européenne / Union Européenne CELCO : Cellule de CoordinationCI : Conservation International CIMM : Conseil International des Mines et MétauxCNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le DéveloppementCNUED : Conférence des Nations Unies pour l’Environnement et le DéveloppementCOAP : Codes des Aires protégéesCoBa : Communauté de BaseCOGES : Comité de Gestion COSAP : Comité de Soutien aux Aires ProtégéesCRD : Comité Régional de Développement DEAP : Droit d' Entrée aux Aires Protégées DGEF : Direction Générale des Eaux et ForêtsDSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté EDBM : Economic Development Board of MadagascarERI: Ecoregional InitiativeFAO : Food and Agriculture OrganizationFFEM: Fond Français pour l’Environnement Mondial FID : Fonds d'Intervention pour le Développement FJKM : Eglise de Jésus Christ à MadagascarFMI : Fond Monétaire InternationalFNE : Fond National pour l’EnvironnementFORAGE : Fond Régional pour la Gestion de l’EnvironnementGCF : Gestion Contractualisée des ForêtsGCV : Grenier Collectif VillageoisGEF (FEM/GEF) : Fond pour l’Environnement MondialGELOSE : Gestion Locale SécuriséeGRAP : Gestion du Réseau des Aires ProtégéesHIMO : Haute Intensité de Main d’OeuvreIDA : International Development Agency IDE: Investissements Directs EtrangersIDH : Indice de Développement Humain IFC : International Finance Corporation (SFI)IMRA : Institut Malgache de Recherche AppliquéeIPPTE : Initiatives des Pays Pauvres et Très EndettésKASTI : Comité pour la Forêt et l’EnvironnementKfW : Kreditanstalt für Wiederaufbau LDI : Landscape Development Intervention

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MAP : Madagascar Action PlanMAEP: Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la PêcheMECIE : Mise en Compatibilité des Investissements et de l'Environnement MDAT : Ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du TerritoireMEM : Ministère de l’Energie et des MinesMINENVEF : Ministère de l’Environnement, des Eaux et ForêtsMININTER : Ministère de l’IntérieurMPAP : Micro - Projets Alternatifs aux Pressions NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la CommunicationOMT : Organisation Mondiale du TourismeONE : Office National pour l'Environnement ONG : Organisation Non GouvernementaleONTM : Office National du Tourisme de MadagascarOPCI : Organisme Public de Coopération IntercommunaleOPJ : Officier de Police JudiciairePACT : Project Agencies Collaborating Together PAS: Programme d’Ajustement StructurelPADR : Plan d’Action pour le Développement RuralPAG : Plan d’Aménagement et de GestionPCD : Plan Communal de DéveloppementPCDI : Projet de Conservation et de Développement IntégréPIB :Produit Intérieur Brut PIC : Pôles de Croissance Intégrés PE : Programme environnementalPLOF : Plans Locaux d’Occupation FoncièrePMA : Pays les Moins AvancésPNA : Parc National d’AnkarafantsikaPNAE : Plan National d’Action EnvironnementalePNE : Politique Nationale de l’EnvironnementPNF : Programme National FoncierPNI : Parc National de l’IsaloPNM : Parcs Nationaux MadagascarPNUD : Programme des Nations Unies pour le DéveloppementPNUE : Programme des Nations Unies pour L’EnvironnementPNR : Parc National de RanomafanaPRDEAP : Prix des Droits d’Entrée dans les Aires ProtégéesPSDR : Programme de Soutien au Développement RuralPVD : Pays en Voie de Développement QMM : Quit Madagascar Minerals RFT: Réserves Foncières TouristiquesRNI: Réserve Naturelle IntégraleRNS : Réserve Naturelle SpécialeSAGE : Service d'Appui à la Gestion de l'Environnement SAPM : Système d’Aires Protégées de MadagascarSDR : Schéma de Développement Régional SEECALINE : Surveillance et Education des Ecoles et de la Communauté en Alimentation et Nutrition Elargie SFR : Sécurisation Foncière RelativeSIG : Système d'Informations Géographiques SMB : Secrétariat Multi-Bailleurs

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SRI : Stratégie Régionale d'Investissement UICN : Union Internationale pour la Conservation de la NatureUNICEF : United Nation Children’s FundUSAID : United States Agency for International DevelopmentWCS: Wildlife Conservation Society WRI: World Resource InstituteWWF : World Wildlife Fund ZOC : Zone d'Occupation ContrôléeZP : Zone périphériqueZUC : Zone d'Utilisation Contrôlée

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Intervenants

Interprète : S. C. ANDRIAMITARITSOA

PIC : H. RASOLOMANANA, Docteur Ingénieur. P.V.RAJERIASON, Business and Tourism Development.

ANGAP : H. RABARIHOELA, Responsable de Secteur. N. RAZANAMIADANA, Responsable de la Documentation.

ONTM/ECOTOD : M. PAWLICZEK, Conseillère en Marketing, Ecotourisme et Tourisme Durable.

Go2Madagascar/Boogie Pilgrim : S. RANARIVELO, Présidente. M.A. RAVAROSON, Secrétaire Général Executif.

CI : N. F. H. MANANJEAN R, Ecotourism Manager.

FANAMBY : A. CHATARD, Membre de la Direction.

Banque Mondiale/W.C.S : A. PIERRE, Chargé d’Etudes pour la Task Force.

W.W.F : N. RATSIFANDRIHAMANANA, Project Manager.

US Aid : Mme RAZAFIMAHATRATRA, Responsable en Monitoring/Evaluation pour l’Environnement et le Développement Rural

WCS : H. CROWLEY, Ph.D, Country Director. W. RABESAHALA, Chargé d’Etudes pour la Task Force.

Ministère de la Culture et du Tourisme : S. RAMANANDRAIBE, Chef de Service des Aménagements Touristiques. Mme NIRINA, Secrétaire Générale auprès du Cabinet du Ministre.

IFC : J. RAJAOBELINA, Program Manager SSC (SME Solutions Center).

Banque Mondiale : J. BRAND, Chargé d’Etudes,Détaché par la Coopération Suisse.

AFD : K. COLIN DE VERDIERE, Chargée d’Etudes.

IRD : F. GALETTI, Chercheuse.

ONE : D. RABANEMANANJARA, Responsable Technique.

MINENVEF : M.H. RANDRIAMAMOHA , Cellule de Coordination du PE3 (CELCO).

PARC NATIONAL DE L’ISALO : S. MAHAZOTAHY, Directeur du Parc. D. MARA, Directrice du COSAP jusqu’en mars 2007, Propriétaire d’un Campement au Village de Ranohira, Responsable et créatrice de l’ONG : « Le Village ». V. RAKOTOARISOA, Restauratrice et

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Directrice de l’ONG « TIAKO ISALO » pour l'amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants de Ranohira. P. RATOVO, Restaurateur et notable local. Guides, Hôteliers, Restaurateurs et villageois de Ranohira. Village de Ianakandrarezo : BEZOY, Chef du village. Villageois.

PARC NATIONAL DE RANOMAFANA : M. RASANDRY, Directeur du Parc. Le Responsable de la Conservation. Guides, Hôteliers, Restaurateurs et villageois de la commune de Ranomafana. Village d’Ambadiovavy : Roi Boto. villageois.

PARC NATIONAL d’ANKARAFANTSIKA : M. RAZAFINDRALAISA de la Direction Interrégionale, Directeur par intérim du Parc. J. RAMAMONJAIARISON, Maire du village d’Andranofasika et Directeur du COSAP. Guides, Hôteliers, Restaurateurs et villageois d’Andranofasika. Village d’Ambikaquely : Félix RABEMANANA, Chef du Village. Justin SAMBANY, Président de la ZUC. Villageois.

AIRE PROTEGÉE D’ANJOZOROBE : V. RASOLOARISON, Directeur Régional du Site d’Anjzorobe. « Mamy », Coordinateur. Guides et villageois d’Anjozorobe et d’Antsahabe.

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Page 196: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

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Table des illustrations

Cartes

Carte n° 1 : Le réseau des aires protégées de Madagascar en 2001…..…………………….…....20

Carte n° 2 : Les écorégions prises en compte pour la création du réseau d’aires protégées de Madagascar……………………………………………………………………………….……....22

Carte n° 3: Les écorégions maritimes de Madagascar…………………………………………...23

Carte n° 4: Localisation des aires protégées potentielles et zones potentielles pour les programmes écorégionaux à Madagascar en 2003…..………………….….……………….…...24

Carte n° 5: Carte des circuits touristiques à Madagascar ……….…..…………………………..34

Carte n° 6: Localisation des programmes écorégionaux de Madagascar et des aires protégées potentielles en 2003...….…...…………………………………………………………………….43

Carte n° 7: Les sites potentiels du SAPM en 2005.……………………………………………..44

Carte n° 8: Aires protégées, carreaux miniers et zones potentielles en aires protégées à Madagascar en 2004…..………………………………………………………………………….55

Carte n° 9: Les réserves foncières touristiques à Madagascar en 2003………………………….60

Carte n° 10 : Localisation des principales zones d’intervention de WWF, WCS et CI à Madagascar……………………………………………………………………………………….72

Carte n° 11: Les zones d’intervention de l’Alliance Ecorégionale de l’USAID à Madagascar.....85

Carte n° 12: Situation géographique du parc national de l’Isalo………………………………....92

Carte n° 13: Les différents habitats du parc national de l’Isalo…………………………….…....94

Carte n° 14: Les zones du parc national de l’Isalo………………………………………….…....95

Carte n° 15: Localisation du parc national de Ranomafana …………………………………....118

Carte n° 16 : Les habitats du parc national de Ranomafana………………………………….…120

Carte n° 17: Localisation du parc national d’Ankarafantsika …………………………………140

Carte n° 18: Le zonage du parc national d’Ankarafantsika …………………………………....143

Carte n° 19: Localisation Du couloir forestier d’Anjozorobe…………………………………..167

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Page 201: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Tableaux

Tableau n° 1: Catégorisation malgache des aires protégées……………………………………..25

Tableau n° 2: Evolution des arrivées du tourisme et de la fréquentation des parcs à Madagascar………………………………………………………………………..……………...33

Tableau n° 3: Sites visités par les touristes à Madagascar ………………………………….…...35

Tableau n° 4: Statistique du nombre d’entrée par aire protégée dans le réseau ANGAP depuis 1994………………………………………………………………………………………….…...35

Tableau n° 5: Les aires protégées créées en 2005 à Madagascar ………………………………..45

Tableau n° 6: Les aires protégées créées en 2006 à Madagascar ………………………………..45

Tableau n° 7: Localisation des actions des bailleurs dans les aires protégées en 2006 dans les activités de développement de l’écotourisme à Madagascar ………………...………………….63

Tableau n° 8: Ressources de CI MAD en ariary………………………………………………....69

Tableau n° 9: Tableau récapitulatif des actions planifiées par le Plan Régional de Développement pour le pôle de développement de Ranomafana………………………………………………….84

Tableau n° 10: Niveau de menace générale sur les 7 cibles de conservation prioritaires du parc national de l’Isalo………………………………………………………………………………...96

Tableau n° 11 : Situation des visiteurs au parc national de l’Isalo depuis 1990 jusqu'à fin 2005…………………………………………………………………………………….………...98

Tableau n° 12: Les projets écotouristiques développés au parc national de l’Isalo……..……….99

Tableau n° 13: Tableau des réalisations techniques 2006 sur le volet écotourisme au parc national de l’Isalo……….………………………………………………………………………………..100

Tableau n° 14: Les éléments de la stratégie de développement de l’écotourisme pour le parc national de l’Isalo……………………………………………………………………………….100

Tableau n° 15: Prévisionnel de la fréquentation du parc national de l’Isalo …………………...101

Tableau n° 16: Tableau des coûts de réalisations techniques 2006 sur les volets conservation/recherche et éducation environnementale au parc national de l’Isalo …………...101

Tableau n° 17 : synthèse des projets de développement par poste sur la période 1994-2006 pour le parc national de l’Isalo…………………………………………………………….………....112

Tableau n° 18: historique des micro-projets sur la zone du parc national de l’Isalo…………...115

Tableau n° 19: Menace générale sur l’aire protégée de Ranomafana…………………….…...121

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Page 202: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Tableau n° 20: La fréquentation touristique du parc national de Ranomafana ………………..124

Tableau n° 21: Le développement des infrastructures touristiques autour du Parc National de Ranomafana ……………………………………………………………………………….……125

Tableau n° 22 : Tableau synthétique des micro-projets 1994-2006, du parc national de Ranomafana…………………………………..…………………………………………………130

Tableaux n° 23: Historique des micro-projets du parc national de Ranomafana ………………133

Tableau n° 24: Information sur les microprojets 2005 (réalisation 2006) du territoire du parc national de Ranomafana………………………………………………………………………...137

Tableau n° 25: Information sur les microprojets 2006 (réalisation 2007) du territoire du parc national de Ranomafana………………………………………………………………………..138

Tableau n° 26: Conditions souhaitées pour la conservation des cibles prioritaires au parc national d’Ankarafantsika ………………………………………………………………………..……...145

Tableau n° 27: Taux de fréquentation touristique dans le parc national d’Ankarafantsika………………………………………………………………...……………...149

Tableau n° 28: Tableau synthétique des projets de développement 2003-2006 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika…………………………………….…………………………...158

Tableau n° 29: Tableau des activités de développement en 2003 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika-financement KFW ……………………………………………………...…...159

Tableau n° 30: Tableau synthétique des activités de développement en 2004 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika, financement KFW……………………………………………..…..159

Tableau n° 31: Tableau synthétique des activités de développement en 2005 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika, financement KFW……………………..…………………….…….160

Tableau n° 32: Tableau synthétique des activités de développement en 2005 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika, micro-projets financés sur les 50% DEAP…….………….……….161

Tableau n° 33: Activités de développement réalisées en 2006 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika …………………………………………………………...……………….….162

Tableau n° 34: Distribution de matériel agricole 2006 dans la zone du parc national d’Ankarafantsika ..……………………………………………………………………………...163

Tableau n° 35: Tableau récapitulatif des actions de Fanamby dans le secteur agricole dans le couloir forestier d’Anjozorobe………………………………………………………... …….…174

Tableau n° 36: Récapitulatif des actions de Fanamby 2006 dans le couloir forestier d’Anjozorobe…………………………………………………………………………………....179

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Page 203: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Graphiques

Graphique n° 1: l’espace d’une aire protégée du réseau ANGAP………….……………….…...26

Graphique n° 2: Evolution des arrivées de visiteurs non-résidents aux frontières à Madagascar.31

Graphique n° 3: Evolution des recettes en devises au titre du tourisme à Madagascar …………32

Graphique n° 4: Répartition moyenne des provenances des touristes à Madagascar ……….......32

Graphique n° 5: Activités pratiquées par les visiteurs à Madagascar………………….……..….33

Graphique n° 6: Comparatif du nombre de visas de tourisme et des entrées dans les aires protégées à Madagascar …………………………………………………………………….…...33

Graphique n° 7: Répartition de la fréquentation des aires protégées à Madagascar ………….…34

Graphique n° 8: Evolution de l’offre d’hébergement à Madagascar …………………….……...36

Graphique n° 9: Evolution des emplois directs générés par le secteur tourisme à Madagascar ...37

Graphique n° 10: La gestion d’une aire protégée selon « Madagascar Naturellement »…….…..46

Graphique n°11 :Schéma donné pour une démarche et stratégie d’aménagement du territoire intégrant la Vision Durban à Madagascar ………………………….…………………………....47

Graphique n° 12: Le modèle vertueux de l’écotourisme pour C.Chaboud, P.Méral et D.Andrianambinina, inspiré de WUNDER (2000)………………………………………………50

Graphique n°13 : Synthèse des stratégies de développement malgaches actuelles……………...53

Graphique n° 14: Schéma synthétique des interactions dans la gestion de la conservation à Madagascar……………………………………………………………………………………….87

Graphique n° 15 : Les étapes de la planification pour la gestion de la conservation des aires protégées du réseau ANGAP…………………………………………………………………..…91

Graphique n° 16: Evolution de la fréquentation du parc national de l’Isalo (d’après les données de l’ANGAP)……………………………………………………………………………………..98

Graphique n° 17: Evolution des revenus issus des DEAP pour le parc national de l’Isalo….…..99

Graphique ° 18: Organigramme d’un parc national du réseau ANGAP………………………..104

Graphique n° 19: Evolution de la fréquentation du parc national de Ranomafana …………….124

Graphique n° 20: Evolution de la fréquentation du parc national d’Ankarafantsika ……..……149

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Page 204: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

Photos

Photo n° 1 : Image satellite de Madagascar………………………………………………….……7

Photo n° 2: Un paysage du parc national de l’Isalo………………………………………….…..93

Photo n° 3: Le terrain omnisports de Ranohira………………………………………………....107

Photo n° 4: La charrette du village de Ianakandrarezo…………………………………….…...109

Photo n° 5: Le puits du village d’Ianakandrarezo réalisé par l’ONG Taratra …………….……109

Photo n° 6: Le village de Ianakandrarezo et l’école des Pères de l’Eglise à droite du cliché......110

Photo n° 7: La ville-champignon d’Ilakaka ……………………………………………….…...113

Photo n° 8: Le marché couvert de Ranohira…………………….. …………………….………114

Photo n° 9: La construction du poste de police de Ranohira en 2006 ……………………..…...114

Photo n° 10: Paysage du parc national de Ranomafana ………………………………………..122

Photo n° 11: Le bâtiment de la direction du parc national de Ranomafana ……………………126

Photo n° 12: Un barrage réalisé par l’ANGAPdans le territoire du parc national de Ranomafana…………………………………...………………………………………………...128

Photo n° 13: Le projet réalisé des toilettes publiques de Ranomafana………………………....131

Photo n° 14: L’établissement d’enseignement secondaire de Ranomafana …………………....131

Photo n° 15 : Les bâtiments de l’école primaire de Ranomafana et son parking……………….133

Photo n° 16: Paysage du parc national d’Ankarafantsika ……………………………………...141

Photo n° 17: La maison d’accueil du parc national d’Ankarafantsika……………………….....147

Photo n° 18: Un des bungalows de l’ecolodge du parc national d’Ankarafantsika………….....147

Photo n° 19: Les emplacements de Camping du site écotouristique du parc national d’Ankarafantsika………………………………………………………………………………..148

Photo n° 20: Le restaurant du site écotouristique du parc national d’Ankarafantsika ………....148

Photo n° 21: Un des puits à sec de l’ANGAP à Andranofasika ………………………...……...152

Photo n° 22: Un des puits de FJKM à Andranofasika ………………………………………....153

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Photo n° 23: Un des puits « américain » à Andranofasika ……………….…………………….153

Photo n° 24: Le village d’Ambikakely ……………………..…………………………………..155

Photo n° 25: Les charrues et herses attribuées par la direction du parc d’Ankarafantsika au village d’Ambikakely…………………………………………………………………………...156

Photo n° 26: Des villageois d’Ambikakely ……………………………………………….……156

Photo n° 27: Le siège de Fanamby à Anjozorobe……………………………………………....168

Photo n° 28: Paysage d’une rizière dans le couloir forestier d’Anjozorobe …………………...169

Photo n° 29: Le village d’Antsahabe ………………………………………………………..….176

Photo n° 30: La Maison d’accueil de l’aire protégée d’Anjozorobe……………………….…...176

Photo n° 31: Le restaurant du site écotouristique d’Andreba….. ……………………………....177

Photo n° 32: Les « chambres » du site écotouristique d’Andreba…. ……………………….…181

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Annexes

Annexe 1 :

Les projets de développements de l’AFD à Madagascar en dehors de l’environnement

Le développement rural

En milieu rural, l’AFD soutient l’augmentation de la production, par la valorisation des infrastructures hydrauliques existantes, ainsi que par la promotion et la diffusion, notamment dans l’aménagement des bassins versants, d’une agriculture respectueuse de l’environnement notamment par les techniques de semis direct sur couverture végétale (« zéro labour ») permettent d’accroître la production, tout en luttant contre la dégradation des sols, problème majeur à Madagascar.

Dans ce domaine elle finance- l’aménagement de bassins versants et de périmètres irrigués, avec des appuis aux

producteurs dans les régions du lac Alaotra, Manakara et aux services de proximité (6,7 M€),- la diffusion des techniques agro-écologiques – semis direct sur couverture végétale –

(4,2 M€).

Un concours de 15 millions d’euros a en outre été accordé en octobre 2005 pour un programme concernant les bassins versants et les périmètres irrigués dans quatre régions, le Vakinanakaratra et l’Amoron’i Mania sur les Hauts Plateaux, Vatovavy Fitovinany et Atsimo Atsinanana sur la côte Sud Est. Ce financement s’inscrit dans le cadre du Programme National Bassins Versants Périmètres Irrigués (BV-PI), soutenu également par la Banque Mondiale et qui a démarré ses activités en octobre 2006 (première campagne agricole). L’AFD finance par ailleurs des appuis à la définition et à la mise en œuvre de politiques agricoles.

L’éducation

Dans le domaine de l’éducation, un concours de 8,5 millions d’euros a été consenti par l’AFD pour financer la construction et la réhabilitation d'écoles primaires dans les circonscriptions scolaires d’Antsirabe II, d’Antsiranana I et d’Ambanja (60 écoles, 500 salles de classe, 50 bâtiments annexes, ainsi qu’un point d’eau dans chaque école). Un programme aujourd’hui réalisé à 90% qui a comporté des formations en français pour 600 instituteurs et un appui à la gestion pour les directeurs d’établissements.

Depuis 2005, l’Agence assure le financement d’un projet d’appui aux politiques éducatives malgaches qui recouvre la formation des élèves maîtres et des conseillers pédagogiques, la révision du curriculum de formation, l’amélioration de la gestion et de la planification du secteur, le renforcement des capacités des cadres des administrations concernées et des acquisitions d’équipements pédagogiques.Enfin un appui est apporté à la réalisation du programme national prioritaire "Education pour tous"avec un concours de 17 millions d’euros, accordé en décembre 2005, pour mettre en œuvre un programme qui vise l’amélioration de la qualité de l’enseignement, notamment par la formation des maîtres du primaire et des enseignants des collèges, une meilleure gestion du ministère de l’Education Nationale et le développement des collèges.

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La santé

En ce qui concerne le domaine de la santé, L’AFD apporte son concours financier à la réalisation d’un programme d’appui à la mise en œuvre de politiques de santé (formation de cadres, réhabilitation et équipement de centres de santé de base et de centres hospitaliers, activités liées à la lutte contre les IST/SIDA) et instruit actuellement le financement d’un Plan de développement du secteur de la santé, en liaison avec la Banque Mondiale avec pour principal objectif l’amélioration de l’accès aux soins des populations.

La gestion durable de la ressource crevettière

Dans le secteur de l’exploitation des ressources marines, l’Agence, avec l’Union Européenne, apporte un appui de 6,8 millions d’euros à la gestion durable de l’exploitation des crevettes qui sont une des premières ressources en devises du pays, cette ressource, qui repose sur un partenariat public/privé entre l’État et la profession, représentée par le Groupement des Aquaculteurs et Pêcheurs de Crevettes de Madagascar (GAPCM). Ceci par le biais de l’appui financier à l’Autorité Sanitaire Halieutique, au GAPCM, à l’Observatoire économique de la filière crevettière, au Programme National de Recherche Crevettière, au Centre de Surveillance des Pêches et à l’Agence Portuaire Maritime et Fluviale.L’Agence finance également des actions visant à intégrer les pêcheurs traditionnels dans la filière, ainsi que des actions de préservation de l’environnement (dispositifs de protection des tortues, expérimentation de filets sélectifs, mise en place d’une filière de récupération des huiles usagées, …). L’AFD finance par ailleurs la création, dans les locaux de l’Institut Pasteur de Madagascar, d’un laboratoire d’épidémio-surveillance de la production crevettière (1,4 M€).

Le développement urbain et les infrastructures

L’Agence a apporté son concours financier (6,1 M€) à la mise en œuvre d’un projet, achevé en 2006, de développement urbain dans les centres secondaires d’Antsirabe et d’Antsiranana (aménagement de voiries, d’équipements urbains et de bornes fontaines, appuis aux municipalités) et finance actuellement un projet de réhabilitation des principaux marchés de la ville de Mahajanga, ainsi que la rénovation des axes de desserte de ces marchés (8 M€).

Dans le prolongement des opérations d’aménagement du marais Masay (5,5 M€) et de réhabilitation et d’assainissement des quartiers sud-ouest d’Antananarivo (6,9M€), réalisées avec le soutien financier de l’AFD au cours de la première moitié de la décennie 2000, l’Agence instruit actuellement un programme de développement du Grand Tananarive recouvrant, outre des investissements physiques tels que la poursuite de l’aménagement de la rocade nord d’Antananarivo (du marais Masay jusqu’à la RN2) et le désenclavement de quartiers (aménagement et assainissement de la partie Est du casier d’Anosibe situé au sud de la capitale), des opérations visant à améliorer, au travers d’une approche intercommunale, la gestion de services urbains de base, et en particulier la collecte et le traitement des déchets solides. L’AFD finance également un appui au Bureau de Développement d’Antananarivo (BDA).

Dans le domaine des infrastructures portuaires, l’Agence assure le financement de deux projets mis en œuvre par l’Agence Portuaire Maritime et Fluviale (APMF) : le premier, en cours de réalisation, concerne la réhabilitation du port de Morondava et de son chenal d’accès (5,7 M€) et le second, actuellement en phase de lancement, recouvre la réhabilitation et l’aménagement du port de commerce d’Antsiranana (Diégo-Suarez), ainsi que la réfection des voies d'accès du site (12,5 M€). Enfin, un concours de 8 M€ a été accordé par l’AFD en novembre 2006 pour soutenir

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Page 208: Mondialisation, l'exemple de la conservation à Madagascar

le plan de redressement de la JIRAMA (société nationale d’eau et d’électricité). La Banque Européenne d’Investissement et la Banque Mondiale soutiennent également ce plan.

Les appuis au secteur privé

Dans le domaine de la micro-finance L’AFD soutient le développement de quatre réseaux : ADEFI, CECAM, Vola Mahasoa (région de Tuléar) et Mahavotse (dans le Sud Est), pour un total de 11 millions d’euros, avec le but que ces réseaux deviennent à moyen terme des institutions financières agréées par la Commission de Supervision Bancaire et Financière (CSBF). Un dispositif qui s’oriente aussi vers les PME.

Les financements d’entreprises s’effectuent principalement à travers la filiale spécialisée de l’AFD, PROPARCO qui a engagé 55,2 millions d’euros depuis le début de ses interventions à Madagascar en 1992 et qui intervient à des conditions de marché sous la forme de lignes de crédit aux banques (principe de subsidiarité), de prêts directs en devises pour des projets importants et, ponctuellement, de prises de participation et de garanties d’emprunts en ariary.

Le Groupe AFD met aussi à la disposition des banques un Fonds de garantie, dénommé ARIZ, qui peut garantir jusqu’à 50% des prêts consentis par des banques de la place en ariary ou en euros. Pour les prêts d’un montant relativement faible, un accord global, de 760 000 euros chacun, a été signé avec chacune des principales banques de la place, ainsi l’AFD par le biais de ce fond de garantie a apporté son soutien à des institutions de micro-finance.

Avec des ressources complémentaires du Ministère français de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, l’AFD a mis en place un concours de 2,6 millions d’euros pour des actions de promotion des exportations malgaches avec trois opérateurs : le Centre de solutions PME de la SFI, le BAMEX (programme d’appui aux exportations soutenu par l’USAID) et la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Madagascar (CCIFM).

Les engagements financiers de l’AFD à Madagascar (en millions d’euros).

Secteurs 1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006 Total

Education, formation 0,1 8,5 18,1 26,7Santé 1,1 0,5 1,6Développement rural, pêche 0,5 1,1 2,4 14,0 5,2 1,4 16,9 1,5 43,0Environnement (dont FFEM) 1,5 2,0 0,4 3,4 2,2 9,5Développement urbain et Infrastructures 7,7 10,9 0,0 12,6 8,0 12,5 1,3 11,5 64,5Divers 0,8 0,7 1,5 3,0Appui au secteur privé/banques (1) 10,3 1,4 22,0 4,4 7,7 3,8 6,0 5,0 3,0 11,9 75,5Sous-total projets du groupe AFD 0,5 12,2 3,8 29,7 17,6 23,7 22,0 24,0 18,9 43,8 27,6 223,8Aide budgétaire 12,2 12,2 10,0 22,9 57,3Total (engagements) 0,5 24,4 3,8 41,9 17,6 23,7 22,0 34,0 41,8 43,8 27,6 281,1

(1) Dont PROPARCO : 55,2 millions d’euros

Source AFD

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Annexe 2 :

Concernant le prévisionnel financier du Plan de Développement de l’Ecotourisme du Parc National de l’Isalo :

Il est à noter que dans le document qui émane de la Direction Interrégionale de Fianarantsoa et que la direction du parc m’a transmis et où les coûts des différents travaux liés à la politique locale de développement de l’écotourisme sont détaillés, une erreur de calcul se situe dans le tableau 49. En effet si l’on considère dans ce tableau la ligne 3 « location de voiture/transport des cailloux et de sable », le prix unitaire est de 120 000 ar (ce qui est similaire aux autres tableaux concernant le même poste) et la quantité est 250, ce qui devrait représenter un total en 2006 pour cette ligne de 30 000 000 ariary, or le montant indiqué, et qui est repris dans le total par année est de 300 000 000 ariary, soit dix fois plus, une erreur qui n’a pas été faite dans les tableaux précédents (cf. : tableau 48, ligne 4). Des tableaux que je redonne tels quels.

Tableau 48. Entretien Piste Ranohira - Parking Piscine naturelleN° Libellé Unité Qté

(Hj)P/U (Ar)

Montant ANNEE D’EXECUTION2006 2007 2008 2009 2010

1 Débroussaillage 3 km 60 3000 180000 180000 180000 180000 180000 1800002 Entretien de canaux

d’évacuation d’eau3 km 60 3000 180000 180000 80000 80000 80000 80000

3 Remblayage et compactage de piste

4 Location de voiture transport des cailloux et de sable

Camion

80 120000 9600000 9600000 2400000

5 Location de compacteur 4 km 200000 800000 8000006 Achat ciment 4 km 45 25000 1125000 11250007 Transport des matériaux 4 km 2 50000 100000 1000008 Entretien des panneaux

d’information6 56000 336000 336000

9TOTAL PAR ANNEE 12321000 260000 2660000 260000 260000

Tableau 49. Entretien de Piste Ranohira – Parking CanyonLibellé Unité Qté

(Hj)P/U (Ar)

Montant ANNEE D’EXECUTION2006 2007 2008 2009 2010

1 Débroussaillage 5 km 100 3000 300000 300000 300000 300000 300000 3000002 Entretien de canaux

d’évacuation d’eau5 km 100 3000 300000 300000 75000 75000 75000 75000

3 Location de voiture transport des cailloux et de sable

Camion

250 120000 300000000 300000000 2000000

4 Location de compacteur 5 km 200000 1000000 10000005 Achat ciment 5 km 50 25000 1250000 1250000 1250006 Transport des matériaux 4 km 2 50000 100000 1000007 Entretien des panneaux

d’information6 56000 336000 336000

TOTAL PAR ANNEE 303286000 375000 2375000 500000 375000 Source : Direction du Parc National de l’Isalo.

Si nous reprenons tous les calculs en se basant sur les tous les tableaux du document donnant les frais par tâche (ouverture de piste, de camping, de circuits…) effectivement nous arrivons à un total de 536 865 500 ar donc qui inclut l’erreur contenue dans le tableau 49, puisque le même

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calcul en tenant compte de cette erreur fait bien apparaître en finalité une différence de 270 000 000 ar.

I.X. RECAPITULATION DES DEPENSES PAR AN (2006-2010)

N° LIBELLE ANNEE D’EXECUTION2006 2007 2008 2009 2010

1 TOTAUX 536 865 500 8 168 000 22 406 000 11 372 000 10 592 000Source : Direction du Parc National de l’Isalo.

Ne connaissant pas le circuit de ce document qui ne semble pas être un document comptable officiel, ni l’usage qui en a été fait, je ne saurais dire si cette correction a été faite dans les calculs comptables concernant les travaux réalisés en 2006 dans le Parc. Une erreur que j’ai mentionnée à l’ANGAP à la suite de mon étude sans en avoir de retours.

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