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1 Mont Dauphin du 16 au 30 juin 2012

Mont dauphin et le Queyras

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Visite et découverte du Queyras depuis Mont Dauphin

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Mont Dauphin

du 16 au 30 juin 2012

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Sommaire Sensations premières 3

St Véran 6

Les fustes 7

Marmottes 9

Pays du soleil 10

Cadrans solaires 11

Randonnées 13

Névache 23

Et d’autres randos 24

Fous de kayak 32

Guillestre 35

Ceillac et autres sites 36

Lac de Serre-Ponçon 37

Annexes

Marmottes 38

Mélèzes et autres essences 42

Transhumances 45

Vauban et les citadelles 49

Fort Queyras 53

Briançon 54

Mont Dauphin 56

Sommaire

Délirons un peu :

Où l’on rencontre Vauban hibernant dans les terriers de doctes marmottes au sou-rire amusé, où de jeunes anglais en transhumance, couronnés de rhododen-drons sauvages applaudissent les exploits de moutons fans de kayak dans le vertige des torrents alpestres, où des hordes sif-flantes de touristes en basterne tentent de conquérir des citadelles imprenables, des glaciers glaçants, des sommets pla-nants…

Bon,... reste à dénouer maintenant.

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Sensations premières

Si chaque année, nous passons 2 semaines dans la mon-tagne, c’est d’abord pour savourer les grandioses pay-sages et les panoramas, toujours différents, jamais déce-vants dans ces altitudes, et auxquels aucune œuvre hu-maine ne peut se mesurer. Les retours dans l’humilité des plats pays même hors de ceux que chante Brel, ont quelque chose de déprimant comme une inévitable malédiction que l’on ressent dès que l’altitude s’abaisse et commence à se résigner. Cette 2ème quinzaine de juin où se déroule habituellement

notre séjour étire aussi les plus longs jours de l’année et présente en général un temps très agréable, alors qu’en même temps la flore explose de partout – ici, les rhododendrons ont cependant pris un peu de retard, hiver tardif oblige -.

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Sensations premières

A côté du rubis de quelques rares massifs qui s’ouvrent dou-cement sous la chaleur du soleil, on croise sur les chemins le robuste délié du lys martagon, et au sommet des crêtes plus élevées, vers 2500m, le dur du-vet de l’edelweiss, à peine gris bleuté.

Le tracé inédit des chemins déroule ses promesses et l’en-thousiasme des marcheurs ne s’émousse pas, même avec la

fatigue accumulée.

Encore que...

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Sensations premières

Parfois, près des névés, les pentes se saupoudrent de fleurs blanches, ailleurs d’une chaude et délicate harmo-nie de couleurs fuchsia et or.

Troublé d’une brise fraîche, le lac Ste-Anne ne rend pas l’image inversée de l’ardoise enneigée du

massif de Font-Sancte.

Un énorme rocher barre une crête, en attente du pro-chain hiver où il basculera dans la pente sous la pous-sée de la neige,… ou plutôt dans 6 siècles.

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Saint-Véran

Il avait neigé à Saint Véran la se-maine juste avant notre passage. Ce village à 2042m laisse planer le doute sur sa situation de « plus haut village de France » ; de fait, il faudrait ajouter « …où l’on

mange(ait) le pain de dieu », c’est-à-dire le pain de seigle. Aujourd’hui, il est en effet supplanté en altitude par celui de Val Thorens de créa-tion beaucoup plus récente en Haute Sa-voie. Et en Europe par d’autres villages en Italie, en Suisse. Plus poétiquement, on l’appelle le plus haut village où « le coq picore les étoiles », ce que son ensoleillement et la pureté du ciel de ses nuits peut justi-fier. Ainsi d’ailleurs que d’assez impor-

tants écarts de tempé-rature entre le jour et la nuit. Certains disent aussi qu’il s’agit du plus beau village de France. Abus un peu prétentieux qui n’enlève rien à un charme certain, même s’il ne saurait rivaliser avec d’autres fleurons.

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Les fustes

Il est surtout un remarquable témoignage des anciennes maisons de montagne ici très bien conservées ; la plus ancienne date de 1641. Le rez-de-chaussée est fait de murs de pierre très épais (50 à 70 cm), avec une entrée plein sud où cohabitaient bêtes et gens. Les étages supérieurs sont construits en rondins de bois empilés et entrecroisés aux angles de manière très ajus-tée. Ils servaient de réserve notamment pour le foin. Les grands balcons permettaient la maturation des récoltes en été, dans ce pays où la courte durée des travaux des champs conduisait à récolter avant terme. Le nom de cette partie

très caractéristique des maisons est issu des troncs (ou fûts) de bois : ce sont les fustes. Sans être construits à l’identique, ils rappellent un peu les raccards suisses, qui eux ne servaient qu’à entreposer le grain. Quant à lui, le toit est fait de bardeaux en mélèze, très courant dans la région (cf le lac de Roue par exemple), qui est connu pour être imputrescible.

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Les fustes

Au fuste est adjoint un petit bâtiment de pierre sans étage appelé le caset, couvert de lourdes lauzes de pierre et qui servait de réserve, d’hébergement occasionnel, et de remise pour les biens plus précieux mis ain-si à l’abri de l’incendie qui touchait parfois dramatiquement les fustes.

Ci-contre, un « balcon musée » où le propriétaire a rassemblé en fourre-tout un certain nombre d’outils et d’objets illustrant la vie d’avant (tarare, charrue, gerbe,…), à la manière des façades de certains chalets suisses. Les fontaines sont aus-

si caractéristiques de la région avec leur bassin rond souvent fait d’un grand baquet de bois de mélèze, se déversant dans un

autre bassin rec-tangulaire qui devait dans le passé servir d’abreuvoir et peut-être de lavoir. Parfois aujourd’hui, elles de-viennent de grandes baignoires fraîches pour les jeux des enfants

en été,… voire d’urinoir (mais sait-on com-ment a com-mencé le Man-neken Pis?).

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Les marmottes

Au débouché d’un contour du chemin, elles sont là, sou-dain. Les marmottes se laissent surprendre à jouer ou, immobiles, lentement s’inondent de chaleur solaire sur un rocher en proue, au moins tant que notre approche

reste discrète. Son sifflement bref, perçant et puissant qui traverse les combes et les pierriers, prévient du danger ses congé-nères. On l’entend bien avant des les voir, ou bien souvent

on ne parvient même pas à les apercevoir, scruterait-on à s’en éclater la pupille les pentes ou les cirques : frus-tration. Là, les marmottes conservaient leur liberté sauvage : même en vue directe, elles ne se laissaient pas approcher de plus de 70m.

Ce n’est pas partout le cas. L’année 2012 a vu la mise en place de campagnes de sensibilisation pour laisser les marmottes se nourrir seules, quand bien même elles solliciteraient les hommes. En effet, pour certaines d’entre elles devenues trop facilement dé-pendantes de la nourriture sucrée et salée jetée par les touristes, l’hibernation est leur tombeau. Un certain nombre de marmottes ne répondent plus à l'appel au printemps. Ainsi les marmottes de Mont Dauphin, qui reçoivent beaucoup de vi-siteurs, et souffrent d'obésité, de rhumatismes, de problèmes res-piratoires, de pelade... Leur population a diminué de moitié en 10 ans. Nous témoignons d’une entrée de terrier au bord d’une route bitu-mée juste au pied de la falaise de Mont Dauphin, entre plusieurs mai-sons riveraines, dont nous avons vu sortir une marmotte, à peine ef-frayée par notre voiture. En résumé, citons Sciences et Avenir : "La marmotte est un animal sauvage pas du tout adapté au fast-food..."

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Pays du soleil

Là, le climat est méditerranéen, corrigé des effets de l’altitude : 300 précieux jours d’ensoleillement par an. Arrivés juste après les dernières fraîcheurs, nous n’avons déploré qu’une demi-journée de pluie. La température de fond de vallée, même à 1 000 m s’est progressivement élevée de 24 à 32°C, tout en se cantonnant à 22 à 24°C aux al-titudes de 2 500 m. La perfection, le soleil dans sa gloire.

Un temps comparable à celui que nous avons connu en 2011 dans la vallée du Valais suisse.

Cet ensoleillement est aussi à l’origine de la représentation du soleil stylisé qui est le symbole

de la région du Queyras (ne pas prononcer le « s ») que l’on retrouve sur les portes, les boîtes à lettres,… L’artisanat du bois sculpté recourt ici au mélèze ou au pin cembro ; nous en avons vu de beaux exemples dans le village de Ceillac, bien implanté sur un immense replat haut perché.

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L’ensoleillement explique aussi la présence de nom-breux cadrans solaires sur les façades des maisons et des bâtiments anciens. D'influence piémontaise, ces horloges solaires sont marquées par les écoles de peintures italiennes mais également par les maîtres cadraniers qui passaient les cols pour proposer leur savoir. Les cadrans solaires ont ici été construits pour 4 raisons : - le Queyras, région reculée, n’a connu que tardivement l’horloge-rie - bien sûr pour indiquer l'heure, les façades bien exposées au sud et à l'est permettant de façon sûre de marquer le temps.

- pour orner les murs des maisons. L'architecture dans ces vallées de haute-montagne se prête aisément à la création de l'art gnomonique. - enfin pour la portée morale ; souvent fruit d'une croyance religieuse, les sen-

tences qui les décorent se voulaient initiation pour les jeunes et mémoire pour les anciens.

Les premiers cadrans solaires du Queyras sont apparus à la fin du Moyen-Age, pendant la période qui est appelée ici la République des Escartons.

Le développement de l'usage de la montre vers la fin du 19ème siècle réduit l'intérêt pour cet art populaire. Néanmoins un regain de la gnomonique se fait depuis une vingtaine d'années, la restaura-tion de nombreux cadrans dans le Queyras par Rémi Potey en

est le témoignage.

Cet art, exposé aux multiples intempéries, est fragile. Il n’en reste que très peu de traces des plus anciens. Avec les conséquences des incursions, des guerres, des incendies, ..., les cadrans actuels ne peuvent être issus que d'une histoire relativement récente.

Les

Cadrans solaires

Le mot gnomon est un mot latin qui veut dire aiguille de cadran solaire. En grec, le « gnômôn » désignait une règle ou ce qui sert de règle. Par dériva-tion un gnomon est le nom du plus simple cadran solaire : un bâton planté verticalement dans le sol, ou même encore plus simple : l'homme debout lui-même. Le gnomon a donné son nom à la science des cadrans solaires : la gnomonique, ainsi qu'à la personne qui conçoit et réalise des cadrans : le gnomoniste.

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Ici un exemple de sentence à forte conno-tation religieuse sur un cadran à St-Véran : « je sers les hommes, servez dieu ».

A droite, un cadran solaire dans la cita-delle de Mont-Dauphin.

Parmi les cadraniers anciens et actuels, citons Zarbula, venu de Sestrières en Ita-lie. Il a peint environ 25 cadrans solaires dans le Queyras entre 1832 et 1860 reconnaissables aux corbeilles à fleurs, aux oiseaux, aux symboles chré-tiens ou francs-maçons encadrés de

trompe-l'oeil en faux marbre. Rémi Potey est un très réputé cadranier contemporain, qui a été d'abord berger dans le Queyras, puis moni-teur de ski et maçon avant de s'illustrer dans l'art gnomonique. Parfait autodidacte, il étudie les techniques des anciens cadraniers en particulier Zarbula. En 1986 il restaure son premier cadran solaire. Au total, plus de 30 cadrans sont à son actif. Son talent est récompensé en 1994 par le "Grand Prix Dunhill Prestige Décou-verte" décerné à l'artisan proclamé révélation de l'année.

L’une de ses œuvres sur le fronton de l’église de Ristolas (nous n’y sommes pas allés), ci-contre.

Cadrans solaires

Pour lire les cadrans solaires, 3 corrections sont nécessaires : - le décalage légal : selon la période de l'année (été ou hiver) on ajoute 1 à 2 heures à l'heure du cadran. - l'équation du temps : la durée d'une journée n'étant pas exactement de 24 heures, il est apporté des corrections (au maximum quelques mi-nutes) sur les cadrans les plus précis. Ces variations entre le jour so-laire et le jour de 24 heures défini par convention ne sont souvent pas pris en compte. - la longitude : plus on s'écarte du méridien de Greenwich vers l'Est, plus l'heure solaire gagne du temps sur l'heure légale. Approximative-ment, le Queyras ( à proximité de la frontière italienne) doit retirer 30 minutes à l'heure lue pour avoir celle du méridien de Paris. La lecture de l'heure sur un cadran solaire se fait en sens inverse de celui des aiguilles d'une montre. Les heures anté-méridiennes se situent à gauche du Midi (toujours placé à la verticale) et celles post-méridiennes à droite.

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Et les randonnées..

.

Ces séjours en moyenne montagne sont l’occasion de respirer à poumons ouverts dans les mo-destes randonnées que nous avons faites chaque

jour (pas plus de 5500m de dénivelé net sur la durée de notre quinzaine de séjour). Elles conduisent le plus souvent à un replat où scintille un lac au pied d’un col ou d’un haut massif, et d’où se dévoilent parfois de vastes panoramas des sommets encore enneigés. Mais il faut en passer d’abord par une période d’accoutumance ou l’on commence par ahaner. La beauté du site de destination récompense toujours des efforts dépensés pour l’atteindre. Comme le disent les vieux marcheurs de montagne, « aller à la limite de son rythme sans jamais s’épuiser ». Et la manière d’exprimer les parcours non pas en distance mais en durée a tout son sens. La règle : 300m de déni-velé par heure (une Tour Eiffel à l’heure) ; elle se vérifie toujours, quel que soit le profil plus ou moins abrupt du parcours. Au moins tant qu’on ne passe pas de la randonnée au trial ou à l’alpinisme, car c’est alors tout autre chose. Bien sûr les routes sinuent, s’élèvent, surplombent des précipices, saisissent de vertige, en tout cas moi ; Mar-lène en est dépourvue. Au point que je ne retrouve la paix de l’esprit que quand mon chemin repasse par un ras-surant fond de vallée bien calé entre ses épaulements.

La Casse Déserte = 430m C’est notre 1ère rando, juste au-dessous du col de l’Izoard, mythe du Tour de France, mais aussi remarquable paysage minéral. On parvient là après avoir traversé le joli village d’Arvieux où l’on déguste les meilleures tar-telettes maisons de la région ; un délice.

Ces 19 prochaines pages sont pour nous le souvenir de nos ran-données. Elles peuvent paraître fastidieuses au lecteur, qui peut.

Passer directement alors à la page 32.

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Randos par ci...

Notre point final est le petit lac rond de Souliers, dans un site herbeux sous les sommets caillouteux, et vers lequel dévale un fondu de VTT qui a préalablement escaladé avec sa

monture tout un pan de montagne, pour le

seul plaisir de redescendre sur 2 roues!! Au retour, la montée vers le col en voiture est grandiose. C’est là, sur l’un de ces ro-chers dressés qu’a été placé un laid mausolée à la gloire de Fausto Coppi et de Loui-son Bobet. Et des cyclistes anglais en

escadrille, accompagnés de voitures suiveuses familiales (madame accom-pagne) prennent une pause après avoir gravi le sommet légendaire.

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Randos par là...

Château de Val d’Escreins : = 230m Là, cette petite rando permettait d’accéder à un plateau fleuri. Marlène est tout sou-rire même pendant l’effort mais prend quand même une

pause (la pose?) au sommet, avant la des-cente vers le village de Ste-Catherine. Une 2CV équipée en 4x4 nous attend au retour.

La forêt des thurifères : = 400m

Du village de St-Crépin, juché sur une hauteur au-dessus de l’ample vallée de la Durance que longe un avion de tourisme, cette rando tra-verse une forêt de thurifères, pour atteindre à son sommet un vieux village perdu et pitto-resque que viennent habiter en été des groupes de randonneurs de la région lyonnaise.

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Et rude est la montée… Mais le ha-

meau perdu de Guions, a du charme, avec ses anciens fours à pain et ses pentes douces, sau-vages et fleuries.

De là, on aperçoit aussi, tout en contrebas l’avancée du plateau de

Mt-Dauphin (1000m), loin dans la vallée.

Puis c’est la descente vers le point de départ, St-Crépin, coquet petit village somnolent sur les pentes duquel poussaient jadis des vignes, un peu écrasé sous la chaleur mais où les voûtes apportent leur souffle de fraîcheur.

Et encore...

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Et encore...

L’après-midi, visite du lac de Roue (1840 m) au-dessus du village de La Chalp. Pas une randonnée, une promenade dans les forêts de mélèzes tout au-tour de ce lac artificiel parfaitement intégré dans le paysage alpin. Une sensation d’harmonie, de par-fait équilibre et de sérénité, sur ce plateau qui do-mine de 500m le site de Fort Queyras.

Le retour en voiture se fait par un étroit chemin de corniche où l’on croise des granges à la ma-nière des fustes, mais sou-dain aussi... une voiture. Ir-répressible peur panique du chauffeur (moi) qui serre le rocher à gauche en descen-dant. Si bien que la seule possibilité pour l’autre voi-ture qui monte est de nous croiser par la droite au

bord du précipice dont on est à peine pro-tégé par un modeste muret de pierre. Il

me faut encaisser sans sourciller la muette colère de l’autre chauffeur qui finit par passer après quelques ma-noeuvres. Un indigène haut-alpin habitué de ces routes, et qui me fait bien sentir le ridicule de mon comportement. Quand la survie (!!!) passe par l’humiliation…

L’impressionnante forteresse est un puissant verrou dans la vallée du Guil, construite

comme les autres citadelles de Vauban, et utilisée jusqu’aux confins du 19ème siècle.

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Et encore...

Le lac Ste-Anne : = 730m

L’une des plus belles ran-données que nous avons

faites. Il faut d’abord mon-ter sur le vaste plateau de

Ceillac. De là, le chemin en assez forte pente longe un rapide finissant en cascade plus bas. Le parcours se colle en vertige parfois à la fa-laise (accroche-toi Jeannot!).

Le 1er replat conduit au lac Miroir (2214m) au pied de la puissante chaîne de Font-Sancte.

Au-delà, le chemin monte encore rude-ment à

travers un paysage de plus en plus minéral et caillouteux. Après avoir franchi plusieurs épaulements et une dernière crête, le lac Ste-Anne (2415m) apparaît enfin dans sa se-reine splendeur.

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Et encore...

Là, nous échangeons (in english, what else?) avec un scandinave dégingandé, vieux et très sec, en su-perbe forme puisqu’il nous a rattrapés dans l’ultime raidillon, habitué du pays, et qui bivouaque en exté-rieur pour éviter les ronflements dans les refuges. Il repartait le lendemain pour une longue randon-née vers un plus haut col.

De la petite chapelle qui domine le lac, on redescend ensuite vers l’autre versant, pour éviter le retour

par la même forte pente du départ, à travers des pierriers, de petits cirques et des prairies sau-vages où jouent quelques marmottes.

Après avoir suivi un long chemin en cor-niche de faible dé- clivité, franchi un passage d’avalanche probablement de l’hiver dernier, nous longeons le torrent

du Mélezet, et des prairies blanches d’une mousse de

fleurs sauvages, pour retourner au point de départ.

L’autre torrent au long duquel nous avons monté a creusé dans la falaise un profond sillon bien tranché d’où tombe une puissante cascade à rebonds qui s’évase vers le pied, et dont les gens du pays disent qu’elle ne tarit jamais, même à travers les glaces qui la prennent l’hiver.

C’est la cascade de « la Grande Pisse », un nom fréquemment attribué aux cascades dans la région. Libre à chacun d’en ap-précier la pertinence.

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Et encore...

Les chalets de Clapeyton : = 440m

Derrière le village d’Arvieux, une autre agréable randonnée, mais si mal balisée qu’il ne nous a pas été possible d’effectuer une boucle, malgré nos efforts pour trouver d’autres chemins de retour ; en butant malgré la har-diesse de Marlène sur des falaises trop abruptes, de profonds ravins ou des franchissements hasardeux de combes encaissées.

Depuis un ample plateau, on grimpe le long d’intéressants chemins, qui ne sont bientôt plus que pentes herbeuses. Dé-çus par les chalets peu pittoresques, malgré ce que laissait espérer le nom de la rando.

Pas de lac à atteindre : cette fois c’est le point de départ, un petit lac artificiel au-dessus du-

quel se situe un site d’entraînement à l’esca-lade.

Nous croisons à l’aller des marmottes fa-rouches qu’un petit groupe flan-

qué d’un vaillant chien descendant d’un col plus haut ne manque pas de

chasser au retour par ses éclats de voix. Mais aussi d’immenses pentes couvertes d’un tapis de blancheur. Et je lave dans une source une chaussure qui s’était enfoncée dans la terre dégelée, meuble, piégeuse et collante comme argile mouvante.

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Et encore...

Le lac Laramon : = 660m

Encore une randonnée différente, depuis le hameau de Fontcouverte qu’a traversé ce jour-là la transhu-mance.

Depuis la vallée ombragée de mélèzes ou de pins que suit en serpentant le large torrent à

peine impétueux de la Clarée, on

gravit immédiatement la pente, franchit un hameau au-delà du-

quel on est à découvert sur toute la montée. Fleurs de partout et pan-

neaux de protection de la montagne pour tous les randonneurs du monde.

Au détour d’un virage, une marmotte prend le soleil à 50m de nous, sur ses gardes mais dans ses limites de sécurité : elle ne bronche pas d’un poil (de marmotte).

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Et encore...

On atteint un 1er lac, celui de Laramon (2359m), beau petit lac bleu-té, au-delà duquel nous montons en-core pour parvenir au lac Serpent (2448m).

Sans préjuger de l’origine du nom, on peut trouver dans sa forme allongée

qui longe le contour sinueux du pied d’un petit mas-sif, quelque chose de « serpentin ». Des randon-neurs ont érigé là un cairn spectaculaire.

Et là, c’est quoi? Le doigt de Marlène devant l’ob-

jectif.

Sur le même chemin à la

descente, où l’on voit toujours autre chose qu’à l’aller, un ancien fuste plus ou moins à l’abandon, à demi enfoui dans les hautes herbes et les arbustes met une touche bucolique avec sa belle pierre rouge que ne noircit aucune pollution.

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Névache

En aval de Fontcouverte sur la Clarée se trouve le beau village de Névache, ses fustes et ses vieilles maisons qu’avoisinent quelques constructions nouvelles en harmo-

nie avec l’architecture locale.

Son nom signifie « enneigé » dans la langue ancienne, et non pas « négation de la vache » comme il m’aurait plus de le croire, tant on remarque l’absence de troupeau bovin (ou presque), dans cette région alpine qui par contre ne manque pas d’ovins.

Ou presque, car nous avons vu défiler une poignée de ces vaches et veaux, avec dans ma tête, - peut-être l’odeur des bouses - , des réminiscences de l’époque où je gardais (mais qui gardait qui?) un troupeau de ces paisibles ruminants sur les bords de Garonne.

L'église Saint-Marcellin, de la fin du 15ème, a été construite à la place d'un château fort dont la tour 16ème a servi de

base au clocher. Elle se particularise sur-tout par une sorte de balcon accessible en forme de U, un autel doré très rococo et un trésor jalousement protégé dans une mi-nuscule chapelle der-rière des vitres épaisses.

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Et d’autres randos

encore...

Le lac de Clausée (ou de Clausis) : = 400m

Cette rando au-dessus de Ceillac, en montant dans la vallée du Cristillan, com-mence par un long chemin forestier où piétinent des troupeaux de moutons en transhumance. Puis on aborde une mon-tée très abrupte. A son terme on par-vient à une sorte de plateau en pentes herbeuses (marmottes et quelques rho-dodendrons) et grani-tiques. Après avoir traver-sé un torrent étroit, c’est l’ultime mon-tée avant le replat du lac, très venté

(Marlène a mis un pull) au pied d’un massif dressé peu imposant mais impres-sionnant.

De là, la vallée dont le plafond, même bouché par les nuages, offre un spec-tacle grandiose.

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Et d’autres randos

encore...

Le crête de Vars : = 610m à l’altimètre contre 740m annoncés (cherchons l’erreur!!).

Un temps magnifique où l’on passe de 31°C au fond de la vallée à une quasi-fraîcheur sur le haut des crêtes.

Superbe et vertigineux dès qu’on a atteint les crêtes au col de la Scie (2376m). On ne cesse en-suite de les gravir jusqu’à leur point culminant pour redescendre dans une très forte pente caillou-teuse ver un col en contrebas, le col de la Coulette. Du côté de l’ubac, Vars et ses pentes fortes mais progressives, de l’autre, l’adret et ses précipices aux rochers découpés au-dessus du Val d’Escreins.

Merveilles des panoramas (bientôt la photographie en 3 dimensions permettra de rendre ces effets de profondeurs et de contraste) et trouille intense qui m’oblige, lors d’un passage du chemin au bord du vide, pourtant damé à force d’être parcouru, à m’en éloigner un peu en le contournant par l’ubac, des-

cendant légèrement au travers d’un bosquet de robustes arbustes aux troncs desquels je m’accroche. Ouf…

La topographie de la crête est elle-même superbe avec ses rochers dressés et de toutes parts, des

horizons somptueux.

Un creux de terrain en nacelle nous

accueille pour le casse-croûte, proche des premiers (et derniers) edel-weiss rencontrés.

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Et d’autres randos

encore...

Nous doublons un couple de vieux anglophones qui progres-sent lentement mais avec la sûreté des chameaux dans leur erg, s’éloignant, se rejoignant, musardant au gré de leur dé-

couverte de la flore, des photos qu’ils en prennent, de la consulta-tion de leur documentation ou de leur herbier.

Et qui est le vieillard qui ahane dans la montée?

Le même s’extasie de l’exploit en montrant la hauteur d’où l’on vient après une rude descente dans les cailloux nécessitant de bonnes précautions.

Sénile vanité.

Après le col (2362m) qui permet de passer de la vallée de Vars à celle de

Val d’Escreins (ou l’inverse), la descente à faible déclivité (donc long trajet) par une large et interminable piste forestière en bal-con, est la partie la moins exaltante de notre tour de ce jour-là.

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Et d’autres randos encore...

Le Mayt : = 600m

On est là sur l’autre versant de la val-lée de Vars, en face des crêtes de la rando précédente.

Un peu après le départ, un joli pe-tit lac artificiel, le lac Peyrol, où des libellules bleues jouent sans bruit à l’hélicoptère, sta- tionnaires puis soudain

fulgurantes. Là se trouve aussi une station de télé-cabine.

Après avoir traversé un peu d’une belle forêt au sous-bois fleuri, où l’herbe épaisse est parfois sur-

montée de superbes lys marta-gons sauvages, c’est la calvitie des sommets.

Dans l’herbe encore dense, des trous de marmottes nombreux, puis quelques marmottes à dé-couvert, qui détalent à notre abord.

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Et d’autres randos

encore...

On traverse les pistes de ski de la station de Vars qui rejoignent à l’ouest celles de Risoul. Le relief varié et plus usé, arrondi, n’est plus couvert que

d’une courte couche d’humus, qui disparaît vers le sommet pour laisser la place au pur

minéral. Ici, l’ultime cabane technique au

sommet de la Mayt (2680m).

La descente vers le petit lac par les larges pistes bien pentues ne retrouve d’intérêt que par la flore de part et d’autre, notamment ce curieux champignon qui prend des airs d’un œuf énorme. C’est « la vesse-de-loup géante

(en langage savant « Langermannia gigantea »), spec-taculaire espèce qui forme des car-pophores globuleux énormes, pouvant atteindre 60 cm de

diamètre et un poids de plusieurs kilos. Enveloppe lisse ou à squa-mules blanches fugaces, longtemps blanche puis salie de brunâtre et plus ou moins excoriée à dé-chiquetée par places, sans ouverture sommitale particulière. Hyménium blanc puis jaunâtre et enfin brun-roux. Pas de base stérile. Vient dans les prairies amendées, les parcs, les jardins, les haies. Bon comestible jeune, tant que la chair est encore blanche. Spores 5-6 µm, subelliptiques, à peine ponctuées. »

Il est pas beau, le langage des spécialistes, beau comme le résultat d’une analyse de sang ou d’une IRM de prostate!!!

.

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Et d’autres randos

encore...

Le Val d’Escreins : = 580m

Nous sommes cette fois sur le versant nord (ubac) de la crête de Vars. On accède à cette vallée su-perbe et sauvage par une étroite route en balcon surplombant parfois une combe encaissée qui m’appa-raît comme un vide insondable. Re-trouille en voiture.

Bien sûr à ne pas confondre avec le grand Parc des Ecrins, plus au nord-ouest.

Un torrent fantasque dévale la vallée, parfois étroit, d’autres fois s’étalant en

méandres.

La marche part d’un parking au fond de la vallée, ici assez large, mais cernée de hautes parois rocheuses et bien abruptes

de chaque côté.

Superbes paysages et tapis fleuris.

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Et d’autres randos

encore...

Puis le chemin ne cesse de monter sans très forte déclivité au travers d’arbres torturés dont les curieuses formes sont notoires, passant d’un côté à l’autre du torrent (admirons au passage le pas as-suré de Marlène franchissant le Styx sur un pont de bois rudi-

mentaire ; le mien au retour l’est beaucoup moins : j’observe attentivement chaque rondin où je mets le pied), pour enfin par-venir à un oratoire sans grand intérêt, au-dessus des restes d’une chapelle de pierre

grise.

Après nous être concertés sur l’effort à fournir, nous pour-suivons au-dessus pour at-

teindre le haut d’un colossal cône (tout est relatif,

mais vu d’en bas…) de pierrier au sommet apla- ti, un peu comme un terril du Nord qui aurait perdu la tête.

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Et d’autres randos

encore...

Là-haut, où nous prenons notre casse-croûte, cherchant un peu d’ombre sous un soleil ardent, un rocher en équilibre fait obstacle à un filet d’eau venant de plus haut ; au dégel, le spectacle doit être grandiose, jusqu’au jour où il basculera dans un grondement d’avalanche.

Un couple de jeunes randonneurs arrivé avant nous a réservé la seule ombre sous un pin maigrelet, et poursuit ensuite son chemin au-delà de notre point d’arrêt vers le haut fond de la vallée, équipé pour bivouaquer.

Nous rejoignons aussi dans la descente du retour un couple de vieux randonneurs bretons qui reviennent allègrement d’un col bien plus haut, au-dessus de Vars, après avoir rebroussé chemin car la dame avait glissé sur un pas-sage glacé. Hardis et courageux, ha-bitués du coin.

La juste récom-pense en forme de

cône renversé, je la déguste avec méticulosité, tentant avec une extrême concentration d’extraire de dessous un glacier

de vanille-chantilly quelques rochers de pignons. Ce n’est pas là au sommet que je la prends mais au retour dans le bistrot d’un village de la vallée.

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Certains passages encaissés de la vallée du Guil, qui par-fois devient gorge, est le terrain de jeu de jeunes kaya-kistes, là surtout des anglais accom-pagnés d’un guide.

Sur un court tron-çon de torrent rassemblant les difficultés clas-siques de la des-cente, bien harna-ché et casqué (le haut du

casque est muni d’une petite caméra étanche pour fil-mer l’exploit et revoir les gestes tech-niques), un candidat aux sensations fortes s’introduit dans le kayak dans une zone sans remous, après avoir soi-gneusement fermé la jupe et s’être mentalement remémoré les obs-tacles et la manière de les surmonter. Et

hop, le voilà happé d’un coup de pagaie dans les puissants remous.

Fous de kayak

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Le guide qui les a franchi superbement et sans effort appa-

rent juste avant eux, les attend en sor-tie du passage

dans une partie calme des flots.

Mais en voilà un qui se renverse, disparaît quille par-dessus tête, puis qui se redresse tant bien que mal d’un difficile coup de rein-

pagaie et repart enfin vers la sortie du passage.

Impressionnant pour nous, spectateurs impromptus du haut de la rive.

Torrent et kayaks

observation

concentration

let’s go! en avant!

attention rocher!!!

warning, rocks

Apnée

apnoe

où elle est ma tête? Help! F...… waves!!

bof...même pas salée, give me salt

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De l’autre côté du Guil, le village rival de Mont Dauphin c’est Guillestre. Malgré les efforts de Vauban pour introduire une activité civile conséquente dans la citadelle de Mont Dauphin, Guillestre a toujours gardé sa prépondérance.

Construit sur une forte pente où se nichent quelques épaule-ments qui sont bien mis à profit, son vénérable quartier aux murs épais, ses portes qui soufflent dans la chaleur ambiante une fraîche haleine humide et quelques relents de cuisine, ses quelques anciennes maisons aux façades décorées, sa vieille tour de guet, principal vestige d’une enceinte fortifiée cons-truite au Moyen-Âge, ses caves en voûtes basses, restent pit-toresques.

Il s’y tient un beau marché très fréquenté l’été par les touristes; en voiture, à mo-to et pour beaucoup d’entre eux à vélo. C’est un point d’étape repos avant d’aborder de plus fortes pentes vers l’est avec l’Izoard mais aussi d’autres vallées du Queyras comme

celles de Vars, de Ceillac, de Château Quey-ras, de St Vé-ran...

Guillestre

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Ceillac et autres si

tes

Le beau petit village de Ceillac occupe le creux d’un vaste plateau du-quel descend le torrent du Mélezet le long de la vallée du Cristillan, et tombe la cascade de la Grande Pisse. Lieu de transhumance, mais sur-

tout du tra-vail du bois à la manière du Queyras.

Pour y accé-der, il faut gravir des lacets d’une route qui s’élève très hardiment avant de parvenir au plateau. Le clocher rus-

tique de sa petite église est posé comme une casquette de guingois, et présente une série de clochetons.

lus loin, proche de la vallée de la Durance au sud, la haute chaîne dressée en fa-laises menaçantes du Dévoluy rougeoie sous le soleil.

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Le lac de Serre-Ponçon est le 2ème lac artificiel d'Europe par sa capacité (1,272 milliard de m3) et le troisième par sa superficie (28,2 km2).

Les crues dévastatrices de la Durance, en 1843 et 1856, ont conduit à des études de faisabilité d'un barrage. Les tra-vaux d'aménagement débutent en 1955 ; la mise en eau de la retenue s'effectue à partir de novembre 1959 pour s'achever en mai 1961. Environ 1500 personnes sont dépla-cées et leurs villages - Savines, Ubaye, Rousset - inondés. Le village de Savines fut reconstruit et le nouveau Savines-le-Lac inauguré en 1962.

La mise en eau et l'évacuation des habitants inspire en 1958 le film L'Eau vive de François Villiers, d'après un scénario de Jean Giono. La chanson éponyme "L'Eau vive", chantée par Guy Béart est devenue un classique de la chanson fran-çaise.

Lors de la construction du barrage en 1961, la destruction de la chapelle St-Michel était programmée, mais à une alti-tude légèrement supérieure à la cote maximale théorique du futur lac, elle fut finalement conservée. Désormais la cha-pelle trône seule sur un îlot de quelques dizaines de m² au-dessus du niveau du lac. Le cimetière a été englouti, et la chapelle murée.

Lac de Serre-Ponçon

Pour y aller, on longe la magni-fique vallée où se situe le barrage de Serre-Ponçon sur la Durance. Superbe plan d’eau réputé, il est traversé en son milieu par un élégant viaduc (le pont de Sa-

vines) qui fait comme un ricochet blanc au ras de l’eau, et au bord duquel trône en terrasse élevée la cité d’Em-bruns, connue notamment pour son réputé triathlon in-ternational, l’un des plus durs du monde.

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Et d’autres sites...

En poursuivant encore, on gravit une longue vallée qui con-duit finalement à un très beau site reculé, lieu de dévotion et de retraite pour les catholiques bien pratiquants, Notre-Dame de la Salette, avec chemin de croix, calvaire qui

avec le dénivelé trouve ici plus de sens, anima-tion sonorisée façon patronage très moderne, et tout et tout.

Il est surplombé de massifs arrondis qui lais-sent apparaître sur toute leur surface les plis

de la

lave initiale. Surprenant témoignage de la formation première qui subsiste avec autant de netteté après des millions (?) d’années.

Non loin, une belle cascade dévale de 30m le flanc de la mon-tagne en s’évasant amplement vers le bas : ce qui l’a faite nommer assez justement « le voile de la mariée ».

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Marmotte peluche agile

La marmotte, mammifère fouisseur de l'ordre des rongeurs, est cousine de l’écureuil. Du latin mus montis, « souris de la montagne ». Serait-ce l'animal dont il est question lorsque « la montagne accoucha d'une souris » ?

L'espèce la plus connue en Europe est la marmotte de mon-tagne et en Amérique du Nord, le « siffleux ».

Les anglophones la nomment groundhog (littéralement : « cochon de terre »).

Morphologie et métabolisme Poil brun, noir, roux ou beige, trapue, oreilles rondes, la mar-motte a des membres courts, puissants et une longue queue. Adulte, son corps mesure de 50 à 60 cm de

long et sa queue touffue de 15 à 20 cm. Elle pèse jusqu’à 6 kg en fin d’été. En liber-té, elle vit de 4 à 8 ans. Les pattes antérieures possèdent 4 doigts, et un pouce rudimentaire. Les pattes postérieures se terminent par 5 doigts. À part le pouce, tous les doigts sont munis de griffes plates et incurvées. Comme les autres rongeurs, la marmotte possède 2 paires de grosses incisives à l'avant de la bouche. Elles croissent continuellement mais seule leur face anté-rieure est recouverte d'émail, de sorte qu'elles s'usent en biseau et deviennent tranchantes comme un ciseau. Jouissant d'une vue et d'une ouïe excellentes, la marmotte peut aussi grimper et nager sans difficul-té. Assez massive, sa vitesse de course ne dépasse toutefois pas 17 km/h. Durant la saison chaude, elle s'active surtout le jour. Se nourrissant principalement de plantes dont elle consomme tiges, feuilles, épis, bulbes, tubercules, racines, fruits, écorces, elle absorbe ainsi 400g de nourriture par jour, soit au total 70 kg pendant ses 6 mois d'activité annuelle. Accessoire-ment carnivore, elle ne dédaigne pas vers, larves et insectes. Elle est caecotrophe, c’est-à-dire qu'elle digère deux fois ses aliments en ingérant certaines de ses propres crottes. Ne stockant pas de nourriture, elle mange énormément et à l’automne, et se constitue ainsi une ré-serve de graisse représentant jusqu'à 55% de sa masse corporelle finale. La marmotte ne boit pas. Elle mange donc plutôt le matin et le soir afin de récupérer la rosée qui perle sur les plantes.

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Marmotte boule de poil

Hibernation La marmotte entre en léthargie, en hibernation, d’octobre (avant les premières chutes de neige) à mi-avril dans un ter-rier dont elle obstrue l'entrée avec un bouchon de terre et de végétaux. Préalablement, elle s’est purgée avec des herbes pour vider son intestin et le débarrasser des parasites. Sou-cieuse de son confort, elle confectionne un matelas d'herbes sèches pour limiter les pertes caloriques, sur lequel elle se roulera en boule. La protection thermique du terrier est assu-rée d'abord par le manteau neigeux aux excellentes proprié-tés isolantes et par un bouchon de terre et d'herbes, parfois long de 1,5 m à l'entrée du terrier. Ceci permet de conserver un minimum de 4 °C dans le terrier, température au-dessous de laquelle la marmotte ne peut survivre. Une année faible-ment neigeuse ou sans neige peut donc lui être fatale. Son coeur passe de 160 à 45 pulsations/mn, la température

de 36 °C à 4 °C, la fréquence ventilatoire de 15/20 à 3/4 respirations/mn. En hibernation, elle brûle ses réserves de graisse constituées durant tout l'été. La perte de poids atteint en général 3 kg, soit en moyenne la moitié du poids de l'animal. Tous les 15/20 jours environ, la marmotte se réveille et va uriner dans une galerie annexe dédiée. Reproduction La marmotte s'accouple à la sortie d'hibernation, en mars ou avril. Au cours de cette période, des bagarres entre mâles éclatent souvent. Après une gestation d'environ 32 jours, la femelle donne naissance à une portée comptant entre 2 et 9 petits, le plus souvent 4 ou 5. Les nouveaux-nés sont nus, aveugles et sans défense. Leur peau est rose et plissée. Ils pèsent de 25 à 30 g et mesurent environ 10 cm de long. À deux semaines, les petits sont couverts de poils courts et noirs. Entre les 26ème et 28ème jours, les yeux s'ouvrent. Peu après, ils commencent à manger des plantes vertes. À 5 semaines, ils sont déjà de véritables marmottes miniatures. Le sevrage survient vers la 6ème semaine. La plupart quittent le gîte familial vers l'âge de 3 mois. En général, ils atteignent la maturité sexuelle au cours de la 2ème année.

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Marmotte vigile alpestre

Habitat La marmotte occupe habituel-lement les versants exposés au soleil (adret), entre 1400 et 2700 m d'altitude. Là, elle choisit les terrains où alter-nent pelouses, éboulis et gros blocs, parsemés d'arbrisseaux. Son terrier constitue un ré-seau de galeries de 14 à 17 cm de diamètre et de 3 à 10 m de longueur. Il est pourvu d'élar-gissements qui servent de chambres (2 en général) et de greniers à foin. Souvent, une marmotte

s'assied dressée à l'entrée de son terrier, ou sur les promontoires à proximité, pour scruter les alentours. Si un intrus s'approche trop, elle plonge dans son gîte en émettant un sifflement stri-dent. Elle peut aussi produire un "fiou" sourd ou claquer des dents. Elle vit en groupe familial, 1 fe-melle, 1 mâle adulte et un nombre variable de descendants d'âges divers, le groupe pouvant atteindre 15 individus, dans un terrier principal. Elle peut utiliser ponctuelle-ment d'autres terriers en péri-phérie de son domaine vital au gré des déplacements.

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Marmotte sommeil lourd

Largement répandue dans notre pays lors des der-nières grandes glaciations, la marmotte s'est ensuite retirée dans les massifs internes des Alpes, de la Haute-Savoie aux Alpes-Maritimes. De nombreuses opérations de réintroduction, enga-gées dès 1940 et d'acclimatation sont à l'origine de sa présence dans les Pyrénées, le Massif central et les pré-Alpes. D'autres tentatives ont échoué dans le Jura et les Vosges. On en compterait aujourd’hui environ 16 000 en France dont 2/3 se concentrent en Ardèche et en Corrèze. La Corrèze, de par sa proximité avec le parc naturel régional de Millevaches en Limousin, en connaît une vraie invasion depuis une dizaine d'an-

nées. Une chasse à la marmotte dans les environs de Brive-la-Gaillarde a été organisée le 10 sep-tembre 2011 du fait de la destruction d'un certain nombre de cultures par cet animal. Outre ses prédateurs naturels (l’aigle surtout, les chiens errants, le renard, la martre, maintenant le loup), sa chasse (mais langue de bois oblige, on parle de « prélèvement ») n'est autorisée que dans les départements alpins. Le déterrage et le piégeage, jadis très pratiqués, sont aujourd'hui inter-dits. Depuis 1998, un carnet de prélèvement est obligatoire pour la chasse de la marmotte au même titre que pour les espèces de petit gibier de montagne. Elle est ainsi peu chassée dans le département des Alpes Maritimes, où les prélèvements sont par exemple en moyenne de 60 individus par an avec une tendance à la baisse.

Jusqu'à ces dernières décennies, la marmotte était très chassée pour sa fourrure et surtout pour sa graisse, connue depuis l'Antiquité pour ses vertus antirhumatis-males et analgésiques. Passées de mode ou remplacées par de nouveaux produits, peaux et graisses ne sont plus recherchées. Aussi, après avoir connu un déclin au cours du 19ème et au début du 20ème, la marmotte est aujourd'hui en ex-pansion.

De nos jours, son intérêt est plutôt d'ordre touristique, elle est devenue l’un des symboles majeurs des Alpes. Mais en subit aussi les aspects néfastes avec la nourriture distribuée sans discerne-ment par les touristes (chocolat, chips, biscuits sucrés ou salés,…), totalement inadaptée à l’hibernation, à laquelle elle prend goût mais qui la mène aussi dans ce cas à la mort à plus ou moins court

terme.

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Mélèzes et autres es

sences

Au gré de nos randonnées et visites, 3 essences méritent quelques mots parce qu’elles déterminent et caractérisent le contexte spécifique de la région. Ce sont le mélèze, le pin cembro et le thuri-fère.

Mélèze

Membre de la famille des Pinacées, comme le cèdre, l'épicéa, le pin et le sapin, c’est un conifère, mais le seul conifère d’Europe à perdre ses aiguilles à l’automne.

Son nom français est originaire du Dauphi-nois et vient du mot "mel", le miel.

Il pousse aux alti-tudes où l’on ren-contre les mar-mottes : entre 1200 et 2400 m d'altitude. Dans les zones basses, il est souvent accompagné du pin sylvestre, tandis que le pin cembro lui tient compagnie au-dessus de 2000 m.

En moyenne montagne, il occupe le versant Nord, l'ubac (pied au frais et tête au soleil), tandis qu'en haute montagne, il pousse sans distinction sur les deux ver-sants.

Son tronc droit est pourvu d'une écorce grise et brun rougeâtre, d'abord lisse, qui se fend ensuite par plaques.

L’ubac (ou « envers ») est un terme géographique issu du franco-provençal (à l’ori-gine opacus : obscur, sombre) qui désigne les versants d’une vallée de montagne qui bénéficient de la plus courte exposition au soleil. Le terme employé dans les Pyré-nées est celui d'ombrée, en Corse d'umbria.

Le versant opposé de la vallée est l'adret, versant le plus ensoleillé. Ce terme de 1927 est issu du vieux français adrecht - adroit, endroit du bon côté - .

Dans l’hémisphère nord, à des latitudes situées au nord du tropique du Cancer, l’adret est généralement la face Sud d’une montagne, le soleil étant toujours au sud dans le ciel.

Dans l’adret, la température plus élevée favorise la hauteur de végétation plus haute qu'en ubac. Chaque jour d’ensoleillement, un adret alpestre peut recevoir 8 à 10 fois plus de chaleur qu'un ubac de même pente. Ceci conditionne la répartition des espèces : essences résistant à la sécheresse en adret (pin sylvestre, pin à cro-chets), essences recherchant l'humidité en ubac (hêtre, sapin, épicéa, pin cembro et mélèze).

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Mélèzes et autres es

sences

De croissance lente, il lui faut 20 à 30 ans pour atteindre 3 ou 4 m de haut. Sa taille maximale avoisine les 40 m. Sa durée de vie va jusqu’à 600 ans. Son bois, fruit d'une croissance lente, est le plus durable et le plus solide des bois de conifères.

Imputrescible, il est utilisé pour fabriquer des bateaux, des char-pentes, des bardeaux de toiture, des traverses de chemin de fer.

Ses forêts offrent au regard une remarquable et majestueuse har-monie, de par sa forme conique étroite, la régularité dans sa verti-calité et l’ample hauteur des troncs.

Le pin cembro

Conifère, il appartient comme le mélèze à la famille des Pinacées. Pinus cembra en latin, il répond aussi au nom d'Arolle, ou encore de Pin des Alpes.

Il n’est présent à l'état natu-rel que dans les Alpes centrales et dans la par-tie orientale des Alpes intermédiaires, entre 1400 et 2500 m. Essence de demi-ombre, il est sou-vent sur l’ubac, avec le mélèze et le pin à cro-

chets. Sa très lente croissance prend 30 ans pour qu’il devienne un arbrisseau de 1,30 m de haut! Mais, chi va piano va lontano, son espérance de vie est de 600 ans pour une hauteur pouvant atteindre les 25 m.

Son écorce lisse est gris verdâtre quand il est jeune. Elle s'écaille avec le temps.

Son bois tendre, au grain très fin est très facile à sculpter. Il est aussi très apprécié pour la fabrication de meubles. C’est lui dans lequel on sculpte les figures et symboles du Queyras par exemple, le mélèze étant plutôt réservé à la fabrication des meubles.

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Mélèzes et autres es

sences

Thurifère

En botanique, un thurifère est un arbre qui donne une résine analogue à l’encens. Le genévrier thurifère est une espèce dont l'aire de répartition est limitée à la partie occidentale du bassin méditerranéen (Italie, France, Espagne, Maroc et Algérie). Il se distribue géographiquement de manière très morcelée et hétérogène. En France, il est localisé dans les Alpes, les Pyrénées et en Corse. On lui connaît de nom-breux noms locaux, tels le savinier, le chaï, loù savin, ou le nom plus ancien de sa-bine en arbre. On l’a rencontré lors d’une randonnée au-dessus de St-Crépin appelée le « sentier des thurifères », dans une petite forêt à flanc de montagne portant le nom de Chaynet.

Il était utilisé jusqu’au 19ème pour les piquets de la vigne qui se cultivait encore à St-Crépin, du fait de son imputrescibili-té et sa dureté. De même pour ses qualités aromatiques et même aseptisantes, il était brûlé dans la cheminée. La finesse de son grain en faisait un bois d’ébénisterie pour les ar-moires, les lits dont il chassait les punaises.

C’est le mot « thurifère » qui a donné « thuriféraire ». Originellement, le thuriféraire était le clerc qui, dans les cérémonies de l’église, portait l’encensoir. Au figuré et par ironie, c’est celui qui encense une personne à l’extrême pour le flatter. Et là il s’agit d’un (vil) flagorneur.

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Transhumances

Cette pratique, qu’on appelle aussi « estivage » ou « estive » reste d’actualité mais a été largement modernisée et motorisée depuis les temps où les bergers parcouraient à pied avec leurs troupeaux des centaines de km depuis la Crau pour atteindre les alpages d’été. L’aller se fait en mai-juin, et le retour vers septembre-octobre. Aujourd’hui, la transhumance ascendante (vers les alpages) s’or-ganise en deux étapes : • une étape motorisée (train, autoroutes…),

puis des bétaillères qui transportent les animaux sur 3 niveaux, aussi loin et haut que la route le permet. Et parfois, du fait d’un surplomb de ro-cher sur une route en corniche, par exemple sur la route au flanc des gorges du Guil, ça ne passe plus ; la manœuvre doit être reprise patiemment pour débloquer le camion.

• enfin une étape à pied pour atteindre l’alpage ; cette fois, les troupeaux rassemblés par 1000 ovins et caprins mêlés, progresse le long des routes plus élevées. Le trafic est immobilisé pen-

dant la traversée et le flot envahis-sant des animaux avance sans hâte entre les véhicules, broutant avide-ment les bas-côtés sans perdre une seconde, rabattus par les chiens de troupeau pour éviter qu’ils ne s’éloi-gnent du groupe. Un vrai spectacle estival. C’est ce que nous avons pu voir à Fontcouverte près de Né-vache, au nord de Briançon. Et Mar-lène même pas peur!!!

Le berger et sa bergère, équipés là comme des randonneurs, ferment la marche.

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Transhumances

L’UE oblige les pasteurs à désinfecter leur trou-peau avant d’accéder à l’alpage. Une puce élec-tronique fixée à l’oreille de chaque animal enre-gistre les événements qui ponctuent la transhumance et permet en particulier de savoir si la désinfection a bien eu lieu. Et c’est ainsi qu’à Ceillac, un vieux berger à l’allure altière se hâte lentement vers la fosse étroite et fumante où a été ver-sé le désinfectant, et y fait passer chaque bête, poussant, ti-rant, y jetant les agneaux. Dans ce rituel bon enfant, il y lance même les chiens de trou-peau qui ne connaissent pas Panurge et résistent au bain, puis s’enfuient en-

suite, piteux comme s’ils avaient vu le loup, pour s’ébrouer vio-lemment plus loin.

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Transhumances, un poil d’his

toire

• dans l'Antiquité des troupeaux d'ovins transhu-maient déjà. Pline l'Ancien affirme que dans "les Plaines-de-pierre" de la province Narbonnaise, les moutons "par milliers convergent depuis des régions lointaines pour brouter".

• Moyen Âge : le « balancement » des troupeaux se met en place dès avant le 12ème par les com-munautés montagnardes qui ne peuvent nourrir en bergerie des cheptels importants durant les longs hivers, et vont chercher l'herbe des plaines. Là, le mouvement va de la montagne à la plaine.

Les grands monastères (Abbaye Saint-Victor de Marseille, …), dès le 13ème, valorisent leurs possessions dans le haut comme dans le bas pays, imités, à partir du 14ème par les grandes familles nobles. Il s'agit alors d'une transhumance de la plaine à la montagne, avec des troupeaux de mille bêtes et plus. Au 15ème, la grande transhumance se démocratise. L’estivage des moutons devient massif. À partir de 1450, chaque année 40 000 à 50 000 moutons quittent Aix-en-Provence et ses alentours pour les alpages. À partir de là, la grande transhumance ne cessera de

s’étendre vers le nord. • 19ème siècle : le pastoralisme et la grande transhumance sont très importants. La faible ren-

tabilité est compensée par l’importance des troupeaux : 400 000 moutons transhument de Basse Provence vers les hautes vallées des Alpes du Sud. La Crau et la Camargue, dont les sols sont pauvres, offrent de nombreux parcours loués à bas prix.

Après 1860, alors que la laine est le principal produit de l’élevage ovin, la suppression des droits de douanes entraîne la chute du cours de la laine. En même temps l’urbanisation accroît la demande de production de viande. Ces deux phénomènes conduisent à une conversion vers la production de viande.

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Transhumances

• aujourd’hui : au lendemain de la seconde guerre mondiale les troupeaux du bas Languedoc ne pratiquent plus que la transhumance courte vers les Cévennes et le Larzac. La production de coureurs ou broutards (agneaux nourris au lait maternel et à l’herbe) chute. L’engraissement d’agneaux en bergerie est privilégié.

Cependant la transhumance se maintient en basse Provence. En 1954, 350 000 moutons estivent dans les Alpes, dont 3/5 origi-naires de Crau et de Camargue. Le transport par bétaillères se gé-néralise. Mais alors que la consommation de viande ovine ne cesse d’augmenter, le cheptel perd plus d’un million de têtes en dix ans et la production locale de viande baisse régulièrement, au profit de l’importation, principalement en provenance du Royaume-Uni, d’Irlande, de Nouvelle-Zélande et d’Australie.

De nos jours, la transhumance est devenu un symbole du passé, qui donne l’occasion de belles festivités. Mais gardons pour la bonne bouche l’irrésistible humour de F’murr dans « le génie des Alpages », avec son berger, sa bergère, son chien de troupeau intello et facétieux, et son noir bélier neurasthénique Romuald. Toujours dévastateur 40 ans après!!!

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Cette région des Alpes recèle quelques remarquables places fortes et citadelles dont il faut chercher la genèse au 17ème siècle avec un homme aux talents remarquables et très divers, mais qui n’a pour autant jamais cessé de rechercher en cette époque de pouvoir absolu, le bien public.

C’est Vauban.

De son nom Sébastien Le Prestre fait marquis de Vauban (1633 – 1707), né dans le Morvan, dans un petit village près de Bazoches d’une famille de hobereaux désargentés, il porte une cicatrice sur la joue gauche reçue au siège de Douai.

Cet homme dont le nom est resté lié à Louis XIV et aux citadelles dont il a doté la France, outre de multiples talents, possédait de remarquables qualités de cœur et une authenticité dans l’attitude qui en font peut-être un exemple d’ «honnête homme » comme on le disait en son siècle, mais néanmoins un spécialiste (alors que l’honnête homme était plutôt un « généraliste ») dans ses do-maines de compétences. Autant d’atouts qui méritent quelques mots.

Vauban ingénieur

Ingénieur, hydraulicien, architecte militaire, urbaniste, stratège (réputé preneur de villes, il a conduit plus de quarante sièges), po-liorcète (il a construit ou réparé plus de cent places fortes), il ré-volutionne aussi bien la défense des places fortes que leur cap-ture.

Poliorcétique : il donne au royaume « une ceinture de fer » pour faire de la France un pré carré -selon son expression- protégé par une bordure de citadelles qu’il conçoit ou qu’il améliore. Il invente aussi le « portefeuille de casernement » c’est-à-dire la caserne, où sont rassemblés les soldats selon une organi-sation et un modèle homogène et rationnalisé, à la place de la garnison (dans les villes du même nom) où jusque-là le soldat loge chez l’habitant moyennant rétribution avec tous les aléas, les hétérogénéités et

les compromissions qu’un tel sys-tème comportait.

La caserne Rochambeau de Mont-Dauphin.

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Il ne s’agit pas de construire des forteresses inexpugnables, mais de gagner du temps en obligeant l'assaillant à immobiliser des ef-fectifs dix fois supérieurs à ceux de l'assiégé. Il dote ainsi la France d'un glacis qui la rend inviolée durant tout le règne de Louis XIV — à l'exception de la citadelle de Lille prise une fois — jusqu’à la fin du 18ème, période où les forteresses sont rendues obsolètes par les progrès de l'artillerie.

Vauban, indépendant, lucide… et pré-encyclopédiste

Mais avec une vision scientifique voire mathématique de la réalité (cf Fontenelle), il s'est toujours fondé sur la pratique, et a cherché à résoudre et à améliorer des situations concrètes au service des hommes et du bien public.

Du fait de ses très larges compétences dans de nombreux domaines, d’une incroyable connaissance par le terrain du pays de France (il accomplissait 2000 à 3000 km de trajets sur les routes chaque année en province à raison de 150 jours par an en moyenne, au gré de ses études et de ses chan-tiers ; une historienne chiffre à 180 000 km la totalité de ses périples en 57 années de service), il préfigure, par ses actions et ses écrits, les philo-sophes du siècle des Lumières, les encyclopédistes et Montesquieu.

Il invente pour les longs trajets des routes de mon-tagne la « basterne », sorte de vaste cabine véhiculée par deux mulets, où il peut continuer à travailler en face de son secrétaire. Il est aussi apprécié à son

époque et jugé depuis comme un homme lucide, franc et sans détour, refusant la représentation et le paraître tels qu’ils se pratiquaient à la cour de Louis XIV. Il préférait au contraire parler le langage de la vérité.

Dans une lettre à Louvois datée du 15 septembre 1671, il affirme :

« La fortune m’a fait naître le plus pauvre gentilhomme de France ; mais en récompense, elle m’a honoré d’un cœur sincère si exempt de toutes sortes de friponne-ries qu’il n’en peut même soutenir l’imagination sans horreur ».

Dans ses Mémoires, Saint-Simon, toujours imbu de son rang, qualifiait l'homme de « petit gentilhomme de Bourgogne, tout au plus », mais ajoutait aussitôt, plein d'admiration pour le personnage, « mais peut-être le plus honnête homme et le plus vertueux de son siècle, et, avec la plus grande réputation du plus savant homme dans l'art des sièges et de la fortification, le plus simple, le plus vrai et le plus modeste...jamais homme plus doux, plus compatissant, plus obligeant,...et le plus avare ménager de la vie des hommes, avec une valeur qui prenait tout sur soi, et donnait tout aux autres ».

le glacis est un terme militaire dési-gnant un terrain découvert aménagé en pente douce à partir des éléments ex-térieurs d'un ouvrage fortifié, n’of-frant aucun abri à d'éventuels agres-seurs de la place forte et dégageant le champ de vision des défenseurs

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Vauban, humaniste réformateur

Vauban n’a cessé aussi de s’inté-resser aux plus humbles sujets du roi, « accablés de taille, de ga-belle et encore plus de la famine qui a achevé de les épui-ser » (1692-93-94 sont des an-nées de disette alimentaire épou-vantables) et d’observer comme il l’écrit en 1693, « les vexations et pilleries infinies qui se font sur les peuples » vers la fin du règne du Roi Soleil.

Cette famine aiguise la réflexion de l'homme de guerre confronté quotidiennement à la misère, à la mort, à l'excès de la fiscalité

royale : « la pauvreté, écrit-il, ayant souvent excité ma compassion, m'a donné lieu d'en rechercher la cause ».

Il prend, à partir de la fin des années 1680, une distance de plus en plus critique par rapport au roi de guerre, en fustigeant une politique qui lui semble s’éloigner de ses convictions de grandeur et de défense de sa patrie, le tout au nom du bien public, séparant la personne du roi, et sa représentation de la patrie et du bien général.

Dans une lettre du 26 avril 1697 au marquis de Cavoye :

« Je suis un peu têtu et opiniâtre quand je crois avoir raison. J’aime réellement et de fait la per-sonne du roi, parce que le devoir m’y oblige, mais incomparablement plus parce que c’est mon bien-faiteur qui a toujours eu de la bonté pour moi, aussi en ai-je une reconnaissance parfaite à qui, ne plaise à Dieu, il ne manquera jamais rien. J’aime ma Patrie à la folie étant persuadé que tout citoyen doit l’aimer et faire tout pour elle, ces deux raisons qui reviennent à la même. »

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La fin de sa vie est marquée par l'affaire de la Dîme Royale. Dans cet essai, distribué sous le manteau à compte d’auteur en 1707 et malgré l'interdiction de le diffuser, Vauban propose un audacieux programme pour tenter de trans-former l’ordre social par une réforme fiscale pour réduire les injustices et les difficultés économiques des « années de misère ».

Il y propose de remplacer les impôts existants (taille, gabelle, aides,…) par un impôt unique de 10% sur tous les revenus, sans aucune exemp-tion pour les ordres privilégiés (le roi inclus). Plus exactement, Vauban propose une segmentation en classes fiscales en fonction des revenus, sou-mises à un impôt progressif de 5 % à 10 %. L'im-pôt doit servir une politique, les classes fiscales doivent être plus ou moins favorisées aux fins d'enrichir la société et par conséquent l’État.

Même si sa proposition paraît aujourd’hui encore à certains peu réaliste et difficile à mettre en oeuvre, elle portait les prémisses d’une véritable économie politique comme d’autres s’accordent à le dire.

Certains ont dit que Vauban est un noble « malcontent » qui, au lieu d’emprunter le chemin de la révolte armée comme le font les gen-tilshommes du premier 17ème, utilise la plume et l’imprimé, au nom d’un civisme impérieux, pleinement revendiqué, au service de la « nation France » et de l’État royal qu’il veut servir plus que le roi lui-même. Il fait émerger une force critique nouvelle dans ce ré-gime de monarque absolu : l’opinion.

Souffrant depuis longtemps d’une forme de bronchite chronique, et après plusieurs violents accès de fièvre à Dunkerque, à 73 ans, il demande le 25 octobre 1706 à être relevé de son commandement : « Je vous prie de trouver bon que je vous demande M. d’Artagnan pour me venir relever ici pour l’hiver. »

Il meurt en 1707, l’année même de publication de son ouvrage.

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Fort Queyras

Mont-Dauphin où nous étions hébergés, Briançon et ses environs, dans certaine limites le château de Château Queyras, les seuls sites qu’ils nous a été donné de voir ou de visiter sont des exemples édifiants de l’œuvre de Vauban, même si elles ont pu ici et là être modifiées, complétées après lui. Fort Queyras, verrou puissant dans les gorges du Guil, devait donner aux assaillants, comme la plu-part des forts d’avant le 17ème siècle, une impression de puissance inaltérable et inexpugnable. Au-

trefois appelé « Château-Queyras », toponyme conservé par le village voisin, c’est un château médiéval du 13ème, rattaché au Dauphiné en 1265. En proie à des guerres de religion au 16ème, il résiste en 1695 aux assauts des troupes savoyardes. C’est à la suite de cette dernière invasion que Vauban, venu inspecter la frontière des Alpes, le fait transformer avec extension de l'enceinte à l’ouest, et création au

nord-est d’une enceinte entièrement nouvelle, avec escarpe, fos-sé, contrescarpe (en simplifiant, le fossé est délimité par l’es-carpe et la contrescarpe) et demi-lune en 1700. À la fin du 18ème, on aménage des batteries casematées (la casemate est cet espace fermé protégeant des tirs ennemis et permettant les tirs vers l’ennemi).

On y trouve aussi cette sorte d’enfilade de tunnel en plan incliné (cf Sisteron), avec des ouvertures régulières latérales qui pouvaient servir de casemate. C’est aujourd’hui aussi un intéressant musée sur la vie aux 17ème et

18ème

Le fort, désarmé de 1940 à 1944, est rendu à la vie civile en 1967.

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Briançon

Briançon est située au confluent des vallées de la Durance, de la Guisane et de la Cerveyrette, sur un verrou glaciaire. À 1326m d'altitude, c'est la plus haute ville de France. La ville est rattachée à la France en 1349 avec le reste du Dauphiné. Vauban, en tournée en 1700 où il vient en particulier constater l’état d’avancement du site de Mont Dauphin, dote Briançon de casernes, apaisant ainsi les craintes de la popula-tion provoquées par les passages dévastateurs des gens d'armes.

En 1713, le traité d'Utrecht rapproche la frontière au col du Montge-nèvre.

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Briançon

Maintenant ville frontière, le marquis d’Asfeld construit autour d’elle une ceinture de forts de 1721 à 1734. Parmi eux, la re-doute des Salettes et son réseau de casemates taillé dans le ro-cher, quelque 100m au-dessus de la citadelle de Briançon. Ces forts sont notamment reliés entre eux par le pont d'Asfeld, har-di franchissement de la Durance qui coule là au fond d’une gorge pro-fonde. Courtine, échauguette, fossés, es-carpes, contrescarpes, casemates, glacis,...

tout y est.

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Mont Dauphin

Mont Dauphin, notre site d’héber-gement, domine de 100m, sur son plateau promontoire le confluent du torrent nommé le Guil avec la Durance. Cette dernière rivière qui marque la grande Provence est ici souvent torrent, ailleurs rivière aux mul- tiples méandres quand la vallée s’évase, descendant du nord-est depuis Montgenèvre en passant par Brian- çon, alimentant en aval le lac de Serre-Ponçon. Le Guil en amont du confluent est un torrent puissant qui a creusé au cours des millénaires une pro-

fonde gorge sectionnant sur une largeur de 300m le plateau de Guillestre de celui de Mont Dauphin. Le nom du village de Guil-lestre signifierait pour les exégètes « à l’extérieur du Guil ». Mont Dauphin, ce tout petit village de 142 ha complète-ment enclavé dans la com-mune d’Eygliers, (qui possédait du marbre rose) est une citadelle qui appartient à l’ensemble des constructions érigées par Vauban dans les Alpes. Son histoire est un résumé représentatif du devenir d’une cita-delle depuis sa création jusqu’à nos jours.

Guillestre

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Guillestre

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La menace : depuis le Piémont, Victor-Amédée II de Savoie envahit en 1692 la vallée et n’en est chassé que par l’automne et la petite vérole, prouvant en tout cas que la barrière naturelle des Alpes est in-suffisante pour arrêter les invasions.

Édifié à partir de 1693 sur un emplace-ment stratégique, pour un coût prévisionnel raisonnable de 770 000 livres, Mont-Dauphin est un avant-poste chargé de pro-téger le royaume des intrusions venues d’Italie : le village-citadelle constitue

l’archétype de la place forte et fait entrer les Alpes dans la grande politique de défense de la « nation France ».

Le nom de Mont-Dauphin est donné en référence au Grand-Dauphin, le fils aîné du roi de Louis XIV, la place forte étant située dans le Dauphiné.

La ville est construite à l’extrémité du plateau de Millaures, ce qui signi-fie le plateau des Milles Vents en occitan, à 100m au-dessus de la vallée. Où l’on découvre aussi que la nature de la pierre sur laquelle a été cons-truite la citadelle s’appelle le pou-

dingue (parce que les rochers évoquent le pudding anglais), amas « cimenté » de galets usés, compactage très dur mais instable et

dont les caractéristiques ont fait obstacle aux architectes dès le début du chantier.

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Les travaux commencent dans l’urgence, Versailles craignant une nouvelle offensive savoyarde. Mais la nature du poudingue nécessite par exemple de maçon-ner les fossés pour éviter l’effondrement.

La réalité du chantier, à 1 000 mètres d’altitude, véritable défi à la montagne, n’est pas non plus conforme aux plans prévus : les travaux sont interrompus chaque année dès octobre quand l’hiver vient.

Elle est presque achevée quand Vauban la visite en 1700.

Mais c’est aussi l’année de la signature du traité d’Utrecht qui éloigne les frontières et les risques d’invasion.

Si le site aujourd’hui d’un calme presque total, offre en été des panoramas superbes, dominant la vaste vallée de la Durance et adossé aux montagnes du nord, il en était autrement à l’époque des casernements. Aux 17ème et 18ème siècles, le plateau subissait le long et rude hi-

ver, avec le vent qui sans cesse le balaie intensément ; et surtout son isolement en faisait pour les militaires un lieu d’ennui profond, cause de dépressions et de désertions en masse, contre lesquelles la hiérarchie s’organisait. Malgré la volonté de Vauban d’en faire un village citadelle associant la population civile ( en accordant aux commer-çants des franchises d’impôts, des terrains à construire gratuits), et du fait de la topographie (entrée principale à l’opposé de la vallée) et des habitudes locales (implantation des commerces, des foires, des administrations à Guil-lestre), la place n’héberge que 500 personnes au 18ème … et 300 mulets.. Vivres et munitions étaient en effet ache-minées exclusivement par de longues caravanes de mulets bâtés.

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Il y manquait bien sûr le lieu de culte. Les fondations de l’église Saint-Louis sont creusées à partir de 1697-99, et la première pierre est posée en 1700. Le chœur est achevé en 1704. Sa par-ticularité est de n’avoir jamais été terminée (insuffisance de la population et réduction des subsides). Seuls le chœur et le transept ont été édifiés, sur une longueur de 18 m et une hauteur de 15.

Rouget de Lisle passa quelques années en garnison dans la décennie 1780, y exerçant selon ses supérieurs ses talents de don Juan (son poème ci-contre, plutôt mièvre et laborieux déçoit de la part de l’auteur de la Marseillaise).

Au début de la Révolu-tion, Rostaing et Michaud d'Ar-çon inspectent les places de l’Est de la France, du Jura à la Méditerranée. D’Arçon propose une lunette à sa manière, l’une des rares à être construites (de 1791 à 1801).

Mont Dauphin est renforcé à partir de 1755, mais les constructions actuelles datent d’entre 1765 et 1785. De l’arsenal (qui est aujourd’hui loué pour des cérémonies, des réceptions, des expositions,…), il reste cette partie rectiligne avec contreforts ;

l’autre partie plus ancienne qui lui était perpendiculaire a été détruite par un bombardement mussolinien le 22 juin 1940.

Un long tunnel direct de plus de

100m relie la place forte cen-trale à la lunette d’Arçon.

« Lunette d’Arçon

C'est un ouvrage avan-cé composé de deux faces et de deux flancs, une sorte de bastion qui serait déta-ché du reste de la place. Il a pour particularité de dispo-ser d'un réduit de sûreté construit à l'intérieur, .... Celui-ci n'a pas une forme angulaire, comme on pourrait s'y attendre mais prend l'aspect d'une tour ronde à deux niveaux, l'un servant d'abri, l'autre pour le com-bat. La tour est couronnée de mâchicoulis ce qui lui donne un petit air de donjon médiéval…... …..Les contrescarpes des fossés sont casematées pour permettre les tirs de revers. Des galeries souterraines mettent en communication la tour-réduit d'un côté avec les casemates de la contres-carpe et de l'autre avec le corps de place. »

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Les casemates sont de 1765, et la rampe d’accès est construite à partir de 1772 : elle était attendue depuis longtemps, car elle permet d’ouvrir une seconde porte (la porte d’Embrun, qui date de 1784) dans l’enceinte et évite aux commerçants le long détour par Eygliers au nord.

Une poudrière de grande contenance qui a été a demi enterrée au

19ème, accueillait dans des conditions de sécu-rité bien étudiées les munitions de la cita-delle.

Un aqueduc amenait l’eau par des canaux en

mélèze depuis le nord. Il en reste

dans les fossés ces arches de pierre encore intactes.

Là, voici un accès depuis les rem-parts vers les fossés, conçu dans l’épaisseur de l’escarpe.

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Le front est encore amé-lioré en 1775 par la caserne Rochambeau aux murs très épais. Le toit plat dont elle

était faite au départ n’était pas étanche.

En 1820, on en construit un autre avec couverture d’ardoise, dont la charpente reprend le principe énoncé au 16ème siècle (Renaissance) par le grand archi-tecte Philibert Delorme : une charpente

démontable dont chaque pièce de bois est transportable par une seul homme.

L’ensemble constitue une magni-fique et rare voûte en semi-ellipse (ou demi-cercle?) de grand volume qui serpente en épousant la configuration de la caserne sur une longueur de 260m.

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Certaines faiblesses dans les voûtes sont corrigées par un élégant arc-boutant. Celui-ci porte aussi un escalier permettant d’accéder au toit-terrasse qui participe à la défense. Une belle fontaine entre deux escaliers courbes est aussi construite contre la même caserne en 1785, ainsi qu’un hôpi-tal.

La conquête de la Savoie, puis la victo-rieuse campagne d’Italie de Bona-parte éloignent le danger : la garnison est progressivement réduite, et les 120

canons présents dans la place en 1792 lui sont retirés. Ils servent notamment au siège de Toulon

La garnison est réduite à un bataillon après 1815.

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La ligne de chemin de fer venant de Gap arrive en 1883 à Eygliers, au pied de Mont-Dauphin. Elle est prolongée jusqu’à Briançon en 1884.

De 1880 à 1914, la garnison se limite à deux ou trois compagnies d’infanterie ou de chasseurs alpins, et une batterie d’artillerie à pied.

Le baptême du feu de la place n’intervient finalement que lors du bombardement par un avion mussolinien le 22 juin 1940, qui dé-clenche un incendie et détruit l’aile la plus ancienne de l’arsenal. Mont Dauphin, citadelle construite pour faire face aux invasions par l’est, n’a finalement

jamais été utilisée dans un conflit. Le seul ennemi qu’elle ait eu com-battre était cet ennemi intérieur, la désertion.

En décembre 1965 la place forte est déclassée, et les bâtiments mili-taires classés monument historique le 18 octobre 1966.

Le 7 juillet 2008, l’UNESCO inscrit Mont-Dauphin, avec onze autres sites du réseau des sites majeurs de Vauban, à la Liste du patrimoine mondial.