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Montréal numérique Une démarche collective au service de la transformation de Montréal

Montréal numérique

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Montréal numériqueUne démarche collective au service de la transformation de Montréal

Table des matières

Mot de l'élu .............................................................................................................................................3

La genèse derrière la stratégie Montréal numérique .........................................................................4

Montréal numérique, une démarche collective au service de la transformation de Montréal ......6

1. Mise en contexte ......................................................................................................................................... 61.1 Le numérique un enjeu de société ...................................................................................................... 61.2 Le numérique à la Ville de Montréal .................................................................................................. 7

2. Une stratégie au service du plan stratégique Montréal 2030 ................................................................. 82.1 Une vision intégrée et transversale du numérique ........................................................................... 82.2 Vers une ville intelligente à visage humain ....................................................................................... 9

La vision Montréal numérique ............................................................................................................10

Les ambitions de Montréal numérique ..............................................................................................11

Ambition 1 : Une stratégie numérique responsable .................................................................................. 111.1 Autonomie et souveraineté numérique ........................................................................................... 111.2 Un usage responsable du numérique à tout point de vue ............................................................. 131.3 Un numérique au service de la transition écologique .................................................................... 15

Ambition 2 : Un numérique humanisé par et pour toute la population montréalaise ............................ 162.1 Une expérience citoyenne améliorée ............................................................................................... 162.2 La participation du grand public à la prise de décision et au développement des projets ......... 172.3 Un numérique inclusif et en soutien à l’autonomie de la population montréalaise .................... 19

Ambition 3 : Le numérique montréalais, une affaire de partenariat ........................................................ 213.1 Propulser l’écosystème technologique et numérique local ............................................................ 213.2 La Ville, territoire d’expérimentation au service de la créativité et de l’innovation montréalaises .........................................................................................................23

Ambition 4 : Une pratique transversale du numérique à la Ville .............................................................. 254.1 Une priorisation des projets au service de la population et du Montréal de demain .................. 254.2 L’essor d’une culture numérique au sein du personnel municipal................................................. 264.3 Une expérience employé améliorée grâce au numérique ............................................................. 27

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Mot de l'éluC’est avec grand plaisir que nous vous présentons Montréal Numérique, une démarche de planification collective et inclusive au service de la transformation de la métropole.

S’inscrivant dans les fondements d’une ville intelligente,

Montréal Numérique se distingue comme un levier efficace et structurant pour déployer des services accessibles et de qualité pour la population montréalaise. De nombreuses avancées ont été réalisées au cours des quatre dernières années et le moment est venu d’avoir une approche plus globale du numérique à la Ville de Montréal.

Le développement et le déploiement de nouvelles solutions numériques au sein de la Ville présentent de nombreux avantages, permettant de faciliter la collaboration et d’augmenter l’efficacité. En encourageant l’émergence d’une nouvelle culture axée sur le numérique, cette démarche novatrice qu’est Montréal Numérique pourra bénéficier à la main-d’œuvre municipale, et j’en suis très heureux.

En décembre dernier, la Ville dévoilait Montréal 2030, un plan stratégique pour rehausser sa résilience économique, sociale et écologique. Aujourd’hui, avec cette démarche, la Ville donne un nouvel élan à son positionnement numérique, qui vient s’inscrire pleinement dans l’esprit de Montréal 2030. Au cours des prochains mois, nous poursuivrons donc le travail pour structurer la mise en œuvre de Montréal Numérique et concrétiser cette vision ambitieuse en une approche responsable, éthique et humaine.

Bien sûr, un travail important a été nécessaire pour mener à la réalisation de cette démarche. Plusieurs équipes se sont investies pleinement, dont le Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal, qui a initié et qui pilote ce projet. Je tiens à remercier également tous les services municipaux qui ont contribué à la réalisation de Montréal Numérique, tout particulièrement le Service des technologies de l’information, dont la collaboration et l’expertise ont été essentielles.

Cet outil novateur qu’est Montréal Numérique a été pensé et créé pour l’ensemble de la population et j’espère que nos concitoyennes et nos concitoyens, ainsi que le personnel de la Ville, s’approprieront ce projet porteur et y contribueront en grand nombre.

Bonne lecture.

François William Croteau

Membre du comité exécutif Responsable de la ville intelligente, des technologies de l’information, de l’innovation et de l’enseignement supérieur

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La genèse derrière la stratégie Montréal numérique

1. Pour connaître la liste des services et des arrondissements impliqués, voir le magazine numérique.

Le projet collectif proposé par la Ville de Montréal avec la stratégie Montréal numérique est le résultat d’une démarche collaborative qui s’est étalée sur plusieurs mois. Dès le début, il était évident que le succès de Montréal numérique reposerait sur l’intelligence collective et les forces vives internes. De même qu’il ne faisait aucun doute qu’il nous fallait mettre les citoyennes et citoyens au cœur de la réflexion.

Derrière chaque service que la Ville offre à la population et derrière chaque projet développé par l’administration municipale se cachent des fonctionnaires qui connaissent et aiment leur ville. Montréal numérique, c’est une stratégie pour améliorer les services publics, elle ne pouvait voir le jour sans l’expérience et l’expertise du personnel municipal.

Une bonne démarche de cocréation se construit collectivement dès le début. Un comité multiservice, composé des services suivants, a donc été mis sur pied pour encadrer la démarche :

• Service de concertation des arrondissements;

• Service de l’expérience citoyenne et des communications;

• Service des ressources humaines;

• Service des technologies de l’information;

• Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal.

Après une série d’entretiens stratégiques qui ont permis de dégager les premiers constats et de cerner les enjeux de la Ville quant au numérique, les ateliers de cocréation ont été lancés. Alors que ces ateliers devaient initialement se dérouler lors d’une journée en présentiel, la COVID-19 a fait basculer le projet en mode virtuel exclusivement. En juin 2020, en pleine pandémie, ce sont 54 personnes issues de 21 services et de 10 arrondissements1 qui ont activement participé aux ateliers en virtuel.

Étalés sur une semaine, ces ateliers ont permis aux participantes et participants d’apprendre à se connaître, de partager des moments forts, et surtout de dégager les principales aspirations de la Ville de Montréal en matière de numérique, basées sur des regards croisés structurés autour de cinq thèmes tirés des entretiens :

1. Le positionnement stratégique de Montréal;

2. Les relations avec l’externe et les partenariats;

3. Le positionnement de la Ville en matière de données;

4. Les services numériques à l’interne;

5. Les services directs à la population.

Le fruit des échanges a été regroupé sous la forme d’un magazine numérique produit par les participants. Cette publication comporte :

• un manifeste (inspiré du manifeste agile) qui énonce les principes que favorise la Ville, reflétant ainsi les valeurs spécifiques à la Ville de Montréal qui doivent guider les choix à faire pour mettre en œuvre la vision Montréal numérique 2030;

• une série de 10 articles et de 10 scénarimages résumant les discussions et aspirations des personnes qui ont participé aux ateliers.

Le croisement et la complémentarité des points de vue lors des échanges ont permis de faire émerger une proposition plus riche et qui pose les bases d’une approche transversale du numérique à la Ville de Montréal dans un objectif d’expérience citoyenne réussie au plus haut point.

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Montréal numérique, une démarche collective au service de la transformation de MontréalDans le présent document, on entend par « numérique » l’ensemble des procédés, projets, produits et services basés sur l’usage de technologies et de données ainsi que les moyens permettant cet usage : accès à la connectivité, connaissances essentielles à l’usage, infrastructures sociotechniques, etc.

1. Mise en contexte

1.1 Le numérique, un enjeu de société

Le numérique est une notion vaste et omniprésente dans nos sociétés modernes. Elle regroupe un ensemble de technologies et d’usages qui a créé, au fil du temps, une couche virtuelle se superposant au monde physique. Cette couche numérique a une influence grandissante sur notre société, entraînant un changement de paradigme. Ce sont de moins en moins les produits des précédentes révolutions industrielles (électricité, moteur thermique, etc.) qui modèlent les villes, mais plutôt les technologies numériques. Celles-ci amènent de nombreuses occasions de progrès, mais aussi de potentielles menaces pour la population. De fait, le numérique permet de converser, de s’informer et d’accéder à des services sans se déplacer, mais il a aussi des effets pervers tels que l’impact néfaste des plateformes d’hébergement sur l’accessibilité au logement et la vie dans les quartiers, la diffusion massive de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux, et l’atteinte à la vie privée.

Naturellement, les administrations municipales cherchent à tirer profit de ces technologies numériques pour améliorer la qualité de vie et les services à la population, mais cela ne vient pas sans défis. Elles peuvent rencontrer des enjeux de sécurité, être victimes de rançongiciels ou involontairement participer à la fracture numérique qui isole et pénalise certaines personnes.

L’apport concret du numérique sur nos vies s’est tout particulièrement révélé lors de la pandémie de COVID-19 alors que les solutions numériques et Internet ont permis à un grand nombre d’organisa-tions et d’individus de garder un certain niveau d’activité et de sociabilité. Or, si la pandémie a provoqué l’adoption de solutions et de possibilités telles que le télétravail et les consultations en ligne, elle a aussi mis en lumière les limites de ces technologies.

La Ville de Montréal, en tant qu’organisation de services publics, doit se saisir pleinement de ce domaine. Elle doit s’assurer de maximiser les bénéfices des technologies numériques tout en en contrôlant les risques pour la population. À cette fin, elle doit actualiser son cadre opérationnel à l’interne, mais aussi sur son territoire, afin de respecter le bien commun et de tenir compte de l’évolution rapide des technologies. C’est pourquoi, dans la foulée de son plan stratégique Montréal 2030, la Ville de Montréal revoit son positionnement numérique et lance sa stratégie Montréal numérique 2030.

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1.2 Le numérique à la Ville de Montréal

À l’instar de son usage dans notre société, le numérique est omniprésent à la Ville. Il concerne tous les services : tous emploient des solutions numériques pour effectuer leur travail. Certains secteurs de l’administration municipale conçoivent et mettent en place des services numériques, en plus d’en assurer la maintenance. La population utilise elle aussi de plus en plus les services numériques pour interagir avec la Ville.

Quelques constats sur le numérique à la Ville de MontréalD’entrée de jeu, soulignons quelques-uns des points forts de la Ville de Montréal en matière de numérique :

• Le nombre et la qualité des services numériques offerts par la Ville augmentent constamment;

• Il y a forte progression de la compréhension du numérique par les directions d’affaires;

• Les ressources sont qualifiées et les pratiques actuelles, de plus en plus tournées vers la personnalisation pour les citoyennes et citoyens;

• Montréal est positionnée comme ville innovante à l’international. Respectivement pour 2018-2019 et 2020-2021, la Ville de Montréal occupe les 6e et 7e rangs du palmarès des 50 gouvernements de villes intelligentes smartcitygovt.com.

Insistons aussi sur la capacité d’adaptation et l’agilité qu’a démontrées la Ville de Montréal lors de la crise de la COVID-19 en permettant en un temps record à des milliers d’employées et employés d’adopter le télétravail désormais. Ce virage majeur a permis à la Ville de maintenir un niveau de service élevé tout en protégeant la santé de son personnel et de sa population.

Toutefois, la Ville fait face à certains défis, dont les suivants :

• Les services sont encore souvent méconnus des citoyennes et citoyens tandis que les attentes sont élevées;

• Le potentiel des données est sous-exploité par manque de compréhension et d’outils;

• Les projets d’affaires numériques sont nombreux alors que les ressources humaines et financières disponibles sont limitées. Les projets se font concurrence et il est difficile de répondre à tous les besoins internes;

• La Ville fait face à une forte désuétude des équipements et des logiciels. Cette désuétude doit être rattrapée le plus rapidement possible pour éviter de potentiels bris de service. Bien que cette mise à niveau représente un défi, il s’agit également d’une occasion de modernisation des équipements.

La technologie évolue en permanence et requiert des ajustements de même qu’une modernisation constante. Le numérique prend de plus en plus de place dans le quotidien des fonctionnaires et, s’il permet des économies et des améliorations organisationnelles, voire plus d’efficience, il représente aussi des coûts grandissants pour la Ville.

La maturité numérique de la Ville de MontréalLa maturité numérique d’une organisation se mesure selon différents critères, mais elle repose avant tout sur un ensemble de paramètres qui interagissent les uns avec les autres pour créer un écosystème à son plein potentiel. L’analyse de l’écosystème de la Ville de Montréal en ce qui concerne sa maturité numérique démontre que tous les ingrédients sont là, notamment un certain nombre de fonctionnalités numériques avancées et une culture numérique relativement développée, mais que, pour amener le niveau de service à la hauteur des attentes, la Ville doit dépasser la coordination cloisonnée pour se doter d’une vision numérique globale et d’une gouvernance intégrée. Elle doit aussi renforcer sa culture numérique.

Voici donc les objectifs de Montréal numérique 2030 :

• Renforcer le positionnement de Montréal comme ville intelligente innovante et humaine;

• Améliorer la performance organisationnelle et les services à la population;

• Mettre en place une stratégie en technologies numériques intégrée et transversale à la Ville de Montréal.

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2. Une stratégie au service du plan stratégique Montréal 2030Montréal numérique est aussi une assise pour le plan stratégique Montréal 2030. Cette stratégie numérique actualisée selon une approche globale et transversale constituera un levier pour propulser la transformation de Montréal au cours des 10 prochaines années et réaliser les objectifs de Montréal 2030. Les orientations portant sur : la transition écologique; la solidarité, l’équité et l’inclusion; la démocratie et la participation; l’innovation et la créativité ne peuvent se matérialiser sans les nombreux projets de transformations numériques prévus par la Ville.

2.1 Une vision intégrée et transversale du numérique

La vision de Montréal numérique 2030 doit se construire à l’échelle de toute l’organisation, mais aussi de toute la communauté et du territoire municipal. Elle doit penser au bien commun, et intégrer l’humain et les questions d’ordre éthique, tout en permettant le renforcement des capacités numériques du personnel, de la population citoyenne et des partenaires.

Cette vision a une portée large. La Ville de Montréal cherche à arrimer ses orientations de manière globale et structurante ainsi qu’à donner un cadre opérationnel transversal à l’ensemble de son écosystème interne et externe. Les dossiers concernés par cette vision sont multiples et variés :

• L’expérience employé et les projets internes;

• La relation qu’entretient la Ville avec le milieu économique et ses partenaires locaux;

• La relation qu’entretient la Ville avec ses citoyennes et citoyens, de même que les projets ayant un impact sur cette population;

• La relation qu’entretient la Ville avec les autres grandes villes du Canada et dans le monde.

Cette vision prendra forme à travers divers projets et positionnements, à portée interne ou directement visibles par la population. Elle sera réévaluée périodiquement, tout en gardant le cap sur les valeurs mises de l’avant.

Infrastructures

Logiciels et objets connectés

Données

Services à la population

Citoyen-ne-s etcommunauté

Informationnels, transactionnels, participatifs

Utilisateur-trice-s, créateur-trice-s, décideur-euse-s, universités, entreprises

Internes, partagées entre partenaires, ouvertes

Historiques, développés à l’interne, acquis, loués en infonuagique, libres

Historiques, en propre, en partenariat, louées

Visibilité publiqueLe numérique a un spectred’influencetrès large

Personnel desArr. et Services centraux

Services directs à la population, opérations de la Ville

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2.2 Vers une ville intelligente à visage humain

Au cours des dernières années, la Ville de Montréal a érigé les fondations d’une ville intelligente, ce qui lui confère un certain leadership dans le domaine. Il est question ici de la collecte de données, de l’utilisation des données massives, d’Internet des objets, de services numériques, d’optimisation de l’interopérabilité, de prises de décision basées sur des données probantes, etc.

Le tout s’est concrétisé par des projets emblématiques tels que :

• un réseau Wi-Fi public gratuit de grande envergure;

• la signature de la déclaration Cities Coalition for Digital Rights;

• le positionnement en matière de données numériques sous la Charte des données numériques;

• l’adoption d’une politique et d’une plateforme de données ouvertes;

• le passage à une suite bureautique en infonuagique;

• le dépôt de candidature de la Ville de Montréal au Défi des villes intelligentes, qui s’est soldé par l’obtention du prix de 50 millions remis au gagnant;

• la mise en ligne du nouveau site Internet de la Ville, montreal.ca;

• la Politique sur l’utilisation et le développement des logiciels et du matériel libres;

• la mise en place de la gestion intelligente des feux de circulation;

• le développement de nombreux services numériques tels que les permis de rénovations intérieures, les permis de piscine, les permis animaliers, l’application mobile Montréal Services aux citoyens (qui permet de signaler une problématique), etc.

Le concept de ville intelligente a toutefois amené son lot de déconvenues partout à travers le monde : les centres de contrôle n’ont pas rendu les villes plus sûres, et les systèmes de circulation intelligente peinent à démontrer des résultats convaincants. En parallèle, l’omniprésence de la technologie, notamment dans la prise de décision, soulève des questions d’éthique et menace la confiance du grand public.

La ville intelligente telle que la conçoit Montréal est une ville humaine qui se distingue par une approche de services centrée sur l’expérience citoyenne, le développement des capacités des communautés locales et la satisfaction des partenaires internes. C’est une ville où les services numériques ne se substituent pas totalement aux services en personne, lorsque ceux-ci sont nécessaires. Et c’est une ville qui n’hésite pas à prendre position et à encadrer les technologies si elles nuisent aux droits humains et à la population.

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La vision Montréal numériqueL’actualisation de la stratégie de transformation numérique de Montréal porte sur de grands axes tels que :

• la gouvernance des données;

• la sécurité;

• la sobriété numérique;

• l’inclusion numérique;

• la qualité des politiques publiques et la confiance qu’elles récoltent;

• la bonification des services numériques.

Concrètement, la stratégie Montréal numérique 2030 prend la forme d’une vision prospective articulée en sept énoncés :

1. En 2030, la population montréalaise bénéficie de services municipaux innovants et adaptés à ses besoins, appuyés par du personnel bien outillé, plus autonome dans ses tâches et faisant preuve d’une efficacité renforcée.

2. En 2030, la Ville de Montréal a renforcé la démo-cratie locale en utilisant les outils numériques comme levier pour une participation citoyenne accrue et diversifiée, rehaussant la transparence, la confiance et la prise de décision publique.

3. En 2030, la Ville de Montréal a uniformisé la gouvernance de ses données et systématisé une collecte et un usage responsables des données, soutenant ainsi des processus décisionnels transparents, justifiés et efficaces, autant sur le plan opérationnel que sur le plan stratégique.

4. En 2030, Montréal démontre comment assurer le respect des droits humains fondamentaux (vie privée, dignité, libertés individuelles, etc.) dans l’espace numérique.

5. En 2030, la Ville de Montréal a contribué à un écosystème numérique fort, facteur clé du dynamisme reconnu de la métropole; la vigueur de cet écosystème a été rendue possible grâce à une vision partagée par l’ensemble des acteurs du territoire tournés vers le bien-être et la prospérité pour toutes et tous.

6. En 2030, l’organisation s’est métamorphosée. Par son audace et son exemplarité, la stratégie numérique a été un levier clé pour transformer la culture organisationnelle de la Ville en proposant des outils pour accroître l’agilité, les capacités d’innovation et la collaboration.

7. En 2030, la transition écologique et la résilience du territoire montréalais sont soutenues par une démarche numérique proactive faisant de la sobriété énergétique et matérielle une occasion d’innovation technologique au service de l’atteinte de la carboneutralité municipale (en 2040) et collective (en 2050).

La stratégie Montréal numérique se divise également en quatre ambitions transversales pour structurer les prochaines étapes. Enfin, elle se compose de 41 engagements qui affirment comment la Ville va poursuivre sa transformation numérique et en faire un véritable atout pour mieux servir la population, être plus efficace et relever les futurs défis municipaux.

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Les ambitions de Montréal numérique

Ambition 1 : Une stratégie numérique responsableLa stratégie Montréal numérique vise à accélérer la transformation numérique de la Ville dans un souci de protection des citoyennes et citoyens ainsi que du bien commun. Pour garantir des choix éthiques et responsables dans les services qu’elle offre à sa population, la Ville de Montréal propose un cadre opérationnel basé sur la souveraineté numérique, c’est-à-dire l’usage responsable des données et en cohérence avec ses valeurs et son positionnement tels qu’inscrits dans Montréal 2030.

1.1 Autonomie et souveraineté numérique

La Ville de Montréal reconnaît la valeur des actifs numériques (infrastructures, logiciels, matériels et données) et l’importance de les contrôler afin d’éviter des dérives et de potentielles dépendances ou abus, notamment de la part d’acteurs dominants sur le marché. Un tel contrôle passe entre autres par la mise en place de mécanismes pour évaluer les risques et les occasions relativement aux actifs numériques afin de prendre des décisions adéquates.

Afin de maintenir un niveau de contrôle satisfaisant sur ces actifs numériques, la Ville a plusieurs scénarios de mise en œuvre, notamment :

• investir directement dans des solutions propres;

• déléguer des services publics à l’aide d’un contrat conforme aux principes contenus dans le présent rapport;

• intégrer dans les règles d’approvisionnement les exigences de ce contrat, mais adaptées au type de prestation recherchée par la Ville.

Afin de réaliser les choix les plus pertinents pour chaque projet et de s’assurer en tout temps d’être en mesure de prioriser l’intérêt général, le bien commun, le bien-être et la protection de la vie privée de la population montréalaise, la Ville fait de la souveraineté numérique un principe fondamental.

Cette notion de souveraineté s’étend également aux incursions du numérique dans les compétences municipales sur l’espace physique. Par exemple, avec les règlements sur les véhicules non immatriculés en libre-service sans ancrage (VNILSSA) et les véhicules en libre-service (VLS), la Ville de Montréal confirme sa souveraineté sur l’espace public en réclamant l’accès aux données, pour assurer la gestion du territoire et générer une offre de mobilité par les données.

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Les données comme levier de développementLes données sont indissociables du numérique. De fait, les outils numériques génèrent et consomment des données. Que ce soit pour optimiser un service, personnaliser un parcours utilisateur, prévoir une tournée de cols bleus, prédire des événements ou planifier un aménagement, les données sont à la base d’une grande partie du potentiel numérique. Il est donc normal, et même souhaitable qu’une ville qui veut se positionner dans le domaine numérique collecte et analyse certaines données pertinentes selon ses compétences. Cette démarche s’inscrit dans une logique de ville intelligente.

La Ville de Montréal doit consolider le rôle des données comme actif stratégique, autant pour un usage interne qu’en tant que bien commun au service de la communauté montréalaise. Une telle consolidation implique notamment d’élargir le champ de collecte et de renforcer le cadre de gestion des données. D’ici 2030, la Ville souhaite que la part des données ouvertes progresse plus vite que la masse globale des données opérationnelles qu’elle gère. Cette démarche s’appuie sur une orientation d’universalité d’accès, d’interopérabilité et de portabilité, notamment grâce à une offre plus généreuse d’outils de valorisation permettant à toutes et tous de s’approprier la valeur des données.

La souveraineté et l’expérimentationCertaines technologies étant récentes, il n’y a pas ou il y a peu de référentiel aujourd’hui, et les grands principes discutés par la communauté experte ont besoin d’être confrontés à la réalité municipale. C’est pourquoi il est important que la Ville teste et expérimente ces technologies perturbatrices sur son territoire afin d’en tirer avantage tout en en mesurant les impacts négatifs. Si une réglementation proactive est la meilleure garantie d’un cadre rassurant, le présent document postule aussi la nécessité d’évaluer l’impact des nouvelles technologies en amont de la réglementation, sous forme de prototypes ou de projets pilotes, afin d’édicter des règlements pertinents et efficaces.

Mise en action• Partenariats de données mis en place à travers

Montréal en commun, le volet montréalais du Défi des villes intelligentes du Canada

• Adhésion à la déclaration Cities Coalition for Digital Rights

• Évaluation des modèles d’affaires et mise en place d’une zone de test pour le déploiement de la technologie 5G sur le mobilier urbain de la ville

Engagements

1. S’associer aux regroupements municipaux québécois et canadiens pour développer le périmètre d’action des villes dans le déploiement des technologies.

2. Décliner la Charte des données numériques en principes opérationnels et les mettre en œuvre.

3. Définir un cadre d’expérimentation des technologies perturbatrices afin d’en comprendre les impacts, de les communiquer et de les intégrer au fonctionnement de la Ville de manière contrôlée.

4. Mettre en place des mécanismes amenant les partenaires publics et privés à s’engager à suivre les normes de responsabilité et d’éthique de la Ville.

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1.2 Un usage responsable du numérique à tout point de vue

Tout comme dans les espaces physiques, dans l’espace numérique, l’individu citoyen a des droits fondamentaux, tels que le droit à la vie privée ou à l’autonomie. La Ville de Montréal promeut le respect des droits humains dans l’espace numérique. Notamment, elle met en place des garde-fous contre la surveillance généralisée et individualisée, et offre aux citoyennes et citoyens la possibilité de gérer les données personnelles qu’elle détient à leur sujet.

La Charte des données numériques de la Ville indique clairement que : « la Ville s’engage à demeurer vigilante quant au déploiement de capteurs sur son territoire. Ceci en encadrant toutes les technologies permettant l’identification personnelle, notamment en bannissant la collecte de données biométriques dont la reconnaissance faciale sans consentement par les entités sous la responsabilité du conseil municipal, et en appliquant les principes de participation publique inclusive dans les réflexions sur l’usage de ces technologies.2 »

L’usage responsable du numérique signifie également que le développement numérique et technologique est mis au service du bien commun par la définition et la mise en application de règles éthiques ou par le développement de solutions de partage et de valorisation des actifs publics.

La gestion des données, un enjeu d’éthique et de transparenceSelon les modalités d’utilisation, les données peuvent représenter une menace aux droits humains et aux libertés individuelles. La protection de la vie privée via l’exploitation des données personnelles ou les biais dans des décisions basées sur les données engendrées par un algorithme mal calibré sont des exemples d’enjeux auxquels les villes font face. Il est donc important que la Ville de Montréal poursuive ses initiatives visant à encadrer la collecte et l’utilisation de données.

2. Charte des données numériques, octobre 2020, Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal, p. 7. [En ligne.] laburbain.montreal.ca/sites/default/files/charte_donnees_numeriques_1_0.pdf

C’est dans ce but qu’elle s’est dotée d’une Charte des données numériques. Lancée en octobre 2020, cette charte pose des principes et des valeurs à respecter en vue d’une gestion saine et responsable de l’information numérique. La Ville de Montréal doit maintenant l’activer et la rendre opérationnelle. À l’interne, il s’agit de gérer le cycle de vie d’une donnée en adoptant une approche structurée transversale et systémique, pour renforcer la cohérence et uniformiser la compréhension et l’accès aux données. À l’externe, la Ville doit jouer un rôle de leader dans l’exploitation responsable des données en vue d’inciter l’écosystème montréalais à suivre le mouvement et à en adopter les principes et les pratiques.

En plus d’un cadre opérationnel et d’outils simplifiés, la Ville doit se doter d’une gouvernance adéquate, comme le prévoit le projet de gouvernance des données actuellement en chantier. Cette gouvernance contribuera à la transparence et à la recherche de solutions acceptables en ce qui a trait à la collecte de données et à leur exploitation. Dans le cadre de cette réflexion, la Ville se penche notamment sur les questions d’anonymisation des données dès leur collecte ou lorsque celles-ci sont rendues publiques.

Le respect des principes dictés par la Charte s’inscrit de manière transversale dans toutes les activités municipales qui touchent aux données. La mise en place d’une gouvernance de données est directement liée à l’efficacité organisationnelle. Une fois le périmètre de collecte et d’exploitation des données déterminé, la Ville doit s’assurer que tout est en place pour que les services puissent utiliser cet actif. À cette fin, il est également nécessaire de prévoir une démarche de littératie et de démocratisation des données au niveau de l’organisation, comme abordé plus en détail dans la quatrième ambition du présent rapport (voir la page 25).

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CybersécuritéLa Ville accorde la plus haute importance à la protection des renseignements personnels et confidentiels. Elle adhère aux meilleures pratiques de l’industrie en matière de cybersécurité et assure une surveillance de ses systèmes. En matière d’hébergement de ses données, la Ville favorise le territoire canadien. Dans le cas où les données se situent à l’extérieur de son territoire, la Ville s’assure que la législation locale en matière de protection des données est minimalement équivalente à celle du Québec.

Les données, un outil de prise de décision et d’efficience opérationnelleAvec un cadre de gestion des données solide, il devient possible de renforcer la prise de décisions éclairées, autant stratégiques qu’opérationnelles, par des données probantes. Les données dont on cerne bien la qualité et les limites peuvent également servir de base pour des débats publics.

Cette posture vise autant la prise de meilleures décisions que le renforcement de la confiance que la population accorde à ces décisions et aux personnes qui en sont responsables. Lorsque les données sont bien gérées et exploitées, la population bénéficie de services numériques plus pertinents et adhère avec plus de confiance aux décisions prises par la Ville, puisqu’elles sont appuyées par des données probantes.

En somme, la Ville de Montréal peut compter sur les données pour soutenir le développement durable et la gestion efficace de la métropole, et souhaite que la population ait confiance en l’usage qui est fait du numérique à cette fin.

Mise en action• Rapport sur le déploiement responsable de

l’Internet des objets

• Signature de la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle

• Mise en œuvre de la Charte des données numériques de Montréal

• Refonte du portail de données ouvertes et plan d’action Données ouvertes

• Adoption de la Politique de sécurité de l’information

Engagements

5. Concevoir et mettre en œuvre une instance externe en mesure de créer un dialogue avec la communauté, d’évaluer la situation et de faire des recommandations concernant l’utilisation de technologies perturbatrices, la collecte et l’usage des données, notamment pour ce qui est des données personnelles ou avec un potentiel d’identification ainsi que de celles servant à appuyer des prises de décision visant des individus ou des groupes de personnes.

6. Ne pas utiliser les technologies d’identification biométrique, telles que la reconnaissance faciale, pour les services municipaux sans le consentement des personnes.

7. Documenter les algorithmes d’intelligence artificielle et leurs usages à la Ville.

8. Rendre publics la liste des données collectées dans l’espace public, l’usage qui en est fait et les moyens mis en place pour éviter d’autres utilisations.

9. Mettre en place une gouvernance de gestion des données unifiée regroupant des partenaires au sein d’un comité des données.

10. Étendre la culture des données à tous les niveaux de l’organisation, et uniformiser la compréhension et l’usage des données ainsi que l’accès à celles-ci.

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1.3 Un numérique au service de la transition écologique

L’urgence climatique implique que la Ville s’engage dans une transition écologique pour réduire ses gaz à effets de serre. Plus généralement, le principe de transition écologique, axe central du plan stratégique Montréal 2030, concerne de nombreux domaines comme la réduction des déchets, la lutte aux îlots de chaleur urbains ou encore la préservation de la biodiversité.

Parallèlement, nous vivons une transition numérique sans précédent qui offre énormément d’outils et de pratiques permettant de gagner en agilité. La convergence souhaitée de ces deux transitions (numérique et écologique) nous amène à parler de numérique responsable. Le numérique est à la fois un risque écologique et une solution potentielle pour diminuer notre empreinte écologique.

La Ville s’est dotée d’un test climat pour s’assurer que l’ensemble de ses actions et de ses opérations contribue à lutter contre les changements climatiques. Elle s’engage ainsi à être exemplaire dans toutes ses décisions et à mettre le numérique au service de la transition écologique pour atteindre la carboneutralité municipale (d’ici 2040) et collective (d’ici 2050).

Pour démultiplier les bénéfices du numérique dans la transition écologique, la Ville soutient les solutions numériques de mobilité douce et partagée, d’économie circulaire et de mutualisation des ressources, des approches qui sont largement rendues viables grâce à des infrastructures numériques. Elles visent aussi bien les activités internes à la Ville (mutualisation des véhicules ou des solutions informatiques, par exemple) que les services à la population (covoiturage, multimodalité, recyclage d’électroniques favorisant l’inclusion numérique, etc.).

Pour soutenir la transition écologique, la Ville de Montréal souhaite également développer des connaissances spécifiques sur l’empreinte environnementale et la sobriété numérique. En documentant les défis et occasions climatiques en intelligence numérique, elle pense pouvoir évaluer les moyens de mettre le numérique au service de la transition écologique et ainsi minimiser les impacts du numérique sur divers aspects : stockage, équipement, infrastructures, usages, etc.

La Ville souhaite analyser les occasions en intelligence numérique dans des domaines porteurs tels que les transports (ex. : mobilité intelligente durable partagée), l’énergie (ex. : sobriété énergétique) ou le bâtiment (ex. : carboneutralité opérationnelle) pour renforcer la résilience des quartiers, améliorer la qualité de vie et atteindre la carboneutralité.

Mise en action• Plan climat 2020-2030

• Projets de mobilité de Montréal en commun

• Plan de développement durable du Service des technologies de l’information

Engagements

11. S’assurer d’une gestion sobre des données pour réduire l’impact énergétique de l’entreposage et du traitement des données.

12. Utiliser les données et les services numériques comme levier pour réaliser la transition écologique dans des domaines porteurs, tels que le développement de la solidarité citoyenne, l’économie circulaire et locale, la mobilité douce, l’efficacité énergétique, etc.

13. Instaurer les instances sans papier et remplacer progressivement la documentation papier par le numérique.

14. Recycler les équipements informatiques en fin de vie.

15. Favoriser la mobilité du personnel et lui assurer l’accès aux technologies à distance.

16

Ambition 2 : Un numérique humanisé par et pour toute la population montréalaiseLes technologies numériques prennent de plus en plus de place dans le quotidien des populations et deviennent un médium incontournable pour nombre d’activités et de services municipaux. Cela peut parfois se traduire par une certaine déshumanisation de nos communautés. Si les technologies peuvent rapprocher, elles peuvent aussi avoir pour effet d’isoler. C’est pourquoi la Ville de Montréal ne souhaite pas embrasser les approches technologistes d’une ville intelligente selon lesquelles la technologie est la solution à tout, mais désire plutôt proposer un numérique à visage humain par et pour la population montréalaise.

2.1 Une expérience citoyenne* améliorée

La Ville offre une grande variété de contenus et de services centrés sur la population citoyenne et les besoins des organisations locales. Actuellement, une multitude de ces services, de nature très diversifiée, ont été numérisés. Qu’il s’agisse de services d’information ou transactionnels relevant des arrondissements ou des services centraux, de grands pas ont été faits, mais d’autres restent à faire.

Puisque les besoins de la population et des organisations ainsi que les technologies évoluent constamment, le développement et une mise à niveau des services en continu s’avèrent nécessaires. Dans la continuité des investissements et de la modernisation des services déjà réalisés, la Ville vise une couverture numérique maximale de ses services d’ici 2030. Cela représente plus d’une centaine de services qui seront convertis en numérique. Afin de simplifier la vie de la population citoyenne et des organisations, l’expérience numérique visée est omnicanale, personnalisée et accessible dans le compte numérique de chacun.* Dans le contexte, « expérience citoyenne » réfère également

à « expérience du citoyen d’affaires ».

Le design de service, une approche ancrée dans l’expérience usagerAfin d’améliorer ses services et ainsi l’expérience citoyenne, la Ville de Montréal souhaite se positionner en matière de design de service. Elle vise à renforcer sa posture de design centré sur l’usager au sein de ses opérations par la création et la mise en place d’un ensemble de mécanismes et d’outils

permettant l’interaction et la coconstruction avec la population et les parties prenantes à toutes les étapes de développement (conception, planification, livraison, évaluation) des projets et services. Cette approche de design centrée sur l’usager permet de produire des services davantage en phase avec les besoins et la réalité des gens, ainsi que de limiter les impacts négatifs des projets. Le programme Citoyens testeurs, un programme d’implication de la population et des parties prenantes selon un modèle de design de service, inclura une base de données de citoyennes et citoyens volontaires et représentatifs de la diversité de notre territoire.

Une approche humaine des services numériquesLes villes sont des gouvernements de proximité. Le contact avec des personnes et le rôle de l’humain dans les services municipaux demeurent importants malgré les changements technologiques. Le numérique doit y être vu comme un facteur d’augmentation et d’amélioration des services, et non seulement comme un simple levier d’efficacité technique et opérationnelle. Tout en cherchant à tirer parti des occasions que la numérisation ou l’automatisation offrent, des options non numériques doivent être disponibles, et un échange avec une ressource à l’emploi de la Ville doit être possible si nécessaire.

Le Services des technologies et de l’information et le Service de l’expérience citoyenne et des communications appliquent déjà les meilleures pratiques pour favoriser l’accessibilité, autant chez la population que chez le personnel. Mais, malgré leur omniprésence, les services numériques sont somme toute assez récents, de sorte qu’il y a de grandes occasions à saisir pour améliorer tant les nouveaux services que les systèmes utilisant d’anciennes technologies.

Enfin, des mécanismes d’évaluation des risques qui sont liés aux algorithmes des services et des outils numériques offerts à la population sont mis en place; ils reflètent la volonté de la Ville de garder l’humain au cœur des décisions.

17

Mise en action• Services numériques transactionnels offerts à

la population et aux organisations (ex. : solde d’impôt foncier, abonnement aux bibliothèques, permis d’occupation du domaine public, etc.) supportés par le nouveau site Web Montreal.ca

• Dossier citoyen intégré permettant d’accéder aux services numériques et carte d’authentification universelle

• Application mobile Espace pour la vie (Biodôme et Insectarium)

• Programme Citoyens testeurs

• Projet de gestion des factures qui permet de payer plus rapidement les fournisseurs

2.2 La participation du grand public à la prise de décision et au développement des projets

La démocratie numériqueÉtant un fondement essentiel d’une démocratie locale saine et dynamique, de la confiance de la population envers les pouvoirs publics et de l’amélioration des services municipaux, la participation citoyenne est un élément indispensable aux villes modernes. Le numérique représente une grande occasion à saisir relativement à cette participation, que la Ville de Montréal souhaite bonifier, diversifier et élargir au plus grand nombre.

En effet, le numérique offre des possibilités nouvelles et accrues pour renforcer le rôle de la communauté dans l’action de la Ville. De la consultation à la cocréation, cette démocratie numérique peut prendre plusieurs formes et s’accompagne de divers avantages et limites. La Ville s’engage à améliorer ses pratiques pour encourager la participation de la population dans la prise de décision publique; pour matérialiser cet engagement, elle doit exploiter le plein potentiel des outils numériques tout en prenant en considération les limites du virtuel.

Le numérique, grâce aux multiples plateformes et outils de consultation et de travail collaboratif en constante évolution, permet désormais de multiplier les activités de participation citoyenne et de rejoindre plus facilement un grand nombre de personnes. Il permet d’éviter les déplacements, d’éliminer les conflits d’horaire grâce à son potentiel asynchrone (chaque personne participe au moment qui lui convient : elle reçoit l’information, puis contribue selon ses disponibilités) et aussi de favoriser la conciliation travail-famille, et donc la participation à la vie civique en général.

Bien que cette observation demeure empirique pour l’instant, un certain renouvellement des profils de participantes et participants aux séances virtuelles de consultation — notamment par la présence de familles avec enfants — a été constaté. L’Office de consultation publique de Montréal note par ailleurs que le numérique fait augmenter la proportion des femmes qui participent aux activités.

Le numérique favorise aussi une plus grande transparence, puisqu’il permet de diffuser et de rendre accessibles plus largement les documents, processus et décisions publics.

Engagements

16. Pour l’ensemble des services de la Ville, lors du dépôt du programme décennal d’immobilisations et des budgets de fonctionnement, déterminer et promouvoir publiquement les projets de transformation numérique, notamment ceux en lien avec le déploiement de services numériques offerts à la population et aux organisations.

17. Offrir aux citoyennes et citoyens des contenus Web accessibles à tous, et qui utilisent un langage simple et clair basé sur les principes de l’accessibilité universelle.

18. Positionner la Ville de Montréal comme cheffe de file en matière de design de service municipal.

18

La participation citoyenne durant la COVID-19Durant la crise de la COVID-19, la Ville a réussi à maintenir l’essentiel de ses activités de consultation et de participation publiques grâce au numérique. La démocratie municipale, qui repose notamment sur le conseil municipal, a pu continuer de fonctionner grâce à la transposition des séances en virtuel. Au niveau local, les arrondissements ont fait de même en maintenant le dialogue lors des conseils d’arrondissement. Plusieurs travaux des commissions permanentes se sont également poursuivis en mode virtuel, et des assemblées publiques en ligne ont été organisées.

Les limites du virtuelUn certain nombre de freins assombrissent cependant cette démocratie numérique, notamment ceux liés à la fracture numérique (voir l’Ambition 2.3, page 19). Comme la fracture numérique s’ajoute bien souvent à des vulnérabilités préexistantes (statut socio-économique, maîtrise de la langue, etc.), l’intensification du recours au numérique en participation publique peut s’accompagner d’un risque réel de déconnexion de la Ville avec une frange de la population. À cette réserve s’additionnent le risque de déconnexion empathique et certaines limites sur le plan qualitatif, les interactions et la possibilité de délibérer étant plus limitées en virtuel qu’en présentiel. De cette réalité découle l’importance de proposer des contenus textuels simplifiés, de respecter les normes d’accessibilité, et de proposer une mixité de moyens de participation numériques et non numériques.

Vers une approche hybrideCes réflexions montréalaises s’inscrivent dans une réflexion globale et mondiale des praticiennes et praticiens de la participation publique. Ces mécanismes de démocratie étant récents, il est nécessaire de faire preuve de vigilance et de maintenir une posture d’observation et d’apprentissage. Les consultations numériques ne peuvent remplacer toutes les autres formes de participation publique et citoyenne. Elles doivent être complémentaires aux autres mécanismes déjà existants à la Ville. L’hybridité des modes présentiel et virtuel est d’ailleurs déjà amorcée; le présentiel est majoritairement employé, mais la distribution entre ces deux modes sera vraisemblablement révisée après la pandémie. La mixité de moyens permet de répondre à différents besoins et devient indispensable pour prendre en compte la diversité montréalaise.

Mise en action • Budget participatif de Montréal 2020-2021, réalisé

en mode hybride majoritairement virtuel

• Communauté de pratique en participation publique

• Développement d’outils d’accompagnement pour bonifier les pratiques de participation publique et d’engagement citoyen

Engagements

19. Mettre en place des mécanismes permettant à la population de participer et de contribuer à différents niveaux au développement de services numériques, et ainsi assurer une expérience citoyenne supérieure.

20. Déployer la stratégie des communautés de citoyennes et citoyens testeurs pour les services numériques.

21. Maintenir des livraisons de services diversifiés et accessibles à toutes les clientèles (ex. : numérique, au comptoir, postal, téléphonique, etc.).

22. Mesurer la satisfaction de la population à l’aide de sondages instantanés et de la cybermétrie.

19

2.3 Un numérique inclusif et en soutien à l’autonomie de la population montréalaise

La fracture numériqueL’inclusion, qui est une valeur fondamentale pour la Ville de Montréal, s’applique également au domaine du numérique. Afin d’inclure l’ensemble des citoyennes et citoyens dans sa démarche de transformation numérique, la Ville souhaite s’attaquer aux enjeux de la fracture numérique.

Ceux-ci se classent en deux catégories : l’accès au matériel et à une connexion Internet, et les compétences numériques ou la capacité à utiliser le numérique et les divers outils qui en découlent, aussi appelée « littératie numérique ». Pour favoriser l’inclusion du plus grand nombre et réduire la discrimination liée au numérique, il faut agir sur ces deux dimensions.

Un accès à Internet universelEn vertu du premier principe de la déclaration Cities Coalition for Digital Rights qu’elle a signée en 2018, la Ville de Montréal reconnaît l’accès à Internet comme un droit universel et entend participer au développement d’une stratégie d’accès à Internet de qualité et abordable pour toutes et tous. Des actions ont déjà été posées en ce sens, comme le déploiement d’un réseau Wi-Fi accessible et gratuit (MTLWiFi) ou le projet des haltes-connexion, lancé durant la pandémie de COVID-19.

Les compétences numériques, une richesse collectiveAborder le sujet de l’inclusion numérique, c’est aussi s’intéresser aux capacités individuelles et collectives de la population en matière de numérique. Que ce soit pour en faire un usage personnel, pour accéder au marché de l’emploi, pour trouver un logement ou encore pour participer au débat et faire des choix éclairés quant aux enjeux de société qui ont trait au domaine du numérique et des technologies, l’accès au numérique est incontournable, mais aussi l’éducation et le développement des capacités. Pour les citoyennes et citoyens, il s’agit d’être en mesure non seulement de consommer le numérique, mais aussi de participer pleinement à la vie en société; la Ville considère qu’elle a un rôle à jouer dans le développement des capacités numériques de la population montréalaise.

Le développement des compétences numériques a plusieurs bienfaits. Offrir les technologies les plus avancées représentera toujours une limite si une tranche de la population n’est pas apte à les utiliser. En plus de diminuer les barrières d’utilisation, réduire la fracture numérique contribue à rendre la population de Montréal moins vulnérable et plus résiliente. Cette démarche participe à la mobilité sociale et, par le fait même, à la croissance économique, à l’innovation, à la réduction du chômage, etc. À titre d’exemple, les compétences numériques sont à la base des industries créatives qui font la réputation de Montréal; les développer permet de former de la main-d’œuvre qualifiée et de faire croître cette industrie.

Haltes-connexionBien que les enjeux de fracture numérique aient été présents avant la pandémie, celle-ci les a accentués, rendant l’accès à Internet encore plus nécessaire, devenant même un enjeu de sécurité publique. Rapidement, sous le leadership du Service de la diversité et de l’inclusion sociale, la Ville a formé une cellule multiservice permanente sur les enjeux de la fracture numérique.

Pour contrer ladite fracture, cette cellule a mis sur pied durant la pandémie 13 haltes-connexion, c’est-à-dire des endroits sécuritaires et ouverts au public pour accéder gratuitement à Internet dans le respect des règles sanitaires. Certaines haltes ont également permis d’offrir une gamme de services de soutien complémentaires aux usagères et usagers (services psychosociaux, services télémédicaux, soutien pédagogique, soutien d’aide à l’emploi, etc.), de faire la promotion de l’offre de services des organismes communautaires du territoire, et de tester différents types de services numériques afin de les bonifier.

20

Le rôle de la Ville par rapport à la fracture numériqueTout comme le numérique, les enjeux de fracture numérique sont relativement récents. C’est donc un nouveau défi et un nouveau champ d’action pour la Ville. Certains aspects, comme l’accès à Internet, relèvent d’autres paliers décisionnels. Les gouvernements du Canada et du Québec ont déjà lancé quelques initiatives à cet effet. Toutefois, la Ville peut jouer un rôle complémentaire, notamment pour assurer un maillage fort et renforcer l’effet de réseau entre tous les acteurs locaux du domaine. Voici des exemples d’actions que peut entreprendre la Ville en la matière :

• Contribuer à évaluer la situation :

- Qui est vulnérable ?

- De quel type de vulnérabilité s’agit-il ?

- Quels sont les leviers disponibles ?

• Développer des infrastructures technologiques :

- Déployer le Wi-Fi public MTLWiFi dans les zones présentant les plus faibles taux d’accès à une connexion,

- Poursuivre les efforts réalisés dans le réseau des bibliothèques,

- Assurer le réemploi du matériel désuet de la Ville de Montréal,

- Etc. ;

• Créer des conditions de collaboration entre les acteurs :

- Faire levier sur les infrastructures municipales auprès des réseaux de télécommunication pour développer des services d’accès abordable,

- Mettre en contact des acteurs complémentaires en matière de développement de l’accès à Internet ou de la littératie numérique.

L’équité, la diversité et l’inclusion dans le numériqueL’application de l’analyse différenciée entre les sexes et intersectionnelle (ADS+) dans les projets numériques pour veiller au respect des principes d’inclusion s’inscrit dans un positionnement global de la Ville de Montréal, puisque celle-ci s’est engagée à intégrer les principes de l’ADS+ à l’ensemble de ses politiques, programmes et initiatives.

Outre les mesures visant à remédier à la fracture numérique, une meilleure connaissance des utilisatrices et utilisateurs des services municipaux est nécessaire pour mieux s’occuper des enjeux d’inclusion et pour interagir avec une base représentative de la population montréalaise. C’est pourquoi un pan du programme Citoyens testeurs prévoit la mise sur pied d’une base de données représentative.

Mise en action• Ententes pour stimuler l’appui et la collaboration

avec les associations de type recyclerie de matériel informatique

• Mise en place de l’ADS+ dans la gestion et la collecte des données

• Création d’un comité-conseil multidisciplinaire constitué de membres de la communauté d’affaires, du milieu communautaire et de la recherche

• Création d’une cellule multiservice permanente sur les enjeux de la fracture numérique

• Sondage sur les inégalités numériques à Montréal

Engagements

23. Déployer les bibliothèques municipales branchées, dotées de laboratoires numériques.

24. Appliquer les principes de l’ADS+ aux projets numériques.

25. Simplifier l’accès aux services en ligne et hors ligne autour d’un identifiant citoyen unique et universel (montreal.ca), qui, à terme, regroupera l’ensemble des services de la Ville et de ses arrondissements, ainsi que d’autres partenaires, prioritairement de la sphère publique.

26. Doter la Ville d’une stratégie sur l’inclusivité numérique sur le territoire montréalais.

21

Ambition 3 : Le numérique montréalais, une affaire de partenariatCréer un environnement numérique favorable à la population montréalaise ne peut se faire sans la collaboration et le soutien de l’écosystème montréalais. Entreprises, organismes à but non lucratif, société civile, universités et autres organisations publiques et privées ont leur propre contribution en matière de numérique, en plus d’amplifier l’action de la Ville.

D’un côté, en appuyant les organisations innovantes et en faisant un usage actif des technologies numé-riques, la Ville de Montréal contribue à renforcer les compétences numériques de sa population et de ses organisations en entraînant des impacts positifs en matière d’emploi, de développement économique et de rayonnement international. De l’autre côté, ces mêmes organisations peuvent venir complé-menter l’offre de services de la Ville. Pour que cette complémentarité s’exprime pleinement, des objectifs communs et les orientations de la Ville en matière d’utilisation responsable du numérique offrent une assise solide et nécessaire à un écosystème technolo-gique qui inspire confiance à la population.

3.1 Propulser l’écosystème technologique et numérique local

Dans le domaine du numérique, la Ville est un acteur clé, notamment par sa capacité de réglementation, d’intermédiation, d’accompagnement et de financement. Maîtrisant le contexte et le potentiel local mieux que quiconque, la Ville doit utiliser tous les moyens à sa disposition pour mettre en place les conditions favorables à l’innovation, que cette dernière se produise au sein des instances municipales ou plus largement dans la métropole.

La Ville sait mobiliser et rassembler sa communauté pour réaliser de grands projets. En animant et en soutenant son écosystème, elle crée des synergies et contribue à attirer et à retenir les talents. Une stratégie numérique forte renforce l’identité de Montréal, mobilise la communauté autour de ces valeurs d’innovation, et accroît l’attractivité de la métropole pour les entreprises du numérique.

La Ville de Montréal se doit d’être un accélérateur de développement et une référence en matière de bonnes pratiques. Elle doit être considérée comme un partenaire d’excellence par les acteurs locaux et internationaux en mettant ses différents atouts au service de son écosystème.

Ses rôles clés consistent notamment à faciliter l’échange et l’utilisation de données de manière responsable, à animer et à soutenir l’écosystème d’innovation, ainsi qu’à promouvoir les services et projets compatibles avec sa vision du numérique. Ces champs d’intervention doivent favoriser l’émergence d’un numérique utile et positif pour Montréal et sa population.

Les données au service de la communautéDans de nombreux domaines, la Ville détient des données qui peuvent contribuer au développement de la métropole. Accessibles en données ouvertes, ces données permettent à des entreprises de développer des services et des produits qui ont une valeur ajoutée pour la population, que ce soit en mobilité, en loisir ou encore en matière d’habitation, par exemple. Ces données permettent aussi à l’écosystème d’affaires et aux diverses organisations du territoire de s’appuyer sur les données probantes pour se développer et ainsi prospérer.

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Les industries culturelle et créativeMontréal jouit déjà d’une réputation internationale dans le domaine des industries créative et culturelle, mais aussi dans celui de l’intelligence artificielle et dans de nombreux domaines de recherche. Ces secteurs, créateurs d’innovation, de dynamisme et d’emplois, s’appuient sur l’effervescence et la vigueur du domaine numérique montréalais pour se développer. En soutenant le développement des technologies et du numérique, c’est toute la métropole que la Ville soutient, et elle entend bien poursuivre dans cette voie. À titre d’exemple, la Ville de Montréal a contribué au développement de Synapse C, une initiative de valorisation et de mutualisation des données dans le domaine des arts et de la culture. À l’intersection des industries créative et culturelle, de la science des données et du maillage organisationnel, cet organisme à but non lucratif contribue à actualiser les bénéfices du numérique pour tout un secteur de l’économie montréalaise.

La Ville au service du virage numérique des PMEAu-delà de celles spécialisées en technologies, le virage numérique d’entreprises appartenant à d’autres secteurs tels que le commerce de détail ou le secteur manufacturier représente l’un des principaux vecteurs de productivité et de création de richesse pour le milieu des affaires ainsi que pour l’économie locale. La Ville s’appuie sur les leviers de l’accompagnement, en mettant à la disposition des PME des expertises locales et du financement pour mieux les outiller relativement à l’intégration du numérique dans leurs pratiques d’affaires.

Par ailleurs, la présence numérique de la Ville fait rayonner Montréal et son écosystème. L’image de marque de la Ville est un catalyseur pour la notoriété du Montréal numérique et de sa créativité dans des domaines tels que le jeu vidéo, la production 3D, l’intelligence artificielle, son réseau fort de jeunes pousses, et la Ville entend continuer de consolider son image et sa réputation pour soutenir sa communauté d’affaires.

Mise en action• Maillage entre Ville, milieu universitaire et

entreprises grâce au Carrefour de la recherche urbaine de Montréal

• Ateliers visant la valorisation des données de la Ville par la communauté montréalaise (entreprises, milieu universitaire et groupes citoyens)

• Fonds Entrepreneuriat commercial, qui offre un appui aux projets de commerce électronique aux entreprises en démarrage et en croissance

Engagements

27. En vertu de la Politique sur l’utilisation et le développement des logiciels et du matériel libres de la Ville de Montréal, augmenter la proportion de codes de logiciel rendus publics afin de favoriser le réemploi.

28. Poursuivre l’accompagnement des entreprises montréalaises, notamment les PME, dans leur virage numérique.

29. Soutenir le développement de solutions numériques qui favorisent l’achat local et les activités commerciales (telles la livraison urbaine et les interventions en design).

30. Développer de nouveaux outils de financement, de mutualisation des ressources et de partage de données en soutien aux industries culturelles et créatives.

31. Lancer un programme de subvention dédié à la numérisation des salles de spectacles.

23

3.2 La Ville, territoire d’expérimen-tation au service de la créativité et de l’innovation montréalaises

Outre son rôle d’accompagnement et de maillage, la Ville de Montréal doit s’impliquer activement au cœur de son écosystème pour favoriser la créativité et l’innovation sur son territoire. Cette implication peut se faire selon plusieurs angles.

Les besoins de la population, source d’occasions d’affairesEn récoltant et en portant la voix de la communauté, la Ville exprime des besoins d’affaires qui peuvent se transformer en occasions d’affaires. Concrètement, cela peut se traduire par des activités d’idéation et de développement de projets. Que ce soit dans le cadre du Défi des villes intelligentes ou d’événements tels des marathons d’innovation (Hackathon), l’apport de la Ville de Montréal consiste à présenter des besoins et à structurer des critères d’évaluation qui servent à développer des projets ayant une forte composante numérique, un potentiel de développement autonome (hors de la structure de la Ville), et un impact positif sur le territoire montréalais et ses résidentes et résidents. L’innovation qui découle de ces projets peut être utile autant pour l’administration municipale que pour la communauté.

Les communs numériquesLes projets qui combinent milieu universitaire, société civile et entreprises permettent de développer des communs numériques utiles pour l’ensemble de la population. Certains de ces actifs communs peuvent être le fruit direct du travail de la Ville, comme les données ouvertes. D’autres peuvent être produits par la communauté : données en production participative (crowdsourcing), logiciel libre réalisé conjointement, ou encore application numérique utilisable par l’ensemble de la communauté. L’émergence d’une communauté de technologie civique (civic tech), à Montréal comme ailleurs, démontre la volonté de nombreux acteurs de tabler sur les actifs numériques pour contribuer à la vie de la cité.

Le territoire, soutien à l’innovationUtiliser la force d’impact du marché public ainsi que le territoire municipal pour encourager l’innovation et appuyer l’expérimentation est probablement le levier le plus important pour toutes les villes à travers le monde.

À Montréal, le cadre législatif ainsi que la réglementation en matière d’approvisionnement et d’utilisation de l’espace public sont des freins significatifs à l’innovation. L’un des défis est la conciliation entre la loi sur les cités et villes, qui nécessite d’ouvrir les marchés, et la possibilité de soutenir l’émergence de jeunes pousses technologiques dont les solutions innovantes sont souvent uniques et spécifiques quant à leur usage. La Ville de Montréal doit donc continuer d’explorer les possibilités pour lever ces freins et trouver des façons de jouer un rôle actif tout en respectant les règles en vigueur. Des travaux sur les critères et les processus d’approvisionnement sont en cours à la Ville. Ils représentent une occasion à exploiter pour le secteur de l’innovation.

À titre d’exemple, des modalités d’utilisation de l’espace public et du mobilier urbain (lampadaires, feux de signalisation, etc.) sont actuellement explorées à travers le projet pilote du déploiement de la 5G. Cette approche prévoit un déploiement de petite envergure sur un territoire encadré par la Ville afin de tester une nouvelle technologie tout en évaluant l’impact de son implantation. Résolument tourné vers la collaboration, le projet pilote permet à des partenaires (universités, petites et moyennes entreprises, jeunes pousses, etc.) de tester des mises en application potentielles de la technologie. Par cette approche, la Ville de Montréal se met au service de sa communauté pour favoriser le développement technologique, l’innovation et l’entrepreneuriat, mais aussi pour évaluer des modalités d’innovation dans la gestion de ses actifs.

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Soutenir l’écosystème des jeunes poussesEnfin, la Ville intervient de manière directe via son soutien aux programmes d’incubateurs et d’accélérateurs profitant aux jeunes pousses, ou encore l’appui qu’elle offre aux projets de développement de pôle ou de zone d’innovation.

Toutes ces initiatives convergent vers le développement d’un territoire adapté à l’économie de demain où la Ville travaille avec son écosystème pour faire du numérique une force de développement bénéfique pour l’ensemble de la communauté montréalaise.

Mise en action• Chantier sur l’approvisionnement innovant

• Zone de déploiement de la 5G

• Création du programme encourageant les jeunes pousses par le Service du développement économique

Engagements

32. Favoriser les projets pilotes pour expérimenter avec l’écosystème (universités, entreprises, laboratoires).

33. Poursuivre les explorations visant à favoriser l’innovation dans les processus d’approvisionnement.

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Ambition 4 : Une pratique transversale du numérique à la Ville Le changement de paradigme que sous-tend la stratégie Montréal numérique vise notamment à faire du numérique une discipline et une responsabilité transversales afin de propulser les ambitions de la Ville de Montréal. Au niveau tant organisationnel qu’individuel, le numérique doit servir, d’une part, de tremplin pour améliorer l’expérience employé et l’expérience citoyenne, et, d’autre part, de levier pour le développement des services, le développement économique, l’inclusion sociale et la transition écologique.

Les travaux de la Ville et les bonnes pratiques en matière de numérique démontrent qu’une expérience citoyenne positive passe notamment par une expérience employé qui l’est tout autant. Or, la fracture numérique existe aussi au sein même de la Ville. L’ensemble du personnel municipal n’a pas le même accès à Internet et aux outils de connexion, ni les mêmes compétences numériques. C’est pourquoi, afin de rendre possible cette expansion de services numériques et d’améliorer les services à la population, la Ville vise également à outiller, à soutenir et à former son personnel en continu.

Le numérique représente bien plus que des outils et des complexités techniques. Il affecte les pratiques de l’organisation et ses valeurs, il favorise la collaboration et l’essor de l’intelligence collective, et il constitue un levier d’autonomie et d’efficience pour les employées et employés.

4.1 Une priorisation des projets au service de la population et du Montréal de demain

Les chantiers du numérique sont nombreux, importants, coûteux et attendus. Il faut cependant composer avec des ressources et un budget limités tout en répondant à de grandes ambitions au chapitre des services rendus, de l’écologie et de l’éthique.

Pour relever le défi, la Ville de Montréal a entamé la révision de ses mécanismes de priorisation des projets numériques. Cette priorisation vise notamment à équilibrer les différents objectifs et éléments incontournables inhérents à une saine gestion :

• Appui à la transformation de la Ville de Montréal selon la planification stratégique Montréal 2030 et la stratégie Montréal numérique (le présent document);

• Rattrapage de la dette technologique;

• Modifications de règlements concernant les systèmes technologiques.

Cette priorisation permettra également de mieux arrimer les investissements en développement technologique — dont le Service des technologies de l’information est le maître d’œuvre — à ceux liés au numérique dans d’autres secteurs tels que le développement des compétences du personnel et de la population, la lutte pour réduire la fracture numérique, les investissements en développement économique ou encore les partenariats avec le milieu universitaire.

Cette nouvelle gestion globale et transversale des enjeux relatifs au numérique doit permettre de redynamiser les outils de pilotage actuels. En renforçant l’alignement des parties prenantes, elle permettra aussi de maximiser la cohérence des actions réalisées par la Ville de Montréal dans le domaine du numérique.

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Mise en action• Budget participatif

• Intégration des priorités de Montréal numérique au Comité corporatif de gestion des projets et des programmes d’envergure ainsi qu’au Comité de coordination des projets et des programmes d’envergure

• Intégration des priorités de Montréal numérique lors des exercices budgétaires et au programme décennal d’immobilisations

4.2 L’essor d’une culture numérique au sein du personnel municipal

La culture numérique qui permet de concrétiser la vision Montréal numérique s’implante notamment grâce à un programme de développement des compétences. Le Service des ressources humaines, en collaboration avec les services compétents dans ce domaine, y aborde les enjeux de littératie numérique et des données dans le contexte municipal. Ce programme a notamment comme objectif que l’ensemble du personnel comprenne les bénéfices d’une collecte de données de qualité et les possibilités du numérique. À moyen terme, le but est que chacune et chacun sachent tirer parti des analyses faites à partir de ces données ou d’autres sources, de sorte qu’une culture de la donnée s’ancre dans l’ADN municipal.

Ce programme inclut également des pratiques qui sont associées au numérique ainsi qu’à l’innovation et qui sont désormais considérées comme les standards des nouveaux modes de travail : collaboration, intelligence collective, responsabilisation, approche essais et erreurs, agilité, posture d’ouverture au changement, etc. De fait, le numérique, par ses outils et la culture qu’il sous-tend, contribue à briser les cloisons, à favoriser la collaboration horizontale et à provoquer des apprentissages. Finalement, il stimule la créativité et l’innovation au sein même de l’organisation.

La haute direction doit soutenir vigoureusement cette vision et cette transformation interne pour que cet objectif ambitieux, soit l’essor d’une culture numérique, puisse être atteint au sein d’une organisation aussi vaste et diversifiée que la Ville de Montréal. En plus de renforcer le rôle actif du personnel dans le cadre de la transformation numérique de la Ville, et ce, dans une perspective ultime d’amélioration des services, investir dans la formation permet de conserver et de développer les talents, de même que de soutenir l’attractivité de la Ville comme employeur.

Mise en action• Communauté de pratique en données

Engagements

34. Lors de la présentation annuelle du programme décennal d’immobilisations, mettre en lumière tous les projets de transformation numérique portés par les services grâce à un gabarit uniformisé.

35. Publier les critères de priorisation des projets de transformation numérique.

36. Mettre sur pied une entité responsable de la réalisation de la démarche Montréal numérique (entité envisagée à court terme : le comité Présence numérique renforcé)

Engagements

37. Développer les compétences numériques du personnel.

38. Inclure les compétences numériques dans l’évaluation des compétences.

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4.3 Une expérience employé améliorée grâce au numérique

Comme toute organisation de grande envergure, la Ville de Montréal possède un environnement de travail complexe :

• Outils numériques et logiciels multiples, avec une dette technologique significative;

• Complexité des chaînes de décision;

• Nombre important de parties prenantes et de niveaux impliqués;

• Conventions collectives à respecter,

• Etc.

Les services numériques dédiés au personnel sont un moyen parmi d’autres d’aider les employées et employés à s’y retrouver et à être plus autonomes, plus efficients et ainsi plus épanouis dans leur travail.

Grâce à la transformation numérique, chaque employée ou employé a un accès plus facile et plus rapide à l’information nécessaire dans le cadre de ses fonctions; les services numériques de la Ville sont des facilitateurs et non des obstacles à un travail efficace. Le personnel peut s’appuyer sur des outils d’analyse de données lorsque nécessaire et sur les bons logiciels. Ce contexte d’outils numériques, couplés aux efforts pour créer une culture numérique moderne et actualisée, permet aux employées et employés de se sentir performants, utiles et mobilisés, ce qui augmente leur bien-être au travail.

Les modes de travail flexiblesLa mise en place des outils numériques représente un des éléments qui permettront à la Ville de faire évoluer l’organisation du travail vers un modèle hybride, qui combine télétravail et présence physique sur les lieux de travail (pour le personnel dont la nature des tâches le permet). Ce modèle hybride présente différents bénéfices, à la fois pour les ressources à l’emploi et pour l’organisation :

• Flexibilité : un modèle qui apporte de la flexibilité au personnel tout en garantissant un service de qualité à la population;

• Inclusion : une organisation du travail qui offre une meilleure égalité des chances aux employées et employés diversifiés, en situation de handicap ou vulnérables;

• Transition écologique : une réduction du nombre de déplacements et de l’utilisation du papier;

• Attractivité : des pratiques en ressources humaines qui permettent d’attirer et de retenir les meilleurs talents.

Mise en action• Démarche d’accompagnement pour le

déploiement de la suite Google

• Vision Ressources humaines 2025, où il est question d’un environnement de travail à l’avant-garde et d’employés proactifs et innovants

Engagements

39. Déployer l’approche modes de travail flexibles.

40. Finaliser l’implantation et l’adoption des solutions en infonuagique.

41. Poursuivre l’usage généralisé d’équipements en vidéoconférence et d’autres outils de travail à distance.

Ville

de

Mon

tréal

(06-

2021

) 268

79