Mort a Credit

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DU MME AUTEUR

Aux ditions GallimardVOYAGE AU BOUT DE LA NUIT, roman (. Folio Plus,n' 17. Avec un dossier

ralis par Philippe Destruel).L'GLISE, thtre.

MORT CRDIT, roman.

SEMMELWEIS 1818-1865 (L'Imaginaire, n406. Textes runis par Jean-Pierre Dauphinet Hcnri Godard. Prface indite de Philippe Sollers. 1999).GUIGNOL'S BAND, roman.

LE PONT DE LONDRES (GUIGNOL'S BAND, II), roman.

GUIGNOL'S BAND 1

GUIGNOL'S BAND II (Le Pont de Londres). dition

rvise en un volume ( Folio , n2U2).CASSE-PIPE ^CARNET DU CUIRASSIER DESTOUCHES, roman.

FERIE POUR UNE AUTRE FOIS, I, roman.

NORMANCE (FERIE POUR UNE AUTRE FOIS, II), roman.

FERIE POUR UNE AUTRE FOIS. Nouvelle dition en un volume de Ferie pourune autre fois et de Normance ( Folio , n 2737). Prface d'Henri GodardENTRETIENS AVEC LE PROFESSEUR Y.

D'UN CHTEAU L'AUTRE, roman.

BALLETS SANS MUSIQUE, SANS PERSONNE, SANS RIEN. dition

augmente ( L'Imaginaire , n 442). dition de Pascal Fouch.NORD, roman. RIGODON, roman.

MAUDITS SOUPIRS POUR UNE AUTRE FOIS, version primitive de FERIEPOUR UNE AUTRE FOIS.

LETTRES LA N.R.F. (1931-1961). dition de Pascal Fouch, prface de Philippe Sollers.LETTRES DE PRISON LUCETTE DESTOUCHES ET MATRE

MIKKELSEN (1945-1947). dition de Franois Gibault. Suite de la bibliographie en fin de volume

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MORT CRDIT

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LOUIS-FERDINAND CLINE

MORT

CRDITroman

Mf

GALLIMARD

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ditions Gallimard, 1952.

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Lucien Des caves

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Habillez-vous Un pantalon! Souvent trop court, parfois trop long.Puis veste ronde!

Gilet, chemise et lourd bret

Chaussures qui sur mer feraient Le tour dit Monde!Chanson de prison.

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Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si

triste. Bientt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est venutant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne

m'ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont devenusvieux, misrables et lents chacun dans un coin du monde.

Hier huit heures Madame Brenge, la concierge, est morte. Une grande tempte s'lve de la nuit. Tout en haut, oit nous sommes, la maison tremble. C'tait une douce et gentille fidle amie. Demain on l'enterre rue des Saules. Elle tait

vraiment vieille, tout au bout de la vieillesse. Je lui ai dit ds le premier jour quand elle a touss Ne vous allongez pas surtout Restez assise dans votre lit!Je me mfiais. Et puis voil. Et puis tant pis.

Je n'ai pas toujours pratiqu la mdecine, cette merde. Je vais leur crire qu'elle est morte Madame Brenge ceux qui m'ont connu, qui l'ont connue. O sont-ils ? Je voudrais que la tempte fasse encore bien plus de boucan, que les toits s'croulent, que le printemps ne revienne plus, que notre maison disparaisse. Elle savait Madame Brenge que tous les chagrins viennent dans les lettres. Je ne sais plus qui crire. Tous ces gens sont loin. Ils ont chang d'me pour mieux trahir, mieux oublier, parler toujours d'autre chose. Vieille Madame Brenge, son chien qui louche on le prendra, on l'emmnera.

Tout le chagrin des lettres, depuis vingt ans bientt, s'estarrt chez elle. Il est l dans l'odeur de la mort rcente, l'in-

croyable aigre got. Il vient d'clore. Il est l. Il rde.

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Il nous connat, nous le connaissons prsent. 1.1 ne s'en ira

plus jamais. Il faut teindre le feu dans la loge. qui vais-jecrire? Je n'ai plus personne. Plus un tre pour recueillir doucement l'esprit gentil des morts. pour parler aprs a plus doucement aux choses. Courage pour soi tout seul Sur la fin ma vieille bignolle, elle ne pouvait plus rien dire. Elle touffait, elle me retenait par la main. Le facteur est entr. Il l'a vue mourir. Un petit hoquet. C'est tout. Bien des gens sont venus chez elle autrefois pour me demander. Ils sont repartis loin, trs loin dans l'oubli, se chercher une me. Le facteur a t son kpi. Je pourrais moi dire toute ma haine. Je sais. Je le ferai plus tard s'ils ne reviennent pas. J'aime mieux raconter des histoires. J'en raconterai de telles qu'ils reviendront, exprs, pour me tuer, des quatre coins du monde. Alors ce sera fini et je serai bien content.

la clinique o je fonctionne, la Fondation Linuty onje raconte. Mon cousin Gustin Sabayot, cet gard il est forHier j'ai pas eu le temps d'aller le voir. Je voulais lui parler justement de Madame Brenge. Je m'y suis pris trop tard. C'est un mtier pnible le ntre, la consultation. Lui aussi le soir il est vann. Presque tous les gens ils posent des questions lassantes. a sert rien qu'on se dpche, il faut leur rpter vingt fois tous les dtails de l'ordonnance. Ils ont plaisir faire causer, ce qu'on s'puise. Ils en feront rien des beaux conseils, rien du tout. Mais ils ont peur qu'on se donne pas de mal, pour tre plus srs ils insistent; c'est des ventouses, des radios, des prises. qu'on les tripote de haut en bas. Qu'on mesure tout. L'artrielle et puis la connerie. Gustin lui la Jonction a fait trente ans qu'il pratique. Les miens, mes pilons, j'y pense, je vais les envoyer un beau matin la Villette, boire du sang chaud. a les fatiguera ds l'aurore. Je ne sais pas bien ce que je pourrais faire pour les dgoter. Enfin avant-hier j'tais dcid d'aller le voir, le Gustin, chez

m'a dj fait mille rflexions dsagrables pour les histoires que mel je devrais bien changer mon genre. Il est mdecin lui aussi, mais de l'autre ct de la Seine, la Chapelle-Jonction.

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lui. Son bled c'est vingt minutes de chez moi une fois qu'on

a pass la Seine. Il faisait pas joli comme temps. Tout de mme je m'lance. Je me dis je vais prendre l'autobus. Je cours finir

ma sance. Je me dfile par le couloir des pansements. Une gonzesse me repre et m'accroche. Elle a un accent qui tra-

naille, comme le mien. C'est la fatigue. En plus a racle, a

c'est l'alcool. Maintenant elle pleurniche, elle veut m'entraner. Venez Docteur, je vous supplie! ma petite fille, mon Alice! C'est rue Rancienne! c'est deux pas!Je ne suis pas forc d'y aller. En principe moi je l'ai finie, ma consultation Elle s'obstine. Nous sommes dehors. J'en ai

bien marre des grotants. En voici trente emmerdeurs que je rafistole depuis tantt. J'en peux plus. Qu'ils toussent! Qu'ils crachent! Qu'ils se dsossent! Qu'ils s'empdrent m'en tartine! Mais la pleureuse elle m'agrafe,elle se pend vachement mon cou, elle me souffle son dsespoir. Il est plein de rouquin. Je suis pas de force lutter. Elle me

Qu'ils s'envolent avec trente mille'gaz dans le croupion! Je

quittera plus. Quand on sera dans la rue des Casses qui est longue et sans lampe aucune, peut-tre que je vais lui refilerun grand coup de pompe dans les miches. Je suis lche

encore. Je me dgonfle. Et a recommence, la chanson-

nette. Ma petite fille! Je vous en supplie, Docteur! Ma

petite Alice! Vous la connaissez ?. La rue Rancienne c'est pas si prs. a me dtourne. Je la connais. C'est aprs lesUsines aux cbles. Je l'coute travers ma berlue. On n'a

que 82 francs par semaine. avec deux enfants! Et puis mon mari qui est terrible avec moi! C'est une honte, moncher Docteur!

Tout a c'est du mou, je le sais bien. a pue le grain pourri,l'haleine des pituites.On est arriv devant la tle.

Je monte. Je m'asseye enfin. La petite mme porte deslunettes.

Je me pose ct de son lit. Elle joue quand mme un peu encore avec la poupe. Je vais l'amuser mon tour. Je suis marrant, moi, quand je m'y donne. Elle est pas perdue la

gniarde. Elle respire pas trs librement. C'est congestif c'est entendu. Je la fais rigoler. Elle s'touffe. Je rassure la mre. Elle en profite, la vache, alors que je suis paum dans sa crche pour me consulter son tour. C'est cause des marques

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des torgnioles, qu'elle a plein les cuisses. Elle retrousse ses jupes, des normes marbrures et mme des brlures profondes. a c'est le tisonnier. Voil comme il est son chmeur. Je donne un conseil. J'organise avec une ficelle un petit va-etvient trs drle pour la moche poupe. a monte, a descend jusqu' la poigne de la porte. c'est mieux que decauser.

J'ausculte, y a des rles en abondance. Mais enfin c'est pas si fatal. Je rassure encore. Je rpte deux fois les mmes mots. C'est a qui vous pompe. La mme elle se marre prsent.

Elle se remet suffoquer. Je suis forc d'interrompre. Elle se cyanose. Y a peut-tre un peu de diphtrie? Faudrait voir.Prlever?. Demain

Le papa rentre. Avec ses 82 francs, on se tape rien que du

cidre chez lui, plus de vin du tout. Je bois au bol. a fait pis-

ser qu'il on se congratule qu'elle est Il boit mal goulot. Il me montre. m'annonce tout de suite. pas si au la mignonne.Moi, c'est la poupe qui me passionne. Je suis trop fatigu pour m'occuper des adultes et des pronostics. C'est la vraie caille les adultes! J'en ferai plus un seul avant demain. Je m'en fous qu'on me trouve pas srieux. Je bois la sant encore. Mon intervention est gratuite, absolument supplmentaire. La mre me ramne ses cuisses. Je donne un suprme avis. Et puis, je descends l'escalier. Sur le trottoir voil un petit chien qui boite. Il me suit d'autorit. Tout m'accroche ce soir. C'est un petit fox ce chien-l, un noir et blanc. Il est perdu a me parat. C'est ingrat les chmeurs d'en haut. Ils ne me raccompagnent mme pas. Je suis sr qu'ils recommencent se battre. Je les entends qui gueulent. Qu'il lui fonce donc son tison tout entier dans le trou du cul a la redressera la salope a l'apprendra me dranger!

prsent je m'en vais sur la gauche. Sur Colombes, ensomme. Le petit chien, il me suit toujours. Aprs Asnires c'est la Jonction et puis mon cousin. Mais le petit chien boite beaucoup. Il me dvisage. a me dgote de le voir tranasser. Faut mieux que je rentre aprs tout. On est revenu par le Pont Bineux et puis le rebord des usines. Il tait pas tout fait ferm le dispensaire en arrivant. J'ai dit Madame Hortense On va nourrir le petit clebs. Il faut que quelqu'un cherche de la viande. Demain la premire heure on tlphonera. Ilsviendront de la "Protectrice" le chercher avec une auto. Ce soir

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il faudrait l'enfermer. Alors je suis reparti tranquille. Mais c'tait un chien trop craintif. Il avait reu des coups trop durs.La rue c'est mchant. Le lendemain en ouvrant la fentre, il a

mme pas voulu attendre, il a bondi l'extrieur, il avait peur de nous aussi. Il a cru qu'on l'avait puni. Il comprenait rien aux choses. Il avait plusconfiance du tout. C'est terrible dansces cas-l.

Il me connat bien Gustin. Quand il est jeun il est d'un excellent conseil. Il est expert en joli style. On peut se fier ses avis. Il est pas jaloux pour un sou. Il demande plus grand-chose au monde. Il a un vieux chagrin d'amour. Il a pas envie de le quitter. Il en parle tout fait rarement. C'tait une femme pas srieuse. Gustin c'est un cur d'lite. Il changera pas avant demourir.

Entre-temps, il boit un petit peu. Mon tourment moi c'est le sommeil. Si j'avais bien dormi toujours j'aurais jamais crit une ligne. Tu pourrais, c'tait l'opinion Gustin, raconter des choses agrables. de temps en temps. C'est pas toujours sale dansla vie. Dans un sens c'est assez exact. Y a de la manie dans

mon cas, de la partialit. La preuve c'est qu' l'poque o je bourdonnais des deux oreilles et encore bien plus qu' prsent,

que j'avais des fivres toutes les heures, j'tais bien moins mlancolique. Je trafiquais de trs beaux rves. Madame Vitruve, ma secrtaire, elle m'en faisait aussi la remarque. Elleconnaissait bien mes tourments. Quand on est si gnreux on

parpille ses trsors, on les perd de vue. Je me suis dit alors La garce de Vitruve, c'est elle qui les a planqus quelque

part. Des vritables merveilles. des bouts de lgende. de

la pure extase. C'est dans ce rayon-l que je vais me lancer dsormais. Pour tre plus sr je trifouille le fond de mes papiers. Je ne retrouve rien. je tlphone Delumelle mon placeur; je veux m'en faire un mortel ennemi. Je veux qu'il rle sous les injures. Il en faut pour le cailler! Il s'en fout! Il a des millions. Il me rpond de prendre des vacances. Ellearrive enfin, ma Vitruve. Je me mfie d'elle. J'ai des raisons

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fort srieuses. O que tu l'as mise ma belle oeuvre ? que je l'attaque comme a de but en blanc. J'en avais au moins des centaines des raisons pour la suspecter. La Fondation Linuty c'tait devant le ballon en bronze la Porte Pereire. Elle venait l me rendre mes copies, presque tous les jours quand j'avais fini mes malades. Un petit btiment temporaire et ras depuis. Je m'y plaisais pas. Les heures taient trop rgulires. Linuty qui l'avait cre c'tait un trs grand millionnaire, il voulait que tout le monde se soigne et se trouve mieux sans argent. C'est emmerdant les philanthropes. J'aurais prfr pour ma part un petit business municipal. Des vaccinations en douce. Un petit cond de certificats. Un baindouche mme. Une espce de retraite en somme. Ainsi soit-il. Mais je suis pas Zizi, mtque, ni Franc-Maon, ni Normalien, je sais pas me faire valoir, je baise trop, j'ai pas la bonne rputation. Depuis quinze ans, dans la Zone, qu'ils me regardent et qu'ils me voient me dfendre, les plus rsidus tartignolles, ils ont pris toutes les liberts, ils ont pour moi tous les mpris. Encore heureux de ne pas tre vir. La littrature a compense. J'ai pas me plaindre. La mre Vitruve tape mes romans. Elle

m'est attache. coute! que je lui fais, chre Daronne, c'est ladernire fois que je t'engueule! Si tu ne retrouves pas ma Lgende, tu peux dire que c'est la fin, que c'est le bout de notreamiti. Plus de collaboration confiante! Plus de rassis!Fini le tutu! Plus d'haricots!

Elle fond alors en jrmiades. Elle est affreuse en tout Vitruve, et comme visage et comme boulot. C'est une vraie

obligation. Je la trane depuis l'Angleterre. C'est la consquence d'un serment. C'est pas d'hier qu'on se connat. C'est sa fille Angle Londres qui me l'a fait autrefois jurer de toujours l'aider dans la vie. Je m'en suis occup je peux le dire. J'ai tenu ma promesse. C'est le serment d'Angle. a remonte

pendant la guerre. Et puis en somme elle sait plein dechoses. Bon. Elle est pas bavarde en principe, mais elle se souvient. Angle, sa fille c'tait une nature. C'est pas croyable ce qu'une mre peut devenir vilaine. Angle a fini tragiquement. Je raconterai tout a si on me force. Angle avait une autre sur, Sophie la grande nouille, Londres, tablie l-bas. Et Mireille ici, la petite nice, elle a le vice de toutes les autres, une vraie peau de vache, une synthse. Quand j'ai dmnag de Rancy, que je suis venu la Porte

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Pereire, elles m'ont escort toutes les deux. C'est changRancy, il reste presque rien de la muraille et du Bastion. Des gros dbris noirs crevasss, on les arrache du remblai mou, comme des chicots. Tout y passera, la ville bouffe ses vieilles gencives. C'est le P. Q. bis prsent qui passe dans les ruines, en trombe. Bientt a ne sera plus partout que des demi-gratte-ciel terre cuite. On verra bien. Avec la Vitruve on tait toujours en chicane sur la question des misres. C'est elle qui prtendait toujours qu'elle avait souffert davantage. C'tait pas possible. Pour les rides, a c'est bien sr, elle en a bien plus que moi C'est inpuisable les rides, le fronton infect des belles annes dans la viande. a doit tre Mireille qui les a rangesvos pages

Je pars avec elle, je l'accompagne, quai des Minimes. Elles demeurent ensemble, prs des chocolats Bitronnelle, a s'appelle l'Htel Mridien. Leur chambre c'est un fatras incroyable, une carambouille en articles de colifichets, surtout des lingeries, rien que du fragile, de l'extrmement bon march.Madame Vitruve et sa nice elles sont de la fesse toutes les

deux. Trois injecteurs qu'elles possdent, en plus d'une cuisine complte et d'un bidet en caoutchouc. Tout a tient entre les deux lits et un grand vaporisateur qu'elles n'ont jamais su faire gicler. Je veux pas dire trop de mal de Vitruve. Elle a peut-tre connu plus de dboires que moi dans la vie. C'est toujours a qui me tempre. Autrement si j'tais certain je lui filerais des trempes affreuses. C'tait au fond de la chemine qu'elle garait la Remington qu'elle l'avait pas fini de payer. Soi-disant. Je donne pas cher pour mes copies, c'est exact encore. soixantecinq centimes la page, mais a cube quand mme la fin. Surtout avec des gros volumes. Question de loucher, la Vitruve, j'ai jamais vu pire. Elle faisait mal regarder. Aux cartes, aux tarots c'est--dire, a lui donnait du prestige cette loucherie farouche. Elle leur faisait aux petites clientes des bas de soie. l'avenir aussi crdit. Quand elle tait prise alors par l'incertitude et la rflexion, derrire ses carreaux, elle en voyageait du regard comme une vraie langouste. Depuis les tirages surtout elle gagnait en influence dans lesenvirons. Elle connaissait tous les cocus. Elle me les montrait

par la fentre, et mme les trois assassins j'ai les preuves

En

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plus je lui ai fait don pour la pression artrielle d'un vieil appa-

reil Laubry et je lui ai enseign un petit massage pour les varices.a ajoutait son casuel. Son ambition c'tait les avortements ou bien encore de tremper dans une rvolution sanglante, que

partout on parle d'elle, que a se propage dans les journaux.Quand je la voyais farfouiller dans les recoins de son bazar je

pourrais jamais tout crire combien qu'elle me dgotait. travers le monde entier y a des camions chaque minute qui crasent des gens sympathiques. La mre Vitruve elle manait une odeur poivre. C'est souvent le cas des rouquines. Elles ont jecrois, les rousses, le destin des animaux, c'est brute, c'est tra-

l'entendais causer trop fort, parler des souvenirs. Le feu au culcomme elle avait, a lui tait difficile de trouver assez d'amour.

gique, c'est dans le poil. Je l'aurais bien tendue moi quand je

moins d'un homme saoul. Et en plus qu'il fasse trs nuit, elleavait pas de chance! De ce ct-l je la plaignais. Moi j'tais plus avanc sur la route des belles harmonies. Elle trouvait pas a juste non plus. Le jour o il le faudrait, j'avais presque de

quoi en moi me payer la mort. J'tais unrentier d'Esthtique.J'en avais mang de la fesse et de la merveilleuse. je dois leconfesser de la vraie lumire. J'avais bouff de l'infini. Elle avait pas d'conomies, tout a se pressent trs bien, y a

pas besoin d'en causer. Pour croter et jouir en plus il fallait

qu'elle coince le client par la fatigue ou la surprise. C'tait unenfer.

trs. Leurs femmes sont dans la vaisselle, le mle s'entortilledans les ondes radios. Alors Vitruve abandonne mon beau

Aprs sept heures, en principe, les petits boulots sont ren-

roman pour chasser sa subsistance. D'un palier l'autre qu'elle rapine avec ses bas un peu grills, ses jerseys sans rputation. Avant la crise elle pouvait encore se dfendre cause du crdit et de la manire qu'elle ahurissait les chalands, mais on la donne prsent sa fourgue identique en prime, aux perdants

rleux du bonneteau. C'est plus des conditions loyales. J'aiessay de lui expliquer que c'tait la faute tout a aux petits Japonais. Elle me croyait pas. Je l'ai accuse de me dissoudre exprs ma jolie Lgende dans ses ordures mme. C'est un chef-d'uvre que j'ajoutai. Alors srement onle retrouvera

Elle s'est bidonne. On a fourgonn ensemble dans le tasde la camelote.

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