539
8/6/2019 Mourret. Histoire générale de l'Église. 1921. Volume 2. http://slidepdf.com/reader/full/mourret-histoire-generale-de-leglise-1921-volume-2 1/539 i^r ^'M<: •V -^'v ^^.r *^- fc!»»7

Mourret. Histoire générale de l'Église. 1921. Volume 2

Embed Size (px)

Citation preview

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    1/539

    i^r^'M

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    2/539

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    3/539

    V-y^

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    4/539

    Digitized by the Internet Archivein 2011 with funding from

    University of Toronto

    http://www.archive.org/details/histoiregnr02mour

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    5/539

    Vt ." ^^ 'cUfJsU^/ ^ ^ r

    HISTOIRE GNRALE DE L'GLISE

    * *

    LES PRES DE L'GLI

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    6/539

    OUVRAGES DU MME AUTEURA LA LIBRAIRIE BLOUD c5c GAY :

    HISTOIRE GNRALE DE LGLISE10 volumes in-8 raisin

    Prix de chaque volume : broch, 15 fr.Tome I. Les Origines chrtiennes.Tome II. Les Pres de l'Eglise.Tome III. LEglise et le monde barbare.Tome IV. La Chrtient.Tome V. La Renaissance et la Rforme.Tome VI. L'Ancien Rgime.Tome VII. L'glise et la Rvolution.Tome Ylll. L'Eglise contemporaine, premire partie (1823-1878).Tome IX. L'Eglise contemporaine, deuxime partie (1878-1903).

    (en prparation.)Tome X. L'Eglise contemporaine, troisime partie (1903-1914).

    Leons sur l'art de prcher, un vol. in-S carr .... 8 fr. Le mouvement catholique en France, de 1830 1850, un vol.in-12 6 fr. Le Concile du Vatican, d'aprs des documents indits, un vol.in-12 6 fr. Les directions politiques, intellectuelles et sociales de Lon XIII,un volume in-12 7 fr. ))

    POUR PARAITRE PROCHAINEMENTAvec la collaboralion de M. l'abb AIGRAIN :

    Table analytique de l'Histoire gnrale de l'glise, un volumein-8 raisin.

    Gographie gnrale, ancienne et moderne, de l'glise, un vol.in-8o raisin.

    Documents pour servir l'histoire de l'glise, trois volumesin-8" raisii..

    A LA LIBRAIRIE DESCLEE :La Vnrable Marie Rivier, Fondatrice des Surs de la Prsentationde Marie, un vol. in-S*", illustr 6 fr. 50

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    7/539

    HISTOIRE GNRALE DE L'GLISEPARFERNAND MOURRET

    PROFESSEVR d'uISTOIRE AU SEMINAIRE DE SAINT-SULPICE

    LES PRES DE L'GLISEIV^ et Y' sicles

    PARISLIBRAIRIE BLOUD ET GAY

    3, RUE GARANCIRK, 3

    1921Reproduction et traduction interdites.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    8/539

    I53Z

    Nihil obstat.Parisiis, die 19 mail 1920.

    A. Berru.

    IMPRIMATURParisiis, die 22 maii 1920.

    ^ Leo-Ad., Card. Amette,Arch. Paris.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    9/539

    INTRODUCTION

    Deux grands faits dominent la priode deux fois sculaire dontnous allons raconter l'histoire : tandis que l'empire romain, sous leschocs rpts des Barbares et sous le poids de sa propre corruption,luibe en ruines, entranant dans sa chute l'idoltrie paenne, l'Eglisecatholique, pure par la perscution, enrichie de tout ce qu'elle arecueilli de bon, de vrai et de beau dans l'hritage du monde grco-romain, s'organise pour civiliser le monde barbare.

    Le rcit du premier de ces faits ne nous fournira gure que lecadre gnral de notre liistoire. Nous y verrons les derniers empe-reurs romains, dans leur commun dessein de sauver l'empire, faireappel des forces diverses : Constantin invoque le secours du chris-tianisme ; Constance s'appuie sur l'hrsie ; Julien l'Apostat a recoursau paganisme ; Thodose reprend enfin le dessein de Constantin.

    Le second fait constitue une uvre plus intrieure et plus profonde.Des hommes de science et de vertu, que la postrit appellera les Presde l'Eglise *, s'appliquent dvelopper le dogme, la morale et lavie asctique du christianisme ; et leur action est si fconde, qu'ilsont donn leur nom aux deux sicles qui se sont glorifis de leurstravaux. Par opposition l'ge des martyrs, qui les a prcds, lesIV* et v* sicles de l're chrtienne sont, en effet, gnralement dsi-gns sous le nom d'ge des Pres de l'Eglise.

    Tous les grands hommes qui les chrtiens ont dcern ce titreglorieux n'ont pas vcu dans cette priode. Leur longue srie remonte saint Clment de Rome, qui vcut au temps des aptres, et sepoursuit jusqu' saint Bernard, qui illustra le xu* sicle. Mais legroupe des crivains ecclsiastiques qui vcurent depuis ledit de

    Vue gnralsur

    les IV' et T*liicles.

    Premier fait :la dcadencde l'cmpiraromain.

    Deuxime fait:i'uvrt

    restauratricedes Pres

    de l'Eglise.

    CaractreDdistinctifs

    de lalittraturepatristiqu ^des ive et v

    sicles :

    I. Ce titre de Pres de l'Eglise a t employ ds le v* sicle,lliat. gcn. do l'E^liie. H

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    10/539

    INTRODUCTION

    I* Elle estT)arli-

    cuiirementfcoude ;

    a" Elle sedivise en deuxv>urants biendtermins:le courantoriental

    et le courantoccidental ;

    Milan jusqu' la chute de l'empire se distingue par plusieurs carac-tres qui lui font une place part dans l'histoire du christianisme.

    Tout d'abord, la littrature patristique des iv* et v' sicles est par-ticulirement fconde. Dans tous les domaines, elle se dploie avecune infatigable activit. L'apologtique, la polmique, l'exgsescripturaire, la thologie dogmatique, la science des murs, l'asc-tique, l'histoire et la posie sacre, sont cultives avec une galeardeur et un gal succs. Au lendemain de la paix conslantinienne,alors que la vie matrielle de la socit chrtienne semble dsormaisassure, quand la crainte des perscutions est dfinitivement carte,les esprits cultivs se portent avec une curiosit avide vers les grandesspculations religieuses labores par l'cole d'Alexandrie. Utiliser lalangue et les concepts philosophiques de la science grecque pourformuler les sublimes mystres de la foi : telle est leur grande ambi-tion. Avec plus d'lan dans Alexandrie, avec une mthode plus posi-tive dans Antioche, avec une tendance plus traditionaliste en Cappa-doce, les Pres orientaux se distinguent d'abord dans ce mouvement descience religieuse. L'activit latine ne donne son plein dveloppementque plus tard, et dans un ordre d'ides plus spcialement pratiques.

    Tandis qu'en Orient, les Athanase, les Basile, les Grgoire et lesCyrille scrutent la substance divine, laborent une science de Dieuet du Christ ; en Occident, les Ambroise. les Jrme, les Hilaire etles Augustin, pris d'une ardeur passionne pour les questions demorale et de discipline, travaillent difier une science de l'hommeet de l'Eglise. Un large courant d'ides circule d'ailleurs entre lemonde grec et le monde latin ; saint Athanase, saint Jrme et saintHilaire en sont les traits d'union providentiels ; saint Augustin enconstruira la puissante synthse ; et par lui tout le travail intellectuelde l'ge antique se transmettra au moyen ge et l'ge moderne*.

    1. Quiconque veut devenir un habile thologien et un solide interprte, qu'illise et reli''> les Pres... Il trouvera trs souvent dans un seul livre des Pres plusde principes, plus de celle premire sve du christianisme que dans beaucoup devolumes des interprtes nouveaux... parce que, aprs tout, ces grands hommes sesont nourris de ce froment des lus, de cette pure substance de la religion, et que,pleins de cet esprit primitif qu'ils ont reu de plus prs et avec plus d'abondancede la source mme, souvent ce qui leur chappe et qui sort naturellement de leurplnitude, est plus nourrissant que ce quia t mdit depuis. 9 (Bossubt, Dfensede la tradition et des saints Pres, i" partie, 1. IV, ch. xviu.)

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    11/539

    INTRODUCTION OC'est encore un trait spcial de la patrologie des iv* et v* sicles. 3' Elle s'tend

    . > 1 1 1 ^ l'Eglised avoir eu un caractre plus universel qu aucun autre mouvement de entire;la science chrtienne. Avant saint Athanase, la littrature religieuse,d'abord juive, puis alexandrine, avait t presque exclusivementorientale ; aprs saint Augustin, elle aura son principal dveloppe-ment en Occident ; pendant l'ge classique des Pres, elle rayonnepartout.On conoit que, dans de pareilles conditions, l'action des Pres de 4" Elle lucide

    cette poque ail t immense et sans aucune proportion avec l'action pi^s orandsdes {groupes d'crivains qui les ont prcds ou qui les ont suivis. De problmes" ^ * ' theologiques ;leurs travaux, les dogmes de la Trinit, de l'Incarnation, de laRdemption et de la Grce sortent presque entirement lucids ; lesgrands conciles de cette poque n'auront plus qu' en promulguerasdfinitions infaillibles en vertu de leur suprme autorit. Par eux,les sophismes les plus subtils de l'hrsie sont percs jour. Ils don-nent, par rapport aux principales erreurs qui peuvent s'attaquer l'ide de Dieu, la divinit du Christ et aux conditions de salut del'humanit, des rponses qu'on peut regarder, dans leur ensemble,comme dfinitives.

    Car l'ge des Pres a pu tre aussi appel a l'ge des grandes 5

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    12/539

    4 INTRODUCTIOWlions, les injures et les calomnies, l'Eglise attaque dans ses dogmeles plus essentiels, calomnie dans sa morale la plus pure ; mais decette crise, ils virent le dogme catholique sortir triomphant, prciset rajeuni.

    60 Elle La lutte contre les hrsies prsentes ne fut pas la seule cause desce manifeste / 1 1 r< tn 1au milieu douleurs de ces \enerables Pres. Dans les tendances de quelquesdes prludes docteurs orientaux, dans les actes politiques de certains empereurs,

    grandschisme: dans l'attitude jalouse des populations qui se groupaient autour deConstanlinople, ils purent pressentir les causes lointaines d'un grandschisme. Mais si leur me en gmit, leur foi n'en fut point branle.

    70 Mais elle Tandis que toutes les sectes dissidentes, dans le schisme commele prlude dans l'hrsie, s'accordaient sur un seul point, la haine de l'Eglise

    d'une claian le romaine, celle-ci, fidle ses plus anciennes traditions, mritaitrestauration . , . . 1 m 1 t^ 1de la foi toujours par ses bienfaits, comme au temps de Clment de Rome, le, j. . ,. titre de prsidente de la charit . Tandis que chacune de cesla discipline ^ ^dans l'Eglise, secles se donnait le nom de son chef ou de la localit qui l'avait vue

    natre, la voix commune des peuples rservait au seul groupementqui se rattachait Rome le nom d'Eglise catholique. Tandis qu'ariens,donalistes, nestoriens, eutychieas, se divisaient et se subdivisaient enbranches indpendantes, l'Eglise, fidle aux pontifes romains, resser-rait les liens de sa hirarchie. L Eglise romaine lail donc bien, danssa discipline comme dans son dogme, celle qui Jsus avait prditque les puissances de l'enfer ne prvaudraient point contre elle .

    La marche des vnemenls que nous nous proposons de raconterdans le prsent volume comprend trois phases. Ces phases ferontl'objet de trois parties.

    Division De3i3 379. sous des empereurs qui tantt la protgent et tanttgnrale Jg perscutent, 1 Eglise affirme Mice les points contests de sa foi,du prsent 1 , i - . ,volume. et les Pres dfendent nergiquement cette foi. soit contre les der-

    niers assauts de l'erreur paenne, soit contre les attaques de cetteerreur demi-paenne qu'est la doctrine d Arius. C'est la Jin dupaganisme.De 379 395, pendant que Thodose reprend et complte la

    politique protectrice de Constantin, les Pres profitent de la bien-veillance impriale pour combattre et dmasquer les formes les plus

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    13/539

    INTRODUCTIONdiverses et les plus subtiles de l'hrsie. C'est le triomphe du chris-tianisme comme religion d'Etat.

    Enfin, de go A76, tandis que la rivalit de Constantinoplecontre Rome prpare le futur schisme d'Orient, et que les attaquessuccessives des Barbares alTaiblissent l'Empire dOccident, l'Eglise,de plus en plus affranchie de la tutelle impriale, et ne comptantplus que sur ses propres forces pour dfendre son dogme et convertirles peuples nouveaux, regarde avec confiance l'avenir.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    14/539

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    15/539

    NOTICE BIBLIOGRAPHIQUESIR LES PKINCIPAUX DOCUMENTS ET OUVRAGES CONSULTES.

    DOCUMENTS,

    . Parmi les crivains anciens qui nous renseignent sur l'his-toire gnrale de l'Eglise durant le iv* et le v*^ sicle, on doit compter,avant tous les autres, Eusbe, Socrate, Sozomne, Thodoret etEvagrc en Orient ; Rufin et Sulpice-Svreen Occident.

    Dans les cinq livres de la Vie de Constantin, Eusbe de Csarea racont, avec beaucoup de dtails et d'amplifications, ce que l'em-pereur fit pour l'Eglise depuis l'anne 3i2 jusqu' sa mort. Le rcita le ton d'un pangyrique, mais l'authenticit des seize documentscontenus dans la Vie de Constantin est aujourd'hui universellementreconnue '. Socrate, dit le Scolaslique ou l'Avocat, se donne commele continuateur de \'Histoire ecclsiastique d'Eusbe. Son uvre his-torique, qui porte le mme litre, raconte les vnements qui se sontcouls de l'an 3o5 l'an ^Sg. Moins lgant qu'Eusbe, il est plusclairvoyant dans la critique des sources, plus philosophe dans l'ap-plication des causes. Sozomne, dans les neuf livres de son Histoireecclsiastique, qui vont de 324 425, emprunte beaucoup Socrate,mais le complte par des renseignements prcieux. On lui a reprochune excessive prdilection pour les rcits merveilleux.

    L'Histoire ecclsiastique de Thodoret comprend, comme celle deSozomne, unepriode d'environ un sicle. Elle s'tend de323 428,en ayant surtout en vue ce qui concerne le patriarcat d'Antioche. Lavaleur de ces deux derniers ouvrages leur vient surtout des documents

    I. Voir HAR

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    16/539

    8 NOTICE nini.iooRAPinQUEqu'ils contiennent et qui sont gnralement reproduits en entier.

    EvAGivE d'Antioche commence son rcit peu prs la date ol'a laiss Thodoret, et le poursuit jusqu' la fin du vi* sicle. Sonhistoire est prcieuse cause des dtails qu'il donne sur lescontroverses nestorienne et monophysile. Le premier essai d'histoireecclsiastique en Occident est d Rufin d'Aquile, qui traduisitr/:/5/ot>e d'Eusbe et la continua jusqu'en SgS.

    La Chronique ou Histoire sacre de Sulpice-Svre est une uvrematresse par l'lgance et la puret du style. Elle commence la cration du monde, mais n'a de valeur particulire que pour lesdix dernires annes, dont Sulpice-Svre fut le tmoin, spcialementpour l'histoire du priscillianisme.

    Nous n'avons 'que quelques fragments de l'Histoire chrtiennecrite par Philippe de Side et de l'Histoire ecclsiastique due l'a-pollinariste Timothe de Bryte. Nous possdons un extrait consid-rable de l'uvre publie, sous le mme titre, par l'eunomien Philos-TORGE, uvre soigne, mais trs partiale en faveur des ariens.

    Ces diverses histoires ont t reproduites dans la Patrologie deMigne.

    IL On trouvera la plupart des documents relatifs l'histoiredes papes des iv* et v* sicles, dans le Liber pontificalis, ditionDucHESNE, Paris, 1886-1892, t. I, et dans les Regesta pontijcumromanorum de Jaff, Leipzig, i885, t. L Les actes des concilesse rencontrent en plusieurs collections, dont la plus commode estcelle de Mansi, rdite, avec additions et supplments, Paris en1900. Les actes relatifs la priode qui fait l'objet du prsent volumese trouvent presque tous aux tomes III et IV. Les Acta sanciorumdes BoLLANDiSTES, dout 63 volumes in-folio ont dj paru, donnenttous les documents qui se rapportent aux saints que l'Eglise honore.hes Inscriptiones christianae urbis Romae de J.-B. de Rossi (2 vol.in-Zi", 1857 et s.) reproduisent les inscriptions chrtiennes de Romeantrieures au vu sicle. Le Corpus inscriptionum latinarum et leCorpus incriptionum graecarum, de l'Acadmie de Berlin (1829-1877), ajoutent aux inscriptions chrtiennes les inscriptions pro-fanes.

    Sous le titre gnral de Subsidia hagiographica, les Bollaudistesont runi, en une srie de volumes commodes manier, le meil-leur bnfice de leurs recherches et de leurs mthodes. Ont dj

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    17/539

    WOTICB BIBLIOGRAPHIQUE gparu la Bibllotheca hagiographica graeca, un vol. in-8, 2* dit.refondue, Bruxelles, 1909, la Bibliotheca hagiographica orientalis,Bruxelles, 1909, et la Bibliotheca hagiographica latina, 2' dit. avecsupplment, Bruxelles, 1911.

    III. Les documents les plus importants qu'on puisse consultersur l'histoire des Pres de l'Eglise, sont les crits mmes des Pres.Ils forment toute une bibliothque. On les trouve dans la Patrolo-gie grecque (en 161 volumes) et dans la Patrologie latine (en 221 vo-lumes) de MiGNE, Paris, i844 et s. * ; dans le Corpus scriptoramecclesiasticorum lalinorum de l'Acadmie de Vienne, Vienne, i866 ets. ; dans les Monumenla Germaniae historica : Auctores antiquis-si/ni, Berlin, 1877-1878 ; dans la Patrologia orientalis de Graffet Nau, Paris, 1894 et s. ; dans le Corpus scriptoram christianoramorientalium de Chabot, Guidi, Htvernat et Carra de Vaux.

    IV. Les anciens textes liturgiques ont t runis par Assemani,dans son Codex litiirgicus Ecclesiae universalis, 12 vol., Rome, 1749-1766 ; MuRATORi, dans sa Liturgia romana vtus, 2 vol. in-folio, Ve-nise, 17A8 ; Martne, dans son trait De antiquis Ecclesiae ritibus, 4vol., Anvers, 1786 ; Dom Cabrol et Dom Leclercq dans leurs Mo-numenta Ecclesiae liturgica, Paris, 1902 et s.

    V. On trouvera les documents relatifs la lgislation imp-riale pendant les iv* et v* sicles dans le Codex theodosianus, d.RiTTER, 6 vol., Leipzig, 1767 et s.

    II

    OUVRAGES.

    I- Sur l'histoire gnrale de l'Eglise l'poque des Pres, onconsultera avecprofit Hergenrother, //an

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    18/539

    lO NOTICE BIBLIOGRAPHIQUErefondu par Mgr Kirsch, t. I ; A. de Broglie, t Eglise el CElatau IV^ sicle, 6 vol. ; et, avec les rserves de droit, Mgr Dcchesne,Histoire ancienne de l'Eglise, t. II. On peut aussi considrer connmeune histoire gnrale de l'Eglise l'Histoire des conciles de C.-J.Hefele, trad. Dom Leclerq, dont le tome II (Paris, 1908) fournirales renseignenfients les plus utiles. L'Histoire des empereurs deTiLLEMONT renseignera sur les rapports de l'Eglise avec l'empire.Le savant ouvrage du R. P. Grisar, Rome au dclin du monde antique,qui forme le tome I" de sa grande Histoire de Rome et des Papesau moyen ge, trad. Ledos (Paris, 1906) est de premire importanceau point de vue archologique.

    II. Pour ce qui concerne plus particulirement le mouvementthologique, les principaux ouvrages consulter sont : V Histoire desdogmes de Tixeront, t. II et III (Paris, 1909-1912) ; IHistoiredes dogmes de Sciiwane, trad. Degert, t. II et III (Paris, igoS) ;les Pres de l'Eglise de Bardenhewer, trad. Godet et Verschaffel,t. Il et III (Paris, 1899) ; la Littrature chrtienne grecque de MgrBatiffol (Paris, 1897) ; la Littrature chrtienne syriaque de Ru-bensDuvAL (Paris, 1899) i l'Histoire gnrale des auteurs sacrs deDom Ceillier ; la Geschichie der altchristlichen Literatur de Bar-DENHEWER (Fribourg, 1908-191 2) ; le Nomenclator literarius duP. HuRTER, t. I (Inspruck, igoS) ; et, du point de vue protestant, lePrcis de l'histoire des dogmes d'A. Harnack, trad. Ghoisy (Paris,1893).

    III. La littrature relative l'arianisme serait considrable s'ilfallait indiquer tous les ouvrages et articles parus sur le sujet. On entrouveia la liste peu prs complte dans Ulj'sse Chevalier, Rper-toire. .., Bio-bibliographie , au mol Anus, et Topo-bibliographie au motarianisme. En dehors des ouvrages gnraux dj cits, on doit men-tion-ner : J.-A. Moehler, Athanase le Grand et l'Eglise de son temps,trad. Cohen, 3 vol. in-S", Paris, i84o ; Newman, The arians ofthefourth century, 4' dition, Londres, 1876; Gustave Bardt, 5am/Athanase, Paris, 1918 ; Ludtre, au mot arianismus dans le Kir-chenlexikon, 2' dition, de 1882 ; Loofs, ou mot arianismus dansRealcncyklopdie ; X. Le Bachelet, aux mots Arius et arianismedans leDict. de thologie de Vaca^jt ; Th. de Rg>on. Etudes dethologie positive sur la sainte Trinit, 4 vol. in-8, Paris, 1892 et s. ;

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    19/539

    NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE IIF. Cavallera, Saint thanase, textes et tudes (collection de laPense chrlienne), Pans, 1908 ; Tillemont, Mmoires pour servir l'histoire ecclsiastique, t. IV.

    IV. Ce qui a trait Julien l'Apostat et la raction paenne,qu'il personnifia, est racont par Paul Allard dans les troisvolumesde son ouvrage : Julien FApostat, Paris, igoS et s. Sur les rapportsdu christianisme avec le paganisme en gnral et avec les anciennesreligions, voir Beugnot, Histoire du paganisme en Occident, 2 vol.,Paris, i835 ; Dcellinger, Paganisme et judasme, trad. franaiseen 4 vol. in-8, Bruxelles, i858 ; Gaston Boissier, la Fin dupaganisme, 2 vol., Paris, 1891 ; Christus, Manuel d'histoire desreligions, Paris, 1912.

    V. La priode dite des Pres de l'Eglise tant caractrisepar l'influence qu'y ont exerce de grands et saints docteurs, lesbiographies de ces personnages constituent les sources les plus im-portantes de son histoire. On doit surtout mentionner : les vies,dj cites, de saint Athanase par Mqehler et par G. Bardy ; cellesde saint Ambroise par le duc de Broglie (Paris, 1908), et parMgr Balnard (2* dit., Paris, 1872), de sinl Jrme parle P. Lar-gent (6' dit., Paris, 1907), de saint Hilare par le P. Largiint(Paris, 1902), de saint Basile par Paul Allard (Paris, 1899), desaint Augustin par Adolphe Hatzfeld (Paris, 1897) ^^ P^'^ LouisBertra:

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    20/539

    12 NOTICE BIBLIOCnAPIIIQUEVI. Des ludes plus ou moins importantes ont t publies sur

    quelques-uns des Pres de celle poque. Nons devons signaler enpremire ligne : Saint Jean Chrysostonie et les murs de son lempg,par Aim Puech, un vol. in-8, Paiis, 1891 ; Saint Ambroise et lamorale chrtienne auIV^ sicle, par Raymond Thamin, un vol. in-S**,Paris, 1895 ; Saint Augustin, par l'abb Jules Martin, un vol, in-8,Paris, 1901, publi dans la collection des Grands Philosophes. Voiraussi : Barhal, Etude sur saint A thanase le Grand, Paris, i863 ;E. FiALON, Etude littraire sur saint A thanase , Paris, 1877 ; E. Fialon,Etude historique et littraire sur saint Basile, Paris, 1869 ; Bayle,Saint Basile, Avignon, 1878 ; Benoit, Saint Grgoire de Nazianze,Paris, 1876 ; Cavalier, Saint Grgoire de Nazianze, Montpellier,1896; C. Ferry, Saint Ephrem pote, Nmes, 1877; Lahy, SaintEphrem dans Y Universit catholique de 1890, t. III et IV ; Dela-croix, Saint Cyrille de Jrusalem, Paris, i865; E. Martin, SaintJean Chrysosiome, ses uvres et son sicle, Montpellier, 1860 ; Lah-GENT, Saint Jean Chrysostome et la critique contemporaine, dans sestudes d'hist. eccls., Paris, 1892 ; Largent, Saint Cyrille d'Alexan-drie, dans SQS Etudes d'hist. eccls. ; Sanders, Etudes sur saint Jrme,Bruxelles, 1908 ; A. de Saint-Ghron, Histoire du ponlijcat desaint Lon le Grand, 1 vol , Paris, i864 ; Voisin, Apollinarisme,Louvaiu, 1901 ; Gustave Bardy, Didyme l'Aveugle, Paris, 1910;J. Saltet, les Sources de l'Eranists de Thodoret, Louvain, 1900 ;A. Puegh, Prudence ; Buse, Paulin de Noie et son temps, Ratis-bonne, j856, trad. franaise par l'abb Dancoisne, Tournai, i858;Valentin, Saint Prosper d'Aquitaine, Paris, 1900; F. Brunetirbet P. de Labriolle, Saint Vincent de Lrins (dans la Pensechrtienne) ; Mgr Batiffol, la Paix conslanlinienne, Paris,191A.Des articles importants sur les Pres de l'Eglise ont t publis

    dans le Kirchenlexilion en Allemagne et dans le Dict. de thol. ca-tholique de Vacant en France. Parmi les plus remarquables, ondoit signaler l'article publi sur saint Augustin par le R. P. Por-tali.

    VIL La vie chrtienne, la vie ecclsiastique et la vie monas-tique aux IV* et v* sicles sont tudies par Thomassin, Ancienne etnouvelle discipline de l'Eglise, nouvelle dition de i864, Bar-le-Duc,7 vol. in-S ; Martigny, Dictionnaire des antiquits chrtiennes ;

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    21/539

    ?fOTlGE BinLlOGRAl'HlQUE l3Dotn Cabrol, Dictionnaire d'archologie chrtienne et de liturgie ;Doni Legi.ergq, Manuel d'archologie chrtienne, 2 vol. in-S", Paris,1907 ; Probst, Die Liturgie des U Jahrhunderts, Munster, 1898 ;Die ltesten rmischen Sacramentorien, Munsler, 1892 ; Mgr Mant,De Missa, Paris, 1908 ; De iocis sacris, Paris, 190/i ; De sacraordinatione, Paris. 1900; Le Qlien, Oriens christianus ; DomBesse, les Moines d'Orient antrieurs au concile de Chalsdoine,Paris, 1900 ; Marin, les Moines de Constantinople, Paris, 1898 ;Ladeize, Etude sur le cnobitisme pakhomien, Louvain, 1898;Amuneau, les Moines gyptiens, Paris, 1889 ; Dom Ursmer Ber-L1RE. l'ordre monastique, des origines au XII' sicle, Maredsous,191 2 ; Mgr Dccuesne, les Origines du ciille chrtien, 1^ dit.,Paris, 1898; Imbart de la Tour, les Paroisses rurales en Francedu IV' au XI'' sicle, Paris, 1900 ; Dom Cabrol, le Livre de laprire antique, Paris, 1901 ; Corblet, Histoire du sacrement dubaptme, 2 vol., Paris, 1882 ; Histoire du sacrement de CEucharistie,Paris, 1901 ; Dom Cabrol, les Eglises de Jrusalem, la discipline etla liturgie au IV' sicle, Paris, 1896 ; Dom Morin, Hirarchie et li-turgie de CEglise gallicane au V' sicle (Bvue bndictine de 1892) ;Thomassin, Trait des ftes de l'Eglise, Paris, 1708 ; Mgr Batiffol,Etudes d'histoire et de thologie positive, Paris, 1902- 1906 ; l'Eucha-ristie, Paris, 1914 ; Histoire du brviaire romain, 3^ dition, Paris,191 1 ; Dom Balmer, Histoire du brviaire, trad. Biron, 2 vol.in-8, Paris, 1906 ; Marucchi, Elments d'archologie chrtienne,t. III, Eglises de Borne, Rome, 1902 ', Franz de Champagnt, la Cha-rit chrtienne dans les premiers sicles de l'Eglise, Paris, i85/i ; PaulAllard, les Esclaves chrtiens depuis les premiers temps de l'Eglisejusqu' la fin de la domination romaine en Orient, 5* d., Paris,1914 ; Emile Lesne, Histoire de la proprit ecclsiastique enFrance, Paris, 1910; Lallemand, Histoire de la charit, Paris,1902,1. II; Doisv, Histoire de la charit pendant les premiers sicles,Paris, iS^S ; Chastel, Etudes historiques sur l'influence de la charitpendant les premiers sicles chrtiens, Paris, i853 ; Ozanam, la Civi-lisation au V' sicle, 2 vol. in-12, ^* dit,, Paris, 1878 ; Kurth,les Origines de la civilisation moderne, 2 vol. ia-8, Paris, 1898;Phillips, Kirchenrecht, Rastibonne, 1845-1889, 10 vol. in- 8,traduction partielle en franais par l'abb Crol'zet, Du droitecclsiastique, Paris, Lecoffre, i85o-i852, l\ vol. in-8 ; A. Michel,Histoire de l'art depuis les premiers temps chrtiens, t. I, Paris,

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    22/539

    l4 NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE1905 ; Prat, rArchologie chrtienne, Paris, 1892 ; A. Gastou,les Origines du chant romain, un vol. 'm-h, Paris, 1907 ; A. Gastou,le Graduel et Cantiphonaire romains, Lyon, rgiS.

    VIII. Sur la gographie ecclsiastique, voir Atlas sacer siveecclesiaslicus de T. Wietsch, paru Gotha en i8/i3, ou mieuxAtlas zur Kirchengeschichte de K. Heusi et H. Mulert, publi Tubingue en igoS.

    IX. Pour rsoudre les problmes, parfois compliqus, de lachronologie dans l'histoire de l'Orient, on consultera utilement :J. Gottwald, Les faits principaux de l'histoire byzantine par ordrechronologique, un \o\. in-12, Constantinople, 1911.

    Les ouvrages d'un intrt moins gnral sont mentionns au basdes pages.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    23/539

    HISTOIRE GNRALE DE L'GLISE

    PREMIRE PARTIELa fin du paganisme.

    CHAPITRE PREMIERDE l'DIT de MILAK AU CONCILE DE NICE. l'uRSIE d'aRIUS.

    (3i3-325).

    I

    En 3i3, le pagansrae paraissait frapp mort. La critique Etatd'Evhmre, le scepticisme religieux des philosophes et des potes " paga'^smepaens, les invincibles objections des apologistes du christianisme,l'avaient atteint dans sa racine comme croyance. L'dit de Milanvenait, semble-t-il, de le ruiner comme institution politique. Maisl'esprit paen se survivait dans les murs prives et dans l'espritpublic.

    Les superstitions populaires pullulaient. L'oracle de Delphes taitencore en pleine activit en 325. Ce fut Constantin qui transportale trpied de la Pythie Constantinople ^. Licinius consultait Apollon *.Peu aprs l'dit de Milan, quand il se retourna contre Constantin onle vit marcher contre son rival, entour de magiciens, et faisantporter sur le front de ses lgions les images des dieux A tout prendre, ^"^^'^f ''"*^

    _D D r 5 populaires ;peut-tre jamais les pratiques de divination, de magie, d'incauta-

    Persistancede l'espritpaea :

    10 Dans le

    I. EcssE, Vie de Constantin, lu, 54 ; Zozimb, ii, 3i,a. SozoMiiE, Hist. ecclt., i, 7,

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    24/539

    l6 HISTOIRE GNHALE DE l'GLISEtion, n'avaient t plus rpandues qu'en cette premire partie duIV* sicle. Si, sous l'influence du christianisme, un certain nombrede temples de la religion grco-romaine avaientt abattus ou ferms,le culte des divinits orientales s'tait prodigieusement propag enOccident, et la divination, les arts magiques, les vaticinations, lescharmes, les superstitions les plus tranges, faisaient partie essen-tielle de ce culte *. Ces pratiques se multiplirent dans la vie domes-tique. Une inscription du IV* sicle, trouve Capoue, nous fait con-natre le frial paen rest en vigueur cette poque dans les cam-pagnes : des processions lustrales au bord des fleuves, des offrandesde roses en mmoire des mnes, des vux faits aux gnies deschamps, y accompagnent les travaux de la moisson et de la ven-dange ^. Ces usages avaient si profondment pntr dans les moeurs,que les chrtiens les plus pieux avaient peine s'en dfendre. Ainsi,quand Fructueux, Augure et Euloge eurent t brls vifs, leursamis, accourus pour recueillir les cendres des martyrs, les arrosrentde vin afin d'teindre le feu qui brlait encore , disent les Actes,mais plus probablement en souvenir des libations en usage chez lesanciens aprs la crmation des corps . ^

    a Dans les Les philosophes, les lettrs, ne croyaient pas plus, sans doute,spculations ^^^ dieux homriques qu' ceux de l'ancienne Rome, mais, sous leopliiques ; nom d'hellnisme, la plupart d'entre eux professaient un syncr-

    tisme o toutes les spculations religieuses de l'Orient s'taientfondues avec celles de Rome et de la Grce ; et leur paganisme sp-culatif n'tait, en somme, que la transposition dans le monde desides du paganisme pratique des foules *.

    3* Dans les La vie publique retenait plus fortement encore les lments paensinstitutions ^^j l'avaient en grande partie constitue. Nous avons vu commentpubliques. ^ . .,... ,.Constantm, converti au christianisme, n avait pu se soustraire au

    titre de pontife suprme, qui, troitement uni au titre d'empereur,1. Voir l'nuairation de ces tranges pratiques dans MoMiiSEs et Mar-

    QUARDT, Manuel des antiquits romaines, t. XII, trad. Brissaud, Paris, 1889, p. 119-i38.

    3. Corpus nscr. latin., t. X, 8793.3. P. llard, Julien l'Apostat, t. I, p. 83-88. De l'eau et suffi teindre lescendrns ; le vin parat bien avoir eu une autre signification.4. Dans les seules rgions que baigne la Mditerrane ou que le Rhne met encommunication directe avec elle, de nombreuses inscriptions, trouves Nmes,

    Vence, Orange, Vaison, Valence, Ljon, etc., montrent les divinits locales, plus oumoins associes 1 adoration des forces naturelles, identifies avec les dieux romainsqui s'en rapprochent le plus. Corpus inscr. lai., t. XII, l\3, 35", 358, 1333, i3ii,1567, 1669, 174/1, 1745, 1783, 3096-3103, 43a3, 4339,5687, 5864, 0953,

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    25/539

    LA FIN DU PAGANISME 17faisait de lui le chef de la religion romaine et le rendait membre detous les collges sacerdotaux'. Les plus chrtiens de ses successeursne pourront se drober cette charge. Ils essaieront sans doute de seservir de ce pouvoir disciplinaire dans un sens contraire aux intrtsde l'idllrie ; mais le seul fait qu'ils n'aient pu diminuer l'in-fluence du paganisme qu'en agissant comme ses premiers pontifesest significatif *. Dans les provinces, on voyait des ofTiciers munici-paux autoriser des dvotions particulires aux cits, connatre dessacrilges, interprter les mauvais prsages, rgler les modes d'ex-piation. A la fin du v* sicle, on verra encore une vestale condamnepour avoir viol son voeu et enterre vivante, par ordre du collgedes pontifes, sous la prsidence du prfet^. Les inscriptions dcou-vertes dans un grand nombre de villes et de bourgs montrent que lesdignits municipales et les fonctions sacerdotales y taient inspa-rables. Le titre dejlamen perpeluiisebt toujours joint, sur les marbresdcouverts en Afrique, celui de ciirator reipublic * ; et de nom-breux indices prouvent qu'il n'en tait pas autrement en Gaule, enEspagne et en Bretagne. Le mme fait se rencontre en Orient, par-ticulirement en Palestine. Les Romains avaient tout fait pour ytablir la civilisation paenne aprs les dernires rvoltes des Juifs ;d'ailleurs le voisinage de l'Arabie, un contact plus troit avec laPhnicie du nord et l'ancien pays des Philistins au sud-ouest, yavaient favoris la pntration du paganisme. D'une manire gnralepourtant, les campagnes de l'Orient avaient mieux subi l'influencechrtienne que celles de l'Occident, et ce rsultat doit tre attribusurtout la multiplication des institutions monastiques.

    D'autre part, tandis que les ides et les pratiques paennes se per-ptuaient dans les habitudes prives et dans les institutions publiques,la puret de la foi et des murs chrtiennes subissait de notablesflchissements. Depuis que les faveurs du pouvoir taient pour le

    Cet espritpaen

    se retrouvedans toutesles rgionsde l'empire.

    Eutdes murschrtiennes la suitede l'ditde Milan.

    1. Hist. gn. de l'Eglise, 1. 1. p. 436.a. L'opinion de Va: Dale {Dissert, antiq., 11, 1-2), timidement reprise par Aub*(De Constanlino imperatore pontifice maximo, 1861) et par Bouch- Leclercq {les

    Pontifes de l'ancienne Rome, p. fioQ-!iO']), d'aprs laquelle le souverain pontificat deCon&tantin et de ses successeurs leur aurait donn sur la religion chrtienne le mmepouvoir que les empereurs paens avaient sur l'ancienne religion, n'est pas soute-naiile. Aucun crivain chrtien n'a donn Constantin le litre de pontife. VoirPaul \llkhd, Julien l'Apostat, I, 354-355.

    3. P. Allard, Julien l'Apostat, t. I, p. 69-70.4. Lon RE:

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    26/539

    i8 HISTOIRE GNRALE DE l'GLISE

    dien e^ messemblentprtes

    > accepterI semi-paganismeou un

    cfaristianisnieamoindri.

    Tel seral'arianisme.

    christianisme, des ambitieux y entraient par calcul, des faibles parentranement. Les crivains ecclsiastiques du temps se plaignent dugrand nombre de demi-converlis , qui n'avaient qu'une teinte dechristianisme et y mlaient mille prjugs paens.

    Bref, de part et d'autre, un grand nombre d'esprits semblaientprts accepter une doctrine qui se prsenterait eux comme undemi-paganisme ou comme un chrislianisme amoindri.

    Dj plusieurs hrsies avaient d ce caractre quivoque la prin-cipale part de leur succs. La gnose, semi-judaque ses dbuts,s'tait faite peu peu semi-paenne ; mais elle s'tait mietteen millesectes. A ct d'elle, le montanisme s'tait pareillement dissmin etdivis en plusieurs partis. Le milhrasme et les diverses coles quise rattachaient aux doctrines noplatoniciennes, se tenaient trop dansle vague. Le manichisme n'avait pas encore prcis et vulgaris sadoctrine. Aucune de ces sectes n'avait alors sa tte un homme puis-sant, capable d'entraner les foules par son loquence, de drouter sescontradicteurs par ses sophismes, de se mnager Tappui des grandspar ses habiles manuvres, de grouper autour de lui, par la sduc-tion de ses manires et par l'apparente austrit de sa vie, un noyaude partisans dvous son uvre. Cet homme se rencontra. Ce futArius. En empruntant toutes les doctrines ambiantes les lmentsde sa thorie du Verbe infrieur Dieu et premire crature dumonde, il eut le gnie d'exposer cette thorie en des formules prcises,claires, capables, en se gravant dans les mmoires, de s'emparer desvolonts. Arius, dit un pntrant historien de la thologie des pre-miers sicles, fit une sorte de conciliation rationnelle entre la gnoseorientale, la philosophie platonicienne et la thologie judaque*. Saint Athanase devait le convaincre d'aboutir logiquement aupolythisme paen. Mais l'importance exceptionnelle de l'hrsiearienne dans l'histoire de l'Eglise nous fait un devoir de l'exposer endtail, en remontant ses premires origines.

    I. Th. de Rgnom, S. J., Etudes de thologie positive sur la Sainte Trinit, t. III,p. 199.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    27/539

    L.\ FIN DU PAGANISME 19

    II

    Comme le protestantisme au xvi* sicle, comme le philosophismervoluliounaire au xviu' sicle, l'arianismc est, au iv* sicle, une deces erreurs centrales qui, aprs avoir condens eu elles presque toutesles erreurs de leur temps, deviennent une source abondante d'erreursnouvelles. L'hrsie d'Arius, en alHrmant que le Verbe est une purecrature, se rattachait aux nombreuses hrsies trinitaires et chris-tologiques des trois premiers sicles, et bientt l'apollinarisme, leplagianisme et le neslorianisme allaient sortir d'elle comme les fruitsdu germe.

    Arius et ses partisans, suivis en cela par beaucoup d'historiens, sesont toujours plu invoquer pour berceau la grande cole d'Antioche,et pour pre un saint martyr, le prtre Lucien '. Leurs origines sontbeaucoup plus complexes.

    Les matres de l'cole d'Antioche s'taient toujours distingus,nous l'avons vu -, par une raison ferme, par des mthodes positives,et se rattachaient volontiers l'aristotlisme. Cette attitude les mettaitparfois en opposition avec les docteurs d'Alexandrie, plus habitus planer dans les hautes rgions de la mtaphysique platonicienne. Ln'tait point le danger. Les deux coles, l'une plus ardente, l'autreplus prudente, semblaient faites pour se complter l'une l'autre etpour prsenter au monde, dans toute la magnificence de ses aspects,comme dans toute la rigueur de ses dogmes, l'expos intgral deldoctrine catholique. Mais un homme d'une intelligence subtile, d'uneambition dmesure, d'un esprit port l'intrigue et la cabale.Paul de Samosate. avait tout fait pour pervertir le mouvement tho-logique de l'cole d'Antioche ^. Sous prtexte de conserver Dieu ladignit qui lui est propre, de concilier plus efficacement les dogmesdu christianisme avec la raison, et surtout, disait-il, par crainte deporter atteinte l'unit et la simplicit divines si l'on admettait enDieu une gnration proprement dite, Paul de Samosate considrait

    Caractrede riicrsied'Arius.

    Lesprcurseursd'Arius.

    Les matresde l'coled'Antioche.

    Paulde Samosate.

    I. Voir Batiffol, Elude d'hagiographie arienne, la Passion de saint Lucien d'An-tioche, dans \e Compte rendu du Congrs scient, des catholiques de 189 1, t. II, p. 181-186. Cf. Anal bolland., t. XI, p. 471.

    a. Hist. gn. de l'Eglise, t. I, p. 387.3. Ibi'l., t. I, p. 387-389.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    28/539

    ao HISTOIRE GNRALE DE l'GLISE

    Stint Luciend'Antioche(t3l3).

    Sa doctrine.

    le Verbe comme un tre impersonnel, un attribut, non distinct duPre, et ne voyait dans le Christ qu'un homme dans lequel le Verbedivin avait habit et agi.Parmi ses disciples, un prtre d'Antioche, Lucien, sduit par lesvues leves sur lesquelles le matre prtendait appuyer sa doctrine,s'en fit pendant quelque temps l'loquent dfenseur. Aussi fut-il,pour ce motif, excommuni par son vque. Quand et commentLucien rpudia-t-il la doctrine errone de Paul de Samosate ? Onl'ignore. Nous savons seulement qu'il fut rintgr dans l'Eglised'Antioche, qu'il y reconquit une grande autorit, qu'il devint trsclbre par la publication d'un texte corrig des Septante. Sa mmoirefut enfin publiquement vnre par l'Eglise la suite du glorieuxmartyre qu'il subit sous l'empereur Maximin.

    Des uvres de Lucien, il nous reste peu de chose *. Le concilescmi-arien d'Antioche, tenu en 34 1, lui attribua un symbole dontsaint Athanase a conserv le texte et duquel toute prcision dogma-tique est soigneusement carte, mais l'authenticit de ce symbole estfort douteuse *. Ses disciples, Eusbe de Nicomdie, Lonce d'An-tioche, Thognis de Nice et Arius lui-mme, qui aimaient sequalifier entre eux de collucianistes , lui ont attribu les lmentsessentiels de leurs doctrines. Comme les orignistes l'avaient fait l'gard de leur matre, ils ont vraisemblablement prt au saintmartyr les exagrations et les dformations qu'ils avaient fait subir ses ides. Il est remarquable que saint Alhanase, si prompt mettreen cause tout ce qui tenait l'arianisme, n'ait jamais attaqu Lucien.Au demeurant, le symbole qui lui a t attribu par les semi-ariens,si l'on met part l'omission du mot omoousios, laquelle s'expliqued'elle-mme avant la dfinition du concile de Nice, est une profes-sion de foi strictement orthodoxe^. Cependant, comme saint Alexandre,vque d'Alexandrie, lui attribue nettement une responsabilit dansle dveloppement de l'arianisme, il est croire que Lucien, pourragir sans doute contre le modalisme de Sabellius. ne maintint pasavec assez de fermet le dogme de l'unit de Dieu. Esprit vif et hardi,il dut imaginer, pour expliquer la Trinit, quelque hypothse risque.

    1. Elles se trouvent runies dans Routh, Reliquixsacrx, je dit., iv, 1-17.a. TixERONT, Hisl. des dogmes, ^^ dit., t. II, p. ai.3. Saint- Jean Ghrjsoslomc, dans un pangyrique de saint Lucien, pro-nonce l'occasion do sa fte, le 7 janvier 387, ne fait aucune allusion soerreurs.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    29/539

    la56(?)-336).

    LA FIN DU PAGANISME 21favorisant plus ou moins ouvertement l'adoptianisme, et dont sesdisciples abusrent*.Au nombre de ceux-ci se trouvaitun homme, qui, par son ge ^j^f^'",',sensiblement plus avanc que celui de la plupartdeses condisciples-,

    par sou extrieur imposant, par ses murs austres, par son espritbrillant et souple, parat avoir exerc, descelle poque, un ascendantsur son entourage. C'tait Arius. Il tait n en Libye vers le milieu dusicle prcdent. Ses contemporains le dpeignent, au physique,comme un homme grand et maigre; au moral, comme un caractreremuant et obstin. Il s'tait d'abord compromis dans le schisme deMlce, puis l'avait brusquement abandonn. En 3o2, l'vqued'Ale.xandrie, Pierre, l'avait ordonn diacre, mais bientt aprs avaitd rompre avec lui. Il l'avait mme excommuni. Aprs le glorieuxmartyre du saint vque Pierre, survenu le 25 novembre 3io', Ariusavait t ml des intrigues que les historiens, suivant leurs sympa-thies, racontent diffremment. L'arien Philostorge rapporte qu'ildtermina l'lection d'Alexandre en reportant sur ce dernier les voixde ceux qui voulaient se prononcer sur sa propre personne ; d'autres,au contraire, l'accusent d'avoir brigu la dignit piscopale et gardcontre son heureux rival la rancune de l'ambition due *.

    I. Quand S. Epiphase, dans son Ancoratos, xliii, P. G., t. XLI, col. 817, dit queLucien niait l'intelligenc humaine du Christ, il lui attribue vraisemblablementune erreur dont la responsabilit tombe sur ses disciples. On sait que la critiquedogmatique de saint Epiphane est gnralement empreinte de svrit. Baronius,qui, dans ses Annales (ad ann. 3ii, n. la, et 3i8, n. 76) cherche laver Luciende tout soupon d'hrsie, est oblig de reconnatre qu'il se servit d'expressionimproprvi dans sa polmique contre les sabelliens. Sur Lucien d'Anliodie et sathologie, voir GwATEi.N, Sludies of arlaniim, p. 18 et s. Harsack, AntiocherischeSchule, dins Real-Encyklopdie, t. I, p. 591 -SgS; Kattenbusch, Dos apostolischeSymbol, t. 1, p. aSa et s., aS et s., a66 et s., t. II, p. aoa et s., 739 ; Hefele-Leclsrcq, Hist. des Conciles, t. I, p. Sa'-S^g ; 'Fixeront, Hist. des dogmes, t. II,p. 21-aa.De toutes les tudes qui ont t publies ce sujet, il semble rsulter quesaint Lucien d'Antioche a t un de ces matres qui, prompts mettre dans leurenseignement les hvpothscs les plus originales, ctoient parfois l'hrsie dans leursparoles, mais restent toujours orthodoxes de cur. Ainsi s'expliqueraient lasprtentions des ariens, les insinuations de saint Alexandre, les affirmations de saintEpiphane, et, en mme temps, la vnration dont l'Eglise a entour la mmoire desaint Lucien, les loges qu'a faits de lui saint Jean Ghrysostome et la discrtionrespectueuse que saint Athanase, dans ses polmique!, a toujours garde sonendroit.

    a. Saint Epiphane, parlant de lui propos de l'lection d'Alexandre au siged'Alexandrie en 3ii, l'appelle un vieillard. Il devait avoir cette poque, d'aprsles calculs des historiens, environ soixante ans.

    3. Hist.gn. de l'Eglise, t, 1. p. 4ai.4. Le B.u-helet, au mot Arius, dans le Dicl. de thologie de Vacart-Mamgeot,

    t. I, col. 1780.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    30/539

    23 HISTOIRE GE:ERALE DE L EGLISE

    SPremireropagatione l'hrrie.

    Vue sommairede la doctrine

    arienne.

    Interventionde saint

    Alexandre,vqued'Alexandrie.

    Arius parat avoir t un homme d'infiniment de ressources.Rompu la dialectique aristotlicienne, il n'avait pas, dit-on, sonpareil dans l'art de manier le syllogisme. Ses remarquables qualitsintellectuelles lui valurent, aussitt aprs son ordination sacerdotale,d'tre plac la tte d'une glise paroissiale importante dans la villed'Alexandrie *, l'glise de Baucale. Il fut, en outre, charg d'expliquerles Saintes Ecritures.

    Arius occupait ces deux fonctions depuis huit ans, environ, lorsque,vers l'an Sig, le pieux vque d'Alexandrie apprit avec tristesse quedes doctrines tranges circulaient parmi son peuple et parmi sonclerg au sujet de la Personne adorable du Fils de Dieu. Des hommes,lui disait-on, soutenaient que la seconde Personne de la Trinitn'avait pas exist de toute ternit, que le Fils de Dieu n'tait que lepremier-n des hommes crs. De pareilles assertions taient graves.Pour ceux qui les profraient, l'Incarnation et la Rdemption, ado-rables mystres d'un Dieu fait homme et mourant pour nous,n'taient plus que de vains rves ; l'conomie du salut tait rompue ;l'insondable abme, creus par les philosophes paens entre l'huma-nit misrable et l'inaccessible Divinit, se rouvrait, aussi formidablequ'aux temps antiques ; et le monde n'tait pas plus avanc aprs laprdication de l'Evangile qu'avant la venue du Sauveur !

    Il fut bientt avr que le propagateur d'une pareille doctrine n'taitautre que le cur de Baucale. Alexandre le manda auprs de lui, luiparla avec tous les gards dus sa science et sa bonne renomme,et l'exhorta paternellement mettre fin des discours qui pouvaienttroubler profondment la foi des fidles. Tel est, du moins, le sensdu rcit de l'historien Sozomne ^, lequel s'accorde avec les assertionsde saint Epiphane. Arius rpondit par desiaisonnemenls subtils, pardes paroles quivoques. Mlant habilement ce qui convient la naturehumaine du Christ avec ce qui appartient sa divinit, il russit calmer la conscience de son vque*'.

    I . S. Epiphamk, Haer., lui, i. Nous avons ici la preuve que la ville d'Alexan-drie tait alors, au point do vue religieux, rgulirement divise en paroisses, diri-ges par Cv que nous appelons aujourd'hui des curs.

    a. Sozomne dit qu'Alexandre traita d'abord Arius avec honneur ", telpoint que pluiieuri faisaient des reproches l'vque de son excessive tolrance y.oozoMitiE, Hisl. eccls., 1, I, ch. iv. P. G., LXVII, col. 904.

    3. Philostorge et Eusbe ne parlent pas de cette premire entrevue d'Altiandretd'Arius ; mais leur silence ne nous parat pas prvaloir contre let aHcrtionsprcises de Sozomne.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    31/539

    LA IIN DV l'AGAMlSMB 23

    III

    Mais le conflit ne tarda pas clater avec violence. Un jour Premitr 4cUtqu'Alexandre, cherchant prmunir les mes contre le venin desfausses doctrines qu'on lui avait signales, prchait sur le mystre dela Sainte Trinit, insistant avec force sur l'unit essentielle de laDivinit, Arius, qui se savait soutenu par plusieurs membres de l'as-semble, prit audacieusement la parole. Il protesta avec indignationcontre une doctrine, qui, disait-il, renouvelait l'erreur de Sabellius,en confondant les trois Personnes divines. Si le Pre a engendrle Fils, s'cria-t-il, le Fils a commenc d'exister. Il y avait donc untemps 011 le Fils n'existait pas. Le Fils tire donc son existence dunant *. La tactique de l'hrsiarque tait d'une habilet extrme.L'accus se transformait hardiment en accusateur, et les formulessophistiques, mais claires, fortement frappes, dont il se servait pourexprimer sa doctrine, taient bien de nature impressionner l'audi-toire en dconcertant l'orateur. La runion se spara dans un grandtumulte.

    Arius n'aurait certainement pas produit une si grande pertur- Rapidebation dans les esprits, crit ce propos Hefele, s'il n'avait trouv P"^P^?*/Alexandrie un terrain dispos recevoir sa thorie. Depuis Origne, danson remarquait dans l'Eglise d'Alexandrie une certaine hostilit contre o "fine"^ o alexandrin,la thologie de l'galit du Pre et du Fils. L'vque Pierre avaitlutt contre ce courant, et l'vque actuel, Alexandre, lui tait aussioppos ; mais les reprsentants de l'ancienne tendance alexandrine serattachrent avec joie Arius, et c'est ainsi que, plus tard, les ariensen appelaient encore l'autorit d'Origne 2. Nous croyons qu'ilfaut faire remonter plus loin encore la funeste tendance. Elle sortd'un principe de la philosophie paenne, que Philon n'avait pasrussi liminer de son systme et qu'il avait ainsi fait passer dansl'cole alexandrine. Pour la philosophie antique, la cration dumonde par Dieu eat incomprhensible. La perfection suprme deDieu lui interdit d'entrer en rapport direct avec le monde ; la natureest trop infirme pour supporter l'action immdiate de la Divinit.

    I. SocBATB, Hisl. eccls., 1. I, ch. v. P. G., LXVII, col. 4a.a. HKFtLE-LECLBncQ, llitt. des Conciles, t. I, p. 353.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    32/539

    24 HISTOIRE GNRALE DE l'GLISEDieu n'a pu crer et agir sur sa crature que par un intermdiaire.Cet intermdiaire, pour Philon, c'est le Verbe ou Logos, ncessaire-ment ingal au Dieu suprme. Une telle conception, il faut en con-venir, ne contredisait pas seulement la Bible et l'Evangile ; elle taiten contradiction avec elle-mme, car si le Verbe est une crature,comment Dieu pouriait-il tre en rapport immdiat avec lui? Maisen dplaant et en scindant le problme, on donnait l'illusion de lersoudre. La thorie fut accueillie avec faveur par les esprits imbusde philosophie paenne. La nouvelle doctrine sduisait, d'autre part,les chrtiens faibles. En diminuant la majest de la victime duCalvaire, par suite la rigueur de la justice divine et l'horreur dupch, elle tait, pour les mes sensuelles et lgres, comme unedlivrance.

    Parla facilit de sa propagation, comme par le vice de ses don-nes essentielles, le pril de la doctrine prche par Arius tait doncun des plus redoutables qui eussent menac l'Eglise jusqu'alors.L'vque Alexandre ne parat pas cependant en avoir compris, dupremier coup, toute la porte ^. Mais la Providence avait mis ct

    SaintAthanase de lui un jeune homme l'esprit vif et clair, l'me droite, lavolont ferme, le diacre Athanase. N dans la ville mme d'Alexan-drie, en 295 2, nourri ds son enfance dans les lettres profanes et sa-cres, Athanase tait entr de bonne heure dans le clerg et y avaitexerc pendant six ans l'office de lecteur, quand l'vque d'Alexan-drie l'appela au diaconat et le choisit comme son secrtaire. Petit detaille et de chtive apparence, il devait tre, sur ce point, l'objetdes railleries de Julien l'Apostat, qui frmissait de rage de voir sesprojets les plus chers entravs par cet homunculew^. Mais ce faiblecorps enfermait une me indomptable. Quand Arius commena troubler la ville d'Alexandrie par ses doctrines suspectes, le diacreAthanase, peine g de vingt-quatre ans, avait dj publi, contrel'esprit paen et les erreursmanesdu paganisme, un importantouvraged'une vigueur et d'une clart peu communes, le Discours contre lesGentils *. Dans cette uvre de jeunesse, Athanase, dont le carac-

    (395-373).

    Son Discourscontre

    lus Gentils(vors 3 18).

    1. C'est ce qui ressort du rcit de Socrate, loc, cit., P. G., LXVII, col. 4^.2. Nous suivons la chronologie donne par F. Cavallera, en tte de son Saint

    Athanase, publi dans la collection la Pense chrtienne , un vol. in-ia, Paris,1908, p. IX. Cf. G. Bardy, Saint Athanase, Paris, 191^, p. 1.

    3. Mr^l v|p, 'XX' avOtuTrtffXoc, dit Julien l'Apostat, lettre 5i.a. c'est ainsi que saint Jrme dsigne l'uvre de

    saint Athanase dans son De viris illuslr., c. lxxxvu. A la suite des Bndictins, quiAdversum gnies libri duo

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    33/539

    LA FIN DU PAGANISME 25tre, dit Bossuet, fut d'tre grand partout, mais avec la proportionque demandait son sujet , analyse l'tat intellectuel et moral de sontemps avec une sagacit qui tonne. Pour Athanase, la source detoutes les erreurs qui troublent le monde son poque, c'est l'ido-ltrie. Et il tudie l'idoltrie sous ses deux principales formes. Il enconsidre d'abord la forme la plus ancienne et la plus vulgaire, cellede la mylliologie paenne, qui fait adorer, sous les noms de Jupiter,de Neptune, de Vulcain, de Mercure ou de Vnus, soit des forcesnaturelles, soit des cires humains diviniss. Il dmasque l'origine dece culte idollrique, n de l'orgueil et de la volupt. Il s'attaque ce vieux polythisme, chant par les potes, protg par les empe-reurs, qu'on avait vu couvrir le monde presque entier de son ombre.Le jeune athlte le prend, pour ainsi dire, corps corps, il le d-pouille des vains ornements dont l'a revtu l'antique posie, il leflagelle, et ne l'abandonne que lorsque, ayant repris pour son compteles critiques vhmentes des anciens apologistes et les sarcasmes despaens eux-mmes, il l'a couvert de ridicule et accabl de son m-pris.

    Mais Athanase n'ignore pas que l'idoltrie a pris, dans sa villenatale, une autre forme, plus lhre et plus subtile. La philosophieno-platonicienne reconnat un Dieu suprme ; mais qu'est-ce queson dmiurge, quivoque mdiateur entre Dieu et le monde P Quesont ces puissances chelonnes entre la Divinit et la nature ? Pour-quoi ces agents secondaires ? Un Dieu tout-puissant ne se suiit-ilpas ? Idoltrie que tout cela, idoltrie moins grossire en apparenceque le polythisme des Grecs, mais ildoltrie non moins draison-nable et non moins corruptrice.Aprs avoir ainsi dmasqu l'erreur, Athanase montre les voiesqui permettent d'en sortir et de s'lever la vrit. La premire deces voies est l'lude de l'me humaine, toute pntre de l'empreintede Dieu. La seconde est l'tude de la nature, dont l'ordre souverain,malgr mille contrastes et le jeu compliqu des forces qui le com-posent, atteste la puissance infinie du Dieu unique qui le gouverne.La troisime voie est celle des Ecritures inspires. Les saintes Lettresnous apprennent voir, derrire le magnifique tableau du monde,

    11 y combatl'idoltriecommele granddanger

    de l'poque.

    Il y exposela doctrinecalholique

    sur le Verbfl.

    ont donn un litre chacun des deux livres : Discours contre les Grecs et Discours surl'Incarnalion [P. G., t. XXV, col. 8-96), la plupart des auteurs citent sparmentces deux livres comme deux traits distincts ; mais dans la pense de saint Atha-nase, et en ralit, ils ne forment qu'un seul tout.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    34/539

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    35/539

    LA FIN DU PAGANISME 2"]Malgr les rticences et le^ quivoques de l'habile sophiste,

    Alexandre, son clerg et ses frres dans l'piscopat venaient de p-ntrer fond la pense d'Arius.

    Rien n'tait plus habilement construit que son systme. Emprun- Expose, . , , l'-i' J- -, ' ] . de la doclriiietant au noplatonisme et a la gnose 1 ide d un intermdiaire entre arienne.

    Dieu elle monde, il s'appliquait montrer cet intermdiaire dans leVerbe ou Fils de Dieu.

    Entre Dieu, tre suprme, ineffable, seul non engendr, seul ter-nel, seul bon, solitaire de toute ternit, et la nature cre, caduqueet souille, est le Verbe ou Fils de Dieu, crateur du monde. Ce NatureOU vcrbcVerbe de Dieu n'est pas, proprement parler, Dieu ; ce Fils de Dieu ,gion Arius.n'est pas engendr par Dieu. Il n'est Fils que par adoption. Au fond,il est dissemblable en tout la substance et la personnalit du Pre*.En soi, le Verbe est une des multiples puissances dont Dieu se sert.C'est, dit Arius, une simple cause seconde, comme le criquet et lasauterelle, agents des volonts divines-. Cet tre mystrieux n'entrepas cependant dans le systme du monde. Vritablement cr, il n'estpas une crature comme les autres. C'est une crature parfaite, Dieune pouvait en produire qui lui ft suprieure. Elle a grandi cepen-dant en grces et en mrite et s'est ainsi rendue digne de la gloireet du nom mme de Dieu, que le Pre et l'Eglise lui ont attribus ^.

    Le Verbe n'a pas t seulement l'instrument de Dieu dans la cra- Son rlelion, il a t son instrument dans la rdemption ; il s'est incarn ; il , *^"*.^ ' la crationa pris un corps humain, mais un corps sans me, car une me est et dans lainutile l o rside le Verbe *. L'humanit se sauvera en apprenant ^^ ^'^^ '""de lui la vritqu'il lui a transmise de la part de Dieu.

    Quant au Saint-Esprit, Arius, trs peu explicite sur ce point, enadmet la personnalit comme constituant avec le Pre et le Filsune trinit ; mais, d'aprs lui, il est infiniment spar des deuxautres personnes. Arius parat en faire une crature du Fils ^.

    Cette conception thologique trois marches u prsentait on nesait quelle beaut capable de sduire la fois les orgueilleux et lessimples : les orgueilleux philosophes, par son aspect rationnel et sa

    1. Thalie (Stint Athakasb, le Livre des Synodes, i5 ; Discours contre les ariens, i,5. 6^

    a. Thalie (Discours contre les ariens, i, 5).3. Epist. ad Alex. (Livre des synodes, 16); Thalie (Synodes, i5 ; Discours contre

    les ariens, t, 5).l^. TixERo:

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    36/539

    28 HISTOIRE GENERALE DE L EGLISE

    L'arianismecontientle germe

    de plusieijrsautre

    hrsies.

    manire de diviser en trois parties l'effort pour passer du fini l'in-fini ; les simples fidles par une fallacieuse conformit avec leurshabitudes intellectuelles * . Les esprits spculatifs admiraient enefiet, dans ce systme, les plus sduisantes thories de l'cole no-platonicienne et de la gnose, exposes avec tout l'appareil de la dia-lectique aristotlicienne ', et le peuple s'accoutumait facilement considrer le Fils de Dieu sous l'aspect de ces empereurs qualifis dutitre de Csar, qui ne gouvernaient le monde qu'en obissant auxvolonts de l'empereur dcor du nom d'Auguste,

    Arius ne parat pas avoir cherch, dans la suite, dvelopper sonsystme. Sa doctrine a t pour ainsi dire parfaite ds l'origine 2. Mais on remarquera que presque toutes les hrsies du iv^ et duV* sicle y sont en germe. Par ses ides sur l'infriorit du Saint-Esprit, il prpare la doctrine de Macdonius. Sa thorie de la rdem-ption par la simple influence de la doctrine et des exemples duChrist ouvre la voie Pelage. Sa manire de concevoir l'union duVerbe avec un corps sans me contient tout le systme d'Apollinaire,et l'espce de divinisation progressive du Fils de Dieu, dont il met- ide, servira de fondement au plus pur nestorianisme.

    Arius travaille ^on Systme une fois conu, Arius consacra tous ses efforts se se recruter recruter des partisans. Saint Alexandre, dans une de ses lettres, si-

    gnale les frquentes runions des amis d'Arius, leur proslytismecauteleux, leurs intrigues auprs des vques ^. L'vque d'Alexan-drie tait bien inform. L'hrsiarque, chass de son Eglise, ne secontentait pas d'entretenir des relations suivies avec les nombreuxamis qu'il comptait dans Alexandrie ; on le voyait parcourir les dio-cses d'Egypte, visiter les vques sur lesquels il esprait pouvoircompter. Au nombre de ceux-ci tait ce Mlce de Nicopolis, qui,jadis excommuni par saint Pierre d'Alexandrie, avait organis, deconcert avec quelques partisans, un vritable schisme, luttant sans

    I. Th. de Rgnoi, Et. de ihol. pos. sur la Trinit, t. 111, p. 72.a. TixEnoMT, op. cit., p. a8. On trouvera un expos complet de la doclrined'Ariusdans TixEROWT, op. cit., t. II, p. 33-29 ^^ Bachelet, au moi arianisine , dans le

    Dict. de thol. de Vacam-M angelot, t, I, col. 178^-1791.3. P. Gt. XVllI.col. 547ets,

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    37/539

    I.V FIN DU PAGAMSM8 29trve, depuis quinze ans, contre l'Eglise hirarchique '. Arius comp-tait aussi sur ses anciens compagnons d'tudes, les disciples deLucien d'Anlioche, qui, fiers de leur illustre matre, se dsignaientcommunment entre eux par le nom de collucianistes, et prten-daient former comme une cole de penseurs. L'hrsiarque enfin taittrop avis pour ne pas exploiter au profit de sa cause la jalousie d'uncertain nombre d'Eglises orientales l'gard du sige d'Alexandrie.

    Arius tira profit de toutes ces faiblesses. Sous une apparence Ses pToct. ., -.iji i ij d'intinuation.austre, qui donnait plus de charme au tour assez piquant de son

    esprit, il excellait dans l'art de plaire aux hommes. Il dissi-mulait avec artifice la partie la plus odieuse de sa doctrine auxcurs chrtiens, enveloppant toute difiicultc de quelques versets del'Ecriture mal appliqus, et insistait principalement sur son dsir depaix, sur la duret de son vque, et surtout d'un jeune secrtaire,mauvaise tte et esprit hautain, disait-il, qui entranait le bon vieil-lard - Il allait, venait, envoyait des dpu talions ; il connaissait lefaible de chacun et le flattait sans affectation ^.

    Sa principale conqute fut celle d'Eusbe de Nicomdie. Ce per-sonnage, qui devaif. jouer dans l'expansion de l'arianisme un rlecapital, avait d'abord gouvern l'Eglise de Bryte, ou Beyrouth, enPhnicie. Mais son ambition lui faisait rver une situation plus pr-pondrante. A force d'intrigues, il tait parvenu se faire nommervque de Nicomdie, o rsidait depuis Diocltien la cour impriale.L il avait cherch gagner les bonnes grces de l'empereur Lici-nius et s'tait insinu autant qu'il avait pu dans l'intimit de l'imp-ratrice Constantia, sur de Constantin. Une de ses proccupationstait d'essayer de diminuer, par tous les moyens en son pouvoir,l'autorit des siges d'Alexandrie et d'Antioche, au profit de celuide Nicomdie, capitale de l'empire en Orient. Vaniteux et intrigant,mais intelligent et habile, Eusbe de Nicomdie pouvait tre d'ungrand secours au novateur. Arius lui crivit une lettre dbutant parces mots : Mon seigneur, trs fidle et trs orthodoxe Eusbe,Arius, perscut par l'vque Alexandre, pour cette vrit chrtiennedont vous tes le dfenseur, vous salue. Eusbe s'empressa d'invi- Il adhreter Arius venir auprs de lui Nicomdie, et '.ette prcieuse adh- , j\

    Eusbede Nicomdie(1341ou 343).

    I. Hisl. gn. de l' Eglise, t. I, p. 43i-4aa.a. S. Epiphase, Hxres., lux, 7.3. .\. DE Broglib, l'Eglise et l'empire romain au IV

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    38/539

    3o HISTOIRE GENERALE DE L EGLISE

    Etisbede Csaref vers 3/io).

    La lettre l'vqueAlexandre

    (321).

    ThalieDU le Banquet

    (3a 1 ?).

    sion, ainsi publiquement donne, entrana le suffrage d'un grandnombre d'vques, au nombre desquels fulEusbede Csare.^

    La rputation de l'vque de Csare tait fort grande. Dans sesgrands ouvrages d'exposition dogmatique, la Prparation vang-lique et la Dmonstration vanglique, il avait donn de prcieusessynthses de la foi catholique ; par ses uvres de polmique, il avaitrfut Porphyre et Hirocls; dans sa Chronique et son HistoireEcclsiastique, il avait fait preuve d'une rudition sans gale sur lespremiers sicles de l'Eglise. Il tait hautement estim de Constantin,qui avait souvent recours sa science. Mais la culture thologiqued'Eusbede Csare n'tait pas la hauteur de ses connaissances his-toriques, et son caractre manquait de fermet. Deux motifs l'incli-nrent vers Arius. Disciple d'Origne, mais infidle la doctrine dumatre sur la question de la cration ternelle, il s'tait parla mmepriv de l'argument origniste en faveur de l'ternit du Verbe. Lafaiblesse de sa volont le portait d'ailleurs suivre en toutes chosesla fortune de son parent de Nicomdie.

    Eniin. par l'impratrice Constanlia, sur qui Eusbe de Nicomdieparat avoir exerc une relle influence, on pouvait esprer gagnerl'empereur Constantin lui-mme ^. L'arianisme ne pouvait, semblait-il, que flatter l'ambition impriale : en faisant dchoir le Christ desa divinit, n'abaissait-il pas l'Eglise au rang d'une institutionhumaine, soumise au contrle de l'Etat ?

    Fort de tous ces appuis et de toutes ces esprances, Arius re-doubla d'audace. De Nicomdie, o il rsida quelque temps auprsd'Eusbe, et sans doute sous l'inspiration de celui-ci, il publia, enioTvae de Lettre l'vque Alexandre, un manifeste habile, mesur,mais oij, en somme, il justifiait toutes les accusations portes contrelui par le concile qui l'avait condamn. Peu aprs, il fit paratre,sous le titre de Thalie ou du Banquet, une sorte de pome, m-lang de prose et de vers, destin tre chant dans les festins sur lerythme de posies fort libres qui taient dans toutes les mmoires ^.

    I . Sur Eusbe de Nicodmie, voir Adolf Lichtehstein, Eusebius von NihomcJia,un vol in-8, Halle, igoS.

    a. " Pour tromper le monde, a crit saint Jrme, Arius commena par tromperla sur de l'empereur. Saint Jrme, p. cnxiii, n. ^ ; P. L., t. XXII,col. ii53.

    3. Le pote gyptien Solade, mal fam pour ses murs elTmines, avait crce genre. Voir Fialon, Sainl Athanase, tude littraire, Paris, 1877, p. 63 et s.Cf. G. Babdt, Saint Athanase, p. i3-i4.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    39/539

    LA FIN DU PAGANISME 3iLe pome dbutait ainsi :

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    40/539

    32 HISTOIRE GENERALE DE L EGLISE

    Menesdes ariens.

    Interveutionde Constantin

    (3a3?).

    et un expos de la doctrine professe par l'vque sur le Verbe deDieu, son ternit, sa divinit absolue, ses relations avec Dieu lePre et avec le monde. Ce remarquable document, sans avoir l'in-comparable relief des lettres que signera plus tard le grand thanase,expose, quoi qu'on en ait dit^ avec toute l'exactitude et toute la net-tet dsirables, les grandes lignes de la foi catholique sur le fond desquestions dbattues.

    Beaucoup d'vques d'Egypte, de Libye, de Syrie et d'autrespays entendirent la A'oix d'Alexandre et souscrivirent ses conclu-sions ; mais les partisans de l'hrsiarque se multipliaient dans leuruvre de propagande. Un rhteur de Cappadoce, nomm Astrius,se distinguait entre tous par son activit. Ce sophiste plusieursttes , comme l'appelle saint Athanase, parcourait les glises et ylisait publiquement un crit o il avait systmatis l'arianisme ^. Lesvoques gagns la cause d'-Arius tenaient de prtendus conciles. Onen signale deux, l'un tenu en Bithynie et l'autre en Palestine 2.Eusbe de Csare sigeait en ce dernier. Bref, la lutte devint si viveet la division si accentue entre chrtiens, que les paens s'en mo-quaient ouvertement sur leurs thtres. La tranquillit publiquen'tait pas moins trouble que la discipline de l'Eglise. Les regardsse tournrent vers les deux autorits souveraines, dont l'une veillaitsur la foi de l'Eglise et l'autre sur la scurit de l'empire : le pape etl'empereur.

    Le pape Sylvestre avait t mis au courant de l'affaire par l'vqued'Alexandrie, qui lui avait communiqu sa premire lettre. Maisavant qu'il et pris aucune mesure, l'empereur Constantin, pousssans doute par Eusbe de Nicomdie, press d'ailleurs de mettre fin des conflits qui menaaient de troubler gravement l'ordre public,tait intervenu.

    Devenu matre de tout l'empire par la dfaite de Licinius en 323. la bataille d'Andrinople, Constantin avait hte de faire acte de sou-

    1. Harnack, tout en reconnaissant que la doctrine d'Alexandre est essentielle-ment identique la doctrine postrieure d'Alhanase , soutient qu'elle n'est jms clairement formule . (Harnack, Prcis c/e r/u's

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    41/539

    LA FIN DU PAGANISME 33verain en Oricut. Il crivil Arius et Alexandre une lettre commune,o il leur demandait de cesser de se disputer sur des points tout fait secondaires de la religion. Ou tait d'accord sur le principal,disait-il ; cela devait sulTire. L'empereur attendait donc qu'on se r-concilit promptement, et qu'on le dlivrt d'un grand souci ^.

    Il faut avouer que si l'vque de ^Jicomdie avait, comme toutl'indique, pouss Constantin intervenir -, il l'avait peu clair surla porte de la controverse pendante.

    Pour mieux faire russir son plan de conciliation, Constantin Missionchargea de sa missive le clbre Osius, vque de Cordoue. Ce vn ^333 p\rable vieillard, que l'empereur consultait habituellement, tait alorsg de soixante-sept ans. On esprait que son ge, ses vertus, sesfonctions la cour, les cicatrices encore visibles des blessures qu'ilavait reues pour la foi pendant la perscution de Diocltien^, im-poseraient tous. C'tait mal connatre ce qu'est l'obstination d'unsectaire, et ce qu'est la fermet d'un voque convaincu de dfendre lacause de la foi. C'tait aussi se faire illusion sur la manire dont levnrable messager entendrait raccomjilissement de sa mission. Enquittant la cour de Constantin, Osius, tranger jusque-l aux dis-putes orientales, put s'imaginer quelque temps, lui aussi, qu'il nes'agissait, entre Alexandre et Arius. que de questions d'ordre secon-daire ; mais quand, son arrive Alexandrie, il se fut fait ex-pliquer le sens des termes grecs qui lui taient trangers*, quand ilse fut rendu compte de l'immense porte du dbat, le rle de conci-liateur tout prix que lui avait confi l'empereur ne lui fut plus pos-sible. Nous manquons de dtails sur ce qu'il fit en Egypte ; noussavons seulement qu'il combattit vivement le sabellianisme en ex-posant la doctrine chrtienne sur la nature et les personnes de lasainte Trinit ^. Sans doute voulait-il tablir la diffrence qui spa-rait la doctrine sabellienne de la doctrine orthodoxe. Nous savons

    I. La lettre de Conslanlin se trouve reproduite par Eusbe, Vie de Constantin,1. II, ch. CLiiii ; P. G., 1. XX, col. 1087 et s.

    3. On a mme soutenu qu'Eusbe do Nicomdie avait eu quelque part la rdac-tion de la lettre impriale. (Hefele-Leclercq, I, 583). D'autres ont suppos que letexte que nous possdons n'est qu'une paraphrase compose par Eusbe de Ccsare' I.E B.iCHELET, au mot arianisme, dans le Dict. de thol. de Vacant, col. 1788).(Juoi qu'il en soit, le fond de la lettre est bien dans le caractre de l'empereurConstantin. Cf Babdt, op cit., p. l5.

    3. Hist. gn. de l'Eglise, t. I, p. 443-4^4.4- SocRATE, Ilist. ecds., I. 111, ch. viii ; P. G., t. L.Wll, col. SgS.5. Ibid.

    Ilist. gn. de l'Eglise. II

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    42/539

    34 HISTOIRE GliXKKALE DE L EGLISEEchecde

    celle mission.

    Porleje celtejnission.

    Convocationpar Constantind'un concile

    universel Nice.

    aussi que sa mission choua. S il faut en croire Sulpice-Svre

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    43/539

    LA FIN DU PAGANISME 35taalin. L'empereur dcida, dit Eusbe, de m convoquer tous lesvques de la terre habitable, pour opposer l'invincible ennemi del'Eglise les bataillons d'une phalange divine * . Le lieu de l'assem-ble fut fix par Constantin Nice, en Bithynie.

    I. Elsbe, Vie deComtantin, m, 3-5. Suivant Eusbe, Constanlin dclarait avoirconvoqu le concile de Nice de sa propre initiative, sous l'inspiration ^'e Dieu .i Vie de Constantin, \. 111, ch. xn ; P. G., t. XX. col. io68.) Mais nous savonsd'au-tre part qu'il consulta des prtres et des vques. Au nombre de ceux-ci dut trel'vque de Rome. D'ailleurs le fait que le pape saint Sylvestre envoya au conciledeux dlgus implique de sa part une ratification de la convocation impriale.Telle est l'explication admise par Bcllarmin. Hefele, Mazzella, Palmieri, Phillips.Wernz, etc. Le D'' Fls^ [Kircliengescliichtliche Abhandlungen, t. I, p. Sg et s), aaccumul bien des textes et des raisonnements pour dmontrer que Constantinagissait en son nom personnel et de son propre mouvement. La srie des tmoi-gnages apport par le savant auteur n'annule pas ceux qui nous montrent Cons-tantin consultant le clerg, et surtout n'empche pas le fait de l'approbation taciteet de la ratiBcation expresse du pape. Le droit exclusif et absolu du souverainpontife convoquer un concile n'est pas discut parmi les catholiques. VoirHefele-Leclercq, Hist. des conciles, t. I, p. 9-10, note ^0^-^07. Le Vl' concileoecumnique, qui eut lieu on 680, dit : Constantin et Sylvestre convoqurentle concile de Nicc. Hjludocis, HI. i '1 1 " M^>xi. l XI. col. 661

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    44/539

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    45/539

    L\ FIN DU PAGANISME 3?mande ma volonl, qui est que vous vous rendiez sans dlai dans lasusdite ville de Nice. Chacun de vous se proccupera d'viter toutretard, afin d'assister effectivement de sa personne aux dlibrations.Dieu vous garde, frres trs chers K Comme nagure, pour le concile d'Arles-, les a voitures publiques se mirent en mouvement. Grce l'admirable systme de ^oirie parlequel l'empire romain avait fortement reli son centre tous lespays domptes par ses armes, chaque vque, en suivant une de cesvoies romaines paves de larges dalles dont de nombreux restes nousattestent encore l'admirable solidit, put trouver, d'tape en tape,des chariots, des coches, des btes de selle et de somme, des servi-rleurs, et mme des maisons de refuge, o des employs de la posteimpriale se mirent son service par l'ordre de l'empereur^.Tout Tpiscopat de l'empire, et mme d'au del des frontires

    romaines, s'tait branl. L'espoir de faire le bien, crit Eusbe, lesfacilits donnes par la paix dont on jouissait enfin, l'tranget del'vnement, le dsir de voir face face le grand empereur* , avaientmis en marche, non seulement les vques, mais des prtres, desdiacres, quelques laques mme, amens par les vques en qualitde conseils ou d'auxiliaires.

    Vers le milieu du mois de mai 325 ^, les vques se trouvrentrunis Nice au nombre d'environ trois cents ^.

    a La premire rencontre de ces pieux personnages donna lieu des scnes touchantes. Unis par une mme foi et par des preuvescommunes, mais spars par les mers et les montagnes, ils ne con-naissaient les uns des autres que leurs mrites et leurs souffrances...On se montrait du doigt les plus illustres serviteurs de Dieu. Au pre-mier rang paraissaient les dbris de la perscution portant sur leurs

    I. F. M\RTi:f, Anal, sacra, t. IV, p. aai ; Hefele-Leclercq, I, /JoS- 4o4.3. llist. fjn. de l'Eglise, I, ^^g.3. Elsbe, Vie de Constantin, !. III, ch. vi, ix ; P. G., t. XX, col. 1060, io64.Sur le service de la poste impriale celte poque, voir L. Maurt, les Postes ro-maines, un vol. in-i8, Paris, 1890.4. EusBE, //. E., 1. m, ch. VI.5. Vraisemblablemenl le ao mai. Voir la discussion critique de celte date dansIIepele Leclercq, I, 4i6-4i9.6. Saint Athana^e parle plusieurs reprises d'environ trois cents vques. Danssa lettre ad Afros, ch. 11 ; P. G., t. XXVI, col. io3i, il dit formellement troiscent dix-huit. Le nombre des vques dut varier, du jour de l'ouverture duconcile au jour de sa clture. Socrate, Thodoret, Rufin, Glase de Cyzique accep-tent le chiffre de 3i8, que saint Ambroise De fuie ad Gralianum, P. L., t. XVf,

    col. 55aj et plusieurs crivains aprs lui, se sont plu comparer aux trois cent dix-huit serviteurs d'Abraham. .

    Le servicedes Noiturespubliques .

    Arrivedes vquesde Niccc

    (mai 3a5).

    Principauxmembresde

    l'Assemble.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    46/539

    38 HISTOIRE GNRALE DE l'GLISEcorps les stigmates d'une confession glorieuse. Quand Paphnuce,vque de Thbade, entrait, tranant une jambe dont les musclesavaient t coups pendant qu'il travaillait aux mines et promenantsur les assistants l'orbite teint de son il crev ; quand Paul, vquede No-Csare sur l'Euphrate, levait, pour bnir, une main mutilepar le feu, c'tait un attendrissement gnral et on se prcipitait pourbaiser les traces de ces saintes blessures. Les' solitaires, dont les aust-rits singulires faisaient le rcit favori du foyer dans toutes lesfamilles chrtiennes, n'attiraient pas moins l'attention. C'tait Jacquesde Nisibe, reconnaissable son vtement de poil de chvre et dechameau qui le faisait ressembler saint Jean-Baptiste. Il avait vcudes annes sur les confins dserts de la Msopotamie et de la Perse,se nourrissant d'herbes crues et de fruits sauvages. C'tait aussiSpiridion, vque de Chypre, dont la douceur enfantine et les mursrustiques taient proverbiales, et qui gardait encore des moutons,mme depuis qu'il tait vque ; mais il les gardait fort mal, et quandles voleurs voulaient les lui drober: Que ne prenez-vous, leurdisait-il, la peine deme les demander ? A la tte des vques d'Oc-cident marchait ladputation de l'vque de Rome, saint Sylvestre, qui son grand ge n'avait pas permis de se dplacer. Elle tait com-pose de deux prtres. Vite et Vincent, et dirige par l'ami deConstantin, la lumire deTEspagne, Osius de Cordoue. Enfin deuxBarbares, un Perse, Jean, et un Goth, Thophile, compltaient celterunion du genre humain. C'tait un mlange d'accents et mmed'idiomes divers qui faisait ressortir dune manire plus touchante lacommunaut des sentiments. On se rappelait le don des langues et lapremire Pentecte. Toutes les nations disperses ce jour-l se runis-saient aprs trois sicles, fires des preuves qu'elles avaient souffertespour le signe de la foi, et des fils sans nombre qu'elles avaient enfants Jsus-Christ^.

    Premire La premire runion des vnrables Pres eut lieu dans la princi-pale glise de Nice '^, difice aujourd'hui disparu, dont un platanesolitaire marque seul l'emplacement aux abords du village d'Isnik '.Le concile devait, quelques jours plus lard, se transporter dans une

    1. A. DE Broglie, op. cil., t. II, p. 17-31.2. Voir sur celte question la discussion critique de Doni Lcclcrcq, Hefele-I.k-

    CLEncQ, 1, /4o3, 409, note.3. Stanlet, Hislory oj'easlern C/>urc/i, p. 121.

    reunion.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    47/539

    L.V FIN DU PAGAMSMB 89grande salle du palais imprial de Nice, mise sa disposition parConstantin '.

    L'empereur, retenu ^icomdie par les ftes commmorativesqu'il y clbrait de sa victoire sur Licinius, n'avait pu se rendre Nice en mme temps que les vques ; ceux-ci ne voulurent pasentrer en dlibration avant l'arrive du souverain ; mais il taitimpossible que la rencontre de tant d'hommes, anims de sentimentsdivers, au sujet d'une question qui passionnait les esprits, ne pro-duist pas un change immdiat d'opinions. Des laques instruits,des philosophes paens eux-mmes, curieux du grand dbat intellec-tuel qu'ils prvoyaient devoir s'engager Nice, s'y taient rendus la suite du clerg. Un historien du concile, Glase de Cyzique, racontequ'Arius y avait entran des dialecticiens de profession, prts luiprter main-forte-. Car l'hrsiarque tait l, prsomptueux et fier,comptant bien blouir par sa science et dconcerter par sa sophis-tique tant d'hommes simples, plus habitus, pensait-il, catchiserle peuple et soulager ses misres, qu' discuter suivant les mthodesd'Aristote et de Platon 3. Quant aux philosophes paens, s'ils furent Les

    ^ ., A ' 1 1 philosophe*vraiment mvites par Arms a prendre en mam sa cause, on comprend '^ paensque plusieurs d'entre eux se soient prts de tout cur cette uvre. i Nice.Une hrsie chrtienne pouvait leur paratre une heureuse issue pourla vieille idoltrie paenne, menace de toutes parts. Dans la doc-trine d' \riiis, Jsus apparaissait, en somme, comme un demi-dieu.S'il tait plus noble et plus pur que ceux de la vieille mythologiegrecque, la superstition populaire pourrait, ct ou au-dessous delui, en placer d'autres, plus ou moins adapts ux formes diverses deson idal ; et l'quivoque sduirait beaucoup de chrtiens ignorants.

    1. Le palais imprial de Nice n'tait qu'une rsidence de passage, mais il taitassez vaste pour abriter les Pres du concile. Cf. Hefele-Leclerq, I, iioS-^og,note.2. Glase de Cyziqle, Hist. du concile de Nice, l. II, ch. m, dans Mansi, Coll.amplisi. concil., t. Il, col. 8a6. L'uvre de Glase, crite au ve sicle, au dbutdu rgne de Zenon, a t assez discule par certains critiques. (P. Lejat, An-cienne philologie chrtienne, dans la Revue d'hist. et de litt. rel., 1906, p. a8o. Cf.BATiKroL, La lia. grecque, iZ^-j, ^. 33^). Mais un savant historien, Loeschcke,dans son tude, Dos Sjnlagma des Gelasius Cysicus, in-8, Bonn, igoC, a prouvque Glase a eu de prcieux et nombreux documents en main. Cf. Hefele-Le-CLERCQ, I.-SgS-Sgi, note.3 Les hrtiques devaient affecter de se moquer de l'ignorance gnrale desmembres du concile de Nice. Socrate dit qu'un de ces mchants dtracteurs, Sabind'Hracle, ne rougit pas cependant de copier un de ces Pres, Eusbe, l'auteur del'Histoire ecclsiastique ; Socratb, Hist. eccls., 1. I, ch. vui ; P. G., t. LXVII,coi. 65.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    48/539

    40 HISTOIRE GNRALE DE l'GLISEIls discutent Mais ces philosophes. Arius lui-mme, comptaient sans la clair-du concile, voyance et la dialectique du jeune diacre^, que l'veque d'Alexandrie

    avait amen avec lui pour prendre part au concile. Ds le dbut,

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    49/539

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    50/539

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    51/539

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    52/539

    44 HISTOIRE G.Nn\LE DE l/GI-ISEnes des difrents partis de rassemble, cl incriminant plusieurs deses membres. L'empereur fit aussitt jeter au feu les mmoires qu'onlui avait prsents en s'criant : Vous ne pouvez tre jugs parles hommes. Dieu seul doit prononcer sur vos contestations ^ Il semblait ainsi faire la part gale entre les ariens et leursadversaires.

    Comparution Arius, quoique n'ayant pas le droit de siger comme membre deAnus. l'assemble, se tenait prt discuter devant elle. On ne tarda pas 11 compromet \ "^sa cause par l'y appeler. Il s'y rendit plein de confiance. Le bruit fait autour desesalhrinatioiis ^^^ nom, les grands espoirs qu'avaient fait natre en lui les intriguesaudacieuses. . r t. oet les hautes influences de l'vque de Nicomdie, cette convocation

    de tous les vques de l'Eglise catholique pour discuter ses propresides, le monde entier mis en mouvement cause de lui, tout celaavait infatu le novateur de son rle. Il perdit toute notion de pru-dence. En prsence du concile, il alla jusqu'au bout de ses opinions.Il accentua les plus audacieuses affirmations de son pome de Thalie.Il soutint hautement que le Verbe n'tait pas Dieu, qu'il n'avait pastoujours exist, qu'il tait sorti du nant comme toute crature, quece nom de Verbe qu'on lui donnait n'tait lui-mme qu'un nom reupar grce, que cette prtendue Sagesse tait incapable de connatre lePre et ne connaissait pas mme sa propre substance -. Quand il eut fini, il fut manifeste que sa cause tait perdue-'. De

    vnrables prlats se bouchaient les oreilles pour ne pas entendre detels blasphmes. Dans les rangs mme du tiers parti, la plupart mani-festrent leur mcontentement. Les deux Eusbe durent intervenirauprs de Constantin pour empcher l'empereur de prendre aucunemesure contre la personne de l'hrsiarque.Personne, partir de ce moment, n'osa plus soutenir dans l'as-semble le pur arianisme. Toute la tactique des amis d'Arius con-sista dsormais faire voter par le concile une formule qui laisst laporte ouverte aux spculations sur la nature et l'origine du Verbe.Les deux Eusbe s'y employrent de tous leurs elTorts. Par suite,toute l'application d'Athanase et de ses amis tendit mettre le tiers

    I. Eusbe, Vie de Conslandn, 1, IH, ch. xiii ; P. G., t. W, col. 1069.a. Saint Athanasb, /r Disc, contre les ariens, n. 5. 5 ; P. G , t. \\VI, col. 3i.Tous cco blasphmes sont mis par saint Alhanase dans la bouche mme d'Ariusparlant devant le concile.TaOta xai TOiaOta ^-^wv ' Aps'.o.. ev t>^ xits Nxaivouvooio Cf. SocRAiE, I, 9 ; P. G., t. LXVII, col. 77 ; Sozomse. P. G., t. LWIl,col. 913.

    3. TnoDonET, liisl. ecch's , 1, I, ch. m, P. G. ; t. LXWII, coi. yO^.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    53/539

    LA FIN m PAGANISME A5parti en demeure de se prononcer nettement pour ou contre Arius,pour ou contre la doctrine traditionnelle. Toutes les luttes quivont suivre s'expliquent par celte double tactique^i

    III

    Rglementintrieurdu concile.

    Quel fut le rglement intrieur du premier concile cumnique ^ ?Comment se fixrent les ordres du jour? Quels furent les modes dediscussion et de vote dans l'assemble ? Quelle fut la part d'initiativedvolue au prsident, aux lgats du pape, aux mtropolitains et auxsimples membres du concile ? INous sommes rduits, sur tous cespoints, de trs vagues conjectures-. L'analogie qu'on peut sup-poser avoir exist entre le concile de Nice et les conciles postrieurs,a fait admettre qu' ?sice les membres du synode se divisrent encommissions ou congrgations particulires, charges de prparer lesmatires des sessions gnrales ^. Mais on ne trouve aucune trace dece fait dans les anciens documents ; le rcit d'Eusbe * et des autreshistoriens fait plutt prsumer qu'il n'y eut pas de commissions dece genre, mais seulement des sessions gnrales des vques ^. Lerle de l'empereur, qui assistait toutes les sances, semble avoir tuniquement d'empcher les conflits de s'aigrir, et d'imposer tous,par l'ascendant de son autorit, l'esprit de concorde. L'empereur, de Constantindit Eusbe, coulait tout avec une i^rande patience. Il suivait avec , , .o i lesdiscussiong.attention la discussion des problmes. Il reprenait les assertionsmises en les corrigeant ou en les adoucissant, de manire empcherles dissertations de dgnrer en conflits. Il tmoignait de la bienveil-lance tous. Son afl'abilit gagnait les curs. Ceux qu'il ne pouvait

    Rle

    I. Nous avons vu (Hist. gn. de l'E'jHse, t. I, p. 83) que l'assemble tenue Jrusalem en l'anne l\2 doit tre tenue pour un vrai concile. Mais il ne pouvaittre question de rglement pour cette premire runion des aptres et de leursprincipaux auxiliaires.

    a. L'lude de Mgr Batiffol, le Ri-glemenl des premiers conciles africains et lerglement du snat, paru dans le Bull. danc. litt. et d'arch. chrtiennes du i6 janvierigiS, donne cependant des indications prcieuses. Les sances taient publiques,chaque question tait mise l'ordre du jour par une relatio du prsident ; il ne pa-rait pas y avoir eu de vole proprement dit, mais, comme au snat romain, les mem-bres du concile se rangeaient d un ct ou de l'autre, selon qu'ils taient partisanou adversaires de la rsolution propose.

    3. McEHLER, Atfianasius, t. I, p. 339.II. EtsBE, Vie de Constantin, I. 111, ch. xiu ; P. G., t. XX, col. 1069.5. Hepele-Leclercq, L (iag.

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    54/539

  • 8/6/2019 Mourret. Histoire gnrale de l'glise. 1921. Volume 2.

    55/539

    I.\ FIM DU PAGAMSMB 4?Dans les sessions oflicielles du concile, il ne parat pas qu'en

    dehors de l'empereur aucun laque ait t admis prendre la parole.Sozomne. en parlant des divers orateurs, ne cite que des vques ^Il est avr cependant que des ecclsiastiquesspcialement accrditesauprs des vques, tels que le diacre Athanase d'Alexandrie et leprtre Alexandre de Constantinople, prirent part aux discussions.A la tte des dfenseurs de la foi traditionnelle se distinguait, au Marceldire de saint Athanase -, l'vque d'Ancyre, Marcel. Il avait djpris part, avec beaucoup d'activit, en 3i4, au concile tenu dans saville piscopale 3. Esprit bien intentionn, mais dune orthodoxieplus ardente que sre, Marcel d'Ancyre devait plus tard, dans ledessein de mieux combattre l'arianisme, se rejeter vers un systmebien proche du sabellianisme, et, pour viter de trop disting