musées des sites archéologiques

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    Museesde site archeologiqueP rep are p arIe Conseil in te rn atio na l d es rnusee s

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    MUSEES DE SITE ARCHEOLOGIQUE

    pr~par~ par leC on se il i nt er na ti on al d es m us ~e s

    (CL'l'-92/WS/7)

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    (i)SOMMAIRE

    INTRODUCTIONI. DES MUSEES DE SITE EN GENER1 \L .

    Definition et typesInterdisciplinariteII. MUSEE DE SITE ARCHEOLOGIQUE

    Revelateur du passeLieu de rencontre des sciencesUne solution pour les pays en voie de de,reloppementIII. P RO BLE ME S IN HER EN TS AU MU SEE D E SI 'i" EA RCB EO LOG IQ UE

    ~Musees de site situes en plaine natureA.Les servitures creees par l'isolement- I mplantation et arch itecture- Les locaux

    L es re se rv esAteliers et laboratoires de conservation et de restauration" Ser vic e d e re ch erc hes "Salles d'expositionBureaux administratifsLogements de serviceMaintenancePo~r le public

    - E nv ironnement museal- S ec urite

    L e danger d' inc endieProtection contre les hommesPillageVolVandalismeLe vandalisme de la foule- Protection des vestiges in situ

    ADris provisoir.esProtectiol,'lpermanente- Accueil- Presentation

    L'objet dans le musee de siteReconstitutionsR ep re se nt at ~, on d e l a c hr on ol og ieTravaux de fouille

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    (ii)E ti qu e" ct es e t g uid esSignalisation sur Ie site

    - A ni mat io n- Pseudo sites

    Et pseudo musee ?B. Musees de site en milien urbainCONCLUSIONAnnexes I - Resolution 19 C/4.127II - Extrait du compte rendu de la reunion de l'ICMAH(Varsovie, 2-9 septembre 1966)III - Musee de site et musee regional

    IV - vestiges archeol~giques en milieu urbainV - Analyse de l'etude sur les musees de site archeologiqueVI - Liste des musees cites dans Ie rapportVII - Bibliographie

    L'auteur est responsable du choix et de la presentation des faits figurantdans cet ouvrage, ainsi que des opinions qui y s ont e xp ri me es , le sq uel le sne sont pas necessairement celles de I' Unesco et n' engagent pas I' Organisation.Note

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    INTRODUCTIONLors de sa' dix-neuvieme session, qui s'est deroulee a Nairobi, en octobre-novembre 1976, la Conference generale de l'Unesco avait adopte une resolutioninvitant Ie Directeur general a etudier Ie probleme de la conservation, dans unmusee local ou national du pays ou ils ont ete decouverts, des objets culturels

    mis au jour au cours de campagnes internationales de fouilles archeologiques/1A la suite de cette resolution, l'Unesco, en association avec le Conseilinternational de la philosophie et des sciences humaines (CIPSH) et le Conseilinternational des musees (ICOM), a prepare et edite un document intitule Etudesur les politiques actuelles en matiere de fouilles archeologiques ; suggestionspour la conservation des objets dans les pays ou ils sont decouverts/2Cette etude examine :- les mesures qui concernent les bien trouves au cours de fouilles et qu'ap-pel lent les dispositions legislatives et administratives actuelles regissant lesfouilles arc heolog iq ues internationales ;- les problemes materiels, scientifiques et juridiques poses par la decou-verte et la destination de biens culturels ;- les questions soulevees par la formation de personnel specialise dans lespays en voie de developpement ;- les solutions que presente l'etablissement de musees de site pour traiternombre de points ainsi mis~n lumiere.L'etude a fait apparaltre que les possibilites offertes par ce type de museemeritaient un examen plus detaille, examen quia entrepris l'Unesco, en collaborationavec Ie COnseil international des musees (ICOM). Le theme. de l'installation desmusees de site figurait au paragraphe 4348 du Programme et budget approuves'pour1979-1980 (20 C/S approuve) et l'extension de la problematique aux sites arch~olo-giques en milieu urbain est prevue au paragraphe 4296 au Programme et budgetapprouves pour 1981-1983 (21 C/S approuve).Un premier resultat des etudes entreprises est presente ici, dans un docu-ment de travail prepare et, redige par l'ICOM, essentiellement sur la base desrapports presentes a cet e~fet par deux specialistes, Ie Dr Ferenc FUlep, direc-teur du MUsee national de Budapest, president du Comite international de l'ICOMpour les musees d'archeologie et d'histoire(ICMAH), et le Dr Magdalina Stantcheva,directrice des fouilles archeologiques de Sofia, membre de l'ICMAH.Llouvrage constitue deja un petit.manuel sur.l'organisation d'un museede si~e, mais a la lumiere des realisations museographiques actuelles qui semultiplient dans Ie monde, il semble bien que ce texte pourrait etre elargiet donner lieu a une pub lic ation plus importante.Clest dans ce but qu'il est reproduit ici, afin de pouvoir ~tre diffuse aun grand nombre de specialistes concernes, puis commente par eux. Nous entamonsce processus d'echange en reproduisant ci-apres une premiere analyse du documentpar Mme Florencia Tosca (Espagne), archeologue, specialiste de la paleontologie,qui travaille actuellement au Musee de l'homme, a Paris/3 11 est a esperer que1. Voir annexe I. .2. Unesco, document CC/MD/40 ; v~ir bibliographie.3. Voir annexe 3.

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    d'ici ~ la fin de l'annee 1982, d'autres avis viendront completer les vues dejaex primees, ce q ui permettrait a l'Unesco et a l'ICOM d'elaborer en 1983 Ie texted'un manuel destine eventuellement a etre publie dans la serie "llusees e tm on um en ts "

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    I. DES MUSEES DE SITE EN GENERALD efinition et types

    Un muSee de site est un musee con~u et realise pour sauvegarder des biensnaturels ou culturels, meubles et immeubles, in situ, c'est~a-dire conserves al'endroit ou ils ont ete soit crees, soit decouverts.

    II trouve sa place en tout lieu qui, par son interet ecologique, sociologique,scientifique ou encore par Ie temoignage qu'il porte sur la culture, l'histoired'une communaute humaine, fait partie du patrimoine naturel ou culturel de cettec ommunauc e, q u' elle soit loc ale, re~ionale, nationale ou internationale.II en resulte une assez grande variete de types. II en est de caractere- Ecolcsique, en milieux naturels qui, selon ce que lion en sait, n'ont pasete modifies par l'action de l'homme. C'est Ie cas du Museum of the National ParkService, de la vallee du Yosemite, aux Etats-Unis, l'un des premiers en date dece type, puisque cree au cours de la Decennie 1920-1929, et que C. Sivaramamurti

    considere comme un modele du genre/1- Ethnographique, en un lieu encore habite ou non, ou il illustre l'evolutiondes moeurs, des usages, du mode de vie d'une population. Sly rattachent des museesde site qui abordent les problemes sociologiques par Ie biais de la technique(artisanat, industrie). Ixonbridge Gorge Museum, en Grande Brtagne, peut se classerdans c ette . cat eg or ie/2- Historique, il se situe dans un lieu ou, un moment, s'est joue un acteimportant pour Ie destin d'une communaute. L~ site peut etre un ancien champ debataille, une ville, une citadelle, un edifi,:e p ublic ou prive.Dans ce dernier cas, Ie musee de site se confond generalement avec celui que

    la toponymie de l'ICOM appelle musee de monument historique ; souvent il peutn'etre qu'un simple musee commemoratif. Si par sa localisation il demeure un museede site, on n'en reserve pas moins cette derniere denomination particulierement al'institution qui, erigee sur une aire assez vaste, cadre d'un evenement historique,rassemble, conserve, expose objets et documents expliquant cet evenement et, enmeme temps, veille a la preservation du site. Les exemples de ce genre de museeahondent. Citons celui de Louisbourg, au Canada/3Un musee de site historique peut egalement etre etabli en un lieu qui te-moigne de faits ayant profondement marque una epoque de l'humanite. Ainsi, celuid'Auschwitz, en Pologne, qui gar de la memoire d'une des tentatives de genocidequia connues Ie XXe siecle.- Archeologigue, sur le site de fouilles. Ce sont les plus nombreux. Nousy revj.endrons, puisque ce sont ceux auxquels est consacree cette etude.

    1. C. Sivaramamurti, Utilization of collections; voir bibliographie.2. Neil COSSOIlS, Ironbridge Gorge, Ie musee dans la vallee ; voir bibliographie.Remarquons que pour les Britanniques, ce musee traite d'archeologie indus-t ri el le , e xpr es si on a laquelle l'Ec ole museologique franQaise prefere celIede pat rim oin e in dus tri el.3. John Fortier, Parc historique national de la forteresse de Louisbourgvo ir bi bl io gra phie .

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    InterdisciplinariteEn fait, comme la plupart des classifications, celle-ci obeit a un souci desimplif ic ati on, peut- etre util e Sl~ le plan theorique, mais rarement compatibleavec la realite. Le musee de site, meme lorsqu'il est, en principe, voue a uneseule dis~ipline, se laisse mal en fermer dans une categorie strictement definie.

    11 revele, avec bien plus de relief qu'une institution museale traditionnelle,l'interpenetration des differentes disciplines scientifiq ues et justifie l'evo-lution de la museolog ie moderne v ers l' interdisc iplinarite.En effet, un musee de mineralogie, par exemple, peut tres bien se cantonnerdans la recherche, l'etude et l'exposition de roches. 11 n'en sera pas moins museede sciences naturelles. Mais il est impossible a un musee de site de caractereecologique de se desinteresser de la geologie, de la botani~le, de la zoologie,de la climatologie, etc. du milieu naturel dans lequel il est implante. 11 man-querait a sa mission s'il negligeait une seule des sciences de la nature quidefinissent et expliquent le site.un musee d'histoire peut, a la rigueur, se contenter d'accumuler documents

    et temoignages sur les faits qu'il veut illustrer, comme sur leurs tenants etaboutissants politiques et militaires. Par contre, un musee de site historiqueperdra sa raison d'etre si, traitant de ces faits et des circonstances politico-militaires, il ne tient pas egalement compte des donnees gec~raphiques, economiques,sociologiques, voire psychologiques, qui ont cree les conditions de l'evenementsur ce site et non ailleurs.L'interdiciplinarite de l'institution se manif,~ste avec le plus d'ampleuret de vigueur dans le musee de site archeologique.

    II. MUSEE DE SITE ARCHEOLOGIQUERevelateur du passe

    Le musee de site archeologique a une tache et une mission. La tache est desauvegarder les vestiges immeubles du site et de velller a l'integrite de celui-ci Jde conserver les objets meubles qU'on y a trouves. Nous y reviendrons. Sa missionest celle d'un revelateur du passe. 11 doit :- f aire connaltre ala communaute vivante ces vestiges, temoinsdel'existence,en ce lieu, des siecles ou des mill~naires auparavant, d'une autre communaute hu-maine - peut-etre la souche, peut-ef~e l'un des greffons implantes par l'histoiresur cette souche - d'oa est issue la communaute actuelle J- e~liquer, ou tenter d'expliquer pourquoi cette antique communaute s'estfixee sur le site ;- reconstituer, le plus scientifiquement possible, l'environnement qui luia permis de sly enraciner : climat, flore, faune, relations avec d'autres groupeshumains, tous elements qui ont conditionne son mode de subsistance, son habitat,son organisation sociale ;- dece~er l'evolution des institutions sociales, les progres techniques quilui ont permis de survivre, de grandir ,- montrer, a l'aide de representations graphiques ou spatiales (dessins,peintures, dioramas, maq uettes, re constitutions) tout ou partie de son cadre de vie

    eclairer les causes de son declin, de sa disparition.

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    Pour mener a bien cette mission, il dispose des vestiges, monumentaux oubanalement utilitaires. Ce sont des temoins muets, mais tous porteurs du messaged'un monde passe; un message qu'il faut dechiffrer pour faire prendre conscience aumonde present de l'heritage dont i1 est depositaire et qu'il aura 4 transmettre 4 unmonde f uturoCe role de decodage du message qu'assume 1e musee de site archeologiquetrouve une illustration frappante dans un cas extreme, celui dans lequel le site,en soi, n'offre d'interet que pour quelques specialistes et n'a aucun attraitpour le profane 4 qui il demeure inccmprehensib1e. Il s'agit du musee de sitede l'Olduvai, en Tanzanie, ou furent decouverts les restes d'un hominide vieuxde deux millions d'annees et les traces d'une industrie chelleenne.Le site n'apparait au visiteur que comme une gorge erodee, sans aucune tracedu paysage habituel des fouill~s archeologiques, monolithes, tumulus, fragmentsde murs, etc. Seules quelques constructions s'offrent au regard. L'une abriteune hutte et la pierre qui servait a depecer la viande dont se nourrissaient ceslointains habitants de l'Afrique. Une autre preserve les fosses ou ils obtenaient

    le sel, indispensab le 4 la vie. Le muaee forme un petit ensemble de batiments.C'est 14 que tout devient compreh~nsible ac visiteur : la succession des ereset la formation geologique de la vallee qu'il a pu contempler d'un belvedere;les premiers ages de l'humanite ; les phases de l'evolution de l'hominidequ'illustrent ossements et outils decouverts sur le site; enfin, une serie derealisations qui rendent vie, dans l'environnement qui etait le leur, acesfantemes sortis de la nuit des temps/1.Lieu de rencontre des sciences

    Pour jouer pleinement son role de revelateur du passe, le musee de sitedoit mettre a contribution sciences humaines et sciences naturelles. Il est - ouappele a devenir - pourles chercheurs de pratiquement toutes ces disciplinesun lieu de rencontre privilegie. c'est encore un musee de site paleontologiquequi nous le demontre de fayon exemplaire.

    A Vertesszol5s, en Hongrie, le musee, au _~e'~'lr ' meme du Site, conserve desempreintes de pied des hommes europe ens qui viva1ent la, il y a quelque quatrecent mille ans ; de meme, celles d'animaux, tel le rhinoceros, qui revelent l'exis-tence en Europe, a cette epoque, d'une faune caracteristique des climats chauds,sans compter les traces nOmbreuses d'une flore des plus variees.Dans un batiment annexe, a l'endroit oll fut decouvert l'os occipital d'unhomme primitif, est mise en evidence une coupe de terrain qui montre la superpo-sition des couches geologiques. Dans chaque strate, qui aide a . leur datation, onvoit les temoj~nages fossilises de la flore et de la faune, ainsi que ceux de

    l'activite humaine qu'attastent'outils at fragments pris dans la gangue minerale.certains fossiles ont si bien conserve le dessin des fruits et des feuilles d'arbresde ces ages recules, que l'on peutreconstituer entierement la flore et que l'onpre~oit le reboisement des environs du site avec les essences qu'a connues l'hommeprehistorique. Pour "dechiffrer" le site, des specialistes de la plupart des disci-plines touchant aux sciences na~urelles ont participe aux recherches., '1. La Dr 'Leakey, qui decouvrit le site d'OlduvaI, a egalement effectue une quin-zaine de fouilles dans le Laeteolil, tout proche. La, point d'habitant, maisdes empreintes d'hominides et d'an!maux, entre autres des elephants qui vi-vaient 11 y a trols millions d'annees.Le Df:'Fiileppropose d'y fonder un museede' site. .'

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    Une solution pour les pays en voie de developpementEn raison de son mode de creation, de son implantation et de son caractereinterdisciplinaire, Ie musee de site archeologique presente pour les pays en voiede dev eloppement un c erta in nomb re d' a vantag e~ sur l' institut ion museale tradi tionnel le.- Mode de creation. A son origine se trouve so it un edifice preexistant sur Iesite, utilise comme "base" par les archeologues qui ont entrepris les fouilles ;soit des constructions legeres que ces archeologues ont elevees a usage de resserrea outils, depOt provisoire, logement de gardien, etc. et qu'un btiment en dur rem-place par la suite.La Museo Monographico, musee de site archeologique d'Ampurias, en Catalogne,tient des deux modes de creation. En 1908, debut des fouilles organise~s, un bara-quement sert d'abri aux outils et aux trouvailles ; peu apres on construit un im-meuble sur les ruines d'un couvent du XVI Ie siecle, sis entre les antiques citesgrecque et romaine. En 1914, Ie musee occupe un etage de cet edifice d~nt les autresparties sont consacrees aux services du chantier de fouilles. Au fil des ans, les

    vestiges sont mis au joux', restaures ; Ie musee s'agrandit par adjonction d'aileset l'utilisation du gros oeuvre de la chapelle du couvent reconstruite et amenagee.De constructions en agencements, d'agencements en extensions, on a mis une cinquan-taine d'annees pour aboutir a ce museerationnellement adapte aux besoins s~eci-fiques du site et domprenant tous les services necessaires a l' institution/ II est donc possible de concevoir et de planifier so it la restauration etl'amenagement d'un edifice preexistant sur les lieux, soit la construction d'unb atimellt permettant des ag ranc issemellts suc cessif s, au f ur et a mesure des b esoins,en echelonnant les investissements dans Ie temps.- Implantation. Des sites archeologiques places sous la sauvegarde d'un museequi les explique, en fait valoir aupres du public la richesse et la signification

    profonde, ont rendu une certaine prosperite a des regions en declin ou apporteune activite economique dans des zones desheritees en y creant des centres d'anima-tion culturelle et touristique. Citons, par exemple, Ie Taxila Museum, au Pakistanet Ie Haft-Tappeh Museum (Musee des sept collines) en Iran.- Interdisciplinarite. Cette caracteristique facilite la mutation du museede site en musee local ou regional classique, multidisciplinaire par vocation.Des disciplines telles l' ethnographie, l'histoire, la botanique, la zoologie,etc. qui, a l'origine, n'etaient presentes au musee qu'en tant que complementsnecessaires a la comprehension des vestiges et objets archeologiques, peuvent,progressivement, prendre une place de plus en plus grande. L'importance qu'ellesacquierent n'est plus en rapport avec Ie site meme ; elle devient fonction de la

    politique culture11e adoptee par les autorites de tutelle.En general, pareil changement d'orientation ne paralt guere souhaitable.Parfois, i1 est delicat a effectuer/2 Cependant, i1 peut se reveler necessaire~t benefique lorsque la densite des musees d'une region est trop faible pour per-mettre une action culturelle efficace et il ne demande pas d'investissements sup-p le me nt ai re s e xc es si fs .

    1. Eduardo Ripoll Perello et Enrique Sanmarti Greco, Ampurias : problemesd'un musee de site; voir bibliographie.2. S.A. Bagh1i, dans,Musees de site d'Algerie (voir bibliographie), cite Iecas du musee de Constantine, tentative originale "d'amalgame" entre unmusee de site et un musee regional qui n'a pu reussir en raison des dif-fie ul te s r en co nt re es .

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    - 7 -- Action formatrice. Il est dit, plus haut, que le musee de site est - ou estappele a devenir - un centre de recherches privilegie. Les contacts qu'il permetavec des sommites scientifiques de reputation nationale ou internationale quiviennent y travailler, en font un lieu d'echanges culturels fructueux pour leschercheurs locaux et les etudiants, stagiaires ou visiteurs

    Par ailleurs, il constitue une remarquable ecole de formation professionnellede museographie. En effet, il n'echappe pas aux taches courantes incombant a uneinstitution traditionnelle ni n'esquive les problemes que celle-ci doit resoudre ~seulement, il doit en aborder certains sous un angle different et, en outre, donnerdes reponses ad e quates a des questions specifiques posees par le seul musee desite.

    Toutes ces raisons mettent en evidence l'interet que peut presenter le museede site archeologique pour les pays en voie de developpement.Cependant, il ne faut pas se diffimuler les problemes que souleve l'insti-tution d'un tel musee, problemes que nous essaierons de cerner ici.

    III. PROBLEMES INHERENTS AU MUSEE DE SITE ARCHEOLOGIQUEAvec le musee de site archeologique, l'objet ne va pas au musee ; c'est lemusee qui va a l'objet. Pour sommaire que soit la formule, elle n'en resume pasmoins pour le professionnel des musees les problemes que pose ce type d'etablis-sement. Encore faut-il preciser que les questions soulevees sont d'un ordre dif-ferent selon qu'il s'agit d'un musee de site archeologique en milieu urbain ouen pleine nature. voyons tout d'abord ce dernier cas.

    A. MUSEES DE SITE SITUES EN PLEINE NATURE~servitudes creees par l'isolement

    La suj etion du musee aU site modifie deja l'optique dans laquelle doit etrecon~ue l'institution. Mais, dans le musee en pleine nature, c'est tout d'abordl'isolement, plus ou moins grand, qui change, sinon bouleverse les donnees habi-tuelles a partir desq uelles travaillent prog rammateur et gestionnaire d'un museedans la ville. Des questions qui, dans une cite, ne sont que secondaires, voireinex istantes, prennent soudain une importanc e insoup~onnee.Ainsi, dans le musee urbain, le concept d'accueil n'implique que la receptiondu public dans l'edifice. En ce qui concerne l'exterieur, l'architecte se preoccupede l'acces et le reste regarde l'urbaniste.Au musee de Site, OU la visite prend souvent l'allure d'une longue excursionen car ou en voiture particuliere, l'accueil commence au dehors. Sont a considererles facilites d'acces (lesquelles ne sont pas toujours evidentes), la capacited'accueil aux environs (souvent des villages ou des hameaux distants de plusieursk ilometres) et reserver, en consequence. , les espaces necessaires a l'etab lissementimmediat ou futur de parcs de stationnement, d'equipements hoteliers, d'un minimumde logements de service pour le personnel le tout a proximite du musee mais defa~on a ne pas defigurer le site.En matiere de securite, par exemple, en milieu urbain les bouches d'incendief ournissent toute l' eau nec essaire a la lutte con~re le feu durant des heures,s'il le faut. A quelques kilometres d'un village, meme dans des pays industrialises,on n'est pas assure d'avoir a proximite ce que l'on appelle une source d'eau ine-puisable. Il faut y songer.

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    - 8 -Dans le domaine de l'equipement, en ville, le choix d'un appareillage declimatisation, de dispositifs de protection (detection et alarme), de systemesaudiovisuels peut se porter sur les produits les plus complexes, les plus elabores.

    La maintenance est assuree par les techniciens qui, en cas d'urgence, peuventetre la dans l'heure pour la remise en marche des appareils. En pleine nature,il faudra peut-etre attendre une reparation pendant des jours. Ici, des instal-lations simples, robustes, faciles d'entretien.sont, a efficacite egale, prefe-rables a d'autres aux automatismes trop raffines.

    En ce qui concerne la gestion, la stabilite d'un personnel qualifie, suf-fisant, est un probleme souvent peu facile a resoudre et l'isolement ralentit,pour le moins, l'expedition des taches administratives les plus banales.On peut ainsi multiplier les exemples pratiquement dans tous les secteurs Mais ces handicaps, pour contraignants qu'ils sOient, n'ont pas un caractereredh ibi toire. O n les pallie dIautant mieux qu Ia c haq ue stade de la programmi.tion,dans la conception et l'organisation de chaque service, on tiendra compte desservitudes imposees au musee de site par son role, ses taches, son isolement,b ref, sa specif icite.I mplantation et arc hit~~Le choix de l'emplacement est commande par le site et lui seul. Le museedoit se trouver sur lui ou dans son voisinage immediate Pour en facilj~er la sur-veillance, il lui faut etre implante sur une position dominante mais, en memetemps, il doit se fondre dans 1e paysage, avec la plus ~jrande discret:l.onpossible,car le centre d'interet reste ce site avec lequel il dolt former un tout homogene/1L'architecture doit repondre au meme souci de discretion.On escamote elegamment la difficulte si on a la chance de pouvoir loger lemusee dans un monument faisant partie integrante du site. Clest le cas a Guelma,

    en Algerie, ou le musee a trouve place dans une partie des galeries du theatrea nt iq ue a me na ge es a cet effet : toujours en Algerie, celui du site de Tebessaou le musee se trouve dans le temple de Minerve/2Autrement; la solution la plus souhaitable ~st une realisation qui, sanspasticher les monuments du site, slen inspire, les rappelle, ne seraitce quepar les materiaux utilises, et donne une unite a l'ensemble site-musee. Le museestratigraphique de Phaistos, en crete, peut etre cite comme un modele de reussite/3s . A. Baghli voit egalement une solution possible dans une conception archi-tecturale contemporaire dont l'effort simplificateur conduit a l'abstraction eta un c ertain neutralisme/4Entre le musee dans'un monument du site et celui situe hors des ruines etmerne du site, on peut-enYisager le musee integrant des vestiges. Ainsi, a StaraZagora, en Bulgarie, la construction museale englobe deux huttes neolithiqueset inclut tous les locaux necessaires aux differentes fonctions d'un musee archeo-logique. Clest une fac:;onde reso11dre, en meme temps et avec bonheur, le problemede la protection des biens archeologiques immeubles particulierement sensibles ila degradation, qui se trouvent sur le site : probleme important que nous exami-nerons plus loin.

    1. Voir annexe II, extrait d'un compte rendu d'une reunion de l'ICMAH au coursde laquelle ont ete definis les principes d'etablissement d'un musee de site.2. S. A. Baghli, Musees de site d'Algerie : voir bibliographie.3. ~iandra Enrica, Musee stratigraphique, Phaistos : voir bibliographie.4. S. A. Baghli, OPe c it

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    - 9 -Quoi qu'il en soit, une extension future du musee doit toujours etre prevue,car- d'une part, rares sont les sites archeologiques dont on soit absolumentsar qu'ils ont livre toutes leurs richesses et de nouvelles fouilles peuvent, unj our , m en er a des trouvailles interessantes que Ie musee doit etre a memed'accueillir ;- d'autre part, un musee de site peut prendre une importance qu'il n'~ pasa s a c re at io n a la suite d'un changement de son statut ; soit que, dependantd'une autre institution, il acquiere son autonomie ; so it qu'il devienne lui-memelocal ou regional, etc.Les locauxL'economie des batiments devrait, en principe, repondre a la programmationde tout mu~ee moderne ; mais en outre s'y ajoute'lt les services exiges par lasauvegarde du site.En realite, fort peu de musees de site - s'il en est - ont ete, sont ou meme

    seront programmes pour pouvoir assumer l'integralite des taches incombant a uneinstitution muscale. 5i certains services ne manquent tout simplement pas, ils setrouvent reduits au strict minimum. Cet etat de fait s'explique princ~palementsoit- par la faiblesse des budgets d'investissement et de fonctionnement del'etablissement ; c'est malheureusement, la cause la plus frequente ;- par la dependance du musee p.nvers une autre institution ou s'effectuel'essentiel des taches d'administration, des travaux de conservation, de restau-ration, de recherches En tout etat de cause, il est sage de prevoir sur plans les locaux de tousles services d'une institution normale, independante, afin de reserver l'avenir.Tout au moins, concevra-t-on l'edifice de fa~on a se menager, dans la me sure dupossible, les moyens de changer l'affectation des locaux pour qu'une eventuelleadjonction de services nouveaux n'entra!ne pas de trop importants travaux d'adap-tation des b atiments.5i des services doivent etre sacrifies, par contre, il en est sur l'instal-lation desquels on ne devrait pas transiger et certains demandent une attentionparticu!iere.

    LeS reservesLes locaux destines aux reserves seront plus ou moins importantsselon que

    - des fouilles se poursuivent sur Ie site ou alentour ; des chantiers sontprogrammes et ouvriront dans un avenir plus ou moins pr .che- les fouilles ont cesse et on n'envisage pas leur reprise.

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    Considerons 1es deux cas :1. Les foui11es se poursuivent

    Outre sa fonction musea1e, 1e musee de site sert tout nature11ement debase aux archeologues au travail. II devient depot provisoire ou sont mis en secu-rite les objets meubles mis au jour ; "poste de premier secours" pour Ie traite-ment des trouvailles d~nt l'etat necessite des travaux de conservation immediats ;"gare de triage" ou sont entreposes 1es objets attendant que soit decidee leurdevolution, soit au musee de site, soit a une aut~e institution locale, regiona1eo u n at io na le .I I a pp ar ai t, a l'evidence, que les magasins doivent occuper une place impor-tante. Les reserves propres au musee et Ie depot destine aux nouvelles trouvaille.'sseront nettement separes dans des salles differentes mais, si pOSSible, dans Iem em e b at im en t.2. Les fouilles ont cesse

    L'etendue des magasins sera moindre, proportionnee a l 'i mp or ta nr e d escollections du musee. Les locaux communiqueront avec Ie lapidarium, lequel peutetre ou non ouvert au public.Dans les deux cas, outre les surfaces reservees a l' entreposag e, ils aurontune aire de manoeuvre degagee ; ils seront hauts sous plafond, clairs ; s It)uvri-ront par de larges et hautes portes ; seront equipes d'engins de levage et demanutention permettant la manipulation aisee et sare de lourdes pieces fragiles.lIs devront necessairement etre clos afin de repondre aux imperatifs de 1a conser-vation (climatisation) et de la securite, problemes importants sur lesquels nousreviendrons.Pour l'organisation des reserves, il est un modele don~ on pourratt s'inspirer,

    non imiter car, generalement, un musee archeologique n'a pas, comme un musee destratigraphie, des collections essentiellement constituees de milliers de fragmentsde petite taille. II s'agit du remarquable equipement imagine par Ie Dr Doro Levi,qui dirigea l'Ecole italienne d'archeologie et des fouilles de Phaistos, en crete/1Ce sont des series de cadres normalises, constitues d'une solide charpentee t s up po rt an t, a leur partie inferieure, une lourde etagere ou sont rangees lespoteries intactes les plus grandes. Au-dessus, trouvent place indifferemment deuxpetites vitrines superposees ou une grande, ou encore, une serie de boites tiroirs.ces boites, au nombre de deux mille, ont toutes meme largeur et meme profondeur,mais sont de trois hauteurs differentes, cependant toujours dans Ie meme rapport :2, 3 et 4. Ainsi, deux petites boites prennent la meme' place qulune grande; deuxmoyennes celIe de trois petites ou encore d'une grande et une petite. D'ou une tres

    grande souplesse d'emploi, un enorme gain de place et un rangement rigoureux.Ajoutons qulun systeme tres simple permet les recherches dans les boites sans lessortir completement de leur J.ogement, d onc en evitant d Ienc ornb rer L e passag e entreles rangees de cadres et, enfin, que Ie tout, en bois indigenes (cypres et olivier)est l'oeuvre d'artisans locaux.Les murs, aveugles, autorisent l'utilisation d'un maximum d'espace ; la salleet Ie contenu des tiroirs ouverts sont parfaitement eclaires par Ie jour qui entrep ar I e p laf on d- ve rr ie re .

    1. Fiandra Enrica. Musee stratigraphique, Phaistos, op. cit.

    ", . .

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    - 11 -Ateliers et laboratoires de conservation et de restauration

    Au cours des fouilles, les services de conservation et de restauration doiventpermettre l'etude et le traitement d'urgence des objets Mis au jour.Fouilles terminees, ils gardent toute leur importance, car la conservation

    ne concerne pas uniquement les collections de musee, mais aussi les vestiges in situ.Le musee peut etre modeste et le site vaste. Il faut souvent entreprendre un immensetravail de restauration de ces vestiges ; toujours proceder a un controle incessantde leur stat, surtout dans les endroits ou les conditions climatiques mettent endanger les monuments ; porter une attention constante aux parties les plus fragiles,f re sq ue s, m o3 ai qu es .Dans la mesure du possible, les locaux seront spacieux, tres clairs. Ilstrouvent normalement leur place pres des magasins et communiquent avec eux parune porte haute et large, les eng ins de manutention devant pouvoir y acceder etmanoeuvrer.Il faut tenter d'equiper le plus completement qu'il se peut, des le debut,

    ateliers et laboratoires, puis ne cesser d'ameliorer, de moderniser l'equipement,pour deux raisons :- le personnel, hautement specialise, charge de la conservation et de larestauration des vestiges a une tache pratiquement sans fin. Il doit avoir sousla main tout ce dont il a besoin afin de travailler dans des conditions qui serapprochent le plus de celles que lui offre la ville en matiere d'appareillageset de fournitures ;- si, le site presentant un interet scientifique incontestable, on veutfairedu musee un centre de recherches d'un certain rayonnement, il faut que leshommes de science sachent pouvoir y trouver les meilleures facilites d'etudes. etde recherches sur le site.Cette derniere consideration no us amene a evoquer un "service de recherches"propre au musee de site en raison de son isolement.

    " Serv ic e de rec herc hes"Il comporterait essentiellement une salle de travail - bibliotheque ou, mieuxencore, une bibliotheque-phototheque et une salle de travail.La bibliotheque, necessaire dans tous les cas, doit pouvoir fournir toutela documentation sur le site, les fouilles, les vestiges, les objets, tant sur leplan archeologique que museologique (rapports des archeologues Q.ui ont travaille

    sur le chantier ; si possible, copies de leurs carnets de notes ; dossiers tech-niques de chaque vestige, de chaque objet avec les coordonnees du point precis ouil a ete mis au jour ; les travaux de conservation, de restauration auxquels ilsont ete soumis, les etudes, articles, etc. qui leur ont ete consacres ) , elledoit comprendre egalement des monographies et des ouvrages concernant la geologie,la flore, la faune, l'histoire, l'ethnographie de la region.La phototheque doit posseder des series de photographies, des films, desdiapositives concernant chaque phase du chantier de fouilles et les etats successifsdes vestiges et des objets.Incorporee a la bibliotheque-phototheque ou separee d'elle, la salle detravail, equipee d'appare!ls de projection, doit permettre des reunions d'une

    v in gta ine d e: per son nes .

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    - 12 -Le "service" offrirait, dans les endroits les plus isoles, des conditions desejour decentes (hebergement, cantine ou restaurant, salle de detente ).

    Sal le s d 'e xp os it io nLeur role differe sensiblement de celui des salles d'exposition d'une insti-

    tution traditionnelle et cela change la perspective dans laquelle un programmateurc onc ev ra leur arc hitec ture.Certes, dans nombre de musees de site, Ie visiteur ne per~oit pas du premiercoup d'oeil la difference. II y voit toujours les classiques vitrines renfermantles objets de petite taille des collections et, mises en valeur par leur relatifisolement, quelques remarquables pieces de caractere plus imposant, dans une pre-sentation qui se veut la plus attrayante possible en alliant pedagogie et esthetique.Mais dans un musee de site, l'exposition ne resulte pas d'une selection quireunit des objets de provenances diverses. Le choix des themes illustres n'est pasfonction de la richesse des reserJes, d'une mode ou des hasards qui president auxacquisitions nouvelles,aux emprunts, effectues ici et la, dans Ie pays ou hors

    d e f ro nt ie re s.Ici, les salles d'exposition doivent mettre vigoureusement en relief la fonc-tion essentielle du musee qui est de faire valoir Ie site, l'expliquer, aider aen comprendre la signification. Comme tout Ie musee, elles sont complement neces-saire, mais seulement complement, des vestiges in situ.y ont done une importance capitale plans, photographies et maquettes de latopographie du site qui permettront au visiteur de s'orienter sans peine parmiles vestiges et les monuments, de se promener parmi eux avec, pourrait-on dire,les yeux grand .ouvertssur Ie passe qu'ils evoquent.L'architecture doit souligner Ie fait que les collections exposees dansles salles ne sont pratiquement constituees que d'objets decouverts sur Ie site.Si, parmi eux, trouvent place quelques autres objets de provenance exterieure,ce n'est, Ie plus souvent, qu'a titre de comparaison, pour illustrer d'eventuellesparticularites propres aux vestiges mis au jour sur place.

    {

    Bur ea ux a dm in is tr at ifsLa gestion des collections et celIe du musee, si elles comportent un elementsupplementaire en raison de la gestion du site, ont, dans l'ensemble, les memesbesoins que celles d'une institution museale classique. Souvent meme, elles sontreduites quand le musee de site depend d'un musee local ou regional qui prend encharge la plupart des taches administratives. L'amenagement des locaux ne paralt

    pas poser de problemes particuliers.Logements de service

    .Outre l'appartement de fonction du conservateur, il est bon de prevoir dansl'enceinte du musee le logement des responsables de la securite (feu et vol) : presdu musee, quelques autres. Plus ils sont nombreux pres d'un site tres isole, plusi ls c on co ur en t a la stabilite du pe~sonnel specialise.Maintenance

    L'isolement rend necessaire un 'petit atelier bien outille pour l'entretiendu mate~iel at des installations courantes, les petites reparations urgentes(mecanique, plo:;;merie,menuiserie, etc .), ainsi que des resserres pour les outils,., .

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    - 13 -de fouille et des materiaux pour la construction d'abris provisoires pour lesvestiges in situ (ecoperches, madriers, tales ondulees, baches, etc.).

    Pour le publicToujours en raison de son isolement, le musee est amene a creer a l'intention

    du public des services facultatifs ou merne inutiles dans une institution musealeurb ai ne : c af eteria, restau rant, salle de repos, guichet postal, inf:Lrmerie ou poste desecours, garderie quitte a ne les ouvrir qu'en plaine saison touristique ouaux jours d'affluence. Tout peut se concevoir pour assurer un minimum.d'aises,sinon de confort, aux touristes venus parfois d'assez loin, aux groupes organises.E nv ir on ne me nt m us ea lLes normes definies par l'ICOM pour les conditions de l'environnement museal(temperature - hygrometrie - lumiere)/1 s'appliquent evidemment aux musees de sitecomme aux institutions traditionnelles. Les solutions valables pour les unes lesont pour les autres. Mais avant d'opter pour l'une d'elles, il est bon de s'assurerqu'elle est compatible avec l'isolement du musee. plus un systeme de climatisation

    est elabore, plus sa maintenance et sa reparation exigent l'intervention d'un spe-cialiste et plus grands sont les risques de longs arrets. On a interet a adopterautant que possible des mesures simples, rustiques, d'entretien facile/2SecuriteLa securite pose des problemes autrement preoccupants que dans une institutionsituee en milieu urbain. Rappelons qu'il s'agit de preserver les objets et collec-tions du musee et les vestiges du site de la degradation, de la destruction ou dela disparition du fait de calamites naturelles ou des hommes - voleurs et vandales.Rappelons egalement que le musee est implante en pleine nature.En ce qui concerne les calamites naturelles, point n'est besoin d'!nsister

    sur la necessite de construire des batiments antisismiques dans les zones sensiblesaux tremblements de terre.QUant aux risques d'inondation, un maItre d'oeuvre averti en temps utile saura,sauf dans ces cas exceptionnels, parer au danger aussi bien par le choix d'un empla-cement non inondable (flanc de colline, tertre naturel ou artificiel) que parl'emploi de techniques appropriees (drainage, levees de. t erre.protectrices, etc.).Son sens esthetique lui permettra, le plus souvent, de masquer agreablement lesouvrages de protection visibles, voire d'en tirer parti pour donner a l a c on st ru c-tion equilibre et elegance.La d an ge r d 'i nc en di e

    Le danger d'incendie soul e ve bien d'autres difficulteB. Certe3 les collectionsarchaoloqiques ne constituent generalement pas un aliment favorable a la propagationd'un incendie. Mais elles peuvent irre~diablement souffrir de l'intensite de la1. Dossier de references techniques. Normae relatives a la protection des collec-tions de musee. Paris, Centre de documentation Unesco-leom, 1979. S2 pages,bibliographie.2. Nous songoons a des solutions comme celles que l'architecte J.-L. Pivin a ima-ginees pour le Musee national de Bamako, au Mali, par exemple. L'inertie desmurs, construits selon des technique~ inspirees des traditions locales etl' aeration assurent une temperature constante dans leB salles : le degre d' hwni-dit' est ~intenu par des fontaines A~ebit continu judicieusement repartiesdans les bitiments et l'architectl~e est eon~ue pour capter la lum!ere solaire

    et la diffuser tout au long du jour.

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    chaleur et aes vapeurs corrosives que degage la combustion de nombre de matieresplastiques que lion trouve dans l'isolation des fils et cables electriques, endecoration, dans l'ameublement, dans les emballages et une multitude d'accessoireset de petit materiel or, plus un musee de site est isole, plus un feu risque de degenerer en

    sinistre, car dans les hameaux et villages, les services de lutte contre l'incendiene possedent ni le personnel professionnel, ni le materiel, ni la rapidite d'inter-vention des corps de sapeurs-pompiers urbains. Dans ces conditions, eteindre unfeu a son debut est toujours possible; venir a bout d'un incendie qui embrasedeja une partie du batiment, presque jamais.LeS normes de securite habituelles doivent donc etre scrupuleusement res-pectees. De plus, dans un musee de site en pleine nature, la premiere precautiona prendre est de s'assurer que lion peut disposer, directement ou par adduction,d'une source d'eau illimitee (riviere, lac, puits profond) de grand debit.La plus grande attention doit atre portee a la detection immediate des foyersd'incendie et a la rapidite de l'alarme. Nous ne nous attarderons pas SlJr les sys-

    temes de protection et leur fonctionnement ; tous les manuels de securite dansles musees les decrivent. Par contre, nous insisterons sur la necessite de mul-tiplier les murs et portes coupe-feu. Plus on divise le batiment en secteurs, pluson limite l'extension d'un incendie et plus on donne de chances, aune petiteequipe disposant de peu de moyens, de le maltriser. En arratant les flammes, lachaleur et la fumee pendant deux heures et plus, murs et portes coupe-feu per-mettent au personnel d'evacuer les collections des locaux voisins. Par ailleurs,ce sont les plus efficaces et les plus rustiques des defenses contre le feu. Les'murs n'exigent aucun entretien ; les portes ont un mecanisme si simple que lespannes sont pratiq uement impossib les.En outre, il est bon d'incorporer au service de gardiennage un ancien sapeur-pompier professionnel. 11 peut prendre la responsabilite d'une petite equipe de

    volontaires formee de membres du personnel a qui il serait accorde quelques heurespar semaine pour entretenir en bon etat de fonctionnement le materiel de lutte contrel 'i ncen di e, s 'e nt ra ln er a le manoeuvrer et acquerir un sens de la discipline dansl'action qui, on l'oublie facilement, est un element tree important dans la luttecontre le feu.o~tre 1e materiel classique - robinets armes, seaux de sable, extincteurs aneige carbonique, dans chaque salle ou local - un groupe moto-pompe a g ros debitet foz~ pression, ainsi que les longueurs de manches a eau necessaires pouratteindre tous les points du musee, ne sont pas un luxe, loin de tout centre habitedote d'un service d'incend!e bien equipe.

    Protection contre les hommesLa second volet de la securite concerne le'pillage, le vol et le vandalisme.

    La protection doit etre assuree non seulement dans le musee mais aussi sur le sitequi peut etre assez vaste et n'est pas, ne peut pas toujours etre clos. En outre,il est rare, en raison de l'isolement, que le musee ait un personnel permanent etqualifie assez nombreux pour assumer toutes les taches que necessite une institu-tion museale et le service de gardiennage n'est pa~ mieux loti que les autres.Pillage

    La pillage a pour champ d'action le site, avant et pendant les fouilles princi-palement; il devient plus rare, voiredisparalt apres que les objets meubles aientete recueillis et mis a l' ab ri

    ....;;, ).., !,::,.." .

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    - 15 -De temps immemoriaux il est le fait de pilleurs innocents, parce que ignorants,les habitants qui n'ont jamais vu autre chose dans les ruines que des materiauxde construction pour leurs maisons.Longtemps les temples et toujours les tombes ont excite la convoitise depillards qui recherchaient - et recherchent encore - les bijoux et objets fUnl~raires

    en matiere precieuse. Mais aujourd'hui, les plus a c ra in dr e s on t e ss en ti el le me ntles chasseurs de tresors qui alimentent le marche illicite des objets d'art.La defense du site, avant et pendant les fouilles, est malaisee tant quedes locaux en dur - embryon de ce qui peut etre le fut~usee - ne sont pas soli-dement construits, proteges par de solides barreaux aux fenetres et des portesresistant a l'effraction.Dans la mesure du possible, surtout si le site compte des tombes et des ves-tiges comPortant des fragments de fresques, de reliefs, il faut obtenir la cloturedu site. La meilleure et la plus facile a etablir est faite de barbeles deroules,sur une profondeur suffisante, comme autour d'un terrain militaire. Meme si ellen'est pas totale, elle interdit une certaine longueur du perimetre, cree des pas-

    sages obliges, ce qui facilite la surveillance. Celle-ci doit s'effectuer de jouret de nuit avant les fouilles, hors des heures'de travail apres l'ouverture duchantier. L'emploi de chiens policiers rend beaucoup plus efficaces les rondesde garde.Durant les fouilles, si l'on ne dispose pas de locaux clos, il vaut mieuxdeposer chaque jour les trouvailles interessantes dans un bStiment public d'unvillage voisin, sous la responsabilite d'une autorite locale ou les transporterau musee Ie plus proche.Il est, dans le domaine de la securite, un allie dont on aurait tort deneg1iger l'importance : la population d'alentour. II faut savoir l'interesser al'integrite du site et obtenir sa collaboration contre les predateurs.A Zekada, important site Harappan, aux confins du Rajasthan et du Gujerat,en Inde, les pillards sevissaient. Les responsables des foui1les ont invite sur Iesite les v illag eois A qui ils ont explique Ie but des archeologues, l'interet quepresentaient pour eux les richesses archeologiques dont i1s etaient, en somme,les depositaires ; ils les ont associes aux travaux et les chasseurs de tresorsont dQ aller chasser ailleurs/1

    Les fouilles terminees, 1e site sous la surveillance du musee, en principe,il ne reste plus, in situ que des monuments, des vestiges qui interessent peu lespil1ards, les objets de valeur etant au musee.Le probl~me des vols se pose alors comma dans toute autre institution musealeet les mesures valables pour celle-ci Ie sont tout autant pour Ie musee de site.Dans ce domaine comme dans celui de la prevention de l'incendie et de ceuxde l'environnement museal, il faut encore rechercher les syst~mes de detection etd'alarme fiables, robustes et d'entretien simple .

    1. Parikh R. T., Museums of history, archeology and the rural community (Journalof Indian Museums, New Delhi, V. 35, 1979. Special issue on museums andr ur al com mu ni ty).

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    - 16 -En fait, dans ce type d'institution museale, plus que dans tout autre, lasecurite repose essentiellement sur le personnel et la surveillance est affairede professionnels de la securite. Les receleurs qui alimentent Ie marche illicitedes objets d'art ont des motivations trop puissantes pour ne pas faire appel ades c amb rioleurs c hev ronnes. La bonne volonte ne suffit plus, et au techniciendu vol il faut opposer un technicien de la defense.L'equipe de gardiennage, outre la necessite de toujours compter un anciensapeur-pompier, devrait toujours, egalement, etre placee sous la responsabilited'un ex-policier experimente. Ces deux hommes seraient necessairement loges dansl'enc einte du musee, a pi~'oeuvre.Un musee de site ne dispose pas toujours des moyens convenables pour assurerla protection d'artefacts de grande valeur venale. Dans ce cas, il est sage den'en exposer qu'une copie et de confier les originaux a la garde d'une institutionmuseale mieux equipee pour une exposition plus sUre. Mais on ne peut se permettred' abuser du proc ede.

    VandalismeComme tout acte de fou, celui du vandale est generalement difficile a parer.Sur le site, il se manifeste, le plus souvent, par une tentative de destruc-tion, soit a l'aide d'un marteau ou d'un outil de ce genre, soit par le jet d'unliquide corrosif ou impregnant profondement d'une peinture le materiau du vestigeattaque (encore qu'on ait connu des destructions a l'explosif, ce qui est heureu-sement exceptionnel/1).Dans le musee, Ie vandale utilise les memes procedes contre les objets enmarbre, pierre, bois ou bronze (ce de~nier materiau est cependant moins vulnerableque les autres) ; il degrade ou detruit toiles et documents graphiques par jetd'acide, de peinture ou par laceration.Seul l'acte de vandalisme d'un individu dont l'etat de surexcitation manifesteeveille la suspicion des gardiens peut etre prevenu. Mais le comportement apparem-ment normal de nombre de vandales n'attire pas l'attention en temps utile.Dans le musee, le; precautions d'usage, entre autres le vestiaire obligatoireavec dep5t des porte-documents, mallettes, sacs, paquets, cannes et parapluies,ainsi que l'examen des sacs a main, limitent les risques d'actes de vandalisme.Sur le site, les defenses materielles sont assez aleatoires. On tiendra Iepublic a distance des vestiges les plus fragiles, les plus menaces, par des bar-rieres solides, g rillag ees a leur partie inferieure mais assez legeres et suf-fisamment neutres pour ne pas trop def!gurer l'environnement ou, mieux, par des

    murets reconstitues, doubles, s'il le faut, d'un fosse qui en augmente la hauteura ve c d is cr et io n.Sur Ie site romain d'Aquincum, en Hongrie, un monument dont il ne subsisteque trois murs restaures est ferme sur sa quatrieme face par une paroi de verre.

    Le vandalisme de la fouleCes defenses se revelent surtout utiles contre une autre forme de vandalisme,celui-ci endemique : celui de la foule. Trop de touristes veulent emporter un frag-ment de vestige, souvenir d'une visite a un site prestigieux ; trop d'enrages du

    1. Le Penseur, de Rodin, expose a l'exterieur du Musee de Cleveland, aux Etats-Unis, a ete fortement endolllllaglpar une bombe.

    ,,'

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    graffiti entendent laisser un temoignage de leur passage ~ il Y a toujours dete-riorations inherentes a une circulation qui, a certaines epoques de l'annee, estintense.Dans la ville romaine de la Piazza Armerina, en Italie, les mosaiques sontprotegees par une structure metallique close de plastique transparent et d~nt le

    plafond diffuse la lumiere qui les eclaire. Par-dessus les sols de mosaique, sontjetes des ponts, en bois, qui permettent de les contempler normalement, a laverticale, sans les pietiner.Protection des vestiges in situLe site peut etre considere, d'un point de vue purement museologique, commeune salle d'exposition en plein-air du musee. Comme telle, il impose des mesuresde preservation et de protection des vestiges in situ, d~nt certains demandenta ~tre abrites des intemperies, soit provisoirement, durant les fouilles, lestravaux de conservation, de restauration, soit en permanence.

    A bris provisoiresLes archeologues instal lent , le plus souvent, des structures temporaires le-geres, simples charpentes de potelets supportant une couverture de tole ondulee,de fibro-ciment, de bois, voire une bache en lin ou coton impermeabilise ou enpolyethylene. Les potelets metalliques ont l'avantage d'etre normalises, munisd'embases et de chapeaux de hauteur reglable, ainsi que de systemes dlassemblagemecanique. Ils permettent de construire et de modifier rapidement charpentes etechdfaudages. En bois, ce sont des ecoperches et des bastings qui s'assemblentgeneralement par ligatures de cordes. Moins pratiques que les pieces de metal, ilsont l'avantage de pouvoir etre fa~onnes et montes en tous lieux par des artisanslocaux.Dans l'exemple que nous montrons, ce sont des ecoperches en acier qui sou-

    tiennent une toiture de planches et carton bitume pour abriter les vestiges d'uneeglise du XIlIe siecle, en cours de restauration, sur le site de Vizmbuk, enTchecoslovaquie.Lorsque les travaux, par leur importance, doivent durer longtempsetconcernentdes aires de grande surface, ce sont de veritables hangars qu'il faut construire.Leur facture est pa=fois telle qu'on peut les considerer comme des protections semi-permanentes et il apparalt que, dans bien des cas, elles prendront un caracterepermanent. A insi, a Pylos, en Grece, o~ lion restaure les vestiges du palais deNestor, dont les parties seront reconstituees, lestravaux s'executent so us unimmense hangar ouvert auquel les piliers et la charpente metallique donnent uncaractere industriel assez incongru sur ce site. Pourtant, ses decroches lateraux

    et frontaux, ainsi que ses tres belles proportions lui conferent une qualite archi-tecturale indeniable et sa silhouette genera.le evoque les lignes d'un edifice grecantique.Protection permanent~

    Le plus souvent, il s'agit de proteger des intemperies un ensemble de taillemodeste comportant des parties fragiles, comme un enduit, une mosa!que Dans cedomaine egalement, Phaisto.s, en Crete, donne un modele exemplaire. Clest une struc-ture de beton arme, aux trois quarts noyee dans les murs en ruine, qui abrite lapartie la mieux conservee du Palais de la reine (XVle-XVe siecle avo J.-C.). Tirantle meilleurparti de la configuration du terrain, on a tapi la structure protec-trice contre l'epaulement d'une terrasse de la colline o~ elle se fond littera-l am en t d an s l 'e nv ir on nem en t.

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    - 18 -TOujours sur ce site de Phaistos, un autre vestige, sensiblement de memetaille que le precedent et situe dans des conditions analogues, est protege parune construction totalement differente. Extremement legere, elle est entierementmetallique et ne manque pas de deconcerter dans ce pays age de pierraille couleurde soleil o~, par ailleurs, l'antique et le moderne se marient si bien. Elle estfaite de quelques potelets supportant un auvent debordant. L'intrusion du fer

    sur le site s'explique. Auparavant, l'abri etait en bois du pays et s'accordaitmieux au decor. Malheureusement, le feu l'ayant detruit, pour eviter que se renou-velle pareil accident on a dn se resoudre a employ er le metal.Dans un style totalement different, d'un audacieux modernisme, la struc-ture qui, a Konya, en Turquie, protege un imposant vestige du palais du sUltanSeldzuck, est en elle-meme un monument qui retient sans doute trop l'attentionaux depens de celui qu'elle abrite. Pourtant, elle ne jure pas avec lui et l'en-semble ne manque pas de beaute. C'est un dome en voile de beton tres largementechancre de quatre immenses arcades d'une extreme legerete et d'une grande puretede lig nes.A Lerna, en Grece, on a un exemple moins prestigieux de batiment de protection

    en be ton arme. 11 tire son elegance de ses proportions et sans doute la croissancedes arbres qui l'entourent accentuera, d'annee en annee, sa discretion.Nous avons deja fait mention de vestiges inclus dans le musee meme (StaraZagora, en Bulgarie). 11 en existe evidemment bien d'autres. Mais arretons-nousau Musee maritime du Piree en Grece, musee de site par sa situation (bien qu'iln'en ait pas toutes les caracteristiques) pour y voir une eblouissante inclusionde vestiges dans un musee, comme a notre avis, il est peu recommande de la faire.L'architecture du hall de ce musee, moderne, sobre dans sa puissance evoquele souvenir du "Long Mur" qui reliait le port a Athenes. Les vestiges qu'elle abritefont corps avec elle et servent de soubassement a une replique du Poseidond'Artemission. Ici les caracteres scientifiques et educatifs du monument archeo-

    logique sont occul tes par la beaute du decor dont il est partie et qUi retient toutel' attention du pub lic .En comparaison, la presentation des vestiges d'une eglise romane, a l'inte-rieur du musee de site de Stare M~sto, en Tchecoslovaquie, para!t terne tant elleest classiquement sage. Pourtant, cette presentation est de loin preferable, carelle subordonne l'architecture au vestige qui demeure le centre d'interet principalde l'exposition et le musee joue pleinement son rale qui est de preserver et mettreen v aleur le temoig nag e arc heolog iq ue/1AccueilDans le hall d'entree, des plans detailles, non seulement des salles publiques

    du musee, naturellement, mais aussi du site, avec ses cheminaments, l'emplacementdes vestiges, les codes couleurs, les reperes accueilleront le visiteur et faci-literont son orientation. Tant mieux si, du point o~ l'on examine ce plan du site,on peut embrasser du regard tous les vestiges (ou la plus grande partie des vestiges) ;s'il est en couleur avec figuration dessinee ou relief, cela va encore beaucoup mieux .1. . - .La Departement des beaux-arts de ThaIlande a entrepris l'etude d'un abri pourla preservation des sites archeologiques, qui presenterait les caracteris-tiques suivantes : grande legerete, extensibilite, construction a bas prixavec des materiaux locaux, adaptation aux conditions climatologiques du pays.Cet abri est con~u a partir d'une struc ture g eodesiq ue modulaire duprof esseurB uc km in st er F ul le r.

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    - 19 -Dans ce hall, les services habituels attendront Ie public: vestiaires,comptoirs de vente de guides, souvenirs, cartes postales, reproductions d'objets,affiches, photos, ouvrages et albums sur le site ainsi que les stands d'infor-mation, le personnel d'accueil, h5tesses, guides et gardiens.Les guides, permanents.ou temporaires, doivent posseder une formation minimale

    en archeologie et savoir repondre aux questions du visiteur, meme si des systemesaudiov isuels sont mis a la disposition du public pour apporter un complement d'infor-mati on a la documentation ecrite. Dans la mesure du possible, il est preferableque le meme accompagnateur mene son groupe dans la visite du musee et du site. Mais,bien souvent, l'etendue de ce dernier, le manque de personnel qualifie - mal ende-mique de ces musees en pleine nature - ne le p~rmettent pas.Les visites guidees d'ecoliers, etudiants, etc. posent des problemes d'orga-nisation autrement complexes que dans un musee urbain. Le mieux, sans doute, estd'avoir un "correspondant" dans chaque equipe d'educateur des musees archeologiquesou pluridisciplinaires de la region. Ce correspondant, en liaison avec les respon-sables du musee, se chargerait d'organiser la visite sur les plans materiel, admi-nistratif et pedagogique et en prendrait la direction.PresentationTrois elements caracterisent l'exposition dans un musee de site archeologique:1. L'importance des documents graphiques et spatiaux (dessins, dioramas,peintures, maquettes ) qui restituent l'environnement, le cadre de vie,les activites des hommes qui vecurent sur le site.

    La fidelite de ces reconstitutions est essentiellement attestee par leso bj et s e xp os es .2. Les documents, graphiques ou spatiaux qui situent cette communaute dans

    la chronologie de l'histoire humaine, dans la civilisation dont ellefaisait partie, dans les rapports culturels entre peuples et indiquentpar quels liens le monde actuel se rattache a elle.Les coupes stratigraphiques qui permettent la datation des premiersages de l'humanite y tiennent une large place, des que le sujet lesjustifie.

    3. La presentation du travail de fouilles realise sur le site (photographiesaux divers stades du chantier, croquis, dessins, maquettes, etc.).Ces trois elements sont caracteristiques de la presentation au musee de site,mais non son exclusivite. A l'exception des musees des beaux-arts, pratiquement

    toutes les institutions aujourd'hui font largement appel aux reconstitutions ;les coupes stratigraphiques sont courantes' dans les musees de geologie et de paleon-telogie ; la presentation de travaux mettant an oeuvre des moyens exceptionnels(renflollag e d' epav es, rec onstitution ou deplac ement d'un monument, etc .) dev ientbanale.Avant d'aborder le premier point - celui relatif aux reconstitutions -quelques mots sur les objets appeles it temoignerde la veraci-cede ces reconstitutions.

    L'objet dans le musee de siteEn principe, les collections d'W1 musee de site sont constituees d'objetstrouves sur le site. A l'authenticite des vestiges in situ doit repondre celledes objets exposes.

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    - 20 -Mais, frequemment, au moment des fouilles, des objets ont ete confies a desmusees locaux, regionaux ou nationaux (quand ils n'ont pas pris Ie chemin del'etranger)/1. Une premiere question est de savoir si ces objets ne doivent pasfaire retour au musee qui a pu etre cree depuis sur Ie site. La seconde a traita la politique qui tend a previlegier les grands musees auxquels on attribue sys-tematiquement les plus interessantes trouvailles faites en cours de fouilles eta ne laisser au musee de site que celles d'un interet mineur. Sans dou~e, une telle

    politique est-elle serieusement motivee, mais elle semble meconnattre et minimiserla fonction du musee de site.Remplacer les objets disperses par leur copie n'est pas une solution. De tropnombreuses repliques creent un grave desequilibre entre Ie site et Ie musee,risquent de provoquer une reaction desagreable chez Ie visiteur et de faire douterde la valeur historique de l'ensemble.Par ailleurs, une reconstitution perd une grande partie de sa credibilite sil'objet qui temoigne de sa fidelite a la verite connue est lui-meme un faux.L' authenticite de l' obj et est primordiale a tous les points de vue.

    ReconstitutionsL'evocatio:l de la vie sur Ie site se fait donc par des reconstitutions et;les objets temoins y figurent ou sont presentes pres de la composition qui lesevoque.Ces reconstitutions prennent des formes diverses : dessin, peinture, diorama,maquette ou construction en grandeur nature et, en ce qui concerne Ie vetement etla parure, manneq uins.Au Pakistan, sur Ie site de Mohenjo Daro, metropole de la civilisation dela vallee de l'Indus, Ie musee presente en trois grands tableaux peints une impres-sionnante evocation de la cite, de son activite economique et de sa vie socialeil y a trois mille ans. Par ailleurs, deux dioramas situent la ville dans sonenvironnement et deux maquettes des fouilles de Xor Diji et Amri rappellent qu'ona retrouves des traces de civilisation anterieures a celIe de l~valleede l'Indus/2Dans les reconstitutions en grandeur nature, celles d'un interieur, d'uneboutique, d'un atelier d'epoque, l'objet temoin est incorpore au decor. Mais il estrelativement rare que l'on ait la chance de trouver sur Ie site tous les objets,meubles, outils qui, restaures, permettent une telle mise en scene. L'authenticitedemeurant l'un des principaux criteres de l'exposition, on est d~nc amene a faireappel A d'autres institutions museales afin d'obtenir Ie pret des elements manquants.Cela suppose des relations suivies, institutionnelles ou tacites, avec cesmusees, liens qui se manifestent par une collaboration dans d'autres domaines que

    1'exposition, la recherche en particulier. 'Dans l'impossibilite de se procurer des objets authentiques et comme il fautsavoir limiter l'emploi des copies, on pref~rera A la reconstitution en grandeurnature celIe en modele reduit. D'ailleurs, maquettes et dioramas, A une assezgrande echelle, permettent une evocation tres realiste dlun ensemble tels qu'unhabitat, une boutique, un atelier, sans encourir Ie reproche de l'inauthenticite.

    1. Retracer l'h:!.stoiredes "expropriations" des biens culturels dont ont etevictimes nombre de nations, notamment au XIXe siecle et dans la premieremoiti~ du XXe siecle, est hors de notre propos. On sait quelle action pour-sui't,l'unesco"pour la restitution ou Ie retour de ces biens.2. Mohamad Ishtiaq khan, Ie MUses de Mohenjo-Daro ; voir bibliographie.

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    Quel que soit Ie parti pris, la realisation do it obeir scrupuleusement auxd on ne es s ci en ti fi qu es .Dans la mesure ou Ie musee dispose d'equipements audiovisuels, l'evocationsera d'autant plus suggestive qu'interviendront bruits, chants, musique, ainsique la couleur et l'animation que p erm ett ent le s p roj ec ti on s.

    R epresentation de la ch ronolog ieLe musee de site a un second role a jouer, disions-nous : mettre en evi'denceIe rapport de la communaute qui peuplait Ie site au tableau general de l'evolutionde l 'h um an it e.Lorsqu'on peut les preserver ou les reproduire, les coupes stratigraphiquessont les plus directes et les plus frappantes representations d'un tel rapport.A Tepexpan (Mexique) ou, en 1947, on a decouvert un homme prehistorique dedix mille ans, la tombe se trouve in situ au milieu de la salle batie autour d'elle,salle qui contient une reproduction du squelette exhume ainsi que des objets mis

    au jour sur cet emplacement. sur Ie cote nord du tombeau, les archeologues ontpratique une coupe du terrain se trouvant au-dessus du sepultre, laissant intactesles strates. Cette presentation exceptionnelle donne a l'ensemble une authenticiteemouvante/1Si l'utilisation de telles coupes stratigraphiques est impossible, on disposede bien des fa~ons d'evoquer la place de la communaute dans l'histoire humaine.Ce peut etre de sobres graphiques commentes par des textes et eclaires par quelquesphotos ~ ~ela peut aller jusqu'aux structures spatiales illustrees de croquis, decliches en noir et blanc, en couleur, de projections, jalonnees d'objets temoins,en passant par les tableaux colores, en relief Quels que soient les themes evoqUes, la symbolique choisie, la stylisation

    de la composition, de tels tableaux ou structures doivent rester comprehensiblesa tous les publics et l'imagination avec laquelle ils sont realises trouve salimite dans Ie respect des donnees scientifiques.En tout etat de cause, que la presentation soit des plus modestes ou aitrecours aux ressources du "design" Ie plus raffine, elle conduira naturellementIe visiteur a suivre un circuit predetermine sans parattre Ie lui imposer et elleatteindra pleinement son but si elle amene.a une comprehension progressive etla plus complete possible du site.

    Les travaux de fouillesTout Ie monde a pu constater l'interet porte par Ie public aux travaux d'un

    chantier de fouilles. Cet interet a parfois de serieux inconvenients pour lesarcheologues obliges de tenir a distance les curieux. Mais il offre de grandsavantages pour l'archeologie, Ie visiteur Ie plus profane prend conscience quece qui lui semblait cailloux, gravats et deblais enfouis estune grande richessepuisque tant de personnes, parfois venues de fort loin, consacrent tant de peineet d'efforts ales recueillir. Or, on Ie sait, l'eveil de la curiosite est l'undes ~teurs de la connaissance.Cela est si vrai que Magdalina Stantcheva, I'un des ma.ttres de I' archeolog:i.een milieu urbain/2, habituee a travailler au coeur des foules citadines, y voit

    1. Aveleyra Arroyo de Anda, Luis, Le musee de site de Tepexpan J voirbibliographie.S tantc hev a Mag dalina, S ofia, I e musee dans la rue. P atritnoine arc heologiq uea t ur bB ni sm e c ont emp ora in J Museum, paris, Unesco, v. 32, nO 3, 1980.

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    - 22 -l'une des grandes raisons qui militent en faveur de l'erection de musees de sitetemporaires pres des fouilles, des l'ouverture de celles-c! lorsqu'elles doiventdurer plusieurs annees.

    L'exemple de Yorkminster illustre bien ce propos. La cathedrale d'York,batie sur des vestiges romains est un monument gothique primitif, l'un des plusremarquables et Ie plus vaste d'Angleterre. La mise au jour du site archeologiqueromain a necessite d'importants travaux en sous-oeuvre. La population de la villeet du comte s'est soudain passionnee d'archeologie dans la mesure ou la cathe-drale courait des risques en raison des fouilles.Aujourd'hui, meme si dans Ie musee Ie visiteur est plus impressionne parles tables de calculs etablis pour consolider les fondations que par les briquesromaines mises au jour, il n'en reste pas moins que l'archeologie et Ie respectdes vestiges y ont gagne.Toujours dans cet ordre d'idees, la presentation d'un ancien chantier defouilles du site constitue un precieux temoignage a la fois d'authenticite desvestiges et du travail exige pour leur decouverte. Un bon exemple de ce genre

    de presentation est donne par le musee de Banpo, a Xian, en Chine, ou furentdecouverts les vestiges d'un village de la culture yang shao, datant de six milleans avant Jesus-Christ. Du musee monumental on passe a une annexe, vaste bati-ment en dur, couvert et eclaire par des verrieres hautes. D'une galerie qui enfait Ie tour, on domine une partie des fouilles. On y voit des traves d'habitationssemi-enterrees, de silos, de parcs a bestiaux, des vestiges de fours de potier,des tombes, des urnes funeraires ainsi qu'une partie du fosse de defense/I.A l'autre bout du monde, a Nice (France) Ie musee de Terra Amata, admirabled'elegance fonctionnelle dans la modestie de ses dimensions, a choisi un autremode de presentation du site - un campement de chasseurs d'elephants vieux de400.000 ans avo J.-C. - qui est enfoui dans Ie coteau. Le moulage du sol d'undes habitats occupe la partie centrale de la salle d'exposition ; sur la galerie

    qui Ie surplombe se trouvent les vitrines. Ce musee, incorpore a l 'i mm eu bl e d on tla construction, en 1966, permit la decouverte du site, est egalement remarquablepar la place qu'il a reservee a l a r ec he rc he .On Ie voit~ on attend de l'exposition dans Ie musee de site autre choseque de celle d'une institution traditionnelle. Dans la conception architecturalecontemporaine de ce type d'etablissement, on tend, afin de repondre a c et te a tt en te ,a ouvrir largement la salle s'exposition sur Ie site, de telle faQon que Ie visiteurait sous les yeux les vestiges ou monuments reconstitues ou non, et, en merne t emps,les objets qui s'y rattachent.Ainsi, au Jewry Wall Museum, de Leicester, en Angleterre, tout un mur dessalles d'exposition est occupe par des baies vitrees ouvertes sur une cour inte-rieure ou se trouve une partie de mur romain.On en trouve un exemple admirable au Musee des bateaux de Vikings, de Roskilde,au Dan~k/2, unique au Monde. Sur le rivage du fjord ou, en 1957 et 1959 on ren-floua cinq drakkars, on a construit, en 1919, un musee ou ces navires sont expOSes.Objets repeches et objets de fouilles, dessins, maquettes, y expliquent commentles Vikings vivaient, construisaient leurs bateaux, les utilisaient, exploraient

    1. Chen Jian~heng. Le Musee de Banpo, a Xian ; Museum, Paris, Unesco, v. 33,nG 1, 1991.2. Crumlin-pedersen, Le Musee des bateaux de Vikings de Roskilde ; voirb ib li og ra ph ie . '

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    - 23 -les mers jusqu'aux rives 10intaines. Des photos et croquis montrent les travaux derecuperation des epaves, leur restauration. Le site est la, toujours presentderriere le mur de verre qui Ie separe de la salle. Le site, c'est la mer, decorchangeant, vivant ; la mer que ces drakkars sil10nnerent, il y a des siecles,qui les a immerges et qui les a rendus aux hommes.

    E tiq uettes et g uidesO n sai t l' i mportanc e des etiq uettes dans la presentation pour la c ompreh ensionde l'exposition qui, iei, comprend egalement les vestiges du site. Elles con~ti-tuent Ie lien 10gique entre objets, reconstitutions, documents qui se suivent.Si chacune d'elles n'eelaire, de fa90n detaillee, qu'une petite partie precise- un objet, une scene - de l'ensemble, leur reunion n'en doit pas moins pouvoirse lire comme un texte coherent, ordonne, complet et se referant constammentau site ; tout comme Ie guide qui en est Ie complement, mais non leur banalerepetition.Tout Ie monde le sait, aussi, mais on ne le repetera jamais assez ; etiquetteset guides demandent un grand effort de concision, de clarte et de simplicite dansleur redaction. Autant que possible on y evitera l' abus du vocabulaire tech nique;si des mots savants paraissent absolument neeessaires, un glossaire dans Ie guidese rev elera utile.Dans tous les texte, l'important doit se detacher nettement, mis en evidencepar un artifice de composition typographique. Des codes eou1eurs facilitent 1erenvoi des etiquettes au guide et vice versa ; aident au flechage, a 1a lecturedes plans d'orientation, aussi bien sur le site que dans Ie musee. Mais ces codesdoivent etre simples, lisibles au premier coup d'oeil.

    Signalisation sur le siteSur le site, la signalisation doit respecter l'environnement. Point de"poteaux lndicateurs" et autres "panneaux routiers". Aux carrefours, des tablesd'orientation en ceramique, sur des socles faits de materiaux empruntes au siteles remp1acent avec plus de discretion et aut ant d'efficacite.T outes 1 es insc riptions indispensab les (f lec hag e, av ertissements, etc .)peuvent etre executees en mosalque sce11ee dans des pierres d'ang1e, des blocs,des murets reconstitues, ne deparant pas l'ensemb1e. De meme, une "etiquette"necessaire a la comprehension d'un vestige peut trouver place derriere une glace,dans un logement plat menage dans l'epaisseur d'une stele ou d'un muret bati enm at er ia u s 'accor da nt a c e1 ui des v estig es.Quant aux appe1s aux visiteurs pour le respect de l'integrite et 1a propretedu site, ils feront l'objet d'un texte simple, courtois, illustre de croquis,

    figurant, par exemp1e, au bas ou derriere un plan d'orientation du site distribuea l'entree de ce1ui-ci. On a ainsi 1a mei11eure chance de voir le visiteur legarder jusqu'a la fin de la visite et ne 1e jeter qu'en sortant ; s'il 1e jette.AnimationE11e peut prendre 1es d1fferentes formes qu'on lui donne dans toute insti-t ut io n m us ea 1e t ra di ti on ne 11 e.Les expositions temporaires, dans la mesure oa on les inc1ut dans 1es tech-niques d'animation, ne sauraient etre negligees par le musee de site. Entre autresavantages cu1ture1s, pedagogiques, e11es ont celui de briser l'isolement dontpourrait souffrir Ie personnel, de Ie maintenir dans 1e courant de la recherche

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    - 24 -museologique et d'empecher le musee de sombrer dans une routine ronronnante. Leurrealisation presente cependant des difficultes dues a l'eloignement, encore lui,et au caractere particulier du musee "serviteur" du site, ce qui limite la libertede choix des themes.

    Tous ceux-ci, qu'il s'agisse d'exposition de peinture, de sculpture, dephotos, d'artisanat, d'architecture, d'habitat, de folklore, etc., doivent avoirun rapport plus ou moins direct avec le site, l'epoque d~nt il temoigne, la commu-naute qui y habitait, les traditions qui pourraient sly rattacher.

    Le musee de site archeologique n'a pas la chance de pouvoir recourir syste-matiquement, comme ses homologues, le musee de site historique ou ethnologique,a des reconstitutions en costume, des demonstrations de travail artisanal a l'aided'outils et de machines utilises en des temps revolus/1 certes, de telles demons-trations res tent possibles, en quelques occasions ; elles semblent rarement per-me ttre un e ani mation perm anente .Par contre, le site offre tres souvent un cadre ideal pour des manifestationsartistiques : theatre, concerts, festivals de musique, de chant, de danse, repre-

    sentations folkloriques, spectacles son et lumiere De tels evenements peuventfaire du site et de son musee un centre d'attraction de reputation nationale, sinoninternationale, et contribuer a l'essor economique de la region. C'est une questiond'organisation, de talent et de relations publiques, un service auquel trop deresponsables de musee n'accordent pas l'attention qu'il merite.Pseudo-sitesTraitant des musees de site archeologiques, on ne saurait passer sous silencece que le Dr Fulep appelle, avec a-propos, les pseudo sites.Ce sont les sites non originels des vestiges immobiliers authentiques(temples, tombeaux) qui y sont implantes. Les plus celebres sont ceux de la haute

    vallee du Nil ou ont ete transferes les monuments d'Abou-Simbel, Philae, etc.,dont les sites d'origine ont ete inondes apres la construction du barrage d'Assouan.11 est un musee remarquable, situe a 170 km de Hyderabad, dans l'AndhraPradesh, en Indi. Ici, on a sauve des tresors archeologiques s'echelonnant dansle temps depuis le paleolithique jusqu'a la fin du Moyen Age. Une centaine de sitesqu'un barrage, sur la riviere Krishna, allait submerger, ont ete "transplantes"sur une col line que les eaux ont transformee en tle, la Nagarjunakonda/2Sur Ie sommet de cette colline, en 1966, on a cree un musee de site qui retientl'attention non seulement par la richesse de ses collections et par sa conception,mais encore par son architecture qui s'inspire de celle revelee par les sculpturesmises au jour sur les sites immerges.

    Et pseudo-musee ?Un musee sur un pseudo-site ne perd rien de ses qualites de musee de sitemais oomment qualifier une oreation telle l'Aroheodrome de Beaune, en France?P suedo- musee ?

    1. Des pays, en Amerique du Nord, particulierement, voient se developper une for-mule d "'Interpretive exhibit" dans laquelle le port de vetements d' epoquejoue son role. Ainsi, dans des musees de site historique, les guides sont enuniforme militaire du XVlle ou XVllle siecle ; dans des musees ethnographiques,on ne fait pas la demonstration d'une baratte du XVlle siecle si on ne se metpas en tenue de fermier de oe temps.2. Grace Mc Cann Morley, le Musee de Nagarjunakonda ; voir bibliographie.

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    Indubitablement, il existe la un site archeologique. On y a mis au jour unmithraeum et quelques tombes gauloises des lIe et IIIe siceles. Mais les stelesauthentiques sont exposees dans un petit musee local voisin.En fait, ce n'est pas le site qui a determine l'implantation de l'Archeodromeen ce lieu, mais la presence d'une aire de repos fort bien amenagee et encore mieux

    situee sur une autoroute, qui fait la jonction entre l'Europe du soleil et celledes brumes.Le "musee" , loge dans un batiment moderne, fonctionnel, original, est conr;ucomme un musee archeologique regional, avec des objets provenant de pratiquementtous les sites de Bourgogne et ils sont nombreux ; il couvre une periode qui s'etendd u n eo li th iq ue a l'epoque gallo-romaine. Mais la totalite de ses collections estconstituee de moulages et de copies. Sur le site des reconstitutions en grandeurnature: hutte de l'age de pierre, maison gauloise, une partie des defenses d'Alesia.Elles sont executees avec le plus grand soin et aussi proches de la verite que lesdonnees sc ientifiques Ie permettent.Quel interet presente une telle realisation a laquelle ses promoteurs se sont

    gardes de donner Ie nom de musee, inventant un neologisme, lequel, comme on dit,"se vend bien" ?Sur le plan scientifique, fort peu, si lion excepte le fait que les recons-titutions en grandeur nature ont permis de verifier d'experience a quel degre desavoir-faire etaient parvenus les habitants du site neolithique de Charmoy dansla constructions des huttes ; de mieux apprehender les techniques des Gaulois enmatiere d'habitat et dans l'art du siege.Sur le plan museologique, les solutions apportees aux problemes de la presen-tation simultanee des objets, des dioramas et des monuments in situ, ainsi quel' utilisation des tech niq ues audiovisuelles sont extremement interessantes.Il est un point OU la reussite est remarquable : l'impact sur Ie public.Depuis son ouverture, en 1978, jusqu'en 1980, plus d'un million de personnes detoutes nationalites et de tous niveaux culturels ont visite l'Archeodrome et nom-breux sont ceux qui y ont decouvert ce qu'etait l'archeologie, y ont pris consciencede son interet.L'Archeodrome de Beaune n'a pas grand chose a voir avec un musee de site;mais les responsables de musees de site ont a voir dans cette experience hybridece qu'elle peut leur apporter de bon et de moins bon. Par ailleurs, il ne faitaucun doute que cette realisation en suscitera d'autres du meme genre. Museologueset arch eolog ues auront a se pencher sur les problemes qu'elles poseront.

    B. MUSEES DE SITE EN MILIEU URBAINLe muSee de site archeologique en milieu urbain a existe longtemps avantqu'on ne lui donne ce nom. Ralph H. Lewis rappelle que le terme de site, dans sonacceptation museologique, ne s'est generalise qu'en ces 30 dernieres annees/1 Or,pour ne citer qu'eux, le Musee de Cluny, a Paris (France) date de 1855 - c'etaita l'epoque, un musee prive - et le Musee d'Aquincum, a Obuda, dans la banlieue deBudapest, en Hongrie, a ete ouvert en 1894.Ce type de musee garde le plus souvent le statut d'une institution museale tradi-tionnelle locale, regionale ou nationale et le nom de musee archeologique, sinon,ce qui est frequent, celui de musee d'histoire de la ville. C'est, par exemple,

    1. Lewis Ralph H., Site Museums and National Parks, Curator, Washington, nO 2,1959, p. 172.

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    - 2 6 -les cas a Sofia, en Bulgarie, ou LIon a etudie, comme sans doute nulle p~rt ail1eurs,les rapports de l'archeologie et de la cite moderne ; seul endroit au monde ou,depuis plus de 30 ans, se poursuit sans defaillance, un programme d'integration desvestiges arch e0 10g iq ues au tissu urbain/1

    C'est encore 1e cas dans la capitale du Royaume-Uni. Sur un site de fouilles,on a erige Ie Musee de Londres, d'une architecture tres moderne, qui permet devoir, depuis une salle d'exposition, un fragment de muraille romaine. A partir d'uneevocation des habitants prehistoriques du site de Londres, toute l'histoire de laville jusqu'a nos jours est racontee par les objets et les reconstitutions.

    Ce musee de Londres est loge dans un edifice contemporain ; mais nombre deces musees de site en milieu urbain se trouvent dans des monuments historiques.Ainsi, Ie Musee regional de Cuauhnahuac, au Mexique, qui offre, par ailleurs, unexemple typique de cette "indifference" a la denomination et a la specificite duveritable musee de site.Son nom l'indique, Ie Musee de Cuauhnahuac est regional; pluridisciplinairepar vocation, il l'est de 'fait; il est installe dans ce monument historique qu'est

    Ie palais de Cortes, a Cuernavaca, dans l'Etat de Morelos, lequel palais est cons-truit sur les vestiges d'une pyramide precolornbienne et LIon a mis en valeur, dansIe musee, une partie de ces vestiges.cette ambiguite, si frequente, s' ex plique assez logiquement, semble-t-il.Implante dans la cite, ce type de musee ales avantages d~nt beneficient toutesles institutions museales situees en ville et connatt les memes problemes qu 'ellesi1 ignore les difficultes inherentes a l'isolement, qui sont Ie lot des musees desite en pleine nature et creent, en grande partie, leur caractere particulier. Deplus, s'il gere reellement un site archeologique, en general, ce dernier n'estguere plus grand qu'un mouchoi~ de poche.Le grand interet d'un tel musee en milieu urbain, reside dans le fait qu'il

    est Ie lieu de rencontre naturel des archeologues et museologues soucieux de sau-vegarder les sites archeologiques dissemines dans la cite et qui constitue Iepatrimoine h istoriq ue des c itadins.II est Ie centre privilegie ou s'echangent des idees, s'elaborent des solu-tions, partent des initiatives pour la preservation, la conservation et la miseen valeur des vestiges menaces continuellement par l'urbanisation. La tache estenorme. Elle ne peut etre menee en ordre disperse. Elle est si importante que nouscroyons indispensable d'en rappeler les difficultes. Mais Ie 3ujet debordant Iecadre de ce cahier uniquement consacre aux musees de site, on trouvera en annexequelques elements d'etude qui tentent de resumer les reflexions inspirees parl'ex perienc e a Mme Stantc heva.

    CONCLUSIONComme le musee de site de tout autre type, celui d'archeologie se doit deremp~ir la meme mission culturelle, les memes taches quotidiennes qu'une insti-tution museale traditionnelle. Mais son implantation, souvent loin de tout centreintellectuel, sinon de toute grande agglomeration, multiplie les difficultes aaccomplir convenablement l'oeuvre dont il est investi et diminue ses possibilitesd'action.Le musee de site exige de son personnel, scientifique ou non, autant de dyna-misme que de competence pour suppleer a un trop frequent manque de moyens. II luidemande une combativite incessante afin de ne pOint etre trop oublie. Il attendde lui qu'il 'l'insere dans un reseau d'institutions museales vivantes qui s'epaulentmutuellement. En bref, i1 veut des co11ahorateurs jeunes d'esprit.. ~1. Magdalina Stantcheva, Sofia, 1e musee dans la rue; OPe cit.

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    - 27 -Car la jeunesse est gage de foi en l'avenir et le musee de site est le museed e l 'a ve ni r.Les hornmes v eulent, de plus en plus, echapper aux contraintes de la civili-sation industrielle. Ils reprennent, de plus en plus nombreux, la route ; cellequi les conduit vers la nature ; celle qui les mene vers leur passe ; deux chemins

    qui se confondent pour ceux qui vont a la recherche des certitudes et des espoirsque donne un retour aux sources. De toute l'institution museale, seul le musee desite archeologique peut les aider pleinement dans cette quete.Les hommes de science veulent de plus en plus mener leurs travaux a partirdes racines de toute realite. Seul le site leur offre la possibilite de toucheraces racines. Certes, aujourd'hui, la plupart des musees de site sont encoretrop sous-equipes pour mettre a leur disposition tout ce que la recherche exige.Mais deja pointe le jour OU la teleinformatique fera entrer dans le plus modeste,le plus isole d'entre eux une bibliotheque d~nt revent encore bien des centres derecherche. Et les laboratoires seront la, eux aussi, car l'une ne va guere longtempssans les autres.Le musee de site est le musee de l'avenir pour les peuples qui recherche dansleur culture, longtemps etouffee, une identite qui les unit dans un ideal de fra-ternite de de progreso Car il aide a retrouver cette fraternite quand il preserveet montre ce qui fait la communaute des hommes, a l'endroit ou cette communautes'est creee. 11 aide au progres, parce que, interdisciplinaire, il est formateurde c adres scientifiq ues et d' org anisateurs.

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    Annexe IANNEXE I

    Resolution 19 C/4.127 adoptee parla Conference generale de l'Unescolors de sa dix-neuvieme session, Nairobi, 1976

    La C on fe re nce gen er al e,Rappelant les diverses recommandations concernant la protection des biens culturelset l~ facilite d'acces aux musees,COnsiderant l'importance des biens culturels, a la fois en tant qu'expressiond'une identite cuturelle nationale et en tant qu'element du patrimoine cultureld e l 'hum an it e,Notant l'interet accru que chacun des peuples du monde porte au patrimoine cultureldes autres peuples, ainsi que le desir de taus d'avoir plus largement acces auxo bjet s cul tu re ls ,Notant 1' opportunite d ' une c ooperation internationale en mat. iere de f ouilles et de re-cherches archeologiques et sachant qu'un nombre toujours plus grand d'objets cultu-rels de valeur seront perdus pour l'humanite s'ils ne sont pas dQment proteges etconserves dans un lieu adequat,Connaissant les difficultes auxquelles se heurtent la plupart des pays en develop-pement dans la preservation et la conservat