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Magazine du Credit Suisse | Eté 2008 Page 04 Philharmonique de New York Tournée européenne | Page 08 Chefs d’orchestre Maazel, Zinman, Janowski, Gilbert et Järvi | Page 12 Lucerne et Davos Danse et nouveaux talents | Page 14 Jeune virtuose Antoine Tamestit | Page 16 Festival de Salzbourg Car l’amour est fort comme la mort | Page 19 Théâtre du Bolchoï Première de l’opéra en octobre Musique classique

Musique classique - Credit Suisse · 2019-01-29 · avait interprété le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel sous la direction de Marin Alsop. Lors de la tournée de cette

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Page 04 Philharmonique de New York Tournée européenne | Page 08 Chefs d’orchestre Maazel, Zinman, Janowski, Gilbert

et Järvi | Page 12 Lucerne et Davos Danse et nouveaux talents | Page 14 Jeune virtuose Antoine Tamestit | Page 16 Festival

de Salzbourg Car l’amour est fort comme la mort | Page 19 Théâtre du Bolchoï Première de l’opéra en octobre

Musique classique

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«Les vagues ne se lèvent pass’il n’y a pas de vent.»Proverbe chinois

La fondation d’utilité publique SYMPHASIS vous donne la possibilité de participer au financement de projets socio-caritatifs ou de projets concernant l’environnement, la culture et la santé, selon vos préférences. Faites vous aussi bouger les choses.

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SYMPHASIS est soutenue par le Credit Suisse

SYMPHASIS: La fondation d’utilité publique pour

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Sym_Inserat_f_Bulletin.qxd 28.6.2007 10:11 Uhr Seite 1

Photo de couverture « La Flûte en-chantée » de Wolfgang Amadeus Mozart sera reprise lors du Festival de Salzbourg dans la mise en scène proposée en 2006 (direction musicale : Riccardo Muti, mise en scène : Pierre Audi). La première aura lieu le 13 août. Tamino (Michael Schade) et Pamina (Genia Kühmeier), fi l le de la Reine de la Nuit, seront accompagnés par le Chœur de l’Opéra de Vienne (voir page 16).

Credit Suisse Bulletin plus | Musique classique | 03

Rencontres estivales

L’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, dont le Credit Suisse est le sponsor principal depuis 1986, présente individuellement ses membres dans l’une de ses brochures. Alors que je la feuilletais pour découvrir le visage des premiers violons, je me suis aperçu que ces derniers provenaient de dix pays différents. En effet, le monde de la musique s’est internationalisé bien avant celui de l’économie. Un orchestre aussi prestigieux doit rechercher les plus grands talents dans le monde entier et faire en sorte de les garder. Quant aux musiciens, jouer dans un orchestre étranger repré­sente pour eux une formidable opportunité.

Le Credit Suisse, qui est présent dans plus de cinquante pays, tente également de recruter les meilleurs éléments à l’échelle internationale et de les fidéliser. Ses col­laborateurs sont issus d’une centaine de pays, une diversité culturelle qui suscite des échanges très fructueux dans le domaine tant professionnel que privé.

La musique classique, elle aussi, m’a permis de nombreuses rencontres intéres­santes, notamment avec des clients de notre banque. Car c’est l’amour de la musique et de son univers qui réunit les spectateurs d’un concert ou d’un opéra, particu­lièrement lorsqu’il s’agit d’une œuvre ambitieuse. Et cet enthousiasme donne lieu à des discussions passionnantes lors de l’entracte ou après la représentation.

Pour la troisième année consécutive, le Credit Suisse organise à Salzbourg, dans la « Maison pour Mozart », une rencontre d’été qui rassemblera des journalistes et l’équipe artistique d’un opéra. Après « Benvenuto Cellini » l’an dernier, c’est sur « Rusalka » que portera la discussion en 2008. Que ce soit dans le cadre de cet événement ou de réceptions avec des clients, j’ai souvent pu constater combien le contact avec les artistes, dont beaucoup sont des personnes très accessibles, était enrichissant.

Le Credit Suisse est heureux d’avoir réussi à créer des partenariats solides dans le domaine de la musique. A cet égard, je tiens à citer, entre autres, le Festival de Salzbourg, l’Orchestre philharmonique de New York, le Théâtre du Bolchoï, l’Opéra de Zurich, le Festival de Lucerne, l’Orchestre de la Suisse Romande et le kammer­orchesterbasel. La musique abolit les frontières et ouvre de nouveaux horizons. Nous sommes fiers de la soutenir.

Editorial Walter B. Kielholz Président du Conseil d’administration du Credit Suisse

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« J’attends avec impatience cette tournée européenne, explique Lorin Maazel  (voir page 8).  Il  s’agit  de  la  quatrième  que  j’effectuerai  avec  le Philharmonique de  New York et, surtout, de ma septième et dernière saison comme directeur musical de cet ensemble avec lequel j’ai vécu tant de concerts mémorables, aussi bien aux Etats-Unis qu’à  l’étranger. A cette occa-sion,  les musiciens et moi-même souhai-tons  honorer  l’héritage  musical  d’Arturo Toscanini, qui a lui aussi dirigé l’orchestre pendant sept ans et l’a accompagné dans sa première tournée européenne. »

Entré dans l’histoire de la musique pour son  intransigeante  fidélité  aux  notes,  Arturo Toscanini commença sa carrière à la  Scala  de  Milan  avant  de  travailler  au  Metropolitan Opera à l’aube de la Première Guerre  mondiale.  Il  revint  ensuite  aux  Etats-Unis de 1928 à 1936 afin d’y diriger  l’Orchestre philharmonique de New York, qu’il emmena pour la première fois sur le Vieux Continent en 1930, année où Lorin Maazel vint au monde près de Paris.

Une première mondiale

Le programme de ce grand retour du plus vieil  orchestre  du  Nouveau  Monde  au  berceau de la symphonie couvre un vaste répertoire,  avec  des œuvres  telles  que « Le Sacre du printemps » de Stravinsky, « Le Mandarin merveilleux » de Bartók, la Symphonie n° 8 de Bruckner ou encore la Symphonie n° 4 de Tchaïkovski.

Le Philharmonique de New York est cependant  réputé  pour  son  goût  de  la  musique  moderne,  et  surtout  des  pre-mières  mondiales.  En  remontant  dans 

Une tournée européenne entre symphonie et rhapsodieAprès le succès de sa tournée asiatique en début d’année,  l’Orchestre philharmonique de New York, dont le Credit Suisse  est sponsor mondial, se produira dans neuf villes européennes  du 28 août au 12 septembre prochains.

son histoire,  il apparaît notamment qu’il a donné la toute première représentation de  la « Symphonie du Nouveau Monde » de Dvořák en 1893.

Lorin Maazel a quant à  lui dirigé  les premières de sept œuvres commandées par  l’orchestre, parmi  lesquelles « De  la transmigration  des  âmes »  de  John Adams (2002), récompensée par le prix Pulitzer  et  par  trois  Grammy  Awards, mais aussi la Symphonie n° 3 de Stephen  Hartke (2003) et le Concerto pour trom-bone de Melinda Wagner (2007).

Gageons donc que  la première mon-diale des Rhapsodies pour orchestre de Steven Stucky constituera le moment fort de  cette  tournée  européenne,  d’autant que l’orchestre n’interprétera cette œuvre que dans trois villes : Paris, Lucerne et, avant tout, Londres. Il ne s’est pas produit dans  la capitale britannique depuis  l’an 2000,  sous  la  baguette  de  Kurt  Masur.  Ce  concert  londonien  aura  lieu  dans  le  cadre des « BBC Proms » au Royal Albert Hall, où le Philharmonique de New York n’a pas  joué  depuis  douze  ans.  Pour  l’occa- sion,  l’ensemble a passé une commande conjointe avec la BBC auprès de Steven Stucky,  un  compositeur  américain  qui travaille  souvent en Californie et ensei-gne la composition à l’Université Cornell de New York. Son deuxième Concerto pour orchestre a remporté le prix Pulitzer de la musique en 2005 (le premier avait obtenu  la deuxième place en 1989). Si l’on en croit Lorin Maazel, qui se déclare « enthousiasmé par  le  résultat  de  cette commande », le spectacle promet d’être magnifique.

Un soliste de renom

Lors de sa dernière tournée européenne, le Philharmonique de New York était ac-compagné par la violoniste Julia Fischer, désormais artiste résidente de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich. En Asie, début 2008, l’orchestre s’est adjoint les talents de la violoncelliste Alisa Weilerstein, venue rejoindre  les  solistes  Glenn  Dicterow  (violon), Philip Myers (cor) et Liang Wang (hautbois). Pour cette nouvelle série de concerts,  la  prestigieuse  formation  a  retenu  le pianiste Jean-Yves Thibaudet. Ce virtuose français, qui a enregistré chez Decca les œuvres complètes de Satie et de Debussy ainsi que quelques morceaux de Duke Ellington, est notamment connu du grand public pour sa participation aux bandes originales de différents films. Agé de  47  ans,  il  a  obtenu  les  insignes  de  Chevalier  de  l’Ordre  des  Arts  et  des  Lettres en 2001. Sa dernière apparition avec l’orchestre remonte à l’été 2006, au Festival  Bravo !  Vail  Valley  Music,  où  il avait interprété le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel sous  la direction de Marin Alsop. Lors de la tournée de cette année, il jouera le Concerto pour piano et orchestre en fa majeur de Gershwin.

Les plus grands festivals européens

L’orchestre  fera  plusieurs  apparitions dans  de  grands  festivals  de  musique classique tels que le Festival de musique du Rheingau à Francfort, le Festival de mu-sique du Schleswig-Holstein à Hambourg, la Fête Beethoven de Bonn et le Festival de Lucerne, où il restera trois jours. Ses dernières représentations en Suisse cen-trale datent de 2005, année du 75e anni-versaire  de  sa  première  tournée  euro-péenne.

Le  Philharmonique  de  New  York  se produira  ainsi  dans  neuf  villes  au  total, parmi  lesquelles  –  hormis  celles  déjà mentionnées – Essen, Baden-Baden et Stuttgart, où il est très attendu depuis son dernier concert en 1985 sous la baguette de Zubin Mehta.

Zarin Mehta,  le  frère de celui-ci, qui gère  l’orchestre depuis 2000 et  le 

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Impressions de Chris Lee lors de la tournée asiatique 2008 de l’Orchestre philharmonique de New York  1  Taipei, 12 février, 19 h 35 : le bassiste  Satoshi Okamoto a trouvé un lieu tranquille pour répéter.  2  Pékin, 23 février, 17 h 45 : l’altiste Kenneth Mirkin (à droite), son épouse Lyn (à côté)  et ses beaux-parents partent à la découverte du nouveau Centre national des arts du spectacle de Pékin.  3  Pékin, 24 février, 19 h 50 : l’Orchestre philharmonique de New York interprète la Symphonie n° 7 de Dvořák sous la baguette de Lorin Maazel.  4  Kaohsiung, 13 février, 21 h 25 : Lorin  Maazel remercie le public de ses chaleureux applaudissements en entonnant la Danse hongroise n° 1 en sol mineur de Brahms. 5  Hongkong,  17 février, 14 h 35 : quelques musiciens répondent aux questions d’enfants et d’adolescents et jouent pour eux lors d’un Young People’s Concert, spécialité très appréciée de l’orchestre. Ici, le bassiste Jon Deak (debout) et, de gauche à droite, la violoniste Mei Ching Huang, le clarinettiste  Mark Nuccio et la violoncelliste Ru-Pei Yeh.

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Philharmonique de New York Tournée européenne 2008 Lorin Maazel – A Grand Finale

28 et 29 août Londres, Royal Albert Hall

30 août Francfort, Alte Oper

31 août Hambourg, Musikhalle

Du 2 au 4 septembre Lucerne, KKL

5 et 6 septembre Essen, Philharmonie

8 et 9 septembre Paris, Salle Pleyel

10 septembre Stuttgart, Liederhalle

11 septembre Baden-Baden, Festspielhaus

12 septembre Bonn, Beethovenhalle

www.nyphil.org  www.maestromaazel.com  www.stevenstucky.com  www.credit-suisse.com/sponsoring

préside depuis 2004, évoque le prochain départ de Lorin Maazel avec un léger pin-cement au cœur : « La dernière saison de notre  directeur  musical  approche  à grands pas. J’éprouve une joie teintée de mélancolie à  la perspective de  l’accom-pagner  dans  les  capitales  et  les  plus grands festivals européens pour sa der-nière  tournée  internationale avec notre ensemble. »

Un nouveau chef d’orchestre

Pour la saison 2009/2010, Alan Gilbert (voir page 10), âgé de 42 ans, succédera à Kurt Masur, Zubin Mehta et Lorin Maazel à la tête du Philharmonique de New York, dont  il  deviendra  ainsi  le  vingt-sixième  directeur musical depuis sa création en 1842. Il entrera en fonction exactement cinquante ans après Leonard Bernstein, qui  fêterait  cette  année  ses  90  ans.  L’orchestre  lui  dédiera  par  conséquent  un festival spécial, « The Best of All Pos-sible  Worlds »,  en  collaboration  avec  le Carnegie Hall (voir page 7).

Contrairement à Toscanini, Bernstein était  un  fervent  admirateur  de  Gustav  Mahler, qui fut le dixième directeur musi-cal de l’orchestre de 1909 à 1911 et dont il a enregistré les symphonies complètes à deux reprises, en partie avec le Philhar-monique de New York. Ce dernier pro-pose d’ailleurs dans sa boutique en ligne un coffret de 12 CD intitulé « The Mahler Broadcasts 1948–1982 », avec des enre-gistrements  dirigés  par  plusieurs  chefs d’orchestre tels que Dimitri Mitropoulos (directeur musical de 1950 à 1958), Pierre Boulez (directeur musical de 1971 à 1977) et  Zubin  Mehta  (directeur  musical  de 1978 à 1991).

Une tournée virtuelle

Les  places  pour  les  concerts  du  Phil-harmonique  de  New  York  étant  géné-ralement  toutes  vendues  à  peine  quel-ques  jours  après  leur  mise  en  vente,  l’orchestre  a  décidé  de  miser  sur  les moyens  de  communication  modernes pour atteindre un public plus large. Paral-lèlement à sa tournée européenne, il of-

frira comme à l’accoutumée une série de concerts  vir tuels,  qui  débutera  le 28 août 2008  sur  Internet,  à  l’adresse www.nyphil.org/europe2008.  Le  site comporte  des  présentations  détaillées des  œuvres  interprétées,  ainsi  que  l’album  régulièrement  mis  à  jour  des photographies  signées  Chris  Lee,  le photographe officiel de l’orchestre. Lorin  Maazel  racontera sur son site  les expé-riences  vécues  par  les  musiciens  en  Europe et le Credit Suisse diffusera pour sa part  diverses  informations et  photo-graphies concernant l’orchestre.  Andreas Schiendorfer   

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« Les Noces de Figaro »  sur la Côte d’Azur

Le festival d’opéra « Les Azuriales » aura lieu du 15 au 28 août dans le cadre pit-toresque de Saint-Jean-Cap-Ferrat sur la Côte d’Azur. Comme le veut la tradi- tion, les opéras seront interprétés en langue originale par la compagnie britan-nique « Diva Opera », sous la direction de Bryan Evans. Pour l’édition 2008, la directrice du festival, Sarah Holford, pro-posera aux mélomanes réunis dans la Villa Ephrussi de Rothschild (photo) les opéras « La Belle Hélène » (Offenbach), « Hänsel und Gretel » (Humperdinck), « Partenope » (Händel) et « Les Noces de Figaro » (Mozart) ainsi que le tradition- nel concert des solistes. Sponsor des Azuriales depuis dix ans, Credit Suisse Monaco parrainera l’opéra de Mozart avec Matthew Hargreaves (Figaro) et Catriona Clark (Suzanne).www.azurialopera.com www.divaopera.com

Concerts dans  des châteaux allemands

Credit Suisse Allemagne est le spon- sor principal du Festival de Salzbourg (page 16) et le partenaire du Philharmo-nique de New York qui se produit grâce à lui dans six villes allemandes (page 6). Dans le cadre du Festival des arts « pèle-

Actualités du monde de la musique

rinages » de Weimar, il sponsorisera le concert de Tabea Zimmermann le 13 sep-tembre au château Belvédère. Il partici-pera aussi au Festival de musique du Rheingau en parrainant le récital de la soprano Diana Damrau le 29 août au château de Johannisberg à Geisenheim. A propos : le Rheingau Musikpreis 2008 a été décerné au compositeur et haut-boïste suisse Heinz Holliger, lauréat du prix du Festival de Zurich en 2007.www.rheingau-musik-festival.de  www.kunstfest-weimar.de

Festival Bernstein : « The Best of All Possible Worlds »

Le Carnegie Hall et le Philharmonique de New York organisent trente représenta-tions en hommage à Leonard Bernstein. Le célèbre compositeur et chef d’orches-tre, qui aurait eu 90 ans le 25 août, a été le premier Américain de naissance à de-venir directeur musical du Philharmo-nique de New York il y a cinquante ans. Au service de l’orchestre dès 1943 comme chef assistant d’Arthur Rodzinski, il fut nommé « chef lauréat » en 1969. Le Philharmonique de New York donnera huit concerts : les 25, 26 et 27 sep-tembre sous la direction de Lorin Maazel (page 8), le 18 octobre avec Delta David Gier, les 30/31 octobre et 1er novembre avec David Robertson ainsi que le 15 novembre avec Alan Gilbert (page 10). Un autre concert dirigé par Alan Gilbert avec le Juilliard Orchestra est prévu pour le 25 novembre. Le « West Side Story » de Bernstein sera en outre interprété par le Simón Bolívar Youth Orchestra of Venezuela et le Venezuelan Brass Ensemble le 23 août au Festival de Salzbourg.

www.carnegiehall.org www.leonardbernstein.com 

Sponsoring musical en Asie

Depuis dix ans, le Credit Suisse sponso-rise aussi la musique classique en Asie. Cet engagement a débuté grâce à un partenariat avec le Beijing Music Festival, qui dure de mi-octobre à mi-novembre et comprend une trentaine de représenta-tions dont font partie la Night of Credit Suisse et le Credit Suisse Children Concert. En 2006, un nouveau partena-riat a été conclu avec la Canton Interna-tional Summer Music Academy (CISMA) dirigée par Charles Dutoit et Long Yu. Depuis décembre 2007, la banque par-raine également le Bangkok Symphony Orchestra. Cet orchestre prestigieux placé sous le patronage du prince héritier thaïlandais Maha Vajiralongkorn réalise-ra avec le Credit Suisse une douzaine de concerts d’ici à fin 2008, avec en clô-ture un récital de piano donné par Lang Lang le 11 décembre.www.bmf.org.cn, www.cisma.org.cn  www.bangkoksymphony.net

« Carmen » à Moscou

Le Théâtre du Bolchoï (page 19) a actuellement plus d’une vingtaine d’opé-ras à l’affiche. Le 22 avril dernier, il a accueilli pour la première fois « Carmen » de Bizet en français, avec un orchestre dirigé par Youri Temirkanov, une mise en scène de David Pountney et, dans le rôle principal, la Bulgare Nadia Krasteva. Suite au succès des six premières repré-sentations, l’opéra sera rejoué les 20, 21, 22 et 23 novembre. « La Dame de pique » de Tchaïkovski fera elle aussi son retour au Bolchoï les 24 et 25 dé-cembre sous la direction musicale de Mikhaïl Pletnev. schi

www.bolshoi.ru

08  |  Credit Suisse Bulletin plus  |  Musique classique

Le 15 août, Riccardo Muti (né en 1941) dirigera au Festival de Salzbourg (voir page 16) le Requiem allemand op. 45 de Johannes Brahms en hommage à Herbert von Karajan (1908–1989). Il y a vingt ans, c’est avec cette œuvre que Karajan avait fait sa dernière apparition dans la grande salle du festival. Le gé- nial maestro, qui aurait eu 100 ans le 5 avril, a donné plus de 400 concerts à Salzbourg. En 1956, il est nommé pour quelques années directeur artistique du festival, avant d’être membre de sa direc-tion de 1964 à 1988. C’est à lui que re-vient la paternité du Festival de Pâques de Salzbourg et de celui de Pentecôte, dont le rayonnement s’étend encore sous la direction de Riccardo Muti.

Karajan n’avait pas son pareil pour marier culture et glamour, marketing et technique ultramoderne. « Celui qui a at-teint tous ses buts a probablement fixé la barre trop bas » était la devise qu’il ap-pliquait dans sa quête de la sonorité par-faite. Dans ce domaine, il est devenu une référence, même si les critiques lui re-prochaient parfois un manque d’émotion. Pour cette année anniversaire, on men-tionnera en particulier le « Karajan 2008 Anniversary Tour » des Philharmoniques de Berlin et de Vienne. En outre, les « Siemens Festspielnächte » proposent durant le Festival de Salzbourg un cycle de films d’opéras et de concerts.

Maazel : vaincre ses inhibitions

Lorin Maazel (né en 1930) semble dé-border de confiance. Pourtant, dans une interview accordée il y a une dizaine

Les maîtres de la baguette« Un mauvais chanteur ne peut gâter que son propre rôle, le chef d’orchestre incapable ou malveillant ruine tout », a dit Hector Berlioz. Petite incursion dans les secrets de Lorin Maazel, David Zinman, Marek Janowski et Alan Gilbert, sans oublier Herbert von Karajan.

d’années à « Klassik heute », il déclare avoir dû vaincre d’énormes inhibitions, tant comme compositeur que comme chef d’orchestre. « J’étais si impression-né par les grands maîtres que je me sentais tout intimidé avec mes modestes talents. Je me disais : ‹ Je ne leur arrive pas à la cheville, à quoi bon alors me mesurer à eux ›, ce qui n’était pas la bonne attitude. C’est bien d’admirer les maîtres, mais croire qu’on sera comparé à eux cache aussi de l’orgueil. Car, fina-lement, il faut faire ce à quoi l’on est contraint. »

Les complexes du compositeur Lorin Maazel ont été balayés par Mstislav Leopoldovitch Rostropovitch (1927–2007), et on ne peut que s’en réjouir à l’écoute de son opéra « 1984 » inspiré de George Orwell et créé en 2005. Quant à ses inhibitions de chef d’orchestre, il les a rapidement surmontées avec l’aide de Victor de Sabata (1892–1967) : « Tu dois persévérer. C’est aux autres de te juger. »

Lorin Maazel commence le piano et le violon dès l’âge de 5 ans. Il joue plus tard comme violoniste dans l’Orchestre de Pittsburgh et il lui arrive encore par-fois de prendre l’archet. Mais c’est à 9 ans déjà que « Little Maazel » se re-trouve au pupitre de l’Orchestre philhar-monique de Los Angeles, et il dirige pour la première fois le Philharmonique de New York à 12 ans seulement. Avant de devenir en septembre 2002, c’est-à-dire soixante ans plus tard, directeur musical de l’orchestre, il avait déjà été invité à le diriger plus de cent fois.

Au cours de sa longue carrière, Lorin Maazel a dirigé plus de 150 orchestres et plus de 5 000 opéras et concerts ; quelque 300 enregistrements portent en outre son nom. En 2001, Lorin Maazel a donné son centième concert au Festival de Salzbourg et, en 2005, il a dirigé pour la dixième fois le Concert du Nouvel An de l’Orchestre philharmonique de Vienne.

Sa maîtrise des partitions les plus dif-ficiles et sa virtuosité au pupitre sou-lèvent l’admiration. Tout semble lui être facile. Sa recette du succès ? « Je ne dirige que ce que j’aime. »

Zinman : nouvel élan après une pause

Dans son ouvrage de référence « Grosse Dirigenten », Wolfgang Schreiber décrit David Zinman (né en 1936) comme un artiste ouvert au changement et promis à une grande carrière sur le tard. L’auteur compte peut-être justement parmi ceux qui se sont trop longtemps désintéressés de son parcours. Après une formation auprès de Pierre Monteux et de l’Or-chestre symphonique de Londres, David Zinman s’est vu confier à 28 ans la direc-tion de l’Orchestre de chambre néer-landais d’Amsterdam, à la tête duquel il est resté pendant treize ans. C’est avec la même constance qu’il a travaillé avec l’Orchestre philharmonique de Rochester (1974–1985) et l’Orchestre de Phila-delphie (1985–1998). A présent, David Zinman est le directeur musical du Fes-tival de musique d’Aspen (depuis 1998) et le chef attitré de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich (depuis 1995).

Durant la dernière saison, il s’est ac-cordé une pause en bordure du désert californien, seul avec son épouse et son chat. « Les salles de concert ne m’ont pas manqué, mais les échanges humains, si », confie-t-il. « Je jouais au golf chaque après-midi pour me ressourcer. » Quant aux matinées, il les consacrait à la lecture, à la rédaction de sa biographie et à l’étude d’œuvres, notamment de Gustav Mahler, dont il est en train d’en-registrer les dix symphonies avec l’Or-

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chestre de la Tonhalle de Zurich (voir page 11). Déjà à Rochester et à Phila-delphie, il avait beaucoup fréquenté ces œuvres, qu’il avait découvertes dans les années 1940 alors que Bruno Walter (1876–1972) dirigeait le Philharmonique de New York. Plus tard, il a pu observer Dimitri Mitropoulos (1896–1960), grand défricheur de Mahler, dans ses répéti-tions avec ce même orchestre. Témoin des différentes approches de ses con-frères, il finit par trouver son propre ac-cès : aujourd’hui, Bruno Walter lui paraît

trop accommodant, Leonard Bernstein (1918–1990) trop personnel, Otto Klemperer (1885–1973) trop dur. En re-vanche, la précision de Georg Szell (1897–1970) dans Mahler l’impressionne particulièrement. La transparence et l’équilibre sonore sont essentiels pour David Zinman. En tant que chef d’or-chestre, il considère de son devoir de ne pas souligner les excès émotionnels de Mahler. Des prix comme le Midem Classical Award 2007 pour le Concerto pour violon de Beethoven (avec Christian

Tetzlaff) et le Midem Classical Award « Artist of the Year 2008 » (pour l’en-semble de son œuvre) montrent qu’il se trouve sur la bonne voie.

Janowski : « Haydn est bon pour tous »

Marek Janowski (né en 1939) fête cette année le 90e anniversaire de l’Orchestre de la Suisse Romande, qu’il dirige avec succès depuis trois ans parallèlement à l’Orchestre symphonique de la Radio berlinoise. Son 70e anniversaire lui don-nera-t-il aussi la possibilité d’attirer >

En haut à gauche  Lorin Maazel dirige le Philharmonique de New York depuis 2002.  En haut à droite  Après une saison sabbatique, David Zinman est de retour à Zurich à la tête de l’Orchestre de la Tonhalle.  En bas à gauche  Marek  Janowski fête les 90 ans de l’Orchestre de la Suisse Romande.  En bas à droite  Alan Gilbert incarne la nouvelle géné­ration de chefs d’orchestre.

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l’attention du public ? « Franchement, je n’attache pas une grande importance aux anniversaires, répond-il, et je n’ai quasiment pas fêté ni mes 50 ans ni mes 60 ans, mais il vrai que c’est l’occasion de réfléchir sur sa vie. » La publication d’une biographie à ce moment précis est une pure coïncidence.

Marek Janowski a gravi les marches une à une. « Malheureusement, je crois que la méthode ancienne a presque disparu : on apprenait l’art de la direction en profondeur, étape par étape et jusque dans les moindres détails. Cela explique probablement pourquoi certains chefs qui occupent très jeunes des postes im-portants connaissent beaucoup trop peu les aspects techniques. »

Parmi les compositeurs à qui on ren-dra bientôt hommage, il apprécie tout particulièrement Joseph Haydn, mort à Vienne en mai 1809, qui revêt à ses yeux une importance spéciale en raison de la précision qu’il exige de l’orchestre. Selon lui, les formations classiques devraient revenir périodiquement à Haydn afin de tout remettre à sa juste place : « Cultiver la précision verticale est ce qui compte le plus dans la musique. Seulement en-suite vient l’aspect artistique, le travail d’inspiration. Mais la précision verticale exige aussi un parfait équilibre entre cuivres, bois et cordes. Pour moi, cela fait partie d’une lecture intelligente des partitions. »

Gilbert : la jeune garde en marche

« La direction d’orchestre est un proces-sus évolutif permanent, et les chefs ne deviennent peut-être musicalement inté-ressants qu’à 60 ans », déclarait en 1992 Sir Simon Rattle (né en 1955) dans le magazine NZZ Folio. Simon Rattle dirige le Philharmonique de Berlin depuis 1999. Qu’est-ce que ce sera dans sept ans, lorsqu’il sera devenu un chef « intéres-sant » !

Un des grands défis est de rajeunir suffisamment tôt les directions d’or-chestre. Le Philharmonique de Los Angeles a franchi le pas en nommant

chef titulaire le Vénézuélien Gustavo Dudamel (voir page 18), né en 1981, à partir de la saison 2009/2010. Le Phil-harmonique de New York a fait lui aussi le choix de l’avenir en appelant Alan Gilbert (né en 1967) au pupitre dès 2009.

Alan Gilbert a grandi avec le Philhar-monique de New York. Sa mère y est violoniste et son père l’a été jusqu’en 2001. Sa sœur aussi y a joué un certain temps, et un de ses cousins travaille à la direction. Lorsqu’il a appris que l’or-chestre recherchait un jeune chef, il a tout naturellement présenté sa candida-ture, mais sa nomination ne lui est pas tombée du ciel pour autant. « Tous les chefs rêvent de diriger un jour une grande formation, mais je n’aurais jamais osé songer au Philharmonique de New York », avoue-t-il. Toujours est-il qu’à partir de 2001, il a eu l’occasion de diriger l’or-chestre une trentaine de fois comme chef invité, pour le plus grand plaisir de tous. Car un des atouts d’Alan Gilbert est de savoir créer une bonne ambiance. Il est moins le chef sévère qui règne sur l’orchestre en maître absolu qu’un pri-mus inter pares, le leader d’un groupe au

sein duquel tous doivent collaborer étroi-tement. Ces dernières années, Alan Gilbert a accumulé des expériences avec l’Orchestre philharmonique royal de Stockholm (2000–2008), à l’Opéra de Santa Fe (2003–2006) ainsi que comme premier chef invité de l’Orchestre sym-phonique de la NDR (depuis 2004). Quels changements sa venue apportera-t-elle ? Alan Gilbert reste sur la réserve, préférant nous renvoyer à son dernier programme. Une chose est sûre : les compositeurs modernes et américains seront certainement à l’honneur. « Le vrai défi est d’articuler les différentes œuvres d’une manière à la fois compré-hensible et inhabituelle. Le Philharmo-nique de New York est un orchestre si extraordinaire qu’il peut vraiment tout jouer. » Ce qui rappelle qu’aucun son ne sort jamais de la baguette d’un chef et que, aussi bon soit-il, celui-ci ne peut rien faire sans un orchestre de qualité.

  Andreas Schiendorfer

Un musicien parmi les musiciens

En faisant appel en 2007 à Kristjan Järvi (né en 1972),  l’Orchestre de chambre de Bâle s’est assuré les conseils  d’un chef parmi les plus demandés.

Le New York Times l’a comparé à Leonard Bernstein, relevant sa « présence pétillante sur scène ». Kristjan Järvi ne se  voit toutefois pas comme « un magicien de la baguette », mais comme « un musicien parmi les musiciens ».

Ce descendant d’une dynastie de musiciens estoniens aime briser les conventions. Il s’attaque à un vaste répertoire allant du XVIIe siècle à la musique contemporaine. Fondé en 1993, son Absolute Ensemble ne se limite pas à la musique clas­sique, mais interprète aussi des morceaux de jazz, de rock, d’électro et de musique du monde.

Daniel Schnyder, compositeur et saxophoniste suisse, dit de Kristjan Järvi : « Avec son approche globale, il montre la voie à suivre en musique. Prototype du jeune chef d’orchestre, il est ouvert à tous les styles. »   Michael Krobath

www.maestromaazel.com  www.davidzinman.org  www.kristjanjarvi.com

Credit Suisse Bulletin plus  | Musique classique  |  11

mort de Richard Wagner. Joseph Haydn (mort en 1809), Felix Mendelssohn (né en 1809), Georg Friedrich Händel (mort en 1759) et Bohuslav Martinů (mort en 1959) seront à l’honneur en 2009. L’année 2010 sera celle de Robert Schumann (né en 1810), et 2011 celle de Franz Liszt (né en 1811) ainsi que de Gustav Mahler, mort le 18 mai 1911 à Vienne.

Pour cet anniversaire, l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich conclura avec David Zinman (page 8) son cycle de dix symphonies de Mahler, dont les six premières sont déjà disponibles chez RCA Red Seal. La septième sera jouée en concert les 17, 18 et 19 septembre, puis enregistrée sur CD, la huitième (« Symphonie des Mille ») sera à l’affiche les 25 et 26 février 2009 au KKL de Lucerne et la première, en ré majeur, sera proposée les 1er et 2 octobre à Zurich, puis du 4 au 9 octobre à Luxem­bourg, Paris, Eindhoven, Amsterdam et Hanovre. « Going against Fate » est le titre d’un documentaire réalisé par Viviane Blumenschein (sortie à l’automne en DVD) qui retrace l’enregistrement de la Symphonie n° 6 en la mineur de Mahler, depuis la première répétition jusqu’au travail en studio. Un regard passionnant sur un orchestre dont le Credit Suisse est partenaire depuis 1986.www.tonhalle-orchester.ch

Rose d’or pour  l’Opéra de Zurich

Le 1er mars 2007, la télévision suisse alé­manique avait retransmis « La Flûte en­chantée », dirigée par Nikolaus Harnoncourt, en direct sur SF1 depuis l’Opéra de Zurich et proposé en même temps aux téléspectateurs d’en découvrir les cou­lisses sur SF2. Un programme qui a reçu une rose d’or lors du festival du même nom. Le 28 juin, en pleine fièvre de l’Euro, la première de « Carmen » a été diffusée à la Public Viewing Arena de Zurich, qui peut accueillir 12 000 specta­teurs. Pour qui aurait manqué ce spec­tacle (dirigé par Franz Welser­Möst, avec Vesselina Kasarova dans le rôle­ titre), d’autres représentations auront lieu à partir du 14 novembre. Durant la nouvelle saison, l’équipe d’Alexander Pereira, intendant de l’Opéra de Zurich, continuera à innover : le 30 septembre, le projet télévisuel « La Traviata » sera réalisé dans la gare centrale de Zurich et retransmis à partir de 20 heures dans l’émission « Klanghotel live » sur SF1. Le Credit Suisse apporte un soutien parti­culier à l’opéra « Lucia di Lammermoor » de Donizetti, dirigé par Nello Santi (pre­mière le 14 septembre), ainsi qu’à « Così fan tutte » de Mozart, dirigé par Franz Welser­Möst (première le 28 juin 2009), dans le cadre du Festival de Zurich. Le Credit Suisse est sponsor principal de l’Opéra de Zurich depuis 1989 et parte­naire de son « Orchester­Akademie » depuis 2006.www.opernhaus.ch

Hommage à Gustav Mahler

L’année 2008 marquera le centenaire de la naissance de Herbert von Karajan et d’Elliott Carter ainsi que les 125 ans de la

Actualités du monde de la musique

Hilary Hahn avec l’Orchestre  de la Suisse Romande

L’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) a été dirigé pendant près de cinquante ans par Ernest Ansermet, puis par Wolfgang Sawallisch (1970–1980) et Armin Jordan (1985–1997). Depuis 2005, l’OSR, dont le Credit Suisse est sponsor principal depuis 1991, a pour chef Marek Janowski (page 10). Le 90e anniversaire de l’orchestre sera célébré par cinq concerts pour violon de la série Credit Suisse : après Julia Fischer, Yossif Ivanov et Renaud Capuçon, Hilary Hahn (4 septembre) et Arabella Steinbacher (5 décembre) joueront au Victoria Hall de Genève. Un hommage à Django Reinhardt sera rendu le 18 décembre dans le cadre de la série Mosaïque.www.osr.ch

Le Philharmonique de Berlin  au Festival de Zermatt

Outre les festivals classiques d’Avenches, de Saint­Gall, de Soleure, de Davos et de Lucerne (page 12), le Credit Suisse soutient depuis 2005 le Festival de Zermatt. Là où Pablo Casals donnait ré­gulièrement libre cours à son génie, des interprètes de musique de chambre de l’Orchestre philharmonique de Berlin viendront jouer du 5 au 21 septembre pour la quatrième fois, accompagnés du Scharoun Ensemble Berlin, de l’Or­chestre de Chambre de Lausanne et du Zermatt Festival Chamber Orchestra. Le Philharmonique de Berlin, dirigé par Simon Rattle, se produira également à la Tonhalle de Zurich le 20 février 2009. Le lendemain, les sept Suisses du Phil­harmonique de Berlin y donneront un concert de musique de chambre. schi

www.zermattfestival.net

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Selon son directeur artistique et exécutif, Michael Haefliger, l’ambition du Festival de Lucerne, l’un des plus anciens festivals de musique classique, est de présenter les formations les plus prestigieuses dans l’une des meilleures salles du monde. « L’accent est mis sur la musique de concert, en particulier la musique d’orchestre, à la différence du Festival de Salzbourg qui fait la part belle à l’opéra. L’intérêt du Festival de Lucerne est qu’il permet au public, durant cinq semaines et demie, d’écouter la meilleure musique d’orchestre actuelle en un seul et même lieu. »

Pas moins de 32 concerts sympho-niques figurent au programme de l’édition 2008, à laquelle les Orchestres philhar-moniques de New York et de Vienne sont invités. L’Orchestre du Festival de Lu-cerne, dirigé par Claudio Abbado, se pro-duira également. « Les formations et chefs d’orchestre les plus renommés par-ticipent au Festival de Lucerne depuis sa création par le chef d’orchestre italien Arturo Toscanini en 1938 », souligne Michael Haefliger. Au fil des ans, le pro-gramme s’est enrichi de récitals, de con-certs de musique de chambre et d’une série « Début » visant à promouvoir de jeunes artistes.

A l’honneur : la musique à danser

« Une étroite relation unit la danse et la musique. Le mouvement ou la danse accompagnent la musique depuis ses origines et ont stimulé son développe-ment. C’est pourquoi le thème de la mu-sique à danser a été choisi pour le festival 2008 », explique Michael Haefliger. La

Un été de festivals  à Lucerne et à DavosCet été, le Festival de Lucerne s’intéressera à la musique à danser à travers plus d’une centaine d’événements, et à Davos, le festival de musique de chambre dédié aux jeunes talents sera consacré au thème de l’équinoxe.

musique baroque, pour ne citer qu’elle, a été composée dans cette optique, et les gens de l’époque dansaient sur les suites de Jean-Sébastien Bach et de Jean-Baptiste Lully.

« Aujourd’hui, nous avons perdu cette dimension et considérons que la musique baroque fait partie du répertoire de la musique classique », note Michael Haefliger. L’exploration du thème de la musique à danser mettra l’accent sur les chefs-d’œuvre classiques composés pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev. Igor Stravinsky, Maurice Ravel et Sergueï Prokofiev ont fait partie des nombreux compositeurs qui ont travaillé pour cette célèbre compagnie. « Avec le temps, ces œuvres sont devenues des pièces pour concert. Nous n’allons pas les chorégra-phier, mais nous les présenterons dans leur contexte », ajoute Michael Haefliger.

Outre les nombreuses pièces con-sacrées à la danse et au ballet, le choré-graphe et metteur en scène Joachim Schlömer présentera deux premières mondiales basées sur les six Suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach et sur « L’Enlèvement au sérail » de Wolfgang Amadeus Mozart. George Benjamin, le compositeur résident de cette édition, écrira un nouveau morceau pour piano qui sera interprété pour la toute première fois le 30 août par le soliste Pierre-Laurent Aimard.

Concert du Philharmonique de Vienne

L’un des grands moments du festival sera le concert donné le 8 septembre par le Philharmonique de Vienne dirigé par

Riccardo Muti. Durant la première partie, le lauréat du Credit Suisse Young Artist Award 2008, l’altiste Antoine Tamestit (voir page 14), jouera une œuvre de Béla Bartók. « Ce concert permettra de promouvoir l’alto comme instrument solo. Antoine Tamestit est un musicien talentueux, sensible au répertoire de toutes les époques musicales », explique Michael Haefliger, qui faisait partie du jury du concours. « En plus du récital, il a dû expliquer le rôle de la musique dans la société et il a réussi à nous convaincre. Antoine Tamestit est le type même d’artiste ouvert et moderne que nous voulons récompenser. » La seconde par-tie du concert sera consacrée à la symphonie no 2 en ut mineur d’Anton Bruckner, une composition jugée trop dif-ficile à sa création en 1872.

Une préparation de longue haleine

L’organisation de l’édition 2008 du festi-val a démarré il y a trois ans. « Le Festival de Lucerne est très renommé ; la princi-pale difficulté n’est pas d’y faire venir des orchestres ou des solistes, mais de pro-poser un programme intéressant et varié qui plaise au public », souligne Michael Haefliger.

Environ 85% des spectateurs sont suisses, les autres venant d’Allemagne, d’Italie et du Royaume-Uni. « Le public n’est pas vraiment jeune, l’âge moyen est d’environ 50 ans. Nous essayons de séduire un public plus jeune avec des concerts nocturnes à partir de 22 heures et un festival de rue à travers toute la ville », ajoute Michael Haefliger. Celui-ci n’a cependant pas à s’inquiéter de la fréquentation : l’an dernier, le festival a accueilli plus de 100 000 personnes, le taux de réservation atteignant 94%. « C’est la tradition et la qualité du festival qui attirent le public. Divers projets nova-teurs ont, dans une certaine mesure, ren-forcé son identité. »

Davos accueille les jeunes talents

Avant de devenir directeur artistique et exécutif du Festival de Lucerne en 1999,

Credit Suisse Bulletin plus  |  Musique classique  |  13

Michael Haefliger avait fondé le Festival de Davos en 1986 : « Mon diplôme en poche, je voulais créer une plate-forme où les jeunes artistes puissent rencon-trer d’autres musiciens et faire de la musique de chambre ensemble. » A par-tir du 26 juillet, le Festival de Davos explorera pendant deux semaines le thème de l’équinoxe, les deux journées de l’année où le jour et la nuit sont d’égale durée.

« Dans cette 23e édition du Festival de Davos, la musique aura des liens avec la nuit et le monde des rêves, mais aussi avec l’oscillation de la lumière et des couleurs dans la musique. Un concert sera donné à l’aube lors d’une prome-nade musicale en montagne », annonce le chef d’orchestre Graziella Contratto, actuelle directrice artistique du festival. Une soixantaine de jeunes artistes ta-lentueux ont été invités à se produire. « Ce qui compte quand je choisis des mu-siciens, c’est qu’ils soient de bons inter-

prètes de musique de chambre et qu’ils se complètent bien. Ce n’est pas la peine d’inviter un soliste exceptionnel à qui manquent l’empathie et la sensibilité nécessaires pour jouer dans un ensem-ble. Le but est d’ouvrir leur ego artis-tique dans le meilleur sens du terme pour former un groupe cohérent. »

Musique contemporaine au programme

Lorsqu’on évoque la musique de chambre, on pense automatiquement à la période baroque. « La musique classique con-temporaine est également au programme du Festival de Davos. Des concerts de musique moderne seront donnés et deux compositeurs suisses (Cécile Marti et Laurent Mettraux) ont été invités. Deux pièces composées tout spécialement pour le festival seront présentées en pre-mière mondiale le 30 juillet », explique Graziella Contratto. Le festival innove cette année en ouvrant au public un ate-lier de composition placé sous la di-

rection du compositeur estonien Erkki-Sven Tüür. « Cet atelier sera consacré à l’étude du style des compositeurs invités et de leur vision de la création sonore », précise-t-elle. Parmi les autres nouveau-tés figurent des lieux de concert originaux comme une charpenterie, la salle d’at-tente de la gare de Davos Platz et plu-sieurs chapelles de montagne.

Un concert sera donné dans le hall de l’hôtel Schatzalp, un établissement art nouveau du début du siècle dernier. A l’instar des touristes décrits dans « La Montagne magique » de Thomas Mann, c’est sur des chaises longues que le public pourra écouter le trio de musiciens. Le centre des congrès de Davos ac-cueillera la majorité des concerts. La renommée de ce festival va croissant et l’édition de l’an dernier a attiré plus de 5 000 personnes. Le Credit Suisse est le partenaire du Festival de Davos depuis sa création en 1986. Dorothée Enskog

A gauche  Le Festival de Lucerne, qui se déroulera du 13 août au 21 septembre, propose des concerts symphoniques et de musique de chambre, de la musique ancienne et moderne, des pièces destinées à la scène et bien d’autres événements.  A droite  Graziella Contratto a été nommée  directrice artistique du Festival de Davos en 2006. Une manifestation qu’elle connaît bien pour y avoir participé en qualité de chef d’orchestre en 1999 et en 2000. Le Festival de Davos se déroulera du 26 juillet au 9 août.

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Dès son plus jeune âge, Antoine Tamestit baigne dans la musique, encou-ragé par son père et par sa grand-mère. « Pour mon cinquième anniver- saire, mes parents m’ont offert le violon dont je rêvais. Ils ne voulaient pas me pousser et j’ai pu essayer cet instrument quelques mois avant de prendre des le-çons. »

A 10 ans, découvrant les six Suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach, il est attiré par le timbre profond de cet instrument. « Mon professeur de violon m’a encouragé à opter pour l’alto, beau-coup plus proche du violon tout en ayant une sonorité plus grave. Aujourd’hui, je ne regrette pas du tout ce choix. La tessiture de l’alto me séduit par sa très grande proximité avec la voix humaine », explique-t-il.

Après des études au Conservatoire de Paris, Antoine Tamestit devient l’élève du célèbre altiste Jesse Levine, à l’Université de Yale, puis, pendant trois ans, d’une autre altiste réputée, Tabea Zimmermann, à Berlin. « Leur fa-çon de jouer a été pour moi une im- mense source d’inspiration », dit-il, ci-tant également William Primrose, les violonistes David Oïstrakh et Frank Peter Zimmermann, ainsi que le violoncelliste Yo-Yo Ma.

« Jouer de cet instrument me convient parfaitement. Je ne pourrais pas imagi-ner faire autre chose. J’ai beaucoup de chance d’exercer un métier chaque jour différent, même si je ne sous-estime pas l’énorme travail qu’exige la profes-sion de musicien », confie-t-il.

Antoine Tamestit, altiste virtuoseLauréat du Credit Suisse Young Artist Award 2008, Antoine Tamestit a su convaincre le jury grâce à un remarquable concert en solo et à sa vision du rôle de la musique dans la société. Dans le cadre de ce prix, le musicien de 29 ans se produira le 8 septembre avec le Philharmonique de Vienne lors du Festival de Lucerne.

Un répertoire étendu

Antoine Tamestit maîtrise un vaste réper-toire, qui couvre plusieurs siècles. « Un altiste est appelé à jouer principalement des œuvres contemporaines, car de nom-breuses pièces ont été écrites au XXe et au XXIe siècles. Mais pour comprendre et jouer ce type de musique, il faut bien connaître les styles baroque et classique. J’apprécie toutes les époques musicales et je m’attache à avoir un répertoire aussi étendu que possible. Les concerts avec des parties solistes pour alto étant rela-tivement rares, je dois être capable de jouer dans des ensembles de tailles di-verses. »

Il estime consacrer environ un tiers de son temps à des prestations en solo avec orchestre, et le reste à jouer des sonates avec accompagnement au piano ou de la musique de chambre au sein de trios ou de quatuors. « C’est sur scène que je par-viens à exprimer tous mes sentiments, y compris ceux que je ne montre pas tou-jours au quotidien. » Par ailleurs, Antoine Tamestit enseigne son instrument à la Hochschule für Musik de Cologne tous les quinze jours. « Je trouve très gratifiant d’avoir mes propres élèves et de les aider à progresser. Cela constitue également un véritable défi de leur expliquer ce qui pour moi est complètement naturel. » Pendant ses loisirs, il aime regarder des films, visiter des expositions d’art contem-porain et pratiquer la photographie.

Le Concerto pour alto de Béla Bartók

C’est ce concerto, l’une de ses œuvres préférées, qu’Antoine Tamestit a choisi

d’interpréter avec le Philharmonique de Vienne le 8 septembre à Lucerne. « Le premier mouvement est à la fois moderne et complexe, le deuxième romantique, avec une pureté de son que je vise à at-teindre et le troisième évoque la musique populaire hongroise. Cette variété me permet de montrer les différentes fa-cettes de l’alto. » Il décrit sa prochaine prestation solo avec l’Orchestre philhar-monique de Vienne sous la baguette de Riccardo Muti comme « une sorte de rêve que je n’aurais jamais pensé voir se réali-ser. Je suis sûr de beaucoup progresser grâce à ce concert. »

S’agissant des 75 000 francs qui lui seront remis dans le cadre du Credit Suisse Young Artist Award, Antoine Tamestit a déjà pris sa décision : «Il s’agit d’une somme inestimable, car elle me permet de mener librement à bien un projet artistique. J’ai l’intention de pas-ser commande à un compositeur de pre-mier plan. C’est important d’étoffer le répertoire pour alto, qui, à ce jour, n’est pas aussi large que celui destiné, par exemple, au violon. Il est également es-sentiel d’être en contact avec des com-positeurs contemporains, qui peuvent repousser les limites de l’alto et des altistes. » Dorothée Enskog

Le Credit Suisse  Young Artist Award

Décerné tous les deux ans, ce prix a pour but de donner  à de jeunes talents solistes les moyens et la possibilité de  se produire sur scène et de faire une percée décisive qui leur ouvrira les portes d’une grande carrière internationale. La Fon-dation du Jubilé du Credit Suisse apporte un soutien financier ; le Festival de Lucerne et l’Orches-tre philharmonique de Vienne mettent à disposition la scène et le savoir-faire. Le prix a été rem-porté par la violoncelliste Sol Gabetta en 2004 et par le pia-niste Martin Helmchen en 2006.

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Quand il ne parcourt pas le monde, Antoine Tamestit, qui a grandi à Paris, vit au cœur de Bruxelles, à quelques pas de la Grand-Place.  Son instrument, fabriqué par Stradivarius en 1672, lui a été prêté par la fondation Habisreutinger. Sa valeur est inestimable, car il ne reste  plus que six altos signés du célèbre luthier.

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Connaissez-vous l’Autrichien de l’année 2007 ? En fait, la question est mal posée car ce titre honorifique est décerné dans diverses catégories. Mais il s’agit ici de culture et de gestion artistique, et c’est pour son action dans ce domaine que Markus Hinterhäuser, directeur musical du Festival de Salzbourg, a été récom-pensé.

Cette distinction, il la doit notamment à son audacieux projet « Continent », qui consiste à centrer un programme sur un compositeur résolument moderne et à lui porter ainsi l’attention qu’il mérite. A Giacinto Scelsi (1905–1988), originaire de La Spezia, succède cette année le compositeur sicilien Salvatore Sciarrino (62 ans). Des découvertes vraiment étonnantes en vue.

Mais au-delà de cet hommage, c’est une performance exceptionnelle qui est reconnue. En effet, la nouvelle équipe composée de Jürgen Flimm, directeur du festival, de Thomas Oberender, directeur des spectacles, et de Markus Hinter- häuser est parvenue d’emblée, certes non pas à faire oublier la fabuleuse année Mozart 2006, mais à conduire avec maestria le Festival de Salzbourg dans l’ère post-anniversaire.

Entre Eros et Thanatos 

« L’édition 2007 du festival, dont le suc-cès a dépassé toutes nos attentes, avait pour fil conducteur un thème difficile : la face cachée de la raison », aime à rappe-ler Jürgen Flimm. « Le thème s’est re-trouvé dans beaucoup de nos opéras, concerts et spectacles, et de nombreux

Car l’amour est fort  comme la mortLes « Salzburger Festspiele », un des plus grands festivals de musique classique, proposent du 26 juillet au 31 août un programme plein de surprises et de temps forts. Le Credit Suisse parraine l’événement depuis 2006 en qualité de sponsor principal.

débats et symposiums ont abordé les zones d’ombre de notre vie prétendu-ment éclairée. »

Jan Fabre a clôturé le festival avec son « Requiem pour une métamorphose », une messe funèbre théâtrale exprimant le mystère des derniers instants, du bai-ser de la mort. Le programme 2008 était ainsi tout trouvé. Il est consacré à Eros, dieu de l’amour, et à Thanatos, dieu de la mort. Le leitmotiv « Car l’amour est fort comme la mort » est emprunté à la Bible, plus précisément au Cantique des Can-tiques de Salomon, le texte continuant par « la jalousie est inflexible comme le séjour des morts ».

Cet été, 43 représentations d’opéra, 81 concerts et 68 spectacles de théâtre évoqueront ainsi les liens indissociables de l’amour et de la mort. Avec un tel nombre de manifestations, il est heureux que la direction artistique ne se soit pas limitée au thème de l’amour. Mais comme l’a prouvé l’édition 2007 du festival, il n’y a aucune raison de craindre un pro-gramme sombre et pesant ; il faut au contraire s’attendre à un bouquet musi-cal bigarré, de grande qualité, enrichis-sant à tous égards, s’épanouissant dans treize lieux différents.

Les représentations d’opéra foca- lisent l’intérêt. A juste titre. Tout com-mencera par un grand classique : « Don Giovanni » de Wolfgang Amadeus Mozart. Vouloir décrire ce drame religieux, c’est comme vouloir emporter des « boules de Mozart » (chocolats à l’effigie du compo-siteur) à Salzbourg. « Don Giovanni » a déjà été vingt-cinq fois à l’affiche du fes-

tival, notamment en 2006 dans une mise en scène de Martin Kušej avec le Phil-harmonique de Vienne placé sous la di-rection de Daniel Harding. Si souvent in-terprétée, l’œuvre n’en est pas moins présentée chaque fois sous un jour nou-veau, et cette capacité de transforma-tion, qui caractérise les chefs-d’œuvre, doit beaucoup à l’inventivité des artistes. Cette année, la direction du Philharmo-nique a été confiée à Bertrand de Billy. Christopher Maltmann tiendra le rôle de Don Giovanni et Matthew Polenzani celui de Don Ottavio. Annette Dasch campera Donna Anna et Dorothea Röschmann, Donna Elvira, ce qui ne manquera pas de réjouir les mélomanes. Mais la surprise viendra du metteur en scène Claus Guth. Après avoir enthousiasmé le public ces deux dernières années avec « Les Noces de Figaro » de Mozart, quelles nouvelles facettes de l’œuvre va-t-il nous faire dé-couvrir ?

Nino Machaidze en Juliette

Suivront, le 1er août, la première de l’« Otello » de Verdi, avec Riccardo Muti à la direction musicale et Stephen Langridge à la mise en scène, puis celle du « Roméo et Juliette » de Charles Gounod le 2 août. La direction musicale sera assurée par Yannick Nézet-Séguin et la mise en scène par Bartlett Sher. Mais alors, qui, outre Ailyn Pérez, chan-tera Juliette et remplacera cette fois-ci Anna Netrebko, qui attend un enfant ?

Le mystère a été dévoilé par la prési-dente du festival, Helga Rabl-Stadler, lors de la présentation du programme 2008 aux membres suisses de la « Société des Amis du Festival de Salzbourg », au siège de la corporation zurichoise de la Mésange. Gerbert Schwaighofer, le directeur commercial, assure que la défection d’Anna Netrebko n’a entraîné aucune annulation et que personne n’aura à se plaindre de la nou-velle Juliette, la jeune Géorgienne de 25 ans Nino Machaidze.

Soit dit en passant, le Festival de Salzbourg reste un phénomène du point

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de vue commercial, car il est auto- financé à 74%, contre 13% en moyenne pour les scènes d’opéra germanophones. Les pouvoirs publics ne contribuent donc à son budget qu’à hauteur de 26%, et Gerbert Schwaighofer affirme que cela représente moins que ce qui retourne à la collectivité à travers les impôts. La fré-quentation a atteint pas moins de 94% en 2007, les 207 manifestations ayant attiré 244 000 personnes.

Mais revenons aux premières : le 6 août sera donné – en langue hongroise – « Le Château de Barbe-Bleue », unique opéra de Béla Bartók. La direction musicale sera assurée par Peter Eötvös. Falk Struckmann interprétera Barbe-Bleue et Michelle DeYoung, Judith. Une semaine plus tard aura lieu la reprise de « La Flûte enchantée » de Mozart (voir photo de couverture), de nouveau avec Riccardo Muti, dans une mise en scène de Pierre Audi. Avec 33 saisons, ce grand classique fait même mieux que « Don Giovanni » en termes de popularité. Un prodige ? Un enchantement en tout cas.

Rencontre avec une ondine

Le Credit Suisse, avec ses hôtes et ses collaborateurs, sera présent à différentes manifestations du Festival de Salzbourg, notamment aux premières de « Don Giovanni » le 27 juillet et d’« Otello » le 1er août, jour de la fête nationale suisse.

Toutefois, la banque s’intéresse aussi tout particulièrement à la première de « Rusalka »,  d’Antonín Dvořák,  qui  aura lieu le 17 août. Pas parce que ce conte lyrique n’a jamais été représenté à Salzbourg, mais avant tout parce qu’elle peut contribuer dans une certaine me-sure au succès de l’œuvre dans le cadre de sa rencontre d’été. « Le jour de la pre-mière, nous présenterons cet opéra à quelque 80 représentants des médias », explique Michael M. Rüdiger, respon-sable Credit Suisse Central Europe, qui recevra les journalistes et les invités. « Wolfgang Herles, rédacteur en chef de l’émission culturelle ‹ Aspekte › ani-

1  L’équipe de « Rusalka » : Franz Welser-Möst, Jossi Wieler, Sergio Morabito  2  Ren-contre d’été 2007 : le metteur en scène Philipp Stölzl (à g.) avec Walter B. Kielholz, président du Conseil d’administration du Credit Suisse  3  Jürgen Flimm, directeur du festival (à g.), avec Walter Berchtold, responsable Credit Suisse Private Ban-king  4  La présidente du festival Helga Rabl-Stadler (à g.), avec Michael M. Rüdiger

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www.salzburgerfestspiele.at

mera une table ronde avec le directeur Jürgen Flimm et les deux metteurs en scène Jossi Wieler et Sergio Morabito. » Cette rencontre d’été se tiendra de nou-veau à la « Maison pour Mozart », où sera également donné « Rusalka ».

Chanté en langue originale, l’opéra sera surtitré en allemand et en anglais. Le prince aura les traits de Piotr Beczala. Alan Held chantera l’ondin Vodník et Adam Plachetka jouera le rôle du garde forestier. Emily Magee incarnera la princesse étrangère, Camilla Nylund, l’ondine Rusalka, Birgit Remmert, la  sorcière Ježibaba et Eva Liebau, membre de l’Ensemble de l’Opéra de Zurich, le marmiton.

Pour une fois, le Chœur de l’Opéra de Vienne se produira non pas avec le Philharmonique de Vienne, mais avec une des cinq premières formations des Etats-Unis, l’Orchestre de Cleveland placé sous la direction de Franz Welser-Möst. Après treize années de succès à l’Opéra de Zurich, le maestro deviendra en septembre 2010 directeur général de la musique à l’Opéra de Vienne. Il vient par ailleurs de prolonger son enga-gement avec l’Orchestre de Cleveland jusqu’en 2018, année du centenaire.

Après Salzbourg, les Américains se rendront au Festival de Lucerne (voir page 12), où ils donneront en création mondiale, le 30 août, la quatrième pièce de commande des Roche Commissions, la « Nouvelle œuvre pour piano et or-chestre » du compositeur britannique George Benjamin.

Salzbourg, c’est aussi un va-et-vient continuel, des rencontres avec des étoiles montantes, des adieux à des sommités qui nous ont offert tant de grands mo-ments musicaux. En 1960, un jeune pia-niste autrichien né à Wiesenberg, en Moravie du Nord, fait ses débuts au fes-tival avec le Philharmonique de Vienne. Hindemith, Krenek et Stravinski sont au programme. Le 3 août 2008, âgé de 77 ans, il donnera un récital – à guichets fermés – dans la grande salle du festival. Ce sera sa 64e apparition au festival, la

dernière aussi. L’amour et la mort ? Partir, c’est toujours mourir un peu, mais c’est en pleine possession de ses moyens qu’il a pris la décision d’arrêter. Un grand hon-neur pour l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, qui entamera avec lui, début oc-tobre, une tournée d’adieu passant par Luxembourg, Paris et Amsterdam. Son tout dernier concert public, Alfred Brendel, car c’est de lui qu’il s’agit, le donnera toutefois le 18 décembre à Vienne, où il retrouvera son Philharmo-nique.

Projet socio-musical

En 2007, Daniel Barenboïm et son West-Eastern Divan Orchestra ont passé trois semaines à Salzbourg. Issus de pays d’un Proche-Orient toujours en conflit, les jeunes instrumentistes et leur public font renaître l’espoir, réalisent ce dont l’art est capable : abolir les frontières, ré-tablir la paix. Ici et maintenant. Partout et toujours.

Cette année, c’est au tour du Simón Bolívar Youth Orchestra d’être accueilli au Festival de Salzbourg. Cette forma-tion vénézuélienne témoignera d’un pro-

jet socio-musical fascinant, la FESNOJIV (Fundación del Estado para el Sistema Nacional de las Orquestas Juveniles e Infantiles de Venezuela). Son fondateur, José Antonio Abreu, a commencé il y a trente ans à distribuer des instruments de musique pour ensuite transformer peu à peu tout le pays en un paradis mu-sical pour les enfants. Aujourd’hui, le Sistema emploie 15 000 professeurs qui enseignent la musique à 250 000 en-fants appartenant pour 90% aux couches sociales défavorisées et aux classes de revenu inférieures.

Faute d’avoir les bras assez longs, un de ces enfants abandonne le trom-bone pour le violon avant de découvrir la composition et la direction d’or- chestre. Agé à peine de 16 ans, Gustavo Dudamel est nommé chef titulaire de l’Orchestre national des jeunes Simón Bolívar, vitrine du Sistema. C’est le début d’une carrière internationale. En 2009, à seulement 28 ans, il prendra la tête de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles. Andreas Schiendorfer

Festival de Salzbourg, 26 juillet–31 août

27 juillet (première) Don Giovanni. Opéra de Wolfgang Amadeus Mozart.  Bertrand de Billy, direction musicale ; Claus Guth, mise en  scène ; Christopher Maltman, Don Giovanni ; Annette Dasch, DonnaAnna;MatthewPolenzani,DonOttavio;Dorothea Röschmann, Donna Elvira.

1er août (première) Otello. Opéra de Giuseppe Verdi. Riccardo Muti, direction musicale ; Stephen Langridge, mise  en scène ; Aleksandrs Antonenko/Simon O’Neill, Otello ; Marina Poplavskaya/Maria Luigia Borsi, Desdémone.

17 août (première) Rusalka.Opérad’AntonínDvořák. Franz Welser-Möst, direction musicale ; Jossi Wieler et Sergio Morabito, mise en scène ; Piotr Beczala, le prince ; Emily Magee, la princesse étrangère ; Camilla Nylund, Rusalka ; Alan Held, Vodnik;BirgitRemmert,Ježibaba.

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Italie, Grèce, Allemagne, Pays-Bas : en juillet, le Théâtre du Bolchoï a entamé une grande série de concerts et de ballets donnés à guichets fermés. Une tournée qui s’achèvera par la représentation d’« Eugène Onéguine », du 6 au 10 sep-tembre au Palais Garnier à Paris. Cette œuvre, composée par Tchaïkovski sur un livret de Constantin Chilovski et basée sur le roman éponyme de Pouchkine, est l’un des opéras russes les plus connus.

Le 14 septembre marquera le coup d’envoi de la saison 2008/2009, même si la première (« La Légende de la ville invisible de Kitège et de la demoiselle Fevronia », de Rimski-Korsakov) aura lieu près d’un mois plus tard, le 10 octobre. Le chef d’orchestre Alexander Vedernikov ex-plique l’importance de cet opéra : « Il s’agit d’un des rares opéras épiques du réper-toire russe. En plus de sa dimension dra-matique, il aborde des thèmes qui tou-chent l’humanité tout entière. C’est là que résident sa force et sa spécificité. »

Vedernikov estime que cette œuvre soulève deux sujets essentiels : le choix moral et la relation entre l’homme et la na-ture. « Dans une époque empreinte de bouleversements écologiques majeurs et de relativisme moral, alors que les prin- cipes fondamentaux disparaissent sous l’opportunisme politique, nous devons im-

Le Bolchoï : un théâtre moderne chargé d’histoireAprès une riche tournée européenne cet été, le Théâtre du Bolchoï se prépare à rentrer à Moscou pour le début de la saison 2008/2009. Mais avant de regagner le sol natal, il fera une escale très attendue à Paris.

pérativement entendre le message de cet opéra. »

Une institution de prestige

Les premières représentations données au Bolchoï remontent à 1780. Par la suite, le bâtiment connut une histoire mouve-mentée : ravagé par le feu en 1825, il fut reconstruit au même endroit avant de subir un nouvel incendie en 1853 qui détruisit l’intérieur du théâtre. De 1941 à 2005, le Bolchoï a présenté des centaines de pro-ductions d’envergure, dont des ballets et des opéras. Le bâtiment principal ferma à nouveau ses portes en 2005 pour une grande restauration visant à préserver l’ar-chitecture du monument et à doter la scène de moyens techniques modernes. Pendant cette fermeture, les compa- gnies d’opéra et de ballet continuent à proposer des concerts et des spectacles sur la « Nouvelle scène » située tout près du Bolchoï.

Si les travaux avancent comme prévu, le Bolchoï devrait rouvrir ses portes en no-vembre 2009, un événement qu’Anatoli Iksanov, son directeur général, attend avec impatience. « Notre théâtre est l’un des plus grands rendez-vous du spectacle depuis plus de deux siècles », précise-t-il. Cependant, les subventions d’Etat ne suf-fisent pas à mettre le théâtre aux normes

de sécurité et de technologie internatio-nales tout en continuant à étoffer le réper-toire. « Si nous voulons conserver un très haut niveau de créativité, nous avons be-soin de partenaires qui partagent notre conception de la qualité. C’est pourquoi nous sommes heureux d’avoir le Credit Suisse à nos côtés. » Michèle Bodmer

En haut  La rénovation du Théâtre du Bolchoï devrait être achevée fin 2009.  En bas  Une  scène de l’opéra russe « Eugène Onéguine ».

Bulletin plus    Editeur  Credit Suisse Sponsoring, case postale 2, CH-8070 Zurich : Toni Krein, Karin Ebling, Anka Grosser, Mira Song, Bianca Veraguth Rédaction  Andreas

Schiendorfer (schi) (chef de projet), Michèle Bodmer, Dorothée Enskog, Michael Krobath  Internet www.credit-suisse.com/sponsoring Marketing  Veronica Zimnic Réalisa-

tion Arnold. Inhalt und Form AG, Stäfa ZH : Monika Häfliger, Daniel Peterhans, Petra Feusi (gestion de projet) Annonces  Pauletto GmbH, Miriam Dudek, Kleinstrasse 16,

CH-8008 Zurich Impression NZZ Fretz AG, Schlieren Adaptation  française Service linguistique du Credit Suisse : Michèle Perrier, Marie-Sophie Minart, Jean-Michel

Brohée, Nathalie Lamgadar, Bernard Leiva Photos Klaus Lefebvre (couverture) ; Credit Suisse (page 3) ; Chris Lee (page 5) ; Mark Holford 2005 (page 7) ; Herwig Prammer, Reuters,

RDB, Priska Ketterer, Michael Kneffel, Mats Lundquist (page 9) ; Viviane Blumenschein (page 11) ; Festival de Lucerne, F. Angleraux (page 13) ; John Thys (page 15) ; Luigi Caputo,

Credit Suisse (page 17) ; Eric Feferberg, AFP, Damir Yusupov, Théâtre du Bolchoï (page 19)

www.bolshoi.ru/en

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