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Né Israélite français en 1925 Autofiction Odette Spingarn

Né Israélite français en 1925 - Furet du Nord · 2017. 4. 14. · Dors mon enfant, mon fils chéri, dors sans tarder L’oiseau, la rose se sont couchés J’aime cette chanson,

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    Né Israélite français en 1925Autofiction

    Odette Spingarn

    5.78

    ----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

    [Roman (130x204)] NB Pages : 56 pages

    - Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 5.92 ----------------------------------------------------------------------------

    Né Israélite français en 1925 Autofiction

    Odette Spingarn

    753637

    Témoignage

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    Je dédie cette nouvelle à Aristides de Sousa Mendes,

    consul général du Portugal, qui a réussi la plus grande action de sauvetage menée par un homme seul pendant la Shoah. Il a sauvé 30.000 personnes dont 10.000 juifs.

    Lorsque la guerre éclate, le dictateur du Portugal, Salazar, qui tient à rester strictement neutre, ordonne aux consuls de ne délivrer aucun visa aux étrangers à la nationalité contestée, aux apatrides, aux juifs expulsés de leur pays.

    Aristides de Sousa Mendes, qui a été nommé Consul Général du Portugal à Bordeaux en 1938, trouve ces directives inhumaines, contraires à sa conscience de catholique pratiquant.

    Fin 1939, il rencontre le rabbin Jacob Kruger qui le convainc de sauver tous les juifs qui affluent à Bordeaux voulant fuir les nazis. Avant même la signature de l’armistice, à partir du 16 juin, Aristides de Sousa Mendes décide de désobéir et de délivrer des visas à tout le monde. Jour et nuit, sans relâche, aidé par sa famille, le consul signe des visas et tamponne des passeports.

    Le 23 juin, Salazar le démet de ses fonctions. Le consul n’en tient pas compte et marche à la tête

    d’une colonne de réfugiés qu’il guide vers un poste-frontière

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    espagnol. N’ayant pas de téléphone, le douanier n’est pas encore informé de la décision de Madrid de fermer la frontière avec la France. Tous les réfugiés peuvent passer, munis de leur visa, et rejoindre le Portugal.

    Aristides de Sousa Mendes vit le reste de sa vie dans la misère, soutenu par la communauté juive de Lisbonne.1

    1 Source : www.ajpn.org (Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie dans les communes de France, site web ouvert aux contributions d’Internautes)

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    Première partie

    Dors mon enfant, mon fils chéri, dors sans tarder

    L’oiseau, la rose se sont couchés

    J’aime cette chanson, cette mélodie, ta voix.

    L’enfant ne veut pas s’endormir,

    Et la maman doit revenir

    Près de son lit pour qu’il repose

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    Oui, reviens, je vais dormir… Tu pars, le froufrou de ta robe… Je dors. J’ai besoin de toi, mère, tu es là ?

    Suis-je vraiment ton enfant ? M’a-t-on trouvé dans la rue, dans un bois ?

    Ça ne fait rien, je sais. Mais j’ai envie de ne pas savoir, d’imaginer.

    L’appartement est vaste.

    Le matin, par le téléphone intérieur, ma mère parle à la cuisinière et décide avec elle du menu du jour.

    La cuisinière part faire les courses. Je n’ai pas le droit d’aller à la cuisine, ce n’est pas la place des enfants.

    La femme de chambre arrive avec l’aspirateur, elle frappe à ma porte, je dis : « Entrez. »

    Le soir la femme de chambre ferme les volets et fait la couverture.

    L’après-midi je vais souvent à la lingerie voir repasser et je me love dans le panier à linge. Ou bien je joue au cerceau dans la galerie.

    Ma gouvernante m’apprend à lire, à écrire et à compter. Elle est anglaise. Elle est sévère.

    « Si tu fais des pâtés tu auras un bonnet d’âne. »

    J’ai fait des pâtés.

    J’ai assisté à la lente confection du bonnet d’âne. Avec un centimètre on a mesuré mon tour de tête. On a découpé dans un carton de longues oreilles et on les a cousues. C’était