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Stefan De Jaeger Lisa Klapstock Jens Olof Lasthein 33 Michel Cleeren L e photographe Michel Cleeren diplômé en 1980 de Saint-Luc, a derrière lui un beau parcours dans lequel il a endossé divers costumes, comme celui de photographe de plateau pour des films de Manu Bonmariage ou de professeur de photographie à l’IATA de Namur. Depuis 2002, il a entrepris des recherches sur la lumière, en utilisant, par exemple, un sténopé qui a conduit à des poses de 15 à 20 minutes. Landscape, Imago, Scriptura vegetalis, Morte Nature sont autant de séries de photos qui invitent à découvrir l’univers de Michel Cleeren et ses rapports avec la lumière. Photo graphie N é à Bruxelles en 1957, Stefan De Jaeger a étudié à La Cambre et a commencé ses compositions polaroïds en 1978. Jusqu’à présent cette démarche constitue la majeure partie de son travail bien qu’il n’ait jamais complètement abandonné la peinture. Il a présenté de nombreuses expositions en Europe et aux Etats-Unis. Certains de ses tableaux sont visibles à la galerie Bernard Cats de Bruxelles. Cet artiste belge, qu’il n’est plus nécessaire de présenter, s’est rendu célèbre en créant des compositions de polaroïds. Cette technique qui consiste à prendre, sous des angles différents, un ensemble de polaroïds d’un même sujet et à les assembler ensuite en créant un tableau, rappelle les recherches des cubistes. Le résultat révèle les émotions de l’artiste face à son modèle et l’interprétation quasiment picturale qu’il en donne. On découvre avec fascination les détails qui l’ont impressionné, qu’il a répétés parfois jusqu’à l’obsession ne privilégiant jamais le formel au-delà de l’émotion. Artiste photographe, peintre et plasticien - à découvrir en un clic sur son œuvre. L e regard de Lisa Klapstock aime à confronter le spectateur à des lieux de passage, vides ou achalandés, qu’elle réduit à des plans rabattus (volées de marche, replis de terrain) éminemment ambigus. Sa pratique artistique examine les mécanismes du regard et le rôle de l’objectif dans la construction de la perception, ainsi que notre expérience de l’environnement quotidien. Au travers de fentes de palissades ou de clôtures, Lisa Klapstock capte des vues inédites des arrière-cours du centre ville de Toronto. Ici, un tuyau d’arrosoir, là, un fauteuil de jardin, un mur de briques, une fleur, une roue de vélo… des objets communs, familiers, qui, l’espace d’un instant, se veulent le témoin d’une intimité relative que l’on peut partager. Face à ces clichés, on pourrait se sentir quelque peu « voyeur » mais il n’en est rien ou si peu car ce travail est empreint d’une véritable pudeur. On se retrouve face à une simplicité d’une fraîcheur déconcertante, une poésie sans nom merveilleusement accentuée par la vivacité des couleurs et la dualité entre le flou de l’avant-plan et la netteté de l’arrière-plan. Vous trouverez trois originaux à découvrir dans la nouvelle aile du Musée. Photo-graphies émotionnellement à couper le souffle. Magnifique ! Un clic sur les photos ci-contre pour accéder au port-folio de l’artiste dont la série Threshold vaut le déplacement. L e Suédois Jens Olof Lasthein est né en 1964, trois ans après la construction du mur de Berlin. Marqué par cette ligne divisant l’Est et l’Ouest, il a été envahi par le désir de découvrir «l’autre côté». Cet Est dont des noms comme Odessa, Arkhangelsk, Minsk, Moldavie ont laissé des traces floues dans son imaginaire. Pendant plus de vingt ans, il a sillonné, ces pays situés entre la mer Noire et la mer Blanche, des pays de l’ex-empire soviétique. De ses dérives, il nous rapporte une trentaine de panoramiques en couleur. Comme pourrait le suggérer le choix de ce format, il ne s’agit pourtant pas d’un reportage documentaire. À Charleroi, on va ainsi d’un refuge enneigé en Ukraine autour duquel tournent un homme et un chien à un rassemblement de paysans. On va d’un regard saisi au vol à un sourire esquissé. On voudrait en savoir plus. Mais en vrai narrateur, Lasthein sait que pour être forte, une histoire doit laisser la porte ouverte à l’imaginaire. Et c’est sa troublante aptitude à capter la lumière rasante qui donne à ces images tout son poids de vie, de sourde mélancolie et de tendresse diffuse. Pas moins de 34 photographies rectangulaires (150 x 50 cm) vous entraînent dans ces paysages très colorés. Merveilleux. P etite introduction U ne fois encore les rédacteurs de la Chronique des Pigeons ont décidé de travailler leur « papier électronique » dans les trois couleurs du drapeau national. Et c’est une fois de plus (voir CDP n os 31 et 32) au talent d’artistes belges (pour la plus grande partie) que nous le devons. Qu’on le veuille ou non, la photographie est un art faisant appel à l’imagination et à la technique accompagnées très souvent d’un travail considérable. Quoiqu’on en dise, il ne suffit pas d’appuyer sur le déclencheur pour faire une œuvre d’art. Pour ma part, rien que pour une prise de vue simple en studio, il m’est arrivé de jouer avec la lumière durant plus de deux heures et il s’agissait d’un objet et pas encore d’un modèle. Qu’il soit issu de la technologie numérique ou argentique, l’art photographique provoque de grandes émotions aux observateurs qui ont la capacité de remettre en question leurs idées préconçues. Tant pis pour les autres. Les photographes belges Christine Felten, Véronique Massinger ou Stefan de Jaeger ainsi que Lisa Klapstock (Canada) et Jens-Olof Lasthein (Suède) illustreront cette Chronique des Pigeons. Leurs œuvres figurent au Musée de la Photographie de Charleroi en exposition temporaire ou de façon permanente. Contact : [email protected] Chaque zone rouge comporte un lien web

n° Photographie Petite introduction Stefan De Jaeger U N · 2010. 2. 21. · Artiste photographe, peintre et plasticien - à découvrir en un clic sur son œuvre. L e regard de Lisa

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Page 1: n° Photographie Petite introduction Stefan De Jaeger U N · 2010. 2. 21. · Artiste photographe, peintre et plasticien - à découvrir en un clic sur son œuvre. L e regard de Lisa

Stefan De Jaeger

Lisa Klapstock

Jens Olof Lasthein

n° 33

Michel CleerenLe photographe Michel Cleeren diplômé en 1980

de Saint-Luc, a derrière lui un beau parcours dans lequel il a endossé divers costumes, comme celui de photographe de plateau pour des films de Manu Bonmariage ou de professeur de photographie à l’IATA de Namur. Depuis 2002, il a entrepris des recherches sur la lumière, en utilisant, par exemple, un sténopé qui a conduit à des poses de 15 à 20 minutes. Landscape, Imago, Scriptura vegetalis, Morte Nature sont autant de séries de photos qui invitent à découvrir l’univers de Michel Cleeren et ses rapports avec la lumière.

PhotographieNé à Bruxelles en 1957, Stefan De Jaeger a étudié à La

Cambre et a commencé ses compositions polaroïds en 1978. Jusqu’à présent cette démarche constitue la majeure partie de son travail bien qu’il n’ait jamais complètement abandonné la peinture. Il a présenté de nombreuses expositions en Europe et aux Etats-Unis. Certains de ses tableaux sont visibles à la galerie Bernard

Cats de Bruxelles. Cet artiste belge, qu’il n’est plus nécessaire de présenter, s’est rendu célèbre en créant des compositions de polaroïds. Cette technique qui consiste à prendre, sous des angles différents, un ensemble de polaroïds d’un même sujet et à les assembler ensuite en créant un tableau, rappelle les recherches des cubistes. Le résultat révèle les émotions de l’artiste face à son modèle et l’interprétation quasiment picturale qu’il en donne. On découvre avec fascination les détails qui l’ont impressionné, qu’il a répétés parfois jusqu’à l’obsession ne privilégiant jamais le formel au-delà de l’émotion. Artiste photographe, peintre et plasticien - à découvrir en un clic sur son œuvre.

Le regard de Lisa Klapstock aime à confronter le spectateur à des lieux de passage, vides ou

achalandés, qu’elle réduit à des plans rabattus (volées de marche, replis de terrain) éminemment ambigus. Sa pratique artistique examine les mécanismes du regard et le rôle de l’objectif dans la construction de la perception, ainsi que notre expérience de l’environnement quotidien. Au travers de fentes de palissades ou de clôtures, Lisa Klapstock capte des vues inédites des arrière-cours du centre ville de Toronto. Ici, un tuyau d’arrosoir, là, un fauteuil de jardin, un mur de briques, une fleur, une roue de vélo… des objets communs, familiers, qui, l’espace d’un instant, se veulent le témoin d’une intimité relative que l’on peut partager. Face à ces clichés, on pourrait se sentir quelque peu « voyeur » mais il n’en est rien ou si peu car ce travail est empreint d’une véritable pudeur. On se retrouve face à une simplicité d’une fraîcheur déconcertante, une poésie sans nom merveilleusement accentuée par la vivacité des couleurs et la dualité entre le flou de l’avant-plan et la netteté de l’arrière-plan. Vous trouverez trois originaux à découvrir dans la nouvelle aile du Musée. Photo-graphies émotionnellement à couper le souffle. Magnifique ! Un clic sur les photos ci-contre pour accéder au port-folio de l’artiste dont la série Threshold vaut le déplacement.

Le Suédois Jens Olof Lasthein est né en 1964, trois ans après la construction du mur de Berlin. Marqué par cette ligne divisant l’Est et l’Ouest, il a été envahi par le désir de découvrir «l’autre côté». Cet Est dont des noms

comme Odessa, Arkhangelsk, Minsk, Moldavie ont laissé des traces floues dans son imaginaire. Pendant plus de vingt ans, il a sillonné, ces pays situés entre la mer Noire et la mer Blanche, des pays de l’ex-empire soviétique. De ses dérives, il nous rapporte une trentaine de panoramiques en couleur. Comme pourrait le suggérer le choix de ce format, il ne s’agit pourtant pas d’un reportage documentaire. à Charleroi, on va ainsi d’un refuge enneigé en Ukraine autour duquel tournent un homme et un chien à un rassemblement de paysans. On va d’un regard saisi au vol à un sourire esquissé. On voudrait en savoir plus. Mais en vrai narrateur, Lasthein sait que pour être forte, une histoire doit laisser la porte ouverte à l’imaginaire. Et c’est sa troublante aptitude à capter la lumière rasante qui donne à ces images tout son poids de vie, de sourde mélancolie et de tendresse diffuse. Pas moins de 34 photographies rectangulaires (150 x 50 cm) vous entraînent dans ces paysages très colorés. Merveilleux.

Petite introductionUne fois encore les rédacteurs de la Chronique

des Pigeons ont décidé de travailler leur « papier électronique » dans les trois couleurs du drapeau national. Et c’est une fois de plus (voir CDP nos31 et 32) au talent d’artistes belges (pour la plus grande partie) que nous le devons. Qu’on le veuille ou non, la photographie est un art faisant appel à l’imagination et à la technique accompagnées très souvent d’un travail considérable. Quoiqu’on en dise, il ne suffit pas d’appuyer sur le déclencheur pour faire une œuvre d’art. Pour ma part, rien que pour une prise de vue simple en studio, il m’est arrivé de jouer avec la lumière durant plus de deux heures et il s’agissait d’un objet et pas encore d’un modèle. Qu’il soit issu de la technologie numérique ou argentique, l’art photographique provoque de grandes émotions aux observateurs qui ont la capacité de remettre en question leurs idées préconçues. Tant pis pour les autres. Les photographes belges Christine Felten, Véronique Massinger ou Stefan de Jaeger ainsi que Lisa Klapstock (Canada) et Jens-Olof Lasthein (Suède) illustreront cette Chronique des Pigeons. Leurs œuvres figurent au Musée de la Photographie de Charleroi en exposition temporaire ou de façon permanente.

Contact : [email protected] Chaque zone rouge comporte un lien web