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LA REVUE DU PÔLE Patrimoines bâtis, immatériels, culturels et naturels, des Hommes et des savoir-faire. INDUSTRIES CULTURELLES & PATRIMOINES L’ÉDITORIALISTE INVITÉE Pour un printemps des Labs par Florine Vanorlé, Mise à jour Tiers-lieux, Fablab, Living Lab, incu- bateurs… des espaces de recherche, de création et de collaboration facilités par l’environnement numérique construisent une nouvelle économie. L’émergence de ces terrains pour faire et agir collectivement répond à un intense besoin de renforcement de liens sociaux dans un contexte économique tendu. Cet enjeu de taille est soumis à des pa- radoxes. Si l’usager est au cœur de ces lieux d’innovation, l’entre-soi des filières et des cultures de métiers risquent de priver une large partie de la population de cette évolution des modes de faire. En tant qu’acteurs culturels, ils nous appartient de démontrer l’intercultu- ralité de ces nouveaux poumons : inter-acteurs, inter-publics, inter- secteurs, inter-actions… Pour s’affirmer, ces synergies doivent s’accompagner d’un processus de re-connaissance mutuelle de nos diffé- rences et de nos contradictions. Osons l’ouverture et le partage des res- sources pour construire des communs ! Laissons-nous surprendre par notre pou- voir d’agir et son irréversible transforma- tion ! N°10 mars 2017 Les 10 ans du Pôle Industries Culturelles & Patrimoines L’ENCART La Fruitière Numérique de Lourmarin un espace numérique multi-usage L’INTERVIEW Yannick Vernet Éloge de la maïeutique 2.0 LE PORTRAIT Vers un Living Lab des industries créatives Marseille LE DOSSIER

N°10 REVUE DU PÔLE CULTURELLES INDUSTRIES & …...mérique et des industries créatives » sera développé et le champ d’intervention élargi au territoire de la Communauté d’Agglomé

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LA

REVUE DU PÔLEPatrimoines bâtis, immatériels, culturels et naturels, des Hommes et des savoir-faire.

INDUSTRIES CULTURELLES& PATRIMOINES

L’ÉDITORIALISTE INVITÉE

Pour un printemps des Labspar Florine Vanorlé, Mise à jour

Tiers-lieux, Fablab, Living Lab, incu-bateurs… des espaces de recherche, de création et de collaboration facilités par l’environnement numérique construisent une nouvelle économie. L’émergence de ces terrains pour faire et agir collectivement répond à un intense besoin de renforcement de liens sociaux dans un contexte économique tendu. Cet enjeu de taille est soumis à des pa-radoxes. Si l’usager est au cœur de ces lieux d’innovation, l’entre-soi des fi lières et des cultures de métiers risquent de priver une large partie de la population de cette évolution des modes de faire.En tant qu’acteurs culturels, ils nous appartient de démontrer l’intercultu-ralité de ces nouveaux poumons : inter-acteurs, inter-publics, inter-secteurs, inter-actions… Pour s’affi rmer, ces synergies doivent s’accompagner d’un processus de re-connaissance mutuelle de nos diffé-rences et de nos contradictions.

Osons l’ouverture et le partage des res-sources pour construire des communs ! Laissons-nous surprendre par notre pou-voir d’agir et son irréversible transforma-tion !

N°10 mars 2017

Les 10 ansdu Pôle Industries Culturelles & Patrimoines

L’ENCART

La Fruitière Numériquede Lourmarin un espace numérique multi-usage

L’INTERVIEW

Yannick Vernet Éloge de la maïeutique 2.0

LE PORTRAIT

Vers un Living Lab des industries créativesMarseille

LE DOSSIER

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LES BRÈVESLa photographie infrarouge au service des restaurateurs du patrimoine

Vincent Ollier, Atelier Techne Art, conser-vation, restauration d’œuvres polychrome, et Pascal Bois, panovues.com, photogra-phie, collaborent au sein de la plateforme Archeomed® à Arles à l’étude des œuvres polychromes. Différents moyens tech-niques sont utilisés et en particulier l’infra-rouge dans l’étude préparatoire à la restau-ration de l’œuvre.

« Bosch, Brueghel, Arcimboldo. Fantastique et merveilleux », la nouvelle création des Carrières de Lumières – Les Baux-de-Provence.

Produite par Culturespaces et réalisée par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi avec la collaboration musicale de Luca Longobardi, cette nou-velle création est une invitation à explorer le monde foisonnant peint par 3 artistes du XVIe siècle à l’imagination débridée : Bosch, Brueghel et Arcimboldo.Le temps d’un spectacle d’une trentaine de minutes, riche de plus de 2 000 images numériques projetées sur 7 000 m2 de sur-faces, les Carrières de Lumières vont se peupler d’innombrables créatures fantas-tiques et figures allégoriques. La bande-son oscille entre musique classique et moderne avec les Carmina Burana d’Orff, les Quatre Saisons de Vivaldi revisitées par Max Rich-ter, Mussorgsky ou encore Led Zeppelin.Du 4 mars 2017 au 7 janvier 2018.

▶ www.carrieres-lumieres.com

SIPPA

La 3ème édition du Salon International des Professionnels des Patrimoines à Arles aura lieu du 22 au 24 mai 2017 au Parc des Ate-liers. Le programme est en ligne sur www.sippa.eu et mettra à l’honneur un pays in-vité : l’Algérie, lors de la soirée d’inaugu-ration du 22 mai, d’une conférence carte blanche le 23 et avec un pavillon de 40m2. Au programme également des conférences et ateliers sur la revitalisation des friches industrielles (avec en amont du salon un Think Tank sur le devenir des Papeteries Étienne à Arles le 22 après-midi), le métier de restaurateur, l’Indication Géographique de la pierre naturelle et un atelier, suivi d’une soirée, autour de « Pierres & vins », sur les doubles numériques au service de la préservation du patrimoine…Plus d’infos et réservations des badges d’ac-cès en ligne.

▶ www.sippa.eu

LivingLab Archeomed®

Archeomed®, plateforme de mutualisation dédiée aux métiers de la culture et des pa-trimoines, basée à Arles a été sélectionné suite à sa réponse à l’appel à projets de la Région PACA « Lieux d’innovation par-tagée ». Il s’inscrit dans le cadre du label Living PACA Labs qui vise le dévelop-pement de lieux (Tiers lieux, Espaces de « coworking », FabLabs, Living Labs,...) et de services d’innovation ouverte « cen-trée-usager » dans une optique de dévelop-pement économique et social. Plus particu-lièrement, l’appel à projets vise à soutenir l’émergence de lieux de travail collaboratif et/ou de fabrication partagée.

3 volets seront développés au sein d’Archeomed® : - ArcheoLAB, faire d’Archeomed® un lieu

de fabrication, de prototypage, d’expéri-mentation et d’innovation ouverte,

- ArcheoWORK, aménagement d’un nouvel espace de travail partagé, dédié notam-ment au coworking.

- ArcheoLIVE, équipement en vue de l’ac-cueil d’événements

Rendez-vous le jeudi 27 avril 2017 à partir de 14h pour l’inauguration des nouveaux es-paces ArcheoWORK et la présentation du programme ArcheoLAB !

▶ www.archeomed.fr

Octobre Numérique

En 2010, l’objectif de la manifestation Octobre Numérique, initiée et coordonnée par la Ville d’Arles, avec le soutien de la Région PACA, était de promouvoir la filière du numérique, tant auprès des profession-nels que du grand public. Progressivement, cette manifestation avait évolué vers des propositions majoritairement culturelles. Aujourd’hui, la politique économique de la Communauté d’Agglomération fait d’Arles le pôle privilégié du développement de la filière des industries culturelles et du patri-moine, il devient ainsi essentiel de promou-voir et d’accompagner cette dynamique.

Aussi pour l’édition 2017, Octobre Numé-rique se positionnera comme un temps fort de communication, autour de cette filière. Le volet « valorisation de l’économie nu-mérique et des industries créatives » sera développé et le champ d’intervention élargi au territoire de la Communauté d’Agglomé-ration ACCM, tout en conservant ce qui fait la spécificité et la qualité de l’événe-ment, à savoir sa programmation artistique et culturelle. Octobre Numérique devient ainsi ouvert au-tant aux acteurs artistiques et culturels du ter-ritoire qu’à ceux économiques : associations, artistes, centres de formation, institutions culturelles, galeries, artistes et entreprises... Pour cela, la Ville d’Arles a proposé de s’appuyer sur les compétences de Julie Miguirditchian, en charge de la direction artistique et de la recherche de partenariats privés, ainsi que sur celles du Pôle Indus-tries Culturelles & Patrimoines pour la coordination générale, en lien avec la Ville d’Arles.

▶ www.octobre-numerique.fr

W W W . S I P P A . E U

22 AU 24 MAI 2017PARC DES ATELIERS

Pays invité : l’Algérie

3e ÉDITION

Stands exposants Conférences & ateliersRendez-vous d’aff aires

SALON INTERNATIONAL DESPROFESSIONNELS DES PATRIMOINES

À ARLES

Un projet de la Fondation LUMA

2 La revue du Pôle N°10 mars 2017

Chantier de la mezzanine

À gauche, éclairage lumière du jour, à droite, lumière infrarouge

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Living Labs et fabrique des villes contemporainesLe numérique impose progressivement sa logique aux villes, et au-delà des outils technologiques, c’est une « culture numérique » qui se diffuse dans l’ensemble de la société urbaine. Ainsi observe-t-on l’appari-tion d’étranges espaces urbains, caractérisés par des formes collaboratives et hybrides, qui trouvent leurs « origines dans celles de la micro-informatique libre » (Ambrosino, Guillon, 2016). Souvent, ces figures émergentes sont qualifiées d’espaces de coworking, de FabLabs, de Tiers Lieux ou encore de Living Labs.

Phénomène né à la fin des années 90 au M.I.T. Me-dia Lab, puis développé en Europe avec la création en 2006 d’un réseau des Living Labs (ENoLL), les Living Labs se définissent comme « des environne-ments ouverts d’innovation en grandeur réelle, où les utilisateurs participent à la création des nouveaux services, produits et infrastructures sociétales » (UE, 2009). Certains se positionnent autour de théma-tiques comme l’environnement, la santé, l’agriculture, la culture scientifique ou le design.

D’autres, s’intéressent tout particulièrement à la ville et aux nouvelles conditions de la fabrique urbaine. En s’appuyant sur des méthodes d’innovation ouverte et le potentiel des outils numériques, ces Living Labs défendent l’idée d’un urbanisme qui ne soit plus le patrimoine exclusif d’experts (ingénieurs, architectes ou urbanistes), mais qui soit co-produit avec les habi-tants et les utilisateurs des villes. Ils défendent égale-ment un droit à « urbaniser les technologies » (Sassen, 2014), à les encastrer socialement et à les détourner, au regard de finalités culturelles, socio-économiques ou environnementales.

Régénérer le centre-ville de Marseille grâce aux outils d’innovation ouverteC’est ici l’un des objectifs majeurs du projet de Living Lab à Marseille. Ce projet, porté par le Conseil dé-partemental des Bouches-du-Rhône, aspire à revitali-ser le centre-ville par la mise en place d’un territoire d’expérimentation et d’interaction entre les acteurs culturels, économiques et numériques du territoire. Le centre-ville continue de souffrir d’une situation so-cio-économique dégradée et d’une perte d’attractivité, et ce malgré le développement de politiques urbaines ambitieuses. Les méthodes traditionnelles de l’urba-nisme ne parviennent à revitaliser le centre-ville, et notamment l’axe historique de La Canebière.

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Par Raphaël Besson, Directeur de Villes Innovations (Madrid, Grenoble), Chercheur associé PACTE CNRS, Sylvia Andriant-simahavandy, Directrice de Cultures Créatives.

Une étude de préfiguration d’un Living Lab territorial positionné sur les industries créatives a été conduite par les cabinets Cultures Créatives et Villes Innovations pour le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône.

La revue du Pôle N°10 mars 2017 3

LE DOSSIER

Vers un Living Lab des industries créatives dans le centre-ville de Marseille

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Dans ces conditions, la démarche de Living Lab est apparue comme une nouvelle stratégie de régénération urbaine.

Le choix de s’engager dans une démarche de Living Lab repose sur un certain nombre de précédents. Les acteurs du territoire agrègent en effet déjà une cer-taine expérience des méthodes de co-productions et d’expérimentation en grandeur réelle, à travers des événements (Marseille Provence 2013, Museomix...), des projets participatifs (balades urbaines conçues avec les habitants, nouvelles formes d’hospitalité...), des expériences d’innovation ouverte (« City Média » à la Bibliothèque de l’Alcazar 2011…), ou encore la co-production d’espace public (« Belsunce Tropical », Collectif Etc, 2014). Les acteurs marseillais des arts et des cultures numériques comme Zinc, PRIMI, Se-conde Nature, la Fabulerie, Urban Prod, L’office ont également développé un savoir-faire du point de vue des démarches de Living Lab.

Ce projet de Living Lab urbain s’appuie également sur la localisation spontanée d’acteurs culturels et de la nouvelle économie dans le périmètre du centre-ville / Canebière. Ces activités sont attirées par le faible coût des loyers, l’accessibilité en transports en commun et la présence d’aménités urbaines (commerces, équipe-ments, lieux récréatifs, diversité sociale et culturelle). Des facteurs essentiels pour l’attractivité des activi-tés de la nouvelle économie (Suire, 2003 ; Grondeau et al, 2006 ; Besson, 2012). Par ailleurs, le Conseil Départemental travaille à la planification sur trois ans d’une série d’événements culturels, intégrant en partie des démarches de Living Labs : les « dimanches de la Canebière », « Marseille Provence 2018 » et Manifesta (Biennale d’art contemporain en 2020).

L’étude de préfiguration a par ailleurs montré qu’un Living Lab urbain dans le centre-ville permettrait de compléter utilement l’offre d’innovation existante sur la métropole Aix-Marseille (Technopôle Châ-teau-Gombert, Friche Belle de Mai, Pôle Media, Eu-roméditerranée). Le Living Lab pourrait se position-ner comme un pôle d’innovation intermédiaire autour de thématiques, de cibles et de fonctions (test et ex-périmentation urbaine en grandeur réelle, innovation par les usages, accueil temporaire de start-ups...), non encore couvertes par l’écosystème d’innovation local. L’étude a également confirmé que le projet s’intégrait dans les orientations stratégiques des différents ac-teurs publics. Par ailleurs, elle a révélé le souhait d’un certain nombre d’acteurs culturels et économiques de bénéficier d’un espace urbain central, pour expéri-menter de nouvelles créations et innovations.

Les « Labs » et les espaces du Living Lab

Face à cet ensemble d’opportunités urbaines, écono-miques et culturelles, le positionnement du Living Lab se structurera autour de trois laboratoires d’ex-périmentation thématiques. L’Urban lab permettra de co-construire des scénarios d’usage, de prototyper, de tester et d’évaluer en grandeur réelle de nouveaux services et infrastructures urbaines. Le Culture lab développera des expérimentations dont l’objectif sera de valoriser les marqueurs et les ressources culturelles de La Canebière, afin notamment de transformer les représentations associées au centre-ville. Le Food Lab mettra en exergue la richesse culinaire de Marseille, liée en grande partie à sa diversité culturelle. Cette stratégie autour de l’alimentation s’attachera également à encastrer le Living Lab dans le tissu socioculturel.

Au-delà de ces positionnement thématiques, le Li-ving Lab se déploiera sur les différents espaces de La Canebière : dans l’espace public, dans l’espace numé-rique (avec la mise en place d’une plateforme web col-laborative), et à moyen terme, dans un lieu dédié. Une partie des espaces vacants sera également mobilisée pour l’accueil temporaire d’activités créatives et numé-riques, et l’expérimentation des projets du Living Lab.

Cette description du projet de Living Lab à Marseille illustre une volonté de construire de nouvelles poli-tiques urbaines, en mesure de régénérer le centre-ville. L’objectif est de multiplier les points de contact avec la société urbaine, l’activité vivante, à travers une stratégie de diffusion d’espaces sociaux de production et de créativité au cœur de ville. Ce Living Lab ne saurait donc exister sans être l’affaire de tous, et in-tégrer l’ensemble des sphères sociales (chercheurs, expérimentateurs, artistes, citoyens actifs et habitants quotidiens de La Canebière).

Au-delà du positionnement stratégique qui nous a été demandé, l’étude esquisse des propositions de mise en œuvre opérationnelle du Living Lab, et de son ani-mation. Mais nous constatons avec satisfaction que les acteurs de terrains se sont déjà saisis des résultats de ce travail et mis autour de la table pour réfléchir et proposer leur propre partition collaborative en dia-logue avec les élus et techniciens – ce qui envoie un premier signal positif quant à la maturité du territoire pour installer ces nouvelles méthodes de travail et de production.

Plus d’infos sur www.villes-innovations.com et www.cultures-creatives.com

4 La revue du Pôle N°10 mars 2017

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La revue du Pôle N°10 mars 2017 5

L’INTERVIEW

Au cœur du projet, le soutien et l’engagement du maire de la ville, Blaise Diagne, mais surtout une équipe compétente de passionnés, parmi lesquels Maguelonne Merat, la première forgeuse numérique, et Georges Bonnici, fab manager, que nous avons ren-contré.

Quels sont les missions et objectifs de la Fruitière numérique ?

Depuis son ouverture, la Fruitière Numérique n’a cessé de multiplier les initiatives pour permettre à tout un chacun de s’approprier les nouveaux outils numériques. Ainsi, elle développe ses activités autour de ses missions d’accompagnement, de formation et d’animation, dans 4 grands champs d’activité : le dé-veloppement économique, la culture, la culture scien-tifique et technique et la formation.

Pour remplir cette mission, elle met à disposition son équipe (5 ETP) et différents espaces (Fablab, Espace Public Numérique, coworking, etc.) qui font d’elle un lieu de transmission du savoir numérique, un lieu culturel propice à la créativité, un lieu de production et d’apprentissage mais aussi un lieu de découverte, d’échange et de convivialité au service de la citoyen-neté numérique.

Sur le côté Fablab, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

L’équipe de la Fruitière Numérique accompagne, conseille et crée de nouveaux projets grâce aux possi-bilités offertes par le Fablab (Laboratoire de Fabrica-tion). Dans cet espace, une dizaine de machines-ou-tils sont mises à disposition de tous (imprimantes 3D,

laser, fraiseuses numérique, etc.) pour venir imaginer, créer et fabriquer des prototypes et des petits objets en tout genre. L’équipe du Fablab accueille et accom-pagne tous les porteurs de projets et les aide dans l’aboutissement de leur prototypage, accompagne leur recherche et leur développement et les met en rela-tion avec ses partenaires. Elle crée aussi ses propres projets.

Vous travaillez également beaucoup avec des institu-tions et entreprises ? Lesquelles et sous quelle forme ?

En effet, La Fruitière Numérique compte environ 300 abonnés et plus d’une trentaine de partenaires institu-tionnels et privés parmi lesquels : Airbus Helicopters, le CNRS, la French Tech Culture, l’Agence Régionale d’Innovation et d’Internationalisation, le Réseau Ini-tiative Cavare et Sorgue, etc.

La Fruitière Numérique, LourmarinLa Fruitière Numérique, qui tient son nom du lieu dans lequel elle prend place (ancienne coopérative de fruits et légumes), a été inaugurée en mai 2015. Il s’agit d’un espace numérique multi-usage ouvert à tout type de public (particuliers, entreprises, laboratoires de recherches, artistes, écoles, associations, collectivités…) qui œuvre pour l’accès au numérique pour tous et pour la création d’un véritable éco-système d’innovation, ambition d’autant plus remarquable que ce lieu est niché au cœur du petit village de Lourmarin (pas plus de 1200 habitants), dans le Vaucluse.

Machine mise à disposition dans le Fablab

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Elle anime cet écosystème territorial dédié à l’innova-tion numérique en favorisant les mises en relation et en proposant des rencontres lors de différentes ma-nifestations (expositions, cafés science, conférences internationales, soirées pitchs, résidences artistiques, etc.).

En 2016, La Fruitière Numérique a accueilli et/ou or-ganisé plus de 60 événements, privés et publics, qui ont permis à plus de 6000 personnes de franchir ses grilles.

Vous avez récemment changé de statut juridique puisque la Fruitière Numérique est devenue une SPL. Pourquoi ?

Une SPL (Société Publique Locale) est une « société dont la vocation est de satisfaire l’intérêt général, de privilégier les ressources locales, de réinvestir les bé-néfices sur leurs territoires et d’inscrire leurs actions sur le long terme dans le cadre du service public ». Au sein des SPL, au moins deux collectivités doivent être actionnaires. Ici nous en avons trois (Commune de Lourmarin, actionnaire majoritaire, Commune de Puyvert et Commune de Vaugines).

Nous avons choisi ce statut car il permet une gestion simplifiée. Il dote la structure d’une réelle indépen-dance tout en garantissant une gestion transparente. De plus, il renvoie une image plus professionnelle par rapport à une association, sans compter la possibilité pour les entreprises avec qui nous traitons, de pouvoir récupérer la TVA.

La mise en place de la SPL s’est faite petit à petit depuis sa création le 30 mars 2016. Dans un premier temps a eu lieu le transfert administratif puis dans un deuxième temps, en septembre 2016, l’embauche des salariés mis à disposition par la Mairie. En 2017, il devrait y avoir trois nouvelles embauches.

Le Fablab quand à lui reste une association, ce qui permet de continuer à porter des projets en lien avec d’autres associations, comme l’ElephantBox (outil qui permet d’empêcher les éléphants de piller les récoltes) avec l’ONU par exemple.

Un lieu culturel propice à la créativité, la découverte, l’échange et la convivialité au service de la citoyenneté numérique

QUELQUES ÉVÈNEMENTS ACCUEILLISSéminaires et réunions : ENEDIS, Réseau ARSENIC, Comité Régional du Tourisme (CRT), Séminaire Canopé – Académie Aix-Marseille, La Poste, Crédit Agricole, Pôle Emploi, Comi-té de Bassin d’Emploi (CBE) de Pertuis, Airbus Helicopters, ExtraCité (Lille), Parc Naturel Régional du Luberon, Agence Régional d’Innovation et d’Internationalisation (ARII), French Tech Culture Avignon, etc.

Expositions : Exposition Créalux® Cultures Numériques (Fondation EDIS pour l’Art Numérique), Exposition Des Pois-sons et des Hommes, Exposition Mémoire/s (ART’M).

Résidence d’artistes et d’entreprises : Thomas Couderc (ar-tiste plasticien), Résidence Créalux® Cultures Numériques, Termatière (Start-up montpelliéraine), H24Invent (Start-up italienne), performance artistique Artokio, Duo Idioma (musiciens), Collectif Zone Libre (Compagnie parisienne de danse contemporaine), etc.

Conférences : Les Cafés sciences et les Cafés philo, TK-Uni-verse (conférences internationales co produites par la so-ciété texane SM2D et le Ministère des Affaires Étrangères), Forum ouvert Aliment’ère, Colloque Économie Circulaire « Une autre économie s’invente ici », etc.

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Avec le soutien de nos partenaires :

La Revue du Pôle Industries Culturelles & Patrimoines est publiée par le Pôle Industries Culturelles & Patrimoines.

[email protected] 04 90 99 08 11 Avenue de la 1ère division France libre BP 1003 13633 Arles Cedex www.industries-culturelles-patrimoines.fr N° ISSN: 2418-2575

Éditeur responsable : Gilles Martinet

Comité de rédaction : Laetitia Bertrand, Xavier Delaporte, Amandine Folcher, Lionel Jarmasson, Magdalena Lataillade, Gilles Martinet, Manon Roussille

Maquette et mise en page : Agence Canopée

Photographies (sauf mention contraire) : Xavier Delaporte

Quelles perspectives d’avenir avez-vous ?

Aujourd’hui, la Fruitière Numérique souhaite se servir de la diversité de ses publics afin de créer un éco-système d’innovation, qui aura le rôle de catalyseur et de médiateurs entre différents acteurs. La Frui-tière Numérique pourra proposer, en fonction des projets et actions qu’elle accompagne, un mixage de compétences et d’expertises, en mettant en place des groupes de travail mixtes (composé de laboratoires de recherche, d’enseignants chercheurs de disciplines di-verses, d’artistes, d’entreprises, d’étudiants, d’élus et d’usagers). Chaque projet aura ainsi sa propre logique de construction de réseau devenant un Living Lab à lui tout seul. Des croisements pourront être et seront initiés entre chaque Living Lab projet. Cette nouvelle dynamique d’accompagnement, plus globale et inté-grée, permettra de rendre l’écosystème plus favorable à l’innovation.

L’équipe du Fablab accueille et conseille

LES ESPACES DISPONIBLES À LA FRUITIÈRE NUMÉRIQUE(tous privatisables sur demande)

La Halle : galerie interactive et modulable dédiée à la tenue d’expositions diverses.

Le Frigo : espace techniquement conçu pour vivre des expériences « d’immersion sensorielle » grâce à ses grands murs blancs de projection et ses vidéo projecteurs Hi-tech.

Le Grenier : spécialement aménagé pour le co- working, c’est également un lieu de détente.

La Plateforme : espace permettant d’accueillir des évènements culturels et gastronomiques tels qu’un marché des producteurs le mardi soir, des salons, des projections vidéo... accessible à tous, habitants du village, des environs et d’ailleurs.

Le Hangar : salle multifonctionnelle avec gradins rétractables de 230 places (inauguration prévue à l’automne 2017).

Plus d’infos : www.lafruitierenumerique.com

ABONNEZ-VOUS À LA REVUE DU PÔLE

L’abonnement est de 30 € HT les 4 numéros, pour un exemplaire papier et un exemplaire numérique, 5 € par exemplaire supplémentaire.

Pour recevoir les numéros 2017, merci de nous adresser une demande par mail :[email protected].

Les deux premières revues sont consultables en ligne sur le site du Pôle à la rubrique Promotion : www.industries-culturelles-patrimoines.fr

LA

REVUE DU PÔLEPatrimoines bâtis, immatériels, culturels et naturels, des Hommes et des savoir-faire.

INDUSTRIES CULTURELLES& PATRIMOINES

L’ÉDITORIALISTE INVITÉE

La « puissance d’agir »

par Dienaba Dia, conseillère pour l’éducation artistique, DRAC PACA

« Mieux vous vous comprenez vous-même ainsi que vos émotions, plus vous êtes amoureux de ce qui est ». SpinozaOublions un instant les acteurs cultu-rels qui se demandent (encore) comment « impliquer le citoyen lambda » : d’une part, le péjoratif « lambda » peut expli-quer ladite absence et/ou ledit manque d’implication, d’autre part, la vitali-té du tissu associatif, notamment dans le champ culturel, montre à quel point le citoyen est justement impliqué là où la question ne se pose certainement pas ainsi. Sans revenir sur les origines du divorce entre culture et éduc. pop., notons que l’attention a souvent été appelée, ces derniers temps, sur la nécessité de « retrouver l’esprit des mouvements d’éducation populaire ». Abdenour Bidar1, entre autres, rappelle que l’individu doit pouvoir accéder toute sa vie durant – et pas seulement à l’école [...] – à des outils intellec-tuels et culturels, ainsi qu’à des es-paces sociaux, qui vont lui permettre de continuer à se construire, à évoluer, à cultiver des convictions politiques, à dialoguer librement et à se solidariser ». N’est-ce pas justement l’ambition de la déclaration de Fribourg2 relative aux droits culturels ? Il ne s’agit plus au-jourd’hui pour les pouvoirs publics de prescrire mais d’amender les politiques publiques afi n de libérer, non la capacité de suivre, mais bien la puissance d’agir spinozienne.

1 Bidar, Abdenour, Plaidoyer pour la fraternité,

Albin Michel, Paris, 20152 Cf. Interview page 5

N°8 septembre 2016

Les Journées euro-péennes du patrimoineà Archeomed®

L’ÉVÈNEMENT

Patrice Meyer-Bish« Il faut faire avancer le droit departiciper à la vie culturelle partout »

L’INTERVIEW

Catherine CorreÀ la convergence des publics

LE PORTRAIT

La fable des citoyenset des patrimoines

LE DOSSIER

LA

REVUE DU PÔLEPatrimoines bâtis, immatériels, culturels et naturels, des Hommes et des savoir-faire.

INDUSTRIES CULTURELLES& PATRIMOINES

L’ÉDITORIALISTE INVITÉ

Protéger et valoriser, l’indispensable alliancepar Éric Blot, directeur du Parc naturel régional des Alpilles

Préserver la beauté de nos paysages et la richesse de nos patrimoines tout en les valorisant et assurer une attrac-tivité pourvoyeuse de renommée et de retombées économiques... Voilà un numéro d’équilibriste déterminant auquel s’adonnent régulièrement les gestion-naires d’espaces naturels. Comment faire une opportunité de ce qui peut apparaître de prime abord comme une contradiction ?Par l’échange, la concertation et l’in-formation, un Parc naturel régional contribue à faire avancer sur la même ligne tous les acteurs du territoire, élus, associations, habitants dans cet objectif : inscrire le territoire dans un développe-ment durable.Dans les Alpilles, les projets illustrant ce travail de coordination et de sensibilisa-tion sont nombreux comme en témoigne notre contribution au groupe de travail pour la mise en lumière éco-responsable du patrimoine bâti avec le Pôle ICP. Accompagner la transition écologique des collectivités et redonner vie à un patrimoine bâti par la modernité est une illustration parfaite de notre action. La nouvelle Maison du Parc à Saint-Rémy-de-Provence, à l’architecture audacieuse et exemplaire du point de vue environ-nemental, se veut aussi le refl et de cette manière de faire. La protection et la valorisation d’un territoire ne sont pas dissonantes, loin s’en faut.

N°9 décembre 2016

Mise en lumière éco-responsabledu patrimoine

LA DÉMARCHE

Comment concilier préservation du patrimoine naturel et attractivité touristique ?

L’INTERVIEW

Bruno SchnebelinL’île d’où coule l’imaginaire

LE PORTRAIT

Les petites communessauvegardent leur grande forêt

LE DOSSIER

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Yannick Vernet Éloge de la maïeutique 2.0

LE PORTRAIT

Aujourd’hui, les technologies nous permettent d’aborder, comme ce fut le cas, jadis, grâce à la philosophie, des sujets tels que l’humanisme, l’uni-versalisme et dans un sens apportent

une nouvelle forme de spiritualité. Et, si les Fablabs sont les nouveaux temples du partage et de l’entraide, c’est en bon évangéliste que leurs fondateurs doivent fédérer une communauté permettant à chacun de ré-aliser ses désirs technologiques.

À Arles, alors que l’École Nationale Supérieure de la Photographie (ENSP) va profiter de son installation prochaine dans des locaux flambant neufs pour créer son propre Fablab, c’est à Yannick Vernet qu’incombe-ra la lourde tâche d’animer ce réseau de bidouilleurs autour de ce nouveau lieu dédié à la high-tech colla-borative. Défricheur créatif plus que « maker », son objectif : stimuler savoirs et compétences de chacun pour permettre d’exprimer pleinement leur créativité.

Ayant mené en parallèle des études d’art et de stratégie de développe-ment culturel, Yannick n’a, durant son parcours, jamais cessé d’in-terroger les images. Aujourd’hui responsable des projets numériques à l’ENSP, son rôle lui permet d’aller vagabonder sur de nouveaux sentiers que sont des dispositifs numériques, d’usages et de Design Thinking. Grâce à ce bagage, il cherche à créer des passerelles entre les personnes, les idées et les projets, et définit le Fablab comme « un lieu hybride pour hybrider ! ».

Yannick explique que pour concevoir un espace col-laboratif et multiple, le plus important est d’être curieux, ouvert et à l’écoute. « On ne grandit jamais tout seul mais c’est le partage qui nous fait grandir ».

Ainsi, le multiple Yannick fait partie de ces personnes qui, lorsque qu’elles tentent d’expliquer ce qu’elles font dans la vie, se retrouvent confrontées à un inter-locuteur aux yeux écarquillés, ayant le plus souvent comme seule réponse un lapidaire « j’ai rien compris ! » insistant longuement sur le roulage du -R-.

Loin de s’éparpiller, il met ses expériences au service des autres. « Je n’ai pas de méthode établie, mon rôle est de créer du lien, des synergies.

J’aime faire naître des réflexions, des rencontres. Un projet avorté, en s’associant avec un autre en créera un troisième encore plus intéressant ! ».

Une de ses principales qualités fait que Yannick est autant intéressé à répondre aux questions que posent les technologies à notre société qu’à expliquer à ce fameux candide ce que signifie ce jargon barbare. Mieux ! Il l’invite à le découvrir par lui-même en l’ac-compagnant dans sa démarche. C’est l’essence même du DIY (Do It Yourself - Fais le toi-même), moteur de tout Fablab. « L’expérimentation est la clé ! » ne cesse t-il de répéter à la douzaine de cobayes se réu-nissant à l’Open Lab qu’il anime à l’ENSP. « Tout doit être mis en place pour aller chercher renseignements, ressources et compétences qui permettront au groupe d’avancer dans la conception et la réalisation des pro-totypes. C’est tout l’esprit de ces lieux ».

Au risque de ne surprendre personne, une telle dé-marche ne peut rester bien longtemps éloignée du mi-

lieu associatif. Ainsi, Yannick n’a pas échappé au piège et accom-pagne depuis 2010 l’AGCCPF - PACA (Association générale des conservateurs des collec-tions publiques de France) en

animant des journées d’études autour des questions liées au numérique. Il y accorde là aussi une place importante à l’expérimentation et permet aux conser-vateurs et responsables des publics de rencontrer les professionnels du jeu vidéo ou du transmédia autour de la conception de scénarii.

Son envie de pousser l’expérience jusqu’au prototy-page l’a amené également à devenir président de la géniale Fabulerie marseillaise qui s’inscrit dans le champ de l’innovation créative, sociale et numérique.

Conséquence logique de son esprit pédagogue, il in-tervient enfin à l’université d’Avignon, à l’ENSP et pour le Centre National de la Fonction Publique Ter-ritoriale.

Yannick tisse sa toile, au gré des rencontres et des projets. S’effaçant au profit des environnements qu’il crée, c’est, presque malgré lui, qu’il s’impose comme l’un des spécialistes des questions de la valorisation de la création en train de se faire...

Le Fablab : « un lieu hybride pour hybrider ! »

par Guillaume Assali