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N°1047 28 mars 2012 Les planteurs du département du Centre veulent profiter des premières pluies Crainte d’une flambée de choléra et d’un ralentissement de l’agriculture dans l’Artibonite avec les pluies Des employés du ministère de l’agriculture cohabitent avec des hommes armés au Cap-Haitien Mobilisation des forces publiques pour contrer la montée du banditisme aux Gonaïves >> Les planteurs du département du Centre veulent profiter des premières pluies Correspondance Ronel Odatte/ Hinche Les agriculteurs du département du Centre ont commencé les travaux de semis avec la tombée des premières pluies de l’année sur la zone. Entre le 15 et le 17 mars particulièrement, les communes de Mirebalais, Thomonde et Hinche ont reçu d’importantes chutes de pluies. Dans les localités de Ahibon, de Sapatère et de Pandiassou, Layay et Salmory, les paysans ont déjà saisi houes et machettes pour ôter les herbes et préparer leurs parcelles de terre à la culture du mais et d’autres denrées alimentaires. « Aujourd’hui, nous sommes contentes de voir ces gouttes de pluie tomber du ciel. Nous espérons que nos jardins ne seront pas détruits par la sécheresse, comme cela a été le cas l’année dernière », confie Réjeanne Décius. En compagnie de deux autres cultivatrices, Manise Pierre et Miraculé Phanor de la section de Juanaria, Réjeanne exige de la nouvelle administration politique des encadrements techniques et financiers afin qu’elles puissent avoir une production florissante. « Ces premières gouttes de pluies ont fait bouger les mangues, je veux reprendre mes activités dans une ou deux semaines », souhaite Mericie Pasquette, une sexagénaire originaire de Thomassique. Mericie Pasquette, qui pratique le commerce de mangues depuis 25 ans, entre Hinche et Port-au-Prince, pense profiter de la réhabilitation de la route nationale # 3 pour tirer beaucoup plus de bénéfices. Cependant, à Hinche, les habitants des quartiers réputés à risque, à l’image de Site Kokoye (Cité du coco), Sully, Village Kiskeya, Village Créole, ont une toute autre opinion. Ces quartiers sont particulièrement exposés aux risques d’inondations. La ville de Hinche n’est, en fait, pas à l’abri de grandes catastrophes que pourraient causer les crues des rivières. « La Cité Charlemagne Péralte, où un véritable programme d’assainissement n’a jamais été mis en œuvre, ne peut en aucun cas recevoir 50 cm de pluie pendant deux heures d’affilée. Cette ville serait complètement inondée », craint, pour sa part, l’ingénieur- agronome Axène Joachim. Ce spécialiste de l’agriculture biologique forme le vœu de la concrétisation des discours officiels dans un véritable aménagement du territoire. >> Crainte d’une flambée de choléra et d’un ralentissement de l’agriculture dans l’Artibonite avec les pluies Les pluies, qui continuent à s’abattre sur certaines zones du pays ces derniers jours, font craindre une flambée de choléra et un ralentissement de l’agriculture dans l’Artibonite. Responsable du programme de plaidoyer pour la souveraineté alimentaire au sein de la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif, l’ingénieur-agronome Franck Saint Jean alerte sur une possible remontée du choléra dans ce département et des problèmes d’insécurité alimentaire, liés à un manque de semences pour les planteurs de ce département. La saison des pluies, qui commence généralement en avril, peut constituer un facteur de flambée du choléra, vu les faiblesses en terme d’infrastructures sanitaires. « Avec la saison des pluies, la situation va s’aggraver, parce que l’État ne fait rien (pour pallier les problèmes d’infrastructures sanitaires), ce qui signifie que les mêmes problèmes et les mêmes risques sont toujours là », signale M. Saint-Jean. Collectif Haïti de France/21 ter rue Voltaire/ 75011 Paris – 01 43 48 31 78

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N°1047 28 mars 2012 • Les planteurs du département du Centre veulent profiter des premières pluies• Crainte d’une flambée de choléra et d’un ralentissement de l’agriculture dans l’Artibonite avec les pluies• Des employés du ministère de l’agriculture cohabitent avec des hommes armés au Cap-Haitien• Mobilisation des forces publiques pour contrer la montée du banditisme aux Gonaïves

>> Les planteurs du département du Centre veulent profiter des premières pluies Correspondance Ronel Odatte/ Hinche

Les agriculteurs du département du Centre ont commencé les travaux de semis avec la tombée des premières pluies de l’année sur la zone. Entre le 15 et le 17 mars particulièrement, les communes de Mirebalais, Thomonde et Hinche ont reçu d’importantes chutes de pluies.

Dans les localités de Ahibon, de Sapatère et de Pandiassou, Layay et Salmory, les paysans ont déjà saisi houes et machettes pour ôter les herbes et préparer leurs parcelles de terre à la culture du mais et d’autres denrées alimentaires. « Aujourd’hui, nous sommes contentes de voir ces gouttes de pluie tomber du ciel. Nous espérons que nos jardins ne seront pas détruits par la sécheresse, comme cela a été le cas l’année dernière », confie Réjeanne Décius.

En compagnie de deux autres cultivatrices, Manise Pierre et Miraculé Phanor de la section de Juanaria, Réjeanne exige de la nouvelle administration politique des encadrements techniques et financiers afin qu’elles puissent avoir une production florissante.

« Ces premières gouttes de pluies ont fait bouger les mangues, je veux reprendre mes activités dans une ou deux semaines », souhaite Mericie Pasquette, une sexagénaire originaire de Thomassique.

Mericie Pasquette, qui pratique le commerce de mangues depuis 25 ans, entre Hinche et Port-au-Prince, pense profiter de la réhabilitation de la route nationale # 3 pour tirer beaucoup plus de bénéfices.

Cependant, à Hinche, les habitants des quartiers réputés à risque, à l’image de Site Kokoye (Cité du coco), Sully, Village Kiskeya, Village Créole, ont une toute autre opinion. Ces quartiers sont particulièrement exposés aux risques d’inondations. La ville de Hinche n’est, en fait, pas à l’abri de grandes catastrophes que pourraient causer les crues des rivières.

« La Cité Charlemagne Péralte, où un véritable programme d’assainissement n’a jamais été mis en œuvre, ne peut en aucun cas recevoir 50 cm de pluie pendant deux heures d’affilée. Cette ville serait complètement inondée », craint, pour sa part, l’ingénieur-agronome Axène Joachim.

Ce spécialiste de l’agriculture biologique forme le vœu de la concrétisation des discours officiels dans un véritable aménagement du territoire.

>> Crainte d’une flambée de choléra et d’un ralentissement de l’agriculture dans l’Artibonite avec les pluies

Les pluies, qui continuent à s’abattre sur certaines zones du pays ces derniers jours, font craindre une flambée de choléra et un ralentissement de l’agriculture dans l’Artibonite.

Responsable du programme de plaidoyer pour la souveraineté alimentaire au sein de la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif, l’ingénieur-agronome Franck Saint Jean alerte sur une possible remontée du choléra dans ce département et des problèmes d’insécurité alimentaire, liés à un manque de semences pour les planteurs de ce département.

La saison des pluies, qui commence généralement en avril, peut constituer un facteur de flambée du choléra, vu les faiblesses en terme d’infrastructures sanitaires.

« Avec la saison des pluies, la situation va s’aggraver, parce que l’État ne fait rien (pour pallier les problèmes d’infrastructures sanitaires), ce qui signifie que les mêmes problèmes et les mêmes risques sont toujours là », signale M. Saint-Jean.

Collectif Haïti de France/21 ter rue Voltaire/ 75011 Paris – 01 43 48 31 78

Page 2: N°1047 28 mars 2012 Les planteurs du département du ...chf-ressourceshaiti.com/data/chfressources/media/...Déjà, « des cas de choléra ont commencé à se manifester à Pérodin

Déjà, « des cas de choléra ont commencé à se manifester à Pérodin (section communale de Petite Rivière de l’Artibonite), et cela est inquiétant », compte tenu des récentes pluies qui se sont abattues sur diverses zones du pays au cours du mois de mars..

Avec l’apparition du choléra en Haïti au mois d’octobre 2010, beaucoup de planteurs ont dû abandonner les terres « soit pour venir en aide à leurs proches déjà atteints du choléra, soit pour se protéger ». Ceci avait occasionné une baisse considérable de la production agricole dans certaines zones mal irriguées. Depuis, « les gens vivent dans l’insécurité alimentaire, parce qu’il y a d’abord le problème du choléra qui a occasionné une baisse de la production, mais il y a aussi une absence de l’État », avance l’ingénieur-agronome.

Les sections communales les plus concernées sont celles de Pérodin, Chenot, Lacroix et Saint Michel, où « la situation est terrible » et où les gens vivaient déjà dans de mauvaises conditions.

« Les distributions de semences n’arrivent jamais dans ces zones […] à cause de l’impraticabilité des routes », relève encore Franck Saint Jean. Les craintes des planteurs ne tiennent pas seulement à l’éventuel retour du choléra, mais sont motivées également par la question des semences: le fait de n'avoir rien récolté au cours des saisons écoulées, « les a privés de semences pour assurer la continuité agricole ».

Le 1er avril est la date traditionnelle pour commencer à semer. Les terres sont déjà préparées, mais « malheureusement, les paysans sont en manque de semences », déplore le responsable du programme de souveraineté alimentaire de la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif.

Dans son dernier bulletin, la coordination nationale pour la sécurité alimentaire a averti que certains départements, dont l’Artibonite, auront à faire face à des problèmes de disponibilité de nourriture au cours des mois à venir.

>> Des employés du ministère de l’agriculture cohabitent avec des hommes armés au Cap-Haitien Correspondance Wedlyne Jacques/ Cap-Haïtien

Les employés du bureau régional du ministère de l’agriculture au Cap-Haïtien cohabitent, depuis le lundi 19 mars 2012, avec plusieurs dizaines d’hommes armés qui ont pris position dans le bâtiment. Armes à la main, treillis vert olive pour certains et kaki pour d’autres, des dizaines d’hommes - se réclamant des anciennes Forces Armées d’Haïti - ont ainsi investi les locaux du ministère de l’agriculture pour réclamer des dédommagements et la reformation des Forces Armées d’Haïti.

L’objectif, visant à les porter à abandonner les lieux, n’a pas été atteint par les autorités locales, lors d’une rencontre le 20 mars avec ces hommes armés. Ne semblant pas être perturbés par cette présence, les employés du ministère de l’agriculture poursuivent tranquillement leurs activités. Au sein de la population capoise, la même attitude est observée.

L’apparition soudaine d’hommes armés - prétendant appartenir aux anciennes Forces Armées d’Haïti - a déjà été constatée dans

plusieurs autres villes du pays, notamment à la périphérie de Port-au-Prince. Après un long silence sur le sujet, l’administration du président Michel Martelly, enjoint la police nationale d’Haïti à passer à l’action contre ces hommes armés.

Aucun de ces groupes armés, déclarant appartenir aux anciennes forces armées (démantelées en 1995 sous l’administration de Jean-Bertrand Aristide), n’a, pour l’instant, obéi à l’injonction de déposer les armes et de vider les édifices publics et privés occupés. Une “occupation” armée qualifiée de "provocation inutile" par la mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti.

Compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire, qui a fait plus de 150 victimes entre janvier et mars 2012, le réseau national de défense des droits humains se montre très inquiet par la multiplication de ces groupes prétendant appartenir aux forces armées dissoutes.

>> Mobilisation des forces publiques pour contrer la montée du banditisme aux GonaïvesCorrespondance Mergenat Exalus/ Gonaïves

Les autorités judiciaires des Gonaïves annoncent des mesures pour freiner la remontée de l’insécurité dans la ville, notamment en ce qui a trait à la circulation des motocyclettes. Plusieurs arrestations ont été opérées la semaine dernière par les policiers nationaux.

En l’espace d’une semaine, trois personnes ont été tuées par balles aux Gonaïves. Beaucoup d’autres ont été victimes de braquage à main armée, selon le directeur départemental de la police , Jean-Claude Jeune, qui invite la population à dénoncer tout individu suspect remarqué dans les quartiers.

Les actes d’assassinat, enregistrés ces derniers jours dans la cité de l’indépendance, ont été commis par des individus circulant à bord de motocyclettes.

Dans le cadre de l’enquête ouverte autour de ces assassinats, la police dispose déjà d’informations pouvant lui permettre de remonter aux présumés coupables.Tous les conducteurs de motos-taxis ont, désormais, pour obligation de porter un gilet avec un numéro d’identification. De son côté, le parquet du tribunal civil des Gonaïves demande aux habitants de se munir de leur carte d’identité fiscale ou de leurs carte d’identification nationale pour pouvoir s’identifier au moment d’éventuelles fouilles de routine susceptibles d’avoir lieu à tout moment dans la ville.

Pour éclairer les rues la nuit, des lampes électriques seront installées dans la ville, tandis que toutes les sections communales des Gonaïves bénéficieront de plus de 250 lampes à énergie solaire, promet la municipalité pour faire face à l’insécurité.

Pour plus de détails, lire: http://www.alterpresse.org/spip.php?article12560

Collectif Haïti de France/21 ter rue Voltaire/ 75011 Paris – 01 43 48 31 78