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LES GROUPES ÉTRANGERS EN ILE-DE-FRANCE : un impact croissant sur l’emploi régional L'Ile-de-France, région-capitale, est la première région d'accueil des entreprises étrangères en France, avec à la clé un nombre important d'emplois générés. Cependant, l'analyse de la situation francilienne au cours de la dernière décennie révèle un moindre dynamisme de l'Ile-de-France par rapport à d'autres régions françaises. Aussi, la situation variant en fonction du secteur observé et du pays de provenance des investisse- ments directs étrangers, la région Ile-de-France doit pouvoir miser sur ses atouts pour confirmer, en France et en Europe, son attractivité auprès des entreprises. L'I LE- DE -FRANCE : 1ÈRE RÉGION D'ACCUEIL DES ENTREPRISES ÉTRANGÈRES L'Ile-de-France est la première région d'accueil des groupes étrangers en France : en 2001, elle concentre ainsi plus du quart des établissements (8 900 sur 34 000) et près de 30 % des emplois étrangers (456 000 emplois) alors qu'elle accueille 22 % des établissements et 25 % du total des emplois du terri- toire national. Elle devance donc largement la région Rhône-Alpes, qui ne repré- sente que 11 % des établissements et des emplois étrangers en France. Cette place dominante de l'Ile-de- France n'a certes jamais été Si l'Ile-de-France conserve une forte attractivité en France en termes d'investissements directs étrangers (IDE) et d'implantations étrangères, la présence de groupes étrangers se renforce nettement dans plusieurs autres régions françaises qui concur- rencent de plus en plus la région-capitale. Au regard des données disponibles pour l’ensemble du territoire national et des perspec- tives économiques de la région, qu'en est-il aujourd'hui de la présence étrangère en Ile-de-France et quel est son impact sur l'emploi francilien ? ENJEUX L’économie francilienne en bref n°60 - octobre 2003 Retrouvez toutes nos publications sur http://www.ccip.fr/crocis menacée mais, depuis 1994, l'implantation étrangère s'est renforcée plus fortement en province. En effet, la région- capitale accueillait alors près de 30 % des établissements et emplois étrangers en France. La dynamique de groupes (fusions, acquisitions et rationalisation des effectifs, notamment dans les sièges sociaux) a, en fait, fortement contribué à cette évolution. LES GROUPES ÉTRANGERS CONTRÔLENT PRÈS DE 14% DES EMPLOIS FRANCILIENS En 2001, la pénétration étrangère représente 13,9 % des emplois en Ile-de-France, soit un taux supérieur de 2,5 % à la moyenne de la La capacité d'une région à attirer et à conserver des entreprises étrangères sur son sol, autrement dit les flux et stocks d'IDE accueillis sur son territoire, est un élément majeur de son attractivité. L'analyse des implantations étrangères dans une région et de leur impact sur son économie, plus particuliè- rement sur l'emploi, permet ainsi d'évaluer son degré d'attractivité et d'identifier les activités économiques qui y sont les plus compétitives.

n°60 - octobre 2003 ENJEUX - CCI Paris IDF · étrangers contre un sur quinze en province. La région-capitale capte ainsi près de la moitié des postes tertiaires étrangers (309000

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LES GROUPES ÉTRANGERS EN ILE-DE-FRANCE :un impact croissant sur l’emploi régional

L'Ile-de-France, région-capitale, estla première région d'accueil desentreprises étrangères en France,avec à la clé un nombre importantd'emplois générés. Cependant,l'analyse de la situation francilienneau cours de la dernière décennierévèle un moindre dynamisme del'Ile-de-France par rapport à d'autresrégions françaises.

Aussi, la situation variant enfonction du secteur observé et dupays de provenance des investisse-ments directs étrangers, la régionIle-de-France doit pouvoir miser surses atouts pour confirmer, en Franceet en Europe, son attractivitéauprès des entreprises.

L'ILE-DE-FRANCE : 1ÈRE RÉGION D'ACCUEIL

DES ENTREPRISES ÉTRANGÈRES

L'Ile-de-France est la premièrerégion d'accueil des groupesétrangers en France : en 2001, elleconcentre ainsi plus du quart desétablissements (8 900 sur 34 000) etprès de 30 % des emplois étrangers(456 000 emplois) alors qu'elleaccueille 22 % des établissements et25 % du total des emplois du terri-toire national.

Elle devance donc largement larégion Rhône-Alpes, qui ne repré-sente que 11 % des établissementset des emplois étrangers en France.Cette place dominante de l'Ile-de-France n'a certes jamais été

Si l'Ile-de-Franceconserve une forteattractivité en France entermes d'investissementsdirects étrangers (IDE) etd'implantationsétrangères, la présencede groupes étrangers serenforce nettement dansplusieurs autres régionsfrançaises qui concur-rencent de plus en plus larégion-capitale.

Au regard des donnéesdisponibles pourl’ensemble du territoirenational et des perspec-tives économiques de larégion, qu'en est-ilaujourd'hui de laprésence étrangère enIle-de-France et quel estson impact sur l'emploifrancilien ?

ENJEUXL’économie francilienne en bref

n°60 - octobre 2003

Retrouvez toutes nos publications sur http://www.ccip.fr/crocis

menacée mais, depuis 1994,l'implantation étrangère s'estrenforcée plus fortement enprovince. En effet, la région-capitale accueillait alors près de30 % des établissements et emploisétrangers en France. La dynamiquede groupes (fusions, acquisitions etrationalisation des effectifs,notamment dans les sièges sociaux)a, en fait, fortement contribué àcette évolution.

LES GROUPES ÉTRANGERS CONTRÔLENT

PRÈS DE 14% DES EMPLOIS

FRANCILIENS

En 2001, la pénétration étrangèrereprésente 13,9 % des emplois enIle-de-France, soit un taux supérieurde 2,5 % à la moyenne de la

La capacité d'une région àattirer et à conserver desentreprises étrangères sur sonsol, autrement dit les flux etstocks d'IDE accueillis sur sonterritoire, est un élémentmajeur de son attractivité.L'analyse des implantationsétrangères dans une région etde leur impact sur sonéconomie, plus particuliè-rement sur l'emploi, permetainsi d'évaluer son degréd'attractivité et d'identifier lesactivités économiques qui ysont les plus compétitives.

province. En hausse de 5,9 pointsdepuis 1994 dans la région-capitale,la pénétration étrangère* acependant encore plus progressé enAlsace et en Lorraine (respecti-vement + 7,4 % et + 8,3 %). Larégion francilienne se positionneainsi en 7ème position derrière,notamment, l'Alsace, la Picardie etla Lorraine où plus de 16 % dessalariés travaillent pour un établis-sement étranger.

Ces trois régions se caractérisentpar une forte implantation indus-trielle des groupes étrangers quidétiennent dans le secteur plus de27,8 % des emplois contre 21,4 % enIle-de-France. En comparaison, lapénétration étrangère est faibledans les régions de l'ouest et du sudde la France, comme la Corse(1,1%), le Languedoc-Roussillon(6,2 %) et la Bretagne (6,7 %).

Proximité géographique, distancepar rapport aux fonctions straté-giques, présence d'infrastructures,facilité d'accès, d’existence d'unmarché local font ainsi partie descritères qui déterminent l'implan-

tation étrangère et favorisent lesrégions frontalières et le bassinparisien. Les régions plus rurales outournées vers des industries peuinternationalisées, sont, de fait,moins attractives.

CONCENTRATION DES CENTRES DE DÉCISION

EN ILE-DE-FRANCE

Paris est le 1er départementd'accueil des investisseurs étrangersen France, devant les Hauts de Seine(respectivement 6,9 % et 5,7 % desétablissements étrangers nationaux).Les six autres départements franci-liens se classent parmi les 17premiers en France : ils accueillentchacun entre 1,9 % et 2,7 % desétablissements étrangers implantésdans notre pays.

L'Ile-de-France capte ainsi près de lamoitié des sièges sociaux des entre-prises étrangères installées enFrance métropolitaine. Les centresde décision représentent un établis-sement étranger francilien sur troiset six emplois sous contrôle étrangersur dix.

ENJEUXL’économie francilienne en bref

La position centrale, le rôle interna-tional, les infrastructures et la possi-bilité de bénéficier d'économiesexternes sont autant de facteurs quifavorisent l'implantation des siègessociaux dans la région-capitale. Anoter que les sièges sociaux desfiliales étrangères installées en Ile-de-France sont plus souventimplantés dans le 8e arrondissementparisien (8,3 % d'entre eux) et dansle pôle de La Défense (12,2 %).

UNE FORTE IMPLANTATION DANS LE

TERTIAIRE

En Ile-de-France, les groupesétrangers sont présents dans tous lessecteurs d'activité. C'est dansl'industrie que l'impact sur l'emploiest le plus fort : 21,4 % des effectifsindustriels sont concernés.

Les grands pôles traditionnelsd'implantation étrangère sont en faitsimilaires en Ile-de-France et enprovince. La pharmacie, parfumerieet entretien, la chimie, caoutchoucet plastiques, et les biens d'équipe-ments mécaniques sont les secteursindustriels où la pénétrationétrangère en Ile-de-France est laplus importante (entre 34 % et 42 %).Technologie et accès aux matièrespremières jouent un rôle décisif pources activités très internationalisées.

En revanche, les investisseursétrangers sont relativement peuimplantés dans l'automobile(13,4 %) : les grands groupes français(Renault ou PSA) dominent cesecteur en Ile-de-France, les inves-tisseurs étrangers ayant privilégié laprovince pour implanter leurs grandsétablissements de production.

Un emploi tertiaire sur huit en Ile-de-France dépend des groupesétrangers contre un sur quinze enprovince. La région-capitale capteainsi près de la moitié des postestertiaires étrangers (309 000emplois). Les groupes étrangers sonttrès présents dans le commerce degros (un salarié sur quatre) et dansles activités récréatives, culturelleset sportives (un sur cinq, avecnotamment Eurodisney). L'emploidans les transports et les activitésimmobilières est en revanche moinsdépendant de l'étranger.

L’implantation étrangère selon les régions,en 1994 et en 2001

Source : Insee - Sirene, enquête Liaisons Financières

* la pénétration étrangère correspond à la part de l’emploi sous contrôle de groupesétrangers dans l’emploi total

Les Etats-Unis dominent les indus-tries des biens électriques etélectroniques (Général Electric), lesecteur automobile (DelphiAutomotive Systems) et les activitésrécréatives (Eurodisney) : ilsoccupent entre 53 % et 90 % dessalariés de ces secteurs travaillantdans un établissement étranger.

En Ile-de-France, le Royaume-Uni(Castorama, Eurest…), les Pays-Bas(Philips, Ikéa…) et l'Allemagne(Danzas, Siemens…) représententensemble 40 % des emplois franci-liens contrôlés. La Suisse arrive en4ème position avec 5,9 % dessalariés. Peu présent en 1994, leDanemark est devenu le 8ème inves-tisseur en Ile-de-France grâcenotamment à Euroguard et IssAbilis : 20 % des effectifs étrangersdans les services opérationnels sont

d'origine danoise. L'Espagne s'estégalement implantée récemmentdans la région, principalement avecla chaîne de magasins de vêtements" Zara ".

LES PERSPECTIVES FRANCILIENNES

L'Ile-de-France reste la premièrerégion d'accueil des entreprisesétrangères en France, mais elle estde plus en plus concurrencée pard'autres régions françaises, maissurtout européennes. Paris-Ile-de-France doit ainsi renforcer lesatouts dont elle dispose pourconserver son attractivité auprèsdes investisseurs étrangers.

La région-capitale bénéficie eneffet d'avantages structurels liés àla taille de son marché et à unevisibilité avérée en France et au

95 % DES EMPLOIS FRANCILIENS

ÉTRANGERS DÉPENDENT

DE L'EUROPE ET DES ETATS-UNIS

En 2001, l'Europe emploie les deuxtiers des effectifs régionauxdépendant d'un groupe étranger etles Etats-Unis 29 %. De manièregénérale, l'éloignement géogra-phique de la tête de groupefavorise une implantation centraleet donc en Ile-de-France, tandisque les pays proches privilégientplus souvent les régions fronta-lières. Les capitaux nord-améri-cains s'installent donc depréférence dans la région capitalequi capte 35 % de l'emploi nationalsous contrôle du Canada ou desEtats-Unis, alors qu'elle n'accueilleque 27 % des salariés travaillantpour un groupe européen.

En Ile-de-France, les groupes étrangers contrôlentun emploi sur sept

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A paraître prochainement :èRobotique industrielle et automates programmables : des marchés porteursèLes centres de contact : un service utile pour les PME franciliennes

l'Europe, et donc des sièges sociauxd'entreprises européennes. Face àcette évolution favorable à d'autresrégions européennes et françaises,l'Ile-de-France doit alors encorerenforcer sa politique de communi-cation et d'accueil auprès des entre-prises étrangères.

Il est ainsi nécessaire de mener despolitiques régionales visant àpromouvoir largement les atouts deParis-Ile-de-France auprès des inves-tisseurs étrangers, et de pallier sesfaiblesses en termes de moderni-sation des infrastructures et de coûtde fonctionnement des entreprises.

Aurélie DEUDON, CROCIS Nathalie MORER, INSEE Ile-de-France

plan international. Les entreprisesétrangères dans la région appré-cient ainsi la facilité d'accès aumarché, qui est entretenue par desinfrastructures aéroportuaires etferroviaires performantes. L'Ile-de-France bénéficie également de sonstatut reconnu internationalementde centre de décision en Europe, ceque confirme la forte concentrationde sièges sociaux dans la région, etce malgré la concurrence d'autresvilles européennes telles queBruxelles ou Berlin.

Toutefois, si elle a su se spécialiserdans des activités à forte valeurajoutée (notamment pour les inves-tisseurs de la nouvelle économie),la région est pénalisée par le dépla-cement vers l'est du cœur de

MÉTHODOLOGIE

Les établissements retenus dans cette étude sont des établissements employeurs (au moins unsalarié) contrôlés par une entreprise étrangère, soit une filiale de groupes étrangers implantéeen Ile-de-France. Plus précisément, les " filiales de groupes étrangers " sont les entreprisescontrôlées directement ou indirectement par une entreprise, qui n'est elle-même contrôlée paraucune entreprise et dont le pays d'origine est étranger.

La détermination des entreprises étrangères et de leurs établissements a été effectuée à partirde la fusion de deux sources :

- Le fichier Sirene : répertoire administratif de tous les établissements et entreprises localisésen France

- l'enquête Liaisons Financières : interrogation annuelle des entreprises françaises du secteurprivé dont le portefeuille de titres de participation est supérieur à 1,2 millions d'euros, ou dontle chiffre d'affaires est supérieur à 30 millions d'euros, ou dont l'effectif salarié est supérieur à500 personnes, quel que soit le secteur d'activité. De plus sont interrogées les têtes de groupe de l'année précédente, les entreprises détenuesdirectement par une entreprise étrangère et les entreprises contrôlées majoritairement parl'Etat.Les entreprises constituant de petits groupes peuvent ne pas être répertoriées.

Le comptage exhaustif des établissements appartenant à un groupe étranger est néanmoins trèsdélicat du fait de la dimension du groupe et de la difficulté à définir son caractère étranger oufrançais (liaisons inter-entreprises et problème des prises de participation directes ouindirectes).

De plus, afin de réaliser des comparaisons temporelles, le champ de l'étude a été restreint auchamp ICS (" Industrie, Construction, Commerces, Services "). Il comprend l'ensemble dessecteurs marchands de l'industrie, de la construction, du commerce et des services. Sont doncexclus du champ de l'étude, d'une part l'agriculture, la sylviculture et, d’autre la pêche et,d'autre part, les activités financières.