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ZOOM JOURNAL GRATUIT TIRÉ À 12 000 EXEMPLAIRES Le journal de l’actualité Art et Essai du Cinéma le Lido et du Multiplex Grand Écran N°85 Mai/Juin 2018 GUEULE D’ANGE Un film de Vanessa Filho Avec Marion Cotillard, Alban Lenoir, Ayline Aksoy-Etaix… SWING TIME IN LIMOUSIN Vendredi 8 juin à 20h au Lido VOIr pAGE 9 Page 8 Page 19 Sortie nationale 19 mai 2018

N°85 mai/Juin 2018 Le journal de l’actualité Art et ... · Le journal de l’actualité Art et essai du Cinéma le Lido ... sur immeubles et fonds de commerce » n° CPI 6302

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Zoom

JOURNAL GRATUIT TIRÉ à 12 000 exempLAIRes

Le journal de l’actualité Art et essai du Cinéma le Lido et du multiplex Grand Écran

N°85 mai/Juin 2018

GUEULE D’ANGEUn film de Vanessa FilhoAvec Marion Cotillard, Alban Lenoir, Ayline Aksoy-Etaix…

SWING TIME IN LIMOUSINVendredi 8 juin à 20h au Lido

VOIr pAGE 9

page 8

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Sortie nationale

19 mai2018

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Informations données à titre indicatif sous réserve d’éventuelles modifications.

Caisse d’Epargne et de Prévoyance d’Auvergne et du Limousin, Banque coopérative régie par les articles L512-85 et suivants du Code monétaire et financier, Société Anonyme à Directoire et Conseil d’Orientation et de Surveillance - Capital social de 283 922 900 euros Siège social : 63, rue Montlosier 63000 Clermont-Ferrand 382 742 013 RCS Clermont-Ferrand Intermédiaire en assurance immatriculé à l’ORIAS sous le n°07 006 292 Titulaire de la carte professionnelle « Transactions sur immeubles et fonds de commerce » n° CPI 6302 2016 000 008 503 délivrée par la CCI du Puy-de-Dôme. ALTMANN + PACREAU - Crédit photo : Joseph Ford.

Depuis son origine en 1818, la Caisse d’Epargne n’a cessé d’innover pour que l’intérêt particulierrejoigne l’intérêt général, et réciproquement. 200 ans après, notre ambition est restée la même :

construire ensemble un avenir meilleur en étant utile à tous et à chacun.

En 200 ans, tout a changésauf nos valeurs.

page 2 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

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Journal gratuit tiré à 12 000 exemplaires.Parution toutes les 7 à 8 semaines entre septembre et juin.Entièrement réalisé pour les cinémas Multiplex Grand Écran et Lido par Bruno PENIN. Pour nous contacter : par courrier à l’adresse :9 - 11, place Denis-Dussoubs - 87000 Limoges par téléphone au : 05 55 77 40 79par e-mail : [email protected] Conception graphique et insertion publicitaire :ID Studio Limoges - www.idstudio.fr - [email protected] revue est imprimée par : EDIISPRINT

PRIx DES PLacES

4,00 € avec la carte Cin’Étud* *voir modalité d’inscription et périodes concernées en caisse

5,00 € pour les moins de 14 ans à toutes les séances (2)

6,50 € séances de 15 h et 18 h et étudiants tous les jours

7,50 € tarif normal pour les autres séances

3,00 € pour le «cinéma des enfants»

aboNNEmENTS carte «cinéphile» 6 places valables 60 jours pour 34,00 €(1)

carte «cinévore» 10 places valables 90 jours pour 44,00 €(1)

(1) y compris frais de gestion de la carte

Infos Grand Écran centre et EsterPRIx DES PLacES

4,00 € avec la carte Cin’Étud (voir modalité d’inscription et périodes concernées en caisse)

5,00 € pour les moins de 14 ans à toutes les séances*

5,50 € le dimanche matin de septembre à juin (sauf Ester)

7,50 € Tarif réduit - pour les étudiants* à toutes les séances - + 65 ans en après-midi sauf dimanche et jours fériés - familles nombreuses * - 18 ans* (2)sur présentation des justificatifs

10,00 € Tarif normal 3,00 € pour le «cinéma des enfants»

aboNNEmENTS abonnement Grand Écran 6 places pour 41,00 € (3) valables 60 jours

abonnement UGc illimité 1 21,90 €/mois (2)

abonnement UGc illimité 2 36,80 €/ mois (2)

abonnement UGc illimité -26 ans 17,90 €/ mois (2)

(2) hors frais de dossier voir conditions sur www.ugc.fr (3) y compris 2 € de frais de gestion

Infos Lido

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Retrouvez-nous sur facebook : www.facebook.com/LeLidoLimogeswww.facebook.com/GEcentreLimogeswww.facebook.com/GELimogesEster

Informations données à titre indicatif sous réserve d’éventuelles modifications.

Imaginé en 1938 suite au boycott par les Américains et les Britanniques de la Mostra de Venise jugée beaucoup trop sous l’influence des gou-vernements fascistes de l’Allemagne et de l’Italie et reporté dès sa pre-mière édition prévue en 1939 pour cause de déclaration de conflit, le Festival de Cannes voit enfin le jour pour se tenir du 20 septembre au 5 octobre 1946.

Comme cela avait imaginé dès le début, la sélection des films se veut être un reflet de ce qui se fait de meilleur. Conformément aux accords passés entre la France et les Américains, notamment, les vedettes de l’époque sont accueillies dans le but de promouvoir le cinéma et la manifestation. Le choix des films tient compte de cela et, les plus grandes productions américaines, françaises, britanniques, italiennes… sont diffusées. Il suffit d’énumérer quelques noms des réalisateurs présents à cette première édition pour en avoir des frissons de bonheur : David Lean, Georges Cukor, René Clément, Jean Cocteau, Jean Delannoy, Christian Jacque, Billy Wilder, Walt Disney, Alfred Hitchcock, Roberto Rossellini… Les réalisateurs russes en nombre dans l’édition avortée de 1939, vouée alors à représenter le monde « libre » ont presque entièrement disparus.

À partir des années 50, Cannes devient le plus grand événement cinémato-graphique mondial et la Palme d’or, objet de toutes les convoitises est créée en 1955. Jusque dans les années 70 les films « envoyés » à Cannes étaient choisis par les gouvernements et présentés par les ambassades. Mais déjà un premier tournant dans le choix des films avait été remarqué dès 1959 avec Truffaut et LES 400 COUPS. Petit à petit, les œuvres plutôt jugées comme commerciales perdent du terrain et la nouvelle vague se servira de Cannes comme d’une fabuleuse vitrine, non sans avoir parfois quelques rela-tions tumultueuses avec l’organisation où la presse qui couvre l’événement. En mai 68, François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Lelouch, Claude Berri, Roman Polanski et Louis Malle rejoignent le mouvement étudiant, en solidarité Alain Resnais, Carlos Saura, Milos Forman retirent leurs films de la compétition, les médias couvrent alors plus les affrontements que le Festival qui est annulé le 19 mai.

Dès 1969, Cannes change de visage, de nouvelles sélections apparaissent et de plus en plus de place est faite pour que les cinéastes du monde entier puissent faire passer leurs idées. Les messages que font passer les différentes sélections sont de plus en plus politiques et le cinéma populaire y perd en grande partie sa place. Paradoxalement Cannes s’affirme à la fois comme un festival culturel et comme le plus populaire du monde. Depuis les années 80, avec l’explosion des médias et des manifestations n’ayant plus grand-chose à voir avec le cinéma, la sélection officielle, peut-être pour se donner une bonne conscience, apparaît comme de plus en plus effectuée dans le même type de cinéma avec toujours les mêmes réalisateurs. Si la qualité des œuvres présentées n’est pas en doute, rares sont désormais les films sélectionnés ou primés qui font venir en masse les spectateurs en salles.

Cette année, au-delà de la Sélection toujours manifestement basée sur les mêmes critères chers à monsieur Frémaux, quelle n’est pas notre surprise de voir présenté hors compétition, SOLO un épisode de STAR WARS. Est-ce une façon de répondre au développement rapide d’autres manifestations comme Toronto ? Sommes-nous en train de changer d’ère ? Depuis des décennies les films avaient besoin de Cannes pour exister. Est-ce que le Festival aurait désormais besoin de ce genre de projection pour asseoir sa grandeur ? Peut-être. Mais attention, à trop vouloir avoir un pied de chaque côté, à jouer sur ce grand écart, il ne faudrait pas que ces deux pans de ciné-mas s’éloignent au risque de voir se précipiter la chute de la manifestation.

Bonne lecture, a bientôt dans nos salles obscures, et que la force soit quand même avec vous.

Bruno PENIN

Grand écart sur la Croisette

ÉDITo

PROGRAMMES ET HORAIRES SUR : www.grandecran.fr page 3page 2 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

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Espagnol, Français, Italien 2017 - Durée : 2h10 min

EVERYBODY KNOWSUn film de Asghar Farhadi

Avec Penélope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darín…

Synopsis : A l’occasion du mariage de sa sœur, Laura revient avec ses enfants dans son village natal au cœur d’un vignoble espagnol. Mais des évènements inattendus viennent bouleverser son séjour et font ressurgir un passé depuis trop longtemps enfoui.

Entretien avec la réalisatrice Asghar FarhadiComment est né Ce projet ?

Il y a 15 ans, j’ai voyagé au sud de l’Espagne. Lors de ce voyage, dans une ville, j’ai vu plusieurs photos d’un enfant accrochées aux murs. J’ai demandé « Qui est-ce ? » et on m’a répondu qu’il s’agissait d’un enfant qui avait disparu, et dont la famille était à la recherche. Là, j’ai eu la première étincelle de mon intrigue et je l’ai gardée pendant des années en tête. J’ai écrit une petite histoire sur ce sujet et je l’ai développée plus tard, il y a 4 ans, juste après le tournage du PASSE. J’ai songé à commencer ce projet ensuite. J’ai donc travaillé sur le scénario ces quatre dernières années. Mais on peut dire que le projet a vraiment démarré au moment de ce voyage en Espagne. Deux choses m’y attiraient principalement : d’abord, l’ambiance du pays et la culture, et puis aussi ce fait divers, qui était à l’origine de l’idée. Ces deux éléments ont fait en sorte que, pendant toutes ces années, je ne pensais qu’à l’Espagne.

pourquoi avez-vous Choisi de raConter Cette histoire dans un petit village plutôt qu’à madrid ?

Cette histoire devait se dérouler dans un village. Il s’agit de rapports humains entre villageois. Leurs relations ne sont pas les mêmes que celles de citadins. J’avais par ailleurs depuis longtemps envie de tourner dans un petit village, en pleine nature. Je cherchais des histoires qui se déroulaient loin de la ville et de son brouhaha. Cela a inconsciemment joué sur mon esprit pour orienter l’histoire vers un lieu proche de la nature où il y aurait une ferme, un village… Ce qui suscite en moi une certaine nostalgie. Dans un village, les gens sont plus proches. Comme partout dans le monde, étant donné que la population villageoise est nécessairement réduite, les gens se connaissent. Et cela a nourri mon histoire. Si celle-ci s’était déroulée dans une ville, les gens ne se seraient pas réunis si facilement. Ils n’auraient pas ces relations entre eux. Il y aurait eu un autre film. Donc, dès le départ, l’intrigue et mon envie de tourner dans la nature, dans un village, m’ont amené à travailler dans ce cadre. L’un des plaisirs de ce projet était de tourner au milieu de toutes ces fermes. Ce monde villageois où les gens se réunissent sur la place principale l’après-midi. L’autre point que je tiens à préciser est que les personnages du film, tout en étant pris dans une situation compliquée, sont des êtres simples. Et justement, placer les protagonistes dans un village renforçait cette simplicité.

Comment avez-vous réussi à donner à Ce sCénario une touChe espagnole ?

Quand j’ai achevé l’écriture du scénario en farsi, je l’ai donné à des amis qui vivaient en Espagne. Des amis qui ne travaillaient pas dans le cinéma, mais qui étaient des cinéphiles, et aussi des professionnels du cinéma : réalisateurs, comédiens, etc. J’ai recueilli tous leurs avis. La première question que je leur posais, c’était si on sentait que l’histoire était racontée par un non-Espagnol. Et plus on avançait vers la version finale, plus ils étaient d’avis que l’histoire devenait complètement espagnole. Plus tard, lors du tournage, toute l’équipe et les comédiens m’ont aidé à ce que le film soit au plus proche d’un cadre de vie espagnol, et notamment de la vie villageoise.

est-Ce que vous avez éCrit Certains personnages en pensant aux aCteurs ?

Les deux personnages principaux étaient écrits pour Penélope et Javier. Je leur ai parlé du scénario pendant quatre ans. On s’était déjà mis d’accord pour qu’ils jouent ces rôles. Donc pendant l’écriture, j’avais déjà ces deux comédiens en tête, mais les autres ont été choisis une fois le scénario achevé.

justement, pourquoi avez-vous Choisi penélope Cruz et javier Bardem ?

Cela remonte au PASSE, que j’ai réalisé en France. L’une des candidates pour le rôle principal était Penélope. Mais elle était déjà prise par un autre projet… ou plutôt, à ce moment-là, elle donnait naissance à son enfant. Nous n’avons pas pu travailler ensemble mais ce fut le début de notre amitié. Je lui ai parlé de cette histoire, de même que plus tard à Javier lors de notre rencontre à Los Angeles.

Au-delà de leur interprétation, ces deux comédiens ont beaucoup aidé à la réalisation de ce film. Tout au long du projet, ils ont généreusement répondu à mes questions concernant d’autres acteurs ou d’autres sujets. Ce sont tous les deux des comédiens très doués, mais aussi des personnes profondément humaines. Et notre relation dépasse maintenant la collaboration professionnelle.

page 4 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

Sortie nationale

8 mai2018

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Français 2017 - Durée : 2h12 min

PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE

Un film de Christophe Honoré

Avec Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès…

Synopsis : 1990. Arthur a vingt ans et il est étudiant à Rennes. Sa vie bascule le jour où il rencontre Jacques, un écrivain qui habite à Paris avec son jeune fils.Le temps d’un été, Arthur et Jacques vont se plaire et s’aimer.Mais cet amour, Jacques sait qu’il faut le vivre vite.

ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE HONORECoMMent RéSuMeR L’hiStoiRe, LA MAtièRe de Ce fiLM ?

un premier amour et un dernier amour. un début dans la vie et une fin dans la vie, à travers une seule et même histoire d’amour, celle du jeune provincial Arthur et de l’écrivain agonisant Jacques. Le film voudrait conjuguer cette association de sentiments : l’élan et le renoncement. L’histoire d’amour racontée précipite deux choses : d’une part les débuts dans la vie d’Arthur, d’autre part la fin de la vie de Jacques. il est possible que sans cet amour Jacques aurait vécu plus longtemps, parce qu’il est précipité dans l’idée que sa maladie, le sida, le rend inapte à cet amour, qu’il n’est plus capable de le vivre. Je crois que le vrai sujet du film est là, dans les effets contraires de l’amour.

C’est un film qui assume sa part de mélodrame, mais pas tant du côté de l’amour impossible que de la vie impossible.

Cette hiStoiRe-Là A-t-eLLe une vALeuR PARtiCuLièRe PouR vouS ?

C’est toujours un peu dangereux de chercher des explications intimes après coup, parce qu’il y a au fond tout un faisceau complexe de raisons ou de motivations qui vous portent à écrire une histoire. disons qu’après deux adaptations littéraires, ovide et la Comtesse de Ségur, je souhaitais revenir à une sorte de réalisme et à une histoire à la première personne : le réalisme du récit personnel... Le désir premier était vraiment d’écrire une histoire entièrement originale.

d’autre part je voulais faire revivre les années 90. Je voulais me servir de la fiction pour faire revivre l’étudiant que j’étais à cette époque, et faire revivre cette figure de l’écrivain que j’aurais rêvé de rencontrer, ce qui ne s’est jamais produit. Je me suis mis presque naturellement à relire hervé Guibert, Bernard-Marie Koltès, Pier vittorio tondelli, Jean-Luc Lagarce… toutes sortes de récits évoquant le Sida ou lui faisant face. Je me suis senti animé par une forte et belle envie d’écrire, qui aurait aussi pu donner naissance à un roman puisque je ne me posais à cet instant aucune question de mise en scène. L’écriture, du coup, a-t-elle aussi été vive et rapide : cinq ou six semaines.

Progressivement, les personnages de Jacques et Arthur ont aussi convergé : c’est un peu le même personnage à deux moments de sa vie. dans les yeux du plus jeune, l’autre est un modèle, une aspiration. dans les yeux de Jacques, Arthur est une évocation de sa propre jeunesse, presque un souvenir.

Le fiLM donne Le SentiMent d’êtRe AuSSi AniMé PAR une voLonté de RéPARAtion.

il y a sans doute de ça... et aussi une volonté de consolation. J’appartiens à une génération d’artistes et d’homosexuels pour lesquels aborder la question du sida est particulièrement délicate et compliquée. Parce qu’il fallait sans doute entendre d’abord la parole des malades avant celle de ceux qui ont été témoins sans être victimes. C’était une priorité. et puis il y a eu un délai, un temps nécessaire avant d’oser prendre la parole...

Aujourd’hui encore, je me sens inconsolé de la mort de gens que j’ai connus et de ceux que je n’ai pas connus mais que j’aurais rêvé de rencontrer, et qui continuent toujours à m’inspirer. ils ont provoqué chez moi le désir de cinéma et de littérature, mais je n’ai jamais pu envisager sinon une transmission du moins une rencontre avec eux et, aujourd’hui, je le ressens toujours profondément comme un manque.

Ce film n’est pas pour moi une manière de combler ce manque, peine perdue, mais de faire revivre ce manque de manière romanesque et de m’offrir par la fiction la possibilité d’une rencontre qui n’a pas eu lieu.

Le manque de ces artistes disparus est douloureux pour moi. Pas de nouveau livre de Guibert, pas de film de demy, pas d’article de daney sur le cinéma d’aujourd’hui... C’est cruel. Ça me donne du chagrin. Mais c’est aussi handicapant dans mon travail de cinéaste ou d’écrivain. tous les cinéastes, tous les artistes, ont la volonté à un moment ou l’autre de se trouver des filiations, des pères, sans prétendre hériter de qui que ce soit.

PROGRAMMES ET HORAIRES SUR : www.grandecran.fr page 5page 4 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

Sortie nationale

10 mai2018

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Un film de Raphaël et David Vital-DurandAvec Julien Boisselier, Caterina Murino, Serge Riaboukine…

France - Durée : 1h26 min

SYNOPSIS : Italie, de nos jours. L’avenir d’une usine textile en faillite dépend désormais d’un grand groupe international, Rochette & Co. Les nouveaux investisseurs posent certaines conditions pour ne pas appliquer un plan de licenciements massifs. Une circulaire demande expressément à toutes les ouvrières de réduire leur pause déjeuner de 7 minutes, offertes gracieusement en productivité à l’entreprise. Cette injonction est comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des employées. Lors de la réunion des délégués du personnel, dix femmes se mettent en accord pour approuver la circulaire. Cepen-dant, une onzième et dernière représentante expose méthodiquement des arguments contraires. L’issue du vote, qui semblait pliée au dé-part, s’annonce progressivement incertaine.

UN fIlm DE mIchElE PlacIDOaVEc OttaVIa PIccOlO, aNNE cONSIgNY, clémENcE POéSY…

7 mINUtI

NOtE SUR lE fIlm DE mIchElE PlacIDO : « 7 Minuti » s’inspire d’une histoire vraie qui s’est déroulée en France, en 2012 à Yssingeaux. Onze ouvrières de nationalités différentes se mettent à la table des négociations dans un usine  rachetée par une multinationale. Ce sujet est d’une brû-lante actualité, en France, en Italie, en Europe et même au-delà, surtout depuis  le Brexit. Onze  employées,  prises  en  étau  par  la  circulaire  des nouveaux employeurs, se retrouvent à décider en un temps restreint du sort de trois cents de leurs collègues qui attendent leur verdict avec impa-tience hors des murs. Cette matière sociale nourrit le film et lui donne un rythme très soutenu… Cette histoire prend son sens dans une société où le fossé entre riches et pauvres n’a  jamais été aussi grand et où  la dis-cussion entre syndicats et patronat n’a plus cours. De ce chaos émergent l’individualisme, la colère, le ressentiment et le désespoir. Lorsque j’écri-vais le film, je me suis remémoré le dispositif dramaturgique de « Douze Hommes en Colère ».

France, Italie, Suisse - Durée : 1h28 min

Nouvelledate de sortie

13 juin2018

Sortie nationale

16 mai2018

page 6 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

ET MON COEUR TRANSPARENTSYNOPSIS : « Je m’appelle Lancelot Rubinstein, ma femme est morte ce jour-là, à cet instant précis. Elle s’appe-lait Irina. Le plus étrange dans cette histoire c’est de découvrir la personne avec laquelle on vit une fois qu’elle est morte. »

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrantD’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,

Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la mêmeNi tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.Car elle me comprend, et mon coeur transparentPour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Extrait de Mon Rêve Familier,Poèmes saturniens.

Paul Verlaine

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France 2017 - Durée : 1h52 min

Un film de Stéphane Brizé

EN GUERREAvec Vincent Lindon, Mélanie Rover, Jacques Borderie…

SYNOPSIS : Malgré de lourds sacrifices financiers de la part des sala-riés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte-parole Laurent Amédéo, refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi.

ENTRETIEN AVEC STEPHANE BRIZEpourquoi Ce film ?

Pour comprendre ce qu’il y a derrière les images des médias qui se font régulièrement les témoins de la violence qui peut surgir à l’occa-sion de plans sociaux. Et à la place du mot « derrière », il vaudrait mieux dire « avant ». Qu’y a-t-il avant le surgissement soudain de cette violence ? Quel est le chemin qui mène à cela ? Une colère nourrie par un sentiment d’humiliation et de désespoir qui se construit durant des semaines de lutte et où se révèle – on le découvrira – une disproportion colossale des forces en présence.

quels sont les lignes de forCes autour desquelles le film s’est Construit ?

Avec Olivier Gorce, co-scénariste du film, nous avi-ons deux postulats de départ. Penser le film comme une épopée romanesque tout en le nourrissant sans travestissement du réel. Le film s’est alors structuré autour de la description d’un mécanisme écono-mique qui fait fi de l’humain, en même temps que l’observation de la montée de la colère de salariés pris dans la tourmente d’un plan social. Une colère

incarnée notamment par un représentant syndical qui n’a aucune rhé-torique politicienne, mais simplement la nécessité d’être la voix de son indignation et de sa souffrance en même temps que de celles de ses collègues. Sa contestation : refuser d’être privé d’un travail qui permet à une entreprise de gagner encore plus d’argent qu’elle n’en gagne déjà, alors que cette même entreprise s’était engagée à protéger l’em-ploi des salariés en contrepartie de leur engagement à faire des sacri-fices financiers.

la situation déCrite dans le film est-elle exCeptionnelle ?

Non, absolument pas. Si tel avait été le cas, cela aurait été une façon de faire dire au réel ce qu’il ne dit pas. Et la situation n’est tellement pas exceptionnelle qu’on en entend parler tous les jours dans les mé-dias. Mais sans peut-être avoir vraiment conscience des enjeux et des mécanismes à l’œuvre. Le cas de Perrin Industrie décrit dans le film, c’est Goodyear, Continental, Allia, Ecopla, Whirlpool, Seb, Seita, etc. Dans tous ces cas, les analyses des experts ont démontré l’absence de difficultés économiques ou l’absence de menace sur la compétitivité.

vous avez fait iCi un film très politique.

Politique dans le sens étymologique du terme, il observe la vie de la cité. Mais je ne me fais le porte-parole d’aucun parti ni d’aucun syndi-cat, je fais simplement le constat d’un système objectivement cohérent d’un point de vue boursier, mais tout aussi objectivement incohérent d’un point de vue humain. Et ce sont ces deux points de vue que le film oppose. La dimension humaine face à la dimension économique. Comment ces deux grilles de lecture du monde peuvent-elles se su-perposer ? Peuvent-elles même encore aujourd’hui cohabiter ? Si je m’y suis intéressé, c’est que je ne suis pas certain que beaucoup de monde saisisse exactement ce qu’il y a derrière toutes ces fermetures d’usines dont on entend parler tous les jours dans les médias. Je ne parle pas d’entreprises qui ferment parce qu’elles perdent de l’argent,

je parle d’entreprises qui ferment et qui sont pourtant rentables.

la situation déCrite dans le film est simple en apparenCe : « des salariés refusent la fermeture Brutale de leur usine » mais il y a néanmoins autour de Cela toute une législation qu’il s’agit de respeCter. Comment aBorde-t-on une matière Comme Celle-Ci ?

Avec Olivier Gorce, nous avons rencontré énormé-ment de gens pour bien comprendre les règles du jeu dans ce type de situation. Des ouvriers, des DRH, des chefs d’entreprises et des avocats spécialisés dans la défense des salariés, mais aussi dans celle des intérêts des entreprises. Tout cela avec l’objectif de ne pas sommairement opposer des discours dogmatiques, mais de faire se confronter des points de vue radicale-ment différents avec un argumentaire solide et étayé.

Les rencontres avec un avocat spécialisé dans la défense des salariés lors de ces fermetures d’usines nous ont d’abord permis de comprendre par le menu les étapes légales qui structurent un plan social. Des informations qui sont venues éclairer les séances de travail avec Xavier Mathieu, ancien leader syndical de Continental qui nous a raconté, lui, la manière dont le conflit qu’il avait vécu en 2009 s’était organisé et structuré.

Sortie nationale

16 mai2018

PROGRAMMES ET HORAIRES SUR : www.grandecran.fr page 7page 6 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrantD’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,

Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la mêmeNi tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.Car elle me comprend, et mon coeur transparentPour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Extrait de Mon Rêve Familier,Poèmes saturniens.

Paul Verlaine

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SYNOPSIS : Une jeune femme vit seule avec sa fille de huit ans. Une nuit, après une rencontre en boîte de nuit, la mère décide de partir, laissant son enfant livrée à elle-même…

un film de Vanessa filhoaVec marion cotillard, alban lenoir, ayline aksoy-etaix…

ENtREtIEN aVEc VaNESSa fIlhOComment êtes-vous arrivée au cinéma ?J’ai un parcours assez éclectique, mais j’ai toujours eu envie de faire du cinéma : dès l’enfance, j’avais constamment avec moi un caméscope ou un appareil photo pour fabriquer des images et inventer des mises en scènes. Mon premier choc cinématographique a été BLEU de Kieslowski que j’ai découvert à 13 ans : cette héroïne féminine portée par Juliette Binoche m’a littéralement foudroyée. Je suis restée cloîtrée dans ma chambre, des jours entiers, à écouter le Requiem de Zbigniew Preisner, musique indissociable du film, parce que je n’arrivais pas à me défaire de l’émotion totale que cette œuvre m’avait procurée. C’est à ce moment-là que j’ai décidé que j’écrirais et que je serais réalisatrice. Je suis tom-bée amoureuse du cinéma et d’autres films ont ancré, toujours plus profondément, mon désir de réaliser, comme par exemple UNE FEMME SOUS INFLUENCE, OPE-NING NIGHT… de John Cassavetes, LA FEMME D’À CÔTÉ de François Truffaut, FAMILY LIFE, LADYBIRD de Ken Loach, DÉSIR MEURTRIER de Shohei Imamura, CLÉO DE 5 À 7 d’Agnès Varda…Quel a été le point de départ de GUEULE D’ANGE ?C’était le besoin impérieux de raconter la dépendance, le manque d’amour et le sentiment d’insécurité. Je voulais raconter et filmer la solitude d’Elli, son absence de repères et sa rencontre avec l’alcool, bien trop tôt dans sa vie.C’est un film qui parle d’amour, et de tous les sentiments qui le font absent, l’af-fectent, et qui rendent mon héroïne dépendante. Mais c’est aussi un film sur la renaissance. Parce que malgré l’épreuve qu’Elli traverse, qui la met en insécurité, elle fait preuve de résistance, elle témoigne d’une capacité, d’un effort de résilience.

France - Durée : 2h00 min

Ce qui me touche le plus chez Elli, c’est sa faculté à faire cohabiter avec sa douleur un désir immense de vie. Et ce qui me bouleverse chez Marlène, c’est son impuissance, sa fragilité, son manque de repères, et d’espoir. C’est un être humain envahi par sa souffrance, chaotique, qui ne trouve pas sa place dans ce monde et qui ne s’aime pas assez pour être capable d’accueillir le bonheur et d’aimer au mieux sa fille. Il y avait donc la nécessité de rendre ces émotions sensibles. Comme je l’ai déjà dit, c’est avant tout une fiction, mais ce sont des sentiments qui me sont très personnels : j’ai longtemps eu à me battre contre une peur irration-nelle de l’abandon. C’est un film d’apprentissage, un film initiatique, et un film qui parle du destin, parce qu’Elli n’a que huit ans mais elle va s’af-franchir, renoncer à la personne qu’elle aime le plus au monde, sa mère, reconstruire ses propres repères, agir sur son propre destin, provoquer sa chance en choisissant Julio.Vous êtes-vous documentée sur le phénomène des enfants alcoolisés ?L’histoire n’est pas partie d’un fait divers précis. Une fois le premier trai-tement du film écrit, j’ai cherché à me nourrir d’autres témoignages : j’ai rencontré des personnes du corps médical, des psychologues et d’anciens alcooliques, membres des AA, qui m’ont livré des bribes de leurs histoires. Pour autant, il était très important pour moi de ne pas faire un film d’enquête médicosociale : GUEULE D’ANGE reste avant tout une fiction. Évidemment, et hélas, il existe des histoires proches de celle décrite dans le film, mais celle-ci est celle d’Elli, elle est singulière, et n’appartient qu’à elle. J’ai voulu traiter sa dépendance à l’alcool comme un symptôme de sa détresse et de son manque d’amour.Comment s’est passée la rencontre avec Marion Cotillard ?Marion est une immense actrice que j’admire depuis toujours. Très honnêtement, je n’aurais jamais osé espérer qu’elle lise même le projet. C’est grâce à Laurent Grégoire, mon agent et le sien avant tout, qui le lui a transmis. Et j’ai eu la chance qu’elle ait souhaité me rencontrer suite à cette lecture. Ma première rencontre avec elle m’a bouleversée. Le temps s’est suspendu. Elle m’a parlé de Marlène avec tant d’amour et de compréhension à l’égard du personnage, avec une empathie si profonde, que j’en ai été saisie : il y a chez elle une intelligence émotionnelle, une humanité, une puissance et un instinct très rares. C’est une femme qui va à la vérité, à l’essentiel, face à laquelle on ne peut pas tricher.

Sortie nationale

23 mai2018

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Espagnol, Britannique, Français, Portugais, Belge 2017 - Durée : 2h12 min

SYNOPSIS : Toby, un jeune réalisateur de pub cynique et désabusé, se retrouve pris au piège des folles illusions d’un vieux cordonnier espa-gnol convaincu d’être Don Quichotte. Embar-qué dans une folle aventure de plus en plus surréaliste, Toby se retrouve confronté aux conséquences tragiques d’un film qu’il a réa-lisé au temps de sa jeunesse idéaliste: ce film d’étudiant adapté de Cervantès a changé pour toujours les rêves et les espoirs de tout un petit village espagnol. Toby saura-t-il se racheter et retrouver un peu d’humanité? Don Quichotte survivra-t-il à sa folie? Ou l’amour triomphera-t-il de tout?

L’HOMME QUI TUA

Un film de Terry GilliamAvec Jonathan Pryce, Adam Driver, Olga Kurylenko…

France - Durée : 2h00 min

Sortie nationale

19 mai2018

PROGRAMMES ET HORAIRES SUR : www.grandecran.fr page 9page 8 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

UNE AVENTURE DE 30 ANS : L’homme qui tua Don Quichotte est l’une des histoires au développement le plus long et le plus tortueux de l’histoire du cinéma. La réalisation de ce film, complétée après près de 30 ans d’efforts et neuf autres tentatives de production, relève du miracle. Elle est le fruit de la persévérance, de la passion et de l’inspiration du réalisateur, Terry Gilliam.Tout a commencé en 1989. Peu après la sortie de Les Aven-tures du baron de Münchhause, Gilliam a présenté une nou-velle idée de projet à l’un de ses producteurs, Jake Eberts. « Nous avions envie de retravailler ensemble, explique le réa-lisateur. Donc j’ai appelé Jake et je lui ai dit : “j’ai deux noms pour toi... Quichotte et Gilliam. Et j’ai besoin de 20 millions de dollars.” Et Jake a répondu : “D’accord !” C’était aussi simple que cela. Alors, j’ai lu les deux livres. Quelques semaines plus tard, après les avoir lus, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas faire le film ! »Après trois films tournés et basés aux États-Unis (The Fisher King – Le roi pêcheur, 1991 ; L’armée des 12 singes, 1996 ; Las Vegas Parano, 1998), Gilliam voulait tourner un film en Eu-rope. Le nouveau projet a été baptisé L’homme qui tua Don Quichotte. « Ayant réalisé que je ne pouvais pas faire Don Quichotte tel que Cervantes l’a écrit, je me suis demandé si je pouvais faire un film dont l’histoire capturerait l’essence de Don Quichotte, sans s’appuyer complètement sur les livres. » Gilliam s’est alors inspiré des six mois qu’il avait passés à essayer d’adapter le roman de Mark Twain, Un Yankee du Connecticut à la cour du roi Arthur. Il a imaginé un jeune réa-lisateur de pub impétueux, un homme moderne projeté d’une certaine façon au XVIIe siècle et pris par Don Quichotte pour Sancho Panza, son écuyer.

L’homme qui tua Don Quichotte est entré en production pour la première fois à l’au-tomne 2000, mais le tournage n’a duré que six laborieuses journées. L’équipe s’était rendue à Las Bardenas, en Navarre (Espagne). Le tournage a été perturbé par le vol bruyant d’avions militaires et par des pluies diluviennes. Le tournage a finalement dû être interrompu dès le sixième jour en raison d’une blessure de Jean Rochefort, l’acteur jouant Don Quichotte. Les mésaventures de cette première tentative ont été immortali-sées dans le long-métrage documentaire Lost in La Mancha (2002).Le projet est ensuite resté en suspens pendant huit ans. Puis en 2009, Gilliam et Grisoni ont retravaillé le scénario et l’ont significativement amélioré. La première amélioration fut de solidifier la trame de fond de l’histoire en attribuant à Toby la réalisation d’un film lorsqu’il était étudiant. La deuxième fut de supprimer la notion de voyage dans le temps : au lieu de rencontrer un authentique Don Quichotte du XVIIe siècle, Toby vivra ses aventures aux côtés de l’ancien acteur de son film étudiant, lequel se prend à présent pour le Chevalier à la Triste Figure.« Le projet parle à présent de la création et de la production de films, ainsi que de l’impact qu’ils ont sur les personnes ayant participé à leur réalisation, explique Gilliam. Le réalisateur devient une personne qui a réalisé un film étudiant dix ans auparavant, dans un petit village d’Espagne. Quand il revient dans ce village, pensant que ce sera aussi merveilleux et fabuleux que lorsqu’il y travaillait, il découvre que la plupart des habitants le détestent. Et qu’il a détruit des vies. »« Une autre raison pour laquelle nous sommes restés dans le monde moderne, admet Gilliam, c’est que cela revient moins cher que d’être au XVIIe siècle. Je n’ai pas à me soucier de démanteler les lignes électriques tout le temps. Je peux garder une route moderne ! » Les deux scénaristes ont fait de nombreux ajustements depuis 2009. « Je pense qu’en moyenne, nous avons réécrit le scénario deux fois par an, et parfois plus, en fonction de la possibilité que le film soit à nouveau produit. Chaque fois qu’il semblait y avoir une chance, je recevais un appel de Terry ! Et maintenant, je pense qu’on a un excellent scénario. »

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GB 2009 - Durée : 1h38 min

Espagnol, Français 2017 - Durée : 1h33 min

HORAIRES V.O.jeudi 31 mai 31 15hvendredi 1er juin 22h15samedi 2 juin 18hdimanche 3 juin 20h30lundi 4 juin 18hmardi 5 juin 15h

jeudi 7 juin 15hvendredi 8 juin 22h15samedi 9 juin 18hdimanche 10 juin 20h30lundi 11 juin 18hmardi 12 juin 15h

Américain, Français 2017 - Durée : 1h28 min

SYNOPSIS : Katie, jeune femme du sud-ouest américain, rêve d’une nouvelle vie à San Francisco. Elle vit ses premiers amours et se révèle d’une honnêteté désarmante. Son empathie compulsive envers les autres fait d’elle une proie facile. Sa ténacité et sa jeunesse seront mis à l’épreuve par ceux qu’elle aime le plus au monde.

Critiques : D’un récit déjà vu et cousu de fil blanc, Wayne Roberts en tire un film puissant, touchant et émouvant, servi par des comédiens extraordinaires. On en sort les yeux rouges et le coeur gros, mais on ne regrette absolument pas le voyage. Chapeau bas.

Christophe Foltzer - Ecran Large

Ce rôle de sainte au purgatoire de l’Amérique, la jeune Olivia Cooke l’habite comme une très grande. Steven Spielberg ne s’y est pas trompé : il a engagé l’actrice pour son «Ready Player One» après l’avoir repérée dans ce film.

Nicolas Schaller - Le Nouvel Observateur

Filmée au plus près par une caméra mobile et empathique, Olivia Cooke, lu-mineuse, incarne de manière bouleversante l’honnêteté désarmante de son personnage et sa confiance inébranlable en l’avenir - non pas un optimisme béat refusant de voir les difficultés, mais une croyance indestructible en une vie meilleure qui permet de franchir tous les obstacles, de dépasser toutes les épreuves.

Corinne Renou-Nativel - la Croix

SYNOPSIS : Carmen est mariée à Carlos, un conducteur de grue macho, fan de foot, qui ne lui prête plus guère attention. Après une séance d’hypnose dont il est le cobaye pendant un mariage, Carlos devient le parfait époux. Quelque chose a changé !

critiques : Sur le ton de la comédie exubérante, Pablo Berger parle du couple d’une manière à la fois inventive et réfléchie. La con jugalité, paradis ou enfer, est aussi schizophrénique que les hommes qui entourent Carmen. Elle qui croit en l’amour est toujours ramenée à la violence masculine. Ce film original et émouvant n’en est que plus actuel.

Frédéric Strauss - Télérama

Comédie dans un drame, thriller dans un film fantastique em-preint d’un délirium musical, le nouvel opus de Pablo Berger («Blancanieves») embarque le spectateur dans une dinguerie hypnotique, tragi-comiqué et ébouriffante, servie par de su-perbes acteurs.

Marie Toutée - les fiches du cinéma

UN fIm DE PaBlO BERgERaVEc maRIBEl VERDú, aNtONIO DE la tORRE, JOSé mOta…

aBRacaDaBRa

AvEC OLiviA COOkE, ChRiStOPhER AbbOtt, MiREiLLE ENOS…

UN FiLM DE WAyNE RObERtS

HORAIRES V.O.jeudi 17 mai 15hvendredi 18 mai 22h15samedi 19 mai 18hdimanche 20 mai 20h30lundi 21 mai 18hmardi 22 mai 15h

jeudi 24 mai 15hvendredi 25 mai 22h15samedi 26 mai 18hdimanche 27 mai 20h30lundi 28 mai 18hmardi 29 mai 15h

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Tarif5 €La séance

SyNopSiS : Daya, un vieil homme, sent que son heure est venue et souhaite se rendre à Varanasi (Bénarès), au bord du Gange, dans l’espoir d’y mourir et atteindre le salut. A contrecœur, son fils Rajiv l’accompagne, laissant derrière lui son travail, sa femme et sa fille. Arrivés dans la ville sainte, les deux hommes louent une chambre à l’Hôtel Salvation, un endroit réservé aux per-sonnes en fin de vie. Mais le temps passe et Daya ne montre pas de signe de fatigue. Or le directeur de l’établissement a été formel : au bout de quinze jours, ils devront laisser la place aux nouveaux arrivants. Cette attente inopinée est enfin l’occasion pour le père et son fils de se connaître et de se comprendre.

AvEC ADiL hUSSAiN, LALit bEhL, GEEtANjALi kULkARNi…

UN FiLM DE ShUbhAShiSh bhUtiANihOtEl SalVatION

DAPHNÉ

CRiTiQUES : La touche du jeune cinéaste indien est d’une in-croyable légèreté qui lui permet d’aborder des thèmes difficiles. Il exprime ses choix avec calme quand toutes les émotions pro-fondes sont en mouvement.

Dominique Widemann - l’Humanité

Pour son premier long-métrage, Shubhashish Bhutiani signe une jolie dramédie (la mort est une fête et il est agréable de se souvenir des défunts), portée par un casting juste et de somptueux plans colorés des bords du Gange.

Alexandre Bernard - Premiere

Cette première fiction d’un réalisateur indien réussit à aborder sur un mode à la fois burlesque et profond deux préoccupations uni-verselles et étroitement imbriquées : la fin de vie et le conflit des générations.

Philippe Niel - Positif

Britannique 2017 - Durée : 1h33 min

HORAIRES V.O.

HORAIRES V.O.

jeudi 14 juin 15hvendredi 15 juin 22h15samedi 16 juin 18hdimanche 17 juin 20h30lundi 18 juin 18hmardi 19 juin 15h

jeudi 21 juin 15hvendredi 22 juin 22h15samedi 23 juin 18hdimanche 24 juin 20h30lundi 25 juin 18hmardi 26 juin 15h

jeudi 28 juin 15hvendredi 29 juin 22h10samedi 30 juin 17h55dimanche 1er juillet 20h30lundi 2 juillet 17h55mardi 3 juillet 15h

jeudi 5 juillet 15hvendredi 6 juillet 22h10samedi 7 juillet 17h55dimanche 8 juillet 20h30lundi 9 juillet 17h55mardi 10 juillet 15h

Un film de Peter Mackie BurnsAvec Emily Beecham, Geraldine James, Tom Vaughan-Lawlor…

synoPsis : la vie de daphné est un véritable tourbillon. aux folles journées dans le restaurant londonien où elle travaille succèdent des nuits enivrées dans des bras inconnus. elle est spirituelle, aime faire la fête mais sous sa personnalité à l’humour acerbe et misanthrope daphné n’est pas heureuse. lorsqu’elle assiste à un violent braquage sa carapace commence à se briser…

Critiques : Premier long métrage réussi d’un réalisateur anglais, Peter mackie burns,qui dessine un portrait psychologique tout en finesse dans le monde contemporain. découverte d’une actrice de talent, emily beecham.

dominique Widemann - l’humanité

dans une esthétique colorée, évoquant Wong kar-wai, la rousseur et le talent d’emily beecham, nouvelle venue à ne plus quitter du regard, brillent de mille feux.

Guillemette odicino - télérama

cette fille, c’est emily beecham, la nouvelle petite anglaise que l’on va adorer. rousse incandescente au visage de camé pâle, emily beecham contourne son propre classicisme esthétique. elle insuffle à daphné sa grâce mais aussi une rudesse et un bagout qui corsent habilement sa plastique évanescente.

anouk féral - Première

Indien, Britannique 2017 - Durée : 1h35 min

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SYNOPSIS : Pour son premier poste d’instituteur, Anders choisit l’aventure et les grands espaces : il part enseigner au Groenland, à Tiniteqilaaq, un hameau inuit de 80 habitants. Dans ce village isolé du reste du monde, la vie est rude, plus rude que ce qu’Anders imaginait.Pour s’intégrer, loin des repères de son Danemark natal, il va devoir apprendre à connaître cette communauté et ses coutumes.

SamUEl cOllaRDEY travaille pour la télévision avant d’intégrer La Fémis dans le département Image. Durant sa formation il est chef opé-rateur sur de nombreux courts-métrages. Son film de fin d’études, Du

soleil en hiver, reçoit le Grand Prix SACD à la Quinzaine des Réalisateurs au Festi-val de Cannes et le Prix Spécial du Jury à Clermont-Ferrand. En 2008 sort son pre-mier long métrage L’Apprenti, qui fait le portrait d’un jeune apprenti dans une ferme du Haut-Doubs. Le film reçoit le Prix de la

Semaine de la Critique au Festival de Venise et le Prix Louis-Delluc du Meilleur Premier Film. Parallèlement, il continue de pratiquer le métier de chef opérateur et collabore entre autres avec le réalisateur Nassim Amaouche sur Adieu Gary et avec Frédéric Louf sur J’aime regarder les filles. En 2013, il réalise son deuxième long-métrage, Comme un lion, puis en 2014 il tourne Tempête. Le film s’inspire de la vie d’un marin pêcheur des Sables-Olonne qui interprète son propre rôle. Il sera ré-compensé à la Mostra de Venise avec un prix pour son acteur principal, Dominique Leborne, qui reçoit le Prix d’Interprétation dans la sélection Orizzonti. Depuis 2016, il fait partie de l’équipe de réalisateurs de la série Le Bureau Des Légendes pour laquelle il a réalisé quatre épisodes sur les saisons 2 et 3. En 2017, il tourne son 4e long-métrage au Groenland, Une année polaire qui raconte la première année d’un instituteur danois dans un petit village groenlandais. Samuel Collardey développe actuel-lement une série tournée aux Etats-Unis.

QUEStION aU RéalISatEURQu’essayez-vous de trouver dans cette ruralité : une société qui va disparaître ? Un petit théâtre clos, replié sur lui-même ?

Un peu des deux. C’est une société intéressante à filmer aujourd’hui parce qu’elle est prise entre tradition et modernité. C’est une évidence, mais cela saute aux yeux quand on arrive là-bas. Ces gens mangent du phoque tous les jours, ils partent chasser l’ours ou le narval, au harpon ; et, en même temps, ils ont tous un smartphone dernier cri, un compte Facebook, et ils sont hyperconnectés. La micro-société, l’isolement des individus, les rapports humains dans ces situations-là m’intéressent. Cela crée des rapports humains très spécifiques.Avec Anders, vous aviez, une fois de plus, un personnage pris dans des contradictions familiales : il hésite à reprendre la ferme de ses parents...

Oui, ce sont des choses qui m’intéressent beaucoup, le poids de la filiation, la lourdeur de l’héritage. Comme dans Tempête, par exemple, où l’envie du père est que son fils continue le métier de marin-pêcheur qui est le sien. Comprendre, en arrivant chez Anders, qu’il portait dans son nom de famille le nom de sa ferme, que ça faisait huit générations que cette exploitation était transmise, cela m’a plu, c’était un nœud psychologique intéressant. Même si l’on a n’a pas pris beaucoup de temps pour développer les scènes avec ses parents. Les gens qui s’installent au Groenland sont souvent dans un syndrome de fuite. Personne ne part s’installer au bout du monde, dans une zone inadaptée à l’homme, par hasard.Dans la façon dont les Groenlandais considèrent les Danois, on a parfois l’im-pression de voir un rapport de colonisé à colonisateur...

Complètement. Cela reste une colonie danoise, et moi qui allait pour la première fois dans une colonie, je l’ai ressenti de façon très forte et choquante. Et encore une colonie danoise, ce n’est pas une colonie anglo-saxonne, cela reste un colo-nialisme doux. La domination des inuits au Canada est sans doute plus cruelle.

France : 1h32 min

Mais au Groenland, on se rend compte que tous les postes à responsabilité sont occupés par les Danois. Les inuits sont là pour la main d’œuvre. Et ils jugent très durement les Danois. On voit bien dans le film comment la société inuite refuse d’apprendre le Danois, refuse l’école...

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UN FILM DE SAMUEL COLLARDEyAVEC ANDERS HVIDEGAARD, ASSER BOASSEN, THOMASINE JONATHANSEN…

Sortie nationale

30 mai2018

ZOOM n°85 mai/juin 2018

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Apocalypse Now Now de Michael MatthewsAfrique du Sud – Fiction – 8min - SAFTA 2018 du Meil-leur Court Métrage

"Baxter Zevcenko est un adolescent comme les autres... à moins qu’il ne soit également tueur en série. Sa petite amie, Esme, a disparu, faisant de lui le principal suspect. Il s'adresse alors à Jackson 'Jackie' Ronin, un chasseur de prime ivrogne et subversif. Commence une plongée dans les bas-fonds du Cap, peuplés de monstres et de mythes, de corbeaux assoiffés de sang et de conspirations qui traversent le temps et l'espace…Un jeune garçon intriguant, un compagnon déluré et un scénario mystérieux font de ce court métrage, adapté du roman de Charlie Human, une science-fiction captivante que nous sommes impatients de découvrir prochaine-ment en long métrage..."

Pix de Sophie Linnenbaum.Allemagne – Animation - 8 min - Lola 2017 du Meilleur Court Métrage d'Animation

"Une naissance et une première photo… Clic ! L’album commence et ne s’arrêtera plus : anniversaire, Noël, vacances, mariage… Une succession de clichés qui immortalisent chaque étape de la vie. Ces instantanés alignés dans un timing parfait, le temps qui passe, le décor qui glisse, cette chorégraphie parfaite-ment maîtrisée nous conduit, avec nostalgie, tout au long du cycle de la vie. Une existence résumée en quelques clics, et un éternel recommencement… "

The Eleven O'Clock de Derin Seale.Australie – Fiction – 13 min - AACTA 2017 du Meilleur Court Métrage de Fiction.

"Un psychiatre essaie avec sincérité et professionnalisme d’aider un patient délirant. Des efforts rapidement vains face à cet homme qui pense lui-même être le docteur. La séance débute, chacun tente d’analyser l’autre jusqu’à ce que la situation devienne hors de contrôle.

Damon Herriman et Josh Lawson interprètent avec brio une facétieuse joute verbale aux savoureux jeux de mots délivrés à un rythme vertigineux. Laissez-vous emporter dans cette spirale sans fin, mais ne perdez pas de vue qui vous êtes…

Avec Thelma de Ann Sirot et Raphaël Balboni.Belgique – Fiction – 14 min - Magritte 2018 du Meilleur Court Métrage de Fiction.

"L’éruption d’un volcan islandais bloque l’espace aérien. Les parents de Thelma sont coincés à l’étranger. En atten-dant que les avions traversent à nouveau le ciel, Jean et Vincent récupèrent Thelma, 3 ans, et l’accueillent pour une durée indéfinie sous leur toit.Le trio comique formé par Jean Le Peltier, Vincent Lécuyer et la petite Thelma nous offre 14 minutes de fraî-cheur, de rire et de tendresse, au cœur de cette famille improvisée le temps que le ciel s’éclaircisse… "

Vaysha, l'aveugle de Theodore Ushev.Canada (Quebec) – Animation – 8 min - Iris 2017 du Meilleur Court Métrage d'Animation.

"Pour Vaysha, le présent est invisible pour ses yeux vairons, même grands ouverts. De son œil gauche ne transparait que le passé alors que son œil droit ne laisse à voir que l’avenir. Véritable sortilège, cette vision scindée la prive du présent...Avec ce conte métaphorique empreint d'une intempo-relle sagesse, Theodore Ushev nous rappelle l’importance de vivre et d'apprécier l'instant présent. "

Madre de Rodrigo Sorogoyen.Espagne – Fiction -18 min - Goya 2018 du Meilleur Court Métrage de Fiction.

"Une femme discute avec sa mère dans son appartement en Espagne quand son téléphone sonne. Au bout du fil, Iván, son fils de 6 ans, en vacances avec son père. Il est à la plage, seul, quelque chose ne va pas…En quelques minutes, Rodrigo Sorogoyen nous glisse dans la peau d’une mère suspendue à la voix faible de son fils au téléphone. Un huis clos qui nous plonge dans un thriller savamment conçu, à l’intensité rare, véritable cauchemar de tout parent."

The Silent Child de Chris Overton.USA – fiction – 20 min - Oscar 2018 du Meilleur Court Métrage de Fiction.

"Libby, 4 ans, sourde de naissance dans une famille enten-dante, peine à communiquer. En âge d'entrer à l'école, ses parents engagent une éducatrice spécialisée pour l'aider à sortir de son isolement et surtout, apprendre à parler comme eux. Mais Joanne, la jeune éducatrice, privilégie l’enseigne-ment du langage des signes qui permet peu à peu à la petite fille de s’extirper de son silence et de s’épanouir. Un choix auquel les parents de Libby s’opposent farou-chement..Inspiré d'expériences réelles, le film dépeint avec justesse un handicap isolant et les difficultés auxquelles les enfants sourds sont confrontés."

Les Bigorneaux de Alice Vial.France – Fiction – 25 min - César 2018 du Meilleur Film de Court Métrage.

"À Brignogan-Plages, Zoé, 30 ans, travaille au bar “Les Bigorneaux” avec son père Guy. Serveuse, barman, pa-tronne, elle s'épuise à tout faire pour épauler Guy depuis la mort prématurée de sa mère. Victime de vertiges et de nausées, Zoé craint d’être tombée enceinte, mais sa gynéco lui apprend qu’elle souffre d’un tout autre mal… Alice Vial aborde avec humour et pudeur des questions telles que la féminité, les relations père/fille et le besoin de s’affranchir. "

Pépé le morse de Lucrèce Andreae.France – Animation – 15 min - César 2018 du Meilleur Film d'Animation (Court Métrage).

"Sur la plage sombre et venteuse, Mémé prie, Maman hurle, les frangines s'en foutent, Lucas est seul. Pépé était bizarre comme type, maintenant il est mort.Une famille paumée, secouée, vient se recueillir face à l’immensité de la nature et au poids de leur deuil. Per-sonnages attachants et sentiments profonds s’immergent dans ce récit entre réalité et fantastique. Un univers libre-ment inspiré par l’animation japonaise qui évoque avec onirisme tous les mystères qu’un disparu peut emporter dans sa tombe. "

tarif unique 5 euros

PROGRAMMES ET HORAIRES SUR : www.grandecran.fr page 13page 12 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

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France 2017 - Durée : 1h26 min

ENTRETIEN AVEC JEAN-PIERRE AMERISle narrateur de je vais mieux, le roman de david foenkinos, est un lointain cousin des protago-nistes d’inhibés, en proie à des blocages, qui ont traversé votre cinéma. dans quelle mesure vous êtes-vous senti proche de ce récit au point de vous l’approprier ?Sur les onze films que j’ai réalisés, JE VAIS MIEUX est ma troisième comédie. Les deux premières, LES EMOTIFS ANONYMES et UNE FAMILLE A LOUER, étaient des scénarios originaux, nourris d’une grande part d’autobiographie. En lisant le roman de David Foenkinos, je me suis vraiment identifié au person-nage, au point de me demander s’il ne parlait pas de moi ! David a été épatant, sans doute car il est lui-même réalisateur : il m’a laissé m’approprier son histoire. Nous avons beaucoup échangé au début, je lui ai expliqué ce que je désirais changer, puis j’ai pu travailler seul sur l’adaptation.

au centre de cette histoire, il y a une idée très incarnée : le mal de dos…Il se trouve que j’en souffre moi-même depuis toujours. Sans doute parce que je suis grand et que je me tiens mal, ayant sou-vent à me mettre à hauteur des autres. JE VAIS MIEUX, c’est un homme et sa douleur. Je trouvais formidable l’idée de David Foenkinos de raconter, au travers de cette douleur, ce à quoi l’on a tous mal : le travail, le couple, les enfants qui quittent le foyer, les parents qui vieillissent et à qui l’on n’a jamais parlé. Dans toutes ces situations, je me retrouvais pleinement. J’aimais l’idée qu’on puisse traiter de ce sujet fédérateur de manière drôle et

fantaisiste. Il n’y a qu’à voir l’engouement pour les livres sur le développement personnel, de la nutrition au rangement de sa maison ! Je crois qu’on est tous malmenés et que cela influe sur le corps et par-ticulièrement sur le dos. Comme dit le psychologue dans le film, le corps, ce trésor qu’on oublie trop souvent, nous parle et il faut l’écouter, car c’est comme une sonnette d’alarme.

du fait de son mal de dos, votre héros se retrouve propulsé dans des situations qui le dépassent…Je le voyais comme un héros de Kafka, de Dino Buzatti ou d’Italo Svevo, dans La Conscience de Zeno, par exemple, ou comme un personnage de Sempé. J’avais aussi pour référence A SERIOUS MAN des frères Coen : ce professeur que joue Michael Stuhlbarg est en proie à des ennuis pluriels et se tourne vers un rabbin pour comprendre le sens de ses tourments. Qu’est-ce que Dieu lui veut ?! J’aime beau-coup cet humour-là. Je suis aussi sensible au personnage récurrent de Philip Roth qui, lui aussi, a mal au dos dans un de ses romans. À partir de cette douleur-là, on peut parler de l’être humain et de ce qui l’oppresse.

Ce mal de dos, motif du film, est aussi source de burlesque. le jeu d’éric elmosnino en est imprégné.Éric Elmosnino a un immense talent burlesque. J’ai pensé très tôt à lui. Je trouve qu’il a quelque chose de Buster Keaton, il est souple. C’est un acteur qui travaille beaucoup avec son corps. Or c’est un film où tout ne passe pas par le dialogue. Ce mal de dos permettait de traiter les choses de manière non pas psychologique, mais physique, incarnée, corporelle, visuelle et, en effet, burlesque. En outre, je

SYNOPSISun quinquagénaire est victime d’un mal de dos fulgurant. tous les médecins, les radiologues et les ostéopathes du monde ne peuvent rien pour lui : la racine de son mal est psychologique. Mais de son travail, de sa femme ou de sa famille, que doit-il changer pour aller mieux ?

Avec Eric Elmosnino, Ary Abittan, Judith El Zein…

trouve qu’Éric Elmosnino serait parfait en héros de Kafka. Il pourrait jouer Le Château ou Le Procès magnifiquement. Il est fait pour ça, car il a en lui autant d’humour que de mélancolie slave. Il fal-lait faire attention à ce qu’il ne soit pas trop sombre et qu’il garde toujours son étincelle dans l’œil.

Sortie nationale

30 mai2018

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Espagnol 2017 - Durée : 1h58 min

Un film de Javier Fesser

Avec Javier Gutiérrez, Itziar Castro, Luisa Gavasa…SYNOPSIS : Marco est entraîneur d’une équipe de basket professionnelle de haut niveau.Pour conduite en état d’ébriété, il est condamné à une peine d’intérêt général. Sur ordre de la juge, il doit alors former une équipe de basket composée de personnes ayant une déficience intellectuelle. Ce qui com-mence comme une punition devient une leçon de vie sur les préjugés et la normalité.

ENTRETIEN AVEC JAVIER FESSER, RÉALISATEURd’où vous est venue cette histoire ?C’est l’histoire qui est venue à moi plutôt que l’inverse. J’ai lu le scénario original et je suis tombé amoureux des personnages. C’est surtout parce que je voulais voir ce film dont le sujet me touchait profondément que j’ai eu envie de le réaliser. Tous les

personnages ont une telle capacité à provoquer l’émotion et le rire que je ne voyais pas de meilleure manière de toucher le public que de le faire rire tout en l’émouvant. Et si en plus les spectateurs rentrent chez eux le cœur serré… Je crois de plus en plus à la force des personnages autant qu’à celle de l’histoire, c’est pour cette raison que cela m’a fasciné d’approfondir chacun d’entre eux et de mettre en avant leurs différences et leurs particularités.

en 2000, lors des jeux paralympiques de sydney, l’équipe de basket espagnole de sport adapté* a été condamnée pour avoir fait jouer des faux déficients intel-lectuels. Connaissiez-vous cette histoire ?Bien sûr. C’est d’ailleurs sûrement une des raisons qui m’a poussé à tourner ce film. Cette histoire m’a beaucoup marqué et j’y ai tout de suite pensé quand j’ai reçu le scénario de Champions. Cela a renforcé ma décision de ne faire le film que s’il était authentique, donc tourné intégralement avec des acteurs réellement handicapés, et non avec des acteurs qui jouent le handicap.

Ce film essaye de “normaliser” des situations injustes dont nous ne sommes pas toujours conscients…Des choses se passent dans notre société par méconnais-sance, ignorance ou par peur. Et une des grandes injustices provoquées par l’ignorance est le mauvais traitement infligé à certaines personnes par peur de leur différence. Je pense que ce film donne des pistes pour savoir comment se comporter avec des gens différents.

vous n’aviez pas peur de travailler avec une équipe compo-sée en majorité par des personnes dont c’était la première expérience en tant qu’acteur ?C’était en fait un des aspects les plus imprévisibles du projet : pouvoir compter sur des personnes avec des handicaps men-taux qui, en plus de cela, n’avaient jamais mis les pieds sur un tournage. Compter sur des acteurs novices pour jouer ses personnages principaux, ce n’est jamais facile. D’autant qu’ils sont tous réunis dans la plupart des scènes. Mais en aucun cas cela n’a été plus compliqué en raison de leur handicap. Au contraire. Cela a été un avantage de voir leur enthousiasme à sentir que c’était « leur film ». Je n’en reviens pas de l’aisance avec laquelle ils se sont adaptés au tournage.

d’autres auraient fui l’humour, à l’inverse vous avez décidé de l’exploiter. vous a-t-il fallu être précautionneux ?J’étais sidéré par chaque prise, tellement en admiration de-vant ces personnes, capables de provoquer tant d’émotions, de projeter autant de sincérité et d’être si authentiques. Nous aimerions tous être ainsi, mais je ne sais ce qui fait que l’on s’obstine à dissimuler qui nous sommes profondément. Cette tendresse à leur égard m’a épargné toute maladresse.

Sortie nationale

6 juin2018

PROGRAMMES ET HORAIRES SUR : www.grandecran.fr page 15page 14 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

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Synopsis : Nisha a 16 ans. À la maison avec sa famille, elle est la parfaite petite fille pakistanaise. Dehors, avec ses amis, c’est une adolescente norvégienne ordinaire. Lorsque son père la sur-prend dans sa chambre avec son petit ami, la vie de Nisha dérape.

lamaUVaISE

RéPUtatIONUn film de Iram Haq

Avec Adil Hussain, Sheeba Chaddha…

ENtREtIEN aVEc la RéalISatRIcE : LE TiTRE oRiGiNAL EN URDU SiGNifiE « QUE voNT DiRE LES GENS »…Je viens d’une culture où la tradition et le sens de l’honneur sont les deux valeurs dominantes. Cette obsession de l’avis des autres, je tiens à m’en débarrasser. Je veux en éradiquer les racines, une bonne fois pour toutes. L’essentiel à mes yeux est d’être fidèle à soi-même. J’espère que le film per-mettra de comprendre le dilemme auxquels sont confrontés parents et enfants lorsqu’ils n’ont pas le sentiment d’appar-tenir au même monde. Je ne cherche pas à provoquer, mais à montrer une réalité. Je veux dire aux jeunes qu’ils ont le droit de conquérir leur liberté. Et dire aux parents qu’ils doivent entamer le dialogue.

NiShA, voTRE héRoïNE, MèNE UNE DoUbLE viE : pAkiSTANAiSE À LA MAiSoN, AvEC SA fAMiLLE, ET NoRvéGiENNE DEhoRS, AvEC SES AMiS…C’est cela qui est terrible. vous essayez de satisfaire les at-tentes de deux groupes antagonistes, et vous vous perdez vous-même en chemin. vous êtes tellement obsédée par les autres que vous ne savez plus qui vous êtes. vous ne vous interrogez surtout pas sur vos propres désirs. parce que si vous osiez vous poser la question, les conséquences seraient désastreuses. vous risqueriez de vous retrouver toute seule, à devoir prendre votre vie en main. Et quand on a quatorze ans, c’est une idée terrifiante.

LA SiTUATioN QUE voUS DéCRivEz EST CELLE DES fiLLES, LES fiLS NE SoNT pAS CoNfRoNTéS AUx MêMES pRobLèMES ?C’est toujours aux filles que les parents demandent de s’habiller correc-tement, de parler correctement, de se tenir bien, et de rester à la maison, tandis que les garçons sortaient et étaient libres de leurs mouvements.

voUS voUS êTES iNSpiRéE DE voTRE ExpéRiENCEpoUR éCRiRE CE fiLM ?Comme Nisha, j’avais essentiellement des amis norvégiens et je ne com-prenais pas pourquoi je ne pouvais pas vivre comme eux. J’ai été kid-nappée par mes parents et envoyée au pakistan vivre plus d’un an chez des membres de ma famille quand j’avais 14 ans. Après je n’ai quasiment jamais revu mes parents durant 26 ans. Ce n’est que lorsque mon père m’a contactée, parce qu’il était gravement malade, que j’ai pu renouer avec lui. il m’a demandé pardon, ce à quoi je ne m’attendais absolument pas. il a su que je faisais un film d’après mon expérience, et il m’a encouragée à le faire. on a renoué un vrai rapport. J’ai pu lui pardonner. Nous sommes vite redevenus très proches. hélas, il est décédé avant que le film ne soit terminé.

voUS AURiEz pU RACoNTER CETTE hiSToiRE DANS voTRE pREMiER fiLM ?Je voulais avoir la maturité nécessaire pour raconter cette histoire sans accabler les parents ni faire de l’adolescente une pauvre victime. J’ai es-sayé d’élargir mon champ de vision, de comprendre la pression sociale, très forte, que subissait la génération, déracinée, des parents. J’ai rencon-tré des psychologues, des responsables d’association pour la protection des enfants, ainsi que des adolescentes qui appartenaient comme moi à une double culture.

C’éTAiT iMpoRTANT poUR voUS DE RACoNTER CETTE hiSToiRE ?C’était fondamental. Sinon, c’était le « Que vont dire les gens » qui aurait gagné…

Sortie nationale

6 juin2018

Allemand, Norvégien, Suédois 2017 - Durée : 1h47 min

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Italie 2017 - Durée : 1h24 min

PROGRAMMES ET HORAIRES SUR : www.grandecran.fr page 17page 16 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

SYNOPSIS : Eté 43, Piémont. Milton aime Fulvia qui joue avec son amour : elle aime surtout la profondeur de sa pensée et les lettres qu’il lui écrit. Un an plus tard, Milton est entré dans la Résistance et se bat aux côtés d’autres partisans. Au détour d’une conversation, il apprend que Fulvia aimait en secret son ami Giorgio, partisan lui aussi. Milton se lance alors à la recherche de Giorgio, dans les collines des Lan-ghes enveloppées de brouillard… Mais Giorgio vient d’être arrêté par les Fascistes.

ENtREtIEN avec PaOlO et VIttORIO taVIaNI : Aviez-vous de longue date le projet d’adapter le roman de beppe fenoglio, Una questione privata (Une affaire personnelle) ?

Nous avons encore du mal à y croire nous-mêmes, mais cela s’est vraiment passé ainsi : un après-midi, il y a quatre ans, l’un à Rome et l’autre à Salina, à l’insu l’un de l’autre, nous écoutions en même temps à la radio la voix profonde d’Omero Antonutti, acteur que nous aimons beaucoup et qui jouait dans Padre padrone, en train de lire Una questione privata de Beppe Fenoglio. D’un coup, et toujours chacun de notre côté, nous lui avons téléphoné. Omero s’est mis à rire : « Mais ça fait plus de dix ans que je l’ai enregistré ! » et il a ajouté : « Ton frère m’a téléphoné pour me remercier il y a cinq minutes ! Que se passe-t-il ? »

UNa QUEStIONEPRIVata

Un film de Paolo Taviani, Vittorio Taviani

Avec Luca Marinelli, Lorenzo Richelmy, Valentina Bellè…

Avec Adil Hussain, Sheeba Chaddha…

Sortie nationale

6 juin2018

En l’espace de quelques jours, nous avons su ce que serait notre prochain film.La confrontation entre l’âme publique et l’âme privée, thème éternel et toujours plus pressant aujourd’hui, trouvait une nouvelle vie grâce à la littérature, grâce à Beppe Fenoglio et sa grande histoire d’amour.

À première vue, Una questione privata semble être un film sur la Résistance, sur les partisans…Pour nous, c’est avant tout l’histoire d’une folie amoureuse, une histoire d’amour en contradiction avec le moment historique dans lequel elle se produit, dans la violence des hommes qui combattent et se tuent. L’horreur de la guerre court parallèlement à la course de Milton lancé à la recherche de la vérité. La demi-vérité méchamment suggérée par la gardienne ne lui suffit pas, il veut toute la vérité. La folie amoureuse lui fait oublier la Résistance qui l’a mené dans la montagne pour com-battre le fascisme.

Les fascistes encore à l’écran aujourd’hui ?Pour nous, c’est essentiel. Aujourd’hui, le fascisme revient ou tente de revenir. Il y a peu, le parti d’extrême droite Forza Nuova a publié une affiche copiée de celle de la République de Salò où un noir met les mains sur une belle femme blanche représentée comme sans dé-fense. Et ce parti séduit de plus en plus d’Italiens …

vous êtes familiers de l’adaptation d’œuvres littéraires au cinéma (padre padrone, kaos, Les Affinités électives etc.). Le travail est-il différent lorsqu’on part d’un texte existant ?Le choix d’adapter un roman naît toujours de l’intuition que ses pages nous permettront d’exprimer et de représenter nos pensées, nos an-goisses existentielles. Que le texte soit de Tolstoï ou de Pirandello, nous faisons notre chemin qui est celui du cinéma. Nous savons que nous devrons le trahir. Pirandello disait justement que « les histoires sont comme des sacs vides, rabougris sur le sol. Ils ne se dressent que si tu les remplis de tes sentiments et de tes pulsions ».

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Présentation/Débat : Marc Bruimaud, critique et auteur. Signature de son dernier

livre « Gérard Damiano La peau la Chair Les nuits » à l’issue de la projection.

stop dans d’effarantes tirades capitalistes. À ma droite, le marin Gennarino, militant communiste acharné, qui rage en sourdine face à tant de mépris pour les classes sociales les plus démunies. Deux spécimens sous pression, relais d’une société à deux visages, déchirée par tant de conflits moraux et sociopolitiques…Plus dérangeante qu’elle n’en a l’air, Lina Wertmüller se fait surtout lucide sur les effets retors de la lutte des classes, ciblant les tares de chacun comme des effets voués à s’échanger ou à s’annuler. Il suffit ici à la réalisatrice de faire évo-luer ce clash vers l’abjection pure et simple (une tentative de viol se succède ici aux gifles et aux humiliations) pour que les règles du jeu se brouillent, détachant ces deux protagonistes d’une société qui les a compartimentés et les bloquant de ce fait dans un espace de désinhibition total. La nature devient donc un espace de libération, purificateur autant que prédateur. Les mots n’ont plus de force face au poids écrasant des silences. Les corps n’ont plus d’autre choix que de s’abandonner – l’impact érotique des échanges charnels est ici dévastateur. La violence et la tension sont toujours là, mais l’épiphanie des sens prend constamment le dessus. L’île devient un jardin d’Éden, remarquablement cadré et enrichi par l’objectivité de la mise en scène de Wertmüller. Jusqu’à ce que le retour à la civilisation ne vienne soudain renvoyer chacun à la place qu’une société trop aliénante avait désignée dès le départ pour lui. Ce final déchirant est de ces coups de massue qui ne s’oublient pas, précisément parce que tout ce qui les a précédé avait vocation à perturber nos repères. »

Blog Médiapart 21 juin 2017 Par Jean-Jacques Birgé

VERS uN dEStIN INSOlItE SuR lES flOtS blEuS dE l’étéRéAlISé PAR lINA WERtmullER

EN PREmIèRE PARtIE dE SOIRéE : « lA CHANSON POlItIquE dE COlEttE mAgNY » YVES-mARIE mAHéDocumentaire 2017 - 32 minutes

Avec : Giancarlo Giannini, Mariangela Melato,Aldo Puglisi, Isa Danieli, Riccardo Salvino

mémOIRE à VIf PRéSENtE

5€la soirée

MéMoire à Vifjeudi 31 mai à 20h00

au

«  C’est  une  petite  merveille  d’humour  corrosif,  un  film éminemment politique qui prend tout son sel avec la distance qui nous sépare de 1974 lorsque la réalisatrice italienne Lina Wertmüller, première femme à avoir été nominée aux Oscars, le réalisa...Raffaella, une bourgeoise riche et insupportable, invite des amis à passer quelques jours sur son voilier en Méditerranée. Gennarino, un matelot hirsute aux idéaux communistes, est excédé par ses hôtes. Un soir, il accepte d’emmener Raffaella faire un tour en bateau, mais le moteur tombe en panne et les deux échouent sur une île déserte. Leur relation va s’en trouver bousculée…Dès le début du film, tous les voyants sont dans le rouge pour que cette croisière méditerranéenne se change en cocotte-minute. À ma gauche, la richissime Raffaella, beauté sidérante mais vipère de com-pétition, qui fait vivre un enfer au personnel de bord et soliloque non-

Années 60 : le monde bouge. Révolution cubaine, Black Panthers, Vietnam…De 68 à 75, les meetings retentissent de la voix de Colette Magny et de ses textes-cris. Elle chante dans les usines en grève, les universités occupées, partout où la révolte gronde. Sans concession, elle est censurée dans la France bien-pensante d’alors. Artiste hors-norme, elle a bousculé le paysage musical et poétique français tout en portant haut et fort cet esprit de dissidence dont on aimerait qu’il soit plus présent aujourd’hui.

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Tarif unique 4€Réservation conseillée. Pré-vente en caisse au Lido

SWING TIME IN LIMOUSIN

SOIRÉE SPÉCIALE

VENDREDI 8 JUIN à 20H AU LIDO

EN PRÉSENCE DES RÉALISATEURS DOMINIqUE ET DILIP VARMAUne page méconnue dans l’histoire du Jazz Le jazz, musique des noirs américains, a des racines pro-fondément ancrées dans la culture et l’ethos français. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, alors que dans leur pays ils sont victimes de ségrégation, de grands jazz-men américains débarquent en france. S’ils font presque tous un crochet par Limoges, c’est parce qu’un homme de l’ombre, Jean-Marie Masse, les y invite. de leur pas-sion commune pour le swing et de leur amitié va naître un phénomène unique en europe  : la french Connection du Swing  ! un hommage a ce métissage entre cultures qui, dans le delta du Mississippi, a donné naissance au jazz.

Si Willie Smith, Lionel hampton, duke ellington, Louis Armstrong et bien d’autres, sont venus en france, c’est grâce à hugues Panassié, grand dé-couvreur et promoteur de la musique noire américaine. Si Bill Coleman, Mickey Baker, Memphis Slim s’y sont installés, c’est parce qu’un homme de l’ombre, Jean-Marie Masse, porté par sa passion pour le swing, a tissé avec eux de profonds liens d’amitié.

dany doriz, vibraphoniste et directeur du Caveau de la huchette, consi-dère Jean-Marie Masse comme une figure majeure du jazz, celui qui, au sein du hot Club de france, a organisé le plus grand nombre de concerts.

tour à tour artiste peintre puis batteur, Jean-Marie crée le hot Club de Li-moges et accueille les plus grands musiciens de jazz américains. C’est de son enthousiasme, de son intime connaissance de tous ces jazzmen noir américains qui ont foulé le sol français depuis les années 30, et de son rôle majeur dans cette french Connexion du Jazz que le film veut témoigner.

nous nous intéresserons plus particulièrement à ceux qui ont le plus compté dans la vie de Jean-Marie : Bill Coleman, Buck Clayton, ses amis intimes, ainsi que Rex Stewart, Memphis Slim, Lionel hampton, illinois Jacquet. il y a aussi des femmes de la stature de Billie holiday, Carrie Smith, Rose Murphy et Liz Mc Comb. elles sont toutes venues donner des concerts à Limoges.

La présence des différents intervenants, celle de Jean-Marie bien-sûr, et les documents d’archives mis à la disposition des réalisateurs, permettent de bien faire ressentir l’ambiance d’amitié qui a été le terreau de cet âge d’or du hot Club.

Pour que le clin d’œil soit complet, cette séance exceptionnelle en pré-sence des réalisateurs dominique et dilip varma, aura lieu dans la grande salle du Lido, lieu emblématique qui a vu défiler sur sa scène nombre d’artistes invités par le hot Club de Limoges.

PROGRAMMES ET HORAIRES SUR : www.grandecran.fr page 19page 18 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

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BELLAC - lundi 4 juin - 20 hJusqu’à la gardedébat : les violences conjugales

Saint-Yrieix-la-Perche Mardi 5 juin - 20 hPrésumé coupabledébat : justice et média

Saint-Léonard-de-Noblat Mercredi 6 juin - 20 hPolissedébat : justice et mineurs

Saint-Junien - jeudi 7 juin - 20 h12 joursdébat : justice et psychiatrie

À Limoges au CentreVendredi 8 juin à 20 H

Projection du film : “ La Part des Anges ”

CDAD 87

Du 4 au 8 juin

de la Haute-Vienne

un film Britannique, Français, Belge, Italien de Ken LoachAvec Paul Brannigan, John Henshaw, Gary Maitland…

Année de production 2012Durée : 1h 41min

suivi du débat : Une vie après la prison ?

Entrée 4 euros

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Un film de Jafar PanahiAvec Jafar Panahi, Behnaz Jafari…

SYNOPSIS : une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice... elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les mon-tagnes reculées du nord-ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.

Jafar Panahi : Caméra d’or au festival de Cannes 1995, avec «Le Ballon blanc», lauréat du prix un certain regard en 2000 avec «Sang et or», puis sé-lectionné en séance spéciale pour «Ceci n’est pas un film», le dissident iranien Jafar Panahi accède pour la première fois à la compétition officielle avec «3 visages», alors qu’il est interdit de filmer et de sortir d’iran.

Jafar Panahi a par ailleurs été récompensé, à ve-nise, Berlin ou Sarajevo. fer de lance de la nou-velle vague iranienne, le cinéaste connaît bien des déboires avec le régime de téhéran qui interdit la diffusion de ses films dans son pays, mais pas à l’extérieur. ils s’échangent toutefois sous le man-teau en dvd.

emprisonné, mais invité comme membre du jury cannois en 2010, il est maintenu en détention en iran. Mêmes interdictions pour la Berlinale et la Mostra de venise. A la fin de la même l’année,

il est interdit de filmer et de quitter le pays. il parvient tout de même à tour-ner clandestinement et à diffuser ses films à l’étranger. il est toujours assigné à résidence et interdit de tournage. Le festival a réclamé sa venue à Cannes pour présenter son film, mais il semblerait bien qu’il soit de nouveau retenu en iran.

dans son dernier film, Jafar Panahi s’attaque une nouvelle fois aux traditions et revient sur la condition de la femme iranienne, à travers une jeune fille qui cherche à échapper à sa famille traditionnaliste.

Saint-Léonard-de-Noblat Mercredi 6 juin - 20 hPolissedébat : justice et mineurs

Saint-Junien - jeudi 7 juin - 20 h12 joursdébat : justice et psychiatrie

À Limoges au CentreVendredi 8 juin à 20 H

PROGRAMMES ET HORAIRES SUR : www.grandecran.fr page 21page 20 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

Iran 2017 - Durée : 1h40 min

Sortie nationale

6 juin2018

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Britannique 2017 - Durée : 2h03 min

Avec Lily James, Michiel Huisman, Matthew Goode…

SYNOPSIS : Londres, 1946. Juliet Ashton, une jeune écrivaine en manque d’inspiration, reçoit une lettre d’un mystérieux membre du Club de Litté-rature de Guernesey créé durant l’occupation. Curieuse d’en savoir plus, Juliet décide de se rendre sur l’île et rencontre alors les excentriques membres du Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates dont dawsey, le charmant et intrigant fermier à l’origine de la lettre. Leurs confi-dences, son attachement à l’île et à ses habitants ou encore son affection pour dawsey changeront à jamais le cours de sa vie.

GUERNESEY, LA GUERRE ET LA LITTÉRATURE : il fait nuit sur Guernesey, l’une des îles Anglo- normandes, cet archipel situé dans la Manche, entre la france et l’Angleterre. nous sommes en 1941 et l’île, territoire britannique, est sous occupation nazie. Parmi les nombreuses violations commises par les soldats allemands figurent notamment l’ap-propriation du bétail des fermiers pour nourrir leurs frères d’armes sur le continent et l’instauration d’un couvre-feu draconien pour la population locale affamée.Au mépris de ces nouvelles règles, quatre amis – elizabeth, eben, isola et dawsey – rentrent joyeusement chez eux en empruntant un petit chemin sinueux plongé dans l’obscurité. il est vrai qu’ils sont un peu éméchés, mais ils sont surtout heureux d’être ensemble. Après des mois de privations, de solitude et de peur, ils viennent de passer une agréable soirée chez Amelia où, entre rires et discussions animées, ils se sont régalés d’un cochon que leur hôtesse avait audacieusement dissimulé aux nazis.Soudain, le groupe est pris dans la lumière aveuglante d’un projecteur : des soldats allemands armés de mitrailleuses s’apprêtent à les arrêter pour avoir enfreint le couvre-feu. C’est alors qu’elizabeth les convainc que ses

amis et elle ne font que rentrer chez eux après une réu-nion de leur club de lecture… elle invente à la hâte l’im-probable nom de ce supposé club, le « Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » en référence au maigre plat que les habitants de l’île ont été obligés de créer durant l’occupation et qui a justement accompagné le délicieux rôti de porc qu’ils ont dégusté plus tôt dans la soirée. Le club de lecture ne fait clairement pas partie des groupes autorisés par les nazis… mais lorsque le contenu de l’estomac d’eben éclabousse leurs bottes cirées, les soldats, dégoûtés, décident de laisser les quatre amis par-tir. ils leur ordonnent cependant de faire enregistrer le cu-rieux nom de leur groupe auprès des autorités allemandes dès le lendemain matin.Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates est né. Les îliens saisissent cette opportunité pour se rassembler régulièrement et discuter de tous les livres qu’ils peuvent se procurer, échappant ainsi pour quelques heures à une existence maussade et difficile. Mais comme presque tout le reste – même après le départ des Alle-mands – les livres se font rares sur l’île, tout comme les libraires. C’est la raison pour laquelle une fois la guerre terminée, dawsey décide d’écrire à la jeune femme dont il a trouvé le nom et l’adresse à l’intérieur d’un de ses livres préférés, essays of elia de Charles Lamb, pour lui deman-der si elle connaît l’adresse d’une librairie londonienne au-près de laquelle il pourrait se procurer d’autres ouvrages de cet auteur.

« Le titre du film prend tout son sens à mesure que l’on découvre l’histoire, et cela m’a beaucoup amusé qu’il soit cité pas moins de trois fois au cours des deux premières minutes du film ! C’est un titre très étonnant qui nous entraîne dans une aventure qui ne l’est pas moins. »

Mike Newell

Le fait d’avoir conservé le titre dans sa totalité est également un hommage au best-seller éponyme dont le film est l’adaptation. Publié en 2008, puis l’année suivante en France, Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates est un roman épistolaire coé-crit par l’auteure américaine Mary Ann Shaffer et sa nièce Annie Barrows. Mary Ann Shaffer est tombée sous le charme de Guernesey lorsqu’elle a visité l’île et a été fascinée par l’histoire de ses habitants pendant la Seconde Guerre mondiale.

Sortie nationale

13 juin2018

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Avec Rachel Weisz, Rachel McAdams, Alessandro Nivola…

un film de Sebastián Lelio

SYNOPSIS : en partant vivre à Manhattan pour devenir photo-graphe, Ronit Khruska a pris ses distances avec la communauté juive orthodoxe londonienne dans laquelle elle a grandi. Mais quand elle apprend la mort de son père, rabbin, elle décide de rentrer chez elle pour assister aux obsèques. Ronit doit affronter l’hostilité des membres de sa communauté à l’exception de son ami d’enfance dovid, qui semble heureux de la revoir. Mais elle est surtout bouleversée d’apprendre qu’esti, dont elle était autrefois secrètement amoureuse, est devenue l’épouse de dovid.Les retrouvailles entre les deux femmes font renaître une passion qui ne s’est jamais vraiment éteinte…

Entretien avec RACHEL WEISZ productrice et comédienne : Qu’eSt-Ce Qui vouS A intéReSSée dAnS Ce PRoJet ?Je cherchais des projets à développer et à produire dans lesquels je pouvais aussi jouer. déSoBéiSSAnCe est l’un des premiers

que j’ai trouvés. il s’agit d’une histoire hors du commun portée par deux personnages féminins extraordinaires. Ce qui m’a vrai-ment captivée dans le roman, c’est le thème de la transgression transposé dans un monde contemporain où il n’existe presque plus au-cun tabou. Le terme de « désobéissance » n’a guère de sens aujourd’hui, à moins de situer l’intrigue dans une communauté comme celle

des Juifs orthodoxes du nord de Londres. Si on tombe sur une histoire de transgression se déroulant dans une société très rigide et ultraconservatrice, je pense qu’on peut obtenir à l’arrivée un formidable drame universel dans lequel chacun d’entre nous peut se reconnaître.

CoMMent S’eSt déRouLée L’AdAPtAtion du RoMAn en fiLM ?il se sera écoulé environ trois ans entre le moment où j’ai pris une option sur le livre et le début du tournage. J’ai trouvé la collabora-tion avec Sebastián, qui est arrivé sur le projet six mois plus tard, très exaltante. La transformation du livre en une œuvre distincte, à travers de longues discussions et des réunions d’écriture, m’a semblé être une expérience galvanisante.

PARLez-nouS de voS RAPPoRtS AveC SeBAStián LeLio.J’ai vu ses films, et notamment GLoRiA. il est le premier à qui on ait proposé le projet et il nous a dit oui immédiatement. J’ai été

assez stupéfaite car il vient d’un milieu culturel très éloigné de celui du film, et il a donc dû se documenter sur cette société et cette religion comme un anthropologue. en tant qu’étran-ger, il avait un point de vue sur cet univers très différent de celui qu’aurait eu un réalisateur anglais. C’était formidable de le voir se plonger dans ce monde-là en y portant un regard singulier.

DÉSOBÉISSANCE parle des rapports entre des êtres humains débousso-lés qui tentent de faire de leur mieux, malgré un environnement pétri de dogmes. Les personnages sont prêts à évoluer et à changer, mais pour y parvenir, ils doivent affronter des institutions très rigides : cet affron-tement fait écho à ce que toutes les

sociétés humaines vivent à l’heure actuelle, partout dans le monde, où les vieux modèles semblent obsolètes ou insuffi-sants. J’ai toujours eu le sentiment qu’il y avait une certaine urgence à porter ce projet à l’écran.

SeBAStián LeLio - réalisateur

PROGRAMMES ET HORAIRES SUR : www.grandecran.fr page 23page 22 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

U.S. 2017 - Durée : 1h54 min

Sortie nationale

13 juin2018

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Britannique 2017 - Durée : 1h42 min

SYNOPSIS : 1977 : trois jeunes anglais croisent dans une soirée des créatures aussi sublimes qu’étranges. en pleine émergence punk, ils découvriront l’amour, cette planète inconnue et tenteront de résoudre ce mystère : comment parler aux filles en soirée…

Un film de John Cameron Mitchell

Avec Alex Sharp (II), Elle Fanning, Nicole Kidman…

Le Film : Ce n’est pas facile à comprendre de nos jours mais quand les Sex Pistols sont apparus à la télévision en début de soirée en 1976, cela a causé un vrai cataclysme. Comme si leur air revêche, leurs vêtements et leurs cheveux sales, leurs brassards avec la croix gammée n’étaient pas assez inquié-tants, quand le guitariste Steve Jones a traité leur hôte de « putain d’ordure », c’est comme si la civili-sation venait de se désagréger.Jurer à la télé n’était que l’une des barrières bri-sées par le punk. de la musique à la mode, de l’art à la politique, le punk représentait une rupture avec le passé et le démantèlement de la tradition. Les

vieilles façons de faire disparaissaient et la nouvelle manière, c’était comme vous vouliez. Selon neil Gaiman, « le punk signifie ce qu’il a toujours signifié, c’est à dire, l’action. Le plaisir d’être punk c’était, vas-y, tu verras après comment faire, mais lance-toi. Quoi que tu aies envie de faire, fais-le. et cette magnifique philosophie punk m’a accompagné quand j’avais 16 ans, quand j’en avais 22 et que je devenais écrivain et à chaque fois que j’ai dû faire un saut dans l’inconnu, et que je ne savais absolument pas comment m’y prendre. tu trouves ce qui résonne en toi et tu le fais. » neil Gaiman est l’écrivain dont la courte nouvelle a donné lieu à une adap-tation pour le film, la première scène en est clairement issue.

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Sortie nationale

20 juin2018

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PROGRAMMES ET HORAIRES SUR : www.grandecran.fr page 25page 24 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

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Mardi 22 Mai 20h15 Mardi 2 juillet 20h15

Mardi 22 juin 20h15

durée 3h20

durée 3h00

durée 2h35

péras2017/2018saison

Balletset

Pensez à pré-acheter vos places à l’avance sur le site : www.grandecran.fr et présentez-vous directement au contrôle avec votre confirmation de réservation (plus de passage en caisse). Les cinémas GRAND ECRAN ne pourraient être tenus pour responsables en cas de changements, annulations, reports des spectacles qui dépendent exclusivement de la responsabilité des diffuseurs et des éventuels changements de programmation qui sont du seul ressort des différents diffuseurs.

Macbeth Opéra de Shakespearede AntOniO PAPPAnOAvec AnnA netrebko, Željko lučić, ildebrAndo d’ArcAngelo…

Manon Ballet de Massenetde kenneth MAcMillAn

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réSuMé : L’idylle que Verdi entretint toute sa vie durant avec les œuvres de Shakespeare com‑mença avec Macbeth, pièce qu’il considérait comme «l’une des plus grandes créations hu‑maines ». Avec son librettiste, Francesco Maria Piave, Verdi décida de créer « quelque chose sortant de l’ordinaire », et le succès de leur entreprise est confirmé par chaque mesure d’une partition qui nous montre le composi‑teur sous son jour le plus théâtral. En effet, son ouvrage bouillonne d’une énergie endiablée.

réSuMé : Alors que Lescaut, le frère de Manon, propose sa jeune sœur au plus offrant, celle-ci fait la connaissance de Des Grieux et tombe amoureuse de lui. Ils s’enfuient ensemble à Paris, mais Monsieur G.M. fait miroiter à Manon une existence luxueuse, et elle est incapable de résister à la tentation.

réSuMé : Le lac des cygnes occupe une place à part dans le répertoire du Royal Ballet depuis 1934. Cette saison, The Royal Ballet en propose une nouvelle production avec une chorégraphie additionnelle de l’Artiste en résidence : Liam Scarlett. Tout en demeurant fidèle à la lettre de Petipa et Ivanov, Scarlett apportera un éclairage nouveau à la mise en scène de ce classique du ballet, en collaboration avec le décorateur John Macfarlane, qui le seconde depuis longtemps.

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Pour insérer une annonce : merci de prendre contact avec ID Studio par tél. au 05 55 34 32 14 ou par mail, [email protected]

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Pite/Pérez/Shechter (Ballet en direct)

don Pasquale (Opéra en direct)

boris godounov (Opéra en direct)

jeudi 24 Mai 19h30

Mardi 19 juin 19h30

jeudi 7 juin 20h00

durée 1h45

durée 2h35

durée 2h10

de cryStAl Pite, iván Pérez…

PréentAtion : Quatre créateurs contemporains sont réunis pour ce pro‑gramme et entraînent les danseurs de l’Opéra dans une nouvelle forme de modernité où les corps vibrent avec intensité. En ouverture du spec‑tacle, James Thierrée investira les parties publiques du Palais Garnier et nous fera découvrir son univers onirique. La Canadienne Crystal Pite revient avec The Seasons’ Canon, création éblouissante qui avait enthou‑siasmé le public du Palais Garnier la saison dernière. L’Espagnol Iván Pérez investit pour la première fois la scène de l’Opéra avec une créa‑tion pour dix hommes. Pour clore cette soirée, l’Israélien Hofesh Shechter, régulièrement salué pour ses danses telluriques aux états de transe, offre une nouvelle version de sa pièce The Art of Not Looking Back.

de ivO vAn HOveAvec ildAr AbdrAzAkov, evdokiA MAlevSkAyA, ruzAn MAntAShyAn…

PréentAtion : Lorsqu’en 1824, Pouchkine entreprit avec Boris Godounov l’élaboration de son premier drame historique, il ne savait que trop à quel colosse il s’attaquait. C’est armé d’une lecture de Shakespeare qu’il se mesura au règne fulgurant du Tsar de toutes les Russies (1598-1605). De fait, il y a du Macbeth dans cette fable politique, où Boris voit ressurgir, sous la forme d’un imposteur, le spectre de l’enfant qu’il avait fait assassiner pour conquérir le trône. S’emparant de ce poème épique, Moussorgski compose une réflexion sur la solitude du pouvoir, un drame populaire dont le véritable protagoniste est le peuple russe, avec son lot de souf‑frances éternelles. Déjà, Pouchkine s’interrogeait : « Qu’est‑ce qu’une âme ? Une mélodie, peut‑être… » Ivo Van Hove, habitué des grandes fresques politiques, signe sa première mise en scène pour l’Opéra de Paris.

de dAMiAno MichielettoAvec Michele PertuSi, FloriAn SeMPey, lAwrence brownlee…

PréentAtion : « Bien idiot est celui qui se marie en grand âge. » Ainsi se termine Don Pasquale : sur un sage dicton qui ne manque pas d’ironie et qui résume les déboires de son héros, riche célibataire désireux de se marier et trompé par son neveu Ernesto et sa jeune promise Norina. Créé à Paris en 1843, à la charnière de plusieurs époques, Don Pasquale, œuvre composite et variée, est l’apothéose du genre buffa. Donnée pour la première fois à l’Opéra national de Paris, elle est confiée au metteur en scène italien Damiano Michieletto qui fraie la voie de la sincérité et de la profondeur drama‑tiques au cœur d’une œuvre en apparence légère.

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France 2017 - Durée : 1h57 min

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UNE PRIÈREaVaNt l’aUBE

SYNOPSIS : l’histoire vraie de Billy moore, jeune boxeur an-glais incarcéré dans une prison en thaïlande pour déten-tion de drogue. dans cet enfer, il est rapidement confronté à la violence des gangs et n’a plus que deux choix : mourir ou survivre. lorsque l’administration pénitentiaire l’auto-rise à participer à des tournois de muay- thai, Billy donne tout ce qui lui reste.

Entretien avec JEAN-STÉPHANE SAUVAIRE :

qu’est-ce qui vous a séduit dans une prière avant l’auBe ?tout d’abord, le fait qu’il s’agisse d’une histoire vraie, l’authenticité même de cette histoire, la thaïlande, la boxe, l’univers de la prison, et surtout le personnage de Billy moore, passionnant jusque dans ses contradictions, dans ses conflits intérieurs, son addiction, dans toute sa complexité. C’est au départ rita dagher qui m’a parlé de ce projet et proposé ce scénario qu’elle produisait avec hurricane films. j’ai ensuite lu le livre (a prayer Before dawn : a nightmare in thailand) qui relate l’expérience de Billy, de son enfance à sa sortie de prison. puis j’ai rencontré Billy à liverpool et j’ai immédiatement été séduit par lui. C’est quelqu’un d’extrê-mement sensible, à fleur de peau, malgré l’extrême vio-lence qui semble l’habiter.

dans quelle mesure Billy moore est intervenu sur le film ?il était très impliqué avec nous dans l’écriture du scé-nario tout en nous laissant une vraie liberté. il était un repère lorsque l’on butait. avec johnny hirs-chbein, le scénariste, on l’appelait souvent lors de l’écriture, pour lui demander comment il avait réagi face à telle ou telle situation. Ce regard était passionnant car il accentuait la part d’authenticité que je souhaitais et me permettait de m’éloigner du pur film de genre. son expérience permettait avant tout de raconter comment un homme se retrouve seul, étranger, dans une prison thaïlandaise, dans un environ-nement extrême dont il ne maî-trise ni les codes, ni les règles, ni même le langage et comment la boxe va lui permettre d’évo-luer, de changer.

vous ne quittez jamais le point de vue de Billy moore et vous cherchez à retranscrire des états émotionnels par des moyens purement cinématographiques. Comment avez-vous travaillé cette subjectivité ?l’immersion m’intéresse au cinéma. en tant que spectateur d’abord, et en tant que réali-sateur. vivre un film comme une expérience. j’ai imaginé dès le départ un film « à la pre-mière personne ». que l’on épouse le point de

vue de Billy moore, que l’on découvre cette prison par le prisme de son regard, qu’on ressente à travers lui ce que cela fait de se retrouver sur un ring, les sensations qu’on peut ressentir en étant sous drogue, ce que signifie être seul comme lui dans un univers au départ hostile. toute la première partie du film, où les informa-tions nous parviennent de façon brutale, essaye de recréer le chaos mental de Billy, exacerbé par la consommation de stupéfiants. Ça m’intéressait de traduire visuellement l’idée des démons intérieurs de Billy, de vivre le film à son rythme. en plus de l’image et du son qui aident à cet état mental et qui permettent de comprendre ce que le personnage comprend ou pas, la dimension documentaire, consistant à travailler avec des acteurs non professionnels, me sem-blait favoriser ce désir d’immersion totale.

je voulais que d’une certaine façon le « spectateur » devienne « acteur ». ne pas juste regarder le film avec une certaine distance, comme un simple divertissement, mais d’essayer de se sentir à la place du boxeur, du prisonnier, de vivre son addiction, de façon viscérale et organique. C’est cette réalité que j’ai cherché à faire partager et éprouver au spectateur de façon intime.

vous semblez passionné par la manière dont un per-sonnage réagit dans un environnement extrême…

oui c’est vrai, et surtout comment un personnage arrive à sortir de la violence quand elle régit sa vie depuis l’enfance. il y a comme une connexion pour moi entre les protagonistes de johnny mad dog et d’une prière avant l’auBe comme si l’un était le prolongement de l’autre, un passage de l’adolescence à l’âge adulte, de l’ani-

malité à la spiritualité. un personnage qui a eu une expérience traumatique dans son passé,

que l’on découvre au présent et dont on ne sait pas s’il va réussir à s’en sortir dans le

futur. Billy moore a été battu par son père très jeune et il s’est réfugié adolescent

dans la drogue. puis il est parti en thaïlande pour essayer de s’en sortir, pour reconstruire sa vie, mais est re-tombé dans le piège. C’est parado-xalement dans un contexte carcéral qu’il a retrouvé sa propre liberté. dans le film, plus on avance, plus l’entourage autour de Billy devient humain, bienveillant, entretient un rapport fraternel avec lui, comme sa propre famille. la force de Billy est aussi d’avoir été curieux des thaïlandais avec qui il a traversé cette expérience, et à leur contact, avec leur aide, il a réussi à combattre son addic-tion et à changer. il a utilisé la boxe comme un exutoire, une thérapie.

Billy moore finit son livre par : « la seule chose que je voulais,

c’était être moi-même » (« above all, i just wanted to be me»). le film

cherche à lui rendre hommage, à lui et à tous les acteurs du film qui ont euxaussi

vécu à leur façon cette expérience.

Un film de Jean-Stéphane SauvaireAvec Joe Cole, Vithaya Pansringarm, Panya Yimmumphai…

Interdit aux moins de 16 ans

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Un film de Quentin DupieuxAvec Benoît Poelvoorde, Grégoire Ludig, Marc Fraize…

aU POStE !

France, Belgique 2018 - Durée : 1h13 min

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SYNOPSIS : un poste de police.un tête-à-tête, en garde à vue, entre un commissaire et son suspect.

INTERVIEW Quentin DUPIEUX AU POSTE ! semble être un film sur la banalité, le quotidien. Ce com-missariat dépeuplé, la nuit, dégage aussi un imaginaire très français. C’est d’ailleurs aussi votre premier vrai film français.Le quotidien, l’anodin, c’est un peu la note que je cherchais, et il y avait à l’origine du projet une grosse envie de france, effectivement. J’ai pu expérimenter des choses très intéressantes dans les quatre films que j’ai tournés aux états-unis, mais quand j’ai dirigé Alain Chabat et Jona-than Lambert en français dans RéALité, je me suis rendu compte que j’étais bien plus à ma place pour maîtriser le langage et construire des personnages en profondeur. Je me suis senti plus efficace, plus capable, par le simple fait de parler dans ma langue et par la culture commune que je partage avec Chabat et Lambert. Mes films américains se sont faits un peu au détriment de ma plume. Creuser dans une langue que je comprends parfaitement, comme je le fais avec Au PoSte !, me permet d’avoir une palette plus étendue. C’est un peu comme si je découvrais les couleurs.

Votre film fait penser aux années 70, à travers les tons beiges, le choix des lieux, le genre du film aussi…Le film n’est pas un pastiche, ce n’est pas une relecture des seventies. C’est un magma de tout un tas de choses. Je cherche toujours à faire un objet qui soit un monde total. La direction artistique et les décors de ma femme Joan y sont également pour beaucoup ; tous ces choix visuels qui donnent au final ce look au film se font à deux.

Quelle était l’idée de départ du récit ?J’avais une grosse envie de filmer du dialogue, de faire un film à texte, sans doute parce que j’étais légèrement frustré par mes films américains

Filmographie Quentin Dupieux

2018 – Au Poste !2014 - Réalité 2013 - Wrong Cops 2013 - Wrong Cops : Chapter 1

2012 - Wrong 2010 - Rubber 2007 - Steak 2002 - Nonfilm

de ce point de vue-là. or c’est de là que je viens, depuis mes courts-métrages et SteAK. Les personnages bavardent beaucoup dans mes films !

vos films américains sont davantage dans une sorte de plasticité presque un peu cartoon, alors qu’Au PoSte ! est un vrai film à texte.

C’est là où la banalité m’intéresse. C’est lié au réalisme, mais aussi au fait de redonner du corps à mes personnages à travers le texte. on remodelait le film en changeant une virgule ou en ajoutant trois lignes. Sur mes films américains, il y avait moins de nuances. Quand un comé-dien n’arrivait pas à donner ce que je voulais, c’était très compliqué de réécrire rapidement. Au PoSte ! s’est fait dans une réécriture per-manente. trois mots en plus ou en moins changeaient toute la scène. J’ai eu envie que les personnages soient plus incarnés, humains, réels, avec des traits de caractère. Je pense que je viens d’ouvrir une nouvelle période de mon cinéma. Je la vois se dessiner.

C’est aussi votre premier film nocturne.J’ai longtemps été à l’aise à l’extérieur, avec ce grand ciel bleu de Californie et cette lumière pour laquelle j’avais une vraie fascination. J’ai eu envie de faire l’inverse. et c’était un bonheur total de tout penser autrement.

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Programmes et horaires : www.grandecran.fr

le programme est édité tous les mercredis

Sortie nationale 4 juillet

2018

Interdit aux moins de 16 ans

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PARVANAUn film de Nora Twomey

Avec Saara Chaudry, Soma Bhatia, Ali Kazmi…

Américain, Canadien, Irlandais, Luxembourgeois, Égyptien 2017 - Durée : 1h34 min

page 30 ZOOM n°85 - mai/juin 2018

SYNOPSIS : en Afghanistan, sous le régime taliban, Parvana, onze ans, grandit à Kaboul ravagée par la guerre. elle aime écouter les histoires que lui raconte son père, lecteur et écrivain public. Mais un jour, il est arrêté et la vie de Par-vana bascule à jamais. Car sans être accompagnée d’un homme, on ne peut plus travailler, ramener de l’argent ni même acheter de la nourriture.Parvana décide alors de se couper les cheveux et de se travestir en garçon afin de venir en aide à sa famille. Risquant à tout moment d’être démasquée, elle reste déterminée à trouver un moyen de sauver son père.Parvana est un conte merveilleux sur l’émancipation des femmes et l’imagina-tion face à l’oppression.

ENTRETIEN AVEC NORA TWOMEY, RÉALISATRICE : Êtes-vous d’accord pour définir Parvana, une enfance en Afghanistan, comme une fable réaliste ?

C’est réaliste, oui. et ce, grâce au livre de deborah ellis dont est tiré le scéna-rio. il s’agit de l’amour qu’une fille porte à son père et à sa famille dans un pays où la femme est niée. La fable elle, qui entrecoupe le récit, a été ajoutée par la coscénariste de deborah, Anita doron. dans le roman, le père passe beau-coup de temps à raconter à Parvana l’histoire et la culture afghanes, quand les talibans font tout pour effacer ce passé. Mais il existe beaucoup d’Afghans qui protègent l’héritage de ce qui fut longtemps une plaque tournante culturelle. Anita a étudié le folklore du pays pour y trouver un conte à la portée univer-selle. L’aventure de Souleymane, ce jeune héros qui doit relever trois défis, est une manière pour Parvana de se connecter avec un être disparu, d’interpréter et de transmettre avec douceur une tragédie vécue. Quand on développait le film, on a beaucoup échangé avec des Afghans qui avaient du mal à expri-mer leur douleur, à mettre des mots sur des événements qui les avaient mar-qués. Cette difficulté, voire cette impossibilité de communiquer les empêche d’avancer et de vivre normalement. Parvana, elle, articule son émotion autour de ce drame dont elle fait une métaphore. C’est cela aussi, notre film : il met en avant le pouvoir de la parole.

La bande originale a également une importance considérable…

Son rôle est même essentiel. L’été dernier, nous sommes allés à Kaboul en-registrer un choeur de femmes afghanes. Ces jeunes filles qui chantent en-semble rappellent que malgré tout, elles continuent d’étudier et de se battre pour exister. des tas de femmes, parties sous le régime des talibans, sont revenues pour transmettre leur savoir et leur talent afin que les futures géné-rations aient plus d’opportunités. dans le film, on a placé le choeur de ces Afghanes dans chaque scène porteuse d’espoir.

À travers l’histoire de Parvana, vous abordez frontalement la tra-gédie du joug taliban, ce qui est très audacieux pour un film qui s’adresse, entre autres, au jeune public…

à travers les journaux télévisés, les flashs infos à la radio ou même les dis-cussions autour d’eux, les enfants sont exposés en permanence aux tragé-dies mondiales. et les adultes ne doivent pas occulter ou masquer cette réalité, ni ériger une barrière pour les protéger et qui, au bout du compte, ne fera que les effrayer encore plus. famille, enseignants, proches doivent

encourager le débat avec eux sur ces sujets auxquels ils finiront forcément par être confrontés. Ainsi, le jour venu, ils sauront mieux gérer et appréhender toute cette horreur. Petite, la radio m’informait des attentats en irlande du nord. J’en parlais aus-sitôt avec mes parents qui n’avaient de cesse de m’expliquer les tenants et aboutissants de ce conflit à travers leur histoire, leur vécu, et ceux de mes grands-parents. Comprendre un conflit et ce qu’il engendre évite d’avoir des opinions hâtives et toutes faites. et pour en revenir à Parvana, ce qui se passe en Afghanistan est si complexe… encore aujourd’hui, les Afghans ignorent leurs perspectives d’avenir. Le film explore cette com-plexité, en posant un certain nombre de questions sans pour autant apporter de réponses.

Vous offrez une fin ouverte. Compte tenu du sujet, un classique et convenu happy-end était impossible ?

Je ne pouvais pas conclure avec une fin simpliste. J’en ai beau-coup parlé avec Angelina Jolie et des Afghans concernés par la situation, et décidément non, j’ignore quelle solution est possible. en revanche, je tenais à montrer l’espoir à travers le visage de Parvana, à travers sa connexion avec son père. on entend d’ailleurs ce choeur de femmes qui, je le rappelle, exprime cet espoir. Ce qu’elles chantent sont les mots d’un poète persan, qui disent que la voix sert également à guérir et à panser les plaies. et puis le livre de deborah a été publié en 2000, avant le 11 septembre et la chute des talibans, avant la création de daesh, avant les attaques en france et dans le reste du monde… durant la production du film, nous avons organisé des veillées après les attentats contre Charlie hebdo, puis au Bataclan, ainsi qu’à chaque nouvelle tragédie de ce genre dans le monde… Comment, au vu de tout cela, proposer une solution ou un happy end ? Ce serait injuste vis-à-vis des victimes, où qu’elles soient. C’est pourquoi la fin repose sur le visage de Parvana. on y voit ce qu’on veut. tout ce qu’on veut.

Sortie nationale

27 juin2018

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27 juin2018Avec Vanessa Paradis, Kate Moran,

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Un film de Yann Gonzalez