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Napoleon III et sa politique en ItalieAuthor(s): Du Castera, J.Source: Foreign and Commonwealth Office Collection, (1860)Published by: The University of Manchester, The John Rylands University LibraryStable URL: http://www.jstor.org/stable/60232790 .
Accessed: 15/06/2014 22:39
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See oJse (?0/Mi-J ¥
NAPOLEON III
SA POLITIQUE EN ITALIE
J. DU CASTERA
MSS^gt
PARIS
CHEZ DENTU, LIBRAIRE-EDITEUR GALliME D'ORLLAhS, 13, PAI AlS-ItO\Ar.
1800 Tous drone rtttiyis.
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NAPOLEON III
ET SA POLITIQUE EN ITALIE
Les souverains sont evidemment les apotres des nations.
Dieu a fait rayonner leurs fronts de l'aureole du genie, et
leur a donne pour mission de consacrer leur vie au bien-
etre et au progres des peuples ranges sous leur sceptre
puissant. L'histoire contemporaine presente malheureusement
plus d'un exemple de souveraius regnant sur les Bations
par le despotisme, et ne se servant du mandat quasi-divin
qui leur a et<§ donne, que pour plonger les peuples dans le
deuil et les larmes.
Cependant, du sein des nonibreuses evolutions de l'hu-
manite en marche, surgissent, nouveaux messies, des
homines predestines qui, pousses par le genie du bien,
adopteront un role exclusivement reparateur; c'est celui
que choisira Napoleon III, l'heritier du grand homme
Derriere ces Alpes gigantesques, dont les somniets blan-
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chis de neige forment comme d'kernels glaciers, gemis-
sent les arriere-petits-fils de ces heroiiques legions romaines
qui, sous la conduite de Cesar, vinrent jeter sur la Gaule
les germes feconds de la civilisation latine; Napoleon les
entend, et ddja, dans son esprit indompte et prompt a la
decision, la guerre a l'Autriche est arreted; l'ltalie re-
vivra!
La guerre est commenced.
Les armees se heurtent en chocs terribles, le drapeau
de la France se couvre d'immortelles cicatrices, la victoire
s'attache partout aux pas de l'armee franco-sarde!
Cependant les deux souverains se rencontrent a Villa-
franca et jettentrapidementles bases d'unepaix immediate.
Cette paix inattendue surprit toute l'Europe attentive et
muette.
Les esprits, revenus de leur premier saisissement, re-
trouverent le sentiment de leur force; un immense champ
s'ouvrit a la discussion.
La conduite spontanee des deux empereurs fut diverse-
ment appreciee.
L'opinion prit le change.
Presque tous les organes de la presse franchise, ceux
de la presse etrangere, et notamment ceux de l'Angleterre,
criaient de toute la force de leurs poumons que le pro¬
gramme de Napoleon III, — l'ltalie libre jusqu'a l'Adria-
tique, =—£tait un programme avorte; que rAulriche sorti-
rait plus puissante de cette guerre oil chaque rencontre
avait ete pour elle une eclalante d^faite.
L'ltalie, un instant petrifiee, renait a l'esp^rance; son
bon sens et sa raison, la justice de sa cause, lui disent
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— 5 —
qu'elle triomphera. Seuls, les amis de l'Autriche, tant en
France qn'a l'etranger, relevent insolemment leurs fronts
un instant courbes, et crient victoire Politiques a courte
vue, ils ne peuvent pdnetrer ce que les ^venements ont
parfois de revirements mysterieux, et croient monter au
Capitole a l'heure ou ils vont etre precipites du haut de la
Roche Tarpeienne! II importait cependant de rendre le calme aux esprits
6gares dans ce dedale des conjectures contradictoires; il
fallait montrer a la France inquiete la logique de son Em-
pereur. Cette tache, nous l'avons entreprise dans le silence de
notre obscurite. Nous avons fait une rapide revue retros¬
pective des faits accomplis qui appartienneut deja a l'his-
toire de notre 6poque; nous avons dessine l'altitude des
grandes puissances avant et pendant la guerre d'ltalie, et
nous avons fait tous nos efforts pour arriver a cette conclu-'
sion., qu'en depit des preliminaires de Villafranca, Napo¬ leon et Victor-Emmanuel resteraient unis apres comme
pendant la guerre, pour couronner l'ceuvre si sublime de
l'affranchissement de l'ltalie.
Avant d'elever notre faible voix, nous avons voulu lais-
ser remuer l'Europe, le monde entier, par cette fameuse
Brochure, dont l'apparition subite, comme un astre nou-
veau, est venue illuminer de mille feux notre ciel politique
qui menacait de ^assombrii'. Elle a cause un immense
fracas.
Autour de ce meteore lumineux, gravitent et pullulent les nombreuses elucubrations ultramontaines, pales ^toiles
d'un ciel tourmente.
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— 6 —
Cependant la voix de ce concert de recriminations et de
maledictions se perd dans le vide.
L'intelligente generation actuelle prend pitie de ces
spadassins ridicules d'un autre age, elle marche droit de-
vant elle pour se soustraire a ce vacarme des lamentations
ultramonlaines j elle a soif de silence
II eut eUe sans doute tres-habile de pousser les esprits
sur le terrain religieux et de repr£senter la religion du
Christ en danger, pour noyer dans le Hot de leurs subtilitds
cette importante question de l'ltalie centrale qui a droit a
tout notre inte>et, a toute notre attention.
Pour dejouer les sourdes manoeuvres de ces partis qui ne reverent jamais qu'abaisscment pour la France, nous
allons reprendre cette palpi tante question de l'ltalie cen¬
trale en sous-ceuvre, et montrer comment la logique d'une
politique vraiment francaise conduira infailliblement a
l'annexion des duches au Ptemont.
II.
Que n'a-t-on pas dit, que n'a-t-on pas ecrit sur l'ltalie,
soit avant, soit pendant la guerre ou depuis Cette question d'ltalie ou plutot cet immense, j'allais
dire cet insoluble probleme, a exerce les plus vigoureux es¬
prits de la politique contemporaine. Tous les hommes qui sentent vibrer en eux l'amour de
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la patrie, l'amour de la France, ont energiquement secoue"
uneapathie que dix-huitanneesd'un regne essentiellement
positiviste avaient eu pour resultat de faire naitre en eux;
c'est que ces hommes intelligents ont coinpris toute Faffl-
nite des rapporto qui existent entre les interets de la France
etles int^rets de 1'Italic
La question italienne a dechaine des tempetes; cela
s'explique : elle est essentiellement complexede sa nature.
L'Autriche, chez laquelle s'est conserve si vivace l'es-.
prit d'absolutisme et de tyrannie, contemplait avec fierte"
les gouvernements abhorres des grands-ducs, incarnation
vivante de son systeme gouvernemental, au moyen des-
quels triomphait le principe de la vieille legitimite sur le
principe de la souyerainete populaire; d'un autre cote,
l'ultramontanisme semblait avoir choisi cette terre de pre¬ dilection de 1'iufaillibilite papale, pour lancer du haut du
Vatican ses foudres au monde du libre examen. Enfin
la Providence, par un de ses mysterieux desseins, semblait
avoir provisoirement condamne au martyre du joug etran-
ger des peuples dont le reveil terrible devait montrer ce
que peut une nation pour reconqnerir sa liberte"! 4
Monarchic du droit divin, infaillibilile' papale, souve
rainete populaire, tels sont, en Italie, les elements irrecon-
ciliables d'une lutte qui interesse Funivers enlier.
La plupart des faits dont nous venons d'etre temoin, ap-
partiennentdeja a l'histoire. II est facile des a present d'en
tirer une lecon pour l'avenir.
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III.
La France, on s'en souvient, ne prit conseil que de
l'energie de sa volonte pour entrer en campagne. Elle
aurait pu hesiter cependant : la lutte allait avoir d'im-
menses proportions; nous allions combattre une forte
puissance militaire qui s'inquietait moins de la perte terri-
toriale a laquelle elle s'exposait en tentant la fortune des
combats, que de cette influence politique qu'elle exercait
sur toute la Peninsule, quand elle etait le sbire qui prenait la liberte au collet! La lutte commencee, oil s'arreterait-
elle? L'Angleterre enfin, l'Angleterre, notre alliee, lanca
contre nous ses anathemes, menaca ce que, dans son hu-
meur jalouse, elle appelait l'ambition napoieonienne, et
ne negligea rien pour jeter les fondements d'une nouvelle
coalitiop
Quelle attitude allait prendre la Prusse — Uue attitude
evidemment expectante; elle allait s'envelopper dans une
neutralite qui ne pourrait avoir ricn d'inquietant pour nous. D'aill^urs, la logique de ce dualisme qui existe entre
elle et l'Autriche, devait la conduire a desirer l'abaisse-
ment de cette derniere puissance en Italie.
Que pensait la Russie — Avant les hostilites, elle prit l'initiative d'un congres afln d'eviter a 1'Europe les fle'aux
que la guerre entraine. Elle entreprenait l'oeuvre si glo-
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rieuse de Emancipation de ses serfs, la paix etait un besoin
de la politique qu'elle venait d'inaugurer. La lutte com-
mencee, son choix ne pouvait etre douteux; elle devait
etre, avec la France etl'Italie, contre l'Autriche qu'elle avait
sauvee, en 1848, de la Hongrie victorieuse, et qui, cepen-
dant, n'envoya pas un homme en Crimee, combattre sous
l'aigle moscovite 1
Telles etaient les conditions de Y Europe a l'heure oil
les phalanges franchises allaient tenter le passage des Alpes
renouveie du premier empire: d'un cote, VAutriche et
l'Angleterre; de l'autre cote, la Prusse et la Russie; au
milieu, la France, cette patrie d'adoption du chevaleresque!
IV.
Cependant notre armee avait franchi les Alpes. Les
vapeurs de notre marine jetaient nos bataillons sur les
quais de Genes, pavoises aux couleurs de France et de
Savoie. Peu de jours sufflrent a nos soldats pour etre en
mesure de prendre l'offensive. Pendant que Giulay se lais-
sait aller a tous les calculs d'une strategic methodique, notre armee se massait a Alexandrie, ou elle prenait
haleine; puis, dessinant un mouvement en avant tres-
prononce, rencontrait et battait l'enncmi a Montebello,
inaugurant ainsi la campagne par un fait d'armes des plus cclatants. Apres Montebello vinl Magcnla, cette sanglante
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et decisive affaire ou nos grenadiers de la garde soutinrent
heroiquement le choc de 40,000 Autrichiens, oil notre
Empereur recut si brillamment le bapteme du feu, et qui valut a un de nos meilleurs generaux une couronne ducale. — Battus a Magenta, les Autrichiens abandonnerent lytilaij en toute hate, ouvrant ainsi a l'armee franco-sarde les
portes de leur capitale en Italic L'armee alliee y penetra
pour jouir du triomphe du aux vainqueurs et pour prendre
quclque repos, au milieu des frenetiques ovations de cette
population ivre de bonheur a l'aspect des visages bronzes de nos phalanges liberatrices!
L'Empereur, qui commandait notre armee, comprit qu'il
importait de ne pas s'arreter en chemin ; nos colonnes
s'ebranlerent et marcherent resolument et avides de gloire a la rencontre de l'ennemi. Cependant, celui-ci batlait en
retraite avec une precipitation qui tenait de la fuite; les
deux armees se rencontrcrent, neanmoins, en un epouvan- table choc sur les hauteurs de Solferino, oil 1'armee alliee, forte d'environ 150,000 homines, defit completement l'armee autrichienne, forte de 200,000 hommes des
meilleures troupes de TEmpire, que commandait Francois-
Joseph en personnc Pendant que ces faits s'accomplissaient sur le Mincio,
les souverains des Etats de l'ltalie centrale abandonnaient
precipitamment leurs trones pour aller grossir l'etat-major de l'empereur d'AuLriche, dont ils etaient les lieutenants
soumis. La Peninsule respirait, enGn L'llalie etait libre, et il ne manquait plus pour completer son independance,
que la chute des places du quadrilatere qui devait nous
livrer Venise.
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Toutefois, on crut devoir s'en tenir aux resultats obtenus
par le glorieux triomphe de Solferino. Examinons ce qui
serait advenu si on eut cru devoir pousser en avant cette
bouillante armee que Mars avait toujours protegee d'une
facon si manifeste.
II ne peut etre douteux pour personne que nos soldats,
ivres de succes, n'en eussent obtenu de plus eclatants
encore si on les eut lances de nouveau a la rencontre de
l'ennemi. En effet, 1'armee francaise est tellement habituee
a vaincre, qu'elle inarche au combat avec cette solidite que
lui donne une confiance absolue en elle-meme; l'armie
sarde, c'etait l'ltalie brisant ses fers ; elle combattait pour le plus precieux des Mens, pour son independance; elle
devait vaincre! D'ailleurs, elle combattait sous les yeux des
heros dont les champs d'Afrique et de Crimee redisent les
exploits; elle devait faire des prodiges; elle repondit d'une
facon sublime a ce que son roi attendait d'elle!
L'armee autrichienne, au contraire, collectivite de races
heterogenes, ne lisait sur son drapeau que ces mots: Disci¬
pline, obeissance! elle ne pouvait y lire ce mot magique
qui entraine les bataillons : Patrie! Son drapeau n'etait
qu'un signe de ralliement; vainement eut-on cherche une
« pensee » dans ses replis! D'ailleurs, Solferino l'avait
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materiellement disloquee et moralement petrifiee; elle etait
vaincue d'avance Elle ne pouvait done esperer vaincre
qu'autant qu'une puissance militaire de premier ordre vien-
drait sejeter dans la melee.
VI.
Nous avons nettement dessine, des le debut, la position
respective des puissances europeennes, au moment oil la
lulte allait s'engager. Les faits d'armes de la France et du
Piemont pouvaieut-ils amener quelque revirement de poli¬
tique chez l'une d'elles
La Prusse, sortant tout a coup de sa neutralite, allait-
elle nous attaquer sur le Rhin pour faire une puissante diversion qui eut pu tourner au profit de l'Autriche
La logique des situations, la logique des interets est
inflexible; cette logique condamnait la Prusse a une neu¬
tralite expectante. La Prusse avait joue un triste r61e durant la guerre de
Crimee. La guerre terminee, elle ne fut invitee a prendre
part au congres de la paix qu'apres que les pienipotentiaires eurent tenu plusieurs seances; admise dans de telles con¬
ditions a faire partie de ce concile europeen, elle ne pouvait
y jouer qu'un r&le d'effacement. II importait done a son
renom de grande puissance qu'elle prit ses dispositions, afln de conserver, a l'heure venue oil les fails accomplis
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solliciteraient une consecration europeenne, le rang que
sa tradition et son histoire lui assignent; pour cela, elle
mobilisa son armee; mais cette mobilisation ne pouvait etre
une menace a l'adresse de la France, qu'autant que
Napoleon III, emporte par cette fievre de conquetes que le
trioniphe communique aux grands capitaines, eut fouie le
sol allemand. Une pareille faute n'etait pas a craindre de
la part d'un souverain trop de son epoque pour oublier que
le temps des conquetes est passe
Francois-Joseph, dans sa proclamation a ses peuples, a
dit:« Abandonne par mes allies naturels, j'ai fait la paix!» — Francois-Joseph, accusant hautement, a la face de
l'Europe, la Prusse de trahison, prouve surabondamment
que cette puissance etait loin de donner le signal d'un
embrasement europeen pour un interet qui n'avait,
d'ailleurs, rien d'allemand!
VII.
Pouvait-ou craindre du moins que la Russie pretat a
l'Autriche le poids de son epee? Les sentiments du czar a
regard de l'ltalie, la sympathie qu'en maintes occasions il
a manifestee pour cette muse e^nchainee, ses relations de
bonne amitie avec la France, les ressentiments qu'elle
nourrit contre l'Autriche ingrate, tout cela disait assez
quelle serait l'attitude de la Russie jusqu'au denoument
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de cette guerre a laquelle on avait donne pour limites l'I-
talie libre jusqu'a l'Adriatique.
Cependant, il est de regie que les souverains etouffent
leurs ressentiments sous la voix de leurs interets; expli-
quons-nous: Kossuth, cet apotre de l'independance hon-
groise, ce capitaine que la fortune trahit en 1848, mais ne
dompta point, Kossuth s'appretait a tirer parti des embar-
ras de l'Autriche en Italie, pour reparaitre soudainement
au milieu des Madgiars que tant de fois il avait conduits a
la victoire et les soulever encore au cri de liberte Deja, la Hongrie etait fremissante ; elle n'attendait que le signal de son redempteur pour voler a la guerre sainte.
L'Autriche, constamment battue en Italie, epuisee, n'au-
rait pu evidemment comprimer toutes ces tentatives de de¬
fection de ses peuples sur tant de points a la fois ; elle eut
infailliblement perdu la Hongrie. La Hongrie libre, tous
les peuples rives a des empires avec lesquels ils n'ont au-
cune afflnite, allaient-ils rester immobiles quand d'autres
peuples accomplissaient le miracle de leur resurrection
Semblable a un incendie qui devient irresistible a la faveur
du vent qui souffle, ce soulevement des peuples eut tout
gagne, et la Pologne, cette fois, aurait tentc avec des chan¬
ces de succes, cette resurrection pour laquelle elle ne se
battit si heroiquement autrefois que pour s'ensevelir vi-
vante dans le tombeau des nations mortes.
Dans l'hypothese de ce dechainement general de tous les
peuples asservis, Alexandre II pouvait entendre deux voix;
l'une pouvait lui dire:« Grand souverain! vous poursuivez « l'affranchissement de vos serfs a l'interieur, soyez beni!
« — Les peuples que vous lenez sous le joug, et notam-
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« menf cette heroique Pologne qui pleure son genie na-
« tional, sa langue, sa foi, ses lois, sa liberte perdus, sont
« aussi des serfs; a leur affranchissement se trouve atta-
« chee votre immortalite; dites : Que la Pologne soit! —
« et la Pologne sera » Alexandre II, obeissant a la divine
inspiration de cette voix mysterieuse, c'etait le signal d'une
regeneration europeenne! L'autre voix pouvait dire au czar de Russie:« Sire, vous
« fetes le successeur de plusieurs generations de souve-
« rains, vos a'ieux, dont la politique fut toujours une po- « litique de conquete, d'absorption et d'asservissement;
« fidele au blason des Romanoff, maintenez vos peuples « dans l'obeissance! » Alexandre II, ecoutant cette voix
de preference, c'etait le boute-selle, il fallait entrer en
campagne! — meme dans cette hypothese de la Russie
armee pour son integrite, la France avait-elle quelque chose a redouter de sa part? Non, car 1'effort de l'armee
russe se fut porte en Hongrie, dans le but unique d'etouffer
un mouvement dont le succes pouvait menacer sa posses¬ sion de Pologne; ce concours apporte a l'Autriche eut ete
un concours essentiellemenl local et qui lui eut ete plutot commande par le sentiment de sa conservation que par sa
sympathiepourrAutriche, a laquelle elle ne pourra jamais
pardonner sincerement qu'elle l'eut abandonnee en 1855.
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— 16 —
VIII.
L'Angleterre enfin qui, au debut de la campagne, avait
cherche a ameuter l'Europe contre la France, allait-elle
apporter le concours de son armee et de son or a l'Autri-
che reduite auxabois?— Rien n'etait a craindre de ce
cote. Le ministere tory, qui avait voulu ressusciter les an-
ciennes haines internationales, etait tombe sous la repro¬
bation nationale; lord Palmerston etait revenu aux affaires
et avec lui avait ete inauguree cette politique des nationa-
lites dont l'Angleterre est si orgueilleusc L'avenement au pouvoir du ministere Palmerston-Rus-
sell marqua une ere de reparation; car l'Angleterre n'avait
pas peu contribue au passage du Tessin par les troupes de
Giulay, en prenant parti pour l'Autriche des le debut.
L'Angleterre ne pouvait, sans manquer a cet esprit libe¬
ral qu'elle semble personnifier en Europe, sans abdiquer
le rang qu'elle occupe parmi les nations initiatrices du pro-
greshumain, pactiser avec l'Autriche, depositaire fidele des
principes absolus du vieux monde qu'elle represente. L'An¬
gleterre, enfin, ne pouvait briser parpur plaisir son alliance
avec la France, alliance que ses hommes d'Etat les plus
eminents ont proclamee necessaire a l'epanouissement de la
civilisation; or, c'eut ete rompre infailliblement cette al¬
liance que de condamner la guerre entreprise avec tant de
desinteressement par la France.
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17 —
IX.
Apres avoir demontre que les craintes de toute interven¬
tion e'trangere en faveur de rAulricheetaientcbiuieriques, on arrive forcement a cette conclusion, que l'ceuvre de Vil-
lafranca fut peut-etre une ceuvre de precipitation qui de¬
vait amener ulterieurement des complications. Alexandre II, effraye de l'imminence d'un soulevement
national en Hongrie, aurait, dit-on, ecrit a l'empereur des
Francais, qu'il considerait les resulats obtenos a Solferino
comme satisfaisant suffisamment les interets pour la de¬
fense desquels la guerre avait ete entreprise, et qu'il se
degageait, en consequence, dc toute solidarite avec la
France, pour tout ce qui serait ulterieurement tente par
l'armee alliee.
En presence de cette mobilisation de l'armee prussienne, dont le but reel n'apparaissait pas alors dans toute sa
clarte; en presence de l'avis presume du czar Alexandre,
quoi d'etonnant que Napoleon HI, dans un de ces moments
oil une tete humaine ne pouvait suflire a debrouiller tout
l'cnchevetrement du machiavelisme europeen, quoi d'eton¬
nant, disons-nous, que Napoleon III ne sc Iiatat dc traiter
de la paix pour preserver sa patrie des calamites d'une
conllagralion generale? L'empereur Napoleon, en paiiant aux Italiens, ne leur avait-il pas dit, qu'il y a dans la vie
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— 18 —
des peuples, comme dans celle des individus, un moment
favorable a la realisation de leurs plus cheres esperances, moment qu'il importe surtout de savoir saisir? c'etait evi-
demment leur dire : « La France vous aide, aidez-vous !»
Cependant, quelle que soit notre sympathie pour les
peuples martyrs, nous sommes forces de le reconnaitre, les
Venitiens ne s'aiderent pas, ils ne tenterent pas le moindre
effort; en vain, objecterait-on les formidables forts tout
herisses de canons autrichiens qui semblaient les condam-
ner an silence de l'immobilite : quand un peuple veut etre
libre, il n'a qu'a le vouloir!...
La molle attitude des Venitiens pendant que grondait le
canon de Solferino et que la flotte francaise se deployait sous les niurs de leur cite, cette molle attitude, disons-
nous, ne dut pas etre sans influence sur les decisions de
Napoleon, quand il se decida brusquement a proposer la
paix. 0 Manin, grand citoyen, immortel defenseur de l'inde-
pendanceitalienne, pourquoila Providence t'avait-elle pre- maturement condarane au sommeil de la tombe — Si ta
voix vibrante, inspire, eut pu appeler aux armes tes com-
pagnons de 1848, Venise, faisant un supreme effort, se fut
affranchie elle-ineme!
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19 —
X.
En faisant la guerre a 1'Autriche, la France avait deux interets a faire prevaloir ; Finteret francais et £ inter et ita- lien.
L'interet franoais, a la rigueur, pouvait etre considere comme suffisamment satisfait par l'annexion de la Lom- bardie au Piemout. L'Autriche se trouvait desormais suffi¬
samment refoulec pour que la France n'eut rien a craindre
de ses surprises dans l'avenir.
On ne saurait en dire autant de 1'interet italien qui, pour etre entierement satisfait, devait voir briser les liens de
Venise captive et l'Autrichien entierementrefouie dusol de
lapatrie. L'ltalie, pour accomplirl'oeuvre si difficile de son
unification qui est devenu un besoin de ses aspirations les
plus ardentes, avait asseza faire pour vaincre la resistance
insensoe de Naples et de Rome; laisser a l'Autriche unpied sur le sol italique, c'etait amonceler de nouveaux nuages,
preparer de nouvelles explosions. En regularisant facilement la cession de la Lombardie
au Pieinont, Francois-Joseph ne se montra pas desinte-
resse; il ne fit que subir les consequences d'une serie de
sanglantes defaites. II ne fut pas sage; car en faisaut une condition « sine
qua non » de la restauration des princes fugitifs, il pouvait
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— 20 —
rallumer le flambeau de la guerre encore mal eteint, dans
l'hypothese de non-acceptation de la part de Napoleon. S'il cut renoncc franchement, sans arriere-pensee, sans
reticence, a exercer cette suprematie qu'il exercait en
Italie sous le regne des archiducs, la restauration de ces
princes deveuait sans interet pour lui, et il y eut eu folie
de sa part d'y tenir au point de tout remettre en question, d'allumer un incendie europeen! En slipulant pour ces
princes, il stipulait pour lui, c'est evident! Pour obtenir
1'italianisation de la Venetie, la France fut obligee, dit-on,
d'acquiescer a la restauration des souverains de 1'Italie
centrale : hypocrisie autrichienne! S'il est vrai qu'il eut
ete un instant dans la pensee de FraneoisJoseph de reudre
la Venetie une province italienne, c'est qu'il avail reconnu
la saintete des aspirations de ce peuple et la justice de sa
cause sacree; or, les droits des venitiens a etre Italiens
subsislent en dehors de toute restauration des maisons de
Lorraine, d'Este ou de Parme!
A la voixde l'enipereur Napoleon qui, de Milan, conviail
le peuple italien a une resurrection generale, ce peuple-
cadavre dechira le linceul dont 1815 1'avait enveloppe,
proclama la decheance de ses anciens oppresseurs, repon-
dant ainsi dignement a l'appel du souverain de la France.
L'ltalie centrale n'a done fait que suivre une impulsion
donnee, qu'obeir a d'augustes suggestions. Ce serait done
en vain qu'on voudrait l'arreter aujourd'hui, car elle suit
le chemin qu'on lui a montre, le chemin dc son indepeu-
dance et de sa nationalite.
Au leudemain de l'entrevue de Villafranca, alors que
1'Italie, emue de cette paix inatlendue, se prenait a douter
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de sa destinee, il eut sans doute ete possible de lui parler
le langage de la conciliation.
Aujourd'hui, l'ltalie centrale estorganisee; elle a abaisse
ses barrieres douanieres, cree l'armee de la ligue, pose la
couronne de la regence sur le front du prince de Carignan;
lui demander autre chose que de manceuvrer dans le sens
de son annexion au Piemont, ce serait vouloir la faire re-
trograder. Pour un peuple, retrograder, c'est courber de
nouveau la tete sous le joug d'une servitude qui est toujours
l'abdication de sa nationalite
XL
Dans cette question italienne qui tient aujourd'hui le
monde en suspens, la France avait un role magnifique,
capable de la couronner reine des nations, si deja les ex¬
ploits et les vertus dont son histoire abonde ne lui avaient,
depuis longtemps, pose au front le diademe de cette
royaute!
Quand toute 1'Europe s'enveloppait dans l'egoisine et le
froid calcul de ses interels, seule, la France entreprit de
ressusciter un peuple Au moment oil ses aigles victorieuses chassaient devant
elles les oppresseurs de l'ltalie, la France s'arrela, traita
de lc. paix, et compromit sa liberie d'action en signant ces
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— n -
preiiminaires dont la stride execution tournerait totale- ment au profit de l'Autrichc
A partir de ce moment, la France aura une allure moins
decidee, moins nette; liee par la parole donnee, sa politi¬
que touchant l'ltalie, ne pourra desonnais avoir rien de
tranche; elle subira les consequences de la fausse position
qu'elle s'est creec : esclave de la foi juree, elle sera fata-
lement obligee d'appuyer Jes pretentions de l'Autriche; italienne par le coeur, promotrice du souievement national
ilalien, la logique, la probite, l'honneur, ses interets, tout lui dira de travailler dans le sens italien; aussi, tiraillee en
sens contraire par lc conconrs qu'elle doit prefer a d'irre-
conciliables pretentions, le prestige de sa politique palira un instant.
L'Angleterre, honteuse de n'avoir pas compris a l'ori-
gine combien il importait a son renora, a son honneur
comme a son prestige, de marcher avec la France en
Italie comme elle avait fait en Ciimce, voudra reparer le
temps perdu, se remettre a flot, pour ainsi dire, dans l'o-
pinion des peuples qu'elle avait prepares a leur emancipa¬ tion par ses ecrits et par ses homines d'Etat; elle viendra
exploiter les difficulies de la situation, difficultes avecles-
quelles la France est aux prises. En effet, des que les premieres rumeurs d'un congres
nous arrivent, l'Angleterre remplit le monde politique de
ses pretentions absolues; elle arbore avec ostentation le
drapeau de la souverainete populaire ; elle est plus italienne
que l'ltalie! Elle ne veut entrer an congres qu'en preju-
geant la question qui lui donuera preciseinent sa raison
d'etre; en un mot, elle ne veut un congres que pour donner
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une consecration europeenne aux faits accomplis en Italie
et faire passer dans le nouveau droit public europeen le
principe de la souverainete populaire dont 1'organisation
de l'ltalie centrale, telle qu'elle existe aujourd'hui, est une
eclatante affirmation.
Certes, hatons-nous de le dire, la politique anglaise
actuelle est la seule vraie, et nous ne saurions lui imputer
a crime ; mais, qu'on ne s'y trompe point, cette sympathie
si affectee de l'Angleterre pour l'ltalie n'est que le mea
culpa du role efface qu'elle avait choisi d'abord, et un arti¬
fice pour rehausser le niveau de sa probiie politique., pro- fondement ebraniee par le drapeau de l'absolutisme, que les Derby avaient deploye avec tant d'impudeur!
Les evenement sont enfin dessille les yeux de nos voisins
d'Outre-Manche ; ils ont bientot compris qu'une loi d'at¬
traction vraiment civilisatrice les attirait vers la France;
ils ont compris que ruser avec le gouvernement francais,
qui puise sa force dans sa loyaute, ce serait se deshonorer.
Aussi le cabinet actuel fait-il proclamer, par la voix de ses
organes officiels, qu'en cas de nouveau conflit de la France
avec l'Autriche, l'Angleterre, depouillant ce role passif
qui la faisait infailliblement decheoir, se jetterait resolu-
ment dans la ineiee en confondanl son armee et sa marine
avec 1'armee et la marine francaise!
L'Angleterre est dans le vrai, cette fois, et il sufflra de
cet aveu, qui aura un retentissement europeen, pour con¬
jurer de nouveaux orages et asseoir la paix du monde, de
concert avec la France, qui lui aura montre la route.
Italiens! rassurez-vous La France n'a pas varie dans
ses sentiments pour vous. Son souverain qui, a Ruffalora,
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2*
jetait le defi aux boulets autrichiens, combat incessamment
pour votre affranchissement. II met en avant le plan d'une
Confederation italienne avec le Pape au sommet; mais ce
plan est une necessite de sa situation : engage vis-a-vis de
l'Autriche, il ne peut rien demander pour l'ltalie en dehors
de ses stipulations de Villafranca; en butte a la croisade
ultramontaine, qui ne craint pas de pousser l'impudence
jusqu'a le representer comme voulant saper le pouvoir
temporel de Pie IX, alors que celui-ci n'existe depuis dix
ans qu'appuye sur les baiionnettes franchises, la logique de
sa situation l'oblige a reagir contre ces imputations caloni-
nieuses; de la l'explication du Pape place au sommet de
cette Confederation italienne qui peut seduire une imagi¬ nation enthousiaste, gagner un coeur genereux, mais que Ton reconnait inipraticable d£s qu'on descend dans les
details de son application. En effet, une Confederation, pour etre susceptible de
convier tous les peuples qu'elle groupe en faisceau a la
jouissance de tous les progres des temps modernes, doit
necessairement se composer d'elements homogenes, afin
qu'il y ait, entre ces elements, identite de besoins, d'aspi- rationset de volonte. Or, quelle homogeneite pourrait pre¬ senter l'agglomeration en federation d'Elats disparates comme l'Autriche, pour la Venetic., Rome, Naples et le Pie-
mont?
L'Autriche, Rome et Naples auraient bien une pensee
commune, une pensee de compression; mais le Piemont
Le Piemont, ce champion de la liberie italienne, pourrait-il
jamais arriver a la solution amiable d'une question d'inte-
ret general, alors qu'il aurail a hitter sans cesse contre l'es-
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prit retrogradcdel'Autriche quine sauraitetre autrichienne
chez elle et italienne a Venise
Si I'accouplement d'eiements disparates ne peut nous
paraitre qu'une generense utopie, disons cependant, pour
etre juste, quece plan de federation a ete adopte parle gou-
vernement francais comme un moyen detourne de racheter
Venise, et de faire rentrer dans le giron italien une malheu-
reuse province qui franchirait ain&i une grande partie de
cette rude etape qui la conduira infailliblement a son com-
plet affranchissement.
D'ailleurs, la diete, dont le Pape serait le president ho-
noraire, etant, non la delegation des souverains, mais celle
des peuples fede'res, la France espere trouver dans ce sys-
teme un puissant preservatif contre la preponderance de
l'esprit d'absolutisme, et, par consequent, un gage pour le
maintien et le respect de la volonte (les peuples de la Pe-
ninsule.
En 1848, Charles-Albert leva l'etendard de l'indepen-
dance, a la tete de l'armee piemontaise; il avait fait subir
a l'Autriche de terribles echecs; il touchait au triomphe,
quand, train par le Bourbon de Naples, il fut compietement battu a Novare, et remit l'epee an lourreau pour aller
sur la terre d'exil gemir sur les malheurs de sa patrie et y mourir de chagrin
Toutefois, avant de mourir, il traea son testament en
caracteres de sang; il legua a Victor-Emmanuel le soin de
le ^enger et de deiivrer l'ltalie de 1'opprcssion etrangerc Yictor-Emmanuel pourrait-il ne pas remplir los clauses sa-
crees du testament de son pere?Ce que Charles- Ubert
avail lente seul, le souverain actucl duPi einont comment
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pourrait-il ne pas le tenter, a un moment donne, quand l'annexion de plusieurs provinces viendra lui offrirde puis- sants moyens d'aclion
Campe sur les rives du Tessin, Victor-Emmanuel enten-
dit les gemissements de Venise. Campe sur le Mincio, com¬
ment pourra-t-il toujours rester sourd a la voix suppliante de cette reine detronee de l'Adriatique, de cette martyre de la brutalite tudesque
On le voit, il est dans la destinee de la maison de Savoie
de couronner, a un jour donne, l'ceuvre si sublime du com-
plet affranchissemenl de 1'Italie; il est done inutile de cher-
cher ailleurs pourquoi le Piemont ne peul entrer dans une
Confederation dont le pacte fondamental ferait devier cette
derniere puissance de sa mission providentielle! Napo¬ leon III possede a un degre trop eieve le genie de la pene¬
tration, pour n'etre pas imbu lui-meme des propositions
que nous enoncons ici; aussi s'est-il empresse de'poser carrement a la face de l'Europe le principe de non-inter¬
vention en ce qui concerne l'ltalie centrale, bien persuade
qu'a la faveur de ce principe dont il s'est constitue le
champion, 1'Italie marchera rapidement vers son unifica¬
tion ; car l'unite italienne est aussi necessaire a la natio-
nalite italienne, que 1'unite franchise fut jugee indispen¬ sable a la nationalite francaise.
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— m —
XII.
Telles sont les conclusions auxquelles le raisonnement
nous a conduit; mais si l'homme, au moyen de deductions
logiques, a la faculte de passer du connu al'inconnu, de
pressentir les evenements, le reve n'est-il pas aussi, lui, le
moyen de lire dans le livre du deslin Mais j'entends en¬
core la voix du genie de mes reves qui me dit: <i Homme,
je suis la verite; ecoute-moi!»
« Aux jours des grands cataclysraes, il peut arriver, il arrive meme que la force se substitue au droit, que le bon courbe la tete sous le talon du mediant; c'est alors une lieure de bouleversement, de spoliation, de triomphe de la
barbarie sur la civilisation!
« Toutefois, cette heure ne peut etre qu'une heure de
transition, elle ne peut etre qu'une paisible nuit de soni- meil d'un peuple qui se reveillera demain, retrempe aux convulsions de cette heure d'epreuve!
« G'est a une de pes heures sinistres que la terre de la
poesie et des arts, la patrie du Dante et de Galilee, l'lta- lie enfin, fut envahie par des hordes tudesques et vouee aux calamites du plus abject esclavage!
« Celui par qui le monde est et se meut ne pouvait per- mettre a un conquerant sauvage de broyer plus longtemps les membres delicats de cette Pgninsule, qui est comme la
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muse inspiratrice des nations civilisees!... — « Italie, de-
bout! » cria-t-il de sa voix toute-puissante. — Soudain, l'ltalie palpita dans sa pierre sepnlcrale, les parois du tom-
beau volerent en eclats, et elle parut debout, armee, le
frontmenacant et dans l'atlitude dc la force! Bientot, les
bataillons se heurlerent en chocs immenses; Montebello,
Palestro, Magenta, Melegnano,, Solferino furent burines en
caracteres ineffacables sur les tabletles de la patrie ressus-
citee; l'aigle francais, allie a 1'aigle italien, broya les ailes
de l'aigle autrichien! La patrie, longtemps opprimee, res-
pirait enfin, vierge de tout dominateur etranger! « La luite apaisee, le peuple italien employa sagement
son temps; il se groupa en faisceau, oublia ses antiques
dissentiments, ses rivalites de provinces, et affirma son
existence, sa cohesion, sa vie, en presentant a l'Europe
extasiee une assembiee issue du suffrage universel, dontle
premier acle fut la proclamation de la decheance des an-
ciens tyrans, — transfuges passes au camp ennemi au
moment de la lutte, — et la creation d'un gouvernemcnt
et d'une am ec de la ligue! « Cependant, l'iiitrigue creusait ses voies souterraines.
L'ennemi, baltu sur les champs de bataille, essaye de re-
con-querir le terrain perdu; pour cela, il promenepar toute
i'iiurope le fantome de la Revolution et montre aux mo-
narques etonnes, lours trones pres de crouler, s'ils ne se
coalisent au plus vile pour faire rentrer dans son tombeau
la ressuscitee d'hier, cette Italie qui semble la favorile de
Dieu entre tontes les nations, tant elle a de charmes irre-
sistibles, de poesie enivrante Ces aboiements, ces cris
d'alarmes ne corrompront pas le bon sens public europeen.
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La souverainete des peuples est une conquete de nos lemps
modernes. D'ailleurs, les Italiens sont debout en amies;
ils out la foi qui fait braver la mort.
« Les Garibaldi, les Fanti, ces heros de l'lndependance
italienne, meneront heroiquement leurs legions au combat,
dussent-elles etre noyees dans des flots de sang!... Victor-
Emmanuel, ce roi elu de l'ltalie regeneree, ne pourra rester
spectatcur tranquille de la lutte supreme; s'il reculait, il
serait fletri par l'histoire qui dirait de lui: « II fit la guerre
pour gagner une province et remit lachemeiit l'epee au
fourreau quand le glas funebre allait sonner la nouvelle
agonie de V Italie a laquelle il avait donne sa foi! »
« Napoleon III ne pourrait toierer ces represailles san-
glantes; il ne pourrait laisser accabler ces peuples, qu'il a
appeles aux combats de l'lndependauce et de la Liberte.
« L'Europe recueillie ne voudra pas, par imprudence,
par ineptie ou par egoisme, remettje les fers aux pieds d'un peuple digne de la liberte, car elle donnerait alors le
signal d'une guerre sans fin! >
En entendant la voix de ce genie mysterieux de nos
reves, nous sentions notre poitriue se dilater, notre foi se
raffermir, et nous dimes: « Napoleon III et Victor-
Emmanuel se donnaient la main sur les champs de bataille
pour y moissonner la gloire: l'histoire les presentera aux
generations futures, la main dans la main, la Liberte po- sant sur ces augustes fronts couronnes le diademe de
l'iminortalite, car ils auronl sauve l'ltalie »
L'Autriche, menacee sur ses derrieres par la Hongrie
fremissanle, dans une penurie extreme de finances, adoptc,
dit-on, le role de la resignation; mais avant dese resigner,
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elle protesterait contre ce qu'elle appelle la violation des
traites par la France, qui n'a fait, en definitive, que reve-
nir, en Janvier 1860, aux principes qui, en Janvier 1859,
souleverent l'enthousiasme des peuples et l'adhesion tacite
des puissances qui, la voyant passer la frontiere, ne lui
crierent point: Halte-la! Non, la France ne manque jamais
aux traites au bas desquels le souverain de son choix a
appose les annes de l'Etat; elle avait promis a l'empereur
d'Autriche d'user de persuasion sur les peuples de l'ltalie
centrale pour les engager a reprendre leurs anciens sou-
verains; le concours qu'elle avail promis, elle l'a loyale-
ment donne; elle n'avait pas promis de deserter le camp des nationalites, elle retourne aux peuples qui l'appellent.
L'Autriche retourne au Pape qui l'appelle, l'Autriche four-
nit a Rome des mercenaires deguises; la premiere se pro-
nonce pour les peuples, la seconde leur forge des fers. La
premiere est logique,- la seconde Test aussi; mais qu'elle
ne crie pas a la trahison; car la France ne trahit pas, mais
elle affranchit, elle ressuscite
PSris, Imprimerle de L TlMERLIN et O, rue Neme-des-Bons-Enfanls, 3
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A LA LIBRAIRIE DE E. DENTU, EDITEUR
I'ALAIS-UOVAL, 13, GALEME d'ORLEANS
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SUR
LA QUESTION ITALIENNE
DE FEVRIER A AOUT 1859
A la Sfatiou AUcmande, par Leon Plee. Broch. in-8° 1 » I,'Angleterre, sa laberte et l'ltalie. Broch in-8° 1 « Aprcs la cucrrc. Reconstitution de la Hongrie, par Amedee le Fauke. 1 » Me l'Allcniagne avant le Congreg. Brochure in-8 1 • I/'Auti-iche dans la Confederation Italienne. Histoire de la Diplomatie
et de la police de la cour de Vienne dans les Etats du Pape, depuis 1815, d'apres des documents nouveaux et des pieces diplomatiques, par Euge.ne Rendu. 1 vol. in-8° 3 »
li'Autrlche et rAllcmagnc avant et apres la solution de la Question Ita¬ lienne. Broch. gr. in-8° 1 «
1/ Vutriehe au ban de I'Europe. Martyre de l'ltalio.—Mission de la France. Broch. in-8° „ 1 •
I.'vutiiclie devant l'opinion, parM. AnatoledeLa Forge, Br. in-8°. 1 » Ii'Auti'iehc, iUachiai el et l'ltalie, Broch. in-8 1 » Ii'Auti-lche dans le Royauinc Loinbardo-Vcniticn. Ses Finances, son
Administration. Broch. in-8 1 50 L'Autrlchc et le prince Romnain. Broch. in-8 1 » I.'AutriehectsonGouverucment. 1 vol. in-8 2 > I/Autriclie et ses Provinces Italiennes. Broch. in-8 » 80 leg Autrichiens et l'ltalie. Histoire anecdotique de l'occupation autri-'
chienne depuis 1815, par M. Charles de la Varenne, prec£dee d'une intro¬ duction, par M. Akatole de la Fosge. 3c Edition, revue et augmentee. 1 vol. grand in-18 jesus '. 3 •
I.'Avenir de l'Europe, par M. Frederic d'Hainault. Broch: in-S 1 50 line Coalition en 1850. Broch. in-S 1 » la- Confederation Xtalique, par 1'auteur du Congres de Vienne en 1814 et
1815 et de eelui de Paris en 1856. Broch. in-8 1 » Cherbourg- et l'Angleterrc, nouvelle Edition. Broch. in-8 2 » Beux mots sur 1'itulle, par Camille Baro.- Broch. in-8 1 « L'Enipereur Kapolcon HI et les Principautes Roumaines. Br. in-8... 1 50
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la Guerre e'est la paix, par M. Anatole de Laforge. Br. gr. in-8 1 * Histoirc secrete du Gouvcrneinent Antricliien, premiere histoire d'Au-
triche ecrite d'apres des documents authentiqucs, par Alfred Michiels. Un beau vol. in-8 6 »
Italie et Turquic, par P. de Tciiihatchef. Brochure in-8 1 1'ltnlic et I'xnipirc d'Allcntagiic. Seconde edition, augmentee d'un cha-
pitre sur la politique dc la France en Italie et de pieces diplomatique^ tirees des archives de Turin, par E. Rendu. 1 vol. in-8 3 »
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chef. 1 vol in-8 3 » la Paix, Solution de la Question italienne, par M. le comte Leon. Brochure
in-8 1 • la politique ct le Proit Chretien au point de vue dela Question italienne,
par Massimo d'Azeglio. Brochure gr. in-8 2 » la Politique napoleoniennc en italic Broch. in-8 1 SO la Politique franraisc devant l'lurope, par un Allemand. Br. in-8. 1 23 pie IX et 1'italie, par Arthur de Grandeffe. Broch. in-8 1 " liu poiivoir temporel du pape. Essai sur l'origine et la formation de
l'Etat de l'Eglise. Brochure in-8 1 " le Roi de xaples et l'lndependance italienne. Brochure in-8 1 50 la Question du jour, par un Allemand. Brochure in-8 1 S" $uc vent l'Autriche? Brochure in-8 1 SO Revelations politiqucs. Brochure in-8 1 * la Suspension d'ariucs, par M. le marquis de La Rochejaquelein. Broch.
grand in-S 1 " I.es Traites de I8f 5 scront-ils eternelsV Brochure in-8 1 " la Traie ctuestion. — Franee-Italie-Autriche. Brochure in-8 1 '
Paris, imp. t!c L. Tjmehlii*, 3, rue rveine-des-Bons-EiifaiU:;.
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