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actualités | 6 OptionBio | Lundi 4 octobre 2010 | n° 442 Infectiologie/cas clinique Macroadénome à prolactine U n homme âgé de 33 ans pré- sente depuis six mois des épisodes de céphalées sévè- res, une hémiparésie du côté gauche et une difficulté auditive de l’oreille gauche. Cette histoire médicale se caractérise par sa singularité. L’imagerie par résonance magnéti- que avec gadolinium révèle une large masse de plusieurs centimètres de diamètre, envahissant la boîte intra- crânienne. Le diagnostic de macro- adénome pituitaire est évoqué. Des taux de prolactine trompeurs Le taux sérique de prolactine mesuré est retrouvé à 7,3 μg/L (normale 4,1-18,4 μg/L). Comme il est fré- quent dans le cas des adénomes à prolactine importants, le taux initial de prolactine peut être trouvé normal de manière erronée. Après plusieurs dilutions de l’échantillon sanguin du patient, jusqu’à 1/1 000 e , le taux de prolactine mesuré est retrouvé à 122,260 μg/L. Les épreuves de test en laboratoire révèlent un hypogo- nadisme d’origine centrale. Un adénome lactotropique traité par cabergoline L’analyse immuno-histochimique des échantillons de biopsie par voie nasale de cette masse permet de montrer un adénome lactotropique avec des cellules tumorales retrou- vées positives à la prolactine. Un traitement par cabergoline est donc institué. L’évolution biologique est très favo- rable puisque quatre jours plus tard, le taux de prolactine diminue à 10,8 μg/L. Trois semaines après un suivi médical rapproché, les taux de prolactine continuent à diminuer et les symptômes neurologiques du patient sont résolus. Près de quatre années après le début de la maladie, le taux de prolactine se maintient à 25 μg/L et le volume tumoral a consi- dérablement diminué. Mais l’hypogo- nadisme d’origine central persiste. La cabergoline est un agoniste dopaminergique D2 dérivé de l’er- got de seigle et doté d’une activité inhibitrice puissante et prolongée de la sécrétion de prolactine. Ce médi- cament agit par stimulation directe des récepteurs D2 dopaminergiques au niveau des cellules lactotropes de l’hypophyse et inhibe ainsi la sécré- tion de prolactine. | OPHÉLIE MARAIS médecin biologiste, Paris [email protected] Source Ahmed M, Al-Nozha O. Images in clinical medicine. Large prolactinoma. NEJM. 2010 ; 363 : 177. Ne pas baisser la garde pendant les gardes dans les laboratoires de microbiologie ! antibiothérapie/antibiogramme U ne antibiothérapie initiale inappropriée est un facteur de risque identifié de mortalité plus élevée et de séjour hospitalier prolongé. En raison de l’importance grandissante des infections à bacilles à Gram négatif résistants, l’utilisa- tion d’antibiotiques à large spectre en 1 re intention va croissante. Faire des antiobiogrammes pendant les gardes L’équipe du laboratoire de micro- biologie du CHU d’Angers (49) a voulu évaluer durant 4 mois l’intérêt de réaliser pendant les heures de garde (21 h à 8 h) des identifications et antibiogrammes sur les cultures positives pour certains prélèvements, en plus des activités d’examen direct et d’ensemencement classiquement effectuées pendant les gardes. Sur les 430 échantillons inclus, 231 (53,7 %) concernaient des urines, 143 (33,3 %) des hémocultures et 56 (13 %) des liquides (pleuraux, articu- laires, ascitiques, céphalorachidiens, péri-opératoires). La plupart des iden- tifications et antibiogrammes ont été réalisés entre 21 h et minuit (68 %) et 26,7 % ont été faits entre minuit et 4 h. Le délai moyen entre la récep- tion de l’échantillon et la réalisation de l’identification et/ou de l’antibio- gramme était de 27 ± 9 h, de 15 h pour une hémoculture et de 41 ± 24 h pour un prélèvement d’urine, de 33 h pour un liquide autre. Un traitement adapté plus précoce Dans 97 cas (22,7 %), le résultat a conduit à la mise en place d’une antibiothérapie précoce et appropriée (modifiée pour 49 cas et initiée pour 48 cas). Un gain de temps pour la mise en place d’un traitement adapté de 24 h a été constaté dans 83 cas et un gain de 48 h dans 14 cas, soit un total de 111 jours de bénéfice. Les hémocultures comptaient pour 46,8 % des prélèvements, les uri- nes pour 43,2 % et les liquides pour 10,0 %. Confirmations thérapeutiques ou réduction des spectres permis une désescalade thérapeuti- que avec prescription d’un antibio- tique à spectre plus étroit. Dans ce cadre, un gain de temps de 24 h a été constaté dans 19 cas, et un gain de 48 h dans 4 cas, soit un total de 29 jours d’antibiothérapie à large spectre évités. a confirmé le choix thérapeutique initial. confirmé l’abstention thérapeutique. Dans 33 % des cas pour lesquels un résultat avait été communiqué précocement, aucun bénéfice n’a été identifié : pour 70 % de ces cas, le résultat n’avait pas été pris en compte par l’équipe soignante. En conclusion, cette étude est logi- quement en faveur du bénéfice clini- que d’une telle prise en charge, mais aucune évaluation économique n’a pu être effectuée. | MURIEL MACÉ © www.jim.fr Source Eveillard M, Lemarié C, Cottin J et al. Assessment of the usefulness of performing bacterial identifi- cation and antimicrobial susceptibility testing 24 h a day in a clinical microbiology laboratory. Clin Microbiol Infect. 2010 ; 16 : 1084-9. tivation tivation Réact Réact V plutôt V plutôt d’EBV d’EBV ergie ergie qu’all qu’all camenteuse camenteuse médic médic

Ne pas baisser la garde pendant les gardes dans les laboratoires de microbiologie !

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6 OptionBio | Lundi 4 octobre 2010 | n° 442

Infectiologie/cas clinique

Macroadénome à prolactine

Un homme âgé de 33 ans pré-sente depuis six mois des épisodes de céphalées sévè-

res, une hémiparésie du côté gauche et une difficulté auditive de l’oreille gauche. Cette histoire médicale se caractérise par sa singularité.L’imagerie par résonance magnéti-que avec gadolinium révèle une large masse de plusieurs centimètres de diamètre, envahissant la boîte intra-crânienne. Le diagnostic de macro-adénome pituitaire est évoqué.

Des taux de prolactine trompeursLe taux sérique de prolactine mesuré est retrouvé à 7,3 μg/L (normale 4,1-18,4 μg/L). Comme il est fré-quent dans le cas des adénomes à prolactine importants, le taux initial de prolactine peut être trouvé normal de manière erronée. Après plusieurs

dilutions de l’échantillon sanguin du patient, jusqu’à 1/1 000e, le taux de prolactine mesuré est retrouvé à 122,260 μg/L. Les épreuves de test en laboratoire révèlent un hypogo-nadisme d’origine centrale.

Un adénome lactotropique traité par cabergolineL’analyse immuno-histochimique des échantillons de biopsie par voie nasale de cette masse permet de montrer un adénome lactotropique avec des cellules tumorales retrou-vées positives à la prolactine. Un traitement par cabergoline est donc institué. L’évolution biologique est très favo-rable puisque quatre jours plus tard, le taux de prolactine diminue à 10,8 μg/L. Trois semaines après un suivi médical rapproché, les taux de prolactine continuent à diminuer

et les symptômes neurologiques du patient sont résolus. Près de quatre années après le début de la maladie, le taux de prolactine se maintient à 25 μg/L et le volume tumoral a consi-dérablement diminué. Mais l’hypogo-nadisme d’origine central persiste.La cabergoline est un agoniste dopaminergique D2 dérivé de l’er-got de seigle et doté d’une activité inhibitrice puissante et prolongée de la sécrétion de prolactine. Ce médi-cament agit par stimulation directe des récepteurs D2 dopaminergiques au niveau des cellules lactotropes de l’hypophyse et inhibe ainsi la sécré-tion de prolactine. |

OPHÉLIE MARAIS

médecin biologiste, Paris

[email protected]

SourceAhmed M, Al-Nozha O. Images in clinical medicine. Large prolactinoma. NEJM. 2010 ; 363 : 177.

Ne pas baisser la garde pendant les gardes dans les laboratoires de microbiologie !

antibiothérapie/antibiogramme

Une antibiothérapie initiale inappropriée est un facteur de risque identifié de mortalité

plus élevée et de séjour hospitalier prolongé. En raison de l’importance grandissante des infections à bacilles à Gram négatif résistants, l’utilisa-tion d’antibiotiques à large spectre en 1re intention va croissante.

Faire des antiobiogrammes pendant les gardesL’équipe du laboratoire de micro-biologie du CHU d’Angers (49) a voulu évaluer durant 4 mois l’intérêt de réaliser pendant les heures de garde (21 h à 8 h) des identifications et antibiogrammes sur les cultures positives pour certains prélèvements, en plus des activités d’examen direct

et d’ensemencement classiquement effectuées pendant les gardes.Sur les 430 échantillons inclus, 231 (53,7 %) concernaient des urines, 143 (33,3 %) des hémocultures et 56 (13 %) des liquides (pleuraux, articu-laires, ascitiques, céphalorachidiens, péri-opératoires). La plupart des iden-tifications et antibiogrammes ont été réalisés entre 21 h et minuit (68 %) et 26,7 % ont été faits entre minuit et 4 h. Le délai moyen entre la récep-tion de l’échantillon et la réalisation de l’identification et/ou de l’antibio-gramme était de 27 ± 9 h, de 15 h pour une hémoculture et de 41 ± 24 h pour un prélèvement d’urine, de 33 h pour un liquide autre.

Un traitement adapté plus précoceDans 97 cas (22,7 %), le résultat a conduit à la mise en place d’une

antibiothérapie précoce et appropriée (modifiée pour 49 cas et initiée pour 48 cas). Un gain de temps pour la mise en place d’un traitement adapté de 24 h a été constaté dans 83 cas et un gain de 48 h dans 14 cas, soit un total de 111 jours de bénéfice.Les hémocultures comptaient pour 46,8 % des prélèvements, les uri-nes pour 43,2 % et les liquides pour 10,0 %.

Confirmations thérapeutiques ou réduction des spectres

permis une désescalade thérapeuti-que avec prescription d’un antibio-tique à spectre plus étroit. Dans ce cadre, un gain de temps de 24 h a été constaté dans 19 cas, et un gain de 48 h dans 4 cas, soit un total de 29 jours d’antibiothérapie à large spectre évités.

a confirmé le choix thérapeutique initial.

confirmé l’abstention thérapeutique.Dans 33 % des cas pour lesquels un résultat avait été communiqué précocement, aucun bénéfice n’a été identifié : pour 70 % de ces cas, le résultat n’avait pas été pris en compte par l’équipe soignante.En conclusion, cette étude est logi-quement en faveur du bénéfice clini-que d’une telle prise en charge, mais aucune évaluation économique n’a pu être effectuée. |

MURIEL MACÉ

© www.jim.fr

SourceEveillard M, Lemarié C, Cottin J et al. Assessment of the usefulness of performing bacterial identifi-cation and antimicrobial susceptibility testing 24 h a day in a clinical microbiology laboratory. Clin Microbiol Infect. 2010 ; 16 : 1084-9.tivation tivationRéactRéact

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