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La transition énergétique est-elle favorable aux branches à fort contenu en emploi ? Une approche input-output pour
la France
Quentin Perrier - Philippe Quirion
WP 2016.09
Suggested citation: Q. Perrier, P.Quirion (2016). La transition énergétique est-elle favorable aux branches à fort contenu en emploi ? Une approche input-output pour la France. FAERE Working Paper, 2016.09.
ISSN number: 2274-5556
www.faere.fr
1
Latransitionénergétiqueest-ellefavorableaux branches à fort contenu en emploi?Uneapprocheinput-outputpourlaFranceQuentinPerrier(CIRED,Engie),PhilippeQuirion(CIRED,CNRS)
23novembre2015
RésuméDansledébatpublicsur latransitionénergétiqueenFrance, l’emploioccupeuneplaceprépondérante.Nouscalculons,pourl’économiefrançaiseen2010, lecontenuenemploietengazàeffetdeserredesdifférentesbranches,c’est-à-direlenombred’emploisetdetonnes-équivalent-CO2parmilliond’eurosdedemandefinale.Nousutilisonspourcelaletableauentrées-sortiesauniveauleplusdésagrégédisponible(64branches).Nousdéveloppons et appliquons ensuite uneméthodologie originale pour décomposer les écarts de contenu enemploientrebranchesencinq facteurs: le tauxd’importationsdeproduits finaux, le tauxd’importationsdeconsommations intermédiaires, les taux de taxes et subventions, les niveaux de salaire et la part de larémunérationdutravaildanslavaleurajoutée.Enfin,nousétudionscertainessubstitutionsinterbranchesquidécouleraientd’unetransitionénergétiquevisantàréduirelesémissionsdegazàeffetdeserre.Lesrésultatssontlessuivants.
Premièrement, un contenu en emploi plus élevé d’une branche s’explique, en moyenne et par ordred’importance, par des salaires plus faibles, des importations plus faibles de produits finaux, une part plusimportantedutravaildans lavaleurajoutée,des importationsplusfaiblesdeconsommations intermédiaires,etendernierlieupardestaxesplusfaibles.
Deuxièmement,parmilesbranchesdontlecontenuengazàeffetdeserreestélevé,cellesquiprésententenmême temps un faible contenu en emploi (électricité et industrie lourde) sont couvertes par le systèmeeuropéendequotasdegazàeffetdeserre.Al’inverse,cellesquiprésententenmêmetempsunfortcontenuen emploi (agriculture, agroalimentaire et transport terrestre) ne sont pas couvertes par une politiqueclimatique–lacrainted’unimpactnégatifsurl’emploiconstituantuneexplicationpossible.
Troisièmement, la transition énergétique implique des déplacements interbranches de demande finale quenous identifions.Ces substitutions favorisentdesbranchesprésentantuncontenuenemploiplusélevé.Cesaugmentationsdecontenuenemplois’expliquent,maisenpartieseulement,pardessalairesplusélevésdanslesbranchesamenéesàréduireleuractivité.
LesauteurstiennentàremercierchaleureusementJeanDeBeir,ElieBellevrat,MichelHusson,Jean-Christophe
Martin,Jean-LouisPasquier,EricVidalencetlerapporteuranonyme,pourleurrelectureetleursprécieux
conseils.Lesopinionsetéventuelleserreurssontbiensûrdelaseuleresponsabilitédesauteurs.
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IntroductionDans la sphère académique, les politiques énergétiques, comme toutes les politiques sectorielles, sontprincipalementévaluéesselonuncritèrecoût-bénéficeoucoût-efficacité,ouencoreenfonctiondeleurimpactestimésurlePIB,vucommeuneapproximationdubien-êtreéconomique.Leurimpactsurl’emploifaitl’objetdemoinsd’analyses, comme lemontreune simple consultationde labasededonnéesacadémiqueWebofScience:uneinterrogationàl’aidedelacombinaisondemots-clés«energyAND(costORGDPORwelfare)»amène96549résultats,soit21foisplusqu’uneinterrogationsur«energyAND(employmentORjobs)»(4593résultats).Dansledébatpublicfrançais,enrevanche,l’impactsurl’emploidecespolitiquesauneimportanceéquivalenteàcelledesanalysesentermesdecoût,debien-êtreéconomiqueoudePIB,commelemontreuneinterrogationde labasededonnéesd’articlesdepresseFactiva: lesmots-clés«transitionénergétiqueAND(PIBORcoût)»renvoient878résultats,contre895pour«transitionénergétiqueAND(emploiORchômage)»1.
Certes,leschercheursenéconomien’ontpascomplètementnégligél’impactsurl’emploidecespolitiques.Enparticulier, une partie (minoritaire) du débat théorique sur le double dividende (initié par Pearce, 1991, etsynthétiséparGoulder,1995)portesurl’emploi–avecdesrésultatstrèsdiversselonleshypothèsesretenues,enparticulierconcernantlemarchédutravail.
De même, de nombreuses études technico-économiques comparent différentes techniques de productiond’énergie(et/oud’économied’énergie)selonunratioemplois/kWh;Weietal.(2010)synthétisentcesétudespour les Etats-Unis. Leur faiblesse est de présenter un biais en faveur des options techniques etorganisationnelles lesplus coûteuses: si uneoption coûtedix foisplus cherqu'uneautrepourproduire (ouéviter de consommer) un kWh, il est très probable qu'elle crée plus d'emplois par kWh, car les salairescomptentpourenvirondeux tiersde la valeurajoutée (Cotis,2009).Or,desagentséconomiques (ménages,entreprises,administrationspubliques…)vontnécessairementpayerpourcesurcoûtetvontparconséquentréduired'autresconsommations,d’oùdesdestructionsd’emploisignoréesparceratio.Pourcetteraison,danslaprésenteétudenouscalculonsleratioemplois/eurodedemandefinale,etnonemplois/kWh.
Enfin,plusieursétudesmenéesàl’aidedemodèlesmacroéconomiquesontétudiél’effetsurlePIBmaisaussisurl’emploidepolitiquesclimatiques,principalementdetaxessurlesémissionsdeCO2.C’estlecasdesétudespasséesenrevueparBosquet(2000),Patuellietal.(2005)etErnst&Young(2015).Toutrécemment,lemodèlemacroéconomique Three-ME, développé par l’ADEME et l’OFCE, a été utilisé pour quantifier le scénario«visionsénergétiques2030-2050»de l’ADEME. Ilaboutità+330000emploisen2030et+825000en2050,parrapportàunscénariotendanciel(Callonnecetal.,2014).Cestravauxsontutiles,maisleursrésultatssonttrès dépendants de diverses hypothèses qui, du fait de la complexité de ces modèles, sont peucompréhensibleshorsdelacommunautédesmodélisateurs.Ainsi,deuxmodèlesmacroéconomiquesontétéutilisés pour évaluer le paquet «climat-énergie» de la Commission européenne: E3ME, de Cambridge
Econometrics, etGEM-E3,de laNational TechnicalUniversityofAthens. Les résultatsdupremiermodèleentermesdePIBetd’emploisontbeaucoupplusfavorables,pourdesraisonsqu’ilestdifficiledesaisir,au-delàd’affirmationsassezgénéralescommel’oppositionentrelecaractèrenéokeynésiendupremieretnéoclassiquedusecond(DeBruynetWarringa,2014).
Lesmécanismesàl’œuvredanslestravauxbaséssurdesmodèlesinput-output(parexempleScottetal.,2008,ouQuirion,2013)sontplusfacilesàcomprendrecarc’estalorsladifférencedecontenuenemploi(ausensduratioemplois/eurodedemandefinale)entrelesbranchesenprogressionetcellesenrégressionquidéterminel’effet net sur l’emploi. Cependant, ces études n’expliquent pas d’où proviennent les écarts de contenu enemploientrelesbranches,alorsqu’il importedesavoirsiuncontenuenemploiplusélevédansunebrancheprovient,parexemple,desalairesplusfaiblesoudemoinsd’importations:dansuncas,ils’agitderelocaliserdesemplois;dansl’autre,defavoriserdescréationsd’emploismoinsrémunérés.
Dans cet article, nous ne cherchons pas à calculer l’effet sur l’emploi d’un scénario ou d’une politique detransitionénergétiquemaisàestimerlecontenuenemploietengazàeffetdeserredesdifférentesbranchesde l’économie française, ainsiqu’àdécomposer lesécartsde contenuenemploi selonune sériede facteursexplicatifs. Cette approche descriptive permet d’apporter un éclairage qualitatif sur quelques substitutionsinterbranchesimpliquéesparlatransitionénergétique.Par«transitionénergétique»,danstoutl’articlenous
1Interrogationseffectuéesle23septembre2015.
3
nefaisonspasréférenceàunscénarioparticulier,maisàuneévolutionversunesortiedesénergies fossiles,nécessairepourrespecter l’objectifd’unedivisionparquatredesémissionsdegazàeffetdeserreenFranced’ici2050,objectiffixédanslaloidepuis20052.
Entermesdeméthode,cetarticleserapprochedesétudesdebalanceenemploi,quimobilisentégalementlesoutils d’analyse entrées-sorties afin d’évaluer l’effet des échanges internationaux sur l’emploi. Ces analysespermettent une description fine distinguant les types de secteurs qui contribuent aux déséquilibres, lescatégoriesde travailleurs touchés,etc. (Guimbertet Levy-Bruhl,2002). Lamêmeméthodologieestd’ailleursappliquéepourétudierl’empreintecarbonedelademandefinale,afindecomptabiliserlesémissionsdirecteset indirectes (Xu et al, 2014; CGDD, 2015). Cette analyse est notamment appliquée à l’étude des échangescommerciaux(Dong,2010).
Lemêmecadrecomptablepeutêtreappliquédefaçondynamique,pourvoirl’évolutiondunombred’emploisen faisant apparaitre les contributions des grands facteurs explicatifs. Barlet et al. (2009) observent lescontributions respectivesde laproductivité,de lademande intérieure,des importationsetdesexportations.Cette dernière méthodologie est également de plus en plus utilisée pour comprendre les évolutions desémissionsdegazàeffetdeserre(Martinetal.,2014).
Notreapproches’inscrità l’intersectiondecesdeuxdémarches.Nousutilisons lemêmecadrecomptable,etunedécompositionprochedecelledeBarletetal.(2009)maisnousnousinscrivonsdansuncadrestatique,àl’instardesétudesdebalanceenemploi.L’originalitédenotrearticleestdecomparerlecontenuenemploidechaquebrancheàlamoyennedel’économienationaleetdedécomposercetécartpourchacunedesbranchesselon quelques facteurs explicatifs. Plutôt que d’observer l’évolution temporelle de chaque branche, nouscomparonslesbranchesàlamoyennedel’économieet,grâceàcepointderepère,lesunesparrapportauxautres.
Deplus,nouscalculonsdansunmêmecadrelecontenuenemploietlecontenuenémissionsdegazàeffetdeserresurleterritoire.Notreapprochepermetdevisualiserquelssecteurspermettentdecréerdel’emploienFrancetoutenréduisantlesémissionspourrespecterlesengagementsinternationauxdelaFrance;maisellen’indiquepaslesemploiscrééshorsdeFrance,niuneempreintecarboneincluantlesémissionsassociéesauximportations(Pasquier,2012).
Laméthodeentrée-sortiesebasesurquelqueshypothèsesbienconnues.Unehypothèsed’homogénéitédesproduitsd’unebrancheestnécessairepournotredécompositionducontenuenemploietpourladescriptionstatiquedel’économie.Etudierleseffetsd’unevariationdelademandefinaleimpliqued’adopterdeuxautreshypothèses: une hypothèse de rendements constants (la consommation additionnelle ne modifie pas lesystèmeproductif)etunehypothèsequeleseffetsinduitsautrequeceuxcapturésparlamatricedeLeontiefsontnégligeables(Freyssinetetal.,1977).Ceshypothèsesdoiventameneràêtreprudentsurl’interprétationdesrésultats,etimpliquentdenepasconsidérerdesvariationstropimportantesdelademande.
Leplan retenuest le suivant: dans lapremièrepartienousprésentons laméthodeet lesdonnéesutilisées,danslasecondelesrésultats,avantdeconclure.
1.Méthodeetdonnées
1.1.DonnéesNousutilisons trois sourcesdedonnées, toutespubliéesparEurostatet concernant laFranceen2010.EllesutilisentlanomenclatureNACErév.2en64branches.
• Premièrement,letableauentrées-sorties(TES)pourlaFrance,auniveaudedésagrégationA64,pourl’année2010,àprixcourant,préparéparl’InseeetpubliéparEurostat(codeEurostatnaio_cp18_r2).NousutilisonslestableauxfournisparEurostatetnonparl’INSEEpourtroisraisons:ladésagrégationestsupérieure,avec64niveauxcontre38pourlesTESactuellementpubliésparl’Insee(leTESà118
2Loideprogrammefixantlesorientationsdelapolitiqueénergétique(POPE)du13juillet2005
4
branches n’est plus publié par l’Insee depuis 2007); l’utilisation des données Eurostat permetd’appliquerànotreanalyseà toutpayseuropéenouà l’UE;etceTESdistingue lesconsommationsintermédiaires importées de celles produites en France, ce qui est indispensable pour calculer lecontenuenemploi.Nousutilisonsletableauàprixcourantscarnousnecherchonspasàétudieruneévolution,maislastructuredel’économiepouruneannéedonnée.
• Deuxièmement,l’emploienéquivalenttempsplein(ETP),codeEurostatnama_nace64_e.• Troisièmement, lescomptesphysiquesd’émissionsventilésparbrancheéconomiquepour laFrance,
préparés par le Citepa et le SOeS et diffusés par Eurostat. Les gaz à effet de serre inclus sont ceuxcouvertsparleProtocoledeKyoto:CO2,CH4,N2O,PFC,HFCetSF6(codeEurostatenv_ac_ainah_r2).Nous les agrégeons en tonnes équivalent-CO2 en utilisant les potentiels de réchauffement globalutilisésparleprotocoledeKyoto(21pourleCH4,310pourleN2O).
Enfin,nouscorrigeonsleTESpourlabrancheagriculture,afind’inclurelesrevenusnon-salariésdutravaildansles compensations. Pour ce faire, nous utilisons le rapport de l’Insee «Agriculture en 2010, rapport sur lescomptes»etlesunitésdetravailannuel(UTA)2010fourniesparAgresteafindecalculerlerevenuagricolenetpar actif, que nous approximons au revenu par ETP. Nous le faisons pour tenir compte des nombreuxtravailleursnon-salariésdelabrancheagriculture.
1.2.DéfinitionducontenuenemploiSuivant en celaune longue tradition (Freyssinet et al., 1977;Husson, 1994), nousdéfinissons le contenuenemploicommelenombred’emplois(plusprécisémentd’ETP)localisésenFrance,nécessairesàlaproductiongénéréeparunmilliond’eurosdedemandefinaleadresséàunebranchedonnéeetpouruneannéedonnée.Ce nombre d’emplois comprend des emplois directs (c’est-à-dire dans la branche à laquelle s’adresse cettedemandefinale)etindirects(danslesbranchesenamontdecettedernière).Ainsidéfini,lecontenuenemploicorrespondautermedemultiplicateurd’emploiquiexisteégalementdanslalittérature(MilleretBlair,2009).
NouschoisissonsdoncdedéfinirlecontenuenETPd’unebrancheipar:
(1)cei=!"#$%&()*+,(-%&./0&/-1(-%&./0(20à4)5./-6-/é(&45$%51.8&-
9-44-"10()&2%"0(&(3(&:-154&5(%&00é&à45$%51.8&-
Cette méthode est préférable aux ratios emplois/chiffre d’affaire ou emplois/valeur ajoutée: le premierprésenteunbiaisaudétrimentdesbranchesutilisantuneforteproportiondeconsommationsintermédiaires,doncd’emploisindirects,tandisquelesecondestimpréciscarilnedistinguepasdeuxbranchesayantlemêmeratioemplois/VAmaisadressantleursconsommationsintermédiairesàdesbranchesprésentantelles-mêmesuncontenuenemploidifférent,doncgénérantautotalunnombredifférentd’emplois.
1.3.CalculducontenuenemploiL’utilisation des tableaux entrée-sortie (TES) de la comptabilité nationale permet de calculer le contenu enemploipour lesdifférentesbranchesdel’économie,ennousappuyantsur laméthodedeLeontief(1986).Lepointdedépartdecetteméthodologieestl’équilibrecomptableentreressourcesetemploispourlesproduitsdechaquebranche,pouruneannéedonnée:
(2);< + >? = A< ∗ C + <
où pd indique la production intérieure, mf les importations de biens finaux, Zd est la matrice desconsommations intermédiaires intérieures, d la demande finale totale (égale à la demande adressée àl’économieintérieurepluslesimportationsdebiensfinaux)etiestlevecteur-colonnecomposéuniquementde1.Lesnotationssuiventlesconventionssuivantes:leslettresengrasetminusculesd’imprimerieindiquentunvecteur-colonne, les capitales d’imprimerie en gras unematrice carrée. L’équation (2) indique à gauche lesressourcesetàdroitelesemploispourchaqueproduit.
EnappelantAd lamatricedescoefficientstechniquesintérieurs(c'est-à-direlamatricetellequeZd.i = Ad.pd),onobtient:
(3);< + >? = D< ∗ ;< + <
Eninversantcetterelation,onarriveàl'équationdebasedel'analyseentrée-sortie:
5
(4);< = E − D<GH∗ (< −>?)
LamatriceQd= (I-Ad)-1 est l’inversede lamatricedeLeontief.Elle indique laproductiondirecteet indirecte
nécessaire pour satisfaire une demande hors importations de produits finaux d-mf adressée à l’économienationale.Plusprécisément,letermed'indices(i,j)decettematriceQddonnelaproductiondanslabrancheiengendréeparunitédedemandefinaleadresséeàlabranchej.
Sil’ondisposedunombred’ETPdirectsdechaquebranche,ilestalorspossibledecalculerlecontenuenETP,directsetindirects,engendrésparunitédedemandefinaleadresséeàchaquebranche.Pourcela,oncalculelevecteuredonnantleratiod’ETPdirectsparunitédeproduction–c’est-à-direquepourchaquebranche,ei=nombre d’ETP directs dans la branche i / production de la branche i. Alors le contenu total en ETP (i.e.comptabilisantlesETPdirectsetindirects)ceestdonnéparlarelation:
(5)KLM = LM ∗ N<OùKLMestunvecteur-ligne,dont le termed’indice jdonne lenombred’ETPdirectset indirectsgénérésparunitédedemandefinaleadresséeàlabranchej.
CetteécrituredonnelasommedesETP,directset indirects,générésparunitédedemandefinaleadresséeàunebranchej.MaisellenedétaillepasdansquellesbranchessontcrééscesETP.Ilestcependantpossibledefaireapparaitrecettedésagrégation.Pourcela,ondiagonaliselevecteur-colonneLM.NotonsOlamatriceainsidiagonalisée,c’est-à-direlamatricecarréediagonale,dontlesvaleursdiagonalecorrespondentauxvaleursdeLM,etdontlescoefficientsnon-diagonauxsontnuls.AlorslamatriceCEddéfiniepar:
(6)PQ< = Q ∗ N<estunematricecarrée,dontletermed’indice(i,j)indiquelenombred’ETPgénérésdanslabrancheiparunedemandefinaleadresséeàlabranchej.
1.4.DécompositionducontenuenemploiLes calculs de contenu en ETP font apparaitre de fortes disparités entre les branches (Tableau 2). Il estcependant utile de ne pas s’arrêter à la valeur du contenu en emploi,mais de détailler sa composition. Lecontenuenemploid’unebranchepeuteneffetavoirunesignificationtrèsdifférentes’ilestfaibledufaitdesalaires élevés ou d’importations importantes: dans le premier cas, réduire la demande adressée à cettebranche revient à réduire les salaires; dans le second, à relocaliser la production. Une analyse détaillée ducontenuenemploiestdoncnécessairedèslorsquel’onsouhaiteutilisercettemétrique.
Les données de la comptabilité nationale fournissent de nombreuses informations pour décomposer lecontenuenemploidesdifférentesbranches.Lessoldesdutableauentrée-sortiedelacomptabiliténationale,permettentde faire apparaîtreplusieurs ratios significatifsutiles à l’analyse. Pour le comprendre, reprenonsl’équation(6).Cetteécriturematriciellepeutêtreécritedefaçonéquivalenteaumoyend’indices:
(7)RS-( = (,TUV
WUV*+,T,TX )
AvecRS-( lecontenuenETPde lademandeadresséeà labranche ide l’économienationale,ETPj lenombred’ETPdanslabranchej,etYX-(laproductiondanslabranchejdueàlademandefinaleadresséeàlabranchei
(telquePji
Didsoitégalaucoefficientdel’inversedelamatricedeLeontiefpourleTESintérieur).
Onpeutégalementconsidérer lecontenuenETPRS-dûàlademandefinaletotale,afindetenircomptedesimportationsdebiensfinauxquisatisfontlademandefinale,enmultipliantlecontenuenemploiintérieurparlecomplémentà1dutauxd’importationsdeproduitsfinauxdelabranche:
(8)RS- = WUV
WU(,TUV
WUV*+,T,T
X )
Avec_-lademandefinaletotaleadresséeàlabranchei.
6
Figure I: Schéma de décomposition du contenu en emploi des branches de l’économie
française
Source:auteurs
Lecture: une demande finale totale va susciter d’une part des importations finales, et d’autre part une demande hors
importations finales qui sera adressée à la production intérieure. La demande hors importations finales suscite une
productiondansd’autresbranches(dufaitdesconsommations intermédiaires)etdonc lacréationdevaleurajoutéedans
chaque branche. Une partie de cette valeur ajoutée est captée à l’étranger à cause des importations de produits
intermédiaires. Dans la valeur ajoutée intérieure restante, une partie sert à payer des taxes ou provient de subventions.
Enfin,lavaleurajoutéehorstaxesetsubventionsrémunèrelecapitaletlescompensationssalariales.Cesdernièresservent
àemployerdestravailleurs.
Onpeutalors faireapparaitreplusieurs ratiosutilesà l’analyse:enmultipliantnumérateuretdénominateurpar des soldes intermédiaires, onpeut réécrire l’équation (8) sous la formeplus détailléede l’équation ) (ledétaildescalculsestenAnnexe1):
(9)RS- = `a-. cX-. `dX-. eX. fX. gXX
• `a- représente la part de la demande totale adressée à la production intérieure, c’est-à-dire lecomplémentà1dutauxd’importationsdebiensfinauxdanslademandeadresséeàlabranchei;
• cX-mesurelavaleurajoutéetotalegénéréedanslabranchejparunitédedemandefinaleintérieureadresséeàlabranchei;
• `dX- représente la part des consommations intermédiaires achetées par la branche i qui sontadresséesàlaproductionintérieuredelabranchejetnonimportées.Ilestlecomplémentà1dutauxd’importationsdeconsommationsintermédiairesachetéesparlabrancheiàlabranchej;
• eX estlecomplémentà1delapartdestaxesetsubventions(«Autreimpôtssurlaproduction»,codeD29_M_D39 et «Impôts moins subventions sur les produits», code D21_M_D31) dans la valeurajoutéeaugmentéedes«Impôtsmoinssubventionssurlesproduits»
• fX représentelapartdesrémunérationsdutravaildanslavaleurajoutéemoinsles«autresimpôtssurlaproduction(D29_M_D39);
• gX estégalàl’inversedusalaire.Ilmesuredoncleniveaudessalaires.
CettesuitederatioencascadesuitunelogiquedeproductionillustréeparlaFigureI.
7
1.5.ComparaisonàlamoyenneetdécompositionLMDIPourtoutebranchei,onpeutcomparerlecontenuenemploidecettebrancheaveclamoyennedel’économienationale–cettemoyennenationaleétantdéfinieviadesratiosmoyens(ladéfinitionpréciseestdonnéeenAnnexe2).
(10)RS- − RS-,# = `a-. cX-.`dX-. eX. fX. gX − `a#. cX-,#. X̀-,#. e#. f#. g#XX
En remarquant que les coefficientscX- jouent le rôle de clé de ventilation, et en utilisant laméthode LMDI(LogarithmMeanDivisia Index) de décomposition d’indice développée par Ang (2005), on peut transformercette différence en somme de termes traduisant l’apport de chaque facteur(les détails sont données enAnnexes3et4):
(11)RS- − RS-,# = ∆`a- + ∆`d- + ∆e- + ∆f- + ∆g- Ilestainsipossiblededéterminerl’impactdesdifférentsfacteursdanslacompositionetleniveauducontenuenETP.Onpeutdoncrépondreàlaquestion:pourquoilecontenuenemploid’unebrancheest-ilélevé?Est-cedufaitd’importationsfinalesouintermédiairesfaibles,detaxesfaibles,d’unefortepartdutravaildanslavaleurajoutée,oudesalairesbas?
1.7.ContenuengazàeffetdeserreLe contenuenémissionsdegazàeffetde serreest calculéavec lamêmeméthodequepour le contenuenemploi.Apartirdesémissionsdegazàeffetdeserreparbranche,onconstruit levecteurndonnant leratiodes émissions de GES par unité de production. Alors, le contenu en émissions directes et indirectes cg estdonnéparlarelation:
(12)KjM = kM ∗ N<Ilconvientdenoterquenotreapprochetraitelesémissionsdupointdevuedelaproduction,c’est-à-direauxémissionssurleterritoire.Notamment,nousn’intégronspaslesémissionsassociéesauximportations.Cechoixpermet d’analyser les leviers utiles aux politiques publiques pour tenir leurs engagements nationaux oueuropéens.En revanche,une logiquecherchantàattribuer lesémissionsauxconsommateurs–parexempleavec la notion d’empreinte carbone - devrait également prendre en compte les émissions associées auximportations(Pasquier,2012).Enoutre,enregardantlesémissionsparbranched’activité,nousomettonslesémissionsliéesauxconsommationsfinales,notammentdanslestransportsintérieursetlechauffage.
1.8.BranchespourlesquelleslaméthodeestinapplicableNous appliquons la méthodologie en utilisant le tableau entrée-sortie d’Eurostat à 64 branches. Toutefois,notreméthodologienepeutpasêtreappliquéeàquatrebranchesdelanomenclatureNACERév.2:
• LabranchesB(«Industriesextractives»)carlademandefinaleintérieureestnégativeen2010,àcausedesvariationsdestock.Onnepeutdoncpasprendrelelogarithmedecettedemande;
• LabrancheK66(«Activitésauxiliairesdeservicesfinanciersetd'assurance»)quin’aaucunedemandefinaleniintérieure.Làencore,onnepeutpasprendrelelogarithme;
• LabrancheL68A(«Loyersimputésdeslogementsoccupésparleurpropriétaire»)quineverseaucunsalaire;
• LabrancheT(«Activitésdesménagesentantqu'employeurs;activitésindifférenciéesdesménagesentantqueproducteursdebiensetservicespourusagepropre»)quin’utiliseaucuneconsommationintermédiaire.
Parlasuite,nousignoronsdonccesquatrebranches,cequin’estpasgênantcartroisdecesbranches(43,45,64)constituentdessecteursparticuliersdel’économie,etlabranche4présenteuneactivitétrèsréduiteenFrance(inférieureà0,13%desressourcestotalesdel’économie).
8
2.Résultats
2.1.PrincipauxdéterminantsdesdifférencesdecontenuenemploiQuels sont les grands déterminants permettant d’expliquer les différences de contenu en emploi entre lesdifférentesbranches économiques? Pour répondre à cettequestion, il suffit de calculer, sur l’ensembledesbranchesconsidérées,l’écart-typedenoscinqfacteursexplicatifs:pluscelui-ciestélevé,pluscefacteurdiffèred’une branche à l’autre et plus il explique une part importante des écarts de contenu en emploi entre lesbranches.
Tableau1.Ecart-typedescinqfacteursexplicatifsdesécartsdecontenuenemploi,
surles60branchesconsidérées
Facteurexplicatif Ecart-type
Salaire(∆S) 2,9Partdutravaildanslavaleurajoutée(∆L) 2,2Tauxd’importationsdebiensfinaux(∆MF) 1,7Tauxd’importationsdeconsommationsintermédiaires(∆MI) 0,9Tauxdestaxesnettesdesubventions(∆T) 0,6
Source:calculsdesauteursàpartirdedonnéesEurostat
Commel’indiquentleschiffresduTableau1,laprincipalecausedevariationdecontenuenETPrésidedansladifférence de salaires, suivie de la part du travail dans la valeur ajoutée, puis, dans l’ordre, du tauxd’importations de produits finaux et intermédiaires. Enfin, les taxes nettes des subventions jouent un rôlemineur dans l’explicationdes variations de contenuen emploi entre les différentes branches. Ceparamètren’estimportantquepourl’agriculture,dufaitdessubventionsdelapolitiqueagricolecommune.
2.2.ContenuenemploietenémissionsdegazàeffetdeserreAyantobtenu lecontenuenémissionsdeGES,nouspouvons lecroisersurungraphiqueavec lecontenuenemploi(FigureII).Sinousfaisonsapparaitrelamoyennedel’économie(lesligneshorizontaleetverticale),onpeutdistinguerquatrequadrants,selonnosdeuxcritèresquesontlecontenuenemploietlecontenuenGES:
• LecadranenhautàdroiteregroupelesbranchesàfortcontenuenemploietenGES.Laplupartdecesbranchessontliéesàl’alimentation.Onvoitainsiquel’agricultureprésentedeloinlecontenuenGESleplusélevéparmilesbranchesdel’économiefrançaise,dufaitdesémissionsdeprotoxyded’azote(N2O) et de méthane (CH4). De plus, l’industrie agroalimentaire et l’agriculture se classent en têtequantauxémissionsdeGEStotalesgénéréesdefaçondirecteetindirecte,émissionsindiquéesparlatailledescercles.Lapêche,l’hébergement-restaurationetlestransportsterrestres(fretetservicesdetransport)figurentégalementdanscecadran.
• Enhautàgauchesetrouventlesbranchesfortementémettricesetgénérantpeud’emplois.Celainclutl’industriechimique, laproductiond’électricité, lestransportsaériens, lamétallurgie, lesactivitésdecokéfaction et raffinage, le traitement des eaux usées, la production de produits minéraux nonmétalliques(ciment,verre…),lestransportspareauetl’industriedupapier.
• LecadrantenbasàdroiteregroupelesbranchesayantuncontenuenemploiélevéetuncontenuenémissionsdeGESfaible.Cegroupeinclutlaplupartdesactivitésdeservice,maiségalementquelquesbranchesindustrielles,notammentlaconstruction.
• Enbasàgauchesetrouventlesbranchespeucréatricesd’emplois,maiségalementpeuémettrices.Cegroupe inclut de nombreuses industries, notamment de fabrication(textile, bois, caoutchouc), deproduitsmétalliques, informatiques ou d’équipements électriques;mais également de nombreusesbranchesdesservices.
Sur la Figure II, nous avons indiqué en gris foncé les branches couvertes par le système communautaired’échange de quotas d’émissions de GES (SCEQE). Aujourd’hui, ce système concerne plus de 11000installations,etcouvrepresque45%desémissionsdegazàeffetdeserredel’UnionEuropéenne.Lessecteurséconomiquesconcernéssontnotammentlaproductiond’électricité, lafabricationdeproduitsmétalliques, leraffinagedeproduitspétroliers, laproductionde ciment, verre, chauxet céramique,d’acidesetdeproduitschimiques, ainsi que le transport aérien, pour les seuls vols intracommunautaires (Commission Européenne,2013).
9
S’ilestlogiquequelesbranchescouvertesparleSCEQEsetrouventenhautdecettefigure(dufaitdeleurfortcontenu en GES), il est frappant de constater que toutes se trouvent également à gauche de celle-ci,témoignant de leur faible contenu en emploi. Les branches situées en haut à droite, bien que présentantégalementunfortcontenuenGES,nesontpascouvertespardespolitiquesclimatiquessignificatives:pourlestransports terrestres, la redevancekilométriquepoids lourdsadoptée lorsduGrenellede l’environnementaétéabandonnéetandisl’agricultureetlapêchenesontcouvertesniparleSCEQEniparlacomposantecarbonedestaxessurl’énergie,quicroîtprogressivementdepuis2014etdontlamontéeprogressivejusqu’à100eurospar tonnedeCO2en2030a récemmentété inscritedans laLoide transitionénergétiquepour lacroissanceverte3.
Figure II: Contenu en GES et en emploi des 64 branches de l’économie française
Lecture: labranche«Cultureetproductionanimale»génèreenmoyenne15,5ETPet1600 tonned’équivalent-CO2par
milliond’eurosdedemandefinale.Latailleducercleestproportionnelleàlaquantitétotaledegazàeffetdeserreémisede
façondirecteetindirecteparlademandefinaleadresséeàchaquebranche.Legrisfoncéindiquelessecteurssoumisàl’ETS
(ouSCEQE).
Il faut noter que les émissions considérées ici n’incluent pas les émissions directes des ménages, qui consistent
essentiellementdansletransportterrestreprivéetl’utilisationdegazpourlechauffage,l’eauchaudesanitaireetlacuisson.
Cesusagesn’ayantpasdecontenuenemploi,nousnelesreprésentonspas.Lesémissionsconsidéréessontcellesréalisées
surleterritoirefrançais,conformémentauxengagementsinternationauxdelaFrance;lesémissionsliéesauximportations
nesontpasincluses.
Sources:CalculdesauteursàpartirdedonnéesEurostat.
3Loin°2015-992du17août2015relativeàlatransitionénergétiquepourlacroissanceverte
10
LesdonnéespubliéesparEurostatpermettentd’effectuerlemêmecroisemententreémissionsetemploi,pourtout pays de l’Europe, ou même pour l’Europe dans son ensemble. Ce travail a été réalisé pour l’Unioneuropéennedanssonensemble,pourlamêmeannée(cfFigureIV).Onremarqueunegrandesimilitudeavecles résultats pour la France, à part pour le secteur électrique, beaucoup plus émetteur de GES que sonhomologuefrançais(dufaitdelafortepartdenucléaireetd’hydrauliqueenFrance).
2.3.DécompositionducontenuenemploiparbrancheLe tableau 2 montre le résultat de notre méthode pour les 60 branches de l’économie française (sur 64)auxquellesilestpossibledel’appliquer.Defaçongénérale,lesbranchesindustriellesprésententuncontenuenETP inférieur à la moyenne. Si les salaires représentent souvent plus du tiers de ce bilan négatif, lesimportationsélevéeset/ou la faiblepartdu travail jouentgénéralementdans lemêmesensetexpliquent lereste.Al’inverse,l’agriculture(branche«cultureetproductionanimale»)etlesservicessontcaractériséspardes salaires plus faibles, une forte part du travail et des importations faibles. Pour l’agriculture, un traitdistinctifest laprésencedesubventions importantes. Ilconvientdoncderelativiser lecontenuenemploidecette branche, puisque financer ces subventions nécessite des prélèvements, avec un impact récessif dansd’autresbranchesdel’économie.L’autreeffetsignificatifprovientdessalaires,plusfaiblesquelamoyennedel’économie.Sil’oncalculeuncontenuenemploipourl’agriculture«corrigé»enexcluantleseffetsdessalairesetdestaxesetsubventions,lerésultats’avèreenfaitlégèrementinférieuràlamoyennedel’économie(-0,36ETP/m€dedemandefinale).
A ce niveau d’agrégation, il n’est pas possible de déduire directement de ces chiffres une quantification del’effetsur l’emploide latransitionénergétique.Eneffet, ilestdifficiledesavoirsi lademandeadresséeàdenombreusesbranchesaugmenteraoudiminuera,dufaitdechangementsintrasectoriels.Prenonsl’exempledel’automobile:lereportmodalversdesmodesdetransportsmoinsémetteurs,ledéveloppementdutélétravailou lecovoiturageauronttendanceàdiminuer laproductionautomobile,mais laréductiondesémissionsparvéhicule.km impliquera un développement des véhicules hybrides et électriques qui augmentera le prixunitairedesvoitures.Onnepeutsavoirapriorisilademandefinaleaugmenteraoudiminuera.
Enrevanche,unepartiedelatransitionénergétiquepasserapardessubstitutions interbranches identifiablesauniveaud’agrégationauquelnoustravaillons.Unecomparaisondeux-à-deuxdesbranchesamenéesàcroîtreetdecellesquipourraientdécroître,entermesdecontenuenemploietdesfacteursexplicatifsdecedernier,apporte un éclairage utile sur les enjeux économiques et sociaux de la transition énergétique. La Figure IIIfournitdeuxexemplesdecetypedecomparaison.
Premier exemple, le bâtiment représentant plus de 45% de l’énergie finale consommée en France en 2014(Ministèredel’Energie,2015),réduiresignificativementlaconsommationd’énergiepassenécessairementparuneisolationdesbâtiments,doncparuneaugmentationdelademandeadresséeàlaconstruction(brancheFdans la nomenclature NACE rev.2), au détriment des branches fournissant l’énergie, essentiellementl’électricitéetlegaz(brancheD35).Ilpeutdoncêtreintéressantdecomparercesdeuxbranches.Biensûr,uneuro de demande finale dépensé dans la construction ne va pas réduire d’autant la demande d’électricité.L’idéeesticidecomparerleseffetsd’unepolitiquesoutenantlesecteurélectriqueetgazier-avecparexemplelessubventionsauxénergiesfossiles(OCDE,2015)-àceuxd’unepolitiquesoutenantlaconstruction.
LafigureIImontrequelaconstructionestmoinsintensiveenémissionsquelesecteurélectriqueetgazier–etpuisquel’isolationpermetenplusderéduirelesémissionsdirectesdesménages(quin’apparaissentdoncpasdans la figure II), le bilan total en GES est encore plus favorable à l’isolation. La figure III montre que laconstructionprésenteuncontenuenemploinettementplusimportantquelabrancheélectricité:13ETPparmillionsd’eurosdedemandefinalecontre5.Unpeuplusdelamoitié(52%)decettedifférenceprovientdessalairesplus faiblesdans la construction, l’autremoitiéétantdueaux importationsplus faibles (18%)età laplusfortepartdutravaildanslavaleurajoutéedelaconstruction(25%).Quantauxtaxesetsubventions,ellesne jouentqu’unrôlemineur (5%).Unepolitiquevisantàpromouvoir leséconomiesd’énergiesvia l’isolationdesbâtimentsparaitdoncpotentiellementgénératriced’emplois,et celan’estdûqu’enpartieà la faiblesserelative des salaires dans cette branche. Ces bilans en ETP ne tiennent pas compte des effets de frictiontemporaires, de l’inertie des migrations intersectorielles des employés (Duhautois, 2005) ni de tous lesajustementssurlemarchédesbiensetdutravail.Maisilsfournissentuneindicationaupremierordredel’effetsurl’emploid’uneréallocationdelademandefinale.
11
Secondexemple,lestransportsencommunterrestresconsommentmoinsdecarburantetémettentnettementmoinsdeCO2quelesvéhiculesparticuliers,maisqu’enest-ildeleurcontenuenemploi?Unetellesubstitutionimpliqueunemodificationdelademandeadresséeàdifférentesbranches,etlestransportsencommunnesontpasdistinguésdufretroutieretferroviaireàceniveaudedésagrégation.Cependant,unecomparaisonentrelesbranchesH49«transportsterrestresettransportsparconduite»etC19«cokéfactionetraffinage»(figureIII.b)fournitunpremieréclairage.Unemoindreutilisationdesvéhiculesparticuliersvaréduirel’activitédansleraffinagedepétrole.Etlaréallocationd’unmilliond’eurosd’unebrancheàl’autrepermetdecréer12ETP.Horseffetdesalairesetdetaxes(quipénalisentlabrancheC19),ladifférences’élèveencoreà8ETP.
FigureIII:Comparaisondebranchesdeuxàdeux:deuxcasd’étude(a) Productionetdistributiond’électricitévs.Construction
Lecture:cegraphiqueprésentelecontenuenETPdesdeuxbranchesFetD35parrapportàlamoyennenationale(lesdeux
premièresbarres),puisladifférenceentrecesdeuxbranches–décomposéeselonlesfacteursdétaillésdansnotre
méthodologie.Réallouerunmilliond’eurosdedemandefinaledelabrancheélectricité-gazverslaconstructionconduità
créerprèsde8ETP–etprèsde4ETPsil’onôtel’effetsalaireetl’effettaxes.
Source:calculsdesauteursàpartirdedonnéesEurostat.
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
10
Productionetdistribution
d'électricité,degaz,devapeur
etd'airconditionné
Construction Différence:Construction-Productiond'électricité
ContenuenETP
parraportàlam
oyenne
Importationsfinales(MF)
Importationsintermédiaires(MI)
Taxes(T)
Intensitéentravail(L)
Salaires(S)
Différencenetteaveclamoyenne
Différencenetteentrelesbranches
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(b) Cokéfactionetraffinagevs.Transportsterrestres
Source:calculsdesauteursàpartirdedonnéesEurostat.
ConclusionetdiscussionNous calculons le contenu en emploi et le contenu en GES de 64 branches de l’économie française. Cesmétriques sont utiles pour étudier des politiques publiques jouant sur la demande. Par exemple, améliorerl’efficacitéénergétiquedanslebâtimentdiminuelademanded’énergieetaugmentelademandedesactivitésaméliorantcetteefficacité;noscalculsfournissentunepremièreapproximationdeceteffet.
Cependant,l’analyseagrégéequenousavonsmenéeendistinguant64branchesmasquedesdisparitésintra-branches.Prenonsl’exempledelaproductiond’électricité:celle-présenteuncontenuenémissionsdeGESetenemploitrèsdifférentsselonquel’électricitéestproduiteàpartirdecharbonoudesourcesrenouvelables.Orlabranche«productiond’électricitéetdegaz»duTESagrègecesdifférentessources.
Pour obtenir des résultats plus fins, il est possible d’appliquer la même méthodologie à un secteur enparticulier, en détaillant des sous-secteurs. Par exemple, on pourrait distinguer les différentes filières deproduction d’électricité (photovoltaïque, éolien, nucléaire, gaz, charbon…). Une difficulté serait alors dereconstituerlesdonnées,carlesagencesdestatistiquesnefournissentpasdesdonnéesclésenmainpourceniveau de désagrégation. Pour chaque filière, il faudrait alors déterminer la production totale, le nombred’emploisdirectsetunedécompositiondesconsommationsintermédiaires(doncdelachaînedevaleur)afinde déterminer le contenu en emploi. Il faudrait également estimer les émissions directes, et réutiliser ladécomposition des consommations intermédiaires pour déterminer le contenu en GES (par exemple en sebasant sur les données d’In Numeri, 2012 pour les emplois et ceux de Lehr, 2008 pour les consommationsintermédiaires).
Par ailleurs, la réallocation d’unmillion d’euros de demande finale d’une branche vers une autre ne va pasgénérerunnombred’emploiségalà ladifférencede leurs contenusenemploi. Eneffet, cedéplacementvaentraînerd’autreseffets etdes ajustements sur lesmarchésdu travail et desbiens, qui ne sontpaspris encompteparnotreapprochecomptable.Cettedernièrenecherchedoncaucunementàsesubstituerauxautresanalysesexistantes,enparticulierauxanalysesd’équilibregénéral.
-15
-10
-5
0
5
10
15
Cokéfactionetraffinage
Transportsterrestresettransportparconduites
Différence:Transportsterrestres-Cokéfaction
ContenuenETP
parraportàlam
oyenne
Importationsfinales(MF)
Importationsintermédiaires(MI)
Taxes(T)
Intensitéentravail(L)
Salaires(S)
Différencenetteaveclamoyenne
Différencenetteentrelesbranches
Différencecorrigéedessalairesettaxes
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Cependant, notre analyse descriptive peut fournir une indication quant au sens, positif ou négatif, desévolutionsentrainéesparl’évolutiondelademande–tantsurl’emploiquesurlesémissionsdegazàeffetdeserre.Enoutre,nosrésultatsconcordentaveclesanalysesenéquilibregénéralquiontétémenéesenFrancelors du débat national sur la transition énergétique. Ils permettent de mieux comprendre les mécanismesentranten jeudans lesmodèlesd’équilibregénéralet lesphénomènesdedoubledividendeenvironnement-emploiobservésdansdenombreusessimulationsmenéesàl’aidedecesmodèles.
Nosrésultatsconfirmentqu’ilestessentieldecomprendrelacompositionducontenuenemploipourdonnerunsensàcettemétrique.Ainsi, si l’agriculturesembledeprimeabordprésenteruncontenuenemploibienplusélevéque lamoyennede l’économie, laprésencedesubventionsexplique lamoitiéde ladifférenceparrapport àmoyenne de l’économie – or ces subventions vont nécessiter des prélèvements grevant l’activitédans lesautresbranches.LaméthodologiequenousprésentonspermetdecalculeruncontenuenETPhorseffetdestaxesetdessubventions.Enoutre,identifierlapartdesdifférencesdesalairedanslesdifférencesdecontenuenemploientrebranchesestutilepourjugerdel’intérêtdecertainessubstitutionsinterbranchesd’unpointdevuesocial.
14
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Tableau2:DécompositionducontenuenemploiCodeNACE Intitulé Contenu
enETP
∆MF ∆MI ∆T ∆L ∆S
A01 Cultureetproductionanimale,chasseetservicesannexes
15.51 -1.49 -0.89 2.14 1.86 2.59
A02 Sylvicultureetexploitationforestière 11.64 0.50 0.04 0.51 -2.49 1.94A03 Pêcheetaquaculture 11.65 -3.82 -1.07 -0.81 -0.56 6.91C10-C12 Industriesalimentaires;fabricationde
boissonsetdeproduitsàbasedetabac11.34 -0.80 0.00 0.26 0.69 0.95
C13-C15 Fabricationdetextiles,industriedel'habillement,ducuiretdelachaussure
4.58 -6.15 -2.05 -0.39 0.78 0.81
C16 Travailduboisetfabricationd'articlesenboisetenliège,àl'exceptiondesmeubles;fabricationd'articlesenvannerieetsparterie
10.28 -2.18 -0.69 -0.21 1.18 0.97
C17 Industriedupapieretducarton 7.80 -0.66 -1.55 -0.70 0.85 -1.34C18 Imprimerieetreproductiond'enregistrements 13.03 1.14 -0.69 -0.54 2.08 0.01C19 Cokéfactionetraffinage 1.74 -1.53 -3.72 -2.06 -1.91 -2.93C20 Industriechimique 6.03 -0.24 -1.92 -0.83 0.06 -2.35C21 Industriepharmaceutique 5.25 -2.91 -1.07 -0.54 -0.13 -1.83C22 Fabricationdeproduitsencaoutchouceten
plastique7.55 -1.94 -1.58 -0.51 1.10 -0.86
C23 Fabricationd'autresproduitsminérauxnonmétalliques
8.57 -1.40 -0.53 -0.60 1.03 -1.09
C24 Métallurgie 6.36 -0.74 -2.02 -0.76 0.00 -1.51C25 Fabricationdeproduitsmétalliques,à
l'exceptiondesmachinesetdeséquipements9.85 -0.63 -1.23 -0.31 1.85 -1.04
C26 Fabricationdeproduitsinformatiques,électroniquesetoptiques
4.76 -5.16 -1.55 -0.56 2.34 -1.72
C27 Fabricationd'équipementsélectriques 5.57 -2.74 -1.66 -0.56 1.21 -2.13C28 Fabricationdemachinesetéquipementsn.c.a. 7.25 -1.84 -1.41 -0.43 0.74 -1.14C29 Industrieautomobile 5.28 -3.27 -1.81 -0.85 0.97 -1.42C30 Fabricationd'autresmatérielsdetransport 5.82 -0.68 -2.62 -0.95 1.08 -2.37C31_C32 Fabricationdemeubles;autresindustries
manufacturières6.73 -5.05 -0.74 -0.28 0.49 0.78
C33 Réparationetinstallationdemachinesetd'équipements
9.76 0.65 -0.94 -0.12 1.77 -2.72
D Productionetdistributiond'électricité,degaz,devapeuretd'airconditionné
5.35 0.70 -1.23 -0.59 -1.47 -3.28
E36 Captage,traitementetdistributiond'eau 8.29 0.90 0.30 -0.26 -2.75 -0.79E37-E39 Collecteettraitementdeseauxusées,gestion
desdéchets,dépollution7.76 0.66 -0.21 0.15 0.32 -4.08
F Construction 13.01 1.11 -0.29 -0.10 0.56 0.72G45 Commerceetréparationd'automobilesetde
motocycles16.38 1.26 -0.02 0.25 1.69 2.09
G46 Commercedegros,àl'exceptiondesautomobilesetdesmotocycles
10.61 1.00 0.19 -0.20 0.29 -1.75
G47 Commercededétail,àl'exceptiondesautomobilesetdesmotocycles
18.27 1.34 0.43 0.09 0.92 4.37
H49 Transportsterrestresettransportparconduites
13.76 0.96 -0.07 -0.28 1.74 0.20
H50 Transportspareau 8.39 0.87 0.07 -0.75 -1.22 -1.43H51 Transportsaériens 7.31 -0.53 -0.63 -0.80 1.77 -3.58H52 Entreposageetservicesauxiliairesdes
transports8.48 0.42 -0.09 -0.31 -0.42 -2.32
H53 Activitésdeposteetdecourrier 21.04 0.85 0.59 0.97 6.16 1.34I Hébergementetrestauration 17.14 1.29 0.32 0.27 1.01 3.38J58 Édition 9.94 1.56 -0.20 -0.09 0.84 -3.21J59_J60 Activitéscinématographique,vidéo,
productiondeprogrammesdetélévision,activitésdeprogrammationetdediffusion
8.66 0.45 -0.07 0.17 -0.40 -2.54
J61 Télécommunications 6.42 0.56 0.03 -0.28 -2.51 -2.51J62_J63 Programmation,conseileninformatiqueet
autresservicesd'information9.62 0.70 0.13 0.01 1.72 -4.36
K64 Activitésdesservicesfinanciers,horsassuranceetcaissesderetraite
7.56 0.14 0.20 -0.38 -0.36 -3.47
K65 Assurance 10.99 0.81 0.58 -0.61 2.08 -2.26L Activitésimmobilières 4.82 0.75 0.17 -0.55 -4.49 -2.28M69_M70 Activitésjuridiquesetcomptables;activités 9.34 0.51 0.18 -0.12 1.17 -3.67
17
dessiègessociaux;conseildegestionM71 Activitésd'architectureetd'ingénierie;
activitésdecontrôleetanalysestechniques10.87 0.10 -0.09 -0.08 2.02 -2.39
M72 Recherche-développementscientifique 11.20 1.02 -0.02 0.04 2.55 -3.30M73 Publicitéetétudesdemarché 13.54 1.13 0.23 -0.13 1.91 -0.60M74_M75 Autresactivitésspécialisées,scientifiqueset
techniques,activitésvétérinaires10.97 0.99 -0.10 -0.03 -0.53 -0.47
N77 Activitésdelocationetlocation-bail 6.16 0.80 0.21 -0.07 -3.81 -1.93N78 Activitésliéesàl'emploi 24.07 1.60 1.11 1.19 7.42 1.92N79 Activitésdesagencesdevoyage,voyagistes,
servicesderéservationetactivitésconnexes16.83 1.28 0.20 -0.06 1.30 3.13
N80-N82 Enquêtesetsécurité,activitésadministratives,servicesetaménagementpaysager
16.48 1.21 0.11 -0.07 2.37 1.72
O Administrationpublique 15.89 1.24 0.36 0.41 2.75 0.00P Enseignement 15.30 1.21 0.58 0.93 3.49 -2.32Q86 Activitéspourlasantéhumaine 14.07 1.13 0.11 0.24 -0.06 1.41Q87_Q88 Hébergementmédico-socialetsocialetaction
socialesanshébergement28.05 1.77 1.28 1.61 6.66 6.32
R90-R92 Activitéscréatives,artistiquesetdespectacle;bibliothèques,archives,muséesetautresactivitésculturelles;organisationdejeuxdehasardetd'argent
16.27 1.07 0.32 0.47 1.60 1.76
R93 Activitéssportives,récréativesetdeloisirs 13.88 1.15 0.24 0.25 0.77 0.44S94 Activitésdesorganisationsassociatives 22.86 1.55 0.65 0.52 5.09 4.22S95 Réparationd'ordinateursetdebiens
personnelsetdomestiques13.32 1.12 -0.54 0.18 1.73 -0.38
S96 Autresservicespersonnels 21.35 0.43 0.61 1.10 -3.53 10.92Moyenne de l'économie 11.00
Lecture:Pourchaquebranche, ladifférencedecontenuenemploientre labrancheobservéeet lamoyennenationalepeutêtredécomposéeencinqfacteurs:
• ∆MF représente la part due aux différences, entre la branche observée et la moyenne, de tauxd’importationsdelademandefinale
• ∆MIreprésentelapartdueauxdifférencesdetauxd’importationsdeconsommationsintermédiaires• ∆T est la part dues aux différences de taxes et subventions dans la valeur ajoutée augmentée des
«Impôtsmoinssubventionssurlesproduits»(D21_M_D31);• ∆Lreprésentelapartdueauxdifférencesdesrémunérationsdutravaildanslavaleurajoutéemoinsles
«autresimpôtssurlaproduction»(D29_M_D39);• ∆Sestlapartdueauxdifférencesdesalaire.
18
FigureIV:ContenuenGESetenemploides64branchesdel’économieeuropéenne
Lecture:cegraphiquereprésentelecontenuenemploietenémissionsdeGESpourl’ensembledes27paysdel’UnionEuropéenne.IlestsemblableàlafigureII,àladifférenceprèsquel’unitéenabscisseestlenombredepersonnesemployées,etnonlenombred’équivalent-tempsplein,carcederniern’estpasdisponible.Pourl’essentiel,lesrésultatssonttrèsprochesdelafigureII.Uneexceptionnotableestlesecteurélectrique,beaucoupplusémetteurauniveaueuropéenqu’auniveaufrançais.
19
Annexe1 : Décomposition du contenu en emploi en produit defacteursOnpeutréécrirel’équation(8)enfaisantapparaitredesvaleurssupplémentaires.L’idéeestdefaireapparaitredesratiosintermédiairessignificatifs.L’équation(8)peutêtreréécrite:
RS- =_-(
_-
YX-/
_-(
YX-(
YX-/clX(
YX(
clXm+
clX(
no`YXclX
m+peYXno`YXX
Avec
• _-lademandefinaletotaleadresséeàlabranchei;• _-(lademandefinalehorsimportationsdeproduitsfinaux,quiestadresséeàlaproductionintérieure
danslabranchei;
• YX-/ laproductiondanslabranchejdueàlademandefinaleadresséeàlabranchei(telqueYqrs
_rtsoitégal
aucoefficientdel’inversedelamatricedeLeontiefpourleTEStotal);
• YX-(laproductiondanslabranchejdueàlademandefinaleadresséeàlabranchei(telqueYqrt
_rtsoitégal
aucoefficientdel’inversedelamatricedeLeontiefpourleTESintérieur);• YX(laproductiontotaledanslabranchej;• clX(lavaleurajoutéeintérieuregénéréedanslabranchej.Ilconvientdenoterquel’onconsidèreici
lavaleurajoutéeausensdelacomptabiliténationale,augmentéedes«Impôtsmoinssubventionssurlesproduits»(D21_M_D31);
• clXm+lavaleurajoutéeintérieure,déductionfaitedestaxesetsubventions,généréedanslabranchej.Pour obtenirclXm+ à partir de la valeur ajoutée bruteclX(, on déduit à la fois les «impôtsmoinssubventionssurlesproduits»(D21_M_D31)etles«Autresimpôtssurlaproduction;impôtscourantssur le revenu et le patrimoine; ajustement pour variation des droits desménages sur les fonds depension»(D29_D5_D8);
• no`YX lescompensationssalarialesdanslabranchej;• peYX lesETPSdanslabranchej.
Onpeutréarrangercetteécriture
RS- =_-(
_-
YX-/
_-(
clX(
YX(
YX-(
YX-/clXm+
clX(
no`YXclX
m+peYXno`YXX
Onpeutalorsremarquerquepuisque,TUu
WUVestlaproductiontotaledanslabranchejparunitédedemandefinale
adressée à la branche i, alors,TUu
WUVvwT
V
,TV est la valeur ajoutée totale générée dans la branche j par unité de
demandefinaleadresséeàlabranchei.Toutefois,parlerdevaleurajoutéetotaleimpliquel’hypothèsequeleratioVA/Dcalculéest lemêmeenFranceetà l’étranger.Cependant,uneautrefaçond’aborder leproblèmepermetdecontournercettehypothèse.Onpeutconsidérercequenousavonsdénommévaleurajoutéetotalecomme la valeur ajoutée potentielle qui existerait en France si aucune consommation intermédiaire n’étaitimportée, c’est-à-dire si tout était produit localement. Cette vision d’une valeur ajoutée ‘potentielle’ restevalablemêmesansl’hypothèsed’homogénéitéentrelaFranceetl’étranger.OnpeutdoncposerclX-/ telquevwTU
u
WUV =
,TUu
WUVvwT
V
,TV ,c’est-à-direqueclX-
/ estlavaleurajoutéepotentielletotalegénéréedanslabranchejparla
demandehorsimportationsfinales_-(.
20
EndéfinissantdemanièresimilaireclX-( telquevwTU
V
WUV =
,TUV
WUVvwT
V
,TV ,onobtientque le ratio
,TUV
,TUu peutse réécrire
Yqrt
xUVyzT
V
{TV
Yqrs
xUVyzT
V
{TV
= vwTU
V
vwTUu .Finalement,lecontenuenETPtotalpeutdoncs’écrire:
RS- =_-(
_-
clX-/
_-(
clX-(
clX-/clXm+
clX(
no`YXclX
m+peYXno`YXX
Enfin,commecertainsratiosnedépendentquedel’indiceioudel’indicej,onpeutréécrireque:
RS- =_(
_-
clX-/
_-( clX-(
clX-/
clm+
cl(X
no`Yclm+ X
peYno`Y XX
Cettesuitederatiossuit la logique illustréepar laFigure I:unedemandefinaletotalevasusciterd’unepartdesimportationsdeproduitsfinaux,etd’autrepartunedemandehorsimportationsfinalesquiestadresséeàlaproductionintérieure.Lademandehorsimportationsfinalessusciteuneproductiondansd’autresbranches(du faitdesconsommations intermédiaires)etdonc lacréationdevaleurajoutéedanschaquebranche.Unepartiedecettevaleurajoutéeestcaptéeàl’étrangeràcausedesimportationsdeproduitsintermédiaires.Dansla valeurajoutée intérieure restante,unepartie sert àpayerdes taxesouprovientde subventions. Enfin, lavaleur ajoutée hors taxes et subventions rémunère le capital et les compensations salariales. Ces dernièresserventàemployerdestravailleurs.
Examinonslesratiosainsiobtenus:
• WV
W -représentelapartdelademandetotaleadresséeàlaproductionintérieure.Onpeutégalement
remarquerquecommelademandefinaletotaleestégaleàlasommedesimportationsfinalesetdela
demandemoins les importations finales, le ratiopeutse réécrire WV
W -= 1 − s}-,avecs}- le taux
d’importationsdeproduitsfinaux.Onvoitdoncqueceratiomesureletauxd’importationsfinales;
• vwTU
u
WUV mesurelavaleurajoutéetotalegénéréedanslabranchejparunitédedemandefinaleintérieure
adresséeàlabranchei;
• vwTU
V
vwTUu = 1 − s~, avec tv égal à la valeur ajoutée captée à l’étranger du fait des consommations
intermédiaires importées rapportée à la valeur ajoutée totale générée. tv mesure donc le tauxd’importationsdanslesconsommationsintermédiairesentermesdevaleurmonétaire;
• vw�Ä
vwV X= 1 − /5Å&0G02$&1/-"10
vwUTV estégalà1moins le tauxde taxesetdesubventionsdans lavaleur
ajoutéeintérieure.Ilpermetdoncdemesurerl’intensitédecestaxesetsubventions;• ÇÉ9,
vw�Ä Xreprésentelapartdutravailsalariédanslavaleurajoutée(puisqueclXm+ = no`YX + YÑX où
YÑX représentelesprofitsbruts).• *+,
ÇÉ9, Xestégalàl’inversedusalaire.Ilmesuredoncleniveaudessalaires.
Soit,enrenommantcesratiospourallégerl’écriture:
RS- = `a-. cX-. `dX-. eX. fX. gXX
Où`a- = WV
W -;cX- =
vwTUu
WUV =
Yqrt
_rtclq
t
Yq ; `dX- =
vwTUV
vwTUu =
Yqrt
Yqrs ; eX =
vw�Ä
vwV X ; fX =
ÇÉ9,vw�Ä X
; gX = *+,ÇÉ9, X
21
OnaainsipudécomposerlecontenuenETPcommesommedeproduitsderatiossignificatifspourl’analyse.
LesgrandeursMF,T,LetSsontfacilesàobteniràpartirduTES.LescoefficientscX-et`dX-s’obtiennentàpartir
descoefficientsdel’inversedelamatricedeLeontief,égauxà,TUWUV.
Il convient maintenant de trouver une méthode pour extraire les informations présentes, afin de pouvoirdéterminer la part de chaque paramètre dans le contenu en emploi d’une branche. Nous pourrons ainsirépondreàdesquestionsdutype:lecontenuenemploidetellebrancheest-ilélevédufaitdesalairesfaibles,dupetitnombred’importations,destaxesélevées…?
Pourquoinepasfaireapparaitrelaproduction?
L’utilisationdesmatricesdeLeontief faitgénéralementapparaitre laproduction.Nousaurionspuégalementl’incluredansnotredécompositionentravaillantavecunedécompositiondelaforme:
RS- =_-(
_-
YX-/
_-(
clX-/
YX-/clX-(
clX-/clXm+
clX(
no`YXclXm+
peYXno`YXX
Nous avons ici décomposé le terme VA/D de notre équation (9) en produit de deux termes: P/D et VA/P,représentant respectivement la production par unité de demande finale et la valeur ajoutée par unité deproduction. A première vue, cette nouvelle écriture peut sembler plus riche, car elle fait apparaitre plus deparamètres.
Cependant,cetteformulationprésenteunproblèmedecorrélationavecl’autoconsommationdesbranches.Eneffet, touteschoseségalesparailleurs,uneautoconsommationplus importantevaaugmenter laproductionparunitédedemandefinale(letermeP/D),maisdiminuerlavaleurajoutéeparunitédeproduction(VA/P);enrevanche,leratioVA/Dvaresterconstant(etdonc,touteschoseségalesparailleurs,lenombred’emplois).Ceproblèmedel’autoconsommationfaitqueladécompositionendeuxtermesdonnedesrésultatstrèssensiblesau choix – arbitraire – de la décomposition en branches de l’économie, ce qui n’est pas une propriétésouhaitable.Enoutre,enmenantlescalculsaveclesdeuxratios,nousavonseneffetconstatéunecorrélationtrès importante entre ces deux termes. Nous avons donc finalement choisi de ne pas faire apparaitre laproduction,carceratiosupplémentairecomplexifiel’analysepourungainfaibleentermesdecompréhension.
22
Annexe2:DéterminationdelamoyennePourmesurer l’écartducontenuenemploide lademandefinaleentreetbranchedonnéeet lamoyennedel’économie,nousallonsconsidérerlecontenumoyenenemploienledéfinissantpar:
RS-,# = `a#. cX-,#.`dX-,#. e#. f#. g#X
Avec:
• MFm=WTV
T
WTTestégalàl’ensembledelademandefinalehorsimportationsfinalesdiviséparl’ensemble
delademandefinaletotale.• cX-,# est obtenu de manière plus indirecte, car il fait intervenir les coefficients techniques et une
inversiondelamatricedeLeontief.cX-,#correspondàlavaleurajoutéeparunitédedemandefinaleadressée à l’économie intérieure, en moyenne. Pour obtenir une valeur ajoutée en fonction de lademande finale, on utilise généralement une formule similaire à l’équation (6), avec Ü =ÜD>,<CájàkáâCäé ∗ N>. Le problème est qu’il faut définir des valeurs moyennes pour les matricesÜD>,<CájàkáâCäé(lavaleurajoutéeparunitédeproduction)etN>(laproductionmoyenneparunitédedemandefinale).Pour ÜD>,<CájàkáâCäé , on peut prendre pour chaque terme diagonal, la valeur moyenne ~ã} =
654&2%05X"2/é&0$%2/&0å%"(2./-"10/"/54&0("2å"/&1/-&44&0)
.PourN>, qui est l’inverse de lamatrice de Leontief, quelle valeur choisir? Tout d’abord, on peutremarquerquesil’onsupposeuncoefficienttechniquemoyen,doncunematriceD>descoefficientstechniques avec un terme constant égal à ã, alors la matriceN> = E − D> Gç sera une matricesymétrique,avecuntermediagonalconstantégalàHG !GH 5
HG!5etN-1termesnondiagonauxconstants
égauxà 5HG!5
(onpeutfaireleproduitdeE − Dparcettematricepours’enassurer).
UnetellematriceN>apoursomme,pourchaquecolonnej,:g = HHG!5
.Enposantque
é. g = !HG!5
= ,%"(2./-"10/"/54&0(51045$%51.8&-W3(&0:-154&05(%&00é&0à45$%51.8&-å"2%4)é."1"#-&("#&0/-è2&
,Onpeutendéduirelecoefficienta,etdoncN>,etainsidéterminerlescX-,#grâceàlaformuleÜ =ÜD>,<CájàkáâCäé ∗ N> = ÜD>,<CájàkáâCäé* E − D> GH.OnpeutainsicalculerquecX-,#estégalà
5HG!5
. ~ã}sii≠jetHG !GH 5HG!5
. ~ã}sii=j.• Pourobtenir les`dX-,#,on vudans lapartieprécédentequeces termessontégauxau rapportdes
coefficientsdesmatricesinversesdeLeontiefpourlesproductionsintérieuresettotales.
`dX-,#estdoncégalà5V
HG!5V/ 5
HG!5sii≠jetHG !GH 5V
HG!5V/ HG !GH 5
HG!5sii=j.Onpeutd’ailleursremarquer
que le produit cX-,#. `dX-,# = 5V
HG!5V. ~ã} si i≠ j et HG !GH 5V
HG!5V. ~ã} si i = j, de telle sorte que
cX-,#. `dX-,# = cX-,#. `dX-,# =- HHG!5V
. ~ã}X .Autrementdit,uneurodedemandefinalegénère,
dans notre moyenne, une valeur ajoutée égale à ~ã} multipliée par un coefficient HHG!5V
> 1 quicorrespondaumultiplicateurentredemandeetproduction.
• e# =vwT
�ÄT
vwTT .C’est lasommedesvaleursajoutéesaugmentéesdes«Impôtsmoinssubventionssur
lesproduits»(D21_M_D31)etretranchéesdestaxesetsubventions,diviséparlasommedesvaleursajoutéesaugmentéesdes«Impôtsmoinssubventionssurlesproduits».
• f# =ÇÉ9,TT
vwT�Ä
T . On divríeîaso}}etSíRòmöSníãtionísaîãrrãlSíöãülasommes des valeurs
ajoutées nettes, afin d’obtenir la partmoyenne des salaires et cotisations salariales dans la valeurajoutéenette.
• g# =*+,TT
ÇÉ9,TT . On divise le nombre total d’ETP de l’économie par la somme des compensations
salarialesversées.Enfin,onpeutvérifierqu’onaainsiobtenuuncontenuenemploimoyenRS-,#telque:
RS-,# = `a#. cX-,#.`dX-#. e#. f#. g#X
23
Eneffet,
RS-,# = `a#. ( cX-,#.`dX-#). e#. f#. g#X
RS-,# = WTV
T
WTT.( c-X,#. `d-X,#).X
vwT�Ä
T
vwTT.
ÇÉ9,TT
vwT�Ä
T
*+,TT
ÇÉ9,TT
RS-,# = WTV
T
WTT. †°¢ £
.vwTT
,TT.
vwT�Ä
T
vwTT.
ÇÉ9,TT
vwT�Ä
T.
*+,TT
ÇÉ9,TT.
Où †°¢ £
estlaproductiongénéréeparunitédedemandefinalepourlamatricemoyenneQ£.
24
Annexe3:ClédeventilationetdécompositionLMDIAinsi,pourunebranchedonnéei,l’écartentrelecontenuenETPdecettebrancheetlecontenuenETPmoyenvaut:
RS- − RS-,# = `a-. cX-. `dX-. eX. fX. gX − `a#. cX-,#. X̀-,#. e#. f#. g#XX
Onpeutalorsdétaillerlapartdechacundecesfacteursenutilisantdesméthodesdedécompositiond’index.Unedernièreétapeest toutefoisnécessaire. Eneffet, le coefficientdevaleurajoutéenenousparaitpasunfacteurd’explicationaumêmetitreque lesautres.Oncomprendbienque lecontenuenemploipuisseêtreplusélevédu faitd’importations finales (MF)ou intermédiaires (MI),detaxes (T),d’unefortepartdutravaildans la valeur ajoutée (L) ou de salaires faibles (N).Mais que signifie une forte valeur ajoutée par unité dedemandefinale?Onpeutmieuxvoirl’effetdeceparamètreenobservantlaFigureI.CecoefficientVjoueenfaitlerôledeclédeventilation:lecontenuenemploid’unebrancheseraélevésiqu’ellefaitbeaucoupappelàdesbranchesprésentantpeud’importations,dessalairesfaibles,etc.Ce rôlepeutêtreégalementvu si l’onchercheà comparerdeuxbranchesdirectement.Onobtiendraitalorsuneformuledelaforme:
RS- − RS• = `a-. cX-. `dX-. eX. fX. gX − `a•. cX•.`dX•. eX. fX. gXX
LesTj,LjetSjétantidentiques,uneméthodededécompositiond’indexattribueraittoutleurapportvial’indiceVji.Cequisuitunecertainelogique:étantdonnélestaxes,partsdutravaildanslavaleurajoutéeetsalaires,toutelavariationducontenuenemploipeutêtreexpliquéepar larépartitiondelavaleurquiestfaiteentrecesbrancheslorsduprocessusdeproduction.Afindedistinguerséparémentl’effetdechacundestermesTj,LjetSj,ilnousfautdoncréécrirelaformuleprécédente.Partantdel’idéequeVjijouelerôledecléderépartition,nous la distribuons sous forme géométrique entre les quatre facteurs qui suivent. On décompose alors lecontenuenETPd’unebrancheisouslaforme:
RS- = `a-. (cX-H/¶. `dX-). (cX-
H/¶. eX). (cX-H/¶. fX). (cX-
H/¶. gX)X
Lecontenuenemploiestainsidécomposésouslaformedequatrefacteurs.Onretrouvel’idéequelecontenuen ETP d’une branche sera élevé si cette branche fait beaucoup appel (en termes de valeur ajoutée) à desbranchesauximportationsfaibles,auxtaxeslimitées,àdesbranchesintensivesenmain-d’œuvreouayantdessalairesfaibles.OnpeutalorscomparerlecontenuenETPdechacunedesbranchesiaveclamoyenne.Ladifférenceentrelesdeuxs’écrit:
RS- − RS-,# = `a-. (cX-H/¶. `dX-). (cX-
H/¶. eX). (cX-H/¶. fX). (cX-
H/¶. gX)X
− `a#. (cX-,#H/¶.`dX-,#). (cX-,#
H/¶. e#). (cX-,#H/¶. f#). (cX-,#
H/¶. g#)X
Enutilisant laméthodeLMDI (LogarithmMeanDivisia Index)dedécompositiond’indicedéveloppéeparAng(2005),onpeuttransformercettedifférenceensommedetermetraduisantl’apportdechaquefacteur:
RS- − RS-,# = ∆`a- + ∆`d- + ∆e- + ∆f- + ∆g-
Ilestainsipossiblededéterminerl’impactdesdifférentsfacteursdanslacompositionetleniveauducontenuenETP.Onpeutdoncrépondreàlaquestion:pourquoilecontenuenemploid’unebrancheest-ilélevé?Est-cedufaitd’importationsfinalesouintermédiairesfaibles,detaxesfaibles,d’unefortepartdutravaildanslavaleurajoutée,oudesalairesbas?
25
Annexe4:décompositionLMDIPour chaque branche i, nous avons réalisé une décomposition structurelle, c'est-à-dire une décompositionmobilisant les informations des tableaux entrées-sorties. L'originalité de l'approche est de chercher ici àcomprendre les différences entre chaque branche et lamoyenne de l'économie, plutôt que d'analyser uneévolutiontemporelle.
Plusieurs méthodes sont disponibles pour analyser l'impact de chaque terme dans la décomposition entrecontenu en emploi d’une branche et contenu en emploi de la moyenne de l’économie présentée dansl'équation(10).Lechoixdelaméthoden'estjamaisneutre,puisqu'ilinfluesurlesrésultatsdeladécomposition(HoekstraetVanDerBergh,2003).Laméthodecourammentemployéeestcelledite"LMDI"(LogarithmMeanDivisaIndex)développéeparAng(2005)etprésentéecommelameilleuredécompositionparlemêmeauteur(2004), notammentpour le fait qu’elleneprésente aucun terme résiduel. Cependant, nousutiliserons cetteméthodeprincipalementpourlesraisonsavancéesparMuller(2006): lefaitqu'aucunrésiduapparaissen'estpaslapreuved'unebonneméthodededécomposition,carcerésidupeutêtredistribuédefaçonarbitraireouincorrecteet fausser les résultats ;enrevanche laméthodeLMDIsemble fournir lameilleuredécompositionpourungrandnombredefonctions,etnotammentpourlesfonctionslesplususuelles.
Cette méthode LMDI permet de décomposer l’évolution d’un produit, c’est-à-dire de faire passer unedifférencedelaforme:
RS- − RS-,# = `a-.`dX-. eX. fX. gX − `a#. X̀-,#. e#. f#. g#XX
Auneécritureadditivedelaforme:
RS- − RS-,# = ∆`a- + ∆`d- + ∆e- + ∆f- + ∆g-
Où chaque terme représente la part d’un coefficient à l’évolution globale du contenu en emploi cei de labranchei,avec:
∆`a- = ß- ln`a-`a#X
∆`d- = ß-î®`dX-`d#X
∆e- = ß-î®eXe#X
∆f- = ß-î®fXf#X
∆g- = ß-î®gXg#X
ß- =RS- − RS-,#
î® RS- − î® RS-,#
Commementionnéprécédemment,cetteméthodeprésentelaparticularitédedistribuerlesrésidusentrelesdifférents facteurs.Commecettedistribution restearbitraireet inconnue, il convientdevérifierque la tailledesrésidusn’estpastropimportante.Pourcefaire,oncomparelaméthodeLMDIàuneautreméthode.Parexemple,enutilisantlaméthodedestrapèzestellequedéfinieparMuller(2006),onpeutsefaireuneidée.Onpeutalorsvérifierquelesrésidussontdesecondordreparrapportautermeprincipalpourtouteslesbranchespour lesquelles laméthodologies’applique(c’est-à-diretoutes lesbranchescorrespondantauxcodesB,K66,L68AetTdanslanomenclatureNACERév.2).