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Mon passé sportif deux
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Mon passé sportif deux
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July 27 2016
David Cohen
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David Cohen.
MON PASSÉ SPORTIF
Bat-Yam, le 15 juin 2008.
Je suis né le 3 février 1937, à Casablanca (Maroc).
Je suis arrivé avec mes parents à Port-Lyautey/Kenitra, à l’âge de deux ans, en février ou mars
1939. J’ai résidé dans cette ville jusqu’au 28 octobre 1965, date de mon de mon départ définitif
du Maroc, en voiture en compagnie de Gérard Rubira. J’étais de nationalité française par mon
père, né en Algérie.
Voici dans quelles circonstances j’ai commencé à faire du sport.
Nous étions une bande de copains qui jouaient au foot Ball sur les terrains vagues de notre
voisinage. Dans le quartier dans lequel j’habitais à Port-Lyautey, se trouvait le presbytère de la
ville et, pas très loin de celui-ci, au-delà de l’avenue de Fès, l’église qui avait pour nom le
Christ-Roi. Les prêtres, les curés, les sœurs, qui entraient et sortaient du presbytère, à bicyclette
le plus souvent, ont donc, depuis ma plus tendre enfance, fait partie de mon univers quotidien.
Mes camarades allaient à l’église, au moins une fois par semaine, lors de la grande messe du
dimanche à 10h.00. Ils allaient aussi, de temps en temps, à "confesse". Nous nous ennuyions
parfois, surtout, le jeudi et le dimanche, les deux jours de la semaine pendant lesquels, à l'époque,
nous n’allions pas à l’école primaire.
L’un de mes compagnons de jeux a dû se plaindre, au cours de sa confession, de ces moments
d’ennui, et, je suppose, que le prêtre lui a suggéré de venir au patronage. Evidemment les
ecclésiastiques étaient intéressés sur plan religieux d’attirer les jeunes au patronage. C’était un
moyen pour eux de les rapprocher davantage de la religion. Souvent d’ailleurs, au terme de nos
activités ludiques ou sportives, le prêtre venait et récitait une prière. Dans ces situations là, je
restais coi, cela va de soi, de par mon appartenance à la religion juive, tandis que mes
compagnons de jeux lui répondaient à haute voix dans certains passages de la prière.
Le patronage, auquel adhéraient, quasiment tous les membres du mouvement scouts et éclaireurs,
organisait souvent dans la ville, des activités de grande envergure, qui impliquaient toute la
jeunesse catholique de la ville. Je me souviens d’une Recherche au Trésor, sous la direction d’un
chef scout, appelé Matteron. Il participait, d’ailleurs, lui-même, à cette recherche, en tenue de
scout comprenant le béret bleu-marine, la chemisette kaki, le foulard vert, autour du cou, le short
également kaki et les chaussettes blanches montant jusqu’au dessous du genou. J’ai souvenance
aussi d’une mémorable Retraite aux Flambeaux, à laquelle nous avons participé. Pendant trois
jours, sous la direction d’Yvon Morvan, et l’aide de ses deux frères, Jacques et Christian dit
« Mounette », mais aussi les frères Ferhat et Amar Ladjaj, Yvon Brisset et moi confectionnions
des centaines de flambeaux à cette occasion. Ainsi, notre camarade a commencé à fréquenter le
patronage, et, c’est lui qui nous a attiré là-bas.
Le patronage était situé, dans le sous-sol de la partie arrière de l’église du Christ-Roi.
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EGLISE DU CHRIST-ROI
Pour nous distraire, on avait aménagé, dans ces sous-sols, à l’intention de la jeunesse, une petite
salle de jeux où se trouvaient une table de ping-pong et deux ou trois petites tables pour jouer au
jeu de dame ou aux échecs.
Je fréquentais régulièrement cette salle et, là, je voyais, car elle leur servait de vestiaires, des
jeunes gens, de deux ou trois ans plus âgés que moi, qui se déshabillaient pour aller, en short et
tricot de peau, jouer au basket sur le terrain qui, en surface, jouxtait l’église. Je les regardais
souvent, évoluer sur le terrain, et pendant de longues heures, jeter le ballon de basket-ball, qui
était à cette époque en cuir, au panier. Au bout d’un certain temps on m’a permis, et, c’était déjà
là une grande faveur, de toucher le ballon, mais surtout pas de le lancer au panier. On ne me
permettait que de récupérer le ballon et de le renvoyer au « grand » qui, ce jour-là, s’entraînait
à améliorer son adresse au panier à mi-distance…Ce n’était pas grand-chose, mais pour moi,
garçon de 13ans, c’était un grand honneur et j’étais bien content et heureux qu’on me permit de le
faire. Ce grand là était, soit un junior ou un senior de la JUPL.
Le terrain sur lequel évoluaient ces « grands », était fait de terre battue, de l’argile, plus
précisément, c'est-à-dire qu’il avait une couleur rougeâtre qui souvent au grand désespoir de nos
mamans tachaient nos vêtements. Les limites du terrain étaient tracées à la chaux. Mais en hiver,
après la moindre pluie, elles disparaissaient. On ne distinguait plus rien, et de la sorte, il y avait
des querelles épiques entre les joueurs : « le joueur avait mordu la touche » ou bien « le ballon
était sorti ». Il aurait presque fallu, à chaque fois, un arbitre pour trancher… ce qui était
impossible et irréalisable au cours des entraînements…
Sur ce vieux terrain, à côté de l’église, j’ai vu évoluer les premiers joueurs de la JUPL, les
fondateurs du club. Je les cite, aidé par mon ami Claude Dersy, le capitaine d'équipe, mais je suis
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sûr qu’il y en avait d’autres que j’ignorais, étant trop jeune et nouveau à l’époque. Ainsi, il
faudrait ajouter: Fernand Velasco, disparu il y a peu, G. Rosseto, Alengry dit « Ma grise »,
Vincent Ortola, Claude Barthelet, Bépo Fabregon. Et, plus près de ma génération, pour les avoir
côtoyés, Claude Dersy, Joseph Rossi, Jacques Miguel, Michel Blanchier, le regretté Di Sario,
qui s'est noyé accidentellement à Mehdia, Jean-Pierre Gilbert, le regretté, Jean Gravouille,
Christophe, et j’en oublie sûrement…
En août 1951, nous sommes passés sur un terrain qui prit dès lors le nom de Stade Don Bosco.
Ce terrain, que les prêtres avaient gracieusement mis à la disposition de la JUPL, se trouvait rue
Le Mousquet, juste en face du presbytère, si familier à mes souvenirs d’enfance.
Pourquoi nous offrir un terrain ? Sûrement parce qu’ils s’étaient rendu compte que le club se
développait, prenait de l’importance, le nombre d’adhérents et de joueurs augmentait
régulièrement d’année en année, mais parallèlement, de même, le nombre de supporters et de
sympathisants.
La JUPL, se faisait connaître dans la ville et même au-delà, à travers le Maroc. Ces
sympathisants, étaient, en général, de bons catholiques et fréquentaient régulièrement l’église, ce
que les ecclésiastiques appréciaient beaucoup. Je pense à Mr Mulas, que nous appelions, le père
Mulas, un sacristain coadjuteur, qui avait d’abord exercé en Algérie, et plus spécialement, à
Oran, avant d’arriver à Port-Lyautey, vers 1939. D’autres hommes d’église qui nous suivaient
discrètement, le père André GEBEL, un homme d’une piété, d'une bonté et d’une modestie rares.
Le père Charles BECOT, qui réglait discrètement de nombreuses questions administratives. Le
père Guillaume AUTRET, un prêtre un peu bourru, toujours de bonne humeur et aimant bien
faire des plaisanteries. Un soir, alors que nous étions David Guenoun et moi, deux Juifs, joueurs
de la JUPL, et suivions depuis la touche l’entraînement des cadets, il s’était approché de nous, la
face hilare, et nous avait dit : « Vous, vous êtes des trépanés du gland ! » Plaisanterie un peu
lourde… pour un prêtre, mais enfin, je rapporte ici les propos entendus alors, pour décrire
l’atmosphère et le type de relations que nous entretenions avec les ces prêtres. Un autre prêtre
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que je connaissais mieux, nous encourageait également, le regretté père Lucien AUBERT, un
enfant de la ville, issue d’une famille catholique, connue, pour sa religiosité.
Le père Lucien n’officia pas à Port-Lyautey, mais à Casablanca dans le quartier du Maarif où il
fit une œuvre appréciée de toute la paroisse locale. Lucien était le grand frère, d’un ami
d’enfance, Henri, aujourd’hui retiré à Pau, le benjamin de la famille, que nous connaissions
mieux sous le diminutif de Ritou. Henri a crée et dirige, avec une rare maestria, depuis janvier
2004, un site internet au nom évocateur de Gharbaoui, ou AAKPPA (Amicale des Anciens
Kenitréens des Pays de Pau et de L'Adour) pour toute personne ayant vécu à Port-
Lyautey/Kenitra, entre 1935 à peu près et 1960. Ce site entretient et maintient, de par le monde,
des liens très cordiaux entre les anciens de la capitale du Gharb.
Tous ces prêtres, suivaient d’un œil bienveillant les progrès du club, et son évolution dans le
monde sportif.
C’est lui, donc, ce père Mulas, qui avait un passé de dirigeant de patronage, puisqu’à Oran, où
il exerçait la profession de sacristain, il avait été un des fondateurs des « Spartiates d’Oran », un
club de basket connu dans toute l’Afrique du Nord. Les spartiates pratiquaient dans leur jeu, le
« ripopo » qui consistait en une série de passes rapides pour démarquer un coéquipier qui devait
conclure par un panier. Le père Mulas, s’inspirant du nom des clubs rattachés aux patronages,
en Algérie, qui portaient quasiment tous, le nom le nom de Joyeuse Union, avait suggéré de
créer un club de basket et d’adopter un nom identique.
C’est ainsi que, le club naissant, pris le nom de Joyeuse Union de Port-Lyautey, la JUPL que
nous appelions tout court la JUP.
Le père Mulas, personnage dynamique, su insuffler l’énergie et l’esprit d’initiative, propres aux
jeunes dirigeants. Il avait donné le premier élan, et ce fut important pour le développement futur
du club. Je ne l’ai pas connu, personnellement, mais je crois bien, l’avoir aperçu souvent, vers
1949-1950, près du premier terrain à côté de l’église ou dans les environs du presbytère, rue Le
Mousquet. Je sais, que dans la tradition historique de la JUPL, il a, à son origine, été un facteur
déterminant dans sa création et son développement.
Ces sympathisants, qui tous étaient, en général, de bons catholiques et fréquentaient
régulièrement l’église, comptaient parmi eux, de nombreux artisans et commerçants qui jouaient
un rôle non négligeable, dans l’activité économique de la ville. Ils aimaient la JUP, et venaient
avec plaisir, le dimanche après la grande messe de 10h.00, applaudir son équipe. Ainsi, lors de
l’aménagement du terrain, l’éclairage, et l’asphalte furent assurés par de sincères et influents
directeurs de grandes compagnies locales, comme M. Raymond, proche des religieux du
presbytère et directeur de la SMD, Société Marocaine d’Électricité, ceci pour l’éclairage du
terrain. M. Raymond manquait rarement un match de la JUP. Ou bien, Louis Legname, un des
responsable de la Burboule, une société de bitumes et goudrons, qui se chargea de l’asphaltage
du terrain.
Nous eûmes, de la sorte, à notre disposition, nous les joueurs, un beau terrain neuf et moderne.
Nous devions, à présent, prouver, par nos résultats sportifs, que nous étions dignes des efforts
déployés par tous ces sympathisants et nos dirigeants, directs, je pense à Pierre Labarrère, le
président, l'infatigable et dévoué Charles Benzaquen, le secrétaire-général, pour nous offrir un
si joli terrain. Nous, le fîmes avec brio par la suite, de l’équipe des cadets à celle de la première
en accédant au plus haut niveau du basket marocain et en remportant plusieurs titres de
champions du Maroc.
Pour ce qui me concernait je commençais ma première saison de basket- ball, en catégorie
minimes, en septembre 1951. J’avais alors 14 ans. Nous fîmes plusieurs rencontres dans la
région du centre, c'est-à-dire Rabat-Salé essentiellement. Ceci pendant deux ans ce qui
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correspondait aux saisons 1951-1952, puis 1952-1953. Les choses devinrent plus sérieuses pour
la saison 1953-1954.
À partir de maintenant je m’appuie, dans la rédaction de ces souvenirs sur mes carnets et cahiers
personnels. Effectivement, je dois signaler, que, depuis 1954, je tenais un petit journal sur un
agenda offert chaque année à mon père, entrepreneur de peinture, au jour de l’an. Celui que je
consulte actuellement était celui d’un fournisseur de peinture de Casablanca du nom d’Astral
Celluco, de Paris qui avait une succursale, rue Provins, à Casablanca, et dans laquelle mon père
se ravitaillait une fois tous les, un mois et demi, à peu près.
Ceci, dans les années 1948-1952, car après la marchandise était disponible, sur place à Port-
Lyautey, sans être obligé de faire le déplacement de la capitale de la Chaouia.
J’ai souvent fait avec mon père, le voyage de Casablanca pour l’accompagner et découvrir ainsi
le pays. J’ai, de la sorte, entre 12 et 15 ans, effectué de nombreux voyages avec lui, à travers le
Maroc en voiture, surtout avec un fourgon américain de marque Chevrolet. Les voyages forment
la jeunesse dit-on. Pour moi, cela fut pleinement confirmé, à cette époque de ma vie. Un exemple
est resté gravé dans ma mémoire.
En 1952, mon père fut choisi, après adjudication, pour peindre un hôtel neuf à Mogador,
Essaouira, de nos jours, situé à plus de 500 kms de Port-Lyautey, dans le sud sur la côte
atlantique, du nom de Hôtel de la Mer et des Iles. On sait qu’au large de Mogador, se trouvent
deux petites Îles, de là, l'origine de son appellation. Il m'emmenait souvent avec lui. Cela prenait
environ une journée de voyage de Port-Lyautey à Mogador.
Il est intéressant de signaler, qu’à la même époque, le célèbre acteur et metteur en scène
américain, Orson Welles, tournait le film Othello à Mogador Essaouira de nos jours. Cette ville
avait été choisie par le célèbre metteur en scène américain en raison de son architecture
particulière
Une vue d'Essaouira
Mon père m’a raconté, que pendant le tournage, Orson Welles était à la recherche d'un figurant
de grande taille. Il s’est donc promené dans la ville, à la recherche de de ce figurant.
Passant devant le chantier de mon père, il a aperçu son contremaître, que l’on appelait Jdidi, car
il était originaire d’El-Jadida, Mazagan du temps du protectorat. Ce contremaître était grand et
avait une belle stature et portait bien de tête. Il n’avait pas le type Maure comme la plupart des
musulmans marocains du Maroc. Il a donc voulu l’engager comme "chef de la garde" dans une
scène de son film. Mais il fallait, pour cela, abandonner le chantier, ce à quoi Jdidi ne s’est pas
résigné.
Mais revenons au sport.
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Nous étions en septembre 1953, donc cadets deuxième année. Notre équipe était composée de
huit joueurs Henri Terrasse, David Guénoun, Philippe Botella, Pierre Tristani, qui tirait au
panier dans le style du "jump-shoot", le shoot en suspension, importé des Etats-Unis, la patrie du
basket-ball, Fauquez, Gérard Rubira, André Lescombes et moi. Tous ne participaient pas
régulièrement aux rencontres et parfois nous partions en déplacement, à cinq joueurs, sans
remplaçants. Ce qui n’est pas indiqué quand on fait du basket, mais nous n’avions pas le choix,
c’était ça, ou se morfondre des heures, durant un an. Ce que nous détestions au plus haut point.
Tous mes coéquipiers étaient lycéens, à l’exception de moi-même, qui avais commencé à
travailler, en juin 1952, comme apprenti-ouvrier peintre, dans l’entreprise de peinture, de mon
père, située, 75, rue Albert Ier, de nos jours, en 2016, rue Moulay Abdallah.
Cette saison-là, nous avons fait quelques petits exploits après des débuts laborieux. Ainsi, nous
nous sommes qualifiés pour la finale du championnat du centre catégorie cadets en battant, le
dimanche 31 janvier 1954, l’O.M (Olympique Marocain) de Rabat, sur son terrain sur le score de
19 à 15, alors qu’à la fin de la première mi-temps, nous étions menés 9 à 2. Nous constatons,
ainsi en juin 2016, par les scores des matchs, tels que je les rapporte, combien le basket-ball a
progressé. C’est vrai, qu’à présent le résultat, le total des points marqués, est plus élevé, car le
niveau technique a progressé et, aussi, surtout, parce qu’on joue en salle, sur du parquet.
Mais, pour nous, à l’époque, cela paraissait presque naturel.
À pouffer de rire, tellement c’est ridicule de nos jours.
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Le 7 février 1954, nous disputâmes, la finale, à Rabat, sur le terrain de l’OM, contre les cadets
du FUS (Fatah Union Sport). Nous avons fait match nul 19-19. La deuxième rencontre se
déroula, donc, à Port-Lyautey, le 14 février 1954, sur notre terrain de basket du stade Don
Bosco. Nous avons bien joué et remporté aisément le match, sur le score de 38 à 28. Nous étions
champions du centre. J’étais très content, c’était mon premier titre sportif.
Debout de g à dr: Christian Organini, qui n'était pas de la JUPL, mais faisait partie de notre
bande, en dehors du basket, Fauquez, David Cohen, Henri Terrasse, Marcel Ferras, Philippe
Botella, Charles Bianca maria, Emile Palméro, qui n'était pas joueur et n'appartenait pas à la
JUPL.
Acrroupis: Pierre Tristani, Gérard Rubira, David Guénoun, et le regretté André Lescombes.
Debout au milieu Jackie (Isaac) Guénoun, le frère de David, qui n'était pas de la JUPL, mais
était, à cette époque, 1954, un fidèle supporter.
À présent, nous devions poursuivre et tenter de décrocher le titre de champions du Maroc cadets,
sûrement contre une équipe de Casablanca. Mais, là, c’était une autre paire de manches. Le
dimanche, 7 mars 1954, nous sommes partis à Rabat, pour rencontrer, en huitième de finale du
championnat du Maroc, cadets, toujours sur ce terrain de l’O.M, c’est-à-dire en terrain neutre, à
mi-chemin entre Casablanca et Kenitra l’équipe de l’ASLF (Association Sportive La Foncière)
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de Casablanca. C'était une équipe de patronage comme la nôtre mais plus expérimentée que
nous.
À la mi-temps, nous étions menés 14-12. Après la pause, ils menaient bientôt, 20 à 12. C’est
alors que je me suis mis à marquer à mi-distance, ainsi qu’Henri Terrasse, et nous avons gagné
finalement, sur le score de 37 à 30. J’ai marqué 17 points. C’était le premier match dans lequel
je me distinguais et mon record personnel. On me félicita de toute part. J’étais fou de joie, pour
ma belle partie d’abord, mais, aussi, pour notre victoire qui nous conduisait en quart de finale
du championnat du Maroc.
Je dois signaler que nous étions dirigés par Marcel Ferras, un excellent joueur de l’équipe
junior, à peine plus âgé que nous de quelques mois. Il nous a très bien dirigés. En quart de
finale donc, nous devions rencontrer le WAC (Widad, qui veut dire « amitié », en arabe littéraire,
Athlétique Club) de Casablanca.
Le dimanche 21 mars 1954, nous avons rencontré le WAC à Rabat sur le terrain de l’OM.
Pierre Tristani a fait une partie magnifique, et nous les avons battus finalement par 36 à 33. J’ai
marqué, ce jour-là, 8 points. Ce beau résultat nous permettait d’accéder aux demi-finales du
championnat du Maroc cadets et notre futur adversaire était l’équipe de l’ASPTT (Association
Sportive des Postes Télégraphes et Téléphones) de Casablanca.
Cela ne s’est pas bien déroulé pour nous. Nous avons mal commencé. Nous étions en présence
d’une très bonne équipe, des joueurs très athlétiques, d’un bon niveau et surtout plus
expérimentés que nous dans ce genre de rencontre. Nous avons pratiquement été "cueillis à
froid". En quelques minutes ils nous menaient 28 à 6 ! Nous nous sommes repris quelque peu, et
à la mi-temps le score était de 30 à 17. Nous avons mieux joué en deuxième mi-temps, mais
c’était trop tard... Nous avons perdu le match 46 à 39. Notre belle aventure, en cadets, était
finie…
L’année 1955. Je suis junior 1ère
année. Nous formons une bonne équipe. Elle est composée de la
plupart des cadets de l’an dernier. Cela revient à dire : Philippe Botella, Marcel Ferras, David
Guenoun, Denis Antomarchi, André Lescombes, Henri Terrasse, Pierre Tristani et moi. Ce ne fut
pas une année particulière cependant. Le fait marquant, à mes yeux, furent les deux matchs
disputés contre l’Olympique Marocain de Rabat, l'OM. Jusque de nos jours quand j’y pense, j’en
garde un souvenir émouvant. Pour quelles raisons ? Parce que dans l’équipe de l’OM évoluaient
des joueurs de valeur comme, Sarabian, et Lansac, qui jouaient déjà en première dans leur club,
et se distinguèrent par la suite, en France.
Ces deux joueurs pratiquaient déjà le shoot en suspension, le "jump-shoot", en anglais, façon
tout à fait nouvelle et originale de tirer au panier, importée, naturellement, des États-Unis, la
patrie du basket-ball. Cela consistait, lorsqu'on était en possession de la balle, à sauter en l'air, sur
place, et de tirer au panier avant de retomber sur le sol. Cette manière de tirer au panier, rendait
le tir, le" shoot" en anglais, quasi imparable. En effet le joueur qui pratiquait le jump-shoot, avait
la faculté de choisir le moment opportun, pour lui, de tirer au panier, sans donner possibilité à
l'adversaire de s'y opposer avec succès.
Mais, dans notre équipe, jouait aussi, Marcel Ferras, qui en dehors du basket ball, avait des
facultés d’adaptation extraordinaires au monde moderne. Dans le domaine de la musique, et plus
particulièrement dans celle-ci, le jazz, Marcel excellait et connaissait les meilleurs chanteurs de
jazz de l'époque: Sidney Bechet, Dizzy Gillespie, Fats Domino, Lionel Hampton, Jerry Lee
Lewis et autres. A signaler, en outre, que Marcel était un excellent danseur de rock-and-roll.
Les filles raffolaient de sa manière de danser. Il s'est d'ailleurs marié avec Christiane, (Loch)
avant les épousailles, qui dansait également, merveilleusement, le rock.
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Tous les membres de notre bande, je parle de Marcel évidemment, mais aussi de Claude, dit
"Coco", Visserot, le regretté, Henri dit "Riri" Coggia, le regretté Michel dit "Sabrin" Garcia,
dansaient magnifiquement le rock. Ce qu'il est intéressant de signaler, c'est qu'ils se sont mariés
avec de très bonnes danseuses de rock. Je pense à Christiane, naturellement, mais aussi à Laure,
dite "Laurette", Bossi, avant les épousailles, Mauricette Christiane Garcia, et j'en passe. Comme
quoi, la danse, dans le cas présent, le rock, rapproche.
Dizzy Gillespsie
Marcel Ferras avait également, avait adopté le jump-shoot, de même que Pierre Tristani,
comme je l'ai signalé plus haut. Ce dernier tirait au panier, magnifiquement, dans ce style outre
atlantique.
Je dois signaler que Marcel Ferras, était, dans la même mesure, l’équivalent de Sarabian et de
Lansac. Marcel, avait, une autre qualité, qu'à mon humble avis, les deux premiers n'avaient pas.
C'était, ce que j'appellerai, utilisant pour cela un mot espagnol qui convient le mieux, pour
l'expliquer :"la vista". C’est-à-dire, la faculté de sentir, en tant que meneur de jeu, ce dont quoi
excellait Marcel, quel joueur, sur le terrain, allait se démarquer et devait, dès lors, recevoir le
ballon pour conclure, par un panier. Ceci, sans que les joueurs de la "défense" adverse le devinent
évidemment.
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De g. à dr. Carrère, Claude Visserot, Henri Coggia, Marcel Ferras, et moi David Cohen. Cliché
pris devant les établissements Meteyer, en face du café Palace, en 1958.
Nous étions tellement intime, Marcel et moi, Marcel, était un de mes meilleurs amis, que je
sentais et devinais ses intentions. J'ai pu, grâce à lui, marquer de beaux paniers.
Le public aimait nous voir jouer. Il le manifestait, par sa présence, et son intérêt pour nous, bien
que nous soyons "juniors". Le nombre des spectateurs équivalait à celui qui assistait aux
rencontres de la "première", l'équipe fanion. Une certaine tension, celle nécessaire aux belles
performances, régnait de bonne heure dans le stade Don Bosco. Ces joueurs firent, d’ailleurs,
par la suite, une belle carrière. Le premier, Marcel Ferras, dans la nôtre, en tant que joueur de
l’équipe fanion de la JUPL. Il devait par la suite, devenir international marocain junior. Puis plus
tard, faire une belle carrière, en France, en nationale, à La Voulte dans l’Ardèche. Puis, dans
l’équipe du Stade Français, de Paris.
C’étaient des joueurs doués, et très attractifs, pratiquement, l’avenir du basket marocain. Le
public aimait les voir évoluer. Cela se manifestait par sa présence nombreuse. Mais l’évolution de
la situation politique au Maroc allait tout bouleverser…
La première des deux rencontres, entre l'Olympique Marocain et nous, eu lieu le 21 novembre
1954, sur leur terrain à Rabat. Nous avons perdu, sur le score serré de 38-36. Tout le monde
s’accordait pour dire que nous avions disputé un beau match. Le deuxième affrontement se
déroula sur notre terrain de Don Bosco à Port-Lyautey, le 20 février 1955. Durant la nuit qui
précéda la rencontre, il a plu, presque sans interruption, et ce, jusqu’à 8 heures du matin. Lorsque
je suis arrivé, ce jour-là, à la JUPL, il y avait encore quelques flaques sur le terrain, mais comme
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il faisait beau, cela a séché rapidement, comme cela se passait au Maroc. Nous avons fait un
beau match mais perdu, hélas, 46 à 43. C'était, pourtant, à notre portée…dommage.
Equipe de la JUPL juniors 1955. Debout : de g. à dr Henri Terrasse, Marcel Ferras, David Cohen.
Accroupis: de g. à dr : Philippe Botella, Denis Antomarchi, David Guénoun.
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Je garde un souvenir émouvant de ces rencontres. Allez savoir pour quelles raisons… Je pense
que c'était parce que j'avais 18 ans. Ces matchs- là marquaient la fin de la première jeunesse, dans
le sport. Le basket-ball, en l'occurrence. Un deuxième sommet fut atteint en avril 1959.
En février 1959. Nous avons été qualifiés pour les demi-finales du championnat du Maroc. Notre
adversaire était L'USM, (Union Sportive Marocaine) de Casablanca, une des meilleures équipes
du Maroc.
Nous devions disputer deux rencontres, une sur leur terrain de Casablanca, et la seconde, sur
notre terrain, le stade Don Bosco, à Kenitra. Avant la rencontre, notre équipe fut affaiblie par le
départ, définitif en France, de notre meilleur joueur, Marcel Ferras, international marocain. Nous
avons perdu le premier match, à Casablanca de quelques points. Lors du match retour à Kenitra,
en présence d'un public nombreux, qui nous soutenait, admirablement. Nous avons gagné sur le
score de 36 à 28.
Je dois mentionner que lors des deux premières rencontres, un joueur de notre équipe, le regretté
Joseph Rossi dit "Pépé", s'est distingué, par la rapidité de son tir, et son adresse à mi-distance.
Le regretté Joseph Rossi dit "Pépé" à Rabat, en 1957.
Nous devions donc faire une troisième rencontre sur un terrain neutre à mi-chemin entre
Casablanca et Kenitra. Le terrain choisi, fut celui du Maghreb à Rabat.
Je dois signaler, que nous avons eu un nouvel entraineur, dès le mois de mars
Il s'agit du regretté, Yvan Carpozen, entraineur de la sélection de l'équipe du Maroc. Donc un
homme expérimenté, qui nous expliquait très bien ce qu'il voulait faire, et ce qu'il attendait de
nous. Il nous a très bien prit en main, nous nous sommes très bien entendu avec lui. Nous avons
rapidement saisi ce qu'il attendait de nous et avec lui, nous avons mis aux point, deux ou trois
combinaisons, qui à chaque fois se concluaient par un panier. Les entraînements avec Yvan
Carpozen, duraient trois heures. Ils se composaient de trois parties.
La première partie, consistait en une préparation physique d'une demi-heure, sous la direction
d'un professeur d'éducation physique diplômé et expérimenté. La seconde partie portait sur le tir
au panier, à mi-distance, puis dans la raquette, la partie la plus proche du panier sur un terrain de
basket-ball. Le but était clair, travailler notre adresse et l'améliorer.
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Nous étions par pair, de deux joueurs, qui dans un premier temps, se partageaient les rôles. Un
tirait au panier, l'autre dans la raquette, récupérait la balle et la lui transmettait. Puis, on inversait
les rôles.
Nous disposions d'autant de ballons que nous voulions. Ce qui était nouveau pour nous, habitués,
jusque-là à un seul ballon pour une dizaine de joueurs. Ceci pendant une demi-heure.
La troisième partie, était consacré à la mise au point des combinaisons. Nous avions, alors une
préparation en salle avec croquis et explications, orales, théoriques, sur un tableau, afin que les
joueurs se pénètrent bien en quoi consistait la combinaison, et ce qu'on attendait de chacun, sur
le terrain lors de l'application de celle-ci. Au cours de la quatrième et dernière partie de
l'entrainement, qui durait une demi-heure environ, nous jouions au basket, en deux équipes,
souvent sous un panier seulement. Nous appliquions les combinaisons apprises. Cela durait, en
tout, trois heures et à leur terme nous étions épuisés.
Je me souviens, j'habitais, en ce temps-là, au quatrième étage d'un immeuble sans ascenseur et à
mon retour de l'entraînement, j'arrivais péniblement à grimper les escaliers. Sans compter que
j'étais en première moderne, au collège, pour la préparation du baccalauréat première partie,
comme c'était en vigueur en ce temps-là. Quelque fois, j'avais des devoirs, mais nullement la
force de les faire. Je les remettais alors, au matin de très bonne heure, ou aux jours de la semaine
sans entraînements.
Enfin, je crois, que c'est grâce à Yvan Carpozen, et sa préparation méthodique et intelligente, que
nous avons si bien tenu tête à l'USM. Nous arrivions sur le terrain en sachant exactement ce que
chacun devait faire, et n'entamions plus un match au hasard Ceci nous a conféré une sûreté de soi
que nous n'avions pas jusque-là. Ce qui me semble certain, de nos jours, en 2016, c'est qu'avec
Marcel dans nos rangs, nous aurions pu gagner, et peut-être enlever le titre de champions du
Maroc.
Il faut mentionner, également, la maestria avec laquelle, sur le terrain, notre capitaine d'équipe,
Claude Dersy, dirigeait, avec un sang-froid sans égale, notre formation. Nous avions tellement
confiance en lui que nous pouvions le suivre aveuglément.
Ces trois facteurs, Yvan Carpozen, comme entraineur, Joseph Rossi comme excellent joueur, et
Claude Dersy, comme capitaine, expliquent le succès de notre équipe en cette année de 1959.
Lors de cette troisième rencontre, Pépé s'est encore mis en vedette par son adresse à mi-distance.
Mais nous avons, hélas, perdu sur le score de 39 à 36. Notre belle aventure en championnat du
Maroc, en cette année 1959, prenait fin…Mais l'USM avait eu chaud, et leurs joueurs le
reconnaissaient. Je me souviens d'une remarque de l'un d'eux, Adamantadis, qui me marquait
personnellement sur le terrain.
Voilà, pour ce que sont mes souvenirs personnels pour le basket-ball.
TITRES ET PERFORMANCES SPORTIVES EN ATHLÉTISME. DISCIPLINE : DEMI-FOND, 1.500M
Année 1956
Je suis venu à l’athlétisme fortuitement. J'avais remarqué, quand j'avais, entre dix et treize ans
que je possédais des qualités d'endurance. En effet, j’avais, avec mes amis d’enfance, fait des
courses entre, un quartier de Kenitra, l'école de la Gare, et le village Biton, en empruntant une
piste de sable à l'intérieur des terres. Elle était parallèle à la route de Rabat. Cela représentait une
distance d'un kilomètre et demi, environ. Je ne sentais pas la fatigue. J'avais donc quelques
dispositions pour ce sport. Mais je n'ai pas insisté, le basket-ball à la JUPL, occupait toutes mes
pensées, car c'est un sport que je dirais "social" et d'équipe, tandis que l'athlétisme est un sport
individuel, de solitaire. On est seul, sur la piste et cela demande une ferme volonté. Cependant,
cela a l'avantage, appréciable, à mon avis, de former le caractère.
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Progressivement, l'athlétisme commençait à occuper une place, de plus en plus importante, dans
mes activités sportives. Mais il me manquait le groupe, l'équipe que j'avais, naturellement, au
basket-ball. Mais je sentais que je devais, régulièrement, pratiquer, l'athlétisme. Il me semblait,
que j'avais la possibilité, de trouver dans cette discipline sportive, nouvelle pour moi, les
satisfactions que je n'avais pas trouvées dans la pratique du basket-ball.
A partir du 20 avril 1956, j'allais, deux fois par semaine, au stade de la Mamora.
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Quelques articles me concernant. Le premier paru dans la presse casablancaise, (photo) qui se
rapporte à ma participation à une compétition, le 19 avril 1958, le Challenge Courtin-Flippot, au
parc Lyautey, à Casablanca. Le second publié dans la presse locale de Kenitra, et signé Jacques
Bisraor, journaliste local, concernant le résultat obtenu à Paris, le 15 juillet 1956.
J'ai commencé, véritablement, à faire de l’athlétisme, pour la première fois de ma vie, le 24 avril
1956, sous la direction du regretté, M. Jean Claudel, sur le stade d’athlétisme du CAP (Club
Athlétique Port-Lyautéen), dans la forêt de la Mamora, à Port-Lyautey.
J'ai disputé ma première compétition à Rabat, le 6 mai 1956, après à peine, un mois
d'entrainement. C'était le Challenge Nani à Rabat. Nous étions six coureurs à prendre part à
cette course, tous des Marocains musulmans. J'étais le seul Français étranger. J'ai gagné, avec le
temps de 4’26’’ 8/10. J’avais deux semaines d’entraînement seulement et de mauvaises pointes.
Le 13 mai 1956, je dispute le championnat du Centre, je gagne assez facilement et j'améliore
mon temps du Challenge Nani : 4’ 18’’ 6/10. Puis vient le championnat du Maroc catégorie
“juniors”, à Casablanca, le 3 juin 1956, temps 4’32’’ 2/10. Course bizarre s'il en fut. Nous
étions six ou sept coureurs, tous des Marocains avec moi, le seul étranger, le seul Français. Ils
savaient, les Marocains, que je gagnerais au terme de la course, et de ce fait personne ne voulait
mener le train.
Je prends part ensuite, le 17 juin, aux championnats du Maroc, seniors à Rabat, bien que junior.
J'ai été retenu, au vu de mes résultats aux championnats du Centre.
J'arrive deuxième, je me suis "endormi ", laissant les choses aller de soi. Je me suis "réveillé"
trop tard. Si j'avais entamé, mon sprint final, plus tôt, j'aurais sûrement gagné. Je suis battu,
d'une poitrine, derrière Moha, un Marocain musulman du SOM (Sport Olympique de Meknès), à
Rabat, le 17 juin 1956, mais ce qui est important, ici, c'est le temps : 4 minutes 7 sec 2/10.
J'améliore mon temps de plus de vingt secondes par rapport à celui obtenu lors du challenge
Nani.
Ce temps, excellent, pour un junior, est pris en considération, par la Fédération d’Athlétisme du
Maroc. Celle-ci déposa une demande, auprès de la Fédération Française d’Athlétisme, afin que je
sois qualifié pour les championnats de France juniors, à Paris, le 15 juillet 1956.
Finalement je me suis qualifié, mais mon club le CAP, devait financer le voyage en avion.
Néanmoins, en cas de victoire de ma part, la Fédération d'athlétisme du Maroc, rembourserait le
prix du billet d'avion.
Or, il n’y avait pas un sous en caisse. Mr Jean Claudel, s’est démené à droite et à gauche. On a
organisé des sauteries avec entrée payante et en signalant le but de leur organisation : envoyer un
sportif port-lyautéen tenter sa chance à Paris. Ainsi, le 30 juin une rencontre sportive, eut lieu
entre les cadets du CAP, champions du Maroc dans cette catégorie, et ceux de la JUPL (Joyeuse
Union de Port-Lyautey), battus par les premiers en finale. C’était donc une sorte de revanche
entre les deux équipes.
Personnellement à cette époque, j’appartenais à la JUPL, depuis 1951, et je jouais en juniors et,
parfois, en première. La rencontre se déroula au Stade Don Bosco, le stade de la JUPL. Mais le
public de la ville ne se déplaça pas en masse pour ce match. Une cinquantaine de personnes au
plus. Deuxième manifestation pour recueillir des fonds, une sauterie fut organisée, le 7 juillet par
le CAP, au Clos Largeau, le siège du complexe sportif de ce club. Mais, lá aussi, le fiasco fut
total, en dépit de la publication, quasi quotidienne, d'articles dans la presse locale. En voici un
exemple:
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Finalement, je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, mais par quelques allusions entendues
par-ci par- là, en ces temps-là, j’ai pu reconstituer, approximativement, ce qui s’est produit. On a
dû faire, du porte à porte, dans les magasins de quelques commerçants de la ville, qui ont fait,
discrètement des dons, chacun, selon sa générosité et ses moyens.
En définitive, le coût du voyage fut assuré. Je sentais donc, que je pouvais, en réalisant une
bonne performance, apporter ma contribution à ce projet. Mon club, le CAP, en avait bien
besoin.
Monsieur Claudel est venu me chercher, le jeudi 11 juillet 1956, à 6 heures du matin et nous
avons fait le chemin dans sa Renault 4 L.
J’ai pris l’avion, un Constellation, au camp Cazes à Casablanca. Dans l'appareil, se trouvaient de
nombreux sénégalais en provenance de Dakar.
Nous avons atterri à Paris, je ne me souviens plus du nom de l’aéroport, Le Bourget, sans doute,
vers 15 ou 16 heures. Nous avons pris un autobus pour la capitale. Il nous a conduits à
l’aérogare des Invalides. Mr Le Coent, un ancien Port-Lyautéen rapatrié depuis peu en France et
toute sa famille sont venus très gentiment, m'accueillirent là. Nous avons pris aussitôt le métro
direction Vincennes où se trouvait l’INS (Institut National des Sports) où je devais loger et
m'entraîner en attendant le 15 juillet, jour de la compétition.
C'était la première fois que je voyageais en métro. A cette époque, les voitures du métro étaient
en bois, et ça faisait un bruit infernal lorsqu'il roulait.
A l'INS, j'ai retrouvé des sportifs du Maroc :Hassaïne, Catoni. J'ai été pris en main par Pierre
Maigrot, un entraineur national d'athlétisme. Il s'est bien occupé de moi, lors des séances
d'entraînement. Sur cette piste du stade de l'INS, s'entraînaient aussi des sportifs de renom, tels
qu'Alain Mimoun, qui se préparait pour le marathon des jeux olympiques de Melbourne en
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Australie. Qu'il devait remportait d'ailleurs. Lorsqu'il s'entraînait, il fallait, quel que soit la
situation dans laquelle on se trouvait nous- même, libérer la piste. Sinon c'était des grognements
de mécontentement. Malheur à celui qui se trouvait dans un couloir de la piste emprunté par
Alain Mimoun. Dans ce cas c'étaient des grognements. Il fallait laisser la place immédiatement, à
la "vedette". Sinon c'étaient des hurlements, voire des insultes On sentait qu'Alain Mimoun, était
personna grata. Il n'y avait rien à dire et surtout à contester. J'étais le dernier arrivé et totalement
inconnu, devais donc me taire. A part ça l'ambiance était très amicale.
Le dimanche 15 juillet 1956, j'ai disputé au stade Jean Bouin, le championnat de France juniors
Champion de France junior, Paris, 15 juillet 1956, stade Jean Bouin, temps : 4’10’’ 2/10.
Ce ne fut pas une course facile. Une demi-heure avant notre course, se disputa le 3000 m steeple,
et pendant cette course, il tomba une forte averse. La piste fut transformée en bourbier et ceci fut
considérablement aggravé par les participants au 3.000m steeple. Il y avait des ornières d'une
profondeur de dix centimètres. Dans les courses de demi-fond, il faut courir le plus près de la
"corde", c'est le "chemin le plus court". Or ce jour-là, après la pluie, la corde était impraticable. Je
savais d'instinct que si je courais à la corde, mes pointes auraient pris de l'eau et de la boue et leur
poids doublait. Il fallait donc courir à cinquante ou quatre-vingt centimètres de la corde. C'était
plus long, mais cela avait l'avantage de garder mes pointes sèches et légères.
J’étais démoralisé, Mais, j’étais préparé moralement, quelles que soient les circonstances. De plus
un dirigeant d’athlétisme du Maroc, de Meknès, je crois, dont j’ai oublié le nom, m'a dit, tout
bas, tandis qu’il m’agrafait mon dossard sur la poitrine : « Tu es le plus fort et tu dois gagner. "
Cela me remonta le moral. Par la suite j’ai su qu’effectivement, j’avais sans doute le meilleur
temps de tout le groupe des athlètes présents sur la piste.
Puis ce fut le départ nous étions vingt participants. Je n’avais jamais vu ça ! Au Maroc, lors d’une
compétition normale, nous étions cinq ou six au maximum. Mais, ce jour là, à Jean-Bouin,
c’étaient les meilleurs coureurs de demi-fond juniors, de toute la métropole, et des départements
d’Outre-Mer qui s’y trouvaient. J’étais un peu surpris, mais je me suis dit : « Telle est la
situation, il faut s’y adapter. »
Dès le départ se posèrent à moi deux problèmes que je dû résoudre sur le champ.
1) Il y avait, dans le groupe de tête qui menait la course, une bataille terrible pour s’y
maintenir. On se poussait, on se bousculait, mais je savais d’instinct que si je voulais
obtenir une place honorable il fallait se maintenir, coûte que coûte en tête, sinon c’était
perdu. J’ai, pendant deux tours, « navigué » entre la première et la cinquième place, j’étais
balloté, de gauche droite, d’avant en arrière. Quand je parvenais en tête du peloton, j’étais
happé vers l’arrière et vice-versa. Heureusement, j’avais de bonnes épaules, une bonne
carrure, et j’ai « joué du coude » pour garder le contact avec ceux qui menaient le train.
2) Les coureurs du 3.000m steeple qui nous avaient précédés, avaient à la « corde », le bord
intérieur, de la piste, creusé, en passant et repassant, et, à la suite de l’averse, une rigole
d’une profondeur de 10 à 15 centimètres, pleine de boue, qui courrait tout au long de la
piste. On s’y enfonçait jusqu’à la cheville. Les pointes, pleines de boue, devenaient lourdes,
les pieds y pataugeaient, dans celles-ci. C’était impraticable. Il fallait éviter cela à tout prix.
J’ai donc été obligé de m’écarter de la corde et j’ai couru pendant toute la course à cinquante
centimètres de celle-ci. C’était un peu difficile, mais au moins je courais sur de la terre
ferme, plus facilement et, surtout, mes pointes ne se sont pas remplies de boue et sont
restées presque sèches. C’était ça ou perdre la course. Au sortir du dernier virage, avant
d’entamer l'ultime ligne droite, j’étais en deuxième ou troisième position. J’ai vu tout de
suite que le coureur de tête était à bout, il tanguait. Moi, en revanche, je me sentais bien et
j’ai accéléré, je l’ai passé et lui ai pris dix à douze mètres sur les 60 ou 80m restants.
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Donc, course importante, titre important, le plus prestigieux de mes titres, mais comme on le
voit, j’ai eu à résoudre sur place et sans délais des problèmes, et j’étais heureux d’y avoir trouvé
une solution.
Ma performance me permettait de disputer, le 4 août, de cette même année 1956, les
championnats de France séniors. Au cours de ceux-ci je suis arrivé à la sixième place, dans la
troisième série, car par manque d’expérience ou par inattention, je me suis laissé distancer avant
le finish. Hélas, seuls les cinq premiers étaient qualifiés pour la finale, mais j’ai amélioré mon
meilleur temps jusque-là, en réalisant : 4’ 04’’ 6/10. La série fût gagnée, par Michel Jazy en 4’
00’’8/10. Marcel Ferras est venu me voir à Colombes, ce même 4 août et nous avons, après la
course, bavardé au sujet de Kenitra.
Je suis retenu dans l’équipe de France juniors et j'ai disputé avec elle trois rencontres
internationales. À Lille, contre la Belgique, le 29 juillet, je suis arrivé premier Français, mais à
la deuxième place.
France-Belgique, une partie de l' équipe de France juniors, Lille, le 29 juillet 1956. Je suis
accroupi en bas, le premier à droite, et bien bronzé.
Nous étions quatre, deux Français et deux Belges. Temps : 4’12’’ 4/10. Puis, Italie-France, à
Aoste, le 12 août 1956, temps : 4’ 06’’ 1/10. J’ai terminé à la troisième place, précédé, donc par
deux Italiens qui étaient excellents, mais surtout, ont mené très habilement la course.
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Ils s’entendaient bien entre eux. On voyait qu’ils avaient bien préparé leur course sur le plan
tactique.
La dernière compétition dans l’équipe de France, juniors, se déroula en Allemagne, à
Ludwigshafen/sur Rhin, le 2 septembre. Je ne me sentais pas bien du tout. J’ai fait un surmenage
musculaire après la rencontre France-Italie, et à la suite d’un entraînement trop intensif pour moi.
On faisait un entrainement par jour, assez sévère, et je n’y étais pas du tout habitué. Mais surtout,
la nuit je ne me reposais pas suffisamment. Des examens sanguins ont révélé que le nombre de
mes globules rouges avait considérablement baissé. J’avais 5.200.000 globules rouges au mm3
alors que la moyenne oscille entre 4.000.000 et 6.200.000. Mais, surtout pour un jeune sportif de
19 ans, c’était largement insuffisant. Ce résultat correspondait en fait à un début d’anémie. Je
devais me reposer et laisser le temps faire son œuvre. Je me suis reposé, mais ce n’était pas assez.
Il me fallait un repos total. Mais il était trop tard, on ne pouvait me remplacer. J’ai donc pris le
départ quand même, mais manifestement, je n’avais pas récupéré. J’étais diminué. Mon temps
fut en conséquence : 4’17’’00. Je suis rentré aussitôt après au Maroc J’en avais bien besoin après
tous les événements et péripéties de ces derniers mois. Il me fallait revenir au pays pour me
remonter. C'est ce que j'ai fait et en quelques semaines j'ai retrouvé la santé et le moral
1957 :
Cette année-là fut une année blanche. Je me suis "cherché". Je n'ai fait que du basket et ma
saison d’athlétisme fut terne.
1958 :
Instruit de ce qui s'est passé en 1957, je me suis mieux préparé, et de façon plus méthodique. Le
premier changement, j'entame ma saison d’athlétisme plus tôt. À partir du mois de mars, je fais
du footing, deux à trois fois par semaine, des séances d’une demi-heure, et plus parfois, dans la
forêt de la Mamora. Cela m’a permis d’améliorer mon endurance. Ce n’est que vers la fin du
mois d’avril ou au début du mois de mai que j’entame mes séances d’entraînement sur piste.
Toujours avec M. Jean Claudel, naturellement. Les résultats se font sentir. Deux coéquipiers du
CAP, deux militaires français, qui accomplissent leur service militaire au régiment du 31ème
Génie à Kenitra Maroc, également spécialistes de demi-fond, s'entrainent avec moi. Ils
participent, avec moi, à toutes les compétitions. Ainsi, le 5 juin 1958, je prends part à une
réunion d’athlétisme sur la piste du Parc Lyautey, à Casablanca. Mes deux coéquipiers militaires,
sont là. Ils mènent, pendant deux tours et demi, le train à un bon rythme. Ils me laissent finir la
course, à trois cent mètres de l'arrivée. Grâce à eux, magnifiquement bien "tiré", je réalise, ma
meilleure performance au Maroc sur 1500m, soit : 4’ 03’’ 7/10.
Ce beau résultat entraine ma qualification pour les championnats de France seniors, les 26 et 27
juillet 1958, au stade de Colombes, à Paris.
Ce 26 juillet, nous étions une vingtaine de coureurs au départ du 1500m. On a organisé trois
séries, pour nous départager. Chaque série comptant, d’environ, dix participants. Les trois
premiers de chaque série étant qualifiés pour la finale du lendemain, le dimanche 27 juillet, car
neuf coureurs seulement devaient prendre le départ de la finale du 1500 m. Nous étions 24
participants. J’étais dans la troisième et dernière série. Je devais donc, impérativement, terminer
au moins à la troisième place de ma série afin d'assurer ma qualification pour la finale.
Tous mes adversaires avaient, avant ces championnats, avaient réalisé, dans différentes
compétitions, des temps supérieurs aux miens. Ce qui revenait à dire, qu’ils valaient tous entre
3’52’’ et 3’58. Des temps que je n'avais jamais réalisés jusque-là.
Néanmoins, je ne me suis pas laissé abattre. J’avais, en ces temps-là, une approche, assez
simpliste, mais très efficace, je crois, pour garder un bon moral avant toute épreuve sportive. Le
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principe était le suivant : rien n’est acquis par avance. Cela revenait, à peu près, à dire ceci : Ils
sont plus forts que moi, c’est sûr et évident, mais cela ne m’impressionne pas. S’ils sont
supérieurs, qu’ils le prouvent sur la piste.
J’étais, ce jour-là à Colombes, de l’avis général, des coureurs des autres séries, dans la série la
plus difficile. Mais je ne me suis pas laissé abattre.
Le départ a été donné. Nous sommes passés en 1’17’’ aux premiers 500 mètres, et en 2’ 40’’, au
kilomètre. C'était rapide, et je n'étais pas habitué à un tel rythme. Mais je me suis accroché. À
300m de la ligne d’arrivée, j’étais légèrement décollé, et en 5ème
position, donc tout était perdu à
ce moment-là. Dans le dernier virage c'est-à-dire à environ 130 m de la ligne d’arrivée, j’ai passé
Argelès, un des favoris. J’étais donc en 4ème
position. Devant moi caracolaient, Guihaumon et
Clausse, deux excellents spécialistes du 1.500m. Ces ceux-là étaient inaccessibles pour moi.
Mais, en troisième position, se trouvait Ammar, de la section d'athlétisme du RCP (Racing Club
de Paris). D'après sa manière de courir, il me paraissait être en difficulté. J'ai serré les dents et
accéléré tant que j'ai pu et j'ai réussi à le passer à quinze mètres du fil. Je terminais, ainsi, à la
troisième place, assurant de la sorte, ma qualification pour la finale du lendemain.
Série éliminatoire du 1500m, des championnats nationaux d'athlétisme, stade de Colombes le 4
août 1956. Retenu dans l'équipe de France juniors, je dois rencontrer la sélection italienne à
Aoste, le 6 août. Sur ce cliché, je suis en huitième position, numéro 168, et j'ai été éliminé.
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Temps réalisé : 4 minutes, 4 secondes 6/10. Sur la photographie, Michel Jazy mène le train. Il
devait remporter, le titre le lendemain, lors de la finale du 1500m.
Mon temps était de 3’59’’4/10. Pour la première fois de ma vie je descendais au-dessous des 4
minutes. Ma joie était grande et double, qualifié pour la finale et record personnel. Mes amis,
Marcel Ferras et David Guénoun, sont venus me féliciter. Michel Jazy, le favori de la finale, est
venu gentiment, la course terminée, et m'a dit : « Bravo ! Tu as fait un beau retour. » C'était très
aimable de sa part.
Lors de la finale, le lendemain, 27 juillet 1958, Jazy a mené, d’entrée, un train d’enfer, je ne
pouvais pas suivre, et j’ai été rapidement décollé. Mais, je me suis accroché et essayé de
terminer à une place honorable. Les premiers 500 mètres furent parcourus en 1’13’’, le kilomètre
en 2’31’’. Je suis passé, en dernière position, en 2’38’’ à peu près. Je me suis maintenu de la sorte
pendant un tour et demi. À la cloche, qui fait savoir aux coureurs, que c'est le dernier tour, j’ai
passé deux concurrents devant moi, mais l’un d’eux et revenu et m’a doublé. Je me suis accroché
et j'ai donné le meilleur de moi-même. J’ai fini en avant-dernière position, c'est-à-dire que j'étais
8ème
sur 9. Cependant, ce qui a provoqué en moi, une grande satisfaction, ce fut le temps
réalisé : 3’ 57’’ 8/10. Le meilleur résultat de ma carrière sur 1500m.
Cependant, j'étais à la croisée des chemins. Sur la base de cette performance, je pouvais
entamer une carrière internationale en athlétisme, mais pour cela je devais: 1) Résider en France
définitivement. 2) Cesser la pratique du Basket Ball. 3) Renoncer à poursuivre mes études.
Or, si quelque chose me tenait à cœur, c'est bien la continuation de mes études pour obtenir un
diplôme que je n'avais pas obtenu jusque-là. Si je résidais en France, c'était difficilement
réalisable, car je n'avais aucune base financière. Ceci était résoluble par l'obtention d'une bourse
ou de commencer à travailler. J'ai jugé, à cette époque, que ce serait plus accessible, pour moi,
en restant au Maroc. Ai-je fait une erreur ? Je ne sais.
Ce qui est certain, et cela fut prouvé par la suite, ma carrière en athlétisme prenait fin.
L'athlétisme demande une pratique assidue et unique. Je devais me concentrer sur cette discipline
uniquement et ne pas pratiquer deux sports comme je le faisais jusqu'alors, c’est-à-dire, le basket-
ball en hiver et l'athlétisme en été. En outre, La moindre interruption a de sérieuses conséquences.
Je devais m'en apercevoir par la suite quand j'ai essayé de reprendre ma carrière en athlétisme.
En attendant je fus confronté à une série de problèmes.
Le premier d'entre eux. Je devais accomplir mon service militaire. J’étais sursitaire. Mais nous
étions en pleine Guerre d’Algérie, et le président de la république d'alors, le général de Gaulle
(1890-1970), a supprimé les sursis. Je devais partir, impérativement, à l'armée. On m’a proposé
de faire mon service militaire au Bataillon de Joinville, ce qui m'aurait permis de continuer ma
carrière en athlétisme. J’ai décliné, voulant rester au Maroc afin de finir mes études. Mais pour
l'instant je devais remplir mes obligations militaires.
Je suis ainsi entré, en novembre 1959, dans l’Armée de l’Air, à la Base Ecole 707 à Marrakech
dans le sud marocain.
En dépit de tentatives répétées de revenir au meilleur de moi-même en athlétisme. Je n’y suis pas
parvenu. Par manque de motivation ? D’encadrement ou de suivi de bon niveau ? Je ne sais. Je
n’avais qu’un seul but à cette époque, reprendre mes études. Je les ai reprises par la suite, et bien
réussies, puisque j’ai obtenu la licence, puis la maîtrise et enfin le doctorat de 3ème
cycle, mais ma
carrière en athlétisme était définitivement achevée.
Le cross-country
Je suis venu au cross-country, terme anglais que l'on peut traduire en français par, la "course à
travers champs", tout à fait par hasard. Au cours de mon service militaire dans l'armée de l'air, on
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organisait dans la base où je servais, un cross pour entretenir la condition physique des soldats.
Ainsi à travers mes différentes affectations, j'ai pris part à plusieurs cross-countries. Cela ne
nécessitait pas de grande préparation. Je me souviens d'un cross-country à la Base Ecole 708 de
Meknès. C'était, en fait, le championnat de l'Armée de l'Air au Maroc. Nous étions en mars 1960.
La couse s'est déroulée sur le chemin de ronde de la base. La veille de la course, un soldat de la
base, a fait, avec les participants des différentes bases, une reconnaissance du parcours.
J'y ai pris, naturellement, part. Il était important de reconnaître l'itinéraire du cross. Mais, au
cours de la nuit qui a précédé la course, il a plu fortement. Tous les coureurs, le matin avant le
départ, n'y ont pas accordé une attention particulière. Mais, lorsque nous nous sommes élancés,
après le départ, nous nous rendîmes rapidement compte, que le chemin de ronde était
impraticable. C'était une piste de boue noire, et l'emprunter aurait eu pour résultat de remplir, très
vite, mes pointes d'eau et de boue et de tripler, voire même, davantage, leur poids. La plupart des
participants ont donc commencé à courir, dans ce chemin boueux, et à patauger, laborieusement.
Ce qui paraissait évident c'est qu'au bout de cinq à six cent mètres, j'aurais eu de la peine à lever
mes jambes. C'est alors que j'ai vu sur la gauche, un coureur prendre le long de la piste, le bord de
celle-ci. Ce bord n'avait pas plus de quarante centimètres de large, et, celui qui l'empruntait,
n'était autre que le soldat, qui avait, avec les autres participants, reconnu, la veille, le parcours
du cross-country.
J'ai alors décidé de courir sur cette étroite bande de terre qui bordait la piste.
Elle était praticable, et, à son terme, se continuait par une pente d'une centaine de mètres. J'ai
continué, et très vite, doublé le coureur de tête. Lorsque je suis parvenu au sommet de cette
courte pente, j'étais seul, en tête de la course mais il me restait environ sept kilomètres à
parcourir. Je n'avais pas le choix, et j'ai continué, me demandant, si j'avais des forces suffisantes
en moi, pour le faire. J'étais dans la position de la fameuse expression: "la solitude du coureur de
fond". J'ai tenu le coup et gagné au terme du cross.
Cela s'est reproduit, presque, à chaque fois, que j'ai fait du cross-country. Est-ce que j'aurais dû
persévérer ? Plus d'un demi-siècle en arrière, je m'interroge…
Basket-ball.
J’ai commencé à jouer au basket à l’âge de 13 ans à Port-Ly autey. Ce fut mon premier sport.
J’appartenais à la JUPL (la Joyeuse Union de Port-Lyautey), un patronage initié par les curés de
la paroisse de l’église du Christ-Roi pour attirer la jeunesse Ce sont d’ailleurs les prêtres qui ont
offert au club, le terrain de basket-ball et l’ont aménagé et entretenu. Lorsque je pratiquais
l’athlétisme cela se combinait bien, car la saison de basket-ball se terminait en avril, juste
lorsque débutait celle d’athlétisme. En cadets et juniors puis même en première j’étais moyen,
sans plus. En cadets, en 1954, nous avons été champions du Centre.
Notre équipe se composait de:
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Debout de g. à dr. Christian Organini, qui ne faisait pas partie de la JUPL, mais fréquentait notre
bande, Fauquez, David Cohen, Henri Terrasse, Marcel Ferras, Philippe Bottela, Charles
Biancamaria, qui n'appartenait pasne faisait pas partie de la JUPL, mais nous suivait assidument,
Emile Palméro, ne faisait pas partie de la JUPL, mais était un fidèle supporter. Accroupis: Pierre
Tristani, Gérard Rubira, David Guénoun, le regretté André Lescombes. Debout au milieu Jackie
Guénoun, le frère de David, un fidèle supporteur.
En juniors, nous nous étions en1955, nous sommes parvenus en demi-finale, contre l’ASLF
(Association Sportive La Foncière) de Casablanca.
J’ai commencé, à me distinguer vraiment dans cette discipline, aussi paradoxal que cela puisse
paraître, grâce à l’athlétisme, en 1958, lorsque je suis rentré de Paris après les championnats de
France d’athlétisme dans lesquels j’étais descendu au dessous des quatre minutes. J’avais une
excellente condition physique, endurance, détente pour le shoot en suspension, et j’ai amélioré
encore mon adresse au panier.
Ainsi en 1959, sommes-nous parvenus en demi-finale du championnat du Maroc que nous avons
perdu, de peu, contre l’USM de Casablanca. Ce fut mon meilleur résultat dans ce sport. Puis je
devais accomplir mes obligations militaires. Le service militaire, avait été porté à 28 mois, car
nous étions en pleine Guerre d’Algérie. Mes études, qui avaient toujours la priorité à mes yeux,
ne m’ont plus permis de pratiquer, l’athlétisme et le basket-ball avec l’assiduité qu’il convient.
Là, s’achevait, en fait, ma carrière sportive en général.