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No Choice saison 1 (SK.CONTEMPORAIN) (French …ekladata.com/QxlX0dFBik4KfjtXNO4ebB70xms/EBOOK_Sharon_Kena-… · Du même auteur aux Editions Sharon Kena Les déboires d’une star

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NOCHOICE

Saison1

DumêmeauteurauxEditionsSharonKena

Lesdéboiresd’unestar

Âmedeguerrière

Sijedoischoisir

Béverly,surunpiédestal

Lesguerriersdel’ombre(lasaga)

Morsuresnocturnes(lasaga)

Lestourmentsd’unepassion

Totaledévotion(latrilogie)

Mortellerencontre

Danslescoulissesd’IWA(lasaga)

Doublevie

JaneHunter

Au-delàdesapparences

Lesenvoyés

Possédés(lasaga)

BradetCassie

Espérance

Leprixdubonheur

Chasseursdedémons(saga)

L’île

JeuxMalsains(saga)

SharonKena

NOCHOICE

Saison1

« LeCode de la propriété intellectuelle et artistique n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 del'articleL.122-5,d'unepart,queles«copiesoureproductionsstrictementréservéesàl'usageprivéducopisteetnondestinéesàuneutilisationcollective»et,d'autrepart,que lesanalyseset lescourtescitationsdansunbutd'exempleetd'illustration,«toutereprésentationoureproductionintégrale,ou

partielle, faite sans leconsentementde l'auteuroude sesayantsdroitouayantscause, est illicite»(alinéa1erdel'articleL.122-4).«Cettereprésentationoureproduction,parquelqueprocédéquecesoit,constitueraitdoncunecontrefaçonsanctionnéeparlesarticles425etsuivantsduCodepénal.»

©2016LesEditionsSharonKena

www.leseditionssharonkena.com

J'ai eu dumal à commencer ce roman, j'avais pasmal de scènes en tête,mais je ne savais pascommentleslierentreelles...etjen'avaisaucuneidéedelamanièrededébuter.

Alors je me suis jetée à l'eau avec de la musique dans les oreilles, sinon j'aurais fini par toutoublier.

Bonnelecture!

Jesuissûrquetuescellequej'aitoujoursattendueJ'auraisaimétediredesmotsquetun'asjamaisentendusCaràmesyeux"Jet'aime"estdevenubientroprépanduTesortirdetaviemorose,jesaurailefaireJeseraivouéàtacausepourtesatisfaireJeferaipousserdesrosesenpleindésertSicelapeutteplaire{1}

Tabledesmatières

Prologue

Chapitre1

Chapitre2

Chapitre3

Chapitre4

Chapitre5

Chapitre6

Chapitre7

Chapitre8

Chapitre9

Chapitre10

Chapitre11

Chapitre12

Chapitre13

Chapitre14

Chapitre15

Chapitre16

Chapitre17

Prologue

*Sophia*

Me revoilà bien vite devant le long bâtiment blanc et noir : la faculté de droit, économie etadministrationdeMetz,enMoselle.Jesuisensecondeannéedelicence,m’accrochantettravaillantd’arrache-piedpournepascouler.Lorsquejemesuisinscriteici,jenepensaispasqueledroitseraitsi difficile, que réaliser mon rêve de devenir avocate me semblerait, à un moment, devenirinaccessible.Jetiensbonparcequ’ilm’estimpensabled’abandonnermesétudes,j’aibienl’intentiondedécrochermonCAPA{2}.

J’avancejusqu’àl’édificeetpasselesportes,saluantquelquesétudiantsquejeconnaisaupassage.JeretrouveMégane,mameilleureamie,àl’intérieur;sonpetitamil’aconduiteicipourlareprise.Elle me raconte les dernières nouvelles, rien que j’ignore, alors que nous allons récupérer desdocuments au secrétariat. Nous avons le même cursus et le même emploi du temps, les coursmagistrauxencommun,maispaslestravauxdirigés–lesseulscoursobligatoiresàlafac.Celadit,jesuisd’uneassiduitéexemplaireàl’amphithéâtre,cequin’estpaslecasdemachèreamiequiestnéeavecunCodecivildanslamaingaucheetunCodepénaldansladroite,etn’estqu’unetouristefinalement.Jenesaispascommentelles’yprend,maisellemaitriselescoursetlapratiqueavecunerapiditéquimelaisserêveuse.

Nouscommençonslajournéeavecuncoursdedroitadministratif.Nousquittonsdonclebâtimentettraversonslaroutepournousrendredansl’amphithéâtreLeMoigne.Blancetnoirégalement,ilestdeformearrondieetaccueillefacilementlatotalitédelasecondeannéedelicenceendroit.

Méganes’installeleplusloinpossibledel’auditorium,prèsdel’entrée–oudelasortie,auchoix.Jem’assoisàcôtéd’elleetsorsmonnotebook.Enattendantl’arrivéeduprofesseur,ellemeparledeLuc,soncopain,avecquiellefileleparfaitamourdepuisdeuxans.Jel’écouted’uneoreilledistraite,seshistoiresdecœuralorsquejenesorsavecpersonnemefontlégèrementdéprimer.Jeregardelesétudiants prendre place tout en hochant la tête et jetant un coup d’œil à mon amie toutes les dixsecondesafindeluifairecroirequejesuisintéresséeparsesparoles.J’aperçoisLorenzo,ungarçonrencontré l’anpassé,àqui j’adresseunsignede lamain. Ilme répondenmesouriant,uneblondecolléeàlui.Jenelaconnaispasetdétourneleregard,commesij’étaisattirée,pourleposersuruntypequisepostepiledansmonchampdevision.Iljettenégligemmentsonsacsurlesiègeàcôtéde

lui toutens’asseyant,metsonordinateursursa tablettede travailetattrapeson téléphoneportablepourpianoterdessus.Jene l’ai jamaisvu.Jesuisconscientequenoussommesnombreuxà l’UFR,mais j’yétudiedepuisunanmaintenant, jepensequesiunmecaussicanon le fréquentait, jem’enseraisaperçu!

Lenouvelarrivantadopteuneposturenonchalante,l’airtotalementdécontracté,passtressépourunsouencequiconcernecettenouvelleannée.Jevoisqu’ilalescheveuxnoirscoupéscourtslorsqu’ilretiresacasquettepourlaposersursonsacàdos.Ilplacesontéléphoneàcôtédesonnotebooketentame un tour de la grande salle du regard. Mon cœur s’emballe lorsqu’il s’arrête sur moi –s’arrête-t-il seulement ? – un quart de seconde. Je le vois esquisser un sourire, ce qui le renddiablementsexy,creusantunepetitefossettedechaquecôtédesonvisage.Unebellebrunes’approchedeluietposesesaffairessurlachaisederrièrelasienneavantdesebaisseràsahauteurpourluifairela bise.Visiblement, lemec canon a des vues sur cette fille que jemaudis intérieurement pour lachancequ’ellea.Maisqu’est-ceque je raconte? Jeme fousd’elleetde luiaussi ! Jedétourne lesyeuxpourvoircequefaitMégane.

Ellemefixed’unairréprobateur.

Quoi?jelance,innocemment.

Jemedemandaisdanscombiendetempstuterendraiscomptequejeteparle!Maisvisiblementtuétaisentropgrandecontemplation!

Sansaucunediscrétion,ellemedésignelemecquejeregardaisuninstantplustôt.Ilesttournédecôtépourdiscuteraveclabrune,m’offrantsonbeauprofil.

C’estJulie,m’apprendMégane.

Jenesaispascommentelleconnaitsonprénom,maisjedétestedéjàcetteJulie.

Elleétaitentravauxdirigésavecmoil’anpassé,meprécisemonamie.

J’acquiesced’unhochementdetêtetoutendétournantleregard,ilnemanqueraitplusquelesdeuxétudiantsserendentcomptequejelesobserve.

Etlui?

Aucuneidée.Jamaisvu.Maisj’avouequ’ilestpasmal.

Pasmal?Mêmemieuxquepasmal,sivousvoulezmonavis.

Mameilleureamiedoitavoirbesoindelunettes!

Ilestcarrémentcanon.J’ai l’impressionquesesyeuxsontdecouleurnoisette. Ilaunebarbedequelquesjours,quiluidonneuncôténégligé,maisincroyablementséduisant.

Je risque un dernier coup d’œil vers ce magnifique jeune homme, soupirant intérieurement...Jamaisilnemeremarquera.

Bonjouràtous!lanceleprofesseuraumicro.

L’inconnu se retourne aussitôt pour suivre le cours, c’est là que son regard croise lemien, enpleine contemplation, limite la bave aux coins des lèvres.Aucune expression ne s’affiche sur sonvisage,maisjesuiscertainequ’ilm’avuel’observer.Lapoisse!

Mégane tire surmon avant-bras, comme si je n’avais pas entendu l’arrivée de notre enseignant.Saufqu’ilmeseraimpossibledemeconcentrersurautrechosequeledosdeceluiquivientdefaires’emballermoncœurpourlapremièrefoisdepuislongtemps.D’ailleurs,ilaunetrèsjolievesteencuirnoir!

Jen’aiaucuneidéedecequeraconteleprof,jecroisqu’ilm’aperduejusteaprèss’êtreprésentécommeétantmonsieurLambert,notreenseignantendroitadministratif.Jen’aiécritquelenomdelamatièresurledocumentWordquej’aiouvertsurmonordinateur.Bienquejesoisincapabledediresurquoiporte lecours, jepeuxvousparlerde l’inconnudansmonchampdevision.Monsieurestsérieux, ilne faitque taper sesnotesetécouter.Pasune fois ilne s’est tournévers Julie.Elle,parcontre,comptelesmouchesvoler.Jemedemandecommentelleapuvalidersessemestresl’anpassé,visiblementsipeuintéresséeparlamatière.Remarquez,encetinstant,onestàégalitésurcepoint.Monniveaud’attentionestprochedumoinsdix.

JemeprendsplusieurscoupsdecoudedeMéganequitentedemeramenersurTerre,maismêmesij’ymetstoutemavolonté,jeneparvienspasàmeconcentrer.Monamiem’enverrasesnotesparmail;jejettel’éponge.

Laseulechosequej’écris,c’est le titredesmanuelsànousprocurerauplus tôt. Il faudraquejepenseàlescommander.

QuandmonsieurLambertafini,nouspouvonsenfinpartir.Jemetsmonordinateurdansmabesaceet me lève, prête à quitter ma place. Les étudiants pressés poussent pour sortir plus vite et c’estcommeçaquejemeretrouveàdeuxmètresdemameilleureamie,maispresquecolléeàl’inconnuquisentdiablementbon,uneodeurdelessive,vêtementspropresfraichementsortisduplacard,etdetabac;j’adoreça!

Unefoisdehors,chacunpartdansdesdirectionsopposées.Jem’écartepourgagnerlesmuretsquifontofficedebancspourlesétudiantsetattendsMégane.

L’inconnu,quiaremissacasquettesursatête,s’arrêteàtroismètresdemoietallumeunecigarettetoutenregardantautourdelui,sansdoutecherche-t-ilJulie.Jemedemandesic’estlaseulepersonnequ’ilconnaitici.Peut-êtreest-cemêmeunmembredesafamille,cequim’arrangerait,jedoisbienledire.

Onvamanger?mecriepresqueMéganedanslesoreilles.

NousmangeonsaurestaurantuniversitaireRimbaud,maislà,jenesuispaspresséedem’yrendre.Jedésignediscrètementlejoligarçonprèsdemoiàmonamie.

Quoi?Tuveuxqu’onluiproposedesejoindreànous?

Lepire,c’estqu’elleenesttoutàfaitcapable!Méganen’ajamaiseusalanguedanslapocheetn’apasmonsoucidetimidité,c’estmêmecarrémentlecontraire.

Je secoue la tête en signede refus pour qu’elle comprenneque ce n’est pas ce à quoi je faisaisallusion.Jerisqueunpetitcoupd’œildansladirectiondugarsquiécrasesacigaretteausolavantdepartiravecJulie.

Dépitée,jen’argumenteplusetsuismonamie.

***

*Tyler*

Premierjourpastropmalréussi.Jedevaismefondredanslamasse,nepasmefaireremarquer,jecroisquej’ysuisparvenu,mêmesiquelquesnanasm’ontmatéunpeutropintensément.Jesuisbeaugosse,jelesais.Etj’enjoueaussi.Maispasici.Pasencore.

JemerendsàlacolocavecJulieetm’enfermedansmachambrepourétudier.Cetteannée,jen’aijustepasintérêtàmeplantersinonmonpaternelnefinanceraplusmesétudes.EtDieusaitquej’aibesoindeceputaindediplômed’avocat!Mouradcomptesurmoi,etsijelelâche,celapourraittrèsmalsepasserpourmapersonne.

Jesorsdesneufmètrescarrésquimeserventdechambreseulementpourmanger.Cesoir,c’estJuliequiafaitlacuisine,etmonamieesttrèsdouéedanscedomaine.

Noussommescinqàvivreici,lesrèglessontsimples:onfaitàmangerchacunnotretour,idempourlescourses,onpayeleloyerentempsetenheureetonnecréeaucunproblème.Çatombebien,jesuisunmecsansemmerdes...sionnecomptepasmonpassé!

C’estgrâceàJuliequej’aipuavoirunechambredanscegrandappartement.Lorenzo,undesgarsvivantlà,arompuavecAnaïs,sacopinedeplusieurssemaines,etcommeçadevenaitinvivablepourtousaprèsleurséparationelleestpartie.SachantquejecherchaisunlogementsurMetz,monamiem’a parlé de cette aubaine. Je la connais depuis qu’on est gosses, elle vient deBehren etmoi j’ypassaistousmesweek-endsetvacances,chezmesgrands-parents.Leslocatairesseconnaissenttous,moi,j’essayejustederetenirleurprénom,jenesuispaslàpourmefairedespotes.Dumoins,c’estmonétatd’espritàl’heureactuelle.

IlyaégalementJoyce,lablonde,toutletempsaprèsLorenzoquin’apasdûretenirlaleçonavecsonex.C’estunetrèsmauvaiseidéedes’envoyerenl’airavecunefillevivantsouslemêmetoit.EtThomas,unmecplutôtdiscret.

Onéchangesurnotrepremièrejournéedecours,noussommestousenL2dedroitsaufThomasquiest enL2éco ; je reste relativement silencieux.Puis les filles fontdesplanspour leweek-end.

Elleshésitententreuncinéetunbowlingavantdefinirlasoiréedansunpub.Lesdeuxnénettesontàpeinedix-neufanset,déjà,ellesnepensentqu’àpicoler.Pathétique!Moij’aidonnéaussidececôté-là et j’ai arrêté, pourmon bien. Je n’ai qu’un but : devenir avocat, et pour ça, je doisme tenir àcarreau,parcequemoncasierdoit êtrevierge ;Dieumerci–oupapa, auchoix–, il l’est encore.Maispourcombiendetemps?

Siturefilesunmauvaiscoton,Tyler,jet’envoieàl’armée!Tuapprendrascequec’estd’êtreunhomme!Unvrai!

Lesmots demon père retentissent, tranchants, dansmon esprit. Ça fait tache pourmonsieur leprocureurdelaRépubliqued’avoirunfilsdélinquant.

Ty',t’espartantpourunciné?m’interrogeJulie.

Etpuisquoiencore?J’aiunetêteàsortir?

Jedoisbosser.

Paslevendredisoir,objecte-t-elle.

Ellemeconnait,elleconnaitmavieàBehren–jen’étaispascleanchezmesgrands-parents–etàStrasbourg,làd’oùjeviens,alorspourquoiveut-ellem’entrainersurunepenteglissante?Ici,jesuisuntoutautremec:quelqu’undesérieuxquiveutréussirsesétudes.J’auraitoutletempsdemerderquandMouradserasortidetauleetquejen’auraiplusaucunbutdanslavieparcequej’auraimisdecôtémesdésirspour satisfaire sesexigences.S’iln’yavaitpaseucet incidentmerdiquequia toutdéclenché,jemeseraissansdouteorientéversunecarrièremusicale.J’aimejouerdelaguitare,jecomposeégalement,j’auraispuenfairemonmétier.Jesuiscarrémentdoué.Maisàquoiysonger?Cerêve–enest-ceun?–estàjamaisperdu.JebalayemespenséespourmereconcentrersurJuliequiattendvisiblementuneréponse.

Jet’aiditnon,alorsn’insistepas!jerépondsunpeutropfermement.

Jen’auraispeut-êtrepasdûmonterdanslestours,maisjedétestelesgensquiinsistent.Jemelèvedetableetmetiredansmachambre.J’entendsThomas,surpris,demander:

Qu’est-cequ’illuiprend?

Situsavais,mongars...

Chapitre1

*Sophia*

DansletrainquinousmèneàMetz,Méganeetmoiparlonsducoursdedroitadministratifdelaveille.Monamiemel’aenvoyéparmail,maissefaitundevoirdemel’expliquerdelong,enlargeeten travers. Elle a tellement de capacité à retenir ce qu’elle entend que c’en est révoltant. Mêmelorsqu’ellen’assistepasaucours–cequiestsouventlecas–,ellen’aqu’àliremesnotespourtoutcomprendreettoutretenir.C’enestagaçant!Etjesuishyperjalouseparcequejenepossèdepascettefaculté.C’estcarrément lecontraire, jene retiens rienàmoinsde travaillerd’arrache-pied.Quandj’ai reçu sonmail, hier soir, j’ai lu aumoins cinq fois le cours, sans qu’il neme parle une seuleseconde.Navrant.

Méganeavalidésessemestreshaut lamain,moi, j’avais tout juste lamoyenne.Cetteannéeseraencoreplusdifficile,jesaisquejen’aipasd’autrechoixquedem’accrocher.

Aprèslesdixminutesdetraindenotrevillage–Peltre–àlagaredeMetz,j’ail’impressionquematêtevaexploser!Jeneveuxplusentendreunseulmotsurledroitadministratif!

Àpeine,Méganes’est-elleassisedanslemettis{3}qu’ellemeparledumecdelaveille.Jenel’avaispas oublié, j’ai seulement fait en sorte qu’elle y croie,mais ce n’est pas le cas,manifestement. Sapremièreconstatationdesibonmatin,c’estqu’ilneprendpaslemêmetrainquenous.Lamienneestqu’ilaemménagédanslecoinrécemment,cequiexpliqueraitqu’iln’aitpasfaitsapremièreannéeàl’îleduSaulcy.

Unefoissurlecampus,nousnousrendonsàl’amphithéâtreetprenonsplace,commelaveille,loinduprofetprochedelasortie.Cettesemaine,jesaisquejevaispouvoirprofiterdemonamietouslesjours.C’estcommeça,àchaquerentréeetretourdevacances,Méganehonoretout lemondedesaprésencedurantunesemaine.Après,c’estuneautrehistoire,c’estselonsonhumeur.Cependant,elleesttoutletempsprésenteauxtravauxdirigés,saufquemalheureusement,cetteannéeencore,nousnesommespasensemblependantcesheures.

Auprogrammecematin : droit pénalgénéral, uncoursquimepassionne.Une fois enplace, jesurvole l’amphi du regard afin d’essayer de repérer l’inconnu, je l’avoue. Mais dans cette foule

d’étudiantsdifficiledelevoir.

Soph’,t’esirrécupérable!melancemonamieenriant.

Jemecontentedehausserlesépaules.

Ilt’atapédansl’œil?Coupdefoudre?

Ellecontinueetmoijel’ignoreroyalement.Quandelleestcommeça,elleraconten’importequoietjenepeuxriendirepourl’arrêter,aucontraire,sijeparle,çadonnedel’eauàsonmoulinetellepenseavoirraison...ouellesaitavoirraison.

Je retiens ma respiration quand je vois le mec que je cherchais s’avancer pour prendre place,commelaveille,dansmonchampdevision.Saufquecettefois,iln’estpasseul.IlestaccompagnédeJulie,rayonnante,quejedétestedéjà.Ilss’assoientcôteàcôtealorsquej’entendsmonamieglousser.Jeneluiaccordepaslemoindreregard,lesyeuxfixéssur...j’aimeraisconnaîtresonprénom,jesuissûre qu’il est sexy. Il porte lamême veste en cuir que la veille, une casquette noireSox,mise detravers sur son crâne. Son sac à dos à ses pieds, il sort son ordinateur et ouvre une pageWordblanchepournotrepremiercoursdedroitpénal.Julieluiparle,ill’écouteetluirépondensouriant.

J’ycroispascommet’esaccro!s’exclameMégane.

Jel’avaispresqueoubliée,dansmabulledecontemplation.

Jedétournelesyeuxducoupled’amispourlesposersurmameilleureamiedepuislamaternelle.

Turacontesn’importequoi!

Elleéclatederire,maisheureusement,ellen’apasletempsderépliquer,unefemmeprendplacesurl’estrade,etlecoursdébute.

Jedoismefaireviolencepourmeconcentreretnepas,unenouvellefois,observerledosdeceluiqui demeure toujours un inconnu pour moi. Il le sera sans doute toute l’année, peut-être quej’arriveraiàconnaitresonprénom,maiscelan’irajamaisplusloin.JesoupirededésespoiretécoutemadameLemarchand...

Quandelleannoncequec’estterminé,jerangemonnotebooketsorsdel’amphiavecMégane.Ona quelquesminutes de pause avant les travaux dirigés, nous en profitons pour prendre un café audistributeurdanslehalldubâtiment.Nouslebuvonsàl’extérieur.

Salut,lesfilles!lanceLorenzoens’approchantdenous.

Onaàpeineeuletempsdesevoirhier;lepremierjourdelarentrée,c’esttoujourslafolie.

Lamêmeblondequelaveillelesuitcommesonombre.

Lorenzonous fait la bise et nousprésente Joyce, son amie. Il a rompuavecAnaïs aumilieudusemestre dernier, c’était une chic fille que j’appréciais beaucoup. Elle n’a pas validé sa premièreannée et a abandonné ses études de droit à cause de son chagrin d’amour. À cette époque, je me

demandaissijeseraiscapabledetoutplaqueràcaused’unmec.Jesuiscertainequenon.

MéganeetSophia,ditLorenzopourJoyce.

Ellenoussaluesansentrain.

QuiaTDavecmoi?serenseigne-t-il.

T’esenquellesalle?jeluidemande.

Joycefaitlamoue,j’endéduisqu’ellen’estpasaveclui.

104.Etvous?

110,répondMégane.

JevoisJoycehausserlesyeuxauciel,jesupposequ’elleestégalementen110.

104aussi,jerépondsàLorenzo,heureused’avoirquelqu’unquejeconnaisavecmoicetteannée.

Jejettemongobeletvidedanslapoubelleàproximitéetretrouvelepetitgroupequenousformonsquand je vois Julie et l’inconnumarcher dansnotre direction.Mon cœur s’emballe sansque je nepuisserienyfaire.

Onyva?illanceàLorenzo.

Humm…Quellevoix!

Ouais,attends,jeteprésentelesfilles.

Inutile.

Etlemecsetiresansmêmeunregardpournous.Quelmalélevé,malotru!Jepeuxlequalifierdeconnard?Parcequelà,vraiment,c’enestun!Direquejem’extasiaissursonphysiqueetquepasunesecondej’aipenséqu’ilpouvaitêtreignoble,unemauvaisepersonne.Jedéchantetrèsvite.

Désolé,nousditLorenzo,laminecontrite.Tuviens,Soph’?

Ilnemelaissepasletempsderépondreets’envadéjà,jelesuisaprèsavoiradresséunsourireàmonamie.

Onyva,Joyce!jel’entendsdireàlablonde.

JerigoletouteseuleenrattrapantLorenzodanslesescaliers.NouspénétronsdanslasalleoùlestablessontdisposéesenU,etnousinstallonscôteàcôte.Leconnard(Vousavezvulaprogression?Onestpasséd’inconnuà connard !)n’estmêmepas là.C’était bien lapeined’êtredésagréable enfaisantmined’êtrepressé!Jesorsmesaffairesetattendsl’arrivéeduprofesseurtandisquelasalleseremplitlentement.

Désolé,meditànouveauLorenzo.Ty’peutêtretrèsconparfois.

Ty’?C’estlediminutifdequoi?

Je ne réplique rien, le fameux Ty’ vient d’entrer dans la salle, seul. Je pensais le voir avec sasangsueattitrée!Iln’adressederegardàpersonne,pasmêmeàLorenzoàquiilapourtantdemandédel’accompagnerilyaquelquesminutesàpeine,ets’assoitpileenfacedemoi.Iln’auraitpaspufairepire,mêmes’ill’avaitvoulu!

Jemesenssoudainmalàl’aiselorsqueLorenzofaitunsigneauconnardquil’ignoreroyalement.Jesupposequ’ilcomptaitluidemanderdesejoindreànous.Jesuisraviquecenesoitpaslecas.

Lorsque le prof arrive, je suis soulagée. Je suis le cours avec assiduité, espérant que ces deuxheurespassent rapidement.MonsieurLambertne trouve riendemieuxquedenousannoncerqu’ilformeradesbinômesdèslasemaineprochainepourréaliseruntravailengroupe.J’aidéjàpeurqueledestinneme joueunsale tour. JepréfèreraisêtreavecLorenzo,mais je supporteraisn’importequi,dumomentqu’ilnes’agitpasduconnardenfacedemoi,bienévidemment.

Àlafindesdeuxheures,lasalledésemplitencoreplusvitequ’ellenes’étaitremplie,jesorsavecLorenzo, Ty’, comme il l’appelle, n’est déjà plus là. Je l’aperçois dans le couloir, devant la sallevoisine,oùJulielerejoint.Jecommenceàmedemanders’ilsnesontpasencouple.Jelesaivussefairelabisehier,maispeut-êtrequelasituationaévoluédepuis,àmoinsqu’ilsnesoientdiscretssurlecampus.

JeretrouveMéganedevantlebâtimentetnousmarchonsverslerestoU.

Raconte!ellemedemande.C’étaitcommentavecLambert?

Pasmal.

C’estvrai,lecoursétaitpassable,parcontrelesétudiants...unenparticulier.

JesuisavecJoyce,ellem’informeensoupirant.LafillealeQId’unmoineau.

Jesuissûrequetuexagères.Ellen’ajustepastonniveauettessupercapacités!

Non,ça,c’estsûr!Ettoi?

J’étaisavecLorenzo.Leprofvafairedesbinômesàlaprochaineséance.

Ahouais...Pasmal!

Aucontraire…

Justement,non.C’estluiquicomptelescréer,tuvoisletruc?

Non,merépond-elleentoutesincérité.

Elle ne comprend pas parce qu’il lui manque une information importante, mais elle ne va pas

tarderàl’obtenir.

IlestenTDavecmoi.

Jen’aipasbesoind’endireplus,elleasaisilefondduproblème.

C’estquoisonnomalors?

J’écarquillelesyeuxenréalisantquec’estlaseulechosequil’intéresse.Detoutefaçon,leprofn’afaitquel’appeldesnomsdefamilleaudébutducours;jeneconnaistoujourspassonprénom.

Lorenzol’appelleTy’,etleprofl’anomméTillerna.

Ty’Tillerna.

Je lève les yeux au ciel et l’écoute s’indigner sur le comportement de ce fameux Ty’. Je suistotalement d’accord avec elle, d’ailleurs, il nem’intéresse plus. Et puis, de toute façon, je n’avaisaucunechance.Ilestcanon–etencore,c’estuneuphémisme–,et traineavecunefillemagnifique.Moi,etbien, jesuismoi.SophiaAbérnati,delongscheveuxbrunsnaturellementondulés,desyeuxvertsabsolumentcommuns,unmaquillageléger,rienàvoiraveclatonnedepeinturequeJuliedoitsetartinertouslesmatinssurlevisage.Soyonssérieuxdeuxminutes,cettefillesefringueàlamode,sesjeansmoulentsonpostérieuràlaperfectionetsestopsdévoilentsondécolletéplongeant.Jen’aipasdedécolletéplongeant,jepréfèrenerienmontrerdemesseins,etmespantalonsn’ontpasl’effetpush-uppourfesses!Jesuisquelconque,jolie,peut-être,maispasassezpourqu’untypecommeluimeremarque.Iln’yaqu’àvoircequis’estpassécematin,ils’estapprochédemoisansmevoiretn’amêmepasvoulum’êtreprésenté.Jecroisquecetépisodem’ablesséebienplusquejenevoudraisjamaisl’avouer.

***

*Tyler*

Commec’estplusfacilepourmoidemangeràlacoloc,c’estcequejefaistouslesmidis.L’appartestprocheducampus,autantenprofiter.Saufquelemidipersonnenecuisine,contrairementausoir,chacunsedémerde,piochedansleréfrigérateuretsepréparesontruc.Pourmoi,ceserauncasse-crouteaujambon,jenesuispaschiant.MonrepasestprêtavantceluideJuliequiadécidéd’avalerunesalade.Lesautresnesontpasencorelà,ilsn’ontpasprislemêmebusquenous,onl’aeupileàlasecondeoùilallaitfermersesportes.

Julierouspètedenepasêtreentravauxdirigésavecmoi.Aufinal,qu’est-cequ’ons’enfout!Onyva pour bosser, pas pour se lier d’amitié. En parlant de ça, j’y ai peut-être été un peu fort avecLorenzocematinenrefusantqu’ilmeprésente lesfillesavecqui ildiscutait.Maisquel intérêt!Je

n’ai pas l’intention deme lier avec quelqu’un ici. Je suis là pour une chose bien précise, rien nipersonnenemeferadévierdemonobjectif.

Jemange sans prononcer lemoindremot, c’estmon amie qui fait la discussion, ne remarquantmêmepasquejel’écouteàpeine.Elleesttoujoursàseplaindredetoutetn’importequoi.Là,c’estd’être seule en TD, avec aucune connaissance, vous vous rendez compte à quel point c’estdramatique?Non,maisn’importequoi,jevousjure.Moi,jesuisavecLorenzo,quejeneconnaispasplusqueça,ilfautêtrehonnête,etjenemesuispasassisàcôtédelui.Ilétaitaveclananaquej’airemballéefinalement.Jen’aipasosém’incrusteraveceux,j’aitrouvéplusmarrantdememettreenface.C’estmoncôtéprovocateurquirefaitsurface,mêmesijesaisquecen’estpasbienetquejenedoispasfairedevague.SeteniràcarreauetobtenirmonCAPA,c’estça,lebut.Etj’aiencorequatreansetdemipourl’obtenir,pasuneannéedeplussinonjesuismort,etlittéralement,s’ilvousplait.Obtenirceputaindecertificatestvraimentunequestiondevieoudemortpourmoi.Quandceserafait,parceque,vousl’aurezcompris,jen’aipaslechoix,leschosess’enchainerontencore.Plusvite.Jeseraiàpeinedanslemétierquejedevraisplaidermapremièreaffaireetobtenirl’acquittementdemonclient.C’estledeal.Etlàencore,sij’échoue,jesuismort.Autrementdit,jejouemaviechaquejourqueDieufaitetl’échecn’estpasuneoption.

J’aimerdéparlepassé.Gravemerdé.Etj’enpaieleprixmaintenant.Jenesuispasleseul,Mouradaussi paye. Il est l’homme à sauver ou il deviendramonbourreau.Cependant, ne l’est-il pas déjà,d’unecertainefaçon?

Ilfautassumerlesconséquencesdesesactes,pasvrai?

Ehbien,j’assume!Àmamanière.

Quandlesautresarrivent,Julieetmoiavonsterminédemanger.Jem’isoledansmachambreunmomentetmereplongedanslescoursdumatin.

Je n’ai pas la paix longtemps, des coups sont frappés à ma porte et Lorenzo se montre dansl’embrasure.Jelèvelesyeuxsurlui,leregardinterrogatif.

Jetenaisàtedirequejen’aipasappréciétafaçondetraitermesamiescematin.

Ok.

Ilmefixe,totalementahuri.Àquois’attendait-il?Desexcuses?Cen’estabsolumentpaslegenredelamaison.

Ok?répète-t-il,indigné.C’esttoutcequetutrouvesàdire?

Jenesuispaslàpourmefairedespotes,seulementpourétudier,jeluirappelleavecpolitesse.

C’est l’argumentqu’avait avancé Julie auprèsdes autrespourqu’ils acceptentdemeprendre encolocation ; jenesuispasunmecàproblème.Jecroisquec’estcequiavaitpesédans labalance,parcequejen’étaispasleseulàvouloirlapiaule.

Maintenant,t’esgentil,tumelaissesbosser.

Lorenzorefermelaporte,jecroisquejel’aifroissé.Ils’enremettra!Jen’aipasétédésagréable.

Jeparsavantlesautrespouravoirletempsdefumeruneclopeenattendantlemettisetmeretrouveseul à l’université.Devant le bâtiment enfermant l’amphi, il y a des petitsmurets où sont installésplusieursétudiants,avecsandwich,clopeoubouquinenmain,auchoix.Jem’assoisaussi,espérantquepersonneneviendramecasserlespieds.J’avancedanslalecturedulivrequejemesuisachetésur ledroitpénal. Je suisunchouiaenavance sur leprogrammedeL2,mais jen’aipas lechoix.Touteconnaissanceserabonneàprendre.

***

*Sophia*

QuandMéganeetmoi revenonsdenotrebaladeenville,où j’aipuacheterquelquesmanuelsdecoursetcommanderlesautres,j’aperçoisTy’assissurl’undesmurets,unlivreenmain.Sijenemetrompepas,cen’estpasl’undeceuxquenousavonsdanslalisteàacquérir.

Jedésigneleconnardàmonamiequifulmineenlevoyant.

Jevaisluidiremafaçondepenser!

T’esmaladeouquoi?

Jesuissérieuse,Soph’,m’assure-t-elleens’immobilisantfaceàmoi.Jen’aipasl’habitudedemelaissermarchersurlespieds,tulesais,etcommecetimbécilesansmanièresnet’intéresseplus, jepeuxluirabattresoncaquet!

Jepourraislasupplier,maisceseraitinutile,jelesaistrèsbien.Toutcequ’ellevaréussiràfaire,c’est griller mes chances avec lui. Revenons en arrière un instant : quelles chances ? Je n’en aiaucune,etjeneveuxpasdelui.Donc,iln’yaaucunproblème.Pasvrai?

Méganefiledéjàdanssadirectionavecsonairdepit-bullenragéquiva tebouffer levisage.Etmerde!

Még’!

Jelarattrape,nevoulantpasqu’ellenousfasseremarquer...oumefasseremarquerauprèsdeTy’,surtout.

S’ilteplait,laisse-le.

Mameilleureamiefroncelessourcils,m’examinantaupassage.Qu’est-cequ’elleespèrevoir?Unmessagesurmonfront?

J’ycroispas!Nemedispasquecetimbécilet’intéressetoujours?

Non!

J’airéfutéunpeutrophâtivement.Ellen’estpasdupeetnecroitpascequejeviensdedire.

Peut-êtreunpeu...jefinisparavouer.

D’accord.

Je souffle de soulagement, ravie qu’elle ait abandonné l’idée de harceler le jeune homme.Cependant,monapaisementestdecourteduréequandjelavoisfilerdanssadirectionetseplanterdevantlui.

Jerêve!

Ty’lèvelesyeuxverselle,sansdécrocherlemoindremot,semblantattendredevoircequ’elleluiveut. Et moi, je reste en retrait, comme une gourde, incapable de faire le moindre pas dans leurdirection.

Salut,dit-elleenluidécrochantsonplusbeausourire.Onn’apaseuletempsd’êtreprésentéscematin,tuétaispresséd’allerenTD.

Jesenslesarcasmedégoulinerdelavoixdemonamie.

JesuisMégane.Etelle...

Elle se tourneversmoi, àquelquesmètresd’eux,quivoudrais justedisparaitre.Mais rienne seproduit,jemefaisl’effetd’êtreunpiquet.Pathétique!

Soph’,amène-toi!exigeMégane.

J’obéis,unsouriretimidesurleslèvres.

Elle,c’estSophia,continue-t-elledenousprésenter.

Ok,lâche-t-ilquandelleafini.

Il aurait pu répondre qu’il était enchanté et se présenter à son tour, c’est ce que font toutespersonnescivilisées,maisnon,cetimbécilesecontented’un«ok»dugenre«jem’enfous».

Là,normalement,tunousdonnestonprénom,insisteMéganequinesedémontepasfaceàsonattitudeimpolie.

Quelintérêt?l’interrogeTy’.Onneserajamaisamis.

Jeravale laboulequiseformedansmagorgedouloureuse.Meschancessontpasséesdezéroàmoinscentenunéclair.D’ailleurs,soyonsréalistes,jen’enaijamaiseulamoindre.

Celle-là,onnemel’avaitjamaisfaite!lanceMégane,paslemoinsdumondeimpressionnéeparl’énergumène.Bonnejournéequandmême,Ty’.

Etelles’éloigne,melaissantplantéedevantlemalotrucommeunegourde.

Lemecesquisseunsourire.Monamieestparvenueà ledérider.Finalement,meschancessontàmoins troiscents,ensupposantque j’enai,Méganeade l’avancesurmoi, j’ensuiscertaine. Ilestpeut-êtretempsdemetireroudedireuntrucintelligent.

Cen’estpasauprogramme,jeluifaisremarquerendésignantlelivrequ’iltientdanssamain.

J’auraisputrouvermieux,oujustepartir.Parfois–souvent–,jeracontevraimentn’importequoi!

Jesuistoutdemêmelibredeleliresiçamechante.

Euh...

Maintenant,jebafouille.Jenesaisplusoùmemettre.Pourquoiai-jevoulufairelacausetteavecluialorsquevisiblementiln’enaaucuneenvie?

...c’estjusteque...

Oui,quequoi?Quejeracontedesâneriesparcequetum’intimides?Quetavoixmefaitl’effetd’une caresse ?Que tes yeuxmedonnent envie dem’yperdre ?Que tout ton être est un appel audésir?...Quejedoissurtoutallermefairesoigner!

Soph’!m’appelleMégane.

Laportedesortie,machancedem’éloigneravecun«jedoisyaller».Maisjenesautepassurl’occasion,aussibizarrequecelapuisseparaitre.Non,jeresteplantéedevantl’étudiantàcherchercequejevaisbienpouvoirdirepourcaptersonintérêt.Ehoui,j’ensuislà!

Jesursauteensentantunbrasseposersurmonépaule.

Jevoisquevous avez fait connaissance, se réjouitLorenzo.Ty’n’est pasunmauvaisbougre,ajoute-t-ilpourmoi.

Julie,Joyceetunmecquejeneconnaispassontaveclui.Julies’assoitàcôtédeTy’,faisantminedes’intéresseraubouquinqu’ilaenmain.JoycesecollecontreLorenzoquin’atoujourspasretirésonbrasdemonépaule.

Thomas,unpoteenL2éco,meprésente-t-il.Sophia,unecopine.

Salut,jedisenregardantlegarçon.

Mégane arrive à ce moment-là, sans doute après avoir conclu que je ne bougerai pas de sitôt.Lorenzolaprésenteinstantanémentàsonami.

Bougetonbrasdelà,Lorenzo,jevienscherchermapote!rouspète-t-elle.

Ilobéit,jepeuxretrouverMéganequimetireàcôtéd’elle.

Auplaisirdeneplustecroiser,lance-t-elleàTy’quinel’écoutemêmepas,j’ensuissûre.

Jesuismameilleureamie,loindugroupe.J’entendsleséclatsderiredesfillesetmedemandesic’estdenousqu’ellesrigolent.

Cetypeestvraimentunconnard,lanceMégane.

Maiscarrémentcraquant!D’ailleurs,jecroisquetuasattirésonattention.

N’importequoi!

Méganem’expliqueque,pourmonbien,ilvautmieuxquejemettedecôtémonbéguinpourTy’.Jenerépondsrienetladiscussions’arrêtelà.

Lerestedelasemaine,jefaiscequejepeuxpournepasmeretrouverdanslechampdevisionduconnard, je fuis même Lorenzo qui le connait et traine avec, cela évitera une malencontreuserencontre.Ilm’arrivetoutdemêmedelevoirdeloin,toujoursaccompagnédeJulie.C’estvraimentdommagequ’ilsoitdésagréableparcequephysiquementilmeplaitbeaucoup;iln’yarienàjeter.Maisjesaisquejen’aiaucunechance,toutestmort...Ilnemejugemêmepasdigned’êtresonamie.J’aiencoresesmotsautraversdelagorge, ilm’ablessée,c’estévident.Etlecomble,c’estquecen’estpaslapremièrefois.

J’attendsquecettejournéesetermineetleweek-endquiarriveavecgrandeimpatience.Jecomptebienoubliercesaletype.Lundi,jenesauraimêmeplusàquoiilressembleetseraiincapabledelereconnaitresijelecroisais!Évidemmentquejedivague,commentcelapourrait-ilêtrepossible?

Jesorsàlahâtedel’amphithéâtredèsquelecoursestterminé,maisjemeretrouvequandmêmeprisedansunehorded’étudiantsquiveulents’enaller.Méganem’appelle,maisjenemeretournepas,jel’attendraidehors.Quandjesuisàl’extérieurdubâtiment,jemesenslibérée,horsdedanger!Jen’aiplusqu’àattendremameilleureamie,nousprendronslemettis,letrainetnousseronscheznous.Riendebiencompliqué,ensomme.Pourtant...

Un connard (non, pas lemien) pousse un autre type avec qui il s’engueule et cet autre typemerentrededans,mefaisantbousculeruneautrepersonne.Siceluiquim’estrentrédedanss’excuseens’assurantquejevaisbien,celuiquej’aipercutémehurledessus.

Putain!Tupeuxpasregarderoùtumetslespieds!

Ty’mefusilleduregard;c’estvraimentpasdechance!Moncœurs’emballequandmesyeuxseplantentdanslessiens.

C’estmafaute,intervientl’autreétudiantpourmedéfendre.Désolé.

Puisilfile,melaissantentêteàtêteavecTy’etsaclopecassée.Jesupposequ’ilétaitentraindel’allumerquandl’incidents’estproduit.

Désolée,bredouillé-jeàmontour.

Moi qui espérais ne plus le croiser, c’est raté ! J’ai encore envie de disparaitre, mais cela mesembleimpossible.Bonsang,oùestMégane?

C’estl’autrequi...

Jechercheletypeduregardmaisiln’estdéjàpluslà.

...m’apoussée.

Ty’jettesacigaretteabiméedanslapoubelleetenprenduneautredanssonpaquet.Illaporteàseslèvresetl’allumeavantdetirerdessus,medonnantl’impressiondesefichercomplètementdemesexcuses.

Peut-êtrequesituarrêtaisdemecoller,çaneseraitpasarrivé!m’assène-t-il,tranchant.

Mais qu’est-ce qu’il croit, lui ?Que je le suis comme sonombre ? Je nevais sûrement pasmelaisserinsulter!Ilestpeut-êtretempsdeluimontrercequej’aidansleventrequandonm’énerve.Toutendiplomatie,biensûr.

Jecroisquetum’asconfondueavecJulie.

Jelefixe,l’airhautain,fièredemarépartie.

Jenesaispasàquoijem’attendais,maispasàça.Ils’esclaffe.Cetabrutidepremièresefoutdemoi.

Jalouse?

Jedoisvireraucramoisidanslasecondeetjeperdsl’usagedelaparolepresqueaussitôt.

Juliearriveàcetinstant–ellenepouvaitpasmieuxtomber!–,passantsonbras,toutsourire,sousceluideTy’.Manifestement,elleessayedemefairepasserunmessage.

Onyva?minaude-t-elle.

Justedeuxpetitessecondes,mademoisellenem’apasrépondu.

Il ne baisse pas le regard,me fixant en attendant réellement une réponse.Que suis-je censée luidire?Quejesuiseffectivementjalouse?Ouqu’ilarrêtedeprendresesrêvespourlaréalité?

Àquoi?questionneJulie.

Dequoi semêle-t-elle? Il fautque je trouvequelquechoseàdireavantqueTy’ne lui réponde.N’importequoi.Avantmêmequ’iln’aitouvertlabouche,jeprendslaparole.

Oui,jesuisd’accordpourdéjeuneravectoilundi.

Fièredemoi,jelefixe,raviedeconstaterquejeluiaiclouélebec.Ilnes’yattendaitpas!

Ty’esquisseunsourire.Jen’ycroispas,j’airéussiàledérider!

Mididevantl’amphi.Nemefaispasattendre.

Quoi?J’aibienentendu?Là,c’estmoiquinem’yattendaispas.

Et,sansajouterunmotdeplus,ils’envaavecJulie.

Je le regarde s’éloigner sans comprendre ce qu’il vient de se passer quand Mégane me sautedessus.

Jetecherchepartout!

Illuifautmoinsd’unesecondepourréaliserquejenel’écoutepas,maisfixeTy’quis’enva.

Laissetomberceconnard!

Jen’aipascompriscequivientdesepasser,Még,maisj’aiunrencardavecluilundiàmidi.

Elleouvrelabouche,maisaucunsonn’ensort.Jeluirelatecequiavaitpourtantmalcommencéetauraitputrèsmalsefinir.Jenesaispasquoienpenser,etmameilleureamienonplus.

La vraie question est quandmêmede savoir si j’ai envie de déjeuner avecTy’.Àmoins que jedoived’abordm’interrogersursaprésencelorsdenotredrôlederendez-vous.

Chapitre2

*Tyler*

Julien’apasditunmotdepuisqu’onaquittélecampus,jecroisqu’elleestfâchée,entoutcasc’estl’impression qu’elleme donne. Je n’ai pas essayé de savoir ce qui l’ennuie, je crois que ça a unrapport avec la nana quim’a filé un rencard.D’ailleurs, puis-je vraiment dire qu’on a un rendez-vous?Ellenefaisaitquefanfaronnerdevantmonamie,nevoulantsurtoutpasrépondreàmavraiequestion.Jenesaispasencoresij’iraidéjeuneravecelle,mêmesielledoitpenserquec’estdanslapoche.Jenecherchepasdecopineniàmefairedesamis.

Lorsdudineraveclesétudiantsdelacoloc,lesfillesnefontqueparlerdufilmqu’ilsironttousvoir ce soir au cinéma. J’ai décliné l’invitation en début de semaine, d’une façon non élégante, jel’admets,etpersonnen’aosémeproposerànouveaudesortir.Jen’enaidetoutefaçonrienàfoutreduciné,jedoisbosser.

Jedébarrassematableetm’apprêteàquitterlapiècelorsqueJuliem’interpelle.

Viensavecnouscesoir.

Non,jerépondsseulement.

Jen’aimêmepasletempsdemetirerqu’elleestdéjàentraindem’accablerdereproches.

Parcontre,tuirasavecellelundi!

Jesavaisparfaitementqu’ellem’envoulaitàcesujet.Maisjen’airienproposéàlafille,jenesaismêmepluscommentnousensommesarrivéslà.

Çaneteconcernepas!

Ahnon?Jedoisjustefermermagueuleetteregarderlasauter?

Ellepètelesplombsetdépasselesbornes.Jesavaisbienqu’elleneresteraitjamaisàsaplacede«amieavecavantagesennature».

J’aipasl’intentiondemelataper!Putain!Ett’arrêtesdemefairechier!

Jemetiredel’appartement,j’aibesoind’air.Avantdeclaquerlaported’entrée,j’entendsThomasdemanderàJuliedequielleparle.Monamieestcommemoi,ellen’apasretenuleprénomdelananaenquestion.

Jem’allumeunecigarettedèsquej’aidescendulesdeuxétagesetsuissurletrottoir.Jem’adosseaumurpouressayerdemedétendre.Julien’a jamaisété jalousedesautresfillespour lasimpleetbonne raisonqu’ellene lesa jamaisvues. J’aicommencéà la fréquenterdurant lesvacancesd’étéchezmesgrands-parents,j’avaisseizeans.Elleestaussilapremièreavecquij’aicouché.Biensûr,ellen’avaitpasl’exclusivité–ellenel’ajamaiseu–,jemetapaispasmaldenanasquandjevivaisencorechezmonpèreàStrasbourg,maisellenel’ajamaissu.Nousavonsrompusouvent,ons’estremisensembleaussisouvent,pourfinalementtoutarrêterilyaunan.Nousavionsdécidéquenousresterions amis.Saufque les chosesne sepassent jamais commeon levoudrait.Nous en sommesvenusàuneamitiéavecdesavantagesennaturequelquessemainesavantquej’emménageàlacoloc.D’un côté, c’était plus simple pour moi. Je n’ai pas l’intention de me faire remarquer avec unenouvellegonzesseàmonbraschaque jourousemaine,et il fautbienque jemedétende.Saufque,visiblement,Julien’éprouvepasquedel’amitiéàmonégard,jesuisentraindem’enrendrecompte.

Jemarcheunpeupourdécompresserquand j’ai finimacigarette.Mon téléphonene tardepasàm’annoncerl’arrivéed’unSMS.C’estJulie.

Jesuisdésolée.

Jedoutequecesmotssuffisent,étantdonnéquejelasoupçonned’êtrejalouse,doncamoureusedemoi.Àmoinsquejenemeplantecomplètement.

Quelquesminutesplustard,ellem’envoieunautremessage.

Reviens.Oùtues?

Monbutn’estpasqu’elles’inquiète,justedemecalmer.Unverred’alcoolm’yaiderait,maisjemesuisjurédeneplusreplonger.Alcooliqueàdix-septans,droguéàdix-huit,overdosedanslafoulée...unjolipalmarèsquejemedoisdenejamaisreproduire.Paspourmoi,jemefousroyalementdemasanté...commedemamèrequis’esttiréeetvitdanslesudavecsonnouveaumari!Plutôtpourmapetitesœur.Stella.Uneadorableprincessequejevoispendantlesvacancesd’été,quandmonpaternelm’obligeàallerpasserquelquessemaineschezmagénitrice.Ilyauncontratsurlatêtedel’enfantetc’est moi, l’arme qui le tuera si je fais un faux pas. Mourad a pensé à tout. Je n’ai aucuneéchappatoire,pasmêmelapossibilitédemourirpourtoutarrêtersansentrainerlesgensquej’aimedanslatombe.

Jefixelebarenfacedemoi,ilseraitsifaciledetraverserlarueetdecommanderunWhisky,oun’importequoiquimebrûleraitlagorge.Pourtant,jefaisdemi-touretrentreàl’appartement,ilfautquejem’expliqueavecJulie.

Quandj’arrive,ilssonttoussurledépart.

Ilfaudraqu’onparle,jedisseulementàmonamie.

Tunevienspas,jesuppose...

Elleestpluscalme,maisjeperçoislarancœurdanssavoixquandelles’adresseàmoi.

Jedoisbosser.

Ellen’ajouterienetsuitlesautresquimesouhaitentunebonnesoirée.

Jem’installedevantlatélévisionettombesurunreportagedanslemilieucarcéral.Jemedisqu’ilvabientôtfalloirquej’aillevoirMourad.Ilveutdemesnouvelles tous lesquatremois.Autrementdit,jesuisobligédevoirsatronchedemaitre-chanteurtroisfoisparan–c’estpeu,vousmedirez,mais déjà trop pour moi. Je suis peut-être aussi coupable dans l’histoire, mais je n’ai pas eu lastupiditédem’êtrelaisséprendre.Monpote–quin’enestplusvraimentundepuisunmoment–m’apromislesilencesurmonrôledansl’affaire,contresalibertéetlestroisquartsdupognondérobé.Argentauqueljen’aijamaistouché.Etnetoucheraijamais.

Mêmesivousnecomprenezencorepasgrand-chose,vousavezdéjàdûendéduirequej’aiuneviedemerde.Parcequejen’aijamaisvouluêtreavocat.Monpèreapassétoutemonenfanceàbosser,jenel’aipasvusouvent,c’estd’ailleurssonabsencequiluiacoûtémamère.Macharmantemamanquin’apasjugébondem’emmeneralorsquejen’avaisquedixans.Soi-disantquejeseraismieuxavecmonpère...Dugrandn’importequoi!J’aivuplussouventmesgrands-parentspaternelsqueluienl’espacedetoutemavie.Peut-êtremêmebienquemamère,quejevoispeu,passeencoreavantluisurlaliste.Jen’aipasdegrands-parentsmaternels,ilssontdécédésdansunaccidentdevoiturealorsquejeportaisencoredescouches.

J’avais des rêves étant gosse, à cinq ans, je voulais être Spiderman, à neuf ans j’avais envie dedevenircélèbre,àdixans,jemesuismisàfairedelamusique,jejouaisdelaguitare.J’étaisplutôtdoué.Mesparentsontdivorcé,détruisantmesrêvesdegosseavecleurmariage.J’aicherchémavoielesannéessuivantespourlatrouverdansl’alcool,lesfêtes,ladrogue,lesfilles.C’estàpeuprèsàcemomentquej’aiallongéJuliesurlelitdesesparentspourlafairemienne.Nepensezpasque,parcequej’avaisseizeans,j’étaisplutôtunadosérieux.C’étaitmêmetoutlecontraire.Saufquejen’avaispasenviedebaiserunefilledontjemefoutraispourmapremièrefois.Jenesuispasfleurbleuenonplus,maisàl’époque,jepensaisencorequejepouvaisfaireleschosesbien–dumoinscertaines.

J’éteinslatélé,nevoulantpasregardercommentsedéroulelavieenprison,jelesauraiasseztôtsiMouradnetientpassalangue.

***

*Sophia*

Commetous lesvendredisetsamedissoir,onseretrouve tousaucafé.Notrepetitebandeestaucompletautourd’unetable,chacunsabièreàlamain.MéganesevautresanspudeurdanslesbrasdeLucqu’ellenevoitquasimentpasde lasemaine,PattyestcolléeàJordanavecquiellesortdepuisdeuxmois,etLaurentetmoisommescélibataires.Méganem’adéjàditdesortiravecluipourqu’onsoittousencouple,ellepensemêmequ’ilestintéressé,maisjen’enaiaucuneenvie.Encoremoinsdepuis que j’ai rencontréTy’... ok, rencontré est un bien grandmot.Mais cemecme fait un effetincroyable,moncœur s’emballedèsquemon regard sepose sur lui, etquand il sourit,monDieuqu’il est canon. Je ne ressens rien de ce genre pourLaurent !On est amis depuis lamaternelle etjamaisiln’yauraplus.Onrigoleensemble,onsetaquine,onestunpeucommefrèreetsœur.

Après une bière, on se lève pour jouer au billard, je ne suis pas douée à ce jeu, je ne saismalheureusementpasviser.Unefoisencore,monmanqueflagrantdetalentmerattrapeetjeperdslapartie.Lucs’amusetoujoursàmedirequecen’estpasgrave,cequicompte,c’estdenepastrouerletapis!

Patty,Méganeetmoinousretrouvonsdanslestoilettesplustarddanslasoirée.Mameilleureamiemefaitremarquerqu’ellemetrouvelointaine.Jeplisselesyeux,surprise.

Qu’est-cequetuas?s’enquiert-elle.

Rien,jet’assurequetoutvabien.

Jem’amuse,commeàchaquefoisqu’onsorttousensemble,jeneboispasàoutranceetrisavecmesamis.Jenecomprendspascequ’ellemereproche.

Méganemescrutedesesyeuxdefouinepuissonvisages’illumine.Elleatrouvéquelquechose,j’ensuiscertaine.

Tupensesàlui,affirme-t-elle.

Jen’aimêmepasletempsdecertifierlecontrairequePattyenremetunecouche.

Àqui?

Personne!j’affirme.

Ils’appelleTy’,raconteMégane,commesijen’étaispaslà.IlestenL2dedroitavecnous.Pasmal,j’avoue,maisunmanqueflagrantd’éducation.C’estletypeleplusmalpoliquej’aicroisé.

Ilfauttoujoursqu’elleenfassedestonnes!

Tuexagères!Iln’apasétédésagréable,enfait,ilnousaremballéesavecpolitesse.

Méganeagiteundoigt accusateurdevantmonnezavantde se faireundevoirde tout raconter àPatty,faisantsonpossiblepourlarallierdesoncôté,bienentendu.

Etmoi,commeuneidiote,jemeretrouveàdéfendreTy’,assurantàmesamiesqu’iln’estpassirustrequ’ilveutlelaisserparaitre.Là,jenecomprendspascequisepasse,maisMéganeéclatederire.

Jemetais,attendantdevoircequ’ellevamedire.

Tuenpincespourlui,arrêtedelenier.

Ok,jel’avoue,maisjen’aiaucunechance.

Tudéjeunesbienaveclui,lundi?

Jelèvelesyeuxauciel.

Parcequetucroisfranchementqu’ilvam’attendredevantl’amphi?Réveille-toi,mavieille,iladitçapourmefaireenrager!

C’estquoi,cettehistoirededéjeuner?questionnePatty.

Méganeluirépètecequejeluiairaconté.Lesfillesgloussentcommedespintades,jecroisrêver!

S’ilestsibeauqueça,pourquoitunefoncespas?medemandePatty.

Jen’aiaucunechanceaveclui,tuverraislagonzessemagnifiquequiluicolleletrain.

Sacopine?

Non.

Dumoins,pasque jesache. Ilsnesesont jamaisembrassésoupris lamainsur lecampus.Sanscompter qu’il n’aurait pas été aussi loin dans son petit jeu avecmoi vendredi si elle avait été sacopine.JepensedoncpouvoirenconclurequeTy’estcélibataire.

Alorspourquoituneluifaispassavoirqu’ilteplait?

Pattymedemandeçacommesic’étaituneévidence,maiscen’estpassisimplepourmoi.Jen’aipassagrandegueule.ElleetMéganen’ontpeurderien,moi,c’esttoutlecontraire.

Aulieudetemorfondreiciavecnous,tupourraisêtreaveclui,elleinsiste.

Unsamedisoiraveclui?Quelledouceperspective!Maisqu’est-cequejeraconte?JemelaisseinfluencerparmescopinesetlundijevaismeretrouvercommeunecruchedevantTy’,oucarrémentseule sur la pelouse à attendre un mec qui ne viendra jamais.Mégane m’a déjà dit qu’elle ne serendraitpasencoursavantmardi.Unabandonamical ! J’aibienessayéde laconvaincredevenir,mais c’est mort, le lundi, Luc ne travaille pas, et elle ne va quasiment jamais en cours non plus.Aucunesolidaritécettefille!

Voyantquejenerépondsrien,Pattyenremetunecouche.

Voilàcequ’onvafaire...

J’aidéjàpeur!

Sivendrediprochaintun’aspasavancéavectonApollon,jetecaseaveclepremiermecvenu.

Mesyeuxs’écarquillentsouslamenace.

Jeneveuxpassortiravecn’importequi!j’objecte.

Alorsjeveuxentendrequetuasembrassé...c’estcommentsonp’titnomdéjà?lancePatty.

Ty’,répondMégane.Onn’apaspuluisoutirersonprénom.

Marchéconclu?medemandePatty.

Jeregardeautourdemoi,pasmoyendem’échapper,Méganese tientprèsde laporteet iln’yaaucune fenêtre.Pourquoin’y a-t-il pasde fenêtre ? J’aurais pum’y faufiler et courir jusqu’à chezmoi.Ok,mauvaiseidée.MaisembrasserTy’estencorepire!Detoutefaçon,jen’yarriveraijamais.Il faudrait que je l’attache solidement avec une corde pour qu’il ne puisse pasme repousser, et làencore,jenesuispascertained’yparvenir.Jedivague.Cemecnemelaisserajamaisl’approcher.

C’estperdud’avance,jelâche,défaitiste.

Commentça?s’offusquePatty.Tuneveuxmêmepasessayer?

Biensûrqu’ellevaessayer,répondMéganeàmaplace.Lundi,jetelaisselechamplibreaveclui,profites-en.

Jenecomprendspascequ’elleveutdire.

Sijenevoispasd’améliorationentretonbeaugosseettoidurantlasemaine,jepayeunenanapourluiroulerunepellesoustesyeuxlevendredi.

Dites-moiquej’aimalentendu!

Maisc’estpuéril!jem’offusque.

Ouais, je sais !Mais ce sera ta motivation pour obtenir ce que tu veux. Et je parie que tu yarriveras!

Méganesortdestoilettes,fièredesoneffetetdesonstupidejeu.

Pattyhausselesépaulesenmelançantunregarddésolé.

Jet’auraistrouvéunmecd’icicinqminutessitum’avaislaisséefaire.

Jenesaispassicetteperspectivemeréjouit.Cequ’ellessontagaçantes,cesdeux-là,àabsolumentvouloirmetrouveruncopain.Peut-êtrequesijeleurdisaisquejen’enveuxpas...Ceseraitmallesconnaitrequedecroirequ’ellesmelaisseraientenpaix.Soitjemedénicheunpetitamipourdevraipourqu’ellesoublientleurenviedemecaser,soitjemeplieaustupidechantagedeMégane.

***

J’aipassémondimancheàtravaillermescours,detoutefaçonilpleutdehorsetjen’avaisaucuneenviedesortirdechezmoi.Commentça,vousn’ycroyezpas?Jen’ai faitquesongeraustupidechantagedeMégane et n’ai pasvoulu sortir parceque je n’avais aucune enviede la croiser.C’estmieuxcommeça?Jenesuispascertainequecesoitlavérité,celadit.Jesaisbienqu’ellemepousseà me dépasser, à prendre les choses en main pour que je ne me morfonde pas pour un mecinaccessible,maissi jen’arrivepasà faireunpasvers lui,c’estuneautrequi le fera,et sousmesyeux,enplus.Non, jenesuispasamoureusedeTy’,passi rapidement,disonsque je l’aimebien...beaucoupmême.Ilatoutchambouléenmoienl’espaced’unefractiondeseconde,lapremièrefoisquejel’aivus’installerdansl’amphi,àquelquesmètresdemoi.

Jechassetoutesmespenséespouressayerdetravailler,parcequejesuisdevantmonnotebooketque je n’ai toujours pas lu une seule ligne de mon cours. Comment est-il possible qu’un mecparvienneàobséderunefilleàcepoint?D’autantquejenesaisriendelui.

Peut-êtredemain,mesouffleunepetitevoix.

Sauf que demain, ma main à couper qu’il ne m’attendra pas. Ne voulant pas être celle qui seretrouve seule au milieu d’une horde d’étudiants, je tenterai de le repérer dans l’amphi, puisj’attendraiqu’ilsorteavantd’enfairedemême.Oualors,jenevaispasencourslematin.C’estbienaussiça.S’ilmedemandequelquechose,jeprétexteraiavoirétémalade.SaufqueMéganenevapasàl’universitédemainetquejenemevoispasallerdemandersesnotesàTy’...àLorenzopeut-être...

Suis-jevraimentcapabledenepasmepointersurlecampusrienquepouréviterundéjeuneravecTy’?C’estplutôtl’humiliationdesonabsencequejechercheàéviter.ÇaetlesriresdecettepestedeJulie.

Chloéentredansmachambrepourmedemanderde l’aideavecsesmaths,cequimet finàmesabsurdespensées.Demain,j’iraiencoursetadviendracequidoit.

Jefaissigneàmapetitesœurd’approcheretlalaisses’installersurmonlitpendantquejeprendssonlivrepourlirel’énoncédel’exercice.Onestbienloindelacomplexitédudroitadministratifquejefuisdepuiscematin.

***

*Tyler*

J’ail’impressionqueJuliemefuit,oudumoins,ladiscussionquejeveuxavoiravecelle.Quandelleestrentréevendredisoir,j’étaisdéjàcouché.Samedi,elles’estlevéetellementtardquejenel’aipas vue, j’étais déjà parti au club de gym, puis elle est sortie une nouvelle fois avec les autres et,maintenant, elle est encore dans sa chambre. Je voulais mettre les choses à plat avec elle avantdemain, mais j’ai bien l’impression que ce sera compromis, à moins que je ne m’invite dans sachambreetlasortedesonlitpourl’obligeràm’écouter.C’estuneidéeàcreuser!

Jeluilaisseencoreuneheurepourvenirmeretrouver,maisellenelefaitpas,alorsjemetsmonordietmeslivresdecôtépourallerfrapperàsaporte.

Jen’entendspasunbruit,toutefoislebattants’ouvrepourdévoilermonamiequisemblefatiguée.

Tudormais?jel’interroge,désolédelaréveiller.

Qu’est-cequetuveux?medemande-t-ellesansrépondreàmaquestion.

Teparler.

Je vois bien qu’elle n’en a pas envie, mais elle m’invite tout de même à entrer. La pièce estfaiblementéclairéeparlalumièredujour,levoletétantferméauxtroisquarts.

Qu’est-cequis’estpassévendredisoir?

Ellecomprenddesuitecequejeveuxdireetlesujetdenotrediscussion.

Jesuisdésolée.Jemesuisénervéepourrien.J’étaiscrevéeaprèslasemainedecours,ettoiturefusaisdesortiravecnousalorsquetuasinvitéuneinconnueàdéjeunerlundi.

Jen’aiinvitépersonne,çanes’estpaspassécommeça,jeluiavoue,maislàn’estpaslaquestion.Tusaisquej’aimaltournéetquejedoismetenirtranquillemaintenant.

Même si Julie ignore tout de l’histoire quime bouffe l’existence, elle sait que j’ai failli creverd’uneoverdoseetquejemesuisretrouvébourrébientropdefoispourlescompter.Jeluiaiditquejenevoulaisplusdeça,mêmesicen’estqu’unepartiedelaconfidence.L’alcooletladroguem’ontfait commettre une erreur irréparable. Je ne veux plusme laisser tenter par la douceur du liquidebrûlantdansmagorgeoul’effetd’uncachetoncoloré.

Cen’estpasparcequetuviensboireunverreavecnousquetuesobligédetesouler.Tupeuxtrèsbienprendreunsoda.

Ellemarque un point,mais un bar n’est rien d’autre qu’un lieu de tentation, et j’évite ce genred’endroit.Monquotidienmaintenant,c’estlecampus,lasalledegymetpeut-êtrelabiblio.

Etauciné,iln’yapasd’alcool,ajoute-t-elle.

Jesais.

Jesuistonamie,Ty’,commenttupeuxcroirequej’aimeraistevoirreplonger?Tuesbienmieuxsobre.

J’esquisseunsourireaucomplimentquimetouche.Jel’attireversmoipourlaprendredansmesbras,neparvenantpasàresterfâchécontreelle.

Oniraaucinéundecesjours,jedécideenlalâchant.

Elleacquiesceenmeparlantd’unfilmquisortbientôt.

Quandjepensequ’onenafiniavecnosproblèmes,ellesemetàmeparlerdemondéjeunerdedemain.Elleveutsavoircomment j’ensuisarrivéà inviter lanana.Jehausse lesépaulessans riendire,jenesuispasdugenreàracontermavieouàmeconfier.

Çan’aaucuneimportance.

Jemarcheendirectiondelaportepoursortirdelachambre.

Tucomptesyaller?

C’estlaquestionquejemeposedepuisvendredisoir,àvraidire.Etjen’yaipasencoretrouvélaréponse. Je pourrais jouer le jeu, attendre la fille et déjeuner avec elle. Ou je pourrais ne pasl’attendre.J’aiégalementlapossibilitédefeindredel’attendreetdem’esclafferquandellearrivera,genregrosconnard«quoi,tuascruquej’étaissérieux?».

Jeverrai,jerépondsavantdesortirdelapièce.

Maintenant,leschosessontclairesavecJulie,dumoinsc’estcequejepense.Elleétaitfatiguéeetmonrefusdevoirunfilmaveceuxl’arenduedingueparcequ’ellepensaitquej’avaisacceptéuneinvitationàdéjeunerd’unefille.Çanesereproduiraplus.C’estentoutcascedontj’étaisconvaincuàcemoment-là.

Chapitre3

*Sophia*

C’est donc seule que je dois affronter la journée de lundi, et pas que la journée, le déjeunerégalement.Jen’ai toujourspasdécidési j’attendraiTy’devant l’amphiounon, jenesuisvraimentpascertainequ’ilviendra,detoutefaçon.Cependant,sijeneveuxpasqueMéganemettesamenaceàexécution,elledoitvoirunrapprochemententrenous,etquelmeilleurmoyenquedediscuteravecluietd’apprendreàleconnaitre.

Jesoupire,perdue,quandjesorsdubuspourrejoindrel’amphithéâtre,lecœurlourd.Jeregardetoutautourdemoi,espérantnepasvoirceluiquioccupemespensées,ouaucontrairelevoir...jenesaisplus.

JesourisquandLorenzomarchedansmadirection,encompagniedeJoyce.

Salut,lance-t-il.

Ellegardelesilence.

Je lui réponds en lui faisant la bise et ignore superbement la blonde qui admire ses onglesmanucuréscommesic’étaitcequ’ilyavaitdeplusfascinantaumonde.

Még’n’estpaslà?

Ben,non!Paslelundi!

Elles’offreunweek-endàrallonge,laveinarde!

Jeris,onpeutdireçacommeça.

Ah,v’làJulie,lanceJoyce,soulagéedepouvoirsesauver.

J’aibiencomprisqu’ellenem’appréciepas,saufqu’ellenemeconnaitpas.Elledoitpenserquej’aidesvues sur lemêmemecqu’elle.MaisLorenzon’estqu’unami, ilne sepassera jamais rien

entreluietmoi.

Tuveuxt’installeravecnousdansl’amphi?meproposecedernier.

Jem’incrustais (oui, c’est bien le terme !) souvent avec lui l’anpasséquandmameilleure amiepréféraitsonlitauxsallesdecours.

«Nous»étantsansdouteJoyceetlui,quellemalchance!Maisc’estçaoùmeretrouverseule.

Ok.

Ilme fait signede le suivre, alors je lui emboite lepas, jetantunœilderrièremoipourvoir siJoyce nous suit. Erreur, mon regard tombe pile sur mon rencard de midi qui me dévisage. Pluscapablederespirer,jedétournerapidementlesyeuxetsuisgentimentLorenzo.

Nousnousinstallonsaumilieudel’amphi,j’entendsJoycerâlerquandellevoitquejemejoinsàeux.Jemeretourneenentendant ricaner fortementpourapercevoirJulie.ElleestaccompagnéedeTy’,bienévidemment.

Jefaisdemonmieuxpourignorerlesdeuxfillesquiontclairementdécidédemefairesentirdetropetmeconcentresurlecours.Mégane,jetehais!

Deuxheuresplustard,àlapause,jenebougepas,tandisquel’amphisevide.Etquelquesminutesaprès,ilseremplitdenouveaupourlasuiteducoursdedroitadministratif.Plusmidiapproche,plusje tremble, ignorant quoi faire. Je devais m’installer loin de Ty’ pour essayer de deviner sesintentions,onpeutdirequec’estréussi,puisqu’ilestjustederrièremoi.

Je crois que jeme liquéfie quandmonsieur Lambert nous annonce que le cours est terminé. Jeprendstoutmontempspourrangermesaffairesetpatientelepluspossibleenfouillantdansmonsacàlarecherched’unobjetimaginaire.

Lorenzoetsablondassesontdéjàpartisquandjelèvelesyeux,JulieetTy’aussi.Tantmieux, jem’éviterailapeined’attendrepourrien.Jetrainelespiedsjusqu’àlasortie,jesuisdanslesderniersétudiantsàquitterleslieux.J’attrapemontéléphonedèsquejemetslespiedsdehorspourmedonnerunecontenance.Jen’aiaucunmessagedeMég’, jesupposequ’elleestbien tropoccupéeavecLucpourpenser àmoi. Jenevoispas celuiqui était supposém’attendre, jem’endoutais,mais je suisquandmêmedéçue.Jepensequ’uneinfimepartiedemoiavaitenviequ’ilsoit là,dedéjeuneraveclui.Ok,latotalité.Maisjesuisréalisteetjesavaisqueçaneseproduiraitpas.

Jemarchejusqu’aurestoU,lecœurlourd,etm’apprêteàdéjeunerseule.Jevaisdevoirreprendremesbonnesvieilleshabitudesdel’anpassé,monamiem’abandonnantsouventàmontristesort.

Ellen’auraplusqu’àpayerunedévergondéepourembrasserTy’,parcequec’estmortencequiconcerneunrapprochementnotableentreluietmoi.

Jerepoussemonplat,jen’aimêmepasfaim.Cetypem’acoupél’appétit.

Je suis lescoursde l’après-midienespérantme fondredans lamasse. Jenem’approchepasdeLorenzoetresteleplusloinpossibledeTy’etJuliequidoitbienrire,sachantquesoncompagnon

m’aposéunlapin.

Finalement, onpeut dire que je suis parvenue à être transparente quand je prends le bus quimeconduità lagare.J’ai tellementhonted’avoircru,mêmeuneseconde,quece typeviendrait,qu’onpasseraitunbonmoment.C’estofficiel,Ty’redevientunconnard.

ÀlagaredePeltre,j’ailasurprisedevoirMéganesurlequai.Ellemefaitdegrandssignesdèsqu’ellemevoit.

Raconte!Jeveuxtoutsavoir!

Commentpeut-ellecroireunesecondequej’aideschosesàluiconfier?

Iln’yarienàdire,Még’,iln’étaitpasdevantl’amphiàlafinducours.

Ellemeregarde,lesyeuxécarquillés,labouchegrandeouverte.

Tuvasdevoirpayerunefillequiaccepteradesejetersurlui!

Jetentederire,maisellen’ycroitpas,etmoinonplus.Jesuistotalementdépitée.

Viens,Soph’,onvaprendreunverre!

Jelèvelesyeuxaucielmaislasuisdeboncœur.J’aibienbesoind’unverre–quenousprenonschezelle–,lasemainenefaitquecommenceretdemainjeseraiassisejusteenfaceduconnardentravauxdirigés,avecunprofquia l’idéedébiledechoisir lesbinômes. J’aimêmebesoindedeuxverres!

***

*Tyler*

J’ailonguementhésitéhieràmidi,jemesuistirérapidementdel’amphi,commejelefaisàchaquefois,etj’aifuméuneclopedevant,medisantquesilafilledontjen’aipasretenuleprénomvenaitdans les secondes suivantes, jepartiraisavecelle.Maisellen’estpas sortieenmême tempsque lahorded’étudiantspressés,jelasoupçonnemêmed’avoirfaitexprèsdetrainer.Pourm’éviter.Quandelleaacceptémoninvitationfictive,ellenes’attendaitpasàmevoirenremettreunecouche, ilestclairqu’ellen’avaitaucuneenviededéjeuneravecmoi,alorspourquoiest-cequejemesuisprislatêtetoutleweek-endpoursavoirsijedevaism’yrendreounon?

Julieétaitraviedemevoirdébarqueràl’appartquelquesminutesaprèselle,ellem’amêmefaituncasse-croute.

Jen’aipasvulafilledurestantdelajournée,jenel’aipascherchéenonplus.Parcontre,jesuisconscient d’être assis en face d’elle en travaux dirigés cet après-midi, et là, on ne va pas pouvoirs’éviter.Dois-jemelajouergrosconnardquiaoublié?Celuiquiachoisidenepasvenir?Oujustebalayercettestupidehistoire?

Putain,jen’aipasenviedemeprendrelatêtepourunefille,alorspourquoijelefais?

C’estnonchalantque jedébarque sur le campusavec Julie,Lorenzo, Joyce etThomas.On resteensembleenattendantledébutdescours,jefumeuneclopetoutenlesécoutant,maisgardelesilence.Jenefaispaslemalinquandj’entredanslasalledeTDdanslespremiersetplongelenezdansmesaffairesenattendantleprof.

Lorenzos’installeàlamêmeplacequeladernièrefois,labruneàcôtédelui.Ellefuitmonregard.Qu’elleserassure,j’aimeraisdisparaitremoiaussi.

Lambert ne tarde pas à arriver et nous rappeler qu’il va former des binômes. Je l’écoute d’uneoreilledistraite,espérantseulementnepasmeretrouveravecuninculte.Ilbalancedesnomsquejeneconnaispasettoutlemondesedéplacepours’asseoiravecsamoitié.

AbérnatietTillerna.

J’entendsmonnometm’apprêteàbougerquandjemerendscomptequ’ilyauneplacelibreàcôtéde moi, l’autre n’aura qu’à venir. C’est la miss que je n’ai pas attendue à midi qui s’installe ensoupirant.Visiblement,ellen’aaucuneenviedetravailleravecmoi.

Cachetajoie,jeluibalance.

Ellemefusilleduregard.

Lambertdistribuelesdocumentsetnousdonneuneheurepourréaliserletravaildemandé.Durantl’heuresuivante,unbinômepasseradevantpourliresesréponses.Génial!

Jeprendslapremièrefeuille,laplaceentremavoisinedetableetmoietcommenceàlalire.

J’espèrenepast’avoirfaitattendrehieràmidi.

Son ton est cassant, je comprends tout de suite qu’elle est en colère. Elleme sort ça juste poursavoirpourquoijen’étaispasaurendez-vous,voulantenmêmetempsmefairecroirequ’ellen’apasespérém’yvoir.

Jen’étaispassérieux,jeréponds.Qu’est-cequetucroyais?

Onaledroitdechuchoterpourledevoiralorsonnevapass’enpriverpourréglernoscomptes.

Ellenemerépondrien.

Onvapeut-êtrepouvoircommencer.

Je réalise rapidementquemonbinômeadenombreuses lacunes endroit administratif. Jedirais

mêmequ’ellesenoiedanssonmanquedeconnaissance.Jedois luiexpliquerdeuxoutroischosesavantqu’ellecaptecequeleprofattenddenous.

Commentt’asfaitpourvalidertespartiels?!

Cen’estpasvraimentunequestionquis’adresseàelle,enréalitéc’estmêmeplusunemoquerie,maisellemerépond:

Ettoi?Oùt’aseutapremièreannée?Dansunepochettesurprise?

Sansdouteai-jedroitàcetterépliqueparcequejen’étaispasdanscettefacultél’andernier.

ÀStrasbourg.

Lafillemefixecommesi j’avaisdituneconnerie,àmoinsqu’ellenes’attendaitpasàcequejeréponde.

Tuasdéménagé?

J’esquisseunsourire.

Onn’estpaslàpourparlerdemavie,maisfaireundevoir,alorsjeteproposedelirecetexteetd’enparleraprès.

D’accord.

On ne peut pas dire qu’elle soit brillante ni que son esprit de déduction soit pertinent, je medemandemême ce qu’elle fait en droit.Moi, j’y suis par obligation, mais j’ai les capacités pourréussir,cequinesemblepasêtresoncas.Ellepeineàrépondreauxquestions,jefaispresquetoutledevoirseul.

Lorsquel’heureestécoulée,Lambertchoisitungroupequivientrépondreauxquestionsdevantlesautres.Heureusement,cen’estpasnous,ellen’auraitriensuexpliquer,j’auraisdûfairetoutletravail.

Quand le cours est terminé, le prof nous demande demettre nos noms sur les feuilles et de luirendrenotredevoirencommun,j’inscrislemien,ellem’imite.SophiaAbérnati.

Jerécupèreledocumentetledéposesurlebureauduprofensortantdelasalle.

***

*Sophia*

Mon cœur est à la limite d’exploser quand je sors de la salle de travaux dirigés tant il bat fortcontremapoitrine.Jenesaispascequim’arendueleplusdingue:travailleravecTyler–j’ailusonprénomsurnotrecopie–ousavoirqu’iln’étaitpassérieuxquantànotredéjeuner.Àmoinsquecenesoit le fait d’être passée pour une véritable conne quand il a dûm’expliquer l’exercice et fournirquasimenttouteslesréponses.Ilestdoué,vraiment,etmoiabsolumentnulle!

JeretrouveMéganeprèsdelamachineàcafé,elleestencompagniedeJoyce.Super!EllesontTDensembleetsemblents’entendreàmerveille.

Soph’!m’appellemameilleureamie.

Repérée, je m’approche alors des filles et lance un salut, au cas où Joyce aurait décidé de merépondre.Maiscen’estpaslecas.D’ailleurs,ellenousfaussecompagniedèsqueLorenzoapparaitdanssonchampdevision.

Toutvabien?medemandeMégane.

Non.

JeluiraconteavoirétéengroupeavecTyler,avoireul’impressiond’êtreuneinculteetqu’enplusiln’ajamaisétésérieuxquantànotredéjeuner.Jecroisquejesuisencolère,resteàdéterminersic’estcontrelui,oucontremoipouravoirétéaussinaïve.Jemeprendsuncaféetsuismonamieàl’extérieur.JerepèrerapidementlepetitgroupequeformentJulie,Joyce,LorenzoetTyler.

Onvaaveclesautres?meproposelatraitresse.

Depuisquandonestamiesaveceux?Jenelesuisqu’avecLorenzopourmapart,Méganesembles’intégreravectoutlemonde!Jen’aimêmepasréponduquedéjàellem’entrainedansleurdirection.Jen’aipourtantaucuneenviedemeretrouverfaceaupremierdelaclasse!

Hé!Salut,Lorenzo!

Belle technique d’incrustation de la part de mon amie. Elle lui fait la bise et salue les autreségalementsanspourautantlesembrasser.Moi,quiaivunotreamicommununpeuavantlecoursdeTD,jemeperdsdanslacontemplationdemoncafé.

Alors,ledevoir,Soph’?m’interrogeLorenzo.

Difficile,réponds-jeentoutesincérité.

JesensleregardinsistantdeTylersurmoi,jenedétourneraipaslesyeux,inutiledemefixerdelasorte.

C’estsûrquecen’estpasgrâceàtoiqu’onauraréussi!m’assèneleconnard.

Oui,ilestencorepassédeTyleràconnard.Etjepensequeceneserapasladernièrefois!

Ohçava,monsieurlepremierdelaclasse,inutiledetelajouerintelloavecmoi!

Tiens,prends-toiçadanslesdents!

Tunesaisriendemoi.

Après sa réplique, il disparait.Bien sûr, Julieme fusille du regard avant de lui emboiter le pas.Qu’est-cequej’aiditdemal?

Ty’estsusceptible,mefaitremarquerLorenzo.

Oualorsilmedétesteetprendunmalinplaisiràmeremballerdèsqu’illepeut.

Je finis mon café et suis les autres en direction de l’amphi quand l’heure du cours magistralapproche.

J’aperçoisTyleretJuliedéjàinstallés,toujoursdanslemêmecoin,etm’éloignelepluspossibled’eux.Jeneveuxpluscroisersonchemin!

Méganemesuitsansdiscuter,mêmequandjem’installeautroisièmerang–onn’aurajamaisétésiprèsduprof!

C’estquoi,votreproblème?

Onn’apasdeproblème.Ouplutôtsi.Jenel’intéressepasalorsarrêtedemepousserà…jenesaisquoi.Ilnesepasserarienentreluietmoi.

Tuabandonneslepari?

Etmoiquicroyaisqu’ellel’avaitoubliéquandjesuisrentréemalheureusecommelespierreshiersoir.

Jen’aijamaiseuenviedejouer.

Alors,donne-luiunebonneleçon.

Là,j’avouequ’ellem’intrigue.

Méganem’expliquequejedevraisjouerdemoncharme–jenevoispastropoùellem’entrouve,cela dit –, et lui voler un baiser au moment où il s’y attendra le moins, pour ensuite le zappercomplètement.J’avouequesonidéemefaitsourire,maisjenesuispasuneidiotenonplus,cemecsefoutroyalementdemoi.Toutcequejevaisréussiràfaire,c’estm’attirersesfoudres.

Jesaispas,Még’…

Chut,leprofestlà.

Jelèvelesyeuxauciel,ellesefoutroyalementduprof,elleveutseulementquejenediscutepassadécision.

***

L’idée idiote de mon amie fait son chemin dans mon cerveau, et plus j’y songe, plus je pensequ’ellearaison.Malheureusement,j’ycroistellementquej’acceptedem’amuser.Jefaisuneffortsurmatenuedèslelendemainetaccentueunpeumonmaquillage.Cettefois,jechoisisdemelisserlescheveux.

Quandj’arriveà lagare,Méganeestsous lecharme,ellemejurequesiellen’aimaitpasautantLuc,ellem’épouseraitsur-le-champ.Jerisàsabêtise.

C’estvraiqu’unefoisàlagaredeMetzlesmecsduLEPenbâtiment,deMontigny,seretournentsur moi. C’est agréable, j’avoue. Pourtant, je ne porte pas de mini-jupe ni de décolleté, j’aisimplementenfiléunjeanmoulanttaillebasseetuntopquinedévoilemêmepaslanaissancedemesseins.Par-dessus,unlonggiletcouleurchocolat.

Dans le bus, un type de mon âge me demande l’heure, je vois son téléphone dans sa poche etcomprendsquec’étaitjusteunprétextepourm’accoster.Çamefaitsourireetjeluidiscequ’ilveutsavoir.Ilcommenceàm’interrogersurcequejefaisdanslavie,ilauraitdûsedéciderplustôt,noussommesàl’îleduSaulcy.Jeluisouhaiteunebonnejournéeetsorsdumettis,Méganesurlestalons.

Lemecbavaitdevanttoi!

Encoreunefois,elleenfaitdestonnes,maisj’avouequeçamedonnedavantageconfianceenmoi.Mameilleureamienecessedemerabâcherquesemettreenvaleurestbonpourlemoral.Jecroisqu’ellearaison.

Maintenant,vafairebaverTyler!

J’esquisseunsourirecrispé,jenesuissoudainplussisûredemoi.Detoutefaçon,jenecompterienfairedeplusqueluilancerquelquesregardsenbiais.

Legroupeestdroitdevantnous, avecThomas,qu’onnevoitquasiment jamais. Je suisMégane,essayantdemaintenirmonrythmecardiaqueàlanormale.EllefaitlabiseàLorenzoetJoyce,jemecontentedeLorenzo.SamâchoiresedécrochepresquequandilmevoitetjesensleregardhaineuxdeJoycesurmoi.Jen’yfaispasattention.J’adresseungrandsourireauxautresenlessaluant,Tylerplante son regard dans le mien, je ne baisse pas les yeux. Cette fois, je ne fuirai pas. Il fume sacigarettesanssedétournerets’amusemêmeàsoufflersa fuméedansmadirection.C’estJuliequibrise notre connexion en claquant des doigts devant le visage de Tyler tout en lui disant qu’il esttempsd’yaller.

Jel’aperçoisplusieursfoisdanslajournéeetmeplaisàcroirequ’ilmeregarde,biensûr,jen’enaiaucuneconfirmation.

Lematinsuivant,onretrouveànouveaulepetitgroupedevantl’amphithéâtre.C’estledernierjouravantqueMéganenemettesamenaceàexécutionetpayeunefillepourembrasserTylerdevantmoi.Remarquez,jenesuispascertainequ’elleiraitjusqu’àmefaireuncouppareil,elleaplutôtagiainsi

pourmebooster.Entoutcas,c’estcequejepréfèrecroire.Etellearéussi.

Jemesuisunenouvellefoispomponnéeetlissélescheveux,jecroisquelesmecsmetrouventplusjoliequ’avecmesboucles.

Méganequi fait à nouveau actedeprésence– trois jours de suite, unvraimiracle ! –, salue lesétudiants, fait la bise à Lorenzo avant de décréter qu’elle la fera à tout le monde dorénavant.M’obligeantainsiàl’imitersijeneveuxpasserpourunecruche!

Jet’embrassemêmesituneleméritespas!ellelanceàTyler.

Situsavaisàquelpointjem’enfous!

Moi,j’optepourlesilence,plusvitejemedébarrassedecettecorvée,mieuxcesera.JesensqueJoyceenaautantenviequemoi,pareilpourJuliequiseforce.Lecourantnepassequ’aveclesmecs,jemedemandesilesfillesnemevoientpascommeunemenace.EllesdoiventsavoirqueMéganeauncopain,parcequeJoycesemblel’adoreretJulienelafusillepasduregard.Quoiqu’ilensoit,jem’enmoque.JefaislabiseàTyler,lecœurbattantlachamade,jesuissûrequ’ilpeutl’entendre.Jesuissoulagéedevoirqu’ilnem’apasrepoussée.

Onvaencours,jelanceàmonamiequidiscutedéjàavecJoyce.

Onaencorequelquesminutes.

Biensûr,etpendantcetemps,jefaisofficedeplanteverteoutuveuxquej’enprofitepourvolerunbaiser–commetudissibien–àTyler.JecroisqueJuliem’arracheralesyeuxsijem’approchedelui.Jemedemandequelgenrederelationilsentretiennent,cesdeux-là.

Tylers’allumeunecigarettealorsqueJulieluiproposaitderegagnerl’amphi,çaveutclairementdirenon.Ilmelancedesregardsenbiaissibienquejem’amuseàenfaireautant.Finalement,peut-êtrequejeluiplais.JeretombedirectementsurterrequandlagarcedeJulieparleàl’oreilledeTylerquimanquedes’étoufferenrecrachantsafumée, tant il rit.Je ladéteste.Necroyezpasque jesuisjalouse…ok,jelesuis.Pourcequeçachange…

N’enpouvantplus,jedécidedemerendreaucoursmagistral.MéganemerejointquelquesminutesplustardavecJoyceetLorenzo.Onseretrouveàquatre,etenplusJulieetTylers’assoientderrièreMégane et moi. J’ai envie de mourir. Je ne sais pas ce que la gourde a susurré à Tyler, maisclairementc’étaitsurmoietilatrouvéçadrôle.

Notre professeur ne tarde pas à arriver, je n’ai plus à entendre les gloussements de Julie et deJoyce,lesilencesefaitdansl’auditorium.

Àlapause,j’enprofitepourdemanderàMéganecequemereprocheJoyce.

EllecroitquetuveuxtefaireLorenzo.

J’avaisdoncraison.

Jeluiaiditquet’enavaisrienàfoutremaiselleresteméfiante.

C’estlemoinsqu’onpuissedire!

Salut!

Jemetournepourregarderquimeparle:unmecquejeneconnaispas.

Jeprononcelemêmemot.

Jem’appelleCorentin,ettoi?

Sophia.

Çatediraitdeprendreunverreavecmoicesoir?

Je suis tellement surprise que j’en perdsma voix. Il est plutôt beau garçon, je devrais peut-êtreaccepter.Maisjen’enaipasl’occasion,desbrasm’encerclent.Uneodeurdelessiveetdetabacmecolleàlapeau.

Elleestprise,j’entendsdire.

Lemecmefaitunsourirecontritets’éloigne.DequoisemêlececrétindeTyler?IlretiresesbrasdèsqueCorentinest loinetmoijemeretournepourplantermonregardplussurprisquecoléreuxdanslesien.

Lemotquetucherches,c’estmerci.

Ilsemoquedemoilà?

Pourquoijeteremercierais?J’allaisacceptersoninvitation,figure-toi.

Unpetitmensongen’ajamaistuépersonne.

Tupeuxmeremercierdeuxfoisalors.Cetypeestundragueur,toutcequil’intéresse,c’estdetesauter.

Là,jenesaisplusoùmemettre.Heureusementlapauseestterminée,lesétudiantsreviennentàleurplace.

JedécidedeprendrelaperchequeTylermetendetdefaired’unepierredeuxcoups,j’agiraidèsquelecoursmagistralseraterminé.Surtout,nepasréfléchir,parcequejerisqueraisdemedégonfler.D’ailleurs,mieuxvautmeconcentreretvidermonespritde toutespenséesnese rapportantpasaudroit.

Midiasonnéquandlesétudiantsquittentl’amphi.Méganem’annoncequ’onmangeaurestoUavecJoyce.Depuisquandyprend-ellesesrepas,celle-là?

Ok,magne-toi,jeluidisenlatirantpourqu’ellemesuive.

Tyler est déjà parti et je comptebien le rattraper avant qu’il ne file je ne sais où, je n’ai pas lamoindreidéedel’endroitoùildéjeunelemidi.

Je l’aperçois, en compagnie de Julie, bien sûr,marcher en direction de l’arrêt de bus, je presseMéganeetaccélèrelepas.

Tufaisquoi?

Oh,attendez-moi!râleJoyce,quipeineànoussuivre.

Jesuisàdeuxmètresdel’hommeconvoité,jenereculeraipas.

Tyler?

Il tournesa têtedansmadirection tandisque j’approche jusqu’àmeretrouveràunmètrede lui,puisplusprès.Jepeuxsentirsonhaleinementholée.

Merci,soufflé-jeenposantmeslèvressurlessiennes.

Jamaisjenem’enseraiscrucapable!Cequejeressensàcetinstantestjusteindescriptible,jecroisquejesuisentraindetomberamoureusedelui.Jesaisbienquejeleconnaispeu,pournepasdirepasdutout,maisilm’intrigue,etmoncorpsmepousseverslui,monespritneveutsongerqu’àlui,meslèvresréclamentlessiennes.

Tylernemerepoussepas,cequimesurprendau-delàdupossible.C’estmoiquirompslecontactenreculantlentement,plongeantmesyeuxdanslessiens.Jepourraism’ynoyer.

Dois-jedirequelquechose?J’avoueque jen’avaispaspenséà l’après. Jedécidede tourner lestalons,làjecroiseMéganeetJoyce,labouchegrandeouverte,etjesouris.

Onvamanger,lesfilles!

Quelquessecondesplustard,jepeuxdirequej’aiunenouvelleamie.Joycenemevoitpluscommeunepotentiellerivaleetnemeboudeplus,ellemeparleetritavecmoi.Parcontre,jecroisquej’aiintérêtàresterloindeJulie.

***

*Tyler*

Cettenanaestcomplètementfolle!Voilàlapremièrepenséequim’atraversél’espritquandelleaposéseslèvressurlesmiennes.Lasecondeétantquec’étaittropcourt.

Jen’aipaspuréfléchiràsongestenimêmelarattraper, lebusestarrivéetJuliem’yapresquepoussédeforce.Depuis,ellefaitlagueule.Onamangéensilence,dumoinsjusqu’àcequelesautresarrivent. Puis elle m’a rejoint dans ma chambre et s’est assise sur mon lit. Elle n’a pas encoredécrochéunmot.

Sit’asuntrucàdire,dis-le,jevaisretourneràlafac.

Pourquoi?Ilestencoretôt.Onpourraits’occuperagréablement,çafaitlongtempsqu’onn’apasbaiséetj’enaienvie.

C’estvraiqueçafaitunmoment,maisjen’enéprouvepaslebesoin.

Pasmaintenant.Jedoispasseràlabibliopourunerecherche.

Onsefaitlecinépromiscesoir?

Jenesaispas,Julie.Jeveuxbiensortirdetempsentemps,maisjesuisiciavanttoutpourbosser.

Ellen’insistepasetjepeuxmetirersansencombre.

Uneclopedanslabouche,jemarcheendirectiondel’arrêtdebusetmeretrouverapidementàlafac. Je vais d’abord au resto universitaire, il n’y a plus que quelques étudiants, rien qui ne puissem’intéresser. D’ailleurs ? Qu’est-ce que je cherche ? Je ne le sais pas moi-même… ou je nel’admettraipas.

Je marche jusqu’à l’amphi et m’assois sur un des murets. Je fume encore une clope tout enpoursuivantlalecturedemonlivre,levantlesyeuxdetempsàautre.Jefinisparapercevoirlananaque jecherche.Elleestàunedizainedemètresdevantmoi,avecJoyceetMégane.J’ignoresiellem’a vu,mais en tout cas elle donne l’impression de ne pasme calculer. Je ne sais pas si c’est lemomentoùjedoisfermermonlivreetmarcherdanssadirection,ous’ilestpréférablequej’attendeici. J’écrase ma clope consumée et termine la lecture de mon paragraphe avant de ranger mesaffaires.

Sophiapasseàcôtédemoisansm’accorderlamoindreattention.C’estàçaqu’elleveutjouer?

Aprèsm’avoirignorétoutl’après-midi,jenesaisplusquoipenser.Ellem’abienembrassé,jen’aipas rêvé.Et j’ai aimé ça, c’est une certitude. J’ai bien essayé de la voir à plusieurs reprises,maisimpossibledel’approcher,clairementellenevoulaitpasquejel’aborde.Pourquoi?

J’en suisencoreàmeposer laquestion le soirdansmapiaule. Jepourrais jouerauchat et à lasourisavecelle,j’adoreça.Surtoutsijesuislechat.Detoutefaçon,jesuistoujourslechat.

Quelquescoupsfrappéssurmaportemefontsortirdemespensées.

Quoi?

Juliesemontredansl’embrasure.

Onvaaubowling,tuviens?

Non.

Elleestdéçue, je levoisbien,mais jepréfèrerester ici,c’estplusprudent.Ellemesouhaiteunebonnesoiréeets’enva.

Moiquiaimerais justevivrecommeunmecdevingtans,c’est impossible.Jenepeuxpassortirm’éclater,jeseraitroptentéparl’alcooletquandjebois,jedeviensincontrôlable.J’aifaitassezdeconneriescommeçadansmatristecourtevie.

Laréalitémerattrape.Monuniquebutserappelleàmoi.Lesraisonspourlesquellesjesuisicisontànouveaulimpides.Direquependantquelquesheuresjen’yavaisplussongéparcequej’avaisunefilledanslatête.Sophian’estpasbonnepourmoi,ellemedétournedemonchemin.Ilestpréférable,pourellecommepourmoi,quejelatienneàl’écartdemapersonneetdemavie.

Jem’enoccuperaidèslundi.

Chapitre4

*Sophia*

Levendredisoir,aucaféavecnosamis,Méganeracontecequ’ellenomme«monexploit»àPatty.J’aiembrasséTyler.Cen’étaitqu’unpetitbaiserderiendutout,lèvrescontrelèvres,n’empêchequec’étaittrèsintenseetçam’adonnéenviedeplus.J’aisuivileconseildemameilleureamieensuiteetj’airoyalementignorélebadboy,maisçam’afaitmalaucœurdeluiinfligerça,j’aiplusieursfoissenti son regard surmoi, j’auraisvoulume jeterdans sesbras. Jen’arrêtepasde songer à cequiauraitpusepassersij’avaisosé.Jeremetsçaàlundi,parcequ’aujourd’huijenepeuxrienfaire.

Jeprofite alorsdenotre soirée entre amis, jeme sensplus légère,moins coincée, d’autant plusqu’avecmonmaquillageaccentuéetmescheveuxlissés,jemefaisremarquer.C’estagréable.

Prochainobjectif:obtenirlenumérodetéléphonedeTyler.

J’ignoreencorecommentjevaism’yprendre,peut-êtreluidemandertoutsimplement.

Pourl’instant,jeprofitedemesamisd’enfanceetpasseunbonmoment.Jecroisquelanouvellemoirelookéemedonnedavantagedeconfianceetj’oseplusfacilement.J’espèrequ’ilenseraainsilundi,d’autantquejen’auraipaslesoutiendeMéganequim’abandonneraunenouvellefoispourlajournée.Quandjepensequeleweek-enddernierjenefaisaisquemedemandersijedevaisattendreTylerpourdéjeunerounon,leschosesontbienchangé.Maintenant,jesongeaulégerbaiserquejeluiaidonné,àluiquinem’apasrepoussée,etàtoutcequej’aienviedefaireaveclui.Jen’aijamaiseubeaucoupdechanceenamour.Jen’aieuquedeuxhistoiressérieuses,lapremièreàquinzeans,lasecondeàdix-septans,lemecavecquij’aicouchépourlapremièrefois.C’estlecalmeplatdepuisnotre rupture, il y a plusieursmois. Peut-être que Tyler… Je pense comme unemidinette. Je vaisarrêterderêvasseretvoircommentleschosessepassent.Ilmeplait,c’estcertain,plusqueçamême,je craque complètement pour lui,mais je ne voudrais pas souffrir et quelque choseme dit que jerisquedebeaucouppleureravecunmecdesonacabit.

Nousabandonnonsnotretablepourallerjoueraubillard,puisfairequelquespartiesdebaby-foot.Onrigolebeaucoup,jem’amuse,commeàchaquefoisquejesuisenleurcompagnie;jecroisquejenepourraisjamaismepasserdemesamis,ilssontimportantspourmoi.

ÀchaquefoisqueLucratesoncoup,quecesoitaubillardouaubaby,Méganeluitirelalangue.JejoueenéquipeavecLaurent.

Le samedi soirnousoptonspouruncinéma,un filmque lesgarçonsont enviedevoirvientdesortir.AlorsnousnousrendonsauKinépolisdeSaint-Julien-lés-MetzaveclavoituredeLucetcelledesparentsdeLaurent.SilesgarçonsetPattyontleurpermis,cen’estpaslecasdeMéganeetmoi.Elle prenddéjà des cours de conduite, ayant obtenu son code récemment,moi je n’en suis encorequ’aux leçonsdecode. J’yvais tous les samedismatin,mesparentsm’ont inscriteàMetz,entre lagareetlelycéeGeorgesdelaTour.Jen’aipasletempsd’yallerensemaineàcausedemonemploidutempsbienchargéàlafac.

Unefoisaucinéma,unpassageaucoinbonbonsetgourmandisesestobligatoire.J’optepourdespop-cornetunsoda,mesamisfontlepleindecochonneries.Nousattendonsensuitedevantlasallequelesportess’ouvrent,ilyadéjàpasmaldemondeetl’idiotequejesuissemetàpenserque,peut-être, Tyler et ses amis sont ici. C’est stupide, parce que je ne saismême pas où il habite. Je saisuniquementqu’ilprendlemettis.Pourserendreoù?Àlagareroutière,lagareSNCFouseulementailleursdansMetz?

Jemesermonnepourmesstupidespenséesetdiscuteaveclesfillestandisquelesgarçonsparlentdufilmquenousallonsvoir.

Quandnouspouvonsenfinentrerdanslasalledeprojection,Laurent,LucetJordanseprécipitentàl’intérieuretmontentlesmarchesrapidementpouratteindreledernierrangavanttoutlemonde.

Nouspatientonsletempsquelasalleseremplisseendiscutantet,là,ilsepasseuntrucahurissant.Méganecrie leprénomdeJoyce.Aussitôt,moncœurs’emballe. Jesuis le regarddemameilleureamiepourapercevoirJoycequifaitdegrandssignes.ElleestencompagniedeLorenzo,ThomasetJulie.Ladéceptionestimmensepourmoi.Jetentedemeraisonner,peut-êtrequeTylerestencoreentraind’acheterquelquechoseouauxtoilettes.

La bande s’approche et nous salue, sauf Julie qui m’ignore superbement, Mégane fait lesprésentations,puismejetteunregardenbiaisavantdelancer,minederien:

Ty’n’estpasavecvous?

Elleposecettequestion,commesiTylerétaitungrandamiàelle. Jenesaisplusoùmemettre,persuadéequetoutlemondesaitqu’elleserenseignepourmoi.

Non,ilnevientjamais,répondLorenzo.

LabandeprendplaceàlarangéejustedevantlanôtretandisquemoncœurseserreàlapenséedesavoirTylerseulchezlui.Oùhabite-t-il?Jenesaispasgrand-chosedeluietçamedésole.

Nousdiscutonsenattendant le lancementdespublicités,c’est làquej’apprendsqu’ilsvivent tousensembledansunappartementàMetz.Autrementdit,celuiquifaitbattremoncœurplusfortquandjelecroisenerésidepastrèsloin.EuxdécouvrentquenoushabitonsàPeltreetprenonsletrainpournousrendreàlafac.

Jesupposequelorsqu’ilsrentrerontcesoir,Tylersauraquej’étaisaucinéma,quepensera-t-il?Regrettera-t-ildenepasêtresortiavecsesamis?

Jecroisquejeprendsmesdésirspourlaréalité.

***

*Tyler*

Jesuislepremierlevédimanche,n’ayantpassuivilesautresaucinélaveille.J’aipréféréavancerdansmeslectures.Jemesuisachetédestonnesdebouquinssurledroitpénal,laCourd’appel,afindesavoiràquoijedoismepréparer,etjen’aimepascequej’ailu.Commentserais-jecapable,moi,lejeuneavocatsortantdel’école,defaireacquitterundétenuaccusédebraquagedebanque,devoldeplusdedixmillionsd’eurosetd’homicide?Mouradaétécondamnéàtrenteansderéclusion,ilenaeffectuéàpeinedix-septmois.Monuniqueexigenceestqu’ilsetiennetranquille, jenepourraipasréussirmamissionsienplusiln’apasuncomportementexemplaireenprison.Jedétestecequejesuisentraindefaire,j’ail’impressiond’œuvrerpourlediable,dedevenirsonavocat.J’ignoresilemeurtreduflicquil’empêchaitdefuirétaitunaccident.Parceque,oui,l’homicideétaitsurunflic.Ils’est fait arrêter alors qu’il s’enfuyait juste après les faits. Comment je pourrais défendre un typepareil?Etsijenefaispasmonjobcorrectement,jetombe.Soitilmetuera,soitj’iraientaule.Unechoseestsûre,sij’échoue,cesontmesprochesquipayeront.Jerefusequ’illeurarrivequoiquecesoit, alors je vaisme démener pour le sortir de lamerde dans laquelle il s’estmis et de laquelle,finalement,ilmeprotège.

J’avalemoncaféenessayantdenepluspenseràmaréalitéetretournebosser,dansmachambre,ensuite.

Danslecourantdel’après-midi,quelquescoupssontfrappésàmaporteetelles’ouvrelégèrementsurJulie.

Jenetedérangepas?

Qu’est-cequ’ilya?jel’interroge.

Ellenerecherchepasmacompagnie,doncjesaisdéjàqu’elleaquelquechoseàdire.

Devinequionavuaucinéhier?

Elleentreetrefermelaportepuiss’approcheetposesesfessessurlecoindemonbureau.

J’ensaisrien.Accouche.

Nonpasquejesoisspécialementintéressé,maistantqu’ellen’aurapaslâchélemorceau,ellene

s’enirapas,alorsautantnepasperdredetemps.

Sophia.Lafillequis’estjetéesurtoivendredi.

Pourquoipense-t-ellebondelepréciser?

Jesaisquic’est.

Elleétaitlàavecdesamis,dontMégane,tousencouple.Jenesaispasàquoijouetachérie,maiselleaunmec.

Pourquoisonaveumeblesse?Jedevraisn’enavoirrienàfoutre,maiscen’estpaslecas.

Etalors?Ellefaitcequ’elleveut.

J’avaisdécidédemettreuntermeàsesespoirsmeconcernant,lundi,visiblementcen’estpasutile.Enfait,ellenefaisaitques’amuseravecmoi.

Jevoulaisjusteteledire.

Juliesetiredemapiauleensuite,melaissantseulavecmesquestions.Questionsquejenecomptepasformuler.Maisunechoseestaumoinsclairdansmonesprit,jen’aiplusàm’interrogersurlesintentionsdeSophiaàmonégard.

***

*Sophia*

C’estseulequejevaisàlafaclundietj’aibienl’intentiondediscuteravecTyler.J’ignoreencoresijeluidiraiqu’ilmeplaitmaisentoutcas,jeveuxunrapprochementetjesuisconfiantepuisqu’ilnem’apasrepousséevendredi.

Habituellement, nous retrouvons les autres devant l’amphi, mais là, je ne vois que Lorenzo etJoyce, qui est parvenue à ses fins puisqu’il la tient dans ses bras. Jem’approche, souriante, et lessalue.Jebrûled’enviedeleurdemanderoùestlerestedelabande–mêmesic’estpluslaleurquelamienne, la nôtre –, mais garde le silence. C’est Joyce qui m’interroge en cherchant Mégane duregard.

Elleneviendrapas,elleestavecLuc.

J’enconclusquetuasétéabandonnéeunenouvellefois,s’amuseLorenzo.

Eh!s’offusquesacopine.Noussommeslà,nous!

J’esquisseunsourire,touchéeparsaréplique.

Etheureusement!jelance.

Jesensunemaindansmondos,moncœurs’emballeinstantanémentensongeantàTyler.JetournelatêtepourvoirThomas.Ladéceptionestgrandemaisjeladissimulesousunsouriredefaçade.

Salut,majolie!

Il enchaine enme faisant la bise et se renseigne sur l’absence deMégane.C’est alors quemonregardseposesurJulieetTylerquimarchentdansnotredirection,brasdessusbrasdessouscommes’ilsétaientencouple.Telleunevipère, la jalousies’immisceenmoi. Jedéteste ressentircegenred’émotion,çafaitmal.Jen’aijamaiséprouvéunsentimentaussidouloureuxparlepassé,pasmêmelorsqu’unefillediscutaitavecmonpetitamidumoment.

Quand ils arrivent à notre hauteur, je me fige, ne sachant absolument pas comment agir. Julieaffiche son plus beau sourire en lâchantTyler pourme faire la bise comme si nous étions amies.Cettefillem’horripile!Quedois-jeendéduire?Qu’elleestparvenueàsesfinsavecl’étudiantetnemeconsidèrepluscommeunerivale?Jeluirendssonsourire,feignantd’êtreraviedelavoir,cequin’estabsolumentpas lecas,vousl’aurezcompris.Tylersecontented’un«salut»etdegardersesdistances. Comment ai-je pu croire que les choses allaient changer entre nous ? J’ai carrémentl’impressionqu’ilserenfermedanssacoquilleetquejenetireraiplusriendelui.Suis-jealléetroploinvendredienl’embrassant?Iln’avaitqu’àmerepousser.Pourquoinel’a-t-ilpasfait?

Thomas nous fausse rapidement compagnie pour aller à son cours d’économie. Moi, je medemandecequejefaisaveceux.Tylerestsursonportable,lasangsuecolléeàlui,etJoyceminaudeavecLorenzo.Sijeparsmaintenant,personneneleremarquera.Jemedemandesijenemesentiraispasplusàl’aiseenétantseule.Alors,jem’envaisetmarcheendirectiondubâtimentarrondioùaurabientôtlieunotrecoursmagistral.

Attends,mecrieJoyce.

Quelquessecondesplustard,ellem’arattrapée.Lorenzoaussi.

Je garde le silence, entre dans l’auditorium et m’installe là où je memets habituellement avecMégane. Joyce prend la place de mon amie, Lorenzo à côté d’elle. Cette fois, Tyler et Julie nes’assoientpasderrièrenous,maisbiendansmonchampdevision.Pasunefoisilneseretourneversmoi;àquoiest-cequejem’attendais,bonsang?Ilvafalloirquejerèglecettesituationauplusvitesijeneveuxpasqu’elledevienneinvivable.Saufquej’ignorecomment.

La journée se passe sans que je parvienne à approcher Tyler pour lui parler. Je crois qu’il faitexprèsdemettredeladistanceentrenousetcelameblesse.

Lesoir,jeracontemonhorriblejournéeàMéganeenmêmetempsquejeluiapporteunecléUSBcontenant les cours. Elleme conseille de discuter avec celui quime rendmalheureuse. J’aimeraisaussi,maispourdirequoi?Sanscompterquej’enaiperdumaconfianceenmoi,j’aipeur.Dequoi,jen’ensaisrien.Lasituationnepourraitpasêtrepire,si?

Lejoursuivant,Méganeestlàpourmesoutenir,etjepeuxluifaireconfiancepourfaireaumoinsunegaffe,étantdonnéqu’ellen’apaslalanguedanssapoche.Lapremièrechosequ’ellefaitquandnoussommessur lecampus,c’estembrasser tousnosamis,dontTyler,neme laissantainsipas lechoix,jedoisenfaireautantsinonlesautrescomprendrontquequelquechosecloche.Alorsjelefais,s’ilsemblesurpris,ilsereprendtrèsvite,sirapidementquejecroisavoirrêvé.

Cette fois,ons’assoit tousensembledans l’amphi, jevais finirparpenserquec’estMéganequicimentenotrepetitgroupefragile.Enattendantquelecoursdébute,ellemechuchoteà l’oreilledeparleravecTyler.Mameilleureamieesttrèsdrôle!Jefeinsdel’ignorer,siellecroitquejevaismeretournerpourdiscuteravecmonvoisindederrière,ellesefourreledoigtdansl’œil.Elleréessayeàlafinducours,maisTylerestsortisirapidementquec’estimpossibledelerattraper,lebusestdéjàpartiquandj’aperçoisl’arrêt.

JepeuxtedébarrasserdeJulie,mepropose-t-elle.

C’estvraiquesonabsencemerendraitbienservice!Mais j’ai travauxdirigésavec luiaprès, jetenteraiunediscussionàcemoment-là.

***

*Tyler*

Dès que j’ai avalémon assiette de pâtes, jeme rends dansma chambre et appelle la prison deQueuleu,ilesttempsdem’acquitterdemonobligation.Jeprendsrendez-vousauparloirpourmardiprochainàseizeheurestrente,jelouperaiuncoursmagistral,maisjen’aipaslechoix.

Ty’?

LavoixdeJulierésonne.Pasmoyend’êtretranquille!

Quoi?

Ellepénètredansmachambre.

Lalibrairiem’aappelée,ilsontreçumeslivres,jevaisallerleschercher.Tum’accompagnes?

Iln’estmêmepasencoretreizeheures,jecomptaisbosserunpeu.Oui,jesais,jenefaisqueçademontempslibre,maisjevousl’aidéjàdit,c’estmaviequiendépend.

Non.

Ty’!

Ellesembleindignée.Ilfaudraitpeut-êtrequ’ellearrêtedepenserquejesuisàsadispositionjusteparcequ’onestpotesdepuisdeslustres.

J’aiautrechoseàfaireett’esassezgrandepouryallersansquejetetiennelamain.

Tumefaisquoilà?

C’est vrai que je suis un peu sur les nerfs.Mais après avoir pris rendez-vous au parloir de laprison,n’importequileserait.Etpuis,sijesuishonnête,lefaitqueSophiam’aitfaitlabisecematinm’a perturbé. Un coup elle m’embrasse, après elle m’ignore royalement, pour finalement agircommesiriennes’étaitpassé.Ouais,çamefoutunpeulesnerfs.

Maisrien,laissetomberetvachercherteslivres.

Saufquepenserqu’ellelâcheraitl’affaireétaitutopique.Y’apaspluschiantequeJulie!

Ty’,jesuistonamie,siquelquechosenevapas,tupeuxm’enparler.

Çava,jeluiassure.

Ellemescrutepouressayerdedevinersijeluidislavéritéousijeluiracontedesconneries.

Onseretrouvetoutàl’heuredevantlebâtimentdesTD,dis-jepourqu’ellesetire.

Cequ’ellefinitparfaireenhaussantlesépaules.

Jepeuxenfinreprendremonoccupation:dévorerunlivresurledroitpénal.Jesatureviteparcequejen’ingurgitequeçaencemomentetçamerenddingue,çamebouffecomplètementlavie.Jefermelebouquin,lebalancedansmonsacàdosetmetire.Jeprendslebuspourmerendresurlecampusetm’assoissurunmuretpourdécompresser.J’écartelesjambesetfixelesol.Commentmaviea-t-ellepum’échapperàcepoint?Jenesuispasderrièrelesbarreaux,maisj’enaiprisaumoinspour cinq piges !Le temps de devenir avocat, puis celui de plaiderma première affaire devant laCourd’appel.Jen’arrêtepasdemedemandercequejeferaisij’échoue,maisc’estinenvisageable.C’est ça le pire, je dois réussirmes études, réussirmon insertion professionnelle etma premièreaffaire.Riend’autrenedoitoccupermespensées.Maisc’estdifficileparceque je suisen traindefaireuneoverdosededroit.

***

*Sophia*

Jesuisungénie!s’exclameMégane.

Qu’est-cequeturacontes?

OnmarchequandellemedésigneTyler,latêtebaissée.Ellem’expliquequ’elleaéloignéJulieensefaisantpasserpourunelibraire.Jenecomprendsriendutout,encoremoinsquandellemeditdemettrelepeudetempsdontjedisposeàprofit.

Commentt’aseusonnuméro?

ParJoyce.

Qu’est-cequetuluiasdit?

Bon,tuvasmefairesubiruninterrogatoireouapprochertonbadboy?

Pourluidirequoi?

Je n’ai vraiment aucune idéede ceque je pourrais raconter, d’ailleurs je crois que lameilleuretactiqueestd’oublier toutcequis’estpasséetdevivreau jour le jour.Voyantque jemedégonfle,Mégane prend les choses enmain. Elle m’attrape par l’avant-bras et me tire littéralement jusqu’àl’étudiant.

Hé,Ty’,tuneviensjamaissitôt!

Illèvelatêtepourregardermonamie.

C’estinterditdechangerseshabitudes?

Il ne semble pas en meilleure forme ni spécialement ravi de nous voir. Ce que j’aimeraisdisparaitreoufairetaireMég’!

Ahah!Quetuesdrôle!

Jesecouelatêteenmedemandantsielleestsérieuseousiellesemoquedelui.

Oups,çasonne.Jereviens!

Etlà,elles’éloigne,sontéléphonequin’apasfaitlemoindrebruitdanssamain.Clairement,ellesefoutdemoi!

Mal à l’aise, j’hésite entre imiterMégane et m’asseoir à côté de Tyler. J’opte pour la secondesolution,plusraisonnableàmonavis.

Tucroisqueleprofvanousrendreledevoirdelasemainedernière?

Jesuisfièredemoi,jemedébrouillepastropmalpourengagerlaconversation.

Çameparaitlogique.

Bon,ilnemefacilitepasleschosesavecsonsarcasme.Faisonscommesijen’avaispascomprisquejel’indispose.

Pourvuqu’iln’interrogepasunautrebinôme.

Ilpouffe.

Sérieux?Tufaisquoilà?

Ilmefixecommesijeracontaisn’importequoi,cequiestunpeulecas,jel’avoue,maisjefaisdemonmieuxpournepasmelaissersubmergerparlemalaisequimeronge.

Tumesautesdessusvendredi, tum’ignores,et tu…jesaismêmepasquoi.Tuessayesdefairequoi?

Nousyvoilà.J’aidesdifficultésàdéglutir.

Pff…enplustuasperdutalangue!Jemecasse!

Ilselèveetattrapesonsacàdos.Jeneréfléchispasetagis.Jeposemamainsursonavant-braspourleretenir.Ils’immobiliseetcommeunegourdejemejettesurluipourl’embrasser,medisantqu’iln’yapasplusclaircommeexplication.Tylersereculeensaisissantmesbraspourarrêtermongeste.

N’essayemêmepas!

Ilmeblessecommejamaisetjedoisluttercontremoncorpspournepaspleurer,pournepasluimontrerlemalqu’ilmefait.Jedoisréagirsijeneveuxpasm’écroulerdevantluietperdrelaface.Jenesupporteraipasqu’ilsemoquedemoiàchaquefoisqu’ilmeverra,parcequejesaisquejeseraisouventamenéeàlecroiser.

C’étaitunpari.

Ilmefusilleduregardenlibérantmesbrascommesilecontactl’avaitbrûlé.

Qu’est-cequetuasdit?medemande-t-il,lavoixrempliedehaine.

Uneconnerie.Laseulequim’estpasséepar la têteenpensantqu’ellemesauverait,qu’ellenoussauverait.Jeravalelaboulequiseformedansmagorgedouloureuse,ravalemeslarmesetrépète,avectoutl’aplombdontjesuiscapable:

C’étaitunparientreMég’etmoi.

Ilmeregardecommesijeledégoûtais,çamefaitmal.Trop.Puisilattrapesonsacets’envasansse retourner. Jecroisquemoncœurvoleenéclatsdansmapoitrine.Mégane tentede l’interceptermaisilnelalaissepasletoucherets’éloignedavantagedemoi.J’aitoutfichuenl’air.

Qu’est-cequis’estpassé?medemandemameilleureamie,abasourdie.

J’aifaituneconnerie.

N’en pouvant plus, je laissemes larmes couler.Méganeme prend dans ses bras et, entre deuxhoquets,jeluiraconteàquelpointj’aiétéconne.

C’estluilecondansl’histoire,m’assure-t-elle.Etilneméritepasquetupleurespourlui.

Elleposesesmainssurmesjouesbaignéesdelarmesenm’ordonnantdemeressaisir.Jefaiscequejepeuxpourluiobéir,maisc’estdifficile.Elleessuiemespleursensuiteetmeconduitdanslestoilettespourmerendreuneallureprésentable.

Maislepireresteàvenir:j’aiTDavecTylermaintenant.

Méganem’accompagnejusqu’àmasalle,iln’yapasencorebeaucoupdemonde.Jem’assoislàoùj’étaislorsdupremiercoursetattends,lenezdansmesnotespourpatienter.Lesétudiantsarriventenmassemoinsd’uneminuteavantledébutofficielducours,monsieurLambert,deuxminutesaprès.Jenelèvepaslesyeuxuneseulefois,refusantdecroiserleregarddeTyler.

J’ai corrigé le devoir de la dernière fois, commence le prof. Ce n’est pas brillant ! Qui estabsent?

Onestaucomplet,répondunétudiant.

Enmême temps, il suffisaitàmonsieurLambertde regarder leschaises, ilne restepasdeplacelibre. Il remplit la fichedeprésenceetprendunpaquetdefeuillesenmain, jesupposequec’est letravaildemardidernier.

Mettez-vousavecvotrebinôme.

Génial!Jedébordedejoieàcetteidée.Uncoupd’œildansladirectiondemamoitiém’apprendqu’iln’apasl’intentiondechangerdeplace,ducoupjeprendsmesaffairesetvaism’asseoiràcôtéde lui sans broncher. Le prof appelle les noms sur les feuilles et les donne à qui de droit encommentant.

Abérnati,Tillerna.

Tylerlèvelamainetleprofnoustendledevoir.

Trèsbontravail.

Ilpasseàunautrebinômeensuite.

Uniquementgrâceàmoi,murmureTylerpourquejesoislaseuleàl’entendre.

Commesij’avaisbesoindeça!Jemesensdéjàassezmaldedevoirpasserdeuxheuresassiseàcôtédelui.

Rapidement,l’enseignantnousexpliquecequ’ilattendaitdenous.Jeprendsdesnotesparcequ’ilesthorsdequestionque jedemande ledevoir àTyler. Jene comptepas lui adresser laparole.Ni

maintenantnijamaisenfait.

MonsieurLambertnousdonned’autresdocumentsensuite,c’estl’horreur,jenecomprendsrien,etsiondoitencoretravaillerenbinôme,Tylervas’endonneràcœurjoiepourmerabaisser.

Vousavezunedemi-heurepourpréparerça,aprèsj’interrogeraiunepersonne.

L’horreur.Bis.

Est-cequ’onpeuttravaillerpardeux?serenseignel’undesétudiants.

Non.

J’ignore si je dois m’en réjouir ou pleurer sur mon sort. Je suis contente de ne pas devoircombinermonsavoir–ouabsencedesavoir–àceluidemonbinôme, toutefois jeneparviendraijamaisàrépondreauxquestions.Jesaisqu’onavucesujetencoursmagistral,mais jene l’aipasencoreassimilé,cen’estpourtantpasfauted’avoiressayé.

Jerespireunboncoup,attrapeunstyloetessayedecomprendrecequim’estdemandé.Leprofestassis à son bureau en train de corriger d’autres travaux.Etmoi jeme sensmal de voir que je neparviensàrienalorsquetoutlemondeécrit,surtoutmonvoisindegauche.Suis-jelaseuleàneriencomprendredecequiestdemandé?Ilesttempsquejemereprenne,jenepeuxpaséchouer.Jerelisànouveau l’énoncé, puis les documents annexes, mais rien n’y fait. Ma feuille reste blanche ;honnêtement, je ne saismêmepas ce que je dois faire. Je nemaitrise pas le droit administratif, jen’aimemêmepascettediscipline,lamajeurepartieduprogrammedecettesecondeannée.

Posezlesstylos!intimemonsieurLambert.

Quoi?Déjà?

Jeregardeautourdemoilescopiesnoircies,jesuisdépitée.Lamienneestblanche.

J’ai l’impression de suer à grosses gouttes quand le prof regarde la liste de noms, prêt à endésignerun.Jesupplieintérieurement«pasmoi,pasmoi».Sijepasse,jesuisfoutue,jenesauraipasquoidireetjevaismeridiculiserdevantlegroupe,devantTyler.Jen’aivraimentpasbesoindeça.

Abérnati.

Là,c’estlechocabsolu.JetrembledetousmesmembresalorsquemonsieurLambertlèvelatêtepourregarderlesétudiantsafindesavoirquiestlapersonnequ’iladésignée.

Faitchier,murmureTyleràcôtédemoi.

Lasecondesuivante, ilpousseses feuillesversmoi, jesuissurpriseparsongeste.Pourquoimevient-ilenaide?

Bouge-toi!medit-il.

Jem’emparedesdocumentsenhochantlatête.Ilfaudraquejepenseàleremercier,ilm’asauvée!

Mais,pasdelamêmefaçonquelafoisprécédente!

Chapitre5

*Tyler*

Pendantlademi-heuredontjedisposais,j’aimistoutcequejesavaissurlepapier,travaillantavecsérieux, raisonnant avec intelligence. Et ma voisine n’a écrit aucun mot. Je sais qu’elle a desdifficultésdanscettematière,enfait,elleestcomplètementlarguée.Alorsquandleprofl’adésignéepour passer devant, j’ai… je ne sais pas. Je n’ai pas compris ce qui s’est passé, en réalité, j’aisimplementeuenviedel’aider.Jeluiaifilémesnotes.Jesuistoujoursfâchécontreelleàcausedecette histoire de pari avec sa copine.On peutmêmedire que je l’aiméchamment en travers de lagorge,maisj’aiquandmêmevoléàsonsecours.

Ellearriveàmerelireets’ensortpasmal.Tantmieux.

MonsieurLambertlaféliciteetellerevientàsaplaceàlafinducours.Ellemerendmesnotesetmeremerciedoucement.

Inutiledemeremercier,jelance.

Elleposeunregardétonnésurmoi.

Pourquoit’asfaitça?

Qu’est-cequej’ensais?C’estvenucommeça,c’esttout.Jen’aipasréfléchi.

Je range mes affaires sans lui répondre. Elle ne montre aucun intérêt envers notre devoir encommunalorsjeleprends.

Tyler!meretient-ellequandjem’apprêteàm’enaller.

Qu’est-cequeçapeutbientefaire?Tunepeuxpastecontenterd’un«merci»etmelâcher?

Jemetiresansqu’ellenem’enempêche.Pourquoiest-cequetoutdevientcompliquéavecelle?

Jedétestelesnanasquicompliquenttout.

Dehors,jeretrouveJulie…c’estplutôtJuliequimetrouve.

Jenet’aipasvuàdeuxheures,mereproche-t-elledirectement.

Moinonplus.

Ellehausselesyeuxauciel.

Lananade la librairienem’apasappelée,ellenecomprendpascequis’estpassé.Mes livresn’arriverontquejeudi.Tuviendrasavecmoi?

C’estune impressionouelle est vraiment en traindemedemanderde l’accompagner làoù j’airefuséd’alleraujourd’hui?Pourquoiveut-ellequ’onsoittoutletempsensemble?Jesuisunmecquiaimelasolitude,alorsêtreseulnemedérangepaslemoinsdumonde.Aucontraire.

Jenesaispas,jerépondspourqu’ellemelâchelagrappe.

Jem’allumeunecigarette,profitantdelapauseavantleprochaincourspourlafumer.Julienepartpas,elles’assoitàcôtédemoisurlemuretdèsquej’yaiprisplace.

Jetetrouvechangéencemoment.

Qu’est-cequ’ellemeraconte?

Tuveuxm’enparler?

Jenemeconfiepas,l’a-t-elledéjàoublié?Toutcequ’ellesaitdemonpassé,c’estparcequ’elleétaitauxpremièreslogespourassisteràmesfrasques.Lereste,lepire,ellel’ignorecomplètement.Qu’elleneviennepasfairecommesielleétaitmaconfidente,jedétesteça.

Jen’aiaucuneenvied’êtrepsychanalysé!Putain!

Jeprendsmonsacàdos,jettemaclopedansl’herbeetmetire.Dansmaprécipitationàlafuir,jerentredansquelqu’un.Sophia,évidemment,quisursautequandjepassemamaindanssondospourqu’elle ne trébuche pas parma faute. Et là, une super idéeme vient. Ou complètement débile, auchoix.J’écrasemeslèvressur lessienneset je l’embrasse,approfondissant lebaiser,sous lesyeuxécarquillés de Julie. Sophia neme repousse pas, elle répondmême àmon baisermais reste aussidroite qu’un piquet. J’ai du pouvoir sur elle, je le ressens en cet instant, et je trouve ça agréable.Quandjemerecule,sesyeuxabasourdismefixent.Ilssontverts,jen’avaisjamaisprêtéattentionàcedétailjusqu’àmaintenant.

UnpariavecJulie,jelanceenluidésignantmonamiequinousfusilleduregard.

Etjemebarre,fierdemonpetiteffet.

Jen’aipasréussiàmetenirtranquillel’andernieràStrasbourg,mêmesij’aivalidémapremièreannée,c’estpourçaquejesuislàpourlaseconde.Etvisiblement,jesuisentraindeprendrelemêmecheminbiscornu.Jedoisarrêterçatoutdesuite.Jenesuispasunchatetcettegonzessen’estpasunesouris.Ellen’estpasmaproie.

***

*Sophia*

Jesuissouslechoc!PourquoiTylerm’a-t-ilembrassée?Est-cevraimentàcaused’unpariavecJulie,quis’imagineentraindem’étriperàcetinstant-même,ouplutôtunedoucevengeance?Certes,je l’aurais bienmérité… Je ne comprends rien à cemec qui souffle le chaud comme le froid. Jepensaisquejesouffriraisaveclui,jenemesuispastrompée.

Si j’aiapprécié lebaiser, j’aidétesté lafaçondont ilm’afièrementannoncéquecen’étaitqu’unpari.

Méganemefixesansparveniràalignerdeuxmots.

Laissetomber,jebafouille.Nedisrien.

Ellelèvesesmains,mepromettantlesilence.Jeluiensuisreconnaissante.

JenecroisepasTylerlerestantdelajournée.Iln’étaitpasassisderrièremoidansl’amphithéâtre,jemedemandemêmes’ilaassistéaucours.

Jel’aperçoislelendemain,maisilgardesesdistancesetnes’approchepasdugroupequeMéganeetmoiformonsavecJoyceetLorenzo.J’aicommelasensationquetoutesmeschancesavecluisesontenvolées.Jemerabroue,jen’enaijamaiseulamoindre.Ilnefaitques’amuseràmesdépensparcequejesuisuneproiefacileetquejelelaissefaire.

Jeudimatin,iln’estpasavecnosamisdevantl’amphi,Julienonplusd’ailleurs.Jedoismefaireuneraison,iladécidédemettrefinà…àquoi?Ilnesepasserienentrenous.Jesoupire,dépitée.

Quelquesminutesavant ledébutducoursmagistral,onentre tousdans lebâtimentpourprendreplace.Jem’installeavecMégane,JoyceetLorenzo,commecesderniersjours.

Décale-toi!

JelèvelesyeuxsurTyler.J’avaisbienreconnusavoixmaisn’étaispascertainequ’ils’adresseàmoi.Voyantquejenebougepas,souslechoc,ilintimeauxautres:

Décalez-vous!

Lorenzos’exécute,puisJoyce,Mégane,etmoiquin’aiplusvraimentlechoix.Tylers’assoitàlaplacequejeviensdelibérer.Queluiprend-il?Décidément, jenecomprendsrienàcemec.Ilsortsonordinateuretouvrelecoursdedroitadministratifdelundi.

Tuascompriscequeleprofaraconté?

Jesuisabasourdieparsonattitudeamicale,tellementqu’aucunmotnefranchitlabarrièredemeslèvres.

Montre-moitesnotes?réclame-t-il.

Jem’exécute,ouvrantmonfichierdecours.

Tylerlesparcourtrapidement.

Tuenasoubliélamoitiéettut’escomplètementgouréeici.Donne-moitonadressemail!

Je m’exécute, bien que surprise par sa demande. Il m’envoie son cours, puis commence àm’expliquer dans les grandes lignes ce qu’on a vu depuis le début de l’année. J’avoue que jecomprendsbienplusfacilementavecluiqu’avecmonsieurLambert.

Quand le prof arrive, ma rapide remise à niveau prend fin, et je suppose que Tyler va allerrejoindreJulie.

OnseretrouveàmidiaurestoU,aprèsdéjeunerjetenteraiuneremiseàniveau.

Jesuistotalementsurprise,tellementquejenetrouverienàrépondre,jeneparviensmêmepasàacquiescer.

Ty’!l’appelleJulie.Viens.

Jerestelà.

Jesourisintérieurement,maisjesaisqueçasevoitaussisurmonvisage.

Lecoursdébuteet,moi,jesuisauxanges.Unechoseestsûre,Tylers’intéresseàmoi.

***

*Tyler*

À la fin du cours, je me dépêche de sortir de l’amphi, je déteste être pris dans les bouchonsd’étudiantsetjeveuxfumeravantdemerendreaurestouniversitaire.

J’aiaussivouluéviterJulie,maisc’étaitmallaconnaître,elleadûbousculertoutlemondepourparveniràsefrayeruncheminetmerattraper.

Onvaraterlebus,mefait-elleremarquer.

Habituellement,jemedépêchedem’yrendre,là,jefumetranquillement.

Jenerentrepas.

Pourquoi?Tuvasmangeroù?

AurestoU.

J’avaisprisunecarteaucasoùparfoisjevoudraisydéjeuner,bonneinitiativepuisqu’ellevameservir.

Jevoisbienquel’idéeneplaitpasàmonamie,maisjen’aiaucuncompteàluirendreetilseraittempsqu’ellelecomprenne.

Àplus,jelanceenjetantmacigarette.

Ty’?

Jesuisdéjàentraindesoupirerd’agacement.

Tuviensavecmoiàlalibrairieaprès?

J’aid’autresprojets.

Nesupportantpasdesubiruninterrogatoire,jemetire,nemeretournantmêmepaslorsqu’ellemerappelle. J’arrive avant Sophia au resto U, je prends un plateau, choisis mon déjeuner et vaism’installeràunetable.

Monélèvenetardepasàapparaître,avecMéganeetJoyce,cettedernièremangedeplusenplussouvent ici lemidi. Je fais un signe àSophia qui semblenepas en croire ses yeux, sansdoute nem’avait-ellepasprisausérieux.Ellemerejointquelquesminutesplustardavecsonplateau,lesdeuxautress’installentàl’écart.

Coursdedroitadministratifnuméroun,jecommence.Sorstesnotes.

Un?Çaveutdirequ’ilyenaurad’autres?

J’esquisseunsourireenouvrantledocumentsurmonordinateur.

Jesuisdisposéàt’aidersituleveux.

Queveux-tuenéchange?

Jehausselesépaules.Jen’aiaucunbutprécisenfaisantça.Êtreiciaulieudememorfondredansma chambre avec des bouquins qui ne sont pas demon niveau, c’est toujoursmieux. Et puis, luiexpliquerledroitadministratifestégalementensoiunemanièrederéviser.

Tunepeuxpastecontenterd’un«oui,merci»?

D’accord.Alors,ouijeveuxbiendetonaide,etmerci.

Ehben,voilà!

Jemangemon entrée alors qu’elle ouvre son cours. Pendant le déjeuner, je lui demande demeparler de ce qu’elle a compris jusqu’à présent.Mon constat est rapide, elle est larguée dans cettematière.

Après le repas, je l’aidecomme jepeuxà se remettre àniveaupuisnousconvenonsdemangerensembledemainpourcontinuer.Ellen’estpasidiote–sinonelleneseraitpasdanscettefilière–,ilsuffitdeprendreletempsetellemaitrisecequejeraconte.

Unedizainedeminutesavantleprochaincours,jedécidequec’esttoutpouraujourd’huietm’envais.Ellem’imite,maisjenel’attendspas.

***

*Sophia*

Jerejoinslesfillesaprèsavoirpasséplusd’uneheureetdemieavecTyler.C’étaitpouruncoursdedroit,maisquandmême.Ellesm’assaillentdequestions,toutefoisjen’airienàleurraconter.Tyleretmoin’avonsvraimentfaitquebosser.Jesuisheureusequ’ilm’aideparcequ’avecluijecomprendsbienmieuxleschoses.Jesuiscependantconscientequ’ilnem’expliquerapastouslescoursdedroitadministratifdel’année,ilvafalloirquejemaitrisecettematièreparmespropresmoyens.Maispourl’instant,sonaideestlabienvenue.

TuenpincespourTy’?s’enquiertJoyce.

Lorenzonousrejointàcemoment-làetjerépondsnégativementàcellequidevientmonamieaufildes jours.Ellen’insistepas,sepavanantaubrasdesonhomme,néanmoinsjesensleregarddeMéganesurmoi,ellen’estpasdupe.Ellemeconnaitmieuxquepersonneetabiencomprisque jetombaisamoureuse.Àmoinsquejenelesoisdéjà.Pauvredemoi!Moncœurn’apasfinidevolerenéclats.

Tylernem’accordepaslamoindreattentionlerestantdelajournée.J’avaisbêtementpenséqueledéjeunernousauraitrapprochés,jemesuislourdementtrompée.JenelevoispasnonplusavantdeprendrelemettisavecMégane.

Dans le train,mameilleureamiem’interroge sur cequi s’estvraimentpasséentrenousàmidi,pensantque,peut-être,jen’avaispaseuenvied’enparlerdevantJoyce,quiestégalementl’amiedeJulie.

Onn’afaitquebosser,jeluiassure.

Jemetspeut-êtreunpeudedéceptiondansmavoixparcequ’ellelaressent.

Tut’attendaisàautrechose?

Jesuiscontentequ’ilm’aideparcequejecomprendsbienmieuxaveclui,maisoui…j’aimeraisqu’on se rapproche. Il était super sympa cemidi, et puis il est parti etm’a complètement ignoréeensuite.

Ilt’aembrassée,jevoisçacommeunsigne!

Jesourisàcesouvenir,maismalheureusementjen’aipaslamêmevisionqu’elle.

Jecroisqu’ill’afaitpoursevengerparcequejeluiavaisditquemonbaisern’étaitqu’unpari.

Possible.Maisilyavaitunegrossedifférenceentretonbisouinnocentduboutdeslèvreset lesien!

Jesuisd’accordavecelle,etenyrepensant j’arriveencoreàsentir la languedeTylercontre lamienne,songoûtmentholémélangéàl’odeurdutabac.Jesuisvraimentatteinte!

***

Lematinsuivant,TyleretJuliesontaveclabande.J’ensuisencoreàmedemandersi jedoisluifairelabiseoul’ignorer–commeluilefaitavecmoi.C’estépuisant,toutescesquestionsàlafin!J’aimeraistantagirnaturellement,spontanémentcommeMégane,quineseprendjamaislatête.

Salut!lance-t-elleenarrivantàleurhauteur.

EtellecommenceàembrasserJoyce,enchaineavecLorenzo,etc.Pourmapart,j’oublielesalutetfaislabiseàtoutlemonde,commeelle.Juliedétestefairebonnefigure,jelesais,etTylerneréagitpasàmoncontact.Jemedemandevraimentcequej’espèreavecuntypecommelui.

Vousfaitesquoidemainsoir?s’intéresseLorenzo.

Aucuneidée,répondMégane.Engénéralontraineaucaféduvillageavecdespotes.

VoushabitezloindeMetz?

Non,àpeinecinqminutesentrain.

Çavousditunesortieendiscothèque?

Méganemeregarde,semblantréfléchir.

LucprendrasavoitureetsiLaurentpeutempruntercelledesesparents,çadoitpouvoirsefaire.Partante,Soph’?

EndiscothèqueavecTyler?Carrément.Oui,jesais,jenedevraismêmepasysonger,maisjesuisfaibleetattiréeparluibienqu’iln’éprouvepaslamêmechosepourmoi.

Oui.

Super,c’estdécidé,c’estok,accepteMéganeenregardantLorenzo.

Sansmoi,annonceTyler.Tusaisquejenesorspas.

Lorenzon’insistepas.Jesuisterriblementdéçue.

Oh,allez!lesupplieJulie.

Pourunefois,jesuisdesonavis.

Laissetomber,jen’aiaucuneenviedememêlerauxcouples,lance-t-ilenmefixant.

Dois-jeprendrecettepiquepourmoi?Jenesuispasencouple…àmoinsque…Biensûr,JulieadûluiraconterquejesorsavecLaurentpuisqu’ellem’avueavecluiaucinémaleweek-enddernier.

Iln’yaqueMég’,JoyceetnotreamiePattyencouple.

Jenesaispasàquoiilpenseencetinstant,maisilsoutientmonregard,mesondantpeut-êtrepourdécouvrirsijedislavérité.

Jeneviendraipas,décide-t-il.

Puisils’enva.Julieluiemboitelepas,unevraiesangsue!

Méganemedonneuncoupdecoudeetmesouritavantd’échangersonnumérodeportableavecLorenzoafinqu’ilspuissentsecontacterdemainpourplanifierlasoirée.

Puischacunregagnesasalledecours,etlamatinéepasserapidement.JedevaisretrouverTyleràmidi,mais j’ignoresic’estencored’actualité. Joycemangeunenouvelle foisau restoU,Lorenzoaussi.Quandonentredanslerestaurant,moncœurs’emballeenapercevantTyler,seulàunetable.

Tuasrencard,souffleMégane.

J’esquisseunsourireetremplisrapidementmonplateaupourleretrouver.Lorsquejem’installeenfacedelui,ilmedemandedepréparermescours.Mameilleureamieatort,c’estbienloind’êtreunrencard!Çaressembleplusàdututorat.

J’obéisetenmangeantjeluiracontecequ’ilm’aexpliquélaveille,fièred’avoirtoutretenu.Luil’estaussi,jelevoisdanssesyeux.Onpasseàlaleçonsuivante,jesuistoujoursblufféeenvoyantàquelpointilmaitrisesonsujet.C’estunpassionnédedroit,àn’enpasdouter.

Tutedébrouillesbien,m’encourage-t-ilenrepoussantsonplateauquandilaterminédemanger.

Monprofestexcellent,jelecomplimente.

Ilsourit,cequicreuseunefossettedanschacunedesesjoues.Jesuisconquiseetdivinementbienencetinstant,sanscompterquejelesensmoinsrenferméqued’habitude,moinsfroid.

Alors…pasdediscothèque?

C’estidiot,maisj’aimeraislefairechangerd’avis,lefaireveniràlasoirée.

Non.

Pourquoi?

J’espèrenepasl’indisposer,jesaisqu’ilsebraquerapidement.

C’estbruyant,secontente-t-ilderépondre.

Tupréfèreslecalmed’unesalledecinéma?

Tuessayesdedécrocherunrencardavecmoi?

Nem’attendant pas à cette réplique – je n’avaismême pas cette arrière-pensée –, je ne sais querépondre.D’uncôté,jemedisqueceseraitpasmaldejouercartessurtable,maisdel’autre,j’aipeurdetropmedévoiler.

Peut-être.

Çam’aparularéponselamoinsrisquéesurlemoment,maisenprononçantcesmots,j’aiplutôtl’impressionqu’ilssonnentcommeunaveu.

Alors,accroche-toi,chérie.

Ilfermesoncoursetrangesonordinateurdanssonsacàdos;j’aitoutfoutuenl’air,unefoisdeplus.C’estlemomentdetenteruntruc,n’importequoi!Saufunbaiser–plusjamaisjeneréitèreraicetteerreur.

J’imaginequeçaveutdirenon.

Plusstupide,tumeurs!

Trèsperspicace!Essayedel’êtreautantencours!

Ensuite, il s’en va. Il n’estmême pas treize heures et je n’ai pas encoremangémon dessert. Jeprendsquelquessecondespourmeressaisiretrejoinsmesamisàunetablevoisine.

Lecoursestdéjàterminé?medemandeMégane.

JoyceetLorenzoneréagissentpas,j’endéduisqueMéganeleuradéjàracontéqueTylermedonnedescours.

Disonsquej’auraismieuxfaitdenepasparlerd’autrechosequededroitadministratif.

Je soupire, mon amie essaye d’en savoir plus, mais je ne dirai rien devant les deux autres. Jen’avalemêmepasmacrèmeauchocolat,jen’aiplusfaim.

Ty’ est comme ça,me dit Lorenzo.Unmoment, il est super et la seconde suivante il pète lesplombssansquetusachespourquoi.Jevisaveclui,jem’ysuisfait!

Maismoipas,etçafaitmal.

Quandonquittelerestouniversitaire,jedemandeàMéganedem’accompagnerauxtoilettes,etlàjeluiconfiecequis’estpasséavecmonprofparticulier.

Jenesaispascommentrattraperlecoup.Méganemeconseilledelaissercouler,defairecommesiriennes’étaitpassé,maismoijenepeuxpas.Jevaispassermonweek-endàbroyerdunoirsijenerésouspasmonproblèmeaveccemec.

Alors, quand nous marchons pour retrouver les autres et que je l’aperçois, appuyé contre lebâtiment,unecigarettedanslabouche,etseuldesurcroit,jen’hésitepasuneseconde.

Tuasécourtélecours,jedissanslemoindrereprochedanslavoix.

C’estjusteunesimpleconstatation,dequoiengagerlaconversationenfait.

C’estdingue,cequetupeuxêtreperspicaceendehorsdescoursdedroit.

Mercipourlecomplimentdéguisé.

Ilesquisseunsourire,jemarqueunpoint,ondirait.

Sérieux,Sophia,sers-toidetonintelligenceencoursettoutsepasseratrèsbien.

Quejem’accrocheensomme.

J’espèrequ’ilcomprendraledoublesens.Etvulafaçondont ilmeregarde, jesuissûrequ’il lesaisit.

Onparlebiendesétudeslà?

Jen’ensaisrien,àtoidemeledire.

Iln’yaqueçaentrenous,dequoid’autrepourrait-ondiscuter?

Ceconnardmeblesseetilnelesaitmêmepas,àmoinsqu’illefasseexprès.

J’en suis encore à réfléchir à une réplique cinglante quand Julie arrive, je sais que ma seule

solution,c’estdepartir,sinonilsserontàdeuxcontremoi.

Tueslà,bébé.

J’écarquillelesyeuxetjenesuispaslaseule.Tylernesemblepasappréciercep’titnomqu’elleluidonneenpublic.

T’esmaladeouquoi?Nem’appellepascommeça!

Julienesemblepass’enoffusquer,ellecontinue.

Onvafaireuntour?

Iljettesacigarette.

Jesuisoccupé.

Etlà,ilsetourneversmoi.

Situveuxqu’onfinissecequ’onacommencéavant,c’estmaintenant.

Vouspensezbienquejesautesurl’occasionetapprouvedanslafoulée,laissantJuliedanslatotaleincompréhension,monprofayantbienchoisisesmots.

Ilattrapesonsacets’éloignedéjà,jeluiemboitelepasetdoisaccélérerpourarriveràsahauteur.

Tutesersdemoipourrendrejalousetacopine?

Benquoi?Depuis le tempsque jemedemandes’il sepasseun trucentreeux,c’estpeut-être lemomentd’obtenirlaréponse.

Cen’estpasmacopine,etferme-laoujerisquedechangerd’avis.

Autantdirequejesuisravie,etquejelabouclejusqu’àcequ’onsoitassis l’unàcôtédel’autredanslabibliothèqueducampus.

Tylerreprendsesexplicationslàoùils’étaitarrêtéaudéjeuneretjesuisbiencontenteparcequ’ilestd’uneaideinestimable.

Quelquesminutesavantledébutduprochaincours,ildécidequenousavonsfini.Jen’osepasluidemanders’ilpensecontinueràmedispenserdescoursdesoutien.

Cettefois, ilnesesauvepascommeunvoleurquandnousavonsrangénosaffaires.Ilmarcheàcôtédemoiendirectiondel’amphithéâtre.

Mardi, je doisme tirer après le TD, tume fileras tes notes du coursmagistral, je jugerai taméthode.

D’accord.Tuveuxquejetelesenvoieparmaillesoirmême?

Parcequej’airecopiésonadressemaillejouroùilm’aenvoyésesnotes,vouspensezbien–bienmieuxprisesquelesmiennes,celadit.

Situveux.Ontâcheradesevoirlemercredipourenparler.

Onpourradéjeunerensemble.

Ils’arrête,jel’imite,etplongesonregarddanslemien.

T’esincroyable!Tulâchespasl’affaire!

Jefroncelessourcils,necomprenantpasdequoiilparle.

Ilprécisealorssapensée.

Touslesmoyenssontbonspouravoirunrencardavecmoi.

J’esquisseunsourire.Peut-êtrebienqu’inconsciemment…

Netedonnepascetteimportance,chéri!Laseulechosequ’ilyaentrenous,c’estlescours.

Fièredemarépartie,jedécidedem’enaller,maisTylermeretient,saisissantmonavant-bras.

Lescoursdelangueaussi?

Jedoisvireraucramoisidanslaseconde,sachantparfaitementqu’ilneparlepasd’anglais.

Lesétudiantssontpresquetousdansl’amphi,nousallonsêtreenretard.

Allonsnoustrouveruneplace.

Jelesuisdèsqu’illâchemonbras.

Jen’aiaucuneidéed’oùsetrouventlesautresetTylersembles’enmoquercommedesapremièrecouche.Ilnousdégoteuneplacedanslefondetonsuitlaleçoncôteàcôte.

Àlafinducours,ils’envacommesinousn’avionspaspassélesdeuxdernièresheuresensemble.Décidément,jenecomprendsrienàcemec,etquelquechosemeditquecen’estpasprèsdechanger.

Chapitre6

*Sophia*

MéganeatoutarrangéavecLorenzo,nousdevonsnousretrouveràlaVillarouge,àMetz,oùunegrandetablenousestréservée.J’aifaituneffortsurmatenue,enréalité,jen’avaispasréellementlechoix.Méganeestvenuechezmoietnousnoussommespréparéesensemble.Elleadénichéunjeanmoulant,desbottesàtalonsaiguilleaveclesquellesj’aidumalàmarcheretuntopbustierquidévoilelanaissancedemesseins.Elleaattachémescheveuxenunehautequeuedechevaletdesanneauxargentés pendent à mes oreilles. C’est vrai que je suis très jolie, mais assez loin de ma tenuehabituelle. J’ai dumal àme sentir à l’aise.Heureusement qu’elle nem’a pas obligée àmettre unejupe!

Nouspartonsàdeuxvoituresetnousnousgaronssurleparkingleplusprochedeladiscothèque.Nousmarchons ensuite, je doisme concentrer pour ne pas tomber.Mégane nous annonce que lesautresviennentd’arriver,pourmonplusgrandmalheur,onpresselepas.

Une fois dans la discothèque, je suis lemouvement, jusqu’à cequenous soyons avecnos amis,autourd’unetablebasse,ungrandcanapél’entourant.Etlà,moncœurrateunbattement,Tylerestlà.Tyler,quidétestelebruitetnevoulaitpasvenir,estlà.

Sa seule présence vient d’égayer ma soirée, je ne songe même pas à toutes les horreurs qu’ilpourraitmedireetquimeblesseraient.Jesuissurunpetitnuagequandjeluifaislabise,nelésinantpassurlegrandsourirequejeluiadresse.

Quoi?medemande-t-il.

Suis-jesitransparente?Jem’approchepourluiglisseràl’oreille.

Riendutout.

Cependant,iln’estpasdupe.Unserveurprendnotrecommandeetrevientquelquesminutesaprèsnousl’apporter.J’aichoisiunedespé,etjemesuisassiseàcôtédeTyler.Julieestégalementàcôtédelui,commevouspouvezvousendouter.Non,cettefillenemerendpasdingue!

Lucpayenosconsos.

Quand j’avale une gorgée dema bière aromatisée à la téquila, je constate queTyler a un verredevant lui. Je ne sais pas ce qu’il contient,mais visiblement il y a du coca dedans.Agrémenté dewhisky ? Je ne saurais le dire. D’abord on discute tous ensemble, en oubliant les cours, puis lescouplesvontdanser.Thomasdécided’allerleverunefillepourlasoirée,charmant!JemeretrouveavecTy’,sasangsueattitréeetLaurent.N’ayantpasdécidédefaireofficedeplantevertecesoir,jevaisdansermoiaussi.Sienplus,jepouvaisfairebougerTyler,ceseraitlacerisesurlegâteau.Jemepenchepourluiparleràl’oreilleafinqueluiseulm’entende.

Tuviensdanser?

Tunemeferaspasbouger.

Ohallez!

Essaieavecl’autremec,jesuissûrequ’ilenmeurtd’envie.

Jesaisqu’ilfaitallusionàLaurent.

Pastoi?

Ilattrapesonverreetenavaledeuxgorgéesavantdereportersonattentionsurmoi.

Non.Pasmoi.

Ladéceptionm’envahit,toutefoisjeneluimontrepas.Jenevaispaslelaissergâchermasoirée.Finalement, jemedemandepourquoi il estvenu. J’invitedoncLaurentàdanser, il accepte. Jeboisquelquesgorgéesdemadespéavantdem’adresseràTyler.

Jetelaconfie.Autantquetuservesàquelquechose.

Outch,qu’ilfait,mimantd’avoirétéblesséparmademande.Parstranquille.

***

*Tyler*

Ouais, je suis venu ce soir. Pourquoi ? Je n’en sais fichtrement rien. Lorenzo n’arrêtait pas deparlerde l’organisationde la soirée,d’appelerMéganepourconvenirdeplusieurs choses. J’avaisd’abordrefusédelesaccompagner,puisj’aichangéd’avisàladernièreminute.J’aiprismavoiturepourmejoindreàcettepetitebande,accompagnéeparJulie,quimedonnel’impressiond’êtretropprésentedansmavieencemoment.Lepire,c’estquejelalaissefaire,ilvafalloirqueçachange.

JeboismoncocaenregardantSophiadanseravecLaurent.Iln’yavaitpasmoyenquejemetteunpiedsurlapiste.Iln’yauraitpasdûenavoirpourquejevienneici,d’ailleurs.Ilyadel’alcool,etdela drogue qui circule, j’ai déjà repéré un dealer, assis à la table en face de nous. Il essaye d’êtrediscret,maisc’estraté.Alorspourquoijemetrouvelà?

Tuflirtesavecelle?mereprocheJulie.

N’importequoi,jemarmonne.

C’estvrai,jeneflirtepas.Qu’est-cequejeferaisavecunecopine?Pourquoijem’encombreraisavecça,alorsquejen’aiqu’àclaquerdesdoigtsquandjeveuxdusexe.Enparlantdeça,jen’aipasbaisédepuislarentréeuniversitaire,çafaitvraimentlongtempsetilesttempsquej’yremédie.

MesyeuxseposentsurSophiaquisetrémoussesurlachanson,riantavecsoncavalier.Ellen’apasconscienced’êtrehyper sexycesoir.Elleestbelle tous les jours, jenesuispasen traindedire lecontraire,maisce soir… je la trouvedifférente.Peut-êtrequec’est l’alcoolqui ladésinhibe.C’estvraiquecettemerdeferaitfairen’importequoiàn’importequi.

Onvadanser?meproposeJulie.

J’aiunebouteilleàsurveiller.

Cen’estpasuneexcuse,c’estlavérité,etjem’enamuse.

Qu’est-cequej’enaiàfoutredelaboissondecetteconne!

Juliecrachecesmotsavecpleind’amertume.

C’estlemomentquechoisissentSophiaetsoncavalierpourrevenirs’asseoir.

Onpeutyallermaintenant!insisteJulie.

Tumeconnais,Jul’,tusaisquejenebougeraipasmonculdelàdetoutelasoirée,alorsinutiledem’emmerder!

Ellesoupireetsetire.Çameferadesvacances!

Personnenes’estapprochédetaboisson,jelanceàSophia.

Jevidemonverreetmecalecontreledossierducanapé.Lademoisellem’imite,buvantàmêmelabouteille,puisserapprochedemoi,s’adossantautissurouge.Laurentnerestepaslongtempsavecnous,ilretournerapidementsurlapiste.Onseretrouvetouslesdeux,jenesaispasbiencommentréagir.Cettepromiscuiténemedérangepas,maisj’attrapechaud,etjenesuispassûrquecesoitunebonnechose.J’enlèvemavesteencuiravantdemerepositionner.

Monsieuresttatoué,constate-t-elleenposantsesdoigtssurmonbras.

Sophia suit le tracé du dessin noir, des motifs entrelacés les uns dans les autres, il n’a aucunesignificationprécise.

Jel’aifaitilyaunan.

C’estmagnifique.

Sesdoigtsnes’arrêtentpasà la findudessin,elle lespromènesurmamain.L’atmosphères’estréchaufféeouc’estmoiquigrimpeentempérature?

Arrête,jeluidisenrepoussantsamain.

Siellecontinue,ellevamefairebander.Ellen’avraimentaucuneconsciencedesonpouvoirdeséduction.Elleestdangereuse.Pourmoi.J’aimeraism’éloigner,allerfaireuntour,fumeruneclope,maisjenebougepas.

Désolée.Jevaisgardermesdistancesavec toi,c’estceque tuveuxde toutefaçon,m’assène-t-elle.

Sophias’apprêteàs’éloigneretmoi je laretiensdemamainsursonavant-bras, l’empêchantdes’écarterdemoi.

Tunesaispascequejeveux.

Alors,dis-le-moi.

Elleplantesonregarddanslemien,attendantquejeluiréponde.Jen’aiqu’uneenvie:l’embrasser.Capturerses lèvresetgoûteràsa langueencoreune fois.Mais jedemeurestoïqueet le retourdescouplesmetfinànotreconnexion.Sophiadétournelesyeuxetjeretiremamain.

Les discussions reprennent, je garde le silence. Julie revient à table, m’ignorant complètement.J’hésiteentreresteretrentrer.Lorenzoproposeunenouvelletournée,chacunchoisitdel’alcool,sauflesconducteurs–Luc,Laurent,Thomas.Sophiaoptepourquelquechosedeplusfort:unetéquila.Jevaispeut-êtreresterencoreunpeu,histoiredelasurveiller.Quandceluiquiserapprocheleplusd’unpotepourmoimedemandecequejeveuxboire,j’optepouruncoca.Jeroule,maiscen’estpaspourçaquejesuisclean.J’essaieseulementdetenirlapromessequejemesuisfaite.

Toutlemondedansesouvent,jesuisleseulànepasbougermesfesses,saufpourallerpisseretdeux fois pour aller fumer dehors. Sophia semble m’avoir complètement zappé depuis que j’airepoussé ses doigts de ma main. Elle danse avec sa copine Mégane, parfois avec Joyce ou lesgarçons. J’en arrive à me demander ce que je fous là. Julie aussi a décidé de m’ignorer et des’amuser.Peut-êtrequ’ilesttempsderentrer,Soph’,commel’appellentsesamis,enajustementassezpourveillersurelle.Jen’enpeuxplusdelavoirs’agitersousmesyeuxcommesic’étaitunechosenaturellepourelle.Ellen’aaucuneidéedel’effetqu’ellemefaitetmoinonplusavantcesoir.J’ail’impression d’avoir ouvert les yeux et de m’être pris une claque. J’attrape ma veste, l’enfile ettraverseladiscothèquepourallervoirailleurssij’ysuis.C’estdumoinscequej’avaisprévu.Maisbien sûr, c’était sanscompter surmissdésinhibéegrâceà l’alcoolqui saisitmonbraspourque jem’arrêteetlelâcheaussitôt,commesilecontactl’avaitbrûlée…oucommesielleavaiteupeurquejeluidisedemelaissertranquille.Pluscrédible.

Tuvasfumer?

Non,jerentre.

Commeça?s’étonne-t-elle.Sansdireaurevoir.

Aurevoir,jeluilanceavantdereprendremonavancée.

Unefoisdehors, jerespireungrandbold’airfrais,çamefaitdubien, j’ai l’impressiond’avoirmoins chaud soudainement. Enmarchant jusqu’àma voiture garée plus loin, j’entends un bruit detalonssurlebitume.Jemedemandesiunenanamesuit,etqui.JeparieraissurSophiaetsielleaeule culot dem’emboiter le pas, je jure que je la faismonter à l’arrière demaGolf pour la sauter.D’unepressionsurlebouton,jedéverrouillelesportièresetmeretournepourfairefaceàcellequimerejoint.Bon,cen’estpaslafilleàlaquellejem’attendais,maisjeneremettraipasmesprojetsdesexepourautant.J’enaibesoincesoir.

Onyva,jeluidis.

Alors que je prends place derrière le volant, Julie monte à côté de moi. Je mets la musique,m’allumeunecigaretteetroulejusqu’àl’appart.Jelaisselavoitureauparkingetnousmontons.

Aucunmotn’estéchangé,pasplusquandjelasuisdanssachambre–jamaisdanslamienne.Julieseprécipitesurmabouche,puismedéshabillesanscesserdem’embrasser. J’aienviedesexe.Pasd’elle.Pirequeçamême,quandj’aienfiléunecapoteetquejemeglissedanssonintimité,c’estlevisaged’uneautrequejevois.J’ai l’impressiond’êtreunvraisalaudencouchantavecelle toutenm’imaginantêtreavecuneautrefille.Saufquej’aiparfaitementconsciencedenepasêtreaveccellequioccupemespensées,alorsjenefaisriendeplusqued’habitude.Jenelalaissepasmetoucherniprendremaqueuedanssabouche,jelapénètre,jefaismonaffaire,etmetire.C’estcommeçaquejefonctionneetellelesait.Ellel’acceptesinonellerefuseraitquejelatouche.Pasdesentimentsentrenous,ellen’estqu’uneamieavecavantages.Peut-êtrecollante, jem’enrendscomptedepuisque jemesuisinstalléici.Avant,jenelavoyaisquedurantlesweek-endsetlesvacances,autrementditjenemeformalisaispasdesaprésence.Là,jecommenceàsaturer.

Je sors de la pièce après avoir joui et balance la capote à la poubelle avant de regagner machambre.J’attrapedesaffairespropresetvaisprendreunedouche.

***

*Sophia*

AprèsqueTylerm’aitditaurevoir, jecomptais lepoursuivre jusquedans la rue,mêmesi jenesaispaspourquoij’auraisfaitça,jeseraissansdoutepasséepourunehystériqueàsesyeux.Maisjenevoulaispasqu’ilparte,j’aimaissavoirqu’ilétaitlà,mêmesinousétionsloinl’undel’autre.Ilyabieneuunrapprochement,maisilm’arapidementremiseàmaplace.

Jem’apprêtaisàluiemboiterlepasquandunemains’estfermementreferméesurmonavant-bras.JemesuisretournéepourfairefaceàJulie.

Net’avisemêmepasdesortird’ici!

Son ordre sonnait davantage comme unemenace. La guerre était déclarée. Elle en a clairementaprèsTyleretmoiaussi.J’avaisenviedelarepousser,deluimettreunegifleetderejoindreceluiquimetourmenteencemoment,maisJuliem’afaitrenoncer.Elleaserrémonpoignetplusfort,faisantentrersesongles longsdansmapeau.J’aipousséuncrià ladouleuretretirémonbrasquandellem’alibéréedesonétreinteacérée.

Net’approcheplusjamaisdelui!

Etelleestpartie.

Méganeestarrivéequelquessecondesplustard,ellen’apasassistéàtoutelascène,maiselleabienvuqu’ilsepassaitquelquechoseavecJulie,etquandelleaposélesyeuxsurmonpoignetquisaignaitellealaissééchapperuncri.Ellem’aprislamainetm’aconduiteauxtoilettesoùellem’anettoyée,commesielleétaitmamère.Jeluiairacontél’altercationaveclasangsuequidoitsesentirdeplusenplusmenacée.

Non,maispourquielleseprend,cetteconne!J’espèrequetuvasledireàTy’.

Ilestparti,jet’aiditqu’ellel’arejoint.

Lundi,Soph’.

Jesoupire.

J’aibesoind’unverre!

Nousretournonsàtableetj’avaleunenouvelledespé.Jevaisdevenirdingueaveccettefillejalouseetleshistoiresqu’ellecrée.Unechoseestsûre,lundi,jel’ignorerairoyalement,etce,touslesjoursquisuivront.Ellem’adéclarélaguerre,qu’àcelanetienne!

Jepasse le restantdemasoiréeàruminermavengeance,àmamanièrederépliquer.Peut-êtreàtort,jesuispompette,etc’estbienplusfacilepourmoidem’imaginerarracherlescheveuxàcetteconne!Parcontre,lundi,surlecampus,sansMéganeenplus,jeraserailesmurs.

Nouspartonsuneheureaprèsl’incidentdontpersonne,àpartmameilleureamie,n’estaucourant.JesuisdanslavoitureavecLaurent.IlmeparledeTyler,ayantremarquéquej’appréciesaprésence.Iltentedem’arracherdesconfidences,maisjeneluidisrien.Tylern’estqu’unami,jeleluiassure,mêmesic’estunbiengrandmot.Unproftuteur,peut-être.

***

J’aibienessayédejouerlamaladepournepasallerencourslundi,maismamèren’yapascruuneseconde,jesuisunepiètrementeuse.Jetrainedespiedsenmerendantàlagare,davantagesurlequai.Etlà,ilsepassequelquechosedesurnaturel,parcequec’estjusteimpossiblequecesoitvrai.Méganeestlà,sabesacesurl’épaule.

Jen’allaispast’abandonneraujourd’hui,medit-elleavantdemeprendredanssesbras.OnvaluifaireboufferlapoussièreàlaJulie!

J’éclatederireetlaremercied’êtrevenuemesoutenir.Sanselle,jecroisquecettejournéeauraitétéunvéritablecauchemar.

Durant le trajeten train,Méganemeparledesvacancesquiarrivent,desesprojetsavecLuc. IlsaimeraientpartirdeuxjoursdanslesVosges.Commejelesenvie!Moi,jevaispasserlasemaineàmemorfondrechezmoiàcaused’unmec.Biensûr,jeverraimesamis,oniraaucafé,ondiscutera,ons’amusera,maisrienàvoiraveccequejevoudraisvraiment.

Danslemettis,plusonapprochedel’îleduSaulcy,plusjestresse.Lesautresserontsansdoutetousensembleetjen’aipasenviedevoirJulieetsonsouriretriomphantsurlevisage.

Méganem’entraineversl’amphidèsquenousdescendonsdubus.J’aperçoislabandeaucompletàquelquesmètresdenous,elleaussi.

Salut!lance-t-elleàleurhauteur.

Elle fait la bise à tout lemonde sauf à Juliequi ne semblepas s’enoffusquer. Je fais pareil, nem’attardantsurpersonne,etsurtoutpassurTyler.

Vousêtesbienrentréssamedi?nousdemandeLorenzo.

Genre,tunelesaispas!J’aienvoyéuntextoàJoyce,répondMégane,totalementàl’aise.

Moi,j’aijusteenviededisparaitreetjevaisbientôtenavoirl’occasion,lecoursmagistraldébutedansmoins de dixminutes. Thomas nous fausse compagnie tandis que Julie réclame queTyler lasuive. Il s’exécute, ça me donne envie de vomir. Je reste avec les autres et nous prenons placeensemble,Tylern’exigepasdes’asseoiràcôtédemoicettefois.Ilestplusloin,devantnous,avecsasangsue. Je vais finir par penser qu’il adore qu’elle lui colle le train. Je fais ce que je peux poursuivrelecours,maisjesuislarguée,monsieurLambertn’expliquepas,ilcompliqueleschoses.

Jesuisbiencontentedesortirdelà,quatreheuresplustard.

Ondéjeuneenville?nousproposeJoyce.

Jen’ensaisrien.J’aidel’argentsurmoi,làn’estpasleproblème.Cependant,j’ignoresiTyleraprévudemedonneruncours.Lachoselapluslogiqueàfaireseraitdeletrouveretdeluiposerlaquestion.Saufquejenesaispasoùilest.

Soph’,çatedit?s’enquiertMégane.

J’aipeut-êtreuncours,commeonn’enapasparlé,jenesaispas…

Ehbien,découvronsça.Lorenzo,tupeuxappelerTy’etluidemanders’ilcompteretrouverSoph’aurestoU.

Ok,acquiescelejeunehomme.

Alorsqu’ilappellesonami,jelevoisdansmonchampdevision,iln’estpasseul,maisjem’enfous,jemarchedanssadirection.Quandilm’aperçoit,ils’arrête.

Laisse-moi deviner, commence-t-il avant que j’ouvre la bouche. Tu es encore plus larguéequ’avantettuveuxquejet’éclaire.

Parle-t-ondecours,là?Parcequej’aicommeundoute.Ilchoisittoujoursbiensesmots!

Tulisenmoi!jeconfirme.

J’arrive,medit-il.

Il n’adresse ni unmot ni une attention à Julie quime fusille du regard. Je seraismorte depuislongtempssielleavaitdevraiesballesàlaplacedesyeux.

J’aidroitàdututorat!Bonap’,jelanceàmesamis.

Tyleretmoimarchonsjusqu’aurestouniversitaireoùnousprenonsunetable.Commed’habitude,nousouvronschacunnotrecoursetjeluiparledecequej’aicompriscematin.Ils’esclaffesouventparceque,visiblement,jesuisàcôtédelaplaque.Néanmoins,iln’estpasmoqueur.Ilmereprendàchaque fois que je dis une bêtise et franchement je passe un bonmoment.Quand on a terminé demanger,ilmeproposedenousrendreàlabibliothèque,jelesuis.

Il s’installedansuncoin tranquilleoùnouspouvonschuchoteret reprendsesexplicationsaprèsm’avoirfaitsignedememettreàcôtédelui.

Tucontinuerasàm’aiderjusqu’auxpartiels?

Ilnemerépondpastoutdesuite,prenantsansdoutelamesuredesaréponse.

Jenefaispasdepromessequejenesuispassûrde tenir.Jeferaiaumieux, jenepeuxrien tepromettredeplus.

Jedoismecontenterdecetteréponse.Entoutcas,j’appréciesafranchise.

Onacoursdansquinzeminutes,ondevraityaller.

J’acquiesced’unhochementdetêteetrangemesaffairesdansmonsacbesace.Jel’attends,onsortdelasalleensemble.Danslecouloir,ils’arrêtequandsontéléphonesonneetrépond.Jem’apprêteàlelaisser,maismeravisequandilm’attrapelebraspourquejenebougepas.

***

*Tyler*

Jedécrocheenvoyantquec’estmonpère,maiscen’estpaspourautantquejevaisdireàSophiadesetirer.C’estluil’intrus,dansl’histoire.

Qu’est-cequetuveux?J’aicoursdansquelquesminutes.

Jesuiscontentdet’entendreaussi,monfils.JesuissurMetzmercredi,onpeutprendreunverreensemble?

Quelplaisir!

Jedissimuleàpeinemonironie.

Envoie-moiunmessageaveclelieuetl’heure.Jeterejoindrai.

Ilneserasansdoutepasloindedix-neufheures,m’apprendmonpère.

Alorsonpasseduverreaudînermaintenant?Àmercredi,jedisavantderaccrocher.

Jenem’étaismêmepasaperçuquejetenaistoujourslebrasdeSophiadansmamain,jelalibèreetrangemontéléphone.

Unechanceusequiadécrochéunrencard?

Elleseveutdrôle,maisellenel’estpas.

Lachanceuse,c’estmonpère.

Sophianeditplus rien,sesentantsansdoute idioteàcausedesa réplique.Maispuisqu’elleveutallersurcettepente,allons-y.J’enaienvieaussi.Jem’avancejusqu’àcequ’ellesoitdosaumuretnepuissepluss’enfuir.Là,jeposeunemaindechaquecôtédesonvisagepourqu’ellenes’échappepas.

Tun’asaucuneidéedel’effetquetuassurlesmecs,pasvrai?

Ellefroncesessourcils,étonnéeparmesmots.

Jenefaisd’effetàpersonne,m’affirme-t-elle.

Non?Ilyavaitaumoinsquatremecsquibavaientsurtoisamedisoir…sanscomptertonpoteLaurent.

Ellehausselesyeuxauciel.

N’importequoi.

Tudevraisfaireplusattention.

Àquoi?

Àquituallumessansmêmet’enrendrecompte.

Elledéglutit.Demesdoigts,jetracelecontourdeseslèvresquej’aienvied’embrasser.

Enfais-tupartie?m’interroge-t-elle.

Àtonavis,chérie?

Jelaissetombermamainjusqu’àsahancheoùjelaposesansinvitation.Lasecondeglissesursanuqueetmaboucheseposesurlasienne.Sophianemerepoussepas,ellem’embrasse,melaissantmêmeapprofondir le baiser,ma langue caresse la sienne.Timidement, je la sensplacer sesmainsdansmondos,jelapressecontremoipourl’embrasserencore,m’enivrerd’elle.Jeviensdecéderàmondésir,c’étaituneerreuretjem’enfouscomplètementàcetinstant.Plustardpourlesreproches,lesinterrogationsetlessolutionsàtrouver.Jeveuxjusteenprofiterencoreunpeu.

Quandjemetsfinànotrebaiser,jesuishaletant.J’apposemonfrontcontrelesienpouressayerderetrouverunsoufflenormal.Ilesttempsderetournerdanslaréalité.

Ilfautyaller,jeluidis.

Jenel’attendspasetmehâtedegagnerl’amphioùnousavonsuncoursmagistraldansmoinsdecinqminutes.

***

*Sophia*

Jenesaispassijedoism’offusquerdufaitqueTylernem’attendepasousijedoisêtresurunpetitnuage pour le baiser qu’il vient de me donner. Quoi qu’il en soit, je me dépêche de regagnerl’amphithéâtre;iln’yapresquepluspersonnedehors.

Jene trouvepasmesamis, alors je restedans le fond,m’asseyant à lapremièreplace librequej’aperçois.

Suivrelecoursestencoredudomainedel’impossible,j’aidesétoilespleinlatête.

Jerejoinsmesamisàlapausedeseizeheures,ilssonttousassissurl’undesmurets.

Alors,cecours?serenseigneMégane.

Leprofassure!

Elleéclatederire.

TuparlesbiendeTyler?Pasdesdeuxheuresincompréhensiblesquiviennentdepasser.

Jeconfirme!

Jeneluiconfieriensurcequis’estpassédanslecouloir,pastantqueJoyceetLorenzoserontlà.JulieetTylernousrejoignent,jemedemandes’ilétaitavecelledansl’amphi.Voilàquemajalousiemontreànouveauleboutdesonnez!

Lebadboyfumeunecigaretteengardant lesilence tandisquesasangsuemelancedesœilladesmeurtrières, au moins je sais à quoi m’attendre avec elle. Avec lui par contre… je nage en eautrouble.

C’estdansletrainquejepeuxracontercequis’estpasséentremidietdeuxàmameilleureamie.Ellem’écoute,labouchegrandeouverte,lesyeuxécarquillés.

Tuluiplais,conclut-ellequandj’aifini.

C’estégalementmadéduction,toutefoisaprèsça,ilm’aignorée.Alors,jenesaispasquoipenser...

Jenecroispas…enfait,jen’ensaisrien.Jen’arrivepasàlecerner.

C’estunmec!s’amuse-t-elle.Essayed’avoirsonnuméroavantlesvacances,peut-êtrequevouspourrezvousvoirloinducampus,denousetdeJulie!

Cequej’aimeraisbeaucoup.

Jeluidemanderai,onverrabiens’ilmeledonnera.

***

*Tyler*

Journée de merde en perspective. Je dois quitter la fac après les travaux dirigés de droitadministratifetautantdireque jen’enaipasdu toutenvie.Nonpasque jekiffe lescours,mais jepréfèreraisêtren’importeoùplutôtqu’auparloirdelaprison.C’estuneépreuvepsychologiquepourmoiparcequeMouradnemanquerapasdeme rappelerque jepourraisêtre iciavec lui,qu’iln’aqu’àouvrirlabouchepourquemaviebascule.

Je chasse ces putains de pensées en arrivant sur le campus avec les autres. On squatte devantl’amphithéâtreLeMoigneetjefumemaclopetranquillement.Tousattendentlesfilles,alorsquemoijesuisjustelàparhabitude.QuandMéganeetSophiamarchentdansnotredirection,j’avouequejesuisassezcurieuxdevoircequevafairelamiss.Jedoutequ’ellemerouleunepelledevanttoutlemonde,maissait-onjamais,ellemesurprendparmoment.J’enoubliemessoucisetc’estamuséquejelaregardefairelabiseauxgarçons,ellepassedevantJuliesansluiadresserlemoindreregard,jemefousroyalementd’enconnaitrelaraison,çanem’intéressepas.Méganemefaitlabiseetjemeretrouvefaceensuiteàsacopine…quimefaitlabiseaussi.Finalement,ilfautcroirequ’ellepréfèrequ’onsoitamis,sionpeutappelerçacommeça.Jenem’enformalisepas.C’estmieuxainsi.Jenesaismêmepascequej’auraisfaitsielleavaitplaquésabouchesurlamienne.

Onsevoitàlapausedemidi?

Ouais,jeluiréponds.

Thomassetireaprèsnousavoirsouhaitéunebonnejournée.Juliemefixecommesij’avaisdituneconnerie,dequoiellesemêleàlafin?D’ailleurs,j’enaimarredelavoir.Elleabesoind’unepetiteleçonpourcomprendrequejeneluiappartienspas.

Viensavecmoi,jeréclame,m’adressantàSophia.

Ellemesuitsansriendire.J’aimelesfemmesdocilesetsanshistoires.Onentredansl’amphietons’installeaufond,làoùilnerestequedeuxplaces.Personnenepourras’incrustercommeça.

Tufuislasangsueoutuasenviedet’isoleravecmoi?

Lasangsue?jel’interrogeenriant.

Jecomprendstoutdesuitequ’elleparledeJulie.

Non,enfait…ouais,t’asraison.

Précisetapensée.

Tentativedefuiteetderapprochement.

Alors,approche-toi.

Jelaprendsauxmotsetposemamainsursanuquepourl’attireràmoietjel’embrasse,caressantsa languede lamienne.Plusassuréeque ladernièrefois,ellese lovecontremoietglissesamaindansmescheveux.Jeperdslanotiondutempsetdulieuoùl’onsetrouvejusqu’àcequej’entendeleprofnoussaluer.Jemetsfinànotrebaiser,ayantbesoindereprendremonsouffle.

Sorstonordietbosse,jeluidis,amusé.

Elles’exécute.

Quandj’attrapemonsac,jecroiseleregardnoirdeJulie.Etmerde!

Lesheuresdéfilent.Àlapausededixheures,jenesorspas,nevoulantpasmedisputeravecmonamie.Sophiaresteavecmoi,onbossesurledroitadministratif.

Àmidi,onsetireensemble,aprèstoutlemonde,etonmangeaurestoU.Elleveutsortirsonordi,je luidisdenepas le faire.Cette fois,onvaoublier lescours, jevaisen faireuneoverdosesiçacontinue.Monportablesonnealorsqu’onparledesvacances.Ellen’apasdeprojets,etmoinonplus.Je regarde l’appelant, c’est Julie, je refuse l’appel. Mon amie ne se laisse pas démonter, j’ai unmessagedanslafoulée.Jelelis.

Ondoitparler.

Excuse-moideuxminutes,jepasseunappel,etjereviens.

SophiaacquiesceetjesorsdurestaurantpourcontacterJulieetsavoircequ’ellemeveut.

Tropgentildemerappeler,ellepeste.

C’estquoitonproblèmeputain?

Jecroyaisquetonuniquebutétaitdevalidertonannée,pasdetetaperunesainte-n’y-touche!

Jemetapequijeveux,jen’aiaucuncompteàterendre!Alors,necommencepasàmecasserlescouillesouonneseraplusamis!

Jel’entendsrenifler.Merde,jecroisquejel’aifaitpleurer.Cen’estvraimentpascequejevoulais.

Écoute,Jul’…

Non,tuasététrèsclair,c’estjusteque…Laissetomber.

Etelleraccroche.Quequoi?

Julieestuneamiedelonguedateetencetinstantjepenseàlarejoindrepourqu’ondiscutedecequil’ennuie.Saufquejenesuispasseul,jenepeuxpasplanterSophia,alorsjeretourneavecelle.

Désolé,jeluidis.Uneurgence.

Cen’estpastoutàfaitvrai,maisellen’ensaurajamaisrien.Onreparledesvacances;quandellemeditqu’elleal’intentionderévisersescoursjusqu’àcequ’ilsentrentdanssoncrâne,ellemefaitsourire.

Tumedonneraistonnuméro?medemande-t-elle,minederien.Jeveuxdire…c’estaucasoùjenecomprendraisrien.

Jelavoisvenirgroscommeunemaison.Rienàvoiraveclescours.

Donnetontéléphone.

Elles’exécute.Quandjel’aienmain,j’enregistremonnumérosouslenomdeTy’,surnomquemedonnenttousmesamis.Jefaissonnermontéléphoneensuitepouravoirlesienetluirendssonbien.

***

*Sophia*

JesourisquandTylermetendmontéléphone,jenepensaispasqueceseraitaussifacile.

Aprèsledéjeuner,nousallonsàlabibliothèqueoùj’aidroitàuncoursdedroitadministratif,puisnous nous rendons ensemble dans la salle de travaux dirigés. Je ne sais pas où sont les autres etfranchementjem’enmoquetotalement.

Viensàcôtédemoi,ilmedit,jet’aiderai.

C’estavecplaisirquejem’assoisaveclui.Onaencoreplusdequinzeminutesavantledébutducours,noussommesseulsdanslasalleetj’aibienl’intentiondemettrececourtmomentàprofit.Jepliemonbrassurlatable,reposematêtedessusetobserveTyler.

Quoi?

Rien.

Jelislecontrairedanstesyeux.

Vraiment?Etquelis-tu?

Il attrape une mèche de mes cheveux bruns entre ses doigts et l’enroule avant de la lâcher. Ilrecommenceavecuneautre,puisladélaissepourcaressermajoue.Ilsepenchetoutenappuyantsoncoude sur la table.Nos visages sont proches l’un de l’autre. J’ai envie qu’ilm’embrasse. Samaindescendsurmonbras,puisremonteàmonépaule,ilmerapprochedelui.Seslèvresfondentsurlesmiennes, je ne bouge pas,mais l’embrasse avidement, comme sima vie en dépendait. Samain sepressedansmondos,salanguejoueaveclamienne.Plusrienn’existeautourdenous,seulementluietmoi.Jesuissurunpetitnuage.

Unraclementdegorgenousfaitnousécarter,troptôtàmongoût.

Lorenzo.

Faisgaffe,Ty’!Soph’estmonamie.

J’aimeraissavoircequeveutdireLorenzo,maisneveuxpasavoircettediscussiondevantTyler.Ce dernier se redresse, etmoi aussi. La salle commence à se remplir, je ne change pas de place.Quandleprofarrive,lecoursdébute.

Chapitre7

*Tyler*

Aprèslecoursdetravauxdirigés,jemetiresansdemandermonreste,j’aiunrendez-vouspourridansunedemi-heureetjen’aipasleluxedepouvoirêtreenretard.Jecourspourattraperlemettisetprendsplace justeavantque lesportesnese ferment.C’est lapremière foisdepuisque je faismesétudes à l’île duSaulcy que je vais voirMourad,mais ce n’est pasma première visite au parloir.Durant le trajetquim’ymène, j’ai lesmainsqui tremblent, la têtequivaexploser.J’ai la trouilleàchaque foisque jeme retrouvedevant laprisondeQueuleu. Jevoudraisneplusm’y rendre,maisc’estjusteimpossible.C’estmasentencepourêtrelibre.Jemedemandesiellen’estpaspirequesij’étaisenfermé.Riennemeplaitdanslaviequejesuisobligédevivre.Rien,àpartpeut-êtreSophia,récemment.

J’entredanslebâtimentmorbide,annoncelaraisondemavisiteetmontremespapiersavantd’êtreescortéjusqu’auparloir.Jedoispatienterletempsquemonidentitésoitcontrôlée,puisjepeuxentrerdans la salleoùmon interlocuteurviendrame rejoindredansquelquesminutes. Je suis entourédequelques personnes qui attendent aussi la venue d’un proche. Je tremble de tous mes membres,détestant être ici, jedonneraisn’importequoipourme trouver ailleurs,pourme soustraire à cetteobligation que m’impose Mourad. Le détenu ne tarde pas à arriver, menotté et escorté par desgardiens.Ils’assoitenfacedemoi.

Salut,vieuxfrère.

Mourad est de Forbach, c’est un ami de longue date… quoi qu’ami soit un bien grand motmaintenant.Nousavonstrainéensembledansnotrejeunesse,faitdessalescoups.C’estavecluiquej’aifumémonpremierjoint,quej’aiprismapremièredosedecocaïneavantdegoûteràl’ecstasy.J’aiégalementprismapremièrecuiteettouteslesautresensacompagnie,ilfautcroirequeçacréedesliens.

Mourad,jedis.

C’estgentildevenirmevoir!

Lesgardienss’écartentpournouslaisserunpeud’intimité.

Commentsepassentlesétudes?

Parfaitementbien,jeluiassure.

Tantmieux!Jesuiscontent.

UnepersonneextérieureànotrediscussionpourraitpenserqueMourads’inquiètepourmoi,qu’ilveut que je réussisse, que je ne finisse pas comme lui, mais c’est totalement faux. Il s’assureseulementquejesuistoujourssacartedesortie.

Commentvatapetitesœur?C’estquoisonprénomdéjà?

Laisse-laendehorsdeça!

Jesuisfermesanshausserlavoixsinononmemettradehors.

Mouradrit.

Jem’assureseulementquetutiendrastapromessesinon…

Jesais.

Inutilequ’ilmelerabâcheàchaquefois.J’enaimarred’entendresesmenaces.J’enaimarredecetteviemerdiqueetduchantagequ’ilexercesurmoi.

Jesuisravidevoirquenoussommestoujourssurlamêmelongueurd’onde,vieuxfrère.Quediraittonpères’ilsavait?Jen’osemêmepasypenser!

Oh,moijesais.Ils’indigneraitd’avoirunfilsaussipeuresponsablequientacheraitsonnomdelasorte.Déjàquejesuisàlalimite,mieuxvautnepasleprovoquer.

Jesuisvenu,jet’aiditquejefaiscequ’ilfaut,maintenantsit’asplusrienàajouter,jevaispartir.

Nefaispastapute,Tyler,jen’aijamaisdevisite!Toutlemondealaissétomberlemeurtrierquejesuis.

Peut-êtreaurait-ilfalluysongeravantdetuerunhomme!

Jegardelesilence,envenimerleschosesn’estpaslasolution.

Jenebougepas,attendantqu’ilparle.Encequimeconcerne,jen’airienàluidire.Jesaisquejeluidoismaliberté,maislaviedehorsn’est-ellepaspiresionprendencomptetouslessacrificesquejesuistenudefairepoursurvivre?

Parle-moidetoi.Tut’esfaitdesamis?Tuasunecopine?

JesuisenL2dedroit,c’esttoutcequet’asàsavoir.Leresteneconcernequemoi.

Donctuasquelquechoseàcacher.

Jenerépondsrientandisqueledétenumefixe,essayantdepercermessecrets.Ilpeutfaireetdirecequ’ilveut,mavieprivéeresteraprivée.

Comments’appelle-t-elle?C’estJulie?

LaisseJulieendehorsdeça,ellen’arienàvoirdansnoshistoires.

Déjàado,tulaprotégeais,puistulasautais.Pasforcémentdanscetordred’ailleurs.Jevoisqueleschosesn’ontpaschangé.

Jeneréfutepas,iln’apasàconnaitrelesdétailsdemavie.Qu’ilpensecequ’ilveut,jem’enfous!Cequiimporte,c’estqu’ilsachequejebossedurpourobtenirmondiplôme.Leresteneleconcernepas.

Est-cequetuluiasditcequet’asfait?

Jegardelesilence.Mouradpoursuitsonmonologue.

Jesupposequenon.Tulaperdraissiellesavait.

Làencore, jemetais.J’aienviedem’enalleravantdegerber.Jemesensvraimentmal ici.Uneatmosphèremalsainerègne.J’aibesoinderespirerl’airpurdel’extérieurauplusvite.Jesuffoque.

Pastrèsbavard,constate-t-ilàregret.

Commeàchaquefoisquejeviens.

J’attendsqu’ilmelibère,cequ’ilnetardepasàfaireaprèsm’avoirrappelédevenirlevoirdansquatremois,soitmi-février.

Gardiens!lesappelle-t-il.Onafini.

Je le regarde partir avec eux, puis je quitte la salle et la prison comme si j’avais le diable auxtrousses.

***

*Sophia*

EnsortantdesTD,jeveuxdiscuteravecLorenzo,alorsjel’attendsdanslecouloiretluidemandedesexplicationssurlesmotsqu’ilaadressésàTylerennoussurprenant.

C’estjustequecen’estpasunmecfréquentable,sejustifie-t-il.

Monaminem’éclairepasvraiment,ilfuitclairementladiscussion.PourquoiTylerneserait-ilpasunmecfréquentable?Bienqu’ilsoitdifficileàcerner, je trouvequec’estquelqu’undebien. Ilneboitpasd’alcool–entoutcas,iln’arienbuendiscothèque–etdonnedesontempspourm’expliquerles cours que je ne comprends pas. Mégane pourrait le faire, c’est avec ma meilleure amie quej’apprenaisl’andernier,maisjepréfèreclairementlefaireavecTyler;j’appréciedepasserdutempsaveclui.

Quand je sors du bâtiment, je rejoins les autres.C’est là que Julie arrive, ivre de rage.Ellemebousculepourattirermonattention.

Qu’est-cequetut’imagines?Qu’ilacraquésurtoi?

Visiblement,elleparledeTyler.Etpuisqu’iln’estpaslàpourintervenir,jesupposequ’ellecomptes’endonneràcœurjoie.C’estlemomentd’avoirdurépondant,maiselleouvrelaboucheavantmoi.

Cen’estpasparcequ’ilterouleunepelledansl’amphiquetuasgagnélapartie!

Lapartie ?Prend-elle çapourun jeu ? Je suisbien loinde jouer !Tout est réelpourmoi,mesémotions,mesdésirs,messentiments,letempsquejepasseavecTyler,nosrapprochements.C’estlajalousiequilafaitparler.

Toutcelaneteregardepas,jeluirépondsavecaplomb.

Est-cequej’aipenséqueçasuffiraitàlafairepartir?Oui.Maisc’estmallaconnaitrevisiblement.Julie a bien l’intention de déverser son venin sur ma personne. Heureusement pour moi, je vaisdevoirallerdansl’amphithéâtre.

C’estcequetucrois?

Ellesembletotalementhystériquequandelleréplique,presquepossédée.Jenel’avaisjamaisvueaussiencolère. Jepeuxcomprendrequ’ellesoit jalouse, je l’ai souventétéàcaused’elle,maisaufinal c’est Tyler qui choisira, et tout tend à montrer que son choix se portera sur moi. Sinon,pourquoimeprendrait-ellelatêteencemoment?

Tyleretmoiavonscouchéensemblesamedisoiraprèsquenoussommespartis.Cen’étaitpaslapremièrefois,loindelà,etceneserapasladernière,m’apprend-elle,lesourireauxlèvres.

Elleestfièredesesaveuxalorsquemoncœurvoleenéclats.Sij’avaisTylersouslamain,jelegifleraisavantdeletraiterdetouslesnoms.Maisiln’estpaslà,lavipèreabienchoisisonmomentpourdéversersonvenin.

Tiens-toiloindelui!exige-t-elleenmepoussantviolemment.

C’estLorenzoquimeretientpourquejenetombepasàlarenverse.

C’estdeçaquejevoulaisparler,dit-ilennousdésignantJulie,quis’éloigne,etmoi.

Tusavais?j’aboie,horsdemoi.

Toutlemondelesait.

Jemesenshumiliée,blessée,quepersonnen’aiteul’idéedemeprévenir.Jecoursaprèsunmecquiadéjàunecopine,peuimportelarelationqu’ilsentretiennent, ilsbaisentensemble,et lesavoirmedégoûteauplushautpoint,mefaitterriblementmal.J’aienviedetoutcasser,dehurler,maisjereste stoïque, je garde ma rage pour demain. Pour Tyler. La déverser sur d’autres personnes neserviraàrien,etnemesoulagerapasvraiment.

Onvaêtreenretard, jedisenmarchantvers lebâtimentalorsque j’ai justeenviedequitter lecampus.

J’essuierageusementleslarmestraitressesquicoulentlelongdemesjoues.Jen’aipaseusimaldepuisbienlongtemps.Depuisquemonexm’alarguéepourunefilleplusexubérantequemoi.

Jepasse les deuxdernièresheures commedansun état second, je suis là,mais pasvraiment. Jen’écoute pas le prof, je ne prends aucune note, je ne fais que me traiter d’idiote d’être tombéeamoureused’unconnard.

***

*Tyler*

Avantderentreràl’appart,j’aiprisletempsdemebalader,devidermonpaquetdeclopesetderéfléchiràlamerdequ’estdevenuemavie.C’estpareilàchaquefoisquejevoisMourad,etàchaquefoisj’enviensàlaconclusionquejenepeuxrienfaired’autrequesubir.Jedoistenirmaparole,jen’aipas lechoix.C’estcommesi j’avaisunflinguesur la tempe, ladétonationretentiradèsque jem’éloigneraidemamission,emportantmavieet,avecelle,celledetouteslespersonnesquimesontchères.

J’achèteunnouveaupaquetdecigarettessurlecheminduretourpuisjerentreàlacolocunpeuavantdix-neufheures.Lesgarçonssontsurlaconsole,JoyceàlacuisineetJulie...jenesaispas.Danssa chambre, sans doute. Je vais dans la mienne, regarde mes mails, je n’ai pas reçu le cours deSophia. Je ne sais pas si elle est déjà rentrée, je vais patienter. Je révise ceux de la journée enattendant,puisvaismangerquandJoycenousappelle.

Personneneparleàtable,onentendraitpresquelesmouchesvoler.Jem’enfous.PuisJuliebriselesilence.

Tun’étaispasencoursàseizeheures?

Non.

Ellen’apasbesoind’ensavoirplus.

Tuveuxmesnotes?

Inutile.

Jeterminemonassietteetmetiredansmapiaule.Jen’aitoujourspasreçulemaildeSophia,jemedemandecequ’ellefout.JeprendslebouquinsurlaCourd’appeletm’instruis;plusj’avancedanslalecture, plus jemedis quemamission est impossible. J’ai la haine.Pourquoi est-ce que j’ai suiviMouraddanssondélirece jour-là?Peut-êtreparceque j’étais ivreetdrogué.Quelcon!Bon,passeulementsijesuishonnête,l’appâtdugainaussi.

Aprèsavoirprismadouche,toujourspasdemaildeSophia.Jevaisdevoiraccepterl’offredeJuliesijeneveuxpasprendrederetard,alorsjemerendsdanssachambreetluidemandelecours.Ellesefaitunplaisirdemel’envoyer.Étantdonnéquejelereçoisdanslafoulée,j’endéduisquemaboitenedéconnepas.Sophiaadûoublier.Jebosseencoreunpeupuismecouche.Toujourspasdemail.

***

*Sophia*

Jen’ai pasdécrochéunmotdepuis que je suismontéedans le train avecMégane cematin. J’aipassémasoiréeàpleureret jen’aipasencoreconfrontélegarçonquim’afaitdumal.Jeneveuxplusjamaislerevoir,maisavant,jevaisluidirecequejepensedesafaçond’agir.

Dans le bus, je garde encore le silence, fixant le paysage rural qui défile sans vraiment le voir.QuandMégane pose sa main sur la mienne, je sais que nous sommes arrivées et qu’il est tempsd’évacuertoutelacolèrecontenuedepuislaveille.J’aimaletilfautqueçasorte.

Nous rejoignons la bande, Julie est là, souriante, auprès de Tyler avec qui elle discute sans sedouterdelagiflequej’aienviedeluicoller,d’ailleurssielleouvrelabouche,jenelalouperaipas.Danssonintérêt,mieuxvautqu’ellelafermeetqu’elleresteàbonnedistancedemapersonne.

Tuessûrequeçavaaller?s’inquièteMégane.

J’iraimieuxaprèsunemiseaupoint.

Ellemefaitunpetitsourire,désolée.

Quandnousarrivonsàlahauteurdesautres,ellesecontented’un«salut»,moijenelesregardemêmepas,meruantdirectementsurTylerquejepousseviolemment.

Àquoitujouesavecmoi?

Jelisl’incompréhensionsursonvisage,jemedoutequel’autresalopen’apasétéluiracontercequ’elles’estfaitunplaisirdem’apprendrelaveille.

Tut’esbienamusé?jecontinueenlepoussantunenouvellefois.

Personnenebroncheàcôté.Thomasignorepeut-êtretoutdecequisepasse,maislesautressavent,etaucunn’ajugébondeprévenirTyler,toutcommeilsn’ontpasdécrétéutiledelefaireavecmoi.Jen’appellepasçadesamis,moi.

Arrête!crieTylerenlaissanttombersonsacàdossurlesolpourm’attraperlesmainsafindesuspendremongeste.

Lâche-moi!jehurle.

Jetentedemedébattremaisenvain,ilestplusfortquemoi.

Dis-moicequisepasse,réclame-t-il,presquesuppliant.

Ilarriveraitpresqueàm’attendrir.

J’essayeencorederécupérermesmains,ilmelâcheenfin.

Tu n’es qu’une ordure ! Un salaud ! Tu croyais que ton petit jeu pourrait durer combien detemps?Jusqu’àcequetum’aiessautée?

Maisputain,dequoituparles?

Detoiquibaiseslasangsue.

Ils’immobilise,vaincu.Jevoisdanssesyeuxquec’estvraietqu’ilauraitpréféréquejel’ignore.

T’esimmonde!jecrache.

Jelefrappesurletorse,donnantlibrecoursàmacolère.Ilencaisse,n’esquissantpaslemoindremouvement,pasmêmepourm’arrêter.

Çasuffit!intervientJulieenmebousculant.

J’avaisditquesielleouvraitlabouche,jeluiferaisregretterdes’enmêler.Jeluibalancealorsunegiflemonumentaleenpleinefigure.

T’aspastonmotàdire!j’aboie,furieuse.

Ellemefoudroieduregardetsejettesurmoipourmefrapper.Tylerintervientaussitôtpournousséparer.Lorenzoluivientenaide,ilveutmeprendredanssesbrasmaisleconnardpètelesplombs.

Nelatouchepas!

Ilm’attirecontreluisansquejenepuisserienyfaire.

Notreamitiévientdeprendrefin,dit-ilàl’attentiondeJulie.

Même si ça me réjouit, rien ne pourra réparer ce qu’il m’a fait, je le repousse et marche endirectiondel’amphithéâtre.

T’esqu’unconnardettun’asquecequetumérites!luilanceMéganeavantdemerejoindre.

Leslarmescoulentsurmesjouessansquejepuisselesarrêter.Jetentedememaitriserunefoisdansl’auditorium,maisc’estdifficile,j’aitellementmaletungrandbesoindepleurer.

Tuveuxqu’onsèche?meproposeMégane.

Pourquejepasse la journéeàressasser,non.Jepréfèreêtre icietmeforceràécouter lesprofspourmeconcentrersurautrechosequemonchagrin.

Jevaissurvivre,t’enfaispas.

***

*Tyler*

Je quitte le campus, impossible deme concentrer dans ces conditions, je préfèreme tirer pouréviterdepéterlagueuleaupremierconnardquimechercheradesnoises.

Julieestunesacréesaloped’avoirouvertsagueule,putain!Onnesortmêmepasensemble,elleetmoi!J’ailaragecommepaspossible.Etlesautres,touscesfaux-culsquisavaientcequis’étaitpasséetquinem’ontriendithiersoirquandjesuisrentré.Jecomprendsmieuxlesilencedanslacuisineaumomentdudîner.J’aienviedecogner,demedéfouler,j’enaibesoin.Jevaisdirectementàlasalledesport,çanepourramefairequedubien.J’évacuemaragesurunsacdefrappes,jetapejusqu’àcequejen’enpuisseplus,jecognemêmequandj’aimalauxpoings.Putain!Rienneparvientàfairedisparaitrecettedouleurquis’estfichéedansmapoitrine.J’optepouruntapisdecourse,espérantmeviderl’espritenmeconcentrantsurmarespiration,maisrienn’yfait.Jesuistoujoursaussimal.Jesaiscequim’aideraàneplusrienressentir,maisjenedoispascéder.Ilnefautpas.Jedois…Jenesaispascequejedoisfaire.Maispasça.

En fin dematinée, je prends une longuedouchepuis quitte la salle de sport. Je n’ai pas faimetdécidedezapperledéjeuner.Sijeveuxarrangerleschoses,jedoisvoirSophia.Saufquejamaisellenem’écoutera,elleétaitdansuntelétatcematinquejen’aipaspum’énervercontreellequandj’aicomprisqu’elle savait. Jen’avaispas touché Juliedepuis la rentrée, il a falluque ce soit quand jetentais un rapprochement avecSophia.Mais le pire, c’est que je n’avais pas envie de celle qui estdevenuemonancienneamie,non,c’est levisagedeSophiaque jevoyaispendant l’acte,c’estavecellequejevoulaisêtre.Ilestpeut-êtretempsd’arrêterdemevoilerlafaceetd’admettrequ’elleme

plait.C’estdécidé, jevais sur le campus, jedois luiparler, il fautqu’elle sachecequ’il sepassaitexactemententreJulieetmoi.

Quand j’arrive, il est plus demidi, je suppose qu’elle est au resto U et, effectivement, elle s’ytrouveavecMégane.Jem’allumeuneclopeetdécided’attendrequ’elleaitterminédemanger.

Jepatienteplusdevingtminutes avant que les filles sortent.Cellequim’intéresseme fusille duregardpuispasseàcôtédemoisanss’arrêter.

Sophia!S’ilteplait,écoute-moi.

Ellepivotepourmefairefaceetréduitladistanceentrenous.Jelislapeineetladétressedanssesyeuxrougis.Elleapleuréetc’estàcausedemoi.Jemefaisl’effetd’êtreungrosconnard.Méganearaison,jeméritecequim’arrive.C’estunpeucommesij’avaisjouésurdeuxtableaux.

Toutcequisortdetabouchen’estquemensonge.

Saphrasemefaitmal,maisjel’aicherché.

Laisse-moim’expliquer,ensuitejenet’importuneraiplussic’estcequetuveux.

C’estcequejeveux,etjeledésiredèsmaintenant.

Elles’apprêteàs’enaller,c’est juste inconcevablepourmoi.Je luiattrape lamain,elle la retireaussitôt, le contact la répugne etmoi je vais péter les plombs si je ne peuxmême pas plaidermacause.Alors,quandjelavoiss’éloigner,jefaislaseulechosequejemaitrise,jejouelaprovocation.

Tum’asjugéetcondamnésansmêmeécoutermadéfense?Tuferasunebienpiètreavocate.

Sophiarevientsursespas,jesavaisquejelaferaisréagir.

Qu’est-cequetuascommeplaidoyer?L’excusebidond’êtreunmecquiadesbesoins?Ouunmectoutcourtd’ailleurs…commesiçapouvaittoutexcuser!

C’estcommeçaquetumevois?Commeunconnardquijustifiesesconneriesparcequ’ilaunebiteàlaplaceducerveau?

Ellegardelesilence.

Réponds!C’estcommeçaquetumevois?

Tum’asblessée,m’avoue-t-elleàmi-voix.

Tucroisquejenelesaispas?Jesuisdésolé.Sijepouvaisrevenirenarrière,jeleferais.Maiscequiestfaitestfait.Accorde-moijustequelquesminutes,laisse-moiunechancedem’expliquer.

***

*Sophia*

Jeravalelabouledouloureusequiseformedansmagorge.J’aijusteenviedem’éloignerlepluspossibledelui,maisunepetitepartiedemoiaimeraitl’écouter.J’enaipeut-êtrebesoin.

Pourmedirequoi?

Quemaseuleerreuraétédenepas toutarrêteravecJulieavantdecommencerquelquechoseavectoi.

Jenecomprendspascequ’ildit.Sortait-ilavecJulie?Parfoisjepensequeoui,àd’autresquenon.

Elleetmoisommesamisdepuislongtemps…

Jem’enfous,jelecoupe.

Jen’aiaucuneenviedel’entendremedireàquelpointiltientàelle.Jen’aicertainementpasbesoind’entendreça!

Tuvasm’écouterquandmême!m’intime-t-il.Onestamisdepuislongtemps,etdernièrementonétait…

Amants,j’aicompris.

Non,t’asriencompris!Desamisavecavantagesennature.Voilàcequ’onétait!

J’aienviedevomirquandilm’annonceça.

Jen’auraispasdûpartirdeladiscothèquesamedisoir,j’auraisdûresteravectoi,tenteruntruc...

Dois-jeenconclurequ’il enavait envie? Jenecomprends riendu tout.Cemecest aussi ferméqu’unehuitre;ilnelaissejamaisrientransparaitre,etencoremoinssesdésirsetsessentiments.

C’estavectoiquejevoulaisêtrecesoir-là,maisc’estellequiétaitlà.

Je suis blessée par son aveu, parce quemoi aussi je voulais être avec lui, toutefois il a préférépartiravecuneautre.Etmaintenantj’ensouffreatrocement.

Onpeutdirequec’estvraimentdommagepourtoi,jecrache.

S’ilteplait.

Unhommequit’ablesséeunefoisteblesseraencore,meditsouventmagrand-mère.Jesuivraiceconseil.Tylern’estpasbonpourmoi,autantlesortirdemavie.

Laisse-moitranquille,jeconclusavantdem’enaller.

JeretrouveMégane,unpeuplusloin,quinousavaitlaissédel’intimitépourréglernoscomptes.

***

*Tyler*

Jenesaispasgérerladouleur,j’aiprisl’habitudedelanoyerdansl’alcool,maislàjenepeuxpasetneveuxpascraquer.Alorsjefaislaseulechosequejesachefairequandjenepeuxpasmetorcherlatronche,jemeprotège.JepresselepaspourrattraperlesfillesetempoignelebrasdeSophiapourl’obligeràmefaireface.

Tutecroisuniqueetirremplaçable?j’aboie.

Jelisl’étonnementdanssonregard.

Oui,chérie,ilauraitmieuxvalupourtoiquetupassesl’épongesurmaconnerieetqu’onreprennelàoùonenétait,parcequejesuisunennemiredoutable.

Jen’aiqu’àclaquerdesdoigtspouravoirunehordedegonzessesàmespieds.Tun’esrienpourmoi.

Jedéversetoutemadouleursurelle,jedistillemonveninpourm’aideràallermieux,memoquantqu’ellefasselesfraisdemesmotsdurs.

Alors,lâche-moietfaisonscommesinousnenousconnaissionspas.

Cesparolesluiencoûtent,jel’entendsausondesavoixrauque.

Jem’exécute,cherchantencoreunepiquebiensentieàluibalancerauvisage.C’estplusfortquemoi,ilfautquejedisequelquechose.

Quejenetevoieplussurmoncheminouçasepasseratrèsmal!

Jemarcheàcôtéd’elle,labousculantaupassagepourbienluifairecomprendrequejenerigolepas.

Queltaré!j’entendscracherMégane.

***

*Sophia*

Jelehais.Parcequejen’aipasvoululuipardonnersonerreur,Tyleradécidédemedéclarerlaguerre.Nem’a-t-ilpasdéjàassezfaitsouffrircommeça?Jemedégoûted’aimercesalaud!Jeneveux plus pleurer à cause de lui,mais c’est pourtant bien ce qu’il se produit, dans les bras demameilleureamie. Je sensunemaindansmondos,quimecaresse.Ne rêvepas,Sophia, cen’estpasTyler.Cequi se confirmequand je lèvemesyeuxembuésde larmes surLorenzo, accompagnédeJoyce.

Jesuisdésolé,j’aiessayédeteprévenir.

Cen’estpasmoiquetuasprévenu,seulementTyler.

Jequittelesbrasdemonamieetessuierageusementmesyeux.

Quandoncherchaituncolocaprèsledépartd’Anaïs,Julienousaditqu’elleconnaissaitunmecbien,sansproblème.EllenousaprésentéTyler,meraconteLorenzo.Pasbavard,trèsrenfermé,onétaitsûrdenepasavoird’ennuisaveclui.Ilneboitpas,nesedroguepasetnevitquepoursesétudes.Saufquedepuisqu’ilhabiteavecnous,j’aiapprisàleconnaitre.IlsauteJuliequandçaluiprend,unesorte d’amitié améliorée.Elle est dingue de lui et lui ne la voit pas. Forcément que ça allait péterquandtuascommencéàluitournerautour.

Jen’ypeuxriens’ilm’apréféréeàelle.

Jesuisd’accord.Maisaufinal,çat’aapportéquoi?

Ilaraison.Jepleure.Jesuismalheureuse.J’ailecœurenmiettes.Juliemedéteste.Tylerestentréenguerrecontremoi.J’yaiplusperduquegagné.

Alorsquoi?JedoismejeterdanslesbrasdeTylerpourtoutarranger?

Cen’estpascequejedis.Maisçavadevenirinvivable.L’ambianceestpourrieàcausedevousdeux.Essayezaumoinsd’arrangerleschoses.

Pourquoi?Onneformepasungrouped’amisinséparables!EtTylernesortjamaisavecvouslesoir.

Lorenzonerépondrien,jesaisquej’airaison.

***

*Tyler*

Puisquejesuissurlecampus,jedécided’assisterauxcoursdel’après-midi.Jefumeunecigaretteloindelabandedefaux-culs,leregardbraquésurSophiaquinesemblemêmepasleremarquer.J’aidesenviesdemeurtre,dedestruction,d’alcool…Putain,jesuissurunemauvaisepente.

Etpour rienarranger,Julieseplacedevantmoi.Ladouleurdansmapoitrineestbien tropfortepourquejepuissediscuteravecellesanshurler.Elledébutelaconversation.

Jem’excused’avoirditàlaconnassequ’onbaiseensemble.

J’hésiteentrelafairepartiretmecalmer.J’aiencoreenvied’exploser,maisçanem’apporterariende bon. Et puis, elle est mon amie depuis si longtemps. Je vais juste avoir besoin de temps pourdigérertoutça.

C’estlavéritéaprèstout,jeréponds.

Jejettemaclopeparterre.

Tunem’enveuxplus?

Ellesembleétonnéeetpleined’espoirenmeposantcettequestion.Biensûrquejeluienveux,elleatoutfoutuenl’airentreSophiaetmoi.Maisj’enveuxencoreplusàcettedernièrequisefaitpasserpourlavictimeauprèsdemescolocataires.Commentluifairemal?EnmeréconciliantavecJulie.Jesais, jesuisperfide.Mais jeneconnaisqueça, jenesaispasgérer ladouleur,si jenepeuxpas lanoyerdansl’alcool,jevousl’aidit.

Çamepassera,jeluiassure.

Elles’approchedemoi,commesiellen’avaitpluspeurquejelamorde,enmesouriant.C’estàcetinstantquejecroiseleregarddeSophia.Alors,jedécided’agir,onestenguerre,non?J’attireJulieàmoietl’embrassesoussesyeux.Peum’importecequemonamieendéduira.

***

*Sophia*

Est-ce un poignard qu’on vient de m’enfoncer dans le cœur ? Parce que j’ai si mal que je neparviensplusàrespirer.MesyeuxrougisnequittentpasceuxdeTylerquiembrassesasangsuesansmelâcherduregard.

C’estcequejedis,lanceLorenzo.Ilvatedétruiresitulelaissesfaire.

Commentdois-jel’arrêter?jel’interrogeendétournantlesyeuxpournepluslesvoir.

J’aisimalquejeferaisn’importequoipourquetoutcelasefinisse.Etleplustôtseralemieux!

Tuasdeuxsolutions,merépondLorenzo.Soit,tucessesdel’aimer,parcequejesaisquetuesamoureusedelui.Soit,tumetsfinàcepetitjeuaveclui…

Enmejetantdanssesbras?jesuggère,supposantquec’estàcelaqu’ilpense.

Enluiaccordantuneautrechance.

Je suis abasourdie etmême carrément indignée par sa façon de penser. Ce qu’ilme suggère,c’est...jenetrouvemêmepasdemot.

Dequoi?Demedétruire?

Illeferadetoutefaçon.Choisisdesdeuxmauxlemoindre.

Jenepeuxpas.

Commentpourrais-jeallervoirTyleretluipardonneraprèsqu’ilaitembrassécettefillequiestlacausedenosproblèmes?

C’estavantquevousauriezdûagir!lanceMéganeenregardantlecouple.VousauriezdûdireàSoph’queTy’sefaisaitJulie,etàTy’queJulieavaittoutbalancéàSoph’.

Noussommesdésoléspourça,répondJoyce,maiscenesontpasnosaffaires.

Alors,nevenezpasdonnerdesconseilsàmonamiemaintenant!Surtoutqu’ilssontpourris!

LorenzoetJoyces’envont,sansdoutepourfuirunedispute.

JecroisqueMéganeetmoin’avonsplusd’amissurlecampus.Sic’estlecas,jeneviendraiplusquandelleneserapaslà,j’iraipassermajournéedansuncafé.Etsijedoisratermespartiels,qu’ilensoitainsi.Jen’aidetoutefaçonplusenviederienencetinstant.

Qu’est-cequetuveuxfaire?medemandeMégane.Onvaencours?Onsetire?

Onsetire,jedécide.

Nousquittonslafacpourlerestantdelajournée.

***

*Tyler*

Lorsque Sophia neme regarde plus, je repousse Julie, attrapemon sac etme barre. Plus aucunintérêtàresterici.J’emmerdelesétudes,j’emmerdelesprofs,j’emmerdetoutlemonde!Finalement,jen’auraiassistéàaucuncoursaujourd’hui.Jerentreàl’appart,m’allongesurmonlitetattendsquelesminutess’égrainent,pasassezviteàmongoût.

Jereçoisunmessagesouslescoupsdedix-huitheures.J’espèrequec’estSophia–jelereconnais,maisenvainj’enaiconscience–,j’aipétélesplombsaujourd’huietj’aiagicommeunpauvretype.J’auraismieux fait de ne pas retourner à la fac et dem’enivrer.Ainsi, je n’aurais pas empiré leschoses.LeSMSvientdemonpèrequimedonne lenomdurestaurantetuneheure.19h10.J’avaiscomplètementoubliéquenousdevionsnousvoircesoir.J’hésite,peut-êtrequeceseraitmarrantdenepasyaller,deluiposerunlapin,maisjedécidedem’yrendreetd’écoutercequ’ilaàdire.S’ilmesoule,l’avantage,c’estquejen’auraipasbesoindelefairemoi-même.

Jecroiselesgarsdanslesalon,surlaconsole,quandjesorsdel’appart.Personnenemeparleetj’enfaisautant.

J’arriveaulieudurendez-vousavantmonpèreetjedoisattendreàlatablequ’ilaréservéeplusdevingtminutesavantqu’ilnesemontreenfin.

Bonsoir,Tyler,dit-ilens’asseyant.

C’estpastroptôt!

Ilnerelèvepasmapiqueetm’interrogesurmesétudes.Jerépondsvaguement,iln’apasbesoindeconnaitrelesdétailsdemavie.Commeprévu,ilmesouletoutlelongdurepas,maispasassezpourme faire oublier, pour que je ne ressente plus rien. J’ai besoin d’anesthésier mon corps alors jecommande un whisky en guise de digestif. Mon père ne dit rien, il n’a jamais rien su de mespenchantspourl’alcool.Biensûr,ilestaucourantpourlecomaéthylique,maisjecroisqu’ilaoubliéouqu’ils’enfout,simplement.

Leliquideambréquicouledansmagorgemefaitdubien,maiscen’estpassuffisant.

Monpèrepayel’addition, ilmeditavoirétéravidem’avoirvu,n’importequoi!Jenerépondsrien,jemeseraisbienpassédecettesoirée.

Ilmesalueetmelaissesurlepasdelaportedurestaurant,j’ailechoixentrerentrerbiensagementpourvoirtouteslestêtesdefaux-culsoufaireunarrêtdansunbaretmedéchirerlatronche,tantpispourmapromesse.Detoutefaçon,plusrienn’ad’importanceencetinstant.

J’optepourlasecondesolutionetmebourrelagueule,assissurletabouretd’unbar.J’aibesoind’avalerunegrandequantitéd’alcoolpourapaisermoncorps,maisçanesuffitpaspourfairetaireladouleur.Jen’aijamaiseuaussimaldetoutemavieetjenecomprendspaspourquoileseulremèdequejeconnaisnefonctionnepas.

C’estentitubantquejerentrechezmoi,j’aibesoindeplusieursminutespourparveniràouvrirlaporte.L’appartestsilencieux,toutlemondedoitdormir,maisjefaistellementdebruitquejeréveilleJuliequivientvoircequisepasse.

Tuesivre,Ty’!

Excellentedéduction,Sherlock,jebafouille.

Pourquoi?

Elleestsérieuse,là?

Jelarepoussealorsqu’elleveutm’aider.

Laisse-moi,etjeneplaisantepas!

Je suismauvais, alors ellen’insistepas etme laisse regagnermachambre, seul, enmecognantplusieursfoisdanslecouloir.Jesuisdansunétatpitoyable,j’aidumalàretirermespompesetjeneprendspaslapeined’enlevermesfringues,jem’allongeàplatventresurmonlit.Matêtetourne,j’aienviedevomir.Pourquoiai-jeétéassezconpourmemettredansuntelétat?Maisjenesuispasaubout de mes capacités. Je prends mon téléphone, fais défiler ma liste de contacts et m’arrête surSophia.Sijel’appelle,ellerisquedemehurlerdessus;ilestminuitpassé.Maisriennem’empêchedeluienvoyerunmessage,saufpeut-êtremavuebrouilléeetmesdoigtsmaladroits.Aprèsplusieurstentativesinfructueuses, j’abandonne.Jelaissetomberle téléphonesur lesol,ouvertsur lapagederédactiondumessagequejenesuispasparvenuàécrire.

***

*Julie*

Inquiète pour Tyler, je vais le voir dans sa chambre et tant pis si jeme prends un savon ; j’ail’habitudedesessautesd’humeur.Ilestallongésursonlit,surleventre,latêteetlesbrasquipendentdans levide.Jem’approchepour le recouvrirdesacouette.C’est làque jevoisson téléphoneparterre.Jeleramasseetl’allumesanslefaireexprès,ousipeu.Ilétaitentraind’écrireunmessageàlagarcepiqueusedemecquandilafermélesyeux.

Mêmesi les lettresont été inverséesoumal tapées, j’arriveàdéchiffrer : je croisque je t’aimebien.

Cesmotsmefontsimalquejelesefface.Jem’apprêteàreposerletéléphonesurlesolquandjedécided’agirpourgardermonhomme.

Jen’aifaitquem’amuseravectoi,çamefaitbienrirequetutesoiscrueimportante.

Jecliquesurenvoyer.PuisjesupprimetoutetracedemonintrusiondansleportabledeTyler.

Chapitre8

*Sophia*

Meréveilleretconstaterquej’aiunmessagedeTylerestperturbant.Ilaétéenvoyéàminuitvingt-deuxprécisément.Mesmainstremblenttellementj’aipeurdel’ouvrir.Ilmefautquelquessecondesdepréparationpourcliquersurl’icôneetlirelesquelquesmots.

Jen’aifaitquem’amuseravectoi,çamefaitbienrirequetutesoiscrueimportante.

Jemeretienspournepasjetermontéléphonecontrelemur,celaneserviraabsolumentàrien.

Quandcecauchemarcessera-t-ildonc?

Pourquoitoutaéclaté?

Jedonneraisn’importequoipourrevenirenarrièreet...nepasm’intéresseràlui.Çam’apprendradepenserqu’ilyadubonenchacun.

Jeneseraispasaussimalheureusemaintenantsijenem’étaispaslaisséséduireparn’importequi!

Jemepréparetelleuneautomate,neprenantpasvraimentlapeinededissimulermapeinesousdumaquillage.J’aijusteenviequecettejournée,quivientàpeinedecommencer,finisse.

JeretrouveMéganesurlequai,ellemeprenddanssesbrasenmedemandantcommentjevais.

Cen’estqu’unchagrind’amour,çapassera!

Regardecequej’aireçu.

Jeluimontreletexto,mameilleureamieestindignée.

Quelconnard!Jesupprimeçaillico.

Non!

Méganenecomprendpasmadécisionavantquejelaluiexplique.

J’auraipeut-êtrebesoindelereliresiunjourj’ail’idéeinconsidéréedecraquerànouveaupoursabellegueule.

Cemecestuneordure,Soph’,tuméritesmieuxqueluiettul’auras!

J’esquisseunlégersourireenrangeantmontéléphonedansmonsacbesace.

Plusquedeuxjournéesetnousseronsenvacances,j’ail’impressionquec’estleboutdumonde!

C’estellequiditça?

Onprendplacedansletraindèsqu’ilestengare.Jesuissilencieusedurantletrajet,j’appréhendenotre arrivée sur le campus. Je n’aurai pas la force de me confronter à Tyler, si c’est ce qu’ilsouhaite.

Une trentaine de minutes plus tard, nous descendons du mettis. Mon cœur bat la chamade,j’aimerais juste disparaitre. Je suisMégane,machinalement, espérant être aspirée par le sol,maisévidemment,riendecegenreneseproduit.Elles’arrêteàcinqmètresdelabandequenousavonspris l’habitudede rejoindre tous lesmatins et semble chercher quelqu’undans la foule d’étudiantsautourdenous.Jenepeuxm’empêcherderegarderlesautresetdeconstaterqueTylern’estpaslà.

Est-cevraimentlecomportementd’unmecquis’estbienamuséavecmoi?

Jememettraisdesbaffesdemeposercegenredequestion!IlaembrasséJuliedevantmoi,hier.Ilacouchéavecellesamedi.SanscomptersonSMStrèsclair.Quemefaut-ildeplus?Jenedevraismêmepassongeràlui.

Euxsontparfaits!j’entendsdireMégane.

Dequoiparle-t-elle?

Ellem’inviteàlasuivreetaccostedeuxétudiantsqu’elletrouvemignons,d’aprèssesdires.

Salut,moic’estMég’,etvoiciSoph’.

Jelessaluetimidement,necomprenantpasàquoijouemonamie.

Salut,répondlegrandbrun.JesuisStéphane.

Moi,c’estLouis,seprésenteleblond.

Vousétudiezquoi?serenseigneMégane.

NoussommesenL3dedroitetvous?

L2 de droit. C’est vraiment une super coïncidence parce que mon amie cherche un profparticulier.

Méganeselancedansuneexplicationsansfin,concernantmeslacunesendroitadministratif,entreautres.J’aijusteenviededisparaitre.Etcommesiaucundesdeuxn’avaitdéjàcomprisoùellevoulaitenvenir,elleleurdemandedemedonnerdescours.

Jesuispartant,seproposeStéphane.Situl’es,ajoute-t-ilàmonattention.

Bon. Que fairemaintenant ? Il est évident que Tyler ne s’occupera plus demes études. J’ai undouloureuxpincementaucœurenysongeant.

Euh...oui,d’accord,siontrouvedescréneaux.

J’espèresecrètementqu’iln’yenaurapas,ouunseulparsemaine.C’estpourmonavenir,maisjene sais plus ce que je veux, à cet instant.Stéphane, grand, brun, plutôt genrepremier de la classe,mignon,jelereconnais,sortsonagendaetmemontresonemploidutempschargé.

Nousconvenonsdenousvoirdeuxfoisparsemaine,ils’adapterasij’aibesoindeplusdesoutien.Ceseralelundietjeudià12h45àlabibliothèque,etnouscommenceronsàlarentrée.Jeleremercie,c’est vraiment très gentil de sa part d’accepter l’offre forcée deMégane. Forcée pour nous deux,parcequejen’aipaspurefusernonplus.

Bienquel’affairesoitconclue,mameilleureamienesouhaitepasprendrecongé,ellediscuteavecLouiscommes’ilsseconnaissaientde longuedate ; j’admiresafacilitéàs’entendreaveclesgens.J’adresseunsouriretimideàStéphane,malàl’aise,moijenesaispasquoiluidire.

Heureusement, il semble comprendre ma timidité et engage la conversation sur le droit. PuisMégane annonce qu’il est temps de nous rendre en cours. Nous nous souhaitons tous une bonnejournéeavantdemarcherendirectiondel’amphithéâtre.

Alors,commenttrouves-tuStéphane?

Trèsgentild’avoiracceptétonforcingsansbroncher,jeris.

N’importequoi!Jen’aifaitqu’unepropositionetilasautésurl’occasion!

Je ris encore. Cette fille me fait du bien ! Heureusement qu’elle est là, je sais que je pourraitoujourscomptersurelle.

Még’!Soph’!

JereconnaislavoixdeLorenzoetMéganeaussi.Elles’arrêtenetetseretournepourfairefaceàl’étudiantetsapetiteamie.Julieestlégèrementenretrait,Tylerestabsent.

Nenousadresseplusjamaislaparole!crachemameilleureamie.

Vousn’allezplusnousparlerparcequeTy’amerdéavecSoph’?

Lorenzon’encroitpassesoreilles.

C’estexactementça!Onnevaplusvousparler,confirmeMégane.MaispasparcequeTyleramerdé,parcequevousn’avezpas jugébond’avertirSophiaqu’il se faisait l’autrecruchederrièresondos!

C’estmoilacruche?s’indigneJuliealorsqueLorenzos’apprêtaitàrépliquer.

Oui,c’esttoi!Etsituasunproblèmeavecça,jetelerèglequandtuveux!

Julielaboucle.Méganen’apassonpareilpourfairefermerlabouchedesvipères.

Toutaétédit,termine-t-elleàl’adressedeJoyceetLorenzo.

Ellem’attrapeparl’avant-brasetnouspartons.

J’espère que j’ai bien fait, me dit-elle tout à coup. Peut-être que tu voulais continuer à leurparler?

Paspourl’instant,c’esttroprécent.

Jenesaismêmepassiunjourj’arriveraiàoublierqu’ilssavaientetnem’ontriendit.Jesuisdenaturetrèsrancunière...Toutauraitpuêtreévités’ilsm’avaientracontécequisepassaitentreTyleretsasangsue,etonn’enseraitpaslààl’heureactuelle.

***

*Tyler*

Quandj’ouvrelesyeux,j’ailatêtequitourne.J’aperçoismontéléphonesurlesol,jemedemandece qu’il fout là. J’ai mal au crâne, les lendemains de gueule de bois, c’est vraiment la merde.Commentai-jepuêtreaussibêteetreplonger?Oh,jelesais,maispersonnenevautlapeinequ’onsemettedansunétatpareil,mêmesitechniquementc’estmoileresponsabledecettehistoire.Toutestmafaute.J’aidérogéàmapromesse,maisceseral’uniquefois.Jesuispitoyablequandjemelève,uneenviedevomirmetenaille,jedétesteêtreainsi.

On dit qu’il faut traiter lemal par lemal,mais il n’y a pas d’alcool à l’appartement et je n’aifranchementpasenviedeboireunverre,j’optepouruncafébiennoir.

Jen’entendsquelesilence,cequiestagréable.

Je bois mon café, assis sur une des chaises de la cuisine, le regard vide, la douleur toujoursprésente.Moiquipensaisêtretranquilleunmoment,jedéchantequandlaportes’ouvreetqueJulieapparaitdanslapièce.

Enfinlevé!

Parlemoinsfort,jemarmonne.

J’aihorriblementmalaucrâne.Jemelèvepourprendredel’aspirinedansl’undestiroirsetmerassoisaussivite.

Qu’est-cequit’aprisdeboireautant?Jecroyaisquetuavaisarrêté?

Ohmerde!Ellejouelapsy,jedétesteça.Enplus,ellesaitparfaitementcequim’amisdanscetétat.Siellen’avaitpasouvertsabouchesurcequ’onfaitici,riendetoutçaneseseraitpassé.

Jemelève,posemonboldansl’évieretvaisdansmachambre.

Tyler!

Tagueule!

Pastrèsfairplay,jevousl’accorde,maisjeveuxjustequ’ellelaferme.J’aibesoindefumeretn’aiaucuneenviedesortir.Mesfaux-culsdecolocneveulentpasdetabacàl’intérieur,maisjesuisdansmon antre et si j’ouvre la fenêtre personne ne le saura.Alors jememets devant l’ouverture pourfumerunecigarette.Jefaisdesrondsaveclafuméeetlaregardes’échapperversl’extérieur.

Jesuistranquillejusqu’àcequemapsyattitréedécidedem’emmerderencoreunefois.

Ty’,ilfautqu’onparle.

Et, bien sûr, ça ne peut pas attendre que mon mal de tête passe et que je me sente mieuxphysiquement, parce que pour le reste on repassera, j’ai mal à en crever, tellement que j’ail’impressiondeneplusparveniràrespirersijenelefaispasmoi-même.

Dis-moicequisepasse.

Julienecriepas,elleestcalmeetparledoucementpouréviterquejepètelesplombsàcausedesonintrusion.Ellemeconnaitbien,saufqu’elleoubliesouventqu’ilnefautpasjouercontremoi,cequ’elleafait.

Çava,jeluidis.

Siellecroitquejevaismeconfieràelle,ellesefourreledoigtdansl’œil.Jenemeconfiepas.Jamais.Jetrainemamisère,j’apprendsàvivreavec.Maintenant,c’estaveccetteputaindedouleurquimevrillelesentraillesquejevaisdevoirapprendreàavancer.

T’étaistellementbourréquetunemarchaisplusdroit.

Uneerreurdeparcours.

Ilyabienuneraison.

Laséanceestterminée,docteur.Mercid’êtrepassé.

Ty’...

Non,jeneveuxrienentendre.

Juliemelaisseenfinseuletjepeuxànouveaumeperdredanslacontemplationdelafuméedemaclope.

***

*Sophia*

Le vendredimatin, j’ai un petit pincement au cœur en songeant que nous ne rejoignons pas lesautres,maisjenesuispasprêtepourça.

Mégane cherche Stéphane et Louis des yeux et nous allons les saluer. Cette fille est folle ! Lesgarçonssemblentravisdenousvoir,nousdiscutonsdesvacances,puisdespartiels.J’aipeurdemeplanter, mais j’ai encore quelques semaines pour réviser et Stéphane m’y aidera. Bien sûr, ça nevaudrapasTyler.Jemerabrouetoutdesuite.Jedoisl’oublier.

Quandnousregagnonsl’amphi, je jetteuncoupd’œilversLorenzoetceuxqui l’accompagnent.Tylern’esttoujourspaslà.J’aimeraissavoircequ’ilsepasse.Ilestunétudiantassiduhabituellement,maisjeneposeraipaslaquestion.

Lajournéepasserapidement,personnenenousaimportunées,iln’yapaseud’esclandre,etjen’aipasvuTyleruneseulefois,mais jesaisqu’ilestabsentetquecelane lui ressemblepas.Jechassecettepensée,cen’estpasbonpourmoidesongeràceluiquim’abrisélecœur.

Quandlederniercoursprendfin,Méganesautedejoie.Jerigoleetnousmarchonsjusqu’àl’arrêtdebus.En l’attendant,Lorenzoet Joyces’approchentdenous.Ondiraitqu’unedisputeseprépare,Méganeestvraimentmauvaiseaveclesgensquinecomprennentpascequ’elleleurdit.

Noussommesdésolés,vraiment.Onespèrequ’àlarentréevousaurezpunouspardonner.

Jefixemonancienami,touchéeparsesmots.Toutefois,s’ilm’avaitprévenuedecequ’ilsepassaitréellementaulieudesecontenterd’unemiseengardecontreTyler,jen’enseraispaslàmaintenant.

Bonnesvacances,lesfilles,etàbientôtpeut-être.

Vousmemanquez,ajouteJoyceavectristesse.

Lecouplen’insistepas,iln’attendpasderéponse.Nousn’enavonsdetoutefaçonpasàluidonner.

Lemettiss’arrêtedevantnousetnousymontons.

Peut-êtreàlarentrée...lanceMéganepluspourellequepourmoi.

Jesaisqu’ilsluimanquentaussi.

Mavied’avantmemanque.Tylermemanque.Maisc’estainsi,onnepeutrienyfaire.Jenecomptepaspourluialorsquel’imbécilequejesuisadessentimentspourcemec.

Méganeserremamaindanslasienne,elledoitsavoirquemonesprits’égare.

Tuauraslesvacancespourl’oublier.

Unesemaine?Tucroisqueçavasuffire?

Pourquoi pas !À la rentrée, tu seras bien trop occupée avecStéphane pour avoir le temps depenseràlui.

J’éclatederire.Néanmoins,jedoutequ’elleaitraison.StéphanenepourrajamaisremplacerTyler.

Jesuiscontentequenoussoyonsenvacances,j’avaisbienbesoind’unepause,mêmecourte.

***

*Tyler*

Troisjours.Çafaittroisjoursquejenesuispasalléencours.Lemercredivoussavezpourquoi,lejeudij’aicuvéetlevendredijenemesuispassenticapabled’affrontertoutelamerdequim’attendaitsurlecampus.J’airemisçaàplustard,àlarentrée.

Pour lemoment, jeveux justem’éloigner, fairecommesi riennem’avaitatteint,commesi toutallaitbien.

Je fais mes valises. D’ici quelques minutes, je partirai chez mes grands-parents à Behren. J’aibesoind’unbreak,etcen’estpasaveclesfaux-culsquim’entourentquejevaisarriveràéclaircircequisepasseenmoi.Jemedépêcheparcequejeveuxpartiravantleretourdesautres.Jelaissetoutdemêmeunmotsurlatabledelacuisine.

Jemetirepourlesvacances.

JeneremerciepersonnepouravoirjugébondefermervotregueulesurcequeJulieaditàSophia.Enfait,jevousenveux.Jesuisécœuréparvotreattitude,latienneaussi,Julie.

C’estenécrivantcesquelquesphrasesquejemerendscomptequej’aibesoindeleurdirecequejepensedecettehistoireetdeleurcomportement,besoindelaissermacolères’exprimer.Jeleferaiàmonretour,ilfaudraquejemetteleschosesàplatpourqu’uneambiancecorrectereviennedanscetappartement.

J’ajouteunedernièrephrase.

Ilfaudraqu’onseparleàmonretour.

Jenesignepas.C’estinutile.

Jequittel’appartpourlesprochainsjours,jettemongrossacsurlesiègearrièredemavoitureetparsdecetteville.

***

*Julie*

Je suis abasourdie quand je découvre lemot de Tyler,moi qui comptais sur les vacances pourretrouvernotrecomplicité,jesuischoquée.

C’estquoi?demandeLorenzo.

Jeluitendslepapierpourqu’illelise,Joyceégalement.Thomasenfaitdemêmepar-dessussonépaule.

OnauraitdûluidirequetuavaistoutracontéàSophia,lanceLorenzo.

Cenesontpasnoshistoires,sedéfendThomas.Onnes’estjamaismêlédetoncoupleavecAnaïs.

Jesaismais...

Detoutefaçon,onnepeutpasrevenirenarrière,intervientThomas.Onapeut-êtremalagi,oupeut-êtrepas,j’ensaisrien.Apparemment,Ty’veutunediscussionàsonretour,onmettratoutàplatetonrégleraleproblème.

JelesinformeavoiressayédediscuteravecTyler,maisenvain,ilneditriendecequiletaraude.Joyces’esclaffeàmesmots.

Nemedispasquetucroisàtesconneries?Sérieusement,tun’asaucuneidéedecequilemetdanscetétat?

Non,jeconfirme.

Joycesecouelatête.

Ilestamoureuxetmalheureux.

N’importequoi!j’affirme.JeleconnaisassezpourtedirequeTylersefichedelabrune!

Joycen’insistepas.

Et je suis convaincu que c’est réciproque, enchérit Lorenzo. Je les ai surpris en train des’embrassermardidanslasalledeTD.

Quoi?jem’exclame.

Jesuisentraindepâlirdevantmesamis.C’estquoi,cettehistoire?

Tuvois,répliqueJoyce.Lebaiserquetuasvudansl’amphin’étaitsansdoutepaslepremier!Ettuastoutgâchéentreeux,voilàpourquoiTy’sesentsimal.

Je refuse d’y croire, ce n’est pas possible. Puis, je repense au message que Tyler avait écrit àSophiasursonportable,leslettresétaientparfoisinversées,maisc’étaitclairpourmoi.Alors,Joyceaurait-elleraison?Ilyaquandmêmeunegrandedifférenceentrele«jecroisquejet’aimebien»qu’ilaessayéd’écrireetle«jet’aime»queproclamesonamie.

Ty’estsortiavecunetonnedefilles,jeleconnaisdepuislongtempsetj’enaivudetoutessortesdéfiler,j’explique.

Etalors?Çasignifiequoiàtonavis?Queparcequ’ilabeaucoupd’expérience,ilnepeutpaséprouverdessentiments?

Iln’estpasamoureux,etencoremoinsdecettebécasse!jevocifèrejalousement.

Jesorsde lacuisineen trombe, jerefusedecroirequecequemesamisaffirmentpuisseêtre lavérité.Tylern’estpasamoureuxdeSophia.

***

*Lorenzo*

Jepensequemapetiteamieavujuste.Jemesensencoreplusmalden’avoirpasprévenuSophiaquand j’en avais l’occasion, parce qu’ellem’a interrogé, et je n’ai rien dit. J’aurais également dûinformer Tyler de la dispute entre Sophia et Julie, peut-être aurait-il pu arranger les choses.Maintenant,c’esttroptardetjem’enveux,jemesensresponsabledelatournuredesévénements.

Joyceprendsontéléphoneettapeunmessagequ’elleenvoieàTyleravantdemelemontrer.

Jesuislàsituasbesoin.Vraimentdésoléedenepasavoirassuré,çan’arriveraplus.

Évidemment,ellen’obtientpasderéponse.

Jefaislamêmechose,pourluimontrermonsoutien,sansécrirelesmêmesmots.

Situasbesoindesavoir,jetediraicequ’ils’estpasséentreJulieetSophia.Jemesensmaletjedétestevousavoirperdustouslesdeux.

Moinonplus,jenereçoispasderéponse.

Thomasnefaitrien,ilpensequ’ilvautmieuxnepass’enmêleretresterendehorsdeshistoiresdechacun,detoutefaçoniln’aquepeud’affinitésavecTyler.

***

*Tyler*

Deuxmessages pendant que je roule, à peine ai-je quittéMetz ; j’en déduis quema lettre a faitfureur auprès demes soi-disant amis.Mais jamais je n’aurais pu en imaginer le contenu. Je suissurprisparcequejelis.LorenzoproposedetoutmeraconteretJoyced’êtrelàpourmoi.Auraient-

ilscomprisàquelpointjesouffre?

Quoiqu’ilensoit,c’estpeut-êtretroptard,j’ensaisrien.Pourlemoment,jeveuxjustemeviderlatêteetrouler.

***

*Sophia*

Descendredu trainet savoirque jenequitteraipasmonvillagependantune semainen’apasdeprix.Jemesenslégèreetsereine,commesiplusriennepouvaitm’atteindreici,loinducampuspourles vacances de la Toussaint. Pas de Julie, pas de Tyler... pas les autres non plus, même s’ils memanquent. Toutefois, je suis vraiment passée pour une conne devant toute la bande – la petitecampagnarde qui tombe amoureuse du bad boy en pensant que c’est réciproque –, et je doute depouvoir le leurpardonner. Jevais avoir besoinde tempspourdigérer tout ça, et adviendra cequidoit!

Pour lemoment, j’ai juste enviedeneplusypenser,deprofiterdema semainede répit, demereposer,etpourquoipasd’oublierTyler.

Chapitre9

*Tyler*

Quandjemegaredevantlamaisonnettedemesgrands-parents,destasdesouvenirsd’enfancemereviennent enmémoire.Moi faisant de la balançoiredans le jardin, pousséparmamie, les bonnesodeursdesesgâteauxoudesestartesetdesesrepas,lespromenadesquenousallionsfaireavecpapyetleurchien,mortdevieillesseilyaquelquesmoismaintenant.

J’ai passé de très bons moments ici, je me suis senti entouré et aimé. Rien à voir avec monquotidienchezmonpère.

Jesorsdelavoitureetattrapemonsacavantdemarcherjusqu’àlamaison.Jesonneetmagrand-mèrem’ouvre,souriantdèsqu’ellemevoit.

Nerestepasdehors,entre,mongrand.

Bonjour,mamie,jelanceenm’exécutant.

Georges!Tylerestarrivé!

Jelaissemonsacdanslecouloirpourembrassermagrand-mère,puismongrand-père.

Onestcontentsdet’avoirici,Tyler.

Jesuisheureuxd’êtrelà,jerépondsàmongrand-père.

Tudoisavoirfaim!Onvapasseràtable,meditmagrand-mère.

Laisse-les’installer,Huguette!

Papymeditd’allermettremonsacdansmachambre,cequejefais.Depuisquejesuispetit,j’aimachambreici.Elleaévoluéenmêmetempsquemonâge.Etcommejevienssouvent,elleestàmongoût.Toutestsobre,pasd’extravagance.Ungrandlit,unearmoire,unetabledechevetetunbureau.Jen’aiaccrochéaucunposterbienquepapyaitplaisantéavecmoiàcesujetunefois,medisantqueje

pouvaisdécorermachambreavecdesphotosprisesdansPlayboymagazine.Jen’aitoutefoisjamaisrienfaitdetel.Jenelismêmepascegenredemagazine,ilyainternet,c’estbienpluspratique!

Je laissemon sac sur le lit fait et retrouvema familledans lapetite cuisined’où sedégageuneagréable odeur. C’était une bonne idée de venir, celame fera du bien. Je n’ai pas toujours été ungarçonfacile,j’étaismêmeunadolescentteigneux,maistoutvamieuxàprésentetjem’entendsbienavecmesaïeuls.

Assieds-toi,mongrand,jevaisteservir.

Mamiemematerne,ellel’atoujoursfait,commesiàmonâgej’étaisincapabledeprendresoindemoitoutseul.

Merci,jerépondsensaisissantmonassiettepleine.

Commentsepassenttesétudes?s’enquiertpapy.

Toutvabien,jesuislescoursavecfacilité.

JesongeàSophiaàquijedonnaisdescours,mêmesiçan’apasdurélongtemps.Jemedemandesielles’ensortirasansmoi.Peut-êtrequejepourraisluiproposerdecontinuer...N’importequoi!Ellen’accepterajamais.Detoutefaçon,c’estuneidéestupide.

Mamiem’interrogesurmescolocataires,j’oublievolontairementlesderniersjoursetmecontentede lui répondrequ’ils sont sympas et que jem’entendsbien avec eux.ElleprenddesnouvellesdeJulie également. Là encore, je fais comme si tout allait bien. Je voulais oublier mes histoires envenantici,jemerendscomptequ’ellesm’ontsuivi.Ilmeseradifficiledem’endébarrasser.

Après le repas, j’aidemamieà faire lavaissellebienqu’ellem’aitplusieurs foisditd’allervoirailleurs.Ellesortensuiteunetarteauxpommesdufourenm’annonçantqueledessertestprêt.Jevaisprendrequelqueskilosici,àmonavis!

Nousladégustonsassissurlecanapéavecuneinfusion.J’aibienessayéd’avoirducafé,maisçan’aidepasàsepréparerpourlanuit,mamiearefusé.Quandjevousdisaisqu’ellemematerne!Jemelaisse faire, cela dit, j’aime ça, et je pense que parfois ça ne fait pas de mal. Je dois en avoirinconsciemmentbesoin.C’estagréablequequelqu’unprennesoindemoi.Mavieestdifficile,monquotidienestdouloureux.

Masoiréesefinitaprèslepremierfilm,horsdequestiondepasserlanuitdevantlatélévisionouàlaconsole,iln’yenapas,jen’enaijamaiseuici,mesgrands-parentssontcontre.Alorsjevaismecoucheraprèsunedouche.

Jesouriscommeuneandouillequandjesuisdansmonlit,jemesensbien.

***

*Sophia*

Bienquecesoitlesvacances,jedoismeleverlesamedimatinpouralleraucode,jelepasseàlafindumoisdenovembre,horsdequestiondelelouper.Jenetrainepasenville,quandj’aiterminémonentrainement,jerentredirectement.

Méganenetardepasàvenirchezmoiafindesavoircequejeveuxfairecesoir.Mameilleureamieadécidéquec’estmoiquichoisiraisleprogramme.Ellemeparledetraineraucafé,sansomettredepréciserqu’onpourralefairetouslesjoursquisuivront,autrementdit,l’idéenel’enchantepas.

Unciné,çapourraitêtresympa,y’adesfilmsbienàl’affiche.Maisbon,onyaétérécemment.Ladiscothèque,c’estpareil.Onpeutaussisefaireunbowling.

C’estsurcettedernièresuggestionquevasapréférencebiensûretj’acquiesce;peum’importecequ’onfera,jeveuxjustemechangerlesidées.

Bowling.

Tuessûre?

Elletentededissimulersongrandsourire.

Oui!

Génial!JeledisauxgarçonsetàPatty.

Méganes’éclipseletempsdudéjeuneretrevientdansl’après-midipourm’aideràmepréparer,jesupposequ’elleapeurquejem’habillecommeunsac!

Ahmince!dit-elleenregardantdansmonarmoire.

Quoi?Riennetrouvegrâceàtesyeux?

Oui,y’adeça!Ilfaudraitqu’onseprévoieunaprès-midishopingcettesemaine.LucetmoinepouvonsfinalementpaspartirdanslesVosges.

J’acquiesced’unhochementde tête, j’adore fairedu lèche-vitrine. J’aieupasmald’argentde lapartdemafamilleàmonanniversaire,dequoimefairegrandementplaisir.Je l’interrogesur leurchangementdeprogramme:Lucn’apaspuavoirdecongés.

MaisenfaitjepensaisàStéphane,poursuitMégane.

Stéphane?Pourquoilui?

C’esttropbêtequejen’aiepaspenséàluidemandersonnuméro.

J’éclatederire.

Tunel’aspasdesfois?

Non.Qu’est-cequej’enferais?

J’ensaisrien,quelquechosecommel’appeleretluiproposerdepasserlasoiréeavectoi.

Jerêveoumameilleureamieadécidédemecaseraveccemec?

Ilapeut-êtreunecopine,jecroisquetonplandemetrouverunpetitamipourraittomberàl’eau,jelapréviens.

M’enfin,Soph’, tumeconnaismieuxqueça! Ilestcélibataire, j’aidemandéàLouisenmêmetempsquejel’aiinforméavoirunmec,pasqu’ils’imaginequ’ilmeplait.

Jerisdeplusbelle.Mameilleureamieestunremèdeàelleseulecontrelamorosité.

Bon,jepensequecejeanetcepetitpullferontl’affaire.

Elle lance lesvêtementsenquestionsurmonlitetmedévisageensuite,sedemandantsansdoutecommentellevamecoiffer.

TuaslenumérodeLouis?jelaquestionneparcequejesaistrèsbienquenon.

Non.

C’estuneerreurdetapartça,machère!jelataquine.

Nemelerappellepas!J’aimerdésurtoutelaligne!

Jesecouelatête,amusée.

Méganemeditdem’habillerpuisseconcentresurmacoiffureetmonmaquillage.Jemedemandecequefaitmonamieendroitalorsqu’elleestsidouéepourrendrelesgensbeaux;elleauraitdûêtreesthéticienne.Quandjesuispasséeentresesmains,jemesensbelleetconfiante.

***

*Tyler*

Lors de cette première vraie journée chezmes grands-parents, papy s’est absenté pour faire lescourseset je tienscompagnieàmamiequiprépareungâteaumarbré. Je suis silencieuxet ellemescrute souvent derrière ses lunettes de vue retombant sur son nez. Je n’arrête pas de repenser audéroulement des deniers événements, à la manière dont tout aurait pu être évité, à ma réaction

complètementidiote,jelesaismaintenant,saufqu’ellemeparaissaitappropriéesurlecoup.Jedevaismeprotéger,nerienlaisserm’atteindre,etsurtoutpasunenana.Alorsj’aijouéauconavecSophiaenlamenaçant,lapirechoseàfaire!

Jetetrouvebienloin,quet’arrive-t-il?

Jerépondssansdoutetropvitepourqu’elleycroie.

Rien.

Tyler,jeteconnaiscommesijet’avaisfait.Tupeuxmeparler.

Difficilederacontermesproblèmesàmagrand-mère,ellenecomprendraitpasmafaçond’agir,mediraitqu’ellem’aélevémieuxqueça.Parcequ’avecmonpèreabsent,mamèrequis’estfait lamalle,onpeutdirequec’estellequim’aélevé.

C’estàcaused’unefille?tente-t-elledesavoir.

J’aijouéaucon,jelaisseéchapper.

Çanepeutpasêtresigravequeça.

Si,çal’est.Disonsque...

Jenesaismêmepasparoùcommenceretcequejepeuxluiconfier.

...ons’appréciait,ons’est...

J’aivraimentdumalàmelivreràmamie.Onn’estpasdelamêmeépoquepourqu’ellecomprennequelquechose,oumaréaction.

Vousvousêtesquoi?Embrassés?

Oui,jeconfirme.Plusieursfois.Maisavantça,justequandonserapprochait,jevoyaisuneautrefille.

Etellel’asu.

Ouais.

Voilà,cen’étaitpassiterriblefinalementsionoublielesdétailsdérangeants.

Tuasdiscutédeçaavecelle?

Ahçaoui!Jel’aisuppliéedem’écouter,etquandfinalementelleaaccepté,j’aijouéaucon.Parcequ’ellenevoulaitpasmepardonner,j’aipétélesplombsetjel’aimenacée.Jenepeuxpasdireçaàmamie.

J’aieudumalàmefaireentendre,maiselles’enfoutdetoutefaçon.Ellenemeparleplus.

J’ensuissûr,mêmesijenesuispasallésurlecampuslesdeuxderniersjours.Elleatiréuntraitsurleconnardquejesuis,celanefaitaucundoute.Jen’aiquecequejemérite,mêmesiçafaitmal.

Tudevraismeracontertoutdepuisledébut,çateferaitdubien.

Mamiemetsongâteauaufourets’assoitàcôtédemoi,autourdelatable.

Je déballe mon histoire. Comment Julie est devenue une copine avec avantages, comment j’airencontréSophiaquinem’attiraitpasaudébut,commentj’ensuisvenuàmerapprocherd’ellesansmêmem’enrendrecompte,comment j’aimerdé...etcomment j’ai réagiquandellem’arefusésonpardon.

Mamien’estpasoutréecommejelecraignais.Elleposesamainsurlamienne.

Tusaiscequej’enpense?

Non,maisellevameledire.

TuasmalagiavecSophiaettudoisluidemanderdet’excuser.

Saufquesijelarevois,jerisquedepéterlesplombs.Elleauneffetdedinguesurmoicettefille.

Tuesseulementamoureux,Tyler.

Jesecouenerveusementlatête,refusantcequi,pourelle,sonnecommeuneévidence.

Tusais,sessentiments,s’ilssontréciproques,cequejepense,nesesontpasenvolésensipeudetemps.Tul’asblesséeàplusieursreprises,tudoiscommencerparluiprésenterdesexcuses.

J’acquiesce.Saufquejenepourraijamaisattendrelarentréemaintenantqu’onenaparléetqu’ilmeparaitévidentquec’estlachoseàfaire.

Commentjefaispourlavoir?J’aisonnuméromaisellenedécrocherajamaispourmedonnersonadresse.

Tunesaisriensurcettefille?

Si,jesaisoùellehabiteetsonnomdefamille.

Alorsilfautcherchersonadressedanslebottin.

Lebottin,mamie?Toutlemonderegardesurlenetmaintenant.

Elle sourit, amusée, enme donnant les pages blanches. Je cherche le village où habite Sophia :Peltre.Puisjetrouvesonnomdefamille:Abérnati.

J’ail’adresse.

Tuvoisquelesvieillesméthodesfonctionnentencore!s’amusemagrand-mère.

Etsiellenem’écoutepas?

Neteperdspasenfutilité,mongrand.Quelquesmotssuffiront.

Etpuissiellerefusedemeparler,jepartirai,çam’éviterad’aggraverleschoses.Aumoins,elleverraquejefaisuneffort.Mamiearaison.

Jeseraideretouravantledîner.

Elleme souhaite bonne chance en déposant un baiser surma joue et jem’en vais réparermesconneries.

Durant la route, je m’efforce de ne penser à rien, mais c’est difficile, voiremême impossible.Mamiearaison,jedoisfairesimple.Genre:jesuisunconnardetjetedemandepardon.Ou:désoléd’êtreaussiconparfois.J’imaginequejetrouverailesbonsmotsdevantelle,àmoinsquecenesoitlecontraireetquejen’airienàluidire.

Lorsquej’arriveàPeltre,villagequejeneconnaispas,jemetsbiencinqminutesàtournerpourtrouverlenomdelaruesurunpanneau.Jecherchelenumérodel’habitationensuiteetmegaresurle trottoir en face d’une belle maison blanche. Quand j’ai coupé le contact, mes membres ne merépondent plus et je reste dix bonnes minutes assis sans bouger, me demandant ce que je fais là,commentjeréagiraisiellemerepousse,sions’engueule.EtsimeprésenterchezSophiaétaitunegrosse connerie ?Quelque chose qui part d’une bonne intention ne peut pas être une erreur.C’estseulementmoiquipanique.

J’aibesoind’unevingtainedeminutesdepluspourmepréparermentalement,puisd’encorecinq.En fait, je suis pathétique, assis dans ma voiture à fixer la porte d’entrée. Je dois prendre moncourageàdeuxmainsetsortirdelà,affrontermesproblèmesetréparermeserreurs.

Aprèsm’êtrefaitlaleçon,jepenseêtreprêt,maisjedemeureimmobile,laported’entrées’ouvre.SophiaetMéganesortentdelamaisonetmarchentsurletrottoir,l’uneàcôtédel’autre.Sophiaestmagnifiqueetjesuisunpauvretypeincapabledebougersonculpourlarejoindreetm’excuser.Jelaregardes’éloignerdedos,puismetslecontactetmetire.Ilfautcroirequejenesuispasprêt.

***

*Sophia*

Méganeetmoi rejoignonsnosamisaucafé.NousavonsdécidédemangerensemblesurAugnyavantd’alleraubowling.

Cesoir,pasbesoindeprendredeuxvoitures,Jordanestpartiquelquesjoursdanssafamilleavecsesparents,noussommescinq.Heureusementquec’estluietpasLaurent,jemeseraissentiedetrop

aumilieudedeuxcouples.Lucestauvolant,nousroulonsettraversonsMetzpourarriveràlaZACd’Augny.NousmangeonsauBuffaloGrillpuisnousnousrendonsaubowlingoùMéganearéservéunepiste.

J’adore l’ambiance ici, je m’amuse toujours comme une folle, même si je joue très mal. Lamusiqueestfortemaisnenousempêchepasdenousentendre.

MéganemeparleencoredeStéphane,ellem’auraitbienvupasserlasoiréeaveclui.

N’importequoi,jeluidis.Iln’estqu’untuteurendroitpourmoi.

QuiestStéphane?s’enquiertPatty.

Unmecquej’aiaccostéàlafacpourconsolernotreSophia.

JelèvelesyeuxaucieltandisquePattyesttoutouïe.

Etpourbienfaire,ilestenL3dedroit,ilvaluidonnerdescours.J’ailepifpourça!sefélicite-t-elle.

Ilestmignon?serenseignePatty.

Étrangement,Méganenerépondpas,ellemeregarde.Visiblement,c’estàmoideparler.

Pasmal.

Pasmal?

Bon,jecroisquecen’estpaslaréponsequemonamieattendait.

C’estbon,Még’,ilestmignon.

Plusquel’autredontilnefautpasprononcerlenom?

MéganefusillePattyduregardpouravoirposécettequestionetmoijeplongedansmessouvenirs.Lasemainedernière,nousavionspassélasoiréeensembleendiscothèque.C’étaitunpeuledébutdenotre rapprochement.Nousnousétionsembrassésdans la journéeet jemesentaisprochede lui lesoir. J’ai découvert ses bras tatoués, j’ai touché sa peau jusqu’à ce qu’il me dise brusquementd’arrêter.Iln’éprouverienpourmoi,ils’estamusé,jenedevraispasl’oublier.Jedoisgardertoutçaenmémoire,mêmesiçafaitmal.

Onvasechercheràboire,meditMéganeenmesortantdemespensées.

Elle ne me laisse pas répondre et m’oblige à la suivre. Nous prenons chacune une despé. Mameilleure amie parle de notre projet shopping à Patty qui a envie de se joindre à nous. Le but del’opération, selon Mégane, est de me rendre absolument sublime pour faire craquer Stéphane.Décidément,ellenelâcherapasl’affaire!Accessoirement,ellepensequemontreràTylercequ’ilaperduestunedoucecompensation.Moi,çamefaitmalaucœur.

Jemeforceàsourirepournepasleurmontrerquecettehistoirem’estdouloureuse,quec’esttroptôt pour en plaisanter, et avale quelques gorgées dema boisson. Je suis en train de découvrir lesbienfaitsdel’alcool...çam’aideàoublier.Maisjesuisbientropsérieusepournepasmecontrôler.

Plus tard dans la soirée, après plusieurs despé, des tonnes de fous rires et mon lot de partiesperdues, je pense encore àTyler,medemandant s’il passe ses vacances en compagnie de Julie. Jesupposequ’ellevatoutfairepourconquérirlecœurdubadboyetqu’àlarentréejen’auraiplusquemesyeuxpourpleurer.SiMéganesaitquej’aicegenredepensée,ellemeréprimandera,alorsjefaisdemonmieuxpourmeconcentrersurnotrepetitgroupe,nosdiscussions.Maislabonnehumeurn’yest plus, je sens que je sombre lentement, la douleur n’a pas disparu comme je le croyais avecl’alcool,non,elles’esttapieenmoipourressortirplusvicieusequejamais.J’aisimalquej’aienviedepleurer.Seulement,jedoiscontinueràfairebonnefigure.

***

*Tyler*

Quandjesuisrentrébredouille,mamiem’aditquejedevaispeut-êtreattendrequelquesjoursafind’êtreprêtàmeretrouverfaceàSophia.Ellearaison.Etmercredijesaisquec’estlebonmoment.Ilesttempsquejemetiennedevantelleetquejeluiprésentemesexcuses,alorsjeroulejusqu’àPeltre.Cettefois,jenemeperdspasaumilieudesrues,jesaisexactementoùjevais.Jerefusederéfléchiràcequejem’apprêteàfaire,ayantbientroppeurdemedégonfler,maisànouveau,mesmembressetétanisent.Jesuispiégédansmaproprevoiture,incapabled’ensortirpourcrieràlafillequejesuisvenuvoirquejesuisdésolépourmoncomportement.

Pourquoiest-cesicompliqué?

Peut-êtreparcequejen’aipasl’habitudedem’excuser.

Je pourrais essayer de lui envoyer un message afin de savoir si elle est dans de bonnesdispositions... Jenesuispassûrdeceque je fais,mesgestessontmaladroitsquand jeprendsmonportableenmain.J’aireçuplusieurstextosdurantcesderniersjours,tousdeJulie.Elleveutsavoiroùjesuis,cequejefais,sijevaisbien,quandjereviensàlacoloc.Malgrél’absencederéponse,ellecontinueàmecontacter–meharceler,même.Peut-êtrequ’elles’inquiète,honnêtementjem’enfous.Ilesttroptard,lemalestfaitetriennepourraleréparer.Pasmêmemoi,quilevoudraisdetoutesmesforces.JesuisdevantchezSophia,pourtantincapabledesortirdelavoiturepourallersonneràsaporte.

Jereste ici,plusd’uneheure,sanssavoirquoifaire, jesaiscommentçafinira, jerepartiraisansmêmeavoiressayé.J’aiabandonnél’idéedumessageparcequej’aipeurde lire laréponse,oudusilencequimerépondra.J’aitellementdépassélesbornesaveccettenanaquejenesaispascommentmerattraper.Lepire,c’estqueçametouche,çamefaitmal,pascommeavec toutescellesquiont

croisémoncheminparlepassé.Jenesaispassimamiearaison,jesuisincapabledediresijesuisamoureuxdeSophia,mais jesaisaveccertitudequecettesituationmepèseetmedétruit.Jedoisyremédier.Saufquej’ensuisincapable.Alors,jepourraispeut-êtretireruntraitsurSophia,surmesconneries,fairecommesirienn’avaitexisté,commesijenelaconnaissaispas.Ons’ignoreettoutiramieux.Lavoilà,lasolution.

Jedémarreetm’envais.J’aiprisladécisiondeneplussouffrir,deneplusaimer.

***

Je suis rentré depuis une vingtaine deminutes etmamieme tourne autour sans pour autantmeposerdirectementlaquestion.

Jevaisbien,jeluidis.

Tuaspuprésentertesexcusesàtonamie?

Monamie,ellenel’estplus,etnel’ad’ailleursjamaisété.

Non.Ilfautcroirequeledestinadécidéquejedevaislaissertomber.

Quemedis-tulà,Tyler?

Magrand-mères’assoitàcôtédemoietm’obligeàreleverlatêtepourquejelaregardedanslesyeux.Jevaissurmesvingt-et-unans,maiselleagittoujourscommesij’enavaisdix.

Jedisque je laisse tomber.Peut-êtrequec’estcommeçaqueçadoit sepasser.Chacundesoncôté,chacunsavie.

Tucroisàcequetudis?

Jen’ensaisfoutrementrien.

J’attends,mongrand,etnet’avisepasdemementir.Nepassepasàcôtédubonheurparcequetunecroispasenl’amour.

Jenesuispasamoureuxd’elle,mamie.Sijel’étais,j’auraistrouvélecouraged’allerfrapperàsaporte.Donc,toutvabien.

Jesaisquecesentimentnouveauquisedéveloppelàtefaitpeur,dit-elleenposantsamainsurmoncœur.Maistunedoispasessayerdelecombattre,vis-le,etvis-leàfond.

Çafaittropmal,jelaisseéchapper.

Ma grand-mèreme prend dans ses bras comme un gosse et je laisse couler les larmes quime

brûlentlesyeuxdepuissilongtemps.Elleestlaseulequiverracemomentdefaiblesse,etjesaisquejamaisellen’enparlera,pasmêmeàmonpère,sonproprefils.

***

*Sophia*

Lesvacancespassent tropvite.Noussommesdéjàvendrediet je range tousmesachatsdenotrejournéeshoppingentrefilles.Méganem’afaitachetern’importequoietjemesuislaisséembarquer.Ellen’arrêtaitpasdedirequeçaplairait àStéphane.Audébut, je rétorquais, ensuite je l’ai laisséeparler. QuandMégane a une idée en tête, rien ni personne ne peut la lui enlever. Alors j’attendsqu’elle luipasse.Jen’enpeuxplusde luidirequ’ilnesepasserarienavecStéphane,ellen’écoutepas.

Montéléphonesonne,jedécrocheenvoyantquec’estmameilleureamie.

Jetemanquedéjà?

Rienàvoir!Tunedevinerasjamais!

Quesepasse-t-il?

Jem’inquièteparcequejelasenssurlesnerfs.

Lorenzovientdem’appeler.

Sicen’estqueça,jenecomprendspaspourquoiellesemetdansunétatpareil.

Quetevoulait-il?

Pasàmoi.Ànous!Cecrétinm’ademandésionacceptaituncinéaveceuxdemainsoir!

Moncœur s’emballe instantanément, j’ai besoin d’unpetitmoment pourme faire à l’idée, pourréaliser.Ensuite,jeluidemande:

Quieux?

Ehbien,Joyce,luietThomas.Iln’apasparlédeJulie,alorsjenesaispassielleétaitcomptéedanslelot.Etavantquetuneposeslaquestion,Tylerneserapasprésent.Non,maisleculot,quoi!

Je ne suis pas encore prête à les fréquenter à nouveauou à les revoir pour lemoment. Je veuxoublier tout ça, aumoins jusqu’à lundimatin. Je pense queMégane le comprend, ou le sait, vu lamanièredontelleestremontée.

Qu’est-cequetuluiasrépondu?

Oh!Qu’ilpouvaitsemettresoninvitationoùjepense!

J’esquisseunsourire.

J’aibienfait?m’interroge-t-elletimidement.

Carrément!Jeveuxlesoublierjusqu’àlarentrée.

Ouais,ben,elleapprocheaucasoùtunel’auraispasremarqué.Etdetoutefaçon,tuserastropoccupéeavecStéphane.

Jenerépliquepas,ceseraitparleràunmur.

Enfinvoilà,jevoulaisquetusoisaucourantaucasoù...aucasoùrienpuisquepersonnen’atonnuméro.Tantmieuxfinalement.

Personne,saufTyler,luifais-jeremarquer.

Tylerquinel’autiliséqu’uneseulefoispourbienenfoncerlecouteaudanslaplaie,Soph’!

Jesais,Még’,jedisaisjustequejel’aiquandmêmedonnéàquelqu’un.

Çava,Soph’?

Biensûr,pourquoiçan’iraitpas?

Parcequejeteconnaisetjesaisquecemec,aussiconsoit-il,comptepourtoi.

J’éclatederire,c’esttoujoursmieuxquedefondreenlarmes,enluiaffirmantquejevaisbien.

Àcesoir,jerépliquepourcouperlacommunication.

Jenesaispassielleestdupe,maismoij’aibesoind’unmomentpourmeremettre.Lorenzoessayevainementdefairelapaix,maisjenesuispasprête.Tylern’auraitpasétéprésentauciné.Oùest-il?Pourquoijem’eninquiète?Ilneveutjusterienfaireenmacompagnie,etJulien’apasétécitéeparcequ’elleseraaveclui,elle.Quelleidiotejesuis!

***

*Tyler*

C’est dimanche enmilieu d’après-midi que je quitte Behren après avoir embrassémes grands-parents.Jemesensbien,serein,mêmesijesaisquedansuneheurejebaigneraiànouveaudanslamerdequ’estmavie.Etquejenepourrairienfairecontreça.

Pourlemoment,jeprofitedemesderniersinstantsaucalme,lamusiqueenvahissantl’habitacleetuneclopedanslabouche.Jechanteetsifflotecertainsairs,çamefaitdubiendemelâcherunpeu,j’aivraimentbesoindedécompresseretjenelefaispasassezsouvent.

Metzarrive tropviteàmongoût,et l’appartaussi. J’ai l’impressionque tout lepoidsdumondes’abatsurmesépaulesquandjesorsmonsacdelavoiture.Peut-êtrequejedevraisfairedemi-tour,metirerd’ici,oubliertout,mereconstruireunevie,ailleurs.Jeraconten’importequoi,jen’aipasleluxedepouvoirdéciderdemonexistence.

Jem’engage dans le bâtiment etmonte les deux étages en trainant des pieds. Jeme surprends àespérerquepersonnenesoitlà,maisquandj’entre,jeconstatequecen’estpaslecas.Lesmecssontétaléssurlecanapé,jouantàlaconsole,etlesfillessefontlesongles,assisessurlesol.Bienvenuechezmoi.

Tyler!seréjouitJulieenselevant.

Elleseprécipitesurmoi,prêteàmesauterdessus,elleestdingue!

Gardetesdistances,jeluiintime.

Jevaisdansmachambreposermonsacetreviensdanslesalonsilencieux,laconsoleaétécoupée.

Ilfautqu’onparle,jeleurannonce.

Sanssurprise,ilslesavaienttous.

Ont’écoute,décideLorenzo,melaissantainsilaparole.

Jen’aipasréfléchiàlamanièred’aborderleschoses,jesaisjustequ’ellesdoiventêtredites.

Julie,jet’enveuxpourcequetuasfait...àunpointquetunepeuxmêmepasimaginer.

Ty’,je...

Laisse-moifinir ! je lacoupefermement.Jenesaispassionpourraredeveniramis,maisunechoseestsûre,onnebaiseraplusjamaisensemble.Jeneveuxplusquetutemêlesdemavie,cequisepasse ici reste ici, t’avaispasà raconterçaàSophia !Et je tepréviensque tun’aspas intérêtàl’emmerder!

Maintenantquej’enaifiniavecelle,ellenebroncheplus.J’aihausséletonsurlafindemamiseaupoint,maisjenepeuxpasdemeurercalmepluslongtemps,c’esttropdur.

Vousautres,voussaviezqueJulieavait toutbalancéàSophia,etpersonnen’a jugébondemeprévenir!

Noussommesdésolés,m’assureLorenzo.

Toi...Tum’asvuavecSophia,tusavaisqu’ilsepassaitquelquechoseentrenous,tuauraisdûmemettreaucourant!Putain!

J’auraisdû,confirme-t-il.

Lesilenceplaneuncourtinstant,puisThomasprendlaparole.

On est désolés si on t’a blessé, Ty’, mais on ne s’est jamais mêlé des histoires de cœur deLorenzoetAnaïs,onasimplementfaitlamêmechoseaveclatienne.

Ehbien,vousavezeutort.

Toutaétéditpourmapart,jeconnaisleurpointdevue,ilsontlemien.

Etmaintenant?medemandeJoyce.Tuvasnouszapper?Nousignorercomplètement?

Ques’est-ilpassélesjoursoùjenesuispasvenuencours?

Jerépondsàunequestionparuneautre,jesais,cen’estpasclasse,maispourlemoment,jen’aiaucunecertitudequantànosrelationsfutures.

Rien,lesfillesnenousparlentplus,m’expliqueLorenzo,dépité.

Jenesaispascequejevaisfaire,jerépondsenfinàJoyce.J’aibesoinderéfléchir.

Tun’aspaseuassezdetempspendantunesemaine?D’ailleurstuétaisoù?mequestionneJulie.

Mavieprivéeneteconcerneplus.

Jeme tiredansmachambre, jenesaispasencorecomment jevaisgérermes rapportsavec lesautres.

Chapitre10

*Sophia*

Méganeestvenuechezmoihiersoir,amenantPattyenrenfort,etj’aieudroitàunbriefingsurcequejedevaismettreaujourd’hui,commentmecoifferetmemaquiller.Alorsj’aisuivilesconseilsdemes amies et je me suis pomponnée avec application. Inconsciemment, je sais que j’ai envie demontreràTylercequ’ilaperdu,mêmesic’estidiot.Enaucuncas,jeneveuxséduireStéphane,avecquij’auraimonpremiercoursaujourd’hui.Mêmesic’estbienlàl’idéedemameilleureamie.

Surlequai,jeretrouveMéganequifrappedanssesmainsensautillantdèsqu’ellemevoit.Noussommes lundi, elle ne devrait pas être présente, mais c’est la rentrée, une exception à sonabsentéisme,sanscompterqu’ellemouraitd’enviedevoirmonlooketlatêtedesautres.Quandelledit«autres»,jesaisqu’elleparledeStéphaneetTyler.

Tuesparfaite,chérie!lâche-t-elleenimitantlavoixdeCristinaCordula.

Jelèvelesyeuxaucielenesquissantunsouriremalgrémoi;uncomplimentfaittoujoursplaisir!

Jeveuxqu’ilsbavententevoyant!

Pastropquandmême,jem’amuse.

Méganeadécidéquejedevaisporterlejeanquimefaitunculmagnifiquequ’ellem’afaitacheterlors de notre journée shopping, l’assortir avec un pull, de son choix également, moulant et plusdécolleté que ce que je mets d’habitude. J’ai eu l’autorisation de prendre une écharpe, etheureusement,carilnefaitpaschaudcematin!Au-dessusdetoutça,unevestecourteparcequemameilleureamiepensequ’ilestvitalqu’onvoitmesfessesmouléesdansmonpantalon,etdesbottesnoiresàtalons.Bienquelestempératuressoientfraiches,jen’aipaspuéchapperàlaqueuedechevalaprèsavoirlissémescheveux,niauxbouclesd’oreillespendantes.Lemaquillageestplusappuyéquecequej’aiprisl’habitudedefaire,maisjemetrouveplusjolieainsi.

Pattys’amusaithierenmedisantquej’allaisdevoirm’habitueràcequelesmecsmeremarquent.J’ai eu envie de pleurer en songeant que le seul quim’intéresse neme verra jamais comme je le

voudrais.

Maintenant,çavamieux,jemesensplusfortederrièrecettecarapacedemaquillage.L’ennuiaveclesproduitscosmétiques,c’estqu’ilsuffitdefrotterunpeupourvoircequ’ilyaendessous,et jerefusequ’onmevoiepleurer.

Onignorelesautres,t’esd’accord?medemande-t-elle.

Oui.

Je ne suis pas encore prête à les affronter.De toute façon tout a été dit et je reste la conne quicroyaitbêtementenTyleràleursyeux.

Durantletrajetentrainetceluienbusquisuit,MéganenefaitquemeparlerdeStéphane.

Tuneseraispasunpeuamoureuse,toi?jelataquine.

Lesyeuxrondsqu’ellemefaitmefontéclaterderire.

Benquoi!Tuenparlestoutletemps.

Pourtoi!s’offusque-t-elle.

J’éclatederirealorsqu’ellem’assureaimerLuc.Jelesaistrèsbien,maisçam’amusedelavoirsedéfendre,pourunefoisquecen’estpasmoi.Quandelleenafiniavecsatirade,ellemerappelledenepasoublierdedemandersonnuméroàStéphane.Qu’est-cequej’enferais?J’accepteuniquementpourqu’ellemelaissetranquille.

Le moment que je redoute arrive trop rapidement à mon goût, est-il vraiment trop tard pourretournersouslacouette?

NousdescendonsdubusetdéjàMéganesetortilledanstouslessenspouressayerd’apercevoirlesmalchanceuxquivontdevoirnoussupporter.Quantàmoi,jenecherchepersonne,c’estplussimplecommeça.Aumoins,pasderisquedecroiserunvisagequejeneveuxpasvoir.

Lesvoilà!dit-elle.

Celam’auraitétonnéequ’ellenelestrouvepas!

Jelasuisjusqu’auxgarçonsetremarquequeStéphanemedévisage,émerveillé.Oùestletroudesourisleplusproche?

Salut!lanceMéganeavantdeleurfairelabise.

Monamienedoutederien,ellesecomporteaveceuxcommes’ilsétaientdesamisdelonguedate,commeelle le faisait avecLorenzoet lesautres. Ilsmemanquent. Jechassecettepensée, je refused’êtretristeaujourd’hui.

Salut,jedisàmontouravantdelesembrasserégalement.Commentétaientvosvacances?

Louisnousraconteêtrepartifaireduski,chezsatantedanslesAlpes.Stéphaneestrestéchezlui,ilenaprofitépourjoueràunjeuvidéo.Sasimplicitémefaitsourire.

Méganeleurracontenotresemainederepossansmêmequequelqu’unaitposélaquestion.

Tuestoujoursd’accordpourlecoursàmidiquarante-cinq?jedemandeàStéphane.

Méganelefixe,prêteàlebouffers’ilrépondautrementqueparunoui.

Biensûr!Onseretrouveraàlabiblio.

J’acquiesce,soulagée.J’aivraimentbesoindenepasmemettreenretard.Méganem’abrifféesurledroitadministratifpendantlesvacancesetj’aicomprisquelquestrucs,mêmesiellen’estpasaussidouéequeTylerentantqueprof.

Ondevraityaller,Még’,sionveutdelaplace.

J’aipeurqu’ellemerépondequ’onaencoreletemps,maisheureusement,ellenelefaitpas.

Àplustard,jelanceàStéphane.

Aprèsquelquespas,monamiemedemandepourquoijevoulaism’enfuir.

J’aienviedem’asseoir,cestalonsmefontmalauxpieds.

Elleregardemeschaussureshautesdehuitbonscentimètres.

C’estpourquetuparaissesmoinspetitequeStéphane!

Jepouffe.Elleestincroyable!

Quandonapprochedubâtiment,jevoisTyler,seul,adosséaumur,latêtebaissée,unecigaretteàlabouche.Moncœurs’emballeinstantanément.Commes’ilavaitsentimaprésence,illèvelatêteetsonregardcroise lemien. J’ai l’impressionqu’il est triste,mais jedétourne lesyeuxaussiviteet suisMéganedanslebâtiment.

Jemelaissetombersurunsiège,essayantdecalmerlesbattementsfrénétiquesdemoncœur.Mameilleure amie, qui n’a rien remarqué, est encore à me parler de Stéphane, je ne l’écoute pas,revoyantenboucleslesyeuxéteintsdeceluiquej’aime.

Est-ceàcausedemoi?

Biensûrquenon,jenedoispasoublierlemessagequ’ilm’aadressé.

Tum’écoutes!lanceMégane,indignée.

Vaguement,jerépondsenluiadressantuneminecontrite.

Jesorsmesaffaires,sachantd’avancequejenevaisriencomprendre.Enregardantautourdemoi,

j’aperçoisJoyce,JulieetLorenzoquis’installentàquelquesrangsdevantnous,jefaisminedenepaslesavoirvus.Puisquelqu’undéposeunpapiersurmatable.Quandjelèvelesyeux,jevoisTylerquis’éloigne,jenecomprendspas.

Ouvre!mepressemonamiequiaassistéàlascène.

Jependslafeuillepliéedansmamain,hésitante.

Etsic’étaitunecrasse?jedemande,méfiante.

J’irailuimettreunegifledevanttouslesétudiants.

Je souris légèrement. En levant les yeux, j’aperçois Tyler quim’observe, il détourne le regardrapidement.

Jeprendsunebonneinspirationetdéplielepapierpliéenquatre.

Jenesuispasdouépourprésenterdesexcuses,j’aipourtantessayé.Peut-êtrequeparécrit,ceseramoinsdifficile.

Alors,jesuisdésolé,Sophia.Pourtout.

Ty’

Sonmotmetouchebienplusqu’ilneledevraitetjemeretiensdepleurer.Quandjeregardedanssadirection,jenevoisquesondos,ilnem’observeplus.

Il s’excuse pour tout ?C’est un peu facile, commenteMégane.Ça veut dire quoi finalement ?Qu’il est désolé de t’avoir embrassée, de t’avoir menti, prise pour une conne, d’avoir dit deshorreurs,d’avoirenvoyéunSMSpourri...

J’imagine,j’articule,lavoixenrouée.

Tucomptesluirépondre?

Pourluidirequoi?Quejeluipardonned’avoirjouéavecmessentiments?Ceseraitunmensonge.Jenepourraipasluipardonner.Maisjeprendssonmotcommeungagedepaix,etjesuissoulagée,parcequej’avaisvraimentpeurqu’onsoitenguerre,jen’auraisjamaissupportéqu’ils’enprenneàmoiàchaquefoisqu’onseseraitcroisés.

Jeplielafeuilleetlaglissedansmonsac.MonsieurLambertn’estpasencorelà,j’enprofitepourtaperunmessagesurmon téléphone, j’ai seulementbesoinqueTyler sacheque je l’ai luetque jeveuxlapaixégalement,paslaguerre.J’aipeurqu’ennerépondantpas,ilm’enveuille.

Tuessérieuse!?s’exclamemonamieenlisantmesmots.

Jeneveuxpasd’histoiresaveclui,Még’,jenelesupporteraipas.

Ellenetentepasdem’endissuader,jerelismonmessageunedernièrefoisetcliquesurenvoyer.

***

*Tyler*

QuandmonregardaaccrochéceluideSophia,moncœurs’estarrêtédebattreetjemesuisrappeléque je devais continuer de respirer quand elle a baissé les yeux. Jeme suis souvenu desmots demamie,desexcusesquejedoisformuler.Jesaisquejenevoulaispaslefaire,quejevoulais justeoublier, mais peut-être que j’y parviendrai plus facilement si la boucle est bouclée. Alors j’aigriffonnéquelquesmotssurunefeuille.Cen’étaitpasdifficiledelocaliserSophiadansl’amphi,mesyeux,commeaimantés,sesontdirectementposéssurelle.Elleestsuperjolieaujourd’hui,j’aieudumalàdéglutirenlavoyantetcelamerappellecequej’aiperdu,toutcequej’aifoutuenl’air,sansvraiment en être conscient. J’auraisvraimentdû assurer etmettre fin à cette amitié avec avantagesavecJulieplustôt.Commejeleregretteàprésent.

JenemesuispasposédequestionsenapprochantdeSophiaparcequejesavaisquesijelefaisais,jereculerais.J’avaisenviedeposermamainsursonépaule,delaglisserdanssescheveux,maisjen’ai fait que laisser le papier sur sa table.Une fois assis, j’ai vérifié qu’elle l’avait bien vu,monregards’estencoreancréausien.Maintenant,mon téléphonem’annonceun texto, je saisquec’estelle.Dumoins, je l’espère fortement.Quand j’allume l’écran demonSmartphone, je constate quej’avaisraison.Jecliquesurl’icôneetlissonmessage.

J’acceptetesexcuses,mêmesiçanechangeraplusrienànosvies.Jepréfèrequ’ons’ignore,j’aiassezsouffertàcausedetoi.

La douleur dans ma poitrine devient plus intense, ces mots sonnent comme un adieu, j’ail’impressionde suffoquer. Jedoisme forcer à respirer et serrer lespoings le tempsquemacrisepasse.Jenesaispascequim’arrive.Jeneveuxpaslaperdre.Putain!Pourquoijepenseça?Parcequemamiearaison,jesuisamoureuxdeSophia.

Leprofn’estpasencorelà,ilestenretard,peut-êtreunsignedudestin,alorsjefaisuntrucquimesemblebiensurlecoup,maisquiseraprobablementcomplètementstupide.JemelèveetmarchedansladirectiondeSophia,m’accroupissantàsahauteur.

Situasbesoindecours,tupeuxcomptersurmoi.

Ellemeregardecommesi jevenaisdedireuneconnerie.C’estpeut-être lecas,mais jechercheseulementunmoyendemerattraper.

Inutile,Tyler,Soph’adéjàunnouveauprof!sefaitunejoiedem’annoncerMégane.

J’auraispeut-êtredûréfléchiràdeuxfoisavantdeluifairecetteproposition,jesavaisquel’idéeétaitmauvaise.

Jepréfèrequ’ons’ignoreàl’avenir,Tyler,merépondSophia.

Jesaisquejeluiaifaitdumal,etjemeprendsleretourenpleinefacepuissancemille.

Bonnecontinuationalors,jedis,lavoixenrouée,enmeredressant.

Enmarchantversmaplace,j’hésiteentreattrapermonsacetmetirerourestersagementicipoursuivrelecours.Quiestceprofquival’aider?Mégane?Sielleétaitaussidouéequeça,Sophianeseseraitjamaistournéeversmoi,saufsiellel’afaitpourunetoutautreraison.Parcequejeluiplaisais,parexemple.

Il ne sert à riende fuir, alors jedécided’assister aucours.MonsieurLambertvientd’arriver etnoussalueaumicro.

Unepagesetourne,mêmesic’estdouloureux.Laboucleestbouclée,c’estcedontj’avaisbesoinpourl’oublier.J’aimêmefaitunpasverselle,maisc’esttroptard,jel’aibiencompris.

***

*Sophia*

Je n’arrive pas à croire que Tyler me proposait pour continuer les cours. Je ne le comprendsvraimentpas.Était-cepourluiunmoyendeserattraper?Desefairepardonner?Jecroisquejenelesauraijamais,etc’estpeut-êtremieuxcommeça.

Jeme tourne versMégane et lui souris avant demepréparer à suivre le cours –même si dansmoinsdedixminutesjeseraidéjàcomplètementlarguée!

Biensûr,jenepeuxm’empêcherdelancerdescoupsd’œildansladirectiondeTyler,lefaitqu’ilnesoitpasavecJuliem’intrigue.Jesuiscomplètementaccro!

Ilfautquejemeressaisisse.Jefermelesyeuxuncourtinstantavantd’écouterleprof.

Sous les coups demidi, je suis bien contente de sortir de l’amphi. J’aperçois Tyler,mais il nem’accordeaucuneattention,çaluiressembleplusquelagentillessedontilafaitpreuvecematin.

MéganeetmoiallonsmangeraurestoU,puisnousnousrendonsàlabibliothèque.Elleresteavecmoijusqu’àcequeStéphanearrive.Là,elleprenduneautretable,prétextantavoirbesoindesilencepourtravailler.Jelèvelesyeuxaucieletexpliqueàmonnouveauprofoùsontmeslacunes.

Ilm’interrogesurcequejesaistoutenregardantrapidementleprogrammedesecondeannéepourseleremémorer.Cen’estpascompliqué,toutcequejemaitrise,c’estcequeTylerm’aexpliqué.

Commentçasefaitquetuaiescomprislescoursdudébutd’annéeetpaslesderniers?

Jeneveuxsurtoutpasqu’ilmesuspectedeledraguer.

Unamim’aaidée.

Pourquoiilaarrêté?

Disonsqu’onestenfroid.

Ilhochelatêteets’attaqueàlasuiteduprogramme,làoùTylers’estinterrompu.

Stéphaneexpliquebien,mêmesij’aiplusdedifficultésquej’enavaisavecmonancienprof.Non,çanevapasaller,jedoisoublierlepassé,oublierTyler,etmeconcentrersurl’avenir,surStéphane,plutôtsurleséclaircissementsquisortentdesabouche.

Quand il est presque quatorze heures, il me dit à jeudi. Je pense en moi-même que c’est malconnaitreMéganequiluisauteradessusdèsdemainmatin.

Je regardedans la directiondemon amie tout en rangeantmes affaires. Il lui faut à peinedeuxsecondespourmerejoindre.

Alors?

Elleestimpatientedesavoir,pourtantiln’yarienàdire.

Seséclaircissementsm’ontbienaidée.

Oh,Soph’!Faisuneffort!

Jeneveuxrienaveclui,Még’.

Tylerajouéavectoi,maisilsnesontpastouscommelui.

Jenedispasça...justequej’aiencoredessentimentspourlui.

Ilatournélapageetamêmeeuladélicatessedes’excuser,c’estbonpourtoitoutça.TupréfèresLouis?

Még’,jesoupire.

***

Lelendemainmatin,jemesuisencorepomponnée,surlesordresdemameilleureamie–j’avouequeçameplait–,etcommejem’endoutais,elleseruesurLouisetStéphane.Ellefaitmined’êtreintéressée par les cours demon tuteur avant de nous tourner le dos pour discuter avec Louis.Ducoup, je parle avec Stéphane, essentiellement des cours puisque je ne sais pas quoi lui raconterd’autre.Ilesttrèssympaetj’appréciesaprésence,mêmesijeneveuxriendeplusaveclui.Jenesuismêmepascertainequ’ilauraitenvied’allerplusloinavecmoi,detoutefaçon.

Méganeetmoinecroisonspersonnedenonsouhaitablede lamatinéeetnousallonsmangerenvilleavantdefairedulèche-vitrineaucentreSaint-Jacques.Jemesensbienquandnousretournonsàlafac.Moinsquandilestl’heured’allerentravauxdirigés.J’hésiteentrechangerdeplaceetresteroùjesuis.Sijebougeencore,n’étantpasretournéeàcôtédeLorenzoaprèsletravailenbinôme,jerisqued’énerverlesétudiants,etaccessoirementleprofs’illevoit!N’ayantpaslamoindreenviedemefaireremarquer,jeresteoùjesuis.LasalleseremplitrapidementetjesaisqueTylerestlàquandjesensuneforteodeurdetabac.Ils’assoitàcôtédemoisansunmot.J’aicequejevoulaispuisqu’ilm’ignoreroyalement.

Bonjour!lanceleprofenarrivant.Distribuez-moiça,s’adresse-t-ilàl’étudiantenboutdetable.Vousavezuneheurepourmefairecetravail,onlecorrigeraensemble.

Ohnon!Pasencore!

Maisceseracommeçatoutel’année,malheureusement.

Quandj’ailedocumentdevantmoi,jesuiscontentedevoirquejenevaispastoutrater.Ilyadeschoses que j’ai vues avec Tyler, et je saurai y répondre. Par contre, la grande majorité m’estinconnue.Jemesouviensavoirparléd’unenotionavecStéphane,maisj’avaisdumalàl’assimiler.

Je risqueun coupd’œil versmonvoisin de gauche, il est déjà en train de remplir la feuille. Jerépondsauxquestionsdontjeconnaislesréponses,c’est-à-direunquartdudocument,pourlereste,c’estcompliqué.

L’heureécoulée,monsieurLambertinterrogeunétudiantpourledébut.Jesuiscontentedevoirquej’aibienrépondu.Pourlasuiteparcontre,c’estmoinsmarrant.Leprofmesolliciteetjenesaispasquoidire,aucunefeuilleneglissedansmadirectioncettefois,jesuisdésemparée.

Ilfauttravaillervoscours,Abérnati.Andros,jevousécoute.

Manquedechance,ilm’interrogeunesecondefoispendantl’heureetjebrilleànouveauparmonsilence.

Vousdormiez,mademoiselle?Excusez-moidevousavoirréveillée!

Connard!

Ceprofprendunmalinplaisiràcollerlahonteàsesélèves.Jenesuispaslaseuleàmeprendre

desremarquessarcastiques,maisçanem’empêchepasdeneplussavoiroùmemettre.

Heureusement,ilmelaissetranquillejusqu’àlafindesTDetjepeuxm’enallerenfin,larageauventre!

Lasemainesepoursuit,touslesjourssontidentiques.Lematinnousretrouvonslesgarçons,nousallonsencoursensuite, lemidinousmangeonsau restoU,puis lescoursetenfinnous rentronsàPeltre.Lorenzon’essayeplus de nous parler,même si je surprends souvent son regard triste dansnotredirection.Tylerestredevenului-même,ilm’ignoreroyalementettraineseul.

Novembrepassedecette façon. J’aimoncode, labonnenouvelledumois !Les jours sont tousidentiques,sauflemardi.LecoursdetravauxdirigésdemonsieurLambertestanimépourmoi.J’aibeau réviser, prendre des explications auprès de Stéphane, rien n’y fait, je suis de plus en pluslarguée.Etcommeleprofexigequelesétudiantsparticipent,jemefaissouventinterrogeretn’aipaslaréponse.Ondiraitqu’illefaitexprès,jamaisilnemedemandequelquechosequejesais,non,çac’estpourlesautres.Moi,c’estsystématiquementlàoùj’aideslacunesqu’ils’intéresseàmoi.

Alorsj’ailedroitàdesphrasescinglantesplusieursfoisendeuxheures,chaquemardi.

Apprenezdoncvotrecours,mademoiselle!Jemedemandevraimentcequevousfaitesici!Êtes-vous certaine que la licence de droit est lameilleure option ? Pensez à revoir votre orientation !Réveillez-vous,mademoiselle!Allons, répondez!Nousferez-vous l’honneurd’entendre lesondevotrevoix?

Jenesuispaslaseuleàsubirsesremarquesdésobligeantes,biensûr,maisTylerestavecmoietj’aurais aimé ne pas endurer ça devant lui. J’en suis arrivée à détester ce cours, déjà que je nel’appréciaispasbeaucoup.

TDdedroitadministratif:monpirecauchemar!

***

*Tyler*

Çafaitunmoisquejejouelejeu,jeresteloindeSophia,agissantcommesijenelaconnaissaispas,maisjesuisàdeuxdoigtsdecraquer.Pourtant,jevousjurequejevoudraisrespectersavolonté,mais Lambert me gonfle sérieusement à s’en prendre à elle comme ça. Je ne devrais pas m’enpréoccuperparcequ’ellearefusél’aidequejeluiproposaismalgrétout,maisjen’ypeuxrien,çametouche.

Enrentrantàl’appartementcesoir,aprèsunmoisdesolitude,Lorenzotenteuneapproche.Ilme

demandesiçam’intéressequ’ondiscute.

Dequoipourrait-onparler?jel’interroge.

Del’altercationentreJulieetSophia.

Jenel’aijamaisquestionnéàcesujet,maisj’accepte,tropcurieuxdeconnaitrelesdétails.Alorson discute. Il me raconte comment se sont déroulées les choses. Julie qui pousse Sophia et quil’engueule– jesuis lesujetde ladispute–,Juliequibalancequ’onabaiséensemble,quibousculeencoreSophiaavantdesetirer,Sophiaquiapprendquetoutlemondesavaitetquepersonneneluiarien dit. Lorenzo pense qu’elle s’est sentie humiliée et qu’on l’a tous prise pour une conne, moicompris. Il a sans doute raison,mais ça ne changera plus rienmaintenant. Elle veut qu’on agissecommedesinconnus,alorsjelefais.

Lorenzo est peinéqu’elle ne lui parle plus, je n’ypeux rien. Je ne l’ai pas obligé à gardermessecrets.D’ailleurs,monamitiéamélioréeavecJulien’enajamaisétéun.Saufpeut-êtreauxyeuxdeSophia.

Tuvasfairequoi?essaye-t-ildesavoir.

Rien.Sophiaetmoinenousconnaissonsplus.

Mais...

Net’engagepassurceterrainavecmoi,jelepréviens.

Iln’ajouterienetjevaisbosser.

Plus tard,aprèsavoirdiné, lesmecsm’invitentàfaireunepartiede jeuvidéo.J’hésiteetpuis jecède,çapourraitêtrel’occasiond’unnouveaudépart.Jenepeuxpasresteréternellementfâchéaveceux,çamebouffemonénergie.

JulieetJoyces’installentsuruncoussinposésurlesoletnousregardentjoueràlaguerre.Julietenteunrapprochement,elleveutseglisserentremesjambes,jeleluiinterdis.Plusjamaisceneseracommeavantentreelleetmoi.Jeneveuxplusd’amitiéaméliorée,quandj’aienviedesexe,jefaiscommecederniermois,jesorsenboite,etjebaisesurlesiègearrièredemavoiture.Cen’estarrivéquedeuxfois,celadit.

J’aibesoindeteparler,murmureJuliepourquejesoisleseulàl’entendre.

Pourmedirequoi?Franchement,jenevoispas.

Moi,jemefousquelesautresnousentendent,jenechuchotepas.

Baisse-toi,Thomas,jevaistirer!jelance.

C’estsympadejouer,çamedétendetjeretrouvemabonnehumeuraucontactdesautres.

Tumemanques,Ty’,souffleJulie.

Jenepeuxrienfaire.

Si,tupeuxrétablirnotrerelation.

J’auraitoutentendu.Jeneprendsmêmepaslapeinederéfléchiravantdeluirépondre:

Non,Julie.Jen’attendsplusriendetoi,pasmêmedel’intégrité.

C’estpeut-êtreuncoupbas,néanmoinsc’estlavérité.Elleamalagiparjalousie,jelesais.C’estavecmoiqu’elleauraitdûenparleraulieudebriser...quoi?Moncouple?Jen’étaispasencouple.J’aurais pu le devenir... En tout cas, elle a détruit ce que je construisais, sansmêmem’en rendrecompte,avecSophia.Etavantd’avoirtoutperdu,j’ignoraisàquelpointellecomptaitpourmoi.

Chapitre11

*Sophia*

Derniermardiavantlasemainederévision,puislespartiels,etenfinlesvacances!Jen’auraiplusà supporter les piques de monsieur Lambert ! Je dois seulement survivre deux heures. Riend’insurmontable,pasvrai?

MonDieu,commejemetrompais!

Jenepleuremêmeplusintérieurementquandleprofnousdonneledocumentdetravail,jemesuisfaiteàl’idéequejenesauraipasrépondreàlamajeurepartiedesquestions.Miraculeusement,cettefois,ilparaitplusabordablepourmoi.L’heureestpasséeetj’aipurépondreàpresquetroisquartsdesinterrogations,jesuisfièredemoi.Maiscroyez-vousqueleprofallaitm’interrogersurcestroisquarts ? Évidemment que non,mais bien sur le quart restant. Et là, eh bien, ce qui devait arriverarrive,jenesaispasrépondre.Onn’entendmêmepasunemouchevoleralorsquemonsieurLamberta les yeux rivés sur moi. J’aimerais disparaitre, mais je suis toujours là malgré mes incessantesprières.

Quelqu’unconnait-illaréponsequenotrecancreignore?

Connard!

Oui, jesais,Tylerne l’estplus,c’estmêmeunangeàcôtédeceprofabject !Commentvoulez-vousquej’arriveàtravailleraveclui?C’estjusteimpossible!

Lorenzoprendlaparole,luiaussiestdoué.J’ail’impressionqu’iln’yaquemoiquinesaitriendanscettesallealorsqu’onestpresquelamoitiédanscecas.

J’aiencoredroitàdeuxremarquesbiensenties,jepenseêtretranquillepourlafinducours,maisnon,ilm’assènelecoupdegrâcequelquesminutesavantlasonnerie.

Vousn’êtesqu’unetouristeici,Abérnati!Jemedemandeencorepourquoivousprenezlapeinedevenir!Ouvrezdoncvotremanueldetempsentemps!

Jenevousdispasàquelpointj’étaisheureuseenquittantcettesallemaudite,desenviesdemeurtrepleinlatête,maismalheureusementirréalisables!

J’essuie mes larmes, je veux que personne ne me voie pleurer, et retrouve ma meilleure amiedevantlebâtiment.

Çava,toi?ellemedemande.

Oui,unepoussièredansl’œil,j’inventeenprenantunmouchoirpourm’essuyerlesyeux.

Tylers’approchedenous, jemedemandecequ’il fait.Jeregardederrièremoi,pensantqu’ilvaretrouveruneconnaissance,maisnon,ils’arrêtedevantMéganeetmoi.

Monoffretienttoujours.

Dequoituparles?jelequestionne,abasourdie.

Descours.Tuasdesérieuseslacunesetlespartielssontdansmoinsdedeuxsemaines.

C’estgentil,Tyler!MaisSoph’sedébrouilletrèsbiensanstoi!intervientMégane.

Vraiment?

Oui!crie-t-ellepresquepourluimontrerqu’ill’agace.Elleaunprofd’enfer!

Tylerpouffe,moqueur.

T’essérieuse?

Onnepeutplus!Tire-toi!

Detoutefaçon,cen’estpasàtoiquejem’adresse,luirépond-il,hautain.

L’étudiante,choquée,plantesesyeuxdanslesmiens.

Qu’endis-tu?m’interrogeTylerenreportantsonintérêtsurmoi.

Non,maisj’ycroispas!protesteMégane.

T’essourde!Jenetedemanderienàtoi.Tuasjusteledroitdelafermer!

Mameilleureamieouvrelaboucheengrand,maisaucunsortn’ensort.

TuesavecnousenTD?Tusaiscequisepasse?Tuvois lesdocumentsqu’elleest incapabled’analyser ? Les questions auxquelles elle ne sait pas répondre ? Tu entends les commentairesdéplacésduprof?Aujourd’hui,illuiabalancéqu’ellen’étaitqu’unetouriste!Putain!Lespartielssontdansdixjours,elleaquasimentrienassimiléduprogramme.Sonsoi-disantprofd’enferestungrosnul!assène-t-il.

Mégane est abasourdie par ce qu’elle vient d’entendre. Il lui faut quelques secondes pour seressaisiravantdem’interroger:

C’estvrai?

Oui,jelâchedansunsoupir.

Maispourquoitun’asriendit?

Jesaispas...j’imaginequejenevoulaispasmesentirencoreplusnullequejelesuis.

Tunel’espas,m’affirmeTyler.C’estluilenul.

Ilmefaitsourire.

Jesuisdispotouslesjoursaprèsdéjeuneretavantlecoursmagistral,c’estàprendreouàlaisser.

Le choix est vite fait. Soit je ne change rien à mon emploi du temps, continue de bosser avecStéphaneetdemeramasser,prenantlerisquederatermespartiels,soitjemedonnelesmoyensderéussirenylaissantmoncœuraupassage.

Jeprends.

Méganegardelesilence,cequineluiressemblepas.

D’accord.Rendez-vousdansl’amphiàmiditrente.

J’approuve.

Tyler tourne les talons,prêt à s’enallerquand je le retiensd’unemain sur sonavant-bras. Je lelibèreinstantanémentcommesilecontactm’avaitbrûlée.

Merci.

Ilhochelatêteets’éloignepourretrouverLorenzoetlesautres.

***

*Tyler*

Jenepouvaisrienfaired’autrequeproposermonaideàSophiaparcequejesaisqu’avecmoiellecomprendlescours.Jeneveuxpasqu’elleloupesespartielsàcausedenosdifférendsouduprofquiestuncon.Jevaisl’aideretj’enaienvie.

Lepremiercoursdébutelemercredi,onn’enauraquetrois,etcen’estpasenquatreheuresàtoutcasserqu’ellevarevoirleprogrammedupremiersemestre,j’ensuisconscient.Maisjevaisfaireaumieux,etaubesoin,jesuisdispodurantlasemainederévision.

Je ne dépasse pas les limites que nous n’avons pas fixées, cela dit, je ne parle que de droitadministratif.Jeconstated’ailleursquesonprofluiafaitapprendredesnotionsqu’onvoitenL3,pasintelligent,lemec,delasurchargerdeconneriesalorsqu’ellen’adéjàpasassimilélesbases.

Quand jen’aiplus le tempsparcequenotrecoursapprocheetque l’amphise remplit, jeprendsmesaffairesetchangedeplace,ainsijen’empiètepassursavieprivée.Ellenemeretientpasdetoutefaçon.

Le jeudi,même programme. Le vendredi aussi. Sauf que jem’arrête plus tôt parce que je doisdiscuteravecelledesesrévisions.Onn’apasfaitletouretellelesait,onmanquedetemps.Jesuiségalementconscientqueseuleellen’yarriverapasplus,alorsjeluiproposequ’onserevoie.

Ellegardelesilence,sansdouteenpleineréflexion,avantdemedirequ’elleseraàMetzdemainpour ses premières heures de conduite. Ellem’annonce avoir obtenu son code, je la félicite et ladiscussionprivées’arrêtelà.

Tupeuxêtrechezmoipourtreizeheures?

Sophiameregardecommesij’avaisdituneconnerie.

Jepensaisqu’oniraitdansuncafé.

Onpourrait,maisilfaudraconsommerunpeuplusqu’unefoisetlesgensparlent,ilyadubruit.

Ondiraitquejel’aiconvaincue,pourtantjenesouhaitaispasl’obligeràveniràl’appartement,jeseraisallédansuncafésiçaavaitétésonchoix.

D’accord.Jeviendraipourtreizeheures.

Jesorsmontéléphoneetluienvoiel’adresseparmessage.

Sit’asunempêchement,penseàmeprévenir.Àdemain.

Elleacquiesce.

Àdemain.

C’estplutôtfroidentrenous,onnediscutejamaisdechosesprivées,etonaperdunotrecomplicité.Jenesaispascequ’ellepensedemoietçam’emmerdedemedirequ’elleacceptepeut-êtremonaideseulementpournepasseplanterauxpartiels.Unepartdemoiaenviequecesoitpardésird’êtreenmacompagnie.

Jerêve,jesais!

***

*Sophia*

Plusdefacpendantunesemaine,maisd’horriblesjournéesquineserontfaitesquedecoursetdetravailacharné.Jesuis reconnaissanteàTylerdem’aider,malgrécequis’estpasséentrenous.Cequejenecomprendspas,c’estlaraisonpourlaquelleillefait.Jepensequejeluiposerailaquestionàlafindenotredernièreséance.

Hiermatin, j’ai dit à Stéphane que je n’aurais plus besoin de son aide, il avait l’air content desavoirquej’arrivaisàmedébrouillergrâceàsesconseils,jen’aipasdémenti.Ilm’asouhaitébonnechancepour les partiels, j’en ai fait autant. Il est très gentil,mais je ne ressens rienpour ce jeunehommemalgré l’acharnement deMégane à vouloirme caser avec lui. Entre Patty qui veut que jesorteavecLaurentetMég’avecStéphane, jenesuispasprèsdem’ensortir !Moi, jeneveuxqueTyler,maisjenesuispasidiote,jesaisbienquecelan’arriverajamais.

Méganen’arrêtepasdemeparlerdesvacances,n’ayantpascomprisleconceptd’absencedecourspourréviser.Elleest ravie,ayantbesoindesereposer.Jesuiscertaineque,mêmesiellenerévisepas,elleaurasespartiels.Noussommesàpeinedansletrainquedéjàelleplanifienotretempslibre.Elleveutquenousallionsfairedushopping,puisunesortieàlapatinoire,elleiraitbienaucinémaégalement. Je lui rappelle que j’ai des cours de conduite, elle en a aussi, mais ça ne semble pascontrecarrersesplans.

Jecompteégalementréviser,jel’informe.

Biensûr,elleacquiesceensecouantlamain.Maispastoutletemps.

Letempsqu’ilfaudrapourquejemesenteprête.

Tun’asqueneufjours.

Jesais.D’ailleurs,àcepropos,jeneseraipaslàdemain.

Pourquoi?Turouleslematin,non?

Oui,maisj’aitutoratl’après-midi.

Ellemescrute,septique.Jemedemandecequisepassedanssonespritàcetinstant.

TuveuxdireavecStéphane.

AvecTyler,jerectifie.

Jecroyaisquec’étaitseulementcettesemaine.

J’aibesoindeplusdetemps.

Pourqu’iltebriseencorelecœur?

Je tique à cesmots, néanmoins je sais qu’elle a raison. Je vais devoirmeprotéger pour ne passouffrirencore,faireensortedenerienressentirensaprésenceetdemeconcentreruniquementsurletravail.

Jen’attendsrienquedescoursdesapart,jenerisquepasd’êtredéçue.

C’estcequejeluiaffirme,maisest-cequej’ycroisseulement?

Mégane ne dit plus rien pendant quelques minutes. Lorsqu’elle retrouve la parole, c’est pourm’interrogersurl’heuredemonretour.

J’ensaisrien,onn’enapasparlé.

T’asintérêtàrentreravantdix-huitheures,jeveuxqu’onsortemangertousensemble.

Commeparhasard!

Jeluiprometsdefaireaumieux,cequinesuffitpas,alorsj’abdique,luiassurantquejeserailààl’heure.Mameilleureamien’estsatisfaitequequandelleaobtenucequ’elleveut.

***

Commeprévu,aprèsavoirroulédeuxheures–pastropmal–,jemangeenvilleetprendsunbuspour me rendre chez Tyler. C’est lorsque je suis devant l’immeuble portant l’adresse qu’il m’aenvoyéeparSMSquejemesouviensqu’ilnevitpasseul,maisaveclabanded’étudiantsquejefuisdernièrement.Tousceuxqui savaient etquin’ont riendit, ceuxdevantqui je suispasséepourunevraieconne.Jedéglutisdifficilementenprenantmontéléphonedansmamainpourappelermonprofafindel’avertirdemonarrivée.

Ouais,dit-ilendécrochant.

J’ail’impressiondeledéranger.Çacommencebien!Qu’est-cequejefaisicidéjà?Peut-êtreest-ilencoretempsdefuir...Ceneseraitpasbonpourmespartiels,etdoncmonavenirprofessionnel.

Toutefois,sijen’aipasdebonjourdesapart,iln’enaurapasnonplusdelamienne.

Jesuisdevant.

Monte,c’estaudeuxièmeétageàdroite.PorteB.

J’acquiesceetraccrocheavantdem’exécuter.Mêmepasd’ascenseur,lagrandeclasse!

Jecommenceàm’inquiéter,àmedemandersil’idéeestbonne.Veniricietfairefaceauxautresmefait peur… Comment je vais réagir une fois devant eux... devant Tyler. Je n’ai pas le temps dereprendremonsouffleoudemepréparermentalement,laportes’ouvredèsquejesuissurlepalier.Celuiquejeviensvoirsetientdevantmoi.

Salut,jedécrocheafindemasquermontrouble.

Ilporteunpantalonde joggingetundébardeurmoulant, iln’anipullnichaussures.Jevoissesbras recouverts de tatouages jusqu’aux épaules, peut-êtremême que les dessins continuent sous letissu. Il est séduisantà souhait, lescheveuxenbatailleetunebarbedequelques jours luimange levisage.

Entre,m’invite-t-il.

Ilrefermederrièremoi.Nousnoustrouvonsdansunlongcouloir.Enface,ilyacequisembleêtrelacuisine.Je luiemboite lepas,passantdevant lesalonsansavoir le tempsdevoirquis’y trouve.QuandTyler s’arrête devant une porte, une hystérique débarque,me faisant sursauter, avantmêmequ’ilaiteuletempsdel’ouvrir.

Non,maisjerêve!Qu’est-cequ’elleficheici?s’écrieJulie.

Rienquiteconcerne,répondfermementTyler.

Ilouvrelaportedesachambreetmefaitsigned’entrerpuisfermederrièrenousafindemettreunebarrièreentrelafurieetnous.J’entendsJulierâler,çamefaitsourire,mêmesijemesensdeplusen plusmal à l’aise. Tyler s’approche de son bureau pour prendre ses affaires, j’en profite pourdétaillerlapetitepièce.Ungrandlitestcoincéentrelemuretlafenêtre.Unearmoireestjusteenface.Lebureauestàcôtédelafenêtreetunfauteuilestdisposéàl’entrée.

Onvasemettrelà,y’aplusdeplace,medit-ilenposantsonordinateur,sonlivreetuneliassedefeuillessursonlit.

Jeposemonsacbesacecontrelemuretensorsmonnotebooketmonlivre.

Jet’aiimprimétouslescoursetjet’aisurlignéleplusimportant,j’yaimisquelquesannotationsaussi.Sit’asdesquestions,j’yrépondrai.

Jeprendslepaquetdefeuillesenleremerciant.

Turegarderastoutçacheztoi.Onvaseconcentrersurledroitadministratif.

Jerangelesdocumentsdansmonsacetm’assoissurleborddulit.

Tyler commence par me poser des questions sur ce qu’on a vu, et j’y réponds avec facilité. Ilesquisseunsouriretellementlégerquejecroisavoirrêvé,puisilselancedanslesexplicationssurlasuiteducours,cellequejenemaitrisepas,outrèspeu.

Tuassoif?medemande-t-ilunpeuplustard.

Non,merci.

Sûre?Jevaismeprendreuntruc.

Oui.

Iln’insistepasetsortdelachambre.J’enprofitepourregarder l’heure:dix-septheures.Mince,déjà!Letempspassetropviteensaprésence.Méganeserafuraxsijesuisenretard.Maisjenepeuxpasjustem’enaller,onn’apasfini.Sijeveuxêtreàl’heure,jedevraispartirmaintenantpouravoirletrainquipartdansunedemi-heure.

Tyler revient avec une bière. Il en avale quelques gorgées et la pose sur son bureau avant des’allumer une cigarette puis d’ouvrir la fenêtre.Le froid s’invite aussitôt dans la pièce.Malgré satenuelégère,ilnesemblepasleressentir.

Ilgardelesilence,penchéàlafenêtreentraindefumer,jemesensmalàl’aise.Dois-jeluidirequejem’envais?Jedécided’attendrequ’ilparle,cequ’ilnetardepasàfaireenseretournantpourmefaireface.

Tuasdesquestionssurcequ’onavucetaprès-midi?

Avant de lui répondre négativement, je réfléchis si tout est clair pourmoi. Dès que j’avais desdifficultés,ilestintervenu,doncjepensequetoutestbonpourmoi.

Non.

Alors,fais-moiça.

IlmetendunefeuillecommenousenavonsreçueenTD.Jelaprendsprudemment.

Tuasquarante-cinqminutes.

Àcesmots,jemedisquesijejouelejeu,Méganeserafurieuse.Maislesétudespassentavanttout,pasvrai?Jeprendsunstyloetcommenceàrépondre.Jesenslepoidsdesonregardsurmoietessaiedenepasmedéconcentrer,jenedoispaslelaissermedéstabiliser.

***

*Tyler*

J’observeSophia pendant qu’elle répond à la première question, puis j’écrasema clope dans lecendrierquej’aidéposésurleborddelafenêtreetlareferme.

Je luiaidonnéquarante-cinqminutespour faire ledevoir,mais sielleacomprismoncoursdujour,elleaurafinienvingtminutes.J’attrapemacanetteetenboisquelquesgorgées.Jenemesuispasremisàboire,maisj’aidesbièresdanslefrigo…Etlà,c’étaituncasdeforcemajeure,j’avaisbesoindemedétendre.Êtreprèsd’elleseulementpourlesétudes,c’estdifficilementgérable.

Jeposemonculsurlebureauetavaleunegorgéedetempsentempssanslaquitterduregard.Elleestmagnifiqueetmefaitsourirequandellemordillel’arrièredesonstyloenréfléchissant.

Trenteminutesplustard,ellemerendlafeuille.Jelaprendsetlissesréponses.Jesuissatisfait,jen’aiqu’uneremarqueàluifaire.

Poussepluslointaréflexion.Parexemple,danslaquestionquatre,j’attendaisdavantage,tun’espasalléeaufonddeschosesdanslasept.Sinon,c’estbien.

Jeluidisquandmêmecequ’elleauraitpuajouterpourquesondevoirsoittrèsbien.Ellehochelatêtepouracquiescer.

C’esttoutpouraujourd’hui,jedécide.Tuveuxqu’oncontinueoutupensespouvoirtedébrouillerseule?

Ilnousrestebeaucoupàvoir?

Situbossesavecautantd’assiduitéqu’aujourd’hui,jediraisqu’onpeutyarriverenunequinzained’heures.

Quoi?s’exclame-t-elle.

Troisaprès-midietundernierpouruncontrôledetesconnaissances.

Jelavoishésiter.Jem’enfous,cen’estpasmonavenirquisejoue.Jesaisquevousn’ycroyezpas!Moinonplus.

Quandest-cequetuvasréviser?

C’estçaquilapréoccupe?

J’ailesmatinées,etjeréviseenmêmetempsquejet’explique.T’enfaispaspourmoi,jesuisuntrèsbonélève.

J’avaisremarqué.

Alors?Partanteoupas?

Lunditreizeheures?

Oudemain.Jenefaisriendetoutefaçon.

D’accordpourdemain.

Ellerangesesaffairesdanssonsactandisquejerécupèrelesmiennespourlesposersurlebureau.

Tonprochaintrainestàquelleheure?

Jenevoulaispasluiposercettequestion,maisjen’aiaucuneenviedelasavoirentraindetraineràlagaredanslefroidenattendantdepouvoirrentrerchezelle.

Sophiaregardesamontre.

Dansquarante-cinqminutes.

Jemedisqu’elle enapourdixminutesdebus,quinzeavec l’attente, il ne lui resteraque trenteminutes.Rienàfaire,çanemeplaitpas.Étantdonnéquejenepeuxpasluiproposerderesterpluslongtemps – on ferait quoi ? –, je fais une chose stupide, je lui offre de la ramener chez elle envoiture.

Ellesemblesurpriseparmagentillesse.Jemereprendsavantqu’ellepensequejeladragueouuneconneriedugenre.

C’estjustepourquetun’aiespasàattendredanslefroid.Situtombesmalade,tunepourrasplusbosser.

Ellesourit.

Etjerateraismespartielsseulementparcequej’aiattendumontrain.

Ceseraitcon,pasvrai?

Sophia s’esclaffe. J’ai l’impressiond’avoir retrouvéunpeudenotrecomplicité, ça faitdubien,mêmesicen’estqu’éphémère,etçafaitmalégalementparcequeçamerappellecequej’aiperdu.

Jeneveuxpastedéranger.Tapropositionestgentille,maisjevaisprendreletrain.

Jen’insistepas,horsdequestiondepasserpourungroslourdouunmecintéressé.

Commetuveux.

Je lui faissignedemesuivreet la raccompagne jusqu’à laporte.Quand jem’apprêteà l’ouvrirpourqu’elleenfranchisse leseuil,LorenzoetJoycedébarquent.Jesuiscertainqu’ilsn’attendaientqueça;ilsdevaientmêmeguetterlemomentoùmonélèvepartirait...parcequefinalement,c’estcequ’elleest,nousnesommesplusamis...J’aitoutgâchéentrenous.

Salut,disent-ilsenchœur.

Sophialeurrépondtimidement.

Tupensesqu’onpourraitsevoirpendantlesvacances?luiproposeLorenzo.

Onestenpauserévision,pasenvacances,rétorque-t-elle.

C’estunpeupareil.Onpourraitfaireunesortieenbande,tuenparlerasàMégane?

Jenesaispas,j’aiunprogrammederévisionschargé,ellerépondenmejetantuncoupd’œil.

Lorenzoouvrelabouche,surlepointd’insister,alorsj’interviens:

Elleauntrainàprendre.

Ahok.Mais…ilfaitnuit,tuveuxquejet’accompagne?seproposeLorenzo.

J’avaispenséaufroid,maispasàlanuitquitombe.

Tuessûrequetupréfèresprendreletrain?jeluidemandeunenouvellefois.

Oui.

J’aimeraisluidiredem’envoyerunmessagequandelleserarentrée,maisçarisqueraitdepasserpourduharcèlement.Jemetaisetmecontentedeluiouvrirlaporte.

Salut,jedisavantderefermerlebattant.

Quandellen’estpluslà,jefaisfaceàLorenzoetsapetiteamie.

C’estbienqu’elleaitacceptéquetul’aidesdanssesrévisions,meditmonami.

C’estlaseulechosequ’elleaacceptée.

Jeregretteaussitôtmesparoles,ellesontfranchilabarrièredemeslèvrestroprapidement,etsansmapermissionsurtout.Jeneveuxpasqu’onsachequecettenanamemanque,quejecrèved’enviederetrouverlarelationquej’avaisavecelle.Jeveuxquetousignorentàquelpointj’aimal.

Je peux harcelerMégane pour qu’on se fasse tous un ciné. Ou tu préfères autre chose ? meproposeLorenzo.

Méganen’accepterajamais.Lesfillesneparlentplusàpersonnedelabande.Maisc’estvraiquefaire une sortie à plusieurs pourrait être sympa, ce serait un moyen de nous détendre avant lespartiels.

Peut-êtrevendrediousamediprochain.Pourlemomentonbosse,jeréplique.

Ok.

J’esquisseunsourire,ravidem’êtrefaitcomprendre.

Oh,lesgars!nousappelleThomas,lejeuestlancé,amenezvosfessesdemauviettes!

Ilestmalade,lui!

C’estàmoidefaireàmanger,jeluiréponds.

Onn’apasfaim,netecassepaslatête!

J’éclatederire,cequejefaisrarement,jetiensàlepréciser,etsecouelatêteavantdemelaissertombersurlecanapé,unemanetteenmain.

***

*Sophia*

Ilestplusdedix-huitheurestrentequandj’arrivechezmoi.J’espèrequeMéganen’ensaurarien.J’auraisétélàplustôtsij’avaisacceptélapropositiondeTyler,maisilenétaithorsdequestion.Jeneveuxquedes révisionspour lesprochainspartiels entrenous. Jene lui donnerai pasunenouvelleoccasiondemebriserlecœur.

Méganeaappelédeuxfoisetestvenuetechercher,m’informemamère.

Oups,jelâche.

Tudevaisrentrerplustôt,ilmesemble.

J’airatéletrain,j’invente.

Jevaisposermabesacedansmachambreetappellemameilleureamieavantqu’ellenemefasseunecrise.

Oùes-tu?mequestionne-t-ellesansaucuneautreformedeprocès.

Chezmoi.

Enfin!Onavaitditdix-huitheures.

Jesais,maislebusétaitenretardetj’airatéletrain,j’aidûattendrelesuivant.

Unpetitmensongenepeutpasêtregrave,etçam’éviterademeprendreunsavoninjustifié.

Onsefaitunmacdo’etunciné,t’esprêtej’espère,onarrive.

Sijerépondsnégativement,jemeferaiengueuler,alorsjedisoui.Jeraccrocherapidementsinonjen’auraipasassezdetemps.Jemerecoiffe,meremaquilleetfile.

LesvoituresdeLucetLaurent sontgaréesdevantchezmoi. JeconstatequePattyet JordansontdanscelledesparentsdeLaurent,j’endéduisquejedoismonteravecmameilleureamiequivasansdoutemequestionnersurmonaprès-mididuranttoutletrajet.

Effectivement, je ne coupe pas à l’interrogatoire. Mégane veut que je lui raconte tout dans lesmoindresdétails,alorsjem’exécute,parlantdescours,delongenlargeetentravers.

C’estbon,tuvasmedonnermalaucrâne!Jeparlaisdetoutcequinetouchepasaudroit.

Ah!fais-je,innocemment.Rien.

Sérieux?

Elle se retourne pour me regarder et je lui assure qu’il n’y aura jamais rien d’autre que cettesemainederévisionsentreTyleretmoi.

Tucompteslerevoiralors?m’accuse-t-ellepresque.

Demain.

Ellelèvelesyeuxauciel.

Bon,s’ilpeutêtreutile,pourquoipas!

JeluiparleégalementdelapropositiondeLorenzo

Ilesttenace,mefait-elleremarquer.Qu’est-cequetuasrépondu?

Quej’avaisdesrévisions.Tylerestintervenuensuiteparcequej’avaismontrainàprendre,sinonj’yseraisencore!

Onenparleraendétailuneautrefois.

J’acquiesce.Ellen’apashurléd’indignation,jepensequ’elleestarrivéeàlafindesapériodedecolèrecontreluietlesautres.Moi,jen’ensaisrien.J’aibeaulesignorer,çanechangerapaslesfaits,etpendantcetemps-là,ilsmemanquentetonloupedebonsmomentsensemble.Ilestpeut-êtretempsdebriserlaglaceavecLorenzo,JoyceetThomas.

Chapitre12

*Tyler*

QuandjereçoislemessagedeSophiam’indiquantqu’elleestdevantlaporte,jesuisencoreaulit.Aveclesgarsnousavonspassélanuitàjoueràlaconsole.Cen’estpasdansmeshabitudes,maisj’aiaimémedétendre,meviderlatêteetnepenseràrien,surtoutpasàelle.Jem’extirpedifficilementdesousmacouetteetouvrelevolet,plissantlesyeuxàlalumière.Jetrainemacarcassejusqu’àlaported'entréeensuite,c’estencorelesilencecompletdanslacoloc.Jel’ouvreàmonélèvequiécarquillelesyeuxenmevoyant.Jebaisselatêtepourconstaterquejeneportequ’uncaleçon,etj’ailagauledumatin.Ouais,onnefaitpaspirecommesituation.

Désolépourl’accueil,j’aizappéleréveil,jeluidis.

Jepeuxrepasser.

Trèsbonneidée!Dansquelquechosecommejamais!lanceJuliederrièremoi.

Laferme!jerâle.Entre,j’enaipourcinqminutes.

Je laisseSophiadansmachambre,nevoulantpasqu’elle seprennedes remarquesdébilesde lapartdeJulie,j’attrapemonpantalondelaveilleetl’enfile,puisuntee-shirtpropre.

Installe-toi,j’arrive.

Elleacquiesce.

Jemedépêchedemebrosserlesdentspouréviterl’haleinederatcrevéetdemeserviruncaféquejeboisengrandevitessedanslacuisine.

Tuespèresquoiàlafaireveniricitouslesjours?medemandeJulietandisquejemetsmonboldansl’évier.

Jeluifiledescours.

Etelletepayeennature?

Ferme-lasic’estpourdiredesconneries!

Je retourne dansma chambre, Sophia a remis en place la couette qui tombait du lit. Jeme sensvraimentcond’avoiroubliédeme leveretde luiavoirouvertencaleçon.Peut-êtrequesi jen’enparle pas, elle oubliera. Hier, j’avais eu le temps de lui préparer un devoir, là que dalle,j’improviserai.

Ons’installesurlelitetlecoursdébute.Jeresteleplusdistantetlepluspropossible.Jeluienaidéjà assez montré comme ça aujourd’hui. Elle est réceptive, ne semble pas traumatisée par lespectaclequ’elleaeusouslesyeux,oualorsellelecachebien,etrépondjusteauxquestionsquejeluipose.

Je prends une pause pour fumer une clope et je lui propose à boire, offre qu’elle décline. Ilcommenceàneigerdehors,jemedemandesiçavatenir,onestseulementdébutdécembre.Maisc’estvraiqu’ilfaitfroid.

***

*Sophia*

JenedisrienpendantqueTylerfumeàlafenêtre,jemedonneunecontenanceenlisantmesnotes.Maispourêtrehonnête, jenevoispas lemoindremot,mespensées sont tournéesvers lebadboydevantmoiquej’aivuencaleçon.Loind’êtredérangeante,lavueétaitagréable,délicieuse.Ilestbâticommeunsportif,sestablettesdechocolatressortent,j’aieuenviedeglissermalanguesursontorsepour legoûter.Jeseraisbiendescendueplusbaségalement,cequ’ildissimulaitsous le léger tissunoirm’adonnédespenséescochonnes. Julien’amêmepas réussiàm’atteindreavecsa remarque.C’estmoiquisuisdanslachambredeTylerencemoment,paselle.Pourbossercertes,mais…Jemelèvecommesij’avaisétépiquéeensongeantquec’estpeut-êtresurcelitqu’ilacouchéavecelle.

Qu’est-cequet’as?m’interrogeTylerenreportantsonattentionsurmoi.

Rien,je…

Jenepeuxpasluidirelavérité.J’oseespérerquesij’airaison,lesdrapsontétéchangésdepuis.Jerespireunboncoupetmerassois.

C’estlefroid,jemesuiseffrayée.

Explicationstupide,jesais.MaisTylernerelèvepas.

Ilfinitparjetersacigarettedanslecendrier,fermerlafenêtreetrevenirsurlelit.Ilreprendson

courscommes’ilnes’étaitjamaistu.Etc’estcommeçalelendemainetlesurlendemain.Jenesaispassij’espéraisquelquechose,maisilestfroidetdistant.Ilnetenterien,nesedétournejamaisdesamission.Maispourquoileferait-il?

Jenesuisqu’uneconneàlematerenbavantcommejelefaisdepuisquejel’aivuencaleçon…depuisbienpluslongtemps,sijesuishonnête.

CommeTylerl’avaitprévu,mardienfind’après-midinousenavonsfiniaveclesrévisions.

Voilàunebonnechosedefaite,conclut-il.

Oui.

C’estidiotmaisjen’aipasenviedepartir.Pasencore.

Tuavaisparléd’uneinterropourquandonauraitterminé.

Jetelaprépareraiettuviendrasjeudisiçavapourtoi.

J’acquiesce,déçuedenepaslevoirdemain.C’estMéganequivaêtrecontente,ellevoulaitfairedushoppingetrâlaitparcequ’onnepouvaitpas,àcausedemesleçons.

Treizeheures?

Oui.

J’aicommel’impressionquejedoispartirpuisqueleprochainrendez-vousestfixé.

Merci.

Tumeremercierassituréussisletest.

Depuissamedisoir,ilnem’ajamaisproposédemereconduirechezmoi,pasmêmequandj’avaisplusd’uneheureàattendreletrainparcequ’àdixminutesprès,j’avaisloupél’autre.Jenesaispascequej’attendsde lui.Jenesupportaisplusqu’ils’approchedemoi,qu’ilmeparle,alors j’aidécidéqu’ons’ignoreraitetilaaccédéàmarequête.Onnesevoitquepourparlerdedroit,pourquejenecoule pas sous les cours que je nemaitrise pas. Et maintenant, jememets à avoir des drôles depensées.J’aienviederetrouvercequenousavions,mêmesijesaisquec’estcomplètementutopique.Jeudi, nous en aurons fini avec les révisions, nous reprendrons nos vies, nous nous ignorerons ànouveau,etjecroisquejeneveuxplusdeça.Maislui,queveut-il?J’aibesoindesavoirpourquoiilm’aideàréviser,seulementjerefusedegâcherlepeudetempsqu’ilmeresteaveclui.

Tylerrangesesaffairesalorsjel’imite,puisilmarchejusqu’àlaporte,jenebougepas.

JevaisparleràMégane.

Ilmeregardeavecétonnement.

Pour qu’on sorte tous ensemble comme le veut Lorenzo. Ce serait un bon moyen de

décompresseravantlespartiels.

Sansdoute.

Jebrûled’enviedeluidemanders’ilviendra,maisjemetais,jenelesenspasdutoutréceptif.Jequittemaplacesurlelit,prendsmonsacetlesuisjusqu’àlaported’entrée.

Jelâchelemême«salut»quecesderniersjoursetjem’envais.

***

*Tyler*

QuandSophian’estpaslà,j’enprofitepourbossermesautrescours,jenedoispasperdredevuemonobjectif.Puisjeluiprépareuncontrôleassezcorséafindejugersescapacités.Jenemefaispastropdesouci,elleestdouée.OnarevulesTDqueleprofnousavaitdonnésetellearriveàrépondreauxquestionsdansletempsimparti.Espéronsqu’elleauralamêmefacilitélesjoursd’examens.

Ellerevientlejeudi,toujoursaussibelleetséduisante,jemedemandesielleenestconsciente.Ons’enfermeencoredansmachambreetjelafaiss’asseoiraubureau,luidonnesontestetunelimitedetemps:deuxheures.Jenelaisseaucuncoursàportéedemainetjelis,installésurmonlit,pendantqu’ellebosse.

Jenesaispassielleaparléàsacopinecommeellevoulaitlefaire,àproposd’unesortie,maisjesais que Lorenzo, tous d’ailleurs, apprécieraient. Julie moins. Mais elle viendrait rien que pourgâcher l’ambiance. Encore faudrait-il qu’elle soit bonne. Perso, ça me dirait bien. On pourraits’éclater au laser game demain,manger ensemble et finir avec un ciné. Je ne sais pas si je lui enparlerai,jeverrai.

Lorsque les deux heures se sont écoulées, Sophiame rend son interro. Jem’empare d’un stylorougeetluidisqu’ellepeutallervoirlesautresletempsquejecorrige.

Jerestelà,décide-t-elle.

Ilmefautunevingtainedeminutespourlireetcorrigersontravail.Jenesuispasprofmaissijedevaislenoter,jeluidonneraisunseizesurvingt.Jesuisfierd’elle.

Sophiasouritdejoiequandjeleluiannonce.

Jecroisquetuesprête,jeconclus.

Jepeuxteremerciermaintenant.

Tupeux.

Alorsmerciinfiniment.

J’aiunerequêtesitupermets.

Laquelle?mequestionne-t-elle,surprise.

Décrocheaumoinsunquinzeaupartieldedroitadministratif.

Jevaisessayer.

Jeluirendssacopie,jen’enferairiendetoutefaçon.J’hésiteàluiparlerd’unesortie,jenesuispascertainqu’elleapprécierait,ellen’estlàquepourlescours.Maintenantqu’ilssontfinis,ellevaoublierquej’existe.

***

*Sophia*

Jesuisravied’avoirréussil’épreuvequeTylerm’aimposéeetplusconfiantequantàmespartielsmaintenant.Si j’enaifiniavecle tutorat, iln’envapasdemêmepour lereste, j’aiunechoseà luidemanderetjecomptebienobteniruneréponse.

Jemelèveetrangemesaffairesdansmabesace.

Tyler,jepeuxteposerunequestion?

Distoujours.

Pourquoias-tuacceptédem’aider?

Moncœurse serredansmapoitrine tant j’appréhende la réponse.Àmoinsqu’ilnem’endonnepas,ilenesttoutàfaitcapable.

Tyler semblehésiter ; je savaisbienqu’ilne seraitpas simpledeconnaitre lavérité, jen’auraisplusqu’àmedébrouilleravecmessuppositions.

Parcequejenevoulaispasquetuéchouesàtespartiels.

Jesuissurpriseparsonhonnêteté,luiquiestsisecret.Maispassatisfaitedelaréponse.

Qu’est-cequeçapouvaitbientefaire?

Pourquoituveuxuneexplication?

Ondiraitquej’aiététroploin.Maisjenecomptepasm’arrêterpourautant.

Parcequej’aibesoindecomprendre.

Comprendrequoi?

Jetel’aidit:pourquoitum’asaidée.

Qu’est-cequeçachangeradetoutefaçon?

Ilaraison.Celanechangerapeut-êtrerien,néanmoinsc’estimportantpourmoi.

C’estjustequejetetrouveplutôtdévouépourunmecquin’enarienàfoutre…quis’estjusteamusé…avecmoi.

Lesmotsonteudumalàsortir,toutefoisjesuisbiencontented’yêtreparvenue.

Oùtuasétépêcheruneidéepareille?mequestionne-t-il,abasourdi.

Detoi.

J’espèredetoutmoncœurqu’ilnemettrapasfinàcettediscussionparcequejemerendscompteque j’enaibesoin.Je tremblepresqued’appréhensionquantàsa réponse.Cependant, jesaisque jen’aipasrêvé lesmotssursonSMSquim’abrisé lecœuret iln’yapas trente-sixmanièresde lesinterpréter.

Moi?Sérieux,Soph’,j’aijamaisdituntrucpareil.C’estJuliequi…

C’esttoi,jelecoupeavantqu’ilaccuselasangsuequi,pourunefois,n’yestpourrien.

Tylerpassenerveusementsamaindanssescheveuxavantdemefaireface.

Tunecroispasquejelesauraissij’avaisdituntrucpareil?

Tul’asécrit.

Non,mecertifie-t-il.

Jedécidedeluijeterlapreuveauvisage,çaluiéviterades’enliserdanssesmensonges.J’ouvrelaconversationquej’aieueavecluiet luimontre lepremier texto,celuiqu’ilm’aenvoyé, ilyauneéternité,mesemble-t-il.

J’aijamaisécritça,mepromet-il.

J’aimeraislecroire,maisjedoute.

C’étaitquand?

Ilregardesuruncalendrierpourconstaterquec’étaitunjeudidanslanuit,unpeuplusdeminuit.

J’avaismangéavecmonpèrelemercredi,medit-il.J’aipeut-êtrepasmalbuetj’avaisessayédetaperunmessage,maispasça.C’esttropbienécritpourunmecquinevoyaitpluslestouches.

Qu’est-cequetuveuxdire?

Quecen’estpasmoi.Attends-moilà.

Ilsortdelachambreavecmontéléphoneenmain,jemedemandepourquoifaire.Cherche-t-iluncoupable ? Se pourrait-il qu’il n’ait vraiment rien à voir avec ce message douloureux ? Je mesurprendsàespérer.

Il revient avec Julie, qui soupire d’agacement en me voyant. Qu’elle se rassure, je ne suis pasheureusedelavoirnonplus.

Pourquoiest-elleencoreici?

Toi,pourquoituluiasenvoyéuntextoavecmonportable?

***

*Tyler*

Jecomprendsquej’airaisonenlavoyantpâlir.Enmeremémorantlasoirée,jemesouviensavoirvaguementvuJulie,quivoulaitm’aideretquej’airembarrée.Jemesuisendormiavantd’avoirpufinirmonmessage,visiblementellel’aterminépourmoi,saufquejenepensaisabsolumentpascequ’elle a écrit. Bien au contraire. Je comprends mieux pourquoi Sophia ne souhaitait – souhaiteencore?–plusrienavoiraffaireavecmoi.

Jenesaispascequim’apris,avoueJulie.

J’ai envie de hurler et tout casser, mais je me retiens. Sophia n’a pas besoin de voir un chienenragé. Jene feraisque lui fairepeur et la faire fuir, cen'est absolumentpas ceque jedésire.Aucontraire...

C’estnul,cequetuasfait.Ettupeuxmedireàquoiçat’aservi?

Julienerépondpas.Jehausseletonpourqu’ellemedisecequejeveuxentendre.

Parcequej’étaisjalouse!s’écrie-t-elle.Tuétaistoutletempsfourréavecelle.Jemesuisditquesitutemoquaisd’elle,jamaisellenereviendraitàlacharge.Ilfautcroirequejemesuistrompée,ajoute-t-elleendésignantSophiad’unsignedelamain.

JenesuispaslàpourdraguerTyler!intervientl’intéressée.

Jepensequej’auraispréféréqu’ellegardelesilence,cequ’ellevientdediremeprouvebienquejen’aiplusaucunechance,mêmeinfime,avecelle,etçamefaitunmaldechien.

Sors!j’ordonneàJulie.

Elles’exécuteenfaisantclaquerlaporte.JemetourneversSophia,sonportabletoujoursenmain.

Je supprime lemessagepuisqu’il n’est pas demoi. Je suis désolé pour ça.Tu aurais dûvenirm’enparlerplustôt.

Jeluirendssontéléphoneunefoisquec’estfait;elleleremetdanslapochedesonjean.

Maisbiensûr!Commesij’allaisvenirtedemanderdesexplicationsalorsqueclairementtumedisaist’êtreamuséavecmoi.

Pourtant,tul’asgardé.

Pournepasoublierlegenredemecquetues.

Encoreuncoupquifaitmal.

Saufqu’ilnevenaitpasdemoi,j'objecte.

Jesais.

Ilestpeut-être tempsqueje luidonnequelquesexplicationssurmonpasséavecJulie.Justepourqu’ellecomprennecequis’estréellementpassé;ellen'étaitpasprêteàm'entendrequandj'aiessayéd'enparleravecellesurlecampus,j'espèrequecettefoisceseradifférent.Jeposemesfessessurleborddubureauetmelance,labouleauventre.

Je connais Julie depuis que je suis gosse. Ses parents habitent dans lemême village quemesgrands-parents.Jepassais tousmesweek-endsetvacances là-bas,ducouponsevoyaitsouvent,onétaitamis.

Elleneditrien,maism’observe,jesaisqu’ellem’écoute.

J’ai commencé à sortir avec elle quand j’avais seize ans, on a cassé plusieurs fois pour seremettreensemble,entretemps,jesortaisavecd’autresfilles.Ons’estmoinsvuquandj’étaisàlafacdeStrasbourg,làoùvitmonpère,etquandj’aidûtrouverunautreendroitpourmesétudes,ellem’aparlédel’îleduSaulcyetdelachambrelibreàl’appart,j’aifoncé.

Etvousvousêtesmisencouple,j’aicompris.

Non, justement.Elleetmoi,çanemènera jamaisnullepart,onauneamitiéavecavantagesennature.

Vousbaisezensemble,jesais.

J’acquiesced’unhochementdetêteavantdeluiapporteruneprécisionquejejugeimportante.

Maisc’estfinietçanerecommenceraplusjamais.

Je sais qu’on en a terminé et que Sophia va sans doute s’en aller, alors je tente une invitationdéguiséesansvraimentycroire.

TuasparléàMéganepourlasortiequeveutfaireLorenzo?

Non.

Tuneveuxpas.

C’estpasça,c’estjustequejen’enaipaseuletemps.

J’aidumalàgobercequ’ellemeraconte,onnes’estpasvuhier,elleadûpasserlajournéeavecsonamie.Jenerelèvepas,toutçanemeconcernepas.

Ceseraitquelgenredesortie?

Jetentedemasquermonsourire,sansréellementyparvenir.Jen’enaipasparléàLorenzo,maisj’aiuneidéeplutôtagréablequiplairaàtoutlemonde,j’ensuissûr.

Unlasergame,unmacdo’etunciné.Demain,çamesemblepasmal.Tuseraispartante?

Dit comme ça, ça ressemble à une proposition oùnous ne serions que tous les deux. J'aimeraisbeaucoup...

J’enparleraiàMéganeetjetedirai.

Avantdix-huitheuresalors,parcequ’ilfautréserverlelasergame.

Elleregardesamontreetfroncelessourcils,letimingestserré.

Jepeuxaussiteramenercheztoi,tuvoistacopineetonenparle.

Ok,onfaitça.

Jesuissurpris,jenepensaispasunesecondequ’elleaccepteraitmaproposition.Jemedépêchedeprendreunpulldansl’armoireetdel’enfileravantqu’ellenechanged’avis.Jem’assured’avoirmespapiersetj’attrapemesclésdevoiture.

Onyva.

Ellem’emboitelepas.Jen’aipasletempsd’ouvrirlaportequeLorenzoestdéjàsurnous.

Salut,dit-ilàSophiaquiluirépond.Ças’estbienpassélesrévisions?

Oui,répond-elle.

Ondoityaller, j’informeLorenzo.OnvavoirsiMéganeveutbienqu’onsorte tousensembledemain.

Génial!Tuviendrais?

Je sens le regard de Sophia surmoi, elle aussi est intéressée par la réponse. Etmoi, j’ai envied’êtreavecelle.

Oui.

J’ouvrelaporteetons’enva.

Onmarchejusqu’auparkingoùestgaréemavoiture,jedéverrouillelesportesetluidisdemonter.Ilneigedoucement,maisçanetientpasausol.

***

*Sophia*

Je suis silencieuse, me concentrant sur la musique. Quand je réalise que je devrais peut-êtreinformerTylerdeladestination,jeremarquequenoussommessurlabonneroute.

Tuconnaislaroute?jel’interroge,surprise.

Jesuislespanneaux.

Tusaisoùj’habite?

Peltre.Tul’asditendébutd’année.

Jehochelatêted’unairentendu.

Lorsquenousarrivonsdansmonvillage,ilnemedemandeaucuneindicationettrouvemamaisonavecfacilité.Jemetourneversluidèsqu’ilestgaré.

Quoi?

Commenttuconnaismonadresse?

Tylerdétournelesyeuxuninstant,puisfinitparmerépondre.

Lespagesblanches.

Jenecomprendspasalorsilm’explique.

JesuisvenudeuxfoispendantlesvacancesdelaToussaint,jevoulaism’excuser.

Jenet’aijamaisvu.

Jesais.J’aimanquédecouragepourallerfrapperàtaporte.

J’ignorecommentréagiràcetaveuquimefaittoutdemêmeplaisir.Iln’apasécritleSMSquim’abrisélecœur,ilestvenujusqu'àchezmoipours’excuser...Ya-t-ilencoredeschosesquej’ignore?Monattirancepourluiestintacteet,cettefois,jepeuxespérerqu’ilensoitdemêmepourlui.Qu’est-cequejeraconte?

JevaisappelerMég’,dis-jepouréviterdesongeràn’importequoi.

Mameilleureamienetardepasàdécrocher.

Hey!lance-t-elle.Turentresbientôt?

Jesuislà.Onpeutsevoir?

Jevienscheztoidansuneheure.

Disonsplutôtmaintenant.

Soph’,jesuisavecLuc.

Jenesuispasseulenonplus,onseretrouvedanscinqminutesàl’arrêtdebus.

Ok.

Aprèsavoirraccroché,j’eninformeTylerquiroulejusqu’ànotrepointderendez-vous.Nousnesortonspasdelavoiture,Méganen’étantpasencorelà.

Tucroisqu’ellevamehurlerdessus?

Situmelaissesparlerd’abord,jepeuxlimiterlesdégâts,jem’amuse.

Tylersourit,craquant,magnifique,àtomberquoi!

Lorsquejevoismonamieetsoncopains’approcherdel’arrêtdebuscouvert,jesorsdelavoiture.Moncompagnonm’imite.

Qu’est-cequ’ilfaitlà,lui?questionne-t-elleenhaussantlavoix.

Avantquetunel’incendies,j’aiuntrucàtedire,jeréplique.

JefaislabiseàLucetTylerluiserrelamainavantdelaremettredanslapochedesaveste.

MéganefusilleTylerduregardpuisreportesonattentionsurmoi.

TutesouviensduSMS?

Celuiquej’auraisdûluifairebouffer?Trèsbien,jeréponds.C’estJuliequil’aenvoyé.

Quoi?

Sesyeuxs’écarquillentet soncerveau tourneàplein régime.Maintenant, je saisqu’elleva fairesubiruninterrogatoireàTyler.

C’estvrai?

Oui.

Donctunet’espasamuséavecelle?Tunet’espasmoquédemonamie?

Biensûrquenon,affirmeTyler.

Lefaitqu’illereconnaissedevanttémoinmefaitchaudaucœur.

Ducoup,vousavezdécidédevousmettreensemble?

Non!jecrieavecunpeutropdeprécipitation.

Alors,pourquoiilestlà?

J’expliqueàmonamiequeLorenzoaimeraitquenoussortionsenbandedemain, je luiparledulasergame,macdo’etciné,sanssavoirquec’estl’idéedeTyler.

Jenecomprendstoujourspasl’intérêtdesaprésence,rouspèteMégane.

Disonsque ta copineavaitde l’attente avant sonprochain train, j’aivoulumemontrer sympa,répondTyler.

Ahouais?relèveSophia.C’estpasplutôtàcausedesréservationsàfaireavantlafermeture?

Aussi.

Moi,j’aimebienl’idée!intervientLuc.

Saufquepersonnenet’ariendemandé,chéri,lerembarreMégane.C’estSophiaquivadécider.

Dois-jecomprendrequet’espartante?jelaquestionne.

J’aibesoindemedéfouler,jepourraisdégommerlesautres!

Ok,jedisenmetournantversTyler.Tupeuxfairelesréservations.

J’aipaslenuméro,maisjechargeLorenzodelefaire.

Ils’écartedenouspourtéléphoner.

Est-cequetonprofestrevenudanslacatégoriemec-craquant-sur-qui-je-flashe?m’interrogemameilleureamiequandTylernepeutplusl’entendre.

N’importequoi!jebaragouine.

Ohallez!Jeteconnaiscommesijet’avaisfaite,iln’yaqu’àvoircommenttuleregardes.

Je secoue la tête et m’approche d’elle pour lui confier qu’il est venu ici deux fois pendant lesvacancesdelaToussaint,qu’ilvoulaits’excuserauprèsdemoimaisn’enapastrouvélecourage.

Qu’ilestmignon!semoque-t-elle.

Tylernousrejointàcemoment-là.

Onauneheuredemain,dedix-septàdix-huitheures,nousannonce-t-il.

Ehbien,parfait!seréjouitMégane.Jevaispouvoirtedégommerdemain!

Elleluilanceungrandsourire,jesuiscertainequ’elleneplaisantepas.

Onseretrouvetoussurleparkingdulasergamequinzeminutesavant,proposeTyler.

Çamarche!Jevaisledireauxautres.

MéganepivotepourpartiravecLuc,prétextantqu’ilfaitfroid,avantderevenirsursespas.

Aufait,Soph’,tuasunpeudebavelà,lâche-t-elleenposantsondoigtsurlecoindesabouche.

J’aiuneenviedemeurtresoudainement.Ellemedécrochesonplusbeausourireets’enva.

Tylers’assoitsur lebancets’allumeunecigarette.Avecunpeudechance, iln’arienentendu,àmoinsqu’ilfassesemblant.

Toutunphénomène,tacopine!

Ilrecrachelafumée.

Évidemmentqu’ilaentendu!

Ilnefautpasfaireattentionàcequ’elledit,jeluiassureenm’asseyantàcôtédelui.

C’estmoioul’atmosphèreseréchauffe?

Tylerrigole,c’estunsonagréablequejen’aiquetropraremententendu.

Pasdebavealors...

Jeluidonneuncoupd’épaulepourqu’illaferme,çalefaitriredeplusbelle.

Moiaussijetelamineraidemain,jel’informe.

Tuveuxdirequetuvasessayer.

Non,jevaisréussir.

Tuenasdéjàfait?

Non,maisçanedoitpasêtrecompliquédeviserettirer.

Ilécrasesacigaretteàpeineconsuméeetsetourneversmoi.

Sansdouteunpeuplusquetunelepenses.Pourinfo,jesuisuntrèsbontireur...

***

*Tyler*

Jemetaisparcequ’unflash-backs’invitedansmonesprit.

Descrisrésonnentautourdemoi.JesuispresséetpaniquéetMouradprendsontemps.L’armeàlamain,jeveuxmetirerauplusvite,jen’aipluslesidéesclairesàcausedeladroguequej’aiprise.J’entends les sirènes de police au loin, je sais qu’on est mort si on n’agit pas dans la seconde.J’embarqueleplusdesacspossibleetfaissigneàMouraddesetirer.Ilauraitpuenprendretrois,commemoi,maisilenveutdavantage,cequileretarde.

Àgenoux!intime-t-on.

Jem’arrêtepourvoirMouradauxprisesavecunflic.Ilneselaissepasfaireetlefrappe,puislecoup de feu part, l’agent s’écroule. Je suis horrifié, rien ne devait se passer comme ça. Mouradattrapesessacs,lesflicssontlà,c'esttroptardpourlui,moijemetire.

Tyler?

La voix de Sophia me ramène dans le présent. J’ai besoin d’un point d’ancrage pour ne pasflancheralorsjeprendssamaindanslamienne.

Çava,jeluiassure.Jevaisrentrer,jedécideenmelevanttoutenlâchantsamain.

D’accord,ellebredouille.

Jemarchejusqu’àmavoiture,ellem’emboitelepas.

Tuveuxquejetedéposecheztoi?jeluipropose.

Jevaismarcher.

Monte,jeluidis.

Elles’exécuteetjelareconduisdevantchezelle.

Àdemainalors,lance-t-elleens’apprêtantàsortirdelavoiture.Etmerci.

Pour?

Lescours.

Obtienstespartiels,jenetedemanderiendeplus.

Jevoisunelueurdetristessepasserdanssonregardetellesortdelavoitureaprèsun«salut».

Chapitre13

*Sophia*

JesuissurunpetitnuageenmepréparantavecMéganeetPattyenvuedenotresoirée.Lesgarçonsviendrontnous chercher sur les coupsde seizeheures, nous avons encoreunpeude tempsdevantnous.

Mégane a voulu connaitre dans les moindres détails ce qui s’est passé avec Tyler la veille,puisqu’elle sait que nous avons parlé d’autres choses que des cours. J’ai dû lui relater notrediscussionàproposdu texto,puisde Julie, et enfinde luivenant s’excuser sans jamaisyparvenirdurantlesvacancesdelaToussaint.

Après,mameilleureamieadécrétéque,peut-être,Tylern’étaitpascomplètementbonàjeter.Ellem’amêmeassuréquejen’étaispaslaseuleàbaver.N’importequoi!Elleabienriquandjeluiaiditqu’ilavaitentendusaréflexiondéplacée.

Depuis qu’elle est chez moi avec Patty, on ne fait que parler de Tyler. Mon entremetteuse demeilleureamieest en trainde s’interroger sur lapossibilitéque je luidonneuneautrechance.Dequoi?Demebriserlecœur?Mêmes’iln’apasenvoyélefameuxtexto,ilestresponsabledureste,etce n’est pas parce qu’il s’est excusé que j’ai oublié. Recommencer non... on peut uniquementcontinuer.Ilmeresteseulementàdéterminerdansquelledirection.

Tuluiasdemandéuneexplication?m’interrogePatty.

Surquoi?

Jesuisconcentréepournepasmecreverunœilenmemettantdumascaratoutenl’écoutant.

Sesréactions?Iltesuppliedel’écouter,quandtulefaisetqu’ilconstatequetunevaspasdanssonsens,ilt’incendie.

C’estpassé,jeluiréponds.Jeneveuxplusenparler.

Mon amie hausse les épaules, elle n’insiste pas, elle. Néanmoins, Mégane ne manque pas une

secondedenotreéchange.

Tupourrais,soulèvecettedernière.

Je n’ai plus envie de repenser à cette période, ça ne changera de toute façon rien. Tyler estincompréhensible,tun’astoujourspascompris?Iladesréactionsabsurdesquineveulentriendire.Rienn’estcohérentaveclui.

J’airaison,jelesais.Unmoment,ilestsuper,etlaseconded’après,ilserenfermeetonnepeutplusrienentirer,sionmanquedechance,çatourneramêmeendispute.

Commentjesuis?jedemandeunefoisquej’aiterminédememaquiller.

Tyler aura besoin de beaucoup d’essuie-tout s’il ne veut pas se noyer dans sa bave ! s’amuseMéganeavantderigoler.

Jehausselesyeuxaucielenretenantunfourire.

Tudevraispeut-êtreluidired’enapporter,metaquinePatty.

Tunevast’ymettre!jerouspète.

Lesfilleséclatentderire.

***

Nouspartonsàdeuxvoituresetattendonsnospartenairessurleparkingdulasergame.Commeilfaitfroid,nousrestonstousauchauddansl’habitacle.JesuisdanslavoituredeLuc,avecMéganequime taquine sur la soirée. Je crois qu’elle a décidé que Tyler n’est plus à fuir. Elle a lamémoirecourte!

J’aperçois la voiturenoiredeTyler s’engager sur le parking, puis celledeThomas. Jenepeuxm’empêcherdemedemandersiJulieaeuleculotdevenir,jemedoutequ’ellenevasûrementpasrateruneoccasiondemepourrirlavie.Effectivement,ellesortdelavoituredeThomas.Aumoins,ellen’estpasavecTyler,quiestseuldanssaGolf.

À notre tour, nous sortons des véhicules pour les rejoindre.Comme s’il n’y avait jamais eu dedifférends entre nous,Mégane les embrasse tous. Je l’imite timidement, zappant adroitement Julie,maispasTyler.C’estcarrémentflippantdeluifairelabise,maisjenepouvaispasmecontenterd’un«salut»duboutdeslèvres.

Prêtsàvousprendrelapâtée?seréjouitLorenzo.

Quetucrois!répondMégane.Onvavouslaminer!

Je suis lemouvement,notregrandgroupepénètredans l’établissementde jeu.Lorenzoannoncenotre arrivée, l’homme derrière la caisse nous demande alors de faire deux équipes. C’est toutnaturellementquemesamisetmoinousdésignonscomme l’uned’elles.Nousavons lesgiletsquifontdelalumièrejaune.Lesautresontlarouge.

L’hommeprendnosnomsetnous explique rapidement commentmarche le jeu. Il nenous resteplus qu’à partir à l’aventure ! Nous entrons tous par la même porte. Alors que les rouges sedispersent,nousnousregrouponspourétablirnotrestratégiedèsledébut.SionécoutaitMégane,onserait tous sur Tyler, si on m’écoutait, tous sur Julie. Finalement, on décide de toucher nosadversairesdèsqu’onlepeutetd’éviterdesefaireavoir.

Ilfaitnoir,seullecheminestéclairépardefaibleslumièresetlamusiqueestsifortequ’onadesdifficultés à entendre nos opposants. Nous avançons avec prudence, tous collés les uns contre lesautresquandnouspercevonsunbruitprochedenous.LegiletdeLaurents’éteint,ilvientdesefairetoucher.

Tousàl’abri!crie-t-il.

Noustironssanssavoiroù,sansvoirpersonne,ennousrepliantderrièreledécorpournepasêtreatteintsparnosadversaires.

Unautrebruitretentit,Méganeaététouchée.Onaperçoitleslaserspointerdansnotredirection,ons’enfuit, nous éparpillant par la même occasion. Nous qui voulions rester ensemble, nous voilàséparés. Jeme retrouve toute seule sans possibilité d’appelermes équipiers sinon je risque demefaireremarquerparl’équipeopposée.

Quilaminequi?susurreTyleràmonoreille.

Je sursaute parce que je ne l’avais pas entendu approcher, etme tourne pour lui faire face. Sonviseurestpointéentremesseins,maisilnetirepas.

Tuasperdutonéquipe?jel’interroge.

Reconnais-le,onestplusfortsquevous.

Tuessûr?

Il pense me tenir à sa merci, mais c’est très mal me connaitre, j’ai une idée en réserve. Jem’approchepourluiparleràl’oreille.

Certaine,j’articulelentement.

Etjeluitiredessus.Lebruitcaractéristiqueindiquantqu’unepersonneaététouchéeretentit,legiletdeTyler s’éteintaussitôt. Jesaisque j’aicinqsecondespour fuiravantqu’ilnese rallumeetqu’ilpuissedenouveauseservirdesonarme.Alorsjecours.

***

*Tyler*

Lamaligne !Ellem’a eu et jen’ai rienvuvenir. Il neme resteplusqu’à la retrouverpourmevenger.Jelaisselesautressedébrouillerentreeux,préférantdeloincouriraprèsSophia.Plusieursd’entrenoussonttouchés,jel’entends.Peuprudentdansmaquête,jemefaisavoirdeuxfois,uneparLucet l’autreparMégane,qui jubile.J’essayebiendel’avoiràmontour,maiselleafilé telleuneanguille. J’aperçois un gilet à la lumière rouge devantmoi, je m’avance pour le rejoindre. C’estLorenzo.

J’airéussiàavoirSophia.Elleétaitjustelà,medit-ilenmedésignantlemurdevantnous.

Ellet’aeu?

Non,m’affirme-t-il.

Jecontinuematraque.Quelqu’und’autrevientd’êtreatteint.Puislafindelapartieestannoncée,jesuisdégoûté,maisnousenavonsencoretrois.

Jeregagnelasortie, jem’yretrouvemieuxquandleslumièressontallumées.Legérantdulasergamefaitlepremierbilan.Victoiredesrougesquiontleplustouchéleursadversairesetontétélemoinsatteints.LegrandgagnantétantThomas.

ToussurThomas!décideMéganequandonpartpournotresecondepartie.

Jeleslaissesedébrouiller,moij’aiunepetitevengeancepersonnelleàaccomplir.SiSophiam’aéchappédurantlapremièrepartie,ceneserapaslecasdanscelle-là,jerepèrerapidementsaqueuedechevaletmeglissedanssondos.Jelaceintureparlataille,laplaquantcontremontorsepourqu’ellenepuissepass’écarter,etjedirigemonarmesurelleavecmonautremain.

Alors?

J’auraisdûmedouterqueceseraittoi.

Jetedoisuntir.

Ellesetortillepourpivoteretseretrouvefaceàmoi.L’idiotquejesuis la laissefaire.Jebaissemêmemonpistoletpourl’observeràlalueurdufaibleéclairage.

Tire,Tyler,medéfie-t-elle.

Ellesesaitenpositiondeforcealorsquec’estmoiquilaceinture,sionpeutappelerçacommeça,parcequej’aidesserrémapriseautourdesataille,ellesetrouvejustedansmesbras.Sophiaesttropproche,jen’arriveplusàréfléchircorrectement,elleatropd’effetssurmoi,jesensdéjàlaréactiondemoncorps.

Tuasperdutalangue?metaquine-t-elle.

Tuveuxvenirvérifier?

Elle approche lentement sonvisage dumien, elle est à quelquesmillimètres demes lèvres et jen’arriveplusà respirer correctement.Là, elle tire surmoi,mongilet s’éteint, et elle recule. Je luiattrapelebras,contentdemonréflexe.

Tun’irasnullepart,j’affirme.

Jelaplaquecontrelemurderrièreelleetj’attendsdepouvoirtirerànouveau.Manquedechance,quandlalumièresurmonvêtementsefait,unbruitretentitetils’éteintaussivite.

Lâchemacopineoùjetecribledeballesfictives!meprévientMégane.

Uneautrefoispeut-être,susurreSophiaàmonoreillequandjemerecule,vaincu.

Toutes les parties se déroulent sur cemodèle, on se cherche Sophia etmoi, et je dois dire quej’adoreça.LegrandgagnantdusecondroundestencoreThomas,puisLaurentnousvolelavictoire,etenfinMéganequin’arrêtepasdes’envanter.

Letypequirécupèrenotreéquipements’apprêteànousdévoilerlacouleurdel’équipegagnante.Jesuisravid’apprendrequecesontlesrouges.Nous.Maintenant,àmoidenarguerMégane.

Tut’amélioreraslaprochainefois!

Ellemefusilleduregardmaisneselaissepasdémonterpourautant,vousvousendoutez.

Moiaumoinsj’aigagnéunepartie!

Sophiaatriché,j’affirme.

Quoi?s’indignel’intéressée.

Nefaispasl’innocente,tun’asfaitquememanipulerpourgagner.

Çaneveutpasdirequ’elleatriché,seulementqu’elleestplusmalignequetoi,ladéfendMégane.

***

*Sophia*

Prochainedestination : lemacdo’.NousavonsdécidédemangeràSaint-julien-lès-Metz, justeà

côtéduKinépolis.Iln’yapastropdemondequandnousarrivons,çaseremplitdoucement,iln’estpasencoredix-neufheures.Nouspassonscommandeàlaborneautomatiqueetallonslachercherdèsquenousavonsréservénotretable.JemangeàcôtédeTyler,c’esttoujoursmieuxqu’enfacesijememetsde lasaucepartout,et jenevoulaispasaller trop loinde lui.Ditesque jesuis fleurbleueouconneauchoix,jem’enmoque.J’aipasséuntrèsbonmomentaulasergameavecluietplusd’unefoisj’aieuenviedel’embrasser,jesuiscertainequeluiaussi–dumoins,jel’espère.Mesamiesontraison, jedois savoirpourquoi il a simal réagiquand jen’aipasvoulu luipardonner ceque j’airessenticommeunetrahisondesapart.Peut-êtrequeçam’aideraità tourner lapageetàavancer...quecesoitavecousanslui.

À la findu repas, jeme félicitedenepasm’enêtremispartout, enmême temps, j’ai prismontempspourmangeretj’aifaitparticulièrementattentionànepasmettretropdemonhamburgerdansmabouche.

Nousmarchonstousendirectionducinémaaprèsunpassageauxtoilettes.Nousparlonsdesfilmsà l’affiche en ce moment. Thomas propose qu’on se sépare si on ne s’entend pas sur le choix.Personnellement,jem’enfiche,jesuislàpourpasserunbonmomentetmedétendre.

Danslehallducomplexecinématographique,jedécidedemelanceralorsqueledébatentremesamissepoursuit.Jem’approchedeTyler,jen’étaispassiloindelui,etluiglisseàl’oreille.

Jepeuxteparlerunmoment?

Dequoi?

Ilfroncelessourcils,surprisparmarequête.

Situmedisoui,tulesaurasvite.

Ok.

Nousnousécartonspourquelesautresnenousentendentpas.Jesaisqueceseraquitteoudouble,soitilrépond,soitilmerâledessuspourtoujoursvouloiruneexplicationàtout,etjemeretrouveraicommeuneconneavecunTylerfâché.Autantdirequelasoiréeserafoutue.

Net’énervepas,d’accord?J’aijustebesoindesavoirquelquechose.

Doncjenevaispasaimercequetuvasmedemander.Balancequ’onenfinisse,réclame-t-il.

Jemesensunpeumalàl’aise,maisj’aifaitlepremierpas,jenedoispasreculermaintenant.

Tuesvenuàlafacpourquejet’écouteetj’aid’abordrefuséavantdelefaire.

Jevoisqu’ilcomprendexactementdequoijeparle.

Jen’aipasvoulutepardonner,tuesdevenuodieux,j’aibesoindesavoirpourquoi.

Si j’osais, j’irais plus loin. Je lui demanderais ce qu’il ressentait pour moi à l’époque, puismaintenant.Maismoncourageaseslimites.

C’estquoi,cebesoindetoutsavoirettoutexpliquer?

Ilrâle.Jesuismal,vraimentmal.Jenevoulaispasqu’ils’énerveaprèsmoi.

Ty’...je...j’aibesoindecomprendrepouravancer.

Tu te souviens de ce que, toi, tu m’as dit ? Qu’on devait agir comme des gens qui ne seconnaissent pas. Est-ce que je te demande pourquoi tu as fait ça ? Non. Alors, arrête de vouloirexpliquerchacundemesgestesoudemesmots.

Ils’apprêteàmeplanterlà,iln’yapasmoyen.Jeleretiensparlebrasetnelelâchepas.

Parcequej’avaistropmalpoursupporterdeteparlersanspouvoirtetoucher.

Jevoissesdéfensesvolerenéclats,jel’aitroubléavecmaréponse.Commequoi,lasincérité,çapaye.Tylernequittepasmonregardenrépliquant:

Jenesaispasréagirautrementqu’enmebourrantlatronchepouroublier.Saufquej’aidécidéd’arrêteraprès...bref, jeneboisplusoutrèspeu.Alorsjen’aipassugérertonrefus, jem’ensuisprisàtoiparcequejenesavaispasquoifaired’autre.Jesuisdésolé.

Sonhonnêtetémebouleversealors,sansréfléchiruninstant,jeleprendsdansmesbras.

***

*Tyler*

JepassemesbrasautourdeSophiapourlaserrercontremoi,mêmesij’aidumalàcomprendrecommentelles’estretrouvéelà.J’aidécidédejouerlacartedelafranchisequandellel’afaitavecmoi.J’avaispourtantcommencéàmebraquer,maisilfautcroirequ’elleaundonpourmedétendre.

Jefinisparbriserl’étreinte.

Mercid’avoirétésincèreavecmoi,ellemedit.

Jegardelesilenceetonretourneavecnosamisquin’ontpasfaitattentionànous,àpartpeut-êtreMéganequinousscrutedesesyeuxdefouine.

Aucunfilmn’aencoreétéchoisi,jem’enfous,jesuivrailemouvement.Enfait,çasejoueentredelascience-fictionetuneromance.Trèspeupourmoi,maisj’iraisijen’aipaslechoix.

Lascience-fictionl’emportefinalementàmainlevée,super!Onvaacheternosplaces.JedoubleSophiadans la file, pas trèsgalant, vousmedirez,mais c’estpour luipayer saplace.Elle ena le

soufflecoupéquandjeluitendsleticket.

Pourquoituasfaitça?

J’éclatederireenpassantmonbrasautourdesesépaulespourlarapprocherdemoi.

Essayedediremercipourunefois,arrêtedeteposerautantdequestions.J’enavaisenvie,c’esttout.

Jedéposeunlégerbaisersursajoueavantdelalâcher.

Pop-cornobligé!

***

*Sophia*

Jesourisenleregardantmarcherendirectiondelasupéretteàconfiseriesducinéma.

Bandedemordus!lanceMéganeenposantsoncoudesurmonépaule.

Jenevoispasdequoituparles!

Pasàmoi,Soph’.

Ilm’aexpliquépourquoiilaétésiodieuxavecmoi,jeluiconfie.

Etalors?

Alors...situsavaiscommejel’aime.

Oh,maisça,jelesaisdepuisunp’titmomentdéjà!Faisquandmêmegaffe,unmecquit’afaitsouffrirunefoisrisquederecommencer.

Jesais,jemarmonne.

Magrand-mèremel’aassezrépété–etmelerépèteencore–pourquejenel’oubliepas.

Maist’asgagnéuneplacedeciné!medit-elleenm’adressantunclind’œil.

MéganeretrouveLuc,jem’approchealorsdeTyler,lesourireauxlèvres.

Tuastrouvéquelquechosedebon?

Pop-corn,coca,onnechangepasuneéquipequigagne.Tuveuxquelquechose?mepropose-t-il.

Lui,enl’occurrence,maisjenesuispascertainequ’ilfassepartiedumenu.Etcen’estparcequej’ai accepté de reconnaitre mes sentiments pour lui devant ma meilleure amie que cela changequelquechoseentreluietmoi.Jenesaispascequ’ilveut.Jetrouvequ’ons’estrapprochésdepuishier,maispeut-êtrepasassezpourquejemelance.

Jepiqueraicheztoi.Onnet’ajamaisditquelespop-cornvolésontunemeilleuresaveur?

Ilsourit,cequicreusesesfossettes.Jefondscommeneigeausoleil,ouunbonbondanslabouche,auchoix.

Tucroisquetoutcequiestvoléaunemeilleuresaveur?

Jesaispas,àquoitupenses?

Jeteferaivoirunpeuplustard,tumedonnerastonavis.

Jefroncelessourcils,necomprenantpasoùilveutenvenir.

Tuessûrequetuneveuxrien?insiste-t-il.

Sûre.

Ilsedirigeverslacaisse,déposesesachatssurletapisroulant,lesrègle,puislesrécupère.Nousmarchonsendirectiondelasalle.Elleestdéjàouverte,alorsnousrejoignonsnosamisquisesontinstallésenhaut,surdeuxrangées.Tylers’assoitàcôtédeLorenzo,jeprendslaplaceàladroitedeTyler.Là,jemedisquej’auraispeut-êtredûrejoindrePattyetMéganejustedevantnous.MaisentreellesetleursmecsetTyler,lechoixestrapidementfait.

Tuattendsledébutdufilmpourpiquer?medemandemonvoisinensetournantversmoi.Oututelancesdirectement.

Jeplaisantais,jenevaisrienvolerdutout.

Sers-toi,situenveux.

Ilmetlecocaentrenousetlepop-cornentresescuisses.Rienqu’enm’imaginantmeserviràcetendroitjedéglutisavecdifficulté.

Lespubsnetardentpasàdémarrer,nousmettantdansunelégèrepénombre.Jejetteplusieurscoupsd’œilàmonvoisin.

Levoilàquis’approchedemoi,mefaisantsignedefairelamêmechose.

Quoi?jel’interroge.

Jenevaispasdisparaitre,inutiledemesurveiller.

Jelerepousseenriant.Etluiéclatederire,fierdesaconnerie.

N’importequoi!Laisse-moiregarderlesbandes-annonces,jefeinsderouspéter.

Ilm’imite.

Nous sommes plongés dans le noir complet lorsque le film commence. Je m’installeconfortablement dans mon siège. Tyler me propose plusieurs fois des pop-corn que je décline.Finalement, ila toutengloutiavant lamoitiéde laprojectionetposesoncornetsur lamoquette. Ilregardedansmadirectionensuite.

Non,jenedorspas,jeluiassure.

J’aicruentendredesronflements.

Jelèvelesyeuxauciel,amusée.Jenevoudraisêtrenullepartailleursencetinstant.

***

*Tyler*

On se cherche depuis le laser game et je n’en peux plus, j’ai envie de l’embrasser. Je fais desallusions,maisellenepercutepas,oualorselleneveutpasm’encourager.Jenesaispasquoipenser,maisjem’enfous,jetenteraimachance,ettantpissijemeprendsunvent,ilnefaudrajustepasvenirmefairechieraprès,jepèteraisansdoutelesplombs.

Lefilmestbien,maisjesuisdavantageintriguéparlademoiselleàmadroite.Etjecroisqu’elleaussil’estparmoi.Jevoisbienqu’ellemeregardeducoindel’œildepuisqueleslumièressesontéteintes.Jem’approchelepluspossibledesonsiègeetluifaissigned’enfaireautant.Elles’exécute,pensantsansdoutequej’aiuntrucàluidire.

Tuauraisdûmepiquerdupop-corn.

Pourquoi?

Parcequetunevaspaspouvoircomparerlasaveurdupop-cornvoléàcelled’unbaiservolé.

Elleplisselesyeux.Jen’attendsplusdavantageetcaptureseslèvresdansunbaiserlégerpourluimontreroùjeveuxenvenir.Jeneveuxrienluiimposer.

Aprèsquelquessecondes,sansl’approfondir,jereculeetladévisage,attendantsaréaction.

Ilm’auraitdetoutefaçonétéimpossibledecomparerlasaveurdupop-cornquej’auraisvoléà

celledubaiserquetum’asvolé.

Très juste. Pour ça, il aurait fallu que ce soit elle qui m’embrasse. Mais elle détourne laconversation et je n’ai pas la possibilité de savoir si elle a aimé ou non. Je ressens une pointe dedéception,j’espéraisqu’ellenemelaisseraitpasm’écarter,pouvoirgoûteràsalangue.Jenesaispascommentagiravecelle,jedoisréfrénermesenviesetc’estdifficile.

Lorsquelefilmestfini,leslumièress’allumentettoutlemonderemetsonmanteau.Jesaisquelasoiréeestfinieetfranchementçam’emmerde.Lasallecommenceàsevider,onavancedoucementpoursortirdelarangéepuisdescendrelesmarches.Jefaisunautreessai,peut-êtremaladroit.

Tuasbesoinquejetetiennelamainoutuarriverasàdescendresanstecasserlagueuleavectespompes?jeluidemandeendésignantlestalonsqu’elleporte.

Jecroisquejevaism’ensortir!

Je suis pas mal gauche dans mes tentatives de séduction, je le reconnais, mais elle n’en saisitaucune.Celaadequoimefoutrelemoralàzéro.

Une fois à l’extérieur, jem’allumeune cigarette.Lorenzo remercie la bande dePeltre de s’êtrejointeànous,ilcharrieMéganequiletaquineàsontour;onlesdiraitréconciliés,oumêmejamaisfâchés.Tantmieuxparcequetoutçaadémarréàcausedemeshistoires.

Onsedonnetousrendez-vous–oupresque,y’enaquenousneverronspas–lundidevantl’amphi.Personnenesuggèredeboireundernierverre,jenelefaispasnonplus.Toutlemondesefaitlabiseet on s’en va. Je crois que j’ai de lourds regrets quant à cette soirée. Peut-être aurais-je dû agirdirectement,maisj’aipeurdetoutperdre.SiSophian’estpasprêteouqu’elleneveutplusriendecegenreavecmoi,j’aurail’airdequoi?Jepeuxêtrecontentqu’ellem’aitlaisséposermeslèvressurlessiennes.C’estunbondébut.Unpremierpasverslaréconciliation.Jel’espère...

***

*Sophia*

Àpeinesuis-jedanslavoitureavecMéganeetLucquejeraconteàmameilleureamiequeTylerm’aembrassée.

T’essérieuse?Quandça?Raconte!

Elle est hyper emballée en se retournant pourme regarder, elle déchante quand j’ai fini de luirelaternotrelégerfrôlementdelèvres.

Tul’aslaissés’écarter,Soph’!Oùtuavaislatête?

J’ensaisrien.Je...voulaisrienbrusquer,jesuppose.

Ets’ilsedisaitlamêmechose?Maintenant,ilcroitsansdoutequ’ilneteplaitplus.

J’ignoresiellearaison,quoiqu’ilensoit,çamepeinequeTylerpuissemecroirenonintéresséeparlui,alorsquec’esttoutlecontraire.

J’ignorejustesurquelpieddanseraveclui,j’avoue.

Alors,laisse-lemenerladanse,tunerisqueraspasdecommettreunfauxpas.

Çayest,Tyleraretrouvégrâceàtesyeux?

Pasauxtiens?Tuasvuleseffortsqu’ilafaits.Ils’estouvertàtoipourquetucomprennessaréactionetiln’apasfaitlagueulecesoir,ils’estamuséavecnous.Tunepeuxpasdirequ’ilneveutpasqueçamarche!

Tul’asdit,toi-même,Még’,unmecquitefaitsouffrirrecommencera.

Ilfautprendredesrisquesenamour,intervientLuc.

Mêle-toidetesaffaires,chéri,lerabrouegentimentmameilleureamie.

Je dis juste àSoph’ qu’à trop faire attention pour ne pas souffrir, elle risque de passer à côtéd’unebellehistoire.

LesparolesdeLucsefrayentunchemindansmatête,jesaisqu’ilaraison.C’estpourquoi,quandj’arrivechezmoi,jeprendsmontéléphoneettapeunmessagequej’envoieàTyler.

Mercipourcettebellesoirée.Elles’estfinietropviteàmongoûtettumemanquesdéjà.

Jeneréfléchispasàlabonneidéedemongestesansquoijemedégonfleraisetsupprimeraislesderniersmots.Lasonnerienetardepasàretentir,ilm’arépondu.

Contentquetupenseslamêmechosequemoi.

Jesourisenmedemandantsijedoisécrireautrechoseouseulementun«bonnenuit».Finalement,jem’arrêtelàetmecoucheenpensantàlui,desétoilespleinlesyeux.

Chapitre14

*Sophia*

Jen’aifaitquepenseràTylerduranttoutleweek-end,malgrémonnezdanslesrévisions,alorsjesuisbiencontentequandMéganeetmoidescendonsdumettispourrejoindrelecampus.

Cesontlespartielsquit’attirentcommeça?metaquine-t-elle.

Quoid’autre?jememoque.

Ouqui?lance-t-elle,minederien.

Quandnousarrivonssurlelieudurendez-vous,nousn’avonsquetrèspeudetemps,ilvafalloirquenousregagnionsnossallesd’examens.Méganelancedoncunsalutgénéral, jesuiscontentedepouvoirlefaireégalement.

Merde,lesamis!crie-t-elle.Onsevoitplustard.

Des«merde»d’encouragementssontlancésdetoutesparts.

Mêmesionmanquedetemps,jem’approchedeTyler,impossibledel’ignorer.J’aibientropenviedepasserdutempsensacompagnie,mêmejustequelquessecondes.

C’est le moment de voir si tu as été un bon prof, dis-je en jouant avec la fermeture de sonmanteau.

Jesuissûrqueoui.Jesuisexcellentdanstoutcequej’entreprends,sevante-t-ilensouriant.

Jelèvetimidementmesyeuxsurlui, tiresurle loquetdesafermeturepourlefaires’abaisseretposemes lèvres sur les siennes le temps d’un court baiser. N’ayant pas le courage de l’affronterensuite,jefuislittéralementjusqu’àmasalled’examen.

Durant toute la durée des partiels, Tyler et moi, tout le monde d’ailleurs, ne faisons que nouscroiser.Nousn’avonsjamaisuninstantpourdiscuter,toujourspressésparletemps.QuandMéganeet

moiarrivonslematin,ilestdéjàl’heurederejoindrenotresalle,àmidinousn’avonspasbeaucoupdelibertéetlesautresmangentàleurappartement.Dèsquenousavonsunmoment,nousrévisons.

AlorsTylernem’apasencoredemandépourquoijel’aiembrassé,nimêmesij’airéussiledroitadministratif,maislorsqueçasonneseizeheureslevendredi,toutestfini.Notreaveniràchacunestjoué, couché sur le papier. Il n’y a plus qu’à attendre. Nous avons maintenant deux semaines devacances pour les fêtes de fin d’année.Ensuite, le second semestre démarrera sur les chapeauxderoues.

Nousdevonstousnousretrouverdevantl’amphi,saufThomasquiterminesesépreuvesàdix-huitheures.Jesuislapremièrearrivée.J’aperçoisJuliequimarcheendirectiondel’arrêtdebus,jesuissoulagée de savoir que je ne vais pas passer de temps avec elle. Joyceme rejoint, épuisée par sasemaine.Ellemefaitsourire.

Tuparsenvacances?s’intéresse-t-elle.

Non.Ettoi?

Onvatouscheznosparents.

Je hoche la tête, un petit pincement au cœur en réalisant queTyler ne sera pas àMetz pour lesvacances.Moiquipensaislevoiraprèsmesheuresdeconduite,c’estrâpé!Detoutefaçon,cen’estmêmepasditqu’ilauraitaccepté.

Mégane est la suivante à nous rejoindre, je l’entends se plaindre sur le choix du dernier sujet,comme si les profs avaient choisi seulement pour bien nous casser les pieds ! Je ne l’écoute plusquandjevoisTylermarcherdansnotredirection.Cemecesttellementsexy,mêmeemmitouflédansunedoudoune.

Encoreàjacasser,lesgonzesses!OùestLorenzo?

Sûremententraindesupplierleprofdeluilaissercinqminutesdeplus,lâcheMégane,amusée.

L’étudiantnerelèvepas,ilmefixe.

Commentt’enes-tusortiecettesemaine?

Jeneveuxpasmeporterlapoisse,maisbien,jecrois.Ettoi?

Impeccablementbien,biensûr!

J’esquisseunsourire.

Ons’éclipse?mepropose-t-il.

Moncœurs’emballeinstantanémentàsaproposition.Jehochelatêteenguised’acceptation.

Onvaaucafédelagare,rejoignez-nousplustard,oupas,informe-t-illesfilles.

Ils’éloigneensuite,jelesuis.

Nousprenonslemettispourdescendrejusqu’àlagareferroviaire,nousneparlonsquedespartielsdurantletrajet.Puisnousnousengouffronsdanslecaféenfacedelagareetprenonsunetable.Nousretirons nos vestes et nous asseyons l’un en face de l’autre quand le serveur vient prendre notrecommande.

Unchocolatchaud,jedemande.

Café.

Moncompagnonpayedèsquenoussommesservis,sansmêmequej’aie le tempsdesortirmonporte-monnaie.

Çadevientunehabitudedem’inviter,jeconstate.

Ouais,çameplaitbien.

Qu’est-cequetuvasfairedetesvacances?

JesaisparJoycequ’ilsvonttouschezleursparents,maispeut-êtrepaslui,aprèstoutonpeutrêver.

Jevaischezmesgrands-parents.

DanslemêmevillagequeJuliequirentrechezelle,jeressensundouloureuxpincementaucœur.

Noël,c’estsacrépoureux,m’expliqueTyler.

Vousfaitesungrandrepasettoutça...

Non, iln’ya toujoursquenousetmonpèrequi se libèremiraculeusementce jour-là.Et toi ?Retrouvaillesfamiliales?

C’estunpeuça,oui.

J’avaleunegorgéedemaboissonenmedemandantsijepeuxluiproposerqu’onsevoiedurantcesinterminablesquinzejours.

Etlesautres?Ilsrentrentchezeuxaussi?

Oui.

Ilshabitentloin?

J’ensaistroprien.Pourquoi?

Jemedisaisqu’onauraitpufairequelquessortiesengroupe.

Espéronsqu’ilycroira!

Pourquoipas!

***

*Tyler*

Elleneveutquedessortiesengroupe,pourquoinesejette-t-ellepasàl’eauenmeproposantdefaireuntrucjustetouslesdeux?Parcequ’ellen’enapasenvie,répondlavilainepetitevoixdansmatête.SaufqueSophiaestlà,avecmoi,c’estdoncqu’elleapprécieletempspasséenmacompagnie.Peut-êtrequec’estàmoideluienfairelaproposition.

J’avalemoncafé le tempsd’y réfléchir. Ilvabien falloirque jeprenne leschosesenmainsi jeveuxqu’ellesbougent.

ÇateditunebaladeaumarchédeNoël?

Quand?

Maintenant.

Je lavois réfléchirpuiselleaccepte.Ellevidesa tasseetnouspartons.Lemarchén’estpas trèsloin,onenapourunedizainedeminutesàpied.Aumoins,onseratranquille.Cen’estpasquejen’aipasenviequelesautress’incrustent...enfaitsi,c’estexactementça!

Nous faisons le tourdes chalets, nous regardons cequeproposent les commerçants, c’est superjoli,etnouspassonsunagréablemoment.Montéléphonesonne,jenerépondspas.C’estensuiteautourdeceluideSophia,elledécrocheenvoyantquec’estMéganeetluiditoùnousnoustrouvonsenluipromettantdelarejoindretrèsvite.

Tumanquesdéjààtacopine?jelaquestionnequandellearaccroché.

Ilsviennentd’arriveraucafé,onn’yestpasettunerépondspasàLorenzo.

Ahmince!fais-je,amusé.Tuveuxqu’onyretourne?

Elleameuteralesflicssionn’estpasderetourdansdixminutes!

Quellecasse-pied,cetteMégane!

Sophiaetmoiprenonsdonclecheminduretour,quandnouspassonssouslesarchesdelaplaceSaint-Louisoùilyaquelquesboutiques, je l’arrête.J’aiassezréfléchicommeça, jecrois,etnoussommesseuls.Jedécided’agir.

Enfait,jen’aipasenviedelesretrouver.

Ahnon?s’étonne-t-elle.

Onn’ajamaisletempsd’êtreseulementtouslesdeux.

Jelavoisquis’interroge.

Alors,onvas’accorderquelquesminutesbienméritées,tuesd’accord?

Oui.

Jeprendsçapourunencouragement,mêmesielleignorecequ’elleaccepte.Jem’approched’ellejusqu’àposermamainsursanuque,j’avancemonvisagejusqu’ausienetécrasemeslèvressurlessiennes.Jenereculeraipascettefois,jen’aipasarrêtédesongeràcequiauraitpusepassersijeneluiavaispaslaissélechoixauciné.Jeglissemalanguedanssabouchepourlagoûter,pourjoueravec la sienne, pour la faire mienne. Ses bras se nouent autour de ma nuque, elle s’abandonnecomplètementcontremoncorps.Quandnousmettonsfinàcetinstantquejequalifieraisdemagique,j’apposemonfrontcontrelesienpourreprendremonsouffle.

Je sais qu’onnepeutpas revenir en arrière,mais j’ai enviedeplusqu’une amitié avec toi, jemurmure.

Jemereculelégèrementpourplantermonregarddanslesien.

T’espasobligéederépondre.Onpeutjusteprendrenotretempsetvoircequeçadonne.

Sophiahochelatête.

Jeprendsçapourunevictoire.Petite,certes,maisunevictoirequandmême.

Allonsretrouverlesautresmaintenant.

Je lui tends ma main qu’elle prend et entrelace mes doigts aux siens. C’est quand même plusagréabledesebaladercommeça.

Unefoisquenousarrivonsaucafé,jelalâchepourluiouvrirlaporteetnousprenonsplaceavecLorenzo,JoyceetMégane.Jem’assoisàcôtédeSophia.

Sonamieveutsavoiroùonétait,alorsSophialuiraconte.Puisnousdiscutonsdesvacances,deceque nous allons faire, d’une possibilité de se voir. Je ne les aurais de toute façon pas attendus, jecomptebienvoirplusieursfoislananasurquijeflashecomplètement.

L’heuretourneetlesfillesdoiventallerprendreleurtrain,alorsonlesaccompagnejusquesurlequai.Lemonorailestdéjàlà,çasonnecommeunaurevoiretj’aihorreurdeça.Méganefaitlabiseàtoutlemonde,Sophiaaussi,avantdeseplanterdevantmoi.Jen’aiaucuneidéedecequ’ellevafaireetj’avoueavoirbienenviedeledécouvriralorsjelalaisseprendrelesdevants.

Onpourrasevoirpendantlesvacances?medemande-t-elletimidement.

Y’aintérêt,jeluirépondsensouriant.

Tutesouviensquandj’aivoulut’embrasser,tum’asditdeneplusjamaislefaire.

Leschosesontchangédepuis,etsitunelefaispas,jerisquedetrèsmalleprendre.

Ellesouritetposesesmainssurmesjouespourm’attireràelle,ellecapturemeslèvresdessiennesetfaitglissersesmainssurmanuquealorsquejel’attirecontremoitoutenapprofondissantnotrebaiser.J’ignoretotalementlessifflementsdeLorenzoetlesapplaudissementsdeMégane,jesuisdansmabulleaveclafillequej’apprécie.Beaucoup.Vraimentbeaucoup.

Nemelaissepastroplongtempssanstoi,mesouffle-t-elleàl’oreille.

Faisgaffe,jepourraisparfaitementtegarderdansmesbrasettefaireratertontrain.

Chiche.

Tuseraisobligéededormirchezmoi.

Quelletorture!s’amuse-t-elle.

Avecmoi.

Dramatique,tuasraison,ilvautmieuxquejem’enaille.

Jel’embrasseànouveauavantdelalibérer.

Jet’appelle,jeluidisavantqu’ellemontedansletrain.

C’estunehistoirequiroule!melanceLorenzo.

Jen’ensaisrien,alorsjenerépondspas.Ilfautplusquedeuxbaiserspourfaired’unflirtunebellehistoire.

***

*Sophia*

Je suis à peine assise dans le train que Mégane réclame de tout savoir sur-le-champ. C’est enrougissantquejeluiracontenotrebaladeaumarchédeNoëlplaceSaint-Louis,puisnotrebaisersouslesarches.Jetermineavecl’aveudeTylerquiaimeraitplusqu’uneamitiéentrenous,etmoiquienaiénormémentenviebienquejeneluiaiepasdit.

Vouscomptezvousvoirpendantlesvacances?

Oui.

J’espèrequ’onenauralapossibilitéentoutcas,parcequ’entrelesobligationsfamilialesdechacunetmescoursdeconduite,onn’aurapasbeaucoupdedisponibilité.

Jeme revois dans ses bras juste avant le départ du train, j’étais vraiment bien. Je suis contented’avoireulecrandel’embrasser,matimiditéestsouventunfreindansmesrelationsamoureuses.Jen’ai jamais ressenti auparavant ce que je ressens pour Tyler, j’espère sincèrement que nousconnaitronsunebellehistoire.

AvecJoyceetLorenzo,ons’estpromisdesevoir.OnaparlédeNouvelAnquandTylerettoiétiez...disonsoccupés,ceseraitbienqu’onlepassetousensemble.

Ceseraitgénial,tuveuxdire!

Finirl’annéeetcommencerlanouvelledanslesbrasdeTyler…undélicesansnom.

Saufqu’onn’apasd’endroit.

Uncaféoumêmeunediscothèque,jesuggère.

Lelieum’importepeudumomentquelacompagnieestagréable.

Peut-êtrechezeux,j’ajoute.

Onl’aévoqué,maisceseralebordelaprès.

Jenepensequ’àlanuitquejepourraispasseravecTylersicetteidéeseconcrétisait.

Riennenousempêcheradetoutnettoyeretrangerlelendemain.

Ouais,reconnait-elle.Ondoitréfléchirchacundenotrecôtéetons’appellemardipourorganisertoutça.Dumoins,sitoutlemondeestpartant.

Celam’étonneraitquel’undenouspréfèrepassersonréveillonenfamille,remarque,siJulieenaenvie,jen’airiencontre.JecompteenparleravecTylerquandilmetéléphonera,pasdelapossibleabsencedeJulie,maisdelasoirée.

Onauraitpusevoirceweek-endetenparlertousensemble,jelance.

Enplus,çam’arrangerait.

Soph’,toutlemondevadanssafamille.Ons’occuperadeçapartéléphone.Etsituveuxfaireuntruc,onleferaentrenous.

Jesoupire,j’avaisbêtementzappéquepluspersonneneseraitsurMetz.

Quelenthousiasme!semoque-t-elle.J’aicompris, t’enfaispas, tu t’enfousduprogrammedumomentquetonamoureuxestlà.

C’estpasmonamoureux,jeréfute.

C’estquoialors?

Onapprendàseconnaitre.

Enseroulantdespelles?Moncul!

Jelèvelesyeuxauciel.

Sijepeuxmepermettreunconseil…

Parcequetudemandes?jem’étonne.

Méganenefaitpasattentionàmaremarqueetpoursuitcommesijen’avaisriendit.

…nedispasqu’iln’estpastonmecdevantlui.

J’aipasditqu’ilnel’étaitpas,jedisjustequ’onn’estpasamoureux.

Ouais,biensûr!Etc’estlamarmottequimetlechocolatdanslepapieralu!

***

*Tyler*

Ensortantdelagare,onserendàl’arrêtdebuspourattendrelemettisquinousconduiradanslarue où on habite. Lorenzo essaye de savoir si c’est du sérieux avec Sophia. Je la connais depuispresquetroismois,onaflirté,ons’estignoréspuisonaflirtéànouveau.Jenesaispascequivasepasseravecelle,l’avenirnousledira,toutefoisj’aimebienl’idéequ’ellesoitmacopine,d’apprendreàladécouvrircommepersonned’autreneleferait.Jeneparlepasdesexe,là.

Jelaisselemecparler,jen’airienàluidire,jenemeconfiepas.Voyantqu’iln’obtiendrariendemoi,ildiscuteavecJoycequ’ilneverrapasdurantlesvacances,chacunpartantdanssafamille.Moi,j’ailachancedenepashabitertroploindemanana,jepourraiallerlavoirsielleenaenvie.C’estl’impressionqu’elledonnaitsurlequai,maisparmomentj’aidumalàlacomprendre,alorspeut-êtrequej’interprètemalleschoses.Allezsavoir!

Quandnousarrivonsàl’appartement,ThomasjoueàlaconsoleetJulieestdanslacuisine.

C’étaitmontour,jeluifaisremarquer.

Tunevenaispasetonavaitfaim.J’aipréparépourtoutlemonde.

Je ne dis rien. Quelque part ça m’arrange, je vais dans ma chambre et je remplis mon sac devoyagedefringues.Laportequejen’avaispasenclenchées’ouvreetJulieapparaitdansl’embrasure.

Tuvascheztesgrands-parentsdemain?

Oui.

Tucroisquetupourraism’emmenerchezmesparents?Çam’éviteraitdeprendreletrain.

C’estcequ’ons’étaitditquandjesuisvenuvivreici,maisjenesaispastropsij’aienviedefairelarouteavecelle.

Jenesuispasidiote,Ty’,j’aibienremarquéqueSophiateplaitetquetuveuxtelafaire…

Melafaire?jel’interromps.Iln’estpastoujoursquestiondesexe.

Avectoi,si.

Jesecouelatêteencontinuantderemplirmonsac.Sic’estpourentendreçatoutletrajet,ellepeutprendreletrain;ellem’énervedéjà!

Ty’,tucomptesm’ignorerencorelongtemps?

J’ensaisrien.Tupensesméritermonattention?

Oui.

Aunomdequoi,s’ilteplait?

Jeplantemonregarddurdanslesienenattendantsaréponse.

Denotreamitié.Denotrepassé.Denotreamour.

Mesyeuxs’écarquillent.

Jen’aijamaisétéamoureuxdetoi.

Juliegardelesilence.Jeneveuxpasdecegenredediscussionstérileavecelle,alorsjerepenseàsademandeetmedisquesij’accepte–parpolitesseetnonparenvie–etqueSophial’apprend,çapourraitcréerdes tensionsentrenous,et jen’aipasenviedeça.Enplus, jepourraism’arrêterunmomentàPeltreetpasserdutempsavecmacopinesijefaislarouteseul.Madécisionestprise.

Jenepeuxpast’emmener,jefaisundétouravantd’alleràBehren.

Je fermemon sac etme rends à la salle de bain pour prendrema trousse de toilette.Quand je

reviensdansmachambre,Julien’atoujourspasbougé.

Ledétournemedérangepas,insiste-t-elle.

Peut-êtrequeçanet’ennuierapasd’attendre,maistaprésenceindisposeramacopine.

Ellericane,mauvaise.

Ellearéussiàt’agripperdanssesfilets.

Onnevapluss’entendresitucontinuesàparlerd’elledecettefaçon!jelapréviens.

Parcequetuasl’impressionqu’ons’entendpeut-être?s’écrie-t-elle.

Jen’auraispasdûlancercesujet.Jevaismedisputeravecelle,jelesens,etjen’aiaucuneenvied’êtreemmerdé.

Depuisqu’elleestentréedansnosviesenmodesainte-n’y-touche,toutvadetravers!crache-t-elle.

N’ayantaucuneenviedel’écouter,jelafousàlaportedemachambre.Quandjesuisenfinseul,jetéléphoneàSophiaquidécrocheauboutdetroissonneries.

Dis-moi,est-cequetuescheztoidemain?jel’interrogeaprèslessalutations.

J’aiuncoursdeconduitejusqu’àmidi,aprèsjeprendsletrainpourrentrer.

Saréponsemedonneuneidée.

Çateditdevenirchezmoiaprèstoncours,oniramangerquelquepartetjeteramènerai,c’estsurmaroutepourallerchezmesgrands-parents.

Surmaroute,c’estrelatif,çameferafaireundétour,maisçaenvaut lapeine.Êtreavecelleenvautlapeine.

Ceseraitgénial.

Jesuiscontentqu’onaitunrencardrienquetouslesdeux,j’enavaisvraimentenvieetjecomptebienfaireensortequ’ilyenaitd’autres.Beaucoupd’autres.

Alors,jet’attendrai.

Ty’,Lorenzot’aparléduréveillondeNouvelAn?

Non.Ilauraitdûmedirequoi?

Qu’ilenadiscutéavecMéganepourqu’onessayedelefairetousensemble.

Uneidéequimeplait.Jevaisendiscuteraveclui.Onsevoitdemainalors.

Oui,àdemain.

Àdemain…Soph’.

Jemesuisretenuàtemps,jevoulaisl’appeler«bébé»,est-cequecen’estpasencoreunpeutroptôt?Jeglissemontéléphonedansmapocheetretrouvelesautresausalon,saufJuliequiestdanslacuisine.

Jeviensd’avoirSophiaautéléphone,c’estquoi,tonprojetpourleNouvelAn?j’interrogemonami.

J’ensaisrien,l’idéec’estqu’onlepassetousensemble,maistoutresteàorganiser.

Pourquoipasici?

Àcausedubordelaprès.

Onrangeraensemblelelendemain,qu’est-cequeçafait?Tucroisquandmêmepasqu’onvalesfoutreàlaporteaprèslafiesta?Ondéplieralecanapé,Joyceettoivousroupillezensembletoutletemps,l’undevousprêterasachambre.

Ilmanqueraquandmêmedeuxcouchettes.

Jefroncelessourcilsenyréfléchissant.

OncaseraLaurentavecJulie.

J’éclatederireetLorenzom’assurequecelaneluiplairapas.

Onprévoiraunmatelasgonflable.Mesgrands-parentsenontun,jel’emprunterai.

EtSophia?metaquine-t-il.

Çatombebien,ilresteuneplacedansmonlit!

Enfait,t’asréponseàtout,constateLorenzo.

Tecassepaslatêteaveclematelas,Ty’,Laurentdormiraavecmoi,proposeThomas.Iln’apasintérêtàmeprendrepourunenanaparcontre!

Jeparsdansunfourire,suiviparlesmecs.

C’est quoi, votre délire ! intervient Julie en entrant dans le salon. Nouvel An, ici ? Avec lesautres?Vousavezfuméouquoi?

Siçaneteplaitpas,tun’espasobligéed’êtreprésente.Personnenetoucheraàtachambre,jeluidis.

Ellepesteavantderepartirdanslacuisine.

JevaisappelerMégane,lanceLorenzo.

Jesaisqueçaluifaitplaisird’avoirretrouvésacomplicitéavecsesamies,surtoutavecMégane,jesuiscontentmoiaussi,jen’auraispasvoulubriserça.JevaisprendresoindeSophiapourqueplusriennedispersenotregroupemaintenant.J’aihâted’êtreàdemainetdepouvoirlaserrerdansmesbras.

Je souris quand j’entends mon pote discuter avec Mégane, qui crie de joie au téléphone, luiperforantpresque les tympans. Jecroisque jenemesuispassentiaussibiendepuis longtemps.Etc’estgrâceàeux.ÀeuxetàSophia.

Chapitre15

*Sophia*

Aprèsavoirfaitmesdeuxheuresdeconduite,c’estsouslaneigetombantequejemerendschezTyler. Je suis tout excitée à l’idée de passer du temps avec lui ; c’est la première fois qu’on seravraimentseuls tous lesdeux.LesdixminutesaumarchédeNoëlnecomptentpas,c’étaitbeaucouptropcourt.

Quandj’arriveenbasdel’immeuble,j’hésiteentrel’appeleretmonter.J’aiprisl’habitudedeluiannoncermonarrivée lorsque j’étaisderrière laportedurantnotre semainede révisions,mais leschosesont évoluédepuis. Jegravis lesdeuxétages et décidede toquer à laporte. Je suis rassuréequandjevoisTylerm’ouvrir,jecraignaisdemeretrouverfaceàJulie.

Salut,jelance,hésitantentredemeurerimmobileetluisauterdessuspourl’embrasser.

Salut.Entre,jevaischerchermesaffaires.

Jem’exécuteetrefermelaportederrièremoi.Danslesalon,j’aperçoisJoyceetLorenzoalorsjem’approchepourlessaluer.Nousnousembrassonsavantquejeremarque:

C’estbiencalmeici!

Thomasestpartitôtcematin,etJuliefaitsonsac.

Jegrimaceenentendantsonprénom,j’espéraisqu’elleneseraitpaslà.

Méganet’aannoncélabonnenouvelle?m’interrogeLorenzo.

PourNouvelAn?Oui.J’aivraimenthâted’yêtre!

Monamim’expliquerapidementcommentilvoitleschoses.Ilcomptesechargerdel’organisationavecMéganeafinqu’unepersonnedechaquegroupesoit informéedetout.Puisilappelleratoutlemondeunefoisqu’ilaurapartagéentrenouslalistedesachats.J’acquiesce.

Jesuisprêt,lanceTylerducouloir.

Bon,ehbien,onsevoitle31!

JefaislabiseàJoyceetàLorenzo.Tylervientversnousetposetendrementsamaindanslebasdemondos,cequimeprocuredesfrissonspartout.Ilserrelamainàsonamietfaitlabiseàlajeunefemme.

Ongardelecontact,dit-ilàLorenzo,quiapprouve.

Tylerenfilesonmanteau,prendsonénormesacetnoussortonsdel’appartement.

Jevaislemettredanslavoitureetoniradéjeuner.

Je le suis jusqu’auparking, nousparlonsdemes cours de conduite.Une fois débarrasséde sonfardeau,ilm’indiqueunsnackoùnousallonsmanger.Jemesensaffreusementtimidelorsquejesuisassiseenfacedeluietquenousvenonsdepassercommande.Jemanquevraimentdepratiqueencequiconcernelestête-à-têteavecTyleret,accessoirement,deconfianceenmoi.

Quoideneuf?jel’interroge,histoiredenepasrestersilencieuse.

J’imaginequetuesaucourantdesprojetsduréveillon.

Oui,Még’m’adit.

Vouspourreztousdormiràl’appart,d’ailleursc’estfortementrecommandé.

Ellem’aditaussi.

Toutcommeellen’apasomisd’ajouterquejepourraipartagerlelitdemonchéri.Saufqu’ilesthorsdequestionquejevérifiecetteinfoauprèsdelui.

Quandnosplatssontsurlatable,Tylers’intéresseàmesprojetspendantlesvacances.Misàpartenprofiterpourprendredescoursdeconduite,jen’airiendeprévu.Jesortiraiavecmesamisparcequejenecomptepasrestercloitréeàlamaison.Jel’interrogeensuitesurlessiens,jedétestesavoirqu’ilseradanslemêmevillagequeJulie.

Jenesaispas,enfait,merépond-ilhonnêtement.Habituellement,quandjevaischezmesgrands-parents, jevoismespotesducoin,sauf lorsdesdernièresvacancesoùjesuisrestéà lamaison.Jepensequejeverrai,ceseraselonmonhumeuretmesenvies.

Je suis bien contente qu’il arrive àme parler sans se braquer devantmes questions,mais je nedépasseaucunelimite,jenefaisjamaismacurieuse,jenevoudraispasqu’ilsefâche.

Tylerrèglenotredéjeunerbienquej’aieessayédepayermapart.

Dismercietnemedemandepaspourquoij’aipayé!metaquine-t-ilenattrapantmamain.

Jerouspètepourlaformeetlesuisdehorsoùilneigeencore.Heureusement,çanetientpasdans

lesruesdeMetz.

Jedoisêtrerentréepourquatorzeheurestrente,jel’informe.

Ettucroisqu’àcausedelaneigeceneserapaslecas?semoque-t-ildemoi.

Jerâleencoreavantdel’informerquemesparentsserendentàunmariageetqu’ilspartentavantquinzeheures.

Tuparsaveceux?m’interroge-t-ilendéverrouillantlesportièresdesaGolf.

Non,jedoisgardermasœur.

Ilregardesamontreetgrimace.

Tuauraisdûmeledireplustôt,ilesttreizeheurestrente,onn’aurajamaisletemps.

Jeplisselesyeuxenlefixantentraind’éclaterderire.

Tuserasmêmeenavance,megarantit-ilenm’ouvrantlaporteavecgalanterie.

J’aipasditquejevoulaisl’être,jerépliqueunefoisqu’ilestassisderrièrelevolant.

Dansenvironunquartd’heure,jeseraichezmoi,etjen’aipasencoreenviededevoirmepasserdeTyler.

Ilmetlechauffageavantdeposersamainsurmacuisse.

Tuasuneidéeentête?

J’en ai bien une qui ressemblerait à s’embrasser jusqu’à ce que nos lèvres n’en puissent plus,rougiesparnotrelongrapprochement.Maisj’optepourautrechose.

IlyauncaféàPeltre,onpourraitallerboireunverre.Jet’invite!

Situveux.

Lorsdutrajet,jemerenseignepoursavoiràquelleheureildoitarriverchezsesgrands-parents.Jesuiscontentede savoirqu’iln’enapasdonné, il comptait lesappeler justeavantdepartirdechezmoi.

Noussommesbien troprapidementgarésdevant le rendez-vousdes jeunesduvillage.Jedétestevoir le temps passer si vite quand je suis en sa compagnie. J’aimerais qu’il ralentisse et pouvoirsavourerchaqueinstant.

***

*Tyler*

Jecrèved’enviedel’embrasserdepuisqu’elleapassélaportedemonappart,maisjepréfèrelalaisser faire le premier pas, nemedemandezpas pourquoi. Je n’ai pas l’habitude des relations decouple,quand je sortaisavecdes filles, çanedurait jamaisbien longtemps.Etc’étaitdifférent.Ons’embrassait toutletemps,onsepelotait–plutôtmoi–etonbaisait.Auboutdetroisjours, j’étaisdéjàpasséàlasuivante.Alorsjen’aiaucuneexpériencedelaviedecouple,decequejesuiscenséfaire,jelaissedonclesinitiativesàmacopine,pouréviterdememontrertropentreprenant.MêmeavecJulie,çasepassaitdecettefaçon.Onn’ajamaisfaitdesortieensemble,onneseretrouvaitseulsquepourprendredubontemps,sinononétaitenbande.

NoussortonsdelavoitureetentronsdanslecaféoùSophiasaluelespropriétaires,j’imaginequec’estunehabituée.Uncomptoirpourlespoivrotsdusoiretdudimanche,quelquestablesicietlà,unbillard,unjeudefléchettesetunbaby-foot.J’ail’impressiond’êtreretournédansletemps,genreen1980.C’estvieillotettoutlemondemedévisagequandjem’assois.

Qu’est-cequevousprendrez?demandelafemmequitientunstyloetuncalepinpournoternotrecommande.

Je regarde Sophia, attendant qu’elle réponde, c’est lamoindre des politesses. Je sais être galantquandillefaut.

Undemi.

Iln’estpasunpeutôtpourboire?

Uncafé,jechoisis.

Je reportemon attention surma copine qui semble parfaitement dans son élément ici, peut-êtrequ’ellearriveraàsedétendre,jelasenscrispée.

Tuveuxfaireunjeu?mepropose-t-ellequandladamenousapportenosboissons.

Les fléchettes, c’est pour occuper les vieux le dimanche, je n’ai jamais joué aubaby-foot : tropringard!Ilnerestequelebillard,mêmesijen’aipaspratiquédepuislongtemps.

Situinsistes,onpeutfaireunbillard.

Elleselève,alorsjelasuis.Elleglisseunepiècedanslafenteetinstallelesboules.

C’estçaquioccupetessoiréeslibres?jemerenseigne.

Engrandepartie,admet-elle.

J’endéduisquetumaitriseslejeu.

Ellehausselesépaules.

Pasvraiment.Ettoi?

Jemanquedepratique.

Elleesquisseunsourireetnouscommençonsàjouer.Cen’estpastantlebillardquimeplait,enfaitjem’enfousroyalement,c’estpasserdutempsavecellequim’intéresse.J’aipasénormémentdeconversationetellenonplus,jesupposequeçaviendraavecletemps.Àchaqueinstant,j’aipeurdedireoufaireuneconneriesibienquejepréfèremerestreindreetlafermerleplussouventpossible.Ellemedonnel’impressiondefairecommemoi.

Je la laisse gagner la partie et on retourne à notre table. Je boismon café trop fort, et Sophiaingurgitesabière.Letempsfiletropvite,jevaisdevoirlaraccompagnerchezelleetnotrerendez-vousseraterminé.

Avaletout,jem’amuse,ilvafalloiryallersituneveuxpasêtreenretard.

Sophiasouritenregardantsamontre,ilestbientôtquatorzeheuresvingt.

Ok.

Etellelefait.Jemeretiensderiremaissanssuccès.C’estellequirèglelesconsommations–jelalaissefaire–,etons’enva.

Une fois dans la voiture, jemets le chauffage et elleme demande d’attendre. Elle téléphone. Jecomprendsrapidementquec’estàsamèrequ’elleparle,elleconclutenluiaffirmantêtrerentréedansvingtminutes.

Ilspartentdansvingtminutes,jenerentreraiqu’àcemoment-là.

C’esttoiquidécides,demoiselle.

Tupeuxdémarrer,maisnetegarepasdevantchezmoi,plutôtdeuxmaisonsavant.

Jem’exécute,imaginantqu’ellenesouhaitepasquesesparentslavoientsortirdemavoiture.Peut-êtrea-t-elleseulementledroitdemonteravecLuc,jeneconnaispaslesrèglesétabliesparsafamille.

Ilneigeencore!

Réjouis-toi,tuvaspouvoirfaireunbonhommedeneigeavectasœur.

Vusatête,cen’estpasdanssesplans.

Elleadouzeansetjedoutequ’elleenaitenvie.

Onenatousenviequandonvoitcejolipaysage.

Ah,parcequetoiaussi?metaquine-t-elle.

Jesuisplutôtbatailledeboulesdeneige.

J’auraispuluienbalancerunedessusquandnoussommessortisducafé,maisjen’avaispasenviequ’elleaitfroidalorsquenousavonsencoreunpetitmomentàpasserensemble.

Jesuisplutôtdouéeàça,m’avoue-t-elle.

Commeaulasergame?Jesuismeilleurquetoi,c’estcertain!

Est-ceundéfi?

Jepeuxsortirdelavoitureettelaminerjusqu’àcequetumesuppliesd’arrêter.Etencore,jenesuispassûrdelefaire!

D’accord.

Quoi?D’accord?

Aprèsledépartdemesparents,onferaunebatailledanslejardin.

J’éclatederiremaisc’esttellementtentantquej’accepte.

Jevaisrentrer,jelesmetsàlaporteetjevienstechercher.

Soph’,jelaretiensalorsqu’elles’apprêtaitàouvrirlaportière.

Elleseretournepourmeregarder,j’aijusteenviedefondresurseslèvresetdelesembrassersansjamaism’arrêter.

Non,rien,va.

Ellesortetjemesenscommeuncondenepasavoirosélaprendredansmesbras.Jen’aijamaisétéautanthésitantavecunefille.Peut-êtreest-ceparcequejel’aiblesséeunepremièrefois,j’aipeurde fairequelquechosede traversetde recommencer.Oualorsc’estparcequ’avecelle, leschosessontdifférentesd’aveclesautres,aveclesquellesjenefaisaisquem’amuser.Riendesérieux.

***

*Sophia*

Quandj’entredanslamaison,mesparentssontsurledépart.Jeleurairacontéqu’aprèslescoursdeconduite,j’allaisdéjeuneravecunecopinedelafac.Ilsnem’ontpasquestionnédavantage.

Trèsjolierobe,maman!

Un des patrons de mon père se marie aujourd’hui et il a convié tous ses employés à la noce.Heureusement,j’aipuyéchapper,Chloéaussi.Maisjedoisveillersurellejusqu’àcequ’ilsrentrent,aumilieudelanuit.

Tuesprête,Debbie?

Oui,j’arrive!

Monpèremefaitunsourirequisignifie:ah,lesfemmes!Ilaidesonépouseàenfilersafourruresynthétiquependantqu’ellemedemandedelesappelerencasdeproblème.

Est-cequelatonnedeneigequitombedehorsenestun?jemerenseigne.

Net’enfaispaspournous,etrestezauchaud,meschéries.

Elle embrasse Chloé, qui arrive dans le couloir, puis moi. Mon père fait la même chose. Lesparentsfilentensuite.J’attendsquelaMercédèsblanchegaréedanslegaragedisparaisseaucoindelaruepourmejetersurmontéléphone.

Tupeuxvenir,jedisàTyler.

Jem’intéresseensuiteauxprojetsdemasœur.

Jeregarderailatélé,alorst’aspasintérêtàlaprendre!

Oh,rassure-toi!Unamivientm’aideràréviser.

Tuveuxréviserquoipendantlesvacances?

Tucomprendrasquandtuserasàlafac!

J’ouvrelaporteàTyleretlefaisentrer.Jeluimontreoùaccrochersonmanteauetoùposerseschaussures.

Cen’estpaspluspratiquederestercouvertspourunebatailledanslaneige?

Quelleperspicacité,moncher!Tuveuxprendretaracléedesuite?Çameva.

Jem’emmitoufledansmonmanteauet prendsmes chaussures à lamainpour traverser le salonafindenepasmettredetracespartout.Tylerm’imite.

Chloé,jeteprésenteTyler.Onvafaireuntourdehors,onresteradanslejardin.Tyler,masœurChloé.

Salut,Chloé.

Salut!

J’ouvrelabaievitréeetenfilemeschaussuresensortant.Unefoisquenoussommesprêts,Tylersedépêched’attraperdelaneigepourenfaireuneboule.Jen’aipasletempsdem’armerquedéjàj’enreçoisunesurl’épaule.C’estcommedeuxgaminsquenousnouséclatonsdanslapoudreuse.Levoirrireavecmoi,çan’apasdeprix.Etjenemesuispasamuséecommeçadepuistellementlongtemps.Jesuistoutsimplementheureuse.

Jelevisecommejepeux,étantnulleàcejeu.Jesuiségalementuneplaieauxfléchettes,etaulasergame, sauf lorsque ma cible est collée à moi. Je ne suis pas douée pour viser, je dois bien lereconnaitre.Alorsquemonadversaireévitelaplupartdemestirs,moi,parcontre,jereçoistouslessiens.Ladernièrebouleatterritenpleindansmonvisage,jereculeettrébuchesurunepierreavantdem’étalerparterre,surledos.Çan’arrivequ’àmoicegenredechose!

JenetardepasàvoirTylerapparaitredansmonchampdevision,accroupiàcôtédemoi,quandjechasse la neige de ma figure. Monsieur rigole en me proposant un coup de main. Il a les jouesrougiesparlefroid,jeletrouvecraquant.

Oui,merci,jeréponds.

Maisquand ilmeprend lamaindans l’idéedemeredresser, je le tirede toutesmes forceset ils’étalesurmoi.Ça,nonplus,n’étaitpasprévu,ildevaittomberdanslaneige.

Etmaintenant?

Il repousse la neige et les mèches collées à mon visage tandis que mon cœur s’emballeinstantanément.

Jesupposequetun’espastrempéetquej’airatémoncoup,jeréponds.

Oh,rassure-toi,jesuisbienmouilléàquelquesendroits.

J’éclatederireàmessoudainespenséeslubriques.

***

*Tyler*

Jemedemandesiellen’auraitpaslesidéesmalplacéesparhasard.Cettepenséemefaitsourireetsansréfléchirj’écrasemeslèvressurlessiennes.Notrebaiserestd’abordléger,quelquesfrôlementsde bouches, puis ma langue glisse sur ses lèvres avant de trouver la sienne. J’en ai envie depuistellement longtemps que je ne veux pas que ça s’arrête. Je n’ai jamais pris autant de plaisir àembrasserunenana.

Finalement,jem’écarte,n’oubliantpasquenoussommesdanssonjardin.

Tuesmauvaise,tuasencoreperdu.

Jet’aifaittomber,çacompteunpeuquandmême.

Admettons,maisçanechangerienaufaitquej’aigagnélabataille.

J’avoue,tueslegrandgagnant.Tuméritesunchocolatchaud.

Tuestropbonne.

Merci!

J’éclatede rireenme levant,puis je lui tends lamainpour l’aideràse remettresurses jambes.Nousmarchonsendirectionde labaievitrée, je l’imitequandelle retire ses chaussures, et la suisdansl’entréeoùellelesdéposeetaccrochesonmanteau.

Jevaisallerprendreunfutsecdansmonsac,jel’informeenremettantmespompes.

Tupeuxaussimedonnercelui-là,jelemettraidanslesèche-linge.

Etmebaladeràmoitiéàpoil?

J’aiunsouvenirquiyressemble...

Ellemefaitsourire.

Tonoffreestvraimenttrèstentante,maisjedoisrefuser.

Jesorsetrécupèreunpantalondansmavoiture.Laneigen’arrêtepasdetomber,lesroutesensontrecouvertes,jecroisquejenevaispastarderàm’enallersijeneveuxpasêtreemmerdésurletrajet.

Jeretournerapidementàl’intérieur,accrochemavesteetmedéchausse.

Sophiaestdanslacuisineentraindepréparerdeschocolatschauds.

Oùjepeuxmechanger?

Ici,devantmoiceseraparfait.

Jem’approched’elle,posemonfutsurleplandetravailetlaprendsdansmesbras.Ellenouesesmainsautourdemoncou.Jesuisbienlà.

C’estuneidée,maistapetitesœurpourraitdébarquerpileàcemoment-làetjedoutequeçasepassebienquandelleleraconteraàvosparents.

Tuasraison.Ceseraitvraimentbête.Vadansmachambre.

Jedéposeunbaisersursonnezetlalibère.

Deuxième porte, à gauche. Je te rejoins dans une minute avec les boissons, alors prend tontemps!

Petitemaligne!

Attention,tujouesaveclefeulà,jesusurreàsonoreille.Sit’asenviedemevoiràmoitiéàpoil,tun’asqu’àledemander,maisjeveuxquetumerendeslapareille.

Jefrôlelapeaudesajoueavecmeslèvres,puisjedescendsdanssoncouquej’embrasse.Simonintentionestdel’émoustiller,çafonctionneaussiparfaitementsurmoi.Jem’éloigneavantdenepluspouvoircachermonérection.

***

*Sophia*

Des papillons dansent dans mon bas-ventre, je ressens un désir d’une force que je n’ai jamaiséprouvéeauparavant.Ilmefautquelquessecondespourreprendremesespritsetfinirdepréparerleschocolats chauds. J’informeChloéqueTyler etmoi sommesdansmachambre si elle abesoindequelquechoseetm’yrends.Biensûr,quandjepousselaporte,ilestdéjàchangé.

Mince,ondiraitbienquej’aipristropdetemps!

Laprochainefois,tuessayerasd’êtreplusrapide.

Jeposeleplateausurmonbureauetluidonneunetasse.

Jenevaispastarder,ilneigevraimentbeaucoup.

Je suis déçue de l’entendre.Qu’est-ce qu’elle avait besoin de tomber aujourd’hui, aussi ? Tylerauraitpupassertoutl’après-midiavecmoi,aulieudeça,ilvadevoirprendrelaroutedansquelquesminutes.

Nousbuvonsnotreboissonchaudedanslesilence,puisjemelaissetomber,allongéesurmonlit.Tylermerejointquandilaposésatassesurleplateau.

Tufaisquoiquandtuesseuleici?

Ils’appuiesursoncoudepourmeregarder.Jemedécalepourêtrecontrelui.

Précisetapensée,jedemande.

Ben,tufaisquoiquandt’esdanstachambre?

Jedors.

Sérieusement.

Jelèvelesyeuxpourleregarder.

Je bosse ou j’écoute de la musique. Avec mes copines on se fait des séances de relookingégalement.

Tuvasmefairecroirequetunefaisquedestrucssages?

J’esquisseunsourirequandjecomprendsoùilveutenvenir.

Ehbien,ilfautcroirequeoui.Tueslepremiermecàfranchirmaportesionnecomptepaslesmembresdemafamille.

Sesdoigtss’aventurentsurmonvisage,dansmescheveux,alorsjel’attireàmoipourl’embrasser,meperdrecontrelui,lachaleurquediffusesoncorpsquandilécraselemienm’excite.J’aienviequecemomentnes’arrêtejamais,enviedeplus,enviedelui.Mesmainss’aventurentsoussesvêtements,caressantlapeaudesondosdehautenbas.Jelesenstressaillircontremoitoutenapprofondissantlebaiser. Il n’yaque lui etmoi, je suis complètementdéconnectéede la réalité. J’écartemescuissespourle laisserse lovercontremoi, jesenssonérectioncontremonpubis.J’éprouveuneimmensesatisfactionde savoir que j’ai pu éveiller le désir enTyler. Si sesmains restent sagement surmeshanches,lesmiennesremontentlelongdesondos.J’aienviequ’ilsefondeenmoi,maisilserecule,haletant,lesyeuxbrillantsdedésir.

Onvaappuyersurpause,j’aibesoindemeremettre...

Ilsedégageets’assoitsurleborddemonlit.Jem’approchepourtitillerlelobedesonoreille.Ilm’emprisonnedanssesbrasetmefaitpasserdevantpourquejemeretrouvesursesgenoux.

***

*Tyler*

Ceque je viensdevivre avec elle ces dernièresminutes a été plus intensequen’importequellepartie de jambes en l’air vécue par le passé. Ça m’a fait réaliser que je la désire au-delà del’imaginable,mais que je veuxprendremon temps. Je veux faire les choses bien avecSophia.Dumoins,jevaisessayer,parcequ’encetinstant,quandellenouesesbrasautourdemoncouenposantsabouchesurlamienne,jemesensperdrelecontrôle,m’abandonnantcomplètementànotrebaiser.J’oubliequejedoisprendrelaroutesijeveuxéviterd’êtrecoincéparunecongère,qu’uneadoestdanslesalon,quelaporten’estpasferméeàclé,jenepensequ’àlananaquejetiensdansmesbras.Etàtoutledésirquejeressenspourelle.

Ons’embrasseencore,jeposemamainsursahanche,lafaisantmonteretdescendrepar-dessusletissu.J’aienviedetouchersapeau,delacaresser,del’entendregémir.Jevousl’aidit,jenecontrôleplus rien.Elle a le pouvoir dem’envoûter en une seconde.Alors je soulève son pull etme glissedessous,sapeaubrûlantem’appelle,ellemeveuttoutautantquejeladésire.Mesdoigtsdécouvrentsonventre,puismontentlentement.C’estalorsquelasonneriedemontéléphoneretentit,brisantlamagie.

Désolé,jedisenlapoussantpourqu’elleselève.

Jemelèveàmontour,prendsmontéléphonedanslapochedemonpantalonetdécrocheenvoyantquec’estmagrand-mère.Elles’inquiètedenepasavoirdemesnouvelles.Jeluiexpliqueêtresurledépartetjeraccroche.

Jem’approchedemacopineetlaprendsdansmesbras.

Jevaisyaller.

Tuessûrqueçairaavectoutecetteneige?

T’enfaispas,lesroutessontdégagées.

Je capture ses lèvres sans approfondir le baiser ou je risquerais de perdre encore tout contrôle.C’étaitgénialdepasserdutempsavecelleetj’aihâtederecommencer.

Jet’appelleraisouvent,promis.

Je brise l’étreinte et récupère mon pantalon mouillé. Sophia m’accompagne jusqu’à la ported’entrée.Jelanceun«salut»àsasœurquimerépond,puisj’enfilemespompesetmonmanteau.

Parépouraffronterlefroid!commente-t-elle.

Jefaisaumieux,maisj’auraispluschauddanstesbras.

Ellemesourit. J’effleureunenouvelle fois ses lèvresdesmiennes,plusennuyéparune timiditémal placée maintenant. Mais je sais que ce sera encore le cas la prochaine fois que je la verrai.J’espère pouvoir revenir vite parce que je ne suis pas encore parti que déjà je ressens lemanqued’elle.

Salut,jedis.

Salut,merépond-elle.

Jesorsetellerestesousleporcheletempsquejedéneigemonpare-brise.Jemontedanslavoitureetroulejusqu’àmeretrouverdevantchezelle.Jestationneetouvrelavitre.

Rentre,tuvasattraperfroid.

Soisprudent!

Jet’envoieuntextoquandjesuisarrivé.

Ellehochelatêtepourapprouver.

Jeprendslarouteensuite.

Chapitre16

*Tyler*

J’aimisplusdudoubledutempsqu’ilm’auraitfalluencasdemétéoclémentepourarriverchezmesgrands-parents.Jeseraisrestéencoreneserait-cequ’unedemi-heurechezSophiaetjen’auraispaspuprendrelaroute.Mamieestheureusedemevoiretpapysoulagéquejesoisenfinarrivéchezeux.Jeposemonsacdansmachambreetenprofitepourenvoyerunmessageàmacopine.

Routemerdique.Jeviensd’arriver.Bisous.

Laréponsenetardepas,melaissantpenserqueSophiascrutaitsontéléphone.

Rassurée.Àbientôt.Bisous.

Jesouris,glissel’objetdansmapocheetretrouvemafamilleàlacuisine.Uneodeurtrèsagréablesedégagedufour,medonnantfaim.

Jedresselatablealorsquemagrand-mèrem’interrogesurmesexamens,qu’ellenesefassepassouci,jesuiscertaind’avoirtoutréussi.

Jenesuispaslegenredepetit-filsàappelerpourluidonnerdemesnouvelles,jelefaisseulementpourluicommuniquerlesdatesdemavenue.Alorsc’estdevantunepartdetartequ’ellem’interrogesurSophia,voulantsavoirsi leschosesontchangédepuismadernièrevisite.Dèsqu’ellevoitmonsourires’agrandir,ellesait.Jeluiraconteêtreencoupleavecelle,mêmesic’estnouveaupourmoietquej’ignoreencorecommentmecomporter.

Papypourraitt’expliquercommentteconduireengentleman.

Jesouris.Sij’écoutemongrand-père,ilyadeforteschancespourquej’oseàpeineprendremacopinedansmesbras,alorssongerausexedeviendraabsolumentimpensableavantlemariage.Lestempsontheureusementchangé!

Non,merci,jecroisquejemedébrouillerai!

Tonpèrearriverale24ausoir,iltel’adit?

Changementradicaldesujet.

Non,jen’étaispasaucourant.

Ilyaautrechose,Tyler,etc’estàmoiqu’ilincombedetel’annoncer.

Ok.Sijecomprendsbien,ellem’amisdansdebonnesdispositionsenmeparlantdemacopine,etmaintenantuntrucvraimentpasagréablevametomberdessus.

Ehbien,jet’écoute.

Tonpèreneviendrapasseul.

Jefroncelessourcilsenmedemandantcequ’elleveutdire.

Adrienseraaccompagnéparunefemme.

Unefemme?Ilfréquentequelqu’un?jedemande,étonné.

C’estplusqueça,mongrand,apparemmentilssontensembledepuisplusieursmois.

Jesuissurprisquemonpèrenem’enaitpasparléquandonadinéensembleenoctobre.Dernièresfoisquej’aieudesnouvellesdeluid’ailleurs.

Ehbien,jeferaiconnaissanceavecbelle-maman!

Je suis sarcastique mais j’ai quand même la rage. Monsieur le procureur n’a pas le temps des’occuperdesonfils,maisill’apoursanouvellemaitresse.Jesensqu’onvapasserunjoyeuxNoël.

Ilauraitdûtel’annoncerlui-même,jeluiaipourtantdit.Maistuconnaistonpère,iln’écoutepaslesconseils.

Et je tiensçade lui, je sais.Saufque je suisquandmêmemoinsborné, ilm’arrivedesuivrecequ’onmesuggère.

Net’inquiètepas,çava,jeluiassure.

Maisceneserapeut-êtrepaslecaslongtemps.Jeluidiraicequejepenseàceconnardquandjeleverrai!

Trop énervé pour regarder un film, je me retire dans ma chambre, prétextant être fatigué, etm’allongesurmonlit.JefixeleplafondenpensantàSophia,j’aienvied’êtreavecelle,d’autantplusquejelasaisseuledanssamaisonavecsasœur.Jemedisquejevaisl’appeler,paspourfairelepotdecolleenmanquedesavoix,seulementpourm’assurerquetoutvabiendesoncôté.

Salut,dit-elleendécrochant.

Salut,je...jevoulaisjustesavoirsitoutvabienpourtoi...aveclaneigeet...toutça,quoi.

Incapabledefaireunephrasecohérentesansbégayer.N’importequoi!

Oui,çava.Onamangédespizzasetonregardeunfilm.Ettoi?

Allongésurmonlit.

Ilesttôtpourtecoucher.

Je viens d’apprendre que mon père refait sa vie. Il a une copine et débarque avec elle dansquelquesjours.

Jesuisétonnédeluiavoirconfiécequimechagrineavecfacilité,moiquinelefaisquerarement,voirejamais.Maisc’estsortitoutseul,sansmêmequej’yréfléchisseavant.

J’entendsSophiadireàsasœurqu’ellevadanssachambre.

Tupeuxmeparlersituveux.

C’estjusteque...mesparentssontdivorcésdepuisquej’aidixans.Mamèrevitdanslesudavecsamerveilleusepetitefamilleetmonpèreestmariéavecsontravail...normalement.

Tuneconnaispassanouvellecopine?

Non,jenesavaismêmepasqu’ilenavaitune.Iln’aletempspourrien,pasmêmepourmoi.

Peut-êtrequ’elleestgéniale!

Ellemefaitsouriremalgrémoi.Cettefilleestunremèdepourmoi.Dommagequ’ellenepuissepaspansertousmesmaux.

Jetediraiçaquandjel’aurairencontrée.

Qu’est-cequ’ilfaittonpèrecommemétierpourêtresioccupé?

Oh...Ehbien,ilestprocureurdelaRépublique.

C’estdeluiquetutienstapassionpourledroit?

Siellesavaitlavérité,ellenes’amuseraitpasdecettefaçon.D’ailleurs,commentréagirait-ellesielle l’apprenait?J’aidessueursfroidesrienqu’àcettepensée,mais iln’yaaucunrisquequecela

arrive,jenecomptepasluienparler.Jamais.J’aienterrémonpassé,jeferaimonjob,maissansriendévoiler.Ellenesaurarien.

Oui,sansdoute.

Çamefaitmaldeluimentir,maisc’estmieuxcommeça.

Alors,quandtuserasdevenuungrandavocat,Tyler,penseàteménagerdutempspourtoi.Nefaispaslesmêmeserreursquetonpère.

Elleestadorable.

Quiteditquejeveuxdeveniravocat?Peut-êtreai-jemoinsd’ambitionetqu’unpostedejuristemeconviendrait.

Tuesdoué,ceseraitdutalentgâché.

Pasdoué,disonsplutôtquejen’aipaslechoix.

Danscecas,peut-êtrequejeveuxêtrejuge.

Jenet’imaginepassiégeràlaCour.

Ahnon?Etdansquelrôlemevois-tu?

Humm,jet’imaginebiendanstarobed’avocat,dansuntribunal,entraindedéfendreuninnocent.

Çaarriveravite,saufqueleprisonnierneserapassiinnocentqu’illeprétend.

Ettoi,queveux-tufaire?jeluidemandeafindedétournerlaconversation.

C’estcompliqué.

Raconte.

J’aitoujoursvouluêtreavocate,maisc’estplusdifficilequecequejepensais.SansMégane,jen’auraispasvalidémapremièreannée.

C’étaittaprofperso?

Oui,voilà.Lasecondeannéeestencoreplusdure,etsanstoijen’yarriveraispas.Situmelaissestomberpourlesecondsemestre,jesuisfoutue.

Rassure-toi,cen’estpasprévu.Jeseraiprèsdetoietturéussiras.

Jemedisquesi j’arriveàvalidercetteannée, j’aimeraisautantm’arrêteret trouverunjobdesecrétairejuridique.

C’estidiotsicen’estpascedonttuasenvie.

Maisunetroisièmeannéerisqueraitd’êtreinsurmontable.

Onva se spécialiser après, onne suivrapas tous les coursgénéraux.Tuopteraspour ledroitprivéparcequec’estcequitoucheraàtonmétierettoutsepasseratrèsbien.Onseraensemble.

J’ensaisrien,quandj’ypense,çameparaithorsdeportée.

Ilfautsebattrepourréalisersonrêve,etsit’aspaslaforcedelefaire,jet’épaulerai.Tuverrasqueturéussiras.

Jel’entendssourire.

Àt’entendre,toutestsimple.

Jeneveuxpasquetuabandonnesparpeurd’échouer.

Jevaisyréfléchir.

Je suis content de parler un peu avec elle, ça me fait du bien. Et comme j’apprécie, je restelongtempsautéléphoneavecelle.Ellemeparledesonpèrequitravailledansunesociétéd’import-export,desamèrequiestcomptableetdesasœurquiestencinquième,aucollège.J’enapprendsunpeuplussursesamis,dontMéganequiveutdevenirmagistrat.Jesuiscertainqu’elleréaliserasonvœuetsagrandeboucheluiserabienutiledanscemilieu.

M’étantunpeudévoiléendébutdeconversation,jeneraconteriend’autresurmoiàSophia.Nousfinissonsparraccrocheraprèsun«bonnenuit».Etelleval’être,j’ensuiscertain.

***

Lorsquejeregardeparlafenêtre,jesuisbiencontentdevoirqu’ilneneigeplus.Jeprendsmonpetit-déjeunertoutendiscutantavecmesgrands-parentspuisjeregardeunpeulatélévision.

Dansl’après-midi,jesors.JevaisaucafédeLuigi,làoùj’avaisl’habitudederetrouvermespotes.AlexestlàavecCédric,jelessalueetm’assoisàleurtable.

Putain!Çafaitunbail,lâcheAlex.

Lesétudes,j’élude.

AlexetCédricsontpeintresenbâtiment,ilsenontfiniavecl’écoledepuisdeuxans.Jesuisleseulici à faire des études supérieures. Si onm’avait laissé le choix, je serais rentré dans la vie activedepuisunmomentdéjà.J’auraischoisiunmétierenrapportaveclamusique.Jejouaisdelaguitare,j’auraispu...C’estdupassé,inutiled’ysonger.

T’eslàpourlesvacances?serenseigneCédric.

Ouais.

TufaisquoiàNouvelAn?

J’aidéjàdesprojetsavecdespotesdelafac.

Jeneparlepasdemacopine,mêmesiCédricenauneégalement,etdepuisdenombreusesannées.Ilselajouebadboy,maisc’estunmeccooletcasé.

Soiréepingouincul-cul!semoqueAlex.

T’escon,jebalancealorsquelananadubarvientprendremacommande.

Les gars sont déjà à la bière, ils sont sans cesse bourrés en soirée, ils commencent toujours àpicolertôt.Moi,jesuisplusraisonnable.

Uncafé.

T’esmalréveillé!metaquineAlex.

Pourtant,cenesontpastesgrands-parentsquidoiventt’empêcherdedormir.

SiCédrics’ymetaussi,jesuismalbarré!

Aulieudediredesconneries,dites-moiplutôtcequevousallezfairependantlesvacances.

Laboiteferme,onestlibres,seréjouitCédric.

TuvaspassertontempsavecChristine?

Pastout,non,ellebosse.

Sacopineadécrochéunjobdevendeusedansuneparfumerie,ilyapresqueunanmaintenant.

Oncomptesortir,ettoi?s’enquiertAlex.

Sortir,çameva.

Ladernièrefoisquejesuisvenuici,jememorfondaispourunefille,maintenantcen’estpluslecas,jevaisbienetj’aienviedem’amuser.Danslalimiteduraisonnable,jevousentendsdéjàgrincerdesdents.Jenesuispaslegenredemecàtrompersanana.Bon,ok,jel’aidéjàfait,maisj’enavaisrienàfoutredelananaenquestion.Cettefois,c’estdifférent.

Cesoir,onvaenboiteaveclesautres,m’informeAlex.

Lesautres,aliaslabandedeBehrenetdeForbach.Jesuispartant,çamepermettraderevoirtoutlemonde.

Jeroulesibesoin.

Jemepropose,commeçajesaisquejeneboiraipas,oupasplusd’unverre.

Moncaféarriveenfin, j’allais finirparmedemander si la serveusenem’avaitpasoublié. Je lepayeetenavaleunegorgée.Ilesttoujoursaussiinfect.Commentsefait-ilquedanstouslesendroitsquiserventducaféilsoitdansunepetitetasseethyperfort,limiteimbuvable?

Jediscuteencoreunpeuaveclesgarspuisjerentre,informantmamiequejesorscesoir.Ellemeregardedetravers,elleasansdouteenmémoiretoutesmesfrasquespassées.

Jesuissérieux,jeluiassure.Jeserailecapitainedesoirée.

Elleneditrien,continuantàmedévisager.

Etj’aiunecopine,jeneferaipasdeconneries.Promis.

Çavautmieuxpourtonmatricule,Tyler.Cen’estpasparcequetuvasavoirvingt-et-unansquejenetecolleraipasunebonnedérouilléesitufaisuneconnerie.

Messagereçu,mamie.

Detoutefaçon,jenecomptepasfairedebêtise.

***

*Sophia*

Cesoir,riend’extravagant,mesamisetmoiavonsdécidédeboireunverreaucaféduvillage.Enregardant lebillard, jemerevoisy joueravecTyler. Ilmemanque. Incontestablement.Nousavonsparlé longtempsau téléphonehier soir, et aujourd’hui rien. Je saisque jenedevraispasmesentirtriste,mais c’est pourtant ce qui se passe. C’est le vide dansmon cœur.Voir Patty avec Jordan etMéganeavecLucn’arrangerien.JeparleavecLaurent,espérant fairepasser lasoiréeplusvite.Jebois quelques despé, comme d’habitude. Nous jouons au billard et au baby-foot. Le sentiment demanquenedisparaitpas,mêmelesconneriesdeMéganenemefontpasautant rirequed’habitude.Tylermemanque.Et l’alcool n’arrange rien. J’ai enviequ’il soit avecmoi... envied’êtredans sesbras,desentirseslèvressurlesmiennes,sesmainssurmapeau.

Jeregardeplusieursfoismontéléphoneaucasoùj’auraismanquél’undesesmessages,maisjen’airienetjen’aipasassezdecourageenmoipourfairelepremierpas.Peut-êtrequ’aprèsuneautrebière...

***

*Tyler*

LeRétroàForbachestunediscothèquevraimentpasmal.LeDJestbondanscequ’ilfaitet,cesoir,surlapetitescène,desfillesnousoffrentunspectaclededanseenlingerie.

Avecmespotes,nousprenonsunetable,avecvuesurlascènepourAlex,leplusgrosobsédéquej’aierencontré.CédricestcolléàChristine.Noussommesvenusensemble,nousattendonslesautres.Déjànouscommandons,jem’autoriseunverred’alcool,leseuldelasoirée:unwhisky.

KarimetBenjinousrejoignentaprèsquelquesminutes,contentsdemevoir.Ilsn’ycroyaientpasquandAlexlesavaitassurésdemaprésence.

Lesfillesarriventendernier,sanssurprise.Émilies’assoitàcôtédemoi,déjàentraindemefairedurentre-dedans,ellenes’estjamaiscachédesonenviedememettredanssonlit–endroitoùjenesuispasalléetn’iraipas.Lananaestunecopineavecquij’aimeplaisanteretflirterjustepourlefun,jamaisjenedépasserailalimite.ClaudiaetEmmasecontententdemesaluer,pasdemecoller.

Déjà,onrigole.Etc’estàcemoment-làquejemerendscomptequetoutçam’amanqué.Mesamism’ontmanqué.

Unautrewhisky,chéri?meproposeÉmiliequandmonverreestvide.

Nan,c’estmoiquiroule.

Ellefaitlagrimace.Ellen’apasceproblème,ellehabiteàquelquespasduclub.Combiendefoisj’aifiniivremorticietqu’elleatentédemefairevenirchezelle.Jen’aijamaiscédé.EtquandjevoiscequisepasseavecJulie,jemedisquej’aibienfaitdenepassauterd’autrescopines.

Notre tablée se vide puis se remplit et se vide... bref, vous avez compris. Tout le monde aimedanser,saufmoi.Cequiarrangemesamis,jepeuxgarderunœilsurlesverres.Unconnardquipassediscrètementetglisseunemerdededans,çaarrivevite.

Je regarde le spectacle sur la scène, les femmes qui se déhanchent en déshabillé. Quoi ? Je netouche pas. Jeme demande si Sophia est de ce genre. Jeme la représente plutôt commeune nanacalme,poséeetprude.J’ignoresielleestencorevierge,onn’abordepascegenredesujet,maisçanem’étonneraitqu’àmoitié, ellen’estpasdu toutentreprenante.Parcontre,quand il sepasseun trucentrenous,c’estl’effervescence,lesétincelles.Jekiffed’êtreavecelle.

Tuviensdanser?meproposeÉmilie.

Non,maistupeuxyretourner.

Elleplisselesyeux,sevoulantméchante,ellemefaitdéraillerquandellefaitça.Émilies’assoitàcôtédemoi,sajuperemontesursescuisses,elleauraitdûenmettreuneencorepluscourte!

Turestestouteslesvacances?

Jereparsletrente-et-un.

Impossible!OnfaitunemégafiestachezLoïc.

LoïcestunmecconnuàForbach,noussommesvaguementpotes,maisjesaisquepasmaldemesamistrainentaveclui.

Disquetuviendras!insiste-t-elle.

Jet’aidéjàrépondu,jeneseraipaslà.Jefaisunefiestamoiaussi.

Ettunem’aspasinvitée?

Maintenant,ellejouelananaindignée.

Onseraenpetitcomité.

Avectespotesdelafac?

Ellemimeuneenviedevomir.

Onsaits’amuseraussi.

Enjouantauscrabble?

C’estquoi,ça?jememoque.Nous,onestplutôtdugenrelasergame,ciné,discothèque...enfin,tuvoisquoi,cequefontlesgenscivilisés.

Émilielèvelesyeuxauciel.

Jenesaispassilafacteréussit,maisjetetrouvechangé.Plusposé.

Est-ceunproblème?

J’ensaisrien.J’aimaisbienl’ancienTyler,celuiquibuvait,quifumaitavecmoietquiaglissésamainsousmajupeunefois.

J’esquisseunsourire. Je l’avaisoubliée,celle-là. Il estvraique j’ai légèrementdérapéavecellequandmes doigts se sont glissés sous l’élastique de sa culotte.Maismes fringues sont restées enplace,jen’aifaitqueluidonnerduplaisir,mêmesijenemesouviensplustrèsbiendecemomentoùj’étaisbourréoushooté,voirelesdeux.Lasaleépoque.

Émilies’approchepourmeparleràl’oreille.

Tutesouviensdetesdoigtsmefouillant,demoicrianttonnom.

Vaguement,jeréponds.

Karimrevientàlatableàcemoment-là,unenouvellecanetteenmain.Ilestavecunefillequejeneconnaispas.Émiliemeprendlamainetmedemandedelasuivre,commeuncon–ouungarsbienélevé –, j’obéis. On s’engage dans un couloir, elle neme lâche toujours pas, on passe devant lestoilettesdesfemmes–blindées–,puisonentredanscellesdeshommes–vides.

Euh...tunet’espastrompéedeporte,jebafouille.

Ellepousse lesdeuxportesdecabinetpour s’assurerqu’iln’yapersonneetm’attrapepourmepousserdansl’und’eux.Là,çanevapaslefaire.

Jevaisterafraichirlamémoire,m’annonce-t-elle.

Elleprendmamain,maisjelaretireaussitôtquandjecomprendsquesonbutestdelamettreentresescuisses.

Jet’aiconnumoinstimide,Ty’.

Jedécided’argumenterpourespérerqu’ellemefichelapaixunebonnefoispourtoutes.

J’aiunecopine.

Moiquipensaisquec’étaitlaphraseàprononcerpourêtredébarrasséd’unpotdecolle,jeréalisequej’avaistort.Émilieesttoujourslà.

Etalors?Jenelavoisnullepart.

Et pour cause !Elle habite un peu loin. J’aurais pu aller la chercher et la ramener ensuite, saufqu’avec laneigesur les routeset leschutesannoncéespourcettenuit,celaauraitétéunemauvaiseidée.On se serait retrouvéscoincés sur la route,plusdebatteriepour le chauffage, seulementnoscorps glacés pour se tenir chaud.Remarque, sans vêtements ça aurait pu le faire.Qu’est-ce que jeraconte?

Qu’ellesoitlàoupasnechangestrictementrienpourmoi,jeneferaipasça.

Jelarepousseetsorsducabinet.

Jetepréféraisquandtun’avaispasdeprincipes!maugrée-t-elle.

Jemefousdetonavis,jelanceavantdesortirdestoilettesdeshommes.

J’aienviedemetirerd’icimaintenant,maisjedoisramenermespotesdeBehren,alorsjereste.Plusjamaisjeneconduiraiquelqu’unquelquepartdetouteslesvacances,c’estunecertitude,jeveuxêtrelibrederentrerquandj’enaienvie.

***

*Sophia*

Tylern’atoujourspasappelénidonnédesignedevie,etnoussommesmardi!Plusieursfoisj’aieuenviedeluiécrireunmessagemaisjemesuisretenue,parcraintedeledéranger.Alorsjepatientemêmesiletempsmeparaitlongetquej’aienviedelevoir.Jel’imaginetrèsoccupé,d’autantquejesaisqu’iladesamisdanslevillage,etqueJulies’ytrouveaussi.

Jen’aipasparlédetoutcequis’estpasséchezmoi,danslaneige,avecluisamedi,àmesamies;j’aienviedegardercetinstantdansuncoindemoncœurcommeunjardinsecretprécieux,àchérir.

Cematinj’aiprisd’autrescoursdeconduite,j’aimeraispouvoirrapidementpassermonpermisetjepourraiavoirunevoiture.Mesparentsm’ontpromisdem’enoffrirunedèsquej’aurailepapierroseenmain.

Cetaprès-midi,lesfillesetmoiavonsprévud’alleràMetzpourfairelesmagasinsjusteavantNoëlalors je cesse deme lamenter surmon sort etme prépare. Luc a proposé de nous y conduire, ilpasserame prendre d’ici dixminutes.Nous rentrerons ensuite en train. Jeme demande si je doisacheteruncadeaupourTyler,j’enaienvie,maisjen’aiaucuneidéedecequiluiferaitplaisir,sanscompterquesonsilencem’inquiète.

Maman,Lucestlà,j’yvais!Àcesoir.

Amuse-toibien!

Jemecouvreparcequelefroidnesemblepasvouloirpartir,seulelaneigeestalléevoirailleurs.Maispourcombiendetemps?Lepaysageestencoreblanc.

Salut!jelance,enjouée,enmontantdanslavoiture.

Mesamismerépondent.

Lucmetlamusiquesifortequ’ilnousestimpossibledeparlerdurantletrajet,puisilnouslaisseprèsduparkingdelaRépublique.

Jesuiscontented’êtrelà,çam’éviteradepenserà...Non,jen’ysongeplus.

Qu’est-ceque tuvasacheterà tesparents?demandeMéganeàPattyalorsquenousmarchonsdanslarueSerpenoise.

Aucuneidée.Ettoi?

Mêmechose.

Elless’esclaffent.

Ettoi?s’enquiertPattyenmeregardant.

Commevous,çamesemblepasmal.

Nousrigolonsdeplusbelle.

Toutcequejesais,c’estquejevaisoffrirunemontreàLuc,annonceMégane.

Ohgénial!Moi,jesongeaisàunHugoBosspourJordan,répliquePatty.

Commejegardelesilence,lesfilless’arrêtentsubitementetmedévisagent.

Quoi?J’aiuntrucsurlevisage?jedemandeàtouthasard.

Quevas-tuoffriràTy’?m’interrogeMégane.

J’aipasd’idée.Etpuis...j’aipeurque...jesaispas.Onn’estpasensembledepuislongtemps,pascommevous.Et...

Etquoi,Soph’?Tut’inquiètespourrienlà,merassureMégane.Onvat’aideràlui trouveruntrucsympa.Ilestfumeur,tupourraischoisirunbriquetoriginal.

Iln’apasdonnédenouvellesdepuissamedi,jeleurconfie.

Lesfillessaventquejesuisrentréedescoursdeconduiteaveclui,paslereste.

Tunel’aspasvudepuisqu’ilt’adéposée?essaiedecomprendrePatty.

C’estça,maisons’estparlésautéléphonelesoir,puisplusrien.

Tusaisquetoiaussitupeuxlecontacter,m’informeMéganecommesij’étaisunecruche.

Jeneveuxpasledéranger.

Imaginequ’ilsediselamêmechose.

Jesais,c’estridicule,etellearaison.Peut-êtrequ’iln’osepasetqu’ilattendquejelefasse.Peut-êtrequemonsilencel’inquiète...Jenesaisvraimentpasquoipenser.

Envoie-luiunmessage!m’ordonnepresqueMégane.

Non!

Si.Dis-luiqu’iltemanqueouquetupensesàlui.

Maisçavapas!

Tupeuxjusteluienvoyer«bisous»,mesuggèrePatty.

Onn’apasdescoursesàfaire?jedemandeenmeremettantenmarchepourqu’ellesmelâchentenfin.

Pattytrouverapidementleparfumqu’ellecherchaitpoursoncopain,etMéganelamontre.Onenest toutes aumême point quand il s’agit de gâter nos parents, alors on décide d’acheter lemêmecadeau,deschocolatspournosmamansetunebellebouteilledewhiskypourlespapas.JeprendsunCDpourChloé,mesamiestrouventaussidesbabiolespourleursfrèresetsœurs.EtlesujetdeTylerrevientsurletapis.

Tuveuxqu’onaillevoirpourunbriquet?meproposeMégane.

Jecède,aumoinsj’auraiquelquechose,aucasoù.Sij’étaispeuconvaincueparl’idéeaudépart,jetrouvefinalementqu’ellen’estpasmaletjeluienprendsunavecunetêtedemortgravéedessus,luiquiporteunebagueavecunmotifdugenreaimerasansdoute.

Nous avons même le temps de boire un verre au café et, comme je le redoutais, je subis uninterrogatoireautourdelatable.Alorsjevidemonsacetleurracontedanslesgrandeslignescequis’estpassésamediaveclui.Labatailledeboulesdeneige,quilesfaitsourire,etlesbaisersintenses,limiteérotiques,quenousavonséchangésensuite.Jeconclusavecnotreconversationdesamedisoirsansendonnerlessujets;jegardelesdétailspourmoi.

Jecontinuedepenserquetudevraisluienvoyerunmessage,meconseilleMégane.

Etjeluidiraisquoi?

Lavérité,quet’asenvied’êtreaveclui,qu’iltemanque.

Nevapasluidemandersivousêtestoujoursensemble,précisePatty.

J’esquisseunsourireforcé.J’avouequel’idéem’atraversée.Pasdeluienvoyerunmessage,maisquepeut-êtreilavaittrouvéuneautrefille...

Finalement,ellesparviennentàmeconvaincrealors jesorsmontéléphoneetcommenceà taper.Ensuite,jeleleurlis:

J’aienviedetevoir.Tumemanques.Bisous.

Quandjevoisleurespritenpleineréflexion,jepâlis.

C’esttropdirect?jem’inquiète.

Possible,reconnaitMégane.Essaieplutôt:çatedituncinécesoir?

Jesecouelatête.C’estpourtantellequim’aconseillédeluidirequ’ilmemanquait.

Ets’ilrefuse?

Sit’estoutletempsentraindetetortureravecdesquestions,tuneferasjamaisrien!

Jesaisquemameilleureamiearaison,alorsjemelance,tapecequ’ellemeditetenvoie.

S’ilteditoui,j’appelleLucdesuitepourqu’ilviennenouschercher.

Jestressedurantlesminutessuivantes,medemandantsiTylervarépondre,espérantqu’illefasse.Jesourisquandmontéléphonem’annoncel’arrivéed’unmessage.

Neigeannoncée.Jepréfèrepasbouger.Jet’appelleplustard.

Jedétestelafroideurdesontexto.

Je lemontre aux filles.Patty le traite de connard,Mégane estmoins catégorique,medisant quec’estpasmald’avoirunmecprudent.Moi, j’aibesoind’unverrepouroublierquemoncopainsedésintéressedemoi.

Chapitre17

*Tyler*

Çam’emmerdederembarrerSophia,maisjen’aipaslechoix.Letempsestpourridehors,jenepeuxpasprendrelerisquedenousfaireavoirunaccidentouqu’onseretrouvebloquésdanslaneige.

JesuisaucaféavecAlexetCédric,jenepouvaispasappelerSophiatoutdesuite,maisjeleferaidèsquejerentreraipourluiexpliquerleschoses,jenevoudraispasqu’elleleprennemal.

Jeboisunebièredeplusetuneheureaprèsjedécided’abandonnermesamis.

Dèsquejepasselaporte,jesenslabonneodeurquis’échappedufour,dupouletrôti.

Tuasbesoind’aideoujepeuxtéléphonerunmoment?jedemandeàmagrand-mère.

Jemedébrouille,mongrand.

Jesourisetvaisaucalmedansmachambre.Dansdeuxjours,ceseraleréveillondeNoël,l’arrivéedemonpèreavecsanouvellepoule.Vivementquetoutçasoitfini.

J’appelleSophiaenespérantqu’ellen’estpasoccupée.

Salut,dit-elleendécrochant.

Salut.Jenetedérangepas?

Non.

J’auraisadorétevoir,tusais,maislamétéon’estpasclémenteencemoment.

Jesais.

Enplus,auciné...Oniratouslesdeuxdèsquelaneigeneseraqu’unmauvaissouvenir.

Pasquemauvais.J’ailesouvenird’unebatailledeboulesdeneige...

Jesourisenyrepensant;j’avaisvraimentpasséunbonmomentavecellecejour-là.

Tuveuxdirequandjet’ailaminéeouquej’étaisallongésurtoi?

Jel’entendsrire.

Jeveuxunerevanche.

L’idéemeplait,maisjedoutequ’onpuisselaconcrétiser.Lesroutessontsouventdangereusementpraticables.

Surquoi,monange?Labatailleoulereste...

Tumemanques,Tyler.

Je deviens sérieux d’un coup. Je ne m’y attendais pas mais j’avoue que ça me fait plaisir. J’ail’impressionquemoncœursegonfledejoieàcesmots.

Situsavaiscommej’aienviedeteserrerdansmesbras,jeluiréponds.

Tufaisquoidebeaupendanttesvacances?

Jetraineavecdespotes.

Moiaussi.

Nousdiscutonsencoreunmoment,jusqu’àcequemagrand-mèrem’appellepourmanger,enfait.Nousparlonschacundenosoccupations.

Onpasseàtable,jedoisraccrocher.

D’accord.

Jeteprometsdevenirtevoirdèsqu’ilneneigeraplus.Passeunebonnesoirée.

Toiaussi,Tyler.

Jecoupelacommunication.

Bonsang,cequ’ellememanque.

***

*Sophia*

Je suisheureusequeTylerm’ait appelée, çam’a fait dubiendediscuter avec lui, d’entendre savoix.JedevraissuivreleconseildeMéganeetluienvoyerdestextosplussouvent,çam’éviterademeprendrelatêteetdem’imaginern’importequoi.

Comme je le supposais, il ne viendra pas avant Noël, de fortes chutes de neige sont encoreannoncéesjusqu’au25décembre.C’estenpréparantlerepasduréveillonavecmamèrequej’aiuneidéeintéressante.SiTylernepeutpasvenirparlaroute,illepeutparletrain.Jefaisunepausedanslaconfectiondel’entréepourluienvoyeruntexto.

Lamétéoestcontrenous...quedirais-tudutrainpourmerejoindrele26?

J’attendsuneréponsequinevientpas.Jemeremetsàlacuisineenmedisantqu’iln’apasdûvoirmon message ou qu’il est lui aussi en plein préparatif, mais je ne peux m’empêcher d’avoir unpincementaucœur.

Quandmontéléphonesonne,c’estpourm’annonceruntextodeMégane.Ellem’aenvoyélalistedecequejedoisapporterauréveillondeNouvelAnchezLorenzoetlesautres.JesuisdéçuedenepasavoireuderéponsedeTyler,maiscontentedesavoirquedansunesemaine,jourpourjour,nousseronsensemble.

***

*Tyler*

MonpèrepasselaporteavecunepoupéeBarbiedemonâgeàsonbras.Non,maisdites-moiquejerêve!

Magrand-mèreneditrien,maisvusonvisage,ellen’étaitpasaucourantdecedétail.

Bonjour,Adrian.

Bonjour,maman.Tuasl’airenforme.Toiaussi,papa.

Fiston,çafaitdubiendet’avoiràlamaison,seréjouitpapy.

Le regard de mon père se pose sur moi, adossé au mur, encore sous le choc. Cette gonzessepourraitêtremasœur,oumameuf,auchoix–elleestpasmal.

Bonjour,Tyler.

Pa’,jelance.

Vousn’entendrezjamaismonpaterneldire«salut»,c’esttropfamilierpourlui.Monsieurdonnedansledistingué!

Papa,maman,Tyler,jevousprésenteNoémie,macompagne.

Blonde évidemment, fine, habillée classe, maquillée, manucurée, cette nana pète dans la soievisiblement.

Mesgrands-parentslasaluentavecpolitesse,moij’aidécidéd’enfairebaveràmonpèrequin’apasdetempspoursonfilsauprofitdesapoufiasse.Jesaisbienqu’ellen’ypeutrien,maislàtoutdesuite,jem’enfous.

Bonjour,man’.Mamie,tuveuxuncoupdemain?

Elleseretientderireenacceptantmonoffre,jelasuisdanslacuisinetandisquemongrand-pèreconduitsonfilsetsapouledanslachambrequ’ilsoccuperontcettenuit.Heureusement,ilsrepartentdemainaprèsledéjeuner.

Montre-toipoliavecNoémie,mongrand,mesermonnegentimentmamie.

Jelesuis.J’aiditbonjour.

Ellen’insistepas.Jel’aideàdresserlatabledanslasalleàmangerpuis,deretouràlacuisine,ellemedemandesij’aiappelémamère.

Noémie?jeblague.

Ellemelanceunregardsévère.

Qu’est-cequetuveuxquejeluidise?Ilestencoreunpeutôtpourlaprévenirdemavenuel’étéprochain.

Tupourraisessayerdeluisouhaiterunbonréveillon.

Jepourrais,maiselledoitêtreoccupéeavecsonmariparfaitetsanouvellefamilleparfaite.

Tyler,soupiremagrand-mère.Noraneméritepastoutecettefroideur.

Jetrouvequesi,ellem’aabandonnéquandj’avaisdixans,jeterappelle.

Ellet’alaisséàtonpère.

C’estdupareilaumêmepourmoi.Tuveuxdéjàservirl’apéro?

Dèsqu’ilsserontinstallés.

Jepeuxlespresser.

Tyler!meréprimande-t-elle.

Ok.J’ail’impressionquelasoiréevaêtreaffreusementlongue.Jemedétendsdevantlatélévisionen attendant que le couple princier soit installé et qu’on puisse prendre l’apéro.Ce qui se produitvingtminutesplustard.

Mamieremplitlescoupesdekirroyaletnoussouhaiteunbonréveillon.Jevaismeteniràcarreaupourelle,maiscen’estpasgagné,ceseraundéfi.

Alors,papa,tunem’asditquelâgeàtacopine,jelance.

Pasennuyélemoinsdumonde,ilm’informequ’elleavingt-deuxans.Luienaquarante-cinq,maisilnesemblepaspercuter.Cequisignifiequequandilavaitmonâge,Noémien’étaitpasnée,c’estlimitemalsain.Maispuisquecelanesemblepaslesdéranger,jenevaispasmeprendrelatêteavecça.

Tuesencoreàl’école?j’interrogemabelle-mère.

Non,jetravailledanslescosmétiques.

Vousvivezensemble?

Onl’envisage,merépondmonpère.

Lapauvre!Jeluisouhaitebienducouragepoursupporterlesabsencesdesonhomme.Mamèreenaeumarreauboutdedixans.Àsaplace,jemeseraistirébienavant.

Vousenvisagezausside fairedesenfants?Parceque jene saispas si tuas remarqué,mais tagonzessepourraitêtrelamienne.

Tyler!vocifèremonpère.Negâchepaslerepas.

C’estàcemoment-làquemontéléphonem’indiqueunmessage.Jen’aiaucuneenviederépondreàquiquecesoit.Ceconnardestentraindemefairechier,parlàcomprenezmonpère.LeSmartphone,jem’encontrefous.

Cen’estqu’unrepas.Toi,c’estmaviequetuasgâchée!

S’ilteplait,Tyler,intervientmagrand-mère.

Pourelle,jelafermeetjeresteassismalgrémonenviedebalancersesquatrevéritésàmonsieurleprocureuretdedégagerd’icitoutletempsqueluiysera.

Le reste du diner se passe bien puisque je n’ouvre pas la bouche, je fais même attention àmaconsommationdevinpournepaspéterlesplombs.Mesaïeulssechargentdefairelaconversation.

Après avoir aidé mamie à débarrasser la table, je sors prendre l’air quelques minutes etaccessoirementfumerunecigarette.Quandj’entendslaportes’ouvrir,jem’attendsàvoirmonpère.Maisc’estNoémiequisetientsousleporche,enveloppéedanssafourrure.

Lacigaretteestnéfastepourtasanté.

Mercipourl’info,jen’étaispasaucourant.

Visiblement,tuasunproblèmeavecmarelationavectonpère.

Oh,cen’estpastoi,c’estluiengénéral.

J’espèrequ’onpourras’entendre.

T’aspresquemonâgeettubaisesavecmonpère,c’est…répugnant.

Jesuisamoureusedelui,m’avoue-t-elle.

Jenevoisvraimentpascequetuluitrouves.

Peut-êtrequesitulevoyaisavecmesyeux,tucomprendrais.

Non,merci.

Lesilences’installe,j’espèrequ’ellesetirepourquejepuissem’intoxiquertranquillement,maiscen’estpascequiseproduit.

Tumefilesuneclope?

Jelaregardeavecétonnement,cen’estpasellequivientdemedirequec’étaitmauvais?

Parcequetufumes,peut-être?

Parfois.Jemedisqueçapourraitêtreunpointdedépartànotrerelation.

Relation?jel’interrogeensortantunecigarettedemonpaquet.Tuyvasfort.

Je la lui tends, elle la prend en réclamant du feu. Je ne comprendspaspourquoi elle fait ça.Enmêmetemps, ilyades tonnesdechosesque jenecaptepaschez les filles, iln’yaqu’àvoiravecSophia,jesuissouventlargué.

JeremetsmonbriquetdanslapochealorsqueNoémietireunetaffe.Ellenetoussepas,j’endéduisqu’ellenem’apasracontédeconneriesursaconsommationoccasionnelle.

Ilyadeschosesqu’onpourraitfaireensemblepourapprendreàseconnaitre.

Ellem’amuse.

Commequoi?Fumerunjoint?Prendreunecuite?Soissérieusedeuxsecondes.

Tunepensespasqueceseraitplussimplesitumevoyaiscommeuneamieplutôtquecommelacompagnedetonpère?

Onn’estpasamis.Jeneteconnaismêmepas.

C’estpourçaquejeteproposequ’onfassedestrucsensemble.

Jesuiscurieuxdesavoiràquoitupenses?Tuvasm’emmenerfaireuntourdemanège,puistumepayerasuneglace,jetente.

J’éclatederire.Finalement,c’estunetrèsbonneidéequ’elleaeuedemerejoindre.Aumoins,jenebroiepasdunoiretjepeuxmedétendre.Non,maiscettefillenedoutederien!

Biensûrquenon.Jepensaisàquelquechosequefontlesjeunes.

Uncinéavecmabelle-mère?Outupensesàunesortieenboite?Jetepréviens,jenedansepas.

Ellesoupireenlevantlesyeuxauciel.

Tunefaisaucuneffort.

Donne-moiunindicesituveuxquejedécouvretesintentions.

Jesaisbienqu’ellen’apasd’idéeprécise,elleestlarguée,etjem’enamusecommeunpetitfou.J’aipasfini,j’aiencorequelquesidéesenréserve.

Ah!Oh…non,y’apasmoyen.

Noémiefroncelessourcilsenmeregardant,tentantdedécouvrircequejepense.

Qu’est-cequetuasentête?m’interroge-t-elle.

Tuveuxqu’onbaise,mêmepasenrêve!

Ellemefixe,horrifiée,etjettesacigaretteavantderetourneràl’intérieur.Dommage,jerigolaisbien.

Jeresteencoreseulunmomentavantderentreràmontour.Monpèren’apasl’airperturbé,j’endéduisqueNoémien’apasété rapporternotrediscussion. J’aidemagrand-mèreàdresser la tablepourledessertetonmangelabûcheglacée.Jelancedesregardsenbiaisàmachèrebelle-mèrequinesaitplusoùsemettre.Lasoiréen’estpasmalfinalement.

Aprèslecafé,danslacuisine,mamiemedemandeàquoijejoue.Elleestlaseuleàavoirremarquémonmanègeetn’approuvepasdutout.

Àrien.L’autrecruchecroitqu’onpeutpasserdutempsensemble,àfairedestrucsdejeunes,jeluiaiproposécequejefais:unjoint,unecuiteoudusexe.

Tyler!

Quoi?

J’éclatederire,maiscesseimmédiatementquandjecroiseleregardnoirdemagrand-mère.

Tuvasmefaireleplaisirdet’excuserauprèsd’elle.

Jesaisparfaitementquesadécisionestsansappel.

Ok.

Saufque lorsque je retournedans le salon,monpèreet samaitresse sont sur lepointd’aller secoucher,jedécidederemettreçaàdemain,etenfaisautant.

C’estquandjeveuxmettremontéléphonesursilencieuxquejeremarquequej’aiunmessage.IlestdeSophia.Ellemeproposed’allerlavoirentrainle26.Êtreavecellemeferadubien,maisletrain,trèspeupourmoi.Jerépondraidemainquandj’auraivulamétéo,detoutefaçon,elledoitdormiràl’heurequ’ilest.Etpuis,simonpèrearéussiàvenirjusqu’icienvoiture,j’arriveraiàallerchezelle.

***

Jemelèvetôt,aprèstoutc’estNoëletjecomptedonneruncoupdemaindanslapréparationdurepas.Mamieestdéjàlevée,lecontrairem’auraitétonné.J’avaleuncaféetmangedeuxtartinestandisqu’ellefourreladinde.

Penseàappelertamère,lance-t-elle,minederien.

Jeleferai,j’acquiesce,sinonellenemelâcherapasavecça.

Quandj’aidébarrassématable,jeluiproposemonaideetdresseleplatd’entrée.Magrand-mères’arrangepourfaireleschosesbien,jemeprometsdenepasgâchersajournée.Detoutefaçon,jeresteraisilencieux,commeçailn’yaurapasdeproblème.

Tusaiscequ’ilsannoncentcommetempsdemain?jemerenseigne.

Ilmesemblequ’ilnedevraitpasneiger.

Jepeuxprendrelaroutealors.

Oùveux-tualler?

Voirmacopine.

Ladiscussions’arrêteiciparcequemonpèreentredanslapetitepièce,accompagnédeNoémie.Jen’auraipaslaréponseàmaquestion.

Bonjour,maman,dit-ilavantdel’embrasser.

Bonjour,Huguette,enchainesacompagne.

Vousavezbiendormi?

Trèsbien,merci,répondmonpère.

Unvraicoincé,cetype,tropbourgeoispournous.

Çava,Tyler?s’intéresse-t-il.

Onnepeutmieux.

Jefaisdel’ironie,maisiln’yvoitquedufeu.Mabelle-mèrenemecalculepas;j’aidûallertroploinhier.Honnêtement, jem’en fous.Mais j’aipromisàmamiedem’excuser,donc jevaisdevoirm’ycoller.

Dès que Noémie se détache de mon père, je lui demande de me suivre dehors. Elle aurait purefuser,néanmoinsellem’emboite lepas.Nousmettonsnosmanteauxet restonssous leporche. Ilneigeencore,j’enaimarredetoussesflocons!

Jeluiproposeuneclopequ’ellerefuseavantdem’enallumerune.

Pourquoisuis-jeici?medemande-t-elle.

Parcequetuaslastupiditédesortiravecmonpère.

Soyonssérieux!

Pourquejeteprésentemesexcuses.J’aiététroploinhierenparlantdesexe.

Tusaisqu’ilnesepasserajamaisrienentretoietmoi,Tyler.

Jem’étouffeàmoitiéenavalantmafuméeettoussequelquessecondes.

Tuessérieuse?

Jelislasurprisesursonvisage.Afinqu’ellen’interprètepasmalmesparoles,jeprécise.

Jeneveuxrienavectoi,putain!T’esmaladeouquoi?Jenebaiseraijamaislacopinedemonpère,aussibonnesoit-elle.Etpourtoninfo,maman,j’aiunecopine.

Jelavoispâlir.Visiblement,ellepensaitmefairedel’effet.

Sic’estmoiquiteplaischezmonpère,tupeuxoublier.

Jen’aijamaisditça.C’estjusteque...toutcequetudisaishiersoir...

C’étaitpourtefairechier.J’enairienàfoutrequetutetapesmonpère.C’esttoiqueçaregarde.Jetemetsjusteengarde,quandilseseralassédetoi,ilretrouveralafemmedesavie.

Sesyeuxs’écarquillent.

Sontravail,jeprécise.

J’écrasemacigaretteetretourneàl’intérieur.

Toutlemondenousattendaitpourl’échangedecadeaux,danslegenrediscret,onfaitmieux!Jem’enfous,jen’airienàcacher.Dumoins,rienaveclameufdemonpère.

Ondoits’asseoirautourdusapin,alorsallons-y.Chacunprendlespaquetsàsonnometlesouvre,j’ail’impressiond’avoirdixans,maisçafaittellementplaisiràmagrand-mère.Malgrémonmanqued’entrainpouroffrirquelquechoseàmonpère, j’ai faituneffort, sagonzessen’a rien, jen’avaisqu’àêtreinformédesavenueplustôt.

Quandlecalvaireestterminé,j’emporteletoutdansmachambre.Unpulldelapartdemesgrands-parents, unemontre de celle demon père (pas n’importe quoi, une Rolex) et un livre de droit deNoémie.Jeprofited’avoiruneminuteàmoipourrépondreàSophia.

Pasletrain.Jet’appelleaprès.

Nouspassonstousàtable,jeresterelativementsilencieux,nerépondantqu’auxquestionsqu’onmeposesansm’énerver.Pourparveniràmemaitriser,jeneboisquedel’eau.

Aprèsledessert,monpèreetsacompagnes’envont.Iln’yaeuaucunealtercationentreluietmoi,maisçaarriverainévitablement.

Commentçasefaitquejen’étaispasaucourantpoursacopine?j’interrogemagrand-mère.

Jesupposequetonpèreaeupeurdetel’annoncer.

Jepeste.Çamerenddinguequ’ilnem’aitrienditquandjel’aivuaumoisd’octobrealorsqu’ilétaitdéjàencoupleavecNoémie.

Tusaisqu’encomptantaujourd’hui,c’estladeuxièmefoisquejelevoyaisdepuisquej’étudieàMetz.

Ellesemblepeinée,jenepensepasqu’elles’endoutait.

Peut-êtrequetupourraisrentrercheztoilesweek-endsetpasserdutempsaveclui.

J’éclatederire,çan’arrivepas.Jamais.

***

*Sophia*

Onestaudessertquandjereçoisuntexto.DeTyler,s’ilvousplait.Moiquicroyaisunenouvellefois qu’il m’avait oubliée. Je suis énervée en lisant ses mots. Je comprends qu’il ne compte pasprendre le train pour venirmevoir,même si c’est le seulmoyen, et j’en suis vraiment peinée. Jem’attendaisàquoi?Jepensaisqu’ilm’aimaitbien...dugrandn’importequoi,visiblement.

Jenerépondsrienetcontinuedediscuteravecmacousine,elleaseizeans,maisc’estlaseulequiserapprocheleplusdemonâgeici.

Tous lesans, le repasdeNoëla lieuchez tanteRenée, la sœurdemamère.Toute la familleestprésente, dumoins le côté demamère.Mes cousins sont tous âgés demoins de dix ans, il n’y aqu’avec Jessica que je peux m’occuper. Même si ça ne suffit pas à me faire oublier Tyler. Soncomportementm’exaspère.Jenel’imaginaispascommeçaenlevoyanttouslesjoursàlafac.

Montéléphonesonneunedemi-heureplustard,noussommesaudigestif,aucafépourmoi.C’estTyler.Jel’envoiedirectsurlamessagerie,jenesuispasàsadisposition.Ilaeumonmessagehieraprès-midietc’estseulementmaintenantqu’ils’eninquiète!

Montéléphonesonneànouveau,jerefusel’appel.Tylerneselaissepasdémonter,ilessayecinqfoisdesuite.Cinqfoisoùjel’envoiesurlerépondeur.Enfin,lessonneriesintempestivescessent.

Pourquoitunerépondspas?m’interrogeJessica.

Dequoiellesemêle?

Jen’aipasenvied’enparler.

Voilàquiclôtladiscussion.

J’ailepressentimentquelajournéeseraencorelongue!

Mon téléphone sonne à nouveau, quelques minutes plus tard, moi qui pensais que Tyler s’étaitlassé!Jel’envoiesurlerépondeur.BientôtunSMSm’indiqueunmessagevocal.Lacuriositéétantplusfortequetout,jel’écoute.

Salut,appelle-moi.

Ilnemanquepasdetoupetdemedonnerunordre!Ilestclairquejenelecontacteraipasdesitôt...saufsijecraque.

***

*Tyler*

Cesoir,j’aisuiviAlexetCédricchezBenji,ungarsquihabitedanslamêmeruequemesaïeuls.D’autrespotessontlàaussi,dontÉmilie.Jesuisinstalléconfortablementdansunfauteuil,unjointàlamain–unbesoinurgentdedéstresser !Comprenez-moi,oupas, après lavenuedemonpèreetl’impossibilitédejoindreSophia,j’avaisbesoindequelquechosepourmedétendre.Alorsjefumeducannabis.

Jesuissurunepenteraideencemoment,etj’enaiàpeineconscience.

Émilies’incrustesurmesgenouxavecunverredewhiskyqu’ellemetend.

J’enveuxpas.

J’enaidéjàbuunetilmesuffitamplement.

T’esfranchementpasdrôle!rouspète-t-elle.

Jen’avaispasl’intentiondel’être.

Ellevide leverreet lepose sur leguéridon justeàcôtéavantdenouer sesmainsautourdemanuque.

Déjà, elle m’agace. Je me laissais faire par le passé, mais plus maintenant. Je n’y connais pasgrand-choseenrelationdecouple,toutefoisjesaisqu’untelrapprochementavecunenanaquin’estpaslamiennen’estpastoléré.Jelarepousse,ellerâlebienqu’elleselève.Jel’imite,écraselejointàmoitiéfumédansuncendrier,attrapemonmanteauquej’enfileetmetirebienqu’Émiliemerappelle.

L’airfraismefouettelevisage.Jetitube,j’aibesoindumurpouravancer,simagrand-mèremevoitdanscetétat,jesuismort!

Jeregardel’écrandemontéléphone,jen’aitoujoursaucunenouvelledeSophia,putain!Unrepasdefamilleneprendpasdixplombes!Jel’appelle.Çasonneaumoinsdixfoisavantqu’elledécroche.

Ahbenenfin,jerouspèteaprèsson«allo».

Qu’est-cequetuveux?T’asvul’heure?

L’heure?Non.

J’auraispeut-êtredûm’eninquiéter.

Ilestminuit,Tyler.

Ahquandmême!Merde.

Jen’aipasréussiàteparleraujourd’huiett’aspasappelénonplus.

Peut-êtreparcequej’aipasappréciétonattitude.

Qu’est-cequej’aifait?Ah,lesjoiesd’êtreencouple!

Tupeuxêtreplusclaire?jeréclame.

J’avance encore un peu, pour atteindre lamaison demes grands-parents, et jem’assois sur lesmarchesdevantlaported’entrée,leculdanslaneige,maisça,jeleremarquetroptard.

Jet’aiproposédevenirdemain,ettun’aspasréponduavantunjour!Alorssit’aspasenviedemevoir,tuledistoutdesuite,çanousferagagnerdutemps!

Soph’...

Non!Tais-toi,ilesttard.Salut.

Putainqu’elleestchiante!Etenplusellem’araccrochéaunez.

***

Jenesaispascequisepasseavecmacopinequipètelesplombs,maisjesaisquejedoisréglerçaencommençantparallerlavoir.

Il n’apasneigédepuis cematin, je supposeque je peux rouler sansdanger. Il neme reste qu’àprévenir la principale intéressée de ma venue. J’étais défoncé hier, mais je me souviens encorequ’ellem’agueulédessusàcaused’unSMSauquel j’aipas répondu toutdesuite.C’estchiant, lesgonzesses!Jemesouviensmaintenantpourquoijenesorsavecpersonneplusdetroisjours.J’appuiesursonprénomdansmalistedecontacts.

Oui.

Ilyaplusagréablecommeaccueil;dois-jeendéduirequ’elleesttoujoursfâchée?

Salut,bébé,jeminaude.

Pourquoituappelles?

Outch. Jevaisdevoir la jouer fine.Si jene tenaispasà elle, j’auraisdéjà raccrochéet je seraispasséàlasuivante.

Tuescheztoicetaprès-midi?

Pourquoi?

J’aienvied’êtreavectoi,moncœur.

Jefaislimitedanslamièvrerie,maisj’aipeurqu’ellerefuseparcequ’elleconsidèrequejenesuisqu’uncrétin.

Moiaussi,Tyler,maisilyadelaneigeettuneveuxpasprendreletrain.

Jesensunepointed’accusation.Ceseraitça,leproblème?Lefaitquejerefusedeprendreletrainpourallerlavoir?Lesfillessonttellementcompliquées!

Letempsestclémentaujourd’hui,jen’aibesoinqued’unouidetapartetjeprendslevolant.

Le silenceme répond, j’ai vraiment peur qu’elle refuse, maismon sourire s’élargit quand elleprononcelemotquej’attendais.

Oui.

Àtoutdesuite.

Jeraccrocheaussitôtetfileaprèsavoiravertipapyetmamie.

***

*Sophia*

JesuissurunpetitnuagemaintenantquejesaisqueTylervavenirmevoir,quejevaispouvoirpasserunmomentaveclui.Jetrouvequeletempsestbienlongàfilermaintenant.J’enprofitepourmepréparerafind’êtreprésentable,oumêmecarrémentsexy.Lorsque jereçoisunappel, jepensetoutdesuiteàTyler,maisc’estLorenzo.Ilmedonnelalistedecequejedoisapporterletrente-et-undécembrechezeuxpournotre soirée.Méganem’avaitdéjàenvoyéunSMSàce sujet,maisçamepermetdevérifierd’avoirtoutbiennoté.Jeraccrocheaprèsavoirdiscutéquelquesminutesaveclui.

Lasonneriesuivanteestlabonne,Tylerm’annonceêtredevantchezmoi.

J’informemesparentsque je sors et file. J’ai le sourire jusqu’auxyeuxquand jemontedans lavoitureetquejevoismonamoureux.

Salut,medit-il.

Salut.

J’aienviedemejetersurlui,ilm’aterriblementmanqué,maisjemeretiens.

Tuveuxfairequoi?medemande-t-il.

Onpourraitalleraustade.

Austade?

Tutegareslà-basetonseratranquille.

Ok.

Jeleguideet,unefoisàl’arrêt,sonregardseperddanslemien.

J’aienviedeteprendredansmesbras,maistoutçaestgênant,dit-ilendésignantlefreinàmain,onpassederrière?Enpluslesvitressontteintées,onnenousverrapas.

J’acquiesceetnousnousinstallonssurlabanquettearrière.Sic’estmoiquimeursd’enviedemeruersurlui,c’estluiquilefait.Ilmeprenddanssesbrastoutenécrasantseslèvressurlesmiennes.Notrebaiser,d’abordprude,devientvitechaud...bouillant.Jesuisentraindemeliquéfierdanssesbras,encorepluslorsqu’ilfaitdescendrelafermetureéclairdemonmanteaupourposersesmainssurmonpull,alorsquesalanguedansefrénétiquementaveclamienne.

Ilm’amanqué,maisjegardecetteinformationpourmoi.

Mes mains se frayent également un passage sous son manteau, le caressant sur le tissu de sesvêtementsquej’aimeraisretirer.Haletant,Tylers’écarte.

Jesuisdésolédet’avoirblessée,jenesuispasdouédanslesrelationsdecouple.Jefaisaumieux.

Jesuistrèstouchéeparsesexcuses.

Ons’ensortpastropmal,jelance.

Ilsourit.

CommentétaittonNoël?serenseigne-t-il.

Ennuyeuxetlong,commed’habitude.Ettoi?

Lesilenceplane,j’aimêmepeurqueTylernemerépondepas,j’endéduisquecelan’apasdûêtreagréablepourlui.Ilmeprenddanssesbrasetentrelacesesdoigtsauxmiens.

Monpèreétaitlàavecsanouvellecopine,commejetel’aiditautéléphone.

Jel’écoutesanslebrusquer,tellementheureusequ’ilseconfieàmoi.

Ilrefaitsavie.

Nouveausilence.J’essayedel’aider.

C’estbien,non?

Pasvraiment.T’auraisvusanana...Putain,elleamonâge.

Aïe.Maissielleestsympa,peut-êtreque...Jegardececommentairepourmoi.

C’estpasça,lepire.Jem’enfousqu’ilaitunenana,qu’ellesoitblonde,jeune,bonne...

Jegrimaceàcederniermot,maisnedisrienàcesujet.

...letruc,c’estqu’iln’apasletempspourmoi,sonfils,alorsqu’ilenapourelle...

Jecomprendsmieuxl’ampleurduproblème.Tylerestblessé,sonpèreluimanque.

J’imaginequ’ellevavouloirdesmarmots.

Aucundetouslesenfantsqu’ilpourraitavoiravecelleneteremplacera.Tuessonfils.Sonainé.

C’estmarrant,mais jen’ensuispasaussiconvaincuque toi. Jen’aiplusenviedeparlerdececonnard.

Ilmeretiremonmanteauaprèsavoirenlevélesien.Lechauffagemedonnechaud,ouest-ceTyler,doncjeneprotestepas.Ilôtemonécharpeégalementetposesabouchedansmoncouqu’ilparsèmedebaisers.C’estbienplusagréabledes’occuperainsiqu’enparlantdesonpère.Tylerm’attiresurlui, je me retrouve à califourchon. Nos lèvres se cherchent, nos langues se caressent, ses mainsbrûlantes glissent sous mon pull pour parcourir ma peau. J’ai l’impression de prendre feu, despapillonsdansentdansmonbas-ventre,j’aienviedeluicommejamais.Sesdoigtshabilesdégrafentmon soutien-gorge et trouvent mes seins qu’il frôle avant de les empoigner. Je gémis contre sabouche.Jesenssonérectiongrossircontremaféminité,jeperdspied.

***

*Tyler*

Ilesthorsdequestionquejecoucheavecelledanscettevoitureoùjel’aidéjàfaitavecd’autres,

mais bon sang, j’en crève d’envie.Avec elle ce sera différent, je veux que ce le soit. Je voudraistellementfaireleschosescorrectement.Ellelemérite.

Sesmainssefaufilentsousmonpull,ellessontfroidesetçamefaitsourirequandellelesplaquesurmontorse.

Bébé,t’asdusangdeserpentdanslesveines?

Sophianeretirepassesmainspourautant,et jemeperdsdanssesprunellesvertes.Mananaestbandante.

Jetedonnefroid?

Aucontraire,jesuisenébullition.

Ellesouritavantdefrôlermeslèvresdessiennes,jeveuxl’embrassermaiselleserecule,jouantavecmoi.Sesdoigtsglissentsurmontorse,puisdescendent jusqu’àmaceinture,siellefranchit labarrièredemonpantalon,jenerépondsplusderien.Ellenelefaitpas,toutefois,etmelaisseenfinl’embrasser. Je suis accro, et j’aime ça. Comment ai-je fait pour me passer d’elle pendant unesemaine?

Ilfallaitquejeteparled’untruc,jeluidisquandellemetfinànotrebaiser.

Maintenant?

Jesouris,elleaussi.

Dis-moi.

Jevienstechercherletrente-et-un,onirafairelescoursespuischezmoi.T’esd’accord?

Biensûr.

Tusaisquetudormirasàl’appart.

Oui.

Tusaisaussiqu’ilesthorsdequestionquetupasseslanuitloindemoi.

Oui.

Sonregardbrilled’envie.Siellesavaitcommejeladésire.

Et...tuesd’accordavecça?

Laisse-moiréfléchiruninstant...Sij’aibientoutsuivi,ceseratoietmoidanstonlit.

Ceinturedechastetéinterdite,jeprécise.

Elleéclatederire;elleestmagnifique.

Tuasd’autresconditions?

Non,jesuissympa.Jetelaissechoisirtatenue,detoutefaçontunelagarderaspaslongtemps.

Çameva.

Toutnaturellement,maboucheseposesurlasienneetons’embrasselonguement,tendrement.Elles’assoitàcôtédemoiensuiteetonreprendnosattouchementsetbaisers.Jesuistellementbiendanssesbrasque jenevoudraisêtrenullepartailleurs.Et le faitqu’ellen’aitpaspeurd’allerplus loinavecmoimeréconforte.

Onresteencoreunmomentàl’arrièredemavoituresanspoussertroploinleflirt.Jenedescendspassoussaceintureniellesouslamienne.Ellecaressemapeausousmonpull,mefaisanttressaillir.Jenem’aventurepasplusqu’elle,embrassantsoncou,caressantsapoitrine,pinçantsestétonsentremes doigts. La faire gémir n’a pas de prix, j’ai hâte d’entendremon prénom sortir de ses lèvreslorsqu’elleseraaubordduprécipice.

Etpuis,commetouteslesbonneschosesontunefin, ilvafalloirquejerentrechezmesgrands-parents.Jerefermesonsoutif,mêmesicen’estpasdansmeshabitudes;toutseradifférentavecelle,jel’aiditplusieursfois,etjecomptebienm’ytenir.

C’estmaintenantquetut’envas?mequestionne-t-elletristement.

Ouais.Maisonsereverra.

J’airéussiàlafairesourire.

Quand?

Vienschezmoi,jeluipropose.

Jelisl’étonnementdanssesyeux.

Tupourraisprendreletrainjusqu’àForbachetjeviendraistechercher.

OnpourraitaussialleràMetz,tumedoisunciné.

Jemesouviensdeleluiavoirpromis.

D’accord.Jet’appellepourqu’onorganiseça,jedoisconsulterlamétéoavant.

S’iln’yavaitpastoutesceschutesdeneige,ceseraitbienplussimplepourlavoir.Onseraitsansdoutetoutletempsensemble.

Sophiaposesesmainssurmesjouesavantd’écrasersabouchesurlamienne.

J’aihâte,répond-elle.

Onrepassedevantet je laraccompagnejusquedevantchezelle.Jeressensunpetitpincementaucœurensachantquejevaism’enalleretlalaisser.J’aihâtedelarevoiralorsquejenel’aimêmepasencorequittée.

Monportablem’annonceun texto, je leprendspour le lire, çame feragagnerunpeude tempsavecmacopine.Jeneconnaispaslenuméro,iln’estpasenregistrédansmescontacts.Jefroncelessourcilsencliquantsurlemessage.

Jetesurveille.

C’estquoi,cedélire?

JedoispâlirparcequeSophias’inquiète.

Toutvabien?

Ouais.

Jeremetsletéléphonedansmapocheetprendsmacopinedansmesbrasavantdel’embrasser.

Àtrèsvite,jeluidis.

Elle hoche la tête et sort de la voiture. Je m’en vais ensuite et me gare un peu plus loin pourregarderlenumérodelapersonnequim’aenvoyéletexto.Jedonnelemienàn’importequialorscen’estpascompliquédel’obtenir.Putain,maisc’estqui?Etc’estquoi?

Iln’yaqu’unmoyendelesavoir.J’appelle.

Biensûr,personnenedécroche,alorsjefinisparcouperaprèsunevingtainedesonneries.J’optepourlasolutionnumérodeux:envoyerunSMS.

T’esquiettuveuxquoi?

N’ayant pas de réponse, je reprends la route. J’arrive à Forbach quand mon portable sonne,m’indiquantunmessagedunuméroinconnu.

Jefreinenetetm’arrêtesurlebas-côtépournepascauserunaccident.

Jetesurveille.

Encorecemessage.Cetypesait,jen’aipasl’ombred’undoute.Nonseulementilsait,maisenplusilm’aàl’œil.Personnen’estsupposésavoir.Mouradn’avaitaucundroitdeparler,nimêmeaucunintérêt.Jesuisentraindepéterunplomb.

UnautreSMSnetardepasàarriver.

Jet’aivu,Tyler.

C’estimpossible.Jelâcheleportablecommes’ilm’avaitbrûlélapeauetpassemamaindansmescheveux.Jesuisenpanique totale.Siquelqu’und’autreestaucourant,çaveutdireque jesuisà lamercid’unmaitrechanteur.D’unautremaitre-chanteur.Nevais-jedoncjamaism’ensortir?

Qu’est-cequetuveux?

Jeposelaquestionàtouthasard.J’aibesoindecomprendre,desavoirjusqu’àquelpointjesuisendanger.Peut-êtrequejepeuxéviterqueleschosesempirent.

Jetesurveille.

J’enaimarredelirelesmêmesmotsquinem’apprennentrien.Jetenteunenouvellefoisd’appelercettepersonnemaisbiensûr,impossibledel’avoirenligne,ellesecachederrièresestextos.Jevaisdevenirdingue.Jenepeuxpasreprendrelaroutedanscetétat,mesmainstremblenttoutesseules,lesbattementsdemoncœurs’affolent.

Unautremessagearrive,m’assénantlecoupfatal.

Tuasunecopine,ceseraitdommagequ’illuiarrivemalheur.

Jebalanceletéléphonedanslavoitureetposematêtesurlevolant.Jerespirelentement,dumoinsj’essaye. Qui que ce soit, il sait des choses sur ma vie et je déteste ça. Il travaille peut-être pourMourad, je ne vois pas d’autre possibilité, et il a assisté à ma fuite et son arrestation. J’ai beau

réfléchir,jenevoispas.Jenemesouvienspasd’untémoinsurleslieux,nousétionsseuls,j’ensuisquasimentcertain.Néanmoins,jen’étaispasdansmonétatnormal,nonplus.Peut-êtrequ’undétail,visiblementimportant,m’aéchappé

Jem’engagedanslacirculation,ilnemerestequ’unedizainedeminutesderouteavantd’arriverchezmesgrands-parents,jedevraism’ensortir.Maisj’ail’espritbientropembruméetjeneparvienspasàmeconcentrersurmaconduite.J’allumeunecigarettepourtenterdemedétendre,jequittelaroutedesyeuxuneseconde.C’estunedetrop.Jenevoispaslaprioritéàdroitequejesuisentraindegrilleret,aprèsleterriblechoc,c’estletrounoir.

Àsuivre...

LesEditionsSharonKena

www.leseditionssharonkena.com

3ruedelasource-57340Morhange

dépôtlégal:novembre2016

N°ISBN:978-2-8191-0099-7

Photographiedecouverture:Depositphotos

Illustrationdecouverture:FeatherWenlock

{1}Rienqu'unefois.Album"Laoùleventmemène"2016.Keen'v,ZoneeL,DjYazetFabriceVanvert.@2016Warner.

{2}Certificatd'aptitudeàlaprofessiond'avocat.

{3}RéseaudetransportencommundelavilledeMetz.

couvertureTabledesmatièresPrologueChapitre1Chapitre2Chapitre3Chapitre4Chapitre5Chapitre6Chapitre7Chapitre8Chapitre9Chapitre10Chapitre11Chapitre12Chapitre13Chapitre14Chapitre15Chapitre16Chapitre17