Non-labour - cycle ethylène (lecture à l'écran)

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Depuis de nombreuses annes, les explications dmontrant les avantages du jardinage et de la culture sans labour sont restes dans le domaine de la science folklorique , sous le regard sceptique des vrais scientifiques . Puis presque par chance, une perspective rvolutionnaire sur le fonctionnement naturel des sols fut dcouverte par un spcialiste en la matire, le docteur Alan Smith, du dpartement agricole du New South Wales (Australie). Smith tudiait la maladie fongique dvastatrice (Phytophtora) qui paralysait lindustrie de lavocat dans le nord du N.S.W au milieu des annes 70. Le but de ses recherches tait de trouver un moyen de contrle. Mais alors quil cherchait comprendre la maladie dans diffrentes conditions pdologiques, ses dcouvertes renversrent beaucoup des croyances conventionnelles des sciences du sol. La dcouverte de Smith tait un schma complexe de relations entre les plantes, les microorganismes du sol et les nutriments. Dans les sols naturels imperturbs, ces processus fonctionnaient sainement et contrlent efficacement lactivit microbienne y compris celle des populations dorganismes pathognes comme Phytophtora. Ils rgulent galement la libration des nutriments prsents dans le sol sous forme inassimilable. Dans les sols perturbs par le labour et les faons culturales et / ou fertiliss aux nitrates, ces processus nont et ne peuvent avoir lieu. Ses travaux dmontrent pourquoi des systmes comme la culture sans labour de FUKUOKA obtiennent un tel succs. Elle met galement en garde contre lutilisation abusive des fertilisants naturels , riches en azote comme le fumier de poule et la plantation dmesure de lgumineuses (fixatrices dazote) puis de leur enfouissement. Chacune de ces deux pratiques peuvent aboutir des1

taux excessifs dammonium transform en nitrates solubles au moindre labour, qui bouleversent et dtruisent ces processus essentiels un sol sain et vivant. Des trouvailles similaires ont t faites indpendamment par dautres spcialistes du sol en Afrique et en Europe ces dernires annes notamment le processus dcrit dans la section mobilisation des nutriments essentiels aux plantes dans cet article. Malgr son importance, cette tude est reste pratiquement ignore parmi les dossiers et na pas encore fait sa place dans les institutions ou le livres ducatifs de lagriculture et lhorticulture. Ceci est une lecture indispensable pour les jardiniers, les fermiers et les tudiants des sciences de la vie. Lisezle plusieurs fois jusqu le comprendre fond dans ses implications, cela en vaut bien la peine. Robyn Francis. Si vous voulez des renseignements complmentaires sur les recherches en non-labour, consultez le travail de Marc Bonfils : Le Sol et lErosion. Emilia Hazelip. Rhizosphre : zone du sol occup par les racines. Intrants : apport dune nergie extrieure au systme.

Les interactions microbiennes du sol jouent un rle cl dans le contrle biologique des maladies des plantes, le renouvellement de la matire organique et le recyclage des nutriments essentiels aux plantes. Une prise de consciences des mcanismes impliqus peut conduire des mthodes de cultures plus efficaces, quil sagisse

de plantes alimentaires en agriculture ou de plantes de jardin. Avant de dbattre de ces interactions, il est essentiel de raffirmer la position unique des plantes dans lcosystme. Elles sont les seuls organismes vivants pouvoir utiliser directement la lumire du soleil et la transformer dans des formes assimilables par les autres tres vivants. Le pigment vert dans leurs feuilles, la chlorophylle, capte lnergie solaire et une raction sy produit avec le dioxyde de carbone puis dans latmosphre, qui engendre les composs carbons utiliss par les autres cratures : cest la photosynthse. Y compris lhumain, les animaux, les insectes et les micro-organismes. Bien que les plantes aient cette capacit unique de transformer lnergie solaire en nergie chimique quelles utilisent pour grandir, mtaboliser et se reproduire, elles ont galement besoin dautres lments quelles sont incapables de prlever directement (elles ne peuvent prlever directement que carbone, loxygne, lhydrogne issus de latmosphre) : ce sont par exemple lazote, le phosphore de souffre, le calcium de magnsium, le potassium, et dautres oligo-lments (28 lments au total). Le sol est un rservoir de ces lments, mais pour obtenir un approvisionnement adquat, les plantes doivent mobiliser les nutriments en altrant le sol environnant leurs racines. Un grand moyen quelles utilisent pour ce faire est de stimuler lactivit des micro-organismes qui alors accroissent la mobilisation des nutriments. La plante stimule la vie microbienne du sol en fournissant de lnergie chimique sous forme dexsudats au niveau des racines. Cest ainsi que stablit une intime relation entre les plantes et les micro-organismes. Malheureusement, beaucoup des pratiques agricoles conventionnelles affectent cette relation, ce qui pose des problmes dapprovisionnement la plante et augmente lincidence des maladies. La dernire recherche montre que durant leur vie, les plantes perdent dans le sol attenant aux racines jusqu 25% des composes carbons produits dans leurs feuilles. Ce matriel est perdu aussi bien sous forme dexsudats que de cellules mortes. A premire vue, ceci ressemble un mcanisme hautement gaspilleur et inefficace : la

plante svertue convertir lnergie solaire en nergie chimique, mais ensuite, elle perd presquun quart de cette nergie dans le sol. Considrer que rien ntant parfait dans la nature il est donc normal que les racines aient des fuites est une opinion laquelle je ne me range pas. Je crois fermement que si un organisme vivant semble perdre un quart de son nergie, cette perte doit finalement lui profiter directement. Si ce ntait pas le cas, lvolution aurait abouti la slection de plantes plus conomes. Comment cette perte de compose profite-telle la plante ? Pour la plupart, ces composs sont des sources dnergie pour les micros organismes qui prolifrent dans la rhizosphre. Ces microorganismes se multiplient si intensment quils vident de nombreux micro-sites de leur dioxygne au sein de la rhizosphre. Ainsi, des microorganismes anarobies se dveloppent. Le dveloppement de ces micro-sites anarobies joue un rle important dans le maintien de la vigueur et la sant des plantes.

Notre recherche montre que lthylne, un simple compos gazeux, est produit dans ces micro-sites anarobies. En outre, cet thylne est un rgulateur critique de lactivit des microorganismes du sol et en tant que tel, il affecte lintensit du renouvellement de la matire organique, le recyclage des nutriments des plantes et lefficience des maladies provenant du sol. Les concentrations dthylne dans latmosphre du sol excdent rarement une deux parties par million. Lthylne ne tue pas les micro-organismes du sol mais les inactive temporairement. Quand les concentrations dthylne chutent, lactivit microbienne renat. Lthylne du sol est produit dans ce quon appelle le cycle Oxygne-Ethylne : Initialement, les micro-organismes prolifrent sur les exsudats des plantes et liminent loxygne des microsites du sol. Lthylne est produit dans ces micro-sites et diffuse alentours, inactivant les micro-organismes du sol sans les tuer. Quand ceci se produit, la

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demande doxygne diminue et celui-ci rinvesti les micro-sites. Ceci stoppe ou rduit fortement la production dthylne, ce qui autorise les microorganismes reprendre leur activit. Ces conditions favorables la production dthylne dont recres et le cycle est continuellement rpt. Dans latmosphre des sols imperturbs comme ceux des praires ou des forts, lthylne peut tre continuellement dtect, indiquant que le cycle oxygne-thylne se produit efficacement. A linverse les concentrations dthylne dans les sols agricoles sont extrmement faibles voire nulles. On peut sattendre ce que lthylne joue un rle important sur la population microbienne du sol. Il est bien tablit que dans les cosystmes imperturbs o il existe un renouvellement lent et quilibr de la matire organique et un recyclage efficace des nutriments, les maladies provenant du sol sont insignifiantes. Quand ces cosystmes sont perturbs par lagriculture ou la sylviculture, la situation change radicalement. La matire organique du sol rgresse dangereusement, les dficiences en nutriments deviennent communes et lincidence des maladies augmente considrablement. Tenter de juguler ces problmes par lusage des fertilisants et des pesticides augmente dmesurment les cots de production. Il est galement vrai en gnral que plus longtemps on travaille le sol, plus ces intrants sont ncessaires pour maintenir les rendements. Nous affirmons que la tendance pourrait au moins partiellement tre renverse si nous crions des conditions favorables la production dthylne dans ces sols. Nous savons maintenant quune des raisons majeures du dfaut de la production dthylne dans les sols agricoles perturbs est que nos techniques provoquent un changement de la forme de lazote dans le sol. Dans les terres imperturbes comme celles des forts et des prairies, pratiquement tout lazote prsent lest sous forme dammonium avec juste une trace de nitrates. Quand ces cosystmes sont drangs par les faons culturales, pratiquement tout lazote du sol prend la forme nitrate. Ce changement a lieu parce que ces modes de culture conventionnels stimulent lactivit dun certain groupe de bactries

spcialises dans la conversion de lammonium en nitrate. Les plantes et les micro-organismes peuvent utiliser chacune de ces formes, mais notre tude montre que la production dthylne est inhibe partout o les nitrates sont prsents des taux plus levs que des traces. Lammonium na pas cet effet inhibiteur sur la production dthylne. Le nitrate stoppe la production dthylne parce quil interfre dans la formation des sites anarobies. Quand tout loxygne est consomm, une srie de ractions chimiques complexes se dclenche. Un des changements les plus importants est le passage du fer de la forme oxyde la forme rduite, de la forme ferrique (Fer(III) : Fe3+) la forme ferreuse (Fer(II) : Fe2+). Le fer est lun des constituants majeurs du sol, totalisant 2 12% de la composition de ce dernier. Dans un sol correctement ar, pratiquement tout le fer est dans sa forme ferrique (oxyde de fer(III) : Fe2O3), immobile. Si loxygne est puis dans les microsites et que les conditions sont rductrices (perte de loxyde O2), ces minuscules cristaux se brisent et le fer prend alors sa forme ferreuse (oxyde de fer (II) : FeO), extrmement mobile. Une fois encore notre tude a montr que la production dthylne a lieu dans le sol condition que le fer soit dans sa forme ferreuse. En dautres termes loxyde ferreux est un dclencheur spcifique de la production dthylne. Sil ny a pas doxygne dans les microsites mais des nitrates, alors les transformations complexes aboutissant la rduction du fer sont inhibes. Cest ainsi que les nitrates stoppent la production dthylne. Comment loxyde ferreux dclenche-t-il la libration dthylne dans le sol ? Cette forme du fer ragit avec un prcurseur de lthylne dj prsent dans le sol pour donner de lthylne. Notre travail tablit que ce prcurseur provient des plantes et plus important, quil atteint des taux apprciables seulement dans les feuilles les plus ges et les plus snescentes. Quand ces vielles feuilles tombent terre et se dcomposent, le prcurseur saccumule dans le sol ; les conditions sont alors favorables la mobilisation du fer ; lthylne est produit.

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Nous avons galement montr que selon les espces, la quantit de prcurseur accumule dans les vieilles feuilles varie considrablement. Cest une chose importante prendre en compte dans la slection des plantes de couverture destine augmenter la capacit du sol produire de lthylne. Quelques-unes des espces qui produisent une grande quantit de prcurseur sont le riz, le genre de gramines Phalaris (alpiste fauxroseau, alpiste, ), le chrysanthme, lavocat, la massette, pinus radiata (pin de Monterey). Quelques-uns parmi les plus faibles producteurs sont la dolique (ou mongette), le genre de gramine paspalum, la luzerne et la fougre aigle. Rtrospectivement, il ne devrait pas tre trop surprenant que les prcurseurs saccumulassent surtout dans les vieilles feuilles. Aprs tout, dans les communauts naturelles de plantes, les vieilles feuilles constituent lessentiel de la biomasse qui tombe sur le sol. Aussi, il est galement clair que dans une situation agricole, la plupart des vieilles feuilles sont limines par les rcoltes, par la pture ou par le brlis. Cest pourquoi les sols agricoles sont si dficients en prcurseur. Il est maintenant possible de spcifier les conditions ncessaires la production dthylne dans le sol. 1) Il doit exister initialement une activit arobie intense au moins dans la rhizosphre pour permettre la formation des microsites anarobies. 2) Les conditions dans les microsites doivent tre suffisamment rductrices pour mobiliser le fer ferreux qui dclenche la production dthylne ; 3) Les concentrations de nitrates doivent se limiter des traces, sans quoi le fer ne sera pas mobilis. 4) Il doit y avoir suffisamment de prcurseur dthylne dans le sol.

Lindisponibilit des nutriments essentiels est une limitation majeure la croissance des plantes. Ceci se produit mme si les rserves de nutriments

sont suffisantes car elles sont sous des formes tout fait inassimilables. Leur haut degr dinsolubilit prvient leur perte par lessivage mais comme les plantes ne peuvent utiliser seulement la forme soluble, ces dernires souffrent dun approvisionnement trop insuffisant. La formation des microsites dans la rhizosphre, qui est dune importance suprme pour la production dthylne, peut jouer un rle critique dans la mobilisation et ainsi fournir les plantes en nutriments. Ce mcanisme est ax sur le fer dans le sol. Comme il a dj t dit, dans les conditions normales, la plupart du fer oxyd se trouve sous forme de cristaux minuscules. Ces cristaux prsentent une grande surface et sont lectriquement trs chargs. En consquence, les nutriments comme les sulfates, les phosphates et les oligo-lments sont troitement lis la surface de ces cristaux. Sous cette forme, ils sont quasiment inutilisables par les plantes. Si nanmoins les microsites anarobies se dveloppent, les cristaux se brisent en librant les nutriments au profit des plantes. A ce moment, loxyde ferreux (forme rduite dsoxyde- et mobile du fer) est relch en quantit dans la solution du sol du microsite. Les autres nutriments essentiels incluant le calcium, le potassium, le magnsium et lammonium sont lis la surface de largile et de la matire organique. Quand la concentration de fer ferreux augmente de cette faon, ces nutriments passent dans la solution du sol o ils sont utilisables par les plantes. Si les microsites anarobies sont autoriss se former dans la rhizosphre, les nutriments sont mobiliss exactement lendroit o ils sont requis par les plantes. Un avantage supplmentaire de ce mcanisme est que si les lments nutritifs ne sont pas absorbs par les racines, ils ne sont pas nanmoins lessivables. Aussitt quils migrent la priphrie des microsites anarobies, le fer est recristallis. Les cristaux retiennent alors les nutriments, empchant tout lessivage. Les conditions pdologiques ncessaires au bon droulement de ce mcanisme sont identiques celles requises pour la production dthylne. Aussi dans les sols agricoles o la production dthylne

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est inhibe ou entrave, ce mcanisme de mobilisation des nutriments essentiels est galement restreint. Une fois encore, les hautes concentrations de nitrates qui ont lieu dans les sols agricoles sont un inhibiteur majeur de la mobilisation des nutriments. La gestion des sols apte accrotre ce potentiel de formation des microsites, qui aide assurer la balance du cycle oxygne-thylne et favorise la mobilisation des nutriments, demandera des altrations quelques-unes des pratiques agricoles tablies : les techniques destines accrotre laration et loxydation du sol (labour, griffage, etc) qui augment court terme le dveloppement des plantes mais crent une dficience de nutriments long terme et accentuent lincidence des maladies. Les traitements intensifiant la nitrification (transformation de lammonium en nitrate) comme lusage excessif de fertilisants azots, labus des ptures dominante lgumineuse, lexcs de prlvement par surpturage ou les coupes forestires mal raisonnes requirent un rexamen.

1) Il est essentiel que les rsidus organiques soient continuellement retourns au sol. Les rsidus organiques contiennent les nutriments essentiels recycler, stimulent lactivit microbienne du sol, fournissent le prcurseur de lthylne et restreignent lintensit de la nitrification dans le sol. Il est mieux dutiliser les rsidus des plantes ges comme amendement organique et il est bien prfrable de les dposer la surface du sol plutt que de les y incorporer. 2) Les techniques de travail minimal du sol devraient tre utilises partout o cela est possible. Ceci permet la plante de pousser quasi continuellement, prvient au mieux les perturbations du sol et accrot le taux de matire organique. Ces techniques permettent de rduire la nitrification. 3) Chaque fois que le sol subit un amendement azot, il est prfrable que cela soit sous forme dammonium en plusieurs petites fractions plutt quen un ou deux apports. Ceci restreint galement les chances de nitrification. 4) Dans certaines situations, il sera conseill dajouter des inhibiteurs chimiques lamendement azot pour restreindre la nitrification. Cet article est apparu pour la premire fois dans Australian plants vol. 9 N73, 1977, puis dans le N7du Journal International de Permaculture (International Permaculture Journal) de mars 1981. Il est issu du N39 de International Permaculture Journal , page 14 16 et a t traduit par Emmanuel Olivier, pour lassociation Permaculture, le premier octobre 1991.

Quelques indications pratiques pour une gestion profitable des sols :

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1) La plante exsude des substances issues de sa photosynthse qui intensifient l'activit microbienne.

8) Les micro-organismes reprennent leur activit et les nutriments sont prservs du lessivage.

2) Lactivit microbienne arobie puise le dioxygne dans les microsites, qui passent donc en anarobiose.

7) Le contact avec le dioxygne provoque l'oxydation du fer sous forme ferrique qui retient alors les lments non utiliss par la plante. En labsence dions ferreux : a) Les autres nutriments se lient de nouveau largile et la matire organique. b) La production d'thylne s'interrompt et le reste de lthylne s'chappe par diffusion lextrieur du microsite.

3) En labsence de dioxygne, le fer ferrique passe sous forme ferreuse. (fer II, trs mobile)

5) La forme ferreuse en solution : a) Dloge les nutriments lis largile et la matire organique au bnfice des plantes : potassium, magnsium, ammonium. b) Dclenche la production d'thylne qui immobilise l'activit microbienne.

6) La solution ferreuse migre la priphrie des sites anarobies. Le dioxygne diffuse dans les microsites depuis lextrieur, et les remplit nouveau puisque les microorganismes arobies inactivs en demandent moins qu'il n'en est offert, il s'accumule.

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