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Nos années

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“Those were the days!”. This collection takes three generations of readers down memory lane with a wealth of pictures of everyday objects that have become collector’s items today. Also revisit the times, lifestyle and music scene from the 1930s through to the 1980s.

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’70première pArtie

Armelle leroy & lAurent Chollet

Nos années

Mon enfance, mon adolescence

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1965 1970 1975SMIG/SMIC 505F 720F 1200FBaguettedepain 0,44F 0,55F 0,95FJournalPilote 1F 2F 3FPlacedecinéma 1,86F 4,78F 12FLitredecarburant 1,03F 1,15F 1,83F(essence/super)Téléviseurs 4,4 10,1 13,6(enmillions)

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Tout le décor de vos jeunes années Première partie : famille, design, école, mode et médias.Enfantsdesannées’70,enfantsdelatélévisionélevésàlalueurdupetitécran,nousavonschériseshéros,gardiensdenosrêvesetdenosdésirsd’évasion.Colargol,Kiri,SaturninouCasimirnousavaientouvertlesportesd’unmondeenchanté…JamesWest,NapoléonSolo,SimonTemplarouMmePeel,nousoffraientdevivredepalpitantesaventuresparprocuration.Fantômette,leClubdesCinqouBobMoranecommençaientàsouffrird’uneviveconcurrence.

«Changerlavie»s’inscrivaitàl’ordredujour.Larévolutionsexuelle,l’aventurecommunautaire,lesmédecinesparallèles,lesénergiesdouces,lanourrituremacrobiotique...Lamueserévélaitprofondeetatteignait,sousdesformessouventédulcorées,l’essentieldelajeunesse.La«révolutionpop»étaitenmarche,etpendantquecertainsdenosaînésouvraientlavoieetrêvaientde«fairelaroute»versKatmandou,nousdécouvrionssurlesbancsdeslycéeslamixitéetdessujetsdesociété(chômage,chocpétrolier,écologie…)quinousplongeaientbrutalementdansla«vraie»vie…Choisirsoncampn’étaitpaschoseaisée.‘Pattesd’eph’etvesteafghanecontrepantalonàpincesetchemisecintrée,«hippies»contre«minets»...

Heureusement,commeDuducheetIsabelle,unebonnedosed’insouciancenoushabitaitencoreetnouspréservait,pouruntemps,dumondedesadultes…

Famillep.11 (vol.1)

Designp.29 (vol.1)

Écolep.53 (vol.1)

Modep.61 (vol.1)

Médiasp.69 (vol.1)

Actualitésp.11 (vol.2)

Sociétép.15 (vol.2)

Sportp.27 (vol.2)

Musiquep.45 (vol.2)

Lecturesp.65 (vol.2)

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Famille

© Rue des Archives/Gerald Bloncourt

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Les enfants roisLa notion d’« enfant roi » apparaît dans les années ’70 : les parents consacrent une part importante du budget familial à l’achat d’un mobilier moderne pour satisfaire les exigences de leurs rejetons. Chez les garçons, le lit « bateau » en laqué blanc, rehaussé de poignées en cuivre, connaît un franc succès. La table de nuit, l’armoire et même parfois les étagères sont choisies dans la même gamme pour former un ensemble harmonieux. Pour les filles, le bois naturel reste un grand clas-sique car il donne une ambiance romantique, mais des meubles plus modernes, souvent blancs, font également leur apparition. Des blocs de tiroirs peints en teintes vives permettent de ranger les jouets, ils peuvent se superposer ou se placer comme des cubes les uns à côté des autres. 

Un sympathique désordreLes mères renoncent souvent à ranger les chambres, et les jouets, de plus en plus nombreux, envahissent le sol. Les maisons de poupée, les garages, les Circuits 24, les petites cuisinières ou les trains électriques occupent la majeure partie de la pièce. Sur des éta-gères s’empilent les livres de la Bibliothèque Rose ou de la collection Rouge et Or, de grands albums et des bandes dessinées, à côté de piles de jeux « éduca-tifs » le plus souvent incomplets. Les gamins ne s’en inquiètent guère, le Noël suivant apportera son lot de cadeaux et remplacera largement les jouets abîmés.

L’indispensable bureauParadoxe amusant, les enfants n’ont plus beau-coup de devoirs à faire à la maison, mais le bureau 

La chambre d’un enfantFamille

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13Famille

demeure un des éléments indispensables dans toutes les chambres. Il se décline sous toutes ses formes : table de bois, bureau « colonial » aux nombreux tiroirs muni d’un volet coulissant pour le refermer, pupitre d’école fait à l’ancienne avec des encriers factices. Il sert essentiellement aux bricolages, à la peinture et aux dessins. De nombreux accessoires le garnissent ou plutôt l’envahissent comme des pots à crayons multicolores et des gadgets divers. Les plus sages s’en servent pour confectionner des puzzles, les plus inventifs lui font subir les pires outrages en testant les expériences de leur coffret du petit chimiste ! 

Le mange-disquePour imiter leurs aînés, les enfants demandent à avoir les disques de leurs chanteurs préférés, et de leurs héros télévisés.  Les parents ne peuvent rien refuser à leurs chérubins et, après les avoir laissés martyriser la chaîne hi-fi familiale, ils se décident à leur offrir un « mange-disque » pour écouter leurs 45 tours. Ils achètent ainsi leur tranquillité, tranquillité somme 

toute bien relative car les enfants font hurler leur appareil à longueur de temps. Le but principal est de recouvrir le son du tourne-disque de leur frère ou de leur sœur !

Posters et collec-tionsSur les murs des chambres, les posters font leur apparition : en général, il s’agit de photos de motos ou de voitures pour les garçons, et d’images romantiques, de paysages et d’animaux pour les filles. Les portraits de chanteurs n’ont 

pas beaucoup de succès auprès des très jeunes, mais il n’est pas rare de décorer sa chambre avec l’affiche du dernier Walt Disney. Au-dessus du lit, une longue ficelle accueille la collection de porte-clefs. La vogue des collections est lancée, il faut absolument tout garder : les coquillages de l’été, les images Panini, les timbres, les cadeaux Bonux, et les gadgets du magazine Pif. Les tiroirs débordent de ces petits objets inutiles, et pendant des mercredis entiers, à l’aide de vieux barils de lessive, les enfants confectionnent des étagères pour exposer ces merveilles.

PrÉSeNtOIrChaque semaine, dans le Journal de Mickey, riri,

Fifi et Loulou, les ingénieux Castors juniors, proposent des

bricolages à réaliser tout seul. Un simple baril de lessive,

quelques conseils et voilà un magnifique présentoir prêt à recevoir mille petits trésors !

vALetPour accrocher son pyjama, le valet de nuit surmonté d’une énorme tête en peluche est particulièrement apprécié des enfants.

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Une chambre à leur imageLe mobilier de la chambre d’un adolescent se carac-térise par son aspect hétéroclite. Le lit est parfois remplacé, s’il a grandi trop vite et que ses pieds dépassent, mais les autres meubles sont ceux de son enfance. En effet, huit ou dix ans auparavant, ses parents ont investi dans l’aménagement complet de la pièce, ils ne souhaitent pas la remeubler entière-ment ! Le jeune, naturellement, déteste sa chambre, et tente donc de la modifier. Il s’attaque en premier lieu aux murs. Les magazines lui fournissent quantité de posters pour faire disparaître le papier peint. Les filles punaisent les photos romantiques de David Hamilton à côté d’un Johnny posant sur sa moto, d’un Claude François en veste à paillettes, ou d’un Mick Jagger à la chemise échancrée et au pantalon moulant. Les pa-rents n’apprécient pas mais tolèrent, dans le meilleur des cas, cet affichage systématique d’une gent masculine peu recommandable. Les garçons ouvrent le débat, ou plutôt les hostilités, en punaisant leurs idées politiques. Au-dessus du lit, en guise de Christ, le beau visage de Che Guevara. La guerre est dénoncée violemment avec un hurlement qui transperce le papier : «Why ?» clame le poster sur lequel s’effondre un soldat, l’arme à la main. Comment l’adolescent pourrait-il encore supporter les éternels récits du ser-vice militaire de son père, quand tous les soirs, en face de lui, un homme meurt sans raison ? Heureusement, il y a les héros modernes, alors il affiche Jimi Hendrix ou Jim Morrison, et comme il s’interroge sans cesse, sur lui et sur les autres, il y ajoute Freud. Est-ce vraiment pour Freud ou bien pour les innombrables filles nues qui composent son visage, lorsqu’il détaille le dessin ?

Le temps des copainsLes copains occupent une place primordiale dans la vie de l’adolescent. Dans sa vie et dans sa chambre, car ils envahissent le moindre recoin, grimpent sur les meubles, s’affalent sur le lit et se couchent sur le sol. 

La chambre d’un adolescentFamille

Exit le mobilier des

années ’60, le plasti-que arrive et envahit

les maisons.

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DesignSalon de l’Auto

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Les années de criseAprès une période florissante riche en innovations, l’industrie automobile va vivre, à partir de 1973, des années de crises et de récessions. Le premier choc pétrolier (1973-1974) entraîne une hausse du carburant, et une authentique psychose s’empare des consommateurs.La seconde crise pétrolière de 1979 renforce encore le malaise général. Le fameux système D fait fureur, c’est à qui imaginera les trouvailles les plus ingénieuses. Des spots TV affirment : «Nous en France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées.» Tout un panel d’inventeurs, des plus sérieux aux plus farfelus, tentent de mettre au point des moteurs solaires, végétaux et même une odorante invention de combustible à base de... bouse de vache ! Le prix du litre de super passe de 1,16 F en 1970 à 3,27 F en 1980, et, paradoxe étonnant, le parc automobile ne cesse d’augmenter, car si 57% des Français possèdent une voiture en ’70, ils sont, à la fin des  années ’80, 70% ! 

Innovations tech-niques et écologieSur les stands du Salon de l’Auto, on s’intéresse surtout aux innovations techniques, les constructeurs cherchant tous le meilleur système pour consommer le moins possible. La prise de conscience d’une catas-trophe écologique imminente oriente les recherches des ingénieurs vers des moteurs de moins en moins polluants. 

La plus féminine des voiture : la R5En 1972, une petite voiture, parfaitement maniable  Des économies avant

tout ! Même pour les modèles destinés à une clientèle aisée, comme la GS de chez Citroën.

Le prix du litre de super

passe de 1,16 F en 1970 à 3,27 F

en 1980

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Page 11: Nos années

31Design

en ville, va séduire une clientèle essentiellement féminine : la R5. Devant le succès rencontré, Renault développe avec habilité toute une gamme de voitures suivant le modèle de base, permettant ainsi à chacun de trouver la R5 correspondant à ses besoins ou ses aspirations. Elle se décline aussi bien en version GTL qu’en Alpine Turbo. Au cours de la décennie, la Golf Volkswagen remporte triomphalement le marché des jeunes grâce à son fameux «GTI».

Un marché en pleine mutationEn 1974, Peugeot rachète Citroën, et collabore avec Renault et Volvo pour son modèle haut de gamme, la 604 (1975). Trois ans plus tard, le constructeur fait 

La Golf GtI devient très vite la favorite des jeunes.

La Ford torino King Cobra ne sera produite qu’ à 3 exemplaires en raison de l’impact du choc pétrolier de 1973.

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École

© Rue des Archives/AGIP

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La maîtresse est maladeLa sonnerie a retenti depuis un moment déjà, mais les CM1 de Mlle Olivette attendent toujours dans le couloir. Tout à coup, une rumeur commence à circuler : «La maîtresse est malade !» Le directeur, M. Marchal, arrive l’air ennuyé. Il hausse le ton pour se faire entendre : «Nous allons vous répartir dans les autres classes.» Les gamins se bousculent, il ne faut surtout pas être séparé de son meilleur copain ou de sa meilleure copine !

Des élèves indésirablesL’instituteur, M. du Tilleul, surgit de la salle des CE2 : « Il n’est pas question de nous surcharger nos classes, vous n’avez pas le droit, si ça continue nous allons nous mettre en grève.» Il parle fort avec beaucoup d’aisance, il faut dire que c’est le responsable syndical. Finalement, il accepte quand même les élèves mais en fermant la porte, il crie au directeur : «Nous reparle-rons de tout cela plus tard !»

L’exposé : une nouvelle méthode éducativeDans sa classe, Luc, Patrice, Alain, Martine et Florence s’installent au fond. L’instituteur leur distribue des Mandalas. Martine et Florence commencent à colorier les dessins à formes géométriques. Les garçons chuchotent sans cesse, le coloriage c’est bon pour les bébés. L’instituteur excédé sort des Tout l’univers. «Tenez, cherchez un sujet qui vous intéresse, vous pourrez après nous faire un exposé.» Les trois élèves se penchent sur les planches colorées, ils se plongent dans la conquête de l’espace et l’histoire de l’aviation civile ! C’est passionnant, leurs copains seront épatés quand ils écouteront leur exposé. Le plus surpri,s c’est M. du Tilleul. Il connaît bien Luc, Patrice et Alain, et c’est la première fois qu’il les voit travailler autant. Songeur, il pense aux nouveaux principes d’éducation : « Un élève intéressé est un bon élève. » L’exemple de l’exposé semble le prouver, il renouvellera l’expérience. 

ÉcoleLa classe d’un enfant

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eN CLASSe École primaire à Gennevilliers en 1970.

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AGIP

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41École

Un drôle de remplaçantMlle Olivette est toujours malade, le directeur a enfin obtenu un remplaçant, il doit le présenter aux élèves. «Voici M. Barixou, qui vous fera la classe pendant la maladie de votre maîtresse.» Les enfants ouvrent de grands yeux et quelques rires fusent : M. Barixou est tout jeune, il a les cheveux qui forment un énorme casque au-dessus de sa tête, à la rasta, il porte un tee-shirt, un jean, des baskets, et autour du cou, une écharpe indienne mauve. Dans un coin, un sac à dos est posé et une guitare décorée de décalcomanies trône sur la chaise. Les ga-mins sont ravis, quel drôle de remplaçant, ils sentent qu’ils vont bien s’amuser. Le jeune instituteur sourit aux élèves. «Mon prénom c’est Bruno, et je veux que vous m’appeliez comme ça, c’est plus sympa.» 

Une journée pas comme les autres

La matinée passe trop vite, Bruno a organisé un grand débat sur le thème «Le rôle des femmes dans la vie actuelle». Tout le monde parle en même temps, un garçon lance :  «Le rôle des filles, c’est de faire des bébés et la vais-selle.» Les fillettes hurlent, Bruno explique calmement que les femmes ont les mêmes droits que les hommes.L’après-midi, la classe rejoint celle de CM2. Il y a un film documentaire à la télévision, sur les insectes. L’émission est tellement ennuyeuse qu’elle donne envie de bâiller,  mais finalement c’est plus drôle que de travailler. Après le film, Bruno annonce qu’il emmènera les enfants le lendemain observer les insectes dans le pré. Quand Patrice propose d’en attraper, le maître s’indigne. « Il ne faut pas toucher aux animaux, ni aux plantes, apprenez à respecter la nature !»

Hippie... mais diplôméÀ la sortie à 16h30, plusieurs mamans s’agitent, très inquiètes, et veulent voir le directeur. Des rumeurs sur le remplaçant leur sont parvenues, il paraît que c’est un hippie, qu’il est allé en Inde, on dit même qu’il a fait Mai ’68. Le directeur les rassure, M. Barixou a bien tous ses diplômes, c’est un vrai instituteur, envoyé par le rectorat, pour le reste que voulez-vous, c’est un jeune, et les jeunes, maintenant, ont une drôle d’allure. Au bout de trois jours, les enfants de la classe de CM1 sont devenus imbattables sur les droits des femmes et sur les insectes, et les parents sont rassurés. Au fond, il n’est pas si mal que ça, ce petit instituteur, si seulement il se faisait couper les cheveux !

Un élève intéressé est un bon

élève.

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Signe d’appartenance socialeDepuis des générations, les enfants portaient des vê-tements classiques choisis par les mères. Les critères principaux demeuraient invariables, les habits devaient être pratiques et solides, et surtout, correspondre à la classe sociale à laquelle appartenait la famille. La simplicité restait une preuve de bon goût. Déjà, dans la Comtesse de Ségur, les petites filles modèles se moquaient d’une enfant venue leur rendre visite habillée «somptueusement» et dont les vêtements prouvaient que ses parents étaient des «arrivistes», issus d’une classe sociale très simple. 

Une mode à euxLes enfants des années ’70 vont bousculer définitive-ment les conventions vestimentaires. Comme un feu d’artifice, les couleurs illuminent non seulement les robes des petites filles mais également les tenues des garçons. Les vêtements se fabriquent en quantités importantes, et les prix diminuent. Les mères commen-cent à acheter dans les grands magasins et dans les premières grandes surfaces. La mode des aînés s’étend jusqu’aux plus jeunes. Les parents veulent à tout prix passer pour modernes, et certains gamins se trouvent transformés en mini hippies d’opérette : pantalon ‘patte d’éph’ et pull à grosses mailles, écharpe indienne et gilet à poils afghan.Assez vite, ces excès vestimentaires se calment. Un grand nombre d’enfants revêtent des jeans, se coiffent «à la Stone» et il est parfois difficile de distinguer les garçons des filles. 

La garde-robe des fillesLa coquetterie reprend le dessus et des petites robes chasubles aux couleurs gaies, assorties de collants à fleurs, ravissent les fillettes. Les jupes se portent ou très courtes avec des bottes hautes l’hiver et des sandalettes l’été, ou longues, fleuries et roman-tiques avec des sabots en cuir, qui ne tiennent pas le pied et provoquent des entorses ! 

Les tenues de garçonsLes petits garçons sont souvent chaussés de Kickers ou de baskets, de pantalons «tout terrain», de tee-shirts et en guise de vestes, des chemises à carreaux des 

Modedes enfants

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Les mères privilégient le côté pratique des vêtements, elles oublient souvent l’esthétique, voire le confort car le nylon colle à la peau et la laine « grattouille » désagréablement le cou.

Les Kickers.

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47Mode

bûcherons américains. Le style «Sahara» est très prisé avec des shorts ou des pantalons en toile beige et écrue, des chemises multipoches assorties, et un foulard autour du cou. Dès les premiers froids, tous doivent subir les indispensables cols roulés en nylon, aux teintes rouges, bleues ou jaunes électriques, qui font transpirer et collent au corps, et le pire de tout, le passe-montagne qui ne laisse entrevoir que le nez et les yeux.

La mode «sportswear»La mode pratique dite «sportswear» commence à s’imposer. Le survêtement devient le jogging. Du nylon, il passe au coton et au molletonné, et évite, ainsi, les effets désagréables de la transpiration. Il s’utilise bien sûr pour le sport, mais également le week-end, et à la fin des années ’70, franchit définitivement les portes des écoles en tant que tenue usuelle. Les grandes marques sportives se positionnent de plus en plus sur le marché, et influencent le choix des enfants, il est vrai, très souvent encouragé par leurs propres parents. Acheter une «marque» les rassure et très vite cela deviendra un authentique snobisme ! 

Au fil des pages...Dans les catalogues de vente par correspondance, les grandes «griffes» du sport ont une place importante pour les juniors et les vêtements proposés se veulent de qualité. La marque Petit Bateau et ses sous-vête-ments en pur coton, garantis indéformables, reste une des valeurs sûres de La Redoute ou des 3 Suisses. Les jeunes mannequins qui présentent les habits posent en «situation», à l’extérieur pour les vestes et manteaux, ou dans des maisons voire dans des salles de classe pour les autres tenues. Grâce à ses catalogues, la mode peut entrer dans tous les foyers, et accentue encore plus l’uniformité vestimentaire. Les petits cam-pagnards jusqu’ici très défavorisés par rapport aux jeunes citadins peuvent maintenant s’habiller comme eux et en profitent joyeusement. 

Les enfants de plus en plus extravertis choisissent

des tenues décontractées mais néanmoins élégantes

pour vivre de nouvelles aventures.

La salopette, toujours aussi

commode, se pare de ‘transferts’ ou

d’applications de tissus qui

camouflent souvent les accrocs et les taches tenaces.

Page 18: Nos années

Le règne adolescentLa vie quotidienne des adolescents a consi-dérablement évolué. Tous les matins, ils se rendent au collège ou au lycée, vêtus de jean et de tee-shirt, la besace américaine tatouée d’ins-criptions pacifistes en bandoulière. De dos, il est parfois bien difficile de distinguer garçons et filles car la longueur des cheveux ne dépend plus du sexe et les corps minces, à peine formés, ca-mouflés par des vêtements unisexes, accentuent le côté androgyne. Ce sont eux qui désormais définissent les nouveaux courants vestimentaires, et les grands couturiers s’inspirent maintenant des jeunes qui possèdent dorénavant leurs propres lignes de vêtements, leurs coiffures et leurs looks. 

La « bof génération »La notion de «classe d’âge», apparue depuis peu, trouve à présent toute sa dimension, et les jeunes tentent, par tous les moyens, de se différencier de ce monde qu’ils rejettent violemment : le monde des adultes. Ils prennent volontairement une position avachie, les épaules légèrement voûtées, le regard perdu au loin, ils laissent parfois échapper un «bof» désabusé lorsqu’on les interroge. Tout aussi mous, les grands pulls de laine aux couleurs indéfinissables, tricotés en grosses mailles irrégu-lières, se portent avec d’interminables écharpes ou des keffiehs palestiniens, ou bien encore avec des chechs indiens roses ou mauves délavés. Les filles, parfois, tricotent elles-mêmes leurs pulls mais font assembler et coudre les différentes parties de l’ouvrage par leur mère ou grand-mère, car elles se refusent à tenir une aiguille qui représente, pour elles, un des instruments de soumission de la femme au foyer !

La fin de l’endimanche-mentLes garde-robes ne contiennent plus de robes de soirées ou de costumes car les adolescents 

Modedes adolescents

L’air lointain, la moue boudeuse, une attitude indispensable à cultiver, surtout en présence des parents...

Le livre ‘virginie a quatorze ans ’ offre aux jeunes filles un florilège de conseils pratiques.

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49Mode

des deux sexes refusent de «s’habiller» pour sortir. Devant leurs parents qui les supplient de faire un effort pour l’arrivée d’une grand-mère ou le mariage d’un parent, ils restent inflexibles, encore meurtris par le souvenir douloureux des endiman-chements de leur enfance. Néanmoins, cette manière relativement cool de s’habiller va se doubler, tout au long de cette décennie, d’une succession de modes vestimentaires destinées à se démarquer du plus grand nombre : hippie, punk, disco...

La coupe à la Stone devient unisexe mais les garçons se différencient avec leur indispensable blouson au col en fourrure synthétique.

La mini est la plupart du temps remplacée par la maxi jupe, mais le pantalon demeure la grande vedette des nouvelles garde-robes.

Cols ‘pelle à tarte’ et gilets sans manches, l’élégance version ’70.

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© Rue des Archives/CSFF

Médias

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MédiasCinéma

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Le cinéma et les enfants Malgré la place croissante de la télévision et de son lot de programmes destinés à la jeunesse, et donc de nombreux dessins animés, le cinéma conserve encore son pouvoir de séduction. Un pouvoir de plus en plus réduit si l’on en juge par la taille des salles. Les cinémas de quartier de nos parents n’existent plus, ou à l’état d’abandon, et les salles de centre-ville, hier si majestueuses, laissent place, peu à peu, à des « complexes » et des « multisalles ». 

Le monde merveilleux

‘Les Aventures de Bernard et Bianca’

(1977) de Wolfgang reitherman.

Que de récréations consacrées à échanger les vignettes manquantes de

ces albums !

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61Médias

‘robin des Bois’ (1973) de Wolfgang reitherman.

de DisneyEn cette période de transition, nous découvrons, avec un émerveillement certainement comparable à celui de nos frères et sœurs aînés, les dernières productions Disney. Le Robin des Bois (1973) de Wolfgang Reither-man nous offre une jolie transposition de la fabuleuse histoire de ce rebelle au grand cœur qui « prend aux riches pour donner aux pauvres ». Robin, Frère Tuck et Petit Jean, la Belle Marianne et Dame Gertrude, le Prince Jean et Triste Sire... sous leurs traits animaliers, renouvellent ainsi l’adaptation de ce classique parmi les classiques.Quatre ans plus tard, Les Aventures de Bernard et Bianca (1977) de Wolfgang Reitherman encore empor-tent un vif succès. L’histoire de ces deux souris parties porter secours à Penny, une petite orpheline séquestrée par l’affreuse Madame Médusa, séduit une fois encore petits et grands.Forts des réussites de Mary Poppins (1965) de Robert Wise et L’Apprentie sorcière (1969) de Robert Stevenson, les studios Disney marient à nouveau dessin animé et images réelles dans Peter et Elliott le dragon (1978) de Don Chaffey. Poursuivi par une abominable mégère qui rêve de le faire travailler comme garçon de ferme, puis adopté par une gentille jeune femme qui l’emmène à l’école, Peter, le petit garçon (filmé), vit ses aventures en compagnie d’Elliott, un dragon (dessiné) tout à fait aimable qui possède la particularité de pouvoir se rendre invisible à volonté. Chansons, gags et émo-tions... les ingrédients sont réunis.

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