1
NOTRE SUPPLEMENT NOS HOS Le président Loubet On dit que « la politique conser- ve » ; mais l'année 1929 n'aura pas été clémente pour nos vieux hom- mes d'Etat rentrés dans la coulisse. Juste dix jours avant d'atteindre ses 91 ans, M. Emile Loubet, an- cien président de la République, vient de s'éteindre dans son joli castel de la Bégude de Mazenc. Il était à Marsanne (Drôme), le 31 décembre 1838. Avocat, maire de Montélimar en 1870, conseiller général, député en 1876, sénateur en 1885, ministre des Travaux pu- blics, en 1887, président du Con- seil en 1892, enfin, président de la République le 18 février 1899, en remplacement de Félix Fauré, mort subitement, l'ascension de M. Emile Loubet fut lente, graduelle et con- tinue. S'il ne monta pas plus vite, c'est qu'il pensait : CM va piano va sano. Puis, quand il fut parvenu et resté sept ans au sommet du pou- voir, il redescendit dans la vie pri- vée aussi tranquillement qu'il était monté mais non sans avoir essuyé, là-haut, bien des tempêtes ! La première déjà ! le lende- main même de son élection, le jour des obsèques de Félix Faure : l'im- pétueux Paul Déroûlède, haran- .guant les troupes du cortège, qui après la cérémonie regagnaient leurs casernements, tenta de les dé- cider à marcher sur l'Elysée pour renverser la République parlemen- taire. Cet essai de coup d'Etat ne réussit pas, — heureusement pour M. Loubet qui venait d'emménager le matin — et Déroûlède, arrêté, fut traduit quelques mois plus tard devant la Cour d'assises qui l'ac- quitta. Le 4 juin de la même année il899), autre aventure. M. Loubet selon l'usage, s'étai' rendu en équi- page officiel au Grand Steeple d'Auteuil. Son arrivée au champ de course fut saluée par des cris hos- tiles. On sortait de l'affaire Drey- fus et les passions politiques étaient encore surexcitées... A pei- ne était-il dans la tribune officiel- le qu'un des manifestants, le baron Ghristiani, qui avait réussi à le sui- vre jusque là, se précipita sur lui, et le frappa d'un violent coup de canne à la tête. Le président ne fut pas blessé, grâce à son chapeau haut-de-forme qui amortit le choc ; seul le « huit reflets » fut griève- ment cabossé. Cet objet présidentiel demeura longtemps historique : on en fit des breloques, des fétiches, des ca- ricatures, des accessoires de co- tillon et d'innombrables chansons dans les cabarets monmartrois. Pas un instant M. Loubet n'eut l'idée de s'en offusquer : il en riait tout le premier, avec une indulgente bon homie. Le baron Christiani fut, pour cet exploit, condamné le 13 juin, à 4 ans de prison ; mais on lui rendit la liberté au bout de neuf mois. '• :.''•' •••:.• . : . ? o O ° . . ' . , / * " , ' - Le plus tragique incident qui 'marqua le septennat, assez mouve- menté, de M. Loubet fut l'attentat de la rue de Rohan, dirigé contre le roi Alphonse XIII en visite à Pa- ris, le 31 mai 1905 .Une représen- tation de gala avait lieu ce soir-là à l'Opéra Comme la calèche où .se trouvaient le jeune souverain de 19 ans et le vieux président de 67 ans venait de tourner le coin de la rue de Rivoli, devant les gui- chets du Carroussel, une bombe,, lancée par un anarchiste espagnol qu'on ne put saisir, fit explosion au milieu du cortège, blessant plu- sieurs cuirassiers de l'escorte. Le roi, machinalement, s'était levé pour mieux se rendre compte de ce qui arrivait. M. Loubet, d'une poigne énergique et fort peu proto- colaire, le saisit vivement par le bras et lui dit, d'un ton sans cé- plique : — Asseyez-vous ! Et Alphonse XIIIT)béit. — Bah 1 conclut-il en souriant, ce sont les risques du métier"! En repartant, le 3 juin, il remer-, cia, avec effusion, le président, de l'inoubliable accueil qu'il avait re- çu à Paris. Il n'a pas l'oublier, en effet. Une dernière anecdote bien tou- chante. M. Loubet, — que certains vieux amis de Montélimar abor- daient familièrement dans la rue, même quand il fut ministre, ta lui disant : « Bonjour, Monsieur Emi- le ! », — M Loubet avait un. culte fervent pour sa vieille maman, qui vivait encore lorsqu'il devint chef de l'Etat. Un jour qu'il était venu officiel- lement au pays, à Marsanne, la bonne dame était sortie devant sa porte pour le voir passer dans tou- te sa gloire et assister à sa récep- tion. Le président l'aperçut, et n'y put tenir. Faussant brusquement com- pagnie aux notabilités qui l'entou- raient, il alla se jeter dans les bras de sa mère, qui s'écria en pleurant de joie : —• Ah ! mon cher garçon, tou- jours le même !... A présent que te voilà pourtant comme les rois !... Toujours le même ! (Rie et Bac). "*• • • —o— Le Savon de Clemenceau Rares sont ceux qui peuvent se vanter d'avoir étonné Clemenceau. Pour notre part, nous n'en con- naissons qu'un seul. Et encore, s'il y réussit, ce fut tout à fait sans le vouloir. Le Tigre parcourait un secteur d'Alsace. On ne l'attendait point Aucune consigne n'avait donc pu être donnée. Clemenceau, suivi par l'état-ma- jor du bataillon, chemine dans les boyaux. A un tournant, il rencon- tre un brave type qui venait de la- ver son linge de corps à la rivière. Le poilu aperçoit le cortège Pour le laisser passer, il se plaque contre la paroi, non sans avoir — car il tient à ne pas le sa ir — posé son linge sur son avant-bras gauche et serré son précieux savon dans sa main droite . Clemenceau aimait à parler aux soldats. Il s'arrête auprès du la- veur qui, sidéré par les grosses moustaches blanches, n'a d'yeux que pour elles, et -ne voit pas les signes désespérés du commandant. — Ça va ?... Heu .... ' •:;.-. .-•'• Et, à brûle-pourpoint : - Est-ce qu'il est bon, ton sa- von ? Alors l'autre, ingénu et tranquil- le : -— J'sais pas... J'v ai jamais goû- ! Le commandant s'effondre. Mais Clemenceau rit de tout son coeur et, se tournant vers les officiers, il s'égaie, les prenant à témoin : Eh bien ! celui-là..., il peut dire qu'il- m'a eu !... (Les Annales). —o— ce I/autre Wver » Plus redoutable que celui des saisons, car il ne passe pas, c'est celui des ans. Pour faire fondre les premières neiges, rien n'est plus indiqué que les comprimés « PARIX » qui recolorent en 20 mi- nutes les cheveux grisonnants ou prématurément blanchis. La jeunes- se a pour elle la CAMOMILLE OZO- NïFIÉE LALANNE, qui donne aux cheveux foncés un idéal reflet de soleil ou de blé mûr. Grands maga- sins, pharmaciens, parfumeries, salons de coiffure. Et Bradant ? Donc, le valet de chambre de Clemenceau est casé. Nous l'avons annoncé la semaine dernière : grâ- ce à la sollicitude du préfet de .po- lice, Albert est promu gardien du la paix. Mais de Brabant, qu'advient-il ? Brabant, le dévoué chauffeur du Tigre, qui le conduisit aussi bien sur les routes défoncées de la zone des armées que sur les allées pla- nes de la Riviefa. Brabant, que de- vient-il ? . . Rassurez-vous. Sa situation sera plus enviable que celle d'Albert. En effet, un comité américain à la tête duquel se trouverait Miss Morgan — a, paraît-il fait l'acquisi- tion de la propriété que Clemen- ceau habitait en Vendée à Saint- Vincent-sur-Jard, afin d'y créer un musée de v Ia Victoire. Et le gar- dien de ce musée ne serait autre que Brabant. {L'Eurtpien). Un grand mariage espagnol à Pa- ris. M. Paya, fils du député, a épousé Mlle Elmer. Voici les nouveaux époux sorlanl de Sl- Pierre-de-Chaillot, a eu lieu la cérémonie. Mme Vérine, présidente fondatrice de l'Ecole des Parents, ouverte au Musée Social. ' . . A l'Exposition de l'Artisanat. Une Sainte Hélène de style by- zantin en émaux de Venise, pour un fond d'aaiel, oeuvre de M Guilletnaind. TOUT UNI Qu'est-ce que le bricolage ? La Semaine de Bricolage et d'Ar- isanat rural de Lyon a donné tou- e sa valeur à un mot que l'on n'o- sait, jusqu'ici, employer, mais qu'aucun autre ne peut remplacer. Dans un rapport général, M. Roumajon, qui. nu litre de direc- teur de l'Ecole Vaucanson, fut l'or- anisatcur des camions-ateliers qui circulent dans l'Isère, donne cette définition remarquable du 'brico- lage ; « C'est un complément de for- mation professionnelle que doivent ecevoir les agriculteurs. Il est des- tiné à leur permettre d'utiiser, dans les conditions les plus favo- rables, pour le confort de la ie rurale, un outillage électrique et mécanique approprié. s; Le bricolage, comme son nom l'indique, ne correspond à aucune spécialité. 11 est constitué par l'en- semble des menus travaux élémen- taires que chacun peut effectuer de ;es propres moyens, avec un outil- lage très sommaire, après avoir re- çu certaines indications qui ne sauraient être comparées aux prin- cipes sur lesquels est fondé l'ap- prentissage .d'un métier détermi- ». M. Chancrin, prenant à son tour a parole, dit : « II ne suffit pas, en effet, de donner à l'enfant un savoir suffi- sant sur un certain nombre de sciences, il faut aussi lui procurer es moyens de se servir,~matériclle- ment si je puis dire, de son intelli- gence, de son habileté, en les appli- quant à des usages pratiques et d'une utilité journalière. « Les exercices de menuiserie, de forge, etc., que l'on fait effec- tuer aux élèves des écoles primai- res supérieures (section générale), de bon nombre de collèges et ly- cées, d'écoles pratiques diverses, lui permettront d'exécuter, dans la' famille, ces petits travaux pour lesquels, faute d'habileté et d'ha- bitude, on est otligé de recourir à un ouvrier, et ils leur donneront le goût du travail manuel, si nécessai- re dans une démocratie (L'Association). ; -- 0 Anecdotes "culinaires... • sur Rossini L'auteur du Barbier de. Séville, de Guillaume Tell et de tant d'au- tres opéras célèbres, était non seu- lement un génie musical, mais en- core un fin gourmet et un homme des plus spirituels. Voici quelques-unes de ses re- parties pleines d'humour et d'es- prit : « L'appétit avait-il cou- tume de dire — est pour l'estomac ce que l'amour est pour le coeur. L'estomac est le chef qui fait jouer et résonner l'orchestre des senti- ments humains. A vide, il joue le « basson » de la haine et la « flû- te » de l'envie. Garni, il bat le triangle de la joie et le tambour du plaisir. Manger et aimer, chanter et digérer sont quatre actes d'un opéra-comique qu'on nomme la vie et qui, en un bref laps de temps, s'évanouit comme l'ivresse du Champagne. Celui qui laisse la vie s'envoler sans en jouir est un fou ». « Maître, demandait une fois un importun au célèbre composi- teur — véritablement ne vous sou- venez-vous pas de moi ? Au ban- quet, à Milan, lorsqu'on a servi un énorme plat de macaroni !... J'étais assis à votre côté !... » « Oui, oui, répondit froidement Rossini — je me souviens effectivement du plat de macaroni, mais pas de vous ». Enthousiasmée, une lady lon- donienne ayant appris que Rossini adorait les asperges, fit spéciale- ment le voyage d'Angleterre à Pa- ris pour lui en offrir une botte. « Maître, — lui dit-elle en lui présentant les liliacées permet- tez-moi de vous offrir ces primeurs à l'occasion des fêtes de Pâques et en mêjne temps de profiter de cet- te occasion de vous mieux connaî- tre ». « Oh ! que vous êtes aimable, madame, répondit Rossini en pre- nant les asperges. Pour cette déli- cate attention, je tiens, madame, à me faire connaître exactement de vous. » Puis, bombant sa poitrine, il s'inclina devant son interlocu- trice : « Rossini de face ». Puis faisant un quart de tour : « Roisi- ni, vu de eôté », dit-il Enfin, se. tournant entièrement. : «' Voici maintenant Rossini vu de dos !!! Et maintenant que vous me con- naissez, permettez-moi, madame, d'aller faire cuire... vos asper- ges ! » .. ., --. F.D. ; ;: (Le Pêle-Méle). Une prophétie Sir Samuel Hoare, ministre de l'Aéronautique dans le gouverne- ment de M. Balchvin, a déclaré que dans dix ou vingt ans, les Anglais pourront passer le week-end à. Ro- me ou à Athènes, faire une petite excursion en Australie ou aller rê- ver deux jours aux Indes. « II y a sept ans à peine, ajouta e ministre, plusieurs de mes amis nie croyaient fou, ils, pensaient que ma femme et moi nous commet- " tions un suicide quand nous avons fait le premier voyage aux Indes à bord d'un avion civil. Au- jourd'hui, tout nous laisse espé- rer que nous pourrons, d'ici peu, entreprendre des voyagees entre l'Angleterre et les dominions les plus éloignés, avec un seul arrêt, et cela sur territoire britannique, après une course de trois, quatre ou cinq mille kilomètres ». (Journal des Voyages). Le Scoutisme en France L'importance du scoutisme fut signalée pour la première fois en France, croyons-nous, par un arti- cle d'un grand quotidien français, n juillet 1909. Un an après la réation des Boy-Scouts anglais, plusieurs personnes intéressées par e mouvement de sir Baden-Powell, s'efforcèrent de lancer en France un mouvement analogue. Après dif- crentes tentatives isolées, plu- sieurs ligues ou associations se fon-- dèrent au cours de l'année 1911, dont les deux principales furent les Eclaireurs Unionistes de Fran- ce » et les « Eclaireurs de Fran- ce ».'En 1920, s'organisèrent les « Scouts de France », groupant dif- férentes troupes de boy-scouts ca- tholiques nées d'initiatives parti- culières. Actuellement, en France, ces' trois associations, seules reconnues par le bureau' international du scoutisme," réunissent, au total, trente mille eclaireurs environ. Elles se répartissent ainsi les dif- , férents terrains d'action dans le pays : Les Scouts de France s'adressent exclusivement aux catholiques pra- tiquants. Les Eclaireurs Unionistes, d'ins- piration et de direction protestan- tes, sont interconfessionnels. Les Eclaireurs de France, placés sur le terrain de la neutralité reli-. gieuse, comme l'enseignement pu- blic, constituent une association ouverte à tous ; ils exigent de leurs membres la conviction et la tolé- rance, et respectent, dans le do- maine religieux, la volonté des fa- milles. Un même esprit anime tous ces eclaireurs, conime une même loi' les unit entre "eux et à leurs frères scouts du monde entier. Cette loi fait appel à leur honneur et cet esprit, à leur loyauté. Le jeune apprenti éclaireur, « l'aspirant », s'il s'en montre di- gne par son travail, a des épreuves techniques à subir, et par la noblesse de son caractère, peut devenir éclaireur ». Il s'y engage par la « promesse » solennelle d'o- béir à la loi de l'éclaireur, de ser.-> vir les autres et de servir sa patrie. Cette promesse diffère un peu suivant la fédération à Inquelle ap- partient le jeune garçon, Elle com- porte l'engagement et la fidélité à Dieu pour les Eclaireurs Unionis- tes et les Scouts de France. Pour les Eclaireurs de France, cet enga- gement est facultatif. Les eclaireurs de chaque grou- pement se différencient encore par l'insigne de leur fédération. Le coq gaulois pour les Eclai- reurs Unionistes. La croix de Jérusalem pour les Scouts de France. L'arc tendu avec, un flèche ponr les Eclairenrs France. Mais un même esprit les anine et se retrouve au travers ds leurs devises : Tout droit. Servir Etre prêt. (Le MrUf).

NOS HOS TOUT UNI - archives.issoire.fr · Anecdotes "culinaires... • sur Rossini L'auteur du Barbier de. Séville, de Guillaume Tell et de tant d'au-tres opéras célèbres, était

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: NOS HOS TOUT UNI - archives.issoire.fr · Anecdotes "culinaires... • sur Rossini L'auteur du Barbier de. Séville, de Guillaume Tell et de tant d'au-tres opéras célèbres, était

NOTRE SUPPLEMENT

NOS HOS

Le président Loubet

On dit que « la politique conser-ve » ; mais l'année 1929 n'aura pasété clémente pour nos vieux hom-mes d'Etat rentrés dans la coulisse.Juste dix jours avant d'atteindreses 91 ans, M. Emile Loubet, an-cien président de la République,vient de s'éteindre dans son jolicastel de la Bégude de Mazenc.

Il était né à Marsanne (Drôme),le 31 décembre 1838. Avocat, mairede Montélimar en 1870, conseillergénéral, député en 1876, sénateuren 1885, ministre des Travaux pu-blics, en 1887, président du Con-seil en 1892, enfin, président de laRépublique le 18 février 1899, enremplacement de Félix Fauré, mortsubitement, l'ascension de M. EmileLoubet fut lente, graduelle et con-tinue. S'il ne monta pas plus vite,c'est qu'il pensait : CM va pianova sano. Puis, quand il fut parvenuet resté sept ans au sommet du pou-voir, il redescendit dans la vie pri-vée aussi tranquillement qu'il étaitmonté mais non sans avoir essuyé,là-haut, bien des tempêtes !

La première — déjà ! le lende-main même de son élection, le jourdes obsèques de Félix Faure : l'im-pétueux Paul Déroûlède, haran-

.guant les troupes du cortège, quiaprès la cérémonie regagnaientleurs casernements, tenta de les dé-cider à marcher sur l'Elysée pourrenverser la République parlemen-taire. Cet essai de coup d'Etat neréussit pas, — heureusement pourM. Loubet qui venait d'emménagerle matin — et Déroûlède, arrêté,fut traduit quelques mois plus tarddevant la Cour d'assises qui l'ac-quitta.

Le 4 juin de la même annéeil899), autre aventure. M. Loubetselon l'usage, s'étai' rendu en équi-page officiel au Grand Steepled'Auteuil. Son arrivée au champ decourse fut saluée par des cris hos-tiles. On sortait de l'affaire Drey-fus et les passions politiquesétaient encore surexcitées... A pei-ne était-il dans la tribune officiel-le qu'un des manifestants, le baronGhristiani, qui avait réussi à le sui-vre jusque là, se précipita sur lui,et le frappa d'un violent coup decanne à la tête. Le président ne futpas blessé, grâce à son chapeauhaut-de-forme qui amortit le choc ;seul le « huit reflets » fut griève-ment cabossé.

Cet objet présidentiel demeuralongtemps historique : on en fitdes breloques, des fétiches, des ca-ricatures, des accessoires • de co-tillon et d'innombrables chansonsdans les cabarets monmartrois. Pasun instant M. Loubet n'eut l'idée des'en offusquer : il en riait tout lepremier, avec une indulgente bonhomie.

Le baron Christiani fut, pour cetexploit, condamné le 13 juin, à 4ans de prison ; mais on lui renditla liberté au bout de neuf mois.

• • • • ' • : . ' ' • ' • • • : . • . : • • • . ? • o O

° . . ' . , / * • • " , ' -

Le plus tragique incident qui'marqua le septennat, assez mouve-menté, de M. Loubet fut l'attentatde la rue de Rohan, dirigé contrele roi Alphonse XIII en visite à Pa-ris, le 31 mai 1905 .Une représen-tation de gala avait lieu ce soir-làà l'Opéra Comme la calèche où .setrouvaient le jeune souverain de19 ans et le vieux président de 67ans venait de tourner le coin dela rue de Rivoli, devant les gui-chets du Carroussel, une bombe,,lancée par un anarchiste espagnolqu'on ne put saisir, fit explosionau milieu du cortège, blessant plu-sieurs cuirassiers de l'escorte.

Le roi, machinalement, s'étaitlevé pour mieux se rendre comptede ce qui arrivait. M. Loubet, d'unepoigne énergique et fort peu proto-colaire, le saisit vivement par lebras et lui dit, d'un ton sans cé-plique :

— Asseyez-vous !Et Alphonse XIIIT)béit.— Bah 1 conclut-il en souriant,

ce sont les risques du métier"!En repartant, le 3 juin, il remer-,

cia, avec effusion, le président, del'inoubliable accueil qu'il avait re-çu à Paris. Il n'a pas dû l'oublier,en effet.

Une dernière anecdote bien tou-chante. M. Loubet, — que certainsvieux amis de Montélimar abor-daient familièrement dans la rue,même quand il fut ministre, ta lui

disant : « Bonjour, Monsieur Emi-le ! », — M Loubet avait un. cultefervent pour sa vieille maman, quivivait encore lorsqu'il devint chefde l'Etat.

Un jour qu'il était venu officiel-lement au pays, à Marsanne, labonne dame était sortie devant saporte pour le voir passer dans tou-te sa gloire et assister à sa récep-tion.

Le président l'aperçut, et n'y puttenir. Faussant brusquement com-pagnie aux notabilités qui l'entou-raient, il alla se jeter dans les brasde sa mère, qui s'écria en pleurantde joie :

—• Ah ! mon cher garçon, tou-jours le même !... A présent que tevoilà pourtant comme les rois !...Toujours le même !

(Rie et Bac)."*• • • • •

—o—

Le Savon de Clemenceau

Rares sont ceux qui peuvent sevanter d'avoir étonné Clemenceau.Pour notre part, nous n'en con-naissons qu'un seul. Et encore, s'ily réussit, ce fut tout à fait sans levouloir.

Le Tigre parcourait un secteurd'Alsace. On ne l'attendait pointAucune consigne n'avait donc puêtre donnée.

Clemenceau, suivi par l'état-ma-jor du bataillon, chemine dans lesboyaux. A un tournant, il rencon-tre un brave type qui venait de la-ver son linge de corps à la rivière.Le poilu aperçoit le cortège Pourle laisser passer, il se plaque contrela paroi, non sans avoir — car iltient à ne pas le sa ir — posé sonlinge sur son avant-bras gauche etserré son précieux savon dans samain droite .

Clemenceau aimait à parler auxsoldats. Il s'arrête auprès du la-veur qui, sidéré par les grossesmoustaches blanches, n'a d'yeuxque pour elles, et -ne voit pas lessignes désespérés du commandant.

— Ça va ?...— H e u . . . . ' •:;.-. . - • ' •

Et, à brûle-pourpoint :—- Est-ce qu'il est bon, ton sa-

von ?Alors l'autre, ingénu et tranquil-

l e :

-— J'sais pas... J'v ai jamais goû-té !

Le commandant s'effondre. MaisClemenceau rit de tout son cœuret, se tournant vers les officiers, ils'égaie, les prenant à témoin :

Eh bien ! celui-là..., il peut direqu'il- m'a eu !...

(Les Annales).

—o—

ce I/autre Wver »Plus redoutable que celui des

saisons, car il ne passe pas, c'estcelui des ans. Pour faire fondreles premières neiges, rien n'estplus indiqué que les comprimés« PARIX » qui recolorent en 20 mi-nutes les cheveux grisonnants ouprématurément blanchis. La jeunes-se a pour elle la CAMOMILLE OZO-NïFIÉE LALANNE, qui donne auxcheveux foncés un idéal reflet desoleil ou de blé mûr. Grands maga-sins, pharmaciens, parfumeries,salons de coiffure.

Et Bradant ?

Donc, le valet de chambre deClemenceau est casé. Nous l'avonsannoncé la semaine dernière : grâ-ce à la sollicitude du préfet de .po-lice, Albert est promu gardien dula paix.

Mais de Brabant, qu'advient-il ?Brabant, le dévoué chauffeur duTigre, qui le conduisit aussi biensur les routes défoncées de la zonedes armées que sur les allées pla-nes de la Riviefa. Brabant, que de-vient-il ? . .

Rassurez-vous. Sa situation seraplus enviable que celle d'Albert.

En effet, un comité américainà la tête duquel se trouverait MissMorgan — a, paraît-il fait l'acquisi-tion de la propriété que Clemen-ceau habitait en Vendée à Saint-Vincent-sur-Jard, afin d'y créer unmusée de vIa Victoire. Et le gar-dien de ce musée ne serait autreque Brabant.

{L'Eurtpien).

Un grand mariage espagnol à Pa-ris. — M. Paya, fils du député,a épousé Mlle Elmer. Voici lesnouveaux époux sorlanl de Sl-Pierre-de-Chaillot, où a eu lieula cérémonie.

Mme Vérine, présidente fondatricede l'Ecole des Parents, ouverteau Musée Social. ' . .

A l'Exposition de l'Artisanat. —Une Sainte Hélène de style by-zantin en émaux de Venise, pourun fond d'aaiel, œuvre de MGuilletnaind.

TOUT UNI

Qu'est-ce quele bricolage ?

La Semaine de Bricolage et d'Ar-isanat rural de Lyon a donné tou-e sa valeur à un mot que l'on n'o-

sait, jusqu'ici, employer, maisqu'aucun autre ne peut remplacer.

Dans un rapport général, M.Roumajon, qui. nu litre de direc-teur de l'Ecole Vaucanson, fut l'or-anisatcur des camions-ateliers qui

circulent dans l'Isère, donne cettedéfinition remarquable du 'brico-lage ;

« C'est un complément de for-mation professionnelle que doiventecevoir les agriculteurs. Il est des-

tiné à leur permettre d'utiiser,dans les conditions les plus favo-rables, pour le confort de laie rurale, un outillage électrique

et mécanique approprié.s; Le bricolage, comme son nom

l'indique, ne correspond à aucunespécialité. 11 est constitué par l'en-semble des menus travaux élémen-taires que chacun peut effectuer de;es propres moyens, avec un outil-lage très sommaire, après avoir re-çu certaines indications qui nesauraient être comparées aux prin-cipes sur lesquels est fondé l'ap-prentissage .d'un métier détermi-né ».

M. Chancrin, prenant à son toura parole, dit :

« II ne suffit pas, en effet, dedonner à l'enfant un savoir suffi-sant sur un certain nombre desciences, il faut aussi lui procureres moyens de se servir,~matériclle-

ment si je puis dire, de son intelli-gence, de son habileté, en les appli-quant à des usages pratiques etd'une utilité journalière.

« Les exercices de menuiserie,de forge, etc., que l'on fait effec-tuer aux élèves des écoles primai-res supérieures (section générale),de bon nombre de collèges et ly-cées, d'écoles pratiques diverses,lui permettront d'exécuter, dans la'famille, ces petits travaux pourlesquels, faute d'habileté et d'ha-bitude, on est otligé de recourir àun ouvrier, et ils leur donneront legoût du travail manuel, si nécessai-re dans une démocratie

(L'Association).; -- —0—

Anecdotes "culinaires... •sur Rossini

L'auteur du Barbier de. Séville,de Guillaume Tell et de tant d'au-tres opéras célèbres, était non seu-lement un génie musical, mais en-core un fin gourmet et un hommedes plus spirituels.

Voici quelques-unes de ses re-parties pleines d'humour et d'es-prit : « L'appétit — avait-il cou-tume de dire — est pour l'estomacce que l'amour est pour le cœur.L'estomac est le chef qui fait joueret résonner l'orchestre des senti-ments humains. A vide, il joue le« basson » de la haine et la « flû-te » de l'envie. Garni, il bat letriangle de la joie et le tambour duplaisir. Manger et aimer, chanteret digérer sont quatre actes d'unopéra-comique qu'on nomme lavie et qui, en un bref laps detemps, s'évanouit comme l'ivressedu Champagne. Celui qui laisse lavie s'envoler sans en jouir est unfou ».

« Maître, — demandait une foisun importun au célèbre composi-teur — véritablement ne vous sou-venez-vous pas de moi ? Au ban-quet, à Milan, lorsqu'on a servi unénorme plat de macaroni !... J'étaisassis à votre côté !... » « Oui, oui,répondit froidement Rossini — jeme souviens effectivement du platde macaroni, mais pas de vous ».

Enthousiasmée, une lady lon-donienne ayant appris que Rossiniadorait les asperges, fit spéciale-ment le voyage d'Angleterre à Pa-ris pour lui en offrir une botte.

« Maître, — lui dit-elle en luiprésentant les liliacées — permet-tez-moi de vous offrir ces primeursà l'occasion des fêtes de Pâques eten mêjne temps de profiter de cet-te occasion de vous mieux connaî-tre ».

« Oh ! que vous êtes aimable,madame, répondit Rossini en pre-nant les asperges. Pour cette déli-cate attention, je tiens, madame, àme faire connaître exactement devous. » Puis, bombant sa poitrine,il s'inclina devant son interlocu-trice : « Rossini de face ». Puisfaisant un quart de tour : « Roisi-ni, vu de eôté », dit-il Enfin, se.

tournant entièrement. : «' Voicimaintenant Rossini vu de dos !!!Et maintenant que vous me con-naissez, permettez-moi, madame,d'aller faire cuire... vos asper-ges ! »

.. ., --. F.D.; ;: (Le Pêle-Méle).

Une prophétie

Sir Samuel Hoare, ministre del'Aéronautique dans le gouverne- •ment de M. Balchvin, a déclaré quedans dix ou vingt ans, les Anglaispourront passer le week-end à. Ro-me ou à Athènes, faire une petiteexcursion en Australie ou aller rê-ver deux jours aux Indes.

« II y a sept ans à peine, ajoutae ministre, plusieurs de mes amisnie croyaient fou, ils, pensaient quema femme et moi nous commet- "tions un suicide quand nousavons fait le premier voyage auxIndes à bord d'un avion civil. Au-jourd'hui, tout nous laisse espé-rer que nous pourrons, d'ici peu,entreprendre des voyagees entrel'Angleterre et les dominions lesplus éloignés, avec un seul arrêt,et cela sur territoire britannique,après une course de trois, quatreou cinq mille kilomètres ».

(Journal des Voyages).

Le Scoutisme en France

L'importance du scoutisme futsignalée pour la première fois enFrance, croyons-nous, par un arti-cle d'un grand quotidien français,

n juillet 1909. Un an après laréation des Boy-Scouts anglais,

plusieurs personnes intéressées pare mouvement de sir Baden-Powell,

s'efforcèrent de lancer en Franceun mouvement analogue. Après dif-crentes tentatives isolées, plu-

sieurs ligues ou associations se fon--dèrent au cours de l'année 1911,dont les deux principales furent les

Eclaireurs Unionistes de Fran-ce » et les « Eclaireurs de Fran-ce ».'En 1920, s'organisèrent les« Scouts de France », groupant dif-férentes troupes de boy-scouts ca-tholiques nées d'initiatives parti-culières.

Actuellement, en France, ces'trois associations, seules reconnuespar le bureau' international duscoutisme," réunissent, au total,trente mille eclaireurs environ.Elles se répartissent ainsi les dif- ,férents terrains d'action dans lepays :

Les Scouts de France s'adressentexclusivement aux catholiques pra-tiquants.

Les Eclaireurs Unionistes, d'ins-piration et de direction protestan-tes, sont interconfessionnels.

Les Eclaireurs de France, placéssur le terrain de la neutralité reli-.gieuse, comme l'enseignement pu-blic, constituent une associationouverte à tous ; ils exigent de leursmembres la conviction et la tolé-rance, et respectent, dans le do-maine religieux, la volonté des fa-milles.

Un même esprit anime tous ceseclaireurs, conime une même loi'les unit entre "eux et à leurs frèresscouts du monde entier. Cette loifait appel à leur honneur et cetesprit, à leur loyauté.

Le jeune apprenti éclaireur,« l'aspirant », s'il s'en montre di-gne par son travail, a desépreuves techniques à subir, et parla noblesse de son caractère, peutdevenir éclaireur ». Il s'y engagepar la « promesse » solennelle d'o-béir à la loi de l'éclaireur, de ser.->vir les autres et de servir sa patrie.

Cette promesse diffère un peusuivant la fédération à Inquelle ap-partient le jeune garçon, Elle com-porte l'engagement et la fidélité àDieu pour les Eclaireurs Unionis-tes et les Scouts de France. Pourles Eclaireurs de France, cet enga-gement est facultatif.

Les eclaireurs de chaque grou-pement se différencient encore parl'insigne de leur fédération.

Le coq gaulois pour les Eclai-reurs Unionistes.

La croix de Jérusalem pour lesScouts de France.

L'arc tendu avec, un flèche ponrles Eclairenrs d» France.

Mais un même esprit les anineet se retrouve au travers ds leursdevises :

Tout droit. Servir Etre prêt.(Le MrUf).