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NOSOLOGIE TRADITIONNELLECHINOISE

ET ACUPUNCTUREpRËY ~ I)QPJ1C1ti

Relation entre les nosologiesmoderne et traditionnelle orientale

par

;

J. BOSSY F. GUEVIN H. YASUIProfesseur à la Faculté de Médecine Acupuncteur Directeur de l'Institut Japonais

de Montpellier-Nîmes Montréal de Médecine Traditionnelle Chinoisd

Avec la collaboration du Professeur YANG YU-ZHOUCollège de Médecine Traditionnelle Chinoise de Tianjin (Chine)

PRÉFACE du Professeur NGUYEN TAI THUBt8lIOTNEQUE INTfRUHÜIERSITAIRE1

QE M€ NTP€tl3ERSection MÉDICVVE-NIMES

Avenue Kennedy30000 NIMES

Tél. (66) 64-35-63MASSON

Paris Milan Barcelone Mexico1990

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PRÉFACE

La médecine traditionnelle orientale en général et l'acupuncture en particulier sont utilisées depuis plusieurs millénaires. Leur développement s'est fait progressivement au cours des siècles. Tout au long de sa croissance, chaque région d'extrême-orient a été marquée par des caractères propres, fonction de multiples influences : géographique, climatique et ethnique en particulier.

Largement utilisée de par le monde, l'acupuncture a montré une valeur curative indéniable. Les documents écrits sont parvenus à résumer l'observation patiente de générations de médecin-acupuncteurs, tout en continuant à enrichir la théorie des lois régissant l'état de santé et celui de la maladie.

Au cours de son évolution, l'acupuncture vietnamienne a toujours eu des échanges et des relations enrichissantes et privilégiées avec la France tant sur le plan théorique que sur celui des expériences et des recherches scientifiques.

Ayant rencontré, il y a dix ans déjà, notre ami le Professeur Jean Bossy, nous avions de suite remarqué sa maîtrise et ses compétences en médecine traditionnelle orientale.

Les rencontres et une collaboration scientifique dans ce domaine qui se sont succédées en France, au Vietnam, en Chine et d'autres pays, nous ont permis d'apprécier de plus en plus ses qualités, son savoir et sa fidélité. C'est pourquoi nous sommes très heureux de saluer vivement la publication de cet ouvrage qu'il a réalisé avec ses collègues F. Guevin (Canada) et H. Yasui (Japon) et avec la collaboration du Professeur Yang Yu-Zhou (Chine).

Pour écrire un livre comme celui-ci sur la nosologie traditionnelle et l'acupuncture, les auteurs devaient connaître des milliers de caractères orientaux et avoir parfaitement assimilé les médecines orientale et occidentale.

Une telle réalisation se heurtait évidemment à de grandes difficultés, en particulier pour la traduction en français de textes chinois, vietnamiens, japonais, coréens, etc.., afin de respecter chaque mot et donner à chaque terme sa valeur propre et sa signification exacte ; ils ont su les surmonter.

Essentiellement réalisé à partir de documents extraits des grands et importants traités classiques de la médecine orientale, ce livre, avec ses dix-huit chapitres, constitue un ouvrage de base, d'étude et de recherche.

Les chapitres, tels qu'ils sont présentés par les auteurs, s'adaptent aux recherches théoriques et pratiques de l'acupuncture. En effet, l'efficacité de cette dernière dépend de la connais-

VI Préface

sance approfondie de la pensée orientale, des notions classiques de la médecine traditionnelle et d'une excellente technique d'acupuncture.

Avec cet ouvrage, les auteurs apportent au praticien des éléments complémentaires qui lui permettront d'améliorer sa thérapeutique et d'élargir ses connaissances sur l'acupuncture. Facilitant l'approche et la

compréhension des textes, les auteurs révèlent aux lecteurs une partie de leurs vastes connaissances.

Qu'ils en soient très vivement félicités et remerciés.

Hanoï, le 18 février 1989 Professeur NGUYEN TAI THUDirecteur de l'Institut National

d'Acupuncture du Vietnam (Hanoï)Président de l'Association Nationale

des Acupuncteurs du Vietnam

Table des matières

TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE ..............................................................................................VINTRODUCTION ....................................................................................11. Yin-yang .................................................................................5Symptomatologie du yin yang...............................................................5Tableaux du yin et du yang ..................................................................6

Prépondérance et subordination (sujétion) du yin et du yang (6) ; Yinzheng (7) ; Yangzheng

(7) ; Yinxu (8) ; Yangxu (8) ; Dépendance du yin et du yang (8) ; Stagnation du yin etdu yang (8) ; Autres tableaux du yin et du yang (8).

2. Syndromes élémentaires : Déficience/Excès, Froid/Chaleur, biao/li ...................................................................................................9Déficience/Excès ..................................................................................9

Déficience et Excès de qi et de xue (10) ; Stagnation (11) ; Tableaux cliniques de Déficience

et d'Excès (11).Froid/Chaleur ......................................................................................11

Biao/li...................................................................................................13Combinaisons.......................................................................................143. Syndromes étiologiques ........................................................16Les facteurs pathogènes et leur sémiologie .......................................16

Facteurs exogènes (16) ; Facteurs endogènes (17) ; Facteurs pathogènes ni exogènes ni

endogènes (18) ; Facteurs pestilentiels (21) ; Facteurs congénitaux (21).

Syndromes des atteintes des facteurs pathogènes ............................21Vent (21) ; Froid (23) ; Chaleur et Feu (24) ; Humidité (24) ; Sécheresse (25) ; Chaleur d'été,

ou Canicule (25) ; Associations (25).4. Syndromes des fondements de l'activité vitale : qi, xue, jing 27Qi et xue ............................................................................................. 27 Qi

(27) ; Xue (28) ; Circulation du qi et" d" u xue (29. ) ; Reflux, contre-courants, quini. (29). .

.Sémiologie qi et xue ...........................................................................29

Déficience du qi (qixu) (29) ; Prostration du qi (qituo) (29) ; Déficience du xue (xuexu) (30) ;

Pléthore de qi (30) ; Stagnation du qi (30) ; Stase de xue (30).Syndromes du qi et du xue..................................................................30

Déficience de qi (qixu) et qi chétif (qiqie) (31) ; Déficience de qi et de yin (qiyinliangxu) (31) ; Prostration du qi (qituo) (31) ; Stagnation du qi (qizhi) (31) ; Plénitude de qi (32) ; Reflux du qi (qini) (32) ; Déficience de Sang (xuexu) (32) ; Stagnation, Stase, et Congélation du xue (33) ; Chaleur du Sang (xuere) (33) ; Déficience du qi et xue (33) ; Stagnation de qi et Stase du xue (34) ; Chaleur brûlante engendrée par le qi et le xue(qixueliangfan) (34).

Jing ......................................................................................................34

VIII Table des matières

5. Bi et wei ................................................................................35Bizheng ...............................................................................................35

Classification selon les facteurs pathogènes (35) ; Classification selon la localisation dans les tissus et les zang (36) ; Formes particulières des bi internes (36) ; Conclusion (37).

Weizheng.............................................................................................37Wei de la peau (pimaowei). Wei des membres inférieurs (37) ; Wei

des vaisseaux (maiwei) (37) ; Wei des tendons (jinwei) (38) ; Wei des chairs (rouwei) (38) ; wei des os (guwei) (38) ; Conclusion (38).

6. Maladies fébriles et épidémiques, shanghan et wenbing .....39

Évolution des maladies d'origine exogène . ••••••••••••••••••••••••••••.....................................................................39

Le Froid (40) ; La Chaleur (41) ; Les autres facteurs exogènes (42) ; Facteur pathogène fixé sur un zang (42) ; Chaleur pathogène (42) ; Sentiments (42).

Syndromes des grand méridiens ..................................................•••.•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 42

Syndrome de taiyang (taiyangbing) (42) ; Syndrome de yangming (yangmingbing) (42) ; Syndrome de shaoyang (shaoyangbing) (43) ; Syndrome taiyin (taiyinbing) (43) ; Syndrome de shaoyin (shaoyinbing) (43) ; Syndrome de jueyin (jueyinbing) (43).

Les quatre phases de l'évolution clinique des wenbing ...................... 43 Phase wei (weifenzheng) (43) ; Phase qi (qifenzheng) (43) ; Phase ying (yingfenzheng) (43) ; Phase xue (xuefenzheng) (44).

Analyse selon les Trois Foyers ..................................................•.•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 44

Stade du Foyer Supérieur (Shangjiaobingzheng) (44) ; Stade du Foyer Moyen (zhongjiaobingzheng) (44) ; Stade du Foyer Inférieur (xiajiaobingzheng) (44).

7. Shui, tan, yin..........................................................................45Shui et jinye .........................................................................................45Substances pathologiques tan, yin, shuigi. •••••••••••••••••••••••••••••

...............................................................46 Tan (46) ; Yin (46) ; Troubles du shui (46).

Syndromes des tan, yinettroubles du shui...........................................47 Tan (47) ; Yin ou mucosités (48) ; Syndromes de shui (49).

8. Tumeurs, amas, masses, stagnations ....................................50Étiopathogénie.....................................................................................50Masses et gonflement par troubles du qi...............................................................•••••••••••••••••••••••••••••••••. 50Masses par Stase de Sang ..................................................................51Tumeurs ............................................................................................... 51 Les

ji et les ju (51) ; Zheng et jia (52) ; liu (52) ; yan (52) ; shan (52) ; Tumeurs cutanées (52).

Conclusion ...........................................................................................52

9. Pertes de connaissance (jue) et collapsus (tuo)..............................................................•..••••.•••••••••••••••••••..............................................................53Jue .......................................................................................................53 Jue

d'origine exogène (53) ; Jue d'origine endogène (54) ; Jue d'origine ni exogène, ni endogène (54) ; Jue des méridiens (54) ; Juetuozheng (54).

Tuo.......................................................................................................54

10. Zhongfeng............................................................................56Zhongfeng d'origine endogène ...........................................................56

Signes prémonitoires (56) ; Apoplexies viscérales (zhongzang) et apoplexies des entrailles

creuses (zhongfu) (56) ; Zhongfeng des méridiens et de leurs branches collatérales (57) ;Fengyi, apoplexie hystérique (57) ; Séquelles des zhongfeng (57).

Zhongfeng d'origine exogène...............................................................5811. Nosologie psychiatrique.......................................................59Stade précoce ......................................................................................60Tableaux de type Excès........................................................................60Tableaux de type Déficience ................................................................60Dian et kuang ......................................................................................60

Dian (60) ; Kuang (61) ; Mélange de dian et kuang (61).Névroses ............................................................................................. 62

Névrose hystérique (yibing) (62) ; Neurasthénie (62).Conclusion ...........................................................................................63

Table des matières IX

12. Zangfu ................................................................................64Zangfu ;sentiments; ouvertures...........................................................64 Les

cinq zang (wuzang) (64) ; Les sentiments (65) ; Les ouvertures (65).Nosologie des Reins (shen)..................................................................65

Anatomo-physiologie des Reins (65) ; Sémiologie (66) ; Insuffisance des Reins (shenxu) (67) ; Déficience du qi des Reins (67) ; Instabilité du qi des Reins (shengi bugu) (67) ; Déficience de yang des Reins (shenyangxu, shenyang buzu) (67) ; Déficience de yin des Reins (shenyinxu, shenyin buzu) (68) ; Jing des Reins déficient (68).

Nosologie de coeur (xin)......................................................................68Anatomo-physiologie du Coeur (68) • Sémiologie (69) ; Faiblesse

du Coeur (xinxu) (69) ; Troubles du qi de Coeur (69) ; Déficience de yang (fonction vitale) de Coeur (xinyangxu) (69) ; Déficience de Sang (xue) de Coeur (xinxuexu) (70) ; Déficience de yin (essence vitale) de Coeur (xinyinxu) (70) ; Les Glaires (tan) perturbent le Coeur (70) ; Stase de Sang du Coeur (xinxueyu) (71) ; Déficience de qi de Coeur et de Poumon (71) ; Déficience de Coeur et de Rate (xinpiliangxu) (71) ; Déficience de qi de Coeur et de Vésicule Biliaire (71) ; Déficience de yang de Coeur et des Reins (xinshenyangxu) (71) ; Atteintes du méridien de shoushaoyin par des facteurs exogènes (71).

Nosologie de l'Enveloppe du Coeur .................................................... 71 Anatomo-physiologie et sémiologie de l'Enveloppe du Coeur (71) ; Transmission anormale au Péricarde (nichuanxinbao) (72) ; Feu et Tan associés (tanhuoraoxin) (72).

Nosologie du Foie (gan) et de Vésicule Biliaire (dan) .........................72Anatomo-physiologie du Foie et de Vésicule Biliaire (72) ;

Sémiologie du Foie et de Vésicule Biliaire (73) ; Troubles du qi de foie (73) ; Froid et Chaleur de Foie et Vésicule Biliaire (74) ; Déficience de Sang du Foie (ganxuexu ou ganxuebuzu) (75) ; Déficience de yin du Foie (ganyinxu) (ganyinbugu) (75) ; Chaleur et Humidité dans le Foie et la Vésicule Biliaire (gandanshire) (76) ; Le Feu du Foie envahit le Poumon (ganhuofanfei) (76) ; Déficience de yin du Foie et des Reins (ganshenyinxu) (ganshenkuisun) (77) ; Stagnation de Froid dans le méridien de Foie (hanzhi ganmai) (77).

Nosologie de Rate (pi) et d'Estomac (wei) ..........................................77Anatomo-physiologie de Rate et d'Estomac (77) ; Sémiologie de

Rate et d'Estomac (78) ; Déficience de Rate (pixu) (78) ; Déficience de yang de Rate (piyangxu ou piyangbuzu) (79) ; Déficience de yin de Rate (piyinxu ou piweiyinxu) (80) ; Chaleur ou fièvre splénique (pire) (80) ; Humidité et Rate (80) ; Froid et Humidité envahissent la Rate (hanshikunpi) (80) ; Déficience d'Estomac (weixu) (80) ; Froid dans l'Estomac (weihan) (81) ; Chaleur dans l'Estomac (weire ou weizhongre) et son aggravation, Feu dans l'Estomac (weihuochisheng ou weihuo shangshen) (81) ; Rétention de nourriture dans l'Estomac (shizhiweiwan) (81) ; Humidité et Chaleur stagnent dans la Rate et l'Estomac (piweishire) (81) ; Déficience de Rate et de Poumon (pifeiliangxu) (81) ; Déficience yang de Rate et des Reins (pishenyangxu) (81).

Nosologie d'Intestin Grêle, (xiaochang) ..............................................82Anatomo-physiologie et sémiologie de l'Intestin Grêle (82) ;

Déficience-Froid d'Intestin Grêle (xiaochangxuhan) (82) ; Transmission de la Chaleur pathologique du Coeur à l'Intestin Grêle (xinyinreyuxiaochang) (82) ; Excès de Chaleur dans l'Intestin Grêle (xiaochangshire) (82) ; Stagnation de qi d'Intestin Grêle (83).

Nosologie de Gros Intestin (dachang) ................................................83Anatomo-physiologie et sémiologie de Gros Intestin (83) ;

Déficience de Gros Intestin (dachangxu) (83) ; Déficience et Froid du Gros Intestin (dachangxuhan) (83) ; Accumulation de Froid dans le Gros Intestin (dachanghanjie) (83) ; Accumulation de Chaleur dans le Gros Intestin (dachangrejie) (84) ; Déficience en liquide du Gros Intestin (dachangyekui) (84) ; Humidité et Chaleur dans le Gros Intestin (dachangshire) (84) ; Stase dans le Gros Intestin (84).

Nosologie de Poumon (fei) ..................................................................84Anatomo-physiologie de Poumon (84) ; Sémiologie (85) ; Déficience

de Poumon (feixu) (85) ; Sécheresse du Poumon (feizao) (85) ; Chaleur des Poumons (feire) (85)'; Feu du Poumon (feihuo) (86) ;

Pléthore de Poumon (feishi) (86) ; Déficience de Poumon et des Reins (feshenliangxu) (86).

Nosologie de Vessie (pangguang) ......................................................87Anatomo-physiologie de Vessie (87) ; Déficience et Froid de la Vessie (pangguangxuhan)

(87) ; Instabilité du qi de la Vessie (paoqibugu) (87) ; Chaleur dans la Vessie (rejiepangguang) (87) ; Chaleur et Humidité dans la Vessie (pangguangshire) (87).

13. Sanjiao.................................................................................88Anatomo-physiologie et sémiologie de sanjiao ...................................88

Table des matières

Nosologie de sanjiao .............................................................................89Maladies fébriles dues à la Chaleur exogène (89) ; Maladies

chaudes et humides (shire) (89) ; Déficience de qi et Froid des Trois Foyers (sanjiao xuhan) (90) ; Autres syndromes du Foyer Moyen (90).

14. Méridiens.............................................................................92Le réseau des méridiens ordinaires (jing luo) et de leurs branches ...92

Méridiens principaux (zheng jing) (92) ; Vaisseaux luo (93) ; Jingbie (95) ; Couches musculaires

et cutanées (96) ; Sémiologie des méridiens ordinaires et de leurs branches (98) ; Nosologieen rapport avec les méridiens ordinaires (102) ; Atteintes des Luo (103).

Méridiens extraordinaires ........... •••105 Description des méridiens extraordinaires (105) ; Sémiologie des méridiens extraordinaires (107) ; Nosologie des méridiens extraordinaires (109).

15. Entrailles extraordinaires et quatre «mers »......................................................•••••••••••••••••••••••••••••••••• 110Entrailles extraordinaires .................................................................. 110

Vésicule Biliaire (110) ; Utérus (110) ; Vaisseaux Sanguins (110) ; Cerveau, Moelles et Os (111) ; Nosologies des entrailles extraordinaires (111).Les quatre « mers »(sihai).............................................................111 Mer de l'Eau et des Grains (111) ; Mer des douze méridiens ordinaires ; Mer du Sang (111) ; Mer du qi (112) ; Mer des Moelles (112).

16. Évolution des maladies. Principes de prévention et de thérapeutique ..........................................................................113Évolution des maladies ..........................................•...•.•••••••••••• 113

La balance yin yang (113) ; Facteurs pathogènes exogènes et organisme (113) ; Évolution des maladies d'origine endogène (114) ; Évolution des maladies dues aux facteurs ni exogènes, ni endogènes (114) ; Passage de l'aigu à la chronicité (114) ; Évolution des maladies chez l'enfant (115) ; Typologie et constitutions (115) ; Pronostic (115).

Principes de prévention......................................................................115 Prévention primaire (116) ; Prévention secondaire (116) ; Prévention tertiaire (117).

Principes de thérapeutique ................................................................ 117 Moyens (118) ; Méthodes (118) ; Principes thérapeutiques (120).

17. Syndromes et symptômes ...................................................124Organes des sens ........................................................................... 124 Vertiges (124) ; Acouphènes (125) ; Surdité (125) ; Vision (125).

Troubles du sommeil...........................................................................125Symptômes et syndromes de la digestion et du transit intestinal ..... 125

Nausées, vomissements, hoquet (125) ; Selles et troubles du transit (128) ; Voies digestives supérieures et gastralgies (126) ; Ictère (129).

Symptômes respiratoires ................................................................... 129 Rhinorrhée (129) ; Toux (129) ; Expectoration (129) ; Dyspnée (129).

Symptômes cardio-vasculaires ........................................................... 132 Précordialgies (132) ; Pression artérielle (132) ; Rythme cardiaque (133).

Fièvres.................................................................................................133Algies céphaliques ............................................................................. 135

Névralgies et névrites (135) ; Céphalalgie (135).Gynécologie ........................................................................................ 135

Règles (135) ; Syndrome prémenstruel (135) ; Aménorrhée (135) ; Écoulements en dehors des règles (137) ; Stérilité et infertilité féminines (137) ; Sein et lactation (137).

Syndromes hémorragiques ................................................................137Épistaxis (137) ; Hémoptysie (138) ; Gingivorragie (138) ;

Hématémèse (138) ; Hémorragies intestinales (138) ; Hématurie (138) ; Hémorragies cutanéo-muqueuses (138) ; Hémorragies génitales de la femme (138).

Douleurs localisées ............................................................................ 138 Types de douleur (138) ; Topographie des douleurs thoraco-abdominales (138) ; Traumatismes (139) ; Douleurs dorsales (139).

Dermatologie : lésions, prurit, sudation ............................................. 139 Lésions (139) ; Prurit (140) ; Sudation (140).

Troubles urinaires et génitaux masculins ..........................................................••...•••••••••••••••••••••••••••••••• 140

Urines (140) ; Miction (140) ; Œdèmes (141) ; Andrologie (141).

Mouvements anormaux.......................................................................141 Spasmes et tremblements (141) ; Convulsions infantiles (142) ; Épilepsie (142) ; Éclampsie du 3° trimestre de la grossesse (142) ; Tétanos (142).

4Table des matières

XILa palpation et les pouls ............................................................ Langue.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................Inspection ...................................................................................Audition et olfaction....................................................................18. Rappels fondamentaux ...............................................Topologie du corps (haut/bas, ventral/dorsal, droite/gauche, interne/externe) ....................................................................................................Les rythmes dans la médecine traditionnelle chinoise .............

Rythmes de fréquence élevée et ultradiens (152) ; Rythmes circadiens (153) ; Rythmes infradiens et de fréquence basse (153).

Âge, sexe, typologie ............................................................................ .... ......

Age (154) ; Sexes (156) ; Les biotypes (159).Pathogénie ................................

. ........ .................... ........ ......

Principaux facteurs pathogènes (165) ; Les cycles des Cinq Mouvements (166). Défense et immunité ..................................

142 142 147 148149 149 151

154163167

BIBLIOGRAPHIEGLOSSAIREINDEX ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES

179 169 187

INTRODUCTION

Dans tout système médical, le malade doit rester l'élément central. C'est son observation qui est la réalité et doit être privilégiée par rapport à toutes les considérations théoriques.

La recherche des signes de l'atteinte de l'ordre normal, ou santé, peut différer d'un système à l'autre par l'importance qualitative ou quantitative attribuée à chacun d'eux. Mais c'est surtout la construction conceptuelle théorique de l'organisme sain et des processus pathologiques qui changent avec les systèmes médicaux. La normalité ne peut se définir que par rapport à un point de vue et/ou un environnement (fig. 1).

Toute tentative de classification comparative des maladies doit tenir compte de l'outillage verbal utilisé, de ses variations dans le temps, et de sa traduction d'une langue à l'autre [87]. A ceci, il faut ajouter les erreurs de transcription, de réimpression, de traduction et d'interprétation des textes anciens [ 131 ].

Un syndrome est un terme relativement récent qui correspond à un ensemble de symptômes réalisant un tableau morbide dont l'étiologie est inconnue ou postulée, alors que la maladie est une altération de la santé formée de phénomènes anormaux (manifestations objectives, subjectives et paracliniques) dont la cause, en général unique, est connue [148].

La nosologie est la branche de la médecine qui s'occupe d'étudier les caractères des manifestations pathologiques, de les grouper pour les isoler en entités, et de définir et classer ces entités.

Ces notions montrent bien qu'une nosologie ne peut être décrite qu'en fonction de l'organisation conceptuelle théorique et pratique de l'organisme dans le système médical correspondant. Ce dernier est toujours en relation avec le fondement culturel dans lequel il a vu le jour, ce qui permet de comprendre la présence quasi constante d'une trame sous-jacente philosophique ou religieuse [87, 88].La Médecine Traditionnelle Chinoise en est un exemple typique. Le

chapitre 13 du Suwen montre en outre que la médecine peut changer en fonction de l'évolution de la culture [20] :« L'Empereur Huang di : On dit que les anciens traitaient les maladies en se bornant, par des invocations, à déplacer l'essence et transformer les souffles. Comment se fait-il qu'aujourd'hui on doive recourir aux médicaments contre les maladies internes et aux aiguilles contre les maladies externes, et souvent sans succès.Le Maître Céleste Qi bo : Nos ancêtres vivaient parmi les bêtes. Ils se protégeaient du froid par l'activité physique, et de la chaleur en se mettant à l'ombre. Ils n'avaient ni attaches domestiques, ni charges publiques. Dans cette ère de tranquillité, les perversions ne pouvaient s'enfoncer pro-fondément ; les médicaments par l'intérieur et les piqûres par l'extérieur étaient sans nécessité ; les déplacements d'Essence par invocations suffisaient. Il n'en est plus de même à présent où les soucis domestiques gâtent la vie intime, et les travaux pénibles endommagent le corps ; et cela d'autant plus que, péchant contre les impératifs saisonniers, on s'expose aux vents malfaisants qui déposent du matin au soir des perversions de Vide (xu

xie) pénétrant jusqu'aux viscères et aux moelles après avoir lésé extérieurement les orifices et la peau. De telle sorte que les moindres maladies sont aggravées, et les plus graves deviennent mortelles sans que les invocations puissent y mettre un terme. »

Dans la culture traditionnelle chinoise, la Santé est décrite comme le Normal, l'Ordre, l'Harmonie, et la Maladie comme une dysharmonie de l'Ordre Universel soit d'origine exo-

2Introduction

Maison non pathologique

Maison pathologique Maison pathologique

FiG. 1.- Une pathologie ne peut s'évaluer qu'en fonction de normes artificielles ou naturelles.

gène, macroscosmique, soit d'origine endogène, microscosmique.Pour décrire et comprendre la pathologie, il faut donc connaître l'anatomo-

physiologie traditionnelle normale, les causes des perturbations morbides et les processus pathogènes. A partir de l'observation du malade, le médecin peut établir un diagnostic et instituer un traitement. Dans la médecine moderne occidentale, le diagnostic du médecin conduit à une maladie dont le traitement sera dirigé vers la cause « unique » de l'affection. L'analyse et le recueil des symptômes dans la médecine traditionnelle orientale conduit à un zheng qui caractérise l'état du patient à un instant donné en impliquant de facto les principes thérapeutiques à utiliser immédiatement (fig. 2).Cette notion de zheng est fondamentale pour comprendre la nosologie

traditionnelle orientale [131, 179]. Un zheng s'établit sur l'ensemble des symptômes observés (somatiques et psychiques), sur l'âge, le sexe, la

constitution, le terrain (chapitre 18) et il en découle les principes thérapeu-tiques (chapitre 16). Le zheng révèle donc l'essence du processus pathologique à un instant donné [8]. Il peut correspondre soit au facteur étiologique seul au début d'une atteinte, soit au facteur étiologique et à une pathogénèse primaire, soit à un zheng complexe comme l'on vient de le voir (fig. 3).

Ces zheng correspondent à une réalité puisqu'on a pu leur trouver une base selon les principes de la médecine moderne [179]. Ainsi une déficience de yang des Reins correspond à un désordre de l'axe hypophyso-hypothalamosurrénalien à divers niveaux ; on peut le rencontrer dans des troubles des systèmes neuroendocrinien et immunitaire, dans certains asth-mes, les ovaires polykystiques, la sénescence, etc. On a pu en réaliser des modèles animaux avec un tableau clinique et paraclinique reproductible [131].

Cette entité zheng diffère donc de celle de syndrome ou de maladie. Des patients souffrant de maladies différentes peuvent avoir le même zheng clinique et paraclinique ; inversement chez différents malades, une même maladie peut appartenir à des zheng différents [131].

Ainsi des patients atteints d'asthme bronchique, néphrite ou affection coronarienne peuvent tous présenter le même « shenyangxuzheng » (Déficience de yang de Rein) avec aversion pour le Froid, baisse de l'activité, cheveux clairsemés, selles mal liées, taux urinaires diminués des 17OH et 17-céto-stéroïdes etc. Ce tableau correspond à une diminution de la fonction de l'axe

Introduction3

Thérapeutique causale

FIG. 2 . - Comparaison d'un zheng et d'une maladie.

thypothalamo-hypophysaire [16]. Le traitement se fait par une préparation « réchauffant le yang et renforçant le Rein » (wenyang bushen) qui entraîne la réduction ou la disparition des symptômes. Inversement un asthme bronchique peut correspondre aux zheng suivants : Déficience de yang du Rein, Déficience de yang de Rate, Insuffisance de yin, etc. ; seules les Défi-ciences de yang de Rein réagiront à la thérapeutique : wenyang bushen [131]. En outre, les stades d'une même maladie, selon la nosologie occidentale, peuvent correspondre à des zheng successifs, puisque le tableau clinique et le traitement approprié changeront au cours de cette évolution'.Le groupement de notions diagnostiques et thérapeutiques peut prêter à

confusion dans l'usage courant [197]. Le terme zheng doit être réservé à la définition de l'état du malade à uninstant donné réclamant une thérapeutique appropriée, et non à la dénomination d'une prescription thérapeutique. Ainsi le patient présentant une déficience de yang des Reins (shenyangxu), recevra une thérapeutique

tonifiant le yang des Reins (buyangshen) ; il présente donc un shenyangxuzheng.Ainsi pour comprendre la Nosologie Traditionnelle, faut-il partir des

facteurs pathogènes capables d'entraîner des processus morbides et des productions pathologiques dans l'organisme ; ces derniers se révèlent par des symptômes réalisant un tableau clinique qui justifie un traitement adapté dans le temps. Le zheng tient compte de tous ces éléments. Cette approche apparaît donc plutôt holistique, par rapport à celle de la nosologie moderne, plutôt réductionniste, puisqu'elle s'efforce de rechercher la cause unique qu'une thérapeutique causale pourra éliminer afin d'obtenir une cure idéale qui devrait être totale et définitive.

4Introduction

Étiologie; Processus et substances pathologiques

FIG. 3 . - Possibilité de plusieurs zheng à partir d'un même facteur pathogène.

La séquence de l'analyse des zheng adoptée dans l'ouvrage est très proche de la classification qu'a proposée Takahide Kuwaki [197] : 1) yin-yang ; 2) syndromes élémentaires selon les bagang ; 3) syndromes étiologiques ; 4) syndromes des fondements de l'activité vitale (qi, xue, jing) ; 5) bi et wei ; 6) maladies fébriles et épidémiques ; 7) shui, tan et yin ; 8) tumeurs, amas, masses, stagnation ; 9) pertes de connaissance et collapsus ; 10) zhongfeng ; 11) nosologie psychiatrique ; 12) zangfu ; 13) sanjiao ; 14) méridiens ; 15) entrailles extraordinaires et quatre mers.

Tous les éléments constitutifs de chaque zheng sont indiqués : cause, mécanisme, substances pathogènes, symptomatologie, évolution. Dans la description des zheng des différents organes ou entrailles, la séquence suivante a été adoptée : anatomo-physiologie, sémiologie, Déficience de qi,

Déficience de yang, Déficience de xue, Déficience de yin, Stagnation et Stase, Glaires, et associations.

Dès maintenant, il faut souligner la différence entre les zheng des zangfu et ceux des méridiens ; ainsi une Déficience des Reins (shenxu) n'est pas l'équivalent d'un Vide (xu) du méridien des Reins (zushaoyin).Dans le chapitre 18 sont rassemblés différents rappels fondamentaux

facilitant la compréhension de la Nosologie Traditionnelle ou de la pathogénie : topologie du corps ; rythmes dans la Médecine Traditionnelle Orientale ; âge, sexe et typologie ; pathogénie ; cinq mouvements ; pathologie en fonction de l'âge, du sexe ; processus pathogènes ; défense et immunité.Enfin un glossaire élémentaire avertira le lecteur des confusions possibles

pour une même dénomination pinyin correspondant à des caractères différents.L'index alphabétique des matières permettra au praticien de retrouver à

tout instant le symptôme, le syndrome, la maladie ou le zheng, et de le replacer dans un cadre général aussi bien moderne que traditionnel.

(1) Les termes zheng, bing et shang sont très proches. Bing est souvent traduit par maladie ; il correspond plutôt aux phases d'une maladie (voir chapitre 6) ; shang est employé pour les traumatismes, les agressions physiques, etc. [4].

1

YIN-YANG

Le yin et le yang sont les deux principes fondamentaux, ou les deux polarités complémentaires, qui permettent aussi bien l'analyse de l'Univers, macrocosme, que celle de l'Homme, microcosme, dans tous leurs aspects abordés dans la Médecine Traditionnelle Chinoise.Le ciel est une accumulation de yang alors que la terre est une

accumulation de yin [SW.5]. Le yang est mouvement, procréation, destruc-tion, transformation du souffle, alors que le yin est sérénité, croissance, conservation, achèvement de la forme.Le yang lié aux odeurs siège dans les fu, il s'évapore par les orifices

supérieurs, sort par les pores de la peau (xuanfu) ; il affermit les quatre membres ; on l'étudie par les pouls superficiels. Au contraire, le yin lié aux saveurs, siège dans les cinq zang, rejoint les fu, et s'écoule par les orifices inférieurs ; on l'apprécie par les pouls profonds.Mais ce couple yin yang en perpétuel échange, donne des aspects

proportionnels qui peuvent avoir une véritable valeur qualitative. « Ce qui

n'est pas encore sorti de terre est le yin dans le yin. Sorti de terre, il se qualifie de yang dans le yin ; le yang lui donne le souffle correct, zhengqi, et le yin l'héberge »[SW.6].Ainsi peut-on diviser le yin en une partie yang et une partie yin, et le yang

de la même façon. On trouve donc dans le nycthémère une période yang dans le yin, du crépuscule à minuit, une période yin dans le yin à laquelle succédera de l'aube à midi une période yang dans le yang, et de midi au crépuscule une période yin dansle yang [8]. Cette perpétuelle balance entre le yin et le yang caractérise tous les instants de la vie et les étapes des maladies.

En médecine chinoise, le yang représente la fonction vitale, alors que le yin est l'essence vitale. En effet, le yang est plutôt immatériel, en expansion, chaud, de type énergétique, et il s'élève. A l'inverse le yin est plutôt structuré et se condense ; il est froid, de type matériel, et il descend.

On a pu montrer des corrélations entre le yinyang et les nucléotides cycliques. Ainsi, dans les déficiences de yin on observe une augmentation des cAMP, et une augmentation des cGMP dans les déficiences de yang [108, 217].

1 - SYMPTOMATOLOGIE DU YIN-YANGLes deux grands principes yin et yang servent à la classification générale

des zheng et à catégoriser tous les changements pathologiques des zangfu ou des tissus.

Le couple yin/yang résume les autres couples de l'analyse diagnostique traditionnelle, si bien que l'on associe le Froid à la tendance yin et à une Déficience de yang, et la Chaleur à la tendance yang et à une Déficience de yin. Dans l'analyse de ce couple, il faut toujours garder à l'esprit la relativité d'un principe par rapport à l'autre ; un excès de yin entraîne une faiblesse de yang ; et un excès de yang correspond à une déficience de yin [101].

6Yin-Yang

TABLEAU 1. -SYMTÔMES ÉVOQUANT LES TENDANCES YIN ET YANG

Tendance yin Tendance yang

•Hypofonction, signes de Froid interne

• Hyperfonction, signes de Chaleur

•Calme, somnolent, renfermé, asthénique, faible

• Agitation maniaque, actif, mouvements rapides et forts

•Insomnie

•Teint pâle et terne • Faciès vultueux, bouffées de chaleur

•S'enroule pour dormir • Aime s'étirer quand il est allongé

•Pas de fièvre

•Membres froids

•Fièvre de l'après-midi

•A froid, aversion pour le froid •A chaud, n'a pas d'aversion pour le froid

•Amélioré par la pression •Aggravé par la pression

•Peu d'appétit, ni soif ; désir de breuvages chauds

•Soif (bouche sèche), désir de boissons fraîches

•Urines abondantes et claires •Urines rares et foncées

•Selles liquides •Constipation

•Règles pâles et rares •Règles abondantes et rouges

•Respiration courte, superficielle, faible

•Respiration forte, profonde, bruyante

• Voie basse, faible ; parle peu •Voie forte, rude ; logorrhée

•Langue pâle, boursouflée, humide •Langue rouge ou écarlate, tonique

•Enduit blanc et mince •Enduit jaune et épais

•Pouls : vide (xu), fin, faible, défaillant, mou

•Pouls : rapide (shuo), plein (shi), vaste, glissant, tendu

Le tableau I groupe les principaux symptômes permettant de classer les maladies en yin ou yang; comme pour les autres tableaux cliniques, il est exceptionnel que tous les signes indiqués soient présents chez un même malade.

Du point de vue nosologique, ce couple comprend deux tableaux de Déficiences de yin et de yang, auxquels peuvent succéder ceux de l'effon-drement du yin et du yang (tableau II). Une Déficience de yang correspond à une Pléthore relative de yin, montrant des signes de Froid [76, 225].

Dans ce paragraphe, on peut encore indiquer les signes permettant de classer les atteintes superficielles en yin et en yang. Les lésions de type yin sont blanchâtres, présentent un gonflement diffus, sans chaleur, le pus s'il existe est clair et fluide ; elles se rencontrent le plus souvent chez des personnes de constitution faible. A l'opposé, les lésions de type yang sont rouges, avec des gonflements nets ; elles sont chaudes et douloureuses, ce qui correspond à la triade inflammatoire ; s'il existe, le pus est épais, et le malade présente des signes de Pléthore et de Chaleur.

2- TABLEAUX DU YIN ET DU YANGAspects opposés, inter-reliés et complémentaires de la matière et des

phénomènes de la nature [SW.5], le yin et le yang peuvent aussi bien se rapporter à deux éléments différents qu'à deux aspects du même élément. L'un ne peut jamais être totalement dissocié de l'autre. Cependant, pour faciliter la présentation, un certain nombre de tableaux sont isolés ici.

PRÉPONDÉRANCE ET SUBORDINATION (SUJÉTION) DU YIN ET DU YANG« Quand le yang est en excès, le yin est en général déficient » est une

théorie basée sur l'observation clinique soutenue par Zhu Zhenheng, maître Danxi (13e siècle), qui prônait alors « de nourrir le yin ».

Tableaux du yin et du yang7

TABLEAU II. - TABLEAUX DES DÉFICIENCES ET DE L'EFFONDREMENT DU YIN ET DU YANG (EN PARTIE D'APRÈS [4,9))

Déficience du yang (yangxu)

Déficience du yin (yinxu)

• Frissons• Membres froids• Teint jaunâtre, pâle• Pas de soif• Apathie, asthénie• Sueurs spontanées• Selles molles• Polyurie claire• Pouls lent (chi), vide (xu)• Langue pâle• Enduit blanc

•Fièvre basse, hectique•Rougeur des pommettes•Bouche et gorge sèches•Insomnie, agitation mentale•Chaleur palmo-plantaire•Sueurs nocturnes•Selles sèches•Urines concentrées•Pouls rapide (shuo), fin (xi)•Langue rouge•Enduit sec

Effondrement du yang Effondrement du yin

• Sueur profuse, froide•Respiration faible•Pâleur•Préférence pour les boissons chaudes•Peau froide•Membres froids•Aversion pour le froid•Apathie•Pouls vide (xu), fin (xi) et défaillant (wei)

•Sueur collante•Respiration courte et rapide•Faciès vultueux•Soif et préférence pour les boissons froides•Peau brûlante•Mains et pieds chauds•Aversion pour la chaleur•Agitation•Pouls rapide (shuo), fin (xi) et vide (xu)

Cette notion associée au principe fondamental de l'équilibre yin/yang a conduit à la description théorique de quatre tableaux [9] :- un excès de yin consume le yang et donne un tableau de Froid-Pléthore

(hanshi) ;- un excès de yang consume le yin et donne un tableau de Chaleur-Pléthore

(reshi) ;- une déficience de yang induit une prépondérance du yin, tableau de

Froid-Déficience (hanxu) ;- une déficience de yin induit une prépondérance de yang, tableau de

Chaleur-Déficience (rexu) ; par exemple, ce dernier tableau se rencontre dans les séquelles d'accidents vasculaires cérébraux [175] et certaines hypertensions (250].Les tableaux cliniques correspondants sont décrits dans le chapitre 2.

YINZHENGUn yinzheng est un tableau de yin, exagérant ses aspects normaux ; on

peut donc le considérer comme un tableau d'Excès ou de Prédominance de yin (tableau I). Il groupe des signes de débilité, dépression, hypofonction, métabolisme diminué, rétrogression, lenteur, et lourdeur. Il est observé dans les maladies chroniques, traînantes, et il rassemble les symptômes de Froid, d'Intérieur (li), et de Déficience (xu) .

YANGZHENGPar opposition, un yangzheng se manifeste par de l'hyperactivité, de

l'excitabilité, une augmentation des fonctions normales, des métabolismes8

Yin-Yangaccrus, une tendance à aller vers le Haut et l'Extérieur, de la rapidité et du dynamisme (tableau I). Il caractérise les maladies aiguës, et les poussées

aiguës des maladies chroniques. Il rassemble les syndromes d'Extérieur (biao), de Chaleur et d'Excès.

YINXULa Déficience de yin (yinxu), est très souvent liée à une Déficience de yin

des Reins, et elle se manifeste par une Chaleur interne (cf. chap. 12.2) ou un Feu à l'origine de certaines insomnies [2511. La symptomatologie est caractéristique : fièvre basse ou hectique, rougeur des pommettes, chaleur palmo-plantaire, amaigrissement, sueurs nocturnes, soif, urines rares, constipation, langue rouge et sans enduit, pouls fin (xi) et rapide (shuo) . Ce tableau peut se voir dans des cancers pulmonaires avancés [137]. L'atteinte du yin (shangyin) surtout Foie et Reins, se rencontre dans les cas avancés des maladies fébriles. L'aggravation du syndrome conduit à l'anéantissement du yin (wangyin) qui traduit une perte excessive de la substance vitale, yin, par une fièvre élevée et des déperditions hydriques importantes ; le malade a soif, réclame à boire, la peau est moite, recouverte de sueur collante, les membres sont chauds, et le pouls rapide (shuo), accéléré (ji), et fin (xi).

YANGXULa Déficience de yang (yangxu), s'accompagne de symptômes de Froid :

pâleur, intolérance au Froid, extrémités froides, intestins relâchés, pouls vide (xu) ; certaines hypertensions entrent dans ce zheng [36], ainsi que certaines hydronéphroses avec lithiase [235]. L'atteinte du yang (shangyang) provient de maladies diverses, de l'excès de drogues ou d'aliments de nature Froide, ou encore de réactions psychiques incon-trôlées. Lorsque le syndrome s'aggrave, il conduit à l'épuisement du yang (wangyang) qui est un tableau de collapsus : fièvre élevée, sueurs profuses, vomissements, et diarrhées incoercibles ; le malade est inerte, les membres sont froids, le pouls défaillant (wei), et une sueur froide s'écoule goutte à goutte [8].DÉPENDANCE DU YIN ET YANG

Dans les maladies chroniques, au long cours, il existe des exceptions à la relation opposée et complémentaire du yin et du yang.

Ainsi, une Déficience de yang peut entraîner une réduction de yin ou l'inverse. Par exemple une pathologie chronique du Rein yin peut conduire à une Déficience du Rein yang ; et inversement une affection traînante du Rein yang peut être à l'origine d'une Déficience du Reinyin.

On peut observer des Déficiences conjointesdu yin et du yang (yinyang liangxu) dans certai

nes hypertensions [250], certaines gastrites chroniques [194 p.33], ou certains cancers du poumon [137]. A l'extrême, un épuisement du yin avec Collapsus du yang (yinjie yangtuo), s'observent dans les stades critiques des maladies ; dans ce dernier cas, disparaît le soutien mutuel que s'apportent normalement les deux principes yinet yang.

STAGNATION DU YIN ET DU YANGLa Stagnation de yin (jieyin) est due à l'accumulation de facteurs

pathogènes dans les méridiens yin ; ainsi lorsque des facteurs pathogènes s'accumulent dans le méridien de Rate (zutaiyin), ils peuvent secondairement toucher les branches collatérales de ce méridien et entraî-ner des troubles éloignés, hématurie par exemple [4].

Une Stagnation de yang (jieyang) entraîne une rétention hydrique avec ÷dème, localisée surtout aux membres inférieurs [4]. Mais il faut la distinguer de la Stase de yang (yangjie), ou Stase de Chaleur (rejie), qui correspond à une Chaleur pathogène qui envahit l'Estomac et les Intestins, entraîne une constipation et une distension abdominale avec des douleurs qui sont les principales caractéristiques d'un syndrome de Pléthore viscérale de yangming [4].

AUTRES TABLEAUX DU YIN ET DU YANGA partir de mesures selon les normes occidentales et de données

statistiques, certains ne retiennent que cinq tableaux yin-yang : Déficience de yang, Déficience de yin, Déficience de yin et de yang, Déficience de yinqi, Déficiencede yinxue [83].

2

SYNDROMES ÉLÉMENTAIRES:Déficience/Excès, Froid/Chaleur, biao/li

Se basant toujours sur l'équilibre normal des deux principes fondamentaux de la philosophie chinoise le yin-yang, la sémiologie observe quatres grands couples, dont l'un, le yin/yang, résume les trois autres.

Chacun des bagang peut être un zheng. Leur analyse systématique (Déficience/Excès, Froid/Chaleur, biao/li, yin/yang) se trouve dans de nombreux ouvrages auxquels le lecteur pourra se reporter. Seuls des tableaux schématiques serviront de références et de rappel. Ils pêchent par leur manque de relativité.

Pour établir un zheng, le médecin doit pratiquer les quatre temps de l'examen (sijian) [NJ.61] : regarder, écouter et sentir, demander, palper (cf. chapitre 17). Cette séquence n'est pas obligatoirement celle de l'examen complet du malade. De plus l'analyse de certains paramètres fait intervenir plusieurs temps : par exemple pour les excréta, l'inspection, l'olfaction et l'interrogatoire sont le plus souvent nécessaires ; ou encore en examinant la langue, le médecin notera l'odeur de la bouche.

1 - DÉFICIENCE/EXCÈSLe couple xu/shi est mieux rendu par Déficience/Excès (ou Pléthore) que

par Vide/Plénitude qui s'applique plus exactement aux pouls. Le déséquilibre de ce couple engendre un processus anormal qui pourra se traduire par uneaffection encore inapparente. Il est aussi le reflet de la situation du corps humain dans sa lutte contre les facteurs pathogènes. «Au Froid et à la Chaleur célestes, répondent chez l'Homme le Vide et le Plein» [SW.25].

Une Déficience correspond à une baisse de l'énergie vitale et à une faiblesse des fonctions du corps humain ; elle se voit dans les maladies au long cours. Au contraire la Pléthore, ou Excès, apparaît dans la lutte de l'organisme contre des facteurs pathogènes hyperactifs. Elle peut se voir dans les agressions des facteurs exogènes, les Stagnations et Stases, ou dans les accumulations de productions pathologiques [8].

« Là où le qi pathogène est exubérant il y a Pléthore, là où le qi correct est réduit, il y a Déficience» [SW.28].

Les tableaux varient évidemment en fonction de l'agent pathogène et de l'organe affecté, mais il existe des caractères communs (tableau III).

Ce schéma antithétique n'est pas obligatoirement le reflet de la réalité puisque l'on peut rencontrer 1) des syndromes associant Déficience et Pléthore, et 2) des signes de Déficience Trompeuse (faux-vide, jiaxu), ou de Pléthore Trompeuse (fausse plénitude, jiashi).

Par exemple, un bronchitique chronique atteint d'une Déficience de qi de Poumon (respiration faible et superficielle, s'essoufflant au moindre effort) peut présenter en outre une toux grasse avec une expectoration épaisse et collante et un enduit lingual jaune qui sont des signes

10

Syndromes élémentaires

TABLEAU III.-SYMPT ÉVOQUANT LES TABLEAUX DE DÉFICIENCE (XU) ET DE PLETHORE (SHI)

Déficience, xu Pléthore, shi

• Maladie ancienne •Maladie récente• Somnolence, apathie •Agitation physique et psychique

• Replié, couché, peu de mouvements et de faible

•Toujours en mouvement, mouvements lourds etamplitud amples

• Parle peu ; voix faible •Logorrhéique, voix forte•Teint pâle ; blanc et terne •Teint rouge et luisant• Palpitations •Bouffées de chaleur• Respiration courte et •Respiration forte et sonore• Acouphènes, vision floue• Gonflements mous •Masses dures ou élastiques, • Abdomen mou, étalé •Abdomen dur, distendu, et •La pression améliore les •La pression augmente les • Sueur spontanée et nocturne•Pertes génitales•Selles molles ou diarrhéiques •Constipation, ténesme•Urines claires et abondantes •Miction difficile, douloureuse, •Pouls fin (xi ) et vide (xu) •Pouls plein (shi)•Langue pâle et étalée •Langue tonique et colorée•Peu ou pas d'enduit lingual •Enduit lingual épais, collant

de Pléthore. C'est donc un tableau conjoint de Déficience et de Pléthore qui existe ici.En ce qui concerne les signes de Déficience ou Pléthore Trompeuse, plutôt

que de parler de faux-vide ou de fausse-plénitude, il vaudrait mieux dire qu'on observe des signes trompeur de Déficience, localisés le plus souvent, alors que le malade présente un tableau de Pléthore, ou inversement. Ainsi, un malade atteint d'une Déficience de Yin des Reins avec lumbago, faiblesse des membres inférieurs, spermatorrhée ou leucorrhée, peut présenter en même temps un excès de Yang de Foie avec étourdissements, céphalées, irritabilité ; il présente donc une Déficience du Bas avec des signes de Pléthore du Haut, l'origine réelle étant bien la Déficience du Yin des Reins. Ou encore, une fièvre élevée et un pouls plein (shi) peuvent se voir dans une anémie grave de type Déficience.Dans ces tableaux souvent difficiles à interpréter pour arriver à la racine, à

la cause réelle, il faut suivre l'aphorisme suivant :« si les symptômes peuvent être trompeurs, il faut suivre les pouls, et si les pouls peuvent être faux, il faut se fier à la langue ».DÉFICIENCE ET EXCÈS DE QI ET DE XUEUne vie normale existe lorsque se trouvent en proportion harmonieuse le qi

et le xue. Ils doivent circuler dans les méridiens dans un rapport déterminé pour chacun d'eux et selon un rythme nycthéméral défini. Par rapport à la norme, il peut donc exister un état de Pléthore, d'Excès ou Plénitude, et un état de Déficience, d'Insuffisance ou Vide. Par la prise des pouls, le médecin est capable de connaître l'état de Pléthore ou de Déficience de l'organisme en général, mais aussi, celui de Vide et de Plénitude de chacun des

méridiens ce qui lui permet de connaître l'équilibre ou la dysharmonie entre eux à un instant donné.Les autres signes utilisés dans le diagnostic, langue en particulier, peuvent

donner des indications sur l'équilibre général de l'organisme, mais aussi sur celui des zangfu. C'est cet aspect qui est décrit dans le Suwen, chapitre 62. «Il y a des surcroîts et des insuffisances du shen (activité nerveuse : Coeur), du qi (activité organique : Poumon), du xue (Sang et nutrition : Foie), du xing (développement corpo-

Froid/Chaleur11

rel : Rate), et du zhi (émotivité : Reins), en tout 10 états inégaux qui sont hiérarchisés comme les viscères dont ils dépendent» [20]. Ce chapitre décrit ensuite les Pléthores et Déficiences des cinq zang en donnant les indications thérapeutiques correspondantes. Or pour certains, l'état de Plénitude est un état normal, et il ne peut exister d'Excès de certains organes comme les Reins. Cette contradiction apparente provient en fait de deux données : 1) il peut exister dans tous les méridiens un état de Vide ou de Plénitude qui traduit l'état de la circulation dans le méridien, mais pas obligatoirement l'état de l'organe qui lui est associé, et 2) un xie (facteur pathogène) qui pénètre dans l'organisme ou une de ses parties (méridiens, zangfu) en état de Déficience, entraîne obligatoirement un « surcroît ». Ceci rend compte de la répartition des zheng dans la nosologie, où prédominent largement les Déficiences.La relativité du qi par rapport au xue, ou leur équilibre, explique les

définitions du Suwen. «La Plénitude est une présence, le Vide une absence. Là où afflue le qi, il y a absence de Sang et inversement ». « Quand le Sang et le qi concourent vers le Haut, c'est un grand blocage (dajue) qui est une mort apparente ; si le qi s'en retourne on survit, sinon c'est la mort» [SW.62]. L'Excès vient du fait que l'équilibre du qi et du xue n'existe plus et que les deux convergent en même temps en un même lieu. Ceci se retrouve pour le yin et le yang.On peut encore ajouter qu'en règle générale l'Excès est associé à la

douleur, et la Déficience au Froid.

STAGNATIONLorsque la circulation ne se fait pas ou mal, apparaît une Stagnation, un

ralentissement. On parle en général de Stagnation du qi (qizhi) et de Stase du xue (xueyu ou yuxue) [4] en sachant que dans le temps c'est en général une Stagnation du qi qui entraîne une Stase du xue [8]. Dans des conditions extrêmes, cette Stase du xue a été appelée Congélation du Sang (xueyu) [104] (cf. chapitre 3).

« Une stagnation du qi et une stase du xue » peuvent intéresser les méridiens principaux, entraînant des paralysies par exemple [69], ou leurs branches collatérales et sont alors à l'origine de gastroptose [78],

d'inflammations pelviennes [194 p.161], d'infarctus cérébraux [162], d'ischémie myocardique [227], de névrodermite [118], de psoriasis [194 p.210] etc.TABLEAUX CLINIQUES DE DÉFICIENCE ET D'EXCÈSCe couple, Excès/Déficience, shi/xu, s'applique aux zangfu, aux structures

et activités vitales, mais aussi aux méridiens. Dans ce dernier cas, les termes Vide-Plénitude des pouls des loges radiales sont acceptables, mais pour le reste, zangfu en particulier, il est préférable de parler d'Excès, ou Pléthore, et de Déficience, ou Carence.Cette appréciation est fondamentale pour définir les différents zheng et

pour appliquer une thérapeutique adaptée.Le tableau de Déficience, xuzheng, groupe les déficiences du yin, du yang,

du qi, et du xue ; il s'observe surtout après une longue maladie ou des excès. Le pouls est vide (xu), fin (xi), et dispersé (san) ; la langue est en général pâle et étalée, avec des empreintes dentaires.Au contraire, celui de Pléthore, shizheng, correspond à une attaque de

facteurs pathogènes puissants, à leur accumulation, ou encore à la présence de substances pathologiques, tan, amas de Sang, provenant d'un dysfonctionnement des organes internes. Le pouls est plein (shi), vaste (hong), ou tendu (xian), la langue raide, rouge, hypertonique.

2 - FROID/CHALEUR [8, 24, 152]Le couple Froid/Chaleur, han/re, dépasse de loin le cadre des fièvres,

certains l'ont associé au système sympathico-surrénalien, dont l'hypo-fonctionnement serait responsable du syndrome Froid et l'hyperfonctionnement du syndrome Chaleur [125]. Comme le couple Défi-cience/Excès, il doit toujours être étudié pour arriver à bien définir le zheng dont est atteint le patient. Évidemment comme pour les autres couples, un équilibre harmonieux peut être observé traduisant l'absence de son atteinte ou un état de bonne santé. Bien que son atteinte isolée soit exceptionnelle, on peut cependant donner une table schématique de signes assez spécifiques (tableau IV).

Le couple Froid-Chaleur, han/re, donne des tableaux assez caractéristiques, mais cependant proches de ceux du couple yin/yang.Le tableau de Froid, hanzheng, peut avoir deux origines, soit un Froid

exogène, soit une12

Syndromes élémentairesTABLEAU IV.-SYMPTOMES ÉVOQUANT LES TABLEAUX DE FROID

(HAN) ET DE CHALEUR (RE)

Froid Chaleur

• Teint blanc ou bleuté, comme les lèvres et les ongles

•Teint rouge, lèvres et ongles rouge foncé,conjonctive injectée

• Taciturne, ne parle pas •Inquiet, bavard• Position rétractée, couché, pauvreté des

•Position écartée, agitation, mouvementsmouvements importants

• Yeux fermés •Regarde autour de lui, ou fixité du regard• Peau froide •Peau chaude

• Respiration faible et lente •Respiration forte et rapide• Muqueuses humides •Muqueuses sèches• Aversion pour le froid •Aversion pour la chaleur• Recherche la chaleur (alimentation et vêtement)

•Recherche le froid (alimentation et vêtement)

• Excréta clairs, liquides, abondants•Salive abondante

•Excréta foncés, secs, peu abondants, putrides

• Pouls lent (chi) •Pouls rapide (shuo)

• Langue bleutée, enduit mince et blanc

•Langue rouge, enduit jaune et épais

diminution du yangqi (fonction vitale) ou un excès de yinqi. Il est marqué par une température subnormale, un corps froid, peu d'appétit, une respiration courte, une intolérance au Froid, un désir de chaleur, des intestins relâchés, des urines abondantes et claires, de la pâleur ; la langue est pâle avec un enduit blanc, le pouls est lent (chi), et profond (chen) [4, 8]. C'est donc un tableau de Déficience de yang (yangxu), avec des signes spécifiques de Déficience, xu. Ce tableau se rencontre dans les maladies chroniques ou par hypofonctionnement.

Pour le tableau de Chaleur, rezheng, l'origine peut être une chaleur pathogène exogène, ou un excès de yangqi. La sémiologie est constituée par de la fièvre, de l'agitation, la face et les yeux rouges, pas d'aversion pour le Froid mais crainte de la Chaleur, désir de boissons froides, bouche et gorge sèches, les lèvres sont sèches et rouges, le malade est constipé avec des urines rares et foncées, la langue est rouge avec un enduit sec, brunâtre ou jaune, le pouls est rapide (shuo). Ce tableau se rencontre dans les maladies

infectieuses et celles dues à un hyperfonctionnement et une hyperactivité métabolique [4, 8].

Cette analyse binaire est seulement indicative, car on doit considérer deux tableaux de Froid : par Déficience de Yang ou par Yin exubérant, et deux tableaux de Chaleur : par excès de Yang ou par Déficience de Yin.

Froid, par excès de yin pathogène d'origine exogène (hanshi). - Les signes de Froid sont ici bien marqués : le teint est bleuté ; les mouvements sont lents mais puissants ; il existe des douleurs abdominales mal localisées, non soulagées par la pression ; le malade peut présenter des vomissements ou des diarrhées foudroyantes ; les urines sont claires, mais peu abondan-tes. La langue est bleutée, peu étalée ; l'enduit est blanc et humide, il peut être épais. Le pouls est lent (chi) et serré (jin) .

Froid, par Déficience de yang, (hanxu). - Les signes de Déficience l'emportent ici sur les signes de Froid : le patient est replié sur lui-même ; il aspire au calme ; ses mouvements sont lents et faibles ; les urines sont abondantes et claires : les selles sont diarrhéiques, pâles, formées d'aliments non digérés ; les membres sont

Biao/li13

froids ; la langue est pâle et étalée, l'enduit mince, humide, le pouls est lent (chi) et vide (xu).Chaleur par excès de yang pathogène d'origine exogène (reshi). - Le

visage est vultueux, les yeux rouges, la fièvre forte ; le malade est agité et il peut délirer ; ses mouvements sont rapides et forts ; il a soif et réclame des boissons froides ; les selles sont dures, les urines foncées et peu abondantes. La langue est rouge, ou rouge foncé, avec un enduit jaune et épais ; le pouls est rapide (shuo) et plein (shi). ou vaste(hong).

Chaleur par Déficience de yin (rexu), qui entraîne un Feu endogène par Vide. Le teint est terne avec des pommettes rouges ; la fièvre oscillante souvent, est plus marquée l'après-midi ; le malade a des mouvements brusques, rapides, mais faibles ; il dort mal et il a des étourdissements ; la gorge et la bouche sont sèches ; il réclame à boire, mais boit peu ; on observe une chaleur pectoro-palmo-plantaire (5 Coeurs, wuxin) ; les urines sont foncées et les selles sèches. La langue est rouge, souvent « en miroir », avec peu ou pas d'enduit ; le pouls est rapide (shuo), mais fin (xi).

Comme pour le couple Excès/Déficience, on trouve des tableaux de Froid et Chaleur associés, et de Chaleur et Froid Trompeurs, puisqu'une Chaleur extrême peut simuler du Froid et inversement.Froid et Chaleur. - De par les affinités topologiques du Froid et de la

Chaleur, on observe le plus souvent une Chaleur du Haut (sensation de chaleur, ou même brûlure thoracique, des douleurs abdominales, des bruits gastriques et des vomissements acides et amers), et un Froid du Bas (douleurs abdominales soulagées par la Chaleur et la pression, des

borborygmes, une diarrhée avec des aliments non digérés, membres inférieurs froids) [215].

Froid-Trompeur/Vraie-Chaleur. - Dans des cas extrêmes d'un tableau de Chaleur (par exemple bouche et gorge sèches, soif et désir de boissons fraîches, oligurie à urines foncées, selles sèches, une langue rouge avec un enduit jaune, épais, et collant, pouls rapide (shuo) et plein (shi)), certains signes de Froid peuvent se surajouter : membres inférieurs froids, aversion pour le Froid et les boissons froides ; ces derniers signes sont des signes de Froid-Trompeur apparaissant sur un tableau de Chaleur véritable.

Chaleur-Trompeuse/Vrai-Froid. - Ici sur un tableau de Vrai-Froid, (par exemple membresfroids, diarrhée avec des aliments non digérés, pouls lent (chi), et défaillant (wei)), lors d'une aggravation, on peut observer de l'agitation, la disparition de l'aversion pour le Froid, une gorge douloureuse, des bouffées de chaleur ; tous ces symptômes constituent une Chaleur-Trompeuse, puisque l'origine de l'affection est l'aggravation d'un syndrome Froid [8, 152].

3 - BIAO/LI [8, 9]

Le couple biao/li, intérieur/extérieur, est lié à la profondeur de l'atteinte et en partie au moins à son étiologie ; cependant, dans ce dernier cas, on utilise aussi nei et wai ; en général une maladie wai se manifeste en biao.

Ainsi, les facteurs pathogènes exogènes commencent par toucher l'Extérieur ; cependant l'Extérieur peut présenter des signes qui ne sont que la manifestation d'une pathologie de l'intérieur. En général, les syndromes externes sont dus à des facteurs exogènes et les syndromes internes à des facteurs endogènes.

A noter que parmi les zang, seul le Poumon peut être affecté directement par un facteur exogène, entraînant toux et congestion nasale, car c'est le plus yang des viscères et qu'il est en relation directe avec le milieu extérieur.

Le syndrome extérieur, biaozheng, correspond à un tableau caractérisé par de la fièvre accompagnée de frissons, de céphalées, de douleurs généralisées et articulaires, une obstruction nasale, de la toux, un pouls superficiel (fu) [8] ; il correspond à une attaque par des facteurs pathogènes exogènes sur les parties extérieures du corps : revêtement cutané, auquel il faut adjoindre le Poumon puisqu'il est directement en contact avec l'air extérieur. C'est l'enduit lingual plutôt que le corps de la langue qui rensei-gne sur ce syndrome.

Le syndrome intérieur, lizheng, indique que les organes profonds ou l'intérieur du corps sont touchés. La symptomatologie correspond aux organes atteints [8]. En ce qui concerne le pouls, il est plutôt profond (chen), dur (lao), et/ou serré (jin) ; c'est le corps de la langue plus que

l'enduit qui est significatif ; mais là encore, ce sont les organes touchés qui donnent des signes spécifiques.

Le tableau V résume quelques caractéristiques des tableaux Intérieur et Extérieur.14

Mais, le couple biao/li se conjugue avec les deux couples précédents Déficience/Excès et Froid/Chaleur, pour réaliser huit tableaux s'opposant deux à deux (tableau VI) [9].

Comme dans les deux couples précédents, il existe des atteintes mi-externe/mi-interne, et des syndromes combinés Déficience-Extérieur/Pléthore-intérieur, Froid-Extérieur/ Chaleur-intérieur, et leurs inverses, dont la symptomatologie se déduit des éléments constitutifs.

Syndromes élémentaires4 - COMBINAISONSTous les bagang peuvent se combiner entre eux, ou avec d'autres notions

conceptuelles. Ainsi, on peut trouver des Déficiences du Haut et Pléthore du Bas, ou inversement des Carences vraies avec des signes de Pléthore, des signes mélangés d'Excès et de Déficience, des combinaisons Froid et Intérieur, Froid et Déficience, et l'inverse, des associations de Froid-Extérieur et Chaleur-Interne ou l'inverse.

TABLEAU V.-SYMPTÔMES EVOQUANT LES SYNDROMES EXTERIEUR (BIAO) ET INTERIEUR (LI)

Extérieur (biao) Intérieur (li)

•Affection aiguë :- installation brutale,

•Affection chronique :- installation lente,

- bénigne - maligne

•Douleurs articulaires et des membres

•Douleurs et gênes thoraco-abdominales

•Aversion pour les facteurs exogènes (Vent, Froid,

•Vomissements

Chaleur, Sécheresse, Humidité, Canicule)

. Changements dans urines et selles par rapport à laphase d'installation

•Fièvre avec frissons et crainte du froid•Céphalées

•Fièvre sans frisson ; craint peu le froid

•Enduit lingual mince, piqueté de rouge

•Changement de l'enduit par rapport à la phase de lamaladie

•Pouls superficiel (fu) •Pouls profond (chen)

Combinaisons15

TABLEAU VL-SYMPTÔMES CARACTERISANT LES SYNDROMES BIAO/LI COUPLES AVEC FROID/CHALEUR ET DEFICIENCE/EXCES

AVEC FROID/CHALEUR ET DÉFICIENCFSIFXCÈS

Extérieur (biao) Intérieur (li)

Froid

• Fièvre, frissons, pas de sueur• Aversion pour le froid

• Écoulements clairs et fluides• Gorge prurigineuse• Pouls superficiel (fu), serré (jin)• Enduit lingual mince et

• Frissons•Membres froids et aversion pour le froid• Pâleur• Selles relâchées• Polyurie claire• Pas de soif• Pouls lent (chi), profond (chen)• Langue pâle

Chaleur

• Fièvre avec aversion pour le Vent, sueur

quelquefois• Gorge rouge et douloureuse• Soif discrète.Écoulements et excréta peu abondants,plus épais, plutôt jaunes

• Pouls rapide (shuo), superficiel (fu)• Enduit lingual mince et

• Fièvre élevée, irritabilité et agitation

• Face et yeux rouges• Soif• Constipation, selles dures, quelquefois sang

dans les urines

• Urines rares et jaune foncé• Pouls rapide (shuo) et plein (shi)

Déficience(xu)

• Fièvre, sueur profuse• Intolérance au Vent

• Pouls superficiel (fu) et lent (chi)• Peu ou pas d'enduit lingual

• Respiration faible, voix faible• Apathie, asthénie• Palpitations, étourdissements• Pouls profond (chen), vide (xu)

Excès(shi)

• Pas de sueur• Douleur généralisée

• Pouls superficiel (Ju) et plein (shi)• Enduit lingual blanc

• Respiration forte, voix sonore•Irritabilité, délire maniaque• Plénitude de poitrine• Distension abdominale désagréable, aggravée

par la pression

•Constipation•Pouls profond (chen) et plein (shi)•Langue rugueuse avec un

3SYNDROMES ÉTIOLOGIQUES

Au début d'une maladie, un zheng peut être caractéristique du seul facteur pathogène.

La maladie apparaît d'autant plus facilement que le malade a des défenses amoindries quelle qu'en soit l'origine (congénitale ou acquise, surmenage, etc.). De même, elle peut apparaître si le patient réagit de façon anormale à la présence d'un facteur qui normalement n'est pas pathogène. La Tradition Chinoise met bien l'accent sur la part primordiale du malade dans la nais-sance de la maladie. Un facteur devient pathogène (xie), seulement lorsqu'il rencontre un organisme incapable de lui résister. En soi le Froid n'est pas pathogène, il le devient si l'Homme n'est pas capable de se défendre. Cette pathologie prend un aspect épidémique lorsque le climat est anormal pour la saison [4]. Il en est de même pour les microbes en général ; certes la virulence d'une souche peut entraîner une épidémie plus grande et des formes plus graves, mais l'observation montre bien que malgré une contamination certaine, des individus ne développent pas de maladie.

C'est pour cela que dans la naissance d'une maladie, la Médecine Chinoise distingue des facteurs exogènes que l'on peut qualifier de climatiques, des facteurs endogènes qui groupent les excès des « sept sentiments », des facteurs ni endogènes ni exogènes qui englobent l'alimentation, l'activité, le stress, etc. Enfin la Tradition isole des facteurs pestilentiels à l'origine des maladies épidémiques [SW.71] et des facteurs congénitaux.

Il faut noter qu'une maladie selon la nosologie moderne peut rassembler différentes étiologies traditionnelles ; ainsi les neuropathies diabétiques (xiaoke), peuvent provenir des « sept sentiments », d'une ingestion excessive d'aliments gras et sucrés, d'un surmenage, d'excès sexuels, etc. [165].

1 - LES FACTEURS PATHOGÈNES ET LEUR SÉMIOLOGIE

FACTEURS EXOGÈNES [4, 8, 9, 20, 24, 75]Les six facteurs exogènes sont le Vent (feng), le Froid (han), la Chaleur

(re), la Canicule (shu), la Sécheresse (zao), et l'Humidité (shi). « La pluie, le Froid, le Vent ou la Chaleur peuvent entraîner des dérèglements dans les yang» [SW.62]. Chacun peut engendrer un syndrome spécifique, mais souvent ils s'associent entre eux et deviennent ainsi plus pathogènes.Vent

Le Vent (feng) se caractérise par la mobilité, le changement, et l'intermittence. C'est un facteur de type yang. Son attaque garde ces carac-téristiques comme le syndrome qu'il peut engendrer. Parfois isolé, il s'associe le plus souvent à d'autres facteurs dont il potentialise les effets. Comme ceci est indiqué dans la topologie (chapitre 18) c'est la région de la nuque et interscapulaire qui est la plus sensible au Vent ; et c'est

Facteurs pathogènes et sémiologie17

là que se trouvent les points thérapeutiques principaux : fengfu GV-16, fengchi VB-20, fengmen V-12.FroidLe Froid exogène (waihan) fige, pâlit, referme et rétracte [34]. C'est un

facteur de type yin. Il pénètre par le nez (respiration), par la bouche (alimentation) ou par la peau dans son ensemble. « Quand il y a du Froid, le qi se contracte », [SW.39] ce qui diminue les résistances de l'organisme.ChaleurLa Chaleur (re) est un facteur de type yang qui ne devient pathogène que

par son excès (qui peut devenir Feu), ou par son association avec un autre facteur pathogène : Vent, Humidité, ou Sécheresse. Suivant son intensité, le facteur Chaleur peut agresser insidieusement un organisme à condition de se prolonger, et inversement une Chaleur extrême (ou un Feu (huo) ), de courte durée peut être très nocive. Une Chaleur isolée entraîne soit une atteinte locale à type de brûlure, soit une atteinte générale engendrant un syndrome de type Chaleur. Enfin il faut savoir que la pénétration d'une Chaleur exogène et sa perduration peuvent engendrer une Chaleur endogène. C'est le Haut du corps qui est plus sensible à ce facteur pathogène.CaniculeLa Canicule, ou Chaleur d'été (shu), peut être considérée comme un Excès

du facteur Chaleur ; elle agresse avec prédilection la région céphalique.

Contrairement aux autres facteurs, elle est toujours exogène. Son association au Vent ou à l'Humidité rend ce xie beaucoup plus agressif.SécheresseLe facteur Sécheresse (zao) pénètre surtout par le nez et la bouche

expliquant ainsi que l'atteinte débute souvent par le Poumon et en automne. Le reste du corps aussi peut être atteint ; en particulier la Sécheresse détermine une évaporation rapide et inapparente de la sueur, pouvant être à l'origine d'un syndrome de déshydratation qui survient sans cause apparente évidente.HumiditéL'Humidité (shi) se caractérise par lourdeur et turbidité ; elle est

visqueuse, et stagne ; elle est collante et difficile à éliminer. Elle entrave facilement la Rate qui est son organe cible, mais aussi tous les zangfu et les méridiens. En s'associant au Froid et/ou au Vent, elle entraîne une symptomatologie de type rhumatismale, hanbi et shibi (chapitre 5).Il est difficile de distinguer un syndrome « humide » d'origine endogène, ou

d'origine exogène.Défauts d'adaptation climatiquePour conclure ce paragraphe, on peut encore signaler qu'un temps anormal

pour sa saison sera beaucoup plus pathogénique. D'autre part, on trouve des défauts d'adaptation climatique (shuitu bufu) [4], qui ont leur origine chez le patient et non dans les facteurs exogènes.

FACTEURS ENDOGÈNES [4]Les facteurs endogènes (neiyin) dépendent principalement des

changements excessifs de l'état émotif. Les « sept sentiments » (qiqing) sont des phénomènes normaux, reflétant l'état mental de l'Homme induit par l'ensemble de son environnement. Ils deviennent pathogènes par leurs Excès relatifs qui déterminent une réaction de l'individu à leur égard. Cet Excès est quantitatif, durée ou intensité, mais c'est leur aspect qualitatif qui conditionne l'atteinte spécifique d'un zang et donc le tableau clinique correspondant. Les sept sentiments sont regroupés en cinq émotions, (wuzhi) pour être reliés aux cinq zang et donc au cycle des cinq mouvements : joie pour le Coeur ; colère pour le Foie ; mélancolie (ennui) pour la Rate ; tristesse et anxiété pour le Poumon ; appréhension, peur et frayeur pour les Reins. Leur Excès perturbe la circulation normale du qi et du xue dans les zang. A l'extrême, leur débordement pourra blesser le yin, essence vitale, et entraîner un Feu (huo) endogène.Les facteurs pathogènes qui prennent naissance de ces excès des

sentiments sont le Froid, la Chaleur, le Feu, l'Humidité, la Sécheresse et le Vent [6, 8, 24, 107, 115]. Il faut donc considérer les Excès des « sept sentiments » comme les causes réelles des syndromes de Froid endogène, Feu endogène, etc., et des diverses manifestations cliniques qui en découlent. Dans la Médecine Traditionnelle Chinoise, c'est l'excès d'un sentiment qui est le plus souvent la véritable origine d'une maladie

endogène. Cette explication causale se rapproche bien de la médecine psychosomatique.JoieLa joie (xi) est liée au Coeur. « Lorsque le souffle est à l'aise et paisible,

l'harmonie règne à l'intérieur et à l'extérieur» [SW.39], c'est la Santé.L'Excès entraîne une agitation mentale et un tableau de Feu du Coeur dont

la sémiologie de18

Syndromes étiologiquesdébut est une insomnie, une activité onirique importante, des palpitations, une hyperhidrose, des céphalées moyennes à prédominance temporale.

En se prolongeant, le Feu brûle les jinye, aggrave donc le tableau en entraînant des phénomènes de Sécheresse avec altération de l'état général et apparition de troubles mentaux.

L'atteinte du Coeur se traduit par une pointe de langue rouge vif, la Chaleur par un pouls rapide (shuo) et la Sécheresse par un enduit jaunâtre et sec.

ColèreLa colère (nu) est toujours un Excès ; elle exagère ou inhibe le mécanisme

normal de montée du qi du Foie. Elle intervient donc dans la genèse des reflux (ni) du qi de Foie, et dans les plénitudes de xue. Sa perduration conduit à la chronicité [LS.81.

La symptomatologie psychique, outre l'irascibilité, comprend en général des troubles de la mémoire, une activité onirique importante avec des zoopsies fréquentes, quelquefois un tableau dépressif. Le malade se plaint souvent de distensions, gênantes à douloureuses, des flancs et de l'hypocondre surtout à droite, de céphalées du vertex, de vertiges ou de sensation d'instabilité ; les yeux sont souvent exorbités et rouges. Plus rarement, on observe une toux d'irritation (nerveuse), des sensations nauséeuses, des hémorragies diverses et des pertes de conscience. C'est donc ici un tableau de Feu du Foie, avec un pouls tendu (xian) caractéristique du Foie, et rapide (shuo) correspondant au Feu.

MélancolieLa mélancolie (si) est en liaison avec la Rate. Son Excès ne permet plus à

la Rate d'assurer sa fonction physiologique de transport ; il entraîne donc un trouble de la circulation normale du qi.

Une Pléthore s'accompagne de troubles psychiques à type obsessionnels avec rumination, alors que dans une Déficience, prédominent des phénomènes amnésiques et asthéniques avec lenteur d'idéation.

Les signes organiques peuvent être ceux d'une Déficience et Froid de Rate avec ballonnements épigastriques, selles mal liées, lourdeur des membres,

etc., ou ceux d'une Chaleur-Humidité de Rate-Estomac ou d'un Feu d'Estomac (p. 80).Anxiété et tristesseL'anxiété (you) et la tristesse (bei) sont les sentiments liés au Poumon.

L'anxiété est de type inhibiteur ; elle affecte la circulation normale du qi. L'appréhension et l'inquiétude dominent le tableau. Le malade a peur du futur, de l'avenir, de l'inconnu. On l'observe dans les Déficiences du qi et du xue et dans toutes les Déficiences où le Poumon est impliqué. La dépression du qi de Rate qui lui est souvent associée, engendre des troubles digestifs.La tristesse entraîne une consommation exagérée de qi qui s'amenuise et

ne peut donc être réparti normalement. On la rencontre dans les atteintes de Poumon, de Rate et d'Estomac, et donc dans celles des Réchauffeurs Moyen et Supérieur. Elle peut aboutir à une introversion excessive et provoque alors un tableau de Chaleur qui brûle l'intérieur.Ces malades s'aggravent souvent à l'équinoxe d'automne.

Peur et frayeurLa peur (kong) et la frayeur (jing) affectent spécialement les Reins.La peur (kong) touche le fonctionnement du Foyer Supérieur et donc la

descente du qi, le shen s'appuie alors sur le néant [194 p.169] ; il existe donc une imbrication avec le Poumon. La diminution, ou même l'effondrement du qi, entraîne un défaut de contrôle du Haut, donc des convulsions chez l'enfant, une tendance à la démence, et du Bas où stagne le xue, avec pollakiurie et ténesme. La peur abaisse le qi des Reins, ce qui se traduit par une incontinence des urines et des matières, et des pertes génitales.La frayeur (jing) associe désordre et confusion du qi du Poumon et de

Vésicule Biliaire. Il en résulte une asthénie globale à expression respiratoire (essoufflement, oppression thoracique), une impression de vitalité dispersée, un repli sur soi, des palpitations, une insomnie et même une désorganisation psychique ; ce tableau réalise une maladie de la Vitalité (jingshenbing).

FACTEURS PATHOGÈNES NI EXOGÈNES NI ENDOGÈNESEn dehors des facteurs climatiques et des émotions, de nombreux facteurs

peuvent engendrer des maladies (alimentation, excès de tous ordres, plaies, coups, piqûres, etc.). « Des dérèglements dans les yin peuvent être dus à l'alimentation, à l'habitat, à la sexualité, et à l'affectivité»

Facteurs pathogènes et sémiologie19

[SW.62]. Ils sont groupés sous le titre ni exogènes, ni endogènes. Ce groupe hétéroclite est très important dans la société moderne.AlimentationDans tous ses aspects, qualitatifs, quantitatifs ou toxiques [58, 71],

l'alimentation peut être à l'origine de processus pathologiques qui attei-

gnent d'abord l'Estomac qui reçoit les aliments, puis la Rate qui lui est couplée. Le Foyer Moyen est donc impliqué dans cette pathologie alimen-taire. La suralimentation agresse la rate [4].La rapidité d'ingestion, la quantité totale des aliments ingérés, leur qualité

(cuisson, épices, etc.), et l'alcool entraînent de la Chaleur interne qui affecte principalement le couple RateEstomac. Cette Chaleur, se mélangeant aussitôt à de l'Humidité, peut entraîner l'apparition de zhongfeng, jiju, shuiqi et jue.« L'énergie du vin, distillée à partir des aliments est puissante et

turbulente. Le vin est donc éliminé avant que les autres aliments ne soient digérés» [LS.18]. L'absorption d'alcool est donc suivie rapidement de Cha-leur, qui peut conduire secondairement à une Déficience. Comme l'alcool, les épices peuvent être à l'origine d'une Déficience des Reins [182]. L'absorption de nourriture froide ou d'aliments de caractère Froid (crus en particulier), et de boissons glacées touche aussi le couple RateEstomac, mais en entraînant un syndrome de type Froid avec diarrhées et vomissements semiliquides.Une nourriture insuffisante en qualité ou en quantité (dénutrition ou

malnutrition) détermine une Déficience de qi et de xue.Mais les comportements alimentaires anormaux (anorexie mentale,

boulimie compensatrice) ont souvent une origine psychologique dont il faut tenir compte dans la thérapeutique qui vise à corriger à la fois l'origine endogène initiale et l'expression actuelle du trouble.Du point de vue traditionnel, la digestion peut être considérée comme une

séquence de tris entre « Pur » et « Impur » (ou Trouble). L'ingestion de liquides et de solides (« Eau » et « Grains ») permet un premier tri dans l'Estomac qui adresse à la Rate le « Pur » directement utilisable, et fait descendre le « Trouble » pour qu'il subisse de nouvelles transformations avant son passage dans l'Interne. Les perturbations de ce premier tri, s'accompagnent de douleurs gastriques, de vomissements et de diarrhées liquides.Le syndrome Chaleur-Humidité d'origine alimentaire se caractérise

par des signes de Chaleur prédominant dans yangming avec des vomissements, des douleurs abdominales, une diarrhée liquide, foncée, jaunâtre et fétide s'accompagnant de douleurs anales, d'urines peu abondantes, de fièvre avec soif, d'agitation cardiaque (tachycardie, palpitations). Ce tableau de Chaleur s'accompagne évidemment d'une langue rouge avec un enduit jaune, d'un pouls rapide (shuo) et ample (hong).Le tableau de Froid-Déficience (xuhan) d'origine alimentaire ajoute des

vomissements et de la diarrhée au tableau habituel : pâleur, extrémités froides, énophtalmie, spasmes musculaires, enduit lingual blanc, pouls profond (chen) et lent (chi).Le tableau de shijue est assez rare ; il survient en général à la fin d'un

repas ou juste après. Il est dû à une alimentation irrégulière, trop abondante ou absorbée trop rapidement qui s'entasse dans l'Estomac. Le qi correct de l'Estomac se bloque et entraîne un jue : perte de connaissance brutale, avec

dyspnée, ballonnement ; l'enduit lingual est épais ; le pouls est glissant (hua) et plein (shi). Certains ictus apoplectiques post-prandiaux entrent dans ce cadre [341.L'alimentation peut être à l'origine de syndromes shui et de jiju. En

particulier une trop grande absorption de nourriture, d'alcool, de crudités et de nourriture froide, en été ou lors d'une grande fatigue, endommage le couple Rate-Estomac, modifie la régulation des liquides et entraîne la formation de glaires (tan). Trois tableaux peuvent se voir :- des œdèmes (shui) , car l'accumulation d'Humidité dans la région

médiane empêche la régulation des Eaux par la Rate (cf. chapitre 7) ;- des ju : tuméfactions intermittentes, souvent en forme de cordes

abdominales, douloureuses à la pression (cf. chapitre 8) ;- des ji : tuméfactions fixes, localisées ; l'Humidité s'accumule et donne des

tan ; la stase de l'Humidité qui en résulte est à l'origine de Chaleur qui bloque les vaisseaux et entraîne l'apparition de ji (cf. chapitre 8).L'alimentation peut être aussi à l'origine de réactions allergiques de type

urticaire («papules du Vent») [194 p. 208].Lorsque le couple Rate/Estomac est faible, il permet l'accumulation des

aliments dans le Foyer Moyen ; ils ne sont donc pas digérés et peuvent alors entraîner une malnutrition infantile (ganji) [194 p. 172], qui serait à l'origine d'une Déficience de qi et xue responsable de certaines paralysies cérébrales infantiles [120].

20Syndromes étiologiques

L'alimentation traditionnelle est basée sur les qualités chaude, tiède, fraîche et froide des aliments, mais aussi sur les cinq Saveurs [58]. N'importe quel Excès d'une Saveur blesse le zang correspondant et devient donc pathogène ; ainsi un excès de sel lèse le Rein et peut être à l'origine de certains asthmes infantiles [194 p. 170].ActivitéL'activité en soi est non seulement normale, mais indispensable à un bon

équilibre garant de la Santé. Là encore, ce sont les Excès ou les Insuffisances qui deviennent pathogènes. Il n'est pas possible d'établir de règle générale, puisque l'Excès ou le Défaut dépendent de l'individu, du moment, du lieu, etc. On a décrit 5 types d'abus : vision prolongée qui blesse le xue, position assise prolongée les muscles, position couchée prolongée le qi, position debout prolongée les os, et marche prolongée les tendons [4] [LS.78].Activité physique. - L'activité physique excessive entre dans le cadre du

surmenage. Elle est caractérisée par une atteinte de type Déficience du qi de Poumon, de Rate ou de Rein. Le port d'objets lourds, comme la station assise prolongée sur un sol humide agressent les Reins [4].Si l'exercice physique est normalement important, sinon indispensable, son

Excès est nuisible, et devient pathogène car il consomme le weiqi ce qui se traduit par un amaigrissement, une certaine lassitude, de l'hyperhidrose, des palpitations et une vue trouble.

Inversement le défaut d'activité physique réduit la circulation du qi et du xue, avec faiblesse générale, asthénie, obésité avec souffle court, diminution de la résistance générale de l'organisme.Lorque l'Excès est occasionnel (par exemple compétition de sport

d'endurance), outre le tableau ci-dessus, il s'•y ajoute un déséquilibre plus profond entre faim, soif et satiété. Le qi de Rate est Déficient ; il peut entraîner des oedèmes. Cet Excès retentit aussi sur le Poumon et le Coeur (tachypnée et tachycardie).Activité mentale. - Un Excès d'activité intellectuelle ou psychique en

général relève évidemment dés syndromes d'origine endogène, mais le tableau clinique d'un Excès passager, accidentel, peut être comparable à un tableau d'Excès ou de surmenage. Il semble que soit plutôt impliquée ici une perturbation de la fonction physiologique du Poumon (atteinte du qi), ou uneasthénie des Reins [182]. De même, l'insuffisance d'activités mentales est comparable au défaut d'activité physique, et peut avoir un rôle pathogène, en particulier dans le vieillissement.Le stress que l'on peut comparer à un excès d'activité mentale et émotive

est à l'origine de tableaux comparables. La participation du zang Coeur est ici très importante ce qui conduirait encore plus à placer ces tableaux dans le groupe des facteurs endogènes.

Excès génésiques, grossessesDes excès sexuels, ou des grossesses répétées et rapprochées, peuvent

entraîner un tableau de surmenage et d'asthénie qui se rattache à une Déficience de qi des Reins chez l'homme, et des Reins, de Rate et de Foie chez la femme. Le tableau est constitué par une asthénie marquée, un manque d'enthousiasme, des lombalgies, une faiblesse des membres, des étourdissements et des acouphènes ; chez l'homme s'ajoutent une impuissance et une spermatorrhée [9]. Des troubles des voies de l'Eau peuvent déterminer l'apparition d'oedèmes (shui) ; c'est un tableau de Déficience de yang des Reins auquel peut s'ajouter une Déficience de yang de Rate (chapitre 12).Tous les Excès d'activité peuvent être à l'origine de stérilités [182], et

faciliter ou déclencher des zhongfeng [6].

Traumatismes, plaies, piqûres, morsuresCe large groupe comprend : 1) les lésions avec effractions cutanées, qui

peuvent être à l'origine de pertes sanguines (ou liquidiennes) importantes ; 2) les pertes de substance osseuse ou des parties molles ; 3) l'introduction de corps étrangers, de produits toxiques ou de micro-organismes ; et 4) les lésions sans effraction cutanée (contusion, commotion, etc.) à l'origine d'hématomes et de troubles de la circulation du qi et du xue.

Le tableau sera souvent bivalent:- 1) local : atteinte directe qui s'accompagne d'une perturbation de la

circulation du qi et du xue (lésions nerveuses périphériques par exemple [224]);

- 2) général : qui, le plus souvent, conduit à des tableaux d'atteinte des organes (chapitre 12).Avec les plaies par instruments piquants, tranchants et contondants, les

brûlures et les traumatismes, il faut inclure les effets iatrogènes des interventions chirurgicales. Ainsi dans les interventions pour ligature des trompes utérines, on

Syndromes des atteintes des facteurs pathogènes21

observe souvent dans les suites : ménorragies avec diminution de la libido, asthénie, tachycardie, douleurs lombaires et des membres inférieurs ; ce tableau s'explique par une diminution du yin et du yang des Reins qui entraîne des troubles du qi, du xue, et de la circulation lymphatique [186].

On peut observer un tableau de Stagnation du xue. Le défaut de circulation du xue entraîne : des douleurs sourdes, fixes, parfois avec des pics, des écoulements de sang noir, des pétéchies, une tuméfaction.

De même des tan ou yin peuvent apparaître localement à la suite d'un traumatisme ou d'une blessure. Ils se manifestent sous forme de tumé-factions, de nodules mobiles ou non, d'infiltration. Il est parfois difficile de faire la distinction entre la Stagnation du xue ou la présence de tan-yin.

FACTEURS PESTILENTIELSLes facteurs pestilentiels (liqi ou yilizhiqi) sont mentionnés pour la

première fois dans le chapitre 71 du Suwen, mais la notion de maladies épidémiques n'a bien été présentée qu'à l'époque des Ming par Wu Youxing vers 1642 [104]. La théorie de cet auteur était « une maladie, un qi » [215] ; il avait donc créé ce concept de pestilence pour les maladies épidémiques qui dépassaient de loin la malaria pour s'étendre à de nombreuses affections que la médecine moderne groupe sous le titre de maladies infectieuses et virales.

Toutes les affections épidémiques ne sont pas d'origine pestilentielle puisque lorsque le climat est anormal pour la saison, ou que les facteurs pathogènes sont très virulents (liqi) [4], on peut observer une pathologie de type épidémique.

Toutes les maladies contagieuses sont regroupées ici. On doit souligner que leur caractère fébrile permet de leur attribuer pour origine une Chaleur toxique, auquel on ajoute souvent le qualificatif de saisonnière [194 p. 109, 111, 113, 114, 175, 264]. La Chaleur toxique n'est cependant pas obligatoirement liée aux pestilences ; ainsi l'étiologie de l'iléus intestinal paralytique de l'enfant survenant dans les infections sévères, est attribuée à une accumulation de Chaleur toxique dans l'abdomen [124].

Ces facteurs pestilentiels peuvent engendrer aussi des syndromes d'Humidité-Chaleur, en particulier dans de nombreuses infections gastro-intestinales [8].FACTEURS CONGÉNITAUX

On peut discuter la valeur étiologique de ces facteurs qui correspondent au «ciel antérieur» (xiantian zhiqi). En effet, à côté de malformations ou maladies graves existant à la naissance, ils interviennent plutôt en facilitant l'apparition d'une maladie, soit à cause du type constitutionnel du patient, soit à cause d'un trouble du développement d'un organe ou d'une région.

On les implique dans toutes les affections congénitales sans distinguer la qualification d'héréditaire ou non, d'embryopathie ou de foetopathie.

Le type constitutionnel d'un individu est héréditaire, et dépend donc du « ciel antérieur ». C'est un facteur favorisant qui se manifeste pendant toute la vie. Alors que les embryopathies et foetopathies sont en général manifestes à la naissance, mais ne sont pas toujours héréditaires.

Du point de vue traditionnel, le Lingshu (chapitre 10) précise qu'avant la naissance c'est l'énergie jing qui intervient, et qu'après la naissance, c'est l'alimentation qui prend le relais en donnant les énergies wei, de défense, et ying, nutritive. Cette dernière intervient cependant dans au moins une partie de la vie intra-utérine. Pour le jing inné et le yuanqi, ce sont les Reins qui sont intéressés, pour le jing acquis la Rate se surajoute.

2 - SYNDROMES DES ATTEINTES DES FACTEURS PATHOGÈNESLes signes caractéristiques des atteintes biao et li ont été vues ci-dessus

avec comme caractéristiques majeures, affections aiguës pour les invasions externes (biao) et chronicité pour les maladies internes (li). Ce sont les caractéristiques des agressions spécifiques de chacun des six facteurs pathogènes (liuyin) qui seront évoquées ici. C'est par rapport à l'environnement qu'ils ont été traditionnellement décrits et leurs signes caractéristiques évoquent ceux des conditions climatiques. Leur pénétration dans l'organisme correspond aux atteintes externes. Mais ces six types d'énergie peuvent naître à l'intérieur du corps et sont appelés endogènes. Mais qu'il soit exogène ou endogène, chaque facteur pathogène présente des signes communs.

VENTLe Vent (feng) est mouvement et changement rapide [SW.42] ; c'est un

phénomène de nature22

Syndromes étiologiquesFacteurs pathogènes exogènes et pestilentiels >

Facteurs pathogènes endogènes

FiG. 4 . - Schéma des principaux facteurs pathogènes (D'après BossY J., GuÉvIN F. - Nosologie Traditionnelle. In: Encyclopédie des médecines naturelles (Paris, France), Acupuncture et Médecine Traditionnelle Chinoise, LA-7, 12-1989, 31 p.).

yang. L'installation rapide, la variabilité ou le changement de place des signes le caractérise, douleurs variables (ou varialgies) en particulier. Les éruptions, les démangeaisons, les crampes qui naissent et disparaissent rapidement pour apparaître ailleurs, caractérisent aussi le feng. De même tous les mouvements convulsifs et les tremblements d'une part, et d'autre part, les sensations internes de mouvements, étourdissements et vertiges sont aussi des signes de Vent. Les frissons entrent également dans cette catégorie. Enfin l'évolution très changeante d'un processus pathologique montre au moins une participation du Vent. En effet le Vent s'associe très souvent aux autres facteurs pathogènes en leur donnant des caractéristiques très particulières.Ainsi dans les atteintes Vent-Froid, la langue est normale avec un enduit lingual blanc, et le pouls est caché (fu), et serré (jin) ; dans les atteintes de Vent-Chaleur, on observe des points rouges sur la langue avec un pouls

caché (fu), et rapide (shuo) ; enfin dans une atteinte Vent-Humidité, la langue est souvent normale, et le pouls caché (fu), et ralenti (huan).

Schématiquement le syndrome feng exogène se caractérise par : 1) un début brutal et une évolution rapide, 2) des manifestations superficielles et du Haut, 3) des symptômes intermittents et variables, 4) de la fièvre, des céphalées, des étourdissements, des lipothymies, des convulsions, des tremblements et des paresthésies, 5) l'ouverture des pores cutanés (xuanfu)

Syndromes des atteintes des facteurs pathogènes23

avec hyperhidrose et crainte du Vent. En association avec le Froid, il est à l'origine du rhume.Par opposition au Vent exogène qui caractérise l'installation brutale et

rapide d'une maladie, le Vent endogène apparaît lors d'une maladie chronique ; il est surtout, mais non exclusivement d'origine Foie. On l'observe dans les déficiences du yin de Foie, ou de Foie et des Reins, ou encore dans l'augmentation du yang de Foie. Il se manifeste par des étourdissements, des acouphènes, des engourdissements des membres, des tremblements, des mouvements convulsifs, des épisodes de type apoplectique. La langue est celle des Déficiences de yin, et dans les cas graves le pouls est caché (fu), et tendu (xian).

Le feng peut caractériser des modalités d'atteinte zangfu [SW.42]. Les signes communs sont des sueurs abondantes et une aversion pour le Vent. Le Vent est en relation avec le Foie, le Printemps ; beaucoup de signes de feng et d'atteinte du Foie sont similaires. Le pouls est tendu (xian), ou serré (jin), superficiel (fu), rapide (shuo). La langue peut être rouge et sèche, avec un enduit lingual blanc, humide, ou jaune ; comme pour le pouls ce sont les associations du Vent avec le Froid, la Chaleur et l'Humidité qui en déterminent l'aspect. Lorsque le Vent et des glaires bloquent les luo, le pouls est tendu (xian) et glissant (hua), et la langue rigide.

FROIDLe Froid, han, est de type yin ; il est associé à l'Hiver. Comme tous les

autres facteurs exogènes, il peut être pathogène en dehors de sa saison, et dans ce cas il n'a pas besoin d'être puissant pour être nocif.

La personne a froid et elle est froide au toucher ; elle est pâle, d'apparence frigorifiée. Elle rejette le Froid et recherche la Chaleur par des boissons chaudes, des vêtements chauds. Comme dans la nature, le Froid contracte et ralentit les mouvements ; les malades ont des mouvements lents, sans amplitude et peu nombreux.

Dans les méridiens, le ralentissement de la circulation du qi et du xue dû au Froid entraîne des douleurs sévères, aiguës à type de crampe qui cèdent à la chaleur (SW.39], des contractions (ou contractures) et de la raideur des membres.Les sécrétions sont claires, blanches, transparentes, fluides, [SW.74],

souvent abondantes.

Les atteintes du Froid exogène (waihan) surviennent en général subitement et sont accompagnées d'aversion pour le Froid, de céphalées et de douleurs, de frissons importants, et de fièvre modérée qui s'explique par la lutte de l'organisme pour éliminer le facteur pathogène ; en général, la sudation est réduite puisque le Froid resserre les pores cutanés (xuanfu). L'atteinte est de type surface (biao) ; la lutte contre le facteur pathogène donne des signes de Pléthore (shi) ; son exemple le plus fréquent est le rhume. Il pénètre selon la séquence des grands méridiens (cf. chapitre 6). Ainsi peut-on observer : 1) des orifices cutanés contractés avec anhidrose et frissons, sidération du méridien extraordinaire yangWei, qui entraîne : crainte du froid, fièvre, douleurs, courbature, pouls serré (jin), 2) des parésies ou des paralysies (a frigore), 3) des signes d'atteinte respiratoire, surtout supérieure, 4) des signes d'atteinte de Rate-Estomac : douleurs abdominales soulagées par la Chaleur, membres froids, intolérance à la nourriture froide, perte d'appétit, relâchement intestinal, 5) des urines claires et abondantes. Associé au feng, le Froid entraîne des grippes ; associé à l'Humidité, il est à l'origine de douleurs musculaires, articulaires, etc. (cf. chapitre 5). Le Froid exogène peut figer la transformation de yin en yang et donc entraîner un Froid endogène.

Le Froid endogène (neihan) est dû à une baisse de la fonction vitale de chacun des zang, mais particulièrement des Reins et de la Rate. Il entraîne un ralentissement et une lenteur des activités, puisqu'il s'oppose au yang correspondant à la Chaleur. Le patient a besoin de plus de sommeil et réclame de la chaleur. Le Froid endogène est relié à une insuffisance des Reins. Il est aggravé par des aliments ou des médicaments de nature froide. Le Froid endogène, de type li, peut s'accompagner d'une plénitude abdomi-nale avec diarrhée aqueuse alors que dans une Déficience de yang, le Froid se manifeste en biao avec des extrémités froides [247]. Le pouls est différent dans les deux atteintes ; il est profond (chen), lent (chi), pour un Froid endogène, et lent (chi), et serré (jin) pour un Froid exogène. L'enduit lingual est blanc et glissant pour un Froid exogène, et plutôt collant pour un Froid endogène, mais la différence peut ne pas apparaître.

Le bi de Froid (cf. chapitre 5) se caractérise par des arthralgies sévères, ou des douleurs intenses des parties molles, accompagnées de spasmes et contractures. Une douleur abdominale sévère est souvent caractéristique de Froid

24Syndromes étiologiques

(hantongzheng) quel que soit l'organe atteint [104] ; elle s'accompagne des signes habituels de Froid.

CHALEUR ET FEUIl existe une Chaleur exogène (re), non pathogène, comme il existe un Feu

physiologique, aspect yang de l'organisme, relié au Coeur d'une part, et à

mingmen d'autre part. A côté de ces aspects normaux de la nature ou de la vie, on observe: 1) une Chaleur pathogène exogène (re) qui, lorsqu'elle est extrême, devient la Canicule, ou Chaleur d'Été (shu) ; et 2) une Chaleur endogène anormale qui peut devenir Feu (huo).La Chaleur est un facteur yang qui entraîne une sensation de chaleur et

une aversion pour la chaleur, et plutôt des signes du Haut du corps. Les signes de Chaleur pathogène sont une fièvre élevée, la face et les yeux rouges, des urines foncées ou rougeâtres. Lorsqu'elle est localisée, c'est un Feu pathogène, qui correspond à l'inflammation de la médecine moderne. La Chaleur peut aussi se manifester par des furoncles, des anthrax, des ulcérations rouges et toute autre enflure cutanée rouge, surélevée et dou-loureuse ; on parle de Feu toxique (huodu).

Les sécrétions et excrétions sont épaisses, collantes, donnant une impression de chaleur, en général plutôt jaunes ou rouges. Les mucosités sont jaunes ou rougeâtres ; lorsque des traînées sanguinolentes ou des hémorragies surviennent, c'est plutôt un Feu (huo) qui est évoqué ; ce der-nier s'accompagne souvent de sensations de brulûres en particulier au niveau des muqueuses.

Lorsque l'atteinte de ces facteurs pathogènes se prolongent la diminution des liquides organiques entraîne des signes de Sécheresse (langue sèche, urines rares, etc) et parfois des tan.

La Chaleur pathogène, de type yang, peut engendrer un Vent endogène, se traduisant par des mouvements désordonnés, incohérents, à type de tremblements, de spasmes ; elle intéresse le Sang (hémorragie, éruptions érythémateuses), et le shen (confusion, langage incohérent, délire).

Une Chaleur exogène est caractérisée par une fièvre élevée, des céphalées, une gorge douloureuse et gonflée, une bouche sèche, avec soif, désir de froid, quelquefois crachats hémoptoïques, éruption cutanée, irritabilité ou délire. La fièvre est en général plus élevée et avec peu ou pas de frissons (à l'inverse du Froid) ; on note plus de céphalées et moins de douleurs somatiques. Comme toutes les agressions externes, l'installation est brutale et soudaine.La Chaleur endogène présente divers signes généraux de Chaleur vus ci-

dessus, mais surtout : mouvements rapides et agités ; délire, logorrhée, extraversion ; yeux et face rouges ; certaines parties ou tout le corps sont chauds ; fièvre élevée, irritabilité, désir de boire froid ; constipation, urines foncées ; sécrétions jaunes, foncées, putrides, parfois striées de sang ; la langue est rouge avec un enduit jaune, épais, sec ; le pouls est rapide (shuo), parfois glissant (hua) ou grand (da).Un tableau de Feu (huo) apparaît lors d'un Excès de Feu du Coeur, ou la

Déficience du yin d'un organe, Foie ou Reins. Dans un Feu pathogène, les signes sont souvent localisés en Haut et intéressent le xue : visage rouge, ulcérations buccales, gingivite, gingivorragie, hémoptysie, hématémèse, pétéchies, toux, vomissements, irritabilité, insomnie, activité onirique importante, troubles de la conscience (délire). On observe souvent aussi des

frissons et un trismus. Les troubles psychiques sont de type maniaque avec une activité psychique et onirique incessante. On note souvent des gonflements douloureux du dos du pied et une myotension neurogène. Le pouls est rapide (shuo) et la langue rouge.Dans les atteintes par la Chaleur, l'abdomen peut être gonflé, tendu,

douloureux, siège de borborygmes. On peut observer aussi des spasmes, des phénomènes de rigidité (à l'extrême opisthotonos), des vomissements acides, et une diarrhée incontrôlable avec ténesme.

HUMIDITÉL'Humidité (shi), est un facteur yin, caractérisé par l'imprégnation d'eau, la

lourdeur, la turbidité et la lenteur. Liée à la 5e saison, elle est le facteur pathogène des régions et saisons humides où l'environnement et le port de vêtements mouillés permettent sa pénétration dans l'organisme. L'Humidité engendre des douleurs traînantes et une sensation de lourdeur. Les mem-bres sont lourds et endoloris ; le patient a une aversion pour l'Humidité.Les excrétions et sécrétions sont abondantes et troubles, collantes ; les

urines sont troubles, la diarrhée et les leucorrhées sont épaisses ; les éruptions cutanées sont suintantes. Le malade a l'impression d'avoir du sable dans les yeux.L'Humidité exogène pénètre dans les méridiens, entraînant une lourdeur

douloureuse desSyndromes des atteintes des facteurs pathogènes

25membres surtout inférieurs, et une plénitude thoracique ou abdominale avec miction ou défécation incomplète. Elle peut aussi atteindre la Rate et gêner sa fonction de transport du « pur », avec perte d'appétit, indigestion, nausées, diarrhée, augmentation de volume de l'abdomen ; la prolongation de son agression peut engendrer une Humidité endogène. La distinction Humidité endogène et exogène se fait par la rapidité d'installation dans l'Humidité exogène, et par la présence de rétention d'eau et ÷dème dans l'Humidité endogène.Superficiel (fu) et glissant (hua) dans les atteintes exogènes, le pouls est

ralenti (huan), fin (xi), mou (ru) et glissant (hua) dans l'humidité endogène. Dans les deux cas, la langue est humide et présente une enduit plutôt épais. Lorsque ces derniers prédominent, l'Humidité peut s'associer à la Chaleur ou au Froid, les pouls et la langue prennent alors leurs caractéristiques.Dans l'atteinte par Humidité exogène, on observe une atteinte de la peau et

des muscles de type rhumatismal : rigidité, raideurs rachidiennes et autres limitations locomotrices. Lorsque l'Humidité stagne dans les muscles et la peau, elle donne des ulcères et des suppurations de la jambe (ulcère variqueux, ostéomyélite). Au contraire, l'Humidité endogène touche les organes, par exemple l'atteinte du gros intestin provoque des diarrhées.

SÉCHERESSE

La Sécheresse (zao) est l'agent pathogène de l'automne ; c'est un facteur yang en relation étroite avec la Chaleur dont elle peut être la suite. La déshydratation qui la caractérise s'accompagne de sécheresse des narines, des lèvres, de la langue et de la peau, d'oligurie et de selles sèches.

La Sécheresse exogène attaque un seul zang, le Poumon, et plutôt en automne ; elle touche les fonctions de circulation et de descente du Poumon, ce qui se manifeste par de la fièvre, des céphalées, une anhidrose, des muqueuses sèches, une toux peu productive, une respiration asthmatiforme, des douleurs thoraciques accompagnant des signes caractéristiques d'atteinte exogène : soudaineté, fièvre, douleurs somatiques, etc. [104] ; le pouls est superficiel (fu) et rapide (shuo).

La Sécheresse endogène toujours liée à la Chaleur par Déficience de yin (yinxu) affecte surtout le Poumon, avec un tableau de sécheressedes voies aériennes supérieures, une gorge sèche et douloureuse, un enrouement, des expectorations teintées de sang allant jusqu'à l'hémoptysie. Le patient est nerveux, en agitation perpétuelle. Le pouls est en général fin (xi) et rapide (shuo) ; la langue est rouge avec peu ou pas d'enduit.

CHALEUR D'ÉTÉ, OU CANICULELa Canicule (shu), ou Chaleur d'été, est toujours d'origine exogène,

exposition à une chaleur excessive. Elle a pu être mise en parallèle avec certains Feux pathogènes endogènes. Elle se caractérise par une fièvre soudaine et élevée, des céphalées, une sécheresse des muqueuses avec soif, des urines rares et concentrées, une importante hyperhidrose, et de l'agitation. C'est le tableau d'une insolation ou d'un coup de chaleur. Lorsqu'elle se prolonge, elle lèse finalement le qi, entraîne un épuisement général, et provoque une réduction des liquides organiques. Son atteinte peut entrer dans le cadre des wenbing, avec attaque directe des couches qi et ying, ou apparition de Feu toxique.

Dans les régions tropicales ou dans certaines conditions de travail, la Canicule est associée à l'Humidité ; ici la symptomatologie de Sécheresse, secondaire à une réduction des jinye, est remplacée par des signes de Chaleur-Humidité, avec fatigue des quatre membres, apathie, oppression thoracique, nausées, diarrhée, parfois oligurie.

ASSOCIATIONSTous ces facteurs peuvent s'associer entre eux : Chaleur-Humidité, Froid-

Humidité, VentFroid, etc. La symptomatologie est mixte, mais habituellement les signes d'un des facteurs prédomine ce qui est une précieuse indication pour la thérapeutique étiologique. On peut noter encore que l'association de deux ou plusieurs facteurs indique toujours une atteinte plus grave.

Les principales associations réalisent les suivants [4, 194 p. 1] :

Vent-Froid : frissons sans sueur, fièvre basse, céphalée, douleur de tout le corps, obstruction nasale, écoulement lacté, enduit lingual mince et blanc, pouls superficiel (fu) et serré (jin).

Vent-Chaleur: fièvre élevée avec sueur spontanée, sensation de froid moyenne, soif légère, rougeur des bords et de la pointe de la langue,

tableaux26

enduit lingual mince et jaune, pouls superficiel (fu) et rapide (shuo).Vent-Humidité : frissons, fièvre, sensation de tête lourde, lassitude,

malaise général, endolorissement des os et des articulations, enduit lingual mince et humide, pouls faible (luo) et mou (ru).Vent-Sécheresse : fièvre, frissons, pas de sueur, céphalées, obstruction

nasale sans écoulement, lèvres et gorge sèches, toux sèche, douleur tho-racique, peau rouge et sèche, enduit lingual mince et sec, pouls superficiel (fu).Froid et Humidité : sensation de Froid, membres froids, sensation de

Plénitude épigastrique,distension abdominale, pas de soif, urines pâles, selles relâchées, enduit lingual blanc et humide, pouls lent (chi).

Canicule et Humidité : Plénitude et gêne thoraciques et épigastriques, anxiété, hyperhidrose, oligurie, malaise général, enduit lingual jaune humide, pouls rapide (shuo) et mou (ru), ou défaillant (wei) et rapide (shuo).

Sécheresse et Chaleur : congestion des yeux, douleur et gonflement des gencives, soif, sécheresse de la gorge et du nez, épistaxis, toux sèche, hémoptysie, urines très colorées, constipation, langue rouge avec enduit lingual sec et jaunâtre, pouls rapide (shuo).

4

SYNDROMES DES FONDEMENTSDE L'ACTIVITÉ VITALE:

Ql, XUE, JING

1 - QI ET XUE

QI

Le qi, énergie au sens le plus large du terme, est l'énergie vitale pour les êtres animés et, du point de vue universel, tout ce qui produit un changement ou un mouvement. Ainsi les influences cosmiques, sont-elles considérées comme des qi. Dans la plupart des cas, il est donc nécessaire d'ajouter un qualificatif pour préciser ce dont on parle. De plus, la même « énergie » pourra recevoir deux noms différents suivant le contexte.

La première classification peut se faire entre les qi qui proviennent de l'extérieur et ceux qui prennent naissance dans le corps.

Dans le premier groupe se trouvent l'énergie cosmique (daqi), les six influences atmosphériques (liuqi), les facteurs épidémiques (liqi), etc.

Toute la physiologie et la nosologie traditionnelles sont fondées sur le deuxième groupe. Les traductions adoptées ici devraient éviter les confusions. Le qi sans qualificatif est l'énergie vitale. Le zhenqi ou zhengqi est l'énergie « authentique », la vitalité ; elle est formée par l'énergie innée, prénatale, xiantian zhiqi (du Ciel antérieur), et par l'énergie acquise, post-natale, houtian zhiqi (du Ciel postérieur), obtenue à partir des aliments ingérés et de l'air inhalé. L'énergie des aliments (guqi) est à l'origine de la substance vitale, extraite par l'Estomac et la Rate, et qui contient le jingqi ; de même l'énergie de l'air inspiré (qingqi) sera extraite par le Poumon pour former le zhenqi.

Le zhengqi, énergie normale, correspondant aux défenses du corps humain [8] ; énergie de bonne santé [24] elle doit être considérée comme un terme générique, englobant toutes les autres énergies ; c'est la force dynamique de toutes les fonctions physiologiques.

Le yuanqi est l'énergie primordiale, prénatale, qui est transmise par les parents aux enfants. Elle est peut-être plus congénitale que chromosomique. Elle est conservée par les Reins. Le terme de zhenqi est parfois utilisé pour la désigner [4].

Le zongqi, énergie pectorale', est formée par la réunion de l'énergie alimentaire (jingqi), et de l'énergie de l'air inspiré (qingqi). Cette énergie intervient dans la respiration, la voix, la circulation sanguine et les métabolismes. Cette énergie pectorale ne doit pas être confondue avec le zhongqi, énergie vitale du Foyer moyen, appelé parfois qi médian qui correspond à

(1) Elle est appelée « ancestrale » dans certains livres ce qui prête à confusion avec le yuanqi.

28Syndromes des fondements de l'activité vitale

FIG. 5 . - Principaux mouvements du qi à l'intérieur de l'organisme à partir

de la notion des Trois Foyers.

l'union des qi de Rate et Estomac, couple essentiel du Foyer moyen.Le jingqi est soit la substance vitale des aliments (houtian zhiqi), soit

l'énergie et l'essence vitale stockées par les Reins, transmises par les parents, correspondant donc au Ciel antérieur (xiantian zhiqi). Ce dernier serait l'énergie héréditaire, chromosomique, contrairement à ce que certains pensent.

Dans les méridiens circule le jingqi [LS.52], dont le caractère diffère du jingqi des aliments ou des Reins (cf. glossaire). Ce jingqi ou énergie circulante des méridiens possède une circulation circadienne [LS.18]. Ce jingqi des méridiens comprend donc le yingqi (ou yongqi), énergie constructive, nutritive, que l'on a parfois appelé xueqi, car elle circule avec le xue et nourrit tous les organes. Elle provient du jingqi élaboré par le couple Rate-Estomac. Le yingqi est pur par rapport au weiqi [LS.18].

Le qi anime chacun des zang ou des fu ; ainsi se forment les zangqi, par exemple ganqi (énergie du Foie), feiqi (énergie du Poumon), etc, ou les fuqi (danqi (énergie de la Vésicule Biliaire), dachangqi (énergie de Gros Intestin), weiqi (énergie d'Estomac), etc. On trouve aussi un xueqi correspondant à l'activité vitale du Sang.

Enfin, l'énergie défensive weiqi (qu'il ne faut pas confondre avec le weiqi, énergie de l'Estomac), circule à l'extérieur du réseau canalaire : « le trajet

du weiqi n'est pas lié à un chemin déterminé » [LS.18, LS.52] ; cependant, certains [1] pensent qu'elle circule en partie dans les méridiens. Provenant aussi des aliments, mais beaucoup plus subtile que le jingqi, le weiqi s'infiltre partout et surtout à la surface pour assurer la protection de l'organisme. Si la peau se desserre et que les pores s'ouvrent, le weiqi sort sous forme de sueur [LS.18].

Le qi a cinq grandes fonctions qui permettent la conservation de l'individu et son évolution qu'elle sous-entend [24, 1041:

1) Le qi initie les mouvements, les accompagnent et les entretient, mais il n'est pas le mouvement. Le qi est en perpétuel mouvement dans le corps : montée et descente, entrée et sortie [SW.68] ;

2) le qi protège le corps en luttant contre les facteurs exogènes [SW.33] ;3) le qi initie les transformations et les entretient (par exemple,

transformation des aliments en xue, qi, larmes, urines, etc.) [SW.5 et SW.8] ;

4) le qi contient toutes les substances à leur juste place (xue dans les vaisseaux), et conserve tous les organes dans leur position normale ;

5) le qi maintient normale la température du corps et de chacune de ses parties [NJ.22].

XUE

Le xue, ou Sang, est l'antithèse du qi. C'est l'aspect matérialisé du principe vital qui circule dans les vaisseaux ou vaisseaux-méridiens (jing-mai). Il est considéré comme une substance yin, et se dirige plutôt vers l'Intérieur.

Le Sang (xue) est formé par le jing nutritif, issu du Réchauffeur Moyen, qui, sous l'influence du qi de Rate, monte vers le Poumon, et se transforme progressivement en Sang en atteignant le Poumon qui lui adjoint du clair (pur) pour parfaire sa formation :« le Foyer moyen reçoit les essences pures des aliments, et les transforment en sang rouge» [LS.30]. Les Reins participent aussi à sa formation ; en effet, le jing des Reins produit la moelle osseuse, qui, à son tour, produit duSémiologie du qi et du xue

Sang [9]. C'est pour cela que l'on dit que le jing et le xue ont une origine commune, qu'ils constituent l'assise matérielle du corps humain ; le xue provient du jing congénital et il est nourri par le jing nutritif [8].

Le Coeur permet une circulation harmonieuse, continue et égale du Sang. En dehors des périodes d'activités, le corps utilise moins de Sang ; c'est alors que le Foie régularise le Sang temporairement non utilisé et le stocke. Quant à la Rate, son rôle est de maintenir le sang dans les vaisseaux ce qui n'est pas très loin de la physiologie moderne : «les veines ne doivent pas être regardées comme de simples tubes conducteurs passifs. Avec le foie et la rate, elles représentent un réservoir sanguin qui, en réponse à une

augmentation de la demande, peuvent déverser leur contenu dans la circulation générale selon les besoins d'un territoire particulier» [150].

Malgré cette apparence antithétique entre qi et xue, ces deux supports de l'activité vitale humaine sont indissociables et indissolubles.

Le xue sert à nourrir le corps dans sa globalité et à promouvoir les fonctions des tissus et des organes.

A noter que le lait maternel appartient au xue, et qu'il en est une expression temporaire et de couleur blanche.

CIRCULATION DU QI ET DU XUELa circulation du qi, du xue et des jinye n'est pas simple et univoque.Tous les liquides ou fluides physiologiques circulent en permanence, c'est

une caractéristique de la Vie. Les jinye ont une circulation lente, apparaissant plutôt comme un remplacement continuel.

Pour le yingqi et le weiqi, existe une circulation circadienne de 50 cycles : 25 fois en surface, 25 fois en profondeur, le jour dans les méridiens yang, la nuit dans les méridiens yin.

Une fois par jour le yingqi, qui circule à l'intérieur des méridiens, se rencontre dans le Poumon avec le weiqi, qui lui circule à l'extérieur des méridiens [LS.18] ; c'est «l'audience matinale ».Quant à la circulation du qi et du xue, respectivement dans les Méridiens

et les Vaisseaux, elle suit également un rythme circadien conduisant pour chaque méridien à une période de magnitude à laquelle s'oppose 12 heures après une période de vide. Ici, le jour est divisé en 12 périodes de 2 heures (shichen) [4], correspondant à l'heure chinoise ancienne (cf. chapitre 18, rythmologie).

29REFLUX, CONTRE-COURANTS, QINI[34, 195]

Un ni se définit comme un phénomène inverse, se rebellant, allant à contre sens ou s'opposant au cours normal, physiologique, des choses [7 n°3639]. Il peut donc caractériser une évolution anormale du cycle des maladies, ni-zheng [4], la non-conformité à la saison [SW.68], un trouble de la transmission des maladies d'origine exogène selon l'ordre des six grands méridiens, et enfin la circulation du qi à contre sens, qini [4].

Le caractère ni a donc une signification générale ; il est utilisé par exemple pour les menstruations vicariantes (nijing ou daojing) [4], pour une présentation du siège (nichan ou daochan), [4] ou pour remonter une rivière à contre courant (niliu wanzhou) [4]. On ne peut donc utiliser ce terme isolément dans la nosologie. Dans ce chapitre, c'est le qini, ou circulation du qi à contre-courant, qui sera étudié.

2- SÉMIOLOGIE DU QI ET DU XUE

En pratique, il est impossible de dissocier totalement le qi et le xue, l'Énergie et le Sang, puisque le xue est la mère du qi et que le qi commande le xue. Selon les cas, l'un ou l'autre domine le tableau, ce qui permet un exposé analytique sans trop déformer la réalité.

DÉFICIENCE DU QI (QIXU)Elle est caractérisée par de la pâleur, de l'asthénie, un pouls vide (xu),

faible (ruo) et superficiel (fu), une langue pâle et un petit enduit blanc, c'est-à-dire un tableau de Déficience (cf. chapitre 2.1). Mais, il peut conduire à une Déficience de Yang qui comporte des signes de Froid : crainte du froid, membres froids, relâchement intestinal, pouls lent (chi), profond (chen) et vide (xu), et une langue pâle.

PROSTRATION DU QI (QITUO) 1

Elle peut se définir comme une Déficience brutale du qi ; elle peut se voir après une grosse perte de Sang, et se manifeste par un état de

(1) Tuo est souvent traduit par échappement. Nous avons retenu ici le terme de Prostration utilisé par le Dictionnaire de Médecine Traditionnelle Chinoise [8] car il correspond au tableau clinique qui est celui d'un collapsus, terme qui traduit bien aussi le caractère chinois, [4] (cf. chapitre 9).

30Syndromes des fondements de l'activité vitale

choc : teint livide, extrémités froides, hyperhidrose, pouls très fin (wei ou xi), à peine perceptible.

DÉFICIENCE DU XUE (XUEXU)Elle se caractérise par des signes de Déficience : pâleur, palpitations,

étourdissements, insomnie, et par des hémorragies diverses : épistaxis, hémoptysie, métrorragie, hématurie. En s'aggravant, une Déficience du xue peut devenir une Déficience de yin avec un pouls faible (ruo), rapide (shuo) et-vide (xu), une langue rouge et un enduit mince.

PLÉTHORE DE QIUn Excès ou Pléthore de qi (shiqi) peut engendrer des manifestations de

Feu qui s'expriment par un pouls rapide (shuo), une langue rouge avec enduit jaune.

STAGNATION DU QILa Stagnation du qi, ou qi stagnant (qizhi) est due à des facteurs exogènes

(accumulation de Froid), à des facteurs endogènes (dépression par exemple), et à des facteurs ni endogènes, ni exogènes, comme

l'alimentation. Cette Stagnation de qi peut se faire dans n'importe quelle partie du réseau des méridiens ou dans les organes. Elle entraîne des douleurs variables [1], des spasmes, de la dyspnée. Sa persistance, ou son importance, peut engendrer une Stase de xue, marquée par une aggravation des douleurs locales, une hypersensibilité à la pression, puis la formation de masses (cf. chapitre 8). Dans les Stases, le pouls est plein (shi) et profond (chen).

STASE DE XUEElle fait suite le plus souvent à une Stagnation prolongée ou importante de

qi [8]. Elle est caractérisée par une aggravation des symptômes, un pouls profond (chen) et plein (shi), quelquefois faible (ruo), une langue cyanosée ou pourpre, avec un piqueté ou des tâches violacées, et des pétéchies. Sous l'appellation Stagnation du xue (xuezhi), on désigne les Stagnations de Sang, post-traumatiques en particulier, dans les tissus ou les cavités. Elles sont caractérisées par des douleurs fixes et sourdes présentant quelquefois des pics, des extravasations sanguines (ecchymoses, pétéchies cutanées et linguales), des tuméfactions ou distensions d'organes.

3- SYNDROMES DU QI ET DU XUE

Lorsque l'on considère l'ensemble des zheng décrits traditionnellement, on se rend compte que c'est une Déficience de qi ou une Stagnation de qi qui sont pathogènes [1], et que pour le Sang (xue) c'est une Déficience ou une Stase, auxquelles on peut ajouter une Prostration ou Collapsus du qi, un échappement du Sang et une Chaleur du Sang.

Aussi est-il difficile de trouver une Pléthore de qi ou de Sang ; on peut rencontrer un syndrome de Pléthore dû à une Stagnation de qi ou de xue, mais qui n'est pas une Pléthore

générale de qi ou de xue ; et même au contraire une Déficience de qi peut conduire à une Sta

gnation de xue qui entraîne un syndrome de Pléthore dans un méridien ou un zangfu.

Un Excès de facteur pathogène exogène qui pénètre dans un organisme avec des défenses solides, entraîne une Pléthore qui signe une lutte entre la force du facteur exogène et la défense de l'organisme. Comme au niveau d'un barrage sur un cours d'eau, un syndrome de Plénitude pourra apparaître en amont d'une Stagnation dans un méridien alors qu'un Vide existera en aval. Ce que certains [24] ont appelé une nouure du qi (ganqiyujie) correspond à une Stagnation du qi [8] dans un zang responsable d'un tableau de Pléthore.

Par contre un Excès des sentiments peut avoir des effets très variables selon les zang intéressés [4] :

- ainsi un Excès de joie peut donner une paresse du qi avec distraction, faiblesse et épuisement, palpitations, insomnie, et même confusion mentale ;

- une angoisse excessive déclenche l'ascension du qi de Foie, avec Plénitude et douleur de la poitrine et des hypochondres, une face et des yeux congestionnés, un sentiment de Plénitude et de douleurs céphaliques, et même des hématémèses ;

- les ennuis excessifs et l'hyperanxiété donnent une Stagnation du qi de Rate, avec troubles de la transmission et de la digestion, Plénitude et distension épigastriques, anorexie, distension abdominale, selles sèches ;

- une tristesse excessive disperse le qi du Poumon et entraîne sa perte ;- les frayeurs entraînent des troubles des fonctions viscérales et des

dysharmonies du qi, du xue, du yin et du yang ;- la peur fait descendre le qi des Reins, avec

Syndromes du qi et du xue

incontinences fécale et urinaire, spermatorrhée, leucorrhée ;- le surmenage et les excès de tous types sont à l'origine d'une perte du qi

se traduisant par de la lassitude, une respiration courte et une hypersudation par faiblesse.Il semble donc préférable de classer les syndromes du qi et du xue, en

syndrome de Déficience, de Stagnation ou de Stase dont la manifestation peut être un tableau de Pléthore, ou de circulation anormale ou inverse, dont l'expression exemplaire est le qini.

DÉFICIENCE DE QI (QIXU)-ET QI CHÉTIF (QIQIE) [7 n° 699]

La Déficience de qi a une connotation quantitative ; elle peut survenir après une maladie au long cours, avec l'âge, les habitudes de vie et en particulier tous les Excès, mais elle peut avoir une origine héréditaire. Parfois ce tableau est lié à l'hypofonctionnement d'un zang ou du Foyer Moyen [4]. Certaines stérilités masculines auraient une telle Déficience pour origine [237].

Le Froid peut aussi donner une Déficience du qi par réduction du fonctionnement des viscères et la diminution des métabolismes qu'il entraîne.

On peut observer un tableau général avec perte de tous les appétits (alimentation, sexualité, travail, jeu chez l'enfant) : pâleur, respiration courte, malaise, voix faible sans envie de parler, adynamie, sueur au moindre effort ; la langue est pâle et gonflée, comme peut être crayeux et bouffi le visage [1, 104]. Le pouls est vide (xu), et fin (xi).

Mais très souvent, ce tableau général inclut des signes d'atteinte spécifique d'un zang [215], par exemple souffle court et voix faible pour le Poumon, anorexie et troubles digestifs pour la Rate, énurésie et spermatorrhée pour les Reins ; l'aversion pour le Vent peut correspondre à une déficience de qi de Foie, mais associé à une tendance à attraper froid, elle signe une diminution du weiqi.

Un syndrome proche est décrit [4] sous l'appellation qi déficient ou chétif, qiqie ; contrairement au précédent, il a une signification plus qualitative que quantitative. Il se rapporte soit à une déficience du qi de Rate et de Poumon (pifeiliangxti) avec respiration courte, voix faible, malaise, soit à une Déficience de qi de Coeur (xinqixu) et du qi de Vésicule Biliaire (danqixu) avec palpitations, appréhension,

31

couardise, etc. Cette sémiologie évoque l'atteinte du qi des zangfu correspondants.On attribue l'origine de certaines hépatites graves à une Déficience de qi

associée à une Stase de xue ou à une Chaleur pathogène [262].La dépression du qi (qiyu) comporte une idée de Stagnation et dépend le

plus souvent de facteurs émotionnels. Les symptômes sont une gêne thoracique, des douleurs des hypochondres, de l'anxiété et de l'irritabilité, de l'anorexie avec distension abdominale, des règles irrégulières, etc. Tous ces symptômes montrent la participation des cinq zang à ce tableau [4].

DÉFICIENCE DE QIET DE YIN (QIYINLIANGXU)Le yin correspond ici à l'essence vitale et inclut le xue et les jinye. Ce

syndrome s'observe dans les maladies consomptives et au stade terminal des maladies fébriles ; il groupe les symptômes d'épuisement des liquides yin et du yangqi [4]. Ce syndrome est surtout relié à une Déficience de yin des Reins avec atteinte des liquides, shenyinxu, en général associé à une production de Chaleur interne. L'association avec l'épuisement du yangqi y adjoint des signes de Déficience et des signes de Froid qui atténuent la Chaleur interne.L'étiopathogénie de certaines ischémies cardiaques est expliquée par ce

syndrome [228].

PROSTRATION DU QI (QITUO)L'épuisement du qi (qituo) a été traduit de différentes manières :

échappement du qi, prostration du qi [8]. Le tableau clinique est bien celui de l'épuisement du qi, mais le mécanisme pathogène est souvent celui d'une Prostration du qi.Ce tableau peut être aigu après des hémorragies graves déterminant un

état de choc (xuetuo qituo) [8], ou bien survenir après des maladies consomptives lésant le principe yang, et entraînant une dyspnée d'effort, des mains et des pieds froids, des selles relâchées, un pouls défaillant (wei) et lent (chi) [4].

STAGNATION DU QI (QIZHI)

La Stagnation du qi, ou qi stagnant, entraîne habituellement un syndrome de Pléthore. Elle peut être localisée dans les méridiens mais aussi partout ailleurs.

32Syndromes des fondements de l'activité vitale

On parle de Stagnation du qi dès que le cours normal du qi ne se fait pas en douceur [1, 4, 104] ; il cause alors une distension, un endolorissement, mais ces signes peuvent changer d'intensité et de localisation sous l'influence des émotions par exemple (cf. ci-dessus).

Si des masses sont perçues, elles sont molles, mobiles, inconstantes ; les douleurs sont sourdes, épisodiques, sans localisation fixe. Un ténesme peut aussi être un signe de qi stagnant.

Le pouls est tendu (xian) et serré (jin).Le Vent et le Froid peuvent être à l'origine d'une Stagnation du qi dans un

méridien, entraînant des paralysies, paralysie faciale a frigore par exemple.Le Stagnation du qi peut engendrer un Sang figé (xueyu), avec

aggravation des douleurs locales qui deviennent plus fixes, une hypersensibilité à la pression, et la possible formation de masses.

PLÉNITUDE DE QIIl ne semble pas que l'on puisse individualiser un syndrome de Plénitude

du qi.En effet, on a pu décrire 1) un Excès de qi qui engendrait des

manifestations de Feu ; mais en réalité, selon Zhu ZhengHeng [6] ce Feu apparaît dans le cas où un flot incontrôlé d'émotions entraîne d'abord une Stagnation de qi puis le consume (cf. chapitre 3.1) ; et 2) un syndrome de Plénitude secondaire à une Stagnation due elle-même à une Déficience de qi. Dans les deux cas, on ne peut parler de Plénitude de qi.

REFLUX DU QI (QINI)Le reflux du qi, ou contre-courant du qi (qini) [4], engendre des tableaux

variés qui reflètent les organes atteints : toux pour le Poumon, éructations et vomissements pour l'Estomac, vertiges et céphalées pour le Foie [4]. Il n'existe pas de signes généraux caractéristiques d'un reflux du qi (cf. ci-dessus).Dans les cancers pulmonaires, le hoquet s'expliquerait par un reflux du yin

par Vide de yang [82].Tous les mouvements du qi à l'intérieur de l'organisme peuvent donc être

intéressés. La figure 5 les rappelle à partir de la notion des Trois Foyers. Les qini réalisent quatre expressions principales de type Pléthore.Qini de Poumon

Normalement le Poumon assure un mouvement de descente et de diffusion. Lorsqu'un facteur pathogène exogène (surtout Chaleur ou Sécheresse) gêne ce mouvement, le qi du Poumon reflue vers le Haut provoquant une toux quinteuse et une gêne respiratoire. S'il s'y

associe une expectoration jaune et épaisse, éventuellement des hémoptysies, ce qini est associé à un syndrome Chaleur, puis Feu.Qini de Coeur

Normalement le Feu du Coeur descend pour réchauffer l'eau des Reins. Si ce mouvement ne peut s'effectuer, le Feu du Coeur reflue vers le Haut ; il entraîne agitation, craintes, énervement, insomnie, vertiges, acouphènes, et même perte de connaissance.Qini d'Estomac

L'Estomac assure normalement la descente de l'« impur ». Un qini de l'Estomac survient lorsqu'un processus de blocage empêche cette descente ; ce peut être : Humidité-Chaleur d'Estomac, Froid ou Feu dans l'Estomac, amas de boissons ou d'aliments, insuffisance de yin d'Estomac, Stagnation du qi du Foie qui attaque l'Estomac. Quelle qu'en soit l'étiologie, le tableau clinique du qini d'Estomac est identique : réplétion épigastrique, majorée par la moindre prise alimentaire, hoquet fort et sonore, éructations, nausées, vomissements. Ce tableau peut s'accompagner d'un syndrome ChaleurPléthore avec haleine fétide, vomissements acides ou d'aliments en partie digérés, gingivite et gingivorragies, hypersalivation, et difficulté pour rester en décubitus dorsal.Qini de FoieIl s'agit du tableau ganqi shangni, c'est-à-dire jaillissement vers le Haut du

qi de Foie [4]. Il est en général secondaire à une atteinte endogène de type émotionnel, et il se traduit par une montée anormale du yang dans l'extrémité céphalique, avec colère, vertiges, éblouissements, céphalées, acouphènes, surdité, plénitude et douleurs de l'hypochondre et du thorax à droite surtout ; ces signes peuvent s'accompagner de signes gastriques (éructations, régurgitations acides), d'hématémèse, parfois de syncopes. Le pouls, plein (shi) et tendu (xian), signe la Pléthore hépatique.

DÉFICIENCE DE SANG (XUEXU)Une Déficience de Sang (xuexu) est fondamentalement aussi un syndrome

de Déficience qui touche spécifiquement le xue.Syndromes du Qi et du Xue

33Son origine peut être : 1) une perte de Sang massive entraînant une

prostration du Sang (xuetuo) [8], ou des hémorragies distillantes ; 2) un défaut de production du Sang par trouble de transformation du couple Rate-Estomac ; 3) un trouble local de la fonction nutritive du Sang, parfois une congélation du Sang ; 4) un défaut d'élimination du Sang ne permettant pas son remplacement par du sang neuf [1, 215].En dehors du collapsus correspondant à la Prostration du Sang (xue tuo),

le tableau comprend un corps amaigri, émacié, avec un teint terne et pâle, parfois jaunâtre, un aspect abattu ; la peau est sèche, les cheveux secs et cassants tombent anormalement ; les lèvres et la langue sont pâles ; la

vision est souvent floue avec des tâches dans le champ visuel ou n'importe quel autre trouble ; le patient se plaint souvent d'insomnie, de palpitations, d'étourdissements, d'oligoménorrhée, de membres engourdis, faibles avec des tremblements, parfois hypertoniques ; le pouls est fin (xi).On trouve un tel tableau lié à divers syndromes hémorragiques apparents

ou cachés : hémoptysie, épistaxis, hématémèse, hématurie, métrorragies, mélaenas, ecchymoses, pétéchies, etc. Il est parfois associé à une Chaleur interne, à un Feu ou à un trouble de la circulation du qi ; ainsi lorsque le qi devient insuffisant et donc descend, il détermine un certain nombre de manifestations hémorragiques basses [4]. Le syndrome d'extravasation du Sang (xuebu guijing) [4, 8] groupe l'ensemble des phénomènes pathologiques dans les lesquelles le Sang, au lieu de circuler dans les vaisseaux, s'en échappe.

STAGNATION,STASE ET CONGÉLATION DU XUEA la suite d'un traumatisme ou d'une plaie, le Sang (xue), stagne entre les

tissus et dans les cavités, réalisant une Stagnation du Sang (xuezhi). On observe des hémorragies de sang noir, des extravasations sanguines (ecchymoses, pétéchies), des tuméfactions, des augmentations de volume des organes ; les douleurs qui les accompagnent sont habituellement fixes et sourdes, quelquefois cependant avec des pics. Les contusions doivent être considérées comme des macules de Stase [215].

Le syndrome de Stase sanguine, congélation du Sang (Sang figé, xueyu) [104] a en général une origine interne ; c'est un processus chronique de type Excès ; le Sang n'est plus propulsénormalement dans les vaisseaux soit à la suite d'une hémorragie, soit par une Stagnation ou une Déficience du qi, soit par du Froid qui rétracte et obstrue les vaisseaux. Ce tableau est caractérisé par : 1) des douleurs fixes, lancinantes, durables ; 2) des masses dures et peu mobiles ; 3) les lèvres et la langue violettes avec parfois des tâches violettes ou noires sur les bords de la langue (amas de Sang) ; 4) un pouls rugueux (se), et fin (xi) s'il existe un syndrome hémorragique associé. On peut également observer dans ce tableau l'apparition d'une teinte noirâtre sous les yeux.

Si la Stase de Sang intéresse le Coeur, on observe des troubles psychiques le plus souvent importants [215].

Le terme de Congélation du Sang est parfois utilisé pour les deux tableaux [1]'.

La Stase sanguine intervient dans de nombreuses maladies cardiaques, coronariennes en particulier [81, 126, 228]. On a montré que la Stase sanguine traditionnelle correspondait à une augmentation de la viscosité du Sang [126].

CHALEUR DU SANG (XUERE)

La Chaleur 'du Sang (xuere) est aussi un syndrome de type Excès dont le symptôme majeur est le saignement [104]. Il est dû à la pénétration de la Chaleur toxique (redu) dans le Sang. La circulation devient alors désordon-née et entraîne des hémorragies de Sang rouge, des extravasations, des éruptions maculopapulaires rouges [215]. On peut observer du sang au niveau de tous les orifices. Lorsque le Coeur et le Maître-Coeur (cf. chapitre 12) sont atteints, on observe une agitation importante qui peut arriver au délire et au coma, avec une langue cramoisie et un pouls rapide (shuo).

DÉFICIENCE DU QI ET XUESouvent le qi et le xue sont atteints en même temps et réalisent des

tableaux complexes résumés dans un syndrome de Déficience et un syndrome de Stagnation.

(1) Dans le dictionnaire Ricci [7] le caractère yu, n° 5926, signifie Sang extravasé, ecchymose, alors que le caractère zhi, n° 837, signifie obstruer, se coaguler, stagner ; on devrait donc inverser les 2 tableaux. De même, le terme de Congélation du Sang devrait être remplacé par Sang figé, caillé ou coagulé puisque le Froid intervient rarement et que,contrairement à l'anglais, le terme de Congélation en français ne s'applique qu'à la solidification par le Froid.

34Syndromes des fondements de l'activité vitale

Ce syndrome assemble les deux tableaux de Déficience de qi et Déficience du xue ; il est souvent très proche de celui de Déficience de qi et de yin (cf. ci-dessus).

Traditionnellement, on dit que la Déficience de qi retentit sur le Coeur et que la Déficience de Sang sur sa vascularisation. Ainsi les crises de tachycardie paroxystique sont-elles expliquées par une Déficience de qi et de xue [194 p.29]. C'est également par cette même Déficience que l'on explique la pathogénie de certaines hypothyroïdies [178].

Un défaut de circulation locale du qi et du xue peut être à l'origine de périarthrites scapulohumérales [194 p. 125] ou de certaines leucoplasies vulvaires [219].

STAGNATION DE QI ET STASE DU XUELe syndrome de Stagnation du qi et Stase du xue (qizhi xueyu) [8] peut

provenir aussi bien de facteurs endogènes comme une dépression, que d'une alimentation anormale, d'une infection ou d'un traumatisme. En effet, toutes ces causes empêchent la circulation normale du qi ce qui entraîne une Stagnation avec douleurs et sensation de manque d'air. La prolongation d'une importante Stagnation de qi peut conduire à une Stase de Sang et à la

formation de masses ; c'est ainsi que l'on explique traditionnellement l'apparition de certains goitres [194 p.150].

CHALEUR BRÛLANTE ENGENDRÉE PAR LE QI ET LE XUE (QIXUELIANGFAN)Une chaleur brûlante peut être engendrée dans des conditions

pathologiques où sont réunis en même temps une atteinte du qi et du xue [4]. Ce syndrome se caractérise par une fièvre importante, le malade est anxieux, quelquefois dans le coma ; on 'observe des éruptions et des hémor-ragies (épistaxis, hématémèse, hémorragie intestinale, etc.).4 - JING [4]Le jing est l'essence de la vie, c'est-à-dire la substance fondamentale qui

construit la structure physique et qui maintient les fonctions du corps. Mais, ce peut être aussi le sperme [8].Comme pour le qi, il existe un jing inné et un jing acquis.Le jing inné, ou congénital (xiantian zhijing) ou encore jing du « ciel

antérieur » est l'essence intervenant dans la reproduction (le sperme), et la substance fondamentale, logée dans les Reins, qui de la naissance à la mort est indispensable à la construction de l'organisme et au maintien de ses fonctions ; il s'épuise tout au long de la Vie [SW.1].

Le jing acquis (postnatal) (houtian zhijing), jing du « ciel postérieur », est la substance fondamentale d'origine alimentaire qui assure la vie de l'organisme et la maintenance de la structure physique. Il provient des saveurs et sa force vient de la Rate [LS.18 et 36].

Si le qi de type yang, est associé au mouvement, le jing est associé à un changement organique lent, à une évolution à long terme ; aussi est-il de type yin, mais il est cependant plus yang que le xue dont le rôle est une maintenance cyclique journalière [104].

Le jing inné est lié à toutes les malformations congénitales, à tous les processus d'épuisement et de vieillissement précoce, et à la sénescence. Il est intimement uni à la pathologie des Reins, mais sans signe de Chaleur ou de Froid. Quand le jing des Reins est déficient, il y a une diminution simultanée du yin et du yang avec une symptomatologie touchant selon l'âge, au développement, à la maturation ou à la reproduction [104]. Selon la prédominance du yin ou du yang, les tableaux seront différents ; ainsi, l'expression sexuelle d'une Déficience de jing plutôt yang donne chez l'Homme une impuissance et chez la Femme une frigidité, et une Déficience de jing plutôt yin conduit à une éjaculation précoce chez l'Homme et à une sécheresse vulvo-vaginale chez la Femme [104].

5

B/ ET WEI

1 - BIZHENG [6,1121Un bizheng est causé par une agression des facteurs pathogènes (xie),

Vent, Froid et Humidité sur un organisme dont le weiqi est affaibli par une exposition au Vent après une transpiration importante, par un séjour dans l'eau ou dans un endroit humide [4]. Il en résulte une perturbation de la circulation du qi et du xue qui entraîne : douleurs articulaires, raideur avec difficulté à se mouvoir, et gonflements. Si l'atteinte dure, elle peut pénétrer dans les zang et engendrer des syndromes spécifiques à chacun, réalisant les yinbi [4].

Cette notion dépasse donc celle de douleur ou de pathologie rhumatismale qui cependant se rattache presque entièrement aux bizheng [99, 142, 191, 194 p. 84].En fonction de la prédominance d'un des xie, on distingue des hanbi ou

tongbi (bi du Froid) à prédominance douloureuse, fengbi ou xingbi (bi du Vent) avec des varialgies, et shibi ou zhuobi (bi d'Humidité) caractérisé par la fixité des signes. On trouve aussi un rebi (bi de Chaleur) qui correspond à la lutte de l'organisme contre ce facteur pathogène exogène [6].

CLASSIFICATION SELON LES FACTEURS PATHOGÈNES [4, 194 p. 92]TongbiLe tongbi (ou hanbi) est le syndrome où prédomine l'atteinte du Froid.

Outre les signes généraux du Froid (cf. chapitre 2) on observe des arthralgies intenses, bien localisées, soulagées par la Chaleur et aggravées par le Froid, sans signes inflammatoires [141].Xingbi

Dans le xingbi (ou fengbi) prédomine le Vent. On trouve les signes généraux de ce syndrome (cf. chapitre 3) auquel se surajoutent des arth-ralgies erratiques et variables des membres.

Le fengbi est décrit dans le chapitre 24 du Linshu ; il se rapporte aux maladies complexes jue et correspond à un tableau grave, incurable, qui n'a pas de rapport avec le syndrome rhumatismal décrit ici.Zhuobi

Le zhuobi montre la symptomatologie du syndrome général Humidité (cf. chapitre 3). Les signes locomoteurs sont caractérisés par des gonflements articulaires bien localisés, non inflammatoires, et douloureux aux mouvements, des sensations de lourdeur et d'engourdissement articulaires et musculaires.Rebi

Le bi de Chaleur (rebi) est un syndrome qui complique l'atteinte directe par le xie Chaleur. Les signes locaux sont caractérisés par la triade inflammatoire : rougeur, chaleur et douleur, éventuellement des extravasations sanguines et des nodosités de type inflammatoire. Il s'accom-

pagne souvent de signes généraux de Chaleur : fièvre, frissons, soif, enduit lingual jaune et pouls rapide (shuo).36

CLASSIFICATION SELON LA LOCALISATION DANS LES TISSUS ET LES ZANG

L'atteinte d'un tissu est en général bénigne ; mais l'atteinte des organes, qui est le prolongement de la maladie, est grave, et peut être mortelle [SW.43]. Le bi pénètre en profondeur et atteint le zang correspondant : Poumon pour le bi de Peau, Foie pour le bi des Tendons, Rate pour le bi des Chairs, Rein pour le bi des Os et Coeur pour le bi des Vaisseaux.Bi de Peau (pibi) et bi de Poumon (feibi)Le bi de Peau survient en automne [SW.43], et sa guérison est facile [112].

Il est dominé par une sensation d'engourdissement et de Froid localisés au niveau cutané.Le bi de Poumon apparaît lorsque le bi de Peau s'est montré réfractaire au

traitement et qu'il a progressé pour atteindre les Poumons. La fièvre s'accompagne d'oppression thoracique avec Plénitude de poitrine, dyspnée, toux, crainte du Froid et vomissements.Bi des Tendons (jinbi) et bi de Foie (ganbi)Le bi des Tendons survient au printemps [112]. La localisation est

tendineuse avec des spasmes, des douleurs et une raideur des articulations (4] ;«Les membres se rétractent» [SW.43]. Il pourrait correspondre au bi voltigeant [10].Le bi de Foie, ganbi, succède à un jinbi, blocage des muscles et des

tendons [4], et il est caractérisé par des céphalées, une activité onirique importante avec ou sans cauchemar, une soif exagérée, une polyurie et une distension abdominale, des lombalgies et des douleurs des flancs.Bi des Chairs (roubi) et bi de Rate (pibi)

Encore appelé bi des muscles, roubi, ce syndrome est caractérisé par des paresthésies, et survient à la 5e saison [20]. Les douleurs sont situées dans des endroits charnus [112], et s'accompagnent d'engourdissements, de faiblesse musculaire, de lassitude générale, d'une sudation anormalement facile [4].

Le bi circulant (10] pourrait correspondre à ce bi des muscles. Les fluides durcis et visqueux s'installant en certains endroits des muscles évoquent les myogéloses.

Le bi de Rate (pibi) qui peut lui succéder, a pour symptomatologie : des membres faibles et fatigables, une sensation d'oppression thoracique, de la toux, des vomissements aqueux, une hypersalivation.Bi des Os (gubi) et bi des Reins (shenbi)

Le bi des Os [LS.64] est caractérisé par desBi et Wei

douleurs osseuses, des sensations d'engourdissement et de corps lourd. Les membres paraissent lourds et difficiles à mouvoir avec des épisodes de boiterie. Il se manifeste en hiver. De nombreuses manifestations arthrosiques entrent dans ce cadre [92]. S'il se prolonge, la maladie progresse, atteint les Reins et réalise un shenbi, avec une cyphose exagérée et une impossibilité pour se redresser ; les articulations sont gonflées, raides, peu mobiles [4].

Bi des Vaisseaux (maibi) et bi de Coeur (xinbi)Le bi des Vaisseaux est dû à une Stagnation du Sang dans les Vaisseaux

sanguins (artères et veines) et se manifeste en été par des douleurs à type de brûlures cutanées, d'éruptions érythémateuses avec fièvre irrégulière.

Le bi du Coeur (xinbi) se présente avec des palpitations, une dyspnée asthmatiforme, une gorge sèche, de l'agitation et de la nervosité, quelquefois des éructations ; le malade est angoissé. Une partie de cette symptomatologie évoque un angor coronarien.

Le Vent, l'Humidité et le Froid peuvent obstruer le méridien de shoushaoyin et réalisent une modalité de ce bi. La symptomatologie se résume à des douleurs constrictives et des spasmes le long du trajet du méridien. Elle évoque des irradiations angineuses, un syndrome canalaire du nerf ulnaire (cubital), ou un syndrome neurovasculaire huméral ou ulnaire.

La Chaleur exogène peut suivre le méridien de Coeur pour troubler le Haut, associant des signes de chaleurs et des douleurs cardiaques.

FORMES PARTICULIÈRES DES 81 INTERNES [4, 20, 24, 112]

L'état de Déficience de l'organisme permet aux xie de pénétrer et de s'accumuler dans le thorax, l'abdomen et la vessie.Bi du Thorax (xiongbi)Cette atteinte correspond à la rencontre du flux de yangqi avec des tan

stagnants et de l'Humidité dans le Thorax ; il génère une Chaleur interne se manifestant par une douleur de la poitrine et du dos, une respiration oppressée et courte, une toux avec expectoration muqueuse abondante, un pouls rapide (shuo) et glissant (hua). On le rencontre dans certaines arythmies et angines de poitrine [216].Bi des Intestins (changbi)

Ce syndrome affecte l'Intestin Grêle et le GrosWeizheng

Intestin ; il est caractérisé par : une dysurie, un abdomen gonflé et une diarrhée.Bi de Vessie (baobi)Le bi de Vessie [4, 7 n° 3834] se manifeste par une sensation de plénitude

pelvienne ; la vessie est douloureuse à la pression ; il existe une dysurie et

des brûlures à la miction. Il peut s'accompagner de manifestations aériennes supérieures ;« La remontée du qi provoque un coryza » [SW.43].

CONCLUSIONSi presque l'ensemble de la pathologie rhumatismale à expression

douloureuse entre dans les bizheng, une thérapeutique adaptée exige de réaliser toujours l'étude complète du malade pour bien définir le zheng dont il est atteint. Ainsi dans la polyarthrite rhumatoïde [138], il existe des signes communs et deux grands types : 1) un type Froid qui correspond à une Déficience de yang : articulations douloureuses, enflées, avec sensation de lourdeur et de Froid, aggravéees par le Froid-Humide et soulagées par la chaleur ; limitation de la mobilité ; pas de chaleur ni de rougeur locale ; la langue est pâle et grosse, le pouls profond (chen), et serré (jin) ; et 2) un type Chaud qui correspond plutôt à une Déficience de yin, avec une aggravation récente ou une rechute, et présence de la triade inflammatoire : chaleur, rougeur, douleur ; les articulations sont enflées, sensibles, difficiles à mouvoir et à mobiliser ; la langue est rouge, le pouls rapide (shuo) et fin (xi).

2 - WEIZHENG [4, 6, 20, 111 ]Dans le chapitre 44 du Suwen, on trouve déjà décrit le syndrome weizheng

qui groupe des signes d'affaiblissement et de paralysie, associés à des signes de dessèchement ou d'atrophie. D'une manière trop restrictive, ce terme a souvent été traduit par paralysie atrophique des membres inférieurs que ce syndrome atteint avec prédilection. Selon les prédominances de l'atteinte d'un des cinq zang, on décrit des weizheng de la peau (pi), des vaisseaux (mai), musculo-tendineux (jin), des os (gu) et des chairs (rou). L'étiopathogénie peut expliquer le type d'atteinte et son mécanisme d'action : Chaleur du Poumon, Humidité-Chaleur de Rate-Estomac

37

et yangming, Vide des Reins et de Foie. Les causes peuvent être : 1) une malnutrition des tendons par épuisement des jinye due à l'invasion des Poumons par un Vent-Chaleur pathogène exogène, 2) lésion des tendons par accumulation de Chaleur-Humidité dans yangming, et 3) malnutrition des tendons due à une perte des jinye et du qi du Foie et des Reins lors d'une longue maladie ou par des excès sexuels [9]. Un wei a une cause interne, Déficience de Sang, et il résulte de l'action concomitante d'une malnutrition des muscles et d'une atteinte par la Chaleur. Un bi peut être à l'origine d'un wei, car les douleurs peuvent entraîner un défaut d'utilisation des muscles qui s'atrophient [SW.44]. Par ailleurs une maladie peut être à la fois bizheng et weizheng, c'est le cas des polynévrites qui associent des phénomènes douloureux et atrophiques [194 p. 87].

WEI DE LA PEAU (PIMAOWEI) WEI DES MEMBRES INFÉRIEURS

Dans le wei de la Peau (pimaowei) [4], on trouve une peau sèche, terne et atrophique, une chute des poils et des cheveux qui sont cassants, des ongles striés ou une onychogryphose, des dents mobiles. Mais surtout on observe des jambes molles, qui deviennent atrophiques. Ce wei est dû à une atteinte du Poumon, secondaire à une cause endogène (deuil, etc.) ; le Poumon s'échauffe (cf. chapitre 12.9), brûle des liquides organiques (jinye), entraîne une atteinte des cinq zang, et enfin un wei des membres inférieurs. Ou encore une fièvre faible et persistante brûle les jinye ; les vaisseaux et les muscles sont mal nourris, ce qui entraîne un weizheng des membres inférieurs.

WEI DES VAISSEAUX (MAIWEI)Ce syndrome (maiwei) fait suite à une atteinte du Poumon, qui se poursuit

vers le Coeur et son méridien et vide les vaisseaux sanguins empêchant ainsi une nutrition normale des muscles. Il s'accompagne «d'hématuries qui vident les grands méridiens, provoque un bi des Chairs qui tourne en wei des Vaisseaux» [SW.44].

Un wei des Vaisseaux est caractérisé par une congestion des vaisseaux du Haut avec un teint rouge alors que les vaisseaux du Bas sont vides ; les jambes sont molles, atrophiques et faibles ; l'appui n'est plus possible, la mobilité des genoux et des chevilles est très perturbée.

38Bi et Wei

WEI DES TENDONS (JINWEI)Le wei des Tendons (jinwei) est dû à une Chaleur du Foie faisant suite à

des préoccupations exagérées, des déceptions, des excès ; le yin est altéré et les Tendons mal nourris. On trouve ici les signes d'une Chaleur de Foie (cf. chapitre 12.5) avec teint verdâtre, bouche amère, vertiges, céphalées ; crampes, contractures et tensions musculaires caractérisent ce wei, qui peut s'accompagner de priapisme et de spermatorrhée [4].

WEI DES CHAIRS (ROUWEI)La Chaleur de Rate-Estomac est ici responsable. Le rou wei, ou wei des

muscles, s'installe progressivement à la suite d'un séjour prolongé dans la Chaleur et l'Humidité (profession, habitat), ou d'un défaut d'hygiène alimentaire (cf. chapitre 12.6). La Chaleur pathogène envahit le méridien de Rate et altère le yin d'Estomac [4]. Le teint est jaune, les muqueuses sont sèches, le malade a soif. Au niveau des membres inférieurs, on observe des

paresthésies, une atrophie, masquée parfois par une infiltration oedéma-teuse, et une faiblesse des membres inférieurs due à une déficience de yangming. Cette dernière est importante pour tous les wei puisque la Tonification de yangming est une base fondamentale de leur thérapeutique, à laquelle on ajoute la Tonification de la Rate et de l'Estomac pour le Sang et les liquides organiques déficients [6, 111].

WEI DES OS (GUWEI)Le wei des Os (guwei) est dû à une Chaleur des Reins (cf. p. 68). Après un

surmenage, des excès, une longue maladie, de la fatigue, une déshydratation, le rein yin est épuisé et engendre un Feu-Vide [4]. Il se caractérise par une raideur et des douleurs lombaires, une impossibilité de se tenir normalement droit, une atteinte de la Moelle et des Os, un déchaussement dentaire, une parésie des membres inférieurs avec des muscles atrophiques et flasques ; le teint est cendré et les dents ternes.

CONCLUSIONLes différents type de wei peuvent se combiner entre eux. Ainsi, la

poliomyélite entre dans un cadre complexe de weizheng, par une atteinte des tendons, des muscles et des moelles, c'est-àdire, jinwei, rouwei et guwei [69].

40Maladies fébriles et épidémiques

TABLEAU VII. - COMPARAISON DES DEUX TYPES DE MALADIES FEBRILES D'ORIGINE EXOGENE, SHANGHAN ET WENBING

ShanghanAtteinte du Froid

WenbingMaladie de Chaleur

• Manifestation rapide • Période de latence• Pénétration par la surface • Pénétration par la bouche et le • Progression de la superficie vers • Progression du haut vers le bas

selon les grands quatre • Non contagieuse •Contagieuse• Aversion pour le Froid •Peu ou pas d'aversion pour le • Température modérée •Température élevée• Algies généralisées et •Douleurs modérées Urines abondantes et claires •Urines jaunes• Langue normale avec enduit •Pointe et bords de langue • Pouls superficiel (fu) et serré (jin)

•Pouls superficiel (fu) et rapide (shuo)

luo capillaires, les vaisseaux luo et les muscles (tous responsables de douleurs), les méridiens ordinaires (agitation, tremblements, froid), les points d'acupuncture (arthralgie, raideur rachidienne), le méridien extraordinaire chongmai (douleurs généralisées), l'Estomac et le Gros Intestin (avec gargouillements, troubles digestifs, diarrhées) qui peuvent donner de la Chaleur qui atteindra la peau, le diaphragme, et les vaisseaux sanguins, c'est-à-dire l'ensemble de l'organisme.

Chacun des facteurs pathogènes agresse la surface selon des modalités particulières ; ainsi le Vent, qui est yang, s'attaque-t-il plutôt à la partie haute de l'organisme, nuque en particulier, à fengfu [SW.35], alors que l'Humidité, de nature yin, à la partie basse.

LE FROIDLe Froid est à l'origine des shanghan.Sa pénétration se fait de la superficie yang, vers la profondeur yin. Les

territoires les plus vulnérables sont le dos dans son ensemble et plus particulièrement la région cervico-interscapulaire.La pénétration suit la séquence des grands méridiens [17] [18], à partir de

taiyang, vers yangming puis shaoyang. L'organisme lutte pourempêcher la pénétration ce qui engendre un Excès et un syndrome fébrile. L'étape de yangming indique l'atteinte des fu correspondants (Estomac et Gros intestin) avec des signes digestifs. Shaoyang est la charnière entre le yang et le yin avec alternance de fièvre et de frissons. L'entrée dans les couches yin se fait par taiyin, des signes de Déficience de Rate apparaissent alors. Le syndrome shaoyin est relié à une Déficience de Coeur et des Reins, caractérisée par des signes de Déficience, de Froid, et de FeuDéficience. Le stade ultime de l'atteinte est le syndrome jueyin lié au Foie où alternent et se mêlent des signes de Chaud et de Froid.Si l'on considère l'évolution du tableau clinique, on observe : 1) une fièvre

sans sudation; 2) une fièvre avec hyperhidrose et des signes gastro-intestinaux; 3) une étape d'alternance de fièvre et de frissons, ou l'état général est touché; 4) l'apparition de symptômes digestifs importants sur un fond fébrile, avec lassitude, adynamie ; 5) un syndrome de Froid avec fièvre où l'atteinte générale est importante, et où l'on peut observer une somnolence avec des poussées d'agitation; et 6) un syndrome trompeur où alternent abattement ou prostration et agitation, fièvre et frissons, etc.Toujours dans cette évolution des maladies du Froid, on doit ajouter que le

Vent exogène s'associe très souvent au Froid pour pénétrer laÉvolution des maladies d'origine exogène

41surface, et que l'Humidité s'additionne au Froid pour la pénétration dans le yin (taiyin).

Mais le Froid peut aussi pénétrer par les pieds et remonter à contre-courant dans le yang pour atteindre l'Estomac ; ou encore au niveau du dos,

il peut pénétrer au niveau des points shu permettant une attaque directe du Coeur et du Foie [SW].

Enfin, étant donné que le zang Poumon est en contact direct avec l'air, le Froid peut emprunter cette voie pour l'attaquer ; c'est le seul zang pouvant être agressé directement par un facteur exogène (cf. chapitre 12.9).

LA CHALEURSelon les livres classiques, la Chaleur n'est que la suite de l'attaque du

Froid.« Le refroidissement hivernal est le point de départ d'une maladie qui peut

se déclarer immédiatement, c'est le shanghan, soit plus lard au printemps, c'est le wenbing ; soit encore plus tard en été, c'est le shubing » [SW.311 [20 p. 167, note 7].

Ceci montre la rémanence dans l'organisme des facteurs pathogènes (y compris le Vent), notion essentielle pour comprendre l'apparition ultérieure d'une maladie.

Dans leur pénétration, les fièvres suivent quatre phases qui correspondent aux quatre niveaux de résistance qu'oppose l'organisme en allant de la surface vers la profondeur : les « couches » wei, qi, yin, et xue. Il ne faut pas y voir des « couches anatomiques » ou des structures, mais des niveaux fonctionnels de défense qui entraînent, lorsqu'ils sont atteints, un tableau clinique particulier (cf. ci-dessous) [106, 194 p. 13].

La couche wei (weifen) est la première ligne de défense de l'organisme, constituée par l'énergie défensive (weiqi). Au tout début des maladies fébriles, seule cette défense superficielle est intéressée, et l'organisme réagit en présentant un syndrome d'atteinte Froid (cf. chapitre 2). Comme l'énergie défensive (weiqi) est en relation préférentielle avec le Poumon, une Déficience de cet organe va favoriser ce syndrome ; de plus le facteur pathogène exogène peut attaquer directement ce zang ; cette atteinte se signe par une toux non productive ou avec une expectoration pauvre, sèche et collante.

La seconde étape de défense est la phase de la couche qi. Le qi correct s'oppose au facteur pathogène exogène Froid, et de cette lutte naît la Chaleur ; c'est donc un syndrome de typeChaleur que l'on observe marqué par une fièvre élevée, parfois cyclique (cf. chapitre 2 et ci dessous). Mais de plus, l'atteinte peut se focaliser sur yangming, le Poumon, la Vésicule Biliaire, la Rate, l'Estomac ou le Gros Intestin. Une focalisation pulmonaire associe une respiration courte, une expectoration jaune et épaisse, et des douleurs thoraciques. La constipation avec un abdomen gonflé, dur et douloureux pouvant atteindre une véritable défense de la paroi, signe une atteinte intestinale. La fièvre pourra être alors oscillante, et la langue sèche. L'atteinte focalisée sur Vésicule Biliaire se révèle par de la tristesse et de la mélancolie, des douleurs de l'hypochondre cédant après des vomissements bilieux, et une impression de

Chaleur intense thoraco-abdominale. Enfin, dans la participation du couple Rate-Estomac, on observe un corps chaud mais sans émanation de chaleur, une fièvre qui s'élève l'après-midi, un corps lourd et fatigué, un abdomen gonflé avec des masses abdominales, une pesanteur épigastrique avec anorexie, un teint jaunâtre, un enduit lingual gras ; tous ces signes traduisent l'atteinte de ce couple par la Chaleur.

Au stade de la couche ying, le système nourricier (ying) est intéressé. L'atteinte est beaucoup plus sérieuse ; la chaleur épuise les liquides orga-niques (jinye) si bien que la maladie touche le système nerveux, ce qui se traduit par des troubles de la conscience avec agitation, insomnie, délire ou prostration et tuphos. Cette étape peut aller jusqu'à la perte de connaissance et au coma. La fièvre est élevée à recrudescence nocturne (cf. ci-dessous).

Le stade ultime correspond à la phase xue, et aux tableaux gravissimes des maladies infectieuses. Comme l'indique son nom, l'atteinte de cette couche est caractérisée par des hémorragies et des extravasations sanguines : hémoptysie, hématémèse, épistaxis, hématurie, purpura, pétéchies, etc., qui viennent se surajouter au syndrome général du stade précédent. Des signes neurologiques peuvent aussi se voir soit à type de convulsions (Vent), soit à type de contractures, crampes, spasmes des membres, de la face et des yeux (circulation du qi).

Ces syndromes représentent quatre degrés progressifs de l'atteinte de l'organisme. L'évolution peut se faire dans l'ordre, ce qui suit la séquence normale de l'aggravation de la maladie ; mais parfois l'atteinte apparaît d'emblée dans une couche profonde indiquant un organisme aux

42Maladies fébriles et épidémiques

défenses amoindries, et l'on pense ici aux déficiences immunitaires. Par contre si l'évolution du tableau clinique se fait en sens inverse de la profondeur vers la superficie, elle indique un processus d'amélioration.

LES AUTRES FACTEURS EXOGÈNESIls associent en général aux deux précédents, et agissent en synergie avec

eux, au moins dans certaines étapes de leur progression : ainsi le Vent avec le Froid pour taiyang, l'Humidité avec le Froid pour taiyin.

La Chaleur de l'été, la canicule, montre une évolution rapide, réalisant un « coup de chaleur » que l'on peut rapprocher de l'attaque directe des couches qi et ying (cf. chapitre 3).

FACTEUR PATHOGÈNE FIXÉ SUR UN ZANG

Si un facteur pathogène exogène (xie) se fixe sur un zang, il y a concentration de son qi dans les creux (xu) de l'organisme [LS.71] : coude pour le Coeur et le Poumon, aisselle pour le Foie, aine pour la Rate, creux poplité pour les Reins. Les points situés dans ces creux sont alors indiqués.

CHALEUR PATHOGÈNELa chaleur pathogène peut ne pas suivre la séquence des quatre phases.

Elle peut : 1) s'accumuler dans le Sang (provoquant un abcès profond), ou être produite par une Stagnation de Sang (hématome profond) ; 2) pénétrer directement :

- dans le Péricarde (Maître-Coeur), au cours des fièvres épidémiques (cf. p. 71);

- dans le Sang, avec une évolution fulgurante, un syndrome hémorragique ou des abcès profonds;

- dans l'Utérus, avec un syndrome infectieux local, alternance de fièvre et de frissons, évoquant une métrite ;

- dans l'Estomac et les Intestins où elle se manifeste par sécheresse de la gorge, haleine fétide, constipation, oligurie jaune et brillante.

SENTIMENTSEnfin, il faut signaler que les sentiments peuvent modifier cette évolution

caricaturale [SW.19].2 - SYNDROMES DES GRANDS MÉRIDIENS[4, 8, 17, 18, 19, 20, 55, 104, 105]

L'analyse selon les grands méridiens permet de localiser et de nommer les maladies fébriles d'origine exogène pendant leurs différents stades d'installation et de développement décrits dans le Shanghanlun'. La présentation systématique des différents tableaux suit, ici, l'ordre du Suwen.

SYNDROME DE TAIYANG (TAIYANGBING)C'est le stade initial d'une affection d'origine exogène avec des symptômes

de surface : frissons, quelquefois sensation de fièvre, céphalées, nez bouché ou non, présence ou absence de sudation, raideur de la nuque, pouls superficiel (fu), et serré (jin).

Ce syndrome est dû à une attaque du Vent et du Froid sur la surface du corps qui est en Pléthore. Mais on peut aussi observer un Déficience de surface recevant une attaque modérée de Vent exogène, avec crainte du Vent, sudation, pouls superficiel (fu), et faible (ruo).

SYNDROME DE YANGMING (YANGMINGBING)

C'est toujours une affection externe mais dans laquelle le Vent-Froid s'enfonce en profondeur. Ce syndrome peut aussi être dû à l'attaque du facteur pathogène Chaleur-Sécheresse. La Chaleur interne devient exubérante, avec fièvre élevée sans frissons, sueur profuse, anxiété, soif persistante, pouls vaste (hong) ou grand (da), et rapide (shuo). Ce tableau est celui de l'atteinte du méridien, alors que l'atteinte des fu correspondants (Estomac et Gros Intestin), se traduit par les symptômes suivants : fièvre l'après-midi, constipation, distension abdominale, douleur de l'abdomen augmentée par la pression, parfois perte de connaissance et délire, enduit lingual sec et jaune, pouls plein (shi), dur (lao), ou grand (da), et profond (chen) [8].

(1) Cet ouvrage a été écrit par Zhang Zhongjing (dynastie Han) pour clarifier le chapitre 31 du Suwen.

dLes quatre phases de l'évolution clinique

43SYNDROME DE SHAOYANG (SHAOYANGBING)

C'est le moment où la maladie encore externe passe de l'extérieur vers l'intérieur, du yang dans le yin. Des symptômes signent cette pénétration : goût amer dans la bouche, gorge sèche, étourdissement, fièvre intermittente ou alternance de fièvre et de frissons, gêne respiratoire et plénitude thoracique, agitation, nausées, perte d'appétit, pouls tendu (xian).

SYNDROME TAIYIN (TAIYINBING)Le passage du yang dans le yin est effectué, et ce syndrome se traduit par

des symptômes de Déficience, de Froid et d'Humidité du couple Rate-Estomac : distension abdominale avec douleurs de temps en temps, vomissements, diarrhée chronique, pas de soif, anorexie, pouls lent (chi), et faible (ruo) ; la langue est pâle avec un enduit blanc. Ce syndrome correspond à une Déficience de yang de Rate [104].

SYNDROME DE SHAOYIN (SHAOYINBING)A ce stade de la maladie d'origine externe, apparaissent des signes de

Froid et de Déficience : pouls fin (xi), membres froids, asthénie mentale, et des signes de Feu-Vide : anxiété, insomnie, activité onirique importante, pouls rapide (shuo).

C'est un syndrome que l'on peut considérer comme une Déficience de yang, principalement des Reins [104].

SYNDROME DE JUEYIN (JUEYINBING)C'est le stade ultime (terminal) d'une maladie d'origine externe, avec un

mélange bizarre de Chaud et de Froid, de yin et de yang : fièvre avec membres froids et moites, soif, gêne et chaleur brûlante épigastrique, nausées avec efforts pour vomir ; le malade a faim mais ne veut pas manger, etc.Traditionnellement une helminthiase pourrait en être responsable

[Essential prescriptions of Golden Chest (or chamber), cité par 104] ; actuellement, on ne peut retenir cette étiologie dans les pays occidentaux.

Ces stades ne sont pas obligatoirement suivis dans cet ordre par la maladie. Parfois elle intéresse deux ou trois méridiens en même temps,ou bien elle en saute un ou plusieurs pour s'installer d'emblée plus en profondeur [4].

Les trois premiers stades sont des tableaux de type Pléthore (Excès) shi, puisqu'il y a lutte entre le facteur exogène qui pénètre et l'organisme qui se défend [8, 104].

3 - LES QUATRE PHASESDE L'ÉVOLUTION CLINIQUE

DES WENBING [4, 8, 24, 51, 52, 79, 104]L'évolution clinique d'une maladie aiguë fébrile d'origine externe, permet

de décrire quatre tableaux correspondant aux phases : wei, qi, ying et xue.

PHASE WEI (WEIFENZHENG)C'est le stade initial d'une maladie aiguë fébrile. Les symptômes en sont :

fièvre, discrète aversion pour le Vent et le Froid, céphalées, douleurs généralisées, peu de sueur, soif légère, rougeur de la pointe de la langue et des côtés de la langue, enduit mince et blanc, pouls superficiel (fu), et rapide (shuo), occasionnellement nez bouché et toux.

PHASE QI (QIFENZHENG)C'est le stade intermédiaire d'une maladie aiguë fébrile, avec une fièvre

élevée sans frissons ni crainte du Froid, des sueurs, une bouche sèche ; le malade a très soif et il a la face rouge ; la respiration est rapide, ou dyspnéique ; les urines sont rares et foncées, accompagnées de constipation ; l'enduit lingual est jaune et le corps de langue rouge, le pouls est plein (shi) et rapide (shuo), ou glissant (hua) et rapide (shuo).

C'est une phase qui se rapproche de l'atteinte du méridien de yangming, mais la Chaleur peut pénétrer dans les organes (Poumon, Vésicule Biliaire, Rate, Estomac, ou Gros Intestin) et donner des signes de leur atteinte [104] comme ceci a été vu plus haut.

PHASE YING (YINGFENZHENG)C'est le stade critique d'une maladie aiguë fébrile. La fièvre est élevée la

nuit, le malade a une soif modérée et boit peu ; il est anxieux,44

Maladies fébriles et épidémiquesirritable, et ne dort pas ; il perd parfois conscience, ou même délire, ce qui traduit des troubles du shen [104]. On peut observer des éruptions cutanées peu importantes, signant le début de la pénétration de Chaleur dans le Sang ; la langue est rouge foncé avec un enduit jaune et rêche, ou sec et gris ; le pouls est fin (xi), et rapide (shuo).

PHASE XUE (XUEFENZHENG)C'est la phase terminale et la plus grave d'une maladie aiguë fébrile. La

fièvre est très élevée et nocturne, mais peut aussi tomber, traduisant alors la baisse de la lutte de l'organisme qui réagit de moins en moins ; le malade est agité, présente des éruptions marquées de type purpurique et des hémorragies : hématémèse, épistaxis, selles sanglantes ; il peut tomber dans le coma, délirer, avoir des convulsions (par la naissance d'un Vent endogène) ; la langue est rouge sombre et le pouls fin (xi), et rapide (shuo). Cette phase aboutit à un tableau d'épuisement du yin et souvent à une issue fatale.

Une imbrication des phases peut se voir ; ainsi dans certaines fièvres épidémiques les phases wei et qi coexistent avec température élevée, soif, irritabilité, intolérance au Froid et au Vent, douleurs généralisées ; ou encore l'association des phases wei et ying se manifestent par une fièvre très élevée, avec délire, frissons, céphalées, et douleurs généralisées ; l'association des phases qi et ying ajoute irritabilité, soif et des éruptions peu visibles, alors que l'association des phases qi et xue entraîne des éruptions importantes, des hémorragies (épitaxis, hémoptysies, etc.) ; des convulsions peuvent aussi apparaître [8].4 - ANALYSE SELONLES TROIS FOYERS [4, 8]

On peut encore classer l'évolution clinique d'une maladie aiguë fébrile en trois stades selon la séquence rostro-caudale des Trois Foyers.

STADE DU FOYER SUPÉRIEUR (SHANGJIAOBINGZHENG)C'est le premier stade d'une maladie aiguë fébrile. II se manifeste par des

signes d'invasion, par les facteurs pathogènes, des méridiens de Poumon (frissons, fièvre, sueur, céphalées, toux) et de Maître-Coeur (délire, langue rouge sombre).

STADE DU FOYER MOYEN (ZHONGJIAOBINGZHENG)

Stade moyen d'une maladie aiguë fébrile, il s'exprime par des signes d'invasion, par les facteurs pathogènes, du méridien d'Estomac (fièvre sans frisson, sueur, soif, pouls grand (da)), et du méridien de Rate (fièvre continue et modérée, douleur et lourdeur du corps, impression de manque d'air, nausée, vomissements, enduit lingual gras).

STADE DU FOYER INFÉRIEUR (XIAJIAOBINGZHENG)C'est le dernier stade d'une maladie aiguë fébrile, qui se traduit par des

signes d'invasion, par les facteurs pathogènes, du méridien des Reins (fièvre et Chaleur des paumes des mains, soif, lèvres rôties, agitation) et du méridien de Foie (troubles mentaux, mouvements convulsifs ou convulsions).

7

SHUI, TAN, YIN

1 - SHUI ET JINYE

Le terme Eau (shui) englobe tous les liquides normaux et pathologiques. Les jinye, ou liquides organiques, sont tous les liquides physiologiques qui peuvent se manifester à l'extérieur, larmes, sueur, etc., mais lorsqu'on les voit, ce ne sont plus des jinye [223]. Les jinye sont normaux et toujours en étroite relation physiologique et pathologique avec le xue. Ce terme est aussi utilisé pour désigner les liquides nutritifs. Ils sont moins puissants, moins purs et moins essentiels que le xue, mais ils ne peuvent en être dissociés. A travers le Triple Réchauffeur, ils sont répartis au Poumon qui les diffuse vers la peau et l'extérieur, et aux Reins qui les distribuent à l'intérieur.On distingue des liquides épais ye, et fluides jin [74].Les fin, sont fluides et clairs ; ils circulent avec le qi et le xue ; ils se

distribuent dans la partie superficielle du corps, diffusent dans tous les interstices. Ils servent à tiédir et nourrir les chairs et à humidifier la peau. Ils seront donc impliqués dans tous les signes de Sécheresse : peau, muqueuses, etc., et dans tous les signes de dessèchement qui correspondent aux atrophies au sens le plus large du terme. Ils peuvent aussi être sécrétés sous forme de larmes, salive, sueur, etc., qui humidifient les orifices [8]. Les corrélations avec les cinq zang sont les larmes pour le Foie, la sueur pour le Coeur, la bave pour la Rate, la morve pour le Poumon, et les crachats (salive fluide) pour les Reins. Toute Sécheresse dans leur territoire signe une insuffisance de jinye.

Les ye sont la partie épaisse, « muqueuse » et trouble des liquides organiques. Ils ne circulent pas avec le qi ni avec le xue. Le plus souvent, ils s'accumulent dans des cavités : articulaires, crânienne, etc., et circulent lentement [LS.36].

Les jinye servent donc à humidifier et en partie à nourrir les poils, la peau, les membranes, les orifices, les chairs, les muscles, les organes internes, les articulations, le cerveau, la moelle et os, c'est-à-dire tout l'organisme. Les fin sont indissociables des fonctions de réchauffement, de refroidissement, de montée et de descente.

Mais ces jinye peuvent se transformer en substances pathologiques yin, tan et shui. Alors que les yin et les tan sont considérés comme une transformation pathologique des jinye, certains œdèmes correspondent à des accumulations anormales de jinye.

La pathologie des jinye est intimement liée à celle du xue ; ainsi une hémorragie entraînet-elle obligatoirement une déficience des jinye. La circulation des liquides organiques dépend des Trois Foyers, de la Rate et des Reins, et leur diffusion des Poumons ; un Excès ou une Déficience des jinye se retrouve dans un certain nombre de leur zheng. De plus, comme le Feu consume les liquides organiques, un Feu du Coeur ou du Foie, entraîne inévitablement une sémiologie de Déficience des jinye, surtout s'il se prolonge.

46Shui et Jinye

2 - SUBSTANCES PATHOLOGIQUES TAN, YIN, SHUIQI [9, 24, 74]Pour nommer ces productions pathologiques, tan et yin, les définitions de

glaires et mucosités du Dictionnaire français de médecine et biologie [148] ont été retenues. Les Glaires sont des liquides clairs un peu plus épais que le mucus sécrété par certaines muqueuses ; elles correspondent donc aux tan puisque les yin sont des mucosités plus fluides'.

TAN [4, 34]Les tan, productions épaisses gluantes et troubles, peuvent s'installer

partout. Elles sont aussi appelées Glaires, crachats ou phlegmes.Les tan se forment : 1) sous l'influence de facteurs pathogènes exogènes :

Froid qui donne les hantan, Chaleur les retan, et Sécheresse les zaotan, 2) par accumulation d'Humidité dans un dysfonctionnement de la Rate, la Chaleur étant un facteur favorisant, et 3) par un Feu interne, d'origine émotionnelle ou par Déficience de yin de Rein ou de Foie, qui condense les liquides organiques.

On distingue des tan « visibles » ou glaires matérielles, comme les crachats ou des sécrétions muqueuses épaisses ou muco-purulentes, et des tan « invisibles », ou glaires immatérielles, sans support morphologique ; ces dernières sont à l'origine, soit de syndromes psychiatriques présentant des caractéristiques similaires aux premières du point de vue sémiologie traditionnelle et thérapeutique, soit d'états de comas, stupeur, etc. Les

sensations de « boules » dans la gorge ou épigastriques peuvent y être rattachées. Le pouls est glissant (hua), quelquefois tendu (xian), et l'enduit lingual gras, collant, épais, jaune ou blanc.

Les tan montent ou descendent parallèlement au qi ; ils peuvent s'amasser dans le Poumon, stagner dans l'Estomac, envelopper les orifices du Coeur, perturber le couple Foie-Vésicule biliaire, former des nodules, thyroïdiens par exemple [232], et provoquer des désordres dans les jingluo. Ces syndromes seront vus plus bas.

(1) Le terme phlegme, qui est la traduction anglaise de tan, et qui n'a pas dans cette langue l'unique connotation des quatre humeurs de la médecine hippocratique, éviterait toute confusion.YIN

Les yin, ou mucosités, sont des productions pathologiques claires, liquides, fluides, qui s'écoulent par les orifices. Elles peuvent apparaître dans différentes conditions :

- déficience de xue ;- agressions de l'Humidité qui infiltre les muscles, puis entrave le

fonctionnement du couple Rate-Estomac, et entraîne alors une accumulation des jinye ;- maldistribution des jinye par la Rate et les Reins.Selon la localisation on distingue quatre syndromes [4, 6, 24] :- dans l'Estomac (tanyin) ;- dans le thorax et les flancs (xuanyin ou yin suspendu) [24] ;- dans les membres (yiyin) ;- dans les poumons et les bronches (zhiyin). (Cf. paragraphe 3).

TROUBLES DU SHUIShui [7, n° 4487] correspond à peu près à l'eau normale et c'est une

erreur de lui attribuer une connotation pathologique.Les shuiqi [3, 4] correspondent à une rétention d'Eau dans le corps ; ce

terme est souvent traduit par œdèmes, ce qui est trop restrictif. Les syndromes de shui sont des accumulations de liquides organiques de consistance normale ; ils comprennent les œdèmes et toutes les autres accumulations de liquides, dans les cavités séreuses en particulier. Souvent répartis dans tout le corps, ils peuvent cependant se localiser avec pré-dilection dans le Haut ou le Bas, ou dans un zang. Dans la médecine moderne, les shuizheng comprennent les manifestations de néphrites aiguës ou chroniques, de défaillances cardiaques, de cirrhoses hépatiques, d'affections endocriniennes et de malnutrition.

Plutôt qu'en Vide/Plénitude, on préfère les classer en yin et yang [6]. Dans le type yang (yangshui) la langue est plutôt rouge, le pouls est superficiel (fu) et glissant (hua), et l'oedème localisée en Haut. A l'inverse dans le type

yin (yinshui), l'oedème est plutôt localisé dans la partie inférieur du corps, la langue est pâle avec un enduit blanc, le pouls est fin (xi), profond (chen) et lent (chi) (cf. ci-dessous).

Du point de vue étiopathogénique, les yangshui ont pour origine des facteurs pathogènes exogènes, et les yinshui sont provoqués par des excès ou des causes endogènes. Le Vent, l'Humi-

Syndromes des Tan, Yin et troubles du Shui47

dité et l'Humidité-Chaleur exogènes donnent des œdèmes le plus souvent généralisés, qui sont en outre subits en cas de Vent. Les mécanismes de ces agressions intéressent le qi du Poumon et celui de Rate-Estomac.

Les facteurs pathogènes endogènes, auxquels on ajoute le surmenage, les grossesses rapprochées et répétées, des Excès en tout genre provoquent des syndromes de shui par l'intermédiaire d'une Déficience de Rate ou de yang des Reins.

Dans le cadre pathogénique, il faut souligner qu'un yangshui qui traîne en longueur peut devenir un yinshui, et qu'un malade atteint de yinshui peut être l'objet d'une atteinte exogène additionnelle, ce qui entraîne un syndrome aigu (yangshui) surajouté.

Les différents syndromes sont étudiés cidessous.

3- SYNDROMES DES TAN, YIN ET TROUBLES DU SHUI [4, 6, 8, 9]TAN

Les tan visibles correspondent essentiellement aux sécrétions de l'appareil respiratoire, et les Glaires invisibles aux « sécrétions » pathologiques de tous les autres organes internes [8].

Les tan sont entretenus par une Déficience de Rate permettant une accumulation d'Humidité. La symptomatologie des Glaires visibles com-prend des crachats en grande quantité, une plénitude de poitrine, une toux grasse, un enduit lingual gras ou glissant. Leur persistance peut conduire à des pleurésies ou à certaines formes d'asthme chronique.

Les Glaires invisibles et le Feu peuvent déranger le psychisme (tanhuo rao xin) [8] (cf. chapitre 11) et intervenir dans certaines maladies psychiatriques, comme la schizophrénie et certaines formes d'hystérie. Un certain nombre d'insomnies y sont aussi rattachées [251].Accumulées dans le Coeur, les tans sont à l'origine de coma avec râles

dans la gorge et présence de mucosités dans le carrefour aérodigestif.Par leur accumulation dans les vaisseaux collatéraux (chapitres 10 et 14),

les tan peuvent conduire à une hémiplégie avec déviation de la bouche, des membres lourds et engourdis.L'accumulation de tan pourraient être à l'origine de ju, nodules mous et

mobiles (cf. chapitre 8).Shitan (Glaires-Humidité) [8]

Les shitan, ou tanshi, sont à l'origine de tableaux variés, depuis les vertiges de Ménière [91, 194 p. 72] jusqu'aux accidents vasculaires cérébraux [175, 212], en passant par l'hypertension artérielle [250].Localisation pulmonaire [8]. - Le malade présente une plénitude

thoracique avec toux, essoufflement, gargouillements dans la gorge, expectoration blanche ou jaune ; l'enduit lingual est jaunâtre et le pouls glissant (hua). Ce tableau évoque des bronchites chroniques ou des bronchectasies [210], et certains cancers pulmonaires [43].

Localisation dans le Foyer moyen (zhongjiao). - Ici, c'est une plénitude épigastrique avec fringale mais sans envie de manger, et des vomissements glaireux. On peut observer des vertiges et les membres sont lourds. Il existe souvent une diarrhée et des borborygmes, des nausées matinales [255]. L'enduit lingual est blanc et épais, le pouls lent (chi) et glissant (hua).

Combinaison de glaires et obstruction. - La symptomatologie psychique peut se présenter sous forme d'insomnie, de palpitations, d'hyper-sensibilité aux colères ou à la peur, de douleurs thoraciques, de soupirs fréquents, de troubles psychiques variés. Des pertes de connaissance subites peuvent encore se voir.

Du point de vue physique, on peut observer des vomissements glaireux ou muqueux, une impression de dysphagie lors de l'ingestion alimentaire et/ou une sensation de corps étranger dans la gorge. Des tuméfactions cervicales peuvent apparaître : goitre, adénopathies cervicales, etc. La langue est rouge avec un enduit épais, blanc ou jaune. Le pouls est tendu (xian) et glis-sant (hua).

Combinaison d'obstruction, de Vent et de Glaires. - C'est ce que l'on rencontre dans les apoplexies avec hémiplégies, déviation de la bouche et des yeux, parésie ou engourdissement des membres, perte de connaissance brutale, gargouillements dans la gorge. L'enduit lingual est épais et le pouls tendu (xian) et glissant (hua).Xutan (Glaires-Déficience)

Les trois tableaux où se trouvent unies la Déficience chronique (yin et yang) d'un zang et la présence de tan sont en liaison avec les trois niveaux de sanjiao.

Déficience de Poumon avec persistance de Glaires. - Le tableau comprend une toux et un

48Shui et Jinye

essoufflement de longue date, s'accentuant à l'effort, s'accompagnant d'une expectoration gluante et épaisse. On observe des sueurs profuses, une crainte du Froid, une susceptibilité aux rhumes. La fièvre est peu élevée et les pommettes rouges. La langue est rouge pâle avec un enduit mince et blanc ; le pouls est fin (xi), ou faible (xu) et glissant (hua).

Déficience de Rate avec Glaires abondantes. - Le malade est anorexique et asthénique. Il présente des nausées avec des vomissements glaireux. Le teint est jaunâtre ; on peut observer un état de maigreur

pouvant s'accompagner d'oedèmes discrets et de ballonnements. Les selles sont molles. L'enduit lingual est épais, et le pouls fin (xi).

Déficience des Reins et Glaires ascendantes (jaillissantes). - Après une longue maladie, le malade présente un essoufflement important ; il est gêné à l'inspiration, et l'expectoration est abondante. Tout s'aggrave à l'effort et au Froid. Des douleurs lombaires sont fréquentes. La langue est pâle avec une enduit mince ; le pouls est profond (chen), fin (xi) et faible (xu).

YIN OU MUCOSITÉSCes productions pathogènes minces et claires, se rencontrent aussi dans

des syndromes de Déficience ou de Pléthore.L'étiopathogénie peut en être schématisée : une longue maladie ou la

vieillesse est à l'origine d'une Déficience du couple Rate/Estomac. Ce couple ne nourrit plus les Trois Foyers qui ne peuvent plus rien distribuer au Poumon et aux Reins entraînant la symptomatologie caractéristique d'une accumulation de yin (mucosités).Yin (mucosités) - Pléthore

Les quatre syndromes suivants sont caractérisés par des mucosités (yin) réalisant des tableaux de Pléthore [4, 6, 23] où l'on note toujours un enduit lingual blanc et un pouls tendu (xian).

Mucosités gastro-intestinales (tanyin). - Les mucosités (yin) sont retenues dans l'Estomac et les Intestins, et constituent le syndrome tanyin au sens restreint du terme. A une sensation de plénitude épigastrique ou abdominale, s'associent des douleurs, des borborygmes, un bruit de clapotis, des vomissements aqueux, avec diarrhée ou constipation, parfois une bouche et une langue sèches s'accompagnant alors d'un enduitblanc ou jaunâtre. Le pouls est tendu (xian), profond (chen), ou plein (shi). Ce tableau évoque les gastrites hyposthéniques et chroniques.

Stases de mucosités dans le thorax (xuanyin). - Le malade se plaint de douleurs costales et de plénitude thoracique, s'accentuant à la respiration. Il est essoufflé et sa toux est non productive. L'enduit lingual est blanc, le pouls profond (chen) et tendu (xian). Ce peut être une pleurésie avec épanchement.

Les mucosités encombrent le Poumon et les bronches (zhiyin). - Au début, le malade est dyspnéique, craint le Froid. Il tousse, se plaint de plénitude thoracique et épigastrique l'empêchant de s'allonger. L'expectoration est spumeuse et abondante. La toux est asthmatiforme ; la maladie traîne, s'accentue avec le Froid. L'enduit lingual est blanc et le pouls tendu (xian) et serré (jin). C'est un tableau d'emphysème chronique, et de coeur pulmonaire qui lui est secondaire [4].

Débordement des yin aux quatre membres (yiyin). - Outre la lourdeur des quatre membres, on peut observer des douleurs articulaires, un gonflement léger. Le malade craint le Froid, il n'a pas soif, et il est essoufflé. Sa toux s'accompagne d'expectoration spumeuse. L'enduit lingual est blanc,

le pouls tendu (xian) et serré (jin). C'est l'oedème des affections cardiaques ou des néphropathies.Yin (mucosités) - Déficience

Déficience de yang de Rate et des Reins. - A côté de la plénitude thoracique et costale, on note une sensation de Froid dans le dos, des cla-potis abdominaux, un essoufflement, des palpitations, des vertiges et des éblouissements. Le malade ne désire pas boire, et vomit s'il boit. L'enduit lingual est blanc, luisant ; le pouls est tendu (xian), fin (xi) et glissant (hua).

Déficience de yang des Reins. - Le malade craint le Froid et ses membres sont froids ; il a des vertiges et des crampes abdominopelviennes, avec sensation de battements sousombilicaux. Il est essoufflé, sa miction est difficile ; les vomissements sont muqueux et spumeux. La langue est grosse, étalée, avec un enduit blanc ou grisâtre. Le pouls est profond (chen), fin (xi) et glissant (hua). Ici la Déficience est signée par le pouls fin (xi), la Déficience de yang par des signes de Froid, et les mucosités par l'enduit lingual blanc et le pouls glissant (hua).

Syndromes des Tan, Yin et troubles du Shui49

SYNDROMES DE SHUIEn pathologie, l'Eau organique peut se localiser dans certains endroits

réalisant par exemple une ascite (shuigu), un hydrocèle (shuishan), les vésicules du pied d'athlète (shuikuichuang), etc., ou correspondre à un trouble général de type rétention d'eau, shuiqi ou shuizhang, oedème.Les syndromes ÷démateux, shuiqi ou shuizhang, sont de type yin ou yang

[6] ; ils peuvent avoir pour origine un facteur pathogène précis, Vent par exemple, à l'origine des fengshui, ou l'atteinte spécifique d'un zang à la base de l'ancienne classification des cinq œdèmes (wushui), ou encore une stagnation de yang, responsable d'une rétention d'eau localisée dans les membres [4].YangshuiCe type d'oedème a souvent pour origine le Vent exogène, d'où son nom de

fengshui, mais il peut aussi se voir avec l'Humidité et la Chaleur exogène.L'oedème de type yang (yangshui) est dû en général à une Déficience du qi

de Poumon qui n'assure plus son rôle de régularisation et de descente de la Voie de l'Eau jusqu'à la Vessie. Sa symptomatologie essentielle est l'apparition d'un oedème à la partie supérieure du corps (paupières et visage) qui s'étend progressivement aux quatre membres et au tronc. L'apparition est en général rapide et subite, accompagnée d'arthralgies, de dyspnée, de crainte du Vent et du Froid, d'une fièvre modérée, de toux, fréquemment d'une inflammation buccopharyngée. La langue est rouge, le pouls est superficiel (fu), glissant (hua), rapide (shuo). Ce tableau se ren-contre dans les syndromes néphritiques aigus, et évoque certaines allergies saisonnières.Yinshui

Les œdèmes de type yin, sont dus à une Déficience de la Rate et des Reins qui ne peuvent éliminer et régulariser l'Eau [4, 8, 173].Lorsque le yang de Rate n'est pas soutenu, l'oedème commence en

général à la partie inférieure du corps et garde le godet. Le teint est pâle ou noirâtre. Le malade éprouve une sensation de Plénitude thoracique, il est asthénique,manque d'appétit. Les urines sont rares et les selles molles, relâchées. La langue est pâle, avec un enduit blanc ; le pouls est profond (chen), et lent (chi).

Il correspond à une pathologie chronique de type Déficience, et évoque les néphropathies chroniques.

Lors d'un affaiblissement du yang des Reins, il existe un oedème du visage ; on peut aussi noter un signe du godet. Le malade est essoufflé, il a des palpitations, des douleurs lombaires, une sensation de Froid avec les quatre membres froids, une asthénie et une oligurie. La langue est grosse, pâle avec un enduit blanc. Le pouls est profond (chen), fin (xi), ou lent (chi).

Les cinq œdèmes, wushuiChacun porte le nom et présente la symptomatologie caractéristique d'un

zang [4]. Cette classification recoupe les tableaux précédents.L'oedème cardiaque (xinshui) associe un oedème généralisé, une

respiration courte, de l'anxiété, une impossibilité de se coucher à plat sur le dos, un oedème des organes génitaux externes.L'oedème hépatique (ganshui) est causé par une hypertrophie du Foie,

avec une augmentation de volume de l'abdomen, une impossibilité de se tourner, une douleur de l'hypochondre droit, l'alternance de mictions normales et anormales.L'oedème splénique (pishui) correspond à un envahissement de la Rate par

l'oedème avec un abdomen élargi, des membres lourds et oedémateux, de l'asthénie, une respiration courte, des mictions anormales.L'oedème pulmonaire (feishui) est caractérisé par un oedème généralisé,

des mictions anormales, des intestins relâchés. Ce n'est donc pas l'équivalent de l'oedème aigu du poumon de la nosologie occidentale. Ici le tableau est lié à une Déficience du qi de Poumon et non à un trouble de la fonction respiratoire.L'oedème rénal (shenshui) se caractérise par une augmentation de taille de

l'abdomen avec un oedème ombilical, des lombalgies, des organes génitaux humides, des pieds froids, un visage émacié.